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“Les points de vue exprimés dans ce document sont ceux des auteurs et ne réflètent pas nécessairement ceux de l’UNESCO”

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“L’avenir des

agences de presse en Afrique”

YYaaoouunnddéé ((CCaammeerroouunn))

77--99 AAooûûtt 22000011

Septembre 2001

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COLLOQUE SUR L’AVENIR DES AGENCES DE PRESSE EN AFRIQUE

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Communiqué de presse

L’UNESCO organise un colloque sur L’avenir des agences nationalesde presse en Afrique du 7 au 9 août 2001 à l’Hôtel Mont Fébé àYaoundé.

L’objectif de ce colloque est de stimuler une discussion dynamiquesur le déphasage ou développement des agences nationales depresse, leurs capacités à s’adapter aux nouvelles technologies, et lesproduits éditoriaux porteurs dans ce domaine en pleine évolutioncaractérisée par une société tous azimuts de l’information. Ces troisjournées de réflexion seront sanctionnées par l’élaboration etl’adoption d’un document d’orientation sur l’avenir des agences depresse en Afrique, à l’attention des professionnels de lacommunication, des organisations non-gouvernementales et desorganisations internationales.

Le colloque de Yaoundé accueillera les directeurs d’agence depresse, les fournisseurs de nouveaux services d’information, lesutilisateurs des produits des agences de presse, les représentantsdes médias, des hommes d’affaires et des hommes politiques.

Les participants viennent du Bénin, du Congo, de la France, duKenya, du Mali, du Sénégal et du Cameroun.

La cérémonie officielle d’ouverture sera présidée par Monsieur leMinistre de la Communication, le Professeur Jacques Fame Ndongo.

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Table des matières

Table des matières 5

AVANT-PROPOS (Cheikh Tidiane Sy) 7

PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX 11

Etat des lieux (Paul Célestin Ndembiyembe) 12

La problématique du cadre institutionnel des agences de presse nationales dans le contexte de désengagement de l’Etat et des nouvelles technologies (Félix Zogo) 23

Impact des Nouvelles Technologies sur le développement de la presse (Yaovi Hounkpounou) 28

Plaidoyer des responsables des agences de presse : cas de l’Agence Congolaise d’Information (ACI) (Théodore Kiamossi) 35

Plaidoyer des responsables des agences de presse : cas de l’agence Malienne de presse (Gaoussou Traore) 39

DEUXIEME PARTIE : FEED BACK DES UTILISATEURS 45

Le cas de la presse audiovisuelle au Sénégal (Abdou Latif Coulibaly) 46

Le cas du correspondant d’une radio internationale :RFI (Gervais Nitcheu) 52

Le cas des utilisateurs individuels (Claude Wauthier) 59

TROISIEME PARTIE : LA NOUVELLE DONNE 63

L’investissement financier du secteur privé dans le domaine de la communication et de l’information :

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contraintes et défis (James Onobiono) 64

L’organisation et la rentabilité des services ajoutés (photos et vidéo) dans les agences de presse (Jerôme Hinstin) 69

Situation des agences de presse en Afrique : survie et perspectives (Babacar Fall) 74

Developing and managing online content : The Africa Online experience (Gunnar Hillgartner) 81

Les nouveaux services d’information online (Alain Roger Mboh) 90

QUATRIEME PARTIE : PERSPECTIVES 95

Document d’orientation 96

ANNEXES

Discours d’ouverture du Ministre de la Communication, Jacques Fame Ndongo 104

Allocution du DADG UNESCO, Claude Ondobo 109

Extrait du rapport final de l’atelier sur la promotion de la culture de la maintenance 112

Le colloque vu par la presse 117

Liste des participants 130

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AVANT-PROPOS

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M. Cheikh Tidiane SY M. Cheikh Tidiane SY

Représentant de l’UNESCO Yaoundé,

Conseiller Régional pour la Communication

L’UNESCO, parce que fidèle à ses principes sur la libre circulation de

l’information dans le monde, a considérablement investi dans le développement

des agences de presse en Afrique.

Les projets WANAD (Afrique de l’Ouest), SEANAD (Afrique Australe),CANAD (Afrique Centrale) demeurent des témoignages éloquents desinvestissements consentis par l’UNESCO, en termes de ressources humaines,financières et matérielles.

Il est normal, et donc légitime, qu’en cette période, où l’information est de plusen plus domestiquée par les particuliers, avec cette considérable avancéetechnologique informatique, qui a fondamentalement bouleversé la structure dessupports de communication, l’on observe une pause ; une pause pour réfléchir, d’oùl’opportunité de ce colloque sur : " L’avenir des agences de presse en Afrique " ; uneproblématique qui se conjugue avec une forte connotation d’inquiétude, et dérouleune autre interrogation : Faut-il réinventer le système de l’agence de presse enAfrique face à la révolution technologique du multimédia ?

Cette question, d’ailleurs, ne saurait être réduite exclusivement au continentafricain. Mais, l’Afrique contemporaine doit, enfin, prendre l’habitude de chercher

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et de trouver elle-même ses propres solutions à ses problèmes. Cela signifie, toutsimplement, que l’avenir peut être relativement maîtrisé, et c’est là, la meilleurecontribution africaine à la construction du village planétaire.

La situation de sous-développement dans laquelle se trouve l’ensemble des paysafricains, confrontés aux nouvelles technologies, rappelle le débat des années 50,c’est-à-dire, la possibilité de passer du retard au progrès, du sous-développement audéveloppement, de l’économie agraire à l’économie industrielle, voiretechnologique, en brûlant les étapes.

Mais, dans le domaine des nouvelles technologies, où les certitudes tendent àvaciller, le retard, dit-on, a ses vertus.

Un ancien fonctionnaire des Nations Unies, ISAAC COHEN, dans un documentpublié par l’UNESCO, faisait remarquer qu’ " Il est indéniable que ceux qui tardentà prendre le bateau du développement technologique, connaissent, quand ils sautentenfin à bord, une croissance plus rapide. L’adoption, d’entrée de jeu, destechnologies les plus récentes et les plus efficaces leur permet d’éviter les erreurs deleurs prédécesseurs et les coûts de développement qu’ont dû assumer ceux-ci ".

Mais, il va sans dire que les retardataires doivent d’abord assurer lesinvestissements en capital humain et financier pour faire le grand saut, qui devient,alors, un moteur du développement.

Dans le secteur de la presse, et plus particulièrement des agences de presse, l’onfaisait récemment remarquer, dans les conclusions du séminaire sur " la Culture dela Maintenance ", organisé, par l’UNESCO, à Yaoundé, que les agences de pressen’ont pas d’autre choix que de s’adapter et que : " dans le contexte actuel de lacompétition mondiale de la demande et de l’offre, les agences de presse africainesdoivent se muer en agence de presse d’un type nouveau, fournisseur international decontenu multimédia. A défaut d’opérer cette mutation, elles sont appelées àdisparaître ". Le diagnostic est clair et sans appel.

Aujourd’hui, il faut le savoir, le taux de pénétration d’Internet a dépassé celui detoutes les technologies de la communication, jamais mises au point.

La radio a existé 38 ans avant d’avoir 50 millions de personnes à l’écoute.

La télévision a dû attendre 13 ans pour atteindre ce niveau.

Quant aux ordinateurs personnels, il ne leur a fallu que 6 ans pour atteindre cetobjectif.

Au cours d’une rencontre conjointement organisée par la PANA et l’UNESCO

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Avant-propos

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toujours à Yaoundé, en marge du sommet de l’OUA, en 1996, sur l’opportunité del’informatisation des salles de rédaction en Afrique, les Directeurs de publications etles journalistes africains avaient estimé que cela était du luxe pour les organes depresse des pays en voie de développement, parce que confrontés à de plus importantsproblèmes de " papier " et " d’encre ". Aujourd’hui, la plupart des rédactions desprincipaux journaux camerounais sont informatisées et certaines ont même un sitesur le Web.

Mais, le tout n’est pas simplement de dire un oui absolu aux nouvellestechnologies en pensant que dans le domaine du journalisme - si cette professionpeut survivre, dans les mêmes canons, à l’assaut des multimédias, mais, c’est uneautre question – les nouvelles technologies régleront tout. L’expression " garbagein, garbage out " pour les nouveaux réseaux électroniques constitue une sentencesans équivoque, qui exclut l’amateurisme, l’improvisation et qui met l’accent sur larégularité et la substance dans les nouveaux produits d’une presse en ligne.

Par conséquent, les questions fondamentales sont de savoir où, quand etcomment utiliser les nouvelles technologies et surtout quoi y mettre, en d’autrestermes, se préparer, avec imagination, à la guerre des contenus et à sa diversification.

Ainsi, l’on évitera de tomber dans le déterminisme technologique, qui tend àfaire oublier qu’ Internet, aussi génial et magique soit-il, reste, après tout, un outilde travail. Un journaliste moulé sur les bancs d’Internet, pris par le vertige de latoxicomanie du virtuel, risque de perdre son professionnalisme, car, sans la collected’informations sur le terrain, le journalisme, prend une autre définition.

Dans notre contexte, où la communication de masse tend à être de plus en plusinter active et fait de plus en plus de place à la communication entre individus, lesagences devront, impérativement, commencer leur processus de métamorphose parrapport aux nouveaux publics, aux nouveaux lecteurs, aux exigences des nouveauxclients.

Cette problématique va de pair avec d’autres questions clé, comme celles ayanttrait à la protection du droit d’auteur, qui résume la question du contrôle sur l’accèsaux réseaux, d’où l’utilité à clarifier le statut de ces nouveaux réseaux, pour susciterun essor de marchés nouveaux.

Réinventer le parcours des agences de presse est nécessaire. Cela demande d’unepart, du courage, car il faudra bien, tous ensemble, réviser nos positions et nosactivités à la lumière des bouleversements dramatiques et magiques qui agitent lesecteur. Pour cela, il faudra de la vision, pour changer de cap, et entrer dans cettetroisième révolution, celle du transport des idées et de l’information. La première

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révolution, étant celle des marchandises, et la seconde révolution, celle despersonnes.

Il s’agit bien d’un effort d’anticipation que nous inaugurons ici. A l’image de cegeste décidé et lucide du semeur de Victor Hugo, les participants, dans leursconclusions et recommandations à l’issue du colloque, consignées dans un "document d’orientation " proposent d’autres alternatives en temps réel. Cesalternatives résisteront-elles à l’assaut du temps virtuel ? La question reste posée.❑

Cérémonie d’ouverture officielle du Colloque ; De gauche à droite : Monsieur Babacar Fall, Directeur

Général de PANAPRESS ; Monsieur Claude Ondobo, Sous-directeur général-adjoint du Secteur

Communication et Information, Directeur du PIDC à l’UNESCO Paris ; Monsieur Jacques Fame

Ndongo, Ministre de la Communication du Cameroun ; Monsieur Cheikh Tidiane Sy, Directeur du

Bureau UNESCO Yaoundé et Monsieur James Onobiono, Homme d’affaires camerounais

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L’avenir des agences nationales de presse enAfrique semble particulièrement incertainaujourd’hui, affectées qu’elles sont par la

révolution technologique en cours qui, tout enmettant le monde à la portée des particuliers,bouleverse profondément la structure dessupports de communication. Dans cettebourrasque qui menace de tout emporter dansson sillage, les agences nationales de presse,telles des roseaux, plient mais ne rompent pas ;Mais, à quel prix ?

Cette première partie dresse un état des lieux,dégage la problématique du cadre institutionneldes agences de presse nationales dans uncontexte de désengagement de l’Etat, et évaluel’impact des nouvelles technologies sur ledéveloppement des agences de presse. Elle sefait enfin l’écho du plaidoyer des responsables

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Etat des Lieux

Intervenant après l’atelier d’Amman en Jordanie (28-31 janvier 2001) sur " lesagences de presse et les développements d’Internet ", la rencontre de Yaoundéexamine la situation spécifique des agences de presse africaines qui sont

confrontées, plus que toutes autres agences de presse ailleurs dans le monde, audouble défi de la libéralisation du secteur des médias et de l’évolution destechnologies de l’information et de la communication.

Ce document introductif esquisse des pistes de débat à partir de quelquesquestions de base :

- De quelle importance peut-on aujourd’hui créditer les agences nationales depresse dans les systèmes médiatiques en Afrique subsaharienne ?

- Quels services peuvent-elles désormais offrir et à quels utilisateurs ?

- Quelles sont les conditions de leur viabilité et de leur crédibilité ?

L’examen de ces questions suggère une première réponse sur la nécessité d’unerénovation des agences nationales de presse en Afrique subsaharienne qui serontobservées dans les lignes qui suivent en trois moments : l’état des lieux (I) ;l’importance des agences de presse (II) ; les conditions d’efficacité des agences depresse (III).

DrDr. Paul Célestin Ndembiyembe. Paul Célestin Ndembiyembe

Consultant

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Etat des lieux

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LE CONTEXTE GÉNÉRAL

Depuis plus de dix ans, la libéralisation des régimes politiques en Afriquesubsaharienne a favorisé l’éclosion et le développement d’une presse imprimée etaudiovisuelle multiple. Pluralisme et pluralité constituent aujourd’hui, dansl’ensemble de la région, les marques distinctives du paysage médiatique, en dépitdes différences de degré qu’elles peuvent présenter ici et là.

Car, si dans la majorité des pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Australe, "cette décennie d’ouverture et de plaidoyer a permis de fortes avancées, tant auxniveaux juridique, économique, professionnel qu’organisationnel ", il n’en est pastout à fait de même en Afrique de l’Est et en Afrique Centrale, où " ces évolutionsmajeures et positives " marquent quelque peu le pas. Il en est ainsi du monopole desondes, qui demeure une forte réalité en Afrique Centrale. En effet, malgré lesdispositions juridiques progressives libéralisant le secteur, on n’y dénombraitqu’une quarantaine de radios privées au début des années 2000, contre plus de troiscents en Afrique de l’Ouest dans la même période (1).

Au-delà des disparités et des déséquilibres, la libéralisation du secteur desmédias est un fait établi et irréversible en Afrique subsaharienne, malgré les aléas,les menaces et les obstacles de toutes sortes qui jalonnent le difficile chemin de saréalisation.

Cependant, l’accroissement constant du nombre des supports écrits ouaudiovisuels ne se traduit pas toujours par le niveau élevé des contenus : l’offrequalitative n’accompagne pas l’offre quantitative. De sorte que l’on assiste à unelente érosion de la nouvelle presse, notamment en Afrique subsaharienned’expression française, tous médias confondus. Au nombre des raisons justificativesde lacunes de cette nouvelle presse africaine, figurent en bonne place " lesinsuffisances des agences nationales de presse dans la fourniture des informationsétrangères, provinciales et même institutionnelles. " (2)

DES INSTITUTIONS EN CRISE

Certes, l’institution même d’agence de presse nationale est en crise dans lemonde entier (3). Il existe, cependant, des agences de presse nationales auxperformances remarquables, tandis que certaines autres, malgré leurs difficultésfinancières, continuent de susciter respect et crédibilité.

L’incapacité des agences de presse nationales en Afrique subsaharienne àsatisfaire la demande croissante et variée d’informations en quantité et en qualité est

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le reflet d’une crise profonde dont les causes sont nombreuses.

Leur importance varie selon les Etats et les régions. Certaines de ces causespeuvent être généralisées à l’ensemble des agences concernées ; c’est le cas, parexemple, de l’insuffisance des ressources financières, dont la raréfaction tend àdevenir chronique. Cette faiblesse de moyens financiers tient tout autant à laréduction des subventions des Etats qu’à la faiblesse des marchés des médias locaux.D’autres causes sont plus spécifiques et ne s’appliquent pas à l’ensemble desagences examinées.

Les indications qui suivent ne sont donc ni exhaustives ni systématiquementapplicables à toutes les agences de presse nationales en Afrique subsaharienne.

Toutefois, au-delà des spécificités, on peut retenir quatre facteurs prééminentspour expliquer la crise actuelle des agences nationales de presse en Afriquesubsaharienne :

- Leur perte d’influence dans les systèmes médiatiques ;

- Le désintérêt des professionnels pour le journalisme d’agence ;

- La faiblesse et la lenteur des investissements technologiques ;

- La réduction des soutiens internationaux.

i) la perte d’influence des agences dans les systèmes nationaux d’information

Il s’agit là probablement de l’une des caractéristiques majeures actuelles desagences nationales de presse en Afrique subsaharienne qui perdent progressivementleur statut de banques centrales d’information et ne sont plus considérées comme lesréférences incontournables en matière d’information institutionnelle. Ce qui n’étaitpas le cas il y a une dizaine d’années, puisque l’accession à l’indépendance de laplupart des pays de la région s’est accompagnée de la création d’agences de pressenationales jouissant d’une situation de monopole et constituant les pierres angulairesdes systèmes nationaux d’information. La perte d’influence des agences de presse,qui s’est accentuée très nettement – et paradoxalement – avec la libéralisation etl’avènement des démocraties, se mesure aux phénomènes non exhaustifs suivants :

- L’obsolescence des législations. A la faveur des changements socio-politiques,de nouvelles législations d’inspiration libérale ont été adoptées sur les médias, afinde conformer l’exercice de la liberté de la presse aux nouvelles exigencesdémocratiques des sociétés. Ces nouvelles législations n’accordentmalheureusement que très peu d’intérêt aux agences de presse. Plus d’une trentaine

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Etat des lieux

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d’années après les indépendances, les lois sur les agences de presse n’ont ni changé,ni évolué. Leur cadre juridique demeure le même. Ainsi, en règle générale, lemonopole d’Etat continue d’être prescrit pour les activités des agences de presse,dans un contexte technologique en pleine mutation. Par ailleurs, ce cadre juridiqueest inadapté pour lutter efficacement contre certains phénomènes en plein essor quiobèrent les finances des agences, à l’instar du piratage (4). L’élaboration denouveaux textes juridiques sur les agences de presse s’impose comme une nécessité,afin d’en tracer précisément les contours et d’en définir le cadre des activités, entenant compte des différentes évolutions, transformations et mutations.

- L’obsolescence des statuts : en rapport étroit avec le problème des législations,on évoquera celui de l’obsolescence des statuts comme l’un des facteurs pouvantattester de la perte d’influence des agences nationales de presse dans les systèmesnationaux d’information. En Afrique subsaharienne, dans la majorité des cas, lesagences nationales d’information sont des établissements publics bénéficiant deseuls financements de l’Etat actionnaire, et dont les missions principales portent surla diffusion des informations officielles, généralement reprises par les seuls médiasofficiels et, dans de rares cas, par les agences de presse internationales. On relèvemême des cas comme le Cameroun, où l’agence CAMNEWS demeure une directionà l’intérieur de la Société de Presse et d’Edition du Cameroun (SOPECAM), parailleurs, société éditrice du quotidien national " Cameroon-Tribune ". Le maintiende l’agence nationale de presse sous le contrôle exclusif de l’Etat peut constituer,dans les nouveaux contextes démocratiques, un facteur limitant dans le pleinaccomplissement des missions de banque centrale d’information qui supposentobjectivité et neutralité pour assurer la crédibilité. Les formats des nouveaux statutsdes agences nationales de presse en Afrique subsaharienne ne sont-ils pas àrechercher dans ces expériences réussies ou prometteuses des agences nationales quiassocient dans une heureuse harmonie l’Etat et les partenaires privés intervenantdans le secteur des médias.

• Les comportements des autorités : les Gouvernements et les administrationsportent une part de responsabilité importante dans la perte d’influence desagences nationales de presse au regard du traitement qu’ils leur infligent.Ainsi :

• Les pouvoirs publics ne réservent plus la primauté de l’information auxagences qui ont pratiquement perdu leur statut de référence en matièred’information officielle ou institutionnelle. Les agences sont désormaisréduites à citer la radio et la télévision devenues les médias de prédilectiondes autorités ;

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• Les abonnements des services publics aux agences nationales de presse seréduisent régulièrement, ce qui les prive d’importants revenus que les raresabonnements privés ne peuvent pas compenser ;

• Les journalistes des agences de presse jouissent de moins en moins desfacilités d’accès à l’information. Lorsque, pour diverses raisons, desarbitrages s’imposent sur les journalistes à accréditer lors d’une manifestationofficielle quelconque, ceux des agences de presse sont délaissés au profit deleurs confrères des médias audiovisuels, en particulier.

Ces différentes attitudes ne sont pas propres aux pouvoirs publics. D’unemanière générale, les agences nationales de presse sont de plus en plusmarginalisées. Lorsqu’ils doivent diffuser un communiqué, tous les usagers,responsables au pouvoir, leaders des partis politiques de tous bords, membres de lasociété civile, s’adressent d’abord et presque exclusivement à la radio, à la télévisionou au journal national. Dans la classe politique, les responsables de l’oppositionsont plus préoccupés par leur passage à la radio où à la télévision et font trèsrarement cas des frustrations éventuelles dont ils peuvent être l'objet dans leurtentative d’accéder aux agences de presse.

ii) Le désintérêt des journalistes pour le journalisme d’agence

La crise des agences nationales de presse en Afrique subsaharienne procèdeégalement de l’absence de personnels qualifiés au sein des rédactions.

Les journalistes professionnels africains manifestent très peu d’intérêt pour lesagences de presse auxquelles ils semblent préférer les journaux, les radios, les télésou les nombreux cabinets de communication en plein développement. L’activitédans ces dernières institutions est jugée plus rémunératrice, plus valorisante entermes de visibilité et plus gratifiante. Les bons journalistes des nouvellesgénérations ne se bousculent pas aux portes des agences d’information en Afrique.

Le phénomène n’est certes pas nouveau, mais il s’amplifie constamment. " Lesmeilleurs journalistes africains ont depuis longtemps déserté leur continent… Lesagences ont conservé un personnel professionnellement assez bien formé, mais peuet mal utilisé, souvent proche de la retraite et assez critique à l’égard des nouveauxjournalistes (qui le leur rendent généralement bien.)…Il y a là un problème que l’onretrouve dans à peu près tous les pays : les nouveaux journalistes n’ont guère deformation et reprochent à leurs aînés d’avoir trop longtemps servi le pouvoir (ou les

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Etat des lieux

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pouvoirs successifs) " (5).

