ainsi aux diverses questions que des personnes … n°62/80/Revue n°62.pdf · Une violence...

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1 Revue de l’association ENCRES VIVES Siège Social : 73 Rue Saint Pierre 49300 Cholet Tél : 02 41 71 98 34 E-mail : [email protected] www.encres-vives.fr Le concours 2017 est lancé. Les résultats du concours 2016 et l’excellent déroulement de la remise des prix encouragent, si besoin était, notre association Encres Vives à se lancer dans l’organisation du Concours de poésies et nouvelles 2017. Les thèmes ont été annoncés : -BADINAGES, pour les poésies et nouvelles adultes. -MON FETICHE, pour les poésies et nouvelles jeunes qui sont répartis en deux catégories. Les moins de 14 ans. Les 14/18 ans. Dans notre site rénové, le règlement du concours peut être consulté, répondant ainsi aux diverses questions que des personnes intéressées peuvent se poser. De toute manière, ils ou elles pourront contacter la secrétaire ou le président d’Encres Vives. Et comme toujours notre parution porte bien son nom d’Encres Sympathiques, tant elle emporte l’adhésion des lecteurs. Variété, poésie, humour, sentiment, art, contes, fables, tous domaines que nos « Encreviviens » explorent de leur plume douce et… vive… Ne manquons pas à nos devoirs et souhaitons à nos lecteurs et lectrices une Bonne Année 2017 et qui plus est, de participer à notre concours.

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Revue de l’association ENCRES VIVES Siège Social : 73 Rue Saint Pierre 49300 Cholet Tél : 02 41 71 98 34

E-mail : [email protected] www.encres-vives.fr

Le concours 2017 est lancé.

Les résultats du concours 2016 et l’excellent déroulement de la remise des prix encouragent, si besoin était, notre association Encres Vives à se lancer dans l’organisation du Concours de poésies et nouvelles 2017. Les thèmes ont été annoncés :

-BADINAGES, pour les poésies et nouvelles adultes. -MON FETICHE, pour les poésies et nouvelles jeunes qui sont répartis en deux catégories.

Les moins de 14 ans. Les 14/18 ans.

Dans notre site rénové, le règlement du concours peut être consulté, répondant ainsi aux diverses questions que des personnes intéressées peuvent se poser. De toute manière, ils ou elles pourront contacter la secrétaire ou le président d’Encres Vives.

Et comme toujours notre parution porte bien son nom d’Encres Sympathiques, tant elle emporte l’adhésion des lecteurs. Variété, poésie, humour, sentiment, art, contes, fables, tous domaines que nos « Encreviviens » explorent de leur plume douce et… vive…

Ne manquons pas à nos devoirs et souhaitons à nos lecteurs et lectrices une Bonne Année 2017 et qui plus est, de participer à notre concours.

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Le Pré Fontaine

Laissez-moi vous parler de ce lieu merveilleux Quand le soleil réchauffe un printemps radieux ; Un modeste plan d’eau entouré de prairies, Sur ses bords pleurent les saules sans jeter un cri, Car c’est bien de joie que leurs feuilles frémissent, Quand écureuils et tourterelles viennent y chercher auspice.

Jamais je ne chercherai les plaisirs de la ville Ma calme campagne est bien meilleur asile. Près de la maison, dans le fouillis des lauriers, Se nichent les amours de jolis chardonnerets.

D’un vol lent et majestueux se pose un héron En quête de repas, friand de poissons.

Souvent une odorante senteur de menthe sauvage Devient élixir de jeunesse à cueillir au passage ;

Et si pour une longue retraite, Dieu me prête vie Et que mes jambes suivent mon esprit, Jamais je ne quitterai ce lieu, celui que j’aime, Celui que Chantal et moi avons baptisé

« Pré Fontaine ».

Dany

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Quelques bulles d’humour…

-Docteur, j’ai été opéré d’une hernie discale. -A quel niveau ? -Ben ! Au troisième étage de la clinique !...

« Je cherche un meuble pour mon entrée… -Oui. Quelle dimension, quelle couleur, quelle matière ? -Bah ! Un meuble d’entrée standard, couleur meuble ! »

« Bonjour. Vous vendez des télés ?

-Non. Ce sont des factices.

-Mais je m’en fiche de la marque, je

veux une télé ! »

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Anniversaires

Mémoire familière des nombres, pratiqués assidûment ? Jim n’oublie pas les anniversaires. Sa façon à lui d’être fidèle. Pas d’alibi pour l’oubli. Quand une date anniversaire est revenue, aussi régulière qu’un métronome solaire, quand cette date est venue, Jim déploie sa stratégie pour se faire combattant du temps qui rend oublieux. Mais là, ça fait tout drôle. 100 ans, ce n’est pas rien ! Dans sa famille entière, Jim n’a encore jamais repéré un centenaire. L’inamovible, discrète et trotte-menu Emeline, grand-mère maternelle de l’épouse de Jim, enracinée comme un arbre bas et puissant, laissait peu de prise aux vents malveillants, et semblait indestructible. La robuste ‘Mémé’ déclina assez soudainement, et s’effaça discrètement, à 97 ans. Le record familial des ascendants. Un bel âge, assurément, en ce vingtième siècle finissant. Mais là, ça fait tout drôle. 100 ans ce n’est pas rien ! Pierre, le papa de Jim, avait-il un âge ? Oui, évidemment. Et revendiqué, au bon moment. Plus que son fils, le père était un véritable expert des dates anniversaires, même dans les lointaines périphéries du cercle de famille élargi. Sa malice et son âge le poussèrent à utiliser des mots qui évoquèrent les vieux comme « ceux qui étaient plus âgés que lui » ! Ce toujours jeune octogénaire, qui ne se ménageait guère, n’allait pas se plaindre, lui qui était revenu en bonne santé de la guerre. L’agriculture peut, plus encore loin des siens, être dure, mais c’était sa culture, sa vie, une vie de grand air. Il était en ce temps des stalags éreintants et d’autres moins éprouvants, à la guerre ! Parole de Pierre. Et qui ne se plaint, de tout son âge, ne se soigne pas davantage. Son teint jaunâtre persistant devint inquiétant, aux yeux de sa femme autant que de ses enfants. Prise de conscience trop tardive. Pierre arrivait au bout de son temps. Il s’éteignit d’un cancer. L’hile du foie, paraît-il ; Jim ne connaissait pas. Vingt ans déjà ! Mais là, ça fait tout drôle. 100 ans, ce n’est pas rien ! Pierre avait peu connu son père. La guerre, celle d’avant, ‘la der des der’, éloignait immanquablement les papas de leurs jeunes enfants. Et trop souvent, définitivement.

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Une violence inouïe qui vocifère sa brutalité assourdissante et désespérante fait de nombreuses victimes innocentes. Quand le souvenir assombrit l’avenir ! Comme des centaines de milliers de poilus solidaires, le grand-père de Jim ne revint pas de la guerre. ‘Disparu’ (Ce mot dit tant et si peu à la fois). Fauché par la mitraille, enfoui dans une tranchée effondrée ou un trou d’obus ? Eulalie et ses fils n’ont rien su. Mais là, ça fait tout drôle. 100 ans, ce n’est pas rien ! Comment faire son deuil ? Femme de ‘disparu’, ce n’est pas veuve ; ça n’ouvre pas la vie à une voie neuve, si nécessaire pourtant, pour elle et ses jeunes enfants ! Ni malheur ni douleur ne s’effacent en cet entre-deux sans issue, autre que l’attente, et même l’incertitude les accentue. La guerre finie, vint l’année vingt. Eulalie n’avait pas attendu en vain. L’état, bon prince, et sa justice, lente mais clémente, se penchèrent sur ces multiples ‘disparus’. Le grand-père de Jim fut déclaré « ‘mort’ à Douaumont le 23 mai 1916 ». Prêt pour un destin de ‘soldat inconnu’, au milieu de ses cent trente mille congénères du mémorial-ossuaire ? Peut-être ! Célébrissime « bataille de Verdun ». Glorieuse. Et funeste… 100 ans, ce n’est pas rien. 100 ans que le grand-père a quitté cette terre (est-ce bien le terme qui convient ?) dans le bourbier de Verdun ! Un grand-père, c’est un être tout proche, un pépé, un bon-papa, ou un papy, un confident de temps en temps, un contrepoids à un père trop sévère, si cela s’avère nécessaire. Un grand-père de rêve ! Un rêve de grand-père. Jim n’a pas connu de grand-père ! La liste des anniversaires teintés d’une amère tristesse prolifère.

100 ans, ce n’est pas rien. Mais là, ça fait tout drôle, c’est différent. 100 ans d’absence, ô grand-père !

Julien Mézière

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La maison de mes rêves, Par Jean-Pierre Constanza

J’ouvre les petites annonces J’ai l’embarras du choix Il y a du grain à moudre Pour se mettre en émoi.

J’ai un vrai coup de foudre Pour un vieux presbytère Aux portes de Nevers.

Tout en visant le centre J’atterris dans le Cher Risquant excès de ventre D’une amie pâtissière.

Une maison près des bois Fréquentée par les cerfs Est-ce si ordinaire ?

Aux confins de Dordogne En pays Cro-Magnon Aurais-je la drôle de trogne D’un buveur de Langon ?

La côte Basque a ses attraits Après Bordeaux jusqu’à Anglet.

La ville réputée de Nyons Pour son huile d’olive Ou bien le Lubéron Coteaux qui me ravivent.

Dans le Vercors, c’est l’escalade A la torpeur, belle parade. Maison de ville et jardinet Verte dentelle, Poitevin Marais

Ou vers Royan, le Mascaret. Entre Thouars et Richelieu J’espérais trouver mieux.

Je ferme les annonces. Pourquoi est-ce que je fonce ? S’est envolé le choix, et j’attendrai demain la surprise qui viendra.

Au diable les illusions. Je me réveille. Confusion !

Dans une chambre de bonne, entre Paris et Eaubonne.

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Ses pieds étaient si douloureux qu’elle enleva ses chaussures avec un « ouf » de soulagement, mais l’essentiel était que les dites chaussures soient de la couleur de sa robe. 60 ans. Comme tous les anniversaires à chiffres ronds, on y pensait, sachant que celui-là vous rendait friable, fragile, alors, justement dans ce cas, il fallait saisir l’événement à bras le corps, avec une énergie décuplée et dans la tête de futurs moments d’exaltation, même fugaces, et l’idée bien assise d’être encore belle et désirable. Pour en fixer la date, quel souci les invitations. L’un se faisait opérer, l’autre avait un repas de famille, certains n’étaient pas encore remis des fêtes de fin d’année.

En fait cette date prévue verbalement, le 21 janvier, n’avait pas été un instant

de gaudriole et de bagatelle. Pour plaire à tous elle avait consulté les saints du jour, la météo afin d’éviter une tempête de neige, et la pleine lune, sachant que cela rendait les gens un peu culbutés. Enfin ! La chose étant décidée, elle s’était sentie légère et débridée. Pourtant… la nuit dernière, elle avait eu un cauchemar qui l’avait fortement ébranlée et décoiffée au réveil. Elle était catastrophée. Le 21 janvier n’était pas possible ; ce jour étant celui de la mort de Louis XVI. Que dirait-elle à ceux qui avaient acceptés cette date. Chacun guetterait sur elle le signe d’une démence précoce. L’un dirait. Mais depuis quand est-tu royaliste ? Et alors que répondrait-elle ? « Depuis ma dernière couronne des rois bien sûr ». On la regarderait avec un air de pitié, lui prévoyant rapidement un traitement efficace. Les arguments donnés seraient considérés comme des ragots anciens commentés par des gens crédules en quête de petites histoires racontées à la veillée ; des superstitions innocentes, bref ! La chose s’avérait délicate. C’était clair. Sans discussion. Chacun avait refusé de changer la date. Tout était prévu, dirent-ils, même les cadeaux et les fleurs.

