Albert houtin-la-controverse-de-l'apostolicité-des-eglises-de-france-paris-alphonse-picard-1903

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LA CONTROVERSE DE L' ilES f:GLlSrs BE AU XIX c PAR ALBERT HOUTIN TROISIÈME ÉDITION HI:'"I:i: El' PARIS ALPHONSE PICARD & FILS RCE 8"1 1903

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Denys l'Aréopagite / Dionysius the Areopagite : the "Lost" Christian Church of the first three centuries (Coronis, Sumaries VII) is to be searched for and found in Western Christianity... (... Dionysius the Areopagite : the Genuine Doctrine and tradition of the Church).

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  • 1. LA CONTROVERSE DEL APOST()UCITI~ ilES f:GLlSrs BE FIL~CE AU XIX c SIl~CLE PAR ALBERT HOUTIN TROISIME DITIONHI:"I:i: El :l/;.IE~Tf:T. 6~~ PARISALPHONSE PICARD & FILS ~.!I RCE nO~.r.HTt::f 8"1 1903

2. DU ~I1~:~IF A UTI~CRLes Origines de lglise dAngers. - La Lgende de saintRen. - LaY;i1, :. (;oupil. 1l0YClllhlcl!lOI. Ill-S. G pp.lI:x : ~ II.hUH:S n1I1STOlllE ECCU::SI.STJ(~UE sun LE XIX"sli:CLI:Dom Couturier, abb de Solesmes. - Angers, Cl~lm;IiIl clG. Grassin, lUC du COlllcl. In-1S, 3~1 pp., ;IYCC pOltrail.- Prix: 3 fI.Le Petit Sminaire MongDIE:CE:>IE:-iTS DE LA CRITIQUE 9 de saint Ren, une polemiq1le du sieur de Launoy, doctem de Sorbonne (1).Quelque pnible et lente que soit lextirpation des legendcs profanes ou religieuses, les premires ont au moins cet anlntage SUI les autres de pouvoir disparatre compltement. La Suisse elle-mme n croit plus il Guillaume Tell. Les peuples arrivent toujours il sentir le ridicule des prtentions fabuleu ses ct, si le chauvinisme dccrivains dimagination ou le conservatisme de certains orateurs sobstineil les acceptel, ne sont dupes que ceux qui veulentbien ltre. Quand ~I. de :ovion parlait auxGrands-Jours dluYelgne de lorigine hcroque desgentilshommes de la province, lhistorien de cesassises disait dj sceptiquement : (( Cela nestappuy que sur lautorit de Lucain. Le? Icgendes religieuses ont la vic Elus dUl.e, ctIl1Ime illeurallive cie ressusciter. Une renaissancede foi, un rcveil de pieux enthousiasme, une raction dogmatir{lle, les font reviyre, quand on auraitpu les croire mortes il jamais ct depuis longtemps.,:Iors il ne sert gure de dire le peu dautorit deleur fondement, ou mme den expliquer parfaitement la gense. Le rcit lgendaire, jadis mlindirectement de saints enseignements ou des ("1) Vo~e7. DarltJ....~oger, Histoile dAnjou, pp. H-/l5 ;,Houti~)Origines dtEglise-d..Inge,s, p. 70. - Pour le fond cre lOiilroerse la nn du Xll siecle, "oyez particulierement~biw.e-1(ch~noine de Saint-Gaudence, au diocse de Comminges, Noul velle dissertation loucha/lt .le temps auquel la "eligion chrtienne a t tablie dans les Gaules (Toulouse, 1703, in-16, 323 p.p.).1.~ .~::: 10. 10 LA CO:TTlOVrmSE DE LAPOSTOL1C:lTl~ DES I~GLlSESpratiques liturgiques7 apparat comme un prten? C;dant intressant qui rclame contre un bannisse "ment rvolutionnaire et proteste contre toute. proscription.lllCette attitude ______ _ pour laccoler suffit dj __.~_ f tdes partisans parmi les ttes extravagantes et lescurs sensibles. Quand les pretentions sappuientsur des titres apparents et colors, res recruespeuvent devenir nombreuses. Elles affirment que,dans le dfrichement historique, on a procd degaiet de cur, coupant et tranchant plaisir,devenant hypelcritique force de critique. ~~srvisions de nombreux procs sengagent forcment, entrainant par lobstination des partis d.~menses gaspillages dnergie. Narriye-t-il pas quelinadvertance et la passion solidarisent Lien descauses quune Lonne logiqu- devrait soigneusementet froidement distinguel ? Lappel est-il toujours) ~ { gagn? ie prouvet-on pas parfois que la cause )fut LeI et bien rgle, mais encore que ces juges -quon taxait dexagration ont t non seulementmodrs, mais trop indulgents et mme faiLles? 11. .,.., .It (( ~ ::-A./ .) ---- / ~Q. IJ-e- ?"y_ tv-:, - L... ,.,L t,), ~ pr{z- ,~ ~ ,;/. J"".A, oP""",1 - --- CILPITHE rHEJlII(1800-18/12,1::1A1 IJE 1.. QIESTlO.i .1 CO.I.IE:ir.DII:.i1 Ill XIX ~Ii:c:u:. 1.. I.I1TIlr.IE. - LES 1::Tl)I:~ l:CCLl::~L;;TI!n:S. - u: ~I()U E~IE.i11l0.L:iTI!IE.-I.E ~U.IH:IE:i F.1l.l.0:iETI.E .I.IIQrISIJE 101111..-1I1::.C1!lJ:i C..TIIOLl!U: .:iTICII nOL:!:...>(,v?, / - -"-1 J(~gendes ou 1 apologIe de 10u$ js papes; mais quelques-uns dj prennent le chemin de la fl~action. En 1824, le Briaire dAngers consa-crait trois leo!!.s pleines de merveilleux sonapocryphe c;;in_~~0 que les liturgistes du(XJlC sic)e avaient rduit une comte lgendeI!-redig-e a,-ec beaucoup de prudence. L~ditions -J du moyen tige de"Cnaien.!.-~ la mode en religion comme en littrature; ceux qui ne les aimaient pas les acceptaient pour faire comme tout le monde.En 1820, Baour-Lormian,"de lAcar1lmie flan aise,~ constatait ayec tonnement la faveur dont jouissaient les anciens rcits:Le bon Yieux Lemps est le seul poLique,Sil faut du moins en croire lin nomantique,Et sur cc pointil peut ,loir raison; .Le bon vieux Lemps nous fournit il foisonDes souvenirs un tant soit peu burlesques;~lais aprs tout, fiers et cheyaleresques ... (1) E:t comme les cc contes bleus taient c( lor dre du_ jour )), il lui prit aussi fantaisie cc de setremper de cette posie )). Lamennais, le prophte de lavenir, sinquitait(1) Lgendes, ballades et fabliaux, p. 3. 16. lf) LA CO:TfOYEfSE DE LAPOSTOLlCIT DES ltGL1SES de ln singulire littrature quon mettait en fuycur auprl~s des catholiques. Il criyait un jour: On camp le extrrnernenl, pOUl lanimer la foi, sur un line in,"dit du P,2uri.N quon Yient dimprimer ct de repandre partant: cest une histoire extIayaganlc des 1)o,,(~lIh, de 1.011111111, qui e:,t !Jien tout ce quon pannait imaginer de mieux ponr rendre la religion ridicule, et en r1llaclIel tous le,", igllo1lnts qni ontulle tincelle de raison; on y yoit cOlnmellt]e bon pre donnait des soumets au dia hIc :,ur la joue de la rnc prieure, ct comment, ayant ordonne ::u lYi:lIlIan de sc donner des coups de fouet, celui-ci fut .. , ]liI111 nll tir. Qne Dieu yiennc-e de Saint-Stllpice, par lauteur de la Vie de M. Mollevault (M. Gamon), Paris, in12, 1877. 17. )1. DE FOHTlA17 ?9 juillet. Daprs cc rcit, :Marthe, lIadeleine, Lawre et un grand nombre de chrtiens, furent entasss par les Juifs sur un vaisseau, sans voi les, ni rames, ni provisions, et abandonns la mer. Dieu fit aborder le navire ~Inrseille. Ils prchrent lnngile lInns la rgion et y _finirent leUls .iours~~ il la Sa.inte-Baum~,!-,azare) vque de JInrseille, ~ Tarascon, etc.Ltude o JI. Faillon selTorait de remettre sur pied la mission de Bthanie parut en 1835, en trois ditions simultanes, la premire lnsnge des habitants de Tarascon, la seconde pour la Provence, la troisime pom le commun des Franais (1).Trois ans pIns tard, un membre de lAcadmie des inscriptions ct belleslettres, le marquis de Fortia dUrban, sans faire aucune allusion au tla vail du sulpicien, sexprimait aussi avec une grande bienveillance sur les trnditions proven ales. Il admettait, daprs Grgoire de Tours, que la Gaule fut princip[llement nnglis(:e par une mission lIe sept vques, vers 250, parmi les (luels sc trouvait Trophime d.rles. Il y a donc eu, remarquait lL d~ Fo!:Ji[l, un Trophime vque dArles, lan 250, mais rien nempche, si lon veut, dadmettre ln tralIition reue lIans cette ville, que ds lan ~8 de notre re, u_,!- autre lroI phin~e_l}is.0pJ.e_d.e_.:"_ain~ (paul, ait le premier p!:,. ch la foi __ dans ce diocse. On connat la(1) Pour lc~ ouvrages qui prsentent un intrt particulier,voyez; Appendice I. 18. 18 LA CONTflOVEflSE DE LAPOSTOLlCITt DES GLISES faiblesse des arguments ngatifs. N. de Portia, qui tait dl,yignon, noublia point de relater il ln gloire de sa ville natale la Il;gende de sainte ~Iarthe. Sa vie, dit-il, est raconte fort au long pal lhistorien des v6ques et arcllenrplCs d" vi gnon, o lon aSSUIe quelle Jlorta lIi:v[l1gile. La cathdrale de cette ville lhonorait comme fonda tricc, ct lon veut quelle ait lev un monastre sur le roche o cette cathdrale est situe (1). Quant aux Hctions i.>eaucoup plus clbrcs de sainte ~Iarthe il Tarascon, .1. de Fortia nen soume mot. Et cest ainsi que la premire restau ration des lgendes provenales scmble procder de proccupations de clocher, pluteH que de zle scientifique.1 :u fur et. il mesure que disparat le ..d:.g qui .~t:::tudi av@JJ.~.Jl-~::.~~~tion, les algl~m~ tions du genre de celles de ~I. Paillon ct du mar quis de Fortia rencontrent plus de faveUl, On sprend du style gothique et ceux qui entrent dans cc mouvement archologique prouvel une si grande sympat1lie pOUl les lgendes de cette poque quils semblen t en dsilcr 11Iis torici t, Leur sentimentalit gotele moyen lige et le trs (1) ..1 nua/es de I1hi los.Q121/ieclndiewle, j lIillet-aotI83S (l. XlI),p. 9. - Dans le n" fJ,g des Anna/es de phiiMophie ch ..ilienlle(ill juillet 18il.) la thse hislorifjue s(tale encore: la mis~ion esscptlfjues est plr1C p. 5"1. - Les adversaires de ce r:dsonnement remarqueront que;l-Ialdonat le faisait a propos de rrmmacule-Conceplion. SlIr laposJ!li de ce clbre jsuite par lapport il ce dogme, cf. PIat, S. J.. Maldonat et lUnite)sit de Pa)is al~ XVII sicle,p. 351-304. 24. Oh ....... ... -_ _ 25. fj.;.~ . "r ......_. 1 1CILPITI II!1.!,1 (1S37-1S~9) L(:CUU: nr: SOLES~IES. - 1.. TIII::OLOl;n: E: 1IISI"Olll E .{ . I.XDIISTES ET ~II:DIISTES..Lc rcstaUlateur de lordrc bndictin en fr:lIIcc, IIId~l~~Guranger, a dit dans sa vicillcssc : Si je Il! valais la pcinc dtrc rsum, mn vic na t autrc 1 chosc quunc raction contre ln tendance jans Il)lnicnnc. On ne pcut sexprimcr plus cxactement srSOi-m(~mc. Ccpcndant, daprs un autrc point de YUC, on pourrai t encore a ppe1CI labb de Soles mes le doctcur de la liturgie romaine, et ce titre lui parait, ds labord, assez incontestable pour quil ne soit plus ncessaire dinsister. Liturgiste et anti-jansnistc, il le fut au dbut de sa carrire quand, g de vingt-cinq ans, il crivait dans le liMmorial Catholique quatrc articles o il tablisisait pour la liturgie la nccssit de prscnter, comme caractres distinctifs, lantiqu~t, luniyer salit, lautorit, lonction. Tous ce~ qui ~ent corrig la liturgie du moyen ge, tous ceux qui en avaient critiqu les lgendes, comm;t;us ~eux qui~ta-ient mls dcs 2 26. ~_ Il? Il -"=-f~~~ r::~-----.--.--26 LA CONTTIOnSE DELAPOSTOLIClTi, DES J~GLJSES ~ c~rove_lses de la grce dans le sens a~~s!iui~n)1J3> devinrent ses ennemis personnels. Il chercha iJ les convaincre derreur sllr les terrains m0mes qui semblent trangers il la liturgie ct au jansnisme. .-.ussi ne ngligea-t-il aucune occasion de contre dire ct de dsavouer Tillemont, Fleulv, Ellies (~, Dupiu, I~~~noy. _9-illet. Jl-~ta sa~-~cesse de professer des principes quil semble croire OppOSI:lS aux leurs. Ds 1834, il (~criYait : /1 Le gnie des Baillet cl des Lrrnno. domine encore, nOlis ne dirons pas Irr ~cielllc, mais les habitlldes relig-ieuses. Le 1re III iCI sentimcnt qt!- fajJ. Ilailre chez un~r:llld Jnomhre le rcit du Illiiarle lst a (() lance; e Hal crr laliquc, au contraire. ~e sent toull!a1>()[(! iiiclin croire. lourInl, la critique, taule ncessaire Clucllc c,1, est/a /01 Od;C1W;pOlir les autres, ln loi odiclIsl cestlo!Jligalion ,lamettre "le prodige. Nous ledisons onc franchement, nous nous lan 11 geons ouverlement du ct es premiers (1). ) Dom Guranger "ppliqua ces tendallc(~s laqueslion des origines des glises. Elle tait illtude dans le petit monastre, puisquon y reeueil-Iait les mat!