Ainsi, au-delà des aspects strictement professionnels, les nouvelles générationsde journalistes justifient leur manque d’intérêt pour les agences de presse par leurtrop grande dépendance vis-à-vis des pouvoirs en place.

Face à cet état de fait, les agences de presse se trouvent dans l’obligation derecourir à des personnels peu qualifiés dont l’enthousiasme et la disponibilité ne sontmalheureusement pas suffisants pour compenser leurs profondes lacunesprofessionnelles.

iii) La lenteur et la faiblesse des investissements technologiques

Si l’avènement d’Internet a constitué un " choc " pour les grandes agencesmondiales, on peut imaginer ce qu’il a pu en être pour les agences nationalesafricaines, déjà confrontées aux problèmes classiques de fonctionnement d’uneagence de presse. Pour la plupart des agences nationales en Afrique subsaharienne,Internet a été vécu comme à la fois, un choc et comme un complexe, ce derniersentiment découlant des appréhensions à surmonter un défi annoncé commedéterminant pour la survie des agences.

Pourtant l’environnement global porte une attention particulière audéveloppement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).Une étude récente de l’UNESCO montre que Internet " a rapidement trouvé sesmarques dans la région (Afrique subsaharienne)… Fin 1996, onze pays seulementavaient des accès locaux, et, fin 1998, selon l’UIT (1998) tous les pays africainsavaient peu ou prou accès à Internet " (6).

Cependant, cette expansion d’Internet est limitée par un certain nombre defacteurs :

- Les services Internet demeurent pour l’instant principalement concentrés auxcapitales et aux grandes villes ;

- La cherté des télécommunications et la difficulté pour la plupart des pays àobtenir des bandes passantes internationales ;

- L’étroitesse des marchés locaux.

Les agences nationales de presse n’ont pas toujours su apporter les réponsesappropriées au défi lancé par le développement des nouvelles technologies, tant ence qui concerne la réhabilitation des équipements techniques, la formation et lerecyclage des personnels, que la recherche de nouveaux produits. Au demeurant, les

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investissements espérés étaient difficilement réalisables au moment structurelimposé par la communauté financière internationale qui ne jugeaient pas prioritaireset indispensables les investissements dans les secteurs de la communication.

iv) La réduction des soutiens internationaux

Dans les années 80, à la faveur du débat historique sur le nouvel ordre mondialde l’information, les agences de presse africaines bénéficiaient d’importants appuisde divers ordres de nombreux organismes mondiaux. Tel n’est pas le casaujourd’hui, la priorité étant désormais accordée au développement des " médiasindépendants ", (journaux, radios et télévisions). Les agences nationales de pressene sont pas retenues dans cette catégorie et font de moins en moins l'objetd'attentions de la part de la communauté publique internationale.

Seule l’UNESCO, fidèle à ses engagements initiaux en matière dedéveloppement de l’information à travers le monde, demeure encoreparticulièrement attentive aux questions liées à l’essor des agences de presse enAfrique. On relèvera à cet égard les deux programmes WANAD et CANAD,conduits en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale, au début et au milieu desannées 90, dans le but d'aider à la mise en place de programmes de modernisationdes agences de presse des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale.

Les agences nationales de presse sont-elles encore importantes ?

Le panorama actuel des agences de presse en Afrique subsaharienne suggère unequestion fondamentale, préalable à toute proposition sur leur avenir, celle de savoirsi ces institutions sont encore importantes.

- S’agit-il toujours d’institutions qui comptent ?

- S’agit-il de structures indispensables dans les systèmes nationauxd’information ?

- S’agit-il d’institutions pouvant encore aspirer, comme hier, à jouer un rôlecentral dans la collecte et la diffusion des informations ?

- S’agit-il d’organismes nécessaires au développement d’une informationdémocratique et de la liberté de l’information ?

On peut trouver cinq bonnes raisons au moins pour justifier l’importance desagences nationales de presse en Afrique aujourd’hui, en dépit de leurs conditions dumoment :

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Etat des lieux

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- L’agence nationale est " le moyen le plus efficace et le meilleur marché pourcollecter l’information, notamment l’information institutionnelle quiconstitue, partout, la base de l’ensemble de l’information. Cette méthodepermet aux autres médias de se concentrer sur la recherche des autresinformations et au traitement de l’ensemble des nouvelles " ;

- L’agence nationale est le moyen le plus sûr pour collecter efficacementl’information à bon marché ;

- L’agence nationale est " le moyen le plus efficace et le meilleur marché pourla diffusion des informations émanant des institutions nationales, àcommencer par l’Etat dont l’action concerne et intéresse l’ensemble despopulations " ;

- L’agence nationale est " le moyen le plus efficace et le meilleur marché pourla diffusion de l’information étrangère à l’intérieur et aussi, pour la diffusionde l’information nationale à l’extérieur, à travers les agences mondiales ouinternationales, qui préfèrent avoir un partenaire de leur profession, àcondition qu’il s’agisse d’une agence nationale politiquement neutre etprofessionnellement efficace " (7) ;

- L’agence nationale constitue, à l’heure de la globalisation de l’économie et dela mondialisation, l’un des moyens les plus efficaces et les moins onéreuxpour l’affirmation, la défense et la promotion de l’identité nationale. Lamondialisation n’est pas l’uniformisation. Toutefois, elle fait subir,notamment aux pays les plus faibles, des agressions diverses, en particulierdes agressions culturelles de la part des Etats plus forts. Dans ce contexte,l’agence nationale de presse représente la nation et contribue à la constructionde la " sémiotique nationale ". (8)

L’expérience accumulée depuis plus de 30 ans en Afrique atteste du rôlefondamental, central et incontournable des agences nationales de presse, surtoutdans les régions comme l’Afrique subsaharienne. L’environnement politico-médiatique actuel plaide en faveur d’une consolidation de ce rôle, compte tenu de lademande croissante des informations de toutes natures en quantité et en qualité ;compte tenu également de la nécessité de disposer d’un " grossiste de nouvelles "neutre et indépendant, capable d’offrir à chaque détaillant les produits pour saboutique.

Les conditions d’efficacité des agences de presse en Afrique subsaharienne ?

Pour être efficaces, c’est-à-dire pour occuper pleinement leur place dans les

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systèmes nationaux d’information en Afrique subsaharienne, les agences nationalesde presse doivent satisfaire aux critères de viabilité et de crédibilité.

a) Les conditions de viabilité

Elles peuvent être examinées en considérant :

- les statuts juridiques. S’il n’existe pas de forme idéale d’organisation desagences de presse, l’on admet, de plus en plus, que la formule d’agencemonopolistique d’Etat doit évoluer pour déboucher sur des modèlesfavorisant la participation d’autres actionnaires issus du secteur non étatique.Certains travaux récents relèvent que " toutes les agences ont la possibilité des’adresser à des publics plus larges que les médias et les institutionspubliques, et peuvent tirer avantage des développements d’Internet " (8).Toutefois, pour atteindre ces objectifs et réaliser de nouveaux gains, il estindispensable de procéder à de nouveaux équilibres au niveau managérial.

- les mutations technologiques. Plus que tous les autres paramètres, lesmutations technologiques déterminent la viabilité, voire l’avenir des agencesde presse, parce qu’elles favorisent, facilitent et accélèrent la collecte et ladistribution de l’information ; parce qu’elles donnent accès à un éventail pluslarge de sources d’information ; parce quelles réduisent les coûts deproduction de nouvelles ; parce qu’elles créent des liens interactifs entre lesjournalistes et les sources d’information. Les technologies nouvellespermettent, en définitive, d’offrir une information plus variée et de meilleurequalité à un moindre coût.

- la diversification et l’originalité de l’offre de services. C’est un corollaire etune conséquence des mutations technologiques. " En fait, les agences sontlogiquement influencées par les évolutions des technologies et systèmes decommunication ". La viabilité des agences de presse en Afriquesubsaharienne est fonction de leur capacité à proposer de nouveaux produits,mais surtout des produits originaux. C’est du reste tout le mérite d’Internetde promouvoir l’inventivité qui permet de fuir les sentiers battus.L’exploration du champ spécifique des informations originales etintéressantes sur l’Afrique propose au monde un large éventail d’expériencesdiverses et uniques, que les agences de presse peuvent relater en plus desexpériences classiques d’information. Tant au plan du texte qu’au niveau del’image ; tant en ce qui concerne les fonctions de classement, d’organisationque de stockage ; tant au niveau du service général que des servicesspécialisés, les agences de presse africaines disposent encore de très

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Etat des lieux

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nombreux atouts pour assurer leur viabilité.

- la coopération. Il s’agit pour les agences africaines de considérerdéfinitivement qu’elles seront d’autant plus fortes qu’elles saurontdévelopper, entre elles, les synergies professionnelles appropriées pour lesrendre plus complémentaires et plus solidaires, dans la réalisation decertaines activités. Les agences qui choisissent de vivre en autarcie secondamnent. L’avenir des agences de presse en Afrique subsaharienne passepar une coopération réfléchie et maîtrisée où chacune des agences sauraenrichir les autres et pourra s’enrichir des apports des autres. Le partenariatconstitue, sans doute, le meilleur moyen pour les agences africaines de releverefficacement les défis des évolutions constantes des nouvelles technologies.

b) Les conditions de la crédibilité

Nous retiendrons cinq (5) paramètres principaux pour déterminer la crédibilité del’agence de presse :

- la production. A cet égard, la régularité, l’abondance et la qualité sont lesmaîtres mots auxquels il convient d’ajouter la célérité et l’exhaustivité dans letraitement des nouvelles.

- les journalistes. Pour être crédible, une agence doit disposer de journalistesau professionnalisme avéré et sachant faire preuve de neutralité, d’honnêtetéet d’esprit d’indépendance.

- les équipements. Une agence de presse n’est crédible que si elle disposed’équipements modernes, performants et continuellement renouvelés.

- le réseau. L’étendue du réseau et le nombre des correspondants sontimportants pour asseoir la crédibilité d’une agence de presse.

- la clientèle. Une agence ne peut être crédible si elle ne dispose de clientsnombreux et importants, parmi lesquels les grandes agences de presseinternationales.

En guise de conclusion. Les développements ci-dessus indiquent, simplement,quelques pistes de recherche et de discussion. Ils ont pour seul objectif de susciteret éventuellement d’orienter les débats sur " l’avenir des agences nationales depresse en Afrique subsaharienne ". Quoiqu’il en soit, l’on conviendra :

- qu’aucun pays de la région ne peut se passer aujourd’hui d’une ou de plusieursagences nationales de presse au regard des exigences sociales et de la

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nécessité de la réduction et de la répartition des coûts d’accès à l’information;

- que l’agence de presse demeure le moyen le plus rapide de diffusion del’information institutionnelle à tous les usagers ;

- que les pays africains disposent de nombreux champs d’information, encoreinexplorés, devant permettre aux agences de presse nationales d’offrir descontenus et des services nouveaux et originaux ;

- que la modernisation, le professionnalisme, la crédibilité et le partenariatconstituent des passages obligés pour un développement réussi des agencesde presse en Afrique subsaharienne.

- que les agences de presse africaines, comme les autres agences de presse àtravers le monde " peuvent, à la place qui est la leur dans la chaîne des médias,devenir des médias de l’avenir " (9), à condition qu’ils parviennent às’inventer de nouveaux rôles.❑

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) Afrique Centrale : Médias pour la démocratie. Institut Panos, Karthala. Février2000.

2) Bernard NICOLAS : Etude sur les causes des réussites et des échecs de deuxagences nationales de presse et sur les moyens nécessaires de leur viabilité en fonctiondu marché. Ministère de la Coopération. 1995.

3) Olivier BOYD-BARRETT : The future of National News Agencies. UNESCOAmman Conference. Janvier 2001

4) Bernard NICOLAS. Ibd.

5) Bernard NICOLAS. Ibd.

6) Mike JENSEN : L’Afrique Subsaharienne, in " L’état de l’information dans lemonde ". Rapport de l’UNESCO 2000.

7) Olivier BOYD-BARRETT. Ibd.

8) Olivier BOYD-BARRETT. Ibd.

9) Henri PIGEAT : Les agences de presse : institutions du passé ou médias d’avenir?

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Etat des lieux

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M. Félix ZOGOM. Félix ZOGO

Chargé de cours à l’ESSTIC, Responsable de la

Cellule juridique au Ministère de la Communication

La problématique du cadre institutionneldes agences de presse nationales dans le

contexte de désengagement de l’Etat et desnouvelles technologies.

Lorsque, à l’aube des années 90, la quasi-totalité des pays d’Afriquesubsaharienne d’expression francophone opte pour la libéralisation de leursrégimes politiques, l’une des réformes les plus attendues induite de ce virage

historique est celle des médias et de la communication.C’est que, l’élargissement de l’expression politique et la mise en œuvre des

nouveaux dispositifs d’accès à l’exercice du pouvoir collectif, dans une optiquepluraliste et multipartisane se doit de s’accompagner, nécessairement, d’un cadreinstitutionnel pertinent, applicable aux moyens d’information et de communication.Aussi, l’accent est-il mis, de manière générale, sur le principe de la double libertéd’entreprendre et de publier, que consacre le régime de responsabilité.

A des degrés divers, l’on peut cependant noter qu’une telle évolution ne sembletoujours pas avoir pris en compte le rôle que les agences de presse pouvaient etdevaient être amenées à jouer dans ce nouvel environnement. Leur statut autant queleur mode d’organisation et d’exploitation sont malheureusement demeurés figés etmarqués d’obsolescence, pour contribuer à exacerber, davantage, les difficultés que

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trahissait déjà au niveau international l’institution de l’agence de presse. C’est ainsiqu’elles durent progressivement, mais inexorablement, perdre leur positionstatutaire au sein de la chaîne de production et de mise à disposition des nouvelles.

Mais, il est tout aussi vrai, par ailleurs, que leur incapacité interne à s’adapteraux incessantes évolutions technologiques qui ne cessaient de bouleverserl’échiquier au sein des filières communicationnelles n’en constituent pas moins unedes raisons de leur érosion et finalement de leur perte d’influence.

Il se trouve, cependant, que le rôle des agences de presse reste fondamental, sil’on veut préserver les impératifs de pluralisme des structures et des contenusinformationnels, si l’on veut garantir la liberté de presse par une libre circulation desidées et des opinions, qui puisse refléter toute la diversité humaine et garantir le droitde tous et de chacun à l’information de son choix. Chaque entreprise d’information(organe de presse écrite, station de radio ou chaîne de télévision), ne pouvant, pourdes raisons à la fois techniques, économiques, humaines ou pratiques, disposer desréseaux nécessaires à la collecte en temps utile de tous les évènements qui sedéroulent dans un espace socio-géographique donné, elles trouvent dans les agencesde presse des partenaires privilégiés pour leur servir en quelque sorte de fournisseursou de grossiste en informations ; le recours à une ou plusieurs de ces agences leurpermettant alors d’étoffer, à bon compte, leurs contenus respectifs dans un rapportpersonnel/instantanéité/coût appréciable.

Or, on peut aisément constater que face à la déliquescence ou à la perte decrédibilité des agences nationales en Afrique subsaharienne, notamment, le recoursà ce type d’intervention ne fait plus recette, avec les résultats que l’on sait au niveaude l’offre qualitative des médias.

Puisqu’il est démontré que le rôle des agences de presse est à ce pointdéterminant dans la recherche d’efficacité des médias, il s’impose, eu égard auconstat relevé plus haut, un axe de réflexion s’appuyant sur la réhabilitation de cemaillon professionnel, pour poser la problématique de sa renaissance et de saviabilité dans un contexte où, d’une part l’Etat est amené à se désengager sous desformes diverses, et d’autre part des bouleversements technologiques notoires ontdémocratisé les formes d’appropriation et de mise à contribution des nouveauxoutils.

Une réflexion de fond sur l’avenir des agences de presse en Afriquesubsaharienne et donc, dans un environnement en pleine mutation et de surcroît sousforte contrainte technico-économique, se doit, par conséquent, d’envisager laproblématique actuelle des agences de presse à travers la pertinence d’un cadre

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Etat des lieux

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institutionnel nouveau.

Poser ainsi la problématique de l’avenir des agences de presse en Afrique, c’est,à l’évidence, questionner le renouveau de leur statut juridique, compris commel’ensemble des règles relatives à leur création, à leur organisation et leurexploitation. Cette question est d’autant plus fondamentale que l’offre desstructures, leur degré d’autonomie et d’indépendance, la nature des contenus qu’ilsproposent en dépendent.

Ainsi présenté, ce sont principalement les deux composantes suivantes quidemeurent pertinentes pour constituer l’objet de notre exploration. Il s’agit durégime administratif d’une part, et du régime technico-économique d’exploitationd’autre part.

LIBÉRALISATION, INDÉPENDANCE ET TRANSPARENCE

LES CRITÈRES D’UN RÉGIME ADMINISTRATIF RÉNOVÉ

Dans la plupart, si non la totalité des cas, on peut constater que l’Etat exerceencore un monopole sur la création des agences nationales de presse en Afriquesubsaharienne d’expression francophone notamment. Lorsqu’elles ne sont pasconstituées en des services publics relevant de l’administration centrale, ces agencessont organisées sous la forme d’établissements publics avec l’Etat commeactionnaire unique (APS au Sénégal, ACI au Congo-Brazzaville, ABP au Bénin), oupire encore, elles ne sont que des directions intégrées à des groupes de presse deservice public éditant eux-mêmes des périodiques (CAMNEWS-SOPECAM auCameroun).

Une telle approche constitue à coup sûr un facteur limitant pour l’efficacité desagences de presse dans un contexte où plus que jamais, les règles d’exactitude desfaits, d’intégrité et de diversité doivent être assurées pour préserver à ces agencesquelque chance de reconquérir leur position centrale dans la chaîne intellectuelle del’information. Outre la liberté d’entreprendre, qui doit briser toute forme demonopole étatique pour les activités de collecte ou de captation des nouvelles et deleur diffusion, monopole du reste déjà battu en brèche par la démocratisation del’accès aux nouveaux réseaux (Internet ou simples banques de donnéesinformatisées), il y a la question des formes juridiques à travers lesquelles lesactivités sont exercées.

Notre conviction est que la recherche des efficacités tant fonctionnellesqu’opérationnelles ne saurait plus s’accommoder des modes de gestion liées aux

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personnalités morales de droit public telles que les établissements publics, fussent-ils à caractères industriels et commerciaux.

Les statuts de sociétés d’économie mixte ou à capital public gérées sous lemodèle des sociétés anonymes de type privé constituent alors un moyen d’accroîtrela pression sur les impératifs de rentabilité, et les adapter de ce fait aux exigencesdes nouveaux environnements.

Au-delà de la diversité des choix qui peuvent s’imposer, c’est surtout la nécessitéde gérer l’activité d’agence selon des règles commerciales qui prévaut. De fait,l’entrée en vigueur du traité de l’OHADA offre un cadre idoine qui, au gré desprogrammes de réformes économiques en cours dans les secteurs publicséconomiques en Afrique, tend à transposer les règles de gestion commerciale auxentreprises du secteur comprenant des capitaux publics.

A terme, ce que vise une telle option, c’est l’indépendance et la transparence.L’indépendance par rapport au pouvoir politique, mais aussi à l’égard des intérêtsfinanciers. Car, autant les agences de presse de la nouvelle génération doivent cesserd'être des supports de propagande au service des forces politiques, autant il faut biense garder qu’elles ne deviennent des otages des puissances de l’argent, autres quecelles légitimement générées par leurs marchés. Quant à la transparence, elleparticipe du souci d’objectivité et touche de ce fait à l’identité des collaborateursainsi qu'à celle des ressources financières. Il est, en tous cas, de la plus hauteimportance que les uns soient connus des partenaires et des clients.

LE RÉGIME D'EXPLOITATION

La nature des activités agencières est telle qu'à l'instar des autres activités decommunication, celles-ci présentent à la fois des caractéristiques communes àl'ensemble des activités économiques, tantôt des particularités par rapport à cesactivités.

Au nombre des traits généraux, nous retiendrons l'importance des moyens misen œuvre, l'extrême dépendance technologique, les coûts d'entrée élevés qui freinentle développement des activités, l'internationalisation des flux et des données.

A côté de ces traits généraux, les spécificités tiennent, pour l'essentiel, aucaractère éminemment périssable des nouvelles et l'absence d'un véritable prix demarché, eu égard à un système de valorisation aléatoire.

Mises en commun, ces généralités et ces spécificités introduisent d'importants

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Etat des lieux

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biais dans l'orthodoxie de l'exploitation des entreprises de communicationauxquelles n'échappent pas les agences de presse, au point que leur fonctionnementva nécessiter les correctifs générés par l'intervention publique.

En effet, l'Etat à qui il revient de garantir l'intérêt général, doit souscrire auxobligations conséquentes de service public, notamment en terme d'égalité d'accès àl'information.

Outre une prise de participation, qui ne devrait pas être de nature à s'ingérer dansle fonctionnement de l'agence du quotidien, l'Etat se doit d'intervenir dansl'exploitation de ce nouveau type d'agence au moins par trois types de modalités :

• des exonérations fiscalo-douanières à l'acquisition des équipementsinformatiques et néo-technologiques nécessaires à la modernisation desagences;

• l'institution des régimes préférentiels pour l'accès au service destélécommunications;

• la stimulation de la demande institutionnelle en matière de produits d'agence.

S'agissant du régime d'exonération, il faut préciser que le contexte desprogrammes de reformes économiques prescrit en général un accroissement desrecettes fiscalo-douanières.

L'argumentaire pour faire admettre de telles mesures pourrait utiliser laratification de l'Accord de Florence et l'adhésion au Protocole de Naïrobi commebase légale, en les inscrivant au chapitre des plans d'actions mis en œuvre dans lecadre de la Bonne Gouvernance et les stratégies de réduction de la pauvreté.

Quant aux Télécommunications, la privatisation de ce secteur risquerait decompliquer l'effectivité d'un régime préférentiel, si les cahiers de charges y afférentsne prenaient pas suffisamment à temps et en compte une telle préoccupation.❑

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Impact des Nouvelles Technologies sur ledéveloppement des agences de presse

L'atelier sur la promotion de la culture de la maintenance, tenu à Yaoundé du26 au 30 juillet 2001, a fait le diagnostic des difficultés des agences de pressesur le plan technologique et adopté le concept des agences nouvelles

simplement pour marquer la nécessité, pour ces agences, d'intégrer les nouvellestechnologies, au risque de disparaître.

