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DOSSIER AGRICULTURES DU MAGHREB /MACHREK À L’ÉPREUVE DE LA CRISE ALIMENTAIRE ET DES RÉVOLUTIONS ARABES Dossier coordonné par Alia Gana et Tahani Abdelhakim (première partie)

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DOSSIER

AGRICULTURES DU MAGHREB /MACHREKÀ L’ÉPREUVE DE LA CRISE ALIMENTAIRE

ET DES RÉVOLUTIONS ARABES

Dossier coordonné par Alia Gana et Tahani Abdelhakim(première partie)

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AUX ORIGINES PAYSANNES ET RURALESDES BOULEVERSEMENTS POLITIQUES

EN AFRIQUE DU NORD :L’EXCEPTION ALGÉRIENNE1

Omar BESSAOUD*

INTRODUCTIONL’un des historiens les plus illustres de la Révolution française, A. Soboul,

rappelait que « c’est dans une atmosphère de crise économique que s’éleva laRévolution de 1789 ». Il ajoutait que « la révolution française n’est pas com-mencée que les mouvements qui l’annoncent ne sont pas exclusivement bour-geois : plébéiens et paysans sont prêts à intervenir» (Soboul, 1977). Troublesde subsistance, pillages de boulangeries, assauts contre les convois degrains liés à la grave crise frumentaire de l’année 1788 – le blé représentantla moitié des dépenses d’une famille populaire –, précédèrent la prise de laBastille de juillet 1789. On observe de tels phénomènes à la veille de nom-breuses révolutions, comme ce fut le cas de la crise qui secoua les cam-pagnes polonaises au cours des années 1980 : la dégradation de lacondition paysanne et le rationnement de l’approvisionnementdes princi-paux centres urbains ont alimenté les tensions sociales ainsi que les mou-vements de contestation- Solidarité rurale- du régime socialiste en place(Scurek, 1982 ; Miechowka, 2012).

© Editions ESKA Maghreb-Machrek, N° 215, Été 2013

* CIHEAM-IAM-Montpellier1. Mes remerciements à Eric Léonard (IRD), mon collègue du pôle foncier de

Montpellier, pour le temps consacré à la relecture du texte et ses précieux commen-taires.

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Récession économique, difficultés d’approvisionnement des villes, ren-chérissement des prix des biens agricoles qui font suite à la crise alimen-taire mondiale de 2008 ont souvent été suivis d’émeutes et/ou de situationspré-insurrectionnelles dans les pays du Maghreb et en Egypte. L’occupationde la place Tahrir au cours de l’hiver 2011 a été précédée les années anté-rieures par des mouvements sociaux dans les campagnes reculéesd’Egypte(Ayeb, 2010 ; Ireton, 2006). La petite paysannerie égyptienne, du-rement affectée par les réformes du fermage et du métayage mises enœuvre entre 1992 et 1997, avait en effet tenté de résister et de nombreuxvillages avaient été le théâtre de confrontations parfois sanglantes (Sa-rando,dans le delta du Nil,en était devenu le symbole)(Sakr-Tarcir, 2007).Soutenus par des ONG, les mouvements paysans égyptiens du début desannées 2000, relayés en 2007 par les grèves ouvrières, favoriseront la for-mation d’organisations démocratiques (mouvementsde droits de l’homme,les mouvements Kefaya et du 6 avril…), seront l’un des fermentsdes explo-sions socialeset politiques de janvier 2011.

Les contradictions socio-économiques et les inégalités ville-campagnequi caractérisent aujourd’hui les sociétés d’Afrique du Nord (Egypte et Ma-ghreb), conjuguées aux effets de la crise économique et alimentaire mon-diale de 2008, ont été analysées par de nombreux auteurs. En conclusionde son ouvrage « Pouvoir urbain et paysannerie en Tunisie » (1992), Hafedh-Sithom, mettant en évidence les inégalités entre monde urbain et monderural, le chômage et les inégalités de répartition de la propriété et de l’ex-ploitation agricoles, invitait les décideursà « repenser les priorités, en fonc-tion d’une nouvelle stratégie globale qui tient compte de l’intérêt bien comprisde toute la société, citadine et rurale... [car]si l’on n’y prend garde, de nou-veaux soubresauts, comparables à ceux de la révolte du pain de janvier 19842,risquent d’éclater ». M. Jouili (2009) analysait quant à lui avec finesse lesindicateurs d’épuisement des marges de résistance et la crise de l’agricul-ture familiale en lien avec les premiers effets de la crise économique mon-diale de 2007-2008. On sait aujourd’hui quels ont été les effets des inégalitéssocio-territoriales résultant des politiques d’aménagement du territoire,qui furent si actives dans les processus de contestation du régime de Benalien janvier 2011 (Belhedi, 1999, Gana, 2012).Au terme d’une analyse surl’agriculture marocaine avant l’adoption du Plan Vert, N. Akesbi attiraitpour sa part, l’attention sur « les risques d’une libéralisation irréfléchie »issue d’une stratégie « qui n’a pas réussi à accroître la production locale pourlui permettre de satisfaire la demande interne…et [a] généré des mécanismesd’accumulation et de distribution qui ont accentué les inégalités, favorisé lesrentes de situation et en fin de compte un immobilisme dévastateur » (Akesbi,2006). Le fellah marocain, « défenseur du trône » selon l’expression de R.Leveau, tente dans les années 2000 de briser cet immobilisme des cam-pagnes issu d’un pactescellant l’alliance du Makhzen aux élites rurales etcitadines du pays (Leveau, 1976). Dans les campagnes marocaines, les

2. Emeutes du pain de janvier 1984.

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écarts de revenus qui se sont creusés, conjugués aux hausses du prix dupain, avaient réactivé au cours des années 2000 des conflits sociaux et desmouvements de révoltes paysannes (en 2007, dans la petite ville de Sefrou,à Ben Smim, à Tamassint, dans le Rif, à Tata, à Bouarfa, à Sidi Ifni en2008…) (Amar, 2012,Raimbeau, 2009).

