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Chapitre 2 : Zonage des moyens d’existence AEM – GUIDE DU PRATICIEN

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Chapitre 2 : Zonage des moyens d’existence

AEM – GUIDE DU PRATICIEN

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Zonage des moyens d’existence

2 ZONAGE DES MOYENS D’EXISTENCE

CONTEXTE 1Qu’est-ce qu’une carte des zones de subsistance ? 1Pourquoi faire un zonage des moyens d’existence ? 4Qu’est-ce qui définit une zone de subsistance ? 5Facteurs non pris en compte pour définir les zones de subsistance 7Liens entre les zones de subsistance et les frontières administratives 8En quoi une carte des zones de subsistance diffère-t-elle d’autres types de cartes ? 10Comment nommer les zones de subsistance ? 11Résultats du zonage des moyens d’existence 12Où le zonage des moyens d’existence a-t-il été effectué ? 12Exemples de zonage national des moyens d’existence : Malawi et Djibouti 13

COMMENT PROCÉDER 16Préparer un atelier de zonage des moyens d’existence 16Programme de l’atelier 18Suivi au niveau administratif supérieur 20Pièges courants 20

QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES 22

Ce chapitre explique comment entreprendre un exercice de zonage des moyens d’existence. Il présente également les normes minimales pour définir ce qu’est et ce que n’est pas un zonage des moyens d’existence et ce qu’il doit inclure. Il constitue ainsi une référence utile pour interpréter un large éventail de produits cartographiques portant sur les moyens d’existence. Cependant, il est généralement attendu que seuls des praticiens expérimentés de l’AEM entreprennent ce zonage, car c’est un domaine qui exige des compétences particulières et une grande expérience acquise dans de nombreux contextes de pays. Ce chapitre n’est donc pas vraiment un guide de bricolage, mais plutôt une référence à emporter pour les membres d’équipe dirigés par un chef d’équipe expérimenté dans l’AEM. Il peut également être utilisé par les analystes qui évaluent la validité des cartes de zonage des moyens d’existence ou pour guider de nouvelles initiatives de zonage et la détermination de champs d’action.

Après avoir lu ce chapitre, les praticiens sauront expliquer ce qu’est une carte de zonage des moyens d’existence et quelle est sa valeur ajoutée dans les systèmes d’alerte précoce, dans la planification d’une enquête ou d’une évaluation, dans l’approvisionnement des besoins d’urgence, dans les études de référence et dans les buts de la planification du développement. Ils pourront énumérer les types de facteurs qui définissent et ceux qui ne définissent pas une zone de subsistance ; ils pourront nommer une zone de subsistance et décrire les résultats de base d’un zonage des moyens d’existence. Les praticiens pourront expliquer clairement comment les zones de subsistance sont liées aux frontières administratives. Ils pourront également décrire le processus de base pour effectuer un zonage des moyens d’existence et quelques-uns des pièges du zonage.

Le texte de ce chapitre provient d’un guide du zonage des moyens d’existence rédigé par Mark Lawrence, Alexandra King et Julius Holt du Food Economy Group (F.E.G.), à l’aide de matériels préparés par eux-mêmes et par Tanya Boudreau et Jennifer Bush (également du F.E.G.) pour diverses missions, y compris des contrats entrepris pour le projet FEWS-NET de l’USAID, pour Save the Children UK et pour le Programme alimentaire mondial des Nations Unies.

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Zonage des moyens d’existence

Liste des encadrésEncadré 1. Le bassin de Limpopo, Mozambique 3Encadré 2. Exemples de frontières administratives 8

Liste des figuresFigure 1 : Tracer une carte des zones de subsistance (sur laquelle la frontière de la zone de subsistance et la frontière administrative coïncident à peu près) 9Figure 2 : Tracer une carte des zones de subsistance (sur laquelle la frontière de la zone de subsistance et la frontière de la zone administrative ne coïncident pas) 10

Liste des tableauxTableau 1. Principales catégories du système de production 6Tableau 2. Zones par pays : Exemples 12

FICHIERS CORRESPONDANTS SUR CD

Le CD qui accompagne le Guide du praticien contient les fichiers suivants correspondant au Chapitre 2, qui se trouvent dans le Répertoire du Chapitre 2 :

• Annexe A : Exemple de zonage national des moyens d’existence (Malawi, suite du texte principal du Chapitre 2)

• Annexe B : Modèle de zonage des moyens d’existence

SESSIONS DE FORMATION CORRESPONDANTES

Le Guide de formation à l’AEM contient les sessions suivantes qui correspondent au Chapitre 2 :

MODULE 2 : ÉVALUATION DE RÉFÉRENCE• Session 4 : Zonage des moyens d’existence• Session 20 : Incorporer des informations secondaires

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Zonage des moyens d’existence page 1

CONTEXTE

Qu’est-ce qu’une carte des zones de subsistance ?

Les moyens d’existence sont l’ensemble des moyens par lesquels les ménages obtiennent les choses nécessaires pour vivre, aussi bien dans les bonnes que dans les mauvaises années. Bien évidemment, ces nécessités incluent la nourriture, l’eau, l’abri, les vêtements et les soins de santé, et l’éducation y est souvent incluse également. Le ménage est pris comme unité de référence car il représente de loin la principale unité dans laquelle, partout dans le monde, les populations opèrent pour la production, le partage du revenu et la consommation.

Bien entendu, les caractéristiques des moyens d’existence varient d’une région à une autre, ce qui explique pourquoi la préparation d’une carte des zones de subsistance peut être une première étape utile pour un grand nombre de types d’analyse basée sur les moyens d’existence. Les facteurs locaux tels que le climat, le sol, l’accès aux marchés, etc. influencent les caractéristiques des moyens d’existence. Par exemple, la population d’une région fertile des hautes terres a des options très différentes de celles des habitants d’une région semi-aride des basses terres. Les habitants des régions de hautes terres ont généralement des activités agricoles pour gagner leur vie, tandis que dans les basses terres, ils cultivent peu et sont soit pasteurs soit agropasteurs. Les habitants d’une zone côtière ou de bord de lac auront sans doute des moyens d’existence basés sur la pêche ou associeront la pêche à d’autres activités, etc.

L’agroécologie est un aspect géographique qui détermine les caractéristiques des moyens d’existence. Un autre facteur est l’accès au marché. Ce dernier influe sur les capacités de la population à vendre ses produits (récoltes, bétail ou autres articles) et sur le prix qu’elle obtient pour ces marchandises. Étant donné que les caractéristiques des moyens d’existence dépendent fortement de la géographie, il est logique de diviser un pays ou une région en zones de subsistance. Celles-ci sont définies comme des régions dans lesquelles la population partage globalement les mêmes moyens d’existence (c’est-à-dire le même système de production : l’agriculture ou le pastoralisme par exemple, ainsi que les mêmes caractéristiques générales de commerce/d’échange). Un exemple de carte d’une zone de subsistance basée sur l’information recueillie dans le sud de la Mozambique est présenté dans l’Encadré 1.

Le zonage des moyens d’existence représente plus que la simple création de cartes. Une carte des moyens d’existence est peu utile si elle ne s’accompagne pas d’une description de base des caractéristiques des moyens d’existence de chaque zone, et de préférence d’une analyse des raisons sous-jacentes des différences entre zones. Cela implique l’analyse détaillée des options de production et de commerce/d’échange de chacune des zones et de l’influence de la géographie sous-jacente sur ces zones. Nous pouvons considérer ces trois facteurs comme étant liés à la consommation de la façon suivante : la géographie influe sur les options de production (climat, sol, etc.) et de commercialisation/commerce (routes, proximité des centres urbains, etc.), qui à leur tour influencent la

Comment faire la distinction

Une carte des zones de subsistance montre les zones dans lesquelles la population partage globalement les mêmes caractéristiques de moyens

d’existence.