Pour les agences nationales de presse en Afrique, il n'y a pas de doute, lesnouvelles technologies constituent une opportunité et non une menace. Mais auregard de l'environnement déjà austère dans lequel intervient cette technologie, laquestion se pose de savoir à quels bouleversements devons-nous nous attendre ?

Il est opportun d'approfondir la question. L'impact des technologies sur ledéveloppement des agences nationales de presse en Afrique sera examiné à traversl'identification des nouvelles ressources indispensables à la mutation annoncée.

La présente communication s’articule autour de trois points :

• Le contexte :

les nouvelles technologies en rapport avec les activités classiques des agences depresse ;

• Les implications :

les nouveaux besoins en terme d'organisation et de ressources (technologiques,humaines, financières, etc.) ;

M. YM. Yaovi HOUNKPOUNOUaovi HOUNKPOUNOU

Directeur de l’agence Bénin Presse

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• Les stratégies :

la mise en place des nouvelles ressources.

nouveau contexte : les agences nouvelles

L'émergence de nouveaux outils de communication et le vent de la démocratiequi souffle en Afrique constituent le contexte fondamental qui bouleverse le rôle etles fonctions des médias en général et des agences de presse en particulier.

A la faveur de la démocratie et des nouvelles technologies, qui ont rendu facilel'acquisition de la technologie radio FM bon marché et les techniques de publicationpar ordinateur (PAO), beaucoup de pays africains ont connu une explosion dans lesecteur des médias. Cette explosion a été marquée par la multiplication despublications (quotidiens, hebdomadaires, mensuels, titres spécialisés etc.), desradios et même des chaînes de télévision. Le Bénin par exemple, compte aujourd'hui17 quotidiens, plus d'une vingtaine de stations de radiodiffusion et deux chaînes detélévision. Les agences de presse en Afrique n'ont jamais connu un marché aussiflorissant. Elles ont toujours été destinées aux médias de service public quicomprenaient tout au plus une radio et une chaîne de télévision. Il est donc évidentque les agences de presse, là où elles existent et fonctionnent encore, sontinterpellées par ces nouveaux acteurs dont généralement les moyens sont troplimités pour s'offrir des correspondances fiables à l'intérieur du pays, encore moinsà l'extérieur.

Point n'est besoin de s'attarder ici sur l'autre marché potentiel constitué par cescommunautés africaines à l'étranger qui, toujours à la faveur de la démocratie,s'intéressent de plus en plus aux questions touchant au développement des paysafricains et pour lesquelles une source d'information crédible, fiable et neutre estvitale.

Du côté des agences de presse, les nouvelles technologies, en particulierInternet, et les techniques de compressions numériques multiplient les possibilitésde collecte, de traitement et de diffusion ainsi que la nature des produitsd'information à traiter. Les agences de presse vont, enfin, tourner le dos aux"systèmes propriétaires", constitués d'outils périmés, pour embrasser ce qu'onappelle les "systèmes ouverts", qui offrent un champ illimité d'applications.

Le concept d'Agence nouvelle, qui résulte de ce bouleversement sur lefonctionnement des agences traditionnelles, devra être perçu en termes :

• de pressante nécessité d'intégration des nouvelles technologies dans leprocessus de production (collecte, traitement et diffusion de l'information) ;

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• de diversification des produits d’agence et de d'amélioration de la qualité ;

• d'approche marketing, de créativité et de veille technologique.

Mais de quelles ressources disposons-nous pour y aller ?

S'agissant des ressources disponibles, l'atelier qui vient de s'achever et beaucoupd'autres réunions en ont présenté un tableau effrayant et tragique se caractérisantgénéralement par : des équipements vétustes et inadaptés, un personnel réduit et malformé, une absence de ressources financières, un manque d'intérêt desgouvernements, etc. Mais ce qui est rassurant, c'est qu'il existe encore des personnespour faire fonctionner les restes des agences, là où elles existent encore, et mêmepour impulser des réflexions sur le devenir des agences de presse. Tout n'est doncpas perdu. Toute la réflexion devra désormais porter sur l'identification desnouveaux besoins et la stratégie de leur mise en œuvre.

Quels sont les nouveaux besoins ?

Le nouveau rôle et les nouvelles fonctions de l'agence de presse introduisent lesbesoins ci-après :

En terme d'identification constante des produits : il s'agit de s'organiser demanière à répondre constamment à la double question : Vendre quel produitd'information? et à qui ?

Cela doit demeurer une préoccupation permanente des animateurs des agencesnationales de presse. La réponse à cette question contraint à une observationrigoureuse et permanente des besoins en produits d'information, aussi bien sur leplan local que mondial.

En termes de Technologies : il faut changer de technologie. Les nouvellestechnologies, qui font essentiellement appel aux micro-ordinateurs, aux logiciels etaux réseaux de transmission de données, sont plus légères, et ont l'avantage depouvoir se concevoir et se mettre en œuvre sur des systèmes ouverts. Les nouvellestechnologies offrent de nombreuses possibilités aux agences de presse pour lesactivités de collecte, de traitement, de diffusion et d'archivage. Mais à quels coûts?

Les agences sont-elles en mesure de faire face à ces coûts? Le courrierélectronique permet de servir instantanément plusieurs clients aussi bien à l'intérieurqu'à l'extérieur du territoire national. Le site Web pourra offrir une visibilité àl'Agence nationale tout en fournissant gratuitement le "daily news" et annoncer de

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nombreux autres services à valeurs ajoutées.

En terme d'organisation: il s'agit de créer les structures capables de faciliter lamutation, notamment le service marketing, le service de la production et le serviceinformatique.

En terme de ressources humaines : de nouvelles compétences sontindispensables, de même que de nouveaux outils de gestion des ressources humainessont à mettre en œuvre.

De façon précise, les agences de presse nécessitent :

• du personnel technique de plus en plus compétent ;

• des journalistes rigoureux et innovants, capables d’utiliser les outilsinformatiques pour la production rédactionnelle ;

• du personnel technico-commercial attentif pour le support marketing (créationet promotion des produits, suivi de la clientèle etc.).

En terme de ressources financières : De nouvelles ressources doivent êtredéployées pour :

• l'acquisition et la maintenance des équipements informatiques et systèmes decommunication, des logiciels éditoriaux et de gestion ;

• les charges relatives au fonctionnement des différents services, notammentcelles des nouveaux services (informatique, marketing et production) ;

• la formation.

Comment mettre en place les ressources ? Stratégies :

Organisation :

On pourra essayer, dans un premier temps, d'adapter les anciennes structures auxnouveaux besoins et créer, par la suite, de nouvelles structures en privilégiantl'implication de structures partenaires au fonctionnement de l'agence.

Ressources humaines :

Il faut du personnel qualifié et disponible. Le redéploiement du personnel avecune incitation à la reconversion aux nouveaux métiers peut être une solution. Dans

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une vision futuriste, et pour impulser le personnel sur place, il est indispensabled'encourager les jeunes à s'intéresser aux activités des agences de presse en offrantdes stages d'entreprises aux étudiants des écoles de formation en journalisme,informatique, marketing, gestion etc. Pratique à laquelle les agences de presse nesont pas habituées et qui pénalise leur développement.

Même si les agences doivent prévoir des budgets pour la formation continue, lepartenariat dans le cadre de la mise en œuvre de projets pourra constituer un cadreexcellent de formation et de transfert de compétences. Cette pratique mérite d'êtreencouragée au regard de l'évolution très rapide de la technologie. On pourra ladévelopper entre médias au sein d'un même pays. Mais il est souhaitable queplusieurs pays mettent leurs ressources humaines ensemble autour de l'exécution deprojets à caractère technologique. A titre d'exemple, n'est-il pas possible d'offrir, auxtechniciens des agences de presse des pays africains, des stages à la PANA ?

Technologies :

Il faut changer de technologie. La culture réseau doit être la base de touteconception relative à la mise en œuvre de système de communication pour uneagence de presse. La réunion sur la promotion de la culture de la maintenance arecommandé l'élaboration d'un plan directeur pour prendre en compte toutes lesdimensions du problème. Elle a recommandé notamment le partage des ressources(acquis humains, ressources technologiques: serveurs etc.). En restant dans ce cadre,une solution plus concrète serait le développement de partenariats pour la mise enœuvre de projets communs d'abord dans le secteur des médias. Adopter des solutionsà coût partagé minimiserait considérablement les charges de mise en œuvre, demaintenance et même d'évolution des systèmes. En la matière, la PANA a un rôleimportant à jouer pour rendre les agences nationales plus dynamiques. Pourquoi laPANA ne rassemblerait-elle pas quelques techniciens d'agences nationales de presseautour de son programme d'installation technique ? Le paradoxe a été que pendantque les techniciens d'agences de presse étaient réunis à Yaoundé pour parlerd'installation et de transfert de compétence, dans le même temps la PANA était entrain de mettre en œuvre un réseau dans les locaux de son siège dans la même ville.Peut-on avoir meilleure opportunité pour joindre la pratique à la théorie ? La PANAdispose d'énormes capacités d'hébergement de sites. Les agences nationales doivent-elles assurer individuellement les frais de développement de leurs sites Web? Cesinitiatives pourraient aussi se développer dans des cadres mettant en relation lesagences de presse entre elles ou avec d'autres partenaires tels que les agences dusystème des Nations-Unies, les organisations non gouvernementales, les opérateurs

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privés intervenant dans le secteur des communications, etc. Dans tous les cas, lesdifférents partenariats devraient concourir à la mise en œuvre progressive du plandirecteur de l'agence de presse.

Ressources financières :

Il faut créer des ressources propres :

• Les gouvernements doivent continuer et même accroître leur soutien financieraux agences nationales de presse.

• Cependant les agences ne doivent pas compter uniquement sur la contributiondes Ministères des Finances. Elles doivent, financièrement, générer desressources, même si celles-sont insuffisantes au début pour couvrir lescharges d’investissement et de fonctionnement. Les nouvelles stratégies deproduction et de vente des produits d'information, qui s'appuient sur ladiversification des produits, l'amélioration de la qualité du contenu et lespossibilités offertes par les nouvelles technologies pour le tri et la diffusion àcoût réduit, sont des atouts favorables à la création de revenus pour supporterles activités de l'agence de presse. Par exemple, la vente d'information parpackage offre d'énormes avantages, aussi bien pour le client que pour l'agencede presse. Par ailleurs, les agences disposent d'un atout encore sous estimé:les réseaux de correspondants nationaux ou bureaux départementaux. Lamaîtrise du terrain par ces correspondants reste encore une chance, pour lesagences de presse, d’accéder à un marché de plus en plus exigent.

• Les médias privés, les opérateurs intervenant dans le secteur de lacommunication, les fournisseurs d'accès, ainsi que les hommes d'affaires engénéral, devraient trouver un cadre incitatif à l'investissement dans lesactivités des agences nationales de presse.

Mutation ou disparition ?

Loin de constituer un handicap, les nouvelles technologies constituent unechance pour les agences de presse en Afrique.

Les nouvelles technologies apportent aux agences de presse la possibilité de lamise en œuvre d'infrastructures ouvertes, simples et regorgeant d'énormespossibilités en matière de collecte, de traitement et de diffusion de l'information.Elles offrent surtout la possibilité d'une diversification des produits qui, hier, étaient

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incompatibles avec les supports techniques utilisés.

Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer les équipements et systèmes déployésdans un passé récent pour la production et la transmission des photos d'agence, avecles facilités offertes aujourd'hui par les techniques de compression numérique et detransmission de photos et de voix via Internet.

La mutation des agences de presse classiques en agences de presse multimédiasou agences nouvelles est une opportunité à saisir, car cela devient clair que ce n'estplus la technologie qui fournira les ressources, mais l'intelligence des agenciers àcréer et entretenir le marché des contenus.

Les agences de presse africaines ont les atouts nécessaires aux mutationstechnologiques. Les marchés du contenu sont à leur portée. Mais demain sera peut-être trop tard !❑

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Etat des lieux

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Plaidoyer des responsables des agences de presse : cas de l’Agence

Congolaise d’Information (ACI)

L'Agence Congolaise d'Information a été créée par la loi n° 40-61 du 26janvier 1961 comme un organisme autonome doté de la personnalité civile etdont le fonctionnement est assuré selon les règles commerciales.

En 1966, la loi 40-61 est abrogée et remplacée par la loi 10-66 du 22 juin 1966transformant l'Agence Congolaise d'Information en un service public fonctionnantselon les règles de la comptabilité commerciale.

Plusieurs textes, notamment plusieurs décrets et arrêtés ministériels ontréglementé l'organisation et le fonctionnement de l'ACI. Le dernier texte en vigueurà ce jour est le décret n° 98-385 du 08 novembre 1998 qui érige l'ACI en servicepublic à caractère industriel et commercial et sous-tutelle du Ministère de laCommunication, chargé des Relations avec le Parlement.

La structure de l'ACI se présente comme suit : une Direction Générale, uneDirection Technique, une Direction de l'Information et une Direction Administrativeet Financière. Outre ces structures précitées, l'ACI est implantée dans les Chefslieux des dix (10) régions du pays.

Conformément aux textes réglementaires, l'ACI a pour rôle de rechercher leséléments d'une information complète et objective ; distribuer, outre ses informations

M. ThéodorM. Théodore KIAMOSSIe KIAMOSSI

Directeur Général de l’ACI

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propres, les informations mondiales ; mettre à la disposition des usagers, contrepaiement, l'ensemble de ses informations. C'est d'ailleurs la vocation de toutes lesagences, tant nationales qu’internationales. Tous les agents de l'ACI sontfonctionnaires, en dehors de quelques pigistes que l'ACI paye mensuellement.

De la situation de l'ACI, ses possibilités et ses limites face aux nouvellestechnologies de l'information et de la communication et à l'accès à l'Internet

Grâce à l’appui de l’UNESCO, l’ACI possède un parc informatique suffisantainsi que du matériel nécessaire à la production agencière (ACI-Actualité, lesdossiers de l’ACI et l’ACI Panorama). L’abonnement à l’ACI-Atualité revient àquatre vingt quatre mille francs CFA par an, les autres productions sont vendues enkiosques.

L'acquisition de ce matériel donne la possibilité à l'ACI de publier un quotidien.Cependant, il y a lieu de préciser que l'informatisation de la rédaction se faitattendre. C'est ce qui explique les limites de l’ACI face aux nouvelles technologies.Pour le cas précis de l'accès à Internet, l'ACI ne possède pas encore sa propre ligne.

De la crédibilité de nos éditions et l'engagement des autorités nationales àsoutenir l'Agence Congolaise d'Information.

L’ACI met sur le marché des produits jugés crédibles. Les exigences sont cellesde l'objectivité, l'impartialité, la précision, la bonne écriture - l'Agence peut, du reste,s’enorgueillir de posséder les meilleurs journalistes du Congo.

Concernant l'engagement des autorités nationales à soutenir l'ACI, il faut noterune particularité congolaise : les autorités pensent davantage à développer le secteurélectronique, c'est-à-dire l'audiovisuel. Quant à l’ACI, le soutien promis, pourtantprévu dans le budget de l’Etat année après année pour l’information de la rédactionet l’acquisition du matériel de communication, se fait toujours attendre.

En programmant le budget d'investissement au bénéfice du développement del'ACI, le gouvernement, théoriquement, pense au maintien de son agence de presse.

La place de l'ACI dans le système national de l'information et lacommunication

L'ACI est un des maillons forts du système national de l'information et de la

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Etat des lieux

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communication au Congo.

De nos jours, il est impossible de renier l'influence sans cesse plus grandeexercée par l'ACI sur le travail rédactionnel de certains médias congolais.

Au niveau national, les produits éditoriaux de l'ACI sont exploités par lesjournaux d'Etat et privés, par les radios et télévisions nationales. Les Directionsrégionales de l’agence, sont effectivement fonctionnelles. Toutes les nouvelles deportée nationale et internationale sont publiées dans l'ACI-Actualité, documentexploité par les médias de la place et par les attachés de presse des Ambassadesaccréditées au Congo, voire par certaines institutions internationales.

Au niveau international, l'ACI échange certaines informations de portéenationale avec quelques agences, notamment la PANAPRESS.

Perspectives de Développement

Un plan de réhabilitation et de développement de l'ACI a été soumis au cabinetministériel et adopté par le Gouvernement du Congo.

Ce plan prévoit les axes ci-après :

• L'informatisation de l'ACI;

• L'accès aux nouvelles technologies de communication en vue de relancer leréseau urbain, le réseau national et le réseau international;

• Le rétablissement de la coopération avec l'AFP, ITAR, TASS, MAP, APS,PANA en 2001-2002.

• La formation et la reconversion des techniciens aux nouvelles Technologies.

Tous ces points sont inscrits au budget d'investissement. En ce qui concerne lesperspectives de développement, nous comptons sur l'apport de la PANA et del'UNESCO particulièrement. L'UNESCO doit être le porte-parole des agencesafricaines auprès des agences internationales, des hommes d'affaires et des décideurspolitiques. Cette organisation doit lancer un appel en faveur de la promotion desagences africaines, inciter les hommes d'affaires à prendre des parts en vue del'édification des agences fortes. Parce qu'il y a problème dans la coopération. Lescoûts exigés pour la réception du fil AFP sont trop élevés alors que l'ACI ne vendpas pour plus de quinze millions de FCFA. Il est difficile pour une agence en pleinprocessus de réhabilitation après un pillage systématique de tous ses appareils

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pendant la guerre - de faire face aux exigences financières de l'AFP de Reuters.

Il y a quelques années, l'UNESCO avait mis au point un cadre de développementdes agences africaines. La mise en place des projets WANAD, CANAD etSEANAD a été bénéfique pour nos agences de presse. Il faut y revenir et en fairepeut-être des Institutions d'aide au développement des agences africaines sousl'égide des Bureaux Régionaux de l'UNESCO. Notre souhait, est que les hommesd'affaires participent également à cette opération de renaissance des agences depresse africaines.

Les agences de presse dans les pays africains sont indipensables de par leur rôlede grossiste des informations. Les journaux et les périodiques qui paraissent dansplusieurs de nos pays manquent d'informations crédibles, sûres et fiables. Uneagence nationale, bien équipée, couvrant toutes les activités diversifiéesparticiperait, à la promotion éditoriale des journaux et pourquoi pas à l'explosiond'une presse écrite indépendante, bien informée, bien documentée et capable à sontour de donner des informations à partir des sources crédibles, vérifiables, et solides.

Un autre axe prioritaire, c'est celui de la formation, le perfectionnement et lerecyclage des journalistes d'agence. Les organismes, comme l’URTNA, le CIRTEForganisent périodiquement des stages de perfectionnement des journalistes de radioet de télévision, des techniciens. Nous aimerions voir l'UNESCO et la PANAprendre en charge cette question par l'ouverture des centres de perfectionnement desjournalistes et des techniciens d'agence selon les sous-régions. Il y a lieu que lacoopération Sud-Sud s'affirme.

En cette période de doute et d'incertitudes, où nous approfondissons la réflexionsur le devenir des agences africaines, nous ne devons pas hésiter à mobiliser toutesles ressources existantes pour confronter et relever les menaces à la survie desagences de presse. Le manque d'assistance aux agences par certains gouvernementsconstitue une sérieuse menace capable d'affaiblir tout le système nationald'information.

Et, il est temps que les hommes d'affaires, les opérateurs économiques africains,s'impliquent dans le processus de redressement du système agenciel africain enprenant des parts. Nous sollicitons de leur part une compréhension et une autre vuesur le rôle et la place des agences africaines. Le partenariat s'impose pour unnouveau visage de nos agences.❑

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Plaidoyer des responsables des agences depresse : cas de l'Agence Malienne

de Presse (AMAP)

L'Agence malienne de presse et de publicité (AMAP) a été créée en 1983. Sonorganisation proprement dite a été fixée par un décret présidentiel pris endate du 24 juillet 1986.

Depuis le 18 novembre 1992, l'AMAP est devenue un Etablissement public àcaractère administratif (EPA) doté d'une autonomie administrative et financière. Elleest placée alors sous la tutelle du Ministre de la Communication et gérée par unedirection générale.

L'AMAP est un groupe multimédia qui comprend quatre directions techniques :la direction de l'agence de presse, la direction de la publicité, la direction de la presseen français qui publie l'ESSOR, le quotidien gouvernemental et la direction de lapresse communautaire.

Le groupe est dirigé par un conseil d'administration présidé par le Ministre de laCommunication et comprenant des représentants de certains départementsministériels (Economie et Finances, Développement rural, Santé, Culture etl'Administration territoriale), des représentants des usagers et ceux des travailleurs.

Entre autres missions du conseil d'administration, l'examen et l'arrêt du budget

M. GAOUSSOU TM. GAOUSSOU Traorraoree

Directeur de l’Agence Malienne de Presse

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annuel à soumettre à l'appréciation du ministre chargé des Finances, l'approbationdes plans de développement de l'AMAP et des règles d'avance et des recettes ainsique la délibération sur les emprunts, acquisitions, disposition ou aliénation des biensmeubles et immeubles appartenant à l'AMAP.

L'AMAP fonctionne à partir de ses propres ressources (vente de ses produits,publicité etc) mais bénéficie aussi d'une subvention que l'Etat lui consent chaqueannée. Cette subvention a connu une baisse ces deux dernières années en raison del'organisation par le Mali de la CAN 2002 et les élections générales la même année.

En ce qui concerne la direction de l'agence de presse, une des quatre directionstechniques de l'AMAP, son existence est intimement liée à celle du groupe.

Héritière de l'ANIM (Agence nationale d'information du Mali), l'agence depresse a démarré en 1986 avec, comme missions essentielles, la collecte, letraitement et la diffusion des informations sur l'ensemble du territoire.

Notons que le projet WANAD financé par l'Allemagne et l'UNESCO a beaucoupcontribué au démarrage de l'agence à travers des équipements (véhicules, motos,ordinateurs etc et la formation des journalistes et techniciens).