~riaux dune histoire locale qui devait ltre intitule: AI/I/ales ecclsiastiques du diocse du lIfal/s, Lounage fut publi bien plus tard,sous un autre titre, par dom Piolin, qui utilisa leslecherehes de ses devanciers et entra dans le systme de limportante dissertation quils avaientesquiSSe sur lpoque de ltablissement du chris tianisme dans le lbine. Les cri0queSdu XYIIl e (1) uvrescompll~s du H. A .-J1. de Liguori, page xxxnll. 27. LtCOLE DE SOLES)!ES27 sicle se trouvaient malmens dans ce travail, tel point que dom Guranger voulut le laisser mrir et prit le temps den prparer la publication. On fit la manifestation de ses principes directifs dans Ull ounag? similaire, publi en 1837, sur les ( Oligillcs dc lEglisc Romaillc. On y avouait la raction contre les savants des deux derniers si cles, mais sans oser la justifier: :ious 1Ions pClIl-trc fllil asscz pOlir nolrC conYiclion.lais nonscxpliqllcrdcyanllc pnillic sm dcs qncslions anssigrosscs dc qncrcllcs nons clsClllill par lrop prvsomplncnx.lCllt-~lre lin jonr lo,crons-nolls. lorsqlle nons cn allronsacqllis Ic droil. JII~qne-Ul !lons dirons scnlcmcnl. cn LOlllc~implici[v. CjIlC lorsqllc, pal le pass, ccrlains crivainscillholiCjuls paraissaicnL si forl. proccnp{5 dc la crainte decroirc [lOp, ils scxpusaicnl ail dangcr hien autrcmcntsricux dc nc "as croirc as,cz. f.c justc tit de la roi. : ccslnnc parolc dc Dicn dans Ics Lies Sainls (1). )) Pourquoi donc un croyant, celui crui a la vraie foi,chercherait-il trs loin les preuves dun systmehistorique crui peut allguer en sa faveur la paroledes saints Livres et lautorit de la sainte liturgie?~Iieux vaut affirmer sans perdre le temps il discuter. Aussi, en 184.1, en ddiant le tome premier deson Annc lit li lgigllc, il laryJlcyqup de Paris, lIsrAffre, labb de Solesmes lappelait le plus naturellement du monde le successeur de saint De!2YsJ l.1.ropagi te )). (1) Les O"igilles de rJ~glise ROn/aine, par la commnnaul deSolesmes. Paris. Deucourl (Imprim cn 1836 el parlant celle dale011 titre, ce olnme ne parut luau plintp.mps de lanne suivante,comme le dit dom Piolin dans D. P,-L.-P. Guranflel, p. Vl). 28. 1-11, 1~1;28LA COlTROYERSE DE LAPOSTOLICITIt DES GLISES: 1i i iDans une publication suivante, les Institutions:1lliturgiques, en indiquant le brviaire parisienIl 1 de Harlay, le pere abb exprimait encore plus clai(.!,"rement un systme historique oppos celuiiquavaient labor les patients travaux des ru!its. "i1C( Les traditions catholiques les plus vnrables. dit-il,~ fU~n[ ~es. lour commcncer par lEglise mme deil, ,tir]lPariS, lSCOrrecUfurs du brviaire la desMrrrrent de sa1 viTI1e gloire dtre fille doC saint D.sgrs lAropagite; ilsJ pOl"lerenl leur main audacieuse sllrIefameux prodige ji1/3 suint la dcollatIOn du saint fondateur de lellr propre) glise. Ils distingurent sainte lIarie-~ladeleine de ~Iarie.i)lII sur de Marthe: ils trent il cette dernire la qualit de vierge ct il saint Lazare celle dYque )) (1). (, Ctait ainsi quil fallait parler pour conqurir lel,lI}succs. La congrgation bndictine de Solesmestait bien du temps et du milieu dcrits par Charles tLouandre. Au lieu de rsister lentranementj lgendaire, elle se plaait la tte du mouvement.Ceux qui taient dsireux de parvenir, de se mettre11en lumire, dafficher une savante orthodoxie faisaient cho. Un jeune prtre de talent, labb Darboy; se distingua pnrmi eux. Il anit, lui aussi,,1,,..Iune- malheureuse -thse fi r. habili ter, celle de lau thenticit d_es uvres deJArop!$ite, ct il essaya de deconSlderer ses ndyersaires SUl le terrain dogmatique. Racontant les malheurs de lhistoire, sii /longtemps et si odieusement dfig~.!:e, il disait:{f.-r /l (1 L~ontd~but; cest ane le leyier d~ menH (1) 1115t. lit., 18>-1, t,lI, p, 4-2,2- t!dil.1 Iii 29. LA THOLOGIE Di IIlSTOIlE2() songe quils ont branl la moiti de lEurope ct, aujourdhui mme, ils ne sont pas encore il boul dimpostures. Les L ~~~ sont ,CI1US ensuite; secte chre il ceux qui aIment lostentation cie la verlu, elle n;~il de la fourberie. ct, pour ine, clic nlni pa~ assez du gnie de Pascal, il lui fallut un calomnieux pamphle!. Les llIag-isl1ats de Louis~~. XIV ct de Louis XY continuant les conseillers de Philippe le Bel, elles philosophes du XYlU sicle continuant tout ce qui aait t mauais aant eux, iultt~rent conlre iesiroits de la hjr.illchie, con Ire les dognies de la foi al la du li- cT: nlenlir. clal ellr ((Ise. n ln certains gallicans, cc nest pas moi qui !cnr choisis celle compagnir, certains gal- ,--1p licans rt-digrent lhistoire ct firenl (les recherches critiques rlWrs un s"sLinIQ prconu, cl acc le parti pris que( Icnrs ali versai les an r.1ien t;:;"1t. ct lon sa i1 quelles (-normes fi ( rt immcnses fanss(llS ces prloccupalions accumulrentrrr0 SOUS la plumc ri 1(11" 7tC...s ; !I.t.ropagitc et le premier que de Paris. Deventl plus lard :i.!!C-)11"cesseur de saint Denys sur le sjie de Paris, il s~J:.!0$~.~i- V::r "e~nf il l0rinion qui donne trois sicles de plus. dexistenc2,. ilcetle illustre Eglise, en reculant lpoque de sa fondation Ju~uau,xt~p~_ ~Q9slQlilu!s. Foulon, Histoi/c de la vie et des lW"CS deMgr Darboy, p, 60. ....... " yLWv-~~ r-C-"0..... 2. k T"U7-~ ~r- .~ 30. 30 LA CONTROVERSE DE LAPOSTOL.IT DES I~GL!SES ment moins nouvelle et prparait une volution, Aussitt que parut la seconde dfense des lgendes provenales, om Guranne lap rouva ublique ment, Le be ouvrage de:1. abb Faillon) dit- f il, SUI saint :Iarie~:Iaclelcine,est un grand l 1 exemple et un puissant encoula~ment pour les amis de la gioire es saints, et nous ne craign-;ns pas de dire quil y a urgence pour la science catho 1lique de diriOer e plus en plus ses efforts de ce J ct (1)~ Pi.!!1i) le futur cardinal, crivit dansle mme sens un long article hi1JliQgra~ue que publia Lc COlrcspondant (2).Cest ainsi quune affaire Je critiquc, compose Jlments multiples et complexes, se trouvaitO)-!?om Guranil) Iiistoi,e de sainte Ccile,l8!!!J (dilion princeps), p, XXIll. lJans cet ouvrage (p. 35), Till~!t est appel lun des plus savanls et des plus dangereux adeptes de 1011l Ropl )J; son (CuITe les ire un ml ris su erue et s sl(maliCjuel pour les monuments les lus chers lu pit calho igue, )l n histo rien e nuance trs conservatrice, mais sans passion, sexprime dune aulre mani0re : Tillemont, si prudent, si sagace, si9loign de tout excs et dont ladmirable sincrit na dgale que son immense (rudition )l. (Allard, l1istoi)e des pelscutions, introd., p. 1).(2) No du 0 octobre 18Ml, 1. XXV, pp. GO-64. Voici comment dom Pilra seIpriffi-surJePSeudo Raban-~Iaur : Ces actes porlent bien le cachet de lenr poque ct le caractre particulier et distinctif des crits de lillustre hque de Mayence, la sincrit; il Y rvle sa sincrit, une science peu commune, etce qui est plus fr.ppant encore, une grande habilet exposer quelques lignes vangli ques, sans sortir du texte s;)cr, sans rien perdre de la tradition, etc., etc. )J. Ailleurs dom Pitra souhaitait que les anges du mont Sina fissent arriver les acfslle sainte Catherine quelques mainsaussi pieuses el ausSi savantes que celles qui ont rhabilit les J traditions provenales. (Etu.des sw la Collection des actes des saints, p. LXXXIIJ), 31. LCOLE DE SOLES1E5 31 englobe dans le bloc dune raction entrane il. la rsoudre denthousiasme et sans distinctions, au dtriment peut-tre de la cause elle-mme. Pour savoir quel point ce parti deyait russir et com bien ln question elle-mme deyait faire corps ayec les autres reyendications, il sufTit de rappeler un loquent pangyri uerononc, en 1887, par lyque dAnger, :I~Fre ~ ,Je {louve, disnlil, dnns cc demi-sicle coul de grande,; lulles suivies de griwdes victoires. Oui, lhrlsic jansnisle dtruite jusque dans ses ,ncines, le gallicar:!.i~c ( v,liIcu sans retour, Jinfaillibilit doctrinale du~"ouycrain pontife .cJlosorlDnis hors de tout conteste, lunit de la prire pnblique universellement rlablie comme le signe clalnnl de lunil de la foi, la scimce ct lirlli/ion rarnenles aux Taies somces ct a!!ianchies de (a (/1" ]Jljj/l,qis. la ?lo/ion de {ordre sl/rlla/urel /Il iCI/:r comprise en elle-mme cL. dans son a]llilica/iem lhi,,/oire comme il ln direction de la vic humaine, lordre monnstiqne relev de ses ruines ct llpre nant sa place dans I~glise de France, "l,ili!, cerles, de lI1ag-nifiques rsullats qni font de cc conrt espace de lemps une lpOqUC mnlOrahle entre Ioules .... 01, qunlld je cherche dnns cc mouvement de renaissance catholique cn France les hommes ct les inslitulions qui lui ont imprim la direc tion la plus ferme ctSllle, je nhsite pas il placer au premier rang dom Guranger ct Jabbaye de SQlcs mes (1), 1) Des thologiens, ne peuvent aspirer il. un plus,r magnifique . cest presque laurole des docloge : teurs de lEglise," objet de ladmiration et de la (1) Les F/es jl/bilaires de labbaye de Saint-PielTC de Soles mes, 9. -10 ct H juil/ct 1887. Gr, in8 de 58 p., 1887, Imprimerie Sainl-Pierre de Solesmes, 32. :>2 LA r.ONTIOY EnSI DE L. rOSTOLIC.IT~: nES ItGLISF:Spieuse Qmbiti~n du grand abb. Et cette couronnede titres dhonneur est dautant plus glorieusequelle corresponJ parfaitement il son programme,. formul peu il peu et de plus en plus netlimelltde 183 / il 18!19. ~Iais la position que son illustre 1autelil y prenait tait celle du tbologienJevant1ui la thse apostoliciste ~ traditionniste sc pr sente en effet avec deux arguments, ou deux prju gs, trs forts: elle est plus conforme il la pitc),elle est appuye par la lit1llgie. Pour les catbolillues, au moins comme on trempeorJinairement leur foi ct lem temprament, cetteopinion est plus pieuse. Si on enseigne que la P(!chelesse, ~Ialle-~IaJdeine ct ~Iarie de Bthanie sontprobablement trois personnes dif1{rentes, mais1u conp sr, il faut en distingller deux; que toutce que lon sait sur elles, outre le rcit nng li1ue, est la vnration dont jouissait le tombeaude JIadeleine ]~phse : on repousse durement etschement la personnification dune grande repentielanguissante Jamour ct clexpiation dans une grottesauvage, pendant 1ue sn. sur, toujours active,prcbe l"Cest onc sabusel tIangemcnt: qne e 1lJ}table~ SUI les traditions ~itulBi9.~.~s; celles-ci Jvalel}t tout juste autant que les ocuments 1Ji~i,q~s~dont elles sont tributaires (1). (1) SUI celle dcrnilC cLjeclion, cf. Dellet, Les ()"igilles des ,( tgli~e~, nOll, "dit., HmS, p. lU. t, il ) i1.1 1f ::=:.1 { f ., iJ 38. CHAPITRE III (18501857).PllOGllS OF. LA 1l1::ACTlO:i A:TICllITlQUE. - DO~1 PIOLI:i ET..Llf-istoire de 1j~!llise du, .Jans. - LAIIBI~ AnnEI.LOT ET LALlTUIIGIE DE LI~IOGES. - LAIIGU~IE:T LITUIWIQUE 11111:;DU T~;~lOIG:AGE sun LE Il.llbIE DE CO:iST.;TI:i.Lapprobation donne pal dom Guranger au livre de 11. Faillon entrana ladhsion de ses amis ct fit entrer laflaile dans une phase 1I0uvelle. A, c~te ~ue: les catholiques flanais pensaiept par groupes. Ils taient diviss en un gr,!n~_.!!QE1- bre- de-partis qui sappelaient respectement : gallicans ct ultramontains, liturgistes autonomes ( ct romains, rigolistes ct probabilistes, sc mi rationalistes et traditionalistes. Des affinits secrtes faisaient quordinairement le membre dune faction, par l-mme quelle tenait pour telle doctrine, savait pertinemment quoi sen tenir sur toutes les autres. Dsormais il y aura une nou velle division, portant sur les matires drudi tion et formant lcole historique et lcole lgendaile. Chacune velIa prendre part la dis pute--;;:;-qualit dauxiliaires et dadversaires les..... l. 39. 