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Le bouquet d’ailleurs était superbe. Des roses éclatantes, certaines étaient en boutons. Leur parfum réjouit l’atmosphère toute la soirée et malgré les craintes et mes crédulités la soirée fut chaleureuse et gaie. Chacun repartit avec le sourire. Au matin je me suis levée, guillerette. Une année de plus même un 21 janvier n’était pas dramatique et il fallait que j’arrête de croire à ces superstitions d’un autre âge ! Mon regard chercha le bouquet de roses. Toutes s’étaient effeuillées et même les boutons sur la table étaient des gisants. Dans la nuit … chacune des roses avait perdu la tête.

Jackline René

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Joseph Guédon

Prière du chat Mon bon maître, toi qui admire tant ma parure, Respecte veux-tu mes habitudes, et parfois ma solitude. Ne me traite pas en esclave, tu ferais de moi une épave. Ne me prends pas pour n’importe qui, je suis ton ami. N’oublies pas de m’aimer. Je saurai t’aimer. Je deviendrai câlin quand tu me prendras dans tes mains.

J

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C’était…

C’était le temps de tous les grands chanteurs à voix, C’était le temps de tous les grands bals populaires.

C’était le temps où je cherchais un peu ma voie, C’était le temps où nous chantions les plus grands airs.

C’était le temps où toutes les filles allaient au bal, C’était le temps des fêtes annuelles dans les villages. C’était le temps où la vie était un vrai régal, C’était le temps où les filles faisaient des ravages.

C’était le temps de toutes les plus belles ritournelles, C’était le temps où nous dansions la valse musette. C’était le temps des s’il vous plaît Mademoiselle, C’était le temps où nous draguions dans les guinguettes.

C’était le temps des belles et naïves midinettes, C’était l’heureux temps pour tous les amoureux. C’était le temps où nous savions faire la fête, C’était l’heureux temps et nous étions tous heureux.

Gabriel Gallard (A la recherche d’un compositeur et chanteur…)

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Raconté par Guy Roy

Une jolie femme, lectrice assidue d’Encres Sympathiques, suivit le conseil donné page 47 du précédent Numéro, où il est question de lutter contre le froid. L’idée d’utiliser des « Bouillottes humaines » sembla un créneau possible pour cette personne en recherche d’emploi. Elle s’équipa d’une grenouillère blanche à laquelle elle fixa à l’intérieur un mini-dispositif alimenté par une pile 12v, procurant une diffusion de chaleur par contact. Contrat conclu avec la chaîne Bonrepo et notre bouillotte humaine prit ses fonctions. Tous les soirs, elle réchauffait, si l’on peut dire, un plus grand nombre de lits que la plupart des employés. L’hôtel Bonrepo accueillait également des couples en après-midi. Il s’agissait de couples occasionnels, si l’on peut s’exprimer ainsi. La personne-bouillotte que nous appellerons Justine pour préserver son identité, fut sollicitée par le maître

d’hôtel pour réaliser le réchauffement au cours de la journée. L’automne s’avérant froid, il ne fallait pas entraver les démarches amoureuses ! Justine accepta. Ces nouveaux créneaux horaires l’obligeaient à plus de célérité car il lui fallait répondre aux demandes ponctuelles et souvent imprévisibles. Le maître d’hôtel ne la prévenant qu’au dernier moment. Certains jours, elle passait tout l’après-midi dans les

étages. En outre, elle devait se munir d’accessoires plus ou moins érotiques, certains « locataires », étourdis ou pressés, les ayant oubliés. Et ce qui devait arriver arriva ! Un quadragénaire élégant vint occuper la chambre 17 et lui demanda de le prévenir dès que sa « femme » ?... arriverait sur le palier. Elle aurait quelque retard. Au bout d’un quart d’heure, « la tendre épouse » ?... ne s’était pas manifestée. L’homme un peu contrarié sortit de la chambre et demanda à Justine : -Vous n’avez vu personne ? -Non, Monsieur. -Je ne puis attendre… Et vous… Vous pourriez… -Moi, je dois réchauffer encore quelques lits. -Tout de suite ? -Non. Dans une heure et demie. En attendant, je vais aller faire quelques achats…

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-Et si je vous propose de rester avec moi ? -Avec vous, ici ? -Oui, ici, et nous pourrions passer un moment agréable… -Vous n’y pensez pas sérieusement. Je ne vous connais pas et puis… -Et puis quoi. Je ne vous plais pas ? -Non… Enfin si ! Vous êtes chic, bien mis, courtois, mais c’est trop rapide. -Allons, allons, vous êtes libre ? Oui, eh bien, joignons l’utile à l’agréable. Je saurai me montrer généreux… et tendre… En confidence je dois avouer que celle que j’attendais n’était pas ma femme. -Je m’en serais doutée -Alors c’est oui ! Venez, détendez-vous, je ne suis ni brutal ni pressé… Enfin, vous me comprenez… Il la prit doucement par le bras. Elle se laissa entraîner dans cette chambre 17 dont la décoration rappelait le début du siècle dernier. Presque une chambre de poupée avec ses fanfreluches et fourrures. Elle remarqua : « Il n’y a pas besoin de bouillotte dans cette chambre. D’ailleurs, j’y viens rarement. » L’homme se fit plus entreprenant, tandis qu’elle se demandait « Mais qu’est-ce que je fais ici ? Que faire ? ». Soudain, elle se remémora la page 27 d’Encres Sympathiques et la rubrique « Quelques mensonges les plus courants ». Elle en avait ajouté un autre souvent utilisé lui aussi : ‘Non ! Pas maintenant. J’ai la migraine ». L’argument suivi au moment où le galant homme s’apprêtait à la dévêtir, atteignit son objectif… Avec une certaine élégance, calmement, il laissa Justine sortir de la chambre sans essayer de lui voler le moindre baiser. Descendant l’escalier, elle croisa une femme ayant une certaine classe qui lui demanda avec un accent bizarre :

-Mon « mari » est-il arrivé ? -Oui Madame, répondit-elle, et faites vite, il est chaud bouillant » !

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QUE FAIT-ON MAINTENANT ?

Certains sont ainsi faits qu’il leur faut des projets

Pour, dès potron-minet, se mettre sur la route

Sinon ils tournent en rond, se ternissent et maugréent

Sur le sens d’une vie qu’ils mettent alors en doute …

Aussi pour compenser leur amère vacuité,

Sur de multiples tâches, sans cesse, ils s’arc-boutent

Et pour mieux étancher leur telle soif d’exister,

A leurs affairements, toujours ils en rajoutent.

Si de vaillants compères ils veulent embrigader,

Méfiance à ces derniers s’ils ne sont pas volontaires…

N’épousant pas le rythme, il leur faut se soustraire

Sinon c’est la galère ou les travaux forcés…

Résolus, acharnés, parfois éparpillés,

Ils affolent souvent les esprits secondaires,

Tous ceux qui ralentissent pensant que, sur la terre,

On peut perdre du temps, parfois, à rimailler…

Avec soin, ils programment même leur temps de repos

Puis, une fois délassés, se jettent, frais et dispos,

Au cœur du tourbillon d’autres occupations…

Leur frénésie est belle mais qu’ils sont épuisants,

Surtout, quand, près des leurs, au terme de leurs actions,

Ils leur lancent, désœuvrés, « Que fait-on maintenant ? »

Yves Point

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Les plats mijotés,

Par le « Chef » Joseph Guédon

A vos cocottes ! Ces plats occupent une place de choix dans la cuisine traditionnelle de nos régions, et ce n’est pas un hasard ! Savoureux, économiques et faciles à mitonner, ces mets n’ont pas leurs pareils pour nous réchauffer tout l’hiver. Vous pensez que les plats mijotés prennent trop de temps ? S’ils mettent en effet quelques heures à s’attendrit sur feu doux, vous pouvez les servir plusieurs jours d’affilée, et ils sont encore meilleurs réchauffés. Pratique, non ? Pas compliquée et impossible à rater, la cuisson à l’étouffée a néanmoins ses exigences. Une cocotte, en fonte de préférence, est nécessaire pour retenir la vapeur d’eau qui condense le cocktail des arômes. Le résultat dépend aussi de la qualité des ingrédients. Achetez

les viandes chez un boucher qui les a affinées plusieurs jours, voire semaines, avant de les proposer à l’étalage.

Textures gourmandes : Si la plupart des morceaux de porc (travers, palette, échine) sont aussi bons à rôtir qu’à mijoter, il n’en va pas de même avec le bœuf (joue, queue, gîte à la noix, paleron, jumeau), du veau et du mouton (tendron, poitrine, flanchet, collet). Très variés, ces bas

morceaux sont nettement plus avantageux que ceux, de première catégorie, destinés à une cuisson rapide. N’hésitez pas à les mélanger pour accentuer les saveurs et offrir en bouche plusieurs textures gourmandes. Os et cartilages rajoutent bon goût et moelleux. Vieilles volailles, coqs et gibiers à poil se mitonnent de la sorte, mais moins longtemps. Pour alléger la sauce, dégraissez d’abord les viandes et faites-les rissoler cinq minutes à part avant de les mettre à mijoter. Retirer la graisse liquide remontée à la surface avant de servir. Liquides de qualité : Si la cuisson mijotée n’est pas gourmande en eau, les sucs que dégagent les viandes et légumes cuits à petit feu doivent être allongés avec des liquides de qualité. Par exemple, un bouillon maison dans une potée pour cuire chou et salaisons ; un bon blanc sec dans un cassoulet de lapin ; un vin dense, type Vacqueyras ou Rasteau, dans la marinade d’une daube provençale ou d’un civet, auquel sera ajouté le sang de l’animal en fin de cuisson.

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Bière et cidre ont également leur mot à dire dans les mijotés normands et alsaciens. Ne brûlez pas les étapes ! Légumes, haricots secs ou lentilles n’entrent en scène qu’en milieu de cuisson, et les pommes de terre viennent en dernier. Véritable invitation à voyager au pays des épices et plantes aromatiques, l’art du Tajine allie volontiers sucré et salé.

On ne se lasse pas des plats mijotés ! Et s’il y a un petit reste, celui-ci fera merveille dans une farce.

Grain de Folie

En juillet dernier, une grappe de raisin de variété « Ruby Roman » a été adjugée près de 10 000 € au Japon. Petite précision : la grappe contenait environ trente grains. Ce qui met l’unité à plus de 300 € ! Un seul de ces grains constitue, à lui seul un dessert, puisque chacun a la taille environ d’une balle de ping-pong ! Les japonais, grands amateurs de fruits avaient déjà fait flamber les prix l’an dernier avec une pastèque vendue 3150 € et deux melons 13 000 € !

A ce tarif-là, difficile de manger cinq fruits et légumes par jour !!!

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VALERIE

(En hommage à Valérie Garnier, native de Jallais dans le Maine

et Loire, pour l’obtention de sa Légion d’Honneur)

Ce n’est pas légion que d’avoir cet honneur, Reçois, Valérie, mes plus sincères félicitations. Basketteuse tu étais parmi les meilleures, Autant de souvenirs et de belles émotions, La logique voulait que tu deviennes entraîneur, Métier difficile et plein de concessions, Avec toi, Bourges a gardé ses couleurs, Expérience et volonté t’ont donné raison. L’Equipe Nationale profitera de ta rigueur Pour ajouter victoires à ta collection. Que cette récompense ne t’apporte que bonheur, Sûr que tu trouveras dans cette distinction L’envie pour ton sport d’en perpétuer les valeurs, Et je ne doute en rien de ta motivation. Bravo, ma petite Valérie, et c’est du fond du cœur Que je t’exprime toute mon admiration ; Dans ton « panier » tu rajoutes une fleur La « Légion d’Honneur », fruit d’une belle passion.

