Agricultures familiales

64
Agricultures familiales Compétences de la communauté scientifique en région Languedoc-Roussillon Numéro 19

description

Les "Dossiers d'Agropolis International", n° 19, Février 2014: "Agricultures familiales"

Transcript of Agricultures familiales

  • Agricultures familiales

    Comptences de la communaut scientifique en rgion Languedoc-Roussillon

    Numro 19

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    2

    Agropolis International est un campus ddi aux sciences vertes .

    Il reprsente un potentiel de comptences scientifiques et techniques

    exceptionnel : 2 700 cadres scientifiques rpartis dans 75 units

    de recherche Montpellier et en Languedoc-Roussillon, dont 400

    scientifiques travaillant dans 60 pays.

    La communaut scientifique Agropolis International est structure

    en grands domaines thmatiques correspondant aux grands enjeux

    scientifiques, technologiques et conomiques du dveloppement :

    Biodiversit et cosystmes terrestres ;

    Biodiversit et cosystmes aquatiques ;

    Interaction hte-parasites et maladies infectieuses ;

    Ressources gntiques et biologie intgrative des plantes ;

    Agronomie, plantes cultives et systmes de cultures, agro-cosystmes ;

    Une filire emblmatique : vigne et vin ;

    Production et sant animales ;

    Alimentation, nutrition, sant ;

    conomie, socits et dveloppement durable ;

    Modlisation, information gographique, biostatistiques ;

    Eau, ressources et gestion ;

    cotechnologies.

    Lieu de capitalisation et de valorisation des savoirs, espace de formation

    et de transfert technologique, plateforme daccueil et dchanges

    internationaux, la communaut scientifique Agropolis International

    dveloppe des actions dexpertise collective et contribue fournir des

    lments scientifiques et techniques qui permettent dlaborer et de

    mettre en place des politiques de dveloppement.

    Agropolis International associe les institutions de

    recherche et denseignement suprieur de Montpellier et du Languedoc-Roussillon,

    les collectivits territoriales, des socits et entreprises

    rgionales, en liaison avec des institutions internationales.

    Agropolis International constitue un espace

    international ouvert tous les acteurs du dveloppement conomique et social dans les domaines lis lagriculture,

    lalimentation, la biodiversit, lenvironnement

    et aux socits rurales.

    AGROPOLISINTERNATIONALagriculture alimentation biodiversit environnement

  • Comptences de recherchedu Languedoc-Roussillon

    dans le domainedes agricultures familiales

    Les agricultures familiales constituent la trs grande majorit des agricultures du monde, la premire source demploi en milieu rural et le premier fournisseur de biens alimentaires. Elles sont lhonneur sur la scne internationale avec la proclamation par lOrganisation des Nations Unies de lanne 2014 Anne internationale de l'agriculture familiale ; cest loccasion pour la communaut scientifique dAgropolis International de tmoigner de son fort engagement, depuis de nombreuses annes, en matire de recherche sur et pour les agricultures familiales.

    Ce dossier prsente 21 units de recherche de la rgion Languedoc-Roussillon regroupant plus de 1 000 chercheurs qui se mobilisent, travers tout ou partie de leurs activits, pour rpondre, avec de nombreux partenaires, aux grands enjeux poss par le modle des agricultures familiales, en France et dans le monde.

    Quatre approches pluridisciplinaires sont dveloppes par les scientifiques pour aborder les problmatiques relatives aux agricultures familiales : ltude des dynamiques conomiques,

    organisationnelles et sociales au cur desquelles les agricultures familiales se situent ;

    ltude et la conception de systmes techniques de production agricole et dlevage adapts dans le but de renforcer une production agricole durable sans bouleverser le monde rural ;

    la gestion des ressources naturelles et de la biodiversit, pour laquelle les agricultures familiales jouent un rle primordial ;

    laccompagnement des agriculteurs en matire dinnovation ou de gestion des ressources et lanalyse des interactions entre les politiques publiques et les dynamiques des acteurs locaux ou territoriaux.

    Ce dossier donne galement la parole trois institutions de recherche trangres ou internationales implantes Montpellier, trs impliques dans le dveloppement de la petite agriculture dans les pays du Sud, en partenariat avec les quipes rgionales. Enfin, il recense les formations en lien avec les agricultures familiales, diplmantes ou non, proposes par les tablissements membres dAgropolis International. so

    mm

    aire

    Agriculturesfamiliales

    4Avant-propos - Les agricultures familiales :

    des enjeux de dveloppement, des perspectives de recherche

    58Les partenaires internationaux se mobilisent

    en faveur des agricultures familiales

    6Thmatiques couvertes

    par les quipes de recherche

    8Dynamiques conomiques,

    organisationnelles et sociales

    20Systmes techniques de production

    agricole et dlevage

    34Biodiversit sauvage et cultive

    et gestion des ressources naturelles

    48Accompagnement, politiques publiques

    62Liste des acronymes et des abrviations

    61Les formations Agropolis International

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    3Photo de couverture : Riziculture Madagascar S. Carrire IRD

    Les informations contenues dans ce dossier sont valides au 01/01/2014.

    Ce dossier d'Agropolis International est labellis dans le cadre de la proclamation par lOrganisation des Nations Unies

    www.fao.org/family-farming-2014/fr

  • Av a n t - p r o p o s

    Les agricultures familiales : des enjeux de dveloppement,des perspectives de recherche

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    4

    es agricultures du monde, dans toute leur diversit, nchapperont pas une rnovation de leurs modles et pratiques. Malgr

    une mdiatisation parfois alarmiste, le constat est dsormais connu : il va falloir produire plus pour nourrir des hommes toujours plus nombreux, et ds lors plus urbains que ruraux. Qui plus est, il va falloir produire mieux ; les agricultures ont des impacts environnementaux insoutenables, avec des consquences parfois dramatiques sur la sant humaine et sur les quilibres de lensemble des cosystmes. Il va falloir enfin faire ces deux rvolutions quantitative et qualitative en rduisant les ingalits et asymtries de production et de productivit qui se creusent entre les agriculteurs du monde, et en fournissant davantage demplois au lieu de rduire le nombre des actifs agricoles.

    Les trajectoires de changement observables et globalement promues

    aujourdhui dans les pays de lOrganisation de

    coopration et de dveloppement conomiques tendent

    plutt la concentration foncire, la financiarisation de la production et la poursuite de son intensification par lartificialisation et la normalisation des systmes de production et, plus largement, des systmes alimentaires. Mais peut-on pallier les limites de la modernisation conventionnelle base dnergie fossile, reposant sur les gains de productivit du travail et hrite des rvolutions agricoles au Nord et de la rvolution verte, en poussant plus loin encore lindustrialisation et la professionnalisation de lagriculture ? On est en droit den douter.

    Les agricultures familiales, dfinies principalement par le recours quasi-exclusif du travail familial et par des interrelations fortes entre chaque famille dagriculteurs et son exploitation agricole, semblent pouvoir proposer des alternatives crdibles.

    Cette forme de production fait dabord preuve de rsistance. Alors que sa disparition est rgulirement annonce, elle fait vivre 2,6 milliards de personnes et offre du travail 40 % de la population active mondiale ; des hommes et des femmes continuent de cultiver et damnager des espaces dont la productivit suppose nintresse pas les autres formes de production ; ses rponses, bases sur la valorisation de ressources

    L

    Culture de la pomme de terre, quateur.

    O. Dangles IRD

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    5

    des cosystmes naturels et de savoir-faire anciens et volutifs, permettent toujours de nourrir une part importante de lhumanit.

    Les agricultures familiales rsistent dans la diversit et ne sont pas ncessairement petites, pauvres et arrires, surtout si lon apprcie leurs performances par rapport aux dfis actuels et leur caractre multidimensionnel. Elles semblent en effet potentiellement capables de crer de la richesse, dassurer la scurit alimentaire, de grer durablement les ressources naturelles, de procurer des emplois, de rduire certaines ingalits, de contribuer la transition nergtique et de matriser des risques sanitaires mergents et globaliss.

    Pour autant, leurs qualits intrinsques noffrent pas toutes les garanties de durabilit et leurs rponses aux chocs de diverses natures quelles subissent peuvent aussi savrer prjudiciables aux quilibres

    cologiques et sociaux. Par ailleurs, leur mise en concurrence non rgule avec lagro-

    industrie les rend indniablement vulnrables. Pour relever les dfis de la plante et rpondre lexigence dun renouvellement des modles agricoles, les agricultures familiales ont donc besoin dinnovations techniques et organisationnelles, mais aussi daccompagnement par des politiques publiques adaptes.

    Ainsi la recherche agronomique, dans sa participation aux dbats sur les futurs agricoles possibles, se doit de documenter ce que sont les agricultures familiales, en caractrisant leurs atouts et leurs faiblesses, en mesurant et en comparant leur poids dmographique,

    leurs performances conomique, agronomique, environnementale et sociale, ainsi que leur

    reproductibilit.

    Elle doit aussi valuer les politiques publiques susceptibles damliorer ces performances, voire faciliter lmergence de nouvelles approches et mthodes dappui.

    De faon explicite ou non, de nombreuses units de recherche de la communaut scientifique dAgropolis participent, dans le cadre de partenariats multiples avec lenseignement suprieur de la rgion Languedoc-Roussillon, ce vaste chantier. Leurs productions comme leurs orientations actuelles tmoignent dun intrt renouvel sur la dure pour cet objet de recherche multiforme que sont les agricultures familiales. Le prsent dossier donne un aperu synthtique mais complet de la diversit, de loriginalit et des promesses de ces actions de recherche, conduites le plus souvent en partenariat avec les pays des Suds. Certaines de ces recherches ont les agricultures familiales comme objet central dtude, dautres dveloppent des innovations avec et pour elles, en valorisant la construction conjointe des savoirs par des actions participatives. Travaillant sur, pour et avec les agricultures familiales et leurs organisations reprsentatives, une communaut de recherche existe bel et bien, dont les efforts seront mis en lumire et en synergie, en cette anne 2014 que les Nations Unies ont dcid de ddier lagriculture familiale.

    Jean-Michel Sourisseau (UMR ART-Dev), Pierre-Marie Bosc (UMR Moisa)

    & Michel Dulcire (UMR Innovation)

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    6

    Thmatiques couvertespar les quipes de recherche

    (Janvier 2014)

    es diffrentes units et quipes de recherche apparaissant dans le texte

    de ce dossier sont consignes dans le tableau ci-dessous.