Les études du CIHEAM (CIHEAM- AFD, 2009)dressent un bilan critiquedes situations qui prévalent dans le monde paysan et rural en Afrique duNord : crise des agricultures paysannes, pauvreté et précarité des mondesruraux, dégradation avancée des ressources naturelles, fortes inégalitésdans la répartition des ressources foncières, financières et matérielles enrapport avec l’émergence de formes entrepreneuriales d’agriculture (Mé-diterra, 2009, Bessaoud, 2011). Ces recherches, focalisées sur les transfor-mations des mondes ruraux et agricoles des pays d’Afrique du Nord,mettent l’accentsur des processus de mondialisation qui finissent par mar-ginaliser, sinon exclure, les territoires ruraux des processus de développe-ment, ainsi quesur les contradictions et les tensions socio-économiquesrésultant de processus de modernisation conduits par les Étas nationauxcontrôlés par des groupes d’entrepreneurs citadins ou ruraux.

En Algérie, le monde paysan et rural qui avait été si actif dans le mou-vement de libération national a été peu visible dans les contestations so-ciales et politiques qui ont marqué le pays au cours des dernièresdécennies. Il aura subi avec une relative passivité des réformes agricoleslibérales (loi 87-19 de décembre 1987 complétée par loi d’août 2010), unecontre-réforme agraire (loi d’orientation foncière 90-25 de décembre 1990)qui ont bouleversé leur condition et leur place dans la société globale. Lefaible poids du monde rural et paysan dans le rapport des forces socialesdu pays et son effacement expliquent-ils l’exception algérienne lorsque l’onanalyse les processus politiques qui affectent aujourd’hui, sous le vocablede « printemps arabe », les autres sociétés maghrébines ? Comment inter-préter cette inertie face aux transformations sociales (salarisation-urbani-sation des populations, émergence de bourgeoisies locales, d’élitestechniques et intellectuelles…) qui ont eu lieu depuis l’indépendance na-tionale ? Quels en sont les causes et/ou les déterminants ?

Les trajectoires paysannes et rurales en Algérie ont été influencées partrois facteurs essentiels :

– Un héritage historique singulier comparé aux pays voisins : le processusde modernisation agricole initié en Algériedurant la période colonialeaété si profond qu’il a sévèrement affecté les rapports sociaux dans lescampagnes algériennes. Il a contribué à ruiner les bases traditionnelleset à détruire les assises paysannes de la société rurale algérienne (sec-tion 1).

– Les structures sociales héritées de la période post-indépendance n’ont purésister à la crise économique et sociale ouverte en 1986 par l’effondre-ment des cours du pétrole et par la mise en œuvre d’un plan d’ajustementstructurel. Les bouleversements issus du processus du PAS ont profon-

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dément remis en question les stratégies publiques des années 1960-70,ou celles déployées par les familles paysannes ou les collectifs des anciensdomaines agricoles publiques que Claudine Chaulet (1987) a si bien dé-crit. L’action publique qui contrariait le développement du secteur privéagricole et commercial au cours des deux premières décennies, a fini parconverger, après une courte période de transition où sont initiées des ré-formes économiques (1980), avec les dynamiques de développement d’unmarché formel et informelprivé. Le retrait de la bourgeoisie rurale tradi-tionnelle, largement entamé après l’indépendance, le rétrécissement dela base économique et matérielle des collectifs ouvriers et leur dislocationaprès les réformes agricoles, ont été mis à profit par de nouvelles frac-tions rurales et urbaines quiont tiré avantage de la place qu’ils occupaientdans les réseaux et appareils d’Etat et d’un mode d’accumulation rentierfavorisé par un marché des produits agricoles mal régulé (section 2).

L’embellie des cours du pétrole et l’accroissement des recettes budgé-taires autorisent, depuis le début des années 2000, de fortes interventionsde l’Etat dans le secteur agricole et rural. L’État développe des actions re-distributives au profit de la société rurale (politique dite de « renouveaurural »).Ces redistributions atteignent aussi les ménages ruraux paupériséset atténuent les contradictions socialesliées à l’émergence de nouveaux en-trepreneurs privés ruraux et d’une classe d’agriculteurs riches (section 3).

1. LE PROCESSUS DE DÉCOMPOSITION DE LA PAYSANNERIE ET DES STRUC-TURES TRADITIONNELLES

Le processus de décomposition de la paysannerie algérienne et des struc-tures rurales traditionnelles peut être rappelé en distinguant deux pé-riodes :

– celle de la colonisation qui inaugure l’émergence d’un prolétariat agricoleissu du processus d’expropriation foncière des communautés rurales et,

– celle de l’indépendance marquée, d’une part, par des réformes agraires(autogestion de 1963 et révolution agraire de 1971), puis des réformesagricoles libérales (de 1983 à 2010).

1.1. Colonisation et processus de prolétarisation de la société rurale al-gérienne.

L’arsenal juridique et politico-militaire du système colonial français avisé fondamentalement à atteindre un seul objectif : la destruction de lapropriété collective et de l’organisation tribale qui lui correspondait(Bes-saoud, 2013).La fixation au sol des nomades et des semi-nomades, la dis-location des tribus et la salarisation des populations agricoles ont été undes traits les plus marquants de l’évolution de la société rurale algérienneau cours de la période coloniale (Marx, 1879, Berque, 1939).