Daniel Subileau

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La vie après

Heure du décès : dix neuf heure quinze, mardi 13 juin. Depuis une semaine moi, Michu Brochel, je suis passé. Parce qu’il y a trop de septiques, d’incrédules, parce que le déni de Dieu est trop fréquent parmi les vivants, j’ai été prié par les instances suprêmes d’entrer en contact avec le monde d’avant pour parler du monde dans lequel je suis maintenant : le royaume des morts. Ce royaume des morts est grouillant de vie, peuplé de formes humaines innombrables, vous pensez depuis le temps, mais gazeuses, vaporeuses, sans la consistance charnelle que nous connaissons, éclairées de l’intérieur, plus ou moins lumineuses en fonction de leurs mérites terrestres. Car je vous le dis, c’est ainsi que sont les âmes ! Bien sûr on le découvre en premier, dominant tout le monde, DIEU, l’unique, magnifique, lumineux, en position assise, entouré de ses principaux assesseurs, Jésus, Bouddha, Mahomet et de nombreux autres que je ne connais pas. La prestance et le rayonnement des Dieux sont fonction de leur importance. Mais je ne vis pas celui que j’espérais. Il fallait bien tous ces Dieux pour se partager l’humanité. Nous savons hélas qu’ils ne s’entendent pas très bien, ce qui génère sur terre un grand désordre. Dieu ferait bien de mettre de l’ordre chez lui. Sur terre, lorsque dans un gouvernement les ministres ne s’entendent pas et n’arrivent pas à travailler ensemble, on change les ministres. Que Dieu s’en serve d’exemple. Car je vous le dis, c’est ainsi que sont les Dieux ! Je vous ai dit que Dieu était assis, son trône est une masse très sombre, grouillante. En m’approchant je vis que cette forme mouvante était constituée par les âmes des damnés. Toutes ces malheureuses offraient des visages grimaçants, montrant des signes de grande souffrance, semblant écrasées par un poids énorme. Dieu est assis sur les enfers ! Toi qui fis les esprits infiniment légers, oh Dieu que tu es lourd aux âmes des damnés. Outre la charge, ces malheureux pécheurs subissaient et ce n’était pas le moindre tourment, les flatulences divines (Si, si, les vents célestes ça existe). Je remarquais une sorte d’écume grisâtre aux pieds des Dieux, comme une mer houleuse constituée par les vaniteux, les ambitieux, ils étaient tous là. Ces satellites parasitaires qui gravitent au plus près des grands, au plus près de Dieu, pour grappiller une partie du pouvoir, pour s’imprégner d’un peu de lumière, pour être vus « avec » et s’affirmer ainsi aux yeux des autres âmes. Mais Dieu n’est pas dupe, il n’a pas donné à ces âmes les moyens de s’agripper à lui pour s’élever dans la hiérarchie céleste, comment s’accrocher à la lumière ?

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Pour paraître plus grand, cette grisaille ambitieuse procédait par élan, se montant les uns sur les autres et l’on voyait une vague grise qui enflait, enflait en avançant pour venir se briser au pied de Dieu, une nouvelle se formait en s’appuyant sur les restes de la précédente, l’on assistait à un flux et reflux incessants. Ces déferlantes à l’échelle des âmes n’étaient que vaguelettes à l’échelle de Dieu, des clapotis juste capables de lui lécher les pieds. Je me suis regardé et comparé aux autres, je n’étais pas des plus brillants, peut-être même un peu terne. J’ai vu Marcel et Joseph, arrivés depuis quelque temps, qui m’ont paru plus lumineux que moi, ce que je n’ai pas compris parce qu’ils ne m’ont jamais semblé très méritants, mais un peu flatteurs sans doute. J’ai revu d’autres personnages que j’avais connus. Telle, Marie Sicotte, femme trop gentille, aux formes trop généreuses, qui était sur terre l’objet de moqueries, subissant des quolibets, comme cette comptine que des adultes méchants ont composée et que des gamins cruels ont chantée : « Marie Sicotte, le tchu yi ballotte » « Un jour vindra le tchu yi timbra » Sots, aveugles que nous étions, parce que Marie Sicotte… est une belle âme ! Un autre personnage, très remarqué de son vivant : « Domino », fauteur de scandales sexuels. Chez lui souvent, le sexe a remplacé le cerveau. Il continuait ici ce qu’il faisait sur terre, le visage déformé par un rictus lubrique, il harcelait les âmes féminines. Il était condamné pour l’éternité, c’était là son enfer, à étreindre des formes insaisissables ! J’allais de découverte en découverte, je recherchais particulièrement ce Dieu qui sur terre m’avait été fort sympathique. La recherche m’a conduit devant un cratère immense, aux flancs garnis de gradins. Tous ces gradins étaient occupés par des âmes dont les yeux brillaient comme remplis de fièvre. De toute cette foule on ne voyait que les yeux. Ces regards, dirigés vers le fond du cratère, éclairaient de façon intense comme dans un foyer et je vis au fond, dans ce creuset, des formes sombres, très sombres, qui vociféraient en gesticulant. Les âmes des gradins étaient des spectatrices silencieuses, leur silence associé à l’intensité de leurs regards était assourdissant. Au fond étaient Hitler et ses exécutants ! Les gradins étaient garnis de leurs victimes : juives, tziganes, communistes. Les bourreaux ne connaîtront pas de repos, le regard des martyrs est sur eux à jamais. Enfin, je le vis ce Dieu que je cherchais. En quelques moments joyeux de ma vie terrestre, je m’étais montré, je crois, disciple fervent et j’avais l’espoir qu’il me reconnaisse. De l’Olympe il était au plus bas, sa cour était clairsemée, un peu différent de l’image que j’en avais. Certes sa bedaine est toujours enviable, son nez de bonne taille souligne sa personnalité, mais sa trogne moins lumineuse, sa mine moins joviale, me

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fait craindre pour lui un mal-être, une déprime et cet état chez un Dieu induit une catastrophe pour l’humanité. Je m’approchais de lui. « Alors, Bacchus, pour toi ici, comment ça va ? » « Ah Michu, t’es déjà là ! Je suis content de te voir, même si c’est beaucoup trop tôt, même si j’aurais préféré te revoir sur terre. Je suis malheureux. Tout se perd, nos valeurs fichent le camp, les festins sont devenus des grosses bouffes. Les humains ne savent plus boire, ils ne s’enivrent plus gaiement, ils se saoulent aux alcools forts, le plus vite possible, tristement. Les soûleries remplacent les libations, ils ne sont plus dans les vignes du Seigneur, mais en état d’ébriété, pire encore, dans un coma éthylique. Rappelles-toi de ton temps, on mangeait jusqu’au soir, on s’enivrait lentement, gaiement, en buvant du vin, en chantant ces chansons qui sont un monument de la culture humaine. Aujourd’hui notre cantique « le plaisir des Dieux » n’est même plus étudié en marge des facultés, les tristes carabins que cela va faire. Oui, je suis malheureux. Moi qui ai le privilège d’avoir goûté aux plaisirs des hommes, d’avoir connu l’ivresse que procure le vin et le merveilleux bonheur que l’on partage avec une femme, je suis malheureux, parce qu’ici Vénus et Aphrodite ne sont que des allumeuses. Rappelles-toi, Michu, du temps de la Simone, j’ai voulu ne plus être un Dieu pour devenir un homme. Elle m’a rejoint ici beaucoup trop tôt, je la revois, bien sûr, mais ce n’est plus comme avant et pour cause nous ne faisons plus « œuvre de chair », sans cette chair trop éphémère, les orgasmes ne sont que chatouillis intellectuels. » Je quittais Bacchus en lui promettant de revenir souvent le voir, un peu troublé quand même par son propos. Il m’a fallu quelque temps pour analyser et comprendre pourquoi les hommes avaient changé. Les Dieux ont quelquefois besoin d’être éclairés, qu’un humain au raisonnement pratique, voire simpliste, leur tienne la lanterne. Les hommes ne sont plus comme leurs ancêtres parce que Bacchus n’est pas assez présent, il faut accompagner les humains, leur montrer, les coutumes se perpétuent par l’exemple, il leur faut un chef, un guide spirituel, rôle que Bacchus n’a plus assumé. Pourquoi ? C’est le déclin d’un monde parce que Bacchus … est amoureux ! Bacchus passe tout son temps avec la Simone et néglige les autres hommes et femmes. Un Dieu doit accorder son amitié à tous et se doit de les aimer toutes.

Mib [email protected]

Michel Brochu

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VIVRE… VIEILLIR… CONTINUER

L’avenir semblait beau… en entamant la route Prémices du bonheur, nous partions pleins d’espoir L’amour nous entraînait, gommant la peur, le doute Activant nos projets, pour ne pas décevoir.

S’installant dans le temps, avec bien des problèmes Savions les surmonter, forts dans le quotidien S’il y eut des ratés, nous avancions quand même Je me voulais sa Muse… Il était mon soutien.

Peu à peu, les enfants sont venus nous rejoindre Ils étaient épanouis, apportant leur candeur Nous compliquant parfois, nos buts et pas des moindres Mais la famille était, avant tout le moteur.

Le travail nous guidait, pas question de paresse Continuant sans mollir, et assumant toujours Ne prévoyant pas trop… le temps de la vieillesse Pourtant, il viendrait bien, le final du parcours.

Les jours, les ans passaient… arriva la retraite Allions-nous voyager, glaner des souvenirs La maladie s’en vient, d’un seul coup nous maltraite Aller à petits pas… ne plus jamais courir.

Voilà que l’un des deux aborde le passage L’autre reste tout seul, avec sa dignité Continuant son chemin, en s’armant de courage Pour qu’ils soient réunis, dans leur éternité.

Marie-France Joyeaux

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Sur le papier

On entend ou on lit souvent, notamment en périodes de grandes cérémonies sportives estivales : L’Euro 2016, le Tour de France, singulièrement. Quand il est question de pronostics, savoir qui est le meilleur, le mieux placé, quelle équipe a le plus de chance de vaincre … On entend donc souvent dire par des gens assis autour d’une table : « Sur le papier », l’équipe de tel pays est mieux placée que celle de tel autre pays ! « Sur le papier », c’est-à-dire en confrontant des chiffres, des statistiques, les performances avant et ailleurs des joueurs, et autres considérations quantitatives… Et après on se demande pourquoi on n’est pas champion d’Europe ! « Sur le papier », le foot, c’est toujours, à la fin, l’équipe d’Allemagne qui gagne, oui, mais … Pour la finale « Sur le papier », ce n’est pas l’équipe du Portugal que l’on voyait le plus souvent à la première place, oui, mais … Il se trouve que les matches se jouent aussi et surtout « sur le terrain ». Ce qui s’oppose à « sur le papier ». C’est bien « sur le terrain »… Quant au Tour de France cycliste, on a aussi entendu que « sur le papier », telle étape était faite pour tel coureur, mais là aussi, il y a la course sur le terrain… Quelle manie ou prétention, de vouloir ainsi ployer la réalité à une représentation que l’on s’en fait, de croire que le réel se réduit à des représentations abstraites que l’on s’en fait, à l’aide d’éléments eux-mêmes abstraits et partiels !... Ah ! Que la vie serait différente (plus belle ???), si l’on pouvait résoudre tous les problèmes comme on les résout « sur le papier »… C’est que les hommes, sur le terrain, sur un vélo, ne sont pas que des résultats quantitatifs, des courbes, des pourcentages, il faut compter sur les passions, les motivations, l’intuition, l’improvisation, le présent de l’expérience, etc. C’est « sur le terrain » que l’on joue vraiment, que la réalité humaine est ! Comment déterminer le meilleur, le vainqueur ? « Sur le papier », c’est aisé. On calcule les chances des uns et des autres. « Sur le terrain », on joue pour de vrai, on prend des risques.

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Et de quel côté est le réel ? Mais on le voit souvent en sport, ce n’est pas cela qui compte à la fin. « Sur le terrain », il arrive que l’Allemagne ne gagne pas ou que le perchiste ne passe pas la barre ! Je constate, je ne juge pas. Je partage même le désarroi du non vainqueur… Mais j’en veux à ceux qui y croient sous prétexte que « sur le papier » ils ont eu une vision et en font miroiter l’illusion ! Je me demande parfois si dans la gouvernance des choses de la cité, on ne procède pas ainsi. Pourtant la chose publique n’est pas un sport. Dans les bureaux, devant des ordinateurs, certains essaient de se représenter l’état des lieux, le sens de l’évolution des événements, des choses à regarder « sur le papier ». On peut dire que … Pronostiquer que… Penser que ça va mieux… Que… Mais on regarde « sur le terrain » ce qui se passe, comment s’est ressenti, vécu, ce peut être très différent. Demandons aux députés qui, chaque fin de semaine s’en retournent « Sur le terrain », observer et écouter … ! Il est plus aisé d’être champion « sur le papier » que d’accepter la dure réalité telle qu’elle advient « sur le terrain » ! Nous, dans notre beau pays de littérature et de grands écrivains, nous sommes parfois plus champions du papier que du terrain et quand, en plus « sur le papier-même, ce n’est pas brillant », on peut s’interroger sur l’issue de la partie qui se joue « sur le terrain ». Ceci dit sans aucune malignité, ni arrière-pensée quelconque, ce ne sont que quelques lignes jetées « sur du papier ». Belle saison « sur le terrain ». Pour ce qui est du « papier », consulter le bulletin météorologique !