40 LA CONTROVERSE DE LAPOSTOLlCIT DES GLISES autres partis (1). La presse quotidienne et hebdo madaire sen mlelU. La Correspondance de Rome, parfaitement incomptente, dclale lOU-] ( nage de ~ le plus savant qui ait paru depuis deux sicles en matire de cIitique et dhis toire ecclsiastique. LUnive!s en a dj a~tla thse comme une vrit thologique. Les livresJ se-pron"oneem-el1~nscfience . Rohrbacher, dans la premire dition de son,-)1Histoi,rc de lglL:~e,~n~Yait rien ~i(: de l~po:tolat de sUinte ~IadeleJne III cl une miSSIOn d veques envoys par saint PielTe et saint Clment. Il rap po:Lait le martyre de saint D~s et de saint Satulllin il la perscution de Varrien (2), ce qui insultait les traditions catholiques les plus vnraLles comme celle (Je laropagitisme. Dans la seconde edillOn, palue en 1850, le bouillant ullla monTalll est asse~ sr des thse~ }_I:9:~itionni0es ll-()ur en tirer une apologie des livres liturgiques JId~e et une aceusation~E!~s ._~~_ntre.. le (1) ( Toutes les questions senchanent par un lien plus ou moinsapparent, mais rel. Aussi un branlement opr dansquchluunedes branches de la science, la secousse ne tarde pas se faire resso!tir dans les autres rameaux, etc. (Le P, ~lontrouzicr, S. J., surlAposto/i.dt des .glises de Flance, Revue des Sciences eccls.,t. l, 3- srie, p. 45), (2) Rohrbacher, His/oile, t. V, livre XXIX, p. /190.-Eremiredition, 18i3, Voici comment dom Guranger lui-mme JugeaitCrte uvre: Javoue ingnument que M. Rohrbacher na jamaisl t mes yeux une autorit srieuse en fait de science historique,et quil est plus dune page dans son immense rcit sur laquelle ilserait propos dlever quelque rclamation; ce qui soit dita,ec tous les gards qui sont dus au pieux et laborieux crivain, Essai su, le Natumlisme con/empotaill, p. 244. 40. ";"." PROGRS DE LA RACTIOl: ~~J siele)Les rsultats de la critique avaient tXVIIe admi-s, dit-il, ( parce que tel tait lavis de~u- Il] ~ et de ses pareils, qui marchaient plus ou moms . SUI les traces.e~ et ~. -Le baronenrion fit, un peu plus tard, dans son Hist~- gel1erale de lglise, la mme volu tion ue Rohrbacher (1).dO ;Iisliabb mitr de Sainte-:Iarie de Deg, en Hongrie, adopta de confiance (1851) les rsul1 tats du travail de Paillon. Comme il ne vit en Palestine aucune tradition ou aucun monument sopposant au voyage de sainte :ladeleine en Provence, il crivit entre al1tres beUes choses dans ( son clbre rcit de voyage: Les traditions ct l les monuments quon trouve en Palestine sont tous favorables cette opinion (2). (1) Lextension des ides cg-enclaires se fait sentir:i celle (:p0lut de diHrs cts. Il J ent, par exemple, de 1850 185/~ unc conlroverse sur la ClOlallce 3U ciJristianismt de S(niqnc. Pour Je fond de la question, loye;: uertin, Sdnilile el saint laul, l:tl((le 510 les mppo)/s sllpposl!s-"ii/le le 11/ii/osolfw et lapt"c (Palis, Didier,lSGD, in-S, v-4--.6 pp.), 1(2) Les Saillts Liellx, 3- dilion entirement reVlle et considraJemt~enle,t, Il, p. 681. Yoici quelques autres citations curieuses:" Raban Maur, 3r~helque de ~13yence, possdait les actes de L3;:are " (p. (76). Des travaux anssi savants Ille consciencieux, fails ces dernires~ annes. ont tabli de 13 manire la plus vidente 1~!l_I,!Je!!D~t des J anciennes traditions qu1l""tm(r.iires crivains s!lAcad~mie~cartadu concoursdes antiquits nationales la Dissertation, dansN9 [ laquelle elle ne vit quun sujet de polmique religieuseCe jugcme~t d~da_ignex ~iscrdii;pasnela nouvelle opinion. L~ question des origines -chrtiennes de la Gaule prit une grande im~~- - If t~e. Elle intressait dailleurs toute- - -. la Fra!!,ce.Si Grgoire de Tours ne parle qqe de septvques envoys par le pontife romain, ceux-ci,daprs leurs lgendes respectives, ntaient pasvenus seuls. Cest ainsi que }ulien"aurait t (1) VOIez la relation officielle de cette a!faire dans: Saaa"ituum congregatione Emo et Rn" domino ca:din.ali MO"ichinirelatore, Lemovicen, Confi"mationis elogii et CIIltllS lit apos/vliquo S. Ma,tialis, primus Lemot:icensiwlt episcnpiis hac/enusgavisus est ab immemorabili tempo,e ... instante R. P. D. episco}JoLemoticensi. Lemovici, excudebant llarbou fralres, ~IDCCCLV,in-ft, 91 p.; et Romae, 185~, ex tIPographia Josephi llrancadoro.- Voyez aussi comment ArbeUot raconte laffaire, Disse,tationsu, lapostolat, p. 1"18; et ~nt laffaire se transforme chezunlgendaire de seconde main7 Charbonnel, Q"igine de lE:glise deMende, pp, 50-52, --=- 46. ., LA LITURGIE DU ~IA;-;S 47accompagn dun prtre. I.!!.!:iQe~ et dun diacre,ravace,J qui lui succdrent dans le gouvernementde lglise des Cnomans. En plusieurs cas, sescompagnons, .personnages secondaires, auraientquitt leurs maitres pour vangliser des pays voisins, fonds de la sorte il revendiquer aussi pourleur foi des origines apostoliques. Presque tousles diocses se trouvaient donc convis remonterla chronologie de leurs origines au Ile sicle. LalTaire fut mise il lordre du jour dans lescongrs archologiques; elle figura au premierrang dans les discussions su).: la comp-osi~so~es propres diocsn.ins pour la rforme liturgique. Sur ce terrain, la victoire fut aussi prompteque dcisive. Elle fut gagne par les chanoines du ( Mans; Leurs offices propres obtinrent, en 1855, lapprobation romaine avec un bref louangeurbeaucoup plus remarqu que la dcision en faveurde saint ~Imtial, et qui, par son interprtationextrme, devait tre un dsastre pOul la critiqueecclsiastique. Dans cet important document, lec~ Pat1:!Jzi sexprimait ainsi sur lopinion de la Sacre Congrgation des Rites: Maturo c.ramini subjccit, singlllisque pcrpensis, opus vidittanta elaboratum in dl/stria , tanta artis criticae ( et rerum liturgicarum peritia concinnatum, utdignllm censuerit quod un.ersim probaretur,pallcis dunta.rat levibusque illdllctis emendationibus qllas in ipsillS exemplaris adnotatasreperitis. 1 47. J8LA COlTTIOVEIISE DE r:APOSTOUr.lTt DES f:GLlSFSComme le chapitre du ~Ians stait appuy surlolnge e dom Piolin pour la r~daction desleons, lauteul prit sa part des fl,licitntiolls, 11 y vitsn mdhode sanclionn0e par la plus haute autorit,Il ny a pas en elTet deux vritl~S critiques: luneliturgique et lautre liistolique, Le parti applaudit assez bruyamment pour couni. les protestations de quelques hommes quidl;clals ~lans ilHorne ta ~liss d~ns cet article un loge de~FaiIlJlll~. ( A propos de la question du baptme de Constnnlin, do!!!Ritra ne7 )craint point de qualifier le rcit dEusbe daudacieux men- o . songe , Pour lui, il propose il lexamen lopinion que Constantin aurait t bapl.Ls. (!~x19ls : il Rome, par saint Sll~t.!:e; :"ic9 m.die, par..Jes ActE.~s, r. LAna de 1(1, Religion, numro dll 1er janvier 1850: 51. :;~ 1.. r.(J~TIIO"Jo;nSE DE l:AlOSTOI.ICITI~ nf:S l~GLI"ESsaint Silvestre (31 dcembre) en en retranchant leJrccit je lappariti-on des apotrEs Pierre et Pnul eten rendant toute spirituelle lu lpre c!ontlempereurdait d0clar malade. Dautres correctionsnerestenl-elles pas encore possibles? Le fait dubaptme par Silvestre est respect, mais nest-cepas avec cette prcaution significative : . /Lli(CltlS Ecclcslae ROll/ana re/crI Iradilio : Parailleurs, en corrigeant ln lgende du 3 t dcemhre,Lon XIII na point touch il celle du 9 nOYemure(Ide de la d:Jicace Je la Basilique Ju S:lllycur),n la llpre reste physique. Quelle est Jonc lautoril de ce rcit dsormais pour un traditionnistc,Ct dapr(~s lui de quelle malaJie lempereur tait-ilntteint ? Cet exemple ne prouvet-il pas dunemanire (;clalante que nome nimpose pas lacroyance des traditions liistoriques, quelf~-ri(Jd,;dle, quon appelle la diminution e a vrit. a u t(I~llon de la parole de Dieu. Ilien plus encore que limpit de Henan. ceci l!st le mol particulier. JJlhrsie propre de nolle tcmps; cl jcrivais dernirement l,quelquun que le [,vre de ~l. de Droglie mavait toujours paru. ~ cause de cela, un livre JJ,P.Ic,5Ian IlC. Ccs beaux rncsslcurs-b, voyez-"ous, . de DIoglie, 11. e Falloux, ;pp~rlicnnent bien plus que Renan la grande elleur du lemps prsent. Quand lhisloire rsumera noire Sicle, c est dcux quellc parlera, et non de Renan, car ils fonl poque bien plus que !!li, dans la gr;wde proc.!ill!0nMI dhrsies qui dfile depuis que lEglise est au monde. COlTeSJJ110nJancc inclilc, 1. Il, p. 260.(1) Retllecle lAnjou el du Maine, t. !JI, p, 218. 66. ~IOIT DE: ~L DOI,O[I-LI: (iiapri~s lwoir termin la rdaction dfinitive deUlis/oire de ligllse du .lIaI/s, (Ill reste trsaVllllce)) (1).:1. dOzollyillc ne deyait pas yoir ceUe pnhliration, qui tarda singulirement. Il mOUlut tlia fin dejanYier 1850. Il conslryajusqu sa dernire minnte!a4mirable st~rnit qui ne layaitjamaisalJllndonn(idurant toute sa controYerse. Quallli il sc sentit prsdentrer dans son ternit, il protesta de sa plusabsolue soumission il sa Sninte :Ire lglise, rl~itrant quil dsllyouait cc qui, dans ses recllerchcsou dans ses crits, ne serait pas conforme il sonenseignement SUI ces points dIJistoire"f]uil~r()~itabsolument libre0Il ajouta quil pardonnait de loutc((nl il ceux qui, (lans Sa pokmiquc, lni ayaientmanqul: dgards.Le seul tod de cet lionnle bomme est de naYlli,pas fait une "l:c!ame sufTis:lllte il son linc. omhrede ceux il qui il et pu rendre grand seryice nc leconnurcnt pas, ct ses ennemis lnterrrent facilement dans un silence de connntion tics objectionsanxquliles ils ne Jlouyaient rpondre. De nos jours,les Le/lres lestent encore nn des meilleurs travauxde la controYelse. 11 est seulement regrettablequon ne leur ait pas runi dans un nouyeau supplment les deux dernires, publiees pal la Revue deLAlljou (2). " 1 t 1(1) Reme de l.lnjotl el dit Jlaine, 1. Ir, p. ~5D, Cf. Jbid., pa lo 1i 1.u es est donne par Julib Eugn~t~~ard. Les O"igilles de 11-glise cie Pa"is, p, 33-37, cr. lIussi L.-F, Jhan, Examen Cl; tique, p. H4-H6. . - - - 71. 72 1.. CONTIHWEnSE DE LAPOSTOLlCJT~; DES GLISES Elle possde un catalogue traditionncldl~Yquesf:1cile yriGer et d:1ter il pulti, du quatlime,:laurilius, mort le 13 septemble !153. li ne subsisteaUCUI1 lenseignement sur ses denx pldcesseuls.Quant ilU plemiel pontife, Defensor, il semblequon doive le confondle ayec l~Yque de cc Homqui sc trouva prsent il llection de saint ~lartinde Tours en 31 ou 372. Mais, quon admette ounon cette identification, il est difficile avec troisYl:([uCS seulement avant ~laurilius de reportel lafondation du sige au-del du milieu du l_C sicle.Que Dcfensol ait t le prcmier Yl:que, les catalogucs le disent nettemeI1t : Prill/us Dcfi:nsorepiscopus (1). Yoyons maintenant comment unlgendaire, il qui cette originc tardiye, ces datessches et approximatives ne peuyent suffile, yafaire lerriontel cet vch verS une oligine quasi(1) Desl~:;[), ans sa disscrtation sur lcs Origines de lLgliserI ,11lge)s (lIeLlie de l :In jOli , mar,) L,,-B~i0liale sWIpoqIW de letablis- se11lent de la foi clmitienne dans les Gaules, 1857, 79. lil~l~ 80 LA CO:TROVEHSE DE r:APOSTOLICrTl~ DES GLISES~r la connexit de la thologie et de lhistoire, sa dissertation sur ce sujet fut imprime la suite ct continua la pagination dune thse latine intitule: De llomani pOllti(icis ill(aLlibiLitate commen tarit: (1).li,lAu Puy, la lgende apocryphe du saint vque Georges est remise en, honneur pal le vicomte , c;briel de Fages de Clwullle~ il cite dom Guran 1 ger, en se d~larant contre la cabale (( jansnistetf et parlementaIre.