    1. Dynamiques conomiques, organisationnelles et sociales

    2. Systmes techniques de production agricole et dlevage

    3. Biodiversit sauvage et cultive et gestion des ressources naturelles

    4. Accompagnement, politiques publiques

    La colonne page indique lemplacement o figure le texte de prsentation de lunit. Le point rouge () indique la thmatique dans laquelle lunit dveloppe principalement ses activits, les points noirs () les thmatiques dans lesquelles elle est galement implique.

    L

    Units et quipes de recherche Page 1 2 3 4

    UMR ART-Dev Acteurs, ressources et territoires dans le dveloppement(CNRS/UM3/Cirad/UPVD/UM1)Directrice : Genevive Cortes, [email protected]://art-dev.cnrs.fr

    10

    UMR Moisa Marchs, Organisations, Institutions et Stratgies dActeurs(Cirad/Inra/Montpellier SupAgro/CIHEAM-IAMM)Directeur : tienne Montaigne, [email protected]://umr-moisa.cirad.fr

    12

    UMR GRED Gouvernance, Risque, Environnement, Dveloppement(IRD/UM3)Directeur : Francis Lalo, [email protected]

    14

    UPR HortSys Fonctionnement agrocologique et performances des systmes de culture horticoles(Cirad)Directeur : ric Malzieux, [email protected]://ur-hortsys.cirad.fr

    22

    UPR ADA Agrocologie et Intensifi cation Durable des cultures Annuelles(Cirad)Directeur : ric Scopel, [email protected]/nos-recherches/unites-de-recherche/agroecologie-et-intensifi cation-durable-des-cultures-annuelles (site provisoire)

    23

    UPR Performance des systmes de culture des plantes prennes (Cirad)Directeur : ric Gohet, [email protected]/ur/systemes_de_perennes

    24

    UMR LSTM Laboratoire des symbioses tropicales et mditerranennes(Cirad/Inra/IRD/Montpellier SupAgro/UM2)Directeur : Michel Lebrun, [email protected]://umr-lstm.cirad.fr

    26

    UMR Selmet Systmes d'levage mditerranens et tropicaux(Cirad/Inra/Montpellier SupAgro)Directeur : Philippe Lecomte, [email protected]://umr-selmet.cirad.fr

    28

    UMR Intrepid Intensifi cation raisonne et cologique pour une pisciculture durable(Cirad/Ifremer)Directrice : Batrice Chatain, [email protected] adjoint : Jean-Franois Baroiller, [email protected]://umr-intrepid.cirad.fr

    29

    UMR QualiSud Dmarche intgre pour lobtention daliments de qualit(Cirad/Montpellier SupAgro/UM1/UM2)Directeur : Antoine Collignan, [email protected]://umr-qualisud.cirad.fr

    30

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    7

    Units et quipes de recherche Page 1 2 3 4

    UMR AGAP Amlioration gntique et adaptation des plantes mditerranennes et tropicales(Cirad/Inra/Montpellier SupAgro)Directeur : Jean-Christophe Glaszmann, [email protected]://umr-agap.cirad.fr

    36

    UMR DIADE Diversit, Adaptation et Dveloppement des plantes(IRD/UM2/Cirad)Directeur : Serge Hamon, [email protected]

    38

    UMR Eco&Sols cologie fonctionnelle et biogochimie des sols et des agrosystmes(Montpellier SupAgro/Inra/Cirad/IRD)Directeur : Jean-Luc Chotte, [email protected]/ecosols

    39

    UMR System Fonctionnement et conduite des systmes de culture tropicaux et mditerranens(Cirad/Inra/Montpellier SupAgro)Directeur : Christian Gary, [email protected]://umr-system.cirad.fr

    40

    UMR G-EAU Gestion de l'eau, acteurs et usages(AgroParisTech/CIHEAM-IAMM/Cirad/IRD/Irstea/Montpellier SupAgro)Directeur : Olivier Barreteau, [email protected]://g-eau.net

    42

    UPR Green Gestion des ressources renouvelables et environnement(Cirad)Directrice : Martine Antona, [email protected]://ur-green.cirad.fr/

    43

    UMR ESPACE-DEV(IRD/UM2/UR/UAG)Directrice : Thrse Libourel, [email protected]

    44

    UMR Innovation Innovation et Dveloppement dans lAgriculture et lAgroalimentaire(Cirad/Inra/Montpellier SupAgro)Directeur : Christophe Soulard, [email protected]://umr-innovation.cirad.fr

    50

    UPR B&SEF Biens et services des cosystmes forestiers tropicaux(Cirad)Directeur : Alain Billand, [email protected] http://ur-bsef.cirad.fr

    52

    UPR AGIRs Animal et Gestion Intgre des Risques(Cirad)Directeur : Franois Roger, [email protected]://ur-agirs.cirad.fr

    54

    UMR TETIS Territoires, environnement, tldtection et information spatiale(AgroParisTech/Cirad/Irstea)Directeur : Jean-Philippe Tonneau, [email protected]://tetis.teledetection.fr

    55

    change entre un technicien de l'INTA et une famille agricole, Province de Rio Negro, Argentine.P. Oliveri INTA

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    8 March collecteur de bananes, Sri Lanka.F. Molle IRD

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    9

    Dynamiques conomiques, organisationnelles et sociales

    es agricultures familiales dominent toujours largement lagriculture mondiale. Si les agricultures dentreprise fortement

    capitalistiques assurent lapprovisionnement principal du march de quelques produits agricoles comme le soja ou lhuile de palme la contribution des agricultures familiales la production mondiale reste massive (crales, tubercules, corps gras, produits stimulants, fibres, produits animaux). Intimement lies aux terroirs faonns par leurs pratiques, elles jouent un rle primordial dans la gestion des ressources naturelles et de la biodiversit, mais aussi dans lamnagement des territoires, le maintien de la diversit culturelle et le dveloppement local. Elles contribuent directement aux revenus et lemploi dune large partie de la population mondiale.

    Les agricultures familiales sont ainsi au cur des dynamiques de changement des socits et des milieux dont elles dpendent fortement. Cest leur transformation multisculaire qui a accompagn le lent processus de transition dconomies dominante agricole vers des conomies plus diversifies, o les secteurs secondaires et tertiaires fournissent lessentiel de la richesse et de lemploi. Aujourdhui, du fait des caractristiques de la dmographie mondiale, prs de 75 % des actifs agricoles se trouvent en Asie, 20 % en Afrique subsaharienne et 5 % dans le reste du monde. Lurbanisation progresse sur tous les continents, mme si la population restera majoritairement rurale en Afrique et en Asie du Sud et ce pour plusieurs dcennies encore.

    Malgr ces recompositions et la progression des zones urbaines, les agriculteurs et leurs familles occupent la plus grande partie de lkoumne*, sur tous les continents, y compris ceux o lagriculture nest plus centrale dans lactivit des hommes. Les espaces ruraux, y compris dans les zones les plus marginales sur le plan cologique, ont fait lobjet dune mise en valeur agricole remarquablement diversifie qui dmontre la souplesse et la capacit dadaptation des agricultures familiales. Cette adaptabilit dans lespace prvaut galement dans le temps ; les agriculteurs ont su faire preuve dadaptation lorsque les contraintes taient fortes, mais ils ont su aussi oprer de vritables rvolutions techniques et organisationnelles lorsque lenvironnement leur tait

    favorable, en particulier les appuis publics offerts par les politiques agricoles (crdit, formation, conseil, rgulations de march).

    Cest cette diversit de contextes sociaux et environnementaux, dchelles et de temporalits que documentent et analysent les quipes montpelliraines dAgropolis (Cirad, CIHEAM-IAMM, IRD, CNRS, Inra, etc.). Neuf quipes de recherche se consacrent de prs ou de loin ltude de ces dynamiques, le plus souvent en partenariat avec les organismes de recherche des pays du Sud, couvrant ainsi une grande partie de lAfrique, du Maghreb, de lAmrique latine et de lAsie du Sud et du Sud-Est. Des travaux sont mens sur les dynamiques des exploitations agricoles face la pression foncire, sur la rsilience des agricultures aux contraintes actuelles et leur apport au dveloppement durable, sur leffet de lvolution des stratgies familiales sur les systmes de production et lenvironnement, sur les nouvelles opportunits que constituent les villes pour ladoption de pratiques agrocologiques, sur la gestion sociale des semences, sur la dynamisation des conomie locales, pour ne citer que ces exemples.

    Les approches mobilises sont diverses, empiriques et thoriques, faisant appel de nombreuses disciplines issues des sciences de la terre et de la vie mais aussi et surtout des sciences humaines et sociales. Lambition des nouveaux dispositifs mobiliss montre limportance de lenjeu de ces recherches (Observatoire des agricultures du monde par exemple). La diversit des situations et des questionnements appelle quant elle des approches spcifiques, parfois comparatives, et souvent interdisciplinaires qui sont illustres dans ce chapitre. Lexpertise des chercheurs montpellirains dans ce domaine nest plus dmontrer, tant souvent sollicits par les sphres politique et dcisionnelle. Lun des plus grands dfis est de poursuivre, approfondir et mutualiser les recherches et les donnes afin dapprofondir notre comprhension de la complexit des dynamiques passes et actuelles, danticiper les changements et ainsi appuyer au mieux lavenir des agricultures familiales du monde.

    Bruno Losch (UMR ART-Dev) & Stphanie Carrire (UMR GRED)

    L

    * Espace habitable de la surface terrestre, tout ou partie.

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    10

    Les quipes principalesUMR ART-Dev

    Acteurs, ressources et territoires dans le dveloppement

    (CNRS/UM3/Cirad/UPVD/UM1)70 scientifi ques

    UMR GREDGouvernance, Risque,

    Environnement, Dveloppement(IRD/UM3)

    45 scientifi ques

    UMR Moisa Marchs, Organisations, Institutions et

    Stratgies dActeurs(Cirad/Inra/Montpellier SupAgro/

    CIHEAM-IAMM)Une soixantaine de scientifi ques

    Suite p. 14

    par ces dernires. Lunit travaille ainsi la conceptualisation de la catgorie et la production de typologies des formes de production, notamment via sa participation lObservatoire des agricultures du monde hberg lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO, cf. ci-contre). Les agricultures familiales, majoritairement pluriactives et remplissant de multiples fonctions dans la construction des territoires, sont ainsi un des objets danalyse structurants de lUMR. Outre cet effort de caractrisation, les chercheurs de lunit sintressent la gense, la circulation et aux volutions des modles de dveloppement en direction des agricultures familiales, et la faon dont ces dernires participent ces processus.