Gilles Troger

Sur le papier Sur le terrain

La Gazette des Mauges

Prévisions météorologiques

pour la journée :

Temps chaud et ensoleillé

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La nuit de Noël

Une fois, en mon âme et conscience, j’ai accédé à la supplique d’un mourant. J’ai accepté de le laisser partir au lieu de mettre en place la perfusion qui l’aurait peut-être sauvé. De cette nuit-là, je n’ai pas de remord, pas d’inquiétude, pas de questionnement. Il y a déjà presque soixante ans. J’étais externe des Hôpitaux de Paris. J’avais aidé en salle d’opération toute l’après-midi et jusque tard le soir. J’étais rentrée épuisée et affamée dans l’affreuse petite chambre réservée à l’externe de garde. Je n’avais qu’une envie, dormir. Dormir. Le téléphone a sonné. J’ai entendu une voix bourrue : -Allô ? On vous demande au B4 hommes, c’est urgent. -Mais… -On a dit d’urgence ! Venez immédiatement. Et on avait raccroché… Je suis partie en courant, en pleurant de fatigue, de chagrin, de peur. Le B4 était au fond de l’hôpital, le bâtiment réservé aux « longs séjours », le mouroir. Il pleuvait fort, il y avait dehors un vent terrible. Je suis arrivée dans le grand hall éclairé par une ampoule jaunâtre qui ne donnait pas plus de lumière qu’une bougie. J’avais grimpé quatre à quatre les quatre étages. Une odeur horrible emplissait l’escalier, fade et âcre à la fois, une odeur de crachats, d’urine rance, d’excréments, de linge sale, une odeur de vieux… Je me demandais ce que j’allais faire là-haut, une nuit de Noël. J’avais vingt ans… Je suis arrivée dans la salle réservée aux « longs séjours », le mouroir… Elle était peu éclairée et quatre draps blancs isolaient un lit. J’ai compris que la mort m’attendait. Prise de panique, j’ai voulu repartir, mais une infirmière m’avait vue. -Dépêchez-vous donc, m’a-t-elle criée, furieuse. Je suis rentrée dans l’isoloir blanc, les lèvres serrées sur ma nausée. -Ah ! Te voilà, a grondé l’interne, j’en ai marre ! Je suis crevé et j’ai encore une IVG qui pisse ! Démerde-toi comme tu peux ! Si tu peux… De toute façon… Il a haussé les épaules et est parti sans se retourner. J’ai regardé le lit. Un vieillard y râlait toute l’horreur de la maladie et de la mort. Sur ses deux bras, aux poignets et aux coudes, et sur une de ses chevilles, il y avait

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un pansement non fixé, une compresse toute tâchée de sang. Le tuyau de la perfusion pendait, immobile, inutile… -Il a des veines impossibles a commenté l’infirmière de garde. Elles ont toutes lâché. Il n’en reste plus qu’une. Si vous pouviez essayer… J’ai dit à l’interne que vous étiez habile, l’autre jour vous avez… Je lui ai lancé un regard noir de peur. Elle y a vu certainement un violent reproche car elle est partie sans terminer sa phrase, en me laissant seule, seule avec la mort. J’étais affolée, j’avais peur, physiquement peur de cette mort si proche, peur de « rater la veine », peur de vomir sur le lit. Au prix d’un immense effort, j’ai réussi cependant à m’approcher pour évaluer les dégâts sous les pansements. Voir si je pouvais espérer mieux faire sur la saphène qui restait. Je répugnais à toucher ce corps et j’ai essayé de voir si une veine se dessinait sur ce squelette ridé. Tout à coup, presque malgré moi, j’ai levé la tête : le mourant me regardait fixement, intensément. J’ai vu dans ses yeux comme une prière et j’ai deviné, plus que je n’ai entendu, les mots qu’il prononçait : -Bon ?... Mourir… Souffrir pour rien … Je ne le quittais pas des yeux avec l’espérance folle de pouvoir m’en aller avec sa permission. Mais il a continué : -… Un peu de temps… Rester avec moi… Pas long… J’étais abasourdie. Il me demandait de rester, d’attendre la mort avec lui sans rien faire. Je n’osais comprendre. Ma peur ne voulait pas comprendre. De quel droit d’ailleurs me demandait-il cela ? C’était absurde ! Dans ses yeux il y avait un mélange d’espérance et de désespoir… J’ai tourné la tête et je suis partie en courant vers le box des infirmières, chercher une trousse de dissection. J’avais pris l’air sévère : -Ce sera long ! Très long ! Surtout qu’on ne me dérange pas ! Je désire être seule ! Je suis revenue vers le mourant. Il semblait m’attendre les yeux fixés sur les murs de drap. Je m’accrochais à ce regard voulant oublier tout le reste, à ce regard comme à une bouée. Pour me défier moi-même, pour ne pas pouvoir revenir en arrière, j’ai jeté la trousse de chirurgie par terre, très loin de moi… Les instruments se sont répandus sur le sol, ils devenaient ainsi inutilisables… Puis j’ai enlevé l’écharpe de mousseline que je portais autour du cou pour la poser sur le fil de fer qui entourait l’ampoule électrique. Une lumière rose colora notre

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espace et j’ai regardé à nouveau vers le lit. Une vie nouvelle semblait illuminer les yeux du vieil homme. Je me suis approchée. Il m’a paru sourire, rassurant : -C’est la première fois ? J’ai incliné la tête. Il a repris doucement : -Il ne faut pas avoir peur… Ce ne sera pas long. A mon tour j’ai essayé de sourire en m’approchant du lit. Il m’a tendu la main. Alors, sans réfléchir, j’y ai placé la mienne et me suis assise près de lui. Paradoxalement, je me sentais rassurée par ce contact que j’avais cru impossible. Nous étions deux, deux à faire pour la première fois une bien étrange expérience ! Ce n’était pas la même, mais à deux nous devrions avoir moins peur… Oui, c’est cela. Parce qu’il me donnait la main, il allait m’aider à affronter sa mort. Il me souriait et, après tout, ce n’était peut-être pas si terrible. Dans son regard, maintenant, je lisais une joie infinie. -Merci, m’a-t-il dit, et il a fermé les yeux. Je n’ai pas bougé, comptant machinalement ses mouvements respiratoires, son pouls. A un moment donné, il a été pris d’une quinte de toux et s’est asphyxié. Je l’ai aspiré au mieux et il s’est calmé. Il n’avait pas ouvert les yeux. Il est resté ainsi un long moment. Je savais qu’il ne dormait pas. Sa respiration était devenue plus régulière, son pouls mieux perceptible. J’ai eu l’impression qu’il allait s’assoupir. Les minutes passaient, les heures aussi peut-être, mais pour nous le temps s’était arrêté… Tout-à-coup, il a ouvert les yeux et m’a posé deux étranges questions : -Vous n’avez pas froid ? -Non. Je suis bien. C’est la nuit de Noël. -Vos cheveux ? Ils sont longs ? De ma main restée libre, j’ai enlevé les peignes d’écaille qui les retenaient et j’ai secoué la tête pour les déployer jusqu’à la taille. Je me suis tournée un peu pour que le vieil homme puisse en apprécier la longueur. Leur parfum avait empli la pièce. -…Belle ! Comme vous êtes belle…

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Il avait l’air émerveillé. Toujours silencieuse, je lui ai souri, envahi par une tendresse nouvelle. Sur le moment, je n’ai pas su l’analyser. Plus tard, je devais comprendre que, cette nuit-là, pour la première fois, je connaissais la joie d’être femme sous le regard d’un homme. Nous sommes restés ainsi un long moment puis à nouveau il a fermé les yeux et a paru s’endormir. Les minutes passaient, les heures aussi peut-être… Tout-à-coup, il a eu un brusque hoquet. Spontanément nos doigts se sont entrelacés. Nos regards ne se sont plus quittés. Très lentement, j’ai vu le sien découvrir la Lumière… Ce fut très simple. Je suis restée immobile, ayant peur de paraître impolie si je partais trop tôt. Une présence mystérieuse et invisible me semblait flotter dans la pièce. J’ai essayé d’inventer une prière des morts mais les mots m’ont paru absurdes. Alors, à voix basse, j’ai chanté le Magnificat. Nous étions bien… C’était la nuit de Noël. -Eh bien ! Docteur… La surveillante avait passé la tête à travers les draps blancs et ne termina pas sa phrase. Elle comprit tout de suite. Elle s’approcha du lit et resta un moment silencieuse près de moi. Puis avec douceur, elle dénoua nos mains : -Allez vous recoiffer mon enfant et puis vous irez à l’office. Je vais vous faire servir un chocolat bien chaud. C’est la nuit de Noël…

Marie Letaille

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L’Aquagym

D’abord… D’abord, bien motivée, Je me lèv’ debout du bon pied, En pensant « C’est pour ma santé, Vas y ma belle, y faut t’remuer ! » J’attrape une serviette au vol Et j’enfile un maillot de bain, Tout en pensant que je suis folle De me lever si tôt matin.

Quelques kilomètres en voiture Et déjà je me sens bien mieux. Je cours vers les vestiaires, sûre Qu’enfin je vais me prendre au jeu. A petits pas dans la piscine On commence par s’échauffer, Puis on saute genoux poitrine, On est v’nus là pour en baver. Et on en bave, je parl’ pour moi… Pas d’cadeau pour les cheveux blancs Quand le moniteur fait la loi, Y’a pas intérêt d’être feignant. Mais plus on en bave, plus on rit Les ciseaux qui coupent de l’eau Lancent de joyeux clapotis, Le pied en l’air, ça c’est costaud…

Et les frites aux belles couleurs Qui portent nos appréhensions, Dansent au rythme d’un bonheur Qui jaillit à chaque rebond.

Allez, allez, allez, allez Encore plus vite, encore plus fort Allez, allez, allez, allez, On ne ménage pas l’effort.

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Puis vient le moment de souffler, Des étirements pour finir Le cours vient de se terminer Je n’ai plus envie de partir !

Rhabillée vite, cheveux mouillés, Un petit signe de la main Avant de partir, c’est gagné, J’inscris mon nom pour le prochain.

Françoise Croué

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Deux copines discutent à la terrasse d’un café. -Avec Billy, on a d’abord échangé sur Twitter, puis on est devenus amis sur Facebook avant de se voir sur Skype… -Et alors ? -Finalement, il ne me plaisait pas trop. Je l’ai mis sur le Bon Coin…

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Un couple visite de musée du Caire. Devant une momie, la femme demande à son mari :

-Ca veut dire quoi l’inscription 1625 AV J-C ? -Sans doute le numéro d’immatriculation de la voiture qui l’a écrasée !

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Courir à Châteaumur

Courir à Châteaumur, Use un peu les chaussures.

Pourtant… Sans chichi ni fla fla,

Ils sont venus, Ils sont tous là,

De Pouzauges, de la Flo, ou d’ailleurs, A Châteaumur,

Chère à mon cœur. Jean, André, Pierre et les autres,

Tous de bons apôtres. Edith, piaffe d’impatience.

Coup de pétard, Départ…

Chaussures lacées, La meute est lancée. La côte de Baraude,

Fatigue, taraude. L’obstacle franchi,

Le long ruban défile. Un peu de répit,

Je cours tranquille. La côte du Prieuré,

Dernier coup de collier, Tire sur les mollets.

Après l’effort, Un verre au bar,

Réconfort, Commentaires et bobards.

A Châteaumur, Ambiance assurée,

C’est promis, J’y reviendrai.

Joseph Guédon

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Le monde tourne si vite

Le monde tourne si vite

Sans cesse brouillant les pistes

Le soleil et l’horizon

Captifs du ciel, page bleue

Où quelques signes s’inscrivent.