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consommation du ménage. La production du ménage (de denrées et autres) peut être soit directement consommée soit commercialisée/échangée contre d’autres articles sur le marché. La consommation est également déterminée, de manière critique, par ce qui est disponible dans ces marchés, et par la façon dont la population obtient les moyens d’acheter ces marchandises.

Cependant, la géographie n’est pas le seul facteur qui détermine le type de moyens d’existence. Elle définit en principe les différentes options de moyens d’existence, mais dans quelle mesure la population exploite ces options dépend d’un certain nombre de facteurs, dont le niveau socio-économique est généralement le plus important. Dans une zone agricole, par exemple, les personnes possèdent différentes superficies de terre et peuvent obtenir différents rendements, souvent parce qu’elles peuvent se permettre d’acheter des semences améliorées, des engrais, des pesticides et des herbicides, qui sont inaccessibles à d’autres. De même, dans une zone pastorale, tous les ménages ne possèdent pas le même nombre d’animaux ou n’ont pas accès au même nombre d’animaux, et ils ne peuvent pas tous se permettre des soins vétérinaires ou d’autres services. Ces exemples, qui montrent comment le niveau socio-économique des ménages influence le type de moyens d’existence dans une zone, ainsi que les analyses de la sécurité alimentaire ou des moyens d’existence, doivent tenir compte de ces différences socio-économiques. Après l’exercice de zonage des moyens d’existence, la classification socio-économique représente donc souvent la prochaine étape de l’analyse.

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Encadré 1. Le bassin de Limpopo, Mozambique

La carte de zonage qui se trouve à droite a été effectuée en 2001, dans le cadre du projet MIND de FEWS NET au Mozambique, qui avait pour objectif de fournir un zonage des moyens d’existence et des informations de référence pour la planification de secours et les programmes d’atténuation des catastrophes.

Une zone de subsistance est une région dans laquelle la population partage globalement les mêmes moyens de production et les mêmes caractéristiques de commerce/d’échange.

Les produits de base du zonage des moyens d’existence sont :

• Une carte montrant les différentes zones par rapport aux frontières administratives conventionnelles.

• Une répartition de la population par zone de subsistance et par unité administrative.

• Une description de base de la géographie, du système de production et des caractéristiques de commerce/d’échange de chaque zone.

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Pourquoi faire un zonage des moyens d’existence ?

Il y a de plus en plus d’intérêt dans l’utilisation de l’analyse des moyens d’existence en tant que « lunette » avec laquelle examiner un certain nombre de problèmes allant de la réponse à l’urgence, à l’atténuation des catastrophes et au développement à long terme. Cet intérêt est fondé sur deux observations de base :

1) L’information sur une région particulière ou une communauté donnée ne peut être interprétée correctement que si elle est placée dans le contexte du mode de vie de la population.

2) Les interventions ne peuvent être conçues et gérées par des moyens appropriés aux circonstances locales que si le planificateur connaît les moyens d’existence locaux et sait si une intervention proposée tirera parti des stratégies existantes ou si elle les compromettra.

L’interprétation de l’information

L’évaluation de la sécurité alimentaire illustre la valeur de l’analyse des moyens d’existence. En effet, il a été constaté : qu’une analyse des moyens d’existence locaux est essentielle pour bien comprendre l’impact, au niveau du ménage, des dangers tels que la sécheresse, un conflit ou une perturbation du marché. La perte totale d’une récolte pourrait laisser un groupe de ménages sans ressources parce que cette récolte est leur unique source de nourriture de base. En revanche, un autre groupe pourrait s’en sortir parce qu’il a d’autres sources de nourriture et de revenu en espèces. Ces sources alternatives, comme du bétail à vendre ou des proches dans d’autres régions qui peuvent apporter une aide, peuvent aider à combler les déficits de la production. Étant donné que l’impact d’un danger varie selon le contexte des moyens d’existence, des évaluations efficaces de l’impact d’un danger doivent être basées sur une analyse des moyens d’existence.

Conception et gestion des interventions

Il existe plusieurs cadres de planification et de gestion de projets basés sur les moyens d’existence. Dans l’un de ces cadres, le Cadre de moyens d’existence durables du DFID, les cinq capitaux (naturel, physique, humain, social et financier) en sont le concept principal. Ils déterminent, conjointement avec les politiques, les institutions et les processus, les types de stratégies de subsistance que la population peut adopter. Les deux premiers de ces capitaux – naturel et physique – sont manifestement déterminés en grande partie par la géographie, ce qui signifie qu’une carte des zones de subsistance peut être un point de départ utile pour ce type d’analyse des moyens d’existence.

Pour résumer, une carte des zones de subsistance divise le pays en zones relativement homogènes définies en fonction des caractéristiques de leurs moyens d’existence. C’est un moyen de diviser la population en groupes raisonnablement similaires, afin d’effectuer diverses analyses et de fournir une base de moyens d’existence pour divers types d’enquêtes ou d’évaluations, y compris les évaluations et les études de référence destinées à la planification du développement. Une carte des zones de subsistance peut servir de cadre d’échantillonnage pour les enquêtes par questionnaire auprès des ménages et pour les évaluations rapides. Elle constitue une base pour classer par ordre de priorité les besoins de différentes parties du pays et pour cibler l’aide sur une base géographique. Elle peut également servir de point de départ pour adapter les indicateurs d’un système de suivi de la sécurité alimentaire basé sur les moyens d’existence.

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Qu’est-ce qui définit une zone de subsistance ?

La géographie, la production et les marchés

La plupart des moyens d’existence sont complexes et déterminés par un large éventail de facteurs. Afin de simplifier le processus pour définir les zones de subsistance, il est conseillé à l’analyste de se concentrer sur trois facteurs primaires. Ces facteurs sont les suivants :

• La géographie : Il existe deux classes de facteurs géographiques : naturels et créés par l’homme (qui correspondent aux capitaux naturel et physique du cadre du DFID). Les facteurs naturels les plus importants sont la topographie (les caractéristiques physiques d’une région, notamment les montagnes, les côtes, les fleuves, les plaines), l’altitude, le sol, le climat (la température et la pluviosité) et la végétation. Les plus importants facteurs créés par l’homme sont ceux qui sont liés à l’infrastructure (les routes, les voies ferroviaires, les télécommunications).

• La production : Il existe plusieurs types de systèmes de production ruraux, la distinction la plus basique étant faite entre les systèmes agricole, agropastoral et pastoral. (Voir le Tableau 1 pour une description détaillée de ces systèmes.) Le système de production est déterminé par un éventail de facteurs, dont la géographie est manifestement le plus important. D’autres facteurs incluent le système de commercialisation (par ex. la demande d’un produit par rapport à un autre, l’expérience et les ressources de capital des commerçants), le système financier et bancaire (par ex. la possibilité d’obtenir des crédits abordables) et la politique du gouvernement (par ex. les politiques de développement, des prix, de fourniture d’intrants de production, etc.). Il est tout à fait possible que deux zones de subsistance se ressemblent sur le plan géographique, mais que l’une soit basée par exemple sur la production alimentaire et l’élevage, et l’autre sur la production de canne à sucre parce que les conditions agro-écologiques y sont propices, les fermiers de la zone sont encouragés à cultiver ce végétal, il y a une usine de traitement tout près et il existe de bonnes routes ou voies ferroviaires pour transporter le produit final au marché.

• Les marchés/le commerce : Le système de marché détermine la capacité à vendre la production principale, à commercialiser les biens et services et à trouver un emploi (soit dans le secteur formel, soit dans le secteur informel). Tous ces éléments ont une profonde influence sur le type de moyens d’existence. Trois facteurs sont particulièrement importants : a) la demande de produits, de biens, de services et de main-d’œuvre, b) un système de commercialisation efficace, et c) l’existence d’une infrastructure de base pour soutenir les activités de marché et de commerce. L’existence de la demande (a) est évidemment un facteur clé. La proximité d’un grand centre urbain par exemple, a souvent une grande influence sur les caractéristiques rurales des moyens d’existence (en raison de la demande urbaine de produits ruraux tels que les fruits et les légumes, ou de main-d’œuvre occasionnelle non qualifiée). L’efficacité du système de commercialisation (b) est également importante. Elle est déterminée par plusieurs facteurs, dont l’expérience des commerçants, leur accès à un capital, au crédit et à de l’équipement (camions, entrepôts) ainsi que la politique du gouvernement et la législation relative au commerce (systèmes de licence, fiscalité, taxes, etc.). Enfin, l’existence d’une infrastructure de base (c), en particulier de transport et de communication, a une influence évidente et importante sur le système de marché.