L'agence de presse dispose encore de certains de ces équipements pour sonfonctionnement même si la direction générale de l'AMAP s'est donnée ces dernièresannées comme priorité, la dotation de l'agence de presse en matériels performantspour lui permettre d'assurer son rôle dans le paysage médiatique malien qui compteplusieurs dizaines de journaux et plus d'une centaine de radios privées.

L'agence est structurée en desk central (Bamako) avec 4 journalistes, 3techniciens et un informaticien et 52 bureaux régionaux et locaux disséminés surtoute l'étendu du territoire. Certains de ces correspondants lui sont directement liéstandis que d'autres occupent parallèlement d'autres fonctions.

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Les huit bureaux régionaux sont tous équipés de fax depuis 4 ans et trois d'entreeux sont dotés depuis deux mois environ d'un micro-ordinateur connecté à Internetdans le cadre de l'informatisation des bureaux régionaux et locaux.

L'agence souhaiterait doter le reste des bureaux régionaux du même matériel aucours des deux prochaines années, avec l'appui des autorités gouvernementales etdes partenaires.

Si pour les bureaux régionaux, les informations sont envoyées en temps réel parfax ou par e-mail, il n'en est pas de même pour les bureaux locaux dont la plupartenvoient encore leurs nouvelles par courrier et par les voyageurs. Certains bureauxdont les localités disposent de téléphone sont plus heureux dans l'envoi de leursnouvelles. La société des télécommunications du Mali, en cours de privatisation, esten voie de doter tous les cercles du Mali de téléphone.

C'est dire que l'informatisation des bureaux locaux, qui accusent de grandsretards par rapport aux bureaux régionaux, n’est pas imminente en raison du manqued'infrastructures (téléphone, électricité etc) dans plusieurs localités.

L'agence de presse produit deux bulletins hebdomadaires. Le bulletin "Mali-Presse-Info" qui traite des faits divers et faits sociaux et de nouvelles des régionsainsi que des features. Il est distribué sur abonnement et son contenu est publié danspresque tous les journaux publics et privés. Des particuliers ou ambassades etservices sont également abonnés à "Mali-Presse-Info". Le coût d'abonnement est devingt quatre mille francs CFA par an. Mais en dépit de la modicité du prix, l'agencene dispose que d'une centaine d'abonnés.

Le second bulletin est économique et s'appelle "Eco-Presse". Ce bulletinintéresse surtout les services financiers, les opérateurs économiques et quelquesambassades et banques de la place. Ce bulletin traite exclusivement des nouvelleséconomiques nationales et surtout internationales. Le coût de l'abonnement est fixéà cent vingt mille francs CFA par an. D'autres canaux à exploiter (santé,environnement) sont entrain d'être explorés.

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En dehors de ces productions, l'agence est abonnée au service AFP. Elle fournitgratuitement ce service à la Radiodiffusion télévision du Mali (ORTM) et auquotidien l'ESSOR. Seuls le ministère des Affaires étrangères et la Présidence sontnos clients en dépit des efforts déployés par l'AMAP pour amener les autresministères et les journaux et autres usagers à s'abonner. L'AMAP paye le serviceAFP (service général et service hippique) à deux millions cinq cent mille francs CFApar mois.

Certains journaux privés tels que les ECHOS, NOUVEL HORIZON s'étaientabonnés mais ont dû résilier le contrat en raison des coûts du service, soixantequinze mille francs CFA, jugés onéreux.

Il faut reconnaître que la plupart des rédactions de la presse privée n'arrivent pasà supporter les charges en raison de la mévente des journaux et de l'absence depublicité dans leurs colonnes ainsi que du peu d'intérêt qu'accordent maintenant leslecteurs aux journaux privés qui avaient pourtant connu un grand succès après lesévénements du 26 mars 1991 ayant abouti à l'avènement de la démocratie pluralisteet l'éclosion de journaux et radios privées au Mali.

La priorité du moment de la direction générale de l'AMAP est d’arrimer l'agencede presse aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.L'AMAP dans sa politique de développement ne veut rester en marge de cetteévolution technologique.

Les autorités gouvernementales qui subventionnent l'AMAP sont favorables àcette initiative. Aujourd'hui le Desk central est connecté à Internet et envoie sesinformations à la PANA à travers cet outil. Trois autres bureaux régionaux Sikasso(Sud), Ségou (Centre) et Mopti (Nord) sont aussi connectés à Internet. Lescorrespondants de ces bureaux envoient leurs nouvelles par Internet. Cette actiondevra en principe être étendue aux autres régions (Gao et Tombouctou et Kidal(Nord), Kayes (Ouest) Koulikoro (Nord-Est).

En outre, depuis deux mois un site "ESSOR" est en chantier dans les locaux del'agence de presse qui en assurera la gestion. Outre le contenu du quotidien

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gouvernemental, ce site, qui sera opérationnel dans quelques jours, va contenir lesautres produits de l'AMAP ainsi que des informations institutionnelles.

Ce site permettra à l'importante diaspora malienne à travers le mondenotamment en Côte d'Ivoire et en France, d'être informée en temps réel des nouvellesdu pays. En clair, l'introduction des nouvelles technologies de l'information et de lacommunication permettra d'établir un réseau d'échange d'informations, de nouvellesentre le siège, c'est à dire le desk central, et les bureaux régionaux, voire locaux dansl'avenir.

Cette nouvelle situation que peut offrir l'AMAP (constitution de réseaux fiablestant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur) nécessite la formation et le renforcementdu personnel appelé à gérer l'outil informatique. L'agence a besoin de l'appui departenaires comme l'UNESCO qui, il faut le souligner a déjà beaucoup contribué àla formation de journalistes et techniciens de l'agence de presse de l'AMAP.

En conclusion, il faut dire qu'en dépit des difficultés, l'agence essaye tant bienque mal, de jouer son rôle dans le paysage médiatique malien à travers, entre autres,la fourniture des médias en nouvelles du Mali profond et en nouvellesinternationales.

Comme toutes les autres agences africaines, l'AMAP a besoin de s'équiper et deformer son personnel aux nouvelles techniques de l'information et de lacommunication, condition nécessaire pour lui permettre de jouer pleinement samission de service public.❑

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Les agences de presse nationales en AfriqueSubsaharienne ne sont-elles plus que desinstitutions en crise, incapables aujourd’hui de

satisfaire la demande croissante d’informations aussibien en quantité qu’en qualité ?La perception actuelle de ces « grossistes » del’information renvoie une série d’images caractériséespar un désintérêt qui tend à se généraliser face auxperspectives qu’ouvrent sans cesse les nouvellestechnologies.Quelle est l’appréciation que les « détaillants », lesmédias, portent sur le travail des agences de presseauxquelles ils sont souvent abonnés ?La seconde partie de ce document réflète lesappréciations variées et controversées, à travers leregard de SUD-FM du Sénégal, de RFI/AITV et de laCameroon Radio Television.Elle pose enfin la question clé : y-a-t-il concurrence oucomplémentarité entre les agences de presse et

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Le cas de la presse audiovisuelle au Sénégal

Les médias attendent des agences, auxquelles ils s’abonnent, le maximum defaits sur les évènements politiques, économiques, sociaux, culturels et autres,au fur et à mesure qu’ils surviennent dans le pays et dans le monde ". Mais

peu de clients se contentent aujourd’hui de faits bruts. Ils veulent de plus en plus unproduit fini, susceptible d’être utilisé tel quel, le plus rapidement possible. Ilsveulent une information complète et fiable, rapportant non seulement l’événement,mais le mettant en perspective, pour qu’il prenne tout son sens, avec, dans la mesuredu possible, le rappel de ce qui l’a provoqué et la prévision de ce qui s’en suivra.Même dans les pays les plus développés, beaucoup de journaux et de radiosreprennent des dépêches d’agence sans rien y changer. C’est fonction, à la fois, dutemps dont ils disposent et du degré de confiance qu’ils ont dans l’agence.

L’EXPERIENCE DU SENEGAL – LE CONTEXTE

On ne peut pas apprécier correctement le rôle et le travail des agences de presseau Sénégal, si on ne les situe pas dans le mouvement et l’évolution globale qui amarqué la vie des médias au cours de ces quinze, voire vingt dernières années. Ilnous paraît important dans le cadre de cette communication de situer cette évolution.

M. Abdou Latif COULIBALM. Abdou Latif COULIBALYY

Directeur Général de SUD FM

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EVOLUTION DES MÉDIAS

Elle est marquée par quatre étapes majeures qui ont coïncidé avec une certaineconfiguration du paysage politique sénégalais et qui sont :

1. l’éclipse démocratique ( 1966-1974)

• monolithique politique et médiatique ;

• l’APS est la voix du Gouvernement.

2. l’ouverture démocratique (1974-1981)

• timide ouverture démocratique qui a favorisé le développement d’une pressepartisane et professionnelle.

3. la décennie 80

• émergence d’une presse professionnelle ;

• cette évolution n’a pas affecté l’APS, même si ses responsables demeurentconvaincus qu’il lui faut changer ou périr.

4. la décennie 90

• extraordinaire mouvement de liberté de déploiement de la presse ;

• l’information agencée est obligée de subir des mutations profondes.

QU’EST-CE QU’UNE AGENCE DE PRESSE ?

L’interrogation est banale, mais cela n’est qu’une apparence en réalité.

• Collecte l’information :

- totale liberté d’accès aux sources ;

- vecteur de valeur ajoutée entre sources et médias.

• Structure indépendante :

- Démarche professionnelle ;

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- pas d’interdiction dans la collecte ;

- accès libre à l’information.

• Liberté de communiquer :

- liberté de choix des informations ;

- liberté de communiquer, de voir, de présenter une hiérarchisation decelles-ci.

L’agence de presse travaille sur des règles précises : exactitude des informations,aucune falsification ou altération, aucun écart ne sauraient être tolérés, dans larelation des faits. L’intégrité doit être garantie.

DISQUALIFICATION DES AGENCES NATIONALES

• En examinant la manière dont fonctionnent la quasi totalité des agencesafricaines et en comparant avec les mécanismes ci-haut indiqués, on arrive àla conclusion majeure que celles-ci sont en porte-à-faux avec les systèmesnormaux et réguliers.

• La plupart des agences africaines demeurent encore des courroies detransmission officielle de la parole des gouvernants.

• Cela explique l’inadéquation du produit de l’information agencée et desbesoins des médias nationaux.

• Ce constat reste valable pour tous les pays africains.

• Les grandes agences mondiales informent encore mieux que les entités localesqui ont encore du mal à s’adapter à l’évolution des contextes.

LE CAS " APS " SÉNÉGAL

Créée par l’ordonnance N° 59/054 du 02 avril 1959, l’Agence de PresseSénégalaise (APS) est un établissement public à caractère industriel et commercial(EPIC). Cela signifie que cette agence fonctionne au point de vue administratif etbudgétaire de façon autonome de l’Etat. Elle dispose à cet égard d’une personnalitéjuridique distincte de celle de l’Etat. Elle se gère comme une entreprise privée dupoint de vue de son fonctionnement.

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Monopole de diffusion

• Monopole de la diffusion des informations diffusées au Sénégal par les agencesde presse mondiales ;

• Cependant, dans leurs opérations de collecte des informations sur le territoiresénégalais, ces agences sont libres de traiter les nouvelles de leur choix, sanspasser par l’APS.

L’archaïsme du monopole

• Il renchérit les coûts d’abonnement auprès de l’APS ;

• les médias utilisent le fil de l’APS, dans 99,9% des cas, ou font appel à sesservices pour obtenir les informations diffusées par les agences mondiales.

Mauvaises performances

• l’APS a pendant longtemps collecté l’information officielle ;

• elle n’a pas su s’adapter à l’évolution du paysage médiatique et à l’ouverturepolitique ;

• les organes de presse nationaux disposent de plus de journalistes,correspondants nationaux et régionaux ;

• l’APS alimente souvent le fil à partir des informations recueillies dans lesbulletins et éditions des journaux (radio et presse écrite) ;

• elle se fait régulièrement " battre " sur les faits d’actualité ;

• le taux de ses produits dans les médias nationaux peut être estimé à 0,1% destextes lus ou diffusés.

Perspectives et alternatives

Devant les carences des agences de presse locales en Afrique, les rédactions sesont tournées vers l’étranger pour de nouvelles opportunités.

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NOUVEAUX PRODUITS

• Internet est considéré comme un important pourvoyeur de sourcesd’informations spécialisées. Mais, dans une étude réalisée par nous-mêmes(mai - juin 2001), pour le compte de UNRISD, (Genève), sur laproblématique de l’implantation et l’approbation des NTIC, nous avons notéle très faible taux de fréquentation des sites Internet ;

• seuls 20% des journalistes sénégalais consultent moins de deux fois parsemaine les sites Internet ;

• 15% d’entre eux reconnaissent prendre de la documentation sur le Web ;

• la même étude établit que les dépenses effectuées par les médias pouracquérir de Nouvelles Technologies, demeurent très faible : 5% des dépensesannuelles. Dans la plupart des cas, 70% des équipements acquis l’ont été surla base d’une subvention. Cependant, 90% des dirigeants d’entreprises depresse admettent avoir conçu un plan d’équipement ambitieux ;

• tout ceci pour dire que les Nouvelles Technologies constituent à peine despriorités, même si elles peuvent compenser les carences des agences de presselocales en matière d’offre de nouveaux produits.

Les agences nationales de presse africaines sont elles inutiles ?

Elles sont inutiles en ce sens qu’elles ne savent et ne semblent nullement avoirl’ambition de s’adapter à l’évolution de l’industrie des médias. Considéréesnormalement comme les sources premières d’informations, elles s’avèrentincapables de satisfaire les besoins des utilisateurs que nous sommes. Nous n’avonsaucun doute quant à l’incapacité des agences de présenter des produits nouveaux etnovateurs. Leur mode d’organisation et la conception surannée que les agences sefont encore de leur rôle, les disqualifient totalement sur le marché de l’information.Il suffit, pour illustrer ce propos, de considérer qu’aucune des agences de pressenationales ne dispose encore de service audiovisuel. Or, le développement desmédias électroniques, en particulier de la radiodiffusion, crée incontestablement denouvelles opportunités de marchés, en ce qui concerne l’information de proximité.Par ailleurs, dans le domaine spécifique des nouvelles technologies de l’informationet de la communication, les agences nationales peinent encore à trouver leurmarques, pour faire de celles-ci le moteur de leur relance. Elles sont rares lesagences qui, sur le continent, peuvent présenter un site respectable et digne surInternet.

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Nous sommes conscients d’exagérer un peu sur la question. leur suppression estpourtant d’autant plus souhaitable qu’elle aurait au moins l’avantage de fairedisparaître le monopole des agences nationales sur la distribution de l’informationagencée, dans nos pays. Ce monopole absurde renchérit les coûts d’acquisition decette information agencée, car les agences nationales taxent au prix fortl’information qu’elles collectent auprès des grandes agences nationales. Lasuppression est enfin souhaitée, car les agences sont des monstres budgétivores, dontles rendements sont sans rapport avec les moyens financiers qui leur sontconsentis.❑

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Le cas du correspondant d’une radio internationale : RFI

RFI-Radio France Internationale, connue comme la radio du monde, puise sesinformations à plusieurs sources. Outre son réseau dense decorrespondants, animé par trois cents journalistes, RFI s’abreuve, entre

autres, aux agences de presse. Des agences qui satisfont à des critèresprofessionnels bien définis (crédibilité et objectivité) (I). Les nouvelles provenantdes agences de presse et de bien d’autres sources sont sélectionnées suivant certainestechniques (II). Et si RFI a mis au point des techniques de sélection desinformations, c’est parce qu’elle évite d’être prise au double piège de lamanipulation et de la désinformation (III).

UNE MULTITUDE DE SOURCES D’INFORMATIONS

Dans cette première partie deux grandes époques sont prises en compte :

LA PÉRIODE PRÉ-INTERNET

• Vu du terrain

Avant l’avènement des Nouvelles Technologies de l’Information et de laCommunication, Internet notamment, le correspondant se contentait des dépêchesde CAMNEWS, des informations provenant de la radio nationale. Toutes cesnouvelles " très officielles " provenaient des institutions de la République.

M. GerM. Gervais NITCHEUvais NITCHEU

Journaliste, correspondant de AITV/RFI au Cameroun

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• Vu du siège

A la rédaction centrale de RFI, l’on accordait une attention particulièrementsoutenue aux informations " officielles " provenant des agences nationales de presse,de la PANA, de l’AFP, de Reuters. A côté du réseau de correspondants, les agencesde presse étaient, en quelque sorte, des sources exclusives d’information pour laradio du monde.

LA PÉRIODE POST-INTERNET

• Vu du terrain

Le correspondant de RFI ne s’abreuve plus aux seules agences de presse, c’est-à-dire la PANA et CAMNEWS, et aux radios et télévisions locales. Parce qu’il saitque certains journaux locaux ont des sites et que les journalistes surfent sur le Web,pour alimenter leurs papiers, le correspondant les considère comme d’importantessources d’informations locales et même parfois étrangères. Bien plus, Internet estun remarquable moyen pour lui de se ravitailler en produits informationnels detoutes origines.

• Vu du siège

L’avènement des Nouvelles Technologies de l’Information et la Communicationa profondément modifié les comportements de journalistes de la rédaction centrale.Presque à toute heure, les journalistes surfent sur le Web, pour découvrir lesdépêches. Ils vont ainsi sur les sites de grands quotidiens dont la réputation estétablie. Ils ouvrent les fenêtres de nombreuses institutions internationales et deplusieurs pays. Bref, les journalistes du Desk central ne se reposent pratiquementplus. Ils doivent être à la page. Il faut bien noter ici que les agences de presse,comme REUTERS, AFP et même la PANA, depuis quelques mois, continuent d’êtredes sources d’informations pour eux.

LES TECHNIQUES DE SÉLECTION

En règle générale, que l’on soit au siège ou sur le terrain, les dépêches d’agenceet les informations provenant d’autres sources ne sont pas consommées comme unbébé ingurgite le lait maternel. Le journaliste du Desk central ou le correspondantles considère simplement comme une piste, un tuyau, un renseignement. Dès qu’ilest donc sur une piste, il l’explore minutieusement. En clair, il tourne et retourneces nouvelles pour essayer d’en maîtriser les contours. C’est à cette occasion qu’il

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fait appel à son propre réseau. Exemple, lorsque RFI reçoit une dépêche de PANAou de CAMNEWS faisant état des abus du commandement opérationnel à Douala,la radio du monde ne la diffuse pas telle quelle. Elle appelle d’abord lecorrespondant pour vérifier la véracité de l’information. Si l’information est trèsimportante, mais en légère contradiction avec celle que donne le correspondant,alors elle peut être diffusée au conditionnel, à côté d’un papier qu’il " balance ".Mais, généralement, cette information, lorsqu’elle constitue un scoop, est reprise parRFI qui commande un papier. Le papier, qui est une enquête, permet de faireressortir la vérité ou de la confirmer.

Parfois aussi, RFI recoupe les informations provenant de diverses sources, en serapprochant directement des personnes citées dans ces dépêches. C’est ainsi que leredacteur-en-Chef peut demander à un correspondant de lui communiquer lescoordonnées de ces personnes.

OBJECTIF : RÉALISER UNE INTERVIEW

La démarche du correspondant pour découvrir la vérité répond à la mêmelogique.

En clair, RFI recoupe systématiquement les dépêches d’agence et lesinformations provenant d’autres sources (Internet, notamment).

L’appréciation critique des services des agences et des nouveaux systèmesd’information

Les dépêches d’agences de presse et les informations recueillies sur Internet nesont pas prises pour argent comptant par RFI et ses correspondants, pour deuxraisons :

EVITER LA MANIPULATION ET LA DÉSINFORMATION

Lorsqu’on travaille au sein d’une chaîne internationale, on est plus exposé audouble danger de la manipulation et de la désinformation. Ce double risque estgrand, parce que nos interlocuteurs sont souvent persuadés que nous sommesdéconnectés des réalités locales et que seules nous intéressent les informationsgénérales, c’est-à-dire celles qui font abstraction de certains détails piquants. C’estainsi, par exemple, que des agences de presse, qui se trouvent encore sous la férule,le contrôle exclusif de l’Etat, n’hésitent parfois pas à nous livrer des produits à forte

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connotation de propagande, en faveur des régimes au pouvoir. Les adversaires deces régimes suivent, ces derniers temps, la même logique, en servant aux internautesdes informations exagérées ou pas très souvent exactes, leur objectif étant de ternirl’image du pouvoir en place. Les journalistes sont donc entre le marteau etl’enclume et se doivent d’être méfiants.

SOUCI D’ÉQUILIBRE ET D’OBJECTIVITÉ

Dans une chaîne comme RFI, les journalistes sont animés par le double soucid’équilibre et d’objectivité des informations. Au Desk, comme sur le terrain, nousnous efforçons de donner le maximum d’informations équilibrées, justes etobjectives aux auditeurs. Il est question, par exemple, de donner toutes les versionsd’un fait, de faire parler toutes les parties.

OBJECTIF : ECLAIRER SUFFISAMMENT LES AUDITEURS

QUI SONT LES SEULS JUGES.

Les agences internationales de presse, AFP, PANA, REUTERS, et les agencesnationales en Afrique subsaharienne, doivent redoubler d’efforts, les unes plus queles autres, si elles veulent survivre à l’avènement des nouvelles technologies del’information et de la communication. Si les agences internationales ont l’avantaged’avoir un réseau dense de correspondants, ces derniers doivent être de fins limiers,presque omniprésents. Malheureusement, rares sont les agences internationales quiont plus de deux correspondants dans un même pays.

S’agissant des agences nationales de presse, elles doivent quitter la tutelleétatique et s’ouvrir au secteur privé. Dans la plupart des cas, ces agences n’ontqu’une alternative, accepter de profondes réformes structurelles et éditoriales oudisparaître à jamais.❑

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Le cas de la presse audiovisuelle au Cameroun

La collecte de l’Information met en route un processus qui amène leJournaliste de la CRTV, service public de communication audiovisuelle, às’approvisionner à trois grandes catégories de sources qui sont :

• L’information rapportée : communiqués de presse, courrier des auditeurs ettéléspectateurs communications diverses (coups de téléphone et indiscrétionsentre autres), journaux nationaux et internationaux, radios nationales etinternationales, télévisions étrangères (EURONEWS, TF1, CNN, CFI,etc.…) Personnes Ressources.