Néons qui clignotent

Telles les vitrines

Qui s’animent.

La brise fraîche

A bercé le littoral,

Me réveillant sur le gazon humide

Dans les odeurs d’acacia

De foin coupé et de fleurs

Près de ce port de Vendée

Où le visage de Notre Dame des Mers

Penché vers le mien

Apparaît à travers les branches.

Ritournelle folle

Refrains qu’on fredonne

Discours qu’on marmonne.

Je demande parfois à l’océan

Une réponse.

A l’instant même

Où deux enfants

En quête de rivage

Se prennent par la main

Embrassés par les vagues.

Dans ce monde qui tourne si vite

Sans cesse en brouillant les pistes.

Jean-Pierre Constanza

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Carnet de voyage : deuxième partie

16 mai : Gwangju Nous arrivons donc à Gwangju. Nous sommes sur le parvis de la gare dans la file d’attente des taxis. Comme tout bon citoyen coréen, nous attendons patiemment notre tour. Nous venons de supporter un voyage en TGV bien difficile avec nos trois hommes ivres, mais le meilleur reste à venir… Il y a toujours un taxi libre en Corée. D’ailleurs, la file d’attente des clients est sans cesse en mouvement. Les taxis eux-mêmes aident à la rapidité de « l’enlèvement de charge » en créant une seconde file. Un professionnel arrive à notre hauteur au bout de cinq petites minutes. Il ouvre son coffre et nous devons nous débrouiller pour charger nos bagages. Je suis étonnée qu’il ne descende pas de son siège comme auraient fait ses collègues de Séoul. Oh surprise ! Ils ont tous des grosses voitures, mais des coffres minuscules ! Ils roulent au GPL (gaz de pétrole liquéfié pour ceux qui ne connaissent pas !) et le réservoir prend la moitié du coffre. Nous sentons que le chauffeur n’est pas très content de voir nos valises (un peu grosses, je dois l’avouer !). Cependant, il a tout le loisir de nous refuser puisqu’il y a d’autres taxis. Il nous prend en faisant la tête. Nous chargeons la deuxième valise dans l’habitacle, et là c’est le début de la fin ! Ma cousine lui donne la destination. Il répond en maugréant… même sans comprendre une langue, on situe aisément l’humeur de son interlocuteur ! Il est très mécontent de notre façon de charger sa voiture. Il n’a qu’à le faire lui-même si ça ne lui convient pas ! Nous partons en direction de Yong Bong Dong en faisant un large détour pour aller récupérer le chien (Snoop !). Ma cousine descend chercher son chien qui attend tranquillement dans un carrefour avec sa Nounou d’un week-end. Le chauffeur de taxi explose ! Il nous jette sur la rue en pleine circulation (dense de préférence, c’est plus drôle !). Il ne veut pas de filles, ni de valises et encore moins d’un chien dans son taxi ! Nous fulminons toutes les trois. Il a certainement bien compris que nous sommes très mécontentes ! En attendant, nous sommes sur le bord de la route avec nos bagages à l’autre bout de la ville… et le chien. Nous trouvons un autre taxi qui nous attend (Il a sans doute suivi la scène !). Celui-ci veut bien prendre les filles, les valises et le chien. Ouf ! Nous arrivons enfin chez ma cousine après un périple que j’ai trouvé interminable. Son immeuble est immense. En France, nous appelons cela une « barre ». Ici, il n’y a que des « barres » ! Puis comme tout est écrit en coréen, il est presque impossible de se repérer. Je cherche le détail qui fera que je ne perdrai pas.

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Nous montons dans l’ascenseur. Une voix féminine nous dit que les portes vont se fermer (Je l’ai su quelques jours après, je ne parle pas et ne comprend toujours rien en coréen !). Il y a une caméra dans l’ascenseur. Nous arrivons au quinzième et dernier étage. Ma cousine ouvre sa porte et là, re-surprise : les portes d’entrée s’ouvrent vers l’extérieur et il y a un bloc-porte ingénieux. Nous entrons dans un vaste appartement. Il y a trois chambres, un grand balcon du type loggia, une cuisine ouverte sur une salle, un autre balcon du type fourre-tout (essentiel pour tout membre de ma famille qui se respecte !). La vue donne sur la barre d’en face et sur une partie de la ville… derrière, il y a les montagnes. Je suis en ville, avec des constructions démesurées (En France on appellerait cela une cité) et pourtant je me sens complétement dépaysée. Nous nous installons. Ma chère cousine a préparé le repas et pour me faire une blague a disposé des baguettes à côté de mon assiette. Je m’insurge et lui demande une fourchette. Elle me répond qu’il n’y en a pas chez elle. Heureusement que j’ai ma fourchette de secours ! Elle finit par me sortir une fourchette… comment manger avec deux morceaux de bois ?! Voilà plus de vingt ans que j’essaye sans résultat. J’ai capitulé. Cependant, elle ne l’entend pas de la même oreille ! Elle tente de m’expliquer sa technique… Je reste dubitative mais pas complétement fermée. Et là, VICTOIRE ! Je réussis pour la première fois de ma vie à me débrouiller avec mes bouts de bois ! Depuis je ne les lâche plus ! Nous mangeons et allons nous coucher, épuisées. Nous n’avons rien programmé pour le lendemain, on verra ! L’essentiel c’est que je sois sortable au restaurant avec ma fourchette au fond du sac et mes baguettes dans les mains !

17 mai. Il fait un temps moyen… Je propose à ma mère de faire une journée « off ». Je n’arrive pas à récupérer du voyage. J’ai envie de me poser un peu. J’ai accompagné ma cousine le matin à son travail. Le midi, nous y retournons pour manger avec elle après avoir traîné dans l’appartement. Nous pique-niquons dans un jardin situé derrière la Biennale. Nous avons acheté nos sandwiches dans un magasin qui se nomme « Paris Baguette » : c’est drôle ! L’après-midi, nous traînons à nouveau, regardons les guides… et promenons Snoop ! La journée se passe ainsi. En plus, il se met à pleuvoir. Il est prévu de la pluie pour le lendemain également et nous n’avons toujours rien décidé de nos visites touristiques.

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18 mai. 18/05/1980 – 18/05/2010 : Je note la date car elle est très importante à Gwangju. C’est le trentième anniversaire de la révolution « étudiante ». Il y a eu des affrontements sanglants. Nous voulons voir les commémorations, mais les guides sont clairs : il y a encore des dangers ce jour-là. Nous capitulons et reportons cette visite à un autre jour. Il pleut. En France on appellerait cela un déluge. Ici c’est une petite pluie presque habituelle ! Je m’attends à voir les autochtones marcher pieds nus (c’est ce qu’on m’avait dit !). Il n’en est rien, la pluie n’est pas assez forte ! Nous allons manger le midi avec ma cousine dans un restaurant. Chaque jour je découvre de nouvelles saveurs. C’est impressionnant ce culte de la nourriture. Nous décidons de visiter le marché couvert l’après-midi. Il est inutile de faire autre chose, la pluie tombe sans cesse. Nous partons, ma mère et moi à l’assaut de la ville. Il faut savoir qu’à Séoul, on peut parler anglais, même avec un accent français horrible : on se fait comprendre aisément. Par contre, à Gwangju, on parle coréen ou… coréen ! Or, pour aller au marché couvert, il faut traverser la ville. Il y a le bus éventuellement… mais il n’y a pas de plans de bus ! Il ne reste que les taxis (très accessibles en Corée). Nous ne savons pas dire « s’il vous plaît » ni « merci », Nous ne savons dire que « oui » ou « non ». Je sens que cela va être épique ! Nous voici en route vers l’aventure, pas franchement rassurées ! Un taxi nous conduit à Yangdong. La dame nous montre l’entrée du marché en nous donnant des précisions en… coréen. Nous ne comprenons strictement rien et la remercions en… anglais !

Nous entrons dans le marché. Des couleurs, des odeurs éveillent nos sens. Nous sommes observées. Nous sentons les regards interrogateurs. Nous commençons par les étals de poissons et légumes. Il y a les fameux poulpes vivants ! Mais aussi des crabes (Dans le langage breton : des étrilles) qui grouillent dans les bacs… Nous voyons beaucoup de choses inconnues aussi !

Il y a des légumes en tout genre, des racines, des mets séchés, des épices, des canards, des poulets vivants dans des cages posées les unes sur les autres. Les odeurs sont fortes. Nous nous enfonçons encore dans le marché. Nous atteignons le coin des vêtements. Nous y voyons plusieurs échoppes de vêtements traditionnels. Nous nous extasions devant des robes aux couleurs vives, des tenues pour enfants, des costumes sombres pour hommes. Nous prenons des photos avec l’aval des commerçants.

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Nous voyons la vie du marché au cœur de la ville, au cœur de la population. Nous décidons de rentrer à l’appartement, il paraît que ce soir est prévue une sortie avec les amis de ma cousine. Nous sortons notre plan de Gwangju pour reprendre un taxi vers Yong Bong Dong. Un monsieur vient nous voir pour nous aider. Il ne parle que coréen. Une femme qui passe s’arrête également et commence à nous parler en anglais. C’est impressionnant comme les gens dans ce pays n’hésitent pas à prêter main forte aux étrangers perdus ! La dame nous indique où et comment prendre le taxi, le temps qu’il doit mettre pour nous conduire à destination et le prix que cela doit environ coûter. En route ! Vous pouvez constater que nous sommes arrivées à bon port, sinon je ne pourrais pas écrire la suite de ce carnet ! Un ami de ma cousine doit passer nous prendre en bas de l’immeuble. Nous allons rencontrer un certain Olivier… un français ! Non ? Je n’y crois pas ! En plus, il est Rennais (Il vient de Romillé exactement !) ! Nous allons entendre parler français ! En effet, Olivier nous attend en bas dans un taxi. Nous partons en ville rejoindre d’autres personnes pour aller dans un restaurant particulier. Olivier est professeur de français à Gwangju depuis quelques années. Il parle le coréen sans peine. Nous arrivons à destination. Nous nous rendons au fond d’une ruelle vers un restaurant typique coréen. A l’entrée, nous voyons un amoncellement de chaussures plus ou moins bien rangées. Tous les casiers sont pleins… alors laissons nos chaussures parmi les autres ! Nous pénétrons dans le petit restaurant après qu’Aurélie (ma cousine) ait vérifié que nous ne nous trompions pas d’endroit. Nous faisons connaissance avec trois autres de ces amis : Gogo, professeur d’anglais, Seung Mi professeur de coréen et Ekaterina professeur de russe. La conversation se fait en coréen, français et anglais… de quoi y perdre son latin ! Nous mangeons du canard cuisiné d’une façon extraordinaire. Je suis subjuguée par de telles saveurs. Mais surtout, je suis fière de pouvoir manger avec mes baguettes : la classe ! Après le repas, nous faisons un « after » chez Aurélie : Gogo apporte des gâteaux, il y a du vin français. Nous passons une soirée mémorable. Gogo propose de nous sortir le lendemain pour nous faire visiter quelques endroits… elle reste secrète dans le choix des destinations. Rendez-vous est pris pour demain matin à dix heures. Dans la foulée, Olivier nous invite à l’accompagner à l’est du pays le surlendemain. Nous nous engageons à le suivre pour aller voir ce qu’il ne faut, paraît-il, rater sous aucun prétexte.