    Conformment son ambition de rpondre la demande sociale de ses partenaires, lUMR simplique enfin dans le renforcement des capacits des acteurs du dveloppement. Les agriculteurs familiaux et leurs organisations sont directement concerns travers des modules de formation continue et cible. Les formations dans lesquelles les chercheurs sengagent sont galement diriges vers des futurs cadres des collectivits susceptibles daccompagner les agricultures familiales.

    Ses grandes thmatiques de recherche concernent les trajectoires de territoires ruraux comme urbains et leurs interactions, la question de la gouvernance des ressources naturelles et les questions relatives aux processus de mobilit et de circulation dans la globalisation. Ces thmatiques sont examines travers les jeux dchelle dans la gouvernance et sous langle des politiques publiques.

    Lunit travaille sur plusieurs continents, dans de nombreux contextes gographiques et politiques prsentant de forts contrastes en termes de choix et de niveau de dveloppement. Elle entend valoriser cette richesse par des approches comparatives explicatives. Aux chelles internationale, nationale et rgionale, elle ambitionne de jouer un double rle de production et de diffusion des connaissances auprs de la communaut scientifique. Elle dveloppe galement ses comptences au regard dune forte demande sociale qui se joue autour des questions de lamnagement territorial et du dveloppement (expertises, tudes, recherche-action, coopration).

    Les agriculteurs familiaux sont trs prsents dans les recherches de lunit car ce sont des acteurs majeurs des recompositions territoriales fortement impacts

    Reconfigurations des territoires et agricultures familiales

    Lunit mixte de recherche Acteurs, ressources et territoires dans le dveloppement (UMR ART-Dev, CNRS/UM3/Cirad/UPVD/UM1) dveloppe des recherches sur les reconfigurations des territoires tant du point de vue conomique, politique que social, en mettant en relation dynamiques de globalisation et dynamiques locales. Elle centre lanalyse de ces reconfigurations sur la construction et la mobilisation par la diversit des acteurs dun ensemble de ressources, dordre la fois matriel et immatriel.

    Dynamiques conomiques, organisationnelles et sociales

    ART-Dev

  • Les UMR Moisa, ART-Dev, Selmet, TETIS et lunit propre de recherche (UPR) du Cirad Performance des systmes de culture des plantes prennes contribuent linitiative Observatoire des agricultures du monde (OAM ou WAW en anglais, World Agriculture Watch), dont le principal objectif est de replacer la dynamique et les performances relatives des diffrents types dagriculture (agricultures familiales, agricultures patronales et agricultures d'entreprise) au sein du dbat sur les politiques publiques en prenant en considration les aspects de production et de viabilit conomique, sociale et environnementale, aux niveaux local et global, et en anticipant les changements futurs.

    cet effet, cette initiative se veut une plateforme permettant la cration, lchange et la discussion des connaissances. Elle est fonde sur un rseau dobservatoires, situs dans des zones reprsentatives o des transformations structurelles importantes sont luvre (par exemple, les systmes de production agricole risques). Cette initiative vise ainsi : documenter la diversit des exploitations agricoles, leurs

    transformations structurelles, leur rsilience aux contraintes actuelles et leur apport au dveloppement durable ;

    produire des analyses compares dans lespace et dans le temps ;

    attirer lattention sur les crises potentielles et les vulnrabilits spcifiques et proposer des options politiques possibles ;

    renforcer les capacits des observatoires et des intervenants locaux, nationaux et rgionaux, afin de recueillir et danalyser les informations pertinentes et de les utiliser pour alimenter le dbat sur lorientation des politiques.

    Cette initiative internationale base Rome (soutien FAO/FIDA/France*) fonctionne sur un principe de mutualisation des mthodes et des outils entre des observatoires nationaux constitus en rseau. Ces observatoires rpondent des proccupations nationales en matire de transformation des agricultures, notamment familiales.

    lchelle internationale, la question centrale renvoie aux volutions des formes dorganisation de lactivit agricole entre, dune part, des agricultures dentreprises ou de firmes bases sur le salariat et, dautre part, des agricultures familiales et patronales dans lesquelles les familles jouent un rle dterminant matrialis par les relations troites entre patrimoine et capital dexploitation.

    Contact : Pierre-Marie Bosc, [email protected]

    Pour plus dinformations : www.observatoire-des-agricultures-du-monde.org* Avec une contribution scientifique du Cirad : Coordinateur scientifique : Pierre-Marie Bosc (UMR Moisa) Membre du Comit Scientifique : Bruno Losch (UMR ART-Dev) Collaboration avec : UMR ART-Dev (Jean-Franois Blires, Sandrine Frguin-Gresh, Jean-Michel Sourisseau) UMR Selmet (Guillaume Duteurtre, Pascal Bonnet) UPR Performance des systmes de culture des plantes prennes (Ccile Bessou) Et une contribution scientifique de lInstitut National de la Recherche Agronomique (Inra) :

    Cline Bignebat, Magali Aubert, Philippe Perrier-Cornet et Isabelle Piot-Lepetit (UMR Moisa)

    Lobservatoire des agricultures du monde

    Dynamiques territoriales et nouvelles ruralits africainesLe continent africain va connatre dans les prochaines dcennies des recompositions majeures imposes par le doublement de sa population un milliard dhabitants supplmentaires dici 2050 dans un contexte dj soumis de fortes tensions lies la pression sur les ressources naturelles, une pauvret persistante et limportance de la concurrence internationale sur les conomies locales. Cette situation indite impose de prendre en compte les dynamiques territoriales en relation avec la densification du peuplement, les migrations et la croissance urbaine. Il s'agit de mieux rpondre la demande demplois qui verra arriver 330 millions de jeunes sur le march du travail dans les 15 prochaines annes, dont 60 % seront en zone rurale.

    Il sagit dun dfi majeur pour les politiques de dveloppement rural qui devront sappuyer sur une vision stratgique rnove afin de promouvoir une croissance durable pour le plus grand nombre. Cette croissance devra tre la fois agricole et reposer sur une plus grande diversification rurale permettant dacclrer la transformation structurelle du continent.

    Les agricultures familiales, qui sont le plus gros pourvoyeur demplois en Afrique, sont et resteront un acteur majeur des processus de changement.

    Afin damliorer la comprhension des recompositions territoriales en cours et attendues, lUMR ART-Dev et le Centre de coopration internationale en recherche agronomique pour le dveloppement (Cirad) collaborent avec le Nouveau Partenariat pour le Dveloppement de l'Afrique (NEPAD). Cette collaboration, qui fait suite aux liens dj tisss loccasion du programme RuralStruc* (2006-2010), sest dj

    traduite par la prparation dun atlas sur la nouvelle ruralit mergente en Afrique (auquel ont galement particip les UMR Moisa, TETIS et lUPR B&SEF du Cirad). Elle se poursuivra dans le cadre du nouveau programme Rural Futures du NEPAD, soutenu par lAgence Franaise de Dveloppement (AFD) et le Fonds international de dveloppement agricole (FIDA), et qui sera mis en uvre partir de rgions pilotes illustratives de la diversit des situations africaines, dfinies en relation avec les Communauts conomiques rgionales et lUnion Africaine.

    Contact : Bruno Losch, [email protected]

    Pour plus dinformations : www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/2013/nouvelle-ruralite* Cf. Dossier dAgropolis International n7 (2008). Socits et dveloppement durable. Apport des sciences sociales. p. 41.

    r n r e

    nouvont et ldanFutFrFo(Frsl

    C

    Pour plus dinformatio

    Une nouvelle ruralit mergente Regards croiss sur les transformations rurales africaines. Atlas pour le programme Rural Futures du NEPAD. B. Losch, G. Magrin, J. Imbernon (dir.). Ed. Cirad, 2013.

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    11

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    12

    Dynamiques conomiques, organisationnelles et sociales

    Face la concentration de la production et du foncier, se posent les questions de la spcificit et du devenir des petites exploitations (PE). En France, en 2000, plus de quatre exploitations dagriculteur sur dix ont un niveau de MBS infrieur 40 UDE*. Ces exploitations dagriculteur cest--dire celles qui dclarent au moins un actif familial comme agriculteur titre principal sont de moins en moins nombreuses. En 2007, elles ne sont plus quune sur trois. Les trs petites exploitations (TPE), dfinies par un niveau de MBS infrieur 16 UDE, reprsentaient 20 % des exploitations dagriculteur en 2000 et une sur quatre avait disparu en 2005. Ces exploitations sont fortement localises des Pyrnes aux Alpes du Nord (cf. carte). partir du recensement agricole 2000 et de lenqute structure 2005, une analyse descriptive ralise par lUMR Moisa caractrise ces exploitations et leur trajectoire.

    Les TPE prsentent des spcificits productives. Elles sont surreprsentes dans les systmes ovins, caprins et bovins viande. Sur la priode 2000/2005, leur taux de sortie est plus faible que celui des autres exploitations mais leur taux de croissance est aussi parmi les plus faibles observs.

    Les trajectoires des PE ainsi que le taux de croissance des exploitations prennes varient selon lorientation productive. Ainsi, les exploitations spcialises en marachage ont des taux de sortie et des niveaux de croissance trs importants. Ces trajectoires sont surtout lies aux orientations productives ainsi qu la valorisation de la production. Les labels de qualit (label rouge, etc.) sont souvent mis en uvre par les PE ; ils sont un facteur de croissance pour cette catgorie, contrairement dautres labels comme celui de lAgriculture Biologique. En effet, ce dernier est marginal en France et leffet observ sur les nivaux de croissance des PE apparat trs faible. Alors que la

    diversification des sources de revenus permettrait davoir une croissance plus importante, les PE se diversifient moins que les autres. Une analyse des donnes du recensement agricole 2010 permettra d'actualiser ces rsultats et de mettre l'accent sur des aspects tels que le mode de commercialisation des exploitations.

    Contacts : Magali Aubert, [email protected] & Philippe Perrier-Cornet, [email protected]

    * L'unit de dimension europenne (UDE) est une unit de mesure de la marge brute standard (MBS) ; elle quivaut 1,5 hectare de bl.