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Tableau 1. Principales catégories du système de production

Principales caractéristiques Notes supplémentaires :

Agriculture

Exemple des principaux types de zone de subsistance agricole :• Pluviale et/ou irriguée• Culture vivrière et/ou commerciale• Récolte excédentaire ou déficitaire• Traction manuelle et/ou par animal/

mécanique• Dépend de courtes ou de longues

saisons des pluies• Basses terres – hautes terres –

semi-montagneuse• Fort potentiel – faible potentiel• Sol fertile ou infertile• Population clairsemée ou dense

Dans ce type de zone, la principale activité est la production végétale, généralement complétée par l’élevage de bétail mais à petite échelle (par ex. 1-2 gros animaux laitiers et volailles pour la plupart des ménages). Nous voulons classer les principales cultures consommées et les principales cultures vendues.

Pastoralisme Indique :Une zone agro-écologique

Les moyens d’existence pastoraux sont ceux dans lesquels la principale activité est l’élevage de bétail. Nous voulons classer les principaux types d’animaux d’élevage en fonction de leur importance pour l’alimentation et les revenus des ménages.

Agropastoralisme

Indique :Si les cultures sont plus ou moins importantes que les animaux d’élevagePlus des caractéristiques des activités agricoles ou pastorales

Les agropasteurs font de l’élevage et cultivent aussi la terre.

Pêche

Indique si :Mer, lac, fleuve, mare, etc.Au large et/ou côtierBateaux, filets et/ou à la ligne

Dans ce type de zone, la pêche fournit généralement à la fois une source de nourriture et une source de revenu.

Basé sur la main-d’œuvre

Indique si :Plantation – ranch – urbainTravail local – migration saisonnières – migration à long termeType de plantation (thé etc.)

Dans ce type de zone, la plupart des personnes gagnent de l’argent par la main-d’œuvre qu’elles fournissent et achètent la plus grande partie de leur nourriture1.

Chasse-cueilletteIndique si :La chasse est plus/moins importante que la cueillette de plantes sauvages.

Les chasseurs-cueilleurs obtiennent une proportion importante de leur NOURRITURE par la chasse et la cueillette (pas seulement un revenu, comme c’est le cas des pasteurs qui peuvent ramasser et vendre du charbon, par exemple).

Autre (par ex. exploitation minière,

commerce)Indique les principales caractéristiques Inclut tout autre type de moyens

d’existence non cité ci-dessus.

1 Cela s’applique à beaucoup de travailleurs employés à plein temps dans de grands ranchs et plantations commerciaux (par ex. plantations de thé ou de café). Cela ne s’applique pas aux petits exploitants qui cultivent leur propre thé ou café (qui vivent de l’agriculture). Les personnes qui font de l’agriculture et qui travaillent également dans des ranchs ou des plantations (peut-être d’une manière saisonnière) sont décrites comme ayant des moyens d’existence basés sur l’agriculture et la fourniture de main-d’œuvre. De même, les personnes qui ont à la fois un travail agricole et un emploi dans des zones urbaines ont également des moyens d’existence basés sur l’agriculture et la fourniture de main-d’œuvre. Cela est vrai si la zone urbaine est proche ou si elle est éloignée (auquel cas 1-2 membres de la famille pourraient migrer pour toute l’année ou une partie seulement).

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Ensemble, ces trois facteurs déterminent en grande partie les opérations économiques des ménages d’une zone de subsistance particulière. Ils déterminent également leur vulnérabilité à des dangers tels que la sécheresse, le conflit ou les perturbations du marché, puisque la vulnérabilité est fonction a) des activités habituelles des ménages et b) des activités auxquelles ils ont recours en réponse à un danger. Ces dernières, tout comme les activités habituelles, sont déterminées par les mêmes trois facteurs : la géographie, la production et les marchés/le commerce.

Facteurs non pris en compte pour définir les zones de subsistance

Deux types de facteurs ne sont pas pris en compte pour définir les zones de subsistance :

1) Les dangers auxquels différentes zones pourraient être exposées. Beaucoup de zones rurales sont exposées à un éventail de dangers qui peuvent être naturels (par ex. la sécheresse ou les inondations) ou créés par l’homme (par ex. le conflit ou les perturbations du marché). L’exposition au danger est manifestement un facteur qui influe sur les caractéristiques de moyens d’existence, car la population adoptera généralement certaines stratégies pour atténuer les effets d’un danger particulier (par ex. cultiver le long d’un fleuve pour atténuer les effets de la sécheresse) ou pour accroître leur résilience ou leur capacité à se relever d’un danger (par ex. accumuler des animaux d’élevage qui pourront être vendus en cas de crise). Ces types de réponse seront en grande partie enregistrés par l’analyse du système de production et il n’est donc pas nécessaire d’inclure l’exposition au danger comme quatrième facteur définissant les frontières d’une zone de subsistance (quoiqu’il soit important, bien entendu, d’inclure des informations sur les dangers dans la description de la zone de subsistance).

Supposons, toutefois, qu’une même zone soit exposée à différents dangers, tout en étant globalement homogène sur le plan des moyens d’existence, et que, par exemple, la moitié nord d’une zone soit plus sujette à la sécheresse que la moitié sud. Cela, en soi, ne justifie pas de diviser la zone en deux car les deux parties ont les mêmes caractéristiques de moyens d’existence et la même vulnérabilité à la sécheresse, ce qui est la considération la plus importante à ce stade de l’analyse. Si, dans une année particulière, le nord souffre de la sécheresse tandis que le sud est épargné, dans ce cas des analyses séparées des résultats seront bien entendu requises pour le nord et pour le sud, mais l’analyse initiale ne devra pas diviser la zone en deux au stade de la compilation de la carte des zones de subsistance de base.

2) Le niveau de la fourniture de services dans une zone. En règle générale, on ne divise pas une zone de subsistance en deux parce qu’une partie a de meilleurs services de santé ou d’éducation que l’autre. Pourquoi ne pas faire cette division, alors que les moyens de subsistance sont définis, comme on l’a déjà affirmé, par l’ensemble de moyens par lesquels les ménages obtiennent les choses nécessaires pour vivre, y compris les soins de santé et l’éducation ?

Pour expliquer cela, il nous faut revenir à la raison pour laquelle nous préparons une carte des zones de subsistance, qui est d’aider la prise de décisions concernant les urgences et le développement. Dans ces cas-là, nous pourrions tenter de répondre à des questions telles que : quels seront les effets d’un danger (par ex. la sécheresse) sur la population de différentes régions, et quels pourraient être ses besoins d’aide

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alimentaire et/ou économique ? Ou, comment pouvons-nous concevoir au mieux des interventions pour le développement qui soutiendront plutôt que gêneront les stratégies de subsistance existantes ? Pour bien répondre à ces questions, il faudra comprendre les opérations économiques des ménages individuels, sans les comparer aux niveaux existants de la fourniture de services locaux.

Cela ne signifie pas qu’établir la cartographie des niveaux de fourniture de services ne serait pas un exercice utile en soi. Cependant, plutôt que de l’incorporer dans la définition des zones de subsistance individuelles, le plus utile serait sans doute de superposer les cartes de fourniture de services sur la carte finale des zones de subsistance. Cela permettrait d’identifier quelles parties de quelles zones sont mal desservies, et de souligner peut-être les zones de priorité pour une intervention dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

Liens entre les zones de subsistance et les frontières administratives

En principe, les frontières des zones de subsistance devraient coïncider avec les frontières administratives, mais cela n’est pas toujours possible parce que les zones écologiques et économiques homogènes dépassent souvent les frontières politiques. En conséquence, il est possible de trouver, dans une unité administrative, des pasteurs qui vivent aux côtés d’agriculteurs, ou des agropasteurs qui vivent aux côtés de communautés de pêcheurs.

