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ACTUALISATION DE LA LISTE DE PRODUITS VIVRIERS SUSCEPTIBLES D'ÊTRE COMMERCIALISÉS AVEC SUCCÈS AU TRAVERS DE LA BOURSE RÉGIONALE DES PRODUITS VIVRIERS (BRPV) Rapport final Mamadou GBONGUÉ Philippe HELLUY Novembre 2017

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ACTUALISATION DE LA LISTE DE PRODUITS VIVRIERS SUSCEPTIBLES D'ÊTRE COMMERCIALISÉS AVEC SUCCÈS AU TRAVERS DE LA BOURSE RÉGIONALE DES PRODUITS VIVRIERS (BRPV) Rapport final

Mamadou GBONGUÉ

Philippe HELLUY

Novembre 2017

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Étude réalisée dans le cadre du Projet d’Appui à la Compétitivité du Commerce et à l’intégration Régionale (PACCIR/UEMOA), par la Section de la compétitivité des entreprises et des secteurs, Division des entreprises et des institutions de l’ITC.

Les opinions exprimées dans le présent document sont celles de consultants et ne coïncident pas nécessairement avec celles de l’ITC, de l’ONU ou de l’OMC. Les appellations employées dans le présent document technique et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part du Centre du commerce international aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

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REMERCIEMENTS

Le Centre du Commerce International (ITC) tient à remercier, pour leur contribution à la préparation de cette étude :

La Commission de l’UEMOA, en les personnes de Messieurs Christian SEGBO, Expert chargé de la promotion commerciale, et Félicien DJOSSOU, consultant en charge de la mise en place de la Bourse Régionale des Produits Vivriers.

Les points focaux pays responsables dans le contexte de la mise en place de la Bourse Régionale de Produits Vivriers UEMOA, à savoir Mesdames Zeinabou MANZO, République du Niger, Aline OGBA, République de Côte d’Ivoire, et Lydie SANON ZONGO, Burkina Faso, ainsi que Messieurs Kossi ABIGUIME, République togolaise, Marius KONSSAGO, République du Bénin, Oumar KOUYATE, République du Mali, Florentino SAMOES FIGUEIREDO, République de Guinée-Bissau, et Babacar SEMBENE, République du Sénégal.

Messieurs Mamadou Gbongué et Robin Chasserot, consultants internationaux auprès du Centre du Commerce International (ITC).

Monsieur Philippe Helluy, Senior Programme Officer, Agrifood Sector Development, Centre du Commerce International (ITC).

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TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS i

TABLE DES MATIÈRES ii

SIGLES ET ABRÉVIATIONS vi

RÉSUMÉ EXÉCUTIF 1

1. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE 4

1.1. Concepts et définitions 4

1.1.1. Qu’est-ce qu’une bourse des produits vivriers ? 4

1.1.2. Définition du champ couvert par les produits vivriers objet de la présente étude 5

1.1.3. Critères retenus en vue de sélectionner les produits vivriers porteurs dans le cadre de la BRPV 8

1.2. Méthode d’analyse 8

1.3. Démarche de travail 9

1.3.1. Phase préparatoire 9

1.3.2. Recherche documentaire 9

1.3.3. Collecte de données statistiques 9

2. CLASSIFICATION ET SÉLECTION DES PRODUITS VIVRIERS JUGES PORTEURS DANS LE CADRE DE LA MISE EN PLACE DE LA BRPV 11

2.1. Typologie des principaux produits vivriers cultivés et consommés en zone UEMOA 11

2.1.1. Selon la nature des produits vivriers (produits à caractère périssable ou non) et leur usage 11

2.1.2. Selon l’importance des échanges commerciaux auxquels ces produits donnent lieu dans l’espace UEMOA 15

2.1.3. Selon le caractère « stratégique » des produits au regard des réglementations nationales en vigueur 16

2.2. Tableau de synthèse proposant une classification des produits vivriers (et leurs dérivés) et une sélection des produits jugés « porteurs » dans le cadre de la mise en place de la BRPV 18

3. CARACTÉRISATION DU POTENTIEL COMMERCIAL ET PRODUCTIF DE L’OFFRE DE PRODUITS VIVRIERS JUGES « PORTEURS » DANS LE CADRE DE LA MISE EN PLACE DE LA BRPV 24

3.1. Caractérisation du potentiel commercial des produits vivriers (et leurs dérivés) jugés « porteurs » et principaux obstacles et contraintes liés à lever 24

3.1.1. Dynamiques de consommation alimentaire et usages des produits vivriers sélectionnés au sein de l’espace UEMOA 24

3.1.2. Caractérisation des circuits de commercialisation spécifique s’appliquant aux produits vivriers (et leurs dérivés) jugés porteurs 35

3.1.3. Infrastructures liées au commerce dans l’espace UEMOA 44

3.1.4. Récapitulatif des principaux obstacles et contraintes à lever au niveau de la commercialisation des produits vivriers à lever dans la perspective de la mise en œuvre de la BRPV 53

3.2. Caractérisation de l’offre de produits vivriers (et leurs dérivés) jugés « porteurs », y compris concernant les principaux obstacles et contraintes liés à lever 55

3.2.1. Zonage des principaux bassins de production (localisation géographique) 55

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3.2.2. Prix à la production bord-champ et leurs variations infra-annuelles 59

3.2.1. Organisation des filières vivrières considérées 62

3.3. Récapitulatif des principaux obstacles et contraintes liés à la production à lever 66

4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 68

5. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 70

6. ANNEXE 72

6.1. Fiche de collecte de données agronomiques par pays 72

6.2. Fiche de collecte de données commerciales par pays 76

6.3. Fiche de collecte de données sur la politique nationale et commerciale en matière de produits vivriers par pays 80

6.4. Fiche de collecte de données sur les infrastructures liées à la commercialisation des produits vivriers et leurs dérivés par pays 82

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Tableaux

Tableau 1 : Liste des produits envisagés pour la BRPV dans le rapport de l’étude de 2010 ................................... 5

Tableau 2 : Principaux produits périssables dans l’espace UEMOA identifiés par l’étude 2010 et destinés à être commercialisés au travers d’autres modes de commercialisation ............................................................... 5

Tableau 3 : Nomenclature des principaux produits vivriers rencontrés dans l’espace UEMOA ............................. 6

Tableau 4 : Principaux produits vivriers produits et consommés dans l’espace UEMOA ....................................... 7

Tableau 5 : Matrice FFOM d’analyse et de sélection des produits vivriers et dérivés porteurs ............................. 8

Tableau 6 : Principales données utilisées pour la conduite de l’étude ................................................................. 10

Tableau 7 : Typologie des produits vivriers originaires et consommés dans l’espace UEMOA ............................ 11

Tableau 8 : Produits vivriers originaires et consommés dans l’espace UEMOA classés selon le mode de commercialisation en gros jugé le plus adapté par rapport à la nature du produit .................................... 14

Tableau 9 : Produits vivriers échangés au sein de l’espace UEMOA ..................................................................... 15

Tableau 10 : Matrice FFOM d’analyse et de sélection des produits vivriers et dérivés éligibles/porteurs dans le cadre de la mise en place de la BRPV .......................................................................................................... 18

Tableau 11 : Liste des produits vivriers sélectionnés dans le cadre de la BRPV ................................................... 22

Tableau 12 : Bassins de consommation des produits vivriers ............................................................................... 25

Tableau 13 : Utilisation estimée du mil : moyenne de 1990/91 à 2010/11 .......................................................... 29

Tableau 14 : Sources d'énergie et de protéines dans l'apport alimentaire des 10 plus grands producteurs mondiaux de sorgho, 2010-2015 ................................................................................................................. 30

Tableau 15 : PIB par tête et population des principales villes du corridor ouest ................................................. 43

Tableau 16 : Infrastructures routières et portuaires............................................................................................. 45

Tableau 17 : Infrastructures de télécommunications ........................................................................................... 46

Tableau 18 : Infrastructures SIM et Banque ......................................................................................................... 47

Tableau 19 : Infrastructure de stockage ............................................................................................................... 48

Tableau 20 : Infrastructures dédiées au contrôle qualité ..................................................................................... 49

Tableau 21 : Infrastructures adaptées à la containerisation ................................................................................. 50

Tableau 22 : Infrastructures capables d’assurer une chaîne du froid ................................................................... 50

Tableau 23 : Existence d’un projet de bourse agricole ......................................................................................... 50

Tableau 24 : Infrastructures liées à la normalisation, assurance, accréditation et métrologie ............................ 51

Tableau 25 : Principaux acteurs intervenants dans les filières vivrières et leurs rôles dans le commerce des produits vivriers en Afrique de l’Ouest ........................................................................................................ 62

Graphiques

Graphique 1 : Part (en %) de la consommation urbaine de produits alimentaires dans les disponibilités alimentaires nationales ............................................................................................................................... 27

Graphique 2 : Disponibilités intérieures en céréales, légumineuses sèches, en racines et en tubercules au sein des pays de l’UEMOA .................................................................................................................................. 27

Graphique 3 : Intégration des pays de l’UEMOA dans les échanges intra-communautaires ............................... 36

Graphique 4 : Intégration des pays membres de l’UEMOA dans le commerce communautaire ......................... 37

Graphique 5 : Situation de l’évolution des prix mensuels sur les marchés de produits vivriers à partir de l’exemple du marché d’Abobo en 2014 à Abidjan en Côte d’Ivoire ............................................................ 59

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Cartes

Carte 1 : Principaux bassins de consommation de produits vivriers dans l’espace UEMOA ................................ 26

Carte 2 : Balance commerciale intra-communautaire des États de l’UEMOA en 2015 ........................................ 36

Carte 3 : Poids des pays de l’UEMOA dans le commerce intra-CEDEAO en 2016 ................................................. 37

Carte 4 Sous espaces marchands de l’Afrique de l’Ouest ..................................................................................... 39

Carte 5 : Flux de céréales locales dans l’espace ouest africain ............................................................................. 44

Carte 6 : Principaux marchés céréaliers en Afrique de l’Ouest ............................................................................. 44

Carte 7 : Principaux corridors de transport dans l’UEMOA et en Afrique de l’Ouest ........................................... 52

Carte 8 : Principaux bassins de production des produits vivriers jugés porteurs dans le contexte de la mise en place de la BRPV .......................................................................................................................................... 58

Schémas

Schéma 1 : Récapitulatif des produits vivriers sélectionnés pour la BRPV ........................................................... 23

Schéma 2 : Flux commerciaux dans la région ouest-africaine .............................................................................. 38

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SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ABNORM Agence Burkinabé de Normalisation, de la Métrologie et de la Qualité

AGRHYMET Centre Régional Spécialisé du CILSS

BRPV Bourse Régionale des Produits Vivriers

CILSS Comité Inter-États de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel

CODINORM Côte d’Ivoire Normalisation

DMRFCQ Direction de la Métrologie, de la Répression des Fraudes et du Contrôle de la Qualité

FAO Food and Agriculture Organization

FFOM Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces

FCFA Franc de la Communauté Financière en Afrique de l’Ouest

ITC Centre du Commerce International (International Trade Center)

ND Non Disponible

LANADA Laboratoire National d’Appui au Développement Agricole

LANEMA Laboratoire National d’Essais de Qualité de Métrologie et d’Analyses

OCDE Organisation pour la Coopération et le Développement Économique

OCPV Office pour la Commercialisation des Produits Vivriers

OPA Observatoire des Pratiques Anormales

PAU Politique Agricole de l’Union

PCC Politique Commerciale Commune

PEC Politique Économique Commune

PIC Politique Industrielle Commune

SIM Système d’Information des Marchés

TEC Tarif Extérieur Commun

TVA Taxe sur la Valeur Ajouté

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Agricole de l’Union et de la Politique Commerciale Commune de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), il est prévu la création de la Bourse Régionale des Produits Vivriers (BRPV). Une étude de faisabilité technique et financière du projet a été réalisée en 2010. Celle-ci a permis de définir le schéma organisationnel et fonctionnel de la BRPV. Il s’agit de la création d’une bourse s’appuyant sur des antennes situées dans les pays membres.

L’objectif du présent rapport est d’actualiser l’étude réalisée en 2010 en mettant l’accent sur l’identification et la sélection des produits vivriers, et de leurs dérivés, éligibles et porteurs dans le cadre de la BRPV. L’approche documentaire couplée à l’analyse de données secondaires et primaires fournies par les différents points focaux des États membres ainsi que par la Commission de l’UEMOA, a été utilisée pour la conduite de l’étude.

La sélection des produits vivriers et leurs dérivés s’est faite sur la base de l’application de différents critères à savoir : (i) la nature périssable ou non du produit, (ii) l’orientation et le potentiel commercial des produits vivriers, et (iii) le caractère stratégique ou non de ceux-ci.

Il ressort de ces analyses, une liste de produits vivriers jugés porteurs. Les céréales sèches présentent le plus d’attrait en raison de leur qualité de conservation, leur potentiel commercial dans la sous-région et même au-delà. Parmi ces céréales, il y a le maïs en grain, le mil en grain, le sorgho en grain et le sésame en grain. Ces produits ont des débouchées indéniables compte tenu des usages de consommation dans toute l’Afrique subsaharienne. La hausse des prix du riz et du blé amène les ménages des pays de la région à reporter leur consommation sur le maïs, le mil et à un degré moindre, sur le sorgho. Au niveau international, le sorgho a de gros débouchées principalement dans les pays asiatiques. Le sésame est quant à lui côté à la bourse de l’Inde, qui constitue l’un des plus gros consommateurs mondiaux du produit. Au Burkina Faso, le sésame est essentiellement exporté en grain.

Les légumineuses, haricot sec avec les variantes blanc, rouge et violet ainsi que le niébé, ont également été retenues pour la BRPV. Il s’agit de produits non-périssables, très consommés en Afrique et ailleurs dans le monde.

Un autre groupe de produits éligibles concerne les racines et tubercules. De façon spécifique, il s’agit des produits dérivés du manioc à savoir, les cossettes de manioc, la semoule de manioc (gari et tapioca), la pâte de manioc essorée, le couscous de manioc appelé « attiéké », la farine de manioc ainsi que l’igname fraîche, avec ses différentes variétés (précoces et tardives), et la pomme de terre.

Outre ces produits, l’analyse a sélectionné le piment sec et le gingembre dans le groupe des épices. La noix de cola et la noix de karité sont également ressorties de l’étude, y compris eu égard à leur ancrage historique et culturel en Afrique de l’Ouest.

À côté de ces produits, les fruits frais (agrumes, ananas, banane, tomate, goyave, mangue, mangoustan, etc.) présentent un intérêt, mais sont à orienter vers d’autres modes de commercialisation : marché de gros ou au cadran. La filière bétail-viande, compte tenu du gros potentiel de commercialisation dans la région, pourrait s’inscrire dans le cadre de la mise en place d’une bourse spécifique. Quant aux produits halieutiques, ceux-ci peuvent être orientés vers d’autre mode de commercialisation tel que le marché au cadran ou à la criée.

Le potentiel de commercialisation et de production des produits vivriers identifiés a également fait l’objet d’une caractérisation. L’étude met en exergue trois grands bassins de production et de consommation.

Le bassin le plus vaste est celui comprenant le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Sénégal, le Nord du Nigéria et le Nord du Bénin. Il intègre le corridor Est, entre les flux de produits vivriers en provenance du Nord de l’espace UEMOA, principalement des céréales sèches et animaux sur pieds, et les flux de produits vivriers en provenance de la zone Est de l’espace UEMOA, principalement des racines et tubercules et dérivés de manioc (gari, tapioca, cossettes, etc.).

Le bassin le plus riche est celui comprenant la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria. Il intègre le corridor côtier situé entre les flux de produits vivriers en provenance du

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Nord et les flux côtiers de produits vivriers, principalement des racines et tubercules, noix, fruits et légumes.

Le dernier bassin comprend la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Guinée, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali et la Mauritanie. Il intègre le corridor ouest situé entre les flux Côtiers et les flux de produits vivriers en provenance de la zone ouest de l’espace UEMOA, principalement des céréales, légumes, racines et tubercules, bétails sur pied et demeure pour le moment relativement sous exploité.

L’état des lieux des infrastructures de stockage et d’accompagnement nécessaires à la mise en place de la BRPV révèle des déficits significatifs. En dehors de la Côte d’Ivoire et, dans une moindre mesure, du Sénégal, tous deux relativement bien dotés en infrastructures de stockage aux normes, les autres États membres de l’UEMOA ont une offre assez limitée. Il y a très peu de marchés dédiés exclusivement aux produits vivriers. Ceux existants ne disposent pas d’infrastructures adéquates, notamment de magasins à température contrôlée pour la conservation des produits frais.

Des obstacles et contraintes majeurs risquent d’impacter négativement la mise en œuvre de la bourse. Parmi ceux-ci, il y a l’application partielle des textes communautaires dans certains États membres et les coûts de transport élevés. L’application partielle des textes de l’intégration régionale et la méconnaissance par les opérateurs des textes et règlements qui régissent leurs activités sont des entraves aux échanges des produits. En outre, l’importance des coûts qui s’additionnent tout au long de la chaîne de commercialisation, est un réel obstacle. Il s’agit de l’insuffisance de la logistique, mais aussi des coûts engendrés par la lourdeur des procédures administratives, les taxes excessives du secteur des transports, le mauvais état et l’insécurité sur les routes ainsi que les « faux frais » aux différents postes de contrôle, expliquent le coût élevé du transport, malgré les efforts réalisés au sein de l’UEMOA pour réduire le nombre de barrières de contrôle.

Une autre contrainte pour la mise en œuvre de la bourse est liée à l’exercice de la souveraineté alimentaire au niveau national. La plupart des États de l’UEMOA prennent de plus en plus des mesures d’urgence unilatérales visant à protéger les consommateurs de la hausse des prix des produits de première nécessité face à la flambée des prix agricoles et les effets du changement climatique. Ces mesures montrent donc le manque de confiance des États dans le marché communautaire pour la réalisation de la sécurité alimentaire. La protection du marché intérieur reste toujours très présente dans les différentes stratégies nationales pour la sécurité alimentaire des États membres de l’Union. Dans ces conditions, la BRPV jouera difficilement son rôle d’instrument de sécurité alimentaire.

La qualité des données sur les échanges régionaux et la persistance des trafics parallèles constituent d’autres obstacles à la mise en œuvre de la BRPV.

Au niveau de la production agricole, l’atomicité et la faible productivité des petites exploitations agricoles et la faible pratique des cultures de contre-saison en raison de la non-maîtrise de l’eau, réduisent l’offre de produits vivriers.

De même, les effets pervers du changement climatique sur la production, la faiblesse des dispositifs de collecte et de diffusion de données agronomiques pour établir des prévisions de production, ainsi que l’absence de système d’assurance agricole, sont des défis majeurs à prendre en compte pour la mise en place de la BRPV.

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INTRODUCTION

L’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), créée le 10 janvier 1994, a pour objectif essentiel, l’édification, en Afrique de l’Ouest, d’un espace économique harmonisé et intégré, au sein duquel est assurée une totale liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens, des services et des facteurs de production, ainsi que la jouissance effective du droit d’exercice et d’établissement pour les professions libérales, de résidence pour les citoyens sur l’ensemble du territoire communautaire. Huit États de l’Afrique de l’Ouest, côtiers ou sahéliens, liés par l’usage d’une monnaie commune, le Franc de la Communauté Financière en Afrique de l’Ouest (FCFA), et bénéficiant de traditions culturelles communes, composent l’UEMOA : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. L’UEMOA couvre une superficie de 3 506 126 km2 et compte 112 millions d’habitants. Le taux de croissance du PIB, à prix constant, est de 7% en 20151.

La réalisation de l’objectif de création d’une zone de compétitivité susceptible de favoriser les échanges entre ses États membres et l’insertion des économies de la sous-région dans l’économie mondiale, passe notamment par la constitution d’un marché commun sous régional, caractérisé par une libre circulation des biens et services, des capitaux et des hommes. Ce marché favorisant ainsi les échanges intra régionaux.

La mise en place d’un marché commun, ouvert et concurrentiel, dans lequel se fondraient les marchés nationaux, offrirait un cadre propice à l’éclosion des activités productives et commerciales. À ce titre, il est prévu, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique commerciale commune de l’Union, des actions qui doivent concourir à la viabilité de l’appareil de production communautaire et à l’élargissement des débouchés des entreprises de l’Union.

Le projet de mise en place de la BRPV dans la zone de l’UEMOA s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Agricole de l’Union (PAU) et de la Politique Commerciale Commune (PCC) dont les objectifs fondamentaux visent d’une part, à contribuer durablement à la satisfaction des besoins alimentaires des populations des huit États membres et d’autre part, à accroitre les échanges commerciaux.

Perçue comme une réponse adéquate aux nombreuses contraintes qui limitent la rencontre de l’offre et de la demande des produits agricoles, la BRPV vient en complément à l’ensemble du dispositif traditionnel et moderne existant en matière de commercialisation des produits vivriers.

Dans la perspective de renforcer la compétitivité des activités économiques des États membres, la Commission de l’UEMOA a commandité une étude de faisabilité technique et financière en vue de la mise en place une BRPV dont le rapport a été validé par les experts sectoriels en 2010. Au terme de celle-ci, les Ministres en charge du commerce des États membres de l’Union, lors de leur session tenue à Ouagadougou le 11 novembre 2013, ont instruit la Commission de prendre les dispositions nécessaires en vue de mettre en place la BRPV.

L’étude sur la mise en place effective de la BRPV requiert donc l’actualisation de l’étude de faisabilité réalisée en 2010. À cet effet, la Commission de l’UEMOA et le Centre du Commerce International (ITC) ont signé une convention de subvention en décembre 2016 au niveau de laquelle figure l’étude d’actualisation de l’étude de faisabilité de 2010.

La présente mission s’inscrit dans le cadre de cette initiative. Elle a pour objectif principal de procéder à la sélection des produits vivriers jugés porteurs dans le cadre de la BRPV ainsi qu’à la caractérisation de leur potentiel commercial et productif. De manière spécifique, il s’agit de :

Effectuer une recherche documentaire et superviser la collecte de données statistiques relatives à la production et à la commercialisation des produits vivriers au niveau de chacun des huit États-membres de l’UEMOA ;

Analyser les données collectées et rédiger un rapport provisoire visant à actualiser l’étude de faisabilité de 2010 ;

Co-animer un atelier de restitution/validation du rapport provisoire et

1 INS/C. UEMOA : RSM juin 2016

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Soumettre un rapport final sur la base des observations et recommandations quant à la sélection et la caractérisation des produits vivriers dits porteurs formalisées lors de l’atelier.

Le rapport s’articule autour de trois chapitres. Le premier concerne l’approche méthodologique utilisée pour la conduite de l’étude. Cette approche permet de définir le champ couvert par les produits vivriers en termes de nomenclature et de critères à retenir pour sélectionner les produits vivriers porteurs dans le cadre de la BRPV. Le deuxième développement traite de la classification et la sélection des produits vivriers jugés porteurs dans le cadre de la mise en place de la BRPV. Enfin, le troisième chapitre aborde la caractérisation du potentiel commercial et productif de chacun des produits vivriers jugés « porteurs ».

1. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

1.1. Concepts et définitions

La définition des concepts clés de l’étude permet de mieux circonscrire le champ de l’étude pour une meilleure compréhension des résultats attendus. Aussi, les notions de bourse de produits vivriers et de champ couvert par ces produits sont exposées ci-après.

1.1.1. Qu’est-ce qu’une bourse des produits vivriers ?

Dans sa forme la plus simple, une bourse de produits vivriers correspond à un lieu rassemblant des acheteurs et des vendeurs (« fonction de trading ») par le biais de divers types de structures commerciales (c’est-à-dire aux enchères, meilleur vendeur/meilleur acheteur), sur la base duquel, à l’issue de la négociation et donc de « l’accord sur la chose et sur le prix », il y a livraison immédiate ou quasi immédiate du produit vivrier ou plus communément par l’émission d’un document qui représente le titre de la marchandise stockée : un récépissé d’entrepôt.

