La controverse de Jules Verne

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CRISTINA DE CARLOS, MARIANA CRESPI DE VALLDAURA ET MAR TRILLO LA CONTROVERSE DE JULES VERNE

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On cherche a savoir si Jules Verne a été vraiment un visionnaire.

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CRISTINA DE CARLOS, MARIANA CRESPI DE VALLDAURA ET MAR TRILLO

LA CONTROVERSE DE

JULES VERNE

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PRÉFACE

JULES VERNE Les jeunes années

Jules Verne est né à Nantes, le 8 février 1828, d'une famille bourgeoise nantaise de navigateurs et d'armateurs.

La légende affirme qu'en 1839, à l'âge de 11 ans, le petit Jules se serait embarqué sur un long courrier à destination des Indes. Son père l'aurait alors récupéré à Paimbœuf. On dit que Jules Verne aurait avoué qu'il était parti pour rapporter un collier de corail à sa cousine, Caroline Tronson, dont il était amoureux. Contrôlé par son père, il promet de ne plus voyager qu'en rêve.Mais ce n'est qu'une légende embellie par l'imagination familiale. Dans ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, on apprend qu'il s'est échappé, est monté à bord d'un voilier qu'il a exploré, tournéle gouvernail, etc...en l'absence d'un gardien. Cela lui vaudra la réprobation du capitaine.

Les débuts littéraires

Son père veut faire de lui un avocat. Il fait ses études de rhétorique et de philosophie au lycée de Nantes, puis des études de droit après le baccalauréat. Il commence à écrire des poèmes et du théâtre.

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Jules Verne, qui vient de terminer son droit, refuse de succéder à son père à sa charge d'avocat. Il fréquente la Bibliothèque nationale, se passionnant pour la science et ses découvertes les plus récentes. Il publie ses premières nouvelles dans la revue Le Musée des familles. En 1852, Jules Verne est engagé comme secrétaire au Théâtre-lyrique. Il publie Martin Paz, Maître Zacharius, Un Hivernage dans les glaces, ainsi que la pièce Les Châteaux en Californie et continue son œuvre théâtrale, avec, notamment, l’œuvre Colin-Maillard, représentée en 1853.

Les voyages extraordinaires

En 1862, Jules Verne présente à l'éditeur Pierre-Jules Hetzel son roman Cinq semaines en ballon qui paraît en 1863, connaissant un immense succès, au-delà des frontières françaises. Il signe alorsavec Pierre-Jules Hetzel un contrat qui le lie pour 20 ans avec l'éditeur, dans lequel il s'engage à fournir des romans notamment destinés à la jeunesse. En faite, Verne travaille pendant quarante ans à ses Voyages extraordinaires qui compteront soixante-quatrevolumes. En 1863, toujours, Jules Verne écrit Paris au XXe siècle, qui ne paraîtra qu'en 1994.En 1864, Jules Verne consacre un ouvrage à Edgar Poe (Edgar Poe et ses œuvres), il publie les romans Les Aventures du capitaine Hatteras et Voyage au centre de la Terre, quitte son emploi et déménage à Auteuil. Jules Verne achète son bateau le Saint-Michel en 1868, chaloupe de pêche aménagée pour la plaisance, dont il en fera son cabinet de travail. Jules Verne continue toutefois d'écrire. Il s'installe à Amiens, ville natale de sonépouse, en 1872, et publie Le Tour du monde en quatre-vingts jours et De la Terre à la Lune.

Les dernières années

En 1886, le neveu de Jules Verne, Gaston, venu lui demander de

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l'argent, tire deux balles de revolver sur l'écrivain, qui le blessent aux jambes et lui causeront de graves blessures. En 1888, Jules Verne est élu au conseil municipal d'Amiens sur une liste républicaine, il y siègera quinze ans. Il est atteint de cataracte en 1900.Malade de diabète, Jules Verne meurt le 24 mars 1905 à Amiens dans sa maison.

Plusieurs livres de Jules Verne paraîtront après sa mort, publiés par son fils Michel Verne.