Encadré 2. Exemples de frontières administratives

On trouve généralement cinq niveaux administratifs dans un pays, en commençant par le niveau 1 (l’ensemble du pays), puis le niveau 2 (la subdivision administrative primaire, par ex. la région ou la province), jusqu’au niveau administratif le plus bas, qui est en principe un groupe de villages.

Cependant, du fait que les décisions relatives à l’allocation des ressources et à la fourniture de services sont prises en fonction des unités administratives, et non pas des zones de subsistance, il est important que les zones de subsistance correspondent, d’une manière ou d’une autre, à l’unité administrative la plus basse. En principe les frontières des zones de subsistance se chevaucheront plus ou moins avec le plus bas niveau d’unité administrative (niveau 4 ou 5) mais ce n’est pas toujours le cas, et parfois, même ces plus petites unités administratives doivent être subdivisées. Voir l’Encadré 2 pour des détails sur les frontières des niveaux administratifs.

Exemples de niveaux administratifs, par pays

Niveau administratif Éthiopie Kenya Zambie Niger

1 Pays Pays Pays Pays

2 Région Province Province Département

3 Zone District District Arrondissement

4 Woreda Division Circonscription

5 Kebele / AP Localité Section électorale

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Dans la pratique, la méthode la plus simple pour préparer une carte des zones de subsistance est de tracer les frontières préliminaires des zones de subsistance sur une carte du district vierge (c’est-à-dire niveau administratif 3). La plupart des participants à l’exercice connaîtront les frontières du district et pourront les utiliser comme guide pour tracer les frontières des zones de subsistance. Ils connaîtront peut-être moins bien les frontières du niveau inférieur (niveau administratif 4 ou 5) et pourront aussi trouver ce niveau de détail déroutant à ce stade. Après avoir ainsi tracé les frontières, la prochaine étape est d’attribuer les unités administratives du niveau inférieur à chacune des zones préliminaires. Un moyen de procéder est illustré dans la Figure 1. Cela permet de superposer les unités du niveau inférieur, dans ce cas les sous-districts, sur la carte des districts et d’attribuer chaque sous-district à l’une ou l’autre des zones de subsistance. Une autre méthode consiste à se référer à une liste d’unités administratives du niveau inférieur (par ex. le recensement le plus récent de la population) et, de nouveau, d’attribuer chaque sous-district à l’une ou l’autre des zones de subsistance. Il est possible, avec cette méthode, d’estimer en même temps la population de chaque zone de subsistance.

Figure 1 : Tracer une carte des zones de subsistance (sur laquelle la frontière de la zone de subsistance et la frontière administrative coïncident à peu près)

La procédure pour traiter les frontières des zones de subsistance qui ne coïncident effectivement pas avec les frontières administratives est illustrée dans la Figure 2.

Dans les cas où les sous-districts doivent être subdivisés de la sorte, il faut estimer le pourcentage de la population du sous-district qui entre dans chaque zone de subsistance. Il existe plusieurs méthodes de le faire, la plus simple étant de diviser la population par rapport à la superficie de chaque zone du sous-district. Une approche plus sophistiquée consiste à prendre en compte la superficie de même que la densité de population estimée de chaque zone.

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En quoi une carte des zones de subsistance diffère-t-elle d’autres types de cartes ?

Une carte des zones de subsistance définit les régions dans lesquelles la population partage globalement les mêmes moyens de production et le même accès aux marchés. Elle diffère d’autres types courants de cartes qui complètent une carte des zones de subsistance mais qui en sont différentes :

Cartes des zones agro-écologiques : Ce type de carte délimite souvent des zones qui ont en grande partie le même potentiel de production. Ces cartes portent sur ce que la population pourrait cultiver ou produire plutôt que sur l’activité réelle de la population, qui pourrait être différente. Par exemple, une carte des zones agro-écologiques pourrait indiquer qu’une zone donnée est adaptée à la culture d’un végétal particulier, mais en fait ce végétal pourrait ne pas être cultivé dans cette zone. Dans une autre zone, le sorgho pourrait être le plus adapté aux conditions agro-écologiques qui y sont présentes, toutefois, de nombreux agriculteurs de la région pourraient choisir de cultiver principalement le maïs, pour des raisons économiques ou culturelles. À l’inverse, dans le cas d’une culture commerciale, les conditions du marché pourraient, à ce moment, ne pas être propices à sa culture dans cette zone. C’est ce que la population fait actuellement qui nous intéresse dans une carte des zones de subsistance.

Cartes de l’utilisation de la terre : Ces cartes indiquent généralement comment la terre est utilisée et quel type de couverture végétale existe dans différentes parties du pays. Elles diffèrent des cartes des moyens d’existence, parce que la population qui se consacre aux mêmes activités de subsistance pourrait exploiter plus d’un type de terre, peut-être à différentes périodes de l’année. Les agropasteurs, par exemple, pourraient faire paître leurs animaux dans un endroit (pouvant être défini comme terre à végétation arbustive sur une carte de l’utilisation de la terre) et cultiver des récoltes ailleurs (peut-être dans une région

Figure 2 : Tracer une carte des zones de subsistance (sur laquelle la frontière de la zone de subsistance et la frontière de la zone administrative ne coïncident pas)

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Zonage des moyens d’existence page 11

définie comme herbacée). De même, les petits exploitants agricoles pourraient cultiver des cultures vivrières dans une région et des cultures commerciales (thé ou canne à sucre) dans une autre, et chacune de ces zones pourrait être définie différemment sur une carte de l’utilisation de la terre. Dans un exercice de cartographie des zones de subsistance, nous nous intéressons à définir les zones dans lesquelles la population partage les mêmes moyens d’existence et exploite globalement le même ensemble de ressources naturelles, même si cela englobe plus d’un type d’utilisation de la terre ou de couverture végétale.

Cartes de l’évaluation des besoins : Ces cartes sont basées sur une évaluation récente des besoins de certaines populations en raison d’un danger, comme la sécheresse. Les cartes de zones de subsistance sont censées aider les équipes de secours à comprendre pourquoi certains groupes ont des besoins, et elles les aideront à déterminer les niveaux des besoins. Cependant, une carte de zones de subsistance est très différente d’une carte de l’évaluation des besoins, car elle ne porte pas sur les niveaux des besoins en période de stress, mais sur les moyens utilisés par la population pour gagner sa vie la plupart des années.

Pour résumer, les cartes mentionnées ci-dessus fournissent des matériels de référence utiles pour créer une carte des zones de subsistance. Cependant, elles en sont différentes. Comme c’est le cas de toute autre source unique d’information secondaire, prises individuellement ces cartes ne peuvent pas être utilisées facilement pour définir les moyens d’existence. Une grande partie de ce qui définit les moyens d’existence est invisible dans les données secondaires. C’est pourquoi l’approche pour définir les zones de subsistance est basée sur des informateurs clés, et non pas sur des données secondaires.

Comment nommer les zones de subsistance ?

Les zones de subsistance doivent porter un nom unique qui soit une description utile et qui ne prête pas à confusion. Le nom doit être court mais instructif et le meilleur moyen de le rendre instructif est d’y inclure deux caractéristiques clés des éléments suivants : la situation dans le pays, la topographie, la végétation ou l’activité économique dominante.