19 mai. Gogo, armée de sa voiture nous conduit à l’assaut de la région de Gwangju. Elle sait que nous voulons voir le mémorial de la révolution de 1980. Nous commençons par traverser le campus immense de la ville. Il est plus grand que celui de Beaulieu à Rennes. Nous nous dirigeons vers le mémorial du 18 mai. Pour s’y rendre, il est

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possible de prendre un bus : le 518 (les dates sont écrites en anglais, le mois avant le jour) qui fait le tour des sites sur lesquels les heurts ont eu lieu. Dans le musée, la révolution est décrite heure par heure. Gogo nous donne quelques explications sur ce que nous voyons, mais reste très discrète. Les Coréens ne parlent pas du passé. Je réalise qu’elle a vu la révolution. En effet, elle nous dit où elle était à ce moment-là, ses souvenirs. En sortant du mémorial nous sommes invitées à écrire un vœu sur un ruban de tissus. Lequel ruban est accroché sous nos yeux parmi les autres… moment fort. Après cette visite, nous nous rendons dans la capitale du piment. Gogo fait une émission culinaire dans une radio locale. Elle est une très bonne cuisinière… et nous fait visiter un marché du piment hors du commun. Nous repartons avec quelques spécialités ! Bien entendu, nous allons dans un restaurant typique juste après ! Nous nous régalons. Nous allons ensuite faire une promenade digestive. Nous partons à l’assaut d’une montagne. Après une longue marche (plus de cinq minutes !) et après avoir grimpé un escalier interminable, nous atteignons enfin le sommet. Le point de vue est magnifique ; En redescendant, nous nous arrêtons devant un temple bouddhiste. Une femme moine nous invite à y entrer. Gogo nous explique quelques détails de la religion. Les temples sont situés dans les montagnes car il y a eu une époque où il était interdit de vénérer Bouddha. Alors les religieux sont allés se réfugier dans les montagnes, et depuis, ils y sont restés. Il y a des lampions tout le long du chemin. Il est vrai que dans deux jours ce sera l’anniversaire de Bouddha ! En Corée, il y a 39% de Bouddhistes, 46% de protestants. Le protestantisme est à l’image de ce que l’on peut voir aux Etats-Unis. Nous repartons vers Gwangju. Gogo a décidé que le soir elle fera la cuisine pour tout le monde et que nous nous réunirons à nouveau autour d’une table. Nous passons chez Gogo chercher de la nourriture. Au pied de son immeuble, il y a un jardinet avec des piments et de la salade. Elle nous demande d’en cueillir. Cette salade semble appartenir à tout le monde. Une voisine arrive et cueille elle-même la salade pour nous. Nous partons chez Olivier qui loge sur le campus. C’est là que nous dînons.

A suivre…

Gabrielle de Kerdrezec

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Aux rayons d’un premier soleil d’été

Tu l’as laissé deviner Ventre à peine rebondi D’une promesse Réjouie Au chemin d’espérance

Au solstice d’hiver et d’impatience Ventre rond épanoui

L’heureux Noël de Marie Te devance Au chemin de délivrance

Au jour de février terme accompli

Par un matin rafraîchi Premier cri Bébé est là Tant attendu Grande joie Au chemin de confiance

A leur premier-né endormi

Si petit si démuni Mère et père tout émus Murmurent Que seras-tu Au chemin de croissance

Julien Mézière

Premier

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Te souviens-tu…Par Gabriel Gallard

Te souviens-tu de ces longues promenades, Au bord de notre Loire dans la brise vagabonde ? Nous rêvions tous les deux au soleil couchant, De tout et de rien au long de chemins sans fin…

Te souviens-tu de ces longues promenades, Au bord de la mer dans la chaleur des étés ? Nous baignions dans un immense nuage de bonheur, Flirtant avec une ivresse paradisiaque. Te souviens-tu de ces longues promenades, Au bord du vieux canal ceinturé d’herbes folles ? Nous faisions ensemble plein de projets d’avenir, A n’en plus finir inondés par nos délires.

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Les Sortilèges de la nuit

Ô nuit mystérieuse, Que caches-tu sous ton front sombre ? N’es-tu qu’un voile opaque Dissimulant des intentions coupables ? Dans cette obscurité ténébreuse, Caches-tu des forces maléfiques Pour masquer de sombres méfaits Ou accompagner les sorcières Volant sur des balais dans ton ciel noir ? Evanescente le matin, tu reviens superbe chaque soir.

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Ô nuit secrète, Si proche et si lointaine, Au sein de ta noirceur inquiétante Se croisent les ombres errantes, les âmes perdues Comme dans les souterrains confus de l’être. Nuit sombre, violente, terrorisant les marins Sur des bateaux en perdition vers les rochers des enfers. Dans la magie noire de la mer et des étoiles disparues, Tu distilles des espoirs, du courage Pour atteindre l’aube et la lumière.

Ô nuit magicienne, A l’heure où tu tombes sur le tumulte des jours, Où les choses viennent à la tête et au cœur, Chimères semblables à des fleurs, Toi, tu avances lentement pour dévorer l’infini du ciel. Charmeuse, tu es propice aux rendez-vous amoureux. Tu es le réceptacle des rêves, des confidences, Complice parfois d’abandons festifs. Tu transformes allègrement des souhaits en certitudes, Brisant des cœurs en sacrifice à ta gloire.

Ô nuit éblouissante, Prépares-tu la venue de ta déesse lumineuse Entourée de sa cour scintillante ? Quand, dans tes innombrables ténèbres, Arrive « l’heure bleue » Avec son sac d’étoiles semées à profusion, Formes-tu une farandole étincelante Autour de ta reine nocturne ? Sais-tu que ta beauté inspire Les poètes qui te célèbrent ?

Marité Vendée

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Du bonheur à l’horreur

Installée sur les épaules de son papa, Anna a des étoiles plein les yeux.

L’air tiède sent bon la barbe à papa. Autour d’elle, la foule est heureuse.

Un joyeux brouhaha éteint le roulis des vagues.

Le ciel, de mille couleurs s’illumine. « Ooooooh » s’écrie la foule en joie ! Anna n’en revient pas. Elle jubile !

Au son d’une musique d’ambiance

Les fusées explosent sur la mer. Le bonheur, les vacances, l’insouciance…

Anna sert fort les mains de son père et sa mère.

Le bouquet final terminé, il faut maintenant rentrer. Anna a gardé dans son cœur, ses oreilles et ses yeux

Toute la beauté de cette merveilleuse soirée, Jusqu’au moment où arrive… l’odieux !

Dans un tumulte, une pagaille incroyables, indéfinissables,

La foule se met à hurler, à courir, à s’écrouler… Le trottoir, la chaussée sont désormais jonchés de cadavres,

Des blessés. Des hommes, des femmes, des bébés…

Une vision de guerre ! Une vision apocalyptique ! Inimaginable ! Inadmissible ! Impensable !

Une machine à tuer a déambulé, libre de tout acte de barbarie Elle a écrasé, froidement des humains vulnérables.

Les confettis de lumières devaient rejoindre les étoiles

Ils sont retombés en larmes de sang. La promenade s’est nappée d’un voile

Désormais sur la Baie flottent de trop nombreux Anges !!!

Christine Gourdon

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Loisirs d’après-guerre

Après la guerre la vie reprit progressivement ses droits. Le samedi soir, les cinémas faisaient le plein. La séance se scindait en plusieurs parties. La première, c’était les actualités de la semaine, l’information en images complétait

celle de la radio. Un petit film comique, souvent « Laurel et Hardy » et l’entracte d’une demi-heure.

L’importance sociale et relationnelle de l’entracte était indéniable. C’était un moment d’échanges et de rencontres. C’était très animé, comme dans un salon lors d’une soirée. Les échanges n’étaient pas tous d’heureux événements. C’est lors d’un entracte que Gaétane a entendu parler pour la première fois de la guerre d’Indochine. Oui, la France était libérée, mais tellement appauvrie que cela engendra le processus de la décolonisation. Après l’Indochine, ce fut la guerre d’Algérie. Cette dernière concernant directement sa génération.

Après l’entracte, nous avions le film.

Au Palace, il y avait une salle de cinéma et une salle de danse. Cette dernière n’était ouverte que le samedi soir. Gaétane et ses parents terminaient la soirée au bal. C’était très familial. Rien à voir avec les discothèques actuelles !

Souvent, le dimanche, entre jeunes, des après-midi dansants étaient organisés chez l’un ou l’autre. Les parents n’étaient jamais bien loin ! Cela ne gênait personne. Les filles avaient intérêt à être sages. Ces sauteries permettaient souvent de trouver l’âme sœur et cela se terminait par un beau mariage. Les agences matrimoniales étaient inutiles.

Une fois par mois, au Kiosque à Musique du Mail, l’Harmonie Choletaise donnait un concert gratuit. Le public était moins populaire qu’au cinéma. Et c’était l’occasion de rencontres différentes.

Au 14 juillet, pour rien au monde Gaétane n’aurait manqué le Bal des Pompiers. Populaire, bon enfant, c’était son bal préféré. Il servait surtout à la bonne cause.

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Les Fêtes de quartier reprirent. On peut citer celle des Deux-Ponts, surtout célébrée pour son concours de chansons. Se promener le soir en ville faisait partie des plaisirs nouveaux, si longtemps interdit. Les vitrines toutes illuminées des magasins exposant tant de belles choses, ne pouvaient que faire rêver, après toutes ces années de restriction. Gaétane ne pouvait rien acheter. Cela, cependant lui donnait une idée de la mode qu'elle copiait pour confectionner ses vêtements.

Le marché reprit, lui aussi, du service, sur la place du centre ville. Le matin, Gaétane adorait aller au marché au beurre avec le plus jeune de ses cousins. Les paysannes leur permettaient de goûter leur beurre. Avec elles, ils parlaient patois pour le plaisir. Elle n’aurait pas voulu manquer cela. L’après-midi, ils retournaient au marché, pas forcément pour acheter, mais pour la joie d’écouter les camelots faire leur boniment, regarder les différents stands ; se retrouver, tout simplement, au milieu d’une foule heureuse.

L’après-guerre fut une période où les gens trouvaient agréable de se rencontrer, de discuter. Le soir, entre voisins, ils sortaient les chaises sur le trottoir pour passer la soirée ensemble.

C’était bon d’être libre, de pouvoir revivre.

Eva Sapin

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Habituellement calme, un petit village du Pays de Galles connaît depuis quelque temps une drôle d’agitation…

stupéfiante. Des troupeaux de moutons viennent semer la panique chez les habitants et commettent d’importants

dégâts. Après enquête, il s’est avéré que ces ovins avaient dégusté les restes d’une plantation de cannabis ;

ce qui les avaient rendus agressifs ! La police a été chargée de passer les environs au peigne fin afin de

détruire le moindre brin d’herbe suspect. Reste à savoir si les gigots issus de cet élevage auront des propriétés hallucinogènes !!!

Bêêê… Bêêê … Bêeê

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Par Gilles Troger

Où êtes-vous allés en vacances cet été ? Qui, aux Baléares, Qui au Pirée, Qui à Pétersbourg !... Et vous ?

Nous ? A Vic Sur Cère ! Quoi !!!... !!! Eh ! Oui. Ce n’est pas une « grande destination », mais si vous avez ou créez l’occasion, ne ratez pas ce détour. C’est une accueillante commune du Cantal, en bas de l’Auvergne. Ce n’est pas un « village au fond de la vallée », ni déposé ou accroché sur un sommet ; il serpente langoureusement, paresseusement à mi-hauteur (pas plus de mille mètres d’altitude). L’environnement fait rêver et laisse rêveur. Des vallonnements ondoyants, verdoyants, pleins de fraîcheur, que l’on imagine facilement habités par quelques farfadets ou autres esprits joueurs ! En haut, à l’horizon, les sommets des anciens volcans ; on ne sait s’ils viennent pousser les nuages, ou si ceux-ci viennent s’y déposer, s’y reposer ! Quand la brume s’y étire, on croirait que c’est la fumée d’un réveil tardif et on imagine la surprise et la terreur des habitants de cette époque lointaine voyant le feu, les flammes, les cendres surgir des entrailles des monts du Cantal et illuminer puis obscurcir toute la région ! Un paysage donc à éveiller ou réveiller l’imaginaire du touriste comblé. Et, à l’extrémité de la bourgade, sur la route d’Aurillac, un havre de paix. Le « Family Hôtel ». C’est plus qu’un hôtel, qu’un restaurant, c’est un lieu de repos, de détente, de sérénité, de plaisir continu… C’est un Office du Tourisme, c’est un guide touristique, il n’y a qu’à demander, interroger !