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LA CONTREVERSE DEJULES VERNE

CRISTINA DE CARLOSMARIANA CRESPÍ DE VALLDAURA

MAR TRILLO

PERSONNAGES

ANDRÉ SAUVIGNY(JUGE) ÉMILE BOSCAGE FRANÇOIS DE BEAUMONT MONSIEUR FRIGO PROFESSEUR REINSTEIN LES JOURNALISTES

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Au vingtième siècle. Il s'agit d'une salle de conférence. La salle estilluminée par trois grandes fenêtres vitrées. Deux tables son situées face à face.Derrière chacune des tables se trouve un certain nombre de chaises disposéesen rangs. Au début, Émile Boscage est seul devant une table. Cet illustre avocatmet en ordre des documents et prend des notes. Un autre homme apparaît, François de Beaumont. Il a une expressionvive et énergétique. Les deux hommes se serrent des mains puis Monsieur deBeaumont va prendre place à l'autre table. C'est l'heure. Un groupe de journalistes rentre dans la salle, et se dispersent dans lasalle. Pendant les quinze minutes qui suivent, de nombreuses personnesrentrent, saluent et s'installent avec leurs cahiers de notes à la main. À l'entrée du juge, les participants à la conférence se lèvent en signe derespect. Il leur dit:

JUGE.- Bonsoir Messieurs, Mesdames, nous sommes ici réunis pouréclaircir un thème qui nous intrigue tous, et qui a été pendantlongtemps en l'air. Il s’assoit et les autres font de même. Ensuite, il prend la parole.

JUGE: Mes chers amis, nous avons été choisis pour effectuer undébat réclamé par Monsieur Thibault Verne, arrière petit-fils ducélèbre Jules Verne. Nous avons vu s'élever un grand nombre dequestions à propos de cet écrivain. Une de ces questions, qui estde première importance, n'a jamais reçu de réponse claire et

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complète: Jules Verne, a-t-il été un visionnaire?

Après une courte pause, dans le plus grand silence,

Il est universellement cru que Jules Verne a été un visionnaire etl'un des pères de la science-fiction moderne. La plupart des genscroient qu'en avance sur le temps, Verne avait prévu denombreux événements comme l'invention du sous-marin ou levoyage à la Lune entre autres. Mais, Mesdames et Messieurs, est-ce vrai?

L'avocat, Boscage, hoche la tête à ses mots.

Ce cliché, que jusqu'à nos jours les écrivains, les journalistes et demême le public ont maintenu, a pu être exagéré.

C'est maintenant que Baumont approuve cela avec un léger hochement de tête.

À la fin de ce débat, la décision que je prendrai sera ipso factola définitive. Le verdict sera publié dans les médias les plus cotisés.

Une courte pause.

Je vois que les adversaires qui vont s'opposer sont l'un et l'autretrès illustres. Je vous remercie de votre participation à ce débat.

Il dirige son regard vers Boscage.

Monsieur Boscage, vous avez la parole.

Monsieur Boscage remercie d'un signe de tête, réfléchit pendant trois secondes-observé par le regard très attentif, de son adversaire Baumont.

BAUMONT: Je vais vous démontrer que Jules Verne n’a pas été unvisionnaire. Il suffit de faire une recherche sur la mécanique et la

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science avant la fin du XIXème siècle, pour découvrir que les“inventions” de Verne avaient des antécédents.

À ces mots, le juge intervient

JUGE: Il me semble pourtant que le public fut sincèrement surprispar les idées de Verne.

BAUMONT: Certes, quelques créations de l’écrivain semblaientdes nouveautés au moment de la publication des VoyagesExtraordinaires, mais ce qui est caché est que ces idées avaientdéjà été considérées. On distingue parmi ces créations le sous-marin ou les voyages sur la Lune.

Baumont lève un tas de feuilles et les consulte pendant quelques secondes. Ilrecommence a parler.

Parmi les prévisions qui sont associées à cet écrivain,probablement celle qui est la plus célèbre est d’avoir anticipéel’invention du sous-marin. Jules Verne n'a cependant pas inventéle sous-main contrairement à ce que l'on dit souvent, puisque latechnologie du sous-marin s'est développée dès le début duXVIIIème siècle.

