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Chapitre 7 : Nouveaux liens, questions et approches AEM – GUIDE DU PRATICIEN

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Chapitre 7 : Nouveaux liens, questions et approches

AEM – GUIDE DU PRATICIEN

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AEM – Guide du praticien Chapitre 7 : Nouveaux liens, questions et approches

Nouveaux liens, questions et approches

7 NOUVEAUX LIENS, QUESTIONS ET APPROCHES

L’AEM ET LE CADRE DES MOYENS D’EXISTENCE DURABLES 1Contexte 1

Vue d’ensemble du cadre des moyens d’existence durables 1Liens entre l’AEM et le CMED 2

Comment exploiter au mieux les liens entre l’AEM et le CMED 3Classifications socio-économiques et « capitaux » du CMED 3L’AEM et les politiques, institutions et processus 5

Questions fréquemment posées 7

L’AEM ET AUTRES OUTILS D’ÉVALUATION ET D’ANALYSE DE LA VULNÉRABILITÉ 8Contexte 8

Pourquoi utiliser l’AEM parallèlement à d’autres outils d’analyse de la vulnérabilité ? 8Comment procéder 8

Comprendre les différents outils d’analyse et d’évaluation de la vulnérabilité 8Comment choisir les méthodes de recherche 11Conjuguer les méthodes : qu’est-ce que l’AEM apporte aux autres enquêtes et vice versa ? 12

Questions fréquemment posées 15Documents de terrain 15

L’AEM ET L’ANALYSE DU POUVOIR, DU CONFLIT ET DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE 16Contexte 16

Qu’est-ce que l’analyse du conflit et de l’économie politique ? 16Pourquoi tenir compte du pouvoir, du conflit et de l’économie politique 16

Comment procéder 17Comment le pouvoir et le conflit s’intègrent dans le cadre et les méthodes de l’AEM 18Adapter les zones de subsistance et les groupes socio-économiques pour tenir compte du conflit 20Considérations d’économie politique pour faire des recommandations 21

Questions fréquemment posées 22Matériels de terrain 23

L’AEM ET LA NUTRITION 24Contexte 24

Qu’essayons-nous de comprendre ? 24Qu’est-ce que la malnutrition et quelle en est la cause ? 24Une note sur les évaluations 25

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Nouveaux liens, questions et approches

Quel est le meilleur moyen de relier l’AEM aux évaluations nutritionnelles ? 26Que peut nous apprendre l’AEM sur la qualité de l’alimentation ? 26Que peut nous apprendre l’AEM sur les causes de la malnutrition ? 29Que peut nous apprendre l’AEM sur les risques de malnutrition aiguë ? 32

Questions fréquemment posées 34

FAIRE LA DISTINCTION ENTRE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE CHRONIQUE ET L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE TRANSITOIRE 35Contexte 35

Pourquoi faut-il faire cette distinction ? 35Comment utiliser l’AEM pour faire la distinction entre l’insécurité alimentaire chronique et l’insécurité alimentaire transitoire 36

Utiliser une base de référence AEM d’une « année moyenne » pour distinguer l’insécurité alimentaire chronique de l’insécurité alimentaire transitoire 36Lorsque l’année de la base de référence de l’AEM n’est pas « moyenne » 38Projection d’une chute vertigineuse dans la pauvreté chronique/ l’insécurité alimentaire chronique 38

Questions fréquemment posées 40

L’AEM ET LES GROUPES D’INTÉRÊT PARTICULIER : EXEMPLES DE MÉNAGES TOUCHÉS PAR LE VIH/SIDA ET D’ENFANTS 41Contexte 41Comment procéder : l’AEM et les ménages touchés par le VIH/SIDA 41

Qu’essayons-nous de comprendre ? 41Utiliser l’AEM pour comprendre les impacts passés du VIH/SIDA 43Pouvons-nous utiliser l’AEM pour prévoir l’impact du VIH/SIDA sur les moyens d’existence ? 45

Comment utiliser l’AEM pour comprendre la situation des enfants 47Que voulons-nous comprendre ? 47Comment comprendre la contribution des enfants à l’économie des ménages 47Comment comprendre les effets des chocs sur les enfants 49

Questions fréquemment posées 52Matériels de terrain 52

LECTURE COMPLÉMENTAIRE 53…sur le Cadre des moyens d’existence durables et l’AEM 53…sur l’analyse du pouvoir, du conflit et de l’économie politique 53…sur d’autres outils pour la vulnérabilité et l’évaluation 54…sur la nutrition et l’AEM 55…sur l’insécurité alimentaire chronique et transitoire 55…sur les groupes d’intérêt spécial (exemples d’enfants touchés par le VIH-SIDA) 56

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Nouveaux liens, questions et approches

Le sujet de la sécurité alimentaire et des moyens d’existence est vaste et largement lié à plusieurs questions et approches. L’AEM est une approche permettant d’explorer quels sont les liens entre les ménages et comment ils obtiennent ce dont ils ont besoin pour survivre. Elle n’est pas la seule à viser cet objectif. Elle n’aborde pas non plus complètement les nombreuses questions et préoccupations spécifiques à des secteurs qui ont une importance particulière en Afrique australe, tels que le VIH/SIDA. Ce chapitre aide le praticien à explorer les liens entre l’AEM et d’autres approches actuelles, pour l’étude des questions relatives aux moyens d’existence et à la vulnérabilité. Il indique comment les évaluations de référence et l’analyse des résultats de l’AEM peuvent ajouter de la valeur aux secteurs ou domaines spécifiques d’enquête, comme la nutrition, l’économie politique et le VIH/SIDA. Il indique également comment ajouter de la valeur à l’AEM en utilisant quelques raisonnements et outils de ces domaines de travail. Étant donné que les exemples de création de ces liens et de combinaison d’outils utilisés dans la pratique sont encore rares dans de nombreux domaines étudiés, ce chapitre doit être considéré comme une source d’idées et de voies possibles à suivre, plutôt que comme une présentation de leçons tirées uniquement de l’expérience.

Ce chapitre a été rédigé par Michael O’Donnell, en collaboration avec Laura Hammond (l’AEM et le pouvoir, le conflit et l’économie politique) et Arabella Duffield (l’AEM et la nutrition).

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Liste des encadrésEncadré 1. Analyses et évaluations de la vulnérabilité en Afrique australe 10Encadré 2. Les bénéfices de la famine au Soudan 19Encadré 3. Diviser une zone de subsistance urbaine en raison d’un conflit 20Encadré 4. Groupes socio-économiques dans les fermes d’agriculteurs

réinstallés 21Encadré 5. Normes minimales de Sphère et calcul des macronutriments 27Encadré 6. Diversité alimentaire dans les communautés minières informelles

de Mutorashanga, Zimbabwe 29Encadré 7. Que signifie le seuil des « 2 100 kcal » ? 33Encadré 8. Se servir de bases de référence d’années moyennes pour faire la

distinction entre l’insécurité alimentaire chronique et l’insécurité alimentaire transitoire 37

Encadré 9. Réponses des ménages face au VIH/SIDA au Mozambique 47Encadré 10. Les activités des enfants à Binga et Nyaminyami, Zimbabwe 49

Liste des figuresFigure 1. Le Cadre des moyens d’existence durables (source : DFID) 1Figure 2. Relier les étapes de l’AEM au Cadre des moyens d’existence durables 2Figure 3. Exemple de classification socio-économique d’une zone agricole

à l’aide de la terminologie AEM et CMED 4Figure 4. Cadre conceptuel indiquant les causes de la malnutrition

(source : Le Projet Sphère, 2004) 25Figure 5. Le VIH/SIDA et l’économie des ménages 42Figure 6. VIH/SIDA et changements dans l’économie du ménage 44Figure 7. Le VIH/SIDA et le cadre de l’AEM 45Figure 8. Déficits avec et sans le travail des enfants 51

Liste des tableauxTableau 1. Exemples de politiques, d’institutions et de processus, et leur

pertinence dans l’AEM 6Tableau 2. Comment différentes approches peuvent se compléter mutuellement 13Tableau 3. Carences en micronutriments et aliments associés 28Tableau 4. Indicateurs nutritionnels supplémentaires disponibles dans les

bases de référence de l’AEM 31

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FICHIERS CORRESPONDANTS SUR CD

Le CD qui accompagne le Guide du praticien contient les fichiers suivants qui correspondent au Chapitre 7 et qui se trouvent dans le répertoire du Chapitre 7 :

Annexe A : Autres méthodes d’évaluation et d’analyse de la vulnérabilitéo Notes d’orientation pour déterminer la qualité des données dans les

évaluations de la vulnérabilitéo Tanzanie EBM Formulaire de questions 1o Tanzanie EBM Formulaire de questions 2o Tanzanie EBM Formulaire de questions 3o Questionnaire CFSVA Final Ougandao Malawi Enquête intégrée No. 2 auprès des ménages, Questionnaire

auprès des ménages

Annexe B : Liste des questions liées au pouvoir

Annexe C : VIH/SIDAo A Parrot on Your Shoulder : A Guide for People Starting to Work with

Orphans and Vulnerable People (Un perroquet sur l’épaule : Guide pour ceux qui commencent à travailler avec les orphelins et les personnes vulnérables)

o Formulaire d’entretien avec les enfants

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L’AEM ET LE CADRE DES MOYENS D’EXISTENCE DURABLES

Contexte

Vue d’ensemble du cadre des moyens d’existence durables

Le Cadre des moyens d’existence durables (CMED) est un cadre conceptuel qui nous aide à comprendre comment les biens, les institutions et les processus se combinent pour permettre aux ménages de gagner leur vie. Le Cadre, illustré dans la Figure 1, est composé de 5 éléments généraux :

• Biens ou capitaux : différents biens constituent les ressources que les personnes exploitent pour gagner leur vie – humaines, financières, physiques, naturelles, sociales et, dans certaines variantes du CMED, politiques.

• Politiques, institutions et processus : ces éléments influencent et interviennent dans la façon dont les ménages peuvent utiliser les biens qui leur sont disponibles.

• Contexte de vulnérabilité : cet élément décrit l’environnement externe dans lequel la population existe mais qu’elle ne peut contrôler, et comment les tendances à long terme, la saisonnalité et les chocs naturels et causés par l’homme peuvent influer sur les moyens d’existence.

• Stratégies de subsistance : en fonction des relations entre les trois ensembles de facteurs précédents, les ménages peuvent entreprendre diverses stratégies de subsistance, comme l’agriculture, l’emploi ou le commerce.

• Résultats de subsistance : indiquent si les stratégies de subsistance ont donné accès à de la nourriture, à un revenu ou à d’autres mesures de protection.

Figure 1 : Le Cadre des moyens d’existence durables (source : DFID)

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Liens entre l’AEM et le CMED

Bien que l’AEM ait été créée avant le CMED et indépendamment de celui-ci, ces deux outils ont de nombreux éléments communs. L’AEM décrit de manière plus explicite les stratégies de subsistance et les résultats de subsistance en présentant les sources de nourriture et de revenu et les caractéristiques des dépenses. La classification socio-économique de l’AEM incorpore une formulation particulière des biens disponibles aux ménages, qui peuvent être exprimés par les 5 types de biens ou capitaux du CMED. Cependant, certains aspects du capital social et du capital humain ne sont pas abordés de manière exhaustive dans la plupart des évaluations AEM.

Figure 2. Relier les étapes de l’AEM au Cadre des moyens d’existence durables

Source : Boudreau et Hammond, 2006

Le contexte de la vulnérabilité est également couvert de manière explicite dans l’AEM, soit pour une spécification d’un problème pour l’année actuelle, ou plus implicitement dans les critères de distinction entre les zones de subsistance. En général, les évaluations AEM ne contiennent pas de section explicite sur les politiques, institutions et processus, et c’est un domaine qui pourrait être plus cohérent et plus explicite. Actuellement, il est courant dans l’AEM de décrire des aspects de politiques, d’institutions et de processus clés lorsqu’ils permettent d’expliquer la classification socio-économique, différents aspects de l’accès à de la nourriture et à un revenu, différents aspects des dépenses, ou dans le cadre de la spécification du problème s’il se trouve que le problème est un changement de politique ou de processus (par ex. les subventions des prix, les interdictions du commerce du bétail, les fermetures de marchés, etc.).

Étant donné leurs racines respectives, l’AEM ayant été conçue à l’origine en tant qu’outil d’évaluation des besoins d’urgence et le CMED pour la planification plus orientée sur le développement, l’AEM s’est plus centrée sur les stratégies et les résultats de subsistance, tandis que les évaluations CMED ont tendance à porter principalement sur la compréhension des facteurs qui sous-tendent ces stratégies et ces résultats.

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Comment exploiter au mieux les liens entre l’AEM et le CMED

Comme indiqué ailleurs dans ce guide, il est indispensable d’adapter votre approche de recherche en fonction d’un ensemble précis de questions de recherche. Dans beaucoup de cas, l’ensemble de questions clés qui mène à une évaluation AEM ne nécessite pas un inventaire complet ou une cartographie de l’environnement macropolitique ou économique. Cependant, dans les cas où cette analyse est nécessaire, il n’y a aucune raison méthodologique de ne pas placer un plus grand accent sur la compréhension de tous les types de capitaux et de politiques, d’institutions et de processus dans les évaluations AEM. Bien qu’à ce jour nous ne connaissions aucun exemple de cas, il est estimé que des outils supplémentaires spécialisés pourraient être associés à l’AEM afin de couvrir, de manière adéquate, tous les aspects des moyens d’existence (par ex. le « cadre des relations sociales » pour comprendre le pouvoir et la dynamique sociale).

Dans l’intervalle, l’AEM peut ajouter de la valeur aux évaluations du CMED en introduisant un élément de quantification aux descriptions des stratégies et résultats de subsistance, permettant ainsi aux décideurs de comprendre l’importance relative de différentes sources de nourriture et de revenu pour différents groupes, et de voir les niveaux absolus d’insécurité alimentaire et de pauvreté. C’est ce qui fait de l’AEM un outil très utile pour opérationnaliser le CMED.

Classifications socio-économiques et « capitaux » du CMED

La Figure 3 donne un exemple d’évaluation de l’économie des ménages dans l’Andhra Pradesh, une zone agricole de l’Inde, dans laquelle la classification socio-économique a été exprimée à l’aide d’une présentation AEM standard, mais également en utilisant les 5 capitaux du CMED. Cet exemple illustre les éléments communs entre l’AEM et le CMED. Le choix des praticiens de présenter leurs classifications socio-économiques d’une manière ou de l’autre sera déterminé en partie par les besoins du client qui finance l’évaluation.

Si un décideur préfère la terminologie du CMED, il est possible par exemple de décrire la possession foncière dans la rubrique « capital naturel ». De même, la possession d’outils et de biens de production clés pourrait être indiquée dans la rubrique « capital physique ». Les bêtes de somme ou autres animaux utilisés à des fins de production peuvent également être énumérés dans la rubrique « capital physique », mais la possession totale de bétail est plus couramment enregistrée dans « capital financier » en raison de son importance pour de nombreux ménages qui considèrent le bétail comme « une banque à quatre pattes ». Le « capital humain » désigne la disponibilité de main d’œuvre dans le ménage et, si cette information est recueillie, le niveau d’éducation et de compétences des ménages types de chaque groupe socio-économique.

Un objectif différent

L’AEM porte principalement sur la compréhension des

stratégies et des résultats de subsistance de la population,

tandis que le CMED tente de comprendre les facteurs

causaux qui sous-tendent ces stratégies et ces résultats.

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Figure 3. Exemple de classification socio-économique d’une zone agricole à l’aide de la terminologie AEM et CMED

Source : SC UK Programme Inde, 2005

Terminologie AEM

Très pauvres Pauvres Moyens Plus aisés

% population totale 10-15 % 20-30 % 30-45 % 20-30 %

Principale caste SC et ST SC et BC BC OC

Taille du ménage 4-6 (principalement 5) 4-6 (principalement 5) 4-6 (principalement 5) 4-6 (principalement 5)

Personnes actives 2-3 2-3 Principalement 2 1-2

Possession foncière 0 (sans terre) < 1 arpent 1-3 arpents ≥3 arpents

Principales cultures Aucune Riz Riz Riz Arachide Canne à sucre (peu)

Autres biens Main-d’œuvre seulement

Main-d’œuvre seulement

Propre puissance de traction/Location de tracteur

Propre puissance de traction/Location de tracteur Peu ont un système d’irrigation

Bétail :

Buffles 0 0 0 peu

Vaches 0-1 0 0 peu

Chèvres 1-3 0-2 0-5 peu

Volaille 1-3 0-2 0 peu

Principales sources de revenus

1. Travail de migration 2. Travail agricole 3. Tressage

1. Travail de migration 2. Travail agricole 3. Vente des cultures

1. Vente des cultures 2. Travail agricole 3. Travail de migration

1. Vente des cultures 2. Travail agricole 3. Vente des produits de l’élevage

Échelle de revenu du ménage (Rs/an)

12 000-20 000 Rs 15 000-20 000 Rs 20 000-30 000 Rs 45 000-110 000 Rs

Terminologie CMED Très pauvres Pauvres Moyens Plus aisés

Capital naturel Aucune terre à cultiver et aucun pâturage ; peu d’accès à la terre pour la collecte de bois de chauffage. Un petit nombre loue une parcelle de terre appartenant à d’autres.

Petite superficie de terre à cultiver (<1 arpent) et souvent de moindre qualité (en hauteur, peu irriguée)

1-3 arpents de terre à cultiver

>3 arpents de terre à cultiver

Capital physique Aucun bateau/filet Aucun bateau/filet Filets et bateaux principalement non motorisés

Quelques-uns ont des trous de sonde pour irriguer la terre.

Capital humain 2-3 soutiens de famille ; éducation formelle limitée ; travail qualifié

2 soutiens de famille ; plus haut niveau d’éducation

1-2 soutiens de famille ; plus haut niveau d’éducation

Capital financier Faibles revenus ; petites dettes (aucun gage à fournir pour l’emprunt)

Faibles revenus ; quelques dettes (gage limité)

Revenus moyens ; Peu de dettes (empruntent généralement pour les intrants agricoles et remboursent) ; meilleur accès au crédit

Revenus plus élevés ; emprunts élevés pour les intrants agricoles, mais la plupart sont remboursés ; accès au crédit formel.

Capital social (pas formellement évalué)

Des castes/tribus marginalisées

Plusieurs castes ; discrimination faciale des castes sociales

Des castes plus élevées ; moins marginalisés sur le plan social et politique ; reçoivent de meilleurs services

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Différentes relations entre groupes socio-économiques peuvent être enregistrées comme types de « capital social », par exemple les relations de crédit, le métayage, les dispositions de partage du bétail et les relations de soutien social. Cependant, dans la pratique le capital social n’est généralement pas examiné de manière exhaustive dans les évaluations AEM. Notamment, l’AEM considère rarement les implications de l’appartenance à des réseaux ou des groupes à un sous-niveau socio-économique, et si par exemple l’appartenance à une coopérative rehausse quelque peu le niveau socio-économique des pauvres. Ceux qui souhaitent étudier le capital social de manière plus approfondie trouveront utile la « feuille d’information » du DFID, ressource toute simple sur le sujet, donnée en référence dans la section « lectures complémentaires ».