• Les Sources documentaires ; Agences de presse nationale (CAMNEWS) etinternationales (PANAPRESS, CHINE NOUVELLE) Centres dedocumentation (Centre Culturel Américain pour World Net, Monitoring RFO,Internet).

• L’Information recherchée : réceptions, service de presse, dossiers personnels,organismes et associations, réseau d’informations divers.

De plus, l’image de l’Afrique à travers ces Agences occidentales est toujoursnégative. Elles s’intéressent à l’Afrique uniquement en cas de problèmes (crises,désastre, guerre, Sida, famine, sécheresse). Il serait souhaitable qu’elles restituentl’image équilibrée et exacte du Continent noir dont les efforts à tous les niveaux sontpalpables aux niveaux politique, économique et social.

M. SerM. Serge NGANDO NTONEge NGANDO NTONE

Journaliste, Cameroon Radio Television (CRTV)

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MONITORING RFO-AITV

AVANTAGES

Le Monitoring FRO-AITV fournit des papiers déjà montés et PAD. Sesinformations sur ce qui se passe dans le monde sont fiables, nous les exploitons carnous n’avons pas des moyens d’envoyer des reporters partout. De plus, ce sont desimages que l’on peut copier pour exploitation ultérieure.

INCONVÉNIENTS

Certaines informations fournies par le Monitoring RFO-AITV ne sont pastoujours fraîches bien qu’étant d’actualité. Les informations laissent toujourstransparaître un point de vue occidental sur les questions du Sud. Il arrive aussi quele Monitoring soit diffusé quelque fois à un horaire imprévu et sans préavis,conséquence, nous sommes parfois privés d’images.

INTERNET

AVANTAGES

Instantanéité dans la collecte de l’information, ensuite, on peut tout consulterdans le réseau des réseaux (journaux, Agences de presse, radios, chaînes detélévision).

INCONVÉNIENTS

Coût élevé des communications téléphoniques. Les informations ne sont pastoujours fiables d’où la nécessité de faire attention à la crédibilité du site. Pouraccéder aux informations des Agences de presse, en plus du coût descommunications téléphoniques, il faut être abonné.

TECHNIQUES DE SÉLECTION DES INFORMATIONS

Il faut toujours recouper les informations de plusieurs sources et, au besoin, lesréécrire afin de les rendre crédibles. La crédibilité met en œuvre la connaissance,l’honnêteté, le caractère direct, factuel ou complet pour apprécier une information.

On considère, en général, comme crédible, une information dont les faitspeuvent être vérifiés. On ne peut parler que des choses qu’on connaît, ce qui supposela compétence, critère de sélection d’informations. La crédibilité des sources doit

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donc être en permanence vérifiée car les motivations des informateurs sontdiversifiées.

APPRÉCIATION DES SERVICES DES AGENCES DE PRESSE

ET DES NOUVEAUX SYSTÈMES D’INFORMATION SUR INTERNET

AVANTAGES

Agences de presse : elles sont crédibles, car elles diffusent les nouvelles avec lemaximum de célérité. Elles mettent à la disposition des médias, moyennant unabonnement, bien sûr, un réseau de journalistes et de correspondants qu’aucunechaîne de radiodiffusion ou de télévision ne pourrait entretenir à ses propres frais.

INCONVÉNIENTS

Certaines agences nationales e régionales de Presse proposent des Informationspeu fraîches. C’est notamment le cas des agences CAMNEWS et PANAPRESS(dans une moindre mesure), confrontées à des difficultés structurelles etconjoncturelles.

Dans les agences de presse occidentales, les informations concernant l’Afriqueet les africains sont connotées selon la vision que les pays du Nord on du continent.Dans d’autres cas, elles peuvent être habillées d’idéologie (cas de certainesnouvelles fournies par Chine-Nouvelle).❑

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Le cas des utilisateurs individuels

Y-a-t-il concurrence entre les agences de presse et Internet ou, au contraire,symbiose enrichissante ? La question se pose surtout pour les agences depresse – qui sont, pour la plupart, des organismes d’Etat, des coopératives,

voire des entreprises privées – et dont l’activité est assez clairement circonscrite,alors qu’Internet est un réseau fourre-tout, qui n’appartient à personne, et qui donneaccès à toutes sortes d’informations. Il faut d’abord rappeler qu’une agence depresse – nationale ou internationale – a pour but de vendre de l’information(politique, économique, sociale, etc.) à une catégorie de clients bien déterminés :journaux, radios et télévisions, qui, pour recevoir leur service, doivent souscrire unabonnement. Internet est ouvert par contre à tout un chacun, du simple citoyen auxmultinationales, à condition de payer un droit modique à un fournisseur d’accès(comme AOL, WANADOO, etc. qui opère avec une ligne téléphonique locale.L'information, de toute nature, fournie par les sites visitables sur Internet (parexemple des compagnies aériennes pour connaître les horaires des vols, des revuesscientifiques, etc.) est souvent gratuite, mais aussi parfois payante.

Des cas concrets peuvent illustrer ces propos. Journaliste indépendant, surtoutintéressé par l’actualité africaine, mais résidant à Paris, je travaille à la pige, offrantmes articles aux médias susceptibles d’en être preneurs. Il y a quelque temps, jerepère une information sur un prétendu complot contre le Président Sud-Africain M.THABO MBEKI, dont la presse britannique a rendu compte, mais qui n’a pas étéévoqué par la presse française. Je propose donc à un hebdomadaire – enl’occurrence. Le Nouvel Observateur – un article sur ce sujet, offre qui est acceptée.Je me mets au travail, ce qui signifiait dans un premier temps de rassembler toutes

M. Claude WM. Claude WAUTHIERAUTHIER

Ecrivain,Ancien Rédacteur en Chef de l’AFP

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les informations relatives à cette affaire. J’en ai trouvé dans les quotidiens anglaisvendus à Paris, mais trop succinctes. Restaient les agences de presse, mais je ne suisabonné à aucune (c’est beaucoup trop cher pour un particulier). J’ai donc eu recoursà Internet et visité les sites suivants : d’abord la BBC qui donne chaque jour une trèsbonne série d’articles de ses propres correspondants en Afrique – ensuite CNN quiconfectionne un service Afrique à partir de dépêches de Reuters et d’AssociatedPress (dans les deux cas, on active sur l’écran la section Afrique de ces deux sites,qui fournissent non seulement des informations du jour, mais aussi des joursprécédents, et des articles de background). J’ai trouvé tant sur le site BBC que surle site CNN des dépêches relatives à ce prétendu complot, mais ne pouvais m’encontenter : ce n’était pas assez fouillé, pas assez détaillé pour faire un bon article.J’ai fait alors le tour d’une certain nombre de sites de journaux Sud-Africains –facilement consultables sur le Web, et gratuits. J’ai eu notamment un éditorial d’ungrand quotidien de Johannesburg, le Mail and Guardian, qui évoquait trèslonguement l’affaire et se montrait très sévère envers le gouvernement sud-africain.J’ai pu alors " nourrir " mon papier avec les commentaires de la presse sud-africaine.Petit détail qui a son importance pratique : j’ai envoyé cet article au NouvelObservateur par Internet, en E-mail, c’est à dire par la messagerie de mon ordinateuravec le double avantage : d’une part c’est plus rapide que la poste, de l’autre pour lejournal le texte est immédiatement imprimable à partir de l’écran (alors que si jel’avais envoyé par fax, ou par courrier, il aurait fallu le retaper, le " saisir ", pourl’envoyer à la composition, qui de toutes façons aujourd’hui se fait sur ordinateur).

J’en reviens maintenant à la question évoquée au début de cet exposé : l’Internetconcurrence –t-il les agences de presse ? En fait l’accès à l’Internet fait plutôt de laconcurrence aux journaux, aux radios et aux télévisions. Si l’on veut être informésans acheter un journal, sans écouter une radio et sans regarder la télévision, on peutl’être par Internet de manière beaucoup plus exhaustive et plus spécialisée – il suffitde visiter les sites adéquats. On peut de Paris lire sur écran – et imprimer – lesjournaux de nombreux pays africains, c’est à dire de tous ceux qui ont un siteInternet sur lequel ils publient leurs informations, éditoriaux et autres commentaires.Bien entendu, beaucoup de journaux africains n’ont pas la capacité financière des’offrir un site. Mais il existe toute une série d’autres sites (périodiques, lettresconfidentielles, etc.) qui fournissent une information plus ou moins détaillée surl’Afrique, dont l’accès est gratuit. Et pour finir, on peut consulter gratuitement unesélection d’articles du jour de l’agence panafricaine de presse, la PANAPRESS.

Première remarque : si Internet concurrence les journaux, les radios et lestélévisions, ces trois médias vont perdre une partie de leur clientèle et de leur

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audience (un manque à gagner d’autant plus redoutable que les recettes publicitairesdépendent précisément de la clientèle et de l’audience). Or, si les journaux, radioset télévisions s’appauvrissent, les agences de presse, par ricochet, auront moins declients, ou des clients qui voudront payer moins cher leur abonnement : Elless’appauvriront-elles aussi.

Ce n’est pas le cas pour le moment, mais cette rude concurrence a suscité toutessortes d’initiatives, notamment de la part des journaux. Comme dit plus haut àpropos des journaux africains, la plupart des quotidiens français ont un site Internet.Mais si tout le journal était consultable sur ce site, nombre de lecteurs du journal nel’achèteraient plus. Pour parer à cette éventualité, la plupart des quotidiens françaisn’offrent à la consultation gratuite sur Internet que leur première page et unsommaire des leurs informations des autres pages. Si on veut consulter le journaltout entier, il faut alors souscrire un abonnement. Cette parade s’est apparemmentavérée efficace : d’une manière générale, les journaux français n’ont pas vu baisserleur tirage, et la presse écrite française a bien encaissé le choc d’Internet, de mêmeque les radios et la télévision.

Les agences de presse ont adopté une tactique similaire : on peut par exempleavoir accès gratuitement sur Internet à un nombre limité de dépêches de l’AgenceFrance Presse. Mais si on en veut davantage, là encore, il faut souscrire unabonnement.

Je voudrais ajouter quelques touches à ce tableau.

Remarquons d’abord que si toutes les dépêches d’agence disponibles surInternet sont en principe assorties d’un copyright, il est bien difficile de s’assurer quetelle ou telle dépêche ne sera pas utilisée subrepticement par tel ou tel journal. Amoins qu’il ne s’agisse d’un véritable scoop.

Deuxième remarque : la mise à disposition des dépêches d’agence sur Internetpermet à chacune d’elles de surveiller étroitement les autres (et on sait que laconcurrence entre grandes agences internationales est féroce).

Troisième remarque : la multiplicité des informations auxquelles permetd’accéder Internet est devenue telle que leur consultation risque de s’avérer longueet finalement fastidieuse. Ce que veut un journal, une radio, une télévision, c’est uneinformation sélective, résumée et facile à comprendre. Et c’est là sans doute queréside le principal atout des agences, qui fournissent une information déjà digérée.Mais rien n’interdit au journaliste d’agence – bien au contraire – de consulterInternet pour compléter son information. Ne doit-il pas déjà mémoriserpréalablement les informations des médias locaux avant d’écrire sa dépêche (je parle

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ici surtout du correspondant d’une agence internationale à l’étranger, mais ceci peuts’appliquer également, par exemple, à un journaliste de Johannesburg qui veut savoirque la presse du Cap ou de Durban a écrit sur le sujet qu’il traite). Internet a doncconsidérablement élargi son champ d’investigation : ce qui suppose qu’il devra – oudevrait – consacrer encore plus de temps à son enquête préalable. Or, comme onsait, les Journalistes sont des gens pressés, très pressés. Et l’un des problèmes queleur pose Internet – à eux comme un simple particulier – est de ne pas se laissersubmerger par l’abondance des informations et la multiplicité des sites. Le bonagencier sera celui qui saura bien " surfer sur le web ", hiérarchiser ses sourcesd’information et établir des priorités pour la consultation des sites.

Quant au " simple particulier ", qui n’a pas en général accès aux agences depresse parce que l’abonnement est trop cher, et qu’en tout état de cause il n’a guèrele loisir de lire, ni même de parcourir tout un service d’agence (des dizaines demilliers de mots par jour). Mais il peut désormais – comme nous l’avons dit plushaut – avoir une idée succincte et partielle de leur service grâce à Internet. Le Weben revanche peut lui fournir une multitude d’informations sur des sujets précis enconsultant des sites spécialisés, alors que les agences de presse n’offrent quant àelles que des services – économiques, scientifiques par exemple – dont le contenuest beaucoup moins " pointu ". Mais, répétons-le, les agences ont pour clients lesmédias, et non les simples particuliers, internautes de tout acabit, de l’amateur dejazz au passionné d’astrologie. A cet égard, agences et Internet ne sont pasconcurrents.

Il demeure que les agences de presse, comme les journaux, les radios et lestélévisions, ont du et su la plupart du temps s’adapter, comme nous l’avons vu, àl’irruption de l’Internet dans le domaine de l’information. Elles sont désormaisparties prenantes dans le Web, le temps viendra sans doute où l’ordinateur personnelremplacera le journal, le transistor et fournira l’écran de télévision : c’est déjà encours. Mais il faudra encore des journalistes pour collecter l’information, lasélectionner et la rendre accessible au public et enfin, la distribuer : les médiaschangeront de support, mais l’information restera cette " marchandise " qui dans lemonde globalisé dans lequel nous vivons, sera plus nécessaire que jamais. Et lesagences de presse resteront vraisemblablement ces " grossistes " de l’informationqu’elles collectent pour vendre aux " détaillants ", les médias qui, à leur tour,l’offrent ou la vendent aux internautes.❑

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Avec l’irruption des nouvelles technologiesde l’information et de la communication,on peut s’attendre, objectivement, à ce

que les agences nationales de presse, au lieu desombrer corps et biens, retrouvent plutôt leursmarques, pour faire de cette nouvelle donne lemoteur de leur relance. Les possibilitéssemblent en effet énormes, presqu’illimitées etelles font rêver, en ouvrant de nouvellesperspectives d’emploi ou, à tout le moins,d’optimisation des servi-ces.L’autre visage de cette nouvelle donne prendra-t-il la forme de l’investissement financier dusecteur privé dans le domaine de lacommunication et de l’information ?

Dans tous les cas, PANAPRESS a décidé detenter l’expérience.

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L’investissement financier du secteur privédans le domaine de la communication

et de l’information : Contraintes et défis

En tant qu'investisseur, j'ai souvent médité sur l'opportunité de créer ou departiciper à un tour de table pour la création ou le développement d'une oude plusieurs entreprises de communication. J'ai longtemps hésité aussi, en

raison de ce qui m'apparaissait comme les incertitudes de ce secteur. Deux partiesconstituent l’articulation de la présente réflexion :

ß Il s'agira d'abord de dire que la communication est un secteur d'activitésgénéralement attractif pour l'investisseur.

ß Et ensuite, de souligner l'intérêt d'un investisseur pour les activités spécifiquesd'une agence de presse.

LA COMMUNICATION, UN SECTEUR ATTRACTIF

La communication, pour l'investisseur, est un champ d'activités économiquescomme tout autre. Il existe, en effet, une demande sociale universelle de produits dela communication : journaux, radio, télé, affiches et, depuis quelques années nousavons les multimédias.

DrDr. James ONOBIONO. James ONOBIONO

Président Directeur Général de la SITABAC

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La nouvelle donne

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Cette demande peut être satisfaite par une production de ces biens médiatiques,production qui requiert une infrastructure technique, des ressources humaines, uneorganisation, bref, la mise sur pied d'une véritable entreprise, avec toutes lesfonctions généralement admises (production commerciale, finances, administration,etc.).

Au-delà du fait qu'il existe une demande sociale universelle des produits de lacommunication, il y a un paramètre de prospective particulière qu'il faut prendre encompte : l'entreprise de communication, plus que toute autre, est là pour durer. Vousavez certainement lu le fameux livre de Alvin Toeffler, POWERSHIFT, traduit enfrançais par le titre "Les nouveaux pouvoirs", dans lequel, il montre comment, au fildes millénaires, la source du pouvoir est passée de la force brute (lorsque lesconquêtes et les guerres structuraient la société), à l'argent (avec la montée ducapitalisme), pour aboutir, aujourd'hui, à la prééminence de l'information. C'est cequi explique l'accroissement ahurissant de la capitalisation boursière dans lesentreprises du secteur des technologies de l'information et de la communication auxEtats-Unis, en Europe et au Japon. Il est vrai que cet enthousiasme est un peuretombé depuis le début de cette année. On a ainsi vu des entreprises du secteurcréées il y a deux ans, qui avaient, vers décembre 2000, une capitalisation supérieureà des entreprises comme General Motors, perdre près de 90% de leur valeur.

L'ultime réalité est, malgré tout, que les perspectives sont brillantes dans cessecteurs et les investisseurs ne devraient pas se faire prier pour s'y impliquer.

Mais, en matière de médias, comme en toute autre matière, l'investisseur doitprendre en compte les conditions générales qu'on considère comme nécessaires etsuffisantes pour favoriser l'investissement dans un secteur d’activité.

Il y a d’abord le marché : nous l’avons dit, il est là et pour longtemps.Néanmoins, on ne peut éviter de poser le problème de sa solvabilité en Afrique.

Ensuite, il y a les équipements ou les technologies : ils sont disponibles, de plusen plus sophistiqués, et de moins en moins coûteux.

Puis, il y a les ressources financières : on considère qu’on peut en trouveraujourd’hui en Afrique ou à défaut sur le marché international des capitaux.

Enfin, il y a les ressources humaines, surtout si l’on prend l’exemple duCameroun, elles sont également abondantes, bien formées et talentueuses.

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l’ESSTIC, les différents cycles de BTS, le Centre de formation de la CRTV sontautant de moules d’où sortent chaque année des compétences immédiatementutilisables.

Examinons maintenant l’environnement des médias.

ENVIRONNEMENT JURIDIQUE :

Pendant longtemps, avant la loi sur la communication sociale, cet environnementétait incertain : censure, saisie, etc. La loi a constitué une indéniable avancée. Puis,il a fallu attendre le décret d’application de ladite loi pour libéraliser le secteuraudiovisuel.

Avant cette libéralisation, il était difficile d’accepter de mettre son argent dansune activité où le préfet pouvait ordonner la saisie de tous les exemplaires du journaldont le contenu ne lui plairait pas.

ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE :

L’inexistence d’une fiscalité appropriée, les problèmes de distribution ne sontpas des handicaps négligeables.

L’UNIVERS DES MÉDIAS EN AFRIQUE ET AU CAMEROUN.

Il se caractérise par :

Au niveau de l’audiovisuel :

- la lenteur dans la délivrance des autorisations.

Au niveau de la presse écrite :

- des difficultés de la distribution avec un réseau ne couvrant pas l’ensemble duterritoire et étant soumis à des manipulations ou ostracismes divers. Pratiques peuorthodoxes, telles que la " location " des journaux. Et de manière générale,structuration insuffisante de la profession – par exemple les GIE auraient permis deminimiser certains coûts d’approvisionnement (papier, encre) - qui ne peut donc pasnégocier collectivement.

Au niveau des NTIC (Internet notamment) :

- faible densité et faible débit du réseau des télécommunications, qui limite

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La nouvelle donne

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l’accès à la toile.

Ce sont autant de freins à l’implication des opérateurs économiques, mais ils nesont pas insurmontables.

De cette première partie, il ressort que l’investisseur africain a de plus en plusde bonnes raisons d’investir dans le domaine des médias. Les handicaps signalésplus haut vont certainement être balayés par les nécessités des évolutions,technologiques et des mentalités. On peut simplement souhaiter que, compte tenudes enjeux, les hommes des medias et les investisseurs se donnent la main afind’arrimer notre pays dans la modernité.

L’INVESTISSEMENT DANS LE DOMAINE DES AGENCES DE PRESSE

La demande informative, qui a explosé dès le milieu du 19ème siècle, avec larévolution industrielle, a amené des hommes d’affaires à saisir cette opportunité et àcréer des agences de presse, qui ont d’ailleurs, été à l’origine de l’informationmoderne. Comme vous le savez, Louis-Charles HAVAS, qui possédait unemessagerie collecte les données rapportées par ses conducteurs et pour vendre cesdonnées, il crée, en 1840 l'Agence HAVAS, l'ancêtre de l'AFP (Agence FrancePresse). Son associé, Paul Julius Reuter, créera quant à lui en 1851, l'AgenceReuters, tandis qu'aux Etats-Unis, la télégraphie sans fil inspira les propriétaires dejournaux, qui mirent sur pied l'Agence Associated Press (AP).

Il faut dire que la technologie, qui a ouvert ces perspectives économiques auxagences de presse, est paradoxalement, le facteur qui semble réduire cesperspectives. Il y a quelques jours, l'Agence Reuters annonçait qu'elle procéderait àla suppression de 1.100 emplois sur deux ans, en raison de l'érosion de ses margeset de la chute de son bénéfice. Le journal le Monde signale que cette annonce aentraîné une chute de 7% des cours de Reuters, déjà en chute de 40% depuisseptembre dernier.

C'est que le développement de diverses technologies de communication, (télex,téléphone, fax) et une certaine concurrence des autres médias, avaient déjà réduit lademande des nouvelles à caractère général et politique, et amené ces agences àmettre l'accent sur l'information économique (bourses, trésorerie des entreprises,marché des produits de base, etc.), les services financiers et l'information spécialiséedestinée à des clients sélectionnés recherchant une information spécifique et prêts àen payer le prix.

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Dans un tel contexte, l'investisseur africain ne peut que se poser des questions.Une agence classique peut-elle encore être viable? Si oui, à quelles conditions?

Et s'il doit investir dans les Nouvelles Technologies de l'Information et desTélécommunications, n'y a-t-il pas des préalables à considérer? J'ai parlé plus hautde la faible densité et du faible débit du réseau de téléphone. Mais il n'y a pas quecela. Les marchés africains sont-ils solvables? Et même si le marché des agencesne s'adresse pas seulement au marché africain, existe-t-il une demande des produitsproposés par les agences africaines à l'extérieur de l'Afrique? Si oui, la valeur ou leretour de l'investissement peut-il être suffisamment incitatif?