Boscage en parle pas pour le moment. Il se contente de prendre quelques notes.Cette argumentation ne le surprend pas

BOSCAGE: Cela es vrai, mais aucun des hommes qui ont imaginéle sous-marin a vraiment mis en marche son projet. Vous le savezsans doute?

Monsieur Baumont nie cela avec un mouvent de tête et reprend la parole.

BAUMONT: Vous avez tort, Monsieur. Nous savons tous que lors dela Guerre d’Indépendance Américaine, David Bushnell construitun submersible qui fut utilisé à plusieurs reprises dans des temps de

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guerre. Il fut mis au service de George Washington lui-même, quil'utilisa pour défendre la ville de New York. Une des fonctions quilui furent attribuées fut, entre autres, d'attaquer et de détruire lenavire de guerre britannique Eagle en plaçant des explosifs audessous du navire.

JUGE: Vous niez donc que Jules Verne ait été le premier àprésenter un sous-marin en fonctionnement?

BAUMONT: Effectivement.

Boscage demande la parole en levant le bras. Le juge le remarque et lui dit des'exprimer.

BOSCAGE: La Tortue américaine en peut pas être considéréecomme antécédente des sous-marins actuels; son systèmelocomoteur était rare et n'a jamais été repris.

Baumont fait signe d'impacience mais ne fait pas de commentaires. Boscagepoursuit.

Et même si il y avait eu des sous-marins avant Verne,on se rendrapidement compte lorsqu’on lit Vingt mille lieux sous les mers(publié en 1866) que l’idée d’un sous-marin était inouïe àl’époque de l'écrivain pour la plupart des gens. La preuve est quelorsque le professeur Aronnax découvre le sous-marin il dit ainsi:“Nous étions étendus sur le dos d’une sorte de bateau sous-marin,qui présentait, autant que j’en pouvais juger, la forme d’unimmense poisson d’acier (…) Mais trouver tout à coup, sous mesyeux, l’impossible mystérieusement et humainement réalisé, c’està confondre l’esprit!”

Baumont intervient énergétiquement

Cela n'est point une preuve! Il est très probable que Jules Verneait écrit cela précisément pour faire que les gens déduisent ce

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que vous avez déduit.

JUGE: Au contraire, cette observation me semble assezpertinente. Continuez, Monsieur Boscage.

Après une courte pause, Boscage parle

BOSCAGE: Le plus impressionnant, messieurs, est que l’écrivainfrançais a créé un sous-marin unique qui diffère de tous ceuxqu’ont existé avant.

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Il se lève et commence à parler avec enthousiasme

Verne a expliqué comment fonctionne sa machine lors d’uneconversation entre le capitaine Nemo et le professeur Aronnax,protagoniste du roman. Aronnax dit: “j’avoue que ce Nautilus, laforce motrice qu’il enferme en lui, les appareils qui permettent dele manœuvrer, l’agent si puissant qui l’anime, tout cela excite auplus haut point ma curiosité”. Nemo répond alors: “Tout se fait parlui: il m’éclaire, il m’échauffe, il est l’âme de mes appareilsmécaniques. Cet agent, c’est l’électricité”. Dans le Nautilus,l’électricité faisait tous les frais de la cuisson. Les fils, arrivant sousles fourneaux, communiquaient à des éponges de platine unechaleur qui se distribuait et se maintenait régulièrement”. Dans leNautilus, tout fonctionne donc par l’énergie en circuit qui circulesans cesse, sans problèmes.

JUGE: Insinuez vous que ce sous-marin a été le premier àfonctionner grâce à l’électricité?

BOSCAGE: Précisément.

JUGE: Se dirigeant à Baumont. Pouvez- vous le nier?

BEAUMONT: Non, puisque cette information est, que je sache,entièrement vraie.

Le juge dit oui avec la tête et donne la parole à Boscage

BOSCAGE: Cela est facile à démontrer, Messieurs.