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Ce fait social, qui résulte des lois foncières coloniales, compromettra dé-finitivement, sauf pour la Kabylie, les oasis ou les espaces agricoles desvielles cités (Tlemcen, Constantine, Alger, Annaba…), les possibilitésd’émergence d’une paysannerie algérienne ancrée dans ses terroirs et maî-trisant ses espaces de vie et de travail. Le processus de constitution de lapropriété individuelle a provoqué un profond dysfonctionnement des sys-tèmes traditionnels et entraîné une prolétarisation massive des campagnesalgériennes. Sa mise en œuvre au cours du XIXe et début du XXe siècle aabouti à la création d’un immense prolétariat et/ou semi-prolétariat agri-cole algérien. Le travail salarié futainsi l’un des traits les plus caractéris-tiques de la production coloniale agricole et dès 1914,32%des rurauxalgériens étaient employée comme métayers (Davis, 2012). En 1939, lesservices de l’agriculture indigène recensaient pour l’Algérie du Nord,713 000 khammès3, 611 000 ouvriers journaliers et 549 000 fellahs (Berque,1939). Le dernier recensement colonial de l’agriculture effectué en 1950-51 estimait à plus d’un demi-million – soit la moitié de la population activeagricole – le nombre d’ouvriers agricoles et de paysans sans terre. Plus de70 % des surfaces (terres du domaine colonial incluses) étaient cultivéesen ayant recours à l’emploi de ces ouvriers agricoles permanents, journa-liers etmétayers.

Ainsi, à la fin des années 1950, le processus de dépaysanisation est siavancé qu’une majorité de la population agricole est constituée de salariés,semi-prolétaires et/ou khammès. L’instauration de l’autogestion agricole aulendemain de l’indépendance ne peut être ainsi interprétée comme un ac-cident historique ou un choix politique prémédité car les conditions socia-lesd’une redistribution des terres à une paysannerie constituée et organiséen’étaient objectivement pas réunies.Le système de l’autogestion agricolequi s’installe en 1963 concerne en effet les catégories d’ouvriers agricoles.Il en a été de même des bénéficiaires de la réforme agraire promulguée ennovembre 1971. Les études portant sur l’origine sociale des bénéficiairesde cette réforme (près de 100 000 dans les coopératives agricoles) avaient-montré que l’apparente diversité de statut social des attributaires (salariésagricoles, petits métayers, ou khammès) masquait la très nette prédomi-nance de salariés agricoles et de paysans pauvres (Bessaoud, 1980). Le rap-port salarial entre l’État et les ouvriers agricoles du domaine public ou lesbénéficiaires de la réforme agraire, exprimait en définitive la fragilité del’assise paysanne issue d’un processus historiquement daté de déstructu-ration agraire.

Ce rapport social dominant sera toutefois progressivement remis enquestion. Il le sera, d’une part, à la faveur des politiques d’industrialisa-tion-urbanisation, de l’amélioration des conditions de vie et du marché dutravail, et d’autre part, à la suite des réorganisations multiples du secteuragricole qui ont suivi les réformes agricoles de 1987-1990.

3. Métayers payés au 1/5 de la récolte.

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1.2. La polarisation du monde agricole et rural par l’industrialisation(1970-80)

La politique de restructuration agraire promue par l’Etat dans les années1970 s’est inscrite dans le cadre d’un projet de développement centré surl’industrialisation.

Cette politique a été formulée dans des textes fondamentaux(Charte dela révolution agraire de 1971) et des plans de développement (plans qua-driennaux et plan quinquennal). Ellevisait la modernisation de l’agricultureet la réalisation d’équipements sociaux(villages agricoles, routes, électrifi-cation, adduction en eau potable, centres de santé, écoles, desserte com-merciale et administrative…) pour améliorer les conditions de vie desrégions rurales. Des investissements élevés qui atteignent globalement prèsde 50%du PIB sont consentis pour atteindre ces objectifs.

La mise en œuvre de ces premiers programmes d’investissement de l’Etatdans le cadre des plans de développement (1970-1973, 1974-1977, 1980-84) exercera une forte influence sur le marché du travail ainsi que sur lesrevenus. Plus d’un million d’emplois sont créés entre 1967 et 1978, et en-core un million sur la deuxième période 1979-1984. Le revenu réel est mul-tiplié par 3 toujours entre 1967 et 1978 et par 1,5 entre 1979 et 1984(Bendjelid et al, 2004).

Le développement croissant des activités non agricoles au début des an-nées 1970 accélère l’exode rural. Au cours de la décennie 1970, le taux d’ac-croissement annuel de la population rurale occupée dans les emplois horsagriculture estélevé (7,2% par an).

La préférence pour le salariat hors du secteur agricole – le salaire mini-mum agricole garanti étant inférieur au salaire versé dans les autres sec-teurs (BNEDER, 1989) – ainsi que l’accès aux infrastructures collectivesqu’offrent les nouvelles agglomérations alimenteront le mouvementd’exode vers les nouveaux centres urbains. En 1977, l’agriculture employaità peine 50% des ruraux contre plus de deux tiers à la fin des années 1960(ONS, 1978).

Si à la différence de la Tunisie voisine, l’exode rural se réalise en faveurd’un dense réseau de petites villes de l’intérieur, l’emploi dans les territoiresurbains ou à forte concentration industrielle va capter lestravailleurs agri-coles du secteur public (Ait Amara, 1996). Dans la région algéroise, le nom-bre de travailleurs permanents des domaines autogérés diminue de presque40 % en l’espace de 7 ans et G. Mutin (1977) note que ce sont les plus jeunesactifs agricoles – 20-40 ans- qui constituent l’essentiel des contingents quiquittent le secteur agricole d’Etat dans la Mitidja.On constate ainsi, entre1964-65 et 1976-77, le départ de plus de 37 000 travailleurs.