Il s’agit là d’interrogations qui appellent une réflexion approfondie.❑

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La nouvelle donne

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L’Organisation et la rentabilité des services ajoutés (photos et vidéo)

dans les agences de presse

Quel avenir pour les agences de presse africaines ?

La photographie comme service à valeur ajoutée

Le contexte africain

La chute du mur de Berlin a été, entre autres facteurs, un élément déterminantdans les mutations politiques que le continent africain a connu ces dixdernières années. Des Etats à parti unique se sont transformés en véritables

chantiers de la démocratie et les mutations démocratiques ont été accompagnées parl’émergence d’une presse pluraliste généralement initiée par de jeunesprofessionnels en quête d’indépendance et de liberté.

Des centaines de titres sont apparus, tandis que les stations de radio FMconnaissent un développement phénoménal, encore aujourd’hui. Les télévisionsindépendantes voient le jour avec très peu de moyens financiers, techniques ethumains. La période d’euphorie passée, les éditeurs ayant survécu ont amorcé unephase de spécialisation. C’est dans un tel contexte que les besoins d’un servicephotographique couvrant le continent se sont révélés. Aujourd'hui, un cadre régionalse construit avec la relance de l’Agence de presse continentale privatisée : laPanafricaine de presse dénommée PANAPRESS .S.A.

M. Jérôme HINSTINM. Jérôme HINSTIN

Expert en NTI

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On constate que la production photographique africaine, comprenant l’Afriquecomme sujet, est plus que limitée en ce qui concerne la photo de presse.

En partie, parce que la demande des médias de la presse écrite hors du continentconcerne essentiellement des situations paroxystiques de guerre, de santé ou demalnutrition, et que cette demande est généralement couverte par des photo-journalistes mandatés par les agences du Nord, bien que celles-ci commencent àutiliser les compétences de quelques photo-reporters africains.

En partie également, parce que les photographes de presse africains ne sont pasregroupés pour permettre une offre organisée et que beaucoup d’agences de pressenationales n'ont pas encore mesuré l'importance de la photographie, et plusgénéralement du multimédia, comme outil d'information.

Ce segment de marché à l’international est à créer de toutes pièces, à partir d’unnouveau produit. Nouveau, parce qu'il offrira la vision des Africains sur leur proprecontinent, tout en respectant les normes professionnelles en vigueur dans l'ensembledu monde. De même, qu'il est à développer auprès des médias de la presse écriteémergente en Afrique. S’agissant du réseau PANAPRESS, le réseau de collecte estarticulé autour des 13 bureaux sous-régionaux existants et de 48 correspondantspermanents répartis dans 48 pays africains. Le siège de l’agence, situé à Dakar auSénégal, permet une centralisation des opérations de diffusion et de traitement del’information collectée.

L'ENVIRONNEMENT COMMERCIAL ET SES CONSÉQUENCES

Il s'agit de raisonner dans le cadre de l'offre et de la demande, dans un contexteconcurrentiel acharné et de règles du jeu plutôt dures. Cet environnement impose descritères de qualité, d'organisation, de production et de gestion conformes auximpératifs du modèle économique existant. Avec ce modèle, nous assistons à l'heureactuelle à un vaste mouvement de rachat des agences de presse photographiques pardes grands groupes de presse, eux-mêmes faisant partie d'empires financiersmultinationaux. Des groupes comme Corbis (Bill Gates), Getty ou Hachette ont biencompris la valeur économique et les sources de profit que l'image peut représenter,notamment grâce à son accès universel à travers le réseau Internet. On peut prédire,sans risque, que les quelques grandes agences encore indépendantes ne le resterontpas longtemps, hormis l'AFP, Reuters ou AP dont l'autonomie semble suffisante pourrésister à la lame de fonds qui bouleverse le paysage du petit monde des agences.Les sommes mises sur le tapis pour procéder à ces rachats et pour moderniser lesoutils de production atteignent des sommets auxquels personne ne s'attendait et

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suscitent de nombreuses questions que PANAPRESS doit aussi prendre en comptepour mener son projet à bonne fin.

LES PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT DE PANAPRESS

• Le siège du service est situé à Dakar, placé sous la responsabilité du Rédacteuren chef de l’agence. En liaison directe avec la rédaction, le service centraliseles opérations de traitement et de diffusion des photos collectées surl’ensemble du continent, actualités et features.

• Le réseau de collecte est articulé autour de 8 bureaux sous-régionaux:,Abidjan, Addis-Abéba, Dakar, Johannesburg, Lagos, Nairobi, Tripoli,Yaoundé. L’ouverture d’un bureau à Paris est également prévue.

LE TRAITEMENT DE LA PRISE DE VUE

• Les photos sont effectuées au moyen d’appareils numériques ou bienargentiques. Dans ce second cas, les films sont développés sur les lieux de laprise de vue, le photographe en fait une sélection, et scanne les négatifschoisis. Les fichiers sont légendés et transmis par modem vers Dakar, via leréseau Internet.

• Ces fichiers/image numérisés parviennent au serveur laboratoire de Dakar oùils sont indexés selon les normes IPTC. L’éditeur vérifie les informations,sélectionne les images et enrichit les légendes.

• A ce stade, les fichiers sont dirigés:

• vers le serveur web qui sert les clients.

• vers la base documentaire où ils alimentent la banque d’images.

• vers les imprimantes numériques disponibles dans chaque bureau régional etagences nationales pour sortir les tirages à destination des clients non encoreéquipés en numérique.

MODÈLES DE PRODUCTION ET DE DISTRIBUTION

ADOPTÉS PAR PANAPRESS

Les premières interrogations sont posées par les photo-journalistes eux-mêmes:resteront-ils propriétaires des droits sur les images qu'ils ont réalisées, après deux

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décennies de lutte pour être considérés comme des auteurs à part entière? D'uneagence à l'autre, les négociations vont bon train. Pour pouvoir répondre à cettepréoccupation et s'attacher les meilleurs photographes de la profession,PANAPRESS a adopté le schéma suivant :

• La production du service photo est assurée par le biais d’achats de photos àl’unité, mais surtout grâce à des reportages coproduits par l'agence et par lesphotographes eux-mêmes. Les photographes sont alors rémunérés selon unpourcentage sur les ventes et abonnements, de l’ordre de 50% une fois lesfrais déduits.

• Les clients abonnés en Afrique reçoivent chaque jour la production dePANAPRESS, ainsi que celle de l’agence de presse photo Gamma, basée àParis (sauf pour l’Afrique du Sud où Gamma est déjà distribuée). Ce sont :

a) les agences nationales et, là où les règlements l’autorisent, les médias endirect.

b) les institutions, les ambassades, etc.

• Pour le reste du monde, les photos de Panapress sont provisoirementdistribuées par Gamma, moyennant une commission de 40% sur les ventesqu’elle réalise.

• Certains clients disposent d’un contrat d’abonnement leur permettant derecevoir d’office des fichiers d’une certaine catégorie : hot news, politique,sport, , culture, show-biz, etc. D’autres clients peuvent choisir de n’acheterdes fichiers qu’après les avoir consultés, en basse définition et nonexportables. Une fois le choix effectué, ces fichiers commandés parviennentau client en haute définition et entraînent une facture.

• L’ensemble de la production de l’agence est stocké au fur et à mesure dans unebanque d’images, ou base documentaire (la vente de ces archives à lademande doit représenter, à un terme d’environ 5 ans, un tiers des recettesglobales).

La mise en réseau conçue par une structure telle que celle de PANAPRESS estune condition sine qua non pour que la photographie de presse africaine sorte de laconfidentialité et devienne une source de profits. Les agences de presse nationalesdoivent impérativement faire partie des acteurs de ce projet panafricain, quelles quesoient leurs difficultés actuelles, quel que soit le rôle de l'Etat, quel que soit le rôledes partenaires privés. Ce n'est pas une question de financement, les nouvellestechnologies réduisent considérablement le coût des infrastructures à mettre en place

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(un desktop, un scanner, une imprimante avec les consommables et l'ouverture d'uneligne à 64 Kbs représentant un investissement de l'ordre de 10 000 US $), c'est unequestion de volonté politique, sans laquelle les agences ne pourront survivre.-

Une photographie ne ment pas.

Une photographie est créditée avec le nom de l’Agence.

Bureaux régionaux pourla couverture photographique

Dakar:Cap vertGambieGuinéeGuinée BissauM;aliMauritanieSénégal

Addis Abeba:Ethiopieliythréee

Nairobi:ComoresDjiboutiKenyaMadagascarMauriceMozambiqueOugandaSomalieSeychellesTan7nnie

Abidjan:BéninBurkina FasoCôte d'IvoireGhanaLiberia

NigerSierra LeoneTogo

Yaounde:AngolaBurundiCamerounCentrafriqueCongo BrazzavilleCongo RDCGuinée EquatorialeRwandaSao Tome et PrincipeTchad

Johannesbourg:Afrique du Sud

LesothoMalawiNamibieSwazilandZambieZimbabwe

Tripoli:AlgérieEgypteLybieMarocTunisie

Lagos:Nigena

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Situation des agences de presse en Afrique:Survie et perspectives

Quel avenir pour les agences de presse nationales en Afrique face au défi dela société de l’information ? L’interrogation est d’autant plus importante etintéressante que cette préoccupation figure rarement à l’ordre du jour des

discussions.Pour mieux comprendre les enjeux autour de cette question, il est nécessaire de

faire un rappel historique.

HISTOIRE ET AGENTS DE LA GLOBALISATION

Historiquement les agences de presse sont les premiers médias organisés àl’échelle internationale et même les premières compagnies transnationales oumultinationales de l’ère capitaliste. En effet, le concept de nouvelle est "dès le départau cœur du capitalisme moderne" et illustre parfaitement le processus deglobalisation développé par le mode de production capitaliste à une étape donnée deson histoire. La nouvelle est un produit généré et transmis à trois fins : lacommunication politique, les échanges et le commerce et enfin les loisirs. Lesagences Wolf en Allemagne, Reuters au Royaume Uni, Havas en France etAssociated Press aux Etats-Unis dès octobre 1884 se partagent le marché mondialdes nouvelles et agissent comme un cartel, participant ainsi à l’expansionimpérialiste, à la construction des identités nationales au nord et au contrôle descolonies du sud.

M. Babacar FM. Babacar FALLALL

Directeur Général de la PANAPRESS

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Dès le début de la deuxième moitié du 19è siècle des batailles sont notées entreforces nationales et forces naissantes de la finance internationale et la nécessairerégulation au nom du service public indispensable à la construction des démocratiesdu Nord. Malgré les bouleversements intervenus lors des deux derniers conflitsmondiaux, le marché planétaire reste dominé par les quatre grands (AFP, Reuter, AP,UPI) à l’heure où arrive sur la scène un nombre important d’agences nationalesportées par les indépendances des colonies d’Afrique et d’Asie.

Dès le milieu des années 50, les premières agences de presse africaines voient lejour avec Maghreb Arabe Presse (MAP), Ghana News Agency (GNA) et l’Agencede presse Sénégalaise (APS). Le roi Mohammed V et Kwame Krumah donnent unemission très claire à l’Agence de presse nationale " participant à l’avènement d’uneconscience nationale et panafricaine dans les colonies dont l’information a étédominée par des institutions transnationales qui ont accompagné les conquêtescoloniales".

En 1992, on note l’existence de 48 agences de presse nationales en Afrique. Ellessont presque toutes sous la tutelle des pouvoirs publics au travers d’institutionsgouvernementales comme les ministères de l’Information ou des fois directementsous le contrôle de la Présidence de la République. Dès le départ, elles servent derelais nationaux pour la distribution des nouvelles téléscriptées généréesprincipalement par les deux transnationales qui se partagent le marché africain àsavoir l’Agence France Presse (AFP) héritière de Havas et l’Agence Reuters.

Des bureaux provinciaux sont installés dans l’hinterland pour assurer unecouverture du reste du pays où vit la majorité de la population nationale tenue àl’écart des grands courants d’information du fait de la médiocrité des infrastructuresde communication et de la déficience des politiques nationales en matièred’information.

Si, des pays comme le Ghana, le Maroc, l’Egypte de Nasser ou l’Algérie deBoumediene ont accordé une importance de premier plan à l’agence de pressenationale, en la dotant de moyens de collecte et de diffusion au plan national etmême international, par contre, force est de reconnaître que, dans la majorité despays d’Afrique au sud du Sahara, l’agence de presse nationale est la " cinquièmeroue de la charrette ", sans réseau national véritable de collecte et ayant vocation àattendre la transmission des communiqués officiels provoqués par tel ou telévénement. L’arrivée de la télévision, dans les années 70, semble sonner le glas deces institutions, car les maigres ressources disponibles pour les servicesd’information seront désormais allouées, en priorité, à la télévision et à laradiodiffusion nationales, qui restent les supports majeurs dans des pays dont la

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majorité de la population ne parle ni n’écrit la langue officielle. Dans ce contexte età l’échelle du continent africain, vingt ans après les indépendances, neufinformations sur dix diffusées par les médias locaux proviennent d’une sourceétrangère.

SITUATION ACTUELLE

Quarante ans après où en sommes-nous ? Le débat sur le Nouvel Ordre Mondialde l’Information et de la Communication (NOMIC) avait remis à l’ordre du jour desinstitutions internationales la question du déséquilibre de l’information à l’échellemondiale et la nécessité de développer les capacités de communication des pays duSud. Quelle que soit l’appréciation qu’on ait pu faire à l’issue de cette controverse,il est reconnu de tous les acteurs que le renforcement des capacités decommunication des pays en développement devait constituer une priorité dansl’enveloppe globale de l’aide publique au développement. En Afrique, le risque étaitgrand de voir se constituer des sociétés à deux vitesses. Une élite urbaine informéeet une majorité de la population vivant en zone rurale coupée de tout et notammentdes grands flux d’information. Une infrastructure de télécommunication médiocrevoire existante (moins d’une ligne téléphonique pour 200 habitants et plus de 50%des lignes concentrées dans les capitales qui comptent 10% de la population), desorganes de presse essentiellement financés par les pouvoirs publics et concentrés enmilieu urbain, des ressources humaines insuffisantes et des cadres institutionnelsinadéquats sont les caractéristiques principales du paysage médiatique africain audébut des années 80.

Les programmes d’ajustement structurels (PAS) menées sous la houlette desinstitutions de Breton Wood finiront de boucher définitivement toute perspective dedéveloppement . Comme dans les secteurs de la santé et de l’éducation, cesprogrammes d’ajustement frappent de plein fouet le secteur de l’information et lesagences de presse en Afrique du sud du Sahara se retrouvent avec des budgets defonctionnement " allégés " de 45 à 85 % selon les pays tandis que disparaissent leschapitres " investissement ". L’UNESCO, au travers des projets WANAD pourl’Afrique de l’Ouest, CANAD pour l’Afrique centrale et SEANAD pour l’Afriquede l’est et australe mène dès 1984 une action vigoureuse combinant ledéveloppement des capacités de collecte et de diffusion à un large effort deformation des personnels rédactionnels, techniques et de gestion. Plus de 700 agentsseront impliqués dans ces activités. Parallèlement, des propositions de réforme descadres juridiques régissant les agences sont élaborées par les professionnels en postedans un contexte marqué par des mutations démocratiques profondes, l’émergence

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d’une presse pluraliste privée en quête de liberté, la renaissance de la société civileet la chute du mur de Berlin. Il faut reconnaître que les Etats n’ont pas tous été aurendez-vous de ce qui aurait pu être le second souffle des agences de pressenationales en Afrique à la veille et au lendemain de la Déclaration de Windhoek (3Mai 1991).

Aujourd’hui, l’intitulé de ce colloque révèle le malaise voire la préoccupationdes professionnels de la communication quant à une disparition, à court terme, decertaines agences de presse nationales africaines dans un contexte rédactionnel,financier, technologique et politique des plus favorables de toute l’histoire de lapresse de ce continent.

Mais de quelle agence de presse nationale parlons-nous ?

Car l’agence de presse nationale des années 60 n’a plus aucun avenir ni intérêtdans notre paysage d’aujourd’hui. Elle était essentiellement caractérisée par uneactivité mono productive constituée par le service d’information générale téléscriptégénéré par son propre réseau de correspondants et reporters d’une part et par laredistribution du fil étranger en provenance des agences transnationales d’autre part.Sur ce dernier volet, les produits à forte valeur ajoutée des transnationales étaientcommercialisés directement par leurs propres canaux auprès de la clientèle africaine.

Cette forme d’agence de presse ne répond plus aux besoins du marché marquépar une intrusion sans précédent des Nouvelles Technologies de l’Information et dela Communication (NTIC) et par le maillage extraordinaire réalisé par la technologieINTERNET en Afrique en moins d’une décennie. De nouvelles conditionstechnologiques de production sont nées dans les médias qui sont les principauxutilisateurs du service d’agence. Tendanciellement, le marché africain va vers laconstitution de groupes multimédias englobant des unités radiophoniques, despublications à périodicité variée, des plate formes de commerce électronique etbientôt des fournisseurs d’accès Internet (ISP) se positionnent aujourd’hui commedes fournisseurs de contenus au plan national. C’est tout l’environnement desmédias qui a bougé. Et on a comme l’impression que les décideurs, au sein duservice public, continuent de dormir d’un sommeil profond à moins qu’il ne s’agissed’un coma irréversible (cas de SHIHATA qui vient de disparaître).

Au sein de beaucoup d’agences de presse survit encore le réflexe dufonctionnaire. On y attend la nouvelle comme on attendait en 1960 le communiquégouvernemental en provenance du cabinet du Ministère ou de la Présidence.L’initiative semble avoir déserté les salles de rédaction de beaucoup d’Agences - pas

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toutes - tandis que les meilleurs professionnels s’en vont offrir leur compétencesailleurs si ce n’est sous d’autres cieux. Le management des agences est réduit à saplus simple expression et n’a plus le poids politique voire économique qu’il a puavoir dans le passé. L’agence de presse devient ainsi le purgatoire désigné pour toutjournaliste du service public victime d’une sanction. Ce qui devait être la colonnevertébrale du système d’information du marché national est aujourd’hui l’ombre delui même. De timides tentatives sont initiées dans certains pays pour sauver lesmeubles tandis que dans d’autres pays on procède à leur arrêt de mort pareuthanasie.

Alors a-t-on encore besoin des agences de presse nationales en Afrique quand enBelgique, en Italie, en Allemagne, en Angleterre ou en Australie on renforce etdéveloppe de nouveaux partenariats pour les agences nationales que sont Belga,DPA, Press Association, Ansa, AI etc.

Ne sommes-nous pas à la veille d’une redistribution des cartes au sein desmarchés nationaux où l’enjeu essentiel sera de concilier les besoins d’un servicepublic d’information et la rentabilité ou la garantie de retours d’investissements quiseront, de plus en plus, le fait du secteur privé national et/ou panafricain.

Répondre à cette question c’est déjà poser le problème de la nouvelle agence depresse en Afrique. Elle sera profondément ancrée dans son marché national maistissant des alliances et des partenariats qui feront d’elle un agent incontournabledans la globalisation en Afrique et dans le monde.

L’AGENCE DE PRESSE MULTIMEDIA

L’internet et les nouvelles technologies ouvrent de nouvelles perspectives qui nesont pas sans défis. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de revenir sur les effortsimportants déployés depuis plus d’une décennie par le continent pour s’approprierles TIC.

Ce contexte africain malgré ses faiblesses, comparé aux pays du nord permet àl’agence de presse un positionnement sur le marché dans des conditionséconomiques meilleures. La PANA est un exemple vivant de cette mutation.

Les exigences d’un nouveau partenariat

Le temps où l’agence de presse était exclusivement l’affaire des gouvernementsest révolu. Le secteur privé africain doit nécessairement être impliqué à tous lesniveaux pour permettre d’asseoir son développement sur des bases économiques et

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financières durables. En retour, dans un contexte de globalisation, l’entrepriseafricaine gagne la visibilité sans laquelle il est impossible de sortir des marchésnationaux étroits et parfois peu porteurs. Ce nouveau type de partenariat devra bienévidemment impliquer les médias de toute nature et la société civile.

Ceci implique un nouveau cadre institutionnel : Coopérative, Société anonymeou autres. Il me semble intéressant de parler brièvement de notre expérience àPANAPRESS.

PANAPRESS

PANAPRESS est une Agence Panafricaine d'Information, dans le sens classiqued'agence de collecte et de diffusion des nouvelles à caractère général, spécifiques den'importe quelle compagnie.

La PANA (Agence spécialisée de l’OUA) a fait l’objet d’une liquidation enoctobre 1997. Sur ses cendres, une Société anonyme regroupant des actionnairespublics, privés et de la société civile a été mise en place, avec un capital de 12,9millions de dollars. Ce nouveau cadre juridique assure l’indépendance éditoriale del’institution et son autonomie de gestion. Sa recapitalisation a permis de créer, detoute pièce, un réseau de collecte et de diffusion couvrant aujourd’hui plus de 180pays dans le monde et utilisant la technologie Internet. Sur le plan éditorial, leréseau de collecte est passé de 5 correspondants à plus de 70 correspondants présentsdans 48 pays africains.

La production éditoriale a fait l’objet d’une restructuration et c’est ainsi qu’elleest passée de 20.000 à 100.000 mots, en 3 langues : Français, Arabe et Anglais (lePortugais est prévu en fin octobre 2001). Des bulletins spécialisés existent et sontcentrés sur :

- L’environnement ;

- Les questions de genres ;

- L’économie et les finances ;

- Le sport ;

- L’éducation ;

- La recherche scientifique ;

- La pandémie du sida etc.

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Le réseau de distribution prend compte du développement des NouvellesTechnologies de l’Information et de la Communication en Afrique et permet unedistribution par Intranet à l’ensemble des clients abonnés au service de l’Agence.

Un site Web (panapres.com) permet désormais de mettre à la disposition dugrand public une partie de la production tandis que le reste doit faire l’objet d’unesouscription auprès de l’Agence.