L’AEM et les politiques, institutions et processus

Comme nous l’avons indiqué, en principe les évaluations AEM n’ont pas de section explicite se rapportant aux Politiques, Institutions et Processus (PIP), ce qui est souvent un inconvénient pour la pratique de l’AEM. Cependant, un grand nombre de PIP clés qui influencent l’économie des ménages sont implicitement pris en compte dans l’AEM. Les politiques déterminent les pratiques agricoles, le coût des intrants, les prix à la production, les conditions du marché et les pratiques de travail, entre autres. Elles sont indissociables des facteurs inclus pour exprimer les distinctions entre les zones de subsistance et les stratégies de subsistance que la population adopte. Comment les PIP sont facilités par les filtres de la communauté est ce qui est finalement représenté dans les sources de nourriture, sources de revenu et caractéristiques des dépenses dans l’AEM. Lorsque des changements dans les politiques ou dans les institutions et processus pertinents ont des effets économiques discernables, ils sont implicitement inclus également dans la spécification du problème de l’AEM.

Le Tableau 1 fournit une liste de quelques-uns des PIP qui pourraient être les plus pertinents pour les évaluations AEM, ainsi que des questions à considérer à leur sujet.

D’autres sections de ce Guide ont pour objectif d’aider les praticiens de l’AEM à remédier au manque d’orientation sur les PIP. Les marchés sont sans doute l’institution la plus importante à considérer, et les sections de ce guide sur l’analyse des marchés donnent de plus amples renseignements sur la façon de les évaluer. De plus, la section « Pouvoir, conflit et économie politique » plus loin dans ce chapitre, offre une liste utile de questions à étudier pour expliquer les PIP.

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Tableau 1 : Exemples de politiques, d’institutions et de processus, et leur pertinence dans l’AEMPolitiques, institutions et processus

Exemples de questions à étudier Pertinence dans l’AEM

Marchés • Les marchés fonctionnent-ils de manière efficace ?

• Les personnes peuvent-elles faire le libre commerce de biens dans le pays ?

• Comment les marchés sont-ils régis (contrôles des prix, existence de marchés parallèles/noirs) ?

• (Décrite ailleurs dans les sections sur les marchés)

• Quelle est la vulnérabilité des différents groupes aux changements qui surviennent dans les marchés ?

• Comment les marchés font-ils obstacle ou facilitent-ils les réponses aux chocs ?

Politiques macroéconomiques

• Le taux de change des devises étrangères est-il stable ?

• Le taux d’inflation est-il faible ?

• Les chocs macroéconomiques sont-ils un problème qui influe sur l’économie des ménages ?

• Quel est leur impact sur les salaires, les revenus et les prix, et donc sur différents groupes socio-économiques ?

Politiques de protection sociale

• Quelles politiques de protection sociale et quels filets de sécurité sont en place ?

• Quels types de transferts sont fournis (espèces, nourriture, intrants agricoles) ?

• Qui remplit les conditions ?

• Quelle est la contribution de ces mesures sur la nourriture et le revenu de référence de différents groupes socio-économiques ?

• La protection sociale est-elle « extensible » en cas de choc ? La réponse du gouvernement sera-t-elle automatique ?

Droits fonciers • À qui appartient la terre ? Qui a des droits de propriété ou d’occupation de la terre ? Comment ces droits sont-ils conférés ? Par qui ?

• Comment est organisé l’héritage de la terre (légalement et culturellement, si différent) ?

• Quelle est l’influence des droits fonciers sur la possession de la terre et donc sur la classification socio-économique ?

• Quelles seraient les implications des problèmes d’héritage si le choc est la perte d’un membre de la famille, par ex. en raison du SIDA ? Le ménage peut-il poursuivre les mêmes activités ?

Politiques sur la gestion des ressources naturelles

• Existe-t-il des restrictions d’accès ou d’utilisation des produits forestiers (couper les arbres pour le charbon ou l’artisanat) ?

• Ces activités peuvent-elles être élargies en cas de choc ?

Appartenance ethnique, religion, affiliation politique

• Existe-t-il une forme de discrimination formelle ou informelle entre différents groupes sociaux, culturels ou politiques ? Comment se manifeste-t-elle ?

• Ces facteurs influent-ils sur l’appartenance de certains ménages à certains groupes socio-économiques ?

• Font-ils obstacle aux possibilités de répondre aux chocs ?

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Questions fréquemment posées

Q : L’AEM n’examine-t-elle pas les moyens d’existence uniquement dans une perspective économique, au lieu de considérer les questions sociales ou politiques, et en conséquence n’est-elle pas moins complète que le CMED ? R : L’AEM s’intéresse principalement à l’effet des chocs économiques sur les moyens d’existence de la population, ce qui est l’une des principales raisons de désagréger la population par zone de subsistance et par groupe socio-économique. Mais les chocs économiques et les facteurs non économiques, tels que les questions sociales et politiques, sont fortement reliés. La motivation politique de modifier une subvention des céréales par exemple, aura, au bout du compte, des effets économiques au niveau du ménage. Le statut social au sein d’une communauté donne accès ou limite l’accès à certaines opportunités économiques avantageuses. L’AEM centre son enquête sur le côté économique mais reconnaît pleinement la nécessité de comprendre le contexte politique et social afin d’interpréter les résultats économiques. Ceci dit, la profondeur de l’enquête dans les secteurs connexes que l’on effectue avec une évaluation AEM est fonction du but de l’évaluation ; par exemple, l’évaluation pourrait être au cœur de la planification du développement à long terme mais pourrait être moins cruciale pour comprendre les besoins immédiats dans une urgence.

Q : Le CMED est-il une méthodologie, une approche ou une liste de contrôle… ?R : Le CMED est un cadre conceptuel permettant de comprendre comment les différents éléments interagissent pour déterminer les résultats des moyens d’existence. Aucune méthode analytique unique d’évaluation n’est basée sur le CMED et une gamme d’outils peut être utilisée pour recueillir les informations nécessaires pour effectuer une analyse basée sur le CMED. Dans la pratique, il est également utile comme liste de contrôle de questions à étudier lors d’une évaluation des moyens d’existence.

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L’AEM ET AUTRES OUTILS D’ÉVALUATION ET D’ANALYSE DE LA VULNÉRABILITÉ

Contexte

Pourquoi utiliser l’AEM parallèlement à d’autres outils d’analyse de la vulnérabilité ?

Les outils d’évaluation de la vulnérabilité évoluent constamment. Plutôt que de les considérer comme outils concurrents, il est plus utile d’envisager comment différents cadres et méthodes peuvent être utilisés ensemble de manière complémentaire, ou pour atteindre différents objectifs de recherche. L’évolution de l’AEM depuis les années 1990 reflète les demandes de différents utilisateurs ainsi que les enseignements tirés d’autres cadres et d’autres méthodes. En Afrique australe, il existe une grande diversité d’enquêtes et d’études. Cette section résume différentes méthodes de recherche et décrit comment elles pourraient être utilisées en combinaison avec l’AEM.

Tout au long de ce guide, nous avons essayé de faire la distinction entre le cadre de l’AEM et les méthodes utilisées pour obtenir des informations liées au cadre. Cependant, dans la pratique l’AEM utilise essentiellement des méthodes qualitatives d’évaluation rapide. (Voir le Chapitre 1, p. 3, du Guide du praticien ; et la Session 1 (Introduction au processus sur le terrain) du Guide de formation pour en connaître les raisons). De même, nous tenterons avec les autres outils d’évaluation de la vulnérabilité décrits dans ce chapitre, de faire la distinction entre le cadre analytique et les méthodes de recherche, tout en reconnaissant que dans la plupart des cas, une méthode est couramment associée à chaque cadre.

Comment procéder

Comprendre les différents outils d’analyse et d’évaluation de la vulnérabilité

Cette section examine trois catégories générales d’outils d’évaluation de la vulnérabilité que nous appelons ici :

(a) les évaluations « instantanées »(b) les évaluations « compte rendu annuel »(c) les évaluations qualitatives des moyens d’existence

Les évaluations « instantanées » de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité

Selon le type d’informations recueillies, l’analyse de la vulnérabilité est en principe basée soit sur des indicateurs de la situation à un moment particulier dans le temps (un « instantané »), par exemple les 7 derniers jours, soit sur la collecte d’informations sur la consommation alimentaire, le revenu et les dépenses, sur une période de rappel plus longue, généralement une année complète, comme dans le cas de l’AEM. Parfois, l’instrument d’enquête utilisé permet de faire les deux à la fois. Des exemples d’indicateurs instantanés sont la diversité alimentaire (groupes d’aliments consommés au cours des dernières 24 heures ou des 7 derniers jours), la possession de stocks alimentaires dans le ménage et l’indice des stratégies d’adaptation (variété et intensité des stratégies d’adaptation utilisées au cours des 30 derniers jours).

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Les instantanés peuvent potentiellement fournir des informations plus exactes sur la période étudiée car les personnes sont plus susceptibles de se rappeler le passé récent. Ils fournissent également aux décideurs des éléments de fait sur la sévérité de la situation actuelle. Mais ils sont limités, en ce sens qu’ils ne tiennent pas souvent compte des facteurs saisonniers et des variations interannuelles et n’ont aucune capacité prévisionnelle. Pour la plupart des ménages, les indicateurs varieront, par exemple, selon que l’enquête a été effectuée immédiatement après la récolte ou au pic de la « saison de la faim », ou selon que l’année en question était une année très abondante ou la troisième mauvaise année d’affilée. À eux seuls, ces indicateurs seront donc moins utiles pour l’alerte précoce et pour faire des prévisions sur l’évolution de la situation. Si ces données sont recueillies régulièrement, elles montreront des tendances, mais elles ne seront pas nécessairement un bon indicateur de l’évolution future de la situation. Étant donné les longs délais souvent subis entre les évaluations et l’intervention (jusqu’à six mois pour l’aide alimentaire importée de l’étranger), la possibilité d’étudier l’avenir est essentielle dans une évaluation.

Les cadres analytiques à la base des évaluations instantanées ne sont pas toujours clairs. Lorsqu’ils sont très simples, ils essaient en réalité de mesurer l’insécurité alimentaire actuelle à l’aide de divers indicateurs indirects qui (de préférence) ont un lien prouvé avec les niveaux de sécurité alimentaire. Par exemple, il est reconnu que les indices de la diversité alimentaire sont fortement liés à la sécurité alimentaire actuelle. Cependant, ces associations sont parfois supposées, et quelquefois à tort. La « durée des stocks alimentaires du ménage » est un indicateur couramment utilisé. Bien que ce soit un indicateur approprié de la sécurité alimentaire si le ménage compte uniquement sur sa propre production, l’économie de nombreux ménages repose sur d’autres revenus en espèces et sur d’autres achats réguliers d’aliments, et dans ce cas les stocks alimentaires ne constituent pas un indicateur valable.

Des outils plus complexes utilisent divers indicateurs pour se compléter et se recouper mutuellement. Dans ces cas-là, nous devons préciser ce que les indicateurs indiquent réellement, par exemple la consommation actuelle (diversité alimentaire), les pénuries prévues dans la production alimentaire (pluviosité ou autres indicateurs climatiques), les niveaux de stress sur les moyens d’existence (stratégies d’adaptation), les résultats de problèmes liés à une combinaison d’insécurité alimentaire, de mauvaise santé et d’un mauvais environnement de soins (malnutrition infantile).

L’inconvénient pratique des indicateurs indirects est qu’ils ne fournissent qu’une mesure relative de l’insécurité alimentaire (« le ménage A souffre moins d’insécurité alimentaire que le ménage B), alors que les mesures directes de la consommation permettent de faire des affirmations absolues (« le ménage A accède à 90 % de ses besoins ; le ménage B accède à 75 % de ses besoins). Il pourrait être possible de calibrer exactement les indicateurs indirects par rapport à des mesures absolues, c’est-à-dire d’affirmer quels différents scores de diversité alimentaire sont équivalents en ce qui concerne la consommation énergétique totale. Mais cela est complexe et exige beaucoup de données et d’efforts, et c’est donc rarement effectué dans la pratique1.

Des exemples d’enquêtes plus « instantanées » de nature incluent les « évaluations complètes de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité »2 du PAM (CFSVA) et de nombreuses enquêtes nationales/enquêtes sur les revenus et les dépenses portant

1 Cela a été fait par Diego Rose/ MSU pour la diversité alimentaire au Mozambique2 Cependant, les CFSVA (que l’on appelle également les évaluations complètes de la vulnérabilité (ECV) varient d’une évaluation à l’autre et certaines contiennent des éléments « de compte rendu annuel », et au moment où ce chapitre est rédigé, le PAM cherche des moyens d’y incorporer une recherche qualitative et des éléments du cadre des moyens d’existence.

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sur le budget des ménages (par ex. en Tanzanie, l’enquête de 2000/01 sur le budget des ménages).

Compte rendu annuel de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité

Le compte rendu annuel fait référence aux évaluations qui n’étudient pas la sécurité alimentaire à un moment unique, mais qui tentent de rendre compte de toute la nourriture et de tous les revenus auxquels un ménage a accédé dans une année et, parfois, de la façon dont le revenu a été dépensé. Les évaluations AEM utilisent donc une méthode de compte rendu annuel. Étant donné que le cadre de l’AEM est bien décrit dans d’autres sections ce guide, nous nous concentrerons, dans cette section, sur les évaluations qui utilisent des questionnaires auprès des ménages pour le recueil de données, et des méthodes quantitatives/statistiques pour l’analyse, plutôt que les méthodes d’évaluation rurale plus couramment utilisées dans l’AEM.

Obtenir des informations à l’aide d’un questionnaire pour effectuer le compte rendu annuel de la nourriture, des revenus et des dépenses, est plus exigeant que d’obtenir des informations instantanées. Il peut être difficile de se remémorer exactement ce qui est arrivé plusieurs mois auparavant. Toutefois, un outil bien conçu facilite le rappel s’il comporte des occasions de recouper les données et s’il pose des questions auxquelles il sera plus facile de répondre. Par exemple, plutôt que de demander « quel a été le revenu provenant du travail occasionnel de votre ménage l’année dernière », il est préférable de décomposer la question en la posant pour chaque membre du ménage, en demandant combien de mois chaque personne a travaillé, combien de jours par semaine et quel était le taux de rémunération à différentes périodes de l’année, puis en calculant le revenu total avec les réponses données.

Certaines évaluations du CEV ont utilisé cette approche (au Zimbabwe en 2003-04), tandis que d’autres ont adopté une combinaison d’indicateurs « instantanés » et de comptes rendus plus ou moins complets de l’économie des ménages au sein d’une même enquête (CEV Mozambique, 2005-06). L’Enquête intégrée auprès des ménages du Malawi, 2004, est un autre exemple d’approche mixte.

Encadré 1. Analyses et évaluations de la vulnérabilité en Afrique australe

Questionnaires auprès des ménages du CEV

Le contenu des questionnaires du CEV varie généralement d’un pays à l’autre et même d’une année à l’autre. Cependant, ces questionnaires recueillent en principe des informations sur la composition, l’éducation, la santé des ménages (y compris les maladies chroniques et le VIH/SIDA) et parfois des données anthropométriques. La plupart des enquêtes du CEV associent l’utilisation d’indicateurs « instantanés » à un « compte rendu annuel » plus ou moins complet de l’économie des ménages (au Mozambique en 2006). D’autres ont porté plus fortement sur le style de compte rendu annuel (au Zimbabwe en 2003 et 2004).

Les évaluations complètes de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité (CFSVA) du PAM

Un plus grand nombre de CFSVA a été entrepris par le PAM depuis 2005. Les CFSVA sont censées servir de bases de référence pour comprendre la vulnérabilité de certains pays et pour surveiller les évolutions avec des systèmes de suivi de la sécurité alimentaire. Leur méthodologie est en évolution et varie quelque peu d’un pays à l’autre, mais on peut la décrire comme une approche « instantanée », avec compte rendu partiel de l’économie des ménages, mais comprenant la démographie, la santé, l’éducation et l’anthropométrie.

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Recherche qualitative sur les moyens d’existence

La recherche qualitative sur les moyens d’existence fait référence, dans cette section, aux méthodes d’évaluation basées sur le CMED décrites précédemment dans ce chapitre, mais qui reposent sur des méthodes de recherche purement qualitatives, sans aucune quantification. Celles-ci comprennent les types d’évaluations des moyens d’existence souvent effectués par des ONG comme Oxfam3 et CARE4, ainsi que les Évaluations participatives de la pauvreté (EPP) entreprises par la Banque mondiale. Ces types d’évaluations couvrent une grande diversité de questions relatives aux moyens d’existence et à la vulnérabilité. Les informations recueillies dans ces études peuvent être très riches et utiles pour comprendre les caractéristiques des moyens d’existence ainsi que les causes profondes de la pauvreté. Cependant, du fait que les résultats ne sont pas quantifiés, ils peuvent être limités pour juger de l’importance relative des différentes questions et pour l’échelle des réponses requise.

La recherche qualitative n’est pas censée être appliquée au système d’alerte précoce, qui nécessite une base de référence quantifiée afin de relier les données de suivi de manière pratique et de faire des prévisions quantifiées.

Comment choisir les méthodes de recherche

Étant donné la gamme d’outils et de méthodes disponibles, comment choisir lesquels utiliser ? La décision d’utiliser tel ou tel outil de recherche ou telle ou telle combinaison d’outils est fonction (a) de la question de recherche à laquelle on tente de répondre, et (b) des considérations pratiques sur le temps et les ressources disponibles. Une méthode de recherche n’est pas en soi « meilleure » qu’une autre, mais différentes méthodes sont plus ou moins adaptées à différents besoins.

Quelle est votre question de recherche ?

La question de recherche déterminera le type et l’étendue des données que vous devez recueillir et différentes méthodes de recherche sont plus ou moins adaptées à répondre à certaines questions de recherche.

• Les enquêtes instantanées : elles conviennent mieux pour répondre à des questions sur les niveaux actuels d’insécurité alimentaire de différents groupes de la population ; elles sont également utiles pour décrire (mais pas nécessairement pour expliquer) les associations/corrélations entre les niveaux de sécurité alimentaire et d’autres variables telles que les données démographiques, de santé, d’éducation et anthropométriques sur les ménages.

• Les enquêtes « compte rendu annuel » : elles conviennent généralement mieux à des recherches au niveau national pour étudier les niveaux de sécurité alimentaire et les associations/corrélations avec d’autres variables ; elles sont moins bien adaptées à l’analyse causale détaillée de l’insécurité alimentaire ou de la pauvreté.

• Les analyses qualitatives des moyens d’existence : elles sont très efficaces pour expliquer les causes de l’insécurité alimentaire, de la vulnérabilité et de la pauvreté ainsi que les liens entre les problèmes au niveau du ménage, de la communauté et macro ; elles sont moins bien adaptées à l’estimation ou à la prévision des niveaux de sécurité alimentaire.

3 Oxfam utilise de plus en plus l’AEM dans son travail.4 Il faut noter également que CARE utilise souvent aussi des enquêtes quantitatives.

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• Les AEM : elles sont en quelque sorte un hybride, en ce sens qu’elles quantifient les niveaux actuels de sécurité alimentaire et de revenus, mais qu’elles tentent également de comprendre les causes immédiates de la pauvreté et de la sécurité alimentaire et peuvent être utilisées en conjonction avec des données de suivi pour faire des analyses prévisionnelles de la sécurité alimentaire et des revenus.

Quelles ressources sont disponibles ?