~ chanoine honoraire de Bayeux, chapelain de la Visitation de Caen, essaye dtablir en trois brochures (186t-62) que saint ExuplP-, premier vque de Bayeux, consacr par les aptres 1Iartial, Denys et Saturnin, eut pour suc cesseur immdiat saint Regnobert. Exupre serait mort vers lan 78, et son successeur en 168, g de cent vingt ans, il lpoque de :Iarc-Aurle. latu rcllement, cause des perscutions, lvch de Bayeux resta vacant jusquau cinquime sicle, Ces fantaisies furent rfutes pal ~L Jules Lair.A Amiens, Charles Salmon trouva plus simple ......--(-1) Prigueux, 1858, - P. Dion, alors professeul au grand ,,"mi naire, tait le porte-drapeau de lu!lramontani5mo. 1 mourut hOls du diocse, dans une sorte de di~gr:ice, lai5sant la r"putalion dun homme instruit mais passionn. Il fut lauteur dun cours de liturgie, dun cours de prdication, el de trois traits De Ecclesia, De 171camalione et De Gmtia, Pour laposlolicit", il navait fait que reprendre la thse du rcollet Jean Dupuy : Estat de lglise de Prigueux depuis le christianisme, 1629. En1811, un Prig"ourdin, labb Audierne, rditant cet ouvrage, en avait combalt dans des notes ruditesles sentiments lgendaires. 80. E:1E:--SIO:-- DES 1RAVAC: utENDAITIES~l de mettre cn ceUYlC pOlir lhistoire de son diocseles arguments de dom Piolin et de ~I. Faillon quede dissquer les incohrences de la lgende de saint Firmin. Un peu plus tard~ncent DonaJ)revenJiqua ct clbra, en prose ct en vers, pour sa villede Oeaucaire, lhonneur Javoir t vanglise parsaint Sixte, qui se rendait Reims, envoy parsaint Pierre (1). Les (;ruditsJe province tra-aillaient chacun selonson genre. Les uns dissertaient dune manire~N critique; les autres, estimant lhistoire janSnisteJ~ compltement JiscrJi tc, sans se mettre en peinede prouver les saintes traditions Jont lauthenticit, daprs eux, ne pouvait plus tre conteste,sefforaient de les mettre en belle lumire. Quelques-uns, sans doute par condescendancepour un temps o les vrits sont diminues, escamotaienl, bien Jes miracles. La crdibilit de lhistoire elle-mme leur semblait augmente par ceprOCd, qui se rclamait de grands exemples. ~I. labb FailIon, disait un lraditionniste, il dpouill la lgende desainle ~Iarje-Madeleineet de sainlLaz.aredune bonne partie de son merveilleux: il la fait venir prosaque ment il ~larseille dans un bon navire il voiles el it rames, COlllme aurait pu Je faire nimporte quelle autre femme de son poque. el ainsi du reste. Si cesll une dfaite, on peul bien dire: Heureuse dfaite! ) car le lriomphe dubon sens (-1) Documents historiques. T"adition locale Sil" le sjour de saint Sixte Beaucaile, par Jean-Vincent Donat, juin 1869, in-8, Tarascon, Aubanel, 36 p. Les pa.ges 5-8 sont en vers.5. 81. 1 82 LA COlTROYERSE DE LAPOSTOLICITt: DES GLISESfi~ ct de la vrit sera toujours un bonheur. et le bras de Dieu oc palailra jamais afTaibli au point quil soit utile de lui prter de faux miracles 0) .!1 Cette argumentation semblait une trahison ft des lgendaires intransigeants qui, sans rien vouloirIl distinguer, recevaient toutes les traditions du pass~I et les compilaient pour ldificntion de la postrit.~Le chef-duvre de leur manire, durant cette priode, semble tre la Vl:e de -!aillt Frol/t, le fondateur e lvch e Prigueux, Les titres des Mpitresse~l~ suffisent lenseigner. En voici cles spcimens:Chapitre 1. Comment saint Front tait de la tribu de Juda et comment il fut choisi par Notre-Seigneur Jsus Christ.Chapitre IV. Comment saint Front ct saint Georges arri vrent il ilolsena, ct comment, sainl Georges tanl mort, sllinl Fronl le ressuscita.Chapilre XXI. Commenl sainle Marlhe mourut, et com menl sainl Frontassisla il ses funrailles avec Notre-Seigncur ,Jsus-Chrisl (2).(1) ncolom~, ];tudes ,elig.,JS77, t. Il, p. !~91. Mg~qui a la~ lgariser le traditionnisme ct Je rendre accep table, sexprime dans le mme sens: Si une lude attentile desorigines chrdiennes ne permet pas de douter que de nombreuxmiracles aient signal la prdication vanglique dans les Gaules,ce serait faire preuve dune cr(~dulit extrme que dadmettre tousles faits merveilleux rapports s m,,riler, r,,pondail labb )), La CltIoHique de SU/1JiceSvle, l, Prolgomenes, p, X X111. _ (1) Aposto/ici!1i des l~glises, par ~!.~ p, 10, nom( PiolNaisait cas de la science de il!. Fru~ere (Cf, Revue du Jfonde "--mmo7:ique, t. XXX VII, p, 3Oi), (2) rolammenl. dans la Revue des Sciences ecclesiastiques, lesJ:.,tudes Rl1ligieuse., 1885). - En 1869,l:Thab. ren- voyait aussi La Borderie pour les preuves de lapSrolTil de lglise de Nantes (Cr. Examen critique, p. 114). 87. SS LA CO"TIIOVEnSE DE LAPOSTOLICITI:; r)f:~ )~GLlSES llJisloi,,e de sainl Fi"min, p ~ , yice prsident de la Socid des Anti8 sqq, (3) YOjez, par exemple: Vic des saints lusage du diocse dcRode:, choisies ct "CVtlCS par ~r. Abl~, vicaire gnral (Rodez,[ Carrere, 185~, in-1~, XII-~08 ppl;-et luvrage bien connu dedom Chamard, Lcs Vies dcs Saints PC1sonnages de 1~1njoll. (l~) ~lgr Gurin publia en -[858-59, par souscription, en fjuatregros votu mes in-4, la Vie des Saints de Giry. Il reprit le trayait,le complta en une dition de dix-sep_t~~:olum~i!!-~o_ hlgr Fevledit fjue cest par centaines de mille quil faut estimer le dbit(de cet ouvrage ))~0 Mg" J~aul (;lL~~in, call1lier du pape et p,otonolai,e apostofiqrre a, i.--p:-(Tiaris, Saate, 1901, in-8, J 1 88 pp.). )1;;1 Gurin fut un pieux industriel en librairie,"pas PIUS) r 1Il:ticyleux sur la re~titude parfaite de se: entrep~ise~commer- 1t .claleque sur !e:aclltude de leur contenu, La hquldallon de sonDictio,maile des Dictionnaes, le seul catholique )l, le fit con 95. LES I1ELlQCAIIU::S nE CIIAIIIIOCX )7les manifestations de la foi catholique. On repr-sente les saints aptres de la Gaule SUI des vitrauxet, la suite de leur nom, pour que nul nenignore, on peint la prtenue date de leur martyreau premier sicle. On les groupe dans les mo-saques et dans les fresques. On montre; leurslcliques, on les place magniflquement dans desc!tsses plus dignes Jl~ leur gloire, on clCbregrandiosement leurs ftes, on organise des ple-rinages en leUl honneur. Toutes ces solennitssont rehausses dun pangFique et les dfenseursdelhistoire doivent dsormais saccoutumer sen- )tendretraiter u haut de ln cc chaire de vrit Jldesprits faux, tmraires ou chagrins. Le grand.Q ami de dom GU,2angerGi:B9 ?vque de Poi-tiers et futur carinal de ln sainte Eglise romaine, donne le ton, En 18:18, il prche le pangyrique dun vque de Sez dont on ne discute pas seule- ment la date mais lexistence mme. Lorateur,J!J_. amner en justice (27 fvrier 1901) il lge e soixante et onze ans, On a phil?soph Sil t: son .cas : (~. que ,le, 1J~cti,vllnai~:e des Difti,OII Il,nalles, vle e.f.sclcnce, Ide exegese, Ide de Cllt!que, Ide "dapologtique rationnelle; ait eu onze lIlille sous.ri12t~,~,rs,presque tous du clerg, ccst, en un certain sens, scandaleux, mais " cest galement explicable par le fait que la cli~ntele manque delesprit scientifique, philosophique et critiqu.e,Devant ces dvia-tions du sens catholique, que oivent penserl~,L~ts,commeles abbs Vigouroux et Vacant, qui ne comptent pas le quart de ,Jo ces souscripteurs il leurs Dic!iollnailes,"monulll.en.ts, ,de.ru~iJ1Jl , , et.de sj~llce ! );. (1L labb Ch, Denis, Leons de lhewe p,esen/e,p. VI-VII), Il est difficile de prvoir si la postrit, plus libre etplus impartiale que les contemporains, fera une grande diffrenceentre le Dictionnaile de ?llgr Gurin et le Dictionnaile de~1. labb Vigouroux,6 96. n~LA CO:lTROYEnSE DE LAPOSTOLICIT DES GLISEScitc Bossuet dans son clbrc sermon sur r Unitde l1~glise (1), et il ajoutc : Crsl. Bossuet, Messieurs, qlle OUS yenZ denlendre,Cc Leau gnie, il qui toules les lIlallirrs d lai;;l nllll. sibien"ayanl. entrepris de racoiller les origin(~ cl les glilc~de lEglise gallicane, cl IrlJlIyalll SUI son cht:llIin (cs~i"liliS feheux, (Ili COll1l1111l(aielil ,( halhulk:I It:UIS dOlilesel. leurs oljecliolls, l lqlll; ainsi li 1 al e IllLe lriligue10In~raire, cl. layanl lolllllic elltluile au silt.~nlt:, llprends1mOTers des hauleurs ail il nesl donn il prrsonlle Ile le~lIiTe. Dans le mme temps, un inciJent clbre vintjeter une nouelle lumire ~ur la re~taUlatioll deslgendes. En 1856, les religieuses Ursulines JeJsus, Jcla congrgation de Chavagnes, qui ont tabli unpensionnat dans les restes ~e la grande abLa)c J:!,eQ.,alroux (ViEnne), y faisaient faire es rpala tions. En ouvrant un passage dans lune desarcades, le 9 aot, les maons trouvrent dans un trou dchafauda.ge d~ux prcieux reliquai-rS: Lun renfermait une bote dor, dont linscriJ!!:i.on , N] portait en caract~re? 9P IXC sicle que l taient ~u-; de l~chair et d-~- sang du Clitist (2). ) ;if] On se crut en prsence de la relique de la Circon cision, relique appele communment dans le pays la sainte Vertu ou le saint Vu de Charroux.Comment et quelle poque cette relique tait(1) VO~ez Appendice l, Bossuet,(2) ~Igr D3rbi~E,i:.~onI3ult, ut1es CM?1)/" t. X, p, 3():;, 97. LES RELlQGAIIlF.S DE CHArlfOUX DO ell~~.kedans le trsor de Ju.bbaye ? De quels titres dauthenticit se recommandait-elle de pr frence anx reliques du mme nom prsentes dans diffrents autres lieux la vnration des fidles? On ne la jamais su.jIais il certain quau commencement U XIe sicle, elle ntait point encore il Charroux.Les reliquaires retrouvs furent envoys lvque de Poitiers, afin quil en vrifit le con- )1 t~u et permt de les rendre au culte:Le prlat se ) sentit fort embarrass.;;Il crivaille 10 mars 1857 son voisin dAngoulme, jIgI Cousseau : Je ne lois pas possibilil il fairc la crmonie solennelle de Charroux il cc momcnt. Ils sobstinent il vouloir lim possible cl penscnt que Charroux, si lon parle bien hallt cl sans hsitation Je la reliqlll~ rclroulc, la t1elcllir la capi laie du monde. Ils mcl1oicnl cles pices curieuses (1). Lvque nomma une commission pour ltudede la question ct lexamen de la trouvaille, La commission dclara que (( la 10Lure parti culire de chacune de ces anciennes reliqu~s ne pouvait pas lre spcifie et dtermine dune faon(absolue (2) )). ( Dans ces conaltIons, dIt plus tardl;C;rdinal Pie, laxiome du droit ecclsiastiqueavait son application manifeste: Reliquiae allti( quae habendae sunt in ea veneratione in quahactenus {uerant. ...... o la tradition est immmoL (1) Lettre de ~rgr Pie il Mgr Cousseau, 10 mars 1857. (2) uvles du cardinal Pie, t. IV, p. 560. 98. 100 LA CONTROVERSE DE LAPOSTOLICIT DES GLISESriale, etliQntjlL~.tiliJie, la possession du culteest un titre. solide (1). . II fut convenu quaux: reliques anciennes et indl tecrnines, qui seraient maintenues dans les vaseso elles avaient t retrouves, on ajouteraitdautres reliques dont la provenance serait connueet lauthenticit rgulire (2). Lvque publia uneordonnance dclarant c[uil y aurait une ostension( solennelle des deux reliquaires tous les sept ans ilpartir de lanne 1862. Il fit en attendant leurrintgration solennelle. Elle eut lieu le 23 juin1859. Mgr Pie y pronona un grand discours dontvoici les principaux passages:( Ah ! disait en elle-1lI0me lh(.ll1orrosse de ll::vangile, si je parvicns il loucher sculement la frange du vlcmcnt (le Jsus, je serai gurie: (1 Si. Icligcro lantwn reslimrn twn cjus, sa/ta c/o. )) Combien de fois, Mes TI(s Chers Frres, celle mme parole a t entendue ici dans les anciens figes! Ah, scriait-on, ~i je pui~ IllC transporter jUSCjU:l la lJaSiliCjue de SaLnl,Sanlcurde Charroux, si je puis coJlerl mon Ironl a la pOU~IlIe cie cc sanctnairc rvr, si je puis appuyer mes .rnem Ilres malades aux colonnes qui entourent lautel, enfin si jai cc bonheur ct cette larc fortune cie lOU voir approe lr mes evrcs e laugus e rc iquaire, de pou, viTfTrnprimcr un pieux JJalser, oh! alors le serai guri de mes infirmits morales ct corporelles; oh ! alors je serai cout clans toutes mes c1emnncles, exauc dans tous mes vux, satisfait clans tous mes dsirs: Si Icligcro lalllllln rcstimcnlum cjus, sa/ra e/o, Et en efTet, il en tait ainsi. Une vertu toute-puissante schappait ici du Sauleul, ct(1) Ibid., p. 560.