D’une manière générale, la bourse des produits agricoles ou plus précisément des produits vivriers peut prendre trois formes : une simple plateforme technique d’échanges de produits agricoles, une bourse au comptant de produits vivriers, aussi appelé bourse « physique » ou « bourse spot » et une bourse à terme qui traite des instruments dérivés sur les produits vivriers, encore appelée « bourse de produits dérivés ». La bourse fait référence à la liberté de commercer avec pour principe de base la vérité des prix, la libre circulation de l’information et l’atomicité des acteurs intervenants sur la bourse.

Au terme de l’étude de faisabilité technique et financière réalisée en 2010 pour la mise en place de la BRPV, le dispositif proposé pour cette bourse comprend une bourse centrale à l’échelle régionale avec des antennes nationales au niveau des États membres de l’UEMOA. La bourse centrale animera la plateforme centrale unique de cotations, de suivi des transactions, de traitement et de diffusion des informations au niveau régional. En d’autres termes, il s’agira de la confrontation des offres et des demandes de produits vivriers au niveau régional. Les opérateurs désireux d’offrir ou d’acheter des produits vivriers dans la sous-région, pourront alors le faire par le biais de la bourse centrale. Les antennes au niveau de chaque pays s’occuperont des cotations et des transactions émises par les opérateurs locaux.

Ces antennes nationales fonctionneront comme des sociétés anonymes dotées d’une plateforme informatique pour les transactions commerciales comme mode opératoire. Selon les conclusions de l’étude de 2010, l’option de marché pour la bourse centrale sera la combinaison de marché à terme, de physique et de gré à gré. Le marché à terme sera uniquement admis au niveau central. La rentabilité de la bourse régionale reposera sur les produits éligibles, les volumes de transactions, les prix, les recettes, les investissements et les charges.

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Ce schéma fonctionnel de la BRPV repose sur le choix de produits vivriers éligibles à la cotation au niveau de la bourse régionale d’une part, et les antennes nationales d’autre part. Dans le cadre de l’étude de 2010, une liste de produits vivriers éligibles pour faire l’objet de transaction au niveau de la BRPV a été identifiée. Ces produits sont listés dans le tableau 1 ci-dessous :

Tableau 1 : Liste des produits envisagés pour la BRPV dans le rapport de l’étude de 2010

Catégorie Bourses nationales Bourse centrale

Céréales Maïs, riz, sorgho et mil Maïs, riz, sorgho et mil

Autres produits En fonction des réalités nationales (banane plantain, igname, manioc, niébé, patate douce, arachide

Niébé, arachide

Source : Extrait du rapport de l’étude de novembre 2010.

En ce qui concerne les produits dits périssables (voir tableur 2) selon le rapport de 2010, ceux-ci seront orientés vers d’autres modes de commercialisation (marché de gros, à l’exportation, etc.). La présente étude vise à actualiser la liste des produits vivriers éligibles pour la BRPV sur la base de différents critères d’analyse dont certains ont été appliqués pour l’étude de novembre 2010, notamment la périssabilité et l’importance des transactions commerciales des produits vivriers.

Tableau 2 : Principaux produits périssables dans l’espace UEMOA identifiés par l’étude 2010 et destinés à être commercialisés au travers d’autres modes de commercialisation

Catégorie Composition

Légumes Choux, laitue, concombre, poivron, diakatou, aubergine, oignon, piment, oseille, haricot vert, épinard, gombo, courge, ail

Fruits Mangue, goyave, orange, mandarine, banane, papaye, citron, pomme d’acajou, noix d’acajou, avocat, datte, ananas, pastèque, melon

Tubercules Manioc, igname, patate douce, taro, pomme de terre, banane plantain

Source : Extrait du rapport de l’étude de novembre 2010

L’analyse des deux tableaux laisse transparaître des incohérences sur l’affectation de certains produits tantôt retenus pour la bourse, tantôt retenus pour être orientés vers d’autres modes de commercialisation. Il s’agit, de l’igname, du manioc, de la banane plantain et de la patate douce. La présente étude vient donc actualiser la liste des produits vivriers destinés à être retenus pour la bourse régionale des produits vivriers.

1.1.2. Définition du champ couvert par les produits vivriers objet de la présente étude

Plusieurs définitions existent quant aux produits vivriers. La définition retenue ici est celle qui considère le produit vivrier comme tout produit agricole d’origine végétale, animale et halieutique ayant subi ou non une première transformation et destiné à l’alimentation. Cependant, sur la base des données collectées et la revue de la documentation, nous ne considérerons que les produits vivriers d’origine végétale ayant subi ou non une première valorisation. L’ensemble des données collectées au travers des différents points focaux ne fait référence qu’à des produits alimentaires d‘origine végétale, issus des productions locales des États membres de l’Union.

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Sur la base de ce qui précède, la nomenclature suivante est proposée :

Tableau 3 : Nomenclature des principaux produits vivriers rencontrés dans l’espace UEMOA

Catégories de produits vivriers Produits vivriers

Céréales Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, riz, fonio, sésame en grain.

Légumineuses Haricot (vert ou sec, blanc et violet), niébé, soja, pois bambara.

Racines et tubercules Manioc, igname, taro, patate douce, pomme de terre, banane plantain.

Noix Noix de cola, noix de karité, noix de coco, noix de cajou, noix palmiste.

Oléagineux

Sous forme d’extraits de graine Arachide (huile), soja (huile), sésame (huile), graine de palme (huile).

Sous forme d’extraits de noix Beurre de karité, huile de coco, huile de palmiste.

Épices Piment, poivre, gingembre.

Feuilles et bulbes Épinard, feuille de patate, feuille de taro, oseille, amarantes, oignon, échalotte, ail.

Légumes (maraîchers) Choux, tomate, laitue, concombre, poivron, melon, gombo, aubergine.

Fruits Agrumes (citron, orange, mandarine, pamplemousse), mangue, banane (dessert), ananas, papaye, avocat, goyave, pastèque.

Cultures sucrières Canne à sucre.

Source : Données auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

L’analyse par État fait ressortir un certain nombre de produits vivriers communs à l’ensemble des pays membres de l’UEMOA et d’autres plus spécifiques à seulement quelques pays comme le montre le tableau suivant.

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Tableau 4 : Principaux produits vivriers produits et consommés dans l’espace UEMOA

Produits vivriers et dérivés

Pays membres de l’espace UEMOA

Bénin Burkina Faso Côte d’Ivoire Guinée Bissau Mali Niger Sénégal Togo

Céréales Mil, sorgho, maïs, riz, sésame

Mil, sorgho, maïs, riz, fonio, sésame

Maïs, riz, mil, fonio, sésame

Riz, maïs, sorgho, mil, fonio

Maïs, mil, sorgho, riz, fonio, sésame

Mil, riz, maïs, sésame

Mil, maïs, riz, fonio, sésame

Maïs, riz, sorgho, mil, sésame

Légumineuses Haricot, niébé, soja, voandzou

Haricot, soja niébé, voandzou

Haricot Niébé Haricot, pois sec Niébé Niébé Haricot, niébé

Racines et tubercules

Igname, manioc (frais, semoule), taro, patate douce

Igname, patate douce

Igname, manioc (frais, pâte essorée, semoule), patate douce, taro, banane plantain

Manioc (frais, semoule), patate douce

Pomme de terre Pomme de terre, patate douce

Manioc (frais, semoule)

Igname, manioc (frais, semoule)

Noix Cajou, karité, coco, palmiste

Karité, néré, balanites

Cola, coco, karité, cajou

Cajou Karité Cajou, coco

Oléagineux Huile de palme, arachide, coton, palmiste, courge

Sésame, arachide

Arachide, karité, huile de palme

Noix de palmiste, arachide, cajou

Arachide Sésame Arachide Arachide, coco

Épices Gingembre, piment

Ail, piment (frais, sec)

Gingembre, piment (frais, sec)

Piment (frais, sec) poivre

Piment (frais et sec)

Piment, poivre

Feuilles et bulbes Laitue, oignon Oignon, laitue Oignon, oseille, feuille de patate

Oignon Oignon Oignon Feuille de patate

Légumes Tomates ; choux, aubergine

Courgette, choux, tomates, aubergine,

Courgette, choux, tomates, aubergine

Courgette, choux, tomates

Tomate, carottes, souchet

Courgette, choux, tomates

Courgette, choux, tomates, aubergine

Fruits

Ananas, banane agrumes, mangues, papaye

Mangue, melon, banane, agrume

Mangue, ananas, banane agrumes

Mangue, orange, banane

Mangue, mangoustan

Pastèques, melon, dattes, raisin

Mangues Ananas, banane, agrumes

Cultures sucrières Canne à sucre Canne à sucre Canne à sucre Canne à sucre

Source : Données d’enquête, 2017

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Une gamme variée de produits vivriers est produite et consommée dans l’espace UEMOA. Toutefois, tous les produits vivriers ne seront évidemment pas directement commercialisables au travers de la BRPV. Le recours à une série de critères doit permettre d’aider à sélectionner les produits vivriers porteurs dans le cadre de la BRPV.

1.1.3. Critères retenus en vue de sélectionner les produits vivriers porteurs dans le cadre de la BRPV

Comme mentionné ci-dessus, il existe plusieurs types de produits vivriers cultivés et consommés dans l’espace UEMOA. Toutefois, dans le cadre de la BRPV, tous ces produits ne seront pas éligibles une fois pris en compte d’un certain nombre de critères. Les critères retenus de façon objective et en droite ligne avec les objectifs assignés à la BRPV, sont les suivants.

1.1.3.1. Nature et usage du produit

La nature du produit ramène au caractère périssable ou non du produit. Dans le cadre de la BRPV, les produits vivriers cotés seront amenés à être groupés, conditionnés, standardisés et stockés. Cela suppose l’existence d’infrastructures adaptées pour le stockage, particulièrement pour les produits périssables. Dans l’optique de la mise en œuvre de la BRPV conformément au calendrier indiqué, les produits vivriers non périssables, seront les premiers considérés. Les autres produits pourront être pris en compte dans le cadre de la BRPV, si les conditions de stockage requises sont disponibles. Dans le cas contraire, ils seront orientés vers d’autres types d’instruments de commercialisation tels que la vente au cadran ou au sein de marchés de gros.

1.1.3.2. Importance des flux commerciaux réalisés dans l’espace UEMOA

La sélection des produits vivriers porteurs dans le cadre de la BRPV tient compte également de leur potentiel commercial dans la sous-région. À cet effet, l’analyse de l’importance des flux commerciaux selon les volumes exportés ou importés par produit dans la sous-région permet cette sélection. Cette analyse est utile dans la mesure où la logique de la BRPV implique également un flux de transactions transnationales.

1.1.3.3. Caractère stratégique du produit

Toutes les productions vivrières dans un pays, ne répondent pas toutes à la même logique économique. Certaines sont destinées uniquement à répondre à l’impératif de sécurité alimentaire du pays. Aussi, sont-elles sujettes à des contingentements ou réglementations visant à encadrer leur commercialisation notamment à l’exportation. Ces produits peuvent subir des prix administrés. De telles régulations s’opposent aux principes de libre échange des marchandises et de la circulation de l’information prônés par la BRPV.

1.2. Méthode d’analyse

La matrice FFOM a été adaptée pour la sélection des produits vivriers et dérivés jugés « porteurs ».

Tableau 5 : Matrice FFOM d’analyse et de sélection des produits vivriers et dérivés porteurs

Produits vivriers

Critères de sélection Forces/Opportunités Faiblesses/Menaces

Nature des produits vivriers (produits à caractère périssable ou non)

Importance des échanges commerciaux dans l’espace UEMOA

Caractère « stratégique » au regard des réglementations nationales en vigueur

Source : Données auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

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1.3. Démarche de travail

1.3.1. Phase préparatoire

1.3.1.1. Recrutement d’un consultant régional

Un consultant régional possédant une bonne connaissance des filières agricoles en Afrique de l’Ouest et des dynamiques en cours afin de contribuer au développement de l’étude susvisée a été recruté.

1.3.1.2. Partage des outils et validation du plan de rapport détaillé y compris les critères permettant de sélectionner les produits vivriers dits porteurs

Le partage des outils proposés est fondamental pour tenir compte des éventuelles remarques et suggestions. À cet égard, les parties prenantes (consultants et équipes de l’UEMOA) ont été appelées à interagir au démarrage de l’étude afin de s’entendre sur les outils et opérations de collecte des données à mettre en œuvre. De même, le canevas détaillé du rapport a été validé. Cela a été également l’occasion de définir de façon précise le champ couvert par les « Produits dits Vivriers », y compris les critères de classement et sélection de ces mêmes produits vivriers dans le cadre de la mise en place de la future BRPV.

1.3.2. Recherche documentaire

De nombreux documents ont été passés en revue : rapport de l’étude de faisabilité du projet de mise en place de la BRPV, 2010, documents programmes, rapports sectoriels, comptes rendus de mission, travaux de recherche, rapports d’études divers de la FAO, du CILSS, etc.

1.3.3. Collecte de données statistiques

Les données statistiques à collecter se rapportent aux statistiques agricoles, commerciales/ douanières et macroéconomiques disponibles au niveau de chacun des États-membres ainsi qu’aux statistiques commerciales/douanières et macroéconomiques régionales diffusées par la Commission de l’UEMOA.

Le tableau ci-après reprend les données utilisées pour l’étude.

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Tableau 6 : Principales données utilisées pour la conduite de l’étude

Cibles Statistiques et données agricoles

Statistiques et données commerciales

Statistiques et données macroéconomiques

Au niveau des États membres (Collectées par les points focaux)

- Dernières statistiques agricoles – y compris volumes de production des productions vivrières sur les 5 dernières années

- Paramètres agronomiques des principaux produits vivriers (rendement moyen, superficies occupées, saisonnalité, etc.) ;

- Statistiques douanières portant sur les exportations de vivriers dans l’espace UEMOA (5 dernières années) – y compris quantités exportées, pays de destination, points de sortie du territoire ;

- Principaux acteurs des filières vivrières porteuses actives dans la sous-région (grossiste, semi-grossiste, détaillants) et leur profil socio-économique (sexe, niveau d’éducation, âge, type de relations d’affaires) ;

- Infrastructures liées au commerce (qualité et densité du réseau routier entre les bassins de production et les centres de commercialisation, corridors de transport, moyens de transport, taux de pénétration des TIC, capacité d’entreposage, etc.) ;

- Typologie des marchés existants (gros, centre de groupage, etc.) et leur localisation géographique.

- Indicateurs macroéconomiques (5 dernières années) : évolution de la balance commerciale par rapport à la sous-région, PIB/tête, taux de bancarisation, part du PIB consacré à la production vivrière, indice de consommation, niveau d’inflation, volume de crédits accordés au sous-secteur du vivrier ;

- Liste des agro-industries intégrées dans les filières vivrières y compris tonnage de matières premières transformées et usages.

- Politiques agricoles de production des produits vivriers ;

- Stratégies commerciales dans la sous-région (prix administrés, subvention croisée, contingentement à l’exportation, barrières non tarifaires) ;

- Structuration des filières (organisations de producteurs, organismes étatiques d’encadrement et de recherche agronomique).

Au niveau de la Commission de l’UEMOA (Données fournies par la Commission de l’UEMOA)

- Statistiques de production agricole de la sous-région (10 dernières années) ;

- Principales tendances de l’évolution climatique sous régionale ;

- États et cartes des principales poches d’insécurité alimentaire.

- Statistiques douanières portant sur les flux commerciaux de vivriers dans l’espace UEMOA (10 dernières années)

- Cartes et états des principales infrastructures communautaires liées au commerce (marchés, corridors de transport, routes, réseau de télécommunication, logistique, moyen de transport, etc.).

- Principaux indicateurs macroéconomiques de l’espace UEMOA (10 dernières années) ;

- Évolution du taux de bancarisation ;

- Textes et dispositions communautaires en vigueur encadrant le commerce et la mise en marché des produits vivriers (produits dits du cru) et leurs dérivés.

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2. CLASSIFICATION ET SÉLECTION DES PRODUITS VIVRIERS JUGES PORTEURS DANS LE CADRE DE LA MISE EN PLACE DE LA BRPV

2.1. Typologie des principaux produits vivriers cultivés et consommés en zone UEMOA

2.1.1. Selon la nature des produits vivriers (produits à caractère périssable ou non) et leur usage

Tableau 7 : Typologie des produits vivriers originaires et consommés dans l’espace UEMOA

Catégories de produits

vivriers Produits vivriers

Caractère du produit Usage

Périssable Non périssable Marchés locaux Marchés régionaux

Céréales Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, riz y, fonio en grain, sésame en grain

Ces produits sont essentiellement vendus en grains secs ou farine

Ils sont commercialisés sur des marchés locaux à l’intérieur des États membres

Ces produits font l’objet de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA en raison de leur possibilité de conservation sur longue durée.

Légumineuse Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé, soja, pois

Commercialisé en général sec et donc non périssable

Usage en autoconsommation et commercialisé sur les marchés locaux plus éloignés

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA en raison du caractère faiblement périssable et la durée de stockage prolongée.

Racines et tubercules

Manioc

Frais

Très périssable avec une durée de conservation de moins de 5 jours après récolte

Usage en autoconsommation sous forme de foufou ou en mélange avec la banane plantain. Il est commercialisé sur les marchés locaux proches des ménages

Rarement commercialisé à l’extérieur des pays producteurs, le manioc frais fait l’objet de commerce transfrontalier en petite quantité.

Pâte essorée

Périssable au-delà d’une semaine si la conservation n’est pas appropriée avec la présence de moisissures.

Possibilités de prolonger le caractère non périssable à condition de disposer des moyens de conditionnement et de conservation appropriés

Usage en autoconsommation et commercialisé sur les marchés locaux plus éloignés

De plus en plus, la pâte de manioc essorée fait l’objet de commerce dans l’espace UEMOA avec la modification des habitudes alimentaires et l’amélioration des moyens de commercialisation (échanges par train, conservation en sac polystyrène).

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Catégories de produits

vivriers Produits vivriers

Caractère du produit Usage

Périssable Non périssable Marchés locaux Marchés régionaux

Cossette, Semoule (gari, tapioca, attiéké) et farine

Non périssable avec des durées de conservation possible sur plusieurs mois.

Usage en autoconsommation et commercialisation sur les marchés locaux plus éloignés

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA en raison du caractère faiblement périssable et la durée de stockage prolongée.

Ignames, taro, patate douce

Moins périssable avec une durée de conservation au voisinage de 1 à 2 mois

Usage en autoconsommation et commercialisation sur les marchés locaux plus éloignés

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA en raison du caractère faiblement périssable et la durée de stockage relativement prolongée.

Pomme de terre

Moins périssable avec une durée de conservation au voisinage de 1 à 2 deux semaines sans recours à des conditions spécifiques de conservation

Usage en autoconsommation et commercialisation sur les marchés locaux plus éloignés

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA avec accompagnement de conditions spécifiques de conservation.

Banane plantain Très périssable avec une durée de conservation de 5 à 15 jours après récolte

Usage en autoconsommation et commercialisation sur les marchés locaux plus éloignés

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA en raison des usages actuels de transformation en chips et alloco « banane frite ».

Noix en coque ou non

Cola, Karité, coco, cajou

Faible périssabilité avec une durée de conservation de plusieurs mois

Faible niveau de commerce au sein des États.

Commercialisés essentiellement entre États membres de l’UEMOA et même au-delà.

Oléagineux

Arachide en grain sec non décortiqué et en pâte, melon, courge, sésame, Beurre de Karité, huile de coco, huile de graine de palme africaine, huile de graine de palmiste

Moins périssable avec une durée de conservation de plusieurs mois

Usage en autoconsommation et commercialisation sur les marchés locaux plus éloignés

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA en raison du caractère faiblement périssable et la durée de stockage prolongée.

Page 21: ACTUALISATION DE LA LISTE DE PRODUITS VIVRIERS ......2.1.3. Selon le caractère « stratégique » des produits au regard des réglementations nationales en vigueur 16 2.2. Tableau

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Catégories de produits

vivriers Produits vivriers

Caractère du produit Usage

Périssable Non périssable Marchés locaux Marchés régionaux

Épices Piment frais et sec, poivre, gingembre

Moins périssable avec une durée de conservation au voisinage de 1 à plus de 6 mois à l’exception du piment frais.

Usage en autoconsommation et commercialisation sur les marchés locaux plus éloignés

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA en raison du caractère faiblement périssable et la durée de stockage prolongée.

Feuilles et bulbes

Épinard, feuille de patate, feuille de taro, oseille, oignon,

Très forte périssabilité avec une durée de conservation de moins de 5 jours après récolte, à l’exception de l’oignon séché.

Usage en autoconsommation. Ces produits sont commercialisés sur des marchés locaux proches des ménages. Ils sont adaptés aux marchés à la crié, de pré-collecte et de détails.

Commerce intracommunautaire au sein de l’UEMOA est assez rare. Toutefois, les échanges se déroulent entre communautés des pays voisins.

L’oignon fait l’objet de grands volumes de transactions non seulement au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, mais aussi avec les pays de l’Afrique centrale

Légumes (maraîchers)

Choux, tomate fraiche ou concentrée, laitue, concombre, poivron

Très forte périssabilité avec une durée de conservation de moins de 10 jours après récolte à l’exception de la tomate concentrée mis en conserve ou séchée.

Usage en autoconsommation. Ces produits sont commercialisés sur des marchés locaux proches des ménages. Ils sont adaptés aux marchés à la crié, de pré-collecte et de détails.

Des échanges intracommunautaire au sein de l’UEMOA pour ces produits sont possibles au niveau des pays limitrophes ou alors lorsque les moyens appropriés de commercialisation existent : chaînes de froid, conditionnement adapté, valorisation des dérivés (concentrés, tomates séchées, l’oignon séché, etc.)

Fruits Mangue, agrumes, ananas, papaye, avocat, goyave, pastèque

Très forte périssabilité avec une durée de conservation de moins de 10 jours après récolte.

Usage en autoconsommation et commercialisé sur les marchés locaux plus éloignés.

Ces produits font l’objet de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA. La mangue et l’ananas sont exportés vers les pays de l’Union Européenne.

Cultures sucrières

Canne à sucre Faible périssabilité avec une durée de conservation de plusieurs mois

Usage pour l’agro-industrie dans les pays producteurs et pour la consommation locale du sucre

Forte possibilité de commerce dans l’espace UEMOA et hors de la zone UEMOA.

Source : Données auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

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L’analyse du tableau ci-dessous permet de classer les produits vivriers cultivés et consommés en zone UEMOA en fonction des modes de mise en marché/ commercialisation en gros les plus adaptés.

Tableau 8 : Produits vivriers originaires et consommés dans l’espace UEMOA classés selon le mode de commercialisation en gros jugé le plus adapté par rapport à la nature du produit

Bourse de Produits Vivriers Autres modes de commercialisation en gros

(au cadran, marché de gros)

Catégorie Produits vivriers Catégorie Produits vivriers Autres marchés

Céréales

Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, riz y, fonio en grain, sésame en grain

Céréales Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, riz, fonio en grain, sésame en grain

Marché de gros

Légumineuse Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé, soja, pois

Légumineuse Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé, soja, pois

Marché de gros

Racines et tubercules

Cossette de manioc, Semoule (gari, tapioca, attiéké) et farine de manioc, igname, taro, patate douce, pomme de terre

Racines et tubercules

Manioc frais, pâte de manioc essorée, igname, taro, patate douce, pomme de terre, banane plantain

Marché de gros

Noix en coque ou non

Cola, karité, coco, cajou

Noix en coque ou non

Cola, karité, coco, cajou Marché de gros

Oléagineux

Arachide en grain sec non décortiqué et en pâte, sésame, beurre de karité, huile de coco, huile de graine de palme africaine, huile de graine de palmiste

Oléagineux

Arachide en grain sec non décortiqué et en pâte, melon, sésame, beurre de karité, huile de coco, huile de graine de palme africaine, huile de graine de palmiste

Marché de gros, de détails et à la crié ou au cadran pour le melon

Épices Piment sec, poivre, gingembre

Épices Piment frais, sec, poivre, gingembre

Au cadran, marché de gros

Feuilles et bulbes

Épinard, feuille de patate, feuille de taro, oseille

Au cadran

Légumes (maraîchers)

Tomate concentrée, oignon

Légumes (maraîchers)

Choux, tomate fraiche ou en concentré, oignon, laitue, concombre, poivron

Au cadran, à la crié, au détail, pré-collecte, marché de gros

Fruits Mangue, agrumes, ananas, papaye, avocat, goyave, pastèque

Au cadran, marché de gros

Source : Données auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

Page 23: ACTUALISATION DE LA LISTE DE PRODUITS VIVRIERS ......2.1.3. Selon le caractère « stratégique » des produits au regard des réglementations nationales en vigueur 16 2.2. Tableau

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2.1.2. Selon l’importance des échanges commerciaux auxquels ces produits donnent lieu dans l’espace UEMOA

L’UEMOA est un espace économique de libre circulation de biens de services et de personnes. Dans la zone, le volume moyen des échanges de produits vivriers est de l’ordre de plus de 5 millions de tonne de marchandises échangées.