• Situation dans le pays – par ex. nord, sud ou une région spécifique• Topographie – par ex. montagne, hautes terres, basses terres, collines, plaines,

vallée, côtière, fluviale, bord de lac, bord de route, oasis• Végétation – par ex. forêt, savane, marécage, désert• Activité économique dominante – par ex. mine, thé, café, canne à sucre, coton

En ce qui concerne les appellations à éviter, « Zone 12A » n’est pas un nom utile car il ne donne aucune description de la zone. Les noms basés sur les cultures qui y sont faites ou les animaux qui y sont élevés peuvent prêter à confusion, sauf si la culture ou le type d’animal est unique à cette zone. Par exemple, le nom « Zone à bovins » implique que les bovins ne sont pas élevés dans d’autres régions du pays, alors qu’en réalité les bovins pourraient être plus importants dans la « Zone à bovins » mais pourraient aussi être élevés en moins grand nombre ailleurs dans le pays. De même, une culture ne peut être citée comme « activité économique dominante » qu’aux endroits où elle est très caractéristique de cette zone (autrement dit, pas le maïs s’il est cultivé pratiquement partout dans le pays).

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Résultats du zonage des moyens d’existence

Le résultat d’un exercice de zonage des moyens d’existence n’est pas uniquement une carte ; c’est également un moyen de décrire et de diviser la population. Les résultats suivants sont attendus :

• Carte avec superposition des frontières des zones de subsistance et des districts (niveau administratif 3)

• Tableau indiquant les unités administratives du niveau le plus bas (niveau administratif 4 ou 5) par zone de subsistance

• Tableau à multiples entrées de la population par zone de subsistance et par district

• Description élémentaire de chaque zone, y compris :◦ La géographie (topographie, climat, sols, etc.)◦ Le système de production (agricole, pastoral, etc.)◦ Les marchés/le commerce (flux du commerce, y compris l’emploi)◦ Les dangers qui menacent la zone (sécheresse, inondation, etc.)

• Résultat optionnel pour présenter l’information sur le commerce : une carte des principaux flux du commerce (avec description), superposée sur la carte des zones de subsistance.

Où le zonage des moyens d’existence a-t-il été effectué ?

Au moment de la publication du Guide du praticien, le zonage des moyens d’existence avait été effectué dans les pays (soit au niveau national soit au niveau sous-national) et les centres urbains suivants (voir le Chapitre 6 pour plus de renseignements sur le zonage d’un contexte urbain).

• Afghanistan• Angola• Burkina Faso• Burundi• Djibouti (ville et rural)• Éthiopie• Guatemala• Haïti• Harare, Zimbabwe• Hargeisa (Somaliland)• Honduras• Lesotho• Liberia• Malawi• Mali

Tableau 2. Zones par pays : Exemples

Pays/Région Nombre de Zones

Moins diversifié

Mauritanie 7 zones

Niger 8 zones

Plus diversifié

Guatemala 16 zones

Zimbabwe 24 zones

Le plus diversifié

Région SNNP en Éthiopie 43 zones

NB : Une fois le zonage effectué, l’Éthiopie aura certainement bien plus de 100 zones

• Mauritanie• Mozambique• Nicaragua• Niger• Nigeria• Ouganda• Rwanda• Sierra Leone• Somalie• Sud Soudan• Swaziland• Tanzanie• Tchad• Zambie• Zimbabwe

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Étude de cas 1 : Zonage national des moyens d’existence du Malawi

Exemples de zonage national des moyens d’existence : Malawi et Djibouti

Les pages suivantes illustrent les résultats d’exercices de zonage des moyens d’existence effectués au Malawi et à Djibouti. L’exercice du Malawi était principalement basé sur les types de production des cultures, tandis que les zones de subsistance de Djibouti ont été définies principalement sur la base des caractéristiques du commerce/de l’échange. Notez que la présentation des deux études de cas diffère légèrement. Le contenu est le même ; il montre simplement que le même type de matériel peut être présenté de plusieurs manières. La suite des résultats du Malawi, un tableau à multiples entrées de la population par zone d’existence et par district ainsi que des descriptions zone par zone sont donnés en Annexe A, qui se trouve sur le CD qui accompagne le Guide du praticien.

PoPulation Par zone de subsistance

Zone de subsistance Population

Chitipa millet et maïs 112 620

Collines Misuku 35 110

Nord Karonga 108 554

Karonga centre 43 254

Nord bord de lac 183 108

Ouest Rumphi et Mzimba 115 312

Mzimba autosuffisante 454 876

Nkhatabay manioc 274 429

Plaine Kasungu Lilongwe 3 249 092

Sud bord de lac 393 578

Escarpement vallée Rift 1 040 591

Collines Phililongwe 205 584

Hautes terres Shire 1 038 400

Vallée Middle Shire 404 970

Lac Chilwa/Plaine Phalombe 1 155 384

Plantations de thé Thyolo Mulanje 649 330

Vallée Lower Shire 630 879

Total 10 095 070

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Étude de cas 2 : Zonage national des moyens d’existence de Djibouti

Malgré sa petite superficie (23 200 km2) et sa faible population rurale2, on trouve à Djibouti une très grande diversité de moyens d’existence ruraux. La principale activité de production des zones rurales est l’élevage du bétail (en raison du climat chaud et du manque de pluie : <150 mm de pluie par an dans la plupart des régions). Cependant, la majorité de la population de toutes les zones ne peut survivre avec le revenu de l’élevage uniquement. L’économie nationale est dominée par la ville de Djibouti et la plus grande partie du revenu en espèces généré pour compléter l’élevage est d’origine urbaine. La principale différence entre les quatre zones de subsistance rurales réside dans leurs liens économiques avec la ville de Djibouti et les villes secondaires.

1 : zone Pastorale du nord-ouest

Géographie : La zone est constituée de montagnes, de collines et de plaines. Les principales pluies saisonnières de la zone (juillet-septembre) se déversent sur les plaines, ce qui produit une source importante de pâturage à la fin de l’été.

Production : L’élevage de bétail est la principale activité.

Économie : Loin des villes principales, l’accès au marché urbain est mauvais et peu de ménages reçoivent des versements de la ville de Djibouti. Le seul avantage de cette zone est sa proximité de l’Éthiopie, où les prix du maïs et du sorgho sont la moitié ou moins de ceux de Djibouti. La population de cette zone fait également le commerce du sel avec l’Éthiopie et cueille et vend du onga (feuilles du palmier doum, pour la fabrication de nattes).

Dangers : La sécheresse et les maladies qui frappent le bétail. Les mauvaises récoltes en Éthiopie qui influent sur les prix alimentaires.

Bétail Caprins, camélidés Principales sources de revenu Vente de : bétail, beurre, sel, onga

2 : zone Pastorale du centre - 2a : Sous-zone des basses terres, 2b : Sous-zone des hautes terres

Géographie : La géographie y est variée et comprend les montagnes Mabla et Goda (sous-zone des hautes terres), leurs contreforts et la plaine côtière (sous-zone des basses terres).

Système de production: On élève du gros bétail dans les hautes terres et des chameaux dans les basses terres – c’est la principale différence entre les deux sous-zones. Les chèvres sont élevées dans toute la zone.

Economie : La plupart des ménages de cette zone survivent grâce à un revenu de pension ou à des versements effectués par des membres de la famille qui habitent la ville de Djibouti. La vente de bois de chauffage est une source de revenu secondaire pour ceux qui vivent le long de la route côtière principale, mais n’est pas vraiment une option plus au centre de l’île.

Dangers : Réduction de salaire/revenu de pension, augmentation des prix alimentaires, sécheresse/maladie.

Bétail Bovins, camélidés, caprins Principales sources de revenu

Pensions/versement, bois de chauffage

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2 Les chiffres de la population sont très incertains. La plupart des estimations la situent entre 450 000–700 000 habitants pour l’ensemble du pays (l’estimation des Nations Unies était de 702 000 en 2003). Il est estimé que soixante à quatre-vingts pour cent de la population vit dans la ville de Djibouti.