    Les petites exploitations familiales en France

    Poids dans la MBS dpartementale et dnombrement des exploitations d'agriculteurs de moins de 40 UDE.

    Source : carte IGN, Agreste Enqure Structure 2005

    les pays industrialiss et lanalyse des interfaces Nord-Sud sont autant doccasions pour comprendre les trajectoires spcifiques des conomies. Les questions de recherche sinscrivent dans la problmatique de la coexistence dune petite agriculture et de grandes exploitations, de la comprhension des stratgies des mnages ruraux dans leurs choix dactivits en prsence dimperfections de marchs fortes et de lanalyse des consquences des mutations des agricultures sur les conomies rurales.

    Les pratiques de recherche sont marques par un certain nombre de spcificits : (i) importance de la prise en compte des comportements rels des acteurs (individus, exploitations agricoles, organisations et institutions), (ii) importance de la pluridisciplinarit au sein des sciences sociales et de linteraction avec les sciences techniques, (iii) importance de la construction des matriaux (enqutes factuelles et bases de donnes drives) et des outils danalyse.

    leurs modes d'organisation interne ou externe (coordinations verticales et horizontales), au fonctionnement des institutions (marchs, rgulations), appliques aux systmes agricoles, agro-alimentaires et ruraux en zones mditerranennes et tropicales.

    Au sein de l'UMR, l'quipe Agricultures en mutations, stratgies des mnages et gestion des ressources se concentre sur lanalyse des volutions des systmes de production agricole et des systmes dactivit des mnages agricoles et ruraux, dans un contexte de globalisation des changes. Elle sintresse tout autant la constitution de grandes units de production de type capitaliste qu lanalyse des stratgies dadaptation des plus petites units de production usant de moyens multiples et, notamment, de diversification des activits agricoles ou non agricoles pour assurer tout la fois leur scurit alimentaire, leurs revenus et leur durabilit. Ses terrains de recherche se focalisent principalement sur les pays en dveloppement et mergents. La comparaison avec

    Comportements et modes de coordination des acteurs des systmes agricoles, agro-alimentaires et ruraux

    LUMR Marchs, Organisations, Institutions et Stratgies dActeurs (UMR Moisa, Cirad/Inra/Montpellier SupAgro/CIHEAM-IAMM) est une unit pluridisciplinaire. Son programme de recherche a pour fondement les courants thoriques de lconomie institutionnelle, de lconomie industrielle et des marchs, de lconomie du dveloppement, des sciences de gestion et de diffrentes disciplines des sciences humaines et sociales ayant en commun une forte attention porte aux interactions entre acteurs : sociologie, anthropologie, sciences politiques.

    L'UMR Moisa s'intresse aux problmatiques lies aux stratgies d'acteurs qu'ils soient privs ou publics, individuels (exploitants agricoles, consommateurs) ou collectifs (groupes sociaux, organisations de producteurs)

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    13

    Lagriculture familiale urbaine est-elle utile au dveloppement des villes ? Le cas de Mekns au MarocLagriculture urbaine dans les pays du Sud volue en fonction de la dynamique de dveloppement des villes. Dans le cas de Mekns (Maroc), son maintien sexplique par la faible emprise spatiale des activits de production levage laitier hors-sol, marachage limites aux espaces interstitiels comme les fonds de valle et les coteaux pentus. Lactivit agricole concerne de petites units de production familiales. Elle fournit un emploi un membre du mnage citadin et, parfois, un emploi salari plein temps ou saisonnier. Plusieurs centaines de mnages rsidant Mekns en tirent lessentiel de leurs revenus et une partie de leur alimentation. Lagriculture urbaine fournit aux consommateurs du lait frais et divers lgumes par des circuits de commercialisation courts et informels. Malgr son rle socioconomique, cette agriculture est ignore des services dappui agricole car elle est conduite en dehors des normes et des plans de dveloppement agricole. La vente du lait devrait normalement se faire via des organismes de collecte des agro-industries qui garantissent la qualit des produits.

    Les cultures marachres sont irrigues avec des eaux de surface (oueds et sources) qui sont plus ou moins mlanges avec des eaux uses, sources de contaminations microbiennes dangereuses pour les consommateurs. Cette agriculture familiale est cependant tolre car elle a une fonction sociale reconnue par les pouvoirs publics. La prise en compte de ses fonctions et services cosystmiques associs devrait initier un programme dinterventions pour amliorer sa contribution au dveloppement durable du systme agri-urbain : production de qualit, protection des sols, entretien dun paysage emblmatique associant jardins, arbres et habitats, ducation environnementale des citadins, maintien demplois et de revenus acceptables pour les familles. Mais cela implique une volont politique inscrire dans les schmas damnagement urbain et des appuis (financiers, en conseil) pour ces agriculteurs comme cest le cas pour les autres formes dagriculture au Maroc.

    Contacts : Patrick Dugu, [email protected]& Hubert de Bon, [email protected]

    L'agriculture urbaine et priurbaine comme opportunit pour l'adoption de pratiques agrocologiques : l'exemple du compost

    Lurbanisation et lexode rural constituent-ils rellement une menace pour les agricultures familiales ? La rponse nest pas aussi tranche que cela. La prsence de marchs et de consommateurs solvables proximit des sites de production dans des zones urbaines ou priurbaines permet de fournir une incitation suffisamment importante pour favoriser la pratique dune agriculture familiale de proximit.

    Par ailleurs, la production et la commercialisation de cultures haute valeur ajoute comme le marachage conviennent de petites superficies agricoles et de courtes distances entre les domiciles, les parcelles et les marchs. Les risques de pollution sont bien entendu importants mais les exigences croissantes dune population urbaine de mieux en mieux informe et sensible aux enjeux sanitaires si ce nest de lenvironnement permettent denvisager lacceptation, la mise en place et ladoption de pratiques agrocologiques innovantes.

    Dans le cas des composts en Afrique, une grande partie des dchets solides municipaux est compose de fraction organique. Il existe donc une matire premire disponible pour la fabrication de compost et damendements organiques qui pourra ensuite contribuer amliorer la composition des sols et leur fertilit. Les travaux en cours mens par l'unit propre de recherche (UPR) HortSys consistent donc identifier les meilleures stratgies institutionnelles, logistiques et sociales mettre en place pour favoriser le dploiement de filires vertes ddies lapprovisionnement des agricultures familiales en intrants alternatifs ou complmentaires aux intrants conventionnels. Les processus durbanisation, dagglomration et de densit urbaine contribuent ainsi fournir les bases de filires alternatives ou complmentaires viables permettant de transformer ce qui tait auparavant peru comme des contraintes en opportunits.

    Contact : Laurent Parrot, [email protected]

    L

    . Par

    rot

    P

    . Dug

    u

    Agriculture urbaine Mekns, Maroc.

    Dcharge sauvage Yaound, Cameroun : comment transformer une contrainte en ressource ?

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    14

    Autres quipes concernespar ce thme

    UMR AGAPAmlioration gntique et adaptation des plantes

    mditerranennes et tropicales(Cirad/Inra/Montpellier SupAgro)

    176 scientifi ques

    UMR InnovationInnovation et Dveloppement dans lAgriculture et lAgroalimentaire

    (Cirad/Inra/Montpellier SupAgro)50 scientifi ques

    UMR IntrepidIntensifi cation raisonne et cologique

    pour une pisciculture durable(Cirad/Ifremer)14 scientifi ques

    UMR TETISTerritoires, environnement, tldtection

    et information spatiale(AgroParisTech/Cirad/Irstea)

    73 scientifi ques

    UPR B&SEFBiens et services des cosystmes

    forestiers tropicaux : l'enjeu du changement global

    (Cirad)45 scientifi ques

    UPR GreenGestion des ressources

    renouvelables et environnement(Cirad)

    20 scientifi ques

    UPR HortSysFonctionnement agrocologique et

    performances des systmes de culture horticoles

    (Cirad)28 scientifi ques

    interactions entre les modes de conservation de la biodiversit, les dynamiques des espaces ruraux y compris les agricultures familiales et les cosystmes. Lide que lhomme fait partie intgrante des cosystmes y est admise ; la conservation de la biodiversit ne peut ainsi plus tre apprhende indpendamment des processus de dveloppement et des espaces ruraux. Concilier lagriculture familiale et les objectifs environnementaux relve de cette nouvelle exigence du dveloppement durable, au risque de bouleverser les conditions de vie locales. En effet, les socits rurales considrent rarement les territoires et les ressources sous le seul angle de la production agricole, mais aussi sous un angle cologique et social. Leur combinaison dactivits agricoles, pastorales, forestires, cyngtiques et halieutiques, prend en compte les dynamiques naturelles et contribue lidentit culturelle et la cohsion sociale. Les relations des agricultures familiales leur milieu, complexes et diverses, sinscrivent, de plus, dans la mondialisation des enjeux environnementaux et du mouvement conversationniste, et sont confrontes la fragilisation des cosystmes et des pratiques. Enfin, lagriculture familiale repose sur des modes varis daccs la terre, qui dpendent des modes dexploitation du milieu, des normes sociales et de lhistoire des interventions tatiques sur le milieu rural.

    Laxe 2 analyse la gouvernance de laccs aux terres et aux ressources naturelles, dans des contextes frquemment marqus par une pluralit des normes en concurrence, une comptition pour lespace, une concurrence de lagro-business, des conflits politico-fonciers, le tout induisant des recompositions des dynamiques productives et, souvent, des processus dexclusion.

    Agricultures familiales : leurs relations la biodiversit, aux politiques de conservation, aux territoires et aux rgimes de gouvernance

    Les recherches de lUMR Gouvernance, Risque, Environnement, Dveloppement (UMR GRED, IRD/UM3) sintressent deux thmatiques principales : les interrelations des socits lenvironnement et les relations entre les membres de ces socits dans leur rapport lenvironnement . Ces thmes relvent de la question socio-environnementale articulant gouvernance et environnement. Sachant que cette question est en constante volution, il sagit de comprendre comment les nouvelles contraintes et vulnrabilits, qui sont aujourdhui partie intgrante du dveloppement durable, modifient la gouvernance et la gestion des territoires et des ressources. Trois axes structurent l'UMR : conservation de la biodiversit et

    dynamique des espaces ruraux ; gouvernance et gestion des

    ressources et des territoires ; risque et vulnrabilit des socits

    et des territoires.