Sur la base des données transmises par la commission de l’UEMOA et la documentation, les principaux produits vivriers selon le critère de l’importance des échanges commerciaux intracommunautaires sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 9 : Produits vivriers échangés au sein de l’espace UEMOA

Catégories Produits vivriers échanges dans

l'UEMOA Principaux pays exportateurs de

l'UEMOA

Cumul du volume moyen des exportations

en kg (2007 – 2015)

Céréales

Maïs Burkina Faso, Bénin, Côte d'Ivoire, Togo 153 149 719

Sorgho Burkina Faso, Mali 6 318 160

Mil Burkina Faso, Mali, Sénégal, Niger 6 108 680

Riz décortiqué Sénégal, Togo, Mali, Niger 1 162 616

Sésame Burkina Faso, Côte d’Ivoire 673 4412

Fonio Burkina, Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal 140 0003

Légumineuse

Haricot sec, niébé Burkina Faso, Niger 14 997 305

Pois sec bambaras Mali 234 530

Amande sans coque (pistache, noisette décortiquée)

Mali 18 173 087

Racines et tubercules

Igname Côte d'Ivoire, Togo, Bénin 5 456 542

Pomme de terre fraiche Mali, Niger, Burkina Faso 183 197

Patate douce Mali, Burkina Faso 821 250

Banane plantain Côte d'Ivoire 38 253 390

Noix

Noix de cajou en coques Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Bénin, Guinée-Bissau, Mali

163 935 867

Noix de coco desséchées Côte d'Ivoire, Bénin, Togo 8 994 907

Noix de cola Côte d'Ivoire 5 503 522

Feuilles et bulbes

Oignon et échalote Niger, Burkina Faso, Mali, 131 661 515

Légumes Tomate fraiche Burkina Faso, Sénégal, Niger 4 117 253

Piment frais et sec Mali, Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire 1 298 580

Fruits

Goyaves, Mangues, Mangoustan Burkina Faso, Mali 10 034 497

Ananas frais ou sec Côte d'Ivoire, Bénin 223 624

Avocat frais ou sec Côte d'Ivoire, Togo 296 999

Datte fraiche ou sèche Mali, Niger 683 590

Source : UEMOA, Traoré Sy M. (2016) et ReSAKSS et al. (2011)

2 Données de la campagne 2015-2016 (Traoré Sy. M (2016). Résultats définitifs de la campagne 2015/2016 : Situation des marchés régionaux. Réunion du RP¨CA, Paris, France du 13 au 15 avril 2016. CILSS/CRA)

3 Données de cumul des années 2007 à 2009. Source : ReSAKSS, MICHIGAN STATE UNIVERSITY et SYNGENTA (2011). Etude sur la consommation alimentaire en Afrique de l’ouest. Rapport de synthèse.

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16

Cette liste de produits extraite à partir des données de l’UEMOA n’est pas exhaustive. Les données sur les exportations à partir du Marché de Gros de Bouaké en Côte d’Ivoire, montrent l’importance d’autres produits vivriers en termes de volume d’échanges intracommunautaires. Il s’agit notamment de :

La pâte de manioc essorée avec un volume de 145 720 kg exporté vers le Burkina Faso et le Mali ;

Le manioc frais avec un volume de 114 720 kg exporté vers le Mali ;

L’attiéké sec (couscous de manioc), le gari et le tapioca avec un volume de 3 047 520 kg exporté vers le Mali, le bénin ;

L’arachide en grain décortiqué avec un volume de 955 600 kg exporté vers le Mali ;

Le gingembre avec un volume de 45 840 kg exporté vers le Niger.

2.1.3. Selon le caractère « stratégique » des produits au regard des réglementations nationales en vigueur

La zone UEMOA est régie dans son fonctionnement par un certain nombre de règles de facilitation du commerce sous-régional. Il existe une politique commerciale commune de l’UEMOA dont les objectifs s’intègrent dans le schéma de la création de l’UEMOA, à savoir le processus d’intégration régionale. L’Union a, dès son lancement, intégré et utilisé le commerce comme moyen et outil de mise en œuvre de sa politique de développement économique et social. Ceci s’est traduit par la mise en place d’un schéma de libéralisation basé sur des tarifs préférentiels, avec pour objectif de favoriser la libre circulation des biens en vue de la création d’une zone de libre-échange.

L’UEMOA a ensuite revu sa politique commerciale avec l’extérieur, en s’ouvrant progressivement et qualitativement à l’extérieur avec le Tarif Extérieur Commun (TEC). Les États membres de l’UEMOA ont ainsi harmonisé leur politique commerciale avec les pays tiers, pour favoriser les importations de biens d’équipements et les intrants ; tous biens nécessaires pour le développement du potentiel de production de la zone.

Aujourd’hui, en vue d’aboutir à un marché commun effectif et viable, l’Union réalise progressivement les conditions de la libre circulation des biens, des personnes et de leur établissement ainsi que celles de la réalisation des autres conditions et facteurs nécessaires pour assurer la compétitivité économique. Le Protocole Additionnel N° III/2001 instituant les règles d’origine des produits de l’UEMOA, en son titre II relatif à la libéralisation des échanges au sein de l’UEMOA, dispose en son Article 3 que « Dans les échanges entre les États membres, toutes restrictions quantitatives, entraves non tarifaires, prohibitions, ou autres mesures d’effet équivalent portant sur les importations ou les exportations des produits originaires ou fabriqués dans les États membres, sont levées ».

Cette approche régionale d’expansion économique et commerciale laisse néanmoins aux États membres, en vertu du principe de la subsidiarité, un certain nombre de prérogatives dans la mise en œuvre de leur stratégie de développement commercial, en cohérence avec les choix et règles communautaires établies. Les politiques d’exportation sont donc, pour l’instant, laissées principalement aux États qui en tirent un grand bénéfice pour le développement de leurs ressources nationales.

La stratégie de développement commercial en cours de consolidation dans la zone de l’UEMOA repose donc sur les acquis de sa politique commerciale commune. Ses éléments clefs sont articulés pour l’essentiel et depuis 1996 sur les éléments suivants :

L’instauration d’un régime préférentiel communautaire et la réalisation d’une zone de libre échange (qui reste bien sûr à optimiser) ;

La mise en place d’un tarif extérieur commun, qui a induit une réelle ouverture commerciale des états membres de l’UEMOA, en fonction du degré d’ouvraison ou de la nature des biens importés ;

La réalisation d’une union douanière, avec pour objectif ultime la création d’un marché commun compétitif, concurrentiel et viable ;

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La gestion d’une monnaie commune qui facilite les échanges entre les états membres et avec l’extérieur ;

L’harmonisation des politiques économiques pour améliorer l’environnement des affaires dans les états de l’union ;

La gestion d’Accords commerciaux bilatéraux au niveau de l’Union et l’harmonisation des positions de négociation au niveau multilatéral (OMC notamment) ;

La mise en œuvre de politiques sectorielles communautaires, telles que la PAU et la PIC qui ont pour objectif de développer l’offre et de promouvoir des produits communautaires compétitifs et de qualité suivant les normes internationales ;

Le respect du principe de subsidiarité, qui laisse une certaine marge de manœuvre aux États membres, pour la mise en œuvre de leur propre politique de promotion commerciale et d’exportation.

Les pays États membres ont, ainsi, des politiques commerciales qui imposent des restrictions à l’exportation et à l’importation de biens et services. En ce qui concerne l’exportation de denrées alimentaires d’origine végétale, certains pays imposent des mesures de restrictions ou de contingentements. Il en est ainsi du riz paddy produit localement en Côte d’Ivoire où l’exportation est contrôlée car répondant à une logique de sécurité alimentaire prioritaire. A l’instar de certains pays de la zone comme le Burkina Faso et le Sénégal, le commerce du riz fait l’objet de prix administrés. De même, au Burkina Faso, le prix du sésame est non seulement administré, il fait l’objet de barrières non tarifaires à l’exportation (quotas) au même titre que l’oignon. Il en est de même au Sénégal avec les importations d’oignons.

Le commerce des produits telles que la noix de cajou, l’arachide et l’huile de palme, est réglementé. L’exercice d’opérateur commercial pour ces produits est subordonné par l’octroi d’un agrément délivré par une autorité de régulation. Il s’agit en général d’offices publics qui s’occupent spécialement de la commercialisation de ses produits qualifiés de rente.

Sur la base de ce qui précède, on peut considérer comme produits vivriers stratégiques ne pouvant pas faire partir d’une bourse de produits vivriers (selon sa définition), les produits suivants :

Le riz paddy, décortiqué, en brisure ou blanchi. En Côte d’Ivoire : Décret n°2017-467 du 12 juillet 2017 portant plafonnement des prix et marges de de certains produits de première nécessité qui bénéficient de la protection de l’État. Il s’agit : du riz, du sucre, de la tomate concentrée et de l’huile de table.

L’arachide. Au Sénégal : le décret n°2010-15 du 13 janvier 2010 portant libéralisation de l’exportation des arachides du Sénégal existe certes, mais, le prix d’achat bord-champ est toujours fixé par l’État. Au titre de la campagne de commercialisation 2017-2018 de l’arachide au Sénégal, le prix du kilo a été fixé à 2010 francs CFA, prix supérieur au prix mondial de 187 francs CFA le kilo. Le Gouvernement ayant injecté 23 FCFA/kilo comme subvention du prix pour soutenir les producteurs. Cette intervention permet, certes de garantir un revenu minimum au producteur, mais ne favorise pas la compétitivité de l’arachide sénégalais4.

L’huile de palme. En Côte d’Ivoire : Projet de loi fixant les règles relatives à la régulation, au contrôle et au suivi des activités des filières hévéas et palmier à huile en Côte d’Ivoire

La noix de cajou. En Côte d’Ivoire : Loi n°2013-656 du 13 septembre 2013 fixant les règles relatives à la commercialisation du coton et de l’anacarde et à la régulation des activités des filières coton et anacarde en Côte d’Ivoire ;

L’ananas. En Côte d’Ivoire : Par dérogation aux dispositions du décret n°93-313 du 11 mars 2013, l’exercice de la profession d’importateurs de viande, de produits charcutiers et de produits de la pêche ainsi que d’exportateurs de café, de cacao, d’ananas, de banane dessert, de bois en grumes et des produits ligneux est subordonné à l’obtention d’un agrément délivré par le ministère technique.

4 Source : www.senegal-export.com/commercialisation-de-l-arachide-au-senegal-le-prix-du-kilo

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2.2. Tableau de synthèse proposant une classification des produits vivriers (et leurs dérivés) et une sélection des produits jugés « porteurs » dans le cadre de la mise en place de la BRPV

Tableau 10 : Matrice FFOM d’analyse et de sélection des produits vivriers et dérivés éligibles/porteurs dans le cadre de la mise en place de la BRPV

Critères de sélection

Produits vivriers Forces/Opportunités Produits vivriers Faiblesse/Menaces

Nature des produits vivriers (commodités à caractère périssable ou non) et leur usage

Céréales

Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, riz décortiqué, riz paddy, fonio en grain, sésame en grain

Non périssables

Racines et tubercules Manioc frais et pâte essorée

Périssables

Légumes (maraîchers), feuilles et bulbes

Tomates concentrées

Racines et tubercules

Cossette de manioc, semoule (gari, tapioca, attiéké) et farine de manioc, igname, taro, patate douce, pomme de terre

Légumes (maraîchers) et feuilles et bulbes

Épinard, feuille de patate, feuille de taro, oseille, tomates fraiches, oignon et échalote, banane plantain

Légumineuse Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé, soja, pois sec Épices Piment frais

Épices Piment sec, poivre, gingembre

Fruits Mangue, papaye, avocat, goyave Noix en coque ou

non Cola, karité, coco, cajou

Oléagineux

Arachide en grain sec non décortiqué et en pâte, huile de sésame, beurre de karité, huile de coco, huile de graine de palme africaine, huile de graine de palmiste

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Critères de sélection

Produits vivriers Forces/Opportunités Produits vivriers Faiblesse/Menaces

Importance des échanges commerciaux auxquels ces produits donnent lieu dans l’espace UEMOA

Céréales

Maïs en grain, sorgho en grain, mil en grain, riz décortiqué, sésame, fonio en grain

Nombreux échanges Fonio en grain

Faibles transactions dans la sous-région avec des volumes de moins de 50 tonne de marchandises

Légumes Tomates fraiches et concentrées

Nombreux échanges

Épices Piment frais et sec Nombreux échanges Gingembre

Faibles transactions dans la sous-région avec des volumes de moins de 300 tonne de marchandises

Feuille et bulbes Oignon et échalote Nombreux échanges Épinard, feuille de patate, feuille de taro, oseille

Quasi absence de transactions commerciales dans la sous-région

Légumineuse

Haricot sec, niébé, Amandes sans coques (pistache, noisette décortiquée), l’arachide décortiquée

Nombreux échanges Pois sec, soja,

Faibles transactions dans la sous-région avec des volumes de moins de 300 tonne de marchandises

Noix Noix de cajou en coques, Noix de coco desséchées, Noix de cola

Nombreux échanges

Fruits Goyaves, Mangues, Mangoustan

Nombreux échanges Ananas frais ou sec, datte fraiche ou sèche, avocat frais ou sec

Faibles transactions d’échange dans la sous-région avec des volumes de moins de 1000 tonne de marchandises.

Racines et tubercules

Igname, attiéké sec (couscous de manioc), cossettes de manioc, farine de manioc, le gari, le tapioca et la banane plantain, pomme de terre fraiche

Nombreux échanges Patate douce, la pâte de manioc essorée, le manioc frais

Faibles transactions d’échange dans la sous-région avec des volumes de moins de 1000 tonne de marchandises

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Critères de sélection

Produits vivriers Forces/Opportunités Produits vivriers Faiblesse/Menaces

Caractère « stratégique » de ces produits au regard des réglementations nationales en vigueur

Céréales

Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, fonio en grain, sésame, fonio

Aucune restriction commerciale

Riz non décortiqué, riz paddy

Pratique de prix administré, contingemment à l’exportation dans une logique de sécurité alimentaire

Légumes (maraîchers), feuilles et bulbes

Oignon, choux, tomates fraiches ou en concentrées, laitue, concombre, poivrons, épinard, feuille de patate, feuille de taro, oseille

Aucune restriction commerciale car n’ayant pas de caractère stratégique

Tomate concentrée et oignon

Prix administré avec plafonnement des prix dans une logique de lutte contre la vie chère. De même, dans certains pays, application de prix planchers pour sécuriser le revenu des producteurs

Racines et tubercules

Cossette de manioc, Semoule (gari, tapioca) et farine de manioc, igname, taro, patate douce, manioc frais, pâte de manioc essorée, pomme de terre

Aucune restriction commerciale car n’ayant pas de caractère stratégique

Légumineuse Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé, soja, pois sec

Aucune restriction commerciale car n’ayant pas de caractère stratégique

Oléagineux

Arachide en grain sec non décortiqué et en pâte, beurre de karité, huile de coco, huile de graine de palme africaine, huile de graine de palmiste

Filière administrée avec un mécanisme de commercialisation propre par des structures étatiques. Pratique de subvention à la production. Contingentement non tarifaire à l’exportation. Selon la politique de production encore en vigueur dans certains États.

Épices Piment sec, poivre, gingembre

Aucune restriction commerciale car n’ayant pas de caractère stratégique

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Critères de sélection

Produits vivriers Forces/Opportunités Produits vivriers Faiblesse/Menaces

Noix en coque ou non

Cola, Karité, coco,

Aucune restriction commerciale car n’ayant pas de caractère stratégique

Noix de cajou

Filière administrée avec un mécanisme de commercialisation propre par des structures étatiques. Pratique de subvention à la production.

Source : Données auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

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L’analyse des résultats de la matrice FFOM permet d’arrêter la liste des produits vivriers « porteurs » retenus dans le cadre de la mise en place de la BRPV.

Tableau 11 : Liste des produits vivriers sélectionnés dans le cadre de la BRPV

Catégorie de produits vivriers Produits vivriers Principaux pays fournisseurs

(exportateurs) de l’UEMOA

Céréales Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, sésame en grain et en huile,

Burkina Faso, Bénin, Côte d'Ivoire, Niger, Togo, Sénégal

Légumineuses Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé,

Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire

Racines et tubercules

Cossette de manioc, semoule de manioc (gari, tapioca), attiéké séché (couscous de manioc) farine de manioc, igname, pomme de terre

Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Mali, Sénégal, Burkina Faso, Niger

Noix en coque ou non Cola, karité Côte d'Ivoire

Épices Piment sec Mali, Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire

Source : Données auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

Cette liste ci-dessus résulte de l’application des critères de sélection retenus pour classer les produits cultivés et consommés dans l’espace UEMOA. Néanmoins, certains produits vivriers non analysés offrent un potentiel commercial et pourraient être considérés. Il s’agit :

Du gingembre dont la Côte d’Ivoire est l’un des principaux pays exportateurs de la région ;

Du concentré de tomate qui fait l’objet de prix administré en Côte d’Ivoire avec un régime de plafonnement des prix, mais dont le Burkina Faso et le Sénégal sont les principaux exportateurs ;

De la banane plantain qui demeure très périssable au-delà de 10 jours après la récolte avec un volume important de transactions commerciales dans la sous-région et dont la Côte d’Ivoire est l’un des principaux exportateurs ;

De la pâte de manioc essorée en provenance de la Côte d’Ivoire, certes périssables, mais qui connaît un engouement de plus en plus fort dans la zone UEMOA.

Comme mentionné dans la définition de produits vivriers, il est possible de mentionner dans cette liste les produits d’origine animale qui font l’objet de commerce intracommunautaire. Il s’agit en particulier de la filière bétail-viande. En effet, la production de l’espace UEMOA se situait entre 2001 et 2002 autour de 320 000 tonnes de viande bovine (soit 0.6% de la production mondiale) et de 210 000 tonnes de viandes ovine et de caprine selon les données de l’UEMOA.

Les échanges intracommunautaires sont essentiellement tirés par le commerce du bétail. Celui-ci concerne principalement le bétail-viande sur pied, la filière bétail-viande étant la plus représentative des complémentarités entre les deux grandes zones écologiques de l’UEMOA. Les pays de l’hinterland approvisionnent les pays côtiers dont la concentration de population crée une demande solvable importante. Toutefois, s’agissant de la commercialisation en gros de la plupart des produits vivriers d’origine animale, ceux-ci échappent au mode de commercialisation au travers d’une bourse et obéissent plutôt à des mécanismes de commercialisation différents (à l’exception de la viande congelée). Comme mécanisme de commercialisation adaptée à ces produits, il y a le marché au cadran et celui à la criée. En ce qui concerne les produits halieutiques, les flux de transactions sont très faibles dans la zone de l’UEMOA (mis à part le poisson séché) en raison de la faiblesse des moyens de transport et de logistiques appropriés.

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Le schéma 1 ci-dessus fait le récapitulatif des produits vivriers sélectionnés pour la BRPV au niveau central

Schéma 1 : Récapitulatif des produits vivriers sélectionnés pour la BRPV

Produits vivriers étudiés

Produits vivriers à fort potentiel commercial (2ème critère) qui pourraient être considérés dans un second temps si les conditions de stockage et de logistique le permettent:

Gingembre;

Concentrée de tomate;

Banane plantain;

Dérivée du manioc: pâte de manioc essorée

Produits éligibles jugés porteurs dans le cadre de la mise en place de la BRPV:

Noix de cola;

Haricot sec;

Niébé;

Igname fraiche;

Pomme de terre;

Dérivées du manioc: cossette, semoule, attiéké, farine

Produits porteurs prioritaires dans le cadre de la mise en place de la BRPV:

Maïs en grain;

Mil en grain;

Sorgho en grain;

Sésame en grain et en huile

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3. CARACTÉRISATION DU POTENTIEL COMMERCIAL ET PRODUCTIF DE L’OFFRE DE PRODUITS VIVRIERS JUGES « PORTEURS » DANS LE CADRE DE LA MISE EN PLACE DE LA BRPV

3.1. Caractérisation du potentiel commercial des produits vivriers (et leurs dérivés) jugés « porteurs » et principaux obstacles et contraintes liés à lever

3.1.1. Dynamiques de consommation alimentaire et usages des produits vivriers sélectionnés au sein de l’espace UEMOA

3.1.1.1. Modes et dynamiques de consommation alimentaire des populations dans l’espace UEMOA

Selon Bricas et al. (2009), deux grands types de régimes amylacés sont observables dans la région ouest-africaine :

Le régime caractéristique des pays à dominance céréalière à savoir, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal, et les pays hors zones UEMOA, la Gambie, la Mauritanie, le Tchad et la Sierra Léone. Ces pays peuvent être regroupés en sous-catégories : les pays à dominance sorgho-mil (Burkina Faso, Gambie, Mali, Niger, Tchad), ceux à dominance blé (Mauritanie) et ceux à dominance riz (Guinée Bissau, Sénégal, Sierra Léone) ;

Le régime caractéristique des pays à dominance tubercules à savoir, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo et les pays hors UEMOA, le Ghana, la Guinée, le Libéria, le Nigéria. Dans la plupart de ces pays, le manioc domine la consommation avec en deuxième niveau l’igname (sauf la Côte d’Ivoire où l’igname est préférée au manioc). La banane plantain est consommée en quantité uniquement en Guinée, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Il est bon de reconnaître, qu’aujourd’hui, avec le brassage culturel en matière de consommation alimentaire, l’on assiste à de nouvelles dynamiques dans les modes de consommation dans la région. En effet, l’attiéké, le couscous dérivé du manioc, l’alloco et le foutou banane plantain, qui sont des mets d’origine ivoirienne, sont de plus en plus consommés dans les pays sahéliens du fait des mouvements migratoires de population du nord au sud et vice versa.

À côté de ces deux grands régimes amylacés, il existe un régime caractéristique des pays hybrides qui consomment de plus en plus les tubercules et féculents malgré leur statut de pays à dominance céréalière. Ainsi, au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal, les habitudes alimentaires se modifient de plus en plus avec l’introduction de féculents, de racines et de tubercules dans la ration alimentaire. La banane plantain et le manioc sont davantage consommés. Ils le sont sous la forme de foufou, de semoule en gari, en tapioca ou en couscous appelé « attiéké » très prisé dans la plupart des capitales des pays membres de l’UEMOA et même au-delà. Les cossettes de manioc séchées sont également commercialisées pour être transformées sous forme de farine de manioc consommée en mélange avec la farine de maïs. La banane plantain est également consommée sous forme de « chips séchés, grillés avec de la banane non mûre ou mûre ». De même, les ignames sont consommées sous forme de chips grillées.

Les légumineuses principalement le haricot et le niébé sont principalement consommées au sein du grand bassin de production situé dans la bande comprise entre la lisière de la zone forestière des pays côtiers du Nigéria jusqu’en Gambie et la lisière du Sahel des pays sahéliens du Tchad, en passant par le Niger jusqu’au Sénégal.

Les épices sont consommés dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest. Cependant, le piment sec est très consommé dans les pays de la bande côtière allant du Nigéria à la Sierra Léone. Le gingembre est très apprécié dans les pays sahéliens en particulier le Niger, le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal.