Les considérations pratiques sont aussi importantes sinon plus, que les considérations techniques dans le choix d’outils d’évaluation. Elles se rapportent principalement au temps, à la couverture géographique, aux fonds et au personnel disponible pour effectuer l’évaluation. En ce qui concerne le personnel, on estime que l’AEM exige généralement un personnel de haut niveau, possédant de bonnes compétences analytiques pour le travail de terrain, par rapport aux enquêtes auprès des ménages. Toutefois, des compétences expertes significatives sont également requises pour concevoir et analyser des enquêtes auprès des ménages, et les administrateurs de l’enquête doivent de préférence être en mesure de recouper et de sonder les réponses incertaines afin de pouvoir garantir la qualité des données. L’AEM est souvent considérée comme une méthode coûteuse comparativement aux enquêtes, mais le coût des deux approches dépend fortement du niveau d’expertise technique externe auquel on doit faire appel et de l’étendue de l’exercice. La base de référence initiale de l’AEM et l’exercice de formation peuvent être coûteux, mais l’investissement fait pour la base de référence porte ses fruits au fil du temps car elle peut être utilisée année après année pour le travail de projection, et un exercice répété de mise à jour ou de suivi effectué par le personnel national formé sera relativement peu coûteux. Une enquête instantanée, en revanche, doit être entièrement refaite chaque fois qu’une nouvelle analyse est requise.

Conjuguer les méthodes : qu’est-ce que l’AEM apporte aux autres enquêtes et vice versa ?

Il est de plus en plus reconnu qu’il est beaucoup plus bénéfique de considérer comment les différentes méthodes peuvent se compléter plutôt que d’argumenter sur quelle méthode est la plus utile. Il est possible de conjuguer des méthodes en utilisant différents outils, soit simultanément (chacun ajoutant différents morceaux au puzzle, ou servant à recouper les données), soit en succession. Pour l’analyse de la vulnérabilité, une succession utile pourrait être la suivante :

(a) Une enquête qualitative, ou l’AEM, donne une vue d’ensemble qui aide à concevoir une enquête quantitative.

(b) L’enquête quantitative obtient des données descriptives plus précises sur les niveaux de vulnérabilité et sur les associations entre la vulnérabilité et différents aspects des moyens d’existence, de la santé, de l’éducation, etc.

(c) Une recherche qualitative supplémentaire explore les résultats imprévus ou présentant des anomalies, ou tente simplement de fournir une analyse causale supplémentaire des résultats de l’enquête quantitative.

Le Tableau 2 indique comment les informations de l’AEM et d’autres outils peuvent se compléter mutuellement lorsqu’elles sont utilisées simultanément :

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Tableau 2. Comment différentes approches peuvent se compléter mutuellement

L’AEM et… Ce qu’apporte l’AEM Ce qui est apporté à l’AEM

Enquêtes « instantanées »

• Contexte saisonnier et interannuel

• Généralement plus efficace pour rendre compte des sources de revenus, en particulier les sources informelles

• Description souvent plus complète de l’économie des ménages

• Relations entre groupes socio-économiques

• Textes descriptifs plus solides• Meilleure possibilité de faire

le lien avec les données de suivi pour prévoir les résultats futurs

• Recoupement général des résultats

• Données plus précises sur le niveau de sécurité alimentaire à un moment donné, en particulier sur la qualité de l’alimentation

• Plus facile de relier les données sur la sécurité alimentaire aux données sur la santé, l’éducation, la démographie et l’anthropométrie

• Informations souvent plus solides sur la situation à l’intérieur des ménages

• Recoupement général des résultats

Enquêtes « compte rendu

annuel »

• Généralement plus efficace pour rendre compte des sources de revenus, en particulier les sources informelles

• Relations entre groupes socio-économiques

• Textes descriptifs plus solides• Recoupement général des

résultats

• Plus facile de relier les données sur la sécurité alimentaire avec les données sur la santé, l’éducation, la démographie et l’anthropométrie

• Informations souvent plus solides sur la situation à l’intérieur des ménages

• Recoupement général des résultats

Évaluations qualitatives des

moyens d’existence

• Une certaine quantification des résultats des moyens d’existence et des contributions de différentes stratégies de subsistance renforce les résultats obtenus et les rend plus utiles pour prendre des décisions, surtout lors des urgences

• Donne un tableau plus complet de la façon dont les différents aspects de l’économie des ménages sont reliés

• Plus facile de faire le lien avec les données de suivi pour prévoir les résultats futurs

• Généralement plus efficaces pour expliquer les causes fondamentales de l’insécurité des moyens d’existence, surtout les facteurs non économiques

• Donnent souvent une meilleure explication de l’interaction entre le ménage et l’ensemble des politiques et des institutions

• Reliées aux points précédents, elles peuvent être mieux adaptées à l’élaboration de programmes de développement à long terme

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Tableau 2. Comment différentes approches peuvent se compléter mutuellement suite

Les deux types d’enquêtes suivants sont couramment utilisés au niveau national en Afrique australe et sont donc inclus dans ce tableau à titre de référence. Ces enquêtes sont principalement instantanées de nature, mais elles incorporent parfois des éléments de compte rendu annuel :

L’AEM et… Ce qu’apporte l’AEM Ce qui est apporté à l’AEM

Enquêtes sur le budget des ménages/enquêtes sur les revenus et les

dépenses

• Contexte saisonnier et interannuel

• Généralement plus efficace pour rendre compte des sources de revenus informelles (moins standardisées, donc plus flexibles)

• Relations entre groupes socio-économiques

• Textes descriptifs plus solides• Recoupement général des

résultats

• Données plus précises sur le niveau de sécurité alimentaire à un moment donné, surtout sur la qualité de l’alimentation (période de rappel plus courte)

• Informations souvent plus solides sur la situation à l’intérieur des ménages

• Recoupement général des résultats

Enquêtes d’évaluation des niveaux de vie

(LSMS)

• Contexte saisonnier et interannuel

• Généralement plus efficace pour rendre compte des sources de revenus, en particulier les sources informelles

• Relations entre groupes socio-économiques

• Textes descriptifs plus solides• Recoupement général des

résultats

• Plus facile de relier les données sur la sécurité alimentaire aux données sur la santé, l’éducation, la démographie et l’anthropométrie

• Informations souvent plus solides sur la situation à l’intérieur des ménages

• Recoupement général des résultats

Certaines des autres forces et faiblesses des différentes approches sont plus subjectives ou concernent plus la façon dont la méthode peut être appliquée dans la pratique que les aspects inhérents à la méthode en soi.

Par exemple, certaines personnes estiment que l’utilisation des zones de subsistance et des groupes socio-économiques de l’AEM est très utile pour expliquer clairement les différences entre les caractéristiques des moyens d’existence entre régions géographiques. D’autres, cependant, pensent que les zones administratives sont des unités d’analyse plus pratiques pour diverses raisons, ou que les zones de subsistance ne sont pas utiles pour le type d’analyse qui les intéresse. Les enquêtes auprès des ménages ont le potentiel d’être plus flexibles pour désagréger les données de diverses manières (alors que les informations de l’AEM ne peuvent être désagrégées qu’en fonction des groupes interrogés et des zones de subsistance couvertes). L’objection, cependant, est que le cadre d’échantillonnage d’une enquête auprès des ménages pourrait signifier que la désagrégation selon des variables imprévues produit un nombre insuffisant de données pour que les résultats soient valables.

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Questions fréquemment posées

Q : Quelles sont les meilleures méthodes de recherche : qualitatives ou quantitatives ?R : En général, une méthode n’est pas meilleure qu’une autre. Une méthode est « bonne » ou non selon le contexte spécifique et si (a) elle représente un outil approprié pour obtenir les informations nécessaires pour répondre à une question de recherche spécifique, et (b) elle est effectuée dans le respect des bonnes pratiques. L’Annexe A donne des indications sur les moyens de déterminer la qualité des données dans une évaluation de la vulnérabilité.

Q : Si les résultats d’une enquête quantitative sont statistiquement valables, cela ne signifie-t-il pas qu’ils sont plus solides ?R : Pas nécessairement. La qualité des données n’est pas tant reliée à la méthode utilisée qu’à la façon dont elle est appliquée. Il existe de bonnes et de mauvaises pratiques pour toutes les méthodes de recherche. La validité statistique est un concept séduisant, et lorsque les données sont elles-mêmes de bonne qualité, les tests pour déterminer la validité statistique sont importants pour démontrer que les résultats sont fiables. Cependant, il est possible que de mauvaises données soient statistiquement valables, par exemple si la question a été mal exprimée, ou si les réponses données ont été biaisées d’une manière ou d’une autre. De même, les bonnes pratiques de recherche qualitative peuvent fournir des données solides, alors que de mauvaises pratiques peuvent fournir des informations non fiables.

Documents de terrain

Le CD qui accompagne ce guide contient, dans l’Annexe A, des exemples d’instruments de différentes enquêtes quantitatives. Des guides et études détaillés de différentes méthodologies sont cités dans la section « Lectures complémentaires » à la fin de ce chapitre.

Instruments d’enquête :

• Formulaire d’enquête auprès des ménages et de la communauté du CEV, Zimbabwe 2004

• Instrument d’enquête auprès des ménages et de la communauté, CFSVA, PAM, Ouganda 2005

• Instrument d’enquête auprès des ménages, Enquête intégrée auprès des ménages No. 2 du Malawi, 2004

• Instrument d’enquête auprès des ménages, Enquête sur le budget des ménages de Tanzanie, 2000/01

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L’AEM ET L’ANALYSE DU POUVOIR, DU CONFLIT ET DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE

Contexte

Qu’est-ce que l’analyse du conflit et de l’économie politique ?

Adopter une approche d’économie politique dans les évaluations sur les moyens d’existence exige de comprendre quels sont les intérêts politiques et économiques de différents acteurs, et comment ces intérêts pourraient les influencer à utiliser le conflit ou les positions de pouvoir à leurs propres fins. Elle implique l’étude non seulement des acteurs mêmes, mais également des structures dans lesquelles ils opèrent et qui pourraient faciliter ou gêner les intérêts des acteurs.

Le cadre de l’AEM et les méthodes de recherche qualitative généralement utilisées lors du travail de terrain de l’AEM, se prêtent bien à l’inclusion d’une analyse de l’économie politique et du conflit. Une analyse de l’économie politique exige des recherches plus approfondies dans les stratégies de subsistance et les biens des groupes socio-économiques, en demandant quelles sont les raisons pour lesquelles certains groupes ont le contrôle des biens, et comment et pourquoi les opportunités et le niveau socio-économique relatif de différents groupes ont évolué au fil du temps. Elle implique d’étudier la possibilité que ce ne sont pas des processus externes aléatoires mais des politiques intentionnelles ou la poursuite des intérêts d’un groupe particulier qui expliquent que le groupe « pauvre » possède moins de terre que le groupe « moyen », ou que les habitants d’une zone de subsistance ont plus d’infrastructure et d’opportunités commerciales que dans une autre. Et elle demande de considérer la vulnérabilité non pas uniquement en termes économiques, mais également en termes sociaux et politiques.

Il existe plusieurs exemples d’évaluations AEM qui ont incorporé des éléments d’analyse du conflit et de l’économie politique, et de nombreux praticiens de l’AEM reconnaîtront ces problématiques car, dans une certaine mesure, ils en tiennent déjà compte dans leur analyse, sans l’appeler expressément une analyse du pouvoir, du conflit ou de l’économie politique. Mais certains souhaitent également que cette analyse soit plus systématique et plus structurée dans l’AEM (Collinson et al., 2002 ; Jaspars et Shoham, 2002). Cette section vise à présenter aux praticiens de l’AEM les éléments clés de l’analyse du pouvoir, du conflit et de l’économie politique pouvant être abordés dans le cadre des évaluations AEM, et à leur expliquer comment des outils plus détaillés pour l’analyse du conflit, disponibles ailleurs, peuvent compléter l’analyse de l’AEM.

Pourquoi tenir compte du pouvoir, du conflit et de l’économie politique

Comprendre le pouvoir, le conflit et l’économie politique peut être important pour trois raisons principales :

• Pour avoir une compréhension plus approfondie des causes de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire : Il est largement reconnu que les causes profondes de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire sont liées à des facteurs sociaux, culturels, économiques et politiques profondément ancrés. Les causes immédiates de la sécurité

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alimentaire plus ou moins grande des ménages sont liées aux différences dans la quantité et la qualité de la nourriture ou du revenu qu’ils peuvent obtenir. Les causes sous-jacentes ont trait aux différents biens possédés par les ménages et aux stratégies de subsistance qu’ils sont en mesure d’adopter. Mais les causes profondes expliquent pourquoi certaines personnes ou certaines communautés possèdent plus de biens que d’autres ou pourquoi elles sont plus en mesure d’utiliser ces biens que d’autres. Très souvent, les considérations de pouvoir et d’économie politique permettent d’expliquer les causes profondes, en particulier dans les situations de conflit, et nous guident vers l’ensemble de mesures les plus appropriées pour aborder ces causes.

• Pour prévoir les problèmes qui pourraient surgir : L’analyse de la sécurité alimentaire et les systèmes d’alerte précoce sont le plus souvent centrés sur la prévision des chocs naturels et de leurs effets. Quelle est la probabilité des pluies la prochaine saison ? Quelles personnes, dans quelles régions, seraient les plus concernées ? L’économie politique et l’analyse du conflit nous permettent également de considérer les risques de conflit ou de tension dans différentes régions ou entre différents groupes, pas uniquement en raison du danger mais aussi en raison de la nature de l’intervention, par ex. favoriser un groupe plutôt qu’un autre groupe marginalisé pour l’octroi de l’aide. Conjointement à l’AEM, cela permet de comprendre, de manière plus élaborée, quels groupes pourraient être touchés, de quelle manière et pourquoi. L’AEM urbaine entreprise en 2002 à Harare, au Zimbabwe, avait pour objectif explicite d’examiner comment les changements macroéconomiques et politiques influeraient sur la situation économique de différents groupes de la population, et quel rôle ces changements, à leur tour, pourraient jouer dans la probabilité d’une agitation civile.

• Pour tenir compte des relations de pouvoir et du conflit dans la programmation des interventions : L’AEM nous permet de comprendre quels groupes souffrent (ou sont susceptibles de souffrir) d’insécurité alimentaire et de proposer des interventions pour atténuer la situation. Cependant, les interventions qui ne tiennent pas compte des relations de pouvoir ni du conflit risquent d’aggraver la marginalisation et les tensions. Par exemple, le soutien d’une stratégie de subsistance associée à un groupe ethnique ou religieux particulier pourrait-il être source de ressentiment dans un autre groupe ? Ou un type particulier de programme de soutien agricole pourrait-il, par inadvertance, augmenter les tensions sur les droits fonciers ?

Dans une plus ou moins grande mesure, selon le contexte, les bonnes pratiques de toutes les évaluations comportent un certain degré d’analyse du pouvoir, du conflit et de l’économie politique.

Comment procéder

Il n’est pas du ressort de ce guide de fournir des recommandations détaillées sur les outils à utiliser pour une analyse du conflit et de l’économie politique. Il existe déjà de nombreux outils pour cela, qui sont inclus, pour le lecteur intéressé, dans la section « lectures complémentaires ». Le but de cette section est de mettre en relief les principaux aspects de ceux qui peuvent être utilement associés à une évaluation AEM. L’Annexe B propose une brève liste des questions liées à l’analyse du pouvoir et de l’économie politique, pouvant être utilisée sur le terrain pour avoir un aperçu des questions clés sur le sujet.

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Comment le pouvoir et le conflit s’intègrent dans le cadre et les méthodes de l’AEM

L’incorporation de l’analyse du pouvoir et du conflit est compatible avec le cadre de l’AEM, mais elle exige une « optique » analytique quelque peu différente pour interpréter l’information afin d’obtenir une compréhension exacte et pertinente.

Le même ensemble d’informations de base est recueilli pour la base de référence : biens, sources de nourriture et de revenu, caractéristiques des dépenses et capacités d’adaptation de différents groupes socio-économiques. Cela doit ensuite être complété par les informations couvertes dans la liste de contrôle de l’Annexe B pour mieux comprendre les raisons des différences entre les groupes socio-économiques, et si possible à l’intérieur de ces groupes. L’inclusion d’une analyse du pouvoir et du conflit pourrait conduire à une décision de subdiviser les groupes socio-économiques ou pourrait influencer le tracé des zones de subsistance (ce point est couvert dans la section ci-dessous). Cependant, dans la plupart des cas, elle permettra probablement de comprendre de manière plus approfondie, les raisons de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire ainsi que les opportunités offertes aux différentes personnes pour améliorer leur situation. À ce titre, elle pourrait indiquer des opportunités de mettre en place des interventions de programmes ou de plaidoyer visant le niveau politique, macroéconomique ou stratégique afin de susciter des changements.

Adopter une optique de pouvoir, de conflit et d’économie politique dans l’analyse de la sécurité alimentaire et de la pauvreté dans l’AEM demande une interprétation contextuelle subtile de l’exposition aux chocs et des capacités d’adaptation. Cinq considérations principales entrent en jeu :

(a) Dans quelle mesure les conflits sont-ils prévisibles ? Comprendre la dynamique des tensions et les détonateurs susceptibles de les aggraver peut guider les prévisions du moment probable du déclenchement d’une crise et donc améliorer l’alerte précoce.

(b) Qui bénéficie du conflit ou de la tension continue ? Trouvez les individus ou les

groupes qui sont susceptibles de tirer parti de l’instabilité et des relations de pouvoir inégales, car ces acteurs s’efforceront probablement de maintenir le statu quo. (Voir l’exemple du Soudan dans l’Encadré 2.)

(c) L’exposition aux chocs reliés au conflit diffère-t-elle selon les groupes socio-économiques ? Par exemple, différents groupes sociaux pourraient suivre les mêmes stratégies de subsistance pendant la période de référence et avoir le même niveau socio-économique ; ils seraient donc classés dans un groupe socio-économique unique. Mais si un conflit ou une source de tension frappe ultérieurement un groupe social du groupe socio-économique plus durement qu’un autre (par ex. des tensions ethniques survenant dans une communauté jusque là bien intégrée), une analyse séparée devra alors être réalisée pour chaque groupe.

(d) Dans une situation de conflit, un groupe particulier est-il ciblé en raison des biens qu’il possède ? En règle générale, une plus grande possession de biens serait équivalente à de plus grandes capacités à faire face à un choc, et le risque d’insécurité alimentaire serait donc supposé être moins important pour les groupes d’un niveau socio-économique plus élevé. Mais dans certaines situations, ces biens pourraient devenir des handicaps si leurs propriétaires deviennent des cibles d’attaque. Comprendre les caractéristiques du conflit est donc nécessaire pour déterminer la réelle vulnérabilité à différents chocs.

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Encadré 2. Les bénéfices de la famine au Soudan

Dans un livre mémorable publié en 1994, David Keen a utilisé la perspective de l’économie politique pour examiner les causes et le processus de la famine qui a sévi de 1985 à 1989 chez les Dinka, au Soudan, et qui aurait provoqué la mort de plus de 500 000 personnes.

En étudiant la famine en tant que processus économique et politique élargi, plutôt que comme un événement caractérisé par l’indigence et la mort, Keen a démontré que certains groupes restreints accumulaient, en pleine famine, divers bénéfices. Ceux-ci comprenaient le pillage du bétail et le vol de biens par les Baggara, un groupe ethnique armé et encouragé par le gouvernement central à étouffer les demandes d’autonomie politique des Dinka ; et à accéder au pétrole et autres ressources dans les régions peuplées par les Dinka.

Le pillage a fourni aux Baggara des ressources économiques (principalement du gros bétail) et leur a permis d’accéder à de plus en plus de terres agricoles et de pâturages, ce qui a atténué leur mécontentement économique et politique. Des négociants puissants et des entreprises commerciales ont également bénéficié de la famine en déterminant les marchés et en bénéficiant des variations des prix qui ont eu lieu, c’est-à-dire faibles prix du gros bétail, faibles taux de rémunération des travailleurs migrants, prix élevé des céréales et du transport. Et enfin, certains groupes ont bénéficié de la diversion des approvisionnements de secours destinés aux personnes dans le besoin.