Le processus de décapitalisation du secteur public l’arrachage du vigno-ble et l’expansion d’un système extensif mécanisé (Bédrani, 1981) partici-peront également à l’érosion des effectifs de salariés des domaines agricoles

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d’Etat4. La réforme agraire de 1971 ne réussira pas quant à elle à freiner latendance à la sortie du secteur agricole, comme en a attesté le phénomènede sorties volontaires des coopératives,de la RA qui affectait près de 10%de la population des bénéficiaires de la RA. Les réformes agricoles qui se-ront adoptées dans les années 1980 précipiteront le processus d’éclatementdes collectifs ouvriers de l’ex-autogestion et des « coopérateurs » de la ré-forme agraire, contribuant à la recomposition du paysage social des cam-pagnes algériennes.

2. LES RÉFORMES AGRICOLES ET LES NOUVELLES DYNAMIQUES SOCIALES

Deux faits majeurs se dégagent à l’examen des conséquences induitespar les réformes libérales initiées dans les années 1980 : la disparition descollectifs ouvriers héritiers de l’autogestion, d’une part, et d’autre part, ledéveloppement d’une classe d’agriculteurs privés d’origine rurale et urbainequi concentre progressivement ressources naturelles (foncier et eau agri-cole) et capitaux.

2.1. L’éclatement des collectifs ouvriers du domaine privé de l’État

Une première restructuration du secteur public agricole sera engagée aucours de la campagne agricole 1983-84. Un peu plus de 2.000 domainesdits “autogérés” seront éclatés en 3.400 “domaines agricoles socialistes”(D.A.S.). Ils fusionneront avec une partie des coopératives agricoles de pro-

Tableau 1 : Evolution des effectifs des salariés du secteur publicagricole

Années 1964/65 1967/68 1968/69 1969/70 1972/73 1974/75 1975/76 1976/77

Permanents 137 430 114 560 133 020 173 770 121 301 106 630 111 471 100 504

Saisonniers 100 000 119 610 123 430 102 209 117 991 124 571 96 948 99 610

Indéterminés – 18 210 13 390 – – – – –

Total 237 430 252 380 269 840 275 979 239 212 231 201 208 419 200 114

Source : Secrétariat d’Etat au Plan

4. L’effort d’investissement dans le secteur public agricole au cours des deux der-nières décennies (1970–89), de l’ordre de 2 milliards de DA en moyenne annuelle,n’a pas permis le renouvellement des plantations pérennes, infrastructures et équi-pements.

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duction de la révolution agraire (CAPRA) qui seront dissoutes. Les DAS oc-cuperont 2,8 M d’ha de S.A.U et emploieront un peu plus de 160.000 tra-vailleurs permanents (dont près de 3.000 ingénieurs et techniciens intégréscomme membres à part entière des nouveaux collectifs).

La crise agricole aigüe qui se manifeste dès le milieu des années 1970 etles difficultés d’approvisionnement des villes en produits agricoles condui-sent l’Etat à opter en faveur d’une libéralisation du secteur (Bessaoud,2002). Des facteurs exogènes – chute des cours du pétrole et crise de ladette extérieure – accélèrent en 1987 le processus de réformes agricoles etde rupture avec le modèle étatique de gestion centralisé5. Outre la privati-sation des organismes de commercialisation, d’approvisionnement, defourniture de services agricoles etle démantèlement des soutiens publicsaccordés aux productions, aux matérielset aux intrants, d’importantes me-sures de restructuration sont appliquéesau régime d’exploitation des terrespubliques.

Des textes de loi autorisent la cession en pleine propriété et à titre oné-reux de tous les moyens de production – autre que la terre – et organisentle retrait de l’Etat et de son administration dans la gestion des exploitationsagricoles publiques (loi 87-19 du 18 décembre 1987). Les DAS créés en1984 sont dissous, leurs terres sont distribuées entre plus de 50. 000 ex-ploitations agricoles dont près de 30 000 exploitations agricoles collectives(EAC). Un peu plus de 160.000 exploitants (dont 2.500 à 3.000 cadres, tech-niciens et fonctionnaires de l’agriculture) serontconcessionnaires à titreperpétuelde 2,3 millions d’ha de S.A.U rattachés au domaine privé de l’État.

La réforme agricole de 1987 relative au nouveau “mode d’exploitation etde gestion des terres agricoles du domaine national” consacre le principe del’autonomie des exploitations agricoles collectives vis-à-vis de l’État et, dece fait, libère les unités de production du secteur étatique des contraintesinstitutionnelles qui faisaient obstacle à leur intégration dans le marché.

Les conséquences de cette réorganisation sur les anciens collectifs ou-vriers sont connues.

Les partages individuels des équipements, des bâtiments et des lots sonteffectués entre les collectifs, et les EAC n’avaient plus, après quelques an-nées de mise en œuvre de la réforme, qu’une existence fictive sur le planjuridique (Aït-Amara, 2002). Le paysage social de « laMitidja 20 ans après »n’est plus celui qui a été hérité de l’autogestion ou de la réformeagraire(Imache et al, 2010). Ce sont les exploitations agricoles individuelles(EAI) qui dominent.La réforme du mode de gestion du domaine privé del’État favorisera la reproduction de situations de tenure inversée (reverse

5. Les recettes extérieures chutent de 40 % entre 1985 et 1986 et le ratio du ser-vice de la dette sur les recettes d’exportation passe d’une année à l’autre de 35 %à 60 %.

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tenancy)observés dans d’autres pays (Amérique latine) où des réformes fon-cières privatisant le droit d’usage du sol – public ou de statut public – ontfait suite aux réformes agraires d’inspiration socialiste (Colin, 2013).