Il faut tenir en compte que l’invention du dynamo se passa en1870, une année après la publication de Vingt mille lieues sous lesmers. Avant cet événement, l’électricité était peu présente dansla vie courante. On n’utilisait l’électricité que pour illuminer les

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monuments, les spectacles, les grandes cérémonies et pouréclairer les quartiers élégants. De plus, l’électricité n’était presquejamais utilisée pour chauffer, encore moins pour la cuisine. Celaentraîna que le sous-marin de Jules Verne soulève une trèsgrande admiration chez le public: un sous-marin dont toutes lesfonctions sont animées par l’électricité? L’idée était tout à faitfantastique. BAUMONT: Mais cela ne démontre pas que Jules Verne ait étévisionnaire, car des machines électriques existaient déjà.L'automobile électrique, par exemple, existait dès 1839.

JUGE: Monsieur Beaumont est dans le vrai.

Boscage explique qu'il n'a pas terminé d'exposer son argument. Le juge lui ditalors de continuer.

BOSCAGE avec de l' enthousiasme: L’intérêt du sous-marin de Verneest comment la tribulation du Nautilus obtient l’électricité. Lecapitaine Nemo explique en détail sa technique. Il extrait lechlorure de sodium qui se trouve dans l’eau de mer, et à partircette substance chimique il compose les éléments dont il abesoin pour obtenir l’énergie. Nemo ajoute: “je vous dirai, enoutre, que les piles du sodium doivent être considérées comme

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les plus énergétiques, et que leur force électromotrice est doubleque celle des piles du zinc”. Dans les années 1860, la pile la pluspopulaire en France était la pile Leclanché, qui fonctionnait àpartir du magnésium et du zinc. Le capitaine dit clairement quel’eau de mer contenait du magnésium; cela démontre que JulesVerne a préféré créer sa propre pile au lieu d’”utiliser” un pileexistante. Les piles existantes à la fin du XIXe siècle s’épuisaientrapidement, mais celles que Verne a imaginé sont inépuisablesde la même façon que celles des sous-marins nucléaires du XXesiècle. Verne “révolutionne” la science, en imaginant une pilecomplètement unique.

Cette argumentation semble pertinente et le juge fait signe d'approbation.Quelques secondes se passent en silence.

JUGE: Monsieur Boscage, avez vous préparé d'autres argumentspour défendre que le sous-marin de Verne a été une vision?

BOSCAGE: Un seul, Monsieur. En effet, il y a de nombreusesressemblances entre le Nautilus et le premier sous-marinatomique, construit en 1955 par les américains. Les deux sontanimés par des piles. Les piles sont néanmoins différentes dans lesdeux cas.

JUGE: Intéressant.

Les deux avocat s'engagent dans l'organisation de leurs papiers et quelquesjournalistes se lèvent et prennent des photographies.

JUGE: Passons donc discuter le roman De la Terre à la Lune deVerne.

D’un geste, le juge fait signe à Boscage qui peut prendre la parole. Boscages’adresse à l’ensemble des présents.

BOSCAGE: Au milieu du XIXème siècle, les scientifiques avaient lesconnaissances suffisantes pour pouvoir calculer le lancement à laLune mais aucun ne s’est mis sérieusement à le faire. Autres

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écrivains ont décrit des voyages à la Lune mais par des moyensabsolument impossibles.

BEAUMONT: Cependant, lorsqu’il publia en 1865 le roman De laTerre à la Lune, deux autres romans paraissent dans cette mêmeannée traitant du même sujet: celui d’Alexandre Dumas Voyageà la Lune et puis celui d’Achille Eyraud.

BOSCAGE: Mais aucun d’eux l’a fait avec tant de précision et dedétails que l’a fait Verne. En effet, Jules Verne inventa la science astronautique. Une desbases de toute cette imagination, c’est que Jules Verne était àjour en ce qui concernait la science de son temps, par exemple,en lisant en moyenne quinze journaux par jour. On doit tenir encompte, que Jules Verne fréquentait des ingénieurs et desscientifiques très souvent.

JUGE: Excusez-moi, monsieur, mais je ne vois pas la relation entrece que vous dites et le sujet débattu. BOSCAGE: Pardonnez-moi monsieur, je cherchai à introduire mathèse.

Le juge hocha la tête. Et après une courte pause, Boscage reprend sondiscours.