    Les scientifiques de lunit appartiennent diffrentes disciplines : gographie, conomie, anthropologie, ethnosciences, agronomie, cologie, etc. Les tudes concernant les agricultures familiales dans leur rapport lenvironnement, aux politiques de conservation, aux rgimes de gouvernance et aux territoires, se retrouvent essentiellement au sein des axes 1 et 2.

    Lun des objectifs des chercheurs de laxe 1 est de comprendre les

    Dynamiques conomiques, organisationnelles et sociales

    Le Ple foncier de Montpellier vise dynamiser et structurer les collaborations entre les diffrentes quipes au sein des institutions dAgropolis qui traitent de la question foncire rurale au Sud, dans les domaines de la recherche et de la formation. Le Ple a pris la forme d'un groupement d'intrt scientifique (Cirad/CIHEAM-IAMM/IRD/Montpellier SupAgro). Sa localisation montpelliraine nexclut en rien des collaborations fortes avec des chercheurs non montpellirains, du Sud particulirement. Lanimation scientifique inclut trois Journes d'animation thmatique par an et des Journes doctorales dont lobjectif est de proposer un espace de discussions et dchanges scientifiques entre doctorants et chercheurs expriments spcialiss sur le foncier, relevant de diffrentes disciplines des sciences sociales.

    Ces animations sont organises par le Ple en partenariat avec la Maison des Sciences de l'Homme de Montpellier et le Comit Technique Foncier et Dveloppement (AFD/ministre des Affaires trangres). Les prsentations des journes thmatiques et les confrences des journes doctorales sont transmises en direct* puis consultables en vido**. Les Cahiers du Ple Foncier prsentent les travaux de recherche des membres du Ple, de leurs partenaires et dtudiants associs.

    Contact : Jean-Philippe Colin, [email protected] plus dinformations : www.pole-foncier.fr

    * www.livestream.com/lamshm** http://msh-m.tv

    Un ple de recherche et de formation sur le foncier rural dans les pays du Sud

  • Influence des stratgies familiales et des pratiques sur les dynamiques spatio-temporelles des systmes agroforestiers au Sud-CamerounLe projet SAFSE (Recherche de compromis entre productions et services cosystmiques fournis par les systmes agroforestiers) est un projet de lAgence Inter-tablissements de Recherche pour le Dveloppement (AIRD). Lune de ses quipes runit le Cirad (UMR Innovation), lInstitut de recherche pour le dveloppement (IRD UMR GRED), luniversit de Yaound 1 (Cameroun) et Montpellier SupAgro (Institut des rgions chaudes).

    Depuis 2013, cette quipe interdisciplinaire (agronomie, socio-conomie, cologie, ethnobotanique) souhaite comprendre les effets des pratiques et des stratgies familiales sur les agroforts cacaoyers dans diffrentes zones cologiques et socio-conomiques du Sud-Cameroun. Ces stratgies familiales, en constante volution, sont soumises diffrentes pressions selon les rgions. Le dispositif de recherche mis en place repose sur une diversit de contraintes et dopportunits, avec lhypothse quelles influencent et font voluer les agroforts cacaoyers.

    Traditionnellement, ces agroforts, qui datent du dbut du XXe sicle, taient complexes, multistrates, riches en espces arbores associes et utiles. Composes de varits de cacaoyers rustiques introduites par les allemands, ces agroforts

    gres lchelle familiale reprsentaient des agro-cosystmes riches en biodiversit assurant ainsi une bonne rsilience aux changements (cologiques, conomiques). Les introductions successives de nouvelles varits, les conseils promulgus par les services de vulgarisation agricole, les mobilits spatiales et professionnelles, les investissements des lites au village ou dans les fronts pionniers, sont autant de facteurs qui, entre autres, contribuent largir les zones dimplantation de ces agroforts hors des zones originelles, mais aussi faonner de nouvelles formes dagroforts. Les effets de ces facteurs peuvent parfois se rsumer la simplification du systme cacaoyer limitant ainsi les services cosystmiques rendus.

    L'quipe mentionne ci-dessus a donc pour mission de mixer des approches cologiques, agronomiques et socioconomiques afin de caractriser les effets de ces changements sur la structure, la composition en espces et la dynamique spatiale de ces agroforts, via leurs effets sur les stratgies familiales, et ce dans trois zones contrastes du Sud-Cameroun forestier.

    Contacts : Isabelle Michel, [email protected]& Stphanie Carrire, [email protected]

    Pour plus dinformations : http://safse.cirad.fr/le-projet/programme-scientifique/wp1-caracterisation-de-la-composition-structure-dynamique-du-systeme

    Sance d'cabossage pour ces femmes camerounaises runies en association, rgion de Talba, Centre-Cameroun.

    S. Carrire IRD

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    15

  • Dynamiques conomiques, organisationnelles et sociales

    Rle du partenariat public-priv : cas du dveloppement de la pisciculture dans les agricultures familiales brsiliennes

    Depuis 2001, le Cirad (UMR Intrepid) et ses partenaires mnent des recherches sur les processus dinnovation piscicole au sein des exploitations agricoles familiales de deux rgions du Brsil : la valle du Ribeira (So Paulo) et la haute valle de lItaja (Santa Catarina).

    Les rfrentiels thoriques utiliss reposent sur lvaluation des politiques publiques, ltude du systme local dinnovation, la sociologie de la traduction, avec, notamment, la prise en compte des rseaux sociotechniques (et leur construction) et des controverses qui les traversent.

    La pisciculture brsilienne sest dveloppe de manire diffrente dans les deux rgions. Dans la premire, la pisciculture na pas t capable dinnover pour surmonter la crise conomique laquelle elle tait confronte. Au contraire, dans la seconde rgion, elle sest renforce grce des innovations techniques et organisationnelles en rponse plusieurs crises conomiques et climatiques. Les politiques publiques devaient aller bien au-del du suivi technique et se proccuper de lorganisation, de laccompagnement technique, de la formation, du financement et de la prsence dun traducteur (au sens de la mise en relation de ces diffrents ples de comptence qui constituent le systme local dinnovation).

    Ces travaux ont dbut travers une action thmatique programme du Cirad (2001-2004) qui visait identifier limportance relative des diffrents dterminants de ladoption ou du rejet de la pisciculture par les agriculteurs familiaux de quatre pays reprsentatifs de situations tropicales (Brsil, Philippines, Nigeria et Cameroun)*. Ces problmatiques de recherche ont t ensuite poursuivies et dveloppes par deux projets de recherche : un projet (2008-2011) mis en uvre par la Coordenadoria de assistncia tcnica integral qui visait la construction dun nouveau

    systme de pisciculture dans la valle du Ribeira et le Litoral Sud, bas sur le lambari (Deuterodon iguape) ;

    le projet Inra/Cirad PISCiculture cologiquement InTensive, une approche par cosystme (PISCEnLIT, 2011-2013) dont lun des terrains est la valle du Ribeira.

    Enfin, en utilisant les cadres conceptuels dvelopps, une coopration tripartite entre le Brsil, la France et le Cameroun est envisage.

    Contact : Newton Jos Rodrigues da Silva, [email protected]

    Pour plus dinformations : www.piscenlit.org

    * Plusieurs mmoires de fin dtude duniversits ou dcoles suprieures franaises et brsiliennes ont t raliss. Avec lappui du Comit Franais dvaluation de la Coopration Universitaire et Scientifique avec le Brsil, une thse de Doctorat (cotutelle CAUNESP de Jaboticabal et Agrocampus Ouest) a t soutenue sur le rle des politiques publiques sur les dynamiques de dveloppement de la pisciculture.

    mbari

    e s

    Modle de la Haute Valle de lItaja

    hi de pisciculture

    intgre (MAVIPI).

    levage associ porc-poisson (

    80-100 porcs par ha dtang,

    polyculture tilapia-carpes, 8-12

    tonnes de poissons par ha par

    an,

    utilisation darateurs et alime

    ntation des poissons en fin de

    cycle).

    O. M

    ikol

    asek

    C

    irad

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    16

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    17

    Madagascar, les appropriations foncires grande chelle se poursuivent. L'UMR TETIS travaille avec l'Observatoire du Foncier* pour suivre les impacts de ces dynamiques, promouvoir la transparence et le dbat public sur ces contrats fonciers impliquant l'tat et appuyer la formulation de politiques foncires adaptes.

    Si la majorit des investisseurs ont arrt leurs dmarches dinstallation faute dexprience et de capital, dautres ont ralis leurs premires plantations sur quelques centaines dhectares. Les concurrences et complmentarits avec les agricultures familiales prsentes diffrent selon les contextes mais certaines dynamiques agraires sont similaires.

    La cession lgale de milliers dhectares aux investisseurs transforme les occupants en squatters, et ce en dpit des nouvelles lois foncires qui, depuis 2005, reconnaissent les droits fonciers locaux. Les mnages qui acceptent la cession des terres le font en lchange de promesses de contreparties (loyer, emploi, infrastructures) ou en se rclamant propritaires sans en tre les usagers. Les perdants sont le plus souvent les leveurs qui, pour les plus aiss, peuvent ragir et sopposer violemment lentreprise ou aux villages qui ont ngoci avec elle. Les conflits peuvent se gnraliser lorsque lentreprise ne tient pas ses promesses.

    Seuls les agriculteurs les moins dots semploient rgulirement auprs des entreprises ; les autres travaillent en priorit sur leurs terres pour assurer leur autoconsommation. Les revenus gnrs par ces emplois bnficient ainsi aux plus pauvres et

    souvent aux migrants mais savrent souvent insuffisants pour permettre une ventuelle sortie de la pauvret. Faible loyer foncier et bas salaires sont des conditions attractives pour les investisseurs mais risquent terme dentraner, en plus dun cart important entre la rmunration du capital et celle du travail, un diffrentiel fort entre la valeur ajoute demeurant au niveau local et celle exporte du territoire. Ces rsultats en termes dquit sociale et spatiale doivent stimuler la comparaison avec dautres alternatives de dveloppement (agriculture familiale indpendante, agriculture contractuelle, en rgie et grande chelle, etc.).

    Contact : Perrine Burnod, [email protected]

    * www.observatoire-foncier.mg

    Interrelations entre agri-firmes etexploitations familiales Madagascar

    Journaliers employs par une entreprise prive.