Les noix en coque ou non sont diversement appréciées. La noix de cola est consommée dans les pays sahéliens et même au-delà (le Tchad, le nord du Cameroun, l’Algérie, l’Égypte, le Soudan, etc.). Le karité est échangé dans le grand triangle allant du nord de la Côte d’Ivoire au Burkina Faso, le Mali, le nord de la Guinée et au Sénégal. Enfin, la noix de coco desséchée est très prisée dans les

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pays sahéliens tels que le Burkina Faso, le Mali avec le Nigéria comme l’un des plus gros consommateurs de la zone.

Le tableau ci-dessous reprend les principaux bassins de consommation de produits vivriers en Afrique de l’Ouest.

Tableau 12 : Bassins de consommation des produits vivriers

Principaux produits vivriers Pays de consommation

Céréales Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain

Burkina Faso, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal

Racines et tubercules

Cossette de manioc, semoule de manioc (gari, tapioca), l’attiéké séché (couscous de manioc) farine de manioc, Igname

Côte d’Ivoire, Bénin, Togo

Légumineuses Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé

Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger

Épices Piment sec Côte d’Ivoire

Noix en coque ou sans coque

Cola, karité Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Sénégal

Source : Données auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

Au final, deux grands espaces de consommation de produits vivriers s’articulent au sein de la zone Ouest-africaine :

Le sous-espace Est ;

Le sous espace Centre.

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Carte 1 : Principaux bassins de consommation de produits vivriers dans l’espace UEMOA

Source : CACID, Rapport sur le commerce en Afrique de l’Ouest 2012

Le riz est un élément important dans les régimes alimentaires des populations urbaines au Sahel. Cela s'explique peut-être par le coût relativement bas du riz importé dû au recul de la production des autres céréales et par le mimétisme des habitudes alimentaires des groupes à haut revenu et des occidentaux. D'autre part, la transformation plus facile, le temps de cuisson plus rapide du riz, ainsi que la pratique rependue de la vente dans les rues de produits cuisinés à base de riz, sont autant d’autres raisons qui ont influencé la consommation de cette denrée. En général, la part conjuguée du mil et du sorgho dépasse celle du maïs dans les régimes alimentaires des populations urbaines du Sahel. Dans les régimes alimentaires des populations rurales, les céréales secondaires dominent, sauf dans quelques cas isolés.

L’analyse de la disponibilité des principaux produits alimentaires permet de mettre en exergue l’importance des villes dans la dépendance alimentaire. Les résultats des calculs effectués par Bricas et al. (Op.cit.) dans leurs travaux montrent qu’environ 20% du mil et du sorgho sont absorbés par les villes de la région ouest-africaine. Ce pourcentage pouvant monter jusqu’à 30 ou 40% dans certains pays. La consommation urbaine du maïs et du riz est encore plus impressionnante puisqu’elle absorbe plus de 40% du maïs et 60% du riz. Ces pourcentages peuvent s’élever jusqu’à 90% dans certains pays de la zone. Pour les racines et tubercules, la part du disponible qui est absorbée par les villes est encore plus importante puisqu’elle descend rarement en dessous de 40% comme l’indique le Graphique 1 ci-après:

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Graphique 1 : Part (en %) de la consommation urbaine de produits alimentaires dans les disponibilités alimentaires nationales

Source : Données Bricas et al. (2009)

Globalement, pour l’ensemble de la région ouest-africaine, ce sont donc 40% des céréales et presque la moitié des racines et tubercules et plantains qui sont consommés par les villes.

Les disponibilités intérieures en céréales, légumineuses sèches et racines et tubercules sont variables d’un pays à un autre. Ainsi, pour les pays côtiers alors que les disponibilités intérieures des racines et tubercules sont abondantes, contrairement à celles en céréales et en légumineuses sèches, les pays de la zone sahélienne connaissent des disponibilités intérieures plus abondantes en céréales et légumineuses sèches. Il est donc possible de prévoir des complémentarités commerciales entre les deux blocs (Graphique 2).

Graphique 2 : Disponibilités intérieures en céréales, légumineuses sèches, en racines et en tubercules au sein des pays de l’UEMOA

Source : FAOSTAT, 2017.

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3.1.1.2. Usages des produits vivriers (et leurs dérivés) au sein de l’espace UEMOA

Les produits vivriers sélectionnés ci-dessus pour faire partir de la BRPV, ont des usages multiples. Ils sont autant utilisés pour la consommation humaine, animale que pour l’agro-industrie.

Les céréales : Maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain

Les produits transformés à base de céréales (maïs, mil, sorgho) commercialisés au Sahel peuvent être scindés en deux (2) grandes catégories :

Produits finis (prêts à la consommation) : boissons sucrées ou non, alcoolisées ou non, galettes, gâteaux, biscuits, croquettes, pâtes et pains ;

Produits secs : farines, semoules, produits roulés (couscous, dégué, boulettes) ;

Ces produits sont consommés sous la forme de bouillie, de couscous ou de pâte consommée avec de la sauce. Le mil est utilisé avec du lait pour la fabrication du « dégué ». Le thiakry ou dégué est un délicieux dessert Ouest-africain. C’est au Sénégal que ce dessert est appelé thiakry mais en Côte d’Ivoire, au Mali, et en Guinée il est connu sous le nom de « dégué ». Il est fait à base de couscous de mil et du yaourt (ou du lait caillé). De même, en Afrique subsaharienne, une bière de mil (appelée localement « tchapalo », « solo », « tchouckoutou », « lossomissi », « tchouc », « bil-bil », « dolo », etc.) est préparée à partir de la fermentation du mil ou du sorgho.

Usages du maïs :

Le maïs occupe une place de choix à l’instar des céréales tels que le riz et le mil dans les habitudes alimentaires des populations de l’espace UEMOA. Il est utilisé comme aliment de base pour la confection du met traditionnel appelé « kabato » qui est une pâte obtenue après avoir fait bouillir la farine de maïs. Elle se consomme avec de la sauce à base de pâte d’arachide, du gombo frais, etc. Le maïs est également utilisé pour la fabrication de galette traditionnel « sosso froufrou » en langue malinké et du couscous local. La farine de maïs est utilisée également pour la fabrication de boisson traditionnelle locale très consommée. Elle produit également de la semoule de maïs calibrée destinée exclusivement aux brasseries.

Dans l’agro-industrie locale, le maïs en grain entre dans la fabrication de plusieurs boissons alcoolisées en Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, par exemple, l’entreprise Brassivoire, joint-venture née de l’association entre les groupes Heineken et CFAO côte d’ivoire, installée dans ce pays depuis 2016, produit de la bière très consommée à base de maïs. De même, il entre dans la fabrication d’aliments pour bébé et adulte. L’entreprise PKL (protéine kissèe-la) en Côte d’Ivoire propose une gamme variée de produits alimentaires à base de farine de maïs local. L’entreprise s’approvisionne également en matière première dans la sous-région compte tenu de l’insuffisance de la production locale.

L’un des usages du maïs les plus constatés en Afrique de l’Ouest, est l’aliment pour l’élevage. L’entreprise Sipra, unité de nutrition animale en Côte d’Ivoire, se positionne comme leader sur le marché régional d’aliments pour animaux (volaille, porc, lapin, poisson, bovins et autres ruminants). Elle utilise essentiellement du maïs dont l’approvisionnement est local et dans d’autres pays de la sous-région.

La consommation du maïs a augmenté au Benin, au Burkina Faso, au Mali et au Togo au cours de ces vingt dernières années. Le taux d’accroissement moyen annuel de la consommation par tête a été de 1,5% au Benin, 1,2% au Togo sur la période 1990-2009, de 5% au Burkina Faso et 3,3% au Mali sur la période 1994-2009 (rapport Syngenta et Resakass, 2011). Cette hausse de la consommation est imputable à la hausse de la production dans ces pays (ces pays sont globalement autosuffisants). Et cette augmentation de la production a été favorisée par l’explosion de la production du coton après la dévaluation du FCFA intervenu en 1994 ; le maïs ayant indirectement bénéficié des effets de la rotation entre ce dernier et du coton et aussi de l’utilisation des fertilisants destinés au coton. En Côte d’Ivoire, elle a stagné autour d’une moyenne de 30 kg/tête. Au Niger et au Sénégal où la production reste faible, il est difficile de dégager une tendance de la consommation du maïs. On note toutefois une hausse des importations de maïs au Sénégal au cours de ces dernières années.

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L’évolution des dépenses en maïs montre une hausse plus importante de sa consommation en milieu urbain au Mali et une évolution similaire au Burkina Faso selon le même rapport. En effet, entre 1994 et 2003, les dépenses par tête au Burkina Faso ont augmenté de 128% en milieu urbain contre 124% en milieu rural ; l’inflation du prix du maïs ayant été d’environ 71%. Au Mali, entre 1989 et 2006, elles ont augmenté de 172% en milieu urbain contre 67% en milieu rural ; l’inflation du prix du maïs ayant été de 73% environ.

Usages du mil :

Selon les données de la FAO, sur les 30 millions de tonnes de mil produites dans le monde, 90% environ sont utilisés dans les pays en développement, et seul un volume minime est consommé dans les pays développés, mis à part la Russie. On ne dispose pas pour la plupart des pays de données statistiques exactes, mais on estime que 20 millions de tonnes au total sont consommées par l'homme, le reste étant également divisé entre l'alimentation animale et d'autres utilisations telles que les semences, la préparation de boissons alcoolisées et déchets. Six pays (Chine, Éthiopie, Inde, Niger, Nigéria et Russie) représentent, selon les estimations, environ 80% de l'utilisation mondiale de mil (Tableau 13).

Tableau 13 : Utilisation estimée du mil : moyenne de 1990/91 à 2010/11

Pays ou région

Alimentation humaine (milliers lie de tonnes)

Part par rapport au

Monde

Alimentation animale

(milliers de tonnes)

Part par rapport au

Monde

Autres utilisations (milliers de

tonnes)

Total (milliers (de

tonnes)

Utilisation alimentaire

par habitant (kg/an)

Afrique 7 094 31,76 122 3,88 1 921 9 137 13,5

Burkina Faso

381 1,71 - 60 441 50,8

Mali 516 2,31 1 0,03 88 605 67,7

Niger 977 4,37 21 0,67 215 1 213 168,9

Sénégal 397 1,78 2 0,06 80 479 64,4

Monde 22 335 100,00 3 144 100,00 3 642 29 121 4,8

Source : FAO, 2013.

La consommation alimentaire de mil par habitant varie beaucoup d'un pays à l'autre, mais c'est en Afrique qu'elle est le plus élevée. Au Sahel, on estime que le mil représente environ un tiers de la consommation totale de céréales alimentaires au Burkina Faso, au Tchad et en Gambie, environ 40% au Mali et au Sénégal et plus des deux tiers au Niger.

Pour beaucoup d'autres pays, surtout en Afrique orientale et centrale, mais aussi dans les pays côtiers septentrionaux de l'Afrique de l'Ouest, le mil est un aliment important pour la population qui vit dans les régions les plus sèches.

Le mil a une importance locale en tant qu'aliment en dehors du continent africain. Tel est le cas dans certaines parties de pays comme la Chine, l'Inde, le Myanmar et la République populaire démocratique de Corée. Bien que dans les plus gros pays consommateurs de mil, la Chine et l'Inde, les niveaux nationaux par habitant soient assez faibles, l'utilisation alimentaire du mil est importante dans certaines régions de ces pays.

La consommation mondiale de mil pour l'alimentation humaine n'a augmenté que de façon marginale ces dernières années, ce qui contraste avec l'importante augmentation de la consommation des autres céréales. Il y a eu dans tous les pays une tendance au recul de la consommation de mil par habitant lorsque le revenu dépasse certains niveaux, en raison du faible prestige de cette céréale.

L'utilisation du mil pour les animaux est négligeable, aussi bien en termes absolus que relatifs, comparée aux autres utilisations et aux autres céréales. La FAO estime qu'environ 10%seulement de l'utilisation mondiale de mil est utilisé en provende animale.

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Usages du sorgho :

La consommation totale de sorgho dans le monde correspond géographiquement d'assez près à sa production, puisqu'il est pour l'essentiel consommé dans les pays où il est cultivé. Le sorgho a deux usages distincts : l'alimentation humaine et l'alimentation animale. Au début des années 60, une très grande partie de la production servait directement à l'alimentation humaine, mais depuis cette proportion n'a cessé de baisser. En fait, la consommation de sorgho pour l'alimentation animale a plus que doublé depuis le début des années 60, passant de 30 à 60%, alors que le volume de l'utilisation totale pour l'alimentation humaine est resté inchangé ou a même légèrement diminué (Tableau 14). En Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud et Océanie, la plus grande partie de la production sert à l'alimentation animale.

Tableau 14 : Sources d'énergie et de protéines dans l'apport alimentaire des 10 plus grands producteurs mondiaux de sorgho, 2010-2015

Pays

Énergie par habitant et par jour (kcal) Protéines par habitant et par jour (g)

Total végétaux

Produits du total

Pourcentage animaux

Produits Total Produits végétaux

Pourcentage du total

Produits animaux

États-Unis

3 676 2 430 66,1 1 246 109,6 36,4 33,2 73,2

Inde 2 196 2 048 93,3 2 048 53,2 45,6 85,7 7,6

Mexique 3 048 2 497 81,9 551 77,9 46,9 60,2 31,0

Chine 2 634 2 365 89,8 269 62,8 50,7 80,7 12,1

Nigéria 2 306 2 248 97,5 58 49,5 43,6 88,1 5,9

Argentine 3 110 2 145 69,0 965 100,3 36,5 36,4 63,8

Soudan 2 028 1 677 82,7 351 57,8 37,6 65,1 20,2

Australie 3 186 2 036 63,9 1 150 97,4 31,7 32,5 65,7

Burkina Faso

2 286 2 186 95,6 100 69,8 62,6 89,7 7,2

Source : FAOSTAT, 2017.

Alors que la consommation alimentaire totale de l'ensemble des céréales a considérablement augmenté au cours des 35 dernières années, la consommation alimentaire mondiale de sorgho est restée stable. Cette stagnation s'est produite parce que, en dépit du fait que nutritionnellement le sorgho supporte bien la comparaison avec les autres céréales, on le considère dans de nombreux pays comme une céréale de qualité inférieure.

Les pays d'Afrique et d'Asie représentent plus de 95% de l'utilisation alimentaire totale de sorgho. En Afrique, la consommation humaine représente près des trois quarts de l'utilisation totale et une fraction importante de la ration calorique totale dans la plupart des pays. Ainsi, au Burkina Faso, environ 45% de la ration calorique annuelle totale apportée par les céréales viennent du sorgho, bien que cette part ait baissé au début des années 90 où elle était de 55%. La Chine et l'Inde représentent environ 90 pour cent de l'utilisation alimentaire totale de sorgho en Asie.

La consommation humaine de sorgho est en baisse passant de 20kg à 15kg par an par habitant en moyenne selon les données de la FAO (2008). Cette baisse est essentiellement consécutive aux politiques nationales appliquées dans un certain nombre de pays. Ainsi, les grandes quantités de blé et de riz importées à bas prix et les politiques de subvention de la production de ces céréales dans certains pays ont eu un impact extrêmement négatif sur la production de sorgho.

Selon la FAO, l'utilisation du grain pour l'alimentation animale a été un élément dynamique de stimulation de la consommation mondiale de sorgho. La demande correspondante a été le principal moteur de l'augmentation de la production mondiale et des échanges internationaux depuis le début des années 60. Cette demande est fortement concentrée dans les pays développés, où l'alimentation animale représente environ 97% de l'utilisation totale, ainsi que dans certains pays en développement à revenu plus élevé, surtout en Amérique latine, où 80% de la production de sorgho sont utilisés pour l'alimentation animale. Les États-Unis, le Mexique et le Japon sont les principaux pays consommateurs, suivis de l'Argentine, de la Russie et du Venezuela. Ensemble, ces pays représentent plus de 80% du sorgho utilisé dans le monde pour l'alimentation animale.

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Usages du sésame :

Les graines de sésame contiennent 50% d’huile dont l’extraction se fait de manière très fine, ce qui lui vaut d’être l’huile comestible la plus chère. On s’en sert aussi dans l’industrie pharmaceutique et cosmétique, de même que comme additif à la margarine. En Asie et en Égypte, le sésame est bien plus utilisé comme céréale que comme oléagineux ; les graines décortiquées peuvent être mangées en purée, comme épice ou en confiserie. En Europe et en Amérique du Nord, ses utilisations les plus célèbres sont la garniture de hamburger et les barres sucrées. Les jeunes feuilles et les pousses sont aussi comestibles. Les résidus d’extraction, appelés tourteaux, riches en protéines sont utilisés comme fourrage de qualité pour le bétail.

La consommation mondiale de sésame est principalement concentrée sur le continent eurasiatique. Très implantées dans les cuisines orientales, la graine et l’huile de sésame sont utilisées dans une grande diversité de plats allant de la pâtisserie aux sauces en passant par la confiserie ou encore les sushis. La Chine avec 40% de la consommation mondiale joue un rôle central sur le marché international du sésame. Son rôle est d’autant plus important que depuis 2007, le pays est devenu importateur net de graines de sésame en raison d’une production décroissante et d’une demande en hausse.

Les perspectives mondiales tendent à montrer que l’Asie ne sera pas en mesure d’assurer l’augmentation de la demande. Les producteurs de l’UEMOA, notamment, le Burkina Faso, le Sénégal, le Mali et la Côte d’Ivoire sont en bonne posture pour pouvoir répondre à cette demande. Les marchés ouest-africains du sésame se dynamisent. La demande internationale est soutenue et les acheteurs sont de plus en plus nombreux et actifs en Afrique de l’Ouest. Les volumes des transactions sont croissants et les prix haussiers, souligne N’Kalô5 dans son dernier bulletin. Que cela soit au Burkina Faso, au Mali ou au Sénégal, la demande croit face à une offre insuffisante, les producteurs ayant tendance à faire de la rétention du sésame dans l’attente de prix encore plus hauts (540 $US/T en moyenne de juin à octobre 2017).

Dans les pays de l’espace UEMOA, la consommation du sésame est assez faible (moins de 10% de la consommation mondiale). En générale, la production est essentiellement exportée, ce qui fait du sésame une culture de rente pour les pays producteurs de la zone.

Les légumineuses : Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé,

Les légumineuses sont des cultures résilientes sur le plan environnemental qui offrent des aliments très nutritifs aux populations et des nutriments essentiels aux écosystèmes biologiques.

Les légumineuses qui comprennent des plantes comme le haricot, le niébé, les pois, les lentilles, etc. ne manquent pas non plus d’intérêt sur le plan nutritif aussi bien pour les hommes que pour les animaux. Pour les hommes, elles contiennent davantage de protéines, souvent trois fois plus que le riz ou le manioc et les céréales de base. Mais, les légumineuses offrent également d'autres atouts pour la santé, notamment une forte teneur en vitamine B. Elles contiennent très peu de graisses, pas de cholestérol et ont un faible index glycémique. Pauvres en calories, elles sont néanmoins riches en glucides complexes et en fibres alimentaires.

Le niébé est la légumineuse sèche favorite dans de nombreuses régions d’Afrique. Les grains sont cuits et consommés seules ou avec des légumes, des épices et souvent avec de l’huile de palme pour produire une soupe de haricots épaisse qui accompagne l’aliment de base (manioc, igname, plantain). Le niébé et le haricot en grain sec sont très prisés dans la plupart des pays sahéliens. Ils servent à la confection de galettes soit frites (les « boulettes d’akara »), soit cuites à la vapeur (le « moin-moin »). De petites quantités de farine de niébé sont transformées en biscuits, farine composée et aliments pour bébé au Sénégal, au Ghana et au Bénin.

Le haricot en grain est en passe de devenir un aliment de base au Burkina Faso et au Bénin ainsi qu’au Togo où il est utilisé dans la préparation de sauce. Le haricot au riz à la sauce « djâ » est très

5 Nkalo.com/blog/sésame/

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consommé en Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, il fait désormais parti des habitudes alimentaires des masses populaires à faible revenu.

Les échanges de haricots secs portent sur environ 2,5 millions de tonnes (FAO, 2005) soit environ 13% de la production mondiale. Les principaux exportateurs sont la Chine, la Birmanie, les États-Unis, le Canada et l’Argentine. Les principaux pays importateurs sont l’inde, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et le Brésil.

Les racines et les tubercules : Cossette de manioc, semoule de manioc (gari, tapioca), farine de manioc, igname, pomme de terre.

La consommation alimentaire demeure la principale source de demande des produits dérivés des racines et tubercules dans la sous-région. Les racines et tubercules sont consommés sous diverses formes et modes. AFOUDA et al. (2004), ont recensé environ soixante-dix modes spécifiques et apparentés de consommation des racines et tubercules en Afrique de l’Ouest et du Centre.

La demande à des fins d’alimentation humaine

Quelques spécificités se dégagent nettement du lot selon AFOUDA et al. (Op.cit.), par non seulement leur degré d’élaboration, mais aussi par l’importance de l’aire géographique qu’elles couvrent :

Le gari qui comprend plusieurs qualités, rendant souvent délicate l’observation des prix sur les marchés est très répandu dans les pays du Golfe du Bénin (Nigeria, Bénin, Togo et Ghana). Avec le tapioca, le gari constitue l’un des dérivés les mieux élaborés du manioc ;

L’Attiéké constitue une variété de gari née en Côte d’Ivoire. Il connaît une diffusion de plus en plus large dans les centres urbains depuis 1994 en réponse à la dévaluation du franc CFA qui a renchéri les prix de certains produits alimentaires importés ;

Le lafun, qui est une farine de manioc obtenu après trempage du manioc frais dans l’eau pendant 4 jours. Les cossettes obtenues sont broyées et préparées sous forme de pâte au Nigeria et au Bénin. Au Togo et en Côte d’Ivoire, la farine est mélangée à du maïs et donne alors une pâte appelée du « agbéliman » ou « toh » ;

Les ignames qui sont consommées bouillies, grillées, frites ou sous forme de pâte dénommée foufou en Côte d’Ivoire, ignan au Nigeria, agoun ou chokourou au Bénin (pâte obtenue en pilant les tubercules cuits dans un mortier) ou de pâte dénommée amala au Bénin et au Nigeria (pâte obtenue à base de farine de cossettes d’igname). La consommation de l’igname sous cette forme prend de l’ampleur dans les centres urbains du Bénin, du Togo et du Ghana et du Nigeria. Le plat d’igname pilée est cependant plus onéreux que celui des autres dérivés des racines et de tubercules ;

L’igname, tout comme le manioc font également l’objet de transformation primaire en cossettes. Les cossettes d’igname sont dénommées télibo au Bénin et au Nigeria tandis que les cossettes de manioc sont dénommées kokonté au nord-Bénin, au Togo et au Ghana. Le produit est transformé en farine avant d’être cuit sous forme de pâte amala dans le cas des cossettes d’igname ou mélangé à de la farine de sorgho ou de maïs avant d’être cuit sous forme de pâte kokonté (du nom des cossettes de manioc) au nord-Bénin, au Togo et au Ghana ;

La pomme de terre est consommée dans la zone de l’UEMOA sous deux formes : en ragoût et en frites. La transformation embryonnaire est essentiellement artisanale. Elle est le fait de femmes qui font sécher la pomme de terre, la découpe en morceaux et la transforme en chips ou en farine. La pomme de terre dans le budget de consommation des ménages de la plupart des pays de la zone UEMOA, représente à peine 1% des dépenses alimentaires. La pomme de terre ne fait pas toujours partie des habitudes alimentaires des ménages de cette zone. Elle est consommée essentiellement en milieu urbain par les ménages à revenu élevé. La pomme de terre a longtemps été un mets méconnu des classes pauvres et est même encore considérée comme un bien de luxe dans la sous-région. Toutefois, cette perception tend à disparaître avec la hausse du niveau de vie liée à l’embellie économique constatée ces dernières années dans la région. Cette embellie économique a entrainé une classe moyenne de plus en plus abondante dans les principales grandes villes des pays de l’espace UEMOA. Cette classe moyenne s’occidentalise davantage et varie de plus en plus la ration alimentaire.