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On dit quelquefois « Le mieux est l’ennemi du bien ». Ici « Le mieux est l’ami du bien et du mieux ». Du sourire de l’accueil, au sourire du départ ! La chambre est accueillante, confortable, fonctionnelle. Fenêtre ouvrant sur la vallée. On y dort bien, nos rêves s’y épanouissent. La note vaut au moins seize ! La restauration est raffinée avec des produits locaux renommés, travaillés par un cuisinier à la hauteur, servis par une chorégraphie habile et souriante. On sort de table, comblés. Une note ? Au moins seize là aussi ! En plus de ce « minimum », le « Family » nous offre divertissements et animations divers : Tennis, boules, piscine intérieure et extérieure, des jeux variés… Si on en éprouve le désir, si on préfère ne rien faire, c’est également possible : le salon de lecture nous offre ses fauteuils et canapés, et le parc immense ses ombrages, ses chaises-longues sur la pelouse à l’ombre ou au soleil. Au choix, selon les goûts et l’heure de la journée… Les environs proposent promenades, randonnées, visites. Les villages typiques ne manquent pas. L’architecture romane, les prairies nourricières de l’excellent bétail régional fournisseur de lait, via nde et fromage…

En un mot, de quoi être bien heureux (En deux ou un seul mot !). Je vais écrire au Ministère du Tourisme pour demander d’inscrire en grand :

« VIC SUR CERE » Sur les cartes routières, les guides Michelin et autres points d’informations…

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Poète du dimanche

Un tantinet désuet, cet être curieux

Qui tente d’agencer de façon fort bizarre

Des mots et des idées ! Pour lui n’est-ce qu’un jeu

En les mettant en phrase, d’en extraire le hasard ?

Pourquoi, à ses écrits, cherche-t-il à donner

Un relief que d’aucuns estiment bien précieux ?

Tenter d’offrir un rythme, une sonorité

A quelques bouts de phrase n’est-ce pas prétentieux ?

Qui peut donc l’inciter à ainsi exprimer

Ce qui souvent demande à partir en fumée

Sinon la prétention de fixer un instant

Une furtivité sensible au moindre vent ?

Epingler les images de son petit nuage

Le confronte à l’épreuve de la réalité

De la subtilité et des pièges du langage

Pour offrir à son texte une fluidité.

Chercheur impénitent du délice de mêler

A des règles métriques ses élans spontanés,

Versifier crée en lui une forme de tourment

Où, s’y adonnant, il trouve son agrément.

Au strict anonymat il se sait condamné.

Mais lorsque par hasard il croise une âme-sœur

Sensible à l’émotion qu’il souhaite partager

Cette occasion fortuite suffit à son bonheur…

Démêler l’écheveau qui lui trotte dans la tête

En tentant d’y donner parfois un air de fête,

Est-ce de la poésie ? Peut-être, peut-être pas ?

Elle surgit de partout quand on ne l’attend pas.

Yves Point

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Absences, par Jackline René Ils riaient tous. Nous fêtions de départ de Jeff. Un reportage de trois semaines.

Une absence légitime pour un grand journaliste qui s’envolait toujours pour les

points chauds du globe.

Je riais aussi, tout en souffrant d’une infirmité invisible qui maintenant à

chaque départ me terrassait. C’était arrivé comme cela, sans un signe d’avant-

garde, chaque absence de Jeff, maintenant me paraissait affublée de figures de

prétextes. Le soir après son départ, je restais prostrée, anéantie, essayant en vain

d’en connaître la cause.

Ils riaient tous. Mon plateau à la main, je me faufilais entre chacun, obsédée

déjà par la question qui se posait à moi à chacun de ses départs. Pourtant, rien

n’avait changé dans notre vie ; ses absences ne rompaient nullement nos liens et nos

complicités, mais elles faisaient naître en moi une angoisse indéfinissable qui

m’échappait.

Ils riaient tous. Une soirée fêtant un départ prévu,

c’était un rite normal au journal. Il partait, il

reviendrait. C’était son job, son affaire et on le fêtait. Il

était joyeux, détendu, et moi je baissais les yeux.

Le lendemain, la valise fermée, le sac rempli, il se rasa

de près, sifflota, avec sur le visage le sourire en biais

d’un lutin. Je le regardais en m’affairant à de petites

choses ; les miennes, et dans ma poitrine ce pincement auquel je ne pouvais trouver

aucun nom me taraudait. Il m’embrassa tendrement… mais très vivement. Il avait

hâte, comme s’il ne pouvait plus rester dans cette maison un temps de plus. En

ouvrant la portière de sa voiture, il me fit encore un signe de la main, et ce geste,

j’en fus certaine, ressemblait à une mais solide cassant une toile d’araignée qui

l’emprisonnait. Alors que toutes ces années à deux je les voyais comme un pilier,

lui, maintenant, les pressentait comme un piège, ce n’était pas ses départs qui

étaient en cause mais sa façon de partir. C’était cela, juste cela.

J’ai pensé soudain à cette phrase écrite par un vieux sage.

« En cas de doutes, assied-toi sur le bord du chemin. Il te faut juste attendre, et

alors tu retrouveras ta route. »

Il se mit à pleuvoir, j’ai pensé qu’après la pluie venait toujours un arc en ciel. Dans

l’instant cela me suffisait. Il fallait que ce soit comme cela, en ne pensant à rien

jusqu’à son retour.

J’ai arrosé mes géraniums.

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Confession d’automne

Je voudrais vous décrire les charmes de l’automne Les aubes orangées festonnant les nuages Le bruissement des ailes des oiseaux de passage Au-dessus des marais canards et tagornes

Mais j’ai vu ce matin de terribles images D’Alep sous les bombes et que l’on abandonne.

J’aimerais vous parler des rides de la plage Quand la brise d’octobre sur le sable frissonne Des mouettes affamées qui dans les champs braconnent Et des hérons cendrés cherchant les coquillages

Mais j’entends ce mardi les mouches qui bourdonnent Dans cette île lointaine que l’ouragan ravage.

J’irais bien en forêt le long de la Boutonne Ecouter le pinson et son doux babillage Surprendre le pic-vert pendant son piquetage Dans le tronc d’un vieux chêne qui sous les coups résonne.

Mais j’écoute aujourd’hui le singulier langage Des bâtisseurs de murs autour de l’hexagone.

Si nous partions ensemble mon double mon sauvage Pour échapper enfin à la vie monotone Loin des tribuns de foire agités qui claironnent Dont on connaît par cœur les tristes radotages

Mais je me tiens tranquille comme vous je ronronne Je suis un indigné qui manque de courage.

Maurice Michenaud

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Couleurs d’automne

Dans ce matin d’automne où germent les frimas, Une larme perle sur la joue d’une rose Meurtrie dès son réveil, pourtant à peine éclose Sanglot d’amertume, prémices d’un trépas.

Regorgé de chaleur l’été fut très cruel, Torturant les arbres et réduisant en cendres Les herbes asséchées, les feuilles les plus tendres. Maux irrépressibles, feuilleton perpétuel.

Dans le ciel sans couleur imprégné de silence, En flèches étirées, des oiseaux migrateurs Vont à tire-d’aile vers plus douces chaleurs, Pour ces grands voyageurs l’exode recommence.

De longs doigts de brume caressent la rivière Qui cache ses frissons dans sa robe de nuit. Alors que lentement le toit du ciel bleuit, M’apparaissent tout près quelques nids de lumière.

Victimes de rancœurs et de démangeaisons, Les arbres affaiblis voient rougir leur feuillage. Octobre s’étourdit dans le ruisseau volage, Au désordre des temps s’opposent les saisons.

Fleurs du crépuscule, les étoiles lointaines Décorent les ombres et le linceul du jour. Les couleurs s’atténuent puis fondent tour à tour. Les jours ont rétréci, les nuits sont souveraines.

L’automne nous séduit par ses chaudes couleurs, Ses pourpres capiteux, ses rouges sanguinaires, Mais annonce déjà aux âmes solitaires Les démons de l’hiver : le froid, l’ennui, les pleurs.

Louis Frétellière

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BUS DATING… AUX PLACES RESERVEES

N°1 est montée en même temps que moi. Première place réservée.

Regard paisible. Sourire aux vitres. Bob à l’ancienne moka délavé, tissus désabusé. Tricot ciel à jamais gris bleuté. Pantalon flottant ivre du mal de solitude. Simplicité calme. Œil bleu vif attentif. Aquarelle teintée. Regard d’une grand-mère, mais l’âge d’une mère. N°2 arrive à l’arrêt suivant. Deuxième place réservée.

Vue de dos. Démarche serrée. La bouche est pincée fine certainement. Coiffure casque blanc. Poil blanc. Presque le dos d’un chien. Rasée de près qu’on a envie de caresser. « Cougarde » s’il en fallait. Lunettes soleil « Tortues Ninja ». Regards invisibles. « Alien » peut être version croisette. Ne lèvera jamais ses lunettes. Collier perles plastiques. Vêtements anciens de son avant vieillesse. « Au street painting du débutant, c’est marge Simpsom ratée ». Elles ne vont pas ensemble du tout. Silence. On roule. Silence. On engage des… silences. Et puis tout à coup au fur et à mesure des tournants et des détournants de la rue,

leurs regards détournés ont dû se croiser. Quelque chose dans la ville les a interpellées en même temps. Silence. On cause… on cause. Je ne peux tout entendre. Elles ont l’âge des personnes discrètes. Il faut tendre l’oreille. N°1 est en face de moi. Je peux m’aider des mouvements de ses lèvres pour mieux saisir le fil de leur conversation.

N°1 Née à Paris. 12ème arrondissement.

N°2 Vient du même quartier

Cela va accrocher. Bien étonnant. Je n’y crois pas. N°2 Garde ses lunettes « Tortues Ninja ».

N°1 Ma mère m’amenait au marché du Faubourg Saint Antoine juste à côté.

Je n’y suis pas restée longtemps. On est parties.

BRRRRVVVVVVRRRR. Répond le bus. Je suis partie dans un autre quartier… Il y avait un marchand de meubles dans un renfoncement. N°2 Oui… oui, je m’en souviens.

N°1 Mais je ne suis pas restée

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N°2 N’est pas restée non plus. A déménagé dans le Nord.

Tout cela pourrait les rapprocher. Leurs confidences vont-elle les mener plus loin ? Amitiés possibles ? N°1 Née en 1920

N°2 Ne dit pas son âge… Vous avez 93 ans

Elle a moins sûrement… La multitude des non restés des deux côtés me fait dire que cela ne durera pas. Ne resteront pas. Encore une fois. N°1 raconte qu’avant ils étaient trois, descendus ici à la retraite de son mari.

Le troisième qui n’est pas le mari ? Pas dit ? Cancer. Oui ça été dit.

Je suis toute seule. Je reviens du cimetière. Je ne peux pas me passer d’eux.

Je vais leur parler. J’en ai besoin.

Elle se lève entre deux temps morts !!!!! !!!!!

N°2 Ah moi, non. Les mains levées au plafond du bus. Je ne vais pas au

cimetière ! Je ne peux pas !

Bientôt l’arrêt libérateur. N°2 Peut-être regrette ce qu’elle a dit ?

Vous savez ce que je fais ?

Oh ! Ne vous moquez pas. J’ai leurs portraits et je les embrasse tous les jours.

N°1 Eclair intense dans ses yeux. Quelqu’un qui la comprend. Elle aussi ne

peut s’empêcher d’embrasser ses photos. Yeux embués.

A pris goût à l’échange réconfortant. Les yeux pétillent. Elle descend, démarche boitillante et s’en va trottinant. Rêve à une autre conversation au BUS DATING. Un jour… N°3 Arrive à la place de la N°1 ; Sans prévenir. Sans mot dire. Œil silencieux.

Bouche close. Suit des yeux N°2. L’examine. Pense comme moi. Plus rien ne se

passe. Ces deux-là ne sont pas au même rang. Ou bien N°2 a plongé dans ses souvenirs. Remontés, ils empêchent toute nouvelle rencontre ? Je ne mérite pas sa place réservée. Elle n’a pas le droit de jouer. Elle paraît trop jeune. N°2 Va bientôt descendre. Près de la sortie, un vieux monsieur lui parle en

souriant. Les yeux vifs. Ils papotent. Tiens, le BUS DATING, ce n’était pas les places réservées ? Quelques minutes encore. Une autre chance pour N°2 ? Bientôt le bus s’arrête. Ils descendent tous les deux. Coup de foudre soudain ?... Côte à côte dans la même direction. Ils vont. Le bus démarre. Je les cherche des yeux sur le trottoir. A travers les vitres. Et puis soudain, N°2 passe

sa main au bras de son monsieur. Non déclaré. Caché. Inavoué. Il a su rester là-bas au fond du bus. Silencieux.