    P. Burnod

    En Amazonie brsilienne, on estime que les agriculteurs familiaux dtiennent 12 millions dha de fort sur leurs proprits. Le code forestier exige quils prservent 50 80 % de leur proprit en rserve forestire dont ils peuvent exploiter les ressources dans le cadre dun plan damnagement forestier approuv par ltat. Malheureusement, en labsence dadoption de techniques appropries, les parcelles dfriches perdent vite leur fertilit et au bout de quelques annes, la proprit est entirement dboise et les pturages trs peu productifs. Lagriculteur abandonne alors sa proprit et migre vers dautres fronts pionniers pour reproduire la mme stratgie. Prserver les forts au sein des petites exploitations tout en amliorant le niveau de vie des agriculteurs est donc un enjeu colossal et passe par un changement radical de pratiques.

    Les recherches menes par le Cirad (UPR B&SEF) et ses partenaires en Amazonie brsilienne dans le cadre des projets FLoresta e AGRIcultura (FLOAGRI, Union europenne [UE]) et Floresta em P (FEP, Fond Franais pour l'Environnement Mondial [FFEM]) entre 2005 et 2010 ont montr que lexploitation forestire, notamment dans le cadre dun partenariat agriculteur-entreprise forestire, peut

    jouer un rle essentiel dans la mise en place de systmes dexploitation durables, car la vente de bois fournit un premier revenu pouvant tre investi dans des systmes agricoles cologiquement intensifs et durables. Toutefois, sans l'existence de politiques publiques appuyant la mise en uvre d'itinraires techniques amliors et le dveloppement dune foresterie paysanne durable, ces modles ne pourront sessaimer. En relation troite avec lexploitation forestire, les paiements pour services environnementaux et les marchs de compensation offrent une source financire alternative pour le dveloppement de systmes agricoles durables et la lutte contre la pauvret. Les projets de lAgence Nationale de la Recherche (ANR) Invaluable* et PESMIX** valuent l'impact de ces instruments dans les systmes familiaux de production agricole au Brsil, Costa Rica, Guatemala et Mexique. Ces paiements peuvent tre sous forme dargent comme au Mexique, ou sous forme dun plan dinvestissement agricole et forestier cas du Guatemala, Costa Rica et Brsil.

    Contacts : Plinio Sist, [email protected] & Driss Ezzine De Blas, [email protected]* Projet Invaluable (2012-2015) : Intgrer les valuations, marchs et politiques publiques pour la biodiversit et les services cosystmiques** Projet PESMIX (2011-2014) : Paiements pour services environnementaux : nouvelle panace ou auxiliaire utile pour l'action territoriale ?

    La gestion de la fort dans les systmes familiaux de production agricole en Amrique latine

    Exploitation forestire paysanne en Amazonie brsilienne (utilisation d'une scie portable).

    P. Si

    st

    Cira

    d

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    17

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    18

    Dynamiques conomiques, organisationnelles et sociales

    La gestion intergnrationnelle des semences au KenyaLa connaissance des facteurs structurant la diversit des ressources gntiques in situ est ncessaire pour optimiser les stratgies dchantillonnage ou de conservation. Parmi ceux-ci, les facteurs anthropologiques sont encore aujourdhui largement mconnus. La diversit des espces et des varits cultives par les Meru du Mont Kenya a t analyse en combinant l'anthropologie sociale et la gntique des populations.

    Les travaux* mens par lUMR AGAP en collaboration avec des partenaires franais et kenyans montrent comment lorganisation sociale des agriculteurs, avec les pratiques de mariage, de rsidence et dchange de semences, contribuent structurer la diversit gntique des plantes cultives, en favorisant leur adaptabilit lenvironnement. Pour expliquer la variabilit observe, linteraction classique entre gntique et environnement (GE) a t dcompose en une triple interaction (GES), o la composante sociale, S, est explicite.

    Ce modle a permis de distinguer les effets environnementaux et culturels sur l'organisation de la diversit. Parmi les diffrents niveaux dorganisation sociale, les groupes de voisinage constituent une unit sociologique essentielle pour lhritage et lchange de semences. Ils reprsentent donc un facteur-cl dorganisation de lagrobiodiversit. En revanche, les clans et l'ge ont moins deffet. Lhritage des semences de belles-mres en brus, combin aux rgles de rsidence, favorise ladaptation locale des varits, notamment en rponse aux variations climatiques. Ainsi, lhistoire et la diffrenciation des communauts se refltent dans l'assemblage des espces et des varits cultives.

    Ltude des facteurs sociaux structurant la diversit des ressources gntiques savre un pralable important pour leur collecte, conservation et amlioration dans un cadre participatif. Elle fonde la reconnaissance des droits paysans.

    Contacts : Christian Leclerc, [email protected] Labouisse, [email protected] Coppens, [email protected] & Vanesse Labeyrie, [email protected]

    * Dans le cadre des projets suivants : AfriCrop : tude de l'histoire volutive des plantes domestiques africaines

    (Agence Nationale de la Recherche, ANR) ARCAD : Agropolis Resource Center for Crop Conservation, Adaptation and Diversity - Sub project 3.

    Cereals in Africa: from advanced to under-utilized crops. www.arcad-project.org PICREVAT : Prvisibilit de linformation climatique pour la rduction de la vulnrabilit de

    lagriculture Tropicale (ANR) ATP Cirad : Reproduire des plantes, reproduire une socit

    Groupes de rsidences patrilocales sur le versant du Mont Kenya. Les femmes, lors de leur mariage, rejoignent le groupe de leur mari et y dbutent lagriculture. Elles hritent des semences de leur belle-mre. Les semences se transmettent ainsi de belles-mres en brus, au fil des gnrations ; ce qui permet de conserver les varits la mme altitude, en favorisant leur adaptation.

    Rle des coopratives dans la dynamique des exploitations agricoles familiales au Prou

    Dans le cadre du programme Empowering Smallholder Farmers In Markets (ESFIM), la recherche europenne (Cirad, Wageningen University, Natural Resources Institute) travaille dans 11 pays en collaboration avec les producteurs qui sorganisent face aux marchs. Les changements et les innovations dans les exploitations agricoles familiales doivent tre penss et fonctionner collectivement. Les coopratives jouent un rle central dans ces dynamiques locales, comme mode daction collective.

    Dans ce cadre, lUMR Innovation a travaill avec la cooprative Talln-Chusis (Costach), qui se construit depuis 2007 au nord du Prou pour relancer la filire du coton Pima par lconomie solidaire. Ce coton, cultiv dans la zone, est de qualit exceptionnelle : longueur, rsistance et finesse de fibre. Pourtant, il a chut en 30 ans de 60 000 ha seulement 1 500 ha (2010). Lindustrie textile locale a en effet profit de la rduction des taxes d'importation pour le remplacer par un coton de qualit infrieure, tout en affichant leurs tissus exports comme du

    coton local... LUMR a montr en collaboration avec la cooprative que le coton Pima local reprsente bien un produit de niche attractif, mais quil faut en reconstruire le march et les systmes de production.

    Pour saffronter aux industries locales, Costach doit donc construire des relations, rgionales et internationales, et regagner une partie de la valeur ajoute en conqurant diffrents maillons de la filire coton. Enfin reconnue en 2011 par diffrents acteurs (ministre de l'Agriculture, banques d'investissement, municipalits), Costach a pu ngocier les prix dachat et alors bnficier pour ses adhrents de crdits de campagne et davances sur rcolte. En 2012, elle regroupe 5 600 agriculteurs familiaux (3 5 ha, coton avec culture alimentaire en drob) et fait remonter la surface en coton Pima 12 000 ha. Renforce par ces apprentissages, Costach va construire sa propre usine dgrenage et de filage du coton, accompagner des essais varitaux, commencer une dmarche dappellation dorigine et contribuera ainsi dynamiser lconomie locale.

    Contact : Michel Dulcire, [email protected]

    Pour plus dinformations : www.esfim.org/collaborative-research/peru?lang=fr

    La cooprative Costach, La cooprative Costach, une organisation pour amliorer les revenus une organisation pour amliorer les revenus de ses familles paysannes affilies. de ses familles paysannes affilies.

    P. de

    l Soc

    orro

    Ola

    eche

    a Si

    lva

    C

    osta

    chA

    gric

    ult

    ure

    s fa

    mili

    ales

    18

  • Vannage du mil Kabururu, Kenya. Ce procd est destin sparer le grain de ses impurets. V. Labeyrie

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    19

  • Paysage agricole dans le Haut Atlas occidental, Maroc.

    V. Simonneaux IRD

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    20

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    21

    Systmes techniquesde production agricole et dlevage

    es agricultures familiales des pays du Sud reposent sur des systmes techniques prcis et des comptences pointues. On ne nourrit pas

    trois milliards de personnes en improvisant. On ne produit pas 95 % du cacao mondial sans un savoir expert dtaill. On nlve pas 19 milliards danimaux sans une stratgie approfondie dalimentation des troupeaux. Les agriculteurs des tropiques ont donc mis au point au cours des sicles des systmes techniques performants reposant sur des savoirs locaux patiemment amliors et longuement prouvs. Leur analyse rvle des perles : des agriculteurs camerounais ou thalandais cultivent des cacaoyers ou des hvas hors de leur zone habituelle de culture dfinie par les agronomes ; des leveurs familiaux gyptiens assurent 80 % de lapprovisionnement en lait du Grand Caire ; des plantations villageoises familiales dhvas en Thalande reprsentent 95 % de la superficie totale plante dans le pays, etc.

    Ces exemples, parmi dautres, montrent comment les chercheurs des organismes membres dAgropolis ont su prendre en compte les savoirs techniques locaux et les pratiques des acteurs afin den faire le fondement de leurs recherches. Sur cette base, il est possible de co-construire et de concevoir avec les agriculteurs des systmes techniques modifis, amliors, afin de renforcer la production agricole sans bouleverser le monde rural. Les recherches en cours sur les systmes techniques de production et dlevage prennent aussi en compte la dimension agrocologique, dsormais incontournable. Les rsultats les plus rcents montrent qu'il est possible dassurer la production agricole en utilisant des principes cologiques et sans violenter lenvironnement. Entre pargner la terre par une politique de rserves naturelles ou la partager en associant production et protection (land sparing vs. land sharing), lagrocologie applique lagriculture familiale soutient le partage : dans lexploitation agricole familiale moderne imagine par ces chercheurs, les ressources environnementales sont protges et la population nourrie. Les units de recherche et les exemples prsents dans ce chapitre tmoignent de ce pari : Qui aurait pens que la poudre de termitire pouvait

    servir dengrais ? LUMR LSTM la fait. Utilise par les femmes pour les cultures marachres, cette poudre amliore la croissance des plantes et rduit les attaques de certains bio-agresseurs.