(e) En fonction du contexte de l’économie politique, les capacités d’adaptation de différents groupes pourraient-elles être entravées par des barrières non économiques ou par la nature d’un contexte politique ? Par exemple, certains groupes sont-ils marginalisés en raison de leur appartenance ethnique, de leur religion ou de leur sexe ? Et cela influe-t-il sur leur vulnérabilité ?

Les méthodes les plus largement recommandées pour obtenir les informations nécessaires pour ce type d’analyse sont les études de documents secondaires et les entretiens qualitatifs/semi-structurés avec des informateurs clés. Selon la nature des questions de pouvoir et de conflit à considérer, les informateurs clés, dans ce cas, pourraient inclure le personnel des instituts et universités de recherche, les organisations des droits de l’homme et les médias, mais au niveau de la communauté, ils seront probablement les mêmes que ceux qui interviennent pour fournir des informations standard de l’AEM. Inclure ce type d’analyse concorde donc bien avec les méthodes les plus couramment utilisées pour recueillir des informations de l’AEM. Ce qui est nécessaire, c’est du temps supplémentaire pour les entretiens et l’étude des données secondaires, ainsi que de plus amples capacités pour analyser l’information. Pour une analyse approfondie, il est recommandé d’obtenir un apport supplémentaire de personnel ou de consultants qui pourraient avoir une plus grande expérience de ce type de travail. De préférence, cela devrait être effectué simultanément avec l’élaboration de la base de référence de l’AEM ou avec l’évaluation du suivi afin d’effectuer une analyse commune, chacune des parties de la recherche exploitant et guidant l’autre. Dans de nombreux cas, les questions couvertes par l’analyse du pouvoir et du conflit peuvent être délicates ; le personnel doit donc être conscient des risques qu’il ou que leur organisation court en évoquant et en mentionnant publiquement ces questions, et les moyens d’atténuer ces risques doivent être énoncés dans un protocole de recherche.

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Adapter les zones de subsistance et les groupes socio-économiques pour tenir compte du conflit

Dans certains cas, une étude des considérations de pouvoir, de conflit et d’économie politique peut indiquer des différences significatives soit entre régions géographiques soit entre groupes de la population, qui pourraient ne pas apparaître dans une approche apolitique du zonage et de la classification socio-économique. Ces cas sont supposés être relativement rares car les différences économiques entre zones peuvent souvent être la conséquence de processus politiques et ces effets politiques sont donc implicitement représentés. Cependant, il peut y avoir des exceptions. Par exemple, il pourrait être nécessaire, dans certaines conditions de conflit, de juger qu’une région géographique représente plus d’une unité analytique, même si elle possède les mêmes conditions agroécologiques, le même accès au marché, la même infrastructure et les mêmes caractéristiques de moyens d’existence, etc. ce qui la définirait normalement comme zone de subsistance unique. Il existe deux approches possibles pour gérer cela.

Encadré 3. Diviser une zone de subsistance urbaine en raison d’un conflit

SC UK a effectué, en 2003, une évaluation AEM dans la ville de Bunia, en République démocratique du Congo. Bunia avait été la scène d’un violent conflit entre les groupes ethniques Hema et Lendu. SC UK a distingué deux différentes zones de subsistance au nord et au sud de la ville, principalement sur la base de différences sociopolitiques qui ont abouti à des différences d’opportunités économiques. Ces différences portaient sur des facteurs tels que la composition ethnique, les niveaux de destruction physique en raison du conflit et les concentrations de familles hôtes/sédentaires, déplacées et de retour.

(a) Si un conflit est un danger qui influe temporairement de diverses manières sur différentes parties d’une zone de subsistance, élaborez des spécifications du problème distinctes pour différentes parties de la même zone. Par exemple, le conflit pourrait fermer l’accès à un marché important pour une partie seulement de la zone, ou pourrait empêcher d’accéder à des ressources naturelles dans une région localisée. Dans ce cas, la vulnérabilité des populations sera différente dans diverses parties de la zone. Diviser la région en zones de subsistance séparées n’est pas approprié car les opportunités et les caractéristiques des moyens de subsistance doivent rester les mêmes.

(b) Si, à l’inverse, le conflit ou un déséquilibre prolongé du pouvoir représente une situation chronique et est à présent une situation « normalisée » qui a conduit à des différences significatives dans les caractéristiques des moyens d’existence d’une région auparavant relativement homogène, redéfinissez la région et divisez-la en zones de subsistance séparées. Par exemple, les tendances du commerce pourraient avoir changé et les activités de production pourraient s’être adaptées pour tenir compte des changements dans l’accès à la terre. Dans ce cas, il pourrait être approprié de diviser une région en deux zones ou plus.

Il est possible de trouver, dans une même zone géographique, des groupes dont les moyens d’existence varient pour des raisons sociales ou politiques, mais dont les niveaux socio-économiques pourraient être similaires. Dans ces cas-là, en général les stratégies de subsistance utilisées par différents groupes varient et ils peuvent donc être considérés comme groupes socio-économiques distincts. En effet, les groupes socio-économiques sont différenciés sur la base des résultats (quantité de nourriture et de revenus en espèces

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gagnés ou possession de biens), mais ils sont également fortement différenciés selon la façon dont ils obtiennent leur richesse. Ces différences de stratégies de subsistance sont clés pour déterminer les types de dangers auxquels les ménages sont vulnérables et sont tout aussi importantes, sinon plus, que le niveau socio-économique global.

Encadré 4. Groupes socio-économiques dans les fermes d’agriculteurs réinstallés

Lors d’une évaluation AEM dans la zone A1 Fermes d’agriculteurs réinstallés, effectuée au Zimbabwe en 2003, il a été découvert qu’il existait deux groupes distincts de population dans les mêmes zones : les colons à qui l’on avait alloué de la terre, et ceux qui travaillaient auparavant dans les anciennes fermes commerciales et qui se trouvaient à présent sans terre mais restaient sur les lieux. Du fait que les moyens d’existence de ces deux groupes étaient étroitement liés, il n’a pas été jugé approprié de les traiter comme deux zones de subsistance différentes. Certains de ces ouvriers sans terre avaient en fait des niveaux d’accès à de la nourriture et à un revenu similaires à ceux des colons pauvres, mais ils constituaient manifestement des groupes socio-économiques différents en raison de leur accès à la terre, de leur situation légale et des différences de reconnaissance et d’acceptation politique, en plus des différences dans les types de stratégies de subsistance qu’ils pouvaient suivre. Malgré le terme « groupes socio-économiques », l’accès aux ressources déterminé par la politique a été en fait une dimension clé de la classification des différents groupes.

Considérations d’économie politique pour faire des recommandations

Il est possible que des interventions sur les moyens d’existence aient des impacts négatifs sur la dynamique du pouvoir et du conflit si les questions ne sont pas mûrement réfléchies. Quelques exemples5 :

• En créant des opportunités de cupidité et en nourrissant les griefs dans certains groupes.• En renforçant les différences entre groupes (en privilégiant certains par rapport à

d’autres ; en élargissant les différences économiques) par le choix d’intervention ou la méthode de ciblage.

• Par la fongibilité de l’aide (les ressources de l’aide sont taxées ou alimentent une économie de guerre).

• Par un déboursement tardif de l’aide qui aboutit à des opportunités manquées et/ou à du ressentiment.

Les praticiens de l’AEM doivent être sensibles aux impacts négatifs possibles des interventions recommandées, parce qu’elles pourraient augmenter le risque de conflit et aggraver les tensions ou les disparités entre différents groupes. Cependant, à moins qu’un travail spécialisé n’ait été effectué sur l’analyse de l’économie politique, les praticiens devront exercer de la prudence lorsqu’ils feront des recommandations sur les interventions qui tentent d’atténuer le risque de conflit ou de réduire la vulnérabilité au conflit. Ils devront souligner les domaines potentiels généraux d’intervention tout en exprimant des inquiétudes possibles, du point de vue de l’économie politique, qui méritent une recherche supplémentaire détaillée avant de mettre en place l’intervention.

5 DFID, 2002 : p. 23

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Questions fréquemment posées

Q : Un non-expert peut-il faire une analyse de l’économie politique ?R : Tous les praticiens de l’AEM devraient être en mesure d’effectuer un niveau minimum d’analyse de l’économie politique. Les sections ci-dessus indiquent qu’au cœur de ce type d’analyse se trouvent simplement une acceptation et une prise de conscience de l’influence de l’interaction des intérêts économiques et politiques sur les moyens d’existence. En prenant connaissance de quelques-uns des articles cités dans la section « Lectures supplémentaires » ci-dessous, la plupart des lecteurs pourront effectuer une analyse basique. Pour une analyse très détaillée, par exemple si votre recherche porte principalement sur l’interaction du pouvoir et du conflit avec les moyens d’existence et sur ce qui peut être fait pour aborder ces problèmes afin de réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire, il est recommandé d’utiliser une personne possédant une plus grande expertise pour mener l’analyse.

Q : Comment puis-je analyser les problèmes d’économie politique et de conflit et en rendre compte tout en respectant le principe humanitaire de neutralité ?R : Le principe humanitaire de neutralité fait référence à la non-prise de parti dans un conflit ou au fait de ne pas s’aligner politiquement à un groupe ou à un parti. Dans la pratique, faire preuve de neutralité tout en comprenant et en signalant les impacts du conflit et des problèmes politiques équivaut à marcher sur un fil. La clé est de se concentrer sur les rapports portant sur les résultats humanitaires et de montrer que l’on se préoccupe principalement de ceux qui ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins essentiels. Dans les sociétés responsables, des suggestions constructives pour améliorer la situation de ces personnes doivent être les bienvenues, et on doit exiger de ceux qui sont chargés de leur protection d’assumer leurs responsabilités. Il s’agit d’équilibrer cette exigence sans indiquer son soutien pour l’un ou l’autre des groupes.

Q : Les questions du pouvoir et de l’économie politique peuvent être très délicates. Mon organisation ne risque-t-elle pas des ennuis si elle fait état de ces problèmes délicats ?R : Cette question est semblable à la précédente. Lorsque les questions sont si délicates que le fait de les mentionner met en danger les communautés que vous cherchez à servir, ou votre capacité à les servir, des rapports publics pourraient ne pas être dans l’intérêt supérieur de ces communautés ou de l’organisation qui fait ces rapports, et peuvent même être dangereux. Des approches plus discrètes devront être envisagées pour aborder les problèmes soulevés par l’analyse de l’économie politique, mais l’analyse du problème doit de toute façon être réalisée.

Q : Que faire s’il n’y a pas suffisamment de temps ni d’accès pour faire à la fois l’analyse AEM et l’analyse de l’économie politique ? Laquelle faire en premier ? Comment classer mes activités par ordre de priorité ?R : Ces activités sont toutes deux reliées et il n’y a pas de séquence logique pour les effectuer. Un niveau basique d’analyse de l’économie politique doit être intégré dans toutes les évaluations AEM. Bien évidemment, cela doit être fait dans le cadre de l’étude des données secondaires avant le travail sur le terrain. Pour une recherche plus détaillée sur le terrain dans les situations où les ressources sont limitées, l’ordre de priorité sera dicté par les objectifs de la recherche. Si l’objectif est d’estimer les besoins immédiats de la sécurité alimentaire, l’AEM sera prioritaire. Cependant, ignorer l’économie politique dans cette situation pourrait aboutir à des recommandations d’intervention (soit au niveau de l’approche soit au niveau du ciblage) qui pourraient empirer la situation. Si l’objectif de la recherche est de comprendre les causes profondes de l’insécurité alimentaire et d’y répondre, une

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séquence itérative pourrait être la plus appropriée, c’est-à-dire, effectuer une analyse de l’économie politique pour placer l’analyse AEM ultérieure en contexte, ainsi qu’une analyse supplémentaire de l’économie politique pour étudier les problèmes qui pourraient avoir été soulevés par l’AEM.

Matériels de terrain

Une liste de contrôle des questions à considérer lors d’une analyse du pouvoir, du conflit et de l’économie politique est incluse dans l’Annexe B pour être utilisée sur le terrain. Les sources utiles d’informations secondaires qui doivent être consultées pour trouver des informations pertinentes sur le contexte faisant l’objet de l’évaluation incluent :

• International Crisis Group : www.crisisgroup.org/fr• Human Rights Watch : www.hrw.org/fr• Amnesty International : www.amnesty.org/fr• Rapports du Département d’État des États-Unis sur la situation des droits de l’homme :

usinfo.state.gov/dhr/human_rights.html• Institut international d’études stratégiques : www.iiss.org• Institute for Security Studies (Afrique du Sud) : www.iss.co.za• The Economist : www.economist.com• Journaux locaux• ReliefWeb, pages de pays : www.reliefweb.int• Rapports de centres universitaires/de recherche, par ex. Tufts (fic.tufts.edu),

IDS (www.ids.ac.uk), ODI Humanitarian Policy Group (www.odi.org.uk/hpg)

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L’AEM ET LA NUTRITION

Contexte

Les évaluations de la sécurité alimentaire et de la nutrition sont fréquemment effectuées indépendamment l’une de l’autre, mais l’information fournie par l’une peut être utile à l’autre. Cette section étudie les principaux moyens par lesquels les évaluations AEM peuvent éclairer la compréhension de l’état nutritionnel et des risques nutritionnels d’une population et comment, en tant que praticiens de l’AEM, nous pouvons utiliser notre compréhension plus approfondie de la nutrition pour obtenir une analyse plus riche des informations issues des évaluations AEM.

Qu’essayons-nous de comprendre ?

Cette section présente quelques informations générales sur les questions nutritionnelles et tente ensuite de répondre à trois questions :

• Que peut nous apprendre l’AEM sur la qualité de l’alimentation ?• Que peut nous apprendre l’AEM sur les causes de la malnutrition ?• Que peut nous apprendre l’AEM sur le risque de malnutrition à l’avenir ?

Qu’est-ce que la malnutrition et quelle en est la cause ?

Une bonne nutrition permet aux personnes de bien se développer, de maintenir leur croissance, de résister aux maladies, de se rétablir et d’accomplir leurs tâches quotidiennes. Une nutrition insuffisante conduit à la malnutrition. La malnutrition aiguë, ou émaciation, reflète une perte de poids récente. La malnutrition chronique, ou retard de croissance, est mesurée comme un déficit de la taille et se développe à long terme.

L’insécurité alimentaire est l’une des trois causes sous-jacentes possibles de la malnutrition, les deux autres étant les mauvaises pratiques de soins de l’enfant et le mauvais environnement de santé publique et d’accès aux soins de santé.

Le cadre conceptuel de l’UNICEF, présenté dans la Figure 4, est largement accepté et souligne les causes de la malnutrition. Il démontre que l’insécurité alimentaire, qui est le résultat de divers facteurs structurels et institutionnels, peut entraîner un apport alimentaire insuffisant et, à terme, la malnutrition et la mort. Un apport alimentaire insuffisant fait référence à la fois à la quantité de nourriture consommée (les personnes consomment-elles suffisamment de nourriture ?) et à la qualité et à la diversité de l’alimentation (comprend-elle différents types appropriés d’aliments en quantité suffisante ?).

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Figure 4 : Cadre conceptuel indiquant les causes de la malnutrition (source : Le Projet Sphère, 2004)

Il est donc important que les praticiens de l’AEM sachent que bien que l’obtention de 2 100 kilocalories par jour soit nécessaire pour avoir un bon état nutritionnel, cela ne suffit pas. La malnutrition peut malgré tout se manifester si l’alimentation n’inclut pas le bon équilibre d’aliments contenant les micronutriments nécessaires, ou si les soins de santé ou l’accès à de l’eau propre sont limités.

Une note sur les évaluations

Il existe deux principaux types d’évaluations nutritionnelles : les évaluations nutritionnelles rapides d’urgence et une analyse plus approfondie des causes de la malnutrition chronique. Les évaluations nutritionnelles rapides d’urgence recueillent généralement des données anthropométriques sur les enfants âgés de moins de 5 ans, telles que le poids, la taille ou le périmètre brachial (PB) et l’œdème. Ces données sont ensuite utilisées pour créer des indicateurs de l’état nutritionnel :

• L’indice poids/taille : pour mesurer l’émaciation/ la malnutrition aiguë• L’indice taille/âge : pour mesurer le retard de croissance/ la malnutrition chronique• L’indice poids/âge : « l’insuffisance pondérale » – une mesure composite courante

pouvant être difficile à interpréter car elle n’indique pas si le problème est chronique ou aigu.

• Le PB : pour mesurer l’émaciation/ la malnutrition aiguë, souvent utilisé comme dépistage dans les programmes alimentaires ciblés.

• L’œdème : indicateur de malnutrition aiguë sévère.

L’état nutritionnel des moins de 5 ans est important car le risque de mortalité et de morbidité de ces enfants a tendance à être plus élevé que celui du reste de la population et ils sont souvent le premier groupe à montrer des signes de malnutrition. Leur état est donc considéré comme un indicateur principal ou avancé des problèmes de l’ensemble de la population.

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Un nombre limité de données supplémentaires sur les facteurs causaux (par ex. récentes maladies) est souvent recueilli lors d’une évaluation nutritionnelle d’urgence, afin de relier la malnutrition observée à des explications potentielles.

Une évaluation nutritionnelle rapide d’un échantillon aléatoire tiré d’une population entière énonce la prévalence de la malnutrition dans la population. Il est important de ne pas confondre les données de prévalence de la population et les informations sur les niveaux de malnutrition au sein de populations spécifiques, par exemple les données des sites sentinelles ou des centres de santé, utilisées pour la surveillance. Ces dernières peuvent être biaisées car les enfants malades seront surreprésentés et la maladie est une cause majeure de malnutrition. Toutefois, ces deux types de données peuvent être très utiles pour comprendre les tendances de la malnutrition. Les données de surveillance doivent être examinées pour décerner les tendances, et les enquêtes auprès de la population entière peuvent être utilisées pour rendre compte de la prévalence et, si elles sont répétées, des tendances.

L’analyse plus approfondie des causes de la malnutrition est axée généralement sur la malnutrition chronique chez les enfants de moins de trois ans. Il est important d’évaluer ce groupe particulier car (i) le retard de croissance est irréversible au-delà de cet âge et (ii) les enfants de moins de 3 ans ont différents besoins alimentaires de ceux de l’ensemble de la population. Ces évaluations sont généralement beaucoup plus détaillées que les évaluations d’urgence et font un rapport plus complet sur les facteurs causaux.

Quel est le meilleur moyen de relier l’AEM aux évaluations nutritionnelles ?

Que peut nous apprendre l’AEM sur la qualité de l’alimentation ?

Les évaluations AEM sont le plus fréquemment utilisées pour décerner si les ménages sont en mesure de satisfaire leurs besoins énergétiques alimentaires totaux, c’est-à-dire le nombre minimum de calories nécessaires pour survivre. Cependant, dans certains cas nous pourrions étudier de manière plus approfondie les implications nutritionnelles de la situation économique du ménage. Dans ces cas-là, nous pourrions utiliser les informations de l’AEM pour avoir des détails sur la supplémentation en macronutriments, mais la capacité de l’AEM à examiner la diversité alimentaire et les micronutriments est plus limitée.