BOSCAGE: Il existent plusieurs parallèles avec les missions d'Apoleun siècle plus tard. En premier, les ingénieurs du roman de JulesVerne construisent une capsule spatiale avec les mêmesmatériaux et avec le même poids que l’Apole8, la premièremission à avoir transporté des hommes au-delà de l’orbiteterrestre. De plus, elles vont être envoyées depuis la même ville ettoutes les deux vont amerrir dans le Pacifique. Pour faire pluscrédible son lancement à la Lune, Jules Verne recrute son cousin,un mathématicien.

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Un homme du public se lève et, grâce à une télécommande, projette une imagesur un grand écran. Il passe ensuite la télécommande à Boscage, qui leremercie.

BOSCAGE: Premièrement, ils essayent de calculer si un vaisseauspatial lourd pourrait échapper de l’action gravitationnelle de laTerre. Bien sûr, on sait que dès 1600, Isaac Newton calcula les loisde mouvement et les lois de gravité donc les connaissancespresque parfaites de la mécanique céleste étaient connues.Pourtant, on savait la masse de la Terre, la masse de la Lune, ladistance de la Terre à la Lune et la force de gravité. Ceux-ciétaient déjà quelques avantages qu’avait Jules Verne pour sonexpérience. Il calcula aussi que pour surmonter la force degravité, le projectile doit être lancé à une vitesse de 40 millekilomètres par heure, c’est-à dire presque exactement la mêmevitesse utilisée pour le lancement de Apolo8.

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BEAUMONT: Mais cela peut facilement avoir été unecoïncidence!

JUGE: Malgré mon ingénuité à ce sujet, je suis presque certainque les coïncidences sont curieusement abondantes chez JulesVerne.

Boscage fait signe de satisfaction et continue à parler.

BOSCAGE: Un autre point où Jules Verne est dans le vrai est letemps qu’on prend pour arriver à la Lune, qui s’agit de quatrejours. De même, pour construire son projectile, Jules Verne choisitStone’s Hill, au centre de la Floride.

Il saisit un de ses dossiers et lit:

«Va donc pour la Floride et pour Tampa-Town!» (p 105, chapitreXI), à moins de 220 kilomètres du Cap Canaveral. Il choisit ce lieupar la même raison que la NASA considère 100 ans plus tard. Eneffet, on doit tenir en compte que la planète est comme un objeten mouvement, Jules Verne a compris que près du pôle il y a peude vitesse et par en contre à l’équateur elle supère les 1600kilomètres par heure, donc on peut utiliser cette vitesse pourenvoyer le projectile vers la Lune. Et pour chercher un lieu dedécollage, Jules Verne cherche près de l’Équateur et le plusproche à cette ligne imaginaire dans les EE.UU était Texas ou laFloride.

JUGE: Savez-vous pourquoi il choisit la Floride? BOSCAGE: Il va choisir la Floride par précaution, au cas où il yavait un accident et que les débris puissent tomber dans l’océan.De plus, Jules Verne fut capable de d’anticiper un grand nombrede détails de plus. Il construit son projectile avec un métalnouvellement découvert, l’aluminium. Il choisit celui-ci par lamême raison que la NASA va faire plus tard; il s’agit d’un métalrésistant et léger. Il anticipe l’expérience d’apesanteur dans

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l’espace, et désigne même de petites fusées de direction,similaires aux rétrofusées que la NASA va utiliser pour guider lescapsules au pôle.

BEAUMONT: Encore une fois, Monsieur Boscage, cela peutparfaitement avoir été une coïncidence.

BOSCAGE: Mais il y a des prédictions plus compliquées à expliquer. Comment a-t'’il pu prévoir que la première fusée qui atteindrait la Lune emporterait trois hommes? Comment se fait-il que sa capsule pèse seulement 3200 kilogrammes de plus que celle d’Apolo8? Pourquoi le vaisseau spatial de Jules Verne amerrit dans l’océan Pacifique près de son vaisseau de sauvetage comme l’Apolo8?

BEAUMONT: Tout cela est intéressant mais malgré ces informations, vous ne réussissez pas à me convaincre... Je ne sais pas si vous êtes au courant mais Jules Verne n'a pas été le premier à parler des fusées...

BOSCAGE: Vous pouvez spécifier cela?

Beaumont affirme avec la tête pendant qu'il consulte ses documents.