    LUPR Performance des systmes de culture des plantes prennes montre au Cameroun que, malgr des rendements infrieurs ceux de lagriculture industrielle, la place du palmier huile est essentielle

    dans la stratgie des petits exploitants familiaux et que sa gestion, en lien avec les cultures vivrires, est conue pour assurer des revenus long terme.

    Lhorticulture est une composante essentielle de la scurit et de lquilibre alimentaire mondial. En Guadeloupe, lUPR HortSys a mis au point des techniques denherbement permettant de rduire les herbicides dans les plantations dagrumes.

    Lagriculture de conservation est une technique prometteuse qui associe labour minimum, plantes de couverture et rotation des cultures. LUPR ADA lexplore afin de lui confrer des proprits amlioratrices du sol.

    Le caoutchouc naturel est une ressource renouvelable de qualit qui permet de diminuer notre consommation dhydrocarbures fossiles non renouvelables. En Thalande, lUMR Eco&Sols montre que sur certains sols, les plantes de couverture constituent un apport considrable dengrais naturel pour les arbres. LUPR Performance des systmes de culture des plantes prennes a montr que les plantations familiales dhva peuvent sadapter aux changements globaux tout en produisant du caoutchouc de qualit.

    Lurbanisation en Afrique centrale exerce une norme pression sur les ressources en bois nergie. LUPR B&SEF encourage la rgnration naturelle assiste des arbres, afin de valoriser lagriculture sur brlis et rduire les risques de dforestation.

    Les recherches de lUMR Selmet sur la filire traditionnelle du lait de bufflesse dans la rgion du Caire ont montr son rle important pour lapprovisionnement de la mtropole.

    Les recherches de lUMR Intrepid montrent que la pisciculture traditionnelle amliore les revenus des exploitations familiales.

    Au Maroc, pour conomiser leau, lUMR G-EAU accompagne le dialogue entre irrigants et institutions afin dexpliciter les diffrentes logiques dirrigation.

    Grce des tudes dpidmiologie participative, lUPR AGIRs et lUMR Moisa conjuguent surveillance des maladies et comprhension des facteurs conomiques influant la gestion de la maladie par lleveur familial.

    La connaissance approfondie des systmes techniques de production agricole et dlevage de lagriculture familiale par la communaut scientifique rgionale est une marque du respect qui leur est d et une contribution leur protection. Tous ne survivront pas, mais on ne pourra pas dire quon ne savait pas

    Emmanuel Torquebiau (UPR ADA)

    L

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    22

    Les quipes principalesUMR Intrepid

    Intensifi cation raisonne et cologique pour une pisciculture durable

    (Cirad/Ifremer)14 scientifi ques

    UMR LSTMLaboratoire des symbioses tropicales et

    mditerranennes(Cirad/Inra/IRD/Montpellier SupAgro/UM2)

    24 scientifi ques

    UMR QualiSudDmarche intgre pour l'obtention

    d'aliments de qualit(Cirad/Montpellier SupAgro/UM1/UM2)

    66 scientifi ques

    Suite p. 24

    les systmes horticoles au niveau de leurs performances agronomiques, sanitaires, environnementales, conomiques et sociales et de la conception de systmes horticoles innovants, privilgiant le fonctionnement et les rgulations agrocologiques. Le questionnement scientifique de lUPR s'articule autour de deux axes prioritaires : fonctionnement agrocologique du

    systme horticole ; valuation et conception de

    systmes horticoles rpondant aux nouveaux enjeux conomiques, cologiques et sanitaires.

    Lagriculture familiale est alors considre la fois comme un espace constitu de diffrents compartiments et types de biodiversit du systme (biodiversit vgtale, animale et microbienne ; biodiversit arienne et tellurique ; biodiversit ressource, biodiversit destructrice), et comme un espace constitu de techniques culturales appliques par lagriculteur.

    L'unit dveloppe un partenariat actif national et international (instituts de recherche et organisations internationales) destination des pays du Sud.

    Cependant, les cultures horticoles sont particulirement sensibles aux bio-agresseurs et les mthodes de lutte contre ces bio-agresseurs font le plus souvent appel des pesticides, entranant des risques sur la sant humaine et lenvironnement. Le dfi global consiste donc concilier la fois une production horticole de qualit en quantit suffisante pour satisfaire une demande mondiale en croissance et permettre le dveloppement conomique et social des paysans des pays du Sud, ainsi quune limitation des risques pour la sant humaine et les cosystmes.

    L'UPR Fonctionnement agrocologique et performances des systmes de culture horticoles (UPR HortSys, Cirad) cherche proposer des systmes horticoles innovants bass sur le fonctionnement agrocologique.

    Ses activits sont conduites sur des dispositifs bass Montpellier, dans les dpartements d'outre-mer (Martinique, La Runion) et dans diffrents pays d'Afrique (Bnin, Kenya, Madagascar, Sngal). Les agricultures familiales sont au cur des innovations agrocologiques actuellement testes et diffuses dans

    Systmes horticoles et innovations agrocologiques

    Lhorticulture est dsormais considre comme une composante essentielle de la scurit et de lquilibre alimentaire mondial. Les systmes horticoles sont galement une source importante de revenus et demplois pour les populations les plus pauvres en zone tropicale.

    Co-conception de systmes de culture bas-intrants en agrumiculture en GuadeloupeLes objectifs des systmes de culture durables imposent aux acteurs du dveloppement agricole/rural une conception (ou reconception) et une valuation de ces systmes. Le prototypage peut tre une mthodologie efficace de conception. Cependant, cette mthode conduit souvent les chercheurs tre seuls concepteurs alors que paralllement l'appropriation des innovations dpend fortement de l'implication des autres acteurs dans les diffrentes tapes de conception et d'valuation des nouveaux systmes. En rponse, des approches participatives sont de plus en plus frquentes pour pallier cette difficult d'appropriation tandis qu'une valuation multicritre apporte une rponse aux objectifs d'valuation de la durabilit des systmes.

    LUPR HortSys du Cirad a formalis une mthode re-Design and assessment of Innovative Sustainable Cropping Systems (DISCS) qui met en uvre un processus de reconception des systmes de culture par une approche participative tout en dveloppant des outils d'valuation multicritre spcifiques chaque catgorie d'acteur implique. La mthode DISCS s'inscrit dans la ligne de la mthodologie du prototypage mais se diffrencie par une

    dmarche itrative trois chelles d'tude (parcelle exprimentale, exploitation agricole et territoire) afin de s'assurer que les

    innovations et les critres d'valuation rpondent bien aux attentes des acteurs. Cette mthode a t mise

    en uvre sur le systme de culture agrumicole guadeloupen les systmes d'exploitation en Guadeloupe tant souvent de type agriculture familiale caractriss par des systmes de culture trs diversifis sur de petites surfaces (moins de 3 ha). Elle a conduit notamment au dveloppement de prototypes de gestion des enherbements visant rduire l'utilisation

    des herbicides, principale source de pollution de lenvironnement lie ce systme de culture.

    Cette mthode a permis aussi de crer une vritable dynamique autour du dveloppement dun

    systme de culture durable notamment grce une mobilisation de tous les acteurs de cette filire mais aussi

    par la formalisation de leurs savoirs locaux. Dmarr en 2007, ce processus de reconception est en cours et a permis de prendre en compte de nouvelles contraintes (politiques et bio-agresseurs) subies par cette filire, hirarchisant ainsi de nouveaux objectifs de reconception que la profession accompagne dsormais.

    Contact : Fabrice Le Bellec, [email protected]

    Systmes techniques de production agricole et dlevage

    Jeune verger d'orangers en Guadeloupe. Les fortes pentes empchent une gestion mcanique de lenherbement do une utilisation systmatique et rgulire dherbicides.

    Y. Biard

  • Intensification cologique des cultures annuelles

    LUPR Agrocologie et Intensification Durable des cultures Annuelles (UPR ADA, Cirad) sintresse aux modalits et aux conditions de lintensification cologique des systmes de culture base dannuelles dans les exploitations de lagriculture familiale tropicale. Son objectif est danalyser et de concevoir des systmes base de cultures annuelles mobilisant mieux les ressources et les processus cologiques en valuant, dans les diffrentes dimensions spatiales et temporelles, leurs performances agronomiques, technologiques, environnementales, conomiques et sociales. ADA sintresse principalement la production de cultures annuelles fondamentales pour la scurit alimentaire des populations locales du Sud comme le riz pluvial (Madagascar, Asie du Sud-Est), le mas (Afrique, Amrique latine, Asie), le sorgho ou le mil (zones sches en Afrique sub-saharienne) et le manioc qui vient souvent en rotation de ces cultures principales. Elle sintresse galement aux plantes cultives

    comptiteurs, etc.), en interaction entre eux et avec les plantes cultives.

    Elle entend se positionner efficacement sur trois champs thmatiques en interaction concernant ces systmes complexes : comprhension / conception / valuation. Elle dveloppe pour cela des collaborations avec dautres units plus spcialises en biologie et cologie pour le premier champ, en sciences sociales de linnovation pour le deuxime, en conomie et sciences politiques pour le troisime. Son action se situe essentiellement lchelle du champ cultiv, sa place et sa gestion. Toutefois, conformment au concept mme dagrocologie, elle est amene dans ses activits prendre en compte dautres chelles en fonction des processus tudis, de la manifestation de certains impacts et de limplication de diffrents acteurs. Lchelle de lexploitation sera particulirement importante pour lanalyse de la pertinence et des performances technico-conomiques de ces systmes de culture innovants.

    annuellement rentrant dans la consolidation du revenu conomique de ces populations comme le coton (Afrique sub-saharienne) ou la canne sucre (ocan Indien et Antilles).