Un Service Photo couvrant l’ensemble du continent a vu le jour en Mars 2001 etpropose désormais des images sur l’Afrique à des clients établis dans 160 pays encoopération avec l’Agence de photo GAMMA.

Un service quotidien de nouvelles télévisées et de produits radiophoniques est enpréparation et doit être sur le marché courant 2002.

L’agence affirme, de plus en plus, son caractère multimédia et compte occuper lesegment qui lui revient sur le marché mondial des nouvelles et de l’information.

Le réseau de collecte est articulé autour de bureaux régionaux établis à : Abidjan(Côte d’Ivoire), Yaoundé (Cameroun), Addis Abéba (Ethiopie), Nairobi (Kenya),Lusaka (Zambie), Kinshasa (République Démocratique du Congo), Tripoli (Libye),Johannesburg (Afrique du Sud) et Paris (France).

Sur le marché international, quelques 250 journaux des Etats-Unisd’Amérique, membres de National Newspapers Publishers Association, utilisentquotidiennement le service d’information de l’agence.

Des partenariats spécifiques ont été développés avec beaucoup d’agencesinternationales de développement et également avec des réseaux de la société civileen Afrique..

Une campagne de souscription est en cours dans le cadre de l’augmentation ducapital prévu en décembre 2001. Des actions pour un montant de près de 6 millionsde dollars sont offertes sur le marché africain. L’agence est dirigée par un Conseild’Administration composé des six principaux actionnaires et par un Directeurgénéral.❑

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M. Gunnar HILLGARM. Gunnar HILLGARTNERTNER

Expert / NTIC

Developing and managing online content

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Les nouveaux services d’information Online

Les quatre points ci-après constituent la substance de cette communication :Les possibilités qui nous sont offertes aujourd’hui pour la sélection desinformations nationales et étrangères (I) ; Notre appréciation critique des

services des agences et des nouveaux systèmes d’information sur Internet (II) ; Nostechniques de sélection d’informations qualitativement pertinentes (III); Enfin, uneestimation du coût financier des nouveaux services d’information (IV).

INTERNET : UNE USINE MONDIALE À NOUVELLES

Nous ne pouvons pas parler des possibilités qui nous sont offertes aujourd’huipour la sélection des informations nationales et étrangères sans faire allusion àInternet, qui se présente comme une vaste communauté d’ordinateurs et de réseauxde toutes sortes, reliés les uns aux autres et disséminés dans le monde.

Aujourd’hui, on désigne parfois Internet par l’expression " autoroute de lacommunication ". En effet, à l’image d’une route qui permet de traverser lesdifférentes régions d’un pays, Internet permet aux informations de voyager entransitant par de nombreux réseaux informatiques reliés entre eux.

Cela dit, par rapport au fonctionnement traditionnel des Agences de presse, basésur un appareil redoutablement efficace en son temps, le télescripteur,…sans oublier,bien sûr, tous les autres moyens de transmission et de diffusion des informations,force est de constater que Internet apporte de nouvelles habitudes dans la gestion

M. Alain Roger MBOHM. Alain Roger MBOH

Directeur de Publication ICCNET AFRICA

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totale du processus de l’information.

Internet est devenu une importante centrale, une très grande agence de presse :ou tout simplement une puissante usine mondiale à nouvelles : d’où unemultiplication considérable des sources d’information.

Dans le cadre de nos activités, nous visitons, de façon continue, des sites tels quembolo.com, izf.net, allafrica.com,bayamselam.com,yayoo, irin,… Les sites Web deschaînes de radio et de télévision, ainsi que ceux des journaux imprimés,fonctionnent, de plus, en plus comme des agences de presse efficaces etconcurrentes( l’exemple n’est pas vrai pour l’Afrique Centrale et le Cameroun).

Une agence de presse digne de ce nom est en permanence en situation de coursecontre la montre, chaque agence ayant pour souci d’être la première à être reprisepar l’ensemble de la presse. Nous pouvons citer, par exemple, les sites Web dejournaux français, comme Le Parisien, Le Monde, Le Nouvel Observateur, qui ontrécemment grillé la politesse (si l’on peut dire ) à l’AFP et aux agences de presseclassiques, en étant les premières à publier, à mettre en ligne des informations topsecret, concernant les deux têtes de l’exécutif Français.

Ces sites Web fonctionnent en utilisant abondamment le concept de Newsletter,qui est en réalité un système Web d’abonnement gratuit pour les Internautes quireçoivent dans leurs e-mails, quotidiennement et simultanément, une multitude denouvelles de toutes sortes…

Il faut souligner, enfin, que tous ces sites Web ont des fenêtres sur les agencesde presse, pour un accès gratuit à l’information.

Il devient donc clair pour tout le monde que Internet nous offre aujourd’hui despossibilités énormes pour la sélection des informations. Pour nous autres, qui vivonsdans les pays où il y a encore une culture vivace de la rétention de l’information,Internet, toute proportion gardée, peut être considéré comme notre " sauveur".

INTERNET : UNE MENACE POUR LA PRESSE ?

Il ne serait pas inutile, peut –être, de rappeler que les agences de presse sont etresteront des fournisseurs de faits bruts. L’information étant protéiforme, les agencesrestent marquées par le credo du " fait brut ", par une vision positiviste conduisantle journaliste-agencier à devoir répondre d’abord aux questions : " Qui ? [ a fait oudit] Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? ", et éventuellement " pourquoi ". Il se poseen outre, en amont, la question du choix de l’actualité : " Qui et quoi couvrir ? " En

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COLLOQUE SUR L’AVENIR DES AGENCES DE PRESSE EN AFRIQUE

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tout état de cause, les agences doivent alimenter un flux informationnel en continu,où sources et émetteurs, clients et publics à travers le monde peuvent trouverl’information qui les concerne, ou celle dont ils ont besoin.

Notons encore que les agences de presse recueillent, trient, traitent, stockent,transmettent et diffusent l’information. Pour ce faire, elles doivent concilier lesimpératifs - parfois contradictoires - de rapidité, d’exactitude et d’exhaustivité.Les grandes agences internationales sont en mesure, ou du moins, y prétendent-elles,de couvrir l’événement partout où il se produit : elles entretiennent descorrespondants dans les principaux centres producteurs d’informations du monde.Quand elles ne disposent pas de représentant dans un pays, elles ont un réseau decouverture qui leur permet de s’informer rapidement – par l’écoute des radios, ledépouillement de la presse, les contacts avec les hommes politiques … L’urgenceprime : leurs clients, que ce soient des médias ou non, comptent en premier surelles pour être informés de l’actualité.

A la lumière de ce qui précède, nous pouvons dire que nous n’avons pas encoreen Afrique, dans la majorité des cas, des agences de presse nationales compétitives,efficaces et ambitieuses. L’exemple reste vrai pour le Cameroun et l’AfriqueCentrale. Ainsi, nous sommes vraiment curieux de savoir comment vit la presse auCameroun sans la présence d’une agence de presse digne de ce nom. Il faut, peut-être, chercher les raisons dans le fait que le journalisme d’agence est peu valorisantpar rapport à la culture de vedettariat imposée par l’audiovisuel. Conséquence : lesjournalistes-agenciers dans notre pays sont pour la plupart des amateurs sansformation professionnelle réelle.

Concernant les nouveaux systèmes d’information, certains spécialistes pensent,avec force, que Internet menace la presse dans son quasi-monopole de diffusion del’information. On note, par ailleurs, que Internet remet en cause une autreprérogative de fait du journalisme : l’accès aux sources d’information. La presseétait jusqu’à présent le destinataire quasi-exclusif des communautés, dossiers,rapports, et autres documents dont on fait les nouvelles. Ce modeste privilègegarantissait son rôle d’intermédiaire entre les émetteurs et les destinataires réels,c’est-à-dire, le public.

Mais, avec le Web, les choses changent ; il n’est plus rare que les lecteurspuissent trouver sur le site d’une entreprise quelconque, le document qui a permisaux journalistes de rédiger un article. Du fait du lien étroit entre les journaux et leursoutils de communication, on peut s’attendre à ce que Internet exerce de façondéfinitive une influence très profonde sur ces derniers.

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La nouvelle donne

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ICCNETAFRICA.COM, LE PORTAIL SUR L’AFRIQUE CENTRALE

Pour parler maintenant de nos techniques de sélection des informations, il fautdire que comme toute information médiatisée, nos informations sont sous-tenduespar quatre critères, principalement : la géographie, l’actualité, l’intérêt et lasignification.

• La géographie : nous traitons toutes les nouvelles qui concernent l’Afriquecentrale, la zone CEMAC. Les informations du Cameroun, du Gabon, duTchad, de la RCA et de la Guinée Equatoriale sont notre raison d’être. A cepropos, nous avons la prétention d’être le Portail sur l’Afrique Centrale.

• L’actualité : Il s’agit de répondre à la fameuse question " Quoi de neuf ? "en Afrique centrale, chaque jour, toute chose qui tient en compte le caractèreextrêmement périssable d’une nouvelle.

• L’intérêt : Il s’agit tout simplement pour nous de traiter les informations quiont un certain pouvoir d’attraction sur les Internautes, et principalement notrepublic cible.

• La signification : C’est l’impact qu’une nouvelle peut avoir sur notre publiccible.

INTERNET COÛTE CHER POUR LES PETITES STRUCTURES

Pour conclure, je voudrais relever le fait que le coût financier des nouveauxservices d’information est véritablement important pour les petites structures : lafacture fait état de plusieurs dizaines de millions de francs CFA pour l’acquisitiondes serveurs Web, des serveurs de messagerie, de serveurs de données, une lignespécialisée pour une connexion permanente à Internet.❑

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L’agence de presse nationale, versionclassique, semble avoir vécu. Elle ne répondplus aux besoins du marché marqué par une

forte intrusion des nouvelles technologies del’information et de la communication.Quel avenir alors pour ces agences en Afrique ?Dans un environnement considérablementmodifié, la tendance semble porter vers laconstitution de groupes de presse multimédias." Ne sommes-nous pas à la veille d’uneredistribution des cartes au sein des marchésnationaux où l’enjeu essentiel sera de réconcilierles besoins d’un service public d’information et larentabilité ou la garantie de retoursd’investissements qui seront, de plus en plus, lefait du secteur privé national et/ou panafricain ? ".Le document d’orientation qui suit offre despistes de réponses, en lançant les bases de lanouvelle agence de presse en Afrique.

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COLLOQUE SUR L’AVENIR DES AGENCES DE PRESSE EN AFRIQUE

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Document d’orientation

Le colloque sur l'avenir des agences de presse en Afrique, tenu à Yaoundédu 7 au 9 août 2001 à l'initiative du Bureau de l'UNESCO, a permis deréunir des directeurs d'agences de presse nationales, des directeurs de

publications, différents professionnels de la presse, experts, enseignants, juristeset investisseurs privés, et nouveaux opérateurs des services Online.

Les différents intervenants ont eu à débattre de la situation dans laquelle setrouvent les agences de presse, de la manière dont elles s'acquittent de leurmission et des défis qu'elles doivent impérativement relever face aux nouvellestechnologies du multimédia.

Les participants se sont accordés à dresser un état des lieux pour le moinspréoccupant :

• d'un côté, les médias indépendants de la presse écrite et audio visuellecontinuent à se multiplier, à consolider leur lectorat et leur auditoire, à seprofessionnaliser et à moderniser leur outil de production et de diffusion,notamment à travers l'utilisation du réseau Internet ;

• de l'autre côté, un grand nombre d'agences nationales africaines vivent unesituation de crise aiguë et ne sont parfois plus que l'ombre d'elles-mêmes.Elles ne répondent plus aux attentes de leurs clients et ont perdu de leurinfluence dans les systèmes nationaux d'information. Plusieurs raisons àcela:

• des statuts juridiques obsolètes et un manque de partenariat privé;

• la faiblesse des investissements technologiques;

• l'absence de nouveaux services et des contenus inadaptés à la demande dumarché;

• le désintérêt et le manque de formation pour le journalisme d'agence etpour les nouveaux métiers (technologie, marketing, audiovisuel, etc.).

L'OBSOLESCENCE DES LÉGISLATIONS ET DU MONOPOLE D'ETAT

A la faveur des changements socio-politiques et des nouvelles exigencesdémocratiques des sociétés, des nouvelles législations, d'inspiration libérale, ont

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Perspectives

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été adoptées sur les médias. Mais les lois sur les agences de presse n'ont pasévolué. En règle générale les agences demeurent des établissements publics,placés sous un régime de monopole d'Etat, seul actionnaire. Elles ne sont plusque les porte-parole des gouvernements, les caisses de résonance du pouvoir, etse contentent de collecter et de diffuser les communiqués officiels au lieu d'êtrel'outil de travail attendu par les utilisateurs de la communauté médiatique.

Le colloque souligne l'intérêt que peut représenter pour un investisseur lesactivités spécifiques d'une agence de presse. Il serait prêt à investir dans cesactivités qui répondent à une demande sociale universelle et donc à un marché,mais à la condition première que l'environnement juridique et économique le luipermette: la fin du monopole d'Etat, une fiscalité adaptée à l'acquisition deséquipements et à l'accès aux nouvelles technologies, des autorisationsadministratives conformes à une volonté de libéralisation, une levée desdifférentes formes de censure et enfin la possibilité de gérer son entreprise et sesressources humaines selon les critères en vigueur dans l'ensemble du secteurprivé.

Le colloque fait remarquer que la définition d'un nouveau partenariatdépendra des partenaires constituant le tour de table, en souhaitant qu'y soientprésents les acteurs du marché, seuls capables d'identifier les nouveaux produitsà concevoir et de définir combien ils sont prêts à payer pour les obtenir.

Les intervenants, directeurs d'agence autant que responsables de publicationsou de radios, s'accordent à réclamer des mutations fondamentales en ce quiconcerne le rôle et la place de l'Etat vis-à-vis de l'agence nationale :

faute de pouvoir faire face à ses engagements financiers et auxresponsabilités qui lui incombent pour que l' agence remplisse efficacement samission de service public, l'Etat doit lui accorder une indépendance statutaire,l'affranchir de sa tutelle politique et mettre en place les conditions juridiques luipermettant une indépendance financière effective.

Il devra à cet effet formaliser un cadre juridique autorisant l'introduction departenaires privés extérieurs assorti d'une réglementation fiscale favorable auxinvestissements qu'il ne peut assurer seul.

Dans plusieurs pays une réforme de la politique en matière detélécommunications s'avère aussi incontournable.

Les participants soulignent qu'une telle libéralisation ne saurait être possible

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COLLOQUE SUR L’AVENIR DES AGENCES DE PRESSE EN AFRIQUE

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que si l'Etat apure préalablement les dettes de l'agence et s'il s'engage égalementà réintégrer dans la fonction publique les personnels ne répondant pas auxnouveaux critères définis par les exigences du marché.

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES

Le colloque constate le retard pris par les agences nationales dans le domainede l'acquisition des équipements informatiques et des capacités à les utiliser. Lamaîtrise de ces nouveaux outils de communication est une condition sine quanon au développement des agences et à leur capacité à remplir leur mission. Lesparticipants relèvent avec étonnement que dans certains cas, l'agence ne disposemême pas d'une ligne lui permettant d'être reliée au réseau Internet. De tellesconnexions sont aujourd'hui devenues indispensables, tant pour la collecte desdonnées que pour la diffusion des dépêches, pour l'accès par la rédaction auxbases de données extérieures comme pour l'accès par les clients aux archives età la documentation de l'agence.

Le colloque souligne que l'identification des équipements n'est plus unproblème. Si le financement de leur acquisition reste évidemment à résoudre, ilfaut impérativement veiller à ce que la formation des journalistes utilisateursainsi que du personnel technique soit assurée et prévoir les fonds enconséquence. Il appelle également au recrutement de jeunes techniciens et destagiaires, plus au fait de ces nouveaux outils.

LES NOUVEAUX CONTENUS ET NOUVEAUX PRODUITS

Les agences nationales constituent un rouage essentiel dans la circulation del'information. Leur fonction de collecte et de distribution leur confère un rôle degrossiste en information de toute nature, selon une charte déontologique et sansaucun lien de subordination.

Tous les utilisateurs présents indiquent que les produits qui leur sont fournispar les agences nationales ne sont plus adaptés à leur besoin, ni dans leurcontenu ni dans les délais requis. Il est rappelé que les médias attendent d'aborddes agences auxquelles ils s'abonnent le maximum de faits sur les événementspolitiques, économiques, sociaux et culturels au fur et à mesure qu'ilssurviennent dans le pays (et dans le reste du monde si elles redistribuent les

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Perspectives

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dépêches de l'une des grandes agences mondiales). Mais les clients ne secontentent plus de faits bruts. Ils veulent une information complète, mise enperspective pour qu'elle prenne tout son sens, afin de pouvoir ainsi reprendre ladépêche le plus rapidement possible. Ils veulent également un produit fini, queles agences ne leur offrent pas toujours.

Les intervenants soulignent que face à l'inadéquation entre leurs besoins etles produits qu'on leur propose, ils sont aujourd'hui en mesure de se passer desservices des agences en se connectant directement sur le réseau aux multiplessources d'informations disponibles en temps réel. Il est démontré par ailleurs queles nouvelles technologies ont modifié le comportement des desks dans lesrédactions, permettant les recoupements, les vérifications et les tentatives demanipulation encore de mise, lorsque les agences sont totalement inféodées aupouvoir politique.

En outre, l'on rappelle le rôle irremplaçable des agences nationales dans lacouverture de l'actualité en province et dans les zones éloignées des capitales, lespetits événements qui font la vie de tous les jours et qui intéressent nombre delecteurs et d'auditeurs. Le colloque demande à cet égard que des efforts soiententrepris pour que cette couverture soit étendue et améliorée.

Il apparaît dès lors inéluctable de redéfinir le rôle de l'agence de presse quidoit désormais se considérer comme une centrale d'offre de services divers etvariés en matière d'information, y compris les textes officiels qui restent encoreparfois inaccessibles.

Les intervenants suggèrent que la production des agences puisse êtreproposée sous forme de "packages" thématiques, (sport, santé, événementsculturels, économie, état des marchés, cours des matières premières en vigueurdans les régions, produits plus spécialement destinés à la jeunesse).

Le colloque estime qu'il n'existe pas de liste standard applicable auxnouveaux produits à offrir aux clients, ce segment de marché étant par essencetrès volatil. Il s'agit davantage de mettre en place une veille commerciale et derester réactif aux différentes demandes.

Le colloque note avec satisfaction les mutations opérées dans le cadre de larestructuration de l'agence Panapress, et qui permettent de faire de cette agencepanafricaine un acteur incontournable dans ce secteur et une valeur de référencepour les agences nationales. Le colloque souligne l'intérêt qu'auraient les

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COLLOQUE SUR L’AVENIR DES AGENCES DE PRESSE EN AFRIQUE

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agences à collaborer plus étroitement avec cette structure dont le rôle est derépercuter l'actualité qui survient sur tout le continent africain, tant à l’intérieurdu continent lui-même qu'au niveau international.

S'agissant des nouvelles offres aux utilisateurs, le colloque propose que lesagences mettent l'accent sur le développement des nouveaux produits à valeurajoutée, tels que la photographie, le son, la vidéo et l'infographie économique.

Les participants s'accordent sur le fait qu'une approche marketing estindispensable pour promouvoir, de façon active, ces nouveaux produits, comptetenu de l'environnement concurrentiel qui se dessine de façon inéluctable. Laqualité de ces nouveaux produits sera à la mesure de leur diversité et de leuradéquation au marché. L'appui en termes de contenus apporté par les agencessemble indispensable à l'ensemble des participants.

Enfin, le colloque exprime le vœu de voir se développer un partenariatsoutenu entre les différentes agences africaines avec le soutien de PANAPRESSqui propose notamment d'héberger les futurs sites des agences ou des médias.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Prenant en compte:

• le principe fondamental de la libre circulation de l'information;

• la nécessité de renforcer les capacités humaines et techniques dansl'exploitation de cette information,

• l'exigence de préservation de la diversité culturelle dans le contexte de lamondialisation,

Eu égard au nouvel environnement démocratique et de l'émergence dupluralisme médiatique sur le continent, les participants rappellent le rôleprééminent des agences de presse dans les systèmes nationaux d'information etformulent les recommandations suivantes :

En ce qui concerne les Etats :

• créer un nouvel environnement juridique et institutionnel de nature libérale

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Perspectives

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favorisant les capacités et l'efficacité des agences de presse, permettant ladiversification des sources de financement par l'ouverture de leuractionnariat aux capitaux privés et un équilibre entre les impératifs derentabilité et les missions de service public ;

• mettre en place des régimes économiques et fiscaux destinés à soutenirl'activité d'agence, notamment des tarifs préférentiels en matière detélécommunications, et des exonérations douanières sur les équipements.

En ce qui concerne les agences :

• adopter des règles de management conformes aux impératifs de rentabilitéet de performance ;

• accélérer le processus d'intégration des NTIC tant pour la collecte quepour la diffusion des informations ;

• instaurer ou renforcer les structures de veille commerciale afin d'assurerune meilleure adéquation entre l'offre des produits et les besoins desutilisateurs ;

• s'engager dans la diversification des produits vers le multimédia;

• assurer la formation permanente de toutes les catégories de personnel,(journalistes, documentalistes, ingénieurs, techniciens, commerciaux,etc.) au regard des nouvelles nécessités et des évolutions de la technologie;

• développer une coopération plus soutenue avec l'agence PANAPRESS, quiconstitue, aujourd'hui la pierre angulaire pour l'ouverture des agencesnationales africaines sur le monde.

En ce qui concerne l'UNESCO et les partenaires :

• poursuivre les actions de soutien aux agences de presse africaines comptetenu des importantes mutations en cours, notamment, par le biais des aidesà l'accès aux nouvelles technologies et à la formation ;

• élargir le champ des débats engagés à Yaoundé dans le cadre d'un forumélectronique à l'intention des acteurs africains concernés.❑

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Photo de famille des participants

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• Discours d’ouverture du Ministre de la Communication.

• Allocution du DADG UNESCO.

• Le colloque vu par la presse.

• Rapport final de l’Atelier sur la Culture de la maintenance.

• Liste des participants.