BEAUMONT: La fusée fut créé en Chine en 970 et Saint Louis voit les premières fusées à Damiette en 1249, elle est dans l’air du temps au XIXème siècle. De même, les troupes de Napoléon l’ont utilisé dans les combats militaires, comme à Waterloo. Et en 1850, un scientifique a eu l’idée de faire une photo de la Terre prise à partir d’une fusée dans l’espace et aussi on utilisait ces fusées pour propulser des bateaux sur la Seine ou de trains aux environ de Paris. Et déjà, après avoir publié son livre en 1903, un Russe appelé Tsiolkovski met sur papier toutes les équations de la fusée et il crée de même le concept des stations spatiales. Et aussi on doit tenir en compte que Jules Verne a été fort impressionné par les thèses du célèbre astronome français Camille Flammarion au sujet du voyage vers la Lune.

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BOSCAGE: Cela est hors sujet puisque moi je défend le fait de la première fusée qui part dans la Lune, je ne parle pas de n’importequelle fusée.

BEAMONT: Bon, c'est certain que Jules Verne a prévu des détails avec exactitude mais pas tous. Sa grosse erreur sans doute fut de lancer son projectile depuis un canon au lieu d’utiliser une fusée. Je ne saurait pas vous expliquer pourquoi serai impossible de réaliser, donc je me suis permis d'appeler mon cher cousin Frigo, un physicien assez reconnu pour qu'il vous démontre cela.

Beamont fit signe à Frigo de se lever. Celui-ci se leva et commença avec son explication.

FRIGO: Bonjour Mesdames, Messieurs, je vais vous démontrer que c'est scientifiquement impossible de lancer une fusée à l'aide d'uncanon. On sait que les fusées accélèrent lentement jusqu’à arriverà 6G de pression. Le G représente l’accélération que la Terre imprime à nos corps lorsqu’on est sur la surface, donc cette fusée accéléra à 60 m/s chaque seconde ce qui va faire que le poids des gens à l’intérieur soit six fois leur pesanteur normal. Mais Jules Verne pensait qu’avec une seule explosion, le canon serait capable de lancer son projectile avec une accélération de 1000G. En effet, si on lance trois astronautes dans une balle de canon vers l’espace, la force G les écraserait et la propre capsulese aurait évaporée.

BEAUMONT: Brillante explication mon cher cousin, merci beaucoup.

Frigo sourit et revint à sa place.

JUGE: C'est certain que dans ce roman Jules Verne fut visionnaire dans certains aspects mais par contre il commis quelques erreurs. Est-ce qu'on a finalisé avec ce roman messieurs?

L'un comme l'autre, les deux avocats hochèrent la tête.

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JUGE: Parfait, passons donc au suivant roman, monsieur Boscage je vous donne la parole.

BOSCAGE: Dans le roman d’Autour de la Lune, Jules Verne ne se trompe pas lorsque les voyageurs jettent le corps du chien mort au dehors de l’obus et il décrit précisément qu’il ne retombe pas sur Terre mais qu’il continue à suivre l’engin. Le romancier a très bien décrit ce phénomène en lui donnant une explication juste. En effet, on sait que dans le vide tous les corps ayant une vitesse initiale égale tombent à la même vitesse, puisque l’attraction de la Terre communique à tous la même accélération.

BEAUMONT: Je en peux pas vous nier tout cela monsieur mais par conséquent, en tout point de la trajectoire, les vitesses de l’obus et du corps du chien devaient rester les mêmes, et c’est pourquoi ce chien ne pouvait pas être distancié par l’engin. Cela a été scientifiquement prouvé dans la réalité plusieurs fois, par exemple avec la chienne Laika en 1957, ou en 1975 avec Stephen Hawkings qui a expérimenté le fait d’apesanteur dans l’espace. De même, Jules Verne pensait que les objets à l’intérieur de l’engin perdent leur poids et les voyageurs eux-mêmes commencent à flotter sans appui seulement dans le point dans lequel l’attraction de la Terre est égale à celle de la Lune. Mais, il ne tient pas en compte que cette action se passe dès le début de la trajectoire. Donc, le romancier n’a pas pensé que si le corpsdu chien ne tombe pas vers la Terre quand il se trouve en dehors de l’engin, pourquoi va-t-il tomber lorsqu’il se trouve à l’intérieur. En effet, d’une façon ou d’une autre, le poids doit rester complètement impondérable.