    LUPR ADA a pour ambition de contribuer intensifier et stabiliser la production dans ces diffrents types dagrosystmes de lagriculture familiale tropicale. Elle entend construire une approche agrocologique de lintensification des cultures annuelles en prospectant deux voies techniques complmentaires : (i) lamlioration de lco-efficience des ressources et des intrants utiliss dans le processus de production et (ii) une meilleure mobilisation des processus cologiques qui rgissent le fonctionnement de lagro-cosystme pour favoriser la croissance et la production des espces cultives et pour garantir ses services cosystmiques (fertilit, rgulation naturelle des bio-agresseurs, etc.). LUPR ADA sintresse donc des systmes de culture innovants et complexes qui mobilisent une plus grande diversit dagents biologiques (plantes de service, mulchs, prdateurs,

    Lagriculture familiale dAfrique semi-aride est dans une situation de plus en plus vulnrable en raison des effets directs et indirects du changement climatique, de la pression dmographique et de la dgradation des ressources. Lagriculture de conservation (AC) est promue comme une alternative pour restaurer la productivit des sols grce une amlioration de lefficience de leau et des nutriments dans ces rgions. Cependant, ladoption de lAC est faible pour un certain nombre de raisons techniques et ce notamment parce que lAC a t le plus souvent propose comme un paquet technique sans la flexibilit ncessaire pour une adaptation la diversit des conditions des producteurs familiaux tropicaux. Limplication des agriculteurs dans la conception et la mise en uvre de pratiques localement adaptes, en tant qulment dune stratgie de rhabilitation des sols long terme, est au cur de lapproche suivie par linitiative ABACO.

    Ce projet runit chercheurs et praticiens dAfrique occidentale, orientale et australe, coordonns au sein du rseau African Conservation Tillage Network. Il sappuie sur des options agrocologiques intensives pour la rhabilitation des sols et laugmentation de la productivit de leau en rgions semi-arides, mises en uvre, testes et partages au sein de plateformes de co-innovations locales.

    Plutt que dutiliser des dfinitions rigides de lAC, susceptibles de ne pas sappliquer dans tous les sites, ABACO propose dexplorer les approches les plus adaptes aux diffrents sites. Les modles de simulation sont utiliss en appui aux analyses multi-chelles, de la parcelle au territoire en passant par lexploitation, de manire renseigner de manire efficace la fois les acteurs locaux et les dcideurs politiques sur les compromis ncessaires entre les diffrentes composantes (agronomique, environnementale, conomique et sociale) de la durabilit des productions pluviales.

    Contact : ric Scopel, [email protected]

    Pour plus dinformations : http://abaco.act-africa.org

    Projet ABACOAgroecology-based aggradation-conservation agriculture

    change entre paysans autour d'une parcelle test de pois Bambara cultiv en agriculture de conservation sur une parcelle peu fertile dans le cadre du projet ABACO, rgion du Lac Alaotra, Madagascar.

    K. N

    audi

    n

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    23

  • Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    24

    Les quipes principalesUMR Selmet

    Systmes d'levage mditerranens et tropicaux

    (Cirad/Inra/Montpellier SupAgro)34 scientifi ques

    UPR ADA Agrocologie et Intensifi cation Durable des cultures Annuelles

    (Cirad)56 scientifi ques

    UPR HortSysFonctionnement agrocologique et performances des systmes

    de culture horticoles(Cirad)

    28 scientifi ques

    UPR Performance des systmes de culture des plantes prennes

    (Cirad)20 scientifi ques

    huilerie, du mode daccs au foncier. La durabilit des palmeraies villageoises est value.

    Pour lhva, lapproche parcelle utilise vise surtout caractriser les pratiques des petits planteurs de Thalande, pour ensuite identifier les dynamiques socioconomiques qui dterminent ces pratiques et lvolution des exploitations. Les trajectoires des exploitations familiales hvicoles sont caractrises par les rles du foncier et du travail comme principaux dterminants de lvolution rcente des exploitations, tandis que pour lvolution de la filire, lanalyse porte sur les politiques publiques et le march.

    Les recherches sur les cacaoyres du Cameroun se focalisent sur la parcelle et la rduction des carts de rendement, le fonctionnement conomique de lexploitation grce un outil de simulation, la synergie entre les cultures vivrires et les systmes agroforestiers (SAF). Les SAF des agriculteurs sont valus tandis quen parallle, des SAF innovants sont co-construits.

    explorant les marges de manuvre techniques, et sont donc en demande de conseils techniques et dinnovations qui prennent en considration leurs logiques. Cette double singularit des parcelles et des exploitations familiales a conduit lUPR travailler trois chelles diffrentes : (i) la conduite technique de la parcelle sur les pas de temps longs des cultures prennes, (ii) le fonctionnement de lexploitation et lagriculteur en tant que centre de dcisions stratgiques, (iii) lenvironnement socioconomique de lexploitation.

    Concernant le palmier huile, les activits de lunit se situent en Indonsie, en quateur et au Cameroun. Elles intgrent ces trois chelles, en sintressant lvaluation des performances des palmeraies dans les exploitations familiales, leffet sur le systme technique des pratiques, des actions de dveloppement, de la stratgie de lagriculteur pour constituer sa palmeraie, de la transformation artisanale, des relations entre les petits planteurs et les agro-industries au sein du bassin dapprovisionnement dune

    Systmes techniques de production agricole et dlevage

    Rcolte de rgimes par un petit planteur de palmier huile au Cameroun.

    S. R

    affle

    geau

    Amlioration des performances des plantations villageoises de cacao, hva et palmier huile

    LUPR Performance des systmes de culture des plantes prennes (Cirad) sintresse entre autres aux petits planteurs de la filire cacao qui produisent 95 % des volumes mondiaux et des filires hva et palmier huile dont les plantations villageoises reprsentent respectivement 76 % et 41 % des surfaces plantes dans le monde. Le terme de petits planteurs cache une grande diversit dunits de production agricole : des entreprises managriales, des exploitations patronales et, les plus nombreuses, les exploitations familiales.

    Pour ces trois filires, les parcelles des exploitations familiales ont deux caractristiques communes qui sont lies : dune part, des carts de rendement trs importants dune parcelle lautre dans les mmes conditions dapho-climatiques et, dautre part, une grande diversit de pratiques. Comme toutes les exploitations familiales, celles de ces filires sadaptent trs vite aux changements en

  • La rgion dEda au sud du Cameroun, qui est le principal bassin de production laeicole du pays, se caractrise par des rendements des palmeraies industrielles satisfaisants dans les conditions pdoclimatiques de la rgion (14 16 t/ha de rgimes), tandis que les plantations villageoises ont des rendements trs contrasts (2 14 t/ha de rgimes). La plantation de matriel vgtal tout-venant explique les plus faibles rendements villageois. Les prcdents vivriers et forts sont associs respectivement aux faibles et bons rendements parmi les palmeraies villageoises slectionnes ; ce qui pose la recherche la question des raisons des choix du prcdent cultural.

    Pour y rpondre, lUPR Performance des systmes de culture des plantes prennes a reconstitu par enqute les trajectoires des exploitations, leur mode daccs au foncier et les pratiques dans les diffrentes parcelles, chez les diffrents types de petits planteurs de la rgion : des exploitations familiales, patronales et des entreprises managriales. Il savre que les exploitations familiales suivent une trajectoire typique au cours de plusieurs dcennies : cration dune exploitation familiale productrice de vivriers

    de rente ; dveloppement dune palmeraie finance par la vente de

    productions vivrires et ventuellement par un projet ; une fois que lagriculteur vit des revenus de sa palmeraie,

    rduction des surfaces vivrires pour les seuls besoins dautoconsommation en implantant de nouvelles palmeraies sur prcdent vivrier ;

    puis embauche dun employ permanent lorsque les surfaces le permettent : 10 ha de palmiers, cest la retraite de lagriculteur

    Contact : Sylvain Rafflegeau, [email protected]

    Choix du prcdent cultural dans les palmeraies villageoises au Cameroun

    Avec un tiers de la production mondiale, la Thalande est le premier pays producteur et exportateur de caoutchouc naturel, grce ses plantations villageoises qui reprsentent 95 % de la superficie totale plante. Dans ces exploitations, lhva reprsente souvent la principale source de revenus dans un systme de production, voire dactivit, diversifi. Cette hvaculture de type familial prsente nanmoins une grande diversit, depuis les plus petites exploitations de moins dun hectare mobilisant exclusivement le travail familial, jusquaux plus grandes exploitations patronales dune centaine dhectares employant plusieurs salaris mais o la famille contribue aussi aux activits agricoles.

    Les changements globaux et locaux affectent les pays producteurs de caoutchouc : changements dmographiques (augmentation et vieillissement de la population, migration des travailleurs entre rgions et secteurs dactivit), rarfaction des terres cultivables, pressions environnementalistes (prservation des forts, de la biodiversit, de leau), changements climatiques. Paralllement, la demande mondiale croissante incite produire davantage de caoutchouc naturel, confrontant ainsi les hvaculteurs de nombreux dfis.

    Pour y rpondre, le Cirad (avec trois partenaires thalandais : Kasetsart University, Prince of Songkla University, Department of Agriculture) a cr en 2008 une plateforme de recherche pluridisciplinaire Hevea Research Platform in Partnership . Sa finalit est damliorer la productivit des plantations dhva, de caractriser les impacts environnementaux des plantations et didentifier les dterminants de la qualit du caoutchouc naturel. Ses activits de recherche visent notamment : caractriser les formes familiales dagriculture engages dans lhvaculture ; dcrire les pratiques dans les plantations pour valuer leurs impacts sur la production, lenvironnement et la qualit du caoutchouc ;

    comprendre les dterminants biophysiques et socioconomiques des pratiques pour rpondre aux besoins dinnovation technique des planteurs ;

    analyser les stratgies dadaptation des hvaculteurs aux changements globaux.

    Contact : Bndicte Chambon, [email protected]

    Pour plus dinformations : http://hrpp.ku.ac.th

    Hvaculture familiale en Thalande : diversit, capacit innover et sadapter aux changements globaux

    Agr

    icu

    ltu

    res

    fam

    ilial

    es

    25

    B

    . Cha

    mbo

    n

    tem

    ps

    PALMIEREmprise interne

    PALMIEREmprise externe

    FORT

    Jachres

    Jachres

    Jachres

    Vivrier

    Vivrier

    Vivrier

    volution dune exploitation familiale vers une exploitation patronale employant un salari permanent.Limplantation de palmeraies suppose une double emprise foncire : externe lexploitation sur la fort puis interne sur les surfaces en rotation jachre-vivrier, expliquant ainsi les diffrences de prcdents entre les parcelles.

    Emprise externe

    Collecte du latex aprs la saigne en

    plantation familiale.

  • Agr

    icu

    ltu

    r