(2) uvle du cardinal Pic, t. IV, p. 560. 99. LES HELlQlAIRES DE CHARROUX 101elle gurissaitIQU~ ceux qui isilaient ce saint lieu :, Fiflll. de illo c.li/;al cl saJ/abal olllncs .... (1). li A lheure o nous clbrions cc malin les saintsms,[res, nons aolls senti les vnrables reliquaires de" lalhait ct du sang du Christ mler leurs tressTott:r, SOIl abbaye, ses "e/iques ) (Paris et Poitiers, Oudin, 1898. in-12, 5~ pp.). Cclle b"ochure cst date du 14 septembre 189 el munic de lilJlll1imatw .de ~s~eJ". - Pour les rflexions impircs par c~tlG.alTaire-.~ ce~ont. infects de leprit moderne, voy.rflliU.P-aQl). La Foilc aux Reliques, Paris, Dreyfous, in-12, vers ISS. - Pour la polmique de IS62, voy. LOpinion nationale, ~8 novembre 1862. 102. CHAPITRE VIII (1865-1873)SY:"Tlli;sr; U::GE:"DAlIIE ET SY:"TIlj.:SEr.BlTIQ1~E. - LA CO:TllOrEllSE ET LAllCIII:;OLOGIf.. - 1:.IGl!.IE:"l LlTUll GIQUE. - L CO:"TnOH:nSE A TOLnS. A la fin du sicle, en classant les donnes (lelcole ll~gendaire, les prlres confrenciers dudiocse de Versailles distinguaient en qnatre groupes les premiers apotres de la Gaule: Le groupe sacr : Lazare, :laximin, :InrieMadeleine, Marthe, etc. Le groupe apostolique, compos des sept prdicateurs envoys par saint Pierle : Tlophirne,dArles; Sergius Paulus, de ~arbonne; Martial,(le Limoges; Austremoine, de Clermont; Gatien,de Tours; Saturnin, de Toulouse; Valre, deTrves. Le groupe clment/n, cest--dire envoy par lepa~e Clment G)enY.)et ses compagnons, Rustiqueet Eleuthre, dePm,,;Sanctus, de Meaux; Taurin,(lEvreux; Lucien, de Beauvais; Julien, du :11 ans ;Yon, Eugne, Nicaise, martyriss sur le territoirede Versailles. l 103. 106 L.c. CO;-;TIOn:nSE DE L,POSTOLICITI:; DES GLISES Le groupe asiatique, venu de lAsie Mineureen Gaule, et qui avait il sa tte: Pothin, de Lyon,et Crescent, de Vienne (1), Dresse ailleurs, cette liste serait lgrementdifTrente. Des prtres de Vienne rangeraient saint~Crescent, disciple de saint Paul, tout au moinsclans le groupe apostolique. Dans nombre de diocses on bifTerait saint Yon et ses compagnons,martyrs de la fin du me sicle, pOUl les remplacerpar quelque autre aptre rgional: il Sens, parexemple, on mettrait il leU! place, saint Savinienet ses compagnons, Beaucoup de prtres du ~[ansavanceraient dun rang le fondateur de leur insigneglise. li va sans dire que toutes ces prdentions nereposent que sm une littrature apocryphe dumoyen ge. ~Iais ceux qui la rejettent se sonttoujours entendu apostropher par ses dfenseurs dece reproche terrible: Que mettez-vous il la place?Yous ddruisez, vous ndifiez pas! Cette protestation montre lluell dernire analyse, la controversersulte du conllit de deux mentalits: la mentalitmystique qui n:ut absolument tout savoir, oucroire quelle sait, et qui rclame des detailsprcis pour alimenter sa contemplation; et lamentalit positive qui se rsigne il ignorer linconnaissable et pense surtout il tirer parti du prsentet prparer un meilleur avenir. (1) COil/pte endu. des Con(ellces eccldsiasti de dcouper plus habilement Jan.s leur texte lemoyen de les faire dposel contre toutes leurs convictions, En 1865, ulJls rliaiJe, ni Irs ~ouslraire auxiuyestigatious de la ~cieuce, Il sunit de reconnaitre querien ne sy trOllye qui suil contraire soil il 1:1 fui suit il lamorale (1), PIns tard, labb de Solesmes disait encore: .Je nnj pas fait celle soUise de ollioir tout dfendre ctde dire quil ny n las de fautes dans le I.lrc,liairc HOlllain.Il nest pas tonnant quil y en ait qunnd on pense quil at arrang alant la critique ct alant les tmaux dellalonius. llenoit :IV dit quon peul tOlljours en atbqllerles l(~gendes au point de "lIe de la cdlique, cela est laissaux saauts. Il Ile faul donc pas sc scand:diser de lair attriIJllel il lin fait une dlIe anlrieule ou postrieure il cellequi est assigne. Lglise la laisse cepenant au brliaire ;lIle ne penl pas lCUI uer il chaque instant le monde pourdOllller une nouelle (dition il mesule que la critique fail desprogrs, (2) ) (1) Dfcnse de llglisc "Villaine contre les aCCH,sa/ions dan.P. Glalnj /lievllc da J/ondc ca/j,olir/lIe, 10 fVlierlS~O,p. 3;)). (:l) Confrence spirituelle (indite) di! :l0 mailS3, sur la date dumartyre de sainle Ccile, ~l. labb Vantroys remarfjue: ."ousnevoyons vlaiment pas limpossibilit ou ncol1enaucefjuil y aurait~ "CIJIlIC" le IJlnllde, comme le dit dom Guranger, par une riision plus frfjucnte faite SUI la totalit ou quelfjue parlip. dubrviaile, mesure que de laborieu~esetconsciencieuses critiqueslucideraient tel ou tel point inexactement racont ou dat. Compie )cndu des confrences de Versailles pOltl lanne 1900,p. 160. Les bndictins ont suivi leur pre abb dans sa capitulaLion sur la valeur de largument liturgique. Voici ce fjuen critdom Chamard : Le lespect qui ,attache tout ce qui a t crupendant plusieur, sicles incline naturellement les esprits il nepas accepter sans dfiance les arguments que la science oppose auxanciennes croyances, Celle rsistance nest pas aussi drJisonnablefjuon serait tent de le croire: car. si la critique historique asesrt;les certaines, elle a plus dun ct vulnrable dans ses applications accessoires. Voila pourquoi le Saint-Siege maintient, dans lebrviaire romain et dans les lgendes liturgiques approuves, un 110. LA CO~TROvEnSE A TOCn5 113 :ianmoins malgr la mise en amnc de largu-ment arcbologique et la ruine de largumeutliturgique, les lgendes, partir de 1867, nesuscitent plus ans le clerg que quelques protes-tations isoles. Lune des dernires et des plusautorises fut le }ivre: Les Origines de lglisede Paris, pal labb Eugne Demard, docteur slettres et en thologie (1). Les controverses dioc-saines allrent en sleignant. Celles e Tolls seprolongrent et jetrent un grand clal. Des pres-bytres, qui epuis longtemps ; d"cmbre 1878. La C"i/il]lIc latiOllaiste el les O~igines d,Il Ch)isli(tIlisme. iYOt(1clic Rponse tle(D. Chamanl a M. Aube. 125. M. DE~IEISSAS12D Bon nombre decclsiastiques taient prsents. Les uns lui fbent sayoir quils partageaient son avis, mais quil serait trop dangereux pour eux de le laisser yoir (1); les autres crirent au scan dale (2). Trois jours aprs, un champion de lapos tolicit se prsenta, ~I. labb~nt Pott0. Il reprit la question en sance et contradictoirement avec ~I. de ~leissas. De son propre anu, ~I. Pot tier n~tait pas prt pour confolldre son adver saire: trois jours Je prparation ne pouyaient y suffire.~I. laLL Pottier tint il publier deux ans aprs ses cOllYictions (3). Quant il dom Chamar ct il ~m P~qui navaient pas os a lon el le con grs, ils composrent leurs rpliques il loisir dans leur cloitre. Quoiquelles neussent pas d lues au congrs, le prsident, U)on Palustre, voulut bien leur donner place dans le comple rendu. Ils sc[ dfendaient de leur mieux, demandant surtout quon tudit leurs citations sans parti pris. Ctait il peu prs la seule chose qui leur restt dire au public. ~Ialheureusel!kentpour eux leurs rclama tions sont suivies dun examen impitoyabllrait par 11. de :Ieissas. Lrudit abb" y pulVris" leurs(1) Lvque, ~Igr Hector-Albert Chaulet dOulremont, t3it tres fic! de lapostolicit de son srge.(2) Bull. mon., t. XLVI (1880). p. 592.(3) La ]fission allostoliqlle de sainl Julien du MailS atalll lUit:;. t13ng la Revlle historique ct wc/lulogique dll Maine, l. VII (1880), p. IG-189 ..1. de ~Ieissas rpondil tout de suite, p. 592-59[~ du BIl Ilet in monllmental, t. XLVI, 18S0. 126. 130LA CO~TnOYERSE DE LAPOSTOLICIT DES I~GLISESarguments. Dom Piolin avait snns doute le pressentiment de cette execution quand illerminait sanote par un touchant lIppel ala c!)[Irit fraternelle:in olllnibus caritas. "Voyant lins il la rise desl"Udits les matriaux des deux premiers yolumesde son IItsloire de liglise du Malis (1), il acceptait tout ~cr ladage que ~r. dOzouyille luiavait lappel trs dignement et snns succs vingtlins auparavant. 0 tempora, a mOIes.Il) Il sLmLI"r:lil quc le Lemps n:Iurait p:lS ,~p:lr6"nl Ic reste del(june. 1. l,"drilisle ,I tdcs Chalanon l,rpPIt;cic :Iinsi ~ns b /;ibliot/;"/l la mission de saint Julien. Extrait de laSel1laine dH Fidle. Le Mans, 18i8. 128. 1:32 LA CO:TflOVF.RSE DE LAPOSTOLlCIT~ DES I~GLlSESun tel personnage et dans un tel lien. Les sup rieurs du P. Je Boylesve auraient J le condamne!il tuJier, entre autres choses, la psychologiede son illustre confrre Roman de La lliguera etcelle des auteurs des AcLus pOl1li(icum, ou bien,simplement, relire quelques pages des anciensbndictins et de Casimir Cheyalier sur lerreurhistorique en question (1). Ses origines ont tmainte fois expliques. Mais quand on ne rptaitpas ces explicntions il chaque controverse - ~I. de~lcissas sen tait abstenu au congls du ~lans, on sexposait il des dclamations dans le gell1e decelle u P. de Doylesye. QuanJ on les rptait, ilest yrai, on tait promptement accus Jaimer lespropos scandaleux. Yoici sommairement ces explications:Il a toujours exist, dans toutes les religions, desgens ont la simplicit lemportait SUl lintelligence et dautres dont lhabilet surpassait laloyaut. Les uns se sont mpris sur la ralit et lesens des vnements; les autres ont exploit cesmprises ou mme en ont produit pour le plus grandbien de leurs affaires. Lun des moyens ayec lesquels on pouvait, danslantiquit, servir une cause tait laltration des[ manuscrits et la fabrication des apocryphes. Chezles chrtiens, elles commencent aux origines, et(1) Un oUlrase rc~nt, celui de Petit de Jullcville, Histoire de /0. Langue et cie la LittratlOe franaises, t. 1 (1896), donne :lUssi deux bonnes pases~ur le sujet, pp. 18-20. 129. EXPLlCATIO:s NJ~CESSAmES1:33les faussaires avaient des prdecesseurs chez lesJuifs (L). Lauteur de Lpocalypse montre clairement combien il craignait pour son oUTage (2).On saccorde il dire quil fut respect, mais tout lemonde sait - except cependant ceux il qui unecertaine thologie lormet de nier lvidence quune ptre johannique a subi, fortuitement peuttre, une courte et clbre intcrpolation (3). Chaque sicle a compte toute une srie de productions mensongres; altrations accidentelles,mais quelquefois graY(~s, (lui tenaient DU mode de iltranscription; additions, corrections ou suppressions criminelles et de grande importance, prati 1ques SUI des oUTages authentiques; pieusesfictions prises au srieux par des nafs et devenuesde lhistoire; attributions dcrits apocryphes des crivains dont nous connaissons par ailleursles productions li ttraircs, et suppositions d ouvrages dauteurs inconnus. Cette littrature, dontle classement rgulier se fera sans doute quelquejour en dtail, est si abondante pour plusieurspoques quon reste embarrass si lon veut don JI , iner des rangs dexcellence. Dans plusieurs sicles , ., 1,1 (1) Voy. Migne, Dictionnaile des apoclyphes, ou Collection detous les Iivles apoc1yphes Jelatifs li lAncien et au NouvealtTestament. Il nest peuttre pas hors de propos de remarquer 1que chez les Juifs la ocr his " t !ult un "enre quunefraude caractense. La personnalit des ailleurs se aait devantlintrt de lide. On ne jugeait pas avec nos ides modernes de 1loyaut et encore moins de proprit littraire. (2) Apoc., XXII, p. 18"19. (3) Le verset des Trois tmoins clestes. :j8y(1 " 130. 