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Étude de cas 2 : Zonage national des moyens d’existence de Djibouti suite

3 : zone Pastorale du sud-est – 3a : Sous-zone de bord de route, 3b : Sous-zone de la frontière

Géographie : Collines, vallées et plaines. La zone pastorale du sud-est a un relativement bon accès routier et ferroviaire aux principaux marchés urbains de Djibouti.

Système de production: Basé sur le bétail, les chamelles laitières sont particulièrement importantes dans la sous-zone de bord de route – l’achat de fourrage pour les chameaux y est courant.

Économie : Les communautés établies près de la route principale et des couloirs ferroviaires (sous-zone de bord de route) vendent du lait frais au marché urbain, où la demande est forte et les prix sont élevés. Les communautés plus éloignées vendent du bois de chauffage et du charbon (sous-zone de la frontière).

Dangers : Sécheresse/maladie, réduction de salaire/revenu de pension, augmentation des prix alimentaires.

Bétail Caprins, camélidés Principales sources de revenu

Lait, bois de chauffage/charbon, pensions/versements

4 : zone maraîchère

Géographie et système de production : La production irriguée de fruits et de légumes est pratiquée dans les zones wadi, principalement dans le sud du pays et dans le district de Tadjourah.

Économie : La ville de Djibouti et les villes importantes sont les principaux marchés pour ces produits. Cette activité a été introduite avec l’aide du gouvernement dans les années 1980. Elle est aujourd’hui en déclin en raison d’un certain nombre de facteurs, entre autres la sécheresse persistante, le non-entretien des pompes à eau, le coût élevé de la production, les mauvaises routes (et un taux élevé de récoltes perdues en route vers le marché) ainsi que la concurrence d’imports meilleur marché en provenance de l’Éthiopie.

Dangers : Sécheresse, inondations, ravageurs et maladies des cultures, augmentation des prix des intrants, réduction des salaires/revenus de pension, augmentation des prix alimentaires.

Bétail Caprins, ovins Principales sources de revenu

Vente de fruits/légumes, Pensions/versements

3b

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COMMENT PROCÉDER

Cette section constitue un guide des étapes à suivre pour produire une carte des zones de subsistance. Le processus repose fortement sur des données provenant d’informateurs clés. Nous avons déjà indiqué que pour effectuer un zonage des moyens d’existence, il ne s’agit pas de manipuler des données secondaires dans un ordinateur ou d’utiliser un type unique de carte existante. Le zonage est au contraire un processus itératif, exigeant de recueillir des informations auprès d’informateurs clés, de vérifier les données sur le terrain, puis de les recouper avec des sources secondaires. Ce processus nécessite une structure claire, décrite de manière plus approfondie ci-dessous.

Le zonage des moyens d’existence commence par un atelier qui servira à obtenir une carte et des descriptions de zones préliminaires. Le premier atelier sera organisé soit au niveau national soit au niveau régional. Les questions soulevées à ce niveau pourront être traitées à un second niveau lors de consultations avec des informateurs clés et éventuellement lors de visites de villages. Il est prudent de revenir ensuite au premier niveau pour convenir de tout changement avec les partenaires et pour atteindre un consensus sur la carte « finale ». Il est cependant important de souligner, à tous les stades, qu’il sera toujours possible d’apporter des modifications supplémentaires à la carte après avoir fait un travail plus détaillé sur le terrain.

Commencer au niveau national (niveau administratif 13) ou au niveau régional (niveau administratif 2) dépendra de la taille et de la complexité du pays en question. Dans un petit pays, ayant relativement peu de variations géographiques, il est préférable de commencer au niveau national et de continuer avec le niveau régional pour confirmation et clarification. Dans un grand pays, ayant de fortes variations géographiques, il est généralement préférable de commencer au niveau régional et de continuer avec le niveau du district (niveau administratif 3) pour confirmation et clarification.

Préparer un atelier de zonage des moyens d’existence

Activités des animateurs avant l’atelier

• Sélectionnez et réservez un lieu de rencontre• Invitez les participants• Achetez les matériels de l’atelier• Compilez les matériels secondaires• Étudiez les matériels secondaires• Rencontrez les informateurs clés sélectionnés pour étudier les zones de subsistance.

3 Voir l’Encadré 2 pour une description des niveaux administratifs 1 – 5. Ces niveaux varient d’un pays à un autre, mais les termes les plus courants ont été utilisés dans cette section.

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Qui inviter

Les participants à un atelier de zonage des moyens d’existence doivent inclure les personnels techniques des ministères responsables d’une activité principale (par ex. l’agriculture, le bétail, la météorologie, les ressources naturelles, la pêche), des ONG et des organisations internationales. Les participants doivent avoir des connaissances générales sur le pays ou la région. Il est utile d’inclure des personnes qui ont grandi ou vécu pendant une partie de leur vie professionnelle dans l’une ou l’autre région du pays. Il est également utile d’inclure, dans un atelier du niveau 1, des participants de l’atelier du niveau administratif 2 (ou des participants de l’atelier du niveau 3 dans un atelier du niveau 2, selon le niveau auquel vous commencerez le processus). Le nombre maximum de participants à l’atelier devra être de 20 personnes, plus 1-2 animateurs qui dirigeront cet exercice. Un plus grand nombre de participants serait difficile à gérer et la qualité du résultat en souffrirait.

Informations et matériels requis

Les informations de sources secondaires suivantes devront être obtenues avant l’atelier. Certaines de ces informations sont essentielles, comme indiqué ci-dessous.

1. Liste des unités administratives et de la population jusqu’au niveau administratif 4/5 (avec, si possible, une répartition rurale/urbaine, etc. de la population) – essentiel

2. Cartes :• Cartes régionales indiquant les divisions administratives jusqu’au niveau 4/5

(essentiel), numérisées si possible4

• Cartes topographiques nationales indiquant les principaux contours, unités administratives, routes, fleuves, etc., à l’échelle 1:250 000 ou 1:500 000 – essentiel

• Cartes agro-écologiques/de l’utilisation des terres • Cartes du sol• Cartes de la végétation• Carte de la densité de la population

3. Données pluviométriques pour les stations météorologiques principales, par mois, avec moyenne à long terme (20-30 dernières années)

4. Liste des cultures effectivement produites par ordre d’importance, par district et calendriers des cultures saisonnières

5. Liste des types de bétail par ordre d’importance, par district

6. Toute autre description générale de la géographie et de l’économie du pays ou de la région5.

4 Vous aurez besoin d’un logiciel de cartographie avec des fichiers de cartes numériques et la possibilité de superposer les frontière administratives avec les villes, routes, voies ferroviaires, fleuves et zones de subsistance.5 Une source d’information très utile sera un livre de géographie du niveau scolaire secondaire ou un atlas.

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Zonage des moyens d’existence page 18

Les matériels et équipement de base nécessaires pour l’atelier sont les suivants :

• Un projecteur LCD ou un rétroprojecteur• Des exemplaires en grand format des cartes mentionnées ci-dessus qui seront affichés

au mur (ces cartes seront utilisées par les participants pour tracer à la main les frontières de moyens d’existence proposées.)

• Carnets, stylos et crayons pour les participants• Papier de tableau de conférence, ruban de masquage et marqueurs

Préparation des animateurs avant l’atelier

Il sera utile aux animateurs de l’atelier de se familiariser avec le pays ou la région qui fera l’objet du zonage. Ils devront démarrer l’atelier avec une hypothèse approximative des types de zones qui existent dans le pays ou la région et des endroits où ces zones sont situées. Ils créeront pour cela une carte mentale élémentaire découlant de l’étude de données secondaires et de discussions préliminaires avec des informateurs clés sélectionnés. Le but de cette hypothèse n’est pas de permettre aux animateurs de dicter les zones de subsistance aux participants, mais de guider le processus avec une compréhension de base de la région en question.