Accès aux macronutriments : Les macronutriments sont les glucides lents, les lipides et les protéines. Ces nutriments constituent l’ensemble de l’alimentation et fournissent toute l’énergie (les calories) nécessaire. L’énergie est indispensable aux fonctions essentielles du corps, telles que la respiration, la croissance et l’activité physique. L’émaciation est généralement associée à un faible apport énergétique. Les lipides et les protéines fournissent des calories et ont également d’autres rôles importants. Un déficit en lipides est particulièrement inquiétant chez les jeunes enfants qui, en raison de la petite taille de leur estomac, ont besoin d’aliments denses en énergie, tels que les lipides, pour obtenir suffisamment de calories ; d’autres aliments pourraient être trop volumineux pour pouvoir être consommés en quantité suffisante. Les lipides et les protéines sont également importants pour l’absorption de certains micronutriments et des déficits peuvent entraîner des carences en micronutriments. Tout comme il existe des normes de référence pour l’apport calorique minimal (2 100 kcal par personne et par jour), il existe également des normes sur le contenu minimal en lipides et en protéines d’une alimentation. Des données de référence sur la quantité de calories provenant des lipides et des protéines dans les aliments

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sont également disponibles6. Il est donc relativement simple d’estimer si une alimentation est adéquate sur le plan des lipides et des protéines à l’aide des informations de l’AEM. L’Encadré 5 indique les besoins minimaux en macronutriments et comment estimer la contribution de différentes sources d’aliments à ces besoins minimaux.

Encadré 5. Normes minimales de Sphère et calcul des macronutriments

Moyenne arithmétique des besoins de la population (par personne et par jour) :

Énergie : 2 100 kcal Protéines : 10-12 % de l’énergie totale (52-63 g), mais <15 %

Lipides : 17 % de l’énergie totale (40 g)

Exemple :

Calculer la contribution de 100 kg de maïs grain à l’apport alimentaire mensuel d’une famille de 8 personnes.

Étape 1 : Calculer les besoins mensuels du ménage :8 personnes x 30 jours x (2 100 kcal, 52 g protéines, 40 g lipides) = Énergie : 504 000 kcalProtéines : 12 480 gLipides : 9 600 g

Étape 2 : Trouver les valeurs de référence du maïs grain : 100 g de maïs apporte…Énergie : 363 kcalProtéines : 10 gLipides : 4,5 g

Étape 3 : Calculer le total de l’énergie, des lipides et des protéines dans 100 kg de maïs grain (100 g = 0,1 kg) :Énergie = 100 kg/0,1 kg [nombre d’unités de 100 g dans 100 kg] x 363 kcal [énergie par unité] = 363 000 kcalProtéines = 100 kg/ 0,1 kg x 10 g = 10 000 gLipides = 100 kg/ 0,1 kg x 4,5 g = 4 500 g

Étape 4 : Calculer les macronutriments dans le maïs grain en pourcentage des besoins mensuels minimaux du ménage :Énergie : 363 000 kcal / 504 000 kcal x 100 = 72 %Protéines : 10 000 g / 12 480 g x 100 = 80 %Lipides : 4 500 g / 9 600 g = 47 %

Effectuer cette analyse supplémentaire peut mettre en relief des cas dans lesquels les ménages obtiennent 2 100 kcal mais n’obtiennent pas le contenu en lipides recommandé dans leur alimentation. Les ensembles de données précédents de l’AEM n’ont pas été analysés de manière aussi élaborée, mais il est possible d’affirmer, à partir des éléments disponibles, que des carences en lipides sont susceptibles d’être très courantes chez les ménages pauvres. Il est estimé qu’une analyse détaillée des niveaux de protéines pourrait avoir une moins grande valeur ajoutée, car la corrélation entre le contenu des protéines et celui des calories dans les régimes alimentaires a tendance à être plus étroite.

Accès aux micronutriments : Les vitamines et les minéraux se trouvent dans un grand nombre d’aliments divers, mais ils sont plus particulièrement présents dans les fruits, les

6 Disponibles dans les « Tableaux de Platt » sur le CD joint et dans le Manuel de terrain sur les moyens d’existence.

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légumes et les produits d’origine animale, y compris les aliments sauvages. Le retard de croissance est généralement associé à un faible apport de micronutriments. Un accès insuffisant à des micronutriments spécifiques peut également provoquer des maladies telles que l’anémie (carence en fer), le scorbut (carence en vitamine C) et la pellagre (carence en niacine). Les problèmes de carences en micronutriments sont souvent insuffisamment mis en relief et on appelle souvent ces carences « la faim cachée ». Cependant, il est beaucoup plus difficile, avec l’AEM, d’estimer si un ménage obtient suffisamment de micronutriments car les quantités nécessaires sont relativement faibles et il faudrait un niveau de rappel détaillé de la consommation alimentaire qui n’est pas réaliste pour les périodes de référence généralement utilisées dans l’AEM. De plus, le contenu en micronutriments de divers aliments varie selon les méthodes de préparation et de stockage (la mouture des céréales entraîne une perte de vitamines B ; faire bouillir les légumes verts feuillus entraîne une perte de vitamines B et C solubles dans l’eau). Une analyse formelle des carences en micronutriments exige d’examiner les symptômes cliniques ou de faire des analyses de sang.

Bien que l’AEM ne nous permette pas de faire des affirmations sur le pourcentage minimum de micronutriments qu’un ménage peut obtenir, nous devrions pouvoir faire des affirmations approximatives sur le risque de carences en micronutriments en considérant la présence ou l’absence de certains aliments clés dans l’alimentation. Le Tableau 3 sert de référence en détaillant certaines carences courantes en micronutriments et les types d’aliments qui contiennent ces micronutriments.

Tableau 3. Carences en micronutriments et aliments associés

Carence Risque de carence si l’alimentation est déficiente en…

Anémie(carence en fer)

Viande rouge ; œufs ; légumineuses ; haricots ; raisins secs ; dattes ; pruneaux ; épinards. Le fer provenant de produits d’origine animale est le plus facile à absorber. Consommer des aliments qui contiennent de la vitamine C en même temps aide à l’absorption du fer.

Goitre(carence en iode)

Le sel iodé (avant de poser des questions sur l’achat de sel, demandez si le sel est en principe iodé ou non).

Béribéri (carence en thiamine/ vitamine B1)

Céréales complètes ; légumineuses ; arachides et fruits à coques ; œufs ; légumes verts feuillus ; agrumes. L’absence de ces aliments supplémentaires pose un risque particulier dans les lieux où l’aliment de base est le riz blanc/poli.

Scorbut (carence en vitamine C)

Agrumes ; mangue ; papaye ; légumes verts ; pommes de terre.

Pellagre(carence en niacine/ vitamine B3)

Céréales complètes ; légumineuses ; arachides et fruits à coque ; abats. Le risque de pellagre est élevé dans les lieux où l’on mange beaucoup de maïs moulu.

Cécité scotopique(carence en vitamine A)

Foie ; lait/produits laitiers/ œufs/ légumes jaune foncé et orange (citrouille, patates douces, carottes) ; papayes, mangues ; légumes vert foncé feuillus (épinards, brocoli, colza ; feuilles de plantes sauvages). Demandez si des suppléments en vitamine A ont été fournis au cours de l’année écoulée.

Carence en riboflavine(vitamine B2)

Céréales complètes ; légumineuses ; arachides et fruits à coque

NB : Lorsque vous étudiez la disponibilité de micronutriments, vérifiez si les céréales, les huiles ou d’autres aliments sont enrichis et si des suppléments (par ex. en vitamine A) ont été fournis.

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La diversité alimentaire globale est mesurée avec plus d’exactitude à l’aide d’une enquête sur la consommation alimentaire du ménage individuel, avec une période de rappel de 24 heures. Ces enquêtes sont de plus en plus incluses dans les évaluations par questionnaires des CEV et du PAM, mais leur limitation est qu’elles ne font référence qu’à cette période de 24 heures. En conséquence, à moins qu’elles ne soient répétées plusieurs fois, elles ne peuvent tenir compte des changements saisonniers ni faire des affirmations prévisionnelles. L’AEM ne peut fournir autant de détails sur la diversité alimentaire que les enquêtes à période de rappel de 24 heures, mais il est possible de faire des comparaisons générales entre la diversité des régimes alimentaires de différents groupes socio-économiques, comme l’illustre l’Encadré 6.

Encadré 6 : Diversité alimentaire dans les communautés minières informelles de Mutorashanga, Zimbabwe

La zone de subsistance de la communauté minière informelle de Mutorashanga, au nord du Zimbabwe, a une économie fortement monétaire et quasiment toute la nourriture y est achetée (plutôt que cultivée). La figure sur la composition de l’apport alimentaire mensuel illustre les différences que l’AEM peut révéler dans la diversité alimentaire entre les groupes socio-économiques. Bien que les groupes pauvres et moyens obtiennent la majorité de leur énergie par les céréales, le groupe moyen obtient plus de calories que le groupe pauvre par les haricots, l’huile, le lait, la viande et le poisson. Cela semble indiquer que les ménages moyens ont une alimentation plus riche en protéines et en lipides que les ménages pauvres.

Source : Save the Children UK, Programme au Zimbabwe, 2001 : Évaluation AEM des Communautés minières informelles de Mutorashanga

Que peut nous apprendre l’AEM sur les causes de la malnutrition ?

Les taux de malnutrition sont un élément moteur puissant de l’action humanitaire et sont également l’un des indicateurs de l’Objectif du millénaire pour le développement sur la réduction de la faim. Beaucoup d’acteurs surveillent donc de près les taux de malnutrition. Cependant, étant donné que la malnutrition a de multiples causes, comme indiqué dans la

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Figure 4 ci-dessus, comprendre les raisons de la malnutrition dans un contexte particulier est un aspect essentiel pour déterminer comment réduire la malnutrition à la fois à court terme et à long terme.

Pour comprendre les causes de la malnutrition, des questions supplémentaires sur toutes les causes possibles doivent de préférence être ajoutées à un questionnaire d’enquête nutritionnelle et pourraient être reliées à l’état nutritionnel des enfants du ménage. Cela se ferait à l’aide de techniques statistiques dont la description n’est pas du ressort de ce manuel. Toutefois, dans la pratique, ces questions ne sont incluses que dans un petit pourcentage d’enquêtes nutritionnelles. De plus, comme indiqué ailleurs, utiliser un questionnaire pour obtenir des informations solides sur la sécurité alimentaire est tout particulièrement difficile et exigeant. Les enquêtes nutritionnelles avec données anthropométriques sont plus caractéristiques, de même que diverses autres enquêtes effectuées à des moments et dans des lieux légèrement différents, qui sont mentionnées de façon moins formelle pour tenter d’éclaircir les causes de la malnutrition.

Du fait que le cadre de l’AEM constitue une excellente base pour comprendre si les ménages obtiennent suffisamment de nourriture, les évaluations AEM peuvent contribuer à une discussion sur les causes de la malnutrition en incluant ou en excluant ce déterminant clé. Si l’AEM découvre que la population n’est pas en mesure de satisfaire ses besoins alimentaires minimaux, et si la malnutrition est observée dans la même région, il sera possible d’affirmer que l’insécurité alimentaire est l’une des causes actives de la malnutrition. On pourra affiner cette analyse si les données de l’enquête nutritionnelle et de l’AEM sont comparables. Par exemple :

(a) Les évaluations portent-elles sur la même période ? La base de référence de l’AEM couvre une période de référence d’un an et l’analyse des résultats fait généralement des projections de la sécurité alimentaire sur une période future de six à neuf mois. Les enquêtes nutritionnelles sont en général des descriptions instantanées de la situation à un moment donné. Considérez la saisonnalité de la sécurité alimentaire et la saison couverte par l’enquête nutritionnelle. A-t-elle été effectuée à une période pendant laquelle on estimait qu’une partie ou que l’ensemble de la population aurait des difficultés à accéder à suffisamment de nourriture ? Dans une zone agricole, si nous constatons des taux de malnutrition aiguë élevés immédiatement après la période de la récolte, lorsque la nourriture est plus disponible et que les prix sont plus faibles, la malnutrition sera plus probablement liée aux problèmes de santé ou de soins qu’à la sécurité alimentaire. À l’inverse, pendant la « saison de la faim », la sécurité alimentaire est plus susceptible d’être une cause de malnutrition. (Cependant, les saisons de la faim dans les zones agricoles coïncident souvent avec les pics saisonniers sur le plan des problèmes de santé, et ce dernier point ne doit donc pas être exclu.)

(b) Les régions géographiques sont-elles identiques ? Les enquêtes nutritionnelles couvrent généralement les zones administratives (par ex. les districts) tandis que les évaluations AEM couvrent en principe les zones de subsistance. Prenez soin de ne pas relier les résultats des deux enquêtes à moins qu’il n’y ait un chevauchement très considérable entre les deux, autrement elles feront référence à différentes populations. Il devrait être possible de faire des références croisées entre les lieux des enquêtes et d’analyser à nouveau les résultats de l’enquête nutritionnelle par zone de subsistance. Toutefois il est recommandé de demander conseil au cas par cas, pour savoir si l’échantillon de l’enquête est suffisamment important pour assurer la validité de cette procédure.

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(c) Relier les résultats nutritionnels aux groupes socio-économiques. La pauvreté est une cause majeure à la fois de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition ; nous nous attendons donc généralement à trouver des taux de malnutrition plus élevés dans les groupes socio-économiques pauvres. Mais la malnutrition ne se limite pas à ce groupe. Nous pouvons mieux déterminer si l’insécurité alimentaire est une cause majeure de malnutrition si l’enquête nutritionnelle incorpore les indicateurs du groupe socio-économique des ménages interrogés. Les deux principaux moyens de déterminer le groupe socio-économique des ménages dans une enquête nutritionnelle sont (1) de poser des questions sur la possession de biens, qui pourrait être comparée à la classification socio-économique de l’AEM ; et (2) de demander à un informateur clé bien informé d’accompagner l’équipe d’enquête nutritionnelle et de lui indiquer discrètement à quel groupe socio-économique chaque ménage appartient. SC UK a utilisé cette dernière approche avec succès en Éthiopie pour montrer que la malnutrition est plus courante chez les groupes socio-économiques pauvres.

L’AEM indique si l’insécurité alimentaire est susceptible d’être une cause de malnutrition mais elle propose également des voies d’enquête supplémentaires liées à d’autres aspects du cadre causal de la malnutrition. Le Tableau 4 fournit une liste de certains de ces indicateurs.

Tableau 4. Indicateurs nutritionnels supplémentaires disponibles dans les bases de référence de l’AEM

Indicateur Pertinence et où il est recueilli dans l’AEM

Dépenses en soins de santé

Les habitudes de dépenses incluses dans une base de référence de l’AEM renseignent sur les montants dépensés pour les soins de santé par les ménages de chaque groupe socio-économique et indiquent dans quelle mesure différents ménages peuvent se permettre ces dépenses. Ces informations expliquent en partie pourquoi la mauvaise santé pourrait être une cause sous-jacente de la malnutrition.

Dépenses en eau Lorsque l’eau doit être achetée, ce coût est inclus dans la section dépenses de la base de référence. Cette information indique dans quelle mesure les différents ménages peuvent se permettre d’avoir suffisamment d’eau, ce qui explique en partie pourquoi une mauvaise santé ou une mauvaise hygiène pourrait être une cause sous-jacente de la malnutrition.

Dépenses en savon

Les dépenses en savon sont régulièrement recueillies avec les données sur les dépenses. Une utilisation limitée de savon peut entraîner une mauvaise hygiène et, à terme, la malnutrition.

Pouvoir se permettre une alimentation variée

Une alimentation variée est importante pour éviter les carences en micronutriments. Il est possible de dresser une liste des aliments nécessaires pour avoir une alimentation saine et variée et d’en calculer ensuite le coût à l’aide des données disponibles sur les prix.7 Ce coût peut ensuite être comparé aux niveaux de revenus des groupes socio-économiques afin de déterminer s’il est abordable. Cependant il faut avoir des informations plus détaillées que celles fournies dans une base de référence type, sur les prix d’une large gamme d’aliments à différentes saisons de l’année. Il est bien entendu possible de recueillir les données nécessaires lors d’une évaluation AEM, mais il faut cependant noter que cette activité prend énormément de temps.

Charge de travail de la mère

La charge de travail de la mère peut déterminer sa capacité à fournir les soins adéquats à ses enfants en bas âge, en particulier l’allaitement fréquent. Évoquer les charges de travail dans le ménage et obtenir un calendrier des activités quotidiennes des femmes (voir un modèle dans « Matériels de terrain ») à différentes saisons permettra de déterminer si une mère a le temps de bien s’occuper de ses enfants.

7 SC UK a élaboré un progiciel qui permet de faire cette analyse.

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La malnutrition chronique est généralement due à la consommation prolongée d’une alimentation de mauvaise qualité (insuffisante en micronutriments) et aux maladies répétées. Les évaluations AEM peuvent, dans une certaine mesure, nous permettre de déterminer si certains segments de la population sont susceptibles d’avoir une alimentation d’une qualité inadéquate. Des informations sur l’argent disponible pour les dépenses du ménage peuvent également nous aider à prévoir si un ménage pourrait ou non, à l’avenir, se permettre d’obtenir une alimentation satisfaisante ou d’accéder à des services de santé de bonne qualité.

Il est moins probable que la saisonnalité influence les taux de malnutrition chronique, mais les calendriers saisonniers peuvent donner des indices importants sur les périodes auxquelles des carences en micronutriments spécifiques sont probables. Par exemple, il devrait être relativement facile d’obtenir, au cours de discussions autour d’un calendrier saisonnier, des informations sur les périodes de disponibilité et de consommation du lait ou des différents types de fruits et de légumes. Cela nous aiderait à envisager la supplémentation éventuelle de micronutriments spécifiques à certaines périodes de l’année.

Que peut nous apprendre l’AEM sur les risques de malnutrition aiguë ?

Une question clé pour les décideurs, et en particulier pour ceux qui s’intéressent à l’alerte précoce, est de savoir quel serait l’impact probable d’un choc tel qu’une sécheresse, sur les taux de malnutrition aiguë. Le risque de malnutrition n’est pas seulement intéressant en soi, mais aussi parce que, malheureusement, dans la pratique la plupart des ressources pour répondre à une crise prévue sont souvent mobilisées uniquement lorsque le taux de malnutrition a commencé à augmenter, c’est-à-dire lorsque la crise est déjà en pleine offensive. Il est espéré que de meilleures prédictions sur les hausses probables de la malnutrition entraînent une mobilisation plus rapide de ressources.

Bien que l’AEM ait élaboré des procédures testées pour prévoir les problèmes d’accès à de la nourriture, prévoir la malnutrition reste une technique imparfaite. En effet :

(a) comme l’indique le cadre causal, la malnutrition est le résultat de l’interaction d’un ensemble de facteurs divers et complexes,

(b) même en ce qui concerne uniquement la sécurité alimentaire, il peut être difficile de prévoir le comportement réel de la population victime d’un stress : une famille vendra-t-elle effectivement tout son bétail avant de réduire sa consommation alimentaire ? Ou bien réduira-t-elle certains aliments à un stade précoce afin de pouvoir conserver ses biens de production pour l’avenir ?

(c) d’autres chocs ou changements pourraient survenir qui n’auraient pas pu être envisagés au moment où les prévisions ont été faites.

L’un des principaux avantages de l’AEM est celui d’être un outil prévisionnel. Elle ne signale pas simplement l’insécurité alimentaire actuelle, mais elle nous permet de faire des prévisions sur les impacts de chocs et de dangers futurs pour la sécurité alimentaire de différents groupes de la population. Lorsque nous prévoyons que certains groupes seront exposés à des déficits alimentaires, nous pouvons généralement affirmer avec assurance qu’en l’absence d’une intervention externe, nous prévoyons une augmentation de la malnutrition. Il est envisagé qu’un travail soit effectué, à l’avenir, pour renforcer les liens entre les prévisions sur la sécurité alimentaire et la malnutrition. Nous citons ci-dessous quelques-uns des domaines qui devront être inclus dans ce travail.

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Encadré 7 : Que signifie le seuil des « 2 100 kcal » ?