13! LA CO:THOYERSE nE LAPOSTOLlC1T1~ DES GLISES du moyen (Ige, en effet, pOUl justifler un nom, un fait, Ulle thorie, on forgeait les pices dont on anit besoin, Les ge-;;de conscience trs dlicntc, ou de temprament plus mystiquc, nYaient dautres moycns (lui leur semblnicn! ne pas laisser plnee a lerreur, ma.is qui, plus tard, ont Jlnru sus ceptihles dillusion; ils jena.icnt et se macraientjusqua ce que Dieu leur fit connaitl() ce quils d~ilaient savoir, La vision ou la ll:vlation finis sait pal se produire,La mentalit de ccUe poque a d mainte foisexplique, soit il propos dillustles supercheriescomme les fausses dcrtales, soit il plOpOS desvies des saints, soit il propos des actes de jJlOpriL aussi souvent fansss que les romans hagiographiques, Il. est inexcusable dignoler SUl cepoint les conclusions des grands rudits. de ceuxmmes qui devaient Lre ports il attnuer leslprocds en usage,1 i Aprs avoir montr que le YI C sicle, temps dunegrande dcadence intellectuelle, ne sintressaquil des faits extraordinaires, et que le merveilleux ne tomba pas en df~veur aux poques suivantes, les hndictins de lHistoire lillrae onttrs hien caractlis lhngioglaphie du x sicle: Cest alols, disent-ils, quon eut un nouveau molif detrantillcr mn: vies des saints. Les anciennes lgendes tantpcrdues ou pt5ries dans la destruction ct linccndie desglises et des monastres, on se troma dans lobligationde les lcnoUeler; car on ne pouvait saccoutumer honorer les saints el il consencr leurs reliques sans :loir 131. ~I ElTA LlTI~ D!-:S FA CSS... mES135quelque chose de leur histoire, ou qui pass.il pOUl lelllhisloire, Il est il remarquer quil sagissait le plus somentde saints maris rlepuis plusieuls ,:icles, et de lcliquesyenues de fort loin, SUI quoi lon Ilandt presque que desIlar!ilions orales, De lit on prljug-e salis peine que CCliX qllillayaillren!. il ces l,"gondes, sc lrouan!. priYs de IOlls lessecours I1lccssaires, noul pu russil il nous donner deshistoires eX;lcles el cCIlaines. De sorle quau dfaul dumaulais gOIH de leur sicle, ils y ont le plus soUent runilcs ,icrs de lincertilurle, de la confllsion el quelquefois liela famsel, Ils y onl aussi donnl dalls les isions, cl laissJe simple ct le nalulll pour sarrter au meneilleux el illexlr;lOrdinairc, /1 cst mme Irop soucnl alTi quils scsont cru permis dy IIhler lies mellsonges : Cc quHrigel,abb de LaulJCs, qui SCil plaint. exprime en ces lellIlesf01t nergiques, 1)10 pic/rlle mcnlili (1), l)J JOn neinentait pas unil1l1ement p:n pit, ~1 ~1e))on motif:ou dl! moins celui qui sc chargeait decrer la pieuse fiction ncli"ait pas toujours avecdsintressement. On a quelque raison de souponner un prel,lt un peu lOlibliS Sal1dOnliJ! - SUI les gages ou lesreliqnes des saints, - {,cri t "ers ll[9, dans les dernires annes de 132. l:lG LA CO:TnOVEnSE DE LAPOSTOLICIT DES I~GLlSESnous assure avoir t tmoin des deux faits suiyants : :on loin de l3eauvnis, un jeune cuyer vint ilmourir un vendredi saint. Le caractre sacr decc jour lui fit attribuer une ~,Clintet gratuite. Lespaysans, toujours amis des nouveauts, smeryeillrent. Des alentours 011 apporta il son tombeaudes olTrandes ct des cielges. 011 lui leva unsanctuaire qui devint un centre de plerinagestrs frqucntf~. On y nccourait. jusque dAngleterre. Lnbb du monastre sur les tenes duquelsc passaient ces faits tait UII llomme habile cttllS considr. JI ninleJ"int point. non plus queses moines, sduit pal le nombre des prsent.s. Iltolrait mme de faux miracles: gurisons desurdits feintes, de folies simules, de doiglsrecourbs, de jambes croches. Un jour, ga lemen t dans le Bea uva isis, il uneoslension de reliques, le prdicateur, qui les avaitvantes plus que de juste pOUl extorquer desaumnes, scria en montrant une pyxide: CeUeboite renferme du pain que le Seigneur a mchde ses propres dents. Et si vous ne me croyezpas, dit-il, en montrant Guibert, voici un minentpersonnage dont vous connaissez tous la vastescience. Il se portera, sil le faut, garant de maparole. Guibert rougit. Si je navais t intis: rie, YO;CI il ce sujclllude public par ~I. Abel Lefranc dansJ,luc/es dilistoi,e du moyen ge ddies Gabriel Jfonod(Paris, 1896). 133. ~lf:lTALlTI~ Df.S lACSSAJnES137 mid, ajoute-t-il, pal la prsence de ceux dont ce prdicateur faisait les afTaires, jaurais d dclarer quil tait un menteur. Que dirai-je? : les moines ni les prtres ne sabstiennent de ce"honteux tra fic, au point de faire, en ma prsence, des dclamations hrtiques au sujet de notre foi. Cest le cas de rptel le mot de Boce: On me prendrait bon droit pOUl un insens, si je mlevais contre des insenss (1). Quand les gens qui agissaient ainsi se mlaientdcrile lhistoire, les scrupules ne devaient pasles gner. On sen aperoit leurs uvres et silfaut de plus des tmoignages du temps, on peutencore se lfrer Guibert. cc Lglise entire,dit-il, connat un :Iarlin, un nmi et dautresgrands saints. :lais que dire de ces saints inconnus que les peuples, par une SOlte dmulationcontre ces illustres confessellls, crent chaquejour dans les yilles et dans les campagnes? Envoyant certains lieux shonorer de glorieux patrons,ils ont voulu en avoir de pareils. Enhardis par lesilence du clerg, ils chantent constamment leshistoires mensongres de leurs patrons. Malheur celui qui ose en douter! Il doit sattendre auxinjures et aux coups ... Il Y a des crits sur certains saints qui sont pires que des niaiseries etqui ne devraient mme pas tre ofTerts auxoleilles des porchers ... Beaucoup de gens, tout en (1) Patrologie latine, t. CL""!, col. 121. 8. 134. 138 LA cO::mOVERSE DE LAPOSTOLIClTf: DES f:GLISESattribuant leurs saints une antiquit trs recule, veulent en faire crire la vie par nos contemporains. On me la souvent demand. ~Iais moi,qui me trompe dans les choses mmes qui metombent sous les yeux, comment pourrai-je dire lavrit sur les choses que personne na jamaisvues? - Si janis consenti crire ou prcherau peuple les fables quon me suggrait, jauraismrit, ainsi que mes conseillers, dtre marqudun fer rouge en public (1). Les paroles dlIriger de Laubes et de Guibertcie Nogent montrent qu une poque peu r:-IfTine,il y avait toujours dhorlnLes crivains. Il ne fautpoint dailleurs juger la mentalit de ce tempsavec les ides modernes, On navait pas alors lanotion des lois de la nature: les vnementstranges et inexpliqus devenaient facilementmerveilleux et surnaturels. Pour juger de la sim plicit dans laquelle tait tomb lesprit humain, on peut lire les Dialogues de saint Grgoire le Grand, lun des plus illustres papes du commen cement du moyen ge. Tel auteur qui crivait un rcit dnu de bon sens, ntait pas pour cela unimposteur : souvent il ne faisait que rpter ce quil avait entendu dire ct se croyait historien. Tel moine qui grattait sur son martyrologe aprs le nom de saint ~IaJ,tial son titre dvque, pour lui substituer celui daptre, ntait pas nces sairement un faussaire, il croyait peut tIe tout(1) Ibid., col. 122-124. 135. ~lENTALITl DES FACSSAJnES l:msimplement mettre le livre daccord avec lascience. On ne ddaignait pas daillems dagrmenter les vies des saints dpisodes extraordinaires qui pussent les faire rivaliser soit avec leschansons de gestes laques, soit avec dautrespieux rcits de thaumaturgie, Le vol des reliques,au moyen ge dun si bon rapport de gloire etdargent, tait une entreprise prilleuse et rare;on pouvait beaucoup plus facilement emprunter et l quelque beau miracle pour illustrer unsaint peu connu et des chsses peu frquentes. Si les erreurs commises alors sont faciles constater maintenant, les responsabilits restent difflciles tablir, les inventeurs encore plus dillicilesil nommer, Dsigner en toute prcision lauteurdune falsification ne prsente, aprs tout, quuneimportance secondaire. Il sulla. pour reconstituerla plus grande partie de lhistoire, quon ait tabliles falsifications, leur poque et quelquefois leurbut. Cc dont il faut se garder surtout, cest clavanCCI la lgre la culpabilit dun personnage. Lesmorts ont droit la justice dautant plus que personne ne se charge de les dfendre. Il est aussi desnoms quon serait heureux de ne pas ternir. Onsouffre dentendre accuser Lanfranc dtre lauteurcles faux privilges de Cantorbry, on est heureuxde le voir dfendre; mais sils nont pas t commis par son ordre, ils manent cependant dunautre archevque, et cest pourquoi les lgendairesont tort diIltresser lhonneur de lglise elle 136. 110 1., C:OlTllOEnSE DE I;,POSTOLlCIT nEs J~GLlSESmme ces questions (1). Elle a toujOUlS condamnle mensonge, cela suffit. En fait, daprs lestemoignages irr~cusablcs, il semble bien (Jl~u"ait gure dabbaye de fondation ancienne, quilny ail gu~~e de province ecclsiastique, o lonnait commis ce quon appelle aujourdhui desfaux. Il se peut dailleurs que la postrit - sielle continue soccuper dhistoire religieuse, sielle ne sen laisse pas cIgoter par la maniredont tant dcrivains professionnels la dshonorent, - il se peut que la postrit se montremoins rigoureuse dans ses jugements SUl certains(!crivains hagiographiques du moyen ge, superstitieux, crdules et astucieux comme leur (~poque.quenvers certains ecclsiastiques du XIX" siclequi, dans un temps clair, ont obstinmentdfendu de vieux contes, perscut de tout leurpossible les chercheurs de vrit et qui ont prisleur parti dentendre un peuple f1~tlir leur enseignement sacerdotal de doctrine de mtier.Les procds du moyen ge nont rien qmtonnent ceux qui ne sont pas trangers sonhisloire. ~Iais au commencement des temps modernes, la question des faussaires se compliquedun petit problme, Comment se fait-il quaprsqlle les protestants eurent tant dclam contre (1) ~lgr Duchesne a soulev de grandes indignations pour avoirjet le blme sur saint ,ldric, vque du Mans, il propos desfalsifications oples dans son glise, Plus lard ~lgr Duchesneoc. des Alllil[. de lOuest, 2- trimestre de 1886). 144. LE BlLLETI/ CnITIQl:E~ dbats thologiques (1). La liaison factice quon avait tablie autrefois entre la critique et le jansnisme disparut peu : peu dennt un nom-el accouplement, celui de la critique et du libralisme. On a voulu voir le triomphe de cette dernire hr sie dans la disgrce dont fut frapp le cardinal~aprs ce quil appelait lui-mme son (( violent manifeste dintransigeant (2), et le cardinal lui mme ne le prenait point autrement en contempbnt les incidents pnibles dont soulTrit alors son parti, il crivait: (l Jayais donc bien compris le complot 1U:l1H] je pouss:limon cri dalarme jusque dans la lIollande. ,Jo~sdep uis IlusieuIs (umcs lIne iulri"uc di:lblllir Ile ourdir itJ Paris ct il ome, pour ccr:lsel es lllcilirursjournaux ou leslcorrompre ct les livrcr au Iibralismc, Ici [it lIomc], quatrebons petils journaux ont sombr ayant le Journal de lIolI/c,r/ualre cn Suissc, Irois dans la lIoll:lnde, dautres cnEsp:lgne, en Portugal. Pil Anglelrllc. au Canada, elc. ~ MParis, ccst un effroyahle aCC:lparcllIrnl dont le Hill/clin}Icri/ique oslllln dos traqllen:ll-ds les mieux russis Il (:3), Aprs neufs annes dminents services rendus au catholicisme par cette revue, dom Chamard ne(1) Voici la bililiographie de deux pisodes: lom de Hansy, Un l-egain de lcole libale, dans les Annales cle Prolelldoclobre1883 et dans ITllilCl-S des 22 et 25 nov~mbrel883: Le ratitoli(islllelibral, dans les Allnaies de P-ovence de dcembre 1883 et danslUnivels du 30 dcembre 1883; Cont"otClse (llCC le Bllllelin Clitique, dans les A mw/es de P)otence de janlier 18S~; Dom L"rjlle,Richa,-d Simon et Bossuet dap"s le Bul/elin C/-iliqlW, Uniras,7dcembre 1887. (2) C~out~ abbli cle Solesmes, p. 179.tom(3) Lettre CouturE9 27 aot 1885, 145. 