Des « arrangements », des accaparements, des contrats de production,de location ou des cessions de titre de jouissance à titre informel ont étéréalisés au profit essentiellement d’entrepreneurs (urbains ou ruraux), decadres de l’Etat ou de commerçants fortunés. Dans le même temps que l’onconstate des stratégies de sortie des exploitations d’ouvriers agricoles,s’ex-priment plus vigoureusement des stratégies individuelles de tenanciers oud’attributaires mieux lotis au sein des EAC/EAI pour assurer un meilleurcontrôle des ressources publiques (cf. infra) (Sirma, 2006 ; Imache et al,2010 ; Daoudi, 2010 ; Amichi, 2011 ; Boudjelal et al., 2011 ; Kuper et al,2009). Une récente loi (loi 10-03 du 15 août 2010) transforme le droit dejouissance perpétuelle en droit de concession de 40 ans aux « bénéficiairesréguliers », et ouvre désormais l’accès aux terres agricoles du domaine privéde l’Etat à des détenteurs privés de capitaux nationaux. L’opération n’estpas achevée, et l’on recensait fin mai 2012, l’attribution par l’Office Natio-nal des Terres Agricoles de 1 481 954 haau profit de 189 144 bénéficiaires(MADR, 2012).

La dissolution des DAS et leur éclatement en EAC/EAI a ainsi conduitau démantèlement des collectifs ouvriers et à des processus de différencia-tion sociale au sein de l’ancien secteur public agricole. Des travaux empi-riques (sur la Mitidja et le bas Chélif) décrivent les diverses configurationscontractuelles et stratégies d’acteurs à l’œuvre dans les exploitations : émer-gence d’exploitants-entrepreneurs les mieux dotées en ressources à un pôle,et à l’autre pôle, éviction progressived’exploitants au statut précaire, mé-tayers parfois sur leur propre lot de terre et en voie de sortie du secteuragricole (Imache et al, 2010, Amichi, 2011, Boudjelal et al., 2011).

Les itinéraires de vie et trajectoires sociales multiples s’inscrivent dansdes dynamiques de développement du secteur privé promue par les inter-ventions publiques et des évolutions particulières des marchés des produitsagricoles.

2.2. La dynamique sociale dans le secteur privé agricole

Dès le début des années quatre-vingt, l’Etat accorde la priorité aux agri-culteurs aisés les plus « dynamiques », en matière de crédit et d’équipementindividuel (Guillermou, 2011). Dans les années 2000, une politique agricoleplus vigoureused’allocation des ressources publiques (par le soutien desprix des intrants, la défiscalisation, les subventions et la bonification decrédits, les aménagements de périmètres de mise en valeur et de conces-sions de terres …), favorisera des mécanismes de transfert de ressourcesmatérielles et financières en faveur des exploitants agricoles privés (Bes-saoud, 2002).

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La grande propriété terrienne qui avait perdu une grande partie de sesterres lors de la réforme agraire de 1971 récupère en 1990 ses fonds (loid’orientation foncière 90-25). Bénéficiant de l’appui de l’État, elle consolideses positions économiques,modernise ses techniques et recapitalise dansles exploitations agricoles au moyen de nouveaux investissements d’originefamiliale ou publique.

L’emprise des citadins sur le foncier agricole qui avait été remise en ques-tion par la réforme agraire se retrouve favorisée avec l’adoption en 1983de la loi portant « accès à la propriété foncière agricole » (APFA), et du décretportant sur « la concession agricole par la mise en valeur »6. Ces dispositifsjuridiques ont ouverts aux entrepreneurs ruraux et urbains un droit d’accèsaux terres du domaine privé de l’État situés sur les territoires ruraux dusud (steppe et Sahara. Le bilan affiché par les pouvoirs publics indique queplus d’un million d’ha relevant du domaine privé de l’État (730 000 ha autitre de l’APFA et 276 000 a au titre de la concession par la mise en valeur)ont fait l’objet d’un transfert au profit du secteur privé (MADR, 2013). Degrandes entreprises privéesagro-alimentaires initient également des projetsde création de «grandes fermes dans le cadre de ce qui est convenu d’ap-peler le « partenariat public-privé »... À titre d’exemple, le groupe Cévital(déjà leader dans l’industrie agro-alimentaire et la distribution des intrantsagricoles), s’appuyant sur sa filiale Cévi-Agro, investit actuellement dansla production de plants fruitiers, de semences mais aussi de fruits et lé-gumes dans la Mitidja et le Sahel, et ses projets s’étendent parfois sur dessuperficies de plus de 2000 haprises en concession (Hammouchi, 2012). Ilest aujourd’hui candidat, aux côtés de grands groupes agro-alimentairesdu pays, pour la reprise en concession des fermes-pilotes géré par l’État.Enfin, dans le cadre de la promotion de l’emploi agricole, un programmede création de nouvelles exploitations agricoles (sur 350 000 ha) a été initiépour la période 2011-2014 (circulaire interministérielle du 23 février 2011).

Parallèlement à la montée de groupes d’exploitants agricoles et/ou d’en-trepreneurs ruraux et urbains, desétudes montrent un développement dusalariat agricole dans les nouvelles exploitations agricoles mises en valeurdans le cadre de l’APFA ou dans les périmètres irrigués (de Biskra, El Oued,M’sila mais aussi à Mostaganem ou la plaine du Chélif en Algérie). L’onnote une croissance du nombre de salariés saisonniers qui serait passéentre 2000 et 2006 de 391 480 à 407 030 soit un accroissement de près de4% en quelques années (MADR, 2012). La redistribution au secteur privédes terres du domaine privé de l’Etat et l’extension de l’agriculture sur desparcours réservés autrefois à l’élevage, entraine souvent l’exclusion d’éle-veurs dépourvus de moyens matériels (camions, citernes…) ou de capitaux(Moulai, 2011).