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Monsieur le Sous – Directeur Général Adjoint de l’UNESCO

représentant le Directeur Général empêché,

Monsieur le Directeur du Bureau Régional de l’UNESCO pour

l’Afrique Centrale, et tout aussi, Représentant de l’UNESCO à Yaoundé,

Monsieur le Directeur Général de la PANAPRESS,

Monsieur le Président Directeur Général de la SITABAC,

Monsieur le Directeur Général de la SOPECAM,

Messieurs les Directeurs des organes de communication,

Mesdames, Messieurs les Délégués, Chers Invités,

Mesdames, Messieurs,

L’honneur m’échoit d’avoir à présider la cérémonie d’ouverture duprésent colloque, organisé par l’UNESCO et consacré à " l’Avenir desagences de presse en Afrique ". A cette occasion, je voudrais, de prime

Discours d’ouverture deMonsieur Jacques FAME NDONGO,

Ministre de la Communication

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Annexes

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abord, dire toute ma gratitude pour l’intérêt constant que l’OrganisationIntergouvernementale ne cesse de manifester à l’endroit de notre pays,heureux et honoré d’accueillir cet important événement.

Je voudrais, ensuite, souhaiter une chaleureuse bienvenue, ainsi qu’unagréable séjour en terre camerounaise à toutes les personnalités venuesdes pays frères et amis pour prendre part à ces assises.

Monsieur le Sous Directeur général-adjoint, Monsieur le Directeur duBureau Régional,

Chers Délégués, Chers Invités,

Le Colloque qui va s’ouvrir dans quelques instants sur l’avenir desagences de presse en Afrique intervient à un moment déterminant de la viede nos jeunes démocraties.

Voici plus de dix ans, en effet, que, prenant le pas de la libéralisation desrégimes politiques, les systèmes institutionnels de l’information ont entreprisde vastes programmes d’ouverture et de diversification, qui se traduisent,aujourd’hui, par une démonopolisation substantielle des institutions et desstructures médiatiques d’une part, et un pluralisme tout au moins quantitatifdes supports de presse, tous médias confondus, d’autre part.

Nonobstant les disparités entre pays, il est un fait notoire qu’à des degréscertes divers, la liberté de presse et le droit à l’information sont, aujourd’hui,une donnée établie et un fait irréversible des composantes de la démocratieen Afrique Subsaharienne. Dopée par les avancées significativesobservées au niveau des cadres juridiques, ainsi qu’un renforcementprogressif des capacités organisationnelles, l’offre des structures et desmoyens d’information a connu dans nos pays, au cours de la décennie quivient de s’achever, un accroissement exponentiel, en ce qui concerneparticulièrement la presse écrite, étant donné que l’audiovisuel, quoi quen’étant pas en reste, doit, quant à lui, faire face à des contraintesspécifiques et objectives, liées à la technologie et à la lourdeur desinvestissements requis.

Cette dynamique est voulue par tous et il importe de s'en réjouir et s'enféliciter, puisqu’elle est juste et légitime, édifiante et motivante. Elle traduit,pour une part décisive, la mouvance démocratique et libérale de nos Etats.Toutefois, l’on ne peut occulter, sans risquer de biaiser la réalité, que laqualité des contenus est souvent inversement proportionnelle à la quantité

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COLLOQUE SUR L’AVENIR DES AGENCES DE PRESSE EN AFRIQUE

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des titres.

Nos kiosques à journaux et autres vendeurs ambulants, nos antennes destations radio ou de chaînes de télévisions, souvent à la pointe de latechnologie, et qui quotidiennement essaiment ou arrosent nos cités etvillages, ne sont pas toujours porteurs du message d’objectivité oud’honnêteté, d’équité ou d’équilibre, de pluralisme ou de diversitécommandée pourtant par les impératifs cardinaux de liberté et delibéralisation qui les ont fait naître, pour ensuite les faire prospérer.

Moins-value technique, éthique et esthétique, impéritiesprofessionnelles, cacophonies communicationnelles de tous ordres,amateurismes et autres carences de tous genres sont, hélas encore,aujourd’hui le lot dominant et quotidien de ce que médias et supports,titreurs et éditorialistes, chroniqueurs et reporters, de ce que tous,professionnels à priori de cette nouvelle génération de la presse africaine,servent si généreusement à leurs différents publics.

A l’opposé même de l’idéal de liberté et de responsabilité, qui supposele respect et la sauvegarde des droits des autres, individus et collectivitésconfondues, il va sans dire que de telles dérives ont parfois fini par donnerau paysage médiatique du Continent l’image d’une véritable foired’empoigne, où tous les coups étant permis, c’est à celui qui en donnerait leplus, à coup d’injures ou de diffamation, de fausses nouvelles, d’altérationdes faits ou de commentaires pernicieux, de prises à partie ciblées oud’inquisitions au vitriol, bref, c’est à celui qui transgresserait le mieux ou leplus les sacro-saintes règles de l’éthique et de la déontologieprofessionnelle, qu’il reviendrait alors le mérite d’être porté au pinacle del’édifice communicationnel.

Curieux paradoxe donc où le vice faisant recette, il est érigé en vertupour servir et alimenter le cadre de référence d’un métier, un noble métier,celui de médiateur de l’information et de probe relais d’opinion, de vecteurprivilégié des idées et de formateur des consciences individuelles etcollectives.

Au nombre des raisons souvent évoquées pour expliquer de telleslacunes, on a d’abord relevé une extrême politisation des médias, doubléed’un déficit de préparation professionnelle et d’un encadrement économiqueimparfait des structures d’information. Il convient, cependant, à ce sujet, de

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Annexes

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se réjouir que bon nombre de ces insuffisances aient déjà attiré l’attentiondes principales parties prenantes à l’émergence d’une presse de qualité enAfrique, à commencer par les professionnels des médias, les pouvoirspublics, les organisations internationales, la société civile et le public lui-même.

Aujourd’hui, c’est la carence, et parfois la déliquescence des agences depresse nationales, qui sont convoquées pour tenter d’expliquer les maux quiminent et brident l’excellence et la performance qualitative de lacommunication médiatisée en Afrique.

Monsieur Le Sous-Secrétaire Général-Adjoint,

Monsieur Le Directeur du Bureau Régional,

Mesdames, Messieurs Les Délégués,

Chers Invités,

Le Gouvernement se réjouit de ce que l’UNESCO, qui compte parmi lespartenaires les plus engagés de notre continent, ait, une fois de plus, pris ceproblème à bras le corps, pour susciter la réflexion de façon endogène,intégrée et participative sur la problématique des agences de pressenationales, ce maillon essentiel de la chaîne de production intellectuelle desmessages informationnels, au moment même où les effets conjoints de lalibéralisation et des nouvelles technologies tendaient à les vouer auxgémonies.

En matérialisant l’idée qu’il faille regrouper autour de cette problématiquedes directeurs d’agences de presse, des fournisseurs de nouveaux servicestels que l’Internet, des utilisateurs des services offerts par les agences, desinvestisseurs et des décideurs politiques, vous apportez la preuve, quel’Afrique pourra toujours compter sur vous en tant que partenaire à partentière de la construction d’une société de libertés et de paix, de laconnaissance et du savoir, de la tolérance et de la transparence.

Permettez-moi de noter ainsi, et une fois encore, la convergence de vosconvictions avec celles du Renouveau communicationnel que prescritchaque jour davantage le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA, et quemet en œuvre Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, avecle souci permanent du respect de son triptyque cardinal : celui de l’éthique,

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de la technique et de l’esthétique. Le Gouvernement est déterminé àconsolider les nouveaux espaces de liberté dont il a induit l'éclosion et àviabiliser technologiquement et économiquement les entreprises decommunication, en valorisant, en modernisant et en rénovant le journalismed'agence, clef de voûte et soubassement de l'édifice communicationnel àl'ère de la mondialisation et de la cyber civilisation.

Vous pouvez donc être assurés, Mesdames, Messieurs les délégués denotre vœu le plus cher et le plus sincère que vos travaux soient couronnésde succès.

Je vous remercie et déclare ouvert " Le colloque sur l’avenir des agencesde presse en Afrique ".❑

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Annexes

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Monsieur le Ministre de la Communication,

Monsieur le Président Directeur Général de la SITABAC,

Monsieur le Directeur Général de la SOPECAM,

Monsieur le Directeur Général de la PANAPRESS,

Monsieur le Représentant de l'UNESCO à Yaoundé,

Les Groupes de presse nationaux,

Chers Invités,

Mesdames et Messieurs,

Au nom de Monsieur KOÏCHIRO MATSUURA, Directeur Général del'UNESCO, je vous souhaite à tous la bienvenue, à l'occasion de ce Colloquesur "L'Avenir des Agences de Presse en Afrique".

La présente rencontre est la deuxième d'une série que l'UNESCO ainitiée en janvier 2001, à AMMAN en JORDANIE, sur le développement desagences de presse à l'heure des nouvelles technologies et surtout

Allocution du DADG UNESCO, Monsieur Claude ONDOBO

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d'Internet.

Faut-il le rappeler, au cours de chaque exercice, l'UNESCO, que ce soità travers le Programme International de Développement de laCommunication (PIDC), le Programme Extrabudgétaire ou le ProgrammeOrdinaire, consacre d'importants financements à la mise sur pied et/ou à laréhabilitation de plusieurs agences de presse à travers le monde. EnAfrique en particulier, on peut citer par exemple : WANAD, SEANAD, PANA,et quelques agences nationales de presse telles l'agence CAMNEWS pourle Cameroun et l'Agence de Presse Sénégalaise (APS).

Il y a quelques années, le rôle des agences nationales de presse dansle paysage médiatique était unanimement reconnu comme "grossiste del'information", sources de ravitaillement des divers médias. Or, comme vousle savez, l'avènement des nouvelles technologies et d'Internet a bouleversécet équilibre.

Dans ce nouveau contexte, une évaluation s'impose. Cela d'autant plusque plusieurs agences de presse africaines soit moribondes. L'UNESCO seréjouit donc de pouvoir réunir, pour en débattre, les représentants de l'Etat,des agences de presse elles-mêmes, les différents groupes d'utilisateurs, etdes fournisseurs de nouveaux services. La présence parmi nous d'hommesd'affaires, investisseurs actuels ou potentiels, nous semble égalementimportante. La réhabilitation de ce domaine d'activités nécessite plusieursinitiatives tant du secteur public que privé.

Comme vous le savez, l'UNESCO est la structure des Nations Unies quia pour mission de garantir la diversité et le pluralisme de l'information àtravers le monde, et en particulier dans nos pays. Pour l'UNESCO, la librecirculation des idées est un gage de développement et de l'avancée de ladémocratie.

Après le séminaire d'Amman, qui s'est tenu du 28 au 31 janvier de cetteannée, la rencontre de Yaoundé devrait nous permettre d'atteindre unconsensus sur les stratégies à adopter pour la pérennité des agences depresse africaines, à l'heure où tous les donateurs se posent la question desavoir quel média dans le domaine de la collection des nouvelles soutenir ?Internet ou agences de presse?

Sur la base de vos réflexions, un document de référence sera élaboré à

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l'attention des hommes d'affaires, décideurs politiques, professionnels de lacommunication, organisations non gouvernementales et organisationsinternationales. L'UNESCO s'en référera dans le cadre de son appuimultiforme aux agences de presse.

Mesdames, Messieurs, Chers participants,

L'importance de ce Colloque n'est plus à démontrer. Et, eu égard à laqualité des participants réunis ici à l'hôtel Mont Fébé, et à l'importancequ'accordent à ce Colloque les autorités africaines, les acteurséconomiques et les médias africains, nul ne doute que la rencontre deYaoundé sera fructueuse et bénéfique pour le devenir des Agences depresse en Afrique.

Je souhaite vivement que l'adage qui prédisait la mort de la radio avecl'arrivée de la télévision, soit tout aussi faux en ce qui concerne la mortprogrammée des agences de presse avec l'éclosion de l'Internet, même s'ily a un mois, que l'Agence Reuters a pour la 1ère fois de son existence,licenciée environ 20% de son personnel.

Mais, il est vrai aussi que les START UP de la communication, nouveauxtypes d'entreprises de la société de l'information, sont devenus aujourd'huipour la plupart des START DOWN.

Je souhaite plein succès à vos travaux, et un bon séjour au Cameroun,pour les participants venus des autres pays.

Je vous remercie.❑

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Extrait du rapport final de l’atelier sur la promotion de la culture

de la maintenanceorganisé à Yaoundé

du 26 au 30 juillet 2001

AGENCES DE PRESSE

Les agences de presse africaines connaissent des difficultés inhérentesaux coûts d’exploitation nettement au dessus de leurs moyens. Cesdifficultés se traduisent par :

• le prix du papier ;

• le coût des équipements ;

• les tarifs de télécommunications ;

• la gestion et l’entretien des liaisons de télécommunications ;

• le support technique à fournir aux abonnés.

Aujourd’hui, le développement des télécommunications et del’informatique, en particulier celui de l’Internet, offre de nouveaux moyens decommunication, qui remettent totalement en cause le mode defonctionnement traditionnel d’une agence de presse.

L’intégration des nouvelles technologies dans le processus de productionest devenue incontournable pour toute agence de presse; elle lui permet :

• d’étendre le réseau de collecte et de distribution de dépêches àl’échelle planétaire ;

• d’avoir les moyens de commercialiser ses produits dans n’importe quelpays sans frais de télécommunications supplémentaires ;

• de réduire les charges de télécommunications à sa plus simple

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expression,

• de standardiser les équipements ;

• de réduire le budget des consommables (papier, ... ) ;

• de minimiser le support technique auprès de ses abonnées.

D’où le concept d'Agence nouvelle.

Dans le contexte actuel de la compétition mondiale de la demande et del'offre, les agences de presse africaines doivent se muer en AgenceNouvelle, fournisseur international de contenu multimédia. A défaut d’opérercette mutation elles sont appelées à disparaître.

L'Agence nouvelle utilisera les nouvelles technologies pour rentabiliserses activités :

• en s'ouvrant au marché international grâce à l'utilisation de l'Internet ;

• et en proposant des produits multimédia de qualité (texte, photo,audio, vidéo) en adéquation avec les besoins de ses clients répartisdans tous les coins du monde.

RADIODIFFUSIONS ET TELEVISIONS

Les services de maintenance des agences de radiodiffusion et télévisionafricaines sont les parents pauvres de nos structures. En effet, ce que l'onexige d'eux dépasse de loin les moyens qui leur sont accordés.

Les problèmes de maintenance aujourd'hui sont :

• personnel réduit ;

• un budget faible voir inexistant ;

• une absence de l'informatique ;

• la question du passage de l'analogique au numérique pose de sérieuxproblèmes.

Aujourd'hui avec l'intégration des métiers de l'informatique, destélécommunications et des métiers de l'audiovisuel, il importe de :

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• créer un programme national d'action pour le développement d'uneculture de maintenance basée sur les nouvelles technologies del'information et de la communication ;

• revoir les politiques éducatives visant à intégrer les nouvellestechnologies dans les programmes de formation des techniciens.

RECOMMANDATIONS

Conscient, des difficultés vécues par les médias africains, notamment enmaintenance, formation et documentation, et considérant l’apport desnouvelles technologies de l’information et de la communication, l’atelierrecommande :

AUX MÉDIAS

D’intégrer les nouvelles les nouvelles technologies de l’information et dela communication dans leurs activités rédactionnelles:

• Internet

• Multimédia

• Les logiciels de production de dépêches à acquérir doivent au moinsintégrer les services Internet de base en particulier le courrierélectronique.

• Associer le personnel technique à toutes les étapes des projets(études, acquisition de matériel et logiciels, etc.) des organes depresse et médias, et veiller au transfert de compétence au cours deleur exécution et toutes les fois que l'on doit faire appel à une expertiseexterne.

• Favoriser l'échange d'expérience entre organes de presse et médiasainsi que l'accès aux données relatives aux équipements et auxfournisseurs, en vue de faire face aux questions ayant trait aux choixdes équipements ainsi qu’à leur maintenance.

Aussi, les actions suivantes devront être mises en oeuvre etencouragées:

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• la création d'adresses électroniques aux techniciens ;

• la participation aux forums de discussion entre médias africains ;

• le regroupement des techniciens de plusieurs pays autour d'activitéstechniques favorisant le processus de transfert de compétence tellesque:

- installations d'équipements ;

- réparations de grandes envergures ;

- rencontres avec des fournisseurs ;

- etc. ..

Faire abriter les services Web, dans le cadre de la coopération entremédias africains, par ceux qui sont mieux dotées en infrastructurestechniques ;

Faire inscrire aux budgets de fonctionnement un fond suffisant destiné à:

• l'acquisition de la documentation technique ;

• la formation ;

• la maintenance.

Mettre en place avec la collaboration des techniciens, un atelier demaintenance et veiller à l’équiper adéquatement en outils de dépannage etde diagnostique pour une maintenance de premier et de second degré.

L’intégration des nouvelles technologies devra se faire suivant un plandirecteur pour une mise en œuvre cohérente des projets.

Ce plan servira de guide de projets et devra fixer les différentes étapesà franchir.

Il permettra notamment de :

• définir les objectifs en terme de services à fournir ;

• faire le choix des technologies appropriées ;

• proposer un plan d’équipements et d'actions à mettre en oeuvre (

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aménagement des locaux et des installations électriques, mise enplace des divers équipements, etc. ) ;

• planifier les questions relatives au profil et à la formation destechniciens.

Veiller à ce que les dons en équipements et les programmes de formationpuissent requérir l'avis des techniciens et s'inscrire dans le cadre de la miseen oeuvre du plan directeur des organes. Cela permettra d'éviter lesproblèmes liés à la disparité de matériels qui rendent difficiles l’exploitationet la maintenance.❑

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Le colloque vu par la presse

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Ouvrage conçu et réalisé sous la supervision de

Cheikh Tidiane Sy, Conseiller Régional pour la Communication.

Avec la collaboration de :

Relecture : Dr Paul Célestin Ndembiyembe etMme Angèle Luh Mbazoa

Infographie : Mme Elisabeth Ndjeneg

Photographies : UNESCO

Imprimerie : Press-Book Communications Ydé

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YAOUNDE, 7 août (AFP) – Les représentants des agences nationales depresse d’une vingtaine de pays africains sontréunis depuis mardi dans la capitalecamerounaise Yaoundé pour réfléchir à leuravenir, sous l’égide de l’UNESCO.Selon M.Cheikh Tidiane SY, Directeur du BureauRégional de l’UNESCO pour l’Afrique Centrale,cette rencontre étalée sur trois jours s’imposait enraison de la dégradation constante des agences depresse nationales dans les pays africains.« Elles ont carrément fermé les portes danscertains pays et battent de l’aile dans tous lesautres pays du continent », a affirmé M. SY àl’AFP. Le désintérêt des journalistes pour la pressed’agence, considérée comme « une voie de garage», le désengagement des pouvoirs publics et lamontée des nouvelles technologies de la

communication ont été citées par mi les raisonsde ce déclin.Mais selon plusieurs participants, les agencesnationales de presse africaines sont avant toutconfrontées à un problème de crédibilité en raisonde leur réputation de dépendance à l’égard despouvoirs publics.A l’ouverture de cette réunion, M. ClaudeOndobo, Sous-Directeur général adjoint dusecteur communication et information del’UNESCO à Paris, a réaffirmé l’engagement deson institution à contribuer au « sauvetage» desagences de presse nationales sur le continent.Babacar Fall, Directeur Général de PANAPRESS àDakar, a exposé l’expérience de cette agencepanafricaine qui s’est ouverte aux capitaux privéspour assurer sa survie et son développementactuel.

Yaoundé 9 août (PANA)Les agences de presse africaines ont été invitéesà collaborer plus étroitement avec l'AgencePanapress, anciennement Agence panafricained'information (PANA), par le colloque sur"l'avenir des agences de presse en Afrique", quia pris fin jeudi à Yaoundé.La rencontre, qui était organisée par l'UNESCO,aura été l'occasion pour les participants -directeurs d'agences de presse nationales,utilisateurs, experts, enseignants, juristes etinvestisseurs privés - de constater la situationde "crise aiguë" que vivent les agencesnationales et de proposer des solutions.Pour avoir vécu la même situation de criseaiguë, l'agence Panapress a été citée comme unmodèle de redressement dont les agencesnationales devraient s'inspirer, selon le rapportfinal du colloque.Statuts juridiques obsolètes, manque departenariat privé, faiblesse des investissementstechniques, absence de nouveaux services,contenus inadaptés à la demande du marché,désintérêt et manque de formation pour lejournalisme d'agence expliqueraient, selon lecolloque, que les agences nationales ne soientplus en Afrique que l'ombre d'elles-mêmes.Les utilisateurs, notamment, se sont montréstrès critiques sur les produits, en avertissantqu'eux-mêmes étaient "en mesure de se passerdes services des agences en se connectantdirectement sur le réseau aux multiples sourcesd'informations disponibles en temps réel".Selon le colloque, il faut définir le rôle del'agence de presse "qui doit désormais se

considérer comme une centrale d'offre deservices divers et variés".Elles devront en outre mettre l'accent sur ledéveloppement de nouveaux produits à valeurajoutée comme la photographie, le son, la vidéoet l'infographie économique.Les investisseurs ont par ailleurs été invités às'intéresser davantage aux activités des agencesconsidérées comme pouvant être rentables sil'environnement juridique et économique estamélioré.

Cela suppose, a indiqué le colloque "la fin dumonopole d'Etat, une fiscalité adaptée àl'acquisition des équipements et à l'accès auxnouvelles technologies, des autorisationsadministratives conformes à une volonté delibéralisation, une levée des différentes formesde censure et la possibilité de gérer sonentreprise et ses ressources humaines selon lescritères en vigueur dans le secteur privé".Pour les participants, l'Etat devra également"accorder à l'agence une indépendancestatutaire, l'affranchir de sa tutelle politique etmettre en place les conditions juridiques luipermettant une indépendance financièreeffective".L'UNESCO, dont le soutien constant auxagences a été saluée, a, pour sa part, été invitéeà poursuivre ses actions, notamment par le biaisdes aides à l'accès aux nouvelles technologies età la formation.

jsg/PAN

Pour une redefinition du rôle des agences de presse

Les Agences de presse d’Afrique réfléchissent sur leur avenir à Yaoundé