Le juge interrompt en se dirigeant vers les deux avocats.

JUGE: Ce que vous dites est correct. L'inconvénient est que vous êtes entrain de fonder vos arguments seul et uniquement sur trois romans de Verne. Cependant, si mes informations sont correctes ,il a écrit 65 romans…

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Beaumont lève le doit et lui coupe la parole en disant:

BEAUMONT: Je veux précisément parler sur ce thème là.

Boscage, surpris, l'écoute avec grand intérêt.

BEAUMONT: On peut pas affirmer si légèrement que Jules Verne ait été un visionnaire seulement parce que quelques uns des événements présents dans ses romans aient eu lieu plus tard. Nous devons aussi tenir en compte les romans où les événements ne sont jamais passés comme Voyage au centre de la Terre.

Beaumont fait une petite pause et jette un regard à Boscage.

BEAUMONT: Si vous me le permettez, je vais premièrement vous situer dans un cadre plus géologique.

Soudainement Boscage intervient . il se lève et pousse la chaise sans faire exprès.

BOSCAGE: Monsieur qu'elle intérêt a cela dans ce débat?

JUGE: Je vous prie monsieur de ne plus interrompre. Continuez monsieur Beaumont.

BEAUMONT: Merci Monsieur. Tout d'abord, nous devons savoir ce qui se passe sous nos pieds. La descente vers les profondeurs commence par un long forage dans le but est de percer la croûte.

L'activité géologique de la terre nous donne déjà une idée de ce qui nous attend: les volcans et les séismes causés par les mouvements des plaques nous montre que le sol sur lequel nous

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vivons n'est qu'une croûte qui se déplace sur d'autres choses. Ces autres choses sont: le manteau, où la température est de 3 000oC et est situé à 2 900 km de la croûte ,le noyau liquide, où la température arrive à 3500oC et se trouve à 5200 km, puis le noyausolide qui se trouve à 6 370 km à une température de 4200oC.Au cour du XX siècle des projets , comme le Kola Super Deep Borehole, ont essayé de descendre ,au moins, plus de 15 km mais à cause de la température élevée seulement ils ont atteint jusqu’à 12km.

Autant dire que l'on ne connaît directement que l'épiderme de la Terre, sa couche la plus superficielle.

Boscage sourit discrètement et dit:

BOSCAGE: Et lors, qu'est ce que vous voulez nous dire avec tout cela?

un silence se fait dans la salle. On entend quelques pas derrière laporte.Une jeune femme blond avec des lunettes et un livre a la main ouvre la porte. Les journaliste arrêtent d'écrire. La professeur se dirige au milieu de la sale et commence à parler:

PROFESSEUR REINSTEIN: Il veut vous dire que le voyage humain est impossible. Tout est de la fiction! En physique les choses ne sont pas si simples qu'elle le paraissent.

Le juge ainsi que la salle reste dans le plus grand silence en fixant toute l'attention sur elle. Beaumont la salue discrètement.

PROFESSEUR REINSTEIN: Dès le départ du voyage(p40du libre),le professeur Lindenbrock fait allusion au volcan Sneffels en disant

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que «son cratère conduit au centre de la terre»et que (p41) «depuis des temps historique, il n'y a eu plus qu'une éruption en 1219». Cependant, la plupart du temps, les cheminées des volcans éteints sont obstruées, c'est le cas du volcan Sneffels. Il faut donc creuser un trou très profond: l'idée est bonne sur le papier mais en pratique, cela ne fonctionne pas. On l'a vu, les forages ne dépassent pas 12km … alors de là à y envoyer des hommes! Nous avons donc trouvé la première erreur.

JUGE: Intéressant madame…

Les deux personnages se regardent

PROFESSEUR REINSTEIN: Reinstein, Professeur Reintein.

La professeur se racle la gorge et reprend.