6. Le décret n° 97-483 du 15 Décembre 1997, fixe les modalités, les charges etles conditions de la concession de parcelles de terre du domaine privé de l’État.

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Les mesures de libéralisation du secteur agricole ont permis par ailleursun redéploiement de capitaux privés dans un secteur agricole devenu par-ticulièrement attractif compte tenu des caractéristiques du marché des pro-duits agricoles. En effet, la crise de la productivité agricole et le déficit derégulation publique entretiennent une crise structurelle del’offre de biensagricoles, autorisant la fixation de prix de marché qui assure des surprofitsaux exploitants agricoles et aux intermédiaires articulés sur les marchés(Aït Amara, 2009). En d’autres termes, le renchérissement constant des prixdes produits agricoles favorise la réalisation de rentes aux acteurs domi-nants les marchés des produits agricoles. Compte tenu de la faible diversi-fication du tissu économique national et du recul brutal del’industrialisation, l’agriculture devient ainsi un des secteursoù les place-ments de revenus du capital souvent issus d’une capture de la rente pétro-lière pouvaient être d’un bon rendement.

Au modèle de développement économique autocentrée promue en 1970,qui s’effondre à la suite de la crise de l’endettement extérieur et du pland’ajustement structurel, se substitue un modèle de croissance exportateurde ressources naturelles (gaz et pétrole). La transition vers ce modèle decroissance exportateur se réalise dans une conjoncture économique mon-diale marquée dans les années 2000 par une embellie des prix des hydro-carbures, mono-exportation de l’Algérie. L’action publique et lesprogrammes agricoles et ruraux qui les accompagnent seront dès lors dé-terminés par les ressources financières et budgétaires susceptibles d’êtremobilisées par l’État. Elles conditionnent également étroitement les fonc-tions redistributives qu’il déploie dans les espaces ruraux.

3. MODÈLE DE CROISSANCE ET RELANCE DES FONCTIONS REDISTRIBUTIVESDE L’ÉTAT DANS LE MONDE AGRICOLE ET RURAL

La portée des actions redistributives de l’État s’est trouvée gravementcompromise par la dépression des prix pétroliers, intervenue au début del’année 1986, et la crise de la dette extérieure. La crise économique se tra-duit par des pénuries de produits alimentaires qui finissent par provoquerune crisede légitimité de l’État. Ce dernier ne pouvait plus jouer le rôle d’ac-teur économique majeur, à la fois pourvoyeur d’emploi (le taux de chômageatteint 22 % en 1988), support des progrès de la consommation alimentaire(les prix des produits alimentaires sont multipliés par 2 entre 1982 et 1988)et le garant de la sécurité alimentaire du pays (« crise de la semoule »). Lesattentes de la société algérienne ne pouvant plus être satisfaites, le consen-sus social sera rompu et les grands centres urbains connaîtronten octobre1988 les émeutes les plus importantes depuis l’indépendance. Ces révoltessociales précèdent de plus de 20 ans les ruptures et les crises de légitimitépolitique qui bouleverseront la région au printemps 2011.

Elles conduiront l’État algérien à adopter une nouvelle constitution(1989) qui, d’une part, libéralise l’espace public, et d’autre part, le conduitàopérer une révision profonde de ses options économiques.

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3.1. L’ajustement structurel et ses effets sur le monde agricole et rural

Lorsqu’intervient, en avril 1994, la signature de l’accord « stand-by » avecle FMI, l’Algérie avait achevé son plan d’ajustement structurel agricole. Lesprix et les échanges sur la quasi-totalité des produits et des intrants agri-coles étaient régulés par le marché et il n’y avait plus que le lait qui étaitsubventionné pour la consommation, subvention éliminée en 2001. Quantau soutien des prix à la production, il est limité aux blés et aux légumessecs, à la pomme de terre de semence, au lait cru et à la tomate indus-trielle… Les dix années qui ont suivi les réformes agricoles de 1987 orga-nisées autour de la privatisation de l’agriculture ont eupour effet deréduiresévèrement les investissements publics dans l’agriculture : l’inves-tissement agricole réalisait, avec 4 milliards de DA en 1993, son plus basniveau depuis l’indépendance. La hausse des prix des biens alimentairesde base, la dissolutiondes entreprises publiques locales pourvoyeuses d’em-ploiset la réduction drastique des dépenses sociales ont conduit à un ef-fondrement des niveaux de vie des populations rurales. Il convientd’ajouter, qu’aux rigueurs des restrictions budgétaires, se conjuguaient leseffets du terrorisme islamiste qui sévissait dans les années 1990 dans lescampagnes algériennes7.

Sous l’impact des réformes structurelles et de la politique des prix, lesconditions matérielles et sociales des petits exploitants, des travailleurs agri-coles et des ménages ruraux se sont gravement détériorées. Au niveau natio-nal, on enregistre un accroissement du chômage de la population active quiatteint un taux de 30 %, une baisse des revenus (de l’ordre de 27 % entre1985 et 1995), une hausse de l’inflation (de 30 % en moyenne par an entre1990 et 1999) et une extension des phénomènes de pauvreté qui affecte par-ticulièrement de larges fractions des communautés rurales (Méditerra,2009). L’étude réalisée en 1995 par la Banque mondiale sur la pauvreté si-gnalait qu’elle affectait une grande partie des 1,8 millions des ménages ru-raux. Près du cinquième de cette population rurale (19,3 %) vivaitau-dessous du seuil de pauvreté absolue, soit plus de 2,7 millions de per-sonnes, pour un taux national de 12,2 % la même année.