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La consommation des produits à base de racines et tubercules reste l’apanage des populations des pays forestiers, notamment de celles du Golfe de Guinée et des pays d’Afrique Centrale. Cependant, selon les données disponibles, on distingue quatre groupes de pays au niveau de consommation différencié :

Le premier groupe est constitué par la République Centrafricaine, le Congo et la République Démocratique du Congo qui ont un niveau de consommation des denrées alimentaires à base de racines et tubercules équivalents à quelque 427 kg par personne et par an ;

Le second groupe est représenté par le Bénin, le Cameroun, la Guinée Équatoriale, le Gabon, la Côte-d’Ivoire, le Nigeria et le Togo qui ont un niveau de consommation équivalent à environ 235 kg par personne et par an ;

Le troisième groupe est constitué par la Guinée, la Sierra Léone, le Libéria, la Gambie, la Guinée Bissau qui ont un niveau de consommation inférieur à 45 kg par personne et par an ;

Enfin, un quatrième groupe constitué pour l’essentiel de pays sahéliens (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger, et Tchad) se dégage clairement à travers le caractère marginal du niveau de consommation des plantes à racines et tubercules. Dans les trois premiers pays, le niveau de consommation des plantes à racine ne dépasse guère les 5 kg par personne et par an. Cependant, le Niger et le Tchad se détachent du lot pour afficher des niveaux de consommation respectivement de 8 kg et 10 kg par personne et par an.

La demande des produits à base de racines et tubercules dans les pays sahéliens est très sujette à la conjoncture de la campagne céréalière de ces pays. Le niveau de la demande d’igname et des dérivés du manioc (gari) dans les pays sahéliens (Niger, Burkina-Faso et Tchad) qui sont les plus gros importateurs nets de la sous-région, est fonction de la conjoncture de leur campagne céréalière. Cette dernière a été marquée par des excédents assez importants au cours des deux dernières années, notamment au Burkina-Faso, au Niger et au Sénégal. Il en a résulté une diminution assez importante des approvisionnements en produits dérivés de racines et de tubercules en provenance des pays côtiers.

La demande à des fins d’alimentation de bétail et par l’agro-industrie

La demande des produits à base de racine et de tubercule à des fins d’alimentation animale n’est pas répandue dans la sous-région. Les grandes zones productrices de racines et tubercules ne coïncident pas avec celles d’élevage, du gros bétail notamment. De même, le caractère extensif de l’élevage ne favorise pas le recours aux produits dérivés des racines et tubercules pour l’alimentation du bétail. Seules les épluchures et les bas quartiers du manioc et d’igname servent à l’alimentation des petits ruminants et des porcs au sud du Nigeria, du Bénin, du Togo et du Ghana et accessoirement de la Côte- d’Ivoire. Mais il existe là un important potentiel, qui bien exploité, peut aider à atténuer les problèmes non seulement de débouchés pour les racines et tubercules, mais aussi de conflits engendrés par la transhumance.

L’utilisation des produits à base de racines et de tubercules à des fins industrielles, reste très limitée à quelques pays : le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, notamment :

Le Nigeria a développé au cours des années 70 et 80, une vigoureuse politique de la transformation industrielle du manioc et de l’igname. Deux produits étaient principalement visés : le vitafufu (farine de manioc et de céréales, instantanée ou non) et des farines de manioc instantanées. Ces produits ont été mis au point et commercialisés par « The National Root Crop Company » et « Product of Tropic Foods Limited ». L’expérience se poursuit, même si les consommateurs ne semblent pas totalement satisfaits du goût des produits. Des moyennes entreprises, proches des grands sites de production et gérées par des entrepreneurs locaux, transforment le manioc en HQCF6, amidon et fufu de haute qualité pour l’export (cas de l’entreprise Peak Products Ltd, Abeokuta). Enfin, les usines agro-industrielles (par exemple Nigerian Starch Mills à Ihiala, Anambra) sont les principaux fournisseurs d’amidon de haute qualité aux industries manufacturières telles que Cadbury et Nestlé. Il convient de noter

6 HQCF: High Quality Cassava Flour

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toutefois que ces industries nigérianes ne transforment encore qu’une partie infime de la production du pays7.

Cependant, c’est dans la fabrication d’amidon et de l’alcool médical que les stratégies et les efforts se focalisent. L’expérience est ancienne au Nigeria, où au moins cinq unités de fabrication d’amidon ont été montées au cours des années 80 pour alimenter l’industrie du bois et du papier, des textiles et des boissons alcoolisées. On ne connaît pas exactement le niveau de la demande en amidon du Nigeria. De toute évidence, elle est importante et supérieure à 100 000 tonnes par an selon les estimations des autorités nigérianes. Ces dernières tablent sur cette demande nigériane et sur celle de l’Europe dont elles auraient déjà l’accord de principe de livraison pour installer trois unités moyennes de production d’amidon. Les regards de tous les producteurs de la région sont tournés vers la production de cette denrée qui permettrait de reléguer le gari au rang de dérivé secondaire.

La demande d’alcool médical est également très importante. Elle se monte à plus de 40 000 m3 par an pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Quelques unités de production très mal connectées aux réseaux de distribution fonctionnent au Bénin, au Ghana et au Nigeria. Celle du Bénin n’a qu’une capacité de production de 32 000 tonnes pour une demande nationale estimée à 1 000 m3 par an.

L’amidon de manioc rentre dans la préparation de bouillon servant d’assaisonnement des sauces dans la plupart des mets consommés en Afrique de l’Ouest. La multinationale Nestlé dispose d’une usine de production de bouillon à base d’amidon de manioc au Sénégal, l’amidon provenant principalement de la Côte d’Ivoire. De même, l’amidon est utilisé dans l’industrie du textile au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Mali pour la rigidification du tissu entrant dans la fabrication du « Basin ».

Noix en coque ou non : Cola, karité, coco desséchée

Usages de la noix de cola

La noix de kola ou cola est la graine d'arbres du genre cola, nommés génériquement colatier (ou kolatier), représentés principalement par le Cola nitida et le Cola acuminata. Originaire de la forêt tropicale de l'Afrique occidentale et centrale, elle est appréciée depuis très longtemps par les populations locales pour ses vertus stimulantes, tenant à sa forte teneur en caféine (de 1 à 4%). Consommée fraiche et débarrassée de ses téguments pulpeux, elle est longuement mâchée en bouche où elle développe d'abord une saveur astringente et amère puis sucrée

Symbole de bienveillance, elle tient aussi une place importante dans les us et coutumes de la société.

Produite dans les forêts tropicales s'étendant de la Guinée-Bissau au Ghana, elle est exportée vers le nord depuis des siècles, par des caravanes de porteurs, jusque dans la région de la savane soudanienne occidentale. Le commerce à longue distance s'est ensuite étendu vers l'Est, jusque dans l'actuel Nigeria.

La noix de cola est de la taille d'une châtaigne et pèse de 20 à 25g. Elle est utilisée notamment pour ses propriétés stimulantes mais possède aussi des propriétés antidépressives. Elle est réputée faciliter la digestion et avoir des propriétés aphrodisiaques. Elle possède un goût amer du fait de sa forte teneur en xanthines (caféine surtout, mais aussi kolatine et kolatéine qui adoucissent l'action de la caféine. La noix de kola est très commune dans de nombreuses cultures traditionnelles d'Afrique de l'Ouest mais aussi en Indonésie et au Brésil. Porteuse d'une valeur symbolique, elle est souvent consommée lors de cérémonies ou pour souhaiter la bienvenue aux invités, comme symbole de l'amitié partagée ou pour signifier une entente scellée ou une réconciliation entre deux parties.

Au XIXe siècle, elle était utilisée en Europe et aux États-Unis, en thérapeutique sous forme de poudre, d'extrait fluide, de teinture et même de vin. On la trouvait présentée mélangée avec du cacao, du quinquina, de la coca, dans des sodas.

Usages de la noix de karité

7 Fanny Grandval (2012). L’essor des produits dérivés du manioc en Afrique de l’Ouest. Grain de Sel, N°58, Avril

-Juin.

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Le karité et ses produits dérivés se vendent aussi bien à l’exportation que sur le marché national. Si à l’exportation il est possible d’appréhender les volumes, grâce notamment aux informations statistiques, le marché local reste difficile à cerner. Le marché du karité concerne aujourd’hui :

Le marché de consommation des ménages. Utilisation directe du beurre dans les aliments et comme cosmétique ou encore comme remède ;

Le marché des professionnels. Le beurre de karité peut être utilisé à l’état brut ou transformé comme produit d’hygiène corporelle ou produit d’entretien ;

Le marché à l’exportation. Principalement, l’amande de karité est orientée vers des niches de marché pour le beurre (industrie cosmétique, pharmaceutique,). Les exportateurs achètent les amandes et/ou le beurre brut, via leurs courtiers/négociants respectifs basés dans les pays producteurs ou les commerçants exportateurs locaux, et en fabriquent des produits raffinés qui sont utilisés par l'industrie alimentaire (chocolatiers), la cosmétique et la pharmacologie.

Les produits offerts par le karité sont :

L’amande de karité (produit biologique ou conventionnel) : les principaux acheteurs d’amandes de karité sont : AAK6 en Suède, LODERS CROKLAAN aux Pays-Bas, 3F en Inde et ADM en Allemagne. Ces grandes industries utilisent l’amande de karité pour l’extraction de la matière grasse destinée aux industries alimentaires (BARRY CALLEBAUT, CADBURY, FERRERO, KRAFT, MARS ou NESTLÉ, …) ;

Le beurre brut de karité (produits biologiques ou conventionnels) : produit par les femmes et destiné à l’exportation concerne les entreprises de cosmétique. Il s’agit de marchés de niches (souvent biologique et/ou commerce équitable) dont la demande en termes de volume est relativement faible mais dont les approvisionnements sont réguliers et constants ;

Les produits dérivés à base de beurre de karité (les pommades, les crèmes, les savons).

3.1.2. Caractérisation des circuits de commercialisation spécifique s’appliquant aux produits vivriers (et leurs dérivés) jugés porteurs

Les échanges de produits agricoles représentent une importante composante des transactions commerciales, tant au niveau local, régional qu’international. Selon le CILSS, les échanges de produits agricoles, notamment vivriers, constituent entre 80 et 90% du volume et de la valeur des échanges intracommunautaires de l’espace UEMOA. Les céréales suivies des produits animaux, occupent les principaux postes des transactions, impulsées par la demande des consommateurs, mais aussi par celle des industries agroalimentaires très importantes dans certains pays comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Le commerce régional des produits agroalimentaires progresse très sensiblement, mais reste fortement lié à la conjoncture alimentaire des différents pays. Devenu le vecteur de l’intégration régionale et le moyen d’insertion des petits producteurs dans le marché, il est dominé par trois catégories de produits : les animaux sur pied qui occupent probablement le premier poste des transactions, les céréales et les légumineuses, notamment le mil, le sorgho, le maïs et le niébé. L’essentiel des transactions se fait autour du Nigeria, qui constitue à la fois le principal fournisseur régional de certains produits (maïs, mil et sorgho) et le principal débouché pour les animaux sur pied et le niébé. À ces produits du cru s’ajoutent, de plus en plus, ceux issus de l’industrie agroalimentaire : jus de fruits et autres denrées manufacturées au Nigeria, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Sénégal.

Estimés à plusieurs centaines de millions de dollars US par an, les échanges locaux et régionaux de produits agricoles sont peu structurés, dominés par des produits tout-venant peu standardisés (l’essentiel des échanges se situant dans le secteur informel). Bien que les acteurs se structurent de plus en plus en réseaux (Réseau des chambres de commerce, Réseau des offices publics de gestion des stocks, RESIMAO, REAO), le niveau réel de l’offre et de la demande n’est pas bien maîtrisé. Selon le rapport d’évaluation du projet MISTOWA, la valeur du commerce intra régional des produits agricoles est passée de 305 millions $US en 2005 à 635 millions $US en 2007. Si l’on ajoute celle des produits animaux, visiblement plus importante, on peut estimer à plus d’un milliard de dollars la valeur des échanges intra régionaux contre quelque 5 milliards d’importations extra-africaines de produits agroalimentaires (Carte 2).

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Carte 2 : Balance commerciale intra-communautaire des États de l’UEMOA en 2015

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC), à partir de données BCEAO8

Au sein de l’espace UEMOA, deux grands types de flux commerciaux sont observables :

Les flux intra-communautaires ;

Les flux extra-communautaires.

Chacun des huit pays membres de l’UEMOA ont des niveaux d’intégration différents au niveau du commerce intracommunautaire comme l’indique le graphique 3 ci-dessous :

Graphique 3 : Intégration des pays de l’UEMOA dans les échanges intra-communautaires

Source : Données OPEN SOURCE MAP

8 Rapport sur le commerce extérieur de l’UEMOA, 2015

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Le Mali, le Burkina Faso, le Benin et, à un degré moindre, la Côte d’Ivoire ont un niveau d’intégration dans les échanges intra-communautaires plus importants que les autres pays qui ont des niveaux d’échanges extra-communautaires plus importants (graphique 4 et figure 3)

Graphique 4 : Intégration des pays membres de l’UEMOA dans le commerce communautaire

Part des exportations des pays membres de l’UEMOA dans les échanges communautaires

Part des importations des pays membres de l’UEMOA dans les échanges communautaires

Source : Données UEMOA

Carte 3 : Poids des pays de l’UEMOA dans le commerce intra-CEDEAO en 2016

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC), à partir de données ITC Trade Map, 2016.

Il est possible d’observer au niveau de la région Ouest-africaine quatre grands blocs commerciaux qui s’articulent autour de corridors commerciaux comme l’indique le schéma 2 et la carte 4 suivants :

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Schéma 2 : Flux commerciaux dans la région ouest-africaine

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

Flux côtiers de produits vivriers : racines et tubercules (dérivés manioc, igname, patate douce), noix (cola, karité, coco, etc.) ; fruits et légumes

Flux Ouest de produits vivriers : céréales (maïs, mil, sorgho), légumes, racines et tubercules (igname, manioc frais et dérivés) ; bétail sur pieds

Flux Est de produits vivriers : racines et tubercules ; dérivés manioc (gari, tapioca, cossettes, etc.).

Flux Nord de produits vivriers : Céréales sèches (mil, maïs, sorgho), animaux sur pieds (bétails).

Bassins de production et marchés d’échanges : Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad, Sénégal, Nord Bénin, Nord Nigéria

Corridor Ouest : Conakry – Banjul - Dakar

Corridor Est : Nord Bénin + Nord Nigéria + vers le Tchad

Bassins de production et marchés d’échanges : Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigéria

Corridor centre : Bouaké - Ouagadougou - Bamako -Dakar

Bassins de production et marchés d’échanges : Côte d’Ivoire, Libéria, Guinée, Gambie, Guinée – Bissau, Mali, Mauritanie

Corridor côtier : Conakry - Abidjan - Accra - Lomé - Cotonou - Lagos

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Carte 4 Sous espaces marchands de l’Afrique de l’Ouest

Source : CACID, Rapport sur le commerce en Afrique de l’Ouest 2012

Le commerce des produits vivriers au sein de l’espace ouest africain s’articule donc autour de quatre grands corridors de transport de marchandises.

Le corridor côtier

Ce corridor s’étend sur la bande côtière qui traverse plusieurs capitales à savoir, Conakry, Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Lagos. Il est même prévu la construction d’une voie autoroutière de Lagos à Dakar. Ce corridor est la voie d’expédition des racines et tubercules, mais également et plus spécifiquement, de la noix de cola en provenance de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Libéria et du Ghana.

La noix de cola en provenance du centre de groupage d’Anyama et du marché de gros de Bouaké en Côte d’Ivoire est expédiée vers le Nigéria, principalement au nord du pays. Dans l’État de Kano, on y retrouve un vaste marché de transaction de la noix de cola qui s’étend jusqu’au lac Tchad, à Niamey au Niger avec une réexportation vers l’Algérie et le nord du Cameroun. De même, la commercialisation de la noix de cola en provenance du Ghana et de la Guinée est plutôt orientée vers le marché de Ouagadougou au Burkina Faso et à Bamako au Mali.

Les échanges de cola se mesurent non pas en kilogrammes mais en paniers de 50 kg en équivalent poids utilisé comme emballage. Les noix ne font pas l’objet de calibrage ni de traçabilité moderne de leur l’origine. Les paniers renferment des noix tout venant de petit, moyen ou gros diamètre. Toutefois, au centre de groupage des marchés de transit d’Anyama et de Bouaké en Côte d’Ivoire, les noix font l’objet de tri selon la couleur et la grosseur. La noix de cola est transportée dans des véhicules poids lourds de 35 à 45 tonnes mais généralement portés à 60 tonnes avant l’entrée en vigueur dans l’espace UEMOA du contrôle du poids à essieu. Le volume moyen expédié de cola sur ce corridor tourne autour de 10 000 tonnes par an (MINADER, 2015).

À côté de la noix de cola, il y a l’huile de palme en provenance de la Côte d’Ivoire destinée au marché nigérian. Cette huile est également expédiée via ce corridor dans des véhicules citernes de 35 000 litres La Côte d’Ivoire est le premier client du Nigéria en huile végétale. La tomate en provenance du Nigéria est expédiée au Bénin via ce corridor.

Au Bénin, les localités de Pobè, Kétou, Ifangni et Igolo ont la particularité d’être dans la plus grande zone de production du manioc et à proximité du Nigeria (140 millions de consommateurs). Ce sont les marchés d’exportation vers les principales villes du Sud-ouest du Nigeria. Quant aux localités d’Azovè, Aplahoué, Grand-Popo et Comé, elles constituent des marchés relais des importations en

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provenance du Togo. Enfin, selon SOULE et al. (2008), la localité de Glazoué, marché situé dans l’une des plus grandes zones de production, constitue un lieu privilégié de regroupement et de fortes transactions des dérivés du manioc, principalement du gari et du tapioca. C’est également la zone où opère une bourse de gari et où est installée la seule usine (de Logozohè) de production d’alcool à partir du manioc.

Les postes de contrôle de Noé et Elubo au niveau de la frontière ghanéo-ivoirienne, de Cinkansé (Togo/Burkina), Malanville (Bénin/Niger), Sémé (Bénin/Nigéria) et Noépé (Ghana/Togo) aident à faciliter le passage et réduire les coûts des opérations commerciales, les retards et les harcèlements des opérateurs aux frontières de la sous-région.

Le corridor Est

C’est un corridor vaste qui favorise les flux de marchandises entre les pays de l’hinterland Est (Niger, Burkina Faso, Tchad) et les pays côtiers Est (Ghana, Togo, Bénin et Nigéria). Il est à cheval entre les sous-espaces de flux nord et est de la zone Ouest-africaine. Les produits échangés sur ce corridor sont essentiellement le manioc et ses dérivés (le gari et le tapioca) en provenance du Bénin. Malanville, troisième plus important marché du Bénin, constitue la principale porte de sortie des dérivés de manioc, notamment du gari béninois, vers le Niger et accessoirement vers le Nord Nigeria, via le marché de Kamba. Le gari est également réexporté vers le Tchad par le nord du Nigéria.

L’igname en provenance du Nord et Nord-Ouest du Ghana inonde le Burkina Faso et le Niger. La variété d’igname consommée, en grande quantité, est le kponan. Dans ces deux pays, l’igname est vendue à l’unité. La clientèle recherche plus les ignames de grosses tailles, notamment, celles en provenance du Ghana. La taille est une caractéristique essentielle de la demande de l’igname au Burkina Faso. Le Ghana constitue le principal pays fournisseur en ignames en direction du Burkina. L’approvisionnement se fait exclusivement à la frontière ghanéenne. La particularité des échanges à ce niveau est que les opérateurs grossistes n’ont pas le droit de s’approvisionner bord-champ.

De même, l’igname que l’on retrouve sur les marchés de Niamey a pratiquement les mêmes caractéristiques que celle vendue au Burkina Faso, c’est-à-dire, des ignames de grosse taille. Les ignames proviennent du Burkina Faso de façon massive mais aussi directement du Ghana. Le Burkina constitue une plateforme de groupage et d’éclatement de l’igname d’origine du Ghana qui approvisionne ensuite le Niger.

Sur ce corridor est également expédié vers les pays côtiers (le Togo, le Bénin et le Nigéria) le mil, le sorgho et l’oignon en provenance du Burkina Faso et du Niger. Le bétail sur pied en provenance du Niger, du Burkina Faso, du Mali et du Tchad, utilisent également ce corridor à destination du Ghana, du Bénin, du Togo et du Nigéria. Le sous-espace Est, constitué par le Nigeria et ses pays voisins, est un marché en pleine expansion du fait de la demande nigériane. Selon la FAO citée par Bonnet et Guibert (2009), la disponibilité nationale en viande du Nigeria est passée de près de 230 000 tonnes en 1990 à plus de 325 000 tonnes en 1999. Les importations nigérianes de bétail sur pied, en provenance du Tchad et du Niger, seraient de 720 000 à plus d’un million de têtes par an, soit de l’ordre de 20 à 25% de la consommation du Nigeria.

Le corridor centre

Il s’agit d’un couloir de transit entre les pays côtiers (Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin) et les pays du nord sahélien (Burkina Faso, Niger, Mali). Les produits empruntant ce corridor portent sur les céréales sèches (maïs, mil, sorgho), les racines et tubercules (pâte de manioc essorée, l’attiéké séché, le gari, le tapioca, les cossettes de manioc, la farine de manioc, l’igname, la banane plantain, la patate douce), l’oignon, le gingembre, les fruits (l’ananas, la banane douce, la mangue, les agrumes, le mangoustan), les noix de cola et de karité ainsi que le bétail sur pied.

Les marchés de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso et de Sikasso au Mali constituent les centres de groupage des marchandises en provenance des pays côtiers d’une part, et celles en provenance des pays sahéliens, d’autre part. Le marché de Gros de Bouaké est en passe de devenir le principal marché d’expédition des racines et tubercules, de la banane plantain ainsi que de la noix de cola vers le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Le mode de commercialisation de la noix de cola sur le corridor Est, est le même que sur ce corridor.

La noix de cola fraîche est présente sur l’ensemble des marchés du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Toutefois, le Burkina Faso et le Mali sont les plus gros importateurs de la noix de cola fraîche ivoirienne. À Ouagadougou, l’Association des Marchands de la Cola fraîche dispose de vastes

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magasins et d’un bureau administratif en plein cœur du marché central de la ville. Sur ce marché se déroulent les opérations de commercialisation en demi-gros et détail de la noix de cola fraîche. La noix de cola fraîche au Burkina Faso provient essentiellement de la Côte d’Ivoire (à plus de 90%) importée à partir des plateformes du Marché de Gros de Bouaké et celle d’Anyama. Moins de 10% de noix de cola fraîches proviennent du Ghana et du Nigéria. La noix de cola fraîche ivoirienne est la plus recherchée en raison de ses qualités gustatives. Au Mali, outre celle d’origine Côte d’Ivoire, la noix de cola fraîche provient également de la Guinée forestière, mais en très faibles quantités. L’essentiel des approvisionnements du Mali provient de la Côte d’Ivoire (Bouaké et Anyama).

Les paiements liés aux transactions commerciales se font cash entre les différents opérateurs de la filière cola du Mali et du Burkina Faso, avec une certaine particularité au niveau du Burkina Faso où les flux financiers échappent aux structures bancaires formelles. En effet, lorsqu’un accord informel est établi entre un acheteur et un vendeur, les paiements se font en utilisant le réseau des acteurs de la filière oignon ou ceux impliqués dans la commercialisation du bétail et ceci à des fins de compensation financière.

Au Niger, l’importation de la noix de cola fraîche est entre les mains de trois importateurs exclusifs. Le marché de la noix de cola fraîche a une structure de type oligopsone. La noix de cola blanche est la plus prisée par la clientèle. Le système de crédit vente domine ce marché. Les grossistes importateurs nigériens sont obligés de vendre à crédit leurs stocks de cola avec des durées de remboursement variant entre 2 à 3 semaines. Cette situation de forte prépondérance du crédit pose de réelles difficultés à ces opérateurs qui ont de plus en plus du mal à honorer leurs engagements vis-à-vis des grossistes exportateurs. L’absence d’accès au financement accentue davantage l’irrégularité des approvisionnements.