150 LA CO:TnOYEnSE DE LAPOSTOLIC1T DES GLISEStrouvait rien de mieux non plus pour la dfinir quede dire: Elle na pas prcisment pour but de)!dfendre les vrits catholiques attnques par les ennemis de notre sainte religion ) (1). Et il apprenait aux lecteurs de r Univers que son fondateur, ( ~Igr Duchesne, ( na jamais lev sa penseau-dessus des faits matriels quil dcouvre ; que CC son apprciation est entiremen~ rgl~e sur celle( des Til1emont, des Dllinger, des Funk et desllenan, quil prend pour modles)) (2). Le peu de sympathie qllexprimentcesjugementssexplique facilement. Dsormais, pendant longtemps, la controverse de lapostolicite de France( aura son histoire crite dans le Bulletin au jour lejour. .- moins de pcher par une trop folle extravaganse, les publications lgendaires y seront rfutes ~opieusementet aycc bonne humeur. On devineque leur analyse semble un divertissement pour des~ gens accouLums de graves besognes et de . . ;.rigoureux raisonnements. " Depuis 1801, ce petit priodique possde uncompagnon darmes dans le bulletin hagiographiquede la publication trimestrielle fonde Bruxellessous le titre dAnalecta Bollandiana (3). Tandis1que les lgendaires vourent longtemps la premirerevue il. lexcration des catholiques, ils feignirentdignorer la seconde. Il est plus commode, en efTet,(1)j,TlJjt"IS. 12 mars 1889.(2) Ibid., 6 mars.(3) Les A na/cela Bo/landiana ont t fondes en 1882. 146. APOGtC Dl TfADITlO::IS)!E 151 dincliminel lorthodoxie de prtres sculiers que celle des jsuites, su ltout quand on prtend accu ser ses arh-clsaires de jansnisme. Les Bollan distes ne se laisslent pas toucher par le procd. Jusqu la fin du sicle, avec une critique sre, personne naula ln main si ferme et si alerte. Lexcution impilo)-able quils fllent des traditio n -) nistes a rachet leurs propre: foiblesses n~omen- 0 tanes et elle restela une glOIre pour leur IllusLre 4 Compagnie.CS deux organes lpondaient un rel besoin. :Iulle poque ne vit une plus f10rissante littrature tladitionniste. On exalte dons de gros livres les contes les plus insenss : ceux de Soulac, de Bazas (1). Les propres diocsoins ne doutent plus de rien, nignorent aucun dLail. Il renchrissent mme sur les vieilles lgendes. La lgende de sainte Marthe dans le brviaire lornain dit que les juifs mirent lhtesse du Christ avec ses com pagnons sur un navile sons voile ni rames. LeJ propre de Nevers ajoute, il loffice de saint Lazare, que le navire tait vieux. Pourquoi labb Boutillier, (1) Sainte Vr(lllique, april/e de lAluitaille, son tombeau ctson cHlte Soulac, al! Xalle-Ual1le de Fin-des-Terres, 2- dit.,1877, LVIII-362 pp. - Lauteur e,t ""ez ignorant pour croire lueles fnstilutions iitulgillwS ont et composees il Orlans, cf.p. 2,4,9, Dom Aurlien, des Clestins de lOrdre de saint Denoit, LApl,e saint .VaJlial el les fondatews apostoliques des l:glisesdes Gaules. Ba)lti.sta Salvatoris. Olt le Sang de saintJean Bazaspeu dannes aprs lAscension de Notle-Seigneur Jsus-Cil,ist,in-S de 484 pp., 1880, Toulouse (Sistac), Paris (Lecoffre), 147. 152 LA CO:TfOYEnSE DE L:POSTOLICITI~ DES GLISESnrchiyiste nivernnis et instignteur de cette nouvellerforme liturgique, not-il youlu nous donner ceproblmatique supplment dinformation? Lorigine des glises du centre fut surtout alorsd0battue. En 188!!, labb Hrwult, numnier des surs dela Proyidence ct consernteur de ln. bibliothquede Chartres, publia un line sur les Origincs chrtienncs dc la Caule celtiquc. Sn. thse tait queles glises de Chartres, de Sens, de Troyes etdOrlans ont t fones pnr deux des soixantedouze disciples de J susCllrist, les saints Savinienct Potentien, yques de Sens, et aussi par un deleurs compagnons, saint Altin. Celui-ci seraitdeyenu le premier yque dOrlnns. La critiquene permet pas de faire remonter les deux premierspersonnages nu del de ln fin du troisime et ducommencement du quatrime sicle. Quant saint Altin, il nest (lue le produit dune lgende ....mdiyale labore nu~monastre e Saint-Pi errele-Vif. Au mois de noyembre de la mme nnne, unprofesseur libre dOrlnns (1) dposait un mnnuscrit entre les mnins du comit de ln societe archologique de sn pIoyince. Ctnit un examen desdifficults que prsentent les nctes des premiers(1) Les premie,s Vlques dOlians, Exalil.en desdifficl/lts qllepllisen/ent lellls ac/es, par Charles Cuis~ard, professeur, membre1de plusieurs socits S:lantes. OUTage couronn pdans une question de !bistoire de lvque Thodulfe (1), et il taiten correspondance(1) Lorig-ine de lhymne Glolia, laus. Clestin Port el M. lechanoine Amb. Ledru ont prouv contre dom Chamard que cethymne a t compos au Mans. 150. .. .LA CONTnOVEnSE A SENS155avc~. Celui-ci ne se chargea pas moins "de son excution et illa fit avec une intransigeancetoute dogmatique (1). Pendant que la controverse sagitait Orlans,elle commenait Langres et Sens. Un brave cur, ~f. Lucotte, vengeur des lgendesde Bourgogne, disait il la fin dun livre o il lesmettait en uvre:Et le cardinal Bernardou, archevque de Sens,rpondait au brave cur, en le flicitant:(1 Il serait profondment regrettable etlrislede voir surgirde nouveau celle cole des Baillet, des LauTloy. etc" quifurent si justement surnolllms les dh/.icJlCil1"s des sCtinls. (1) Cf. Le Monue, nO du t-I juillet 1887. L~ objections po~essont les mmes que d,lOS le~ autres controverses. I;~ument nt-"atif est tro souvent cm 10(: II auteur." Cc ne~tpas sous un serviteur e )leu du caracl,re de saint Aldric quonpouvait dnaturer les traditions de 11::;;lise locale . Dom Piolinna vraiment pas de chance avec le~ ~aints Alric. - "Tous lesliTes litur;;iques de la catht-drale on,t (t ddlldts, sans quoi onverrait bien que saint Altin a t ft >. Il rudrait prouer quil)acu des destructions, ct comment expliquer le silence des marl~rolo;;es et autres monuments! - Dom Piolin finit par annoncer laprochaine publication dun travail spcial contre laq;umenl descatalogues. Celle promesse, qui na pas t lenue, est encoreun noueau trait de ressemblance entre celle polmique et cellecie M. dOzouville. 151. lJG LA f:ONTnOF;nSE DE I:APOSTOLICIT DES I~GLISESCt~it comme les derniers (chos du jansnisme, de celle[ hfS1e qUI lit tant. Ilc m~J ct quc lEglise fl~ppaoc ses terrjble~ anathme;;, IIcurcusement. aujourdhui comme auxn side, COI1II11C loujoI1J~, Bome esl l qui ycille,.!"c~rdicnnc inf~illjhJc de la n:ri! c~lholjque. des sainesdoctrine, cl de~ glorieuses tradilions de nos (:gli,es (1), ))Bien CJUil partil de 188:>, les legendaires com menassent il tre inCJuiets SUl le succs de leur raction, ils ne laissaient point encore de poser avec srnit, Ils publiaient volontiers des (~dilions de propagande de leurs travaux, comme si la science cjJatu:dans plusieurs passages de son line Les l~glisesdu Monde romain (1), notamment aux pages 29~),I 314, :319 el 328. Les chanoines l3Iondel ct Arbellot, qui ne po.r-l tageaient sans dOllte pas cette conflance dans lesressources de leurs travaux antrieurs, protes-trent tout de suite (2). Leur voix ne flt pas impression: elle fut couvertect contredite par une aulre plus autorise. Le[) septembre 1894, dans son grand discours autroisime Congrs scientifique international descatholiques tenu il Bruxelles, ~T dHul~ quivenait de recevoir une fode leon sur la critiquet biLlique, ne craignit point de se servil de la ques-tion de lapostolieit des glises de france comp1eexemple, quand il donnait aux maximistes leconseil~"de ne as sattarder inutilement dans ladfense de quelques bicoques InU 1 es )1.DOG ~CI) Dom Chamardles avait mme rfuts dSl85l; cf, ci-dessus. ch, V, p:72.(2) Blendel, Comment on jugera dalts cent ans les ouvlages de JI. labb Duchesne. Sens, Duchemin, 1895, in8,25 pp. - Arbel- lot, Obselvations critiques. (3) Compte "endll, introduction, p. 3~. 162. 158 LA CO:UlOVEnSE DE LAPOSTOLlCrrf; DES EGLISESLa Revue dcs Questions historiqucs, se sentantsans doute atleinte, rpondit par les considrationssuivantes:c( Dfendre avec aehalllel1lcnt une bicoque sans valcurest un dfaut de tactiljllC, mais ce scmit un dfaut plusgrave encore que dabandonner, apri.s lanir dmantelleSOi-mme " il amait lu il !tnncmi de la tlaitC] de Jtl~ble,bicoque, tcllc position dllIure solh1c el. en lla 1 e, ls II est injuste et inconvenant de Suup(OllnlI, daccusel il tous propos les savants catholiques de franchilles bornes lg-itimcs de la science ct de ti:l.hir la cause e J! lorthodoxie; mais il nest pas non plus trs r:l.isonnahle nitrs prndent, conllne le font un certain nombre o catho liques, surtout do catholiqnes inf1uents, de donner tonjour,;Il]llioll et comme pal nn lan naf ct spontane) dc lesprit. ~imbu il son insu d~s prjugs dc notrc lelll~S. lar:tJltagc c,t)l las al . ns aux travaux, an mente dcs sarantshdrodoxes sur ceux des traaillcurs fi e es a a (JI et il rieslI~ale clcs Mis sions, p. 334, 324. l. 1. - Lerio, Hist. iatigat. B"esil" c, 15. - Pagi ad alllon., 42. - Honius, De T,aC/il. BIesi/, 1. !JI, c, 15. - DE Humboldt, Vue des COId., 137. - iobrega. Cornelius a Lapide, III Epist. ad Romanos, c. X, yerset 17. Bollandisles, 25 aot. (M. Constant, op. cit., p. 226).i111,1 177. THADITlO:S113rance. Ils nosent plus parler dun grand nombrede ces histoires, cl si les solut.ions qui tirent lesautres au clair ne sont pas encore unanimementacceptes des rudits ecclsiastiques, il sen faut.du moins que leUl situation soit meilleure quaucommencement du XIXC sicle. 178. ..:"-_-"--~-, ,. 179. CHAPITRE XIV (1895-98)LA LGE:iDE DE SAI:iT ,LJAnOUn ET DE SAI:iTE n:nO:iIQUE.- LE cvnsus. - :GEI"DESYUES A LALU)I:fiI, nuCURSUS. Parmi les "lgendes quon sest efTorc deremettre en honneur, il en est peu daussi incoh-rentes que celles de saint Amadour ct de sainteVronique. Ni lun ni lautre nont certainementexist et leur affaire avait t rgle aux XnI e ctXVIIIe sicles. Nanmoins, la fin du XIX e , un crivain de bonne volont, M. Bounires, essayadcrire scientiliquement leur vie. Comme ctait unprofesseur, il avait entendu parler du cursus. Il,en claira son travail (1). Il Le mot cursus a servi au moyen ge, partirdu XII" sicle, dsigner un agencement euphonique des fins de phrase, agencement qui taitsoumis des rgles et grce auquel la structure dela prose participe celle des vers (2). WBourri r ;:;, Saint Amadou, et sain~e VIonilJue, discill1esde Norre~u, et apt,"es des Gaules, 1895.(2) Louis Havel, La prose mt.-iqlle de Symmaque, p. 1. 180. 