Temps nécessaire

Les animateurs auront besoin d’environ deux jours pour étudier l’information secondaire (en supposant qu’elle ait déjà été compilée) et pour développer une hypothèse préliminaire lors de discussions avec 2-3 informateurs clés. L’atelier même se déroulera sur deux jours. Entre deux et cinq jours devront être consacrés au suivi sur le terrain, selon le temps de voyage et le nombre de questions qui émaneront de l’atelier. Après le travail de terrain, une demi-journée devrait suffire pour une consultation finale avec des partenaires clés avant de produire les résultats. À ce stade, au bout d’environ 7-10 jours, vous devriez être prêts à produire les résultats (brèves descriptions de chaque zone de subsistance, une carte « finale » sous forme numérique et une tableau de la population). Il est difficile d’estimer le nombre de jours nécessaires pour faire cela, qui sera fonction du nombre de zones identifiées et de la quantité de données de cartographie déjà numérisées.

Programme de l’atelier

1. Introduction : Au cours de la première matinée de l’atelier, les animateurs devront faire une introduction au zonage : ce que c’est, pourquoi et comment il faut le faire, et donner des exemples d’autres pays et régions. Ce guide fournira en principe les éléments fondamentaux de l’introduction.

2. Énumérer les systèmes de production : Après l’introduction, il sera important de faire un exercice pratique afin que les participants raisonnent de la même manière. Une session plénière est un point de départ utile pour énumérer les systèmes généraux de production que l’on trouve dans le pays ou la région (par ex. agricole, agropastorale, pastorale, basée sur la main-d’œuvre, de chasse-cueillette). Puis une discussion sur la manière de subdiviser davantage produira une liste plus détaillée des systèmes de production du pays ou de la région. Une grande carte topographique pouvant être affichée au mur et un tableau de référence sur les systèmes de production (Annexe C) seront au nombre des matériels utiles pour cet exercice.

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3. Cartographie des système de production : La prochaine étape consiste à tracer les systèmes de production que vous aurez cités sur une grande carte indiquant uniquement les frontières administratives de base (probablement de niveau administratif 3) et les principales caractéristiques géographiques (montagnes, fleuves, lacs). 4. Introduire l’accès aux marchés : Un moyen d’introduire le sujet de l’accès au marché et au commerce est de superposer les villes, les routes et les voies ferroviaires sur la carte des systèmes de production que vous venez de tracer. Prenez en compte les principales sources de revenu des ménages de chaque zone et les marchés des produits vendus (y compris le marché de l’emploi) et des produits achetés. Donnez un aperçu des principales routes de commerce (où la population vend des biens et le flux de biens qui en découle, et où elle achète des biens et leur source d’origine) ainsi que des marchés de l’emploi. En vous servant de cette compréhension des marchés, envisagez si vous devrez subdiviser ou modifier une ou plusieurs zones de systèmes de production tracées dans l’étape 3 ci-dessus. L’accès aux marchés est-il considérablement différent dans les systèmes de production que vous avez indiqués ?

5. Faire des descriptions des zones de subsistance : À l’aide du modèle de l’Annexe B, (qui se trouve sur le CD inclus dans le fichier Chapitre 2 : Annexes) décrivez les principales caractéristiques de chaque zone de subsistance. Le modèle inclut des sections pour décrire les principales catégories de moyens d’existence et les principales caractéristiques du système de production, la topographie, la végétation, les autres ressources naturelles, le climat, l’accès aux marchés, les dangers (et leur fréquence) et les stratégies de réponse des ménages.

6. Affiner les frontières des zones de subsistance : À l’aide d’une carte du niveau administratif le plus bas que vous ayez (niveau 4 ou 5) et du dernier recensement de la population par niveau administratif, attribuez chaque unité administrative à une zone de subsistance. Cela permettra de tracer une carte précise et de calculer les chiffres de la population de chaque zone de subsistance. À chaque étape du processus, vous pourrez utiliser les diverses cartes et les données secondaires qui ont été compilées à l’origine afin de recouper vos zones. Par exemple, une carte indiquant les zones dans lesquelles le thé est la principale culture pourrait vous aider à tracer une zone de subsistance centrée sur le thé. Les données sur la pluviosité pourraient confirmer des caractéristiques climatiques similaires dans les zones de subsistance. Les informations sur les cultures et le bétail pourraient vous aider à faire des distinctions entre les zones de subsistance.

Au fur et à mesure que vous définirez des zones de subsistance, dressez une liste des questions et des problèmes non résolus et nécessitant un suivi au niveau administratif supérieur. Cela rappellera à tout le monde que le produit de l’atelier de deux jours n’est pas final, mais qu’il fait partie d’un processus continu pour définir les zones.

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Suivi au niveau administratif supérieur

Les participants à votre premier atelier (au niveau national ou régional, selon le niveau auquel vous choisirez de commencer) pourraient être très bien informés. De plus, vous aurez peut-être réussi à inclure des participants du niveau administratif supérieur dans votre premier atelier. Dans ces cas-là, peu de questions (ou même aucune) nécessiteront un suivi après l’atelier. Cependant, si vous avez des questions ou des problèmes nécessitant une clarification, il existe deux autres manières de procéder.

Tout d’abord, si le consensus des parties prenantes au deuxième niveau administratif (régional ou de district) est important, il sera utile d’organiser de petits ateliers brefs à ce niveau également. Ces derniers seraient des versions plus rapides du premier atelier décrit plus haut, et auraient, comme point de départ, la carte des moyens d’existence déjà créée. Ensuite, les animateurs pourraient se rendre dans des centres administratifs importants (niveau administratif 3) et y rencontrer, de manière plus informelle, des informateurs clés dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage de bétail et de la planification. Pour sélectionner les centres à visiter, servez-vous de la liste de questions créée lors du premier atelier. Le but de l’atelier ou des réunions informelles à ce niveau est de confirmer la carte, de clarifier toute question en attente et de développer votre compréhension des zones de subsistance. Une question qui pourrait nécessiter une clarification est : dans quelle zone de subsistance placer certaines des unités administratives de niveau inférieur.

Si le temps le permet, et comme activité supplémentaire optionnelle, des visites pourront être organisées dans les villages pour clarifier tout sujet qui reste flou. Dans le cadre de cet exercice, lorsque vous vous déplacerez en voiture dans les zones de subsistance, n’oubliez pas d’être attentifs et d’observer les différences entre zones. Cela pourra vous aider à définir les frontières entre zones.

Pièges courants

Les exemples suivants illustrent quelques-uns des pièges qui sont fréquemment rencontrés lorsque l’on définit les zones de subsistance :

• Les zones sont définies uniquement en fonction de la production végétale et de l’élevage, et ignorent les marchés et l’échange.

• Les zones sont définies en fonction des sources de nourriture ou de revenu, mais aucun rapprochement n’est fait avec les causes sous-jacentes telles que la géographie (altitude, pluviosité, fleuves) et les marchés.

• Les zones sont divisées en fonction des différents niveaux socio-économiques (un village plus aisé ou plus pauvre avec les mêmes moyens d’existence est utilisé à tort comme base pour diviser une zone).

• Les questions d’accès au marché sont ignorées si bien que des régions géographiques aux extrémités opposées du pays sont placées dans la même zone de subsistance. Bien que des divisions locales soient possibles, les zones sont généralement des entités géographiques individuelles.

• L’un des facteurs utilisés pour définir les zones est l’exposition à un danger actuel. Cela est compréhensible car les personnes qui partagent les mêmes moyens d’existence pourraient, au moment du zonage, avoir différentes activités à différentes intensités en raison de leur exposition à un danger actuel (par ex. si une partie d’une région est frappée par la sécheresse, et qu’une autre est épargnée). Toutefois, c’est incorrect car

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les zones de subsistance s’intéressent aux caractéristiques sous-jacentes des moyens d’existence (notamment aux réponses à différents types de danger), et non pas à l’exposition au danger actuel en soi. L’un des problèmes causés par l’inclusion d’un danger actuel est l’implication que la carte des zones de subsistance devra être revue tous les ans.

• Les frontières administratives sont ignorées à tous les niveaux, ce qui rend très difficile de relier l’information obtenue sur les zones de subsistance à la prise de décisions.