Contrairement au Burkina Faso et au Niger, l’igname est très consommée au Mali quel que soit les classes sociales. Les variétés kponan et kpassadjo sont les plus prisées en raison de leur qualité gustative qui ressemble trait pour trait à la pomme de terre également très consommée au Mali, mais relativement plus chère que l’igname. L’approvisionnement des marchés de Bamako et Sikasso en ignames se fait exclusivement à partir de la Côte d’Ivoire. Les marchés de Bamako et de Sikasso sont les pôles de groupage et d’éclatement sur l’ensemble des marchés du Mali et même au-delà (Dakar et Banjul). De même, l’on note l’existence d’un grand marché exclusivement consacré à la commercialisation de l’igname au Mali. Il s’agit du Nouveau Marché de Médine à Bamako. En revanche, sur les marchés de Ouagadougou et de Niamey, l’igname est échangée au détail sur de petites étales. La commercialisation est très dispersée d’un marché à un autre. Il est bon de mentionner que l’igname est transportée en vrac dans des véhicules de 45 à 60 tonnes.

Sur ce corridor est également échangée la banane plantain fraîche qui est très prisée au Burkina Faso et au Mali. Elle est généralement consommée sous la forme « d’alloco » c’est-à-dire de la banane frite à l’huile de palme raffinée ou sous forme de « foutou ; foufou ». Les marchés de Sankayaré à Ouagadougou, de Lafiabougou à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso et de Benkadi à Bamako au Mali constituent les plateformes de vente en gros, en demi-gros et au détail pour la banane plantain dans ces grands centres urbains. À Bobo-Dioulasso, le commerce de gros est le fait de femmes qui s’approvisionnent elles-mêmes directement bord-champ auprès de pisteurs en Côte d’Ivoire. Par contre, les grossistes de banane plantain du marché de Sankayaré à Ouagadougou s’approvisionnent auprès de grossistes exportateurs ivoiriens. Ces dernières, généralement, des femmes s’approvisionnent auprès de pisteurs.

Au Mali, la banane est vendue par doigt tandis qu’au Burkina elle est vendue par régime. Quel que soit les couches sociales, la banane plantain est très prisée et consommée dans ces deux pays. Elle fait partie intégrante aujourd’hui des habitudes alimentaires des populations de ces pays. Les opérateurs grossistes importateurs maliens de banane plantain, s’approvisionnent directement bord-champ en s’appuyant bien sûr sur des pisteurs. Le circuit d’approvisionnement du marché de Bamako à partir de la Côte d’Ivoire contourne la plateforme commerciale de Bouaké. Bamako est, en outre, aujourd’hui, la plateforme de réexpédition de la banane plantain vers le Sénégal et la Gambie.

La banane est transportée en vrac dans des véhicules poids lourds : ce qui augmente les avaries post-récoltes. La recherche de moyens de conditionnement adaptés pour l’expédition de la banane plantain afin d’accroître sa performance commerciale est donc plus qu’une nécessité. Au Niger, la banane plantain fraîche est très peu consommée à la différence de la banane douce. Les habitudes alimentaires peuvent être un élément explicatif.

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La pâte de manioc fermentée/essorée est issue de la première transformation du manioc. Elle est utilisée comme matière première dans la fabrication de l’attiéké, du gari et/ou du tapioca. Le commerce régional de la pâte de manioc fermentée/essorée connaît depuis ces dix dernières années une certaine floraison en raison de la consommation de plus en plus importante des dérivés du manioc et tout spécialement de l’attiéké dans les pays tels que le Mali et le Burkina Faso. Aujourd’hui, l’attiéké est en passe de devenir l’aliment de base prépondérant dans ces deux pays. On y trouve ainsi de plus en plus couramment au Burkina Faso comme au Mali des transformatrices d’attiéké autochtones ayant appris le processus de fabrication soit sur le tas, soit au contact des productrices ivoiriennes.

À la différence du Mali, il n’existe pas à proprement parler de marché de pâte de manioc fermentée/essorée constitué au Burkina Faso. Les transactions s’effectuent directement entre transformatrices et fournisseurs grossistes exportateurs ivoiriens ou grossistes importateurs burkinabés. Les commandes et livraisons s’effectuent sur la base de réseaux de connaissances à partir de Bouaké qui constitue la plateforme d’expédition. Les livraisons se font directement au domicile de la cliente. Au Mali, il existe un grand marché de pâte de manioc fermentée/essorée appelé « Marché Benkadi » de Bamako. Sur ce marché, se déroulent à la fois des opérations de demi-gros et de détail. C’est sur ce marché que les livraisons se font. Le Mali constitue aujourd’hui le plus gros marché importateur de pâte de manioc fermentée/essorée en provenance de Côte d’Ivoire devant le Burkina Faso.

Si au Niger la pâte de manioc fermentée/essorée ne fait pas encore l’objet de flux d’importation, l’attiéké y est néanmoins consommé. L’approvisionnement se fait, en général, à partir du Burkina Faso. En outre, la farine de manioc non fermentée utilisée dans l’alimentation et l’amidon pour la teinture constituent des créneaux commerciaux porteurs dans ce pays.

Le commerce de l’oignon sur le corridor centre implique le Niger, le Mali et le Burkina Faso comme pays fournisseurs en direction des pays côtiers notamment, la Côte d’Ivoire (le plus gros importateur), le Ghana, la Guinée, et le Togo. L’oignon est expédié en sac de jute de 100-120 kg par camion poids lourds de 45 à 60 tonnes. Les transactions se font dans le cadre de réseaux commerciaux constitués sur la base de liens familiaux, historiques, culturels et ethniques (Haoussa, groupe ethnique populaire au Niger et au Nord du Nigéria) à partir des années 60 à la faveur de l’exode saisonnier des Nigériens vers les pays côtiers de la sous-région9. L’organisation et le fonctionnement du système commercial reposent sur un clientélisme social, religieux et étatique10. Cette mise en réseau représente une stratégie de réponse aux risques d’une commercialisation sur longue distance, dans un horizon temporel indéterminé et en absence de lignes de crédit et de mécanisme d’assurance11.

Un comptoir ouest africain d’oignon à Madaoua, au centre Niger, est créé pour mieux organiser la commercialisation de ce produit dont la filière rapporte chaque année, plus de 17 milliards de FCFA à l’économie nationale. L’oignon du Niger, plus connu sous le nom de « violet de Galmi » en raison de sa couleur et du nom de la localité de production, est commercialisé en sacs filets standardisés, avec des circuits internes et externes de distribution organisés. La modernisation du commerce de l’oignon nigérien est véritablement en marche.

Le gingembre est produit majoritairement en Côte d’Ivoire dans la zone Sud-Ouest du pays. Le commerce de ce produit a pris de l’importance dans la zone UEMOA avec des commandes importantes en provenance du Niger et du Sénégal. Le gingembre est exporté en sac de jute de 50 kg.

Ce corridor est le couloir privilégié du commerce du bétail sur pied à destination de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo. Environ 400 000 à 500 000 têtes de bétail sur pied alimentent les marchés de ce couloir chaque année. La demande ivoirienne, après la déprime des années 2003 à 2006, s’est nettement relancée. La demande ghanéenne devrait aussi très fortement augmenter ces prochaines années. Le convoyage des bêtes se fait par camion ou par train.

9 David O., 1996. Les effets de la dévaluation du fra CFA sur les systèmes de production de l’oignon au Niger. Document de travail en économie des filières : Résultat des enquêtes menées en juillet 1195. A. 1996 ; n27 (ISSN). Montpellier/ CIRAD http://hdl.handle.net/10068/1219. 10 Grégoire E., Labazée P, 1993. Grands commerçants ‘Afrique de l’Ouest : logique et pratiques d’un groupe d’hommes d’affaires contemporains. Kathala Éditions. 11 Arnould E J, Mohamed I S, 1992. Niger: export marketing of nigérien ognons. Final Draft. U.S. Agency for International Development Niamey. AID project N°936-5477.

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Le corridor ouest

Selon le CILSS (2010), les flux de denrées agricoles sur ce corridor prennent la direction des zones urbaines, notamment côtières, dont la forte demande exerce une puissante attraction sur le marché régional. La troïka Touba-Dakar au Sénégal et Diaobé dans les confins de la Gambie, constitue l’épine dorsale du commerce des produits agricoles dans le bassin ouest. En effet, les flux alimentaires dans le bassin convergent vers Dakar et le nord-ouest sénégalais, zone urbanisée, à revenu relativement élevé (Tableau 15) dont la demande considérable exerce une forte influence sur les marchés des pays voisins.

Tableau 15 : PIB par tête et population des principales villes du corridor ouest

PIB par tête en USD (2007) Population en millions de la principale ville (2007)

Gambie 357 Banjul, 0.4

Guinée 451 Conakry, 1.4

Guinée-Bissau 210 Bissau, 0.3

Sénégal 908 Dakar, 2.6

Mali 554 Bamako, 1.5

Mauritanie 874 Nouakchott, 0.7

Source : Nations Unies (2010)

Le marché de Touba, centre névralgique du commerce agricole sénégalais, a pour vocation d’importer les produits vivriers et de rentes de toutes origines et de répartir cette offre sur les centres urbains de Dakar, du nord du bassin arachidier, de la Petite Côte et des zones rurales déficitaires (CILSS, op.cit.).

La place de Diaobé sert de point d’entrée au marché sénégalais pour les produits gambiens, bissau-guinéens et guinéens destinés à satisfaire la demande des zones urbaines du nord-ouest sénégalais. Les opérateurs étrangers n’ont pas d’accès direct aux marchés de Dakar et de Touba, au cœur du bassin. Si les flux se réalisent sur de très longues distances – comme dans le cas du commerce des produits tropicaux (huile de palme, piment) ou du bétail – ce sont les opérateurs nationaux qui prennent le témoin à partir de marchés-relais comme Diaobé. Le marché de Dahra joue le même rôle pour le bétail. Les marchés de regroupement de Rosso en Mauritanie, ou de Kayes au Mali, permettent également ce passage de témoin aux opérateurs nationaux.

Il est bon de noter que le commerce transfrontalier d’huile de palme sur ce corridor s’articule autour du transfert en flux long des excédents de la zone forestière vers la plateforme de Touba, qui alimente le principal foyer de la demande dans le bassin ouest.

Les cartes 5 et 6 résument les principaux flux et marchés céréaliers en Afrique de l’Ouest

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Carte 5 : Flux de céréales locales dans l’espace ouest africain

Source : CACID, Rapport sur le commerce en Afrique de l’Ouest 2012

Carte 6 : Principaux marchés céréaliers en Afrique de l’Ouest

Source : CACID, Rapport sur le commerce en Afrique de l’Ouest 2012

3.1.3. Infrastructures liées au commerce dans l’espace UEMOA

La mise en place de la BRPV exige des infrastructures d’accompagnement facilitant l’accès à la fois aux zones de production et au marché. Ces infrastructures portent sur le mode et le moyen de transport, y compris la conteneurisation/palettisation, le transport intermodal, l’interconnexion des

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systèmes informatiques douaniers, les TIC et l’existence de Système d’Information de Marché fonctionnel (SIM). En outre, les dispositifs de stockage (nature, localisation, capacité et qualité des infrastructures de stockage y compris chaîne du froid, systèmes de récépissés d’entrepôt, etc.) doivent être disponibles et performants.

Quel est l’état de la disponibilité et la qualité de ces infrastructures dans l’espace UEMOA ?

Les tableaux 16 à 24 suivants proposent une synthèse des informations sur les infrastructures recueillies lors des enquêtes réalisées dans chacun des États membres de l’UEMOA par les points focaux du projet :

Tableau 16 : Infrastructures routières et portuaires

Pays

Réseau routier (en Km) et ferroviaire Ports

Revêtues Autoroute Non

revêtues

Voies ferroviaires

(Km)

Nombre de port

Magasins produits vivriers

Capacité d’accueil

Côte d’Ivoire 6514 230 75482 1260 02 02 140 000 m2

Burkina Faso

3642 - 11 662 650 ND ND12 ND

Guinée Bissau

965 7 2490 0 04 08 30 000 m2

Niger 4409 0 8537 140 0 0 0

Sénégal 5970 68 10080 ND 02 ND 40 000 m2

Source : Données d’enquête, 2017

12 ND : Non Disponible

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Tableau 17 : Infrastructures de télécommunications

Pays Téléphone fixe

Nb Abonnés Taux de pénétration Durée coupure Tarif

Côte d’Ivoire 289108 1,20% Vitesse de relève des dérangements en 48h.

CIT : 74,7%

MTN : 100%

National (Intra-réseau : 55F ; Fixe vers Mobiles : 87,5F ; Fixe vers autres Fixes : 87,5F)

*International (France, USA, Canada, Liban, Maroc : 125F)

Burkina Faso 75075 0,41% 2 à 3 mois Fixe vers Fixe : 45 F/min ;

Fixe vers mobile : 75 F/min et Prépayer : 90 F/min

Guinée Bissau 5000 - ND 150 F/min

Niger 160848 Néant 20mn 101

Sénégal 288652

Source : Données d’enquête, 2017

Pays Téléphone mobile

Nb Abonné Taux de pénétration. Durée coupure Tarif

Côte d’Ivoire 27451250 113,32% Taux d'interruption des appels mobiles cellulaires :

ORANGE : 0,84%

MTN : 0,73%

MOOV : 1,21%

Prépayé : (National : 93 F ;

Inter : 139,95 F)

Post payé (National : 89,43 F-

Inter : 141,53 F)

Burkina Faso 14446897 ND 3 mois 1,5 F/s

Guinée Bissau 1 100 000 - ND 150 F/min

Niger 7559133 38,63% 5mn 1,66F/s

Sénégal 15261486

Source : Données d’enquête, 2017

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Pays

Internet

Nb Abonné Taux de pénétration

(%). Durée coupure Tarif

Côte d’Ivoire 10 491 032 43,31% ND Fixe ADSL :

1Mbit = 26 267 F/mois

8Mbit = 63 500 F/mois

Mobile prépayé :

1Go = 5016,3 F/mois

10Go = 23 600 F/mois

Burkina Faso ND ND 3 Ligne filaire (ADSL) : 12500 FCFA à 153 900 FCFA ;

Internet mobile : 250 FCFA à +

Guinée Bissau 56 100 - ND 150 FCFA/min

Niger 3810133 19,06% 24h 75 FCFA/min

Sénégal 16 897 309 Néant Néant Néant

Source : Données d’enquête, 2017

Tableau 18 : Infrastructures SIM et Banque

Pays SIM Banque

Nb Fréquence de diffusion

Commerciale Institution de Microfinance

Services bancaires en ligne/mobile

Taux pénétration

(%)

Crédits aux vivriers

Chiffre d’Affaires des transactions

Côte d’Ivoire 02 Quotidien 26 52 4 20,36% ND ND

Burkina Faso 04 Quotidien 13 168 2 13,14% ND ND

Guinée Bissau 01 Semaine 05 ND ND 8,84% ND ND

Niger 01 Quinzaine 13 40 4,89% 3 772 708 000

Sénégal 04 Plein temps 16,33%

Source : Données d’enquête, 2017

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Tableau 19 : Infrastructure de stockage

Types de moyen de stockage Paramètres Côte d’Ivoire Burkina Faso Guinée Bissau Niger Sénégal

Centre de groupage Effectif 8 ND Indéterminé 15

Capacité (milliers de tonne) 2 ND ND 200

Coût entreposage ND ND ND 50 F/sac

Politique de certificat d’entreposage oui ND ND Oui

Disponibilité ND ND ND ND

Marché de gros Effectif 01 ND Indéterminé +20

Capacité 370 magasins de 18m2

ND ND ND

Coût entreposage ND ND ND

Politique de certificat d’entreposage Oui ND ND ND

Disponibilité ND ND ND ND

Magasin de stockage Effectif +1000 +200 Indéterminé 237 300

Capacité (milliers de tonne) 1 50 ND 16 807 50000

Coût entreposage 100 F/sac de 75 kg

100 F/sac 100kg

ND 10-15 F/kg/mois

Politique de certificat d’entreposage Oui Néant ND ND

Disponibilité ND ND ND ND

Source : Données d’enquête, 2017

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Tableau 20 : Infrastructures dédiées au contrôle qualité

Infrastructures contrôle qualité

Paramètres Côte d’Ivoire Burkina Faso Guinée Bissau Niger Sénégal

Certification/traçabilité Effectif 01 01 ND ND Société privée

Dénomination CODINORM ABNORM ND ND ND

Types de prestation Traçabilité et normalisation

Analyse, audit, certification

ND ND Certification

Contrôle qualité Effectif 03 02 31 ND 02

Dénomination ACE, LANEMA, LANADA

ABNORM/DPVC Contrôle et santé animale

ND DQSC, Labo du Ministère

Types de prestation Audit, concessionnaire qualité, Contrôle hygiène et sanitaire

Conformité, Edition de certificat de consommation, Inspection, Contrôle export

Vaccination et traitement ; Inspection sanitaire ; Veille épidémiologique ; Émission certificats zoo sanitaires ; suivis des créateurs

ND Contrôle de la qualité

Inspection phytosanitaire Effectif 02 01 07 19 01

Dénomination Direction de l’Inspection Phytosanitaire du Ministère de l’Agriculture

DPVC Contrôle phytosanitaire

Contrôle phyto Direction de la protection des végétaux

Types de prestation Contrôle phytosanitaire des végétaux et des aliments

Inspection des produits végétaux à l’export

Inspection, Fumigation et émission de certificats

PV d’inspection et certificat phyto

Inspection phytosanitaire des végétaux

Source : Données d’enquête, 2017

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Tableau 21 : Infrastructures adaptées à la containerisation

Infrastructures de containeurs Paramètres Côte d’Ivoire Burkina Faso Guinée Bissau Niger Sénégal

15 – 150 pieds Capacité disponible 15 – 150 pieds ND 5000 ND

Effectif +80000 containeurs

ND 25000 ND

Coût d’accès 1500000-4500000 ND 6010.125 USD/j ND

Source : Données d’enquête, 2017

Tableau 22 : Infrastructures capables d’assurer une chaîne du froid

Infrastructures Paramètres Côte d’Ivoire Burkina Faso Guinée Bissau Niger Sénégal

Chambre froide Capacité disponible 2500 T ND ND ND 60 000 T

Effectif 12 chambres froides

ND ND ND 20

Coût d’accès 250 FCFA/kg/j ND ND ND 10-15 F/kg/mois

Containers frigorifiques Capacité disponible 20 à 40 pieds ND ND ND 10 000 T

Effectif ND ND ND ND ND

Coût d’accès 3 à 5 million ND ND ND ND

Source : Données d’enquête, 2017

Tableau 23 : Existence d’un projet de bourse agricole

Pays Existence d’un projet de bourse agricole ?

Commentaires

Côte d’Ivoire Oui Il existe un projet de création d’une bourse agricole de matières premières piloté par le Ministère de l’Agriculture.

Burkina Faso Oui Il s’agit d’un projet de création d’une bourse virtuelle via une plateforme électronique. La plateforme existe et la sensibilisation est en cours.

Guinée Bissau Non

Niger Non Agriculture en voie de modernisation

Sénégal Oui Le projet n’est pas encore finalisé pour être exécuté en raison de problème de portage et de financement

Source : Données d’enquête, 2017

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Tableau 24 : Infrastructures liées à la normalisation, assurance, accréditation et métrologie

Infrastructures Paramètres Côte d’Ivoire Burkina Faso Guinée Bissau Niger Sénégal

Normalisation

Effectif 02 01 02 01 01

Dénomination CODINORM et LANADA, LANEMA

ABNORM Comités Techniques

AVCN Association Sénégalaise de Normalisation

Prestation

Élaboration et édition de normes, la certification des produits, contrôle de la qualité et de l’hygiène des aliments, Essais de qualité et de conformité aux normes

Élaboration code de bonne conduite ; Vente de normes

Élaboration et analyse de normes

Élaboration et contrôle de normes

Proposition de normes

Assurance

Effectif 0 02 +14 ND 01

Dénomination ND ABNORM ;

DPVC

NSIA, Guinebis, Schengen, etc.

ND Assurance agricole

Prestation Quasi rare en raison du caractère risqué de la production vivrière

Promotion qualité ; Formation – sensibilisation ;

Assistance-conseil

Divers ND Assurer la production et le producteur

Métrologie

Effectif 01 01 01 04 01

Dénomination

DMRFCQ (Direction de la Métrologie, de la Répression des Fraudes et du Contrôle de la Qualité)

ABNORM IMM-GB Direction de la métrologie légale

Prestation

Élaboration de lois et règlements relatifs à la métrologie, à la qualité et à la fraude et de veille

Étalonnage des instruments ; Contrôle métrologique des préemballages

Prévision et divers Péage routier Contrôle des mesures

Source : Données d’enquête, 2017

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La mise en place de la BRPV requière l’existence d’un réseau d’infrastructures modernes et en bon état de fonctionnement. Parmi celles-ci, notons :

L’état du réseau routier, les infrastructures portuaires, et les moyens de télécommunication ;

L’accompagnement financier au travers des institutions financières (banques et assurances) ;

Des moyens de stockage et de conditionnement ;

Un dispositif de contrôle qualité prenant en compte la certification, la normalisation, l’accréditation, l’assurance et la métrologie ;

Des services logistiques (y compris quai de chargement, container, chaîne du froid) et des matériels de manutention, de levage et de transport industriel permettant d’assurer la containerisation et le respect de la chaîne de froid.

On observe qu’en dehors de la Côte d’Ivoire et à un degré moindre le Sénégal, l’offre en infrastructures d’accompagnement du projet de BRPV doit être renforcée en vue de réduire les coûts liés à la mise en marché. La faiblesse des infrastructures constitue un frein certain à la mise en place de la BRPV.

Il n’existe qu’un seul marché de gros régional (celui de Bouaké en Côte d’Ivoire) qui offre toutes les commodités adaptées pour l’entreposage des céréales sèches et des racines et tubercules ainsi que leurs dérivées. Le projet de création d’un marché de gros similaire au Sénégal est en cours. En outre, l’interconnexion des principaux centres de consommation urbains au niveau des différents pays de l’Afrique de l’Ouest au moyen d’un réseau routier de bonne qualité en est encore à ses débuts. Seule la Côte d’Ivoire a un réseau routier dense avec plus de 6500 km de routes bitumées et une autoroute de 230 km de long prévue pour être prolongée jusqu’à la frontière du Burkina Faso et du Mali. La connexion routière par le corridor Ouest entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal en passant par la Guinée Conakry et la Sierra Leone est quasi impossible compte tenue de l’absence de voie directe. En revanche, il existe une voie directe d’accès sur le corridor Est, entre la Côte d’Ivoire et le Nigéria en passant par le Ghana, le Togo et le Bénin. Un projet de conversion de cette voie en autoroute est en cours de mise en œuvre, il ne reste plus que le bouclage financier du projet. La carte 7 illustre les principaux corridors de transport à l’œuvre en Afrique de l’Ouest.

Carte 7 : Principaux corridors de transport dans l’UEMOA et en Afrique de l’Ouest

Source : CACID, Rapport sur le commerce en Afrique de l’Ouest 2012

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Les capacités des ports d’Abidjan, de Dakar, de Tema, d’Accra, de Lomé et de Cotonou sont insuffisamment exploitées s’agissant du commerce régional des produits vivriers en raison de la faiblesse de l’offre d’infrastructures portuaires adaptées aux produits vivriers. La chaîne de froid disponible concerne plus les produits de la pêche, les denrées importées (viande congelée), etc. Le réseau ferroviaire d’environ 2000 km est insuffisant. Il ne permet pas la connexion des grandes capitales de la région. Des projets sont néanmoins en cours dans ce sens avec la boucle ferroviaire Abidjan, Ouagadougou, Niamey, Cotonou. Un projet structurant du genre devrait être envisagé sur la bande côtière permettant de relier Dakar à Lagos via Freetown, Conakry, Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou.