La valeur de référence de 2 100 kcal par personne et par jour a été recommandée en 2000 par le PAM. Auparavant, un seuil plus strict de 1 900 kcal était utilisé. Il désigne les besoins énergétiques moyens de toutes les personnes, de tous les âges et des deux sexes, pour une population d’un profil démographique spécifique, ayant une activité suffisante pour maintenir sa vie productive, à température ambiante, avec abri et vêtements et n’ayant pas de problèmes de santé comme la malnutrition ou le VIH/SIDA. En réalité les besoins varient quelque peu d’une population à l’autre. C’est pourquoi 2 100 kcal est un guide utile, mais nous ne pouvons pas affirmer que toute population qui ne reçoit pas précisément ce nombre de calories souffrira de malnutrition.

Stratégies d’adaptation : Comme nous l’expliquons dans le Chapitre 4, lorsque nous prévoyons les besoins, nous n’incluons pas, dans l’analyse des projections des résultats de l’AEM, le revenu perçu par des stratégies nuisibles. En effet, notre objectif est de susciter une intervention avant que la population ne soit forcée d’avoir recours à ces mesures. Cependant, dans la réalité, les personnes utiliseront souvent ces stratégies si elles y sont forcées, plutôt que de laisser leurs enfants souffrir de malnutrition. Si nous excluons ces stratégies et essayons de prévoir la malnutrition, nous pourrions prévoir une malnutrition plus grave ou plus précoce que la réalité, et nous pourrions être accusés de « crier au loup ». Il est plus réaliste de faire une prévision de malnutrition plus tardive en incluant les stratégies d’adaptation nuisibles. Mais dans ce cas, il est essentiel de souligner en même temps que le fait de ne pas empêcher la population d’utiliser ces stratégies et de ne répondre que lorsque la malnutrition commence à augmenter aurait des conséquences néfastes. Dans tous les cas, la base sur laquelle un déficit est déterminé dans l’AEM doit être explicite.

Ampleur du déficit : Il est impossible de faire une simple corrélation entre le pourcentage des besoins alimentaires minimaux satisfaits et le taux de malnutrition. Toutefois, il est jugé raisonnable de s’attendre à ce que tout déficit supérieur à 10 % (c’est-à-dire environ moins de 1 900 kcal pppj) provoquera probablement une hausse de la malnutrition aiguë. Un déficit d’environ 25 % ou plus est indubitablement une source de forte inquiétude. Cependant, une recherche complémentaire sur le sujet est nécessaire et ces chiffres ne doivent donc pas être considérés comme des seuils formels.

Saisonnalité et prévision de la période du déficit : Ce que représentera précisément un déficit annuel pour un ménage doit être examiné dans le contexte de la saisonnalité et de la période à laquelle ce déficit sera ressenti. Un déficit de 16 % réparti sur 12 mois pourrait ne pas sembler si grave, mais un déficit de 100 % sur 2 mois (ce qui revient au même sur une année) semble extrêmement sérieux. Les ménages établissent un budget de leurs ressources dans une plus ou moins grande mesure, et nous ne pensons pas que les ménages se retrouvent sans nourriture du jour au lendemain, mais nous nous attendons à voir des tendances saisonnières dans tous les déficits. Les praticiens doivent donc considérer dans quelle mesure les déficits seront susceptibles d’être concentrés sur des saisons particulières, et indiquer la sévérité et la période de l’impact sur la malnutrition.

Pour résumer, l’AEM peut être une aide utile pour prévoir le risque de malnutrition aiguë associé à la sécurité alimentaire. Cependant, en raison des multiples causes de la malnutrition, dont certaines ne sont pas couvertes par les évaluations AEM, il est recommandé de faire ces prévisions de manière collaborative avec d’autres acteurs qui pourraient avoir des informations sur les autres causes de la malnutrition. Les CEV sont, en Afrique australe, un bon forum potentiel et le FSAU (Unité d’analyse de la sécurité alimentaire) en Somalie utilise actuellement cette approche dans le « Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire » (IPC).

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Questions fréquemment posées

Q : Si la malnutrition existe, faut-il toujours recommander des interventions pour améliorer la sécurité alimentaire ?R : Non. Il est possible que la malnutrition chez un groupe particulier ne soit pas due à l’insécurité alimentaire mais à d’autres facteurs tels que l’apparition de maladies (rougeole, diarrhée ou paludisme), ou à de mauvaises pratiques de soins (allaitement non exclusif, sevrage précoce des enfants). Dans ces cas-là, les interventions sur la sécurité alimentaire pourraient n’avoir aucun impact sur la malnutrition. Il faut donc comprendre les causes de la malnutrition avant de tirer des conclusions sur des interventions appropriées. De plus, nous devons regarder au-delà des causes immédiates et même considérer les causes sous-jacentes. Dans de nombreuses situations, de mauvaises pratiques de soins pourraient ne pas être dues à un manque de connaissances des bonnes pratiques par les mères, mais à des facteurs associés à leur niveau socio-économique, comme l’impossibilité de se permettre une alimentation variée ou un manque de temps pour allaiter leurs bébés en raison de lourdes charges de travail. Une autre cause de malnutrition chez les jeunes enfants dans certaines populations pourrait être une distribution inégale de la nourriture dans le ménage.

Q : Pourquoi ne pas tout simplement inclure des questions sur la sécurité alimentaire dans l’enquête nutritionnelle auprès des ménages pour faire les liens ?R : Ces questions, si elles sont bien choisies, peuvent bien entendu révéler des liens statistiques entre l’état nutritionnel des enfants et la sécurité alimentaire du ménage. Cependant, il peut être difficile de choisir des indicateurs adéquats de la sécurité alimentaire. Certains indicateurs communs ne sont pas toujours utilisés à bon escient (par ex. « les stocks alimentaires dans le ménage » n’est pas un indicateur approprié si l’économie du ménage est fortement basée sur le revenu et l’achat de la nourriture), et d’autres sont très difficiles à recueillir de manière exacte dans un court questionnaire (par ex. les niveaux de revenus). Les questions sur le niveau socio-économique du ménage, probablement reliées à la possession de biens, sont vraisemblablement les plus faciles à inclure dans une enquête nutritionnelle. Une AEM de type plus qualitatif ajouterait de la valeur (a) en indiquant les questions les plus pertinentes à inclure dans l’enquête, et (b) en fournissant des informations plus contextuelles qui permettraient de faire des liens statistiques entre la nutrition et la sécurité alimentaire ou qui expliqueraient la situation socio-économique plutôt que de la décrire uniquement.

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FAIRE LA DISTINCTION ENTRE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE CHRONIQUE ET L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE TRANSITOIRE

Contexte

Le principal facteur qui distingue l’insécurité alimentaire chronique de l’insécurité alimentaire transitoire est la durée pendant laquelle un ménage ne peut satisfaire ses besoins alimentaires minimaux. « L’insécurité alimentaire chronique est une incapacité à long terme ou persistante à satisfaire ses besoins de consommation alimentaire minimaux, alors que l’insécurité alimentaire transitoire est un déficit alimentaire à court terme ou temporaire. L’insécurité alimentaire cyclique, par exemple saisonnière, est une catégorie intermédiaire. » (Devereux, 2005 ; p. xi). Selon cette définition, il est logique de traiter l’insécurité alimentaire chronique comme un sous-ensemble de la pauvreté : les ménages souffrant d’insécurité alimentaire chronique sont une catégorie de ménages pauvres qui, régulièrement, ne satisfont pas leurs besoins de 2 100 kcal par jour.

La durée de l’insécurité alimentaire et sa sévérité doivent être considérées séparément. Il est possible de connaître un épisode d’insécurité alimentaire sévère mais transitoire, par exemple si un ménage très dépendant vis-à-vis de l’activité agricole perd toutes ses récoltes lors d’une inondation, mais se rétablit après quelques saisons d’activité normale. Une sécheresse modérée pourrait cependant n’entraîner qu’un degré modéré d’insécurité alimentaire transitoire. L’insécurité alimentaire chronique modérée est plus courante chez les ménages dirigés par une personne âgée sans aucun autre moyen de soutien, ou chez d’autres ménages pauvres en main-d’œuvre ou en ressources qui ont toujours du mal à joindre les deux bouts. L’insécurité alimentaire chronique sévère signifie en fait l’indigence, avec un risque élevé de malnutrition et de morbidité.

Dans la pratique, les ménages souffrant d’insécurité alimentaire chronique peuvent représenter un groupe très divers. Certains pourraient avoir les capacités de devenir productifs s’ils avaient des ressources, tandis que d’autres comptent probablement sur un soutien extérieur de façon permanente. Si l’objectif de votre évaluation AEM est de faire des recommandations détaillées pour tenter de résoudre l’insécurité alimentaire chronique, vous aurez probablement besoin de faire une analyse plus orientée sur la pauvreté, en utilisant l’AEM pour explorer les obstacles et les opportunités entrant en ligne de compte pour le ou les groupes particuliers étudiés.

Pourquoi faut-il faire cette distinction ?

Faire la distinction entre l’insécurité alimentaire chronique et l’insécurité alimentaire transitoire est important, principalement parce que cela nous permet de choisir les moyens les plus appropriés d’aborder le problème. Des solutions à court terme et des interventions d’urgence ne traiteront probablement pas les causes de l’insécurité alimentaire chronique ni les causes sous-jacentes de l’insécurité alimentaire aiguë. Un épisode d’insécurité alimentaire aiguë peut aboutir à une insécurité alimentaire chronique dans un ménage qui ne peut se relever des effets du choc. Il est également essentiel de pouvoir fournir un soutien approprié aux moyens d’existence même lors d’une crise. Les ménages qui vendent leurs bêtes de somme et d’autres biens de production afin de satisfaire leurs besoins immédiats

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de consommation, pourraient ne pas être en mesure de se relever, même si les conditions externes s’améliorent, parce qu’ils n’ont plus la possibilité de maintenir leurs moyens d’existence. Cela créerait des cas d’urgence supplémentaires, même dans les années où la situation est de nouveau normale. Ainsi, les besoins humanitaires à court terme de ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire ne peuvent être ignorés pendant que les interventions à long terme sont planifiées et mises en œuvre ; ces deux types d’intervention doivent être considérés comme complémentaires.

Comment utiliser l’AEM pour faire la distinction entre l’insécurité alimentaire chronique et l’insécurité alimentaire transitoire

Utiliser une base de référence AEM d’une « année moyenne » pour distinguer l’insécurité alimentaire chronique de l’insécurité alimentaire transitoire

Si une base de référence AEM a été élaborée pour une année de référence considérée comme moyenne et dans laquelle aucun choc significatif ne s’est produit, il est logique de conclure que les ménages qui ne peuvent satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires minimaux même dans l’année de référence sont en insécurité alimentaire chronique et qu’aucun groupe ne souffre d’insécurité alimentaire transitoire.

Si votre analyse des résultats indique que le danger évalué provoquera des déficits chez les ménages d’un autre groupe socio-économique, nous pourrons considérer que ces ménages supplémentaires sont en insécurité alimentaire transitoire. Et les ménages en insécurité alimentaire chronique seront probablement dans une situation pire.

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Encadré 8. Se servir de bases de référence d’années moyennes pour faire la distinction entre l’insécurité alimentaire chronique et l’insécurité alimentaire transitoire

Le graphique ci-dessous montre la proportion de leurs besoins alimentaires minimaux que les ménages pauvres, moyens et plus aisés peuvent satisfaire dans l’année de référence et dans une année de sécheresse réduisant de 50 % la production des cultures. Pour cet exercice, l’année de référence est une année moyenne dans laquelle aucun choc ne s’est produit.

(a) D’après le graphique, quel/s groupe/s socio-économiques sont en insécurité alimentaire chronique ?

(b) Quel/s groupe/s socio-économiques sont en insécurité alimentaire transitoire dans l’année du problème ?

Réponse :

(a) Il est estimé que le groupe pauvre est en insécurité alimentaire chronique. Même dans l’année de référence, en l’absence de choc, ces ménages ne peuvent satisfaire qu’environ 90 % de leurs besoins alimentaires. Les groupes de ménages moyens et plus aisés sont en mesure de satisfaire leurs besoins minimaux pendant l’année de référence.

(b) Dans l’année de sécheresse, la situation des ménages pauvres s’aggrave et les ménages moyens sont exposés à un déficit alimentaire d’environ 15 %. Ils ne peuvent plus faire face sans aide extérieure. Le fait que les ménages moyens souffrent d’insécurité alimentaire uniquement dans une année de choc, nous permet de conclure qu’ils sont en insécurité alimentaire transitoire pendant l’année du problème. Le groupe de ménages plus aisés peut faire face et peut encore accéder à suffisamment de nourriture.

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Lorsque l’année de la base de référence de l’AEM n’est pas « moyenne »

Parfois, il ne sera ni possible ni approprié d’utiliser une année « moyenne » comme base de référence. Les raisons pourront être les suivantes :

• Parce qu’il y a eu un changement structurel dans l’économie locale depuis la dernière année moyenne (par ex. la clôture d’une mine ; une réforme agraire), et qu’il n’est donc pas possible de revenir à cette situation.

• Parce qu’il est trop difficile pour les personnes interrogées de se souvenir de la dernière année moyenne, par exemple parce qu’elle est trop éloignée dans le passé ou parce que les évolutions rapides des prix et des revenus dues à l’hyperinflation ne permettent pas un rappel exact.

Dans ces situations, on utilise en principe l’année la plus récente comme année de référence, même si des chocs positifs ou négatifs s’y sont produits. Il est plus compliqué dans ce cas-là, de faire la distinction entre l’insécurité alimentaire chronique et transitoire, mais théoriquement cela devrait être possible. L’approche proposée exige de modéliser ce que pourrait être une année moyenne ; autrement dit, de faire abstraction du danger. C’est l’inverse de ce l’on fait généralement dans l’AEM :

Approche standard Résultat = Base de référence + Danger + Réponse

Abstraction du danger Base de référence = Résultat – Danger – Réponse

Si vous excluez le choc et découvrez qu’un groupe socio-économique ne peut satisfaire ses besoins, vous devrez le considérer comme souffrant d’insécurité alimentaire chronique. Si vous découvrez qu’un groupe était en insécurité alimentaire dans l’année de référence mais qu’en excluant le choc il peut satisfaire ses besoins minimaux, vous pourrez considérer que ce groupe est en insécurité alimentaire transitoire.

Si votre enquête AEM exige de faire ce type d’analyse, il sera alors nécessaire d’en tenir compte pendant la collecte des données. Vous devrez recueillir des informations qui vous permettent (a) de quantifier les effets du danger auquel la population fait face actuellement (par ex. « s’il n’y avait pas eu la sécheresse, nous aurions produit deux fois plus de maïs), et (b) de quantifier les stratégies d’adaptation que la population emploie actuellement (par ex. « nous avons vendu quatre vaches cette année, mais en temps normal nous n’en aurions vendu que deux »).

Il faut noter que ce type d’analyse est très hypothétique et qu’il n’existe aujourd’hui aucun exemple « réel » de cette analyse dans l’AEM. Sa validité doit donc être examinée plus amplement.

Projection d’une chute vertigineuse dans la pauvreté chronique/ l’insécurité alimentaire chronique

L’Encadré 8 montre que le groupe moyen a souffert d’insécurité alimentaire transitoire suite à une sécheresse. Mais il est également important de considérer si ces ménages seront en mesure de se relever. Seront-ils en sécurité alimentaire l’année suivante ? Ou bien seront-ils pris dans une chute vertigineuse, par exemple s’ils doivent vendre des biens de production importants pour satisfaire leurs besoins immédiats ?

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Les possibilités de modélisation de l’AEM peuvent être utilisées pour poser cette question importante, à savoir : les ménages qui font face à un danger peuvent-ils se relever ou sont-ils susceptibles de tomber dans le « piège de la pauvreté », consistant à se séparer de leurs biens pour aboutir à l’insécurité alimentaire chronique. Il faut étudier les stratégies actuelles utilisées par la population pour obtenir de la nourriture et un revenu, et considérer si ces stratégies sont durables. Le diagramme ci-dessous illustre le processus de l’analyse :

Le processus commence en vérifiant si une famille pourrait, hypothétiquement, satisfaire ses besoins alimentaires minimaux par quelque moyen que ce soit dans l’année qui fait l’objet de l’analyse, en considérant même les stratégies d’adaptation nuisibles. Si ce n’est pas le cas, la question qui se pose alors pour l’année suivante est : en l’absence d’un autre choc, aurait-elle les moyens d’accéder à ses besoins alimentaires l’année suivante ? Les moyens sont décrits comme « biens de subsistance non liquides » pour faire la distinction entre les

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biens qui pourraient être vendus, tels que le bétail et les outils, et ceux qui ne le peuvent pas, comme les compétences et l’éducation. Un travailleur occasionnel pourrait perdre son revenu dans l’année actuelle en raison d’un manque de travail dû à la sécheresse, mais si la sécheresse ne sévit pas l’année suivante, il pourra retravailler en supposant qu’il y ait de nouveau du travail. Dans ce cas, le travailleur sera en insécurité alimentaire transitoire. Toutefois, une autre famille pourrait compter sur la vente de ses cultures commerciales et, pour s’en sortir pendant l’année de sécheresse actuelle, elle pourrait devoir vendre ses bêtes de somme et ne plus avoir accès au crédit puisqu’elle ne pourra vendre suffisamment de récoltes pour pouvoir rembourser les emprunts faits pour l’achat d’intrants. L’année suivante, elle n’aura donc plus les moyens de produire de cultures commerciales et pourrait potentiellement souffrir d’insécurité alimentaire chronique.

Il faut noter qu’il est jugé possible de choisir de souffrir d’insécurité alimentaire transitoire, en ce sens qu’un ménage pourrait avoir le potentiel d’obtenir suffisamment de nourriture en vendant ses biens, mais pourrait préférer garder ces biens et se priver de consommer.

Si nous suivons l’autre branche de l’arbre et considérons les familles qui peuvent satisfaire leurs besoins alimentaires minimaux dans l’année actuelle, nous constatons qu’elles pourraient être en insécurité alimentaire à l’avenir. L’arbre montre que ces familles pourraient vendre ou utiliser une partie de leurs biens : suffisamment pour satisfaire leurs besoins actuels, mais pas trop pour ne pas tomber immédiatement dans l’indigence. Mais bien qu’un certain niveau de ventes de biens soit viable (par ex. vendre 2 vaches de plus lorsque l’on possède un troupeau de 70 vaches), un niveau plus important pourrait être non viable et placer la famille dans un engrenage les poussant à vendre chaque année une plus grande quantité de biens, simplement pour ne pas sombrer (par ex. vendre 2 vaches lorsqu’on n’en possède que 5 et que les nouvelles naissances ne pourront remplacer les animaux vendus). Cette mesure peut donner lieu à une insécurité alimentaire chronique s’il ne reste pas suffisamment de biens à vendre pour couvrir les besoins de base.

Questions fréquemment posées

Q : Pendant combien de temps les ménages peuvent-ils être en insécurité alimentaire avant qu’elle ne soit considérée comme chronique ?R : Il n’y a pas de laps de temps défini avant de qualifier l’insécurité alimentaire de chronique. Au niveau conceptuel, la distinction entre chronique et transitoire est une question de temps, mais dans la pratique, il est plus utile de savoir si les ménages peuvent obtenir suffisamment dans une année moyenne (comme décrit plus haut).

Q : Existe-t-il des cas où l’on doit recommander une intervention de secours sous forme d’aide alimentaire ou monétaire pour les populations en insécurité alimentaire chronique ?R : Le secours d’urgence n’apportera pas de solution au problème sous-jacent de l’insécurité alimentaire chronique. Mais les déficits alimentaires à court terme ne peuvent être ignorés. Si le secours à court terme est nécessaire pour sauver des vies, il doit être fourni ; cependant, il doit s’accompagner d’interventions visant à aborder les problèmes à long terme.