Le voyage en profondeur implique de traverser une forte densité de matière. Il faut aussi résister à d'énormes contraintes: près du centre de la Terre, la pression est plusieurs milliers de fois supérieures à cela qui règne au fond des fosses océaniques et des millions de fois supérieures à la pression atmosphérique. Pourtant dans le roman, les personnages principaux lorsqu’ils descendent, peu à peu dans l'océan, ils n'ont aucun soucis malgré les 500 atmosphères de poids qu'ils ont au-dessous des océans. Cette pression est insupportable, voilà une autre erreur.

Bosage se frotte le front.

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Sans parler des températures: lorsque on descend 100 la température augmente de 4 degrés. Malgré cela, la températurene varie presque pas dans le voyage. Axel, le neveu du professeur observe que(p 135 du livre) «La température restée à peu près égale à celle qui existait au cours de notre chemin à travers la lave et les schistes» ce qui est faux puisque, comme on a vu, plus on descend, et plus il fait chaud. Plus bas , beaucoup plus bas, dans le centre de la terre, il règne presque la même température qu'à la surface du Soleil! A ceci s'ajoute le fait que pour être dans des milieux où les températures sont très élevées il faut porter les vêtements adéquats. Dans l’actualité il y a seul un vêtement, appelé Fyrepel qui peut résister aux hautes températures mais seulement jusqu’à 1100OC donc ce vêtement nous ne serve pas ni pour arriver jusqu’à la fin du coutre terrestre. Néanmoins, dans les illustrations du roman, réalisées par Jules Verne, nous pouvons observer la simplicité des vêtements des personnages. De même l'absence de masques dans les illustrations roman est étonnante puisque l'oxygène dans le sous-sol est limite de nos jours ,il nous faudrait 500 000 bouteilles d'oxygène pour arriver au centre de la terre( 24 bouteille par jour).

La professeur Reinstein jette un regard à son ami Beaumont. Un rayon de lumière illumine les journalistes. Ils n'arrêtent pas d'écrire. Beaumond prend laparole en consultant ses notes de temps en temps.

BEAUMONT: Ainsi Jules Verne, à travers le professeur Lindenbroc, exprime ses théories sur le centre de la terre. Une des théories les plus choquantes et impressionnantes est celle de la liquidité du noyau(p44 du libre) «on a longtemps discuté, entre autres questions, l'hypothèse de liquidité du noyau interne de la Terre. Nous sommes d'accord que ces liquidités ne pourraient pas exister. [...] Parce que ce serait l'objet masse liquide, comme l'océan, à l'attraction de la lune, et par conséquent deux fois par jour, il n'y aurait que des marées internes, ce qui soulève la croûte

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terrestre, se traduirait par des tremblements de terre périodiques!»Cette citation est la vive pensée et l'observation personnelle de l'écrivain. Pourtant Jules Verne ne pouvait pas imaginer que chaque jour, en moyenne, il y a 20 tremblements de terre dans le monde.

JUGE: Excellent! Professeur Reinstein prenez place.

La professeur se dirige au cote droit de Beaumont. Boscage observe la situation et intervient après quelques minutes.

BOSCAGE: Ce voyage extraordinaire a une vocation récréative mai aussi éducative au-delà de ses erreurs et ses incohérences, causées par le manque d'information de l'époque. Verne n’invente pas des choses imaginaires ! Jules Verne veut aussi contribuer à la diffusion d'une géographie de son temps.

JUGE : Cela suffit, monsieur. Je trouve que nous sommes en train de nous dévier du sujet débattu, et j'avoue que j'ai déjà pris ma décision. Messieurs, Mesdames, j'espère que vous serez d'accord avec moi dans l'opinion que Jules Verne a été un visionnaire. Peutêtre pas dans tous les aspects qu'on le croit, mais il l'a été.Après avoir dit cela,je remercie tous les participants à ce débat ainsi qu’aux journalistes. Je déclare que la session est fermée.

La salle devient agitée, les journalistes se lèvent et font leur travail, ramassent ses affaires et ses notes. La porte de la salle s'ouvre en deux en laissant passer la lumière de dehors. Monsieur le juge quitte la sale en laissant derrière lui tout les assistants.

Page 28: La controverse de Jules Verne

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FIN