Le redressement des « fondamentaux » de l’économie algérienne se réa-liseront toutefois à la faveur du retournement de conjoncture des marchésdes hydrocarbures. Les contraintes issues du programme d’ajustementstructurel sont progressivement levées à la fin des années 1990. L’aisancefinancière incite les pouvoirs publics à adopter un plan de soutien et de re-lance de l’économie (PSRE)pour la période 2000-2004. Les programmesdu PSRE sont consolidés le quinquennat suivant 2005-2009 et complétés,d’une part, par un Programme Complémentaire de Soutien à la Croissance(PCSC), et d’autre part, par des programme régionaux de développement

7. L’insécurité a alimenté un fort courant d’exode vers les villes. Un million à unmillion et demi de ménages ruraux sont contraints de quitter les zones rurales af-fectées par le terrorisme.

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des Hauts plateaux et du Sud. Le fait majeur à signaler est queles dépensesd’investissement ont été multipliées par 8,5 entre les lois des finances desannées 2000 et 2007.Le secteur agricole sera l’un des principaux bénéfi-ciaires de ces programmes, aux côtés des infrastructures et du secteur so-cial (habitat). La hausse des recettes des hydrocarburesenregistrée dansles années 2000 réactive des fonctions redistributives de l’État qui profite-ront également aux populations rurales.

3.2. Rente pétrolière et relance des interventions publiques

Les prix du pétrole qui se redressent sur le marché mondial ont été lefacteur déterminant de la relance économique et des fonctions redistribu-tives de l’Etat.Les prix du pétrole passent en effet, d’une moyenne 17,5 dol-lars le baril sur la période 1990-99 à 47,6 dollars le baril dans la décennie2000 (Rebah, 2012). Cette embellie génère des recettes en croissance conti-nue comme le montre le tableau suivant.

Les recettes d’exportation des hydrocarbures sont multipliées par quatre(4) entre la décennie 1990 et la décennie 2000. Elles passent d’une moyennede 10 milliards de dollars en moyenne annuelle dans les années 1994-1999à 42 milliards de dollars/an dans les années 2000-2009. Au cours de la pé-riode 2010-2012, au moment même où s’accentue l’effondrement des éco-nomies des pays voisins, elles atteignent plus de 67 milliards de dollars/an.

Cette progression spectaculaire de la rente pétrolière alimente le budgetde l’État (la fiscalité pétrolière représentant une moyenne de 40 % des re-cettes budgétaires de l’État).

La matrice des programmes de la politique dite de renouveau agricoleet rurale (PRAR), dont les grandes ont été stabilisées en 2008, se construiraau rythme de la croissance des recettes pétrolières et des dispositifs de fi-nancement qui sont créés8.

Tableau 2 : Évolution des recettes des hydrocarbures

Année 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

US $106 8,6 9,8 12,6 13,1 9,7 12,0 21,2 18,5 18,1 24,1 38,0 55,0 66,0 59,0 76.0 44,3 56 ,0 72,0 73,0

Source : Rebah (2012). Complété par nos soins

8.Le système de crédit met en place en 2010 les crédits de campagne dit Rfig, lecrédit d’investissement Ettahadi finançant les nouvelles créations d’exploitationagricoles ou d’élevage et le crédit fédératif qui s’adresse aux transformateurs, dis-tributeurs et exportateurs de produits.

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Des mesures inédites de soutien des prix à la production des céréales etdu lait sont arrêtées9. Les subventions et allégements fiscaux concernentles intrants et les matériels agricoles et la régulation des produits de largeconsommation (pomme de terre, ail, oignon et viandes). Le monde ruralva bénéficier d’un programme dès l’année 2003 qui vise les ménages despetites agglomérations rurales ainsi que les populations les plus vulnéra-bles (soit une population rurale de près de 10 millions de personnes). Outreles ressources financières affectées pour assurer les importations alimen-taires et la sécurité alimentaire du pays (qui passent de 2,5 milliards à prèsde 10 milliards de dollars en 2012), les principales innovations de la poli-tique agricole et rurale portent sur les dispositifs commerciaux et finan-ciers qui accompagnent l’ensemble des mesures retenues.Les multiplesFonds mis en place ont joué un rôle décisif dans les transformations éco-nomiques et sociales du monde agricole et rural.

3.3. Les Fonds et le changement économique et social des campagnes

Les ressources financières mobilisées au profit de l’agriculture et de l’ali-mentation s’élèvent sur la période 2000-2007 à plus de 400 milliards de DA,soitune moyenne annuelle globale de 50 Mrds DA (MADR, 2008). Sur lapériode quinquennale 2010-2014, le budget de l’Etat réserve 2 milliards dedollars en moyenne annuelle pour soutenir les investissements programmédans le cadre de la PRAR et 2 milliards au fonds de soutien à la compen-sation (soutien et garantie des prix des céréales, de lait, de la tomate in-dustrielle et des produits agricoles de large consommation).

Les fonds mis en place concernent l’appui à la production agricole, larégulation des produits agricoles et alimentaire des populations, et enfinle soutien au développement social et économique dans les espaces ruraux.