L’un des facteurs essentiels nécessaires au bon fonctionnement de la BRPV sont les moyens de télécommunication. Si la plupart des pays de la région ont réalisé de gros progrès en matière d’investissements dans les technologies de l’information et de communication pour la voix (téléphonie fixe et mobile), cela n’est pas le cas pour l’internet où le taux de pénétration est encore en-dessous de 50% avec une concentration dans les grandes agglomérations urbaines et une faible couverture en milieu rural.

La bancarisation du secteur vivrier est encore très faible avec un taux de pénétration des services bancaires de moins de 30%. Ces services restent essentiellement localisés en milieu urbain, même si les institutions de microfinance et de service bancaire en ligne/ mobile (mobile banking) offrent aujourd’hui de réelles perspectives pour contourner la faible couverture des banques commerciales. Malheureusement, le montant des crédits et des opérations financières offerts par ces institutions financières est limité par les dispositions réglementaires de la commission bancaire de l’UEMOA.

Le dispositif lié au contrôle qualité constitue lui aussi un handicap dans le cadre de la mise en place de la BRPV. En effet, les échanges s’effectuent encore sans une normalisation et harmonisation des unités de mesure à l’échelle de l’ensemble des pays ; ce qui pose des problèmes de convertibilité forte. La certification et la traçabilité des produits vivriers échangés restent à l’état embryonnaire. De nombreux produits vivriers circulent entre les opérateurs de la région sans un certificat de contrôle qualité. Les normes de qualité des produits vivriers en circulation sont insuffisantes. L’inspection phytosanitaire s’effectue avant tout dans les ports et aéroports plus qu’aux frontières terrestres.

Enfin, l’assurance dans le contexte du commerce des produits vivriers est peu fréquente en raison de la méconnaissance par les opérateurs et du peu d’intérêt accordé par les compagnies d’assurance à ce secteur.

3.1.4. Récapitulatif des principaux obstacles et contraintes à lever au niveau de la commercialisation des produits vivriers à lever dans la perspective de la mise en œuvre de la BRPV

Les obstacles et contraintes liés à la commercialisation des produits vivriers s’articulent autour du triptyque suivant :

3.1.4.1. Des obstacles liés à une application partielle des textes et aux coûts de transport élevés

Les rapports de l’Observatoire des Pratiques Anormales (OPA) et du Centre-Ouest Africain pour le Commerce (West Africa Trade Hub – WATH) montrent que les échanges de marchandises, y compris les produits vivriers, sont encore entravés par des barrières tarifaires, non tarifaires et techniques.

Selon ces rapports, les principales entraves aux échanges des produits vivriers viennent de la non-application des textes sur l’intégration régionale et la méconnaissance par les opérateurs des textes et règlements qui régissent leurs activités. La circulation des produits importés sur les deux principaux corridors routiers – Dakar-N’Djamena et Abidjan-Lagos – reliant les pays ouest-africains aux pays d’Afrique Centrale se heurte à un patchwork de règles appliquées différemment selon les pays. Certains pays continuent d’appliquer des droits sur les produits transformés voire sur les produits non transformés. D’autres ont recours à des embargos saisonniers sur les importations et les exportations, y compris sur les produits du cru. Ces restrictions sont motivées par des raisons de sécurité alimentaire, de normes ou de protection sanitaire.

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Au Sénégal, on note des restrictions quantitatives sur les arachides et l’huile de palme. Des restrictions sur les importations d’oignons et de tomates sont également appliquées durant la période de récolte.

Le principal obstacle à une plus grande intégration des marchés reste sans doute l’importance des coûts qui s’accumulent tout au long du circuit de distribution : coût des transports et plus généralement de la logistique, mais aussi les coûts engendrés par la lourdeur des procédures administratives.

Le coût élevé du transport s’explique non seulement par la régulation excessive du secteur des transports et le mauvais état des routes, mais aussi par l’exigence de « faux frais » aux différents postes de contrôle, en particulier dans les ports et aux postes frontières selon la CEA (2010) et OPA (2017). L’indice de performance logistique établi par la Banque Mondiale indique que les pays africains sont nettement en retard par rapport à d’autres régions en ce qui concerne les douanes, les infrastructures, les compétences en logistiques et la rapidité des procédures d’exportation et d’importation. De même, le coût des échanges transfrontaliers est plus élevé en Afrique subsaharienne et représente plus du double du coût enregistré en Asie de l’Est et pour les pays de l’OCDE (Banque Mondiale, 2010).

La longueur des temps de transports, une mauvaise application de la réglementation, les délais d’attente lors des contrôles et l’incertitude qui entoure l’ensemble des opérations (montant des taxes, mesures de restrictions, etc.) alourdissent le coût des échanges. Les pertes occasionnées du fait de la multiplication des contraintes et des longs délais d’attente, grèvent les coûts de commercialisation des produits vivriers, qui pour la plupart sont périssables.

3.1.4.2. Des obstacles liés à l’exercice de la souveraineté alimentaire au niveau national

La sécurité alimentaire est l’une des priorités affichées par la CEDEAO et l’UEMOA à travers leurs politiques agricoles. De fait, la mise en place d’un marché commun laisse peu de place à des politiques agricoles autonomes qui seraient fondées sur le soutien ou la subvention des prix ou la régulation de la production.

La flambée des prix agricoles internationaux en 2008 et 2011 a amené les États à prendre des mesures d’urgence unilatérales visant à protéger les consommateurs de la hausse des prix des produits de première nécessité, au premier rang desquels figurent les produits agricoles. Relevons ainsi la suspension des droits de douane, réduction ou suspension de la TVA, subvention à la consommation sur les produits alimentaires, contrôle des prix, etc. Des mesures de réintroduction des subventions aux intrants et aux crédits de campagne pour la relance de la production.

Les déficits de production consécutifs aux longs épisodes de sécheresse que la zone connaît amène nombre de pays à mettre en place des mesures d’interdiction des exportations, y compris vers les pays communautaires. Ces mesures visant à protéger les consommateurs nationaux vont à l’encontre de la construction du marché commun, et donc dans la mise en place de la BRPV. Ces actions montrent la confiance limitée qu’accordent les États membres au marché communautaire pour assurer la sécurité alimentaire régionale. La tentation de protectionnisme reste toujours très présente au niveau des États membres de l’Union. Dans ces conditions, la BRPV jouera difficilement son rôle d’instrument de sécurité alimentaire.

3.1.4.3. Des obstacles liés à la qualité des données sur les échanges régionaux et la persistance de l’informel

Enfin, la mauvaise qualité des données sur les échanges régionaux en raison non seulement de la faiblesse des appareils statistiques et douaniers, mais également de la nature informelle de la plupart des transactions, constituent des freins réels à la mise en place de la BRPV.

3.1.4.4. Des obstacles liés à l’insécurité dans la zone UEMOA

L’insécurité grandissante dans la zone UEMOA avec l’instabilité liée aux mouvements Djihadistes au Nord du Mali ainsi qu’au phénomène de Boko Haram au Nord du Nigéria, rend particulièrement

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dangereux les axes routiers de commercialisation des produits vivriers dans la zone. Cette insécurité se manifeste par des braquages fréquents du fait de coupeurs de route. En outre, elle a entrainé une résurgence des nombreux barrages des forces de sécurité sur les routes, en particulier sur les axes Abidjan – Ouagadougou, Abidjan – Bamako, Bamako – Dakar, Cotonou – Niamey, etc. Une situation qui ne facilite pas la fluidité du trafic.

3.2. Caractérisation de l’offre de produits vivriers (et leurs dérivés) jugés « porteurs », y compris concernant les principaux obstacles et contraintes liés à lever

3.2.1. Zonage des principaux bassins de production (localisation géographique)

L’analyse des principaux bassins de production de produits vivriers permet de distinguer quatre grands blocs de production :

3.2.1.1. Le bassin céréalier : maïs en grain, mil en grain, le sorgho en grain et le sésame en grain

Céréales Bassins de production Caractéristiques du bassin

Maïs en grain

Le maïs est relativement bien répandu dans tout le sud et le centre de la zone ouest africaine On peut distinguer 2 grands bassins :

Bassin 1 : le Golfe de Guinée avec le Bénin ;

Bassin 2 : correspondant à un petit bassin, comprend la Côte d’Ivoire, le Sud du Mali, l’Ouest du Burkina et le Sénégal oriental ;

Les rendements sont un peu plus homogènes dans la région avec des pointes moyennes supérieures à 1,5 tonne/ha. Alors que la période de juin à novembre correspond à la période d’abondance, celle de décembre à avril est la période de pénurie. Le changement climatique influence significativement les saisons culturales.

Mil en grain

Nous avons trois grands bassins de production dans l’UEMOA :

Bassin 1 : le Sud du Niger ;

Bassin 2 : la Sénégambie ;

Bassin 3 : la zone couvrant le Burkina et le Nord-Est du Mali

Dans les bassins 1 et 3 les rendements moyens sont supérieurs à la 800 kg/ha tandis que dans le bassin 2, ils sont inférieurs. On note deux grandes saisons : de Mai - Novembre correspond à la période d’abondance et de Décembre – Avril, la période pénurie. Le changement climatique impact fortement la saisonnalité de la production avec une modification progressive du cycle de production.

Sorgho en grain

La production de sorgho se trouve dans trois grands bassins :

Bassin 1 : le Sud du Niger;

Bassin 2 : le Burkina Faso ;

Bassin 3 : la Sénégambie moins marquée que les deux premiers

Quelques bassins ont des rendements supérieurs à 1,2t/ha. Le Sud-Ouest du Burkina. Deux autres zones se détachent avec des rendements moindres : l’Est et le Sud Est du Sénégal (bassin 3), le Fouta Djallon et l’Est du Burkina (Bassin 2).

Sésame en grain

La production de sésame se trouve dans un grand bassin de production situé entre le Burkina Faso, le Nord de la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal. Le grand bassin de production étant le Burkina Faso

Les rendements moyens se situent entre 500 et 750 kg/ha. La production du sésame est marquée par deux saisons ; la période de pointe qui se situe entre juin à novembre et la période creuse d’octobre à mai.

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

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3.2.1.2. Le bassin racines et tubercules : cossettes de manioc, semoule de manioc (gari, tapioca), l’attiéké séché (couscous de manioc) farine de manioc, Igname

Racines et tubercules

Bassins de production Caractéristiques du bassin

Cossette de manioc, semoule de manioc (gari, tapioca), l’attiéké séché (couscous de manioc), farine de manioc

La production du manioc tend à s’étendre sur toute la bande ouest africaine sauf le nord du sahel. Néanmoins deux grands bassins de production se distinguent :

Bassin 1 : la région forestière de toute la moitié sud de la Côte d’Ivoire avec une prépondérance du manioc frais, cossettes de manioc, farine de manioc, pâte de manioc, amidon et attiéké ;

Bassin 2 : correspond à la zone Centre du Bénin avec une prépondérance pour les semoules (gari et tapioca)

Dans les deux bassins, les rendements moyens du manioc frais au champ peuvent dépasser plus de 12 t/ha. On y distingue plusieurs variétés de manioc qui peuvent se classer en deux catégories distinctes : le manioc doux utilisé pour la consommation sous forme de foufou et le manioc amer. Les feuilles du manioc doux sont très prisées par certaines populations de la région notamment le Sud-Ouest et l’Ouest de la Côte d’Ivoire.

Igname

La production d’igname se pratique tout au long du Golfe de Guinée, On observe une certaine concentration de la production dans un grand bassin : la Côte d’Ivoire.

Néanmoins, il y a une remontée de la production dans le sud du Mali et du Burkina Faso.

Les rendements moyens de production dans ces deux bassins sont supérieurs à 10t/ha. Il y a plusieurs variétés d’igname produites et consommées dans la région : l’igname précoce avec trois variétés dont la période de disponibilité est de juillet à octobre et l’igname tardive d’octobre à juin.

Banane plantain

Le bananier plantain est cultivable dans les zones tropicales où les pluies atteignent 1100 mm par 1100 mm par an. À ce titre, la Côte d’Ivoire apparait également comme le principal bassin de production de la banane plantain dans l’espace UEMOA.

Plusieurs variétés de banane plantain sont répertoriées dans ces deux grands bassins de production :

- La variété Batard avec un rendement de 8 à 25 T,

- La variété « 3 vert », avec un rendement de 10 à 25T,

- L’Orishele, très rependue, avec un rendement de 15 à 31T,

- la Corne 1, avec un rendement de 12 à 25 T.

Pomme de terre

Dans la zone UEMOA, on observe on distingue trois bassins de production :

Bassin 1 : la région de Sikasso au Mali ;

Bassin 2 : la zone des Niayes entre Dakar et Saint-Louis au Sénégal ;

Bassin 3 : le centre du Burkina Faso et le Niger

La culture de la pomme de terre est pratiquée en saison sèche (octobre à mai) sur des terres libérées des cultures céréalières, à proximité des cours d’eau, des barrages ou des forages. Elle est une spéculation de contre-saison. Les moyens varient d’un pays à un autre. Ils sont dans l’ordre de 20 T/ha au Burkina Faso et au Mali et de moins de 15 T/ha au Sénégal et au Niger.

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

3.2.1.3. Le bassin légumineuses : Haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé,

La production de haricot sec avec la variété blanche, rouge et violet et de niébé se concentre dans quatre grands bassins :

Bassin 1 : le Sud du Niger ;

Bassin 2 : le Burkina Faso, le Nord du Bénin ;

Bassin 3 : la Sénégambie ;

Bassin 4 : le Centre et le Nord de la Côte d’Ivoire et du Togo.

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Les rendements moyens sont supérieurs à 1t/ha au Nord du Bénin. Par contre, dans le bassin 4, les rendements se situent à moins de 1t/ha. La période de juin à novembre correspond à la période de récolte. Les rendements sont très influencés par le climat.

3.2.1.4. Le bassin épices : Piment sec et gingembre

Le priment est essentiellement cultivé sur la bande sud de la région ouest africaine. Cependant, les grands bassins de production se situent notamment en Côte d’Ivoire, au sud du Mali, au sud du Burkina Faso et du Niger. Le rendement moyen dépasse les 700 kg/ha.

Quant au gingembre, le bassin principal de production est localisé en Côte d’Ivoire, principalement au centre-ouest et au sud-ouest du pays. Les rendements de cette culture sont très mal connus.

3.2.1.5. Le bassin noix en coque ou non : cola, karité et coco desséchée

Noix en coque ou non

Bassins de production Caractéristiques du bassin

Cola

Le plus gros bassin de production de la noix de cola en Afrique se situe en Côte d’Ivoire principalement dans sa zone forestière couvrant la moitié sud du pays.

La production est encore majoritairement le fait de cueillette et de ramassage sur des pieds de cola dispersés dans les plantations de cacao et de café. La production du Ghana et de la Guinée relativement faible vient en générale compensée l’insuffisance de la production ivoirienne pendant la période de pénurie qui se situe entre février et mars. La noix de cola rouge et la noix de cola blanche sont les plus recherchées.

Karité

La production mondiale de karité est concentrée à l’intérieur d’une bande de 5000 km englobant 16 pays producteurs. Mais les plus gros bassins producteurs sont : le Mali et la Côte d’Ivoire (Diancoumba et al. 200913)

De la famille des sapotacées, le karité (Vitellaria paradoxa L.), « arbre de vie » ou « arbre à beurre », est un arbre qui pousse naturellement et exclusivement dans la zone soudano-sahélienne, concentré le long d’une ceinture de savane qui va de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au Soudan. Le rendement en noix de karité est de l’ordre de 9 à 17 t/ha/an avec 15 à 20kg de fruits frais/arbre/an soit 0,7 à 1,3 t de beurre/an.

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC), adapté de données CACID, Rapport sur le commerce en Afrique de l’Ouest 2012

13 Doulaye Diancoumba, Thierry Ferre, Denis Gautier, Léa Vialles, Marie-Hélène Dabat. Appui à la définition de stratégies de développement des filières agro-sylvo-pastorales et halieutiques sélectionnées dans les régions d’intervention du PADAB II : ”Goulots d’étranglement et actions pilotes”. Rapport Filière Karité région Est, Burkina Faso. [Rapport de recherche] CIRAD. 2009. <hal-01091690>

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Carte 8 : Principaux bassins de production des produits vivriers jugés porteurs dans le contexte de la mise en place de la BRPV

Bassin céréales et légumineuses Bassin racines et tubercules

Bassin sésame et épices Bassin noix

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

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3.2.2. Prix à la production bord-champ et leurs variations infra-annuelles

L’évolution des prix des denrées agricoles et particulièrement des produits vivriers sont intimement liés à la saisonnalité de la production comme l’indique le graphique et le tableau suivants portant sur l’évolution mensuelle des prix de certains produits vivriers sur le marché d’Abobo en Côte d’Ivoire en 2014.

Graphique 5 : Situation de l’évolution des prix mensuels sur les marchés de produits vivriers à partir de l’exemple du marché d’Abobo en 2014 à Abidjan en Côte d’Ivoire

Saisonnalité des féculents :

L’approvisionnement du marché en pomme de terre est assez régulier. Alors que l’igname quel que soit le type connaît deux situations d’approvisionnement : une période d’abondance de Juillet à Octobre et une autre de pénurie allant de Mars à Juin. Le marché connaît un niveau d’approvisionnement assez régulier pour la banane plantain même si on observe des situations d’abondance de Novembre à Avril et de tension entre Mai et Octobre. Enfin, le manioc doux à une tendance assez régulière quant à son niveau d’approvisionnement

Saisonnalité des oléagineux :

La graine de palme et l’arachide décortiquée suivent une tendance d’approvisionnement différente. Alors qu’en février les prix de la graine de palme sont bas, témoignant d’un approvisionnement régulier du marché, de novembre à janvier les prix grimpent, indiquant une situation de pénurie. Pour l’arachide décortiquée, les prix restent élevés de février à septembre ; ce qui correspond à une période de faible approvisionnement du marché alors que d’octobre à janvier, les prix baissent. Dans ce cas, le marché est suffisamment approvisionné.

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Saisonnalité des céréales :

Le maïs grain blanc et le haricot blanc ont deux périodes d’abondance : Janvier à Mai et d’Octobre à Décembre. La période de Juin à Septembre est marquée par un faible approvisionnement du marché caractérisée par une hausse des prix.

Saisonnalité des légumes :

0

100

200

300

400

500

600

700

800

900

1,000

Jan

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Févr

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Mai

Juin

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Mois

Ail

Carotte

Choux vert

Courgette

Haricot vert

Oignon Niger

Piment frais

Tomate Sodefel

Le mois de Mai et la période d’Août à Novembre sont caractérisés par des tensions inflationnistes sur le marché de l’ail alors que de Décembre à Avril, on note une baisse des prix donc un niveau d’approvisionnement assez élevé du marché.

Pour les carottes, les mois de Mai, juillet et Septembre correspondent aux périodes de fortes tensions sur les prix. L’approvisionnement est alors faible ; ce qui n’est pas le cas pour les autres mois de l’année. Le mois de Juin constitue le seul moment d’inflation sur les prix du haricot vert. En ce qui concerne l’oignon du Niger, on distingue une période d’abondance observée sur les marchés de Décembre à Juin, tandis que de Juillet à Novembre, les prix sont élevés. Dans ce cas, le marché est peu approvisionné.

Source : OCPV, 2014

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61

En règle générale, l’offre semble guider l’évolution des prix plutôt que la confrontation de l’offre et de la demande. En grande saison qui correspond à la période de pointe de production, les prix pratiqués sur les marchés ou au bord-champ sont très bas. Par contre, pendant la période creuse qui correspond à la période de pénurie, les prix grimpent parfois du simple au double. Cette situation s’explique en générale par l’adoption massive de système de production de vivrier en culture annuelle par les producteurs de la région ouest africaine avec la quasi absence de la pratique de la culture de contre-saison qui elle repose sur la maîtrise de l’eau.

En outre, la variation des prix sur les marchés est également tributaire de la nature périssable des produits qui sont pour l’essentiel vendus cuits sans aucune valorisation. De même, les conditions de stockage, d’emballage, de transport et de conservation ont une influence sur la variation des prix. Le jeu de la concurrence est limité par l’absence de réglementations efficaces et d’institutions de contrôle appropriées. En témoigne la présence remarquée de cartels ou de monopoles au niveau de certaines filières.

La volatilité et l’incertitude autour de la formation des prix des produits vivriers sur les marchés exacerbées ces dernières années par le changement climatique en sus des facteurs évoqués ci-dessus, constituent un véritable défi pour la mise en place de la BRPV.

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62

3.2.1. Organisation des filières vivrières considérées

L’organisation des filières vivrières en Afrique de l’Ouest varie d’une filière à une autre. Certaines filières sont plus courtes que d’autres en fonction du nombre d’intervenants. Mais de façon générale, l’organisation des filières suit la logique structurelle suivante :

Tableau 25 : Principaux acteurs intervenants dans les filières vivrières et leurs rôles dans le commerce des produits vivriers en Afrique de l’Ouest

Désignation des acteurs

Production Pré-collecte Collecte Évacuation Transformation Distribution Financement Accompagnem

ent institutionnel

Producteurs Mise en terre des cultures sur des superficies autour de 2 ha en moyenne

Assure la première collecte de la production après la récolte

Quelques producteurs assument cette fonction lorsqu’ils ont assez de ressources financières

Une première valorisation au champ ou au sein du ménage est généralement le fait des producteurs.

Certains producteurs jouent le rôle de paysan relais en matière de conseil agricole pour la vulgarisation des technologies de production.

Pré-collecteurs Certains pré-collecteur financent la production et sont les propriétaires exclusifs de la production

Ils jouent le rôle de pisteurs en contact direct avec les producteurs

Ils interviennent dans le groupage de la production

Octroie des prêts de soudure aux producteurs ou préfinance la production en nature ou en numéraire

Collecteurs Achats en production

Achats de la production au pré-collecteur

Ils assurent le groupage des produits et leurs expéditions

Vente aux demi-grossistes ou grossistes

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Désignation des acteurs

Production Pré-collecte Collecte Évacuation Transformation Distribution Financement Accompagnem

ent institutionnel

Transporteurs Ils assurent le ramassage bord-champ et l’évacuation vers les centres de consommation

Transformateurs Ils s’approvisionnent souvent auprès des producteurs par le biais de leurs organisations ou interviennent directement dans la production

Ils disposent dans les centres de production de magasins de stockage et de collecte

Ils disposent de leurs propres moyens d’évacuation des produits vers leurs unités de transformation

Ils assurent la première et la seconde transformation des produits vivriers

Ils peuvent disposer de leurs propres réseaux de distribution

Ils financent certaines opérations telles que la production et la collecte

Ils disposent parfois de laboratoires de recherches variétales, de contrôle qualité

Grossistes Ils opèrent parfois directement au champ sur la base de relation familiale et culturelle

Ils mettent à la disposition des pré-collecteurs des ressources pour la collecte bord-champs

Ils disposent de magasins de collecte dans les centres de groupage

Ils louent en général les moyens de transport ou peuvent disposer de leurs propres moyens

Ils assurent la fonction de distribution en gros sur les marchés ou les plateformes de gros. Ils traitent avec les commerçants à l’étranger

Ils financent les pré-collecteurs ou collecteurs ou même directement les producteurs. Ils traitent avec les banques.

Par le biais de leurs organisations ou faîtières, ils participent aux concertations avec les structures étatiques

Semi-grossistes Ils sont intermédiaires entre les grossistes et les détaillants. Ils vendent également aux consommateurs

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Désignation des acteurs

Production Pré-collecte Collecte Évacuation Transformation Distribution Financement Accompagnem

ent institutionnel

Détaillants Ils sont au contact direct avec le consommateur final.