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L’AEM ET LES GROUPES D’INTÉRÊT PARTICULIER : EXEMPLES DE MÉNAGES TOUCHÉS PAR LE VIH/SIDA ET D’ENFANTS

Contexte

Une évaluation AEM « classique » fournit des informations qui peuvent être désagrégées par groupe socio-économique. La logique de cette désagrégation est étudiée dans les Chapitres 1 et 3. Cependant, les utilisateurs auront parfois besoin d’informations sur des sous-sections spécifiques de la population autres que les groupes socio-économiques, par exemple sur des groupes démographiques particuliers tels que les enfants, les personnes âgées ou les femmes8, ou d’autres types de groupes sociaux, culturels ou économiques tels que ceux touchés par le VIH/SIDA, les minorités ethniques, ou les personnes ayant une activité de subsistance spécifique (par ex. les travailleurs du sexe). Les décideurs s’intéressent en principe à ces groupes pour savoir :

• Ce qui différencie ces individus ou catégories des autres sur le plan de leurs activités de subsistance et de leur sécurité alimentaire ou de leur niveau socio-économique global.

• Quels besoins particuliers ils ont et/ou quelles interventions spécifiques leur conviendraient le mieux dans leurs circonstances.

Le cadre de l’AEM peut être utilisé pour étudier ces questions en les adaptant légèrement aux méthodes de terrain. Cette section illustre comment procéder en utilisant l’exemple de deux groupes différents : (a) la situation des ménages touchés par le VIH/SIDA, et (b) la situation des enfants dans les familles.

Comment procéder : l’AEM et les ménages touchés par le VIH/SIDA

Qu’essayons-nous de comprendre ?

Le VIH/SIDA est un problème d’importance vitale tout particulièrement en Afrique australe. Au cours des quelques dernières années, les liens entre le VIH/SIDA, la sécurité alimentaire et les moyens d’existence ont fait l’objet d’une recherche importante et de nombreuses interventions directes. Le VIH/SIDA est différent des autres maladies car il est dans un premier lieu débilitant et devient ensuite mortel, et il touche les adultes à la fleur de l’âge. Ses effets sont multiples et radicaux, et ont des répercussions à tous les niveaux de l’économie micro et macro. L’exemple de la Figure 5 illustre comment tous les aspects de l’économie du ménage sont affectés par le VIH/SIDA. Un membre du ménage qui est malade équivaut à une perte de main-d’œuvre, de production et de revenu en espèces. D’autres membres du ménage pourraient devoir consacrer une plus grande partie de leur temps à s’occuper de membres de la famille malades. Les maladies chroniques font augmenter les coûts des soins de santé. Les femmes et les enfants endeuillés peuvent avoir des problèmes pour hériter de la terre et d’autres biens lorsque le chef de famille de sexe masculin meurt. Les familles qui accueillent des enfants orphelins doivent répartir leurs ressources pour répondre à de nouveaux besoins.

8 Par exemple, Save the Children et l’UNICEF s’intéressent particulièrement à la situation des enfants, tandis que HelpAge ou qu’un service gouvernemental chargé des retraites demandera des informations concernant spécifiquement les personnes âgées.

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Figure 5. Le VIH/SIDA et l’économie des ménages

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Lorsque nous nous penchons sur le VIH/SIDA et les moyens d’existence, nous essayons généralement de comprendre comment le VIH/SIDA s’infiltre dans les ménages comme une série de chocs. Nous voulons connaître la différence entre les familles touchées et les familles non touchées, et savoir quelles sont les implications sur le plan des interventions.

Comment nous utiliserons l’AEM pour comprendre les impacts du VIH/SIDA dépend des considérations suivantes : (a) essayons-nous de comprendre les changements effectifs à long terme dans l’économie des ménages touchés, ou (b) essayons-nous de prévoir quels pourraient être les effets futurs du VIH/SIDA sur les ménages ? Dans le premier cas, le processus consiste à comparer deux bases de référence complètes pour différentes périodes, alors que dans le second cas, les divers chocs économiques causés par le VIH/SIDA sont modélisés sur la base de référence selon le même processus que celui décrit dans le Chapitre 4, Analyse des résultats.

Utiliser l’AEM pour comprendre les impacts passés du VIH/SIDA

Si la question de votre recherche exige l’étude des changements qui se sont déjà produits dans l’économie des ménages à cause du VIH/SIDA, le processus consistera à recueillir des informations sur les biens, les sources de nourriture et de revenus et les habitudes de dépenses, pour une année de référence antérieure au début des répercussions du VIH/SIDA sur les activités de subsistance des membres du ménage. Il s’agira ensuite de les comparer aux mêmes informations que celles de l’année actuelle. Notez que la base de référence dans ce cas n’est pas la même que celle qui précède l’infection, car il peut exister un délai important entre l’infection et l’impact du SIDA sur les capacités de travail des personnes infectées.

En comparant les deux situations complètes de l’économie du ménage avant et après la manifestation des impacts du VIH/SIDA, nous pouvons identifier des changements dans la possession de biens, dans l’obtention de nourriture et de revenus totaux, dans les types d’activités de subsistance entreprises et dans les priorités des dépenses.

Les deux inconvénients potentiels de cette approche sont (1) si la période de référence pendant laquelle le ménage n’était pas touché par le SIDA est éloignée dans le passé, un rappel exact pourrait être difficile, et (2) s’il y a des différences entre la base de référence et l’année actuelle qui ne sont pas liées au VIH/SIDA (par ex. si une sécheresse ou un autre choc a eu lieu une année mais pas l’autre), une simple comparaison dans le temps ne permettra probablement pas de faire la différence entre les effets du VIH/SIDA et les effets d’autres chocs.

En raison de ces inconvénients, il pourrait être indiqué d’utiliser une méthode plus simple qui consisterait à comparer la situation actuelle d’une famille touchée par le VIH/SIDA à la situation actuelle d’une famille non touchée mais semblable à cette famille à tous les autres égards : elle serait issue du même groupe socio-économique, vivrait dans la même zone de subsistance et aurait la même composition démographique. Cela résoudrait le problème du rappel et, théoriquement éviterait que d’autres chocs ne masquent les effets du VIH/SIDA, mais dans la pratique il pourrait être difficile de regrouper ainsi les familles deux par deux, surtout si l’on souhaite étudier un grand nombre de ménages.

Il est donc préférable de combiner ces deux approches, c’est-à-dire d’étudier les changements survenus au fil du temps dans les ménages touchés et de rechercher également les différences qui existent entre ces changements et les changements survenus chez les ménages non touchés. La Figure 6 explique cela sous forme de graphique.

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Figure 6. VIH/SIDA et changements dans l’économie du ménage

Dans cet exemple, nous étudions le changement dans le revenu total entre la période de référence et la période actuelle pour une famille qui n’est pas touchée par le VIH/SIDA et une autre famille similaire, appartenant au même groupe socio-économique, qui est touchée par le VIH/SIDA. Entre la période de référence et la période actuelle, deux chocs sont survenus : le VIH/SIDA a eu un impact sur la famille touchée mais pas sur la famille non touchée ; et l’autre choc (par exemple la sécheresse) a eu un impact sur les deux familles.

Si nous n’avions examiné que le changement entre la période de référence et la période actuelle pour le ménage touché, nous aurions risqué d’attribuer, à tort, au VIH/SIDA, la baisse totale de 400 $ du revenu de cette famille, alors qu’en fait la sécheresse était responsable de la moitié de cette baisse.

Si nous n’avions comparé le ménage touché et non touché que dans la période actuelle, sans tenir compte de la période de référence, nous n’aurions pas remarqué que les deux ménages ressentaient l’impact de la sécheresse dans l’année actuelle.

Ainsi, nous ne pouvons comprendre entièrement les impacts du VIH/SIDA qu’en comparant les changements au fil du temps entre une famille touchée et une famille non touchée, qui peut servir de groupe de contrôle.

Une autre considération pratique est de savoir qui doit être interrogé si nous souhaitons mener ce type de recherche. Devons-nous interroger des groupes de consultation composés de ménages atteints par le VIH/SIDA ou bien des ménages individuels ?

Pour ce type de recherche, on préfère généralement étudier des ménages individuels, car les « familles touchées par le VIH/SIDA » représentent un groupe très divers. Les trois types de familles touchées sont :

• Celles qui comportent un membre actuellement malade chronique• Celles qui comportent un membre décédé du VIH/SIDA• Celles qui ont accueilli des orphelins du VIH/SIDA

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Il y a pourtant des différences dans chacun de ces groupes. Dans l’AEM, il est supposé que nous faisons déjà une désagrégation par niveau socio-économique, et le VIH/SIDA n’est pas une exception car le VIH est une maladie qui ne touche pas un groupe socio-économique unique. Cependant, même en contrôlant le niveau socio-économique, il y aura malgré tout des différences, par exemple si la personne malade est un homme ou une femme et donc selon sa contribution relative aux moyens d’existence du ménage, ou si le ménage touché vient tout juste de perdre un membre ou a perdu son soutien de famille plusieurs années auparavant. Il pourrait être difficile, mais pas impossible, de former des groupes de consultation suffisamment homogènes pour obtenir des informations utiles. Si ces différences ne sont pas prises en compte et si différents types de ménages touchés par le VIH/SIDA sont rassemblés dans un groupe de consultation unique, il pourrait être difficile d’obtenir une vue de leur situation « typique » et, ce qui est plus important, de fournir aux décideurs des informations qui peuvent se traduire utilement en interventions.

L’AEM nous permet également d’identifier les ménages ou les groupes socio-économiques qui pourraient être indirectement touchés par le VIH/SIDA. À Makueni, au Kenya, le F.E.G. a fait état des effets de la maladie chez les ménages plus aisés. Ces effets se traduisaient par une réduction des revenus de ces ménages et par une augmentation des dépenses en soins de santé. Le résultat indirect était une diminution de leurs dépenses consacrées à l’emploi de personnes issues de ménages pauvres pour le travail agricole, et du fait que les pauvres étaient fortement dépendants vis-à-vis du revenu du travail occasionnel, ils ont subi un déficit de revenu important.

Pouvons-nous utiliser l’AEM pour prévoir l’impact du VIH/SIDA sur les moyens d’existence ?

Si nous voulons utiliser l’AEM pour prévoir l’impact probable du VIH/SIDA sur les moyens d’existence, notre question devient alors essentiellement « pouvons-nous définir le VIH/SIDA comme un danger et faire une analyse des résultats de la même manière que pour d’autres dangers » ? La Figure 7 illustre comment cette question serait comprise dans le cadre de l’AEM.

Figure 7. Le VIH/SIDA et le cadre de l’AEM

La base de référence dans ce cas porte sur la situation d’une année de référence d’un ménage qui n’a pas encore été touché par le SIDA.

Le danger VIH/SIDA, comme tout autre danger dans l’AEM, doit être défini en termes de changement quantifiable dans chaque source de nourriture et de revenu, ou dans le coût des

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articles ou la possession de biens. Pour commencer, il convient de définir la nature exacte du « choc » du VIH/SIDA : s’agit-il de la maladie, d’un décès, de l’accueil d’un orphelin… ? Chacun de ces chocs est différent et doit être traité en tant que tel.

Le praticien de l’AEM devra bien comprendre, comme pour tous les chocs, quels pourraient être les différents impacts du choc particulier du VIH/SIDA sur les moyens d’existence (il jugera utile pour cela de consulter des ouvrages tels que ceux de Harvey (2003), ou de O’Donnell (2004)). Ensuite, l’échelle de l’impact probable doit être quantifiée et exprimée en pourcentage de changement par rapport aux niveaux de la base de référence.

Ces informations pourraient être obtenues par le biais de discussions directes avec les ménages eux-mêmes, des informateurs clés tels que les bénévoles qui fournissent des soins à domicile, le personnel des centres de santé ou les agents de vulgarisation agricole. Le but est d’exprimer les informations sur le danger de la façon suivante :

• Baisse de 40 % dans la production agricole (due au manque de main-d’œuvre), ou• Baisse de 100 % de la production agricole (par exemple si la famille perd la terre suite

au décès du chef de famille homme)• Baisse de 75 % du travail occasionnel (si telle était la contribution de la personne malade

au revenu de référence par son travail occasionnel)• Augmentation de 300 % des dépenses en soins de santé (pour traiter la maladie ou

acheter des antirétroviraux)• Baisse de 20 % des dépenses en nourriture (si un membre du ménage sur cinq meurt).

Comme l’illustre l’exemple de Makueni ci-dessus, il est également important de ne pas oublier qu’en raison des liens économiques entre les ménages (travailleurs occasionnels travaillant pour d’autres ménages, accords de métayage, relations de crédit, etc.), le VIH/SIDA pourrait avoir des effets économiques indirects sur les ménages si une maladie se déclarait dans un autre ménage.

La prochaine étape est de fournir des informations similaires sur la réponse du ménage à ce choc, exprimée en pourcentage de changement. Il est important de savoir que, comme pour tout choc, la population tentera de faire face et de s’adapter (voir l’Encadré 9 qui donne un exemple d’une étude au Mozambique). Ces informations peuvent être les plus difficiles à recueillir dans le cadre de l’AEM. Comme l’illustrent les cas de l’Encadré 9, bien que certaines des réponses au VIH/SIDA soient relativement prévisibles (par exemple intensifier les activités actuelles telles que le petit commerce), d’autres réponses peuvent être plus difficiles à prévoir, car les options offertes à un ménage donné varient considérablement en fonction des types de ressources qu’il possède, y compris la main-d’œuvre, la terre et les biens financiers, et de l’environnement externe dans lequel il se trouve. Il ressort de l’expérience que bien que l’AEM puisse être utile pour prévoir les impacts immédiats du VIH/SIDA, le volume d’information requis pour prévoir exactement quelles seront les réponses des ménages à ces impacts immédiats, ne permet de faire que des études localisées par le biais d’entretiens individuels avec des ménages.

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Encadré 9. Réponses des ménages face au VIH/SIDA au Mozambique

Des études de cas de ménages touchés par le VIH/SIDA au Mozambique, entreprises par Petty et al. (2004), ont révélé des réponses qui permettaient aux ménages d’éviter l’indigence, entre autres :

• Une veuve a réduit la superficie de terre cultivée et a perdu le salaire de son mari, mais a concentré son activité sur le petit commerce. Son revenu total a baissé d’environ 60 %.

• Une jeune veuve a perdu la nourriture et le revenu qu’elle obtenait de l’agriculture et a essayé de combler cet écart en vendant plus de légumes et en intensifiant son activité de petit commerce.

• Un garçon orphelin qui vit maintenant seul, a perdu accès à la terre agricole mais subvient à ses besoins en louant la maison principale sur le terrain de ses parents et en faisant de petits travaux, comme le port d’eau.

Réunir le danger et la réponse de la même manière que dans une analyse des résultats décrite dans le Chapitre 4 nous donne une estimation globale de l’impact des différents aspects du VIH/SIDA sur l’économie du ménage.

Comment utiliser l’AEM pour comprendre la situation des enfants

Que voulons-nous comprendre ?

Les enfants représentent généralement 50 % ou plus de la population totale des régions que nous évaluons. La tendance est de supposer qu’en évoquant l’économie des ménages avec les adultes, nous aurons une description adéquate pour comprendre la situation des enfants. Cependant, de la même manière qu’il est reconnu, depuis longtemps, que l’analyse de genre nous permet de mieux comprendre les différences dans la situation et les besoins des femmes et des hommes, ce qui pourrait être utile pour la planification d’interventions, une meilleure compréhension de la situation des enfants peut nous permettre de concevoir des interventions plus appropriées pour soutenir les enfants dans le contexte du ménage. Dans une perspective d’avenir, s’assurer que les enfants reçoivent un soutien adéquat sur le plan de leur état nutritionnel, de leur accès à l’éducation et aux soins de santé et de leur protection contre l’exploitation et la maltraitance, est non seulement nécessaire, mais fondamental pour rompre les cycles intergénérationnels de la pauvreté.

Lorsque la situation des enfants est incorporée dans les évaluations AEM, l’objectif est double :

• Comprendre quelle est la contribution des enfants à l’économie des ménages, et• Comprendre et souligner le grand éventail d’impacts possibles des dangers et des

chocs sur les enfants.

Comment comprendre la contribution des enfants à l’économie des ménages

Les enfants contribuent à l’économie du ménage de nombreuses façons, aussi bien directement qu’indirectement et par leur travail productif et domestique. Dès leur jeune âge, les enfants s’occupent de frères et sœurs nourrissons, gardent les animaux, effectuent des tâches ménagères et aident leurs parents afin qu’ils aient plus de temps pour entreprendre des activités productives. Souvent, lorsque les enfants grandissent, ils participent plus

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eux-mêmes à des activités productives, en aidant aux travaux agricoles, au petit commerce ou au travail occasionnel par exemple. Bien qu’il soit utile d’aborder le rôle des enfants avec les parents, le meilleur moyen de comprendre leur contribution est d’en parler directement avec les enfants eux-mêmes.

Étant donné que le rôle des enfants diffère selon l’âge et le sexe, il est recommandé de tenir des discussions avec différents groupes, formés selon des critères d’âge et de sexe. L’expérience indique que les différences les plus significatives sont observées entre les groupes d’enfants âgés d’environ 6-12 ans et ceux de 13 ans et plus ; toutefois ces limites ne sont pas strictes. Il est recommandé de mener des discussions avec des groupes de consultation, car un environnement de groupe convient généralement mieux pour encourager une conversation ouverte avec les enfants.

La présence d’un adulte local est importante pour le respect de la transparence, mais les enquêteurs doivent réaliser que cela pourrait rendre les enfants moins enclins à s’exprimer. Si l’on prévoit d’aborder des sujets délicats (tels que le commerce du sexe ou autres formes d’exploitation ou de maltraitance des enfants), les enquêteurs devront référer ces sujets à d’autres personnes compétentes, telles que les travailleurs sociaux, qui pourront effectuer un suivi des questions avec les enfants et leur communauté.

S’entretenir avec les enfants ne nécessite pas un personnel différent mais une approche différente et dans certains cas une formation supplémentaire. Les discussions doivent être relativement brèves (moins d’une heure) ; les sujets abordés doivent être des sujets que les enfants connaissent ou sur lesquels ils ont une opinion (il est inutile de demander à un enfant quel est le revenu de son ou ses parents, par exemple) ; et il est tout particulièrement nécessaire de prendre le temps de mettre les enfants à l’aise afin qu’ils puissent parler ouvertement. Le style d’entretien devra être différent et la formulation et le langage des questions devront être compréhensibles pour les enfants ; le comportement et le ton de l’enquêteur devront mettre les enfants à l’aise. Commencer les discussions avec des activités de brise-glace telles que des chansons ou des jeux est utile avec de jeunes enfants9.

Il est préférable de tenir les discussions sous forme d’entretiens semi-structurés, avec des exercices participatifs pour les enfants. Un exemple de formulaire d’entretien semi-structuré utilisé par Save the Children dans les AEM se trouve dans l’Annexe C de ce chapitre. L’entretien porte en principe sur les calendriers d’activités quotidiennes remplis par les enfants ; une discussion a lieu autour de ces calendriers pour bien comprendre les rôles des enfants et comment ils évoluent au fil des saisons. L’Encadré 10 donne un exemple des activités dont les enfants ont dit être chargés au Zimbabwe. Les informations sur les rôles des enfants sont importantes pour comprendre quelle est leur contribution financière et productive au revenu alimentaire et en espèces du ménage, quels enfants vont à l’école et pourquoi, et quel type de travail dangereux ou soumis à l’exploitation ils pourraient effectuer. L’application de ces informations est encore plus pertinente lorsque nous considérons comment les chocs et les dangers peuvent atteindre les enfants.