Dans le cadre de l’appui à la production agricole, les principaux fondsmis en place par l’Etat sont le Fonds national de développement de l’inves-tissement agricole (FNDIA), le Fonds de développement rural de mise envaleur des terres par la concession (FDRRMVTC), et le Fonds de luttecontre la désertification et le Développement du pastoralisme et de lasteppe (FLDDPS). Ces fonds concentrent 80 % des crédits ouverts sur lapériode quinquennale 2010-2014.Plus de la moitié des soutiens dédiés àl’investissement a été affectée au développement de l’irrigation agricole(Omariet al., 2012).Les surfaces irriguées ont ainsi connu une très forteprogression, passant de 350.000 ha en 2000 à 850.000 ha en 2007. La miseen valeur par la concession aurait permis une extension de la superficieagricole utile de plus de 500.000 ha, essentiellement localisée dans les ré-gions sud du pays.Ces régions représentent aujourd’hui 15 % des surfacesmaraîchères et contribuentpour près de 20 % de la production nationale

9. Les prix à la production des céréales sont relevés en 2008. Les prix payés auxproducteurs de blés et d’orge sont supérieurs au cours mondial.

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(MADR, 2012). Il faut noter que l’appui au développement de plantationsarboricoles, de l’élevage bovin laitier ou du maraîchage a favorisé le dépla-cement des activités agricoles vers les territoires de l’intérieur. Les change-ments qui affectent la carte des productions agricoles s’accompagnent dedéplacements de capitaux privés et de flux de main d’œuvre agricole dansces régions.

D’importantes ressources financières ont été mobilisées au soutien à laconsommation et à l’amélioration de la sécurité alimentaire du pays. Aucours de la période 2010-2012, les fonds consacrés au soutien des produitsde large consommation représentent près de 40 % des ressources finan-cières accordés au secteur agricole, soit plus de 900 millions de dollars(MADR, 2012).

Les fonctions redistributives de l’Etat au profit du monde rural se réali-sent au travers des projets de proximité de développement rural intégrés(PPDRI). L’essentiel des PPDRI (80 %) portent sur la protection et la valo-risation des ressources naturelles (réalisation de plantations, de mise endéfens et de plantations pastorales, lutte contre l’érosion…) et la diversifi-cation des activités économiques (irrigation, mise en valeur, améliorationsfoncières, création d’unités d’élevage…)10. Ces projets subventionnés pro-curent emplois et revenus pour leurs bénéficiaires. Les populations ruralesaccèdent à d’autres sources de financement : Fonds national d’aide au lo-gement (FONAL), Fonds national de soutien à l’emploi des jeunes (FNSEJ)qui soutient les micro-entreprises des jeunes agriculteurs. Les Fonds depromotion des activités de l’artisanat traditionnel (FNPAAT), du dévelop-pement social (FDS), ainsi que le Fonds spécial de développement du Sudet de soutien des activités des hauts plateaux contribuent également àl’amélioration de l’emploi et du cadre de vie de ces populations. Il apparaîtassez clairement que les transferts de ressources financière au monde ruralopérés au cours de cette dernière décennie ont contribué à la réduction dela pauvreté rurale héritée du PAS. Ils ont contrebalancé les tendances auxdéséquilibres ville-campagne observés dans les autres pays du Maghreb.Les politiques publiques ont favorisé l’émergence d’une classe d’agricul-teurs riches, de citadins fortunés qui accumulent dans l’activité agricoleou de « koulaks » qui tirent parti d’une conjoncture des marchés encoremarquée par la rareté. Elles ont aussi permis dedévelopper des activitésqui ont atténué les contradictions sociales dans les campagnes.

EN GUISE DE CONCLUSION

La « paysannerie » et la société rurale ont enregistré des transformationssociales et économiques radicales au cours de l’histoire récente de l’Algérie.

10. Les PPDRI portent sur 4 thèmes fédérateurs : la rénovation des ksours et vil-lages, la diversification des activités économiques, la protection et la valorisationdes ressources naturelles et la valorisation des patrimoines ruraux matériels et im-matériels.

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Ces transformations résultent des modèles de développement adoptés parl’État. Ce dernier aura réussi, après une période de crise marquée par l’ajus-tement structurel, à se porter garant de la sécurité alimentaire du pays età restaurer ses fonctions de redistribution grâce au gonflement dela rentepétrolière – dont l’amenuisement au cours des années 1980 et 1990 avaitété un facteur déterminant de la crise économique et politique –, notam-ment en direction du monde agricole et rural. Si la crise mondiale de 2008a eudes effets majeurs sur les économies de pays d’Afrique du Nord (en Tu-nisie et en Egypte en particulier) mieux intégrés dans la mondialisation(Montaigne-Bessaoud, 2009), le modèle de croissance algérien fondé surl’exportation d’hydrocarbure a au contraire bénéficié de la crise des ma-tières premières. Les ressources financières qui ont été générées ont ainsipermis, d’une part, de faire face à la crise mondiale de 2008, et d’autre part,de réguler les tensions sociales qui se sont exprimées. Les révoltes socialesde l’hiver 2010-2011, résultant de la hausse des prix des produits alimen-taires, ont conduit l’Etat à allouer de nouvelles ressources budgétaires11.

L’exception algérienne tientessentiellement dans cette capacité de l’Étatà redistribuer une partie de la rente. Deux départements sont alors essen-tiels à l’État algérien : celui du pétrole et des finances. La prolongation dupacte entre l’État et les sociétés rurales tient essentiellement au maintiende cette rente et semble conditionnée par la reconductiondu modèle decroissance rentier (que l’on peut prolonger aux formes d’expansion de lafrontière agricole dans les zones arides exploitées grâce au pompage denappes fossiles). Qu’adviendra-t-il si la crise affectait ces deux départe-ments stratégiques pour l’avenir de l’Algérie ? L’État pourra-t-il alors sou-tenir les dépenses d’importations alimentaires, assurer le soutien des prixà la consommation et entretenir un modèle économique où l’industrie etl’innovation technique occupent si peu de place ? Au-delà de ce modèleenplace, n’est-il pas urgent d’intégrer des formes plus durables de développe-ment pour maintenir la stabilité sociale et économique qui distingue ac-tuellement l’Algérie ?

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