Structures institutionnelles

Ministère technique ;

Centre de Recherche

Agronomique

Structures de commercialisati

on

Appui à la recherche variétale, à la lutte contre les parasites, à l’amélioration des itinéraires techniques, diffusion des technologies de production et Bonnes Pratiques Agricoles

Mise en place des infrastructures de pré-collecte

Mise en place les infrastructures de groupage (centre de groupage)

Elles créent et entretien les infrastructures de transport (route, chemin de fer, ports, aéroports)

Accompagne les opérateurs (laboratoires, certification, agrément, aménagement industriel, etc.)

Met en place la réglementation pour faciliter la commercialisation des produits vivriers. Assure la gestion des stocks de sécurité

Assurent le financement de la recherche, des infrastructures et le conseil agricole. Elles peuvent accorder des subventions directes

Source : Auteurs, Philippe Helluy et Mamadou Gbongue (ITC)

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Le fonctionnement de nombreux marchés dans les grandes agglomérations de la plupart des capitales en Afrique de l’Ouest, montre un système peu organisé. Les conditions hygiéniques laissent à désirer avec la vente à même le sol des denrées alimentaires, notamment des produits vivriers. Il n’existe quasiment pas de marché dédié au commerce des produits vivriers à l’exception de certaines localités telles que le marché vivrier de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso et le Marché de Gros de Bouaké.

S’agissant des grands grossistes importateurs ou les grossistes distributeurs de denrées alimentaires la fonction réexpédition joue toujours un rôle aussi important que celle de la satisfaction de la consommation urbaine locale, et peut même représenter le moteur de leur activité. Leurs clients sont quasi exclusivement des grossistes et semi-grossistes urbains et ruraux, nationaux et étrangers. En amont comme en aval, l’approvisionnement des magasins, comme les flux de réexpédition, sont essentiellement l’œuvre de grossistes.

Ces problèmes généraux de circulation et d’organisation des flux de transport (passagers et marchandises), dont souffrent les grandes villes, ont suscité l’élaboration de nombreux projets : plans de circulation, projets de rationalisation des activités de transport et projets d’équipements connexes en périphérie des villes (plates-formes bimodales, gares routières, zones d’entreposage, etc.). Force est de constater que peu de projets ont été effectivement mis en œuvre jusqu’à présent (ils supposent toujours une mobilisation importante de financements extérieurs) et peu de mesures ont été prises par les Autorités pour limiter la prolifération des entrepôts privés en plein cœur des villes sur le court terme (incitations à la délocalisation vers une zone de stockage, application plus rigoureuse de règlements de circulation, de stationnement et de traversée de la ville pour les poids lourds, etc.).

Profil socioéconomique des acteurs :

Au niveau de la production, on note la présence des hommes dans la production de céréales, de tubercules et de racines sauf le manioc qui est de plus en plus l’apanage des femmes. La cueillette des noix de karité relève essentiellement de l’action des femmes tandis que celle de la noix de cola est plus le fait des hommes où il est rare de voir des femmes. La culture de la banane plantain est réalisée par les hommes. Les légumineuses et les épices sont produits de façon paritaire. Enfin, la conduite de l’élevage est exclusivement réalisée par les hommes ;

Au niveau de la commercialisation, la pré-collecte des céréales, de la banane plantain, du manioc et dérivés, des légumineuses, épices (piment, gingembre), de la noix de karité, est effectuée majoritairement par les femmes. Par contre, la pré-collecte de l’igname, de la noix de cola, de la noix de coco, est l’œuvre des hommes majoritairement. Si pour certains produits tel que le manioc frais et dérivés ainsi que la banane plantain, les femmes opèrent les opérations de collecte, d’évacuation, de distribution en gros, force est de reconnaître que ces activités sont pour l’essentielle l’affaire des hommes ;

Au niveau de la petite transformation et du commerce du détail, les femmes sont plus présentes à l’exception du bétail et de la noix de cola.

Notons enfin que la plupart des acteurs des filières vivrières sont analphabètes, exercent le métier de façon informelle car ayant appris sur le tas. Si certaines filières semblent être assez bien structurées telles que les filières cola ou igname, cela n’est pas le cas pour bon nombre d’autres filières, notamment les céréales, les légumineuses, les épices et les légumes. Les filières mangues, papaye et banane douce sont bien organisées autour de faîtières et d’agences gouvernementales de régulation.

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3.3. Récapitulatif des principaux obstacles et contraintes liés à la production à lever

Plusieurs contraintes minent la production vivrière dans l’espace ouest africain. Parmi celles-ci, il est possible de noter :

L’atomicité de la production et la faible productivité des exploitations agricoles

La production vivrière est réalisée par de petits agriculteurs exploitants de petites surfaces de moins d’un hectare en agriculture de type familiale. En général, l’orientation de la production s’inscrit dans une logique de satisfaction des besoins alimentaires du ménage et non dans une logique de marché. La production n’est pas calibrée en fonction du marché : ce qui limite le niveau de production. C’est seulement le surplus engendré qui est mis en vente.

Ce type de système productif est source d’inefficacité technique pour les ménages producteurs. En effet, le matériel végétal non sélectionné et à faible rendement, l’absence de moyens de lutte contre les maladies et parasites, la faiblesse de la mécanisation avec l’utilisation d’outils agricoles rudimentaires, le coût élevé des intrants (fertilisants, main d’œuvre et insecticides) ainsi que la faiblesse de l’encadrement agricole, sont des facteurs clés explicatifs de la faible productivité des exploitations vivrières. En outre, l’absence de financement approprié au profit des producteurs limite leur décision d’investissement dans la production vivrière. Ce vide est souvent exploité par les commerçants qui préfinancent la production et s’assurent ainsi l’exclusivité de celle-ci parfois à un prix dérisoire sans lien avec le marché. Le producteur soucieux de satisfaire ses besoins immédiats est obligé de demeurer dans cette logique de dépendance appauvrissante avec les commerçants.

La forte dispersion des parcelles contribue également à impacter négativement les volumes mis en production. En général, les champs très petits, sont très dispersés ; ce qui augmente les coûts de la pré-collecte. Afin de constituer un volume suffisant, le pré-collecteur est obligé de se déplacer de champ en champ pour les cultures vivrières spécifiées.

La faiblesse des cultures de contre saison en raison de la non maîtrise de l’eau

La production vivrière est très fortement tributaire de la maîtrise de l’eau sous toutes ses formes : pluie, eau souterraine, cours d’eau, etc. En général, comme nous l’avons mentionné plus haut, le vivrier est beaucoup sujet à la saisonnalité liée au rythme du climat. La saison pluvieuse correspond aux périodes de forte intensité culturale avec la fin de la saison marquée par l’abondance de produits sur les marchés au même moment ; ce qui a pour effet de jouer sur les prix à la baisse. Par contre, pendant la saison sèche, lorsque les stocks se sont épuisés, les produits vivriers se raréfient sur les marchés entrainant une hausse des prix. Il est possible de lisser la production à travers la maîtrise de l’eau par le biais de système de récolte des eaux pluviales, d’irrigation approprié et la mise en valeur des rives des cours d’eau. Malheureusement, l’accès et la vulgarisation de la culture irriguée adaptée aux petits producteurs sont difficiles en raison des coûts élevés des équipements.

Un autre moyen également de lisser les fluctuations sur les marchés réside dans la mise à disposition d’infrastructures appropriées de stockage et de conservations des productions vivrières. Ces infrastructures (chaine de froid ou à température contrôlée, magasins de stockage, conditionnement) ne sont pas toujours disponibles, notamment au niveau des bassins de production se concentrant sur les cultures d’exportation vers l’Europe.

L’effet du changement climatique

Le phénomène du changement climatique caractérisé soit par de longues plages de période de sécheresse avec son lot de feux de brousse, soit par des pluies torrentielles fortes qui tombent en général sur une courte période, modifie considérablement aujourd’hui les modes de production des agriculteurs. Il est difficile de planifier la production tant la saison culturale a changé. Les cultures sont mises en terre de plus en plus tardivement. Cette situation créée des tensions inflationnistes régulières qui poussent certains Gouvernements de la région à adopter des mesures de restrictions commerciales. Dans ces conditions, des dispositifs régionaux de surveillance climatique et des actions concertées de lutte contre la déforestation et la sahélisation doivent être mis en place de façon concertée entre les États.

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La faiblesse des dispositifs de collecte et de diffusion de données agronomiques liées à la production

Le bon fonctionnement d’une bourse agricole dépend en grande partie de la fiabilité des données statistiques existantes portant sur la production et sa disponibilité en temps réel. Dans la zone ouest africaine, il existe des dispositifs nationaux et lieux supranationaux de collecte, de traitement et de diffusion de données statistiques agricoles. Il s’agit des instituts nationaux de statistique, des services de statistiques des Ministères en charge de l’Agriculture, du dispositif du Centre Régional AGRHYMET (CRA) du CILSS, etc. Toutefois, les données collectées ne sont pas toujours accessibles aux opérateurs économiques des filières vivrières du fait de l’absence de canaux appropriés de diffusion de l’information. En outre, les données parfois disponibles ne sont pas toujours actualisées pour la prise de décision efficace.

L’absence d’un système d’assurance agricole

Le secteur agricole vivrier caractérisé par un niveau de risques élevés suscite peu d’engouement de la part des investisseurs. L’absence d’un système d’assurance de couverture ou de minimisation du risque de production fragilise davantage l’économie agricole de la zone. Si les productions pérennes qui s’inscrivent dans le cadre de cultures d’exportation bénéficient de système d’assurance, cela n’est pas le cas des cultures vivrières.

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4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

La création de la BRPV de l’UEMOA qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Agricole de l’Union et de la Politique Commerciale Commune, vise à intensifier les échanges commerciaux, à renforcer la sécurité alimentaire et à promouvoir l’intégration régionale.

L’étude de faisabilité réalisée en 2010 a mis en exergue les conditions de création de la BRPV. L’orientation envisagée prévoie la création d’une bourse centrale aidée des antennes dans chaque États membres de l’UEMOA. Cependant, l’étude n’a pas véritablement cherché à identifier au sein des produits vivriers produits et consommés dans l’espace UEMOA, les produits les plus appropriés pour une mise en marché au moyen d’un tel marché de commercialisation. Le présent rapport entend répondre à la problématique et fournir les éléments de décision nécessaires.

Il ressort des analyses, la liste restreinte des produits vivriers dits « porteurs » suivant :

Céréales : maïs en grain, mil en grain, sorgho en grain, sésame en grain ;

Légumineuses : haricot sec (blanc, rouge et violet), niébé ;

Noix en coque ou non : noix de cola, de karité ;

Racines et tubercules : cossette de manioc, semoule de manioc (gari, tapioca), pâte de manioc essorée, attiéké séché (couscous de manioc), farine de manioc, ignames fraîches, dérivés de manioc, pomme de terre ;

Épices : piment sec.

En complément de ces produits, la banane plantain fraîche, le gingembre, la pâte de manioc essorée et le concentré de tomate pourraient rejoindre la liste des produits éligibles. En élargissant le champ des produits vivriers à l’élevage, la filière bétail-viande, compte tenu de son gros potentiel de commercialisation dans l’espace UEMOA, constitue une filière à considérer, mais en l’orientant vers d’autres modes de commercialisation. Il en est de même pour les produits halieutiques.

Le potentiel de production de ces produits vivriers est indéniable et organisé autour de trois grands bassins :

Le bassin comprenant le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Sénégal, le nord du Nigéria et le nord du Bénin intégrant le corridor est entre les flux nord (céréales sèches et animaux sur pied) et flux est de marchandises (racines et tubercules, dérivés de manioc (gari, tapioca, cossettes, etc.) ;

Le bassin comprenant la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria intégrant le corridor côtier et situé entre les flux Nord et les flux côtiers de marchandises (racines et tubercules, noix, fruits et légumes ;

Le bassin comprenant la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Guinée, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali et la Mauritanie intégrant le corridor ouest situé entre les flux côtiers et les flux ouest de marchandises (céréales, légumes, racines et tubercules, bétails sur pied).

L’analyse du stock actuel d’infrastructures liées au commerce au sein de l’espace UEMOA montre un fort déficit en la matière. En dehors de la Côte d’Ivoire et à un degré moindre le Sénégal, les autres États membres de l’UEMOA ont un stock relativement limité. Il existe très peu de marchés dédiés aux vivriers. Ceux existants ne disposent pas d’infrastructures adéquates, notamment de magasins à température contrôlée pour la conservation des produits vivriers.

Des obstacles et contraintes majeurs risquent de peser sur le projet de mise en place et le bon fonctionnement de la BRPV. L’application partielle des textes, les coûts de transport élevés ou encore l’insécurité dans certaines régions et sur certains axes routiers, constituent autant de handicaps.

Une autre contrainte réside dans l’exercice de la souveraineté alimentaire au niveau national. La plupart des États de l’UEMOA tendent à prendre de plus en plus fréquemment des mesures d’urgence unilatérales visant à protéger leurs consommateurs de la hausse des prix des produits de première nécessité.

La qualité des données portant sur les échanges régionaux de la BRPV et la persistance de l’informel constituent d’autres obstacles à la mise en œuvre. Au niveau de l’organisation de la production

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vivrière, l’atomicité et la faible productivité des exploitations, l’insuffisance de la pratique des cultures de contre-saison, les effets pervers du changement climatique entrainent une forte fluctuation des prix des produits vivriers sur les marchés.

La faiblesse des dispositifs de collecte et de diffusion de données agronomiques liées à la production et l’absence de système d’assurance agricole sont autant de défis majeurs à prendre en compte dans le cadre de la mise en place de la BRPV.

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5. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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6. ANNEXE

6.1. Fiche de collecte de données agronomiques par pays

Données de production Q1. Quelles sont les principales cultures vivrières du pays et leur bassin de production ?

Cinq principales cultures vivrières

Bassin de production (Zone géographique de production du pays)

Saisonnalité :

- Période de pointe

- Période creuse

Variétés produites

Superficie moyenne occupée

Production moyenne par bassin en milliers de tonne

Rendement moyen annuel (kg/ha)

Effets éventuels du changement climatique :

1. Modif. Saison

2. Baisse Rendt

Si 2, % de baisse

Céréales

Racines et tubercules (amylacées)

Légumineuses

Oléagineux

Légumes (maraîchers)

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Cinq principales cultures vivrières

Bassin de production (Zone géographique de production du pays)

Saisonnalité :

- Période de pointe

- Période creuse

Variétés produites

Superficie moyenne occupée

Production moyenne par bassin en milliers de tonne

Rendement moyen annuel (kg/ha)

Effets éventuels du changement climatique :

1. Modif. Saison

2. Baisse Rendt

Si 2, % de baisse

Feuilles et bulbes

Épices

Noix

Fruits

NB : Modif. Saison : Modification des saisons culturales. Baisse Rendt : Baisse Rendement

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Q2. Évolution de la production des principales cultures vivrières sur ces dix dernières années

Production moyenne annuelle en milliers de tonne

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Céréales

Racines et tubercules (amylacées)

Légumineuses

Oléagineux

Légumes (maraîchers)

Feuilles et bulbes

Épices

Noix

Fruits

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Q3. Évolution du prix moyen bord-champ sur ces cinq dernières années en fonction de la saison

2011 2012 2013 2014 2015 2016

SA SC SA SC SA SC SA SC SA SC SA SC

Céréales

Racines et tubercules (amylacées)

Légumineuses

Oléagineux

Légumes (maraîchers)

Feuilles et bulbes

Épices

Noix

Fruits

NB : SA : Saison d’abondance et SC : Saison creuse

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6.2. Fiche de collecte de données commerciales par pays

L’offre de produits vivriers dans l’espace UEMOA

Q1. Quels sont les cinq principaux produits vivriers par catégorie objet d’exportation dans la zone UEMOA par votre pays?

Volume moyen annuel d’exportation en milliers de tonne

2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Céréales

Racines et Tubercules (Amylacées)

Légumineuses

Oléagineux

Légumes (maraîchers)

Feuilles et bulbes

Épices

Noix

Fruits

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Q2. Quels sont les principaux pays clients de la zone UEMOA et hors zone UEMOA ?

Zone UEMOA Zone hors UEMOA

Principaux produits vivriers et dérivés

Principaux pays clients de l’UEMOA

Volume moyen annuel exporté (en milliers de tonne)

Principaux pays clients hors zone UEMOA

Volume moyen annuel exporté (en milliers de tonne)

NB : Fournir les statistiques les plus récentes possibles

Q3. Caractéristiques de l’offre de produits vivriers mis en marché (1/2)

Principaux produits vivriers et dérivés

Forme principale de mise en marché :

1. Crue

2. Transformé

Nature du produit mise en marché :

1. Périssable

2. Non périssable

Mode de conditionnement14 :

1. En vrac ;

2. Sac jute ;

3. Sac polypropylène ;

4. Paniers ;

5. Caisse en bois/carton

Nature courante du tri des produits offerts15:

1. Tout-venant

2. Sélectionné et trié ;

3. Standardisé

Saisonnalité de l’offre

Variation des prix en fonction de la saison

Principaux clients16 :

1. Grossistes

2. Semi-grossistes ;

3. Détaillants

4. Industriels

Relations commerciales :

1. Formel

2. non formel

3. Autres

Période de pointe

Période de rareté

Période de pointe

Période de rareté

14 Choisir 1 ou plusieurs réponses. Mettre le ou les chiffres correspondants dans la case.

15 Choisir une seule réponse. Mettre le chiffre correspondant dans la case.

16 Choisir 1 ou plusieurs réponses. Mettre le ou les chiffres correspondant dans la case.

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Q3. Caractéristiques de l’offre de produits vivriers mis en marché (2/2)

Principaux produits vivriers et dérivés

Mode de paiement :

1. Cash

2. Crédit

3. En nature

Logistique d’évacuation :

1. Camion de 60 T

2. Train

3. Bateau

4. Autres (préciser)

Coût moyen de transport vers le point de chute selon le moyen de transport

Contingentement à l’exportation :

1. Prix de revient administré ;

2. Produit de sécurité alimentaire ;

3. Tarification douanière (DUS, Taxe à l’exportation)

Pratiques de commercialisation :

1. Monopole des grossistes ;

2. Concurrence entre opérateurs de la filière

Lieux de vente :

1. Grandes surfaces

2. Marché de gros ;

3. Marché de détails ;

4. Marché de niche ;

5 Autres (préciser)

Q4. Caractéristiques de la demande de produits vivriers dans l’espace UEMOA

Principaux produits vivriers et dérivés consommés

Produits de grande consommation

1. Oui

2. Non

Si oui, donner la quantité moyenne consommée annuellement (milliers de tonne, 2016)

Produits comme habitudes alimentaires

1. oui

2. non

Besoins annuels estimés (en milliers de tonne)

Prix moyen d’achat (FCFA/kg)

Présentation demandée par les consommateurs17 :

1. Frais ;

2. Bien emballé ;

3. Traçable ;

4. autres (préciser)

Fréquence de consommation par semaine 18:

1. chaque jour ;

2. une fois ;

3. + de 1 fois

17 Choisir une ou plusieurs réponses. Mettre les chiffres correspondants dans la case.

18 Choisir une seule réponse. Mettre le chiffre correspondant à votre choix dans la case.

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79

Si demande en provenance de l’agro-industrie

Principaux produits vivriers et dérivés demandés

Type agro-industrie demandeur 19:

1. Centre commerciale ;

2. Industrie alimentaire

3. Industrie de production animale

4. Autres (à préciser)

Quantité moyenne annuelle demandée

Forme de la demande principale20 :

1. brute

2. calibrée ;

3. conditionné ;

4. semi-transformé

Coût moyen d’achat par l’agro-industrie.

19 Choisir une ou plusieurs éléments de réponses. Mettre le ou les chiffres correspondants dans la case.

20 Choisir une seule réponse. Mettre le chiffre correspondant dans la case.

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80

6.3. Fiche de collecte de données sur la politique nationale et commerciale en matière de produits vivriers par pays

Q1. Description de la politique nationale en matière de vivriers ?

1. Existe-il une réglementation encadrant la production et la commercialisation de produits vivriers ? 1. Oui /___/ 2. Non /___/ Si oui, depuis

quand elle existe? /________/

2. Quels sont les objectifs de production nationale de produits vivriers ?

En termes de période de projection : année : /__/__/__/__/

En termes d’objectifs quantitatifs par catégorie de produits vivriers

Catégories de produits vivriers Volumes projetés Objectifs de politique

Logique de sécurité alimentaire

Logique d’exportation

Céréales

Féculents

Légumes

Oléagineux

Noix

Fruits

Feuilles et bulbes

Q2. Avez-vous connaissance des mesures commerciales concernant les produits vivriers et leurs dérivés? 1. Oui /___/ 2. Non /___/

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Si oui, lesquels ?

Les mesures Cochez Exemple de produits vivriers concernés

Prix administrés /___/

Subvention croisée /___/

Contingentement à l’exportation /___/

Contingentement à l’importation /___/

Application de taxe à l’export (citez-en)

………………………….

………………………….

/___/

/___/

Barrières non tarifaires /___/

Q3. Principaux indicateurs macroéconomiques par rapport à l’UEMOA

ANNÉE

Indicateurs 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Balance commerciale (milliards de FCFA)

PIB/tête

Taux de bancarisation

Part du PIB à la production vivrière

Indice de consommation

Taux d’inflation

Encours de crédits consacrés au secteur vivriers

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6.4. Fiche de collecte de données sur les infrastructures liées à la commercialisation des produits vivriers et leurs dérivés par pays

Infrastructures liées à la commercialisation des produits vivriers et leurs dérivés Q1. Quelles sont les principales infrastructures de commercialisation des produits vivriers disponibles dans votre pays? Infrastructures routières et ferroviaires

Types de routes Linéaire total (en Km) Durée totale d’évacuation des produits vers les marchés de chute

Routes revêtues

Autoroutes

Routes non revêtues

Voies ferroviaires

Infrastructures portuaires dans le pays

Nom du port Capacité d’accueil du port

Nombre de magasins adaptés aux produits vivriers

Combien de chambres froides sont disponibles

Infrastructures de télécommunication

Types de moyens de télécommunication

Nombre d’abonnés Taux de pénétration Durée moyenne de coupure

Tarif moyen de communication

Rural Urbain

Téléphone fixe

Téléphone mobile

Internet

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Infrastructures d’information sur les marchés :

Typologie de SIM disponible Nombre de SIM fonctionnel

Type d’informations diffusées

Taux de pénétration en termes d’abonnés

Fréquence de diffusion de l’information

Taux de consultation des informations

Rural Urbain

Infrastructures bancaires

Types de banque Effectif total Taux de pénétration

Montant de crédits accordés aux opérateurs du vivrier

Chiffre d’affaires des transactions par rapport au secteur vivrier

Banque commerciale

Institution de microcrédits

Mobile banking

Infrastructures de stockage

Types de moyen de stockage Effectif total (Nombre)

Capacité de stockage (milliers de tonne)

Coût moyen d’entreposage

Existence de politique de certificat d’entreposage

Disponibilité nationale (en volume)

Rural Urbain

Centre de groupage

Marché de gros

Magasin de stockage

Infrastructures de la chaine de froid

Typologie de la chaine de froid

Capacité disponible

Effectif total Coût moyen d’accès

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Infrastructures de containeurs

Typologie de containeurs Capacité disponible Effectif total Coût moyen d’accès

Infrastructures de contrôle qualité

Types d’organismes Effectif total Dénomination Prestations

Type de prestation Coûts

Certification/Traçabilité

Contrôle qualité

Inspection phytosanitaire

Q2. Existe-t-il un projet de création de bourse agricole dans le pays ? 1. Oui /__/ 2. Non /__/. Si oui, le projet est-il exécuté et depuis quand ? /______________________________/ Sinon quelles sont les freins à la mise en œuvre du projet ? /_____________________________________________________________________/ Q3. Quels sont les principaux acteurs des filières vivrières porteuses dans la sous-région ?

Catégorie d’acteurs Effectif total Sexe Niveau de scolarisation le plus élevé

%homme %femme

Grossiste

Semi-grossiste

Transporteurs

Transformateurs

Pisteurs

Détaillants

Infrastructures de normalisation, assurance, accréditation et de métrologie

Types d’organismes Effectif total Dénomination Prestations

Type de prestation Coûts

Normalisation

Assurance

Métrologie