186 LA CONTTIOVERSE DE LAPOSTOLICIT DES GLISESEn 1881, une tude sur le rythme des bullespontificales, par:M, Nol Valois, constatait que lecursus, dans lequel elles sont rediges avant le"Ile sicle, y est il partir de ce temps plus oumoins mal observ, souvent entirement mconnu (1). Le XIIe sicle, au contraire, ajoutaitlauteur, est une poque o lon suit le progrs,pour ainsi dile, dun pontificat il un autre. Dj "1sensihle sous Glase II (1118-1119), il lest plusencore sous Honorius II (112 tl-1130) et sous Eugne III (lH5-1153). M. Valois terminait sadissertation en montrant lutilit du Cllrsus pour1ltude de la diplomatie pontificale, Il peut servir ,1au discernement des pices fansses, et il fixer ladate dune bulle authentique. c( :insi ~I. Delisle, 1quand il revendiquait pour Innocent If 1 des lettres 1attribues Innocent If, aurait pu tirer un nouvel argument Je lobservation du CllrsllS. Il sejfondait SUl ln mention de lanne du pontificat;mais supposez que nous soyons en prsence dune !copie, dun fragment tronqu dont on ait supprim la date: cest alors quil sera bon de serappeler que le rythme sous Innocent Il (11301143) tait infrieur il celui des bulles dInnocentJII et dInnocent IV (21. Labb Lonce Couture appliqua les obselvations de M. Valois aux formules liturgiques et lalittrature ecclsiastique en gnral. Au congrs (1) Bi/;liolhl~ll1e de ri;coledes Chal/es, anne 1881, p, 25g.(2) Ibid., p, 2i2. 181. LE CURSUS187scientifique international des catholiques tenu Paris en 1891, il fit remarquer que le cursus avait fait loi au moins depuis saint Lon le Grandjusqu la fin du moyen ge pour la rdaction desoraisons n; et quil tait devenu la loi de laprose pistolaire et parntique, quelquefois mmede la prose didactique, dans la littrature ecclsiastique latine du y. et du YI" sicle, puis denouveau, aprs une sorte dclipse, au Xl" et auxsuivants, jusqu la fin du moyen tIge n. Et labbCouture ajoutait aussi quon trouverait pourtantquelques traces cIu curSlls dans tel ou tel auteurdu YlIl C ou du IX" sicle n (1).En tudiant la vic de saint Amadour, :f. Sourrires crut reconnaitre dans cc texte lempreintede plusieurs mains nccllsant un trnvail de remaniements postrieurs. Il constata la prsencergulire du Cll/SUS dans des passages considrables, les plus importnnts n du document. Alorsil spara soigneu;;ement les parties en proserythme, et les rapprocha les unes des autres, Or, dit :Igr Bellet, racontant la dcouverte cie?II. 13ourrires, il se trouve quelles forment untout homogne de rdnctioll, avec un sens trscomplet et trs net. Quant aux parties non rythmes, si diffrentes des autres, ce sont vraisem(Il La communication de Couturc a lt~ publie dans le Compte"endu du congri-s. ;) ~cclion. p. 103-lOD. cl dans la nelllC desQl12;);). - Yo:cz aussi son articleHnco"c le Cilrsus, dans .l11Sca saC>a, sepl. [893, pp. D-H. 182. 188 LA CO:TROYERSr. DE LAPOSTOLICIT DES GLISES .,blablement des interpolations ajoutes aprs coup,et qui, une fois enleves, font lev ivre le texte pli.mitif. Ce texte, pal consquent, selait antlieurau VIle sicle (1). )) Enchant de ce rsultat, ~Igr Bellet soumit luiaussi lpreuve du CUISUS la lgende de saint1Nartial. Lexamen lui petmit den attlibuel lacomposition au le sicle. cc Lantiquit de ce texte,dit le prlat, garantit dautant lanciennet dela tladition principale qui y est mentionne. Ainsi, ds le VIC sicle pour le moins, sainJ)Iartial tait1:.9p:s~nt comme el1oy de Rome en Gaule parlaplitrc s~int ~ielTe pou:.-.L [llc1JcI lEvSlllgg~ (2). )) Quelle dfaite pOUl les critiques qui prtendaient les lgendes apostoliqucs r:cliges ilune poque beaucoup plus rcente! Comme ladcouverte fut exploite!...s-Le prsident des 13ollandistcs, le P. de Smedt,rpondit il lIgr Bellet que lalgnment ntait pasconcluant,Spalce que remploi du CUISUS, quoiquepeu frquent chez les Carolingiens, navait pourtant jamais cess compltement, et il avan.ait desexemples de sa judicieuse observation. lliais lesavant jsuite ntait point plpar cette question nouvelle et son adyersaire tira des avantagesde sa rplique (3).(1) Bellet, Les O,igines. 2- dit., p. 35U.(2) Les O"igines, 2- dit., p. 213.(3) Cf. ,lnal. Boil .. t. Xl (189i), p. 501-506; l. XVIl (ISa8),p. 38-392 ; Bellet, La P"ose !Jlhllle. 183. LE Cl;RSUS 189Un chanoine honoraire de la cathdrale du Mans eut alors lide de dissquer laide du ClUSilS la lgende de laptre de sa cit. Voici le rsul tat de lopration: Il nyu aucun doute possible;lancienne Vie de saillt Julien, crite en prosemtrique vers le commencement du VIe sicle ouplus tt, le donnait pour un disci~ des aptrese~y de {-lowe.e!l Gaule p~~e saint Clment. Telle tait dj la tradition OfficleiedelEglise du JIans. Cette tradition est-elle ds lors, raison de son antiquit, absolument certaine?Non; mais on conviendra quelle est fort respectable et ne mrite point dtre englobe dans lacondamnation gnrale prononce par JIgr Duchesne contre toutes les lgendes qui attribuent auxglises des Gaules une origine apostolique (1). Il est reglettable que ceux qui manient si dextrement le nouvel instrument naient pas mieuxrenseign les profanes lecteurs de ces savantesdissertations sur des travaux quils taient trsaptes juger. On stonne quand on voit un excellent latiniste comme M. le chanoine Busson nepas vouloir tudier le cas spcial de la vie desaint Martial, sous prtexte que nous nen avonspeut-tre quun texte dj fortement remani (2) .(-1) P"Ot;nce du Maine, t. VIII. p, 280. Les dernires lignes del"lude (p. 357) sont un peu plus affirmaliyes : Consquence quilfaut en tirer: lantiquit el la valeur relle de la tradition quirapporte au temps de saint Clment la venue de sainl Julien ennotre cite. ~d.,p.276.11. 184. H1Q LA CONTROVERSE DE LAPOSTOLICITJ~ DES GLISES Une telle attitude ne laissait-elle pas croire qucla question ntait pas mrc et que peut-trecelui-l mme qui prtendait rnoir trouv la solution dun problme ne voulait point ln, compromettre en la rapprochant de la solution dun autrcproblme, moins intressant pour lui mais quiaurait avantageusemcnt pu servi) de contrepreuve aux nouveaux procds? Amens parailleurs sexpliquer sur les mmes points,Mgr Bellet et M. le chanoine Busson ne sc sontpas exprims avec assez daccord pour fairc sortirdune juste rserve (1). Lhistoire de largument(l) Au t. Il des Fastes, p.IOS, ~rGr Duchesne a;lil dit j proposde ln vie de saint ~I"rlial : Cest en a:n quon a pr,;lcndll lareporter au VI si;:c1e. sous pr(;lexte lIcllc pl..s(nle lin g"andnombre de ces cadences ryllllTIl;es qllon appelle le CIUS/IS. lngrand nombre de piCces hagiogr"phiqllls dll IX ct dll x si;clesont dans le mme cas. Olllre la rie du saint Olm;!I. signal"e p~rles Dollandistcs,,je puis ciler la Tnll/slalio sane/i. Libolii. les p:ISsions des sainls Firmu;; el Huslieu;:. (t rllme I:t rie de saillIeYalrie, lcrile dans Ir. diocl,e de Limogcs aux el1irons dclan 1000. ~Igl Bellel el ~l. Ic chanoine ];1I5son. pOlltrl"flllcr cellcobjection, ont alol"s dudi,; lIln ctlaulrc trois dcs cas ;dh"gl";s pal)Igl Duchesnc. Voici le ,jll;emcnt quils onl pubJj,. ~lgT Dellcldans le no cit dc la lialle ,les {J/lest, his/o,., t" jllillet HlOO,Jll. Busson dans la P"ovillce dll ,Haille. t. Ill. 1000 : - Fie desaint Olmal. ;-.rg-r Bellet reut quon lui rlfuse le cal:lcl;:re de laprosf. r)"lhm{e de la prcmie"e p6riode (p. ;0); M, L:1l~son y reconnait en grand nomiJle les cadence.< filiales; mais ce nc,t pas dela prose mtrique, ni pure ni mixte (p. ~).1mnsialio saneti Liborii. )kr I;ellel : " Le lthme (st doncencore moins ob:ierr daIls ce texte kl"io;;t:lphiq"lIc que dans lavie de saint Otmar ,) (p. 3;); ~1. JJus~on : " Il Y :1 iJien b UIl ess~ide prose mtrique .... lai pastiche, lourd ll fautif) (p. l), Vie de sainte ra.lerie. ~1. Busson: si clic tait du CIO"IS, ,je neois gure dans la littrature chrtienne ce qui nen ;;erail pas ),(p. 27); ~rgr Dellet : le commencement de la Yie p"opre de lasainte prsente une suile de six phrases relativement mieux 185. ,LE CURSCS 191Ju CU lSUS hagiographique naura donc son dnouement quau, xx" sicle. Quoiquil en soit, le curSflS nest point ncessaire pour dciJer de certaines (~gendes, Il y en aquil suffit do lire, sinon pour les placer dans leurmilieu dlaboration, du moins pour empcheIql! on les reporte ft celui qui n es t pas le leur,Dautre part, les termes eux-mmes dans lesquelsse sont exprims les maitres Ju CI/lSUS, lDl. Valoiset Couture, ne donnent point il croire quil puisseservir tout seul il dater un texte, Qui garantit quilla mauvaise porplC, un clerc instruit nait pu trsbien tenir une plume et produire uno uvre soigne digne Jun si(~cle pIns cultiv ;1 En admettant que la lgende primitive de saint, Amadour nit t rdige en prose rythm(o ctquelle ait suLi des intclwlations, la rdaction desa; partie la plus littraire pellt donc sc placer dun" au Xl!lC sicle, ct ses remaniements seraientluvre dun clerc mdiocrement. lettr,: qni peutavoir vcu dans cette lI1(~me longne priode. Dansdo telles conditions, il ny a rien il dduire de laconstatation du CU/SUS; ou bien il faut chercheraux conjectules qui en Jcoulent un point dappui rythmes lue loul Ic ll,le; ce,;l peul."lre un indice que le rdac teur de la lin du X" sicle y ,,,it plu" 0" moin" textucllemcnt un dcs ecrits plllS a1lciel/s donl il p;",,,, dan" son plolog"uc, Ccllc p;"" ticlliarik, si lcxpllc.. lion e,t fonckc, sClail ain,i une plllIve de plus en (;Ieul de nolrc lhi"c (p, ;1G), " Il Y a (ortemcnt lieu de croire quc les lecils p/IIS anciens dont ~lgr Bellct aminc "i oppor tunment 1 men lion sont les vies de saint Malti:d - cr. LasteFie,.. op. cit., p. "17-:20 - et ce nest pas du tout en faveur de la thse. 186. "7 - - - _.",:"_. . -- _.-."---,-192 LA CONTROVERSE DE LAPOSTOLICIT DES GLISESou une confirmation dans des arguments dunantre ordre. Entran par sa foi l(~gendaire,lIl. Bounires na point pIis la peine de cIitiquerles faits mmes relatifs lhistoire de Roc-Amadour, et cest pour cela quil a dat davant leVile sicle une lgende crite nprs lanne 1166.Lhistorien de, lAbbaye de Saint-Martial ne peutmme sempchel dajouter ce PI;OPOS : (( Nest-ilpas piquant de voir iIgr Bellet invoquer cc texlepour essayer de prouvcr lanciennet de la Vieprimitive de saint iInrtial (1) et montrel le rleque le cllrsus peut JOUCI dans ln critique historique (2) ? Quant il ln Vie prilllili,e de saint ~Inrtial, soninsertion dans un manuscrit crit avant S!i6 limitect prcise le dbat. Largnment du Clirsus nestcertes pas assez prohant pour la remonter auYI C sicle. Aussi iIg-r Bellet nnot-il pns nglig-(!de le corroborer par dautres raisonnements renouvels du chanoine 1rbellot, et il conclut queGrgoire de Tours a eu entre les mains cetoUY1age (3), On ne peut admettre cette thse. Puisquil yaune parent de textes manifeste entre lhistorien etle biographe, cest le biographe qui sest servi deGrgoire. Si Grgoire avait crit postrieurementil lui, il naulait pas manqu de cueillir dans sa(1) I3ellet, Lancienne "ie cie saillt ,fallial, p. ~,(~) Ch. de Lasteyrie, op. cit., p. ~.(3) cr. Fastes, lI, p. 107; llellet, Lge de la Vie, p. 2130. 187. LES L1~GENDESH)~ rdaction beaucoup de dtails qui lui auraient caus un grand plaisir. Il nous et rpt que ~lartial reut sa mission du chef des aptres au lieu de la lui faire tenir nlguement des vques de Rome (1). GIgoire connaissait une glise qui revendiquait dj de son temps non seulement une origine apostolique, mais encore lhonneUl dtre contemporaine du Seigneur ... et mme peut tre antrieure il sa mort. Grgoire sest bien gard de nous laisser ignorer dc si belles preten tions. Comme lusage q