9 De plus amples détails sur le travail avec les enfants se trouvent dans « So You Want to Consult With Children? » (Alors vous voulez consulter les enfants ?) (Alliance SC, 2003), et des ressources pratiques sont disponibles dans « A Parrot on Your Shoulder » (Un perroquet sur l’épaule) (Alliance internationale contre le VIH/SIDA, 2004).

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Encadré 10. Les activités des enfants à Binga et Nyaminyami, Zimbabwe

Le tableau qui suit montre la gamme variée d’activités de production des enfants de la vallée de Zambezi, réparties par âge et par sexe, mentionnées par eux-mêmes lors d’une évaluation de référence AEM effectuée en 2003 par Save the Children. Outre ces activités, l’évaluation a révélé que les filles étaient chargées de nombreuses tâches domestiques, telles que faire la cuisine, nettoyer l’intérieur et l’extérieur de la maison et aller chercher de l’eau et du bois de chauffage.

Comment comprendre les effets des chocs sur les enfants

En règle générale, l’analyse des résultats de l’AEM examine l’impact d’un choc non seulement sur l’accès du ménage à de la nourriture, mais également sur sa possibilité d’acheter un panier d’articles non alimentaires essentiels qui peut inclure des services tels que l’éducation. Incorporer une connaissance plus explicite des enfants et de leurs droits implique de préciser dans le détail quels seront les impacts des dangers et des mécanismes d’adaptation des ménages sur les enfants.

Le plus important est que les praticiens de l’AEM soient conscients des différentes questions qui peuvent se poser aux enfants face à des problèmes de moyens d’existence et qu’ils y soient réceptifs. À cet effet, Save the Children UK utilise, de manière informelle, une version adaptée de la définition standard de la sécurité alimentaire, afin que le personnel se concentre sur les liens entre la sécurité alimentaire et d’autres droits des enfants :

• « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les enfants, à tous moments, peuvent accéder physiquement et économiquement à de la nourriture salubre et nutritive, en quantité suffisante, pour mener une vie salubre et active, de manière à protéger et à ne pas gêner la réalisation d’autres droits des enfants. »

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Cela conduit à une plus forte orientation sur trois principales questions, en plus de l’accès à des articles alimentaires et non alimentaires :

• Les stratégies d’adaptation des ménages incluront-elles une augmentation du travail des enfants ? Par exemple, nous nous demandons normalement si l’augmentation du travail occasionnel est une stratégie d’adaptation. Mais nous pourrions poser davantage de questions sur les personnes qui seront susceptibles de faire ce travail supplémentaire. S’agira-t-il d’enfants plus âgés ? Est-ce que cela affectera indirectement les enfants, par exemple si la mère effectue un travail supplémentaire, les filles devront-elles faire un plus grand travail domestique ? La plus grande préoccupation est de savoir si le travail supplémentaire des enfants est nuisible ou soumis à l’exploitation, ou s’il obligera les enfants à quitter l’école.

• L’accès des enfants à l’éducation sera-t-il gêné ? En particulier, le ménage sera-t-il toujours en mesure de payer les frais scolaires directs (inscription, uniformes, livres, papèterie, etc.) et pourra-t-il se permettre le coût d’opportunité de laisser les enfants à l’école alors qu’ils pourraient aider à obtenir de la nourriture et un revenu en espèces ?

• Le stress de gagner sa vie entraînera-t-il des problèmes de protection de l’enfant ? Par exemple, les enfants risqueront-ils plus d’être soumis à l’exploitation sexuelle ou autre (par ex. les filles qui vont à l’école secondaire et couchent avec des hommes en échange du paiement de leurs frais scolaires, ou, comme cela a été documenté en Afrique centrale et de l’Ouest, des travailleurs de l’aide qui demandent des faveurs sexuelles aux enfants en échange de leur inscription pour recevoir des articles de secours alimentaire ou autre) ; les enfants pourraient-ils être séparés de leur famille (par ex. lorsque les adultes migrent pour le travail, ou lorsque les enfants partent travailler comme employés domestiques dans d’autres ménages) ; ou encore, les enfants pourraient-ils se joindre aux forces armées pour recevoir de la nourriture et de l’argent ?

Toutes ces questions peuvent être explorées lors de discussions avec les enfants, les parents et des informateurs clés tels que les enseignants et travailleurs sociaux. Étant donné que beaucoup de ces questions sont relativement délicates, des efforts particuliers seront nécessaires obtenir les réponses. Au Liberia, par exemple, une étude spéciale pour comprendre les liens entre les moyens d’existence et l’exploitation sexuelle a été entreprise par une équipe conjointe de personnel chargé des moyens d’existence formé à l’AEM et du personnel des services sociaux et de protection.

Comprendre ces questions pourrait avoir des implications pour l’analyse des résultats de l’AEM et pour les recommandations. Nous pourrions décider, en particulier, de présenter un scénario sur l’accès à des articles alimentaires et non alimentaires, qui ne tienne pas compte des revenus perçus par le travail nuisible des enfants ou des stratégies d’adaptation qui posent des risques sérieux de protection des enfants. Nous devrions donc présenter des arguments plus forts aux gouvernements et organisations concernés afin qu’ils interviennent rapidement et de manière adéquate, non seulement pour sauver des vies ou même protéger des moyens d’existence, mais également pour protéger d’autres droits des enfants. La Figure 8 illustre ce point.

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Figure 8. Déficits avec et sans le travail des enfants

Dans cet exemple hypothétique, le revenu du ménage est adéquat pour couvrir les besoins alimentaires et non alimentaires essentiels pendant la période de référence. Lorsqu’un choc entraîne une baisse du revenu des adultes, le travail des enfants constitue un mécanisme d’adaptation. Si le travail des enfants est inclus dans notre projection, le déficit sera de 150 Z$. Cependant, si nous affirmons que le travail des enfants est une stratégie d’adaptation inacceptable, le déficit est de 300 Z$, et une intervention devra être mise en place pour empêcher cette activité et combler cet écart.

Dans la pratique, il est souvent constaté que même les recommandations d’interventions pour sauver des vies n’obtiennent pas de réponses adéquates, et l’on pourrait penser que recommander une intervention encore plus importante pour empêcher d’autres types d’atteintes aux enfants est irréaliste. Cependant, l’une des options est de présenter d’autres scénarios d’intervention (uniquement pour sauver des vies ; sauver des vies + protéger les moyens d’existence ; sauver des vies + protéger les moyens d’existence + protéger pleinement les enfants), et d’indiquer explicitement quels seraient les conséquences négatives sur les moyens d’existence et les droits de l’enfants, si l’on décidait de ne pas intervenir à chaque seuil.

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Questions fréquemment posées

Q : Comment s’assurer que les pratiques de recherche éthique sont suivies lorsque l’on travaille avec les enfants ?R : Les mesures essentielles sont les suivantes :

• Sensibilisez tous les membres du personnel et les partenaires aux droits de l’enfant, aux questions de protection et aux bonnes pratiques de travail avec les enfants.

• Expliquez le but des discussions avec les enfants aux parents et autres adultes chargés du « filtrage ».

• Expliquez le but de la recherche aux enfants et obtenez leur accord de participation à la discussion. Pour les enfants plus jeunes, il sera peut-être nécessaire d’obtenir l’autorisation des parents.

• Mettez en place des mécanismes pour signaler toute préoccupation pouvant surgir des discussions concernant la protection d’un enfant, et pour en assurer le suivi.

• Prenez des mesures afin que pendant la collecte, le stockage et le rapport des données, les enfants ne soient pas mis en danger en raison de leur participation ou de ce qu’ils ont dit.

Pour plus d’orientations à ce sujet, voir « So you Want to Consult With Children ? » (Alors vous voulez consulter les enfants ?) (Alliance SC, 2003).

Q : Étant donné les impacts négatifs du VIH/SIDA sur les moyens d’existence, pouvons-nous supposer que toutes les familles touchées par le VIH/SIDA sont en insécurité alimentaire et ont besoin d’aide ?R : Non, le VIH/SIDA atteint les ménages de tous les niveaux socio-économiques et beaucoup de ménages touchés seront en mesure, à n’importe quel moment, de satisfaire leurs besoins de base sans aide extérieure. Cependant, il est important de reconnaître que le SIDA peut entraîner les ménages touchés dans une chute vertigineuse vers l’insécurité alimentaire. Ces ménages ne doivent donc pas être automatiquement ciblés pour une aide d’urgence, mais ils pourraient constituer un groupe cible pour une aide à plus long terme afin d’éviter qu’ils ne tombent progressivement dans la pauvreté chronique.

Q : Devons-nous cibler les enfants avec des interventions sur les moyens d’existence si nous découvrons qu’ils sont vulnérables, à plusieurs égards, aux chocs sur les moyens d’existence ?R : Cette constatation implique que les impacts des interventions doivent atteindre les enfants, mais non pas que les enfants doivent être directement ciblés par ces interventions. Dans la plupart des cas, le meilleur moyen de joindre les enfants est par le biais de la famille. Ce qui est important, toutefois, c’est de prendre en considération les enfants qui ne peuvent pas être joints de cette façon, par ex. les ménages dirigés par des enfants, ou dans certains cas, les orphelins qui subissent une discrimination dans leur famille hôte. Ces enfants devront sans doute être ciblés directement ou faire l’objet d’interventions supplémentaires.

Matériels de terrain

Exemplaire du « Modèle d’entretien avec les enfants » issu de l’évaluation AEM au Pakistan.

Il est possible d’utiliser les exemples d’exercices participatifs et de ressources pratiques pour travailler avec les enfants qui se trouvent dans « A Parrot On Your Shoulder » (Un perroquet sur l’épaule).

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LECTURE COMPLÉMENTAIRE…

…sur le Cadre des moyens d’existence durables et l’AEM

DFID : Sustainable Livelihoods Guidance Sheets (Feuilles d’orientation sur les moyens d’existence durables)http://www.livelihoods.org/info/info_guidancesheets.html

DFID : Social Capital Keysheet (Feuille d’information sur le capital social)http://www.keysheets.org/red_3_social_capital.html

Hammond, Laura et Tanya Boudreau, 2006 : Quantifying Needs and Understanding Processes : Combining the Benefits of the Sustainable Livelihoods Framework and Household Economy Approach (Quantifier les besoins et comprendre les processus : Combiner les avantages du Cadre des moyens d’existence durables et l’Approche de l’économie des ménages), document préliminaire pour Oxfam GB

TANGO International, 2002 : Household Livelihood Security Assessments : A Toolkit for Practitioners (Évaluations de la sécurité des moyens d’existence des ménages : Boîte à outils des praticiens), Géorgie : CARE USA

Young, Helen et al, 2001 : Food Security Assessments in Emergencies : A Livelihoods Approach (Les évaluations de la sécurité alimentaire dans les situations d’urgence : Approche des moyens d’existence), HPN Document de réseau 36, Londres : ODI

…sur l’analyse du pouvoir, du conflit et de l’économie politique

Anderson, Mary, 1999 : Do No Harm : How Aid Can Support Peace – Or War (Ne pas faire de mal : Comment l’aide peut soutenir la paix – ou la guerre). London & Boulder : Lynne Reiner Publishers West Hartford, CT : Kumarian Press

Boudreau, Tanya et Philippa Coutts, 2002 : Food Economy in Situations of Chronic Political Instability (L’économie alimentaire dans les situations d’instabilité politique chronique), Document de travail 188, Londres : ODI

Collinson et al., 2002 : Politically Informed Humanitarian Programming : Using A Political Economy Approach (La programmation humanitaire guidée par la politique : Utiliser une approche de l’économie politique), HPN Document de réseau 41, Londres : ODI

DFID, 2002 : Conducting Conflict Assessments : Guidance Notes (Réaliser des évaluations du conflit : Notes d’orientation), Londres : DFID

Hammond, Laura, et al., 2005 : Livelihoods & Conflict : A Toolkit for Intervention (Moyens d’existence et conflit : boîte à outils pour les interventions), Washington : USAID

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Nouveaux liens, questions et approches page 54

Jaspars, Susanne et Jeremy Shoham, 2002 : A Critical Review of Approaches to Assessing and Monitoring Livelihoods in Situations of Chronic Conflict and Political Instability (Étude critique des méthodes d’évaluation et de suivi des moyens d’existence dans les situations de conflit chronique et d’instabilité politique)

Keen, David, 1994 : The Benefits of Famine : A Political Economy of Famine and Relief in Southwestern Sudan (Les avantages de la famine : économie politique de la famine et du secours au Sud-Ouest du Soudan), 1983-1989. Princeton : Princeton University Press

Pain, Adam et Sue Lautze, 2002 : Addressing Livelihoods in Afghanistan, Kabul (Aborder le problème des moyens d’existence à Kaboul en Afghanistan), Afghanistan Research & Evaluation Unit

…sur d’autres outils pour la vulnérabilité et l’évaluation

Barrett, Christopher B., 2004 : « Mixing Qualitative and Quantitative Methods ofAnalyzing Poverty Dynamics » (Combiner les méthodes qualitatives et quantitatives d’analyse de la dynamique de la pauvreté) ; document présenté lors de l’atelier KIPPRA-Cornell SAGA sur « Méthodes qualitatives et quantitatives de l’analyse de la pauvreté », Nairobi, Mars 2004 http://www.saga.cornell.edu/saga/q-qconf/cbbws.pdf

Development Information Services International, 2006 : Comprehensive Food Security and Vulnerability Analysis (CFSVA): An Internal Review (Analyse complète de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité [CFSVA] : étude interne), Rome : Projet SENAC du PAMhttp://documents.wfp.org/stellent/groups/public/documents/ena/wfp103646.pdf

Frankenberger, T., et al. : Vulnerability Assessment Methodology Review Synthesis (Synthèse de l’étude de la méthodologie employée dans les évaluations de la vulnérabilité), Gabarone : CDAA FANR CEV régionalhttp://www.sahims.net/doclibrary/Sahims_Documents/141105_RVAC_VAC_review.pdf

Kanbur, Ravi, et al., 2005 : Q-Squared : Qualitative and Quantitative Poverty Appraisal : Complementarities, Tensions and the Way Forward (Q au carré : Évaluation qualitative et quantitative de la pauvreté : complémentarités, tensions et la voie à suivre), Toronto : Université de Torontohttp://www.q-squared.ca/pdf/Q2_WP1_Kanbur.pdf

Scott, Kinnon, 2003 : « Generating Relevant Household Level Data : Multi-Topic Household Surveys » (Générer des données pertinentes au niveau du ménage : enquêtes multithématiques auprès des ménages) , Bourgignon, F. et Luiz A. Pereira da Silva [éd.], The Impact of Economic Policies on Poverty and Income Distribution : Evaluation Techniques and Tools (L’impact des politiques économiques sur la pauvreté et la distribution des revenus : techniques et outils d’évaluation), Washington DC : La Banque mondialehttp://povlibrary.worldbank.org/files/12931_chapter7.pdf

Tango International Inc. Juillet 2002. Household Livelihoods Security Assessments – A Toolkit for Practitioners (Évaluations de la sécurité des moyens d’existence des ménages – Boîte à outils des praticiens). Atlanta : CARE USAhttp://www.kcenter.com/phls/HLSA%20Toolkit_Final.PDF

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Nouveaux liens, questions et approches page 55

Young, Helen et al., 2001 : Food Security Assessments in Emergencies : A Livelihoods Approach, HPN Network Paper 36 (Les évaluations de la sécurité alimentaire dans les situations d’urgence : Approche des moyens d’existence), HPN Document de réseau 36, Londres : Overseas Development Institutehttp://www.oxfam.org.uk/what_we_do/emergencies/how_we_work/downloads/Food-security-and-livelihoods.pdf

…sur la nutrition et l’AEM

Save the Children UK, 2004 : Évaluation nutritionnelle en situation d’urgence : directives pour agents de terrain

Le Projet Sphère , 2004 : Standards minimums sur la sécurité alimentaire, la nutrition et l’aide alimentaire, Chapitre 3 de la « Charte humanitaire et normes minimales pour les interventions lors de catastrophes » [2ème éd.] http://www.sphereproject.org/component/option,com_docman/task,cat_view/gid,17/Itemid,203/lang,English/

PAM, 2000 Manuel d’alimentation et de nutrition. Rome : PAM Service nutrition

PAM, 2005 : « Analyse de l’utilisation de la nourriture et de la situation nutritionnelle » Chapitre 6 du Manuel d’évaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence, Rome : PAM

Young, Helen et Susanne Jaspars, 2006 : The Meaning and Measurement of Acute Malnutrition in Emergencies : A Primer for Decision-Makers (Définir et mesurer la malnutrition aiguë dans les situations d’urgence : petit guide pour les décideurs), HPN Document de réseau 56, Londres : Overseas Development Institutehttp://www.odihpn.org/documents/networkpaper056.pdf

…sur l’insécurité alimentaire chronique et transitoire

Devereux, Stephen, 2006 : « Desk Review : Distinguishing Between Chronic and Transitory Food Insecurity in Emergency Needs Assessments » (Étude documentaire : faire la distinction entre l’insécurité alimentaire chronique et l’insécurité alimentaire transitoire dans les évaluations des besoins d’urgence), Rome : PAM Département d’évaluation des besoins d’urgencehttp://documents.wfp.org/stellent/groups/public/documents/ena/wfp085331.pdf

O’Donnell, Michael, 2005 : « Using Livelihoods Assessments to Diagnose & Predict Chronic and Transitory Food Insecurity » (Utiliser les évaluations des moyens d’existence pour diagnostiquer et prévoir l’insécurité alimentaire chronique et transitoire), Note de discussion, Londres : Save the Children UK

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…sur les groupes d’intérêt spécial (exemples d’enfants touchés par le VIH-SIDA)

Harvey, Paul, 2003 : HIV/AIDS and Humanitarian Action (Le VIH/SIDA et l’action humanitaire), Londres : Overseas Development Institutewww.odi.org.uk/HPG/papers/hpgreport16.pdf

Alliance internationale contre le VIH/SIDA, 2004 : A Parrot On Your Shoulder : A Guide for People Starting to Work with Orphans and Vulnerable Children (Un perroquet sur l’épaule : Guide pour les personnes qui commencent à travailler avec les orphelins et les enfants vulnérables), Brighton : Alliance internationale contre le VIH/SIDAwww.aidsalliance.org/sw7467.asp

O’Donnell, Michael, 2004 : Food Security, Livelihoods and HIV/AIDS : A Guide to the Linkages, Measurement and Programming Implications (Sécurité alimentaire, moyens d’existence et VIH/SIDA : guide des liens, de l’évaluation et des implications de programmation), Londres : Save the Children UKwww.synergyaids.com/documents/HIV_FoodSecurity.pdf

O’Donnell, Michael, 2005 : Children & Livelihoods : Understanding the Linkages (Les enfants et les moyens d’existence : comprendre les liens), Londres : Save the Children UKwww.savethechildren.org.uk/hunger/linkages.pdf

Petty, Celia, et al., 2004 : Mozambique Assessment : The Impact of HIV/AIDS on Household Economy (Évaluation du Mozambique : l’impact du VIH/SIDA sur l’économie des ménages), Londres : Save the Children UKwww.savethechildren.org.uk/foodsecurity/documentation/swa/HIVAIDSMozambique.htm

Save the Children, 2003 : So You Want to Consult With Children ? : A Toolkit of Good Practice (Alors vous voulez consulter les enfants ? : boîte à outils des bonnes pratiques), Londres : International Save the Children Alliancewww.savethechildren.net/alliance/resources/childconsult_toolkit_final.pdf