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MENTIR AU BUS DATING : Ne pas tour raconter pour plaire à ce voisin jusqu’au prochain arrêt. Pourquoi donc raconter ce chagrin à décharge… ? L’instant d’un faux partage peut se renouveler sur un prochain voyage… Faudra donc se cacher. Se taire quelquefois. Pour ne plus abuser. Mais à cet âge-là ? Prochain arrêt… Ou pas ? Les secondes se passent, se chargent d’émotion et durent la journée. Les heures se succèdent. Les souvenirs s’égrènent. Pourquoi ne pas mentir si personne n’en souffre ? Pourquoi se mettre à nu ? A quoi cela sert-il ? A cet âge, demain ou dans une minute…

La sagesse des ans ou le manque de temps nous apprend à classer toutes les vérités.

Monique LEFEVRE-MAURE

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Blague ou canular : « Faire un Poisson d’Avril ». Raconté par Louis Frétellière

Le Comte de Toulouse, fils de Louis XIV et de Madame de Montespan, voulut

faire une blague au marquis de Grammont. Un certain 31 mars, au soir, le Comte

lui déroba ses vêtements qu’il fit rétrécir au cours de la nuit. Au matin du 1er avril,

le marquis, s’affola, il ne pouvait plus entrer dans ses habits. Il redoutait une

Hydropisie.

Déguisé en médecin, le comte arriva opportunément, l’examina

avec attention et réflexion, confirma l’enflure et rédigea une

ordonnance en…latin. Cela faisait plus sérieux. Le pauvre

marquis n’y comprenant rien.

Sur cette ordonnance était écrit :

« Accipe cisalia et dissue purpunctum »

Autrement dit « Prends des ciseaux et découds le pourpoint ».

On imagine la tête de l’apothicaire !!!!

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Le Silence n’est pas Le silence n’est pas par Maurice Michenaud Une absence de bruit Quand, du jour, les fracas S’apaisent avec la nuit.

Le silence c’est aussi Ce moment d’embarras

De ton ancien ami Devenu un judas.

Le silence se fit Quand John Lennon tomba Dans New-York endormie Le passant se figea.

Silence du forçat Cloué au pilori

Silence du soldat Tombé pour la Patrie.

Silence avant le si Le do le mi le fa De cette symphonie Ou de cet opéra.

Dans l’usine à la casse Silence de l’outil

Silence le temps passez Silence de l’oubli.

Du silence le prix Au pied du Golgotha Celui du bonze assis Au temple de Bouddha.

Mon silence ébloui Lové entre tes bras

Lorsque tu me souris En murmurant tout bas Que c’est bien pour la vie

Que tu m’aimes aujourd’hui Et que l’on s’aimera.

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Le mystère des Buissons, par Amir Fehri (13 ans)

Un jour, alors que nous étions en classe, le professeur de français nous a demandé de lire un livre et de le résumer. Il a aussi indiqué que le travail serait noté. Enfin, il nous a informés aussi que le choix du sujet était libre. Pour moi, la lecture était très importante. C’est pour cela que je suis parti le jour-même à la bibliothèque pour emprunter un livre. J’ai cherché durant plusieurs heures mais, je n’ai pas trouvé de livre qui me plaisait. Je suis alors

rentré, désespéré et mécontent de n’avoir trouvé aucun ouvrage me convenant. Le soir, mon père est rentré avec son quotidien habituel « Le Figaro ». J’ai lu que le lendemain, serait inaugurée une très grande bibliothèque au cœur de la ville. J’ai passé une très bonne nuit tout en ne cessant de penser au livre que j’allais choisir. Le lendemain, je me suis précipité avec ma bicyclette vers la nouvelle bibliothèque. En effet, elle était assez grande comme je l’avais deviné. Je suis entré et me suis dirigé vers le rayon Jeunesse. C’est là que j’ai trouvé un livre qui attira mon attention. Il s’appelait « Le Mystère Des Buissons ». Je l’ai pris et suis rentré chez moi. J’ai commencé alors à feuilleter ses premières pages : Il était une fois un garçon qui s’appelait Jean. Un jour, il est parti au bord de la mer. Et soudain, un chemin épineux apparut qui l’empêcha de passer. Je me suis dit alors « Quelle coïncidence ! Moi aussi je m’appelle Jean ! ». J’ai arrêté de lire pour aller dîner. L’histoire m’a tellement intéressé que j’ai eu l’envie de la terminer le jour-même. Je suis allé manger. Puis, je suis parti dormir car l’heure était bien tardive. Le lendemain, journée du dimanche, je suis parti comme d’habitude à la pêche. La pêche était mon loisir préféré. Je trouvais ça très relaxant. Je me suis rendu au bord de la mer, prêt à installer ma canne à pêche quand j’ai été totalement surpris : Le large chemin qui, tout à l’heure, longeait le bord de l’eau s’en était maintenant franchement écarté et s’était changé en un sentier serpentant entre les buissons épineux. Fallait-il continuer ? Rebrousser chemin ? Je ne cessais point de me poser ces deux questions. Je suis resté bouche bée devant ce chemin épineux. Mais ensuite, j’ai repris confiance en moi et ai décidé de continuer. Il fallait bien que je résolve ce mystère. Je suis parti affronter le danger : Dès que je suis entré dans le chemin, l’entrée se referma par de gigantesques plantes. Et, j’ai entendu une voix qui m’a dit « Entrez, Monsieur ». Tout cela me faisait très peur, à un point que je ne pouvais plus respirer. Effrayé par cette voix, j’ai commencé à courir. Le chemin était très

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bizarre : Il devenait de plus en plus obscur et montait en altitude. Il commençait aussi à faire très froid. Je suis arrivé au sommet. Là, j’ai trouvé un manteau de laine et un vélo. Une pancarte était accrochée à ces deux objets « Empruntez ce vélo et continuez votre route ». Cette fois-ci, j’ai voulu rebrousser chemin. Mais, c’était mission impossible. L’entrée du chemin s’est refermée. Je n’avais qu’un seul choix : continuer pour savoir ce qui m’attendait. J’ai pris le manteau et le vélo. J’ai essayé de m’équilibrer sur le vélo, et, j’ai commencé à pédaler, d’une très grande vitesse. Je m’y connaissais bien en vélo, c’était une de mes meilleures activités. Des indications routières sont apparues, comme : La vitesse exigée et les virages annoncés. Moi, je les ai suivies. Après une heure de route, je me suis arrêté pour me reposer, très fatigué. J’ai trouvé une petite station de repos où il y avait de l’eau. J’en ai profité pour me désaltérer. Puis, j’ai repris espoir de nouveau et me suis propulsé avec mon vélo sur la route. A un moment, je suis arrivé devant une flaque d’eau. J’ai fait un énorme saut difficile pour éviter de tomber dans l’eau. Et finalement, je suis arrivé à destination, crevé de fatigue. Je suis descendu du vélo. Une grande porte s’est ouverte. J’y suis entré. Une légère brume est apparue. Puis j’ai entendu une voix dans ma tête qui m’a dit « Changement de monde ! » La voix a crié très fort. Puis elle s’est arrêtée. J’ai reçu une lettre dans la main. Elle était toute blanche et y était marqué mon nom. Je l’ai ouverte et je l’ai lue. Il était écrit en grands caractères :

« Bienvenue à Vladimiscos ». Ensuite, une grande montagne est apparue …….

(Extraits du Tome II des « Contes de Meer )

A suivre ….

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ L’Art contemporain n’est pas perçu de la même manière par tout le monde : en Italie, un artiste réputé voulant illustrer des soirées, avait dispersé dans un musée des bouteilles vides, cotillons et autres accessoires de fête. Hélas, faute d’avoir été

prévenue de cette « œuvre », la femme de ménage a ramassé et jeté ce qu’elle pensait être les restes du cocktail d’inauguration ! A l’inverse, dans un musée d’art contemporain à San Francisco, des étudiants facétieux se sont amusés à poser par terre, dans un coin, une simple paire de lunettes. Ils n’ont pas été déçus ! Les visiteurs n’ont pas

fait la différence avec les œuvres authentiques et se sont arrêtés pour admirer ces lunettes, cherchant quel message avait voulu transmettre « l’artiste »…

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CHANGEURS DE VIE

Paragraphe lu Paragraphe lu

Ils ont quitté les bords de Loire Depuis 40 ans Pour partager leur savoir Continue l’aide à l’enfant Avec des enfants lointains Pour qu’il ne connaisse plus Dans un pays africain Les affres de la rue Leur mission accomplie Pour que lui soit donné Ils reviennent au pays La chaleur d’un foyer Paragraphe chanté sur l’air : Paragraphe chanté sur l’air : « Des Amants d’un jour » « La Prière par le petit garçon Ils sont revenus Par l’enfant délaissé qui connut la misère Un jour du Bénin Par l’adulte engagé lui servant de mère Et ce qu’ils ont vu Par toutes ces vies sauvées par Terre de Vie Changea leur destin Je vous salue, AMIS. Contre la misère Paragraphe lu Qu’ils ont dû laisser Changeurs de vies Il y a beaucoup à faire En créant TERRE DE VIE Pour pouvoir lutter Donneurs de chance Paragraphe lu A une pauvre enfance. Est-ce que la misère Ils méritent d’être aidés Serait moins pénible au soleil Leur action doit perdurer. Pour qu’elle prolifère Paragraphe chanté sur l’air Sous le bleu du ciel « Le chant des partisans » Là où l’opulence Ami entends-tu dans le vent, un appel Snobe la souffrance. Ami entends-tu c’est l’enfant qui t’appelle Paragraphe chanté sur l’air « Les Copains d’abord » Ce n’était pas une sinécure André Joint Que de tenter l’aventure Il fallait être bien fort, pour changer le sort Des enfants d’abord, des enfants d’abord. Paragraphe lu : L’aide à l’enfance Partira de France A Dominique et Michel DURET Ils vont créer TERRE DE VIE Fondateurs de l’association Avec l’aide d’amis. D’aide à l’enfance « TERRE DE VIE » Pour que vive l’association Il faut trouver des fonds. Paragraphe chanté sur l’air « Dominique, nic, nic » Dominique, dynamique S’en alla naturellement Chercher aide et argent Version déclamée par la Chorale En tous chemins en tous lieux « Au clair de Lune », de Nantes Avec Michel tous les deux Avec Michel tous les deux.

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Lorsque vieillit l’automne, au tournant des saisons, La forêt fatiguée par un été torride Nous cache ses rousseurs sous un masque livide Et les arbres confus effeuillent leurs toisons.

Voici venu le temps où, n’ayant plus de sève, Atteintes d’apathie et de démangeaisons,

Ces majestés déchues perdent leurs frondaisons Et nues jusqu’au printemps, se nourrissent de rêve. Sans aucune pitié et par grandes rafales, L’air gifle les feuilles, les brûle à petit feu, Mais chaque arbre défend jusqu’au dernier cheveu, Avant de recevoir les flèches hivernales.

C’est pénible de voir ces feuilles torturées Essayant de freiner leur chute vers la tombe, Sans pouvoir empêcher cette folle hécatombe Qui teinte le sous-bois de larmes mordorées !

Elles tourbillonnent longuement dans les cieux, Ignorant des badauds les sourires moqueurs, Et oubliant parfois leurs dernières rancœurs, Abrègent leur calvaire en plongeon audacieux.

Louis Frétellière

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Encres Vives en partenariat avec la Communauté

d’Agglomération du Choletais (CAC)

19ème Concours de Nouvelles et de Poésies

Catégorie Adultes, Nouvelles et Poésies : « Badinages »

Catégorie Jeunes, Nouvelles et Poésies : « Mon fétiche »

Ouvert du 1er octobre 2016 au 10 mars 2017

Tous renseignements :

www.encres-vives.fr

[email protected]

Guy Roy : 02 41 71 98 34

Avec le concours de la ville de Cholet

Conception et réalisation de ce numéro : Christiane Métayer

Tirage effectué par l’atelier d’impression de la ville de Cholet