• Les zones sont combinées par souci de réduire le nombre total de zones dans le pays lorsqu’il y a de réelles différences entre elles.

• Les cartes de zones de subsistance sont tracées en utilisant un petit nombre de couleurs, malgré le grand nombre de zones existant, ce qui fait que de nombreuses zones ne peuvent être distinguées.

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AEM – Guide du praticien Chapitre 2 : Zonage des moyens d’existence

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QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES

Q. Comment faire lorsque deux groupes de personnes vivent dans la même région mais ont des caractéristiques de moyens d’existence très différentes, par exemple pour des raisons culturelles ou de différences ethniques ?R. L’endroit où l’on vit détermine, dans une large mesure, ses options de moyens d’existence, mais tout le monde n’est pas en mesure ou ne choisit pas d’exploiter ces options exactement de la même manière. La raison la plus courante d’adopter différents moyens d’existence dans une zone unique est la différence de niveau socio-économique. Ainsi, dans une zone agricole, la majeure partie des terres cultivées pourrait appartenir à un nombre relativement peu élevé de ménages plus aisés, et la majorité des pauvres pourraient y travailler en tant qu’ouvriers agricoles. Dans ce cas, ces deux groupes utiliseraient les mêmes options de moyens d’existence de base, mais de différentes manières en raison de leurs différents niveaux socio-économiques. Cependant, il arrive que d’autres facteurs culturels ou ethniques donnent lieu à l’adoption de différents moyens d’existence dans la même zone géographique. Considérez, par exemple, une zone de bord de lac habitée par deux groupes : des éleveurs de bétail qui ne pratiquent pas la pêche et des pêcheurs qui élèvent quelques têtes de gros bétail. La première chose à vérifier est que ces différences apparentes de moyens d’existence ne reflètent pas simplement des différences socio-économiques. Le test est que dans chaque moyen d’existence il doit y avoir des personnes ayant des niveaux socio-économiques différents (par ex. des pêcheurs qui possèdent un bateau et une plus grande quantité de gros bétail et des pêcheurs sans bateaux et qui possèdent peu de bétail). Si c’est le cas, deux types de moyens d’existence doivent alors être définis. Le fait que les groupes qui ont ces moyens d’existence vivent dans exactement la même région géographique pose peu de problèmes pour la plupart des aspects de l’analyse – les deux groupes sont tout simplement considérés comme ayant des moyens d’existence distincts. Le problème est de savoir comment représenter au mieux cette situation sur la carte. La solution la plus simple est de prendre en compte la base sur laquelle chaque groupe opère. Même si les deux groupes font pâturer leur bétail au même endroit, le groupe de pêcheurs vivra peut-être dans des villages de bord de lac, tandis que les villages des éleveurs de bétail uniquement se trouveront dans les terres. Si c’est le cas, deux zones peuvent être définies en fonction du lieu de résidence de chaque groupe. Si ce n’est pas le cas, si les villages de pêcheurs sont effectivement mélangés avec les villages d’éleveurs uniquement, on devra trouver un autre moyen de faire une carte des deux zones. Une solution pourrait être de hachurer la zone de deux couleurs, chaque couleur représentant chaque moyen d’existence.

Q. Comment traiter les questions de la migration et du lieu de résidence lorsque l’on calcule les chiffres de la population ?R. La plupart des personnes, même les pasteurs nomades, ont un endroit qu’ils considèrent comme leur base ou « chez eux » (même si ce n’est que mentalement). À condition que dans les années qui ne sont pas particulièrement mauvaises, la majorité des membres du ménage passe la majorité de l’année à cette base, cet endroit devra être considéré comme leur foyer et ces personnes devront être incluses dans cette zone de subsistance. Exemples : Pour une famille éthiopienne des hautes terres dont deux membres du ménage vont presque tous les ans travailler dans les basses terres pendant 4 mois de l’année, les hautes terres sont leur lieu d’habitation et leur zone de subsistance. En revanche, des familles aisées du Nicaragua qui ont des entreprises agricoles dans des zones de subsistance rurales mais qui habitent en ville la majeure partie de l’année, font partie de l’économie des zones de subsistance rurales mais ne font pas partie de la population de ces zones de subsistance.

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Q. Comment faire la distinction entre les zones de subsistance urbaines et rurales (pour faire une carte et pour calculer les chiffres de la population) ?R. Nous étudions, dans ce guide, les économies rurales et nous ne nous intéressons donc pas au zonage des centres urbains. En ce qui concerne les zones rurales, il est souvent logique d’y inclure les petites villes, car de nombreux habitants de ces villes participent aux activités économiques rurales comme le travail agricole et d’élevage. En termes pratiques, vous devrez décider d’un chiffre (par ex. >5000) ou d’une description (par ex. centre d’un niveau administratif 4) au-delà duquel vous exclurez la population de la zone rurale.

Q. Combien de zones de subsistance doit-il y avoir dans un pays ?R. Il y a toujours des considérations pratiques ou des compromis à faire pour définir les zones de subsistance. Il est possible de définir des zones de plus en plus détaillées et de finir avec des centaines de zones qui sont pratiquement indiscernables et un système compliqué qui ne sera jamais utilisé. Il est généralement plus pratique d’avoir un plus petit nombre de zones plus générales, mais cela dépend du but de votre exercice de zonage. À quelles fins l’information sera-t-elle utilisée ? Définir et tracer une nouvelle zone et en estimer sa population demandera peut-être peu d’effort, mais si le pourcentage de la population nationale (ou régionale) de la zone est minuscule (c’est-à-dire moins de 1 %-2 %), quelle sera l’utilité de l’information pour des interventions d’urgence ou de développement ? L’effort de recueillir et de mettre continuellement à jour l’information sur une très petite zone serait-il utile ? Dans le même temps, on ne doit pas permettre l’inexactitude totale sous prétexte de vouloir un nombre « gérable » de zones de subsistance. Les zones géographiques qui ont manifestement des caractéristiques de moyens d’existence différentes ne doivent pas être combinées. Il y a donc un juste équilibre à atteindre entre la simplification et l’exactitude. Un petit pays, ou un pays ayant peu de variations géographiques et de moyens d’existence, sera généralement divisé en 8-15 zones de subsistance rurales. Un grand pays avec de grandes variations géographiques et de moyens d’existence6 pourra être divisé en 70-80 zones de subsistance rurales. Voir les quelques exemples du Tableau 2. Q. Les variations dans les facteurs de santé, comme la prévalence du VIH/SIDA peuvent-elles donner lieu à différentes zones de subsistance ?R. Théoriquement, il est possible que la prévalence du VIH/SIDA soit si forte qu’elle modifiera un système de production et aboutira à un changement fondamental des caractéristiques de moyens d’existence d’une population dans une région géographique donnée. Si c’est le cas, il sera peut-être justifié de définir une zone séparée ou, plus probablement, une sous-zone dans une zone plus importante. Cependant, à ce jour cela n’a pas été une base pour définir des zones de subsistance.

Q. À quelle fréquence le zonage des moyens d’existence doit-il être mis à jour ? R. En règle générale, les économies rurales des pays en développement ne changent pas très rapidement, et une bonne carte des zones de subsistance sera généralement valable pendant environ 10 ans. Ce qui varie, c’est le niveau habituel de nourriture ou de sécurité alimentaire, mais cela est fonction des variations dans le danger, et non pas de variations des caractéristiques des moyens d’existence. Autrement dit, le niveau de production du maïs pourrait varier d’une année à une autre (danger), mais les caractéristiques sous-jacentes de la production agricole (les moyens d’existence) ne changent pas.

6 Un pays à grandes variations géographiques et de moyens d’existence comprend des montagnes, des déserts, une côte, de grands lacs intérieurs et beaucoup d’autres caractéristiques. On y trouve à la fois de petites exploitations agricoles et des exploitations agricoles commerciales, des activités d’élevage de bétail et de pêche.