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numéro 8 septembre 2003 lettre d’information de l’ARMMA Association pour le rayonnement du musée national du Moyen Age Ce motif lui rappelait quelque chose… Une illustration – vite retrouvée à la bibliothèque du musée – des Dicz moraux pour faire tapisserie du poète bourbonnais de la fin du XV e siècle, Henri Baude. L’une des versions manuscrites de ce texte est conservée à la Bibliothèque nationale. Elle est incluse dans un gros recueil de poèmes et proverbes, sans doute collecté pour la famille des Robertet (gens de lettres et fonctionnaires du duc de Bourbon et du roi de France). Intitulé La pirouète, le dessin à la plume – de composition verticale alors que la tapisserie est horizontale – accorde plus d’importance à la main sortie des nimbes et beaucoup moins au pavement. Mais la filia- tion est claire. Le textile comporte en outre une partie supé- rieure figurant un joli paysage de ville et de château et, en bas, A LA LOTERIE DE LA VIE Acquisitions L’ARMMA a puisé dans son bas de laine pour offrir au musée une tapisserie très originale, où la toupie figure l’insécurité du destin, la brièveté de la vie. U ne tapisserie de 1,60 m x 1,80 m, sortie d’un ate- lier flamand au début du XVI e siècle, pourrait être la prochaine « nouveauté » à entrer dans les col- lections du musée national du Moyen Age. Placée en dépôt chez un antiquaire parisien, la pièce avait attiré l’œil de Viviane Huchard, la directrice du musée. Un grand cartel rouge en occupe la partie centrale, avec cinq vers en vieux français qui peuvent se transcrire comme ci- dessus. Ce cartouche est placé devant un autel, sur lequel une main venant du ciel (celle du hasard ?) actionne une toupie. Sur le vaste sol carrelé, trois autres toupies cou- chées et abandonnées semblent indiquer le triste sort qui attend la première. « Moi qui tourne sous la main d’autrui N’ai tranquilité ni soir ni matin, Car celui sous la main de qui je tourne Si soudainement y retourne Qu’il n’attend ni plus tard ni demain. » © Photo RMN - Gérard Blot

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numéro 8 � septembre 2003

lettre d’information de l’ARMMA

Association pour le rayonnement

du musée national du Moyen Age

Ce motif lui rappelait quelque chose… Une illustration – viteretrouvée à la bibliothèque du musée – des Dicz moraux pourfaire tapisserie du poète bourbonnais de la fin du XVe siècle,Henri Baude. L’une des versions manuscrites de ce texte estconservée à la Bibliothèque nationale. Elle est incluse dans ungros recueil de poèmes et proverbes, sans doute collectépour la famille des Robertet (gens de lettres et fonctionnairesdu duc de Bourbon et du roi de France). Intitulé La pirouète, ledessin à la plume – de composition verticale alors que latapisserie est horizontale – accorde plus d’importance à la mainsortie des nimbes et beaucoup moins au pavement.Mais la filia-tion est claire. Le textile comporte en outre une partie supé-rieure figurant un joli paysage de ville et de château et, en bas,

A LA LOTERIE DE LA VIEAcquisitions

L’ARMMA a puisédans son bas de lainepour offrir au musée

une tapisserie très originale,où la toupie figure

l’insécurité du destin,la brièveté de la vie.

Une tapisserie de 1,60 m x 1,80 m, sortie d’un ate-lier flamand au début du XVIe siècle, pourrait êtrela prochaine « nouveauté » à entrer dans les col-

lections du musée national du Moyen Age.Placée en dépôt chez un antiquaire parisien, la pièce avaitattiré l’œil de Viviane Huchard, la directrice du musée. Ungrand cartel rouge en occupe la partie centrale, avec cinqvers en vieux français qui peuvent se transcrire comme ci-dessus. Ce cartouche est placé devant un autel, sur lequelune main venant du ciel (celle du hasard ?) actionne unetoupie. Sur le vaste sol carrelé, trois autres toupies cou-chées et abandonnées semblent indiquer le triste sort quiattend la première.

« Moi qui tourne sous la main d’autruiN’ai tranquilité ni soir ni matin,

Car celui sous la main de qui je tourneSi soudainement y retourne

Qu’il n’attend ni plus tard ni demain. » © Photo RMN - Gérard Blot

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Hugueniot de Langres.Le musée en possédait déjà

deux pages où figurent l’Annonciation et laCrucifixion. La troisième montre une miseen terre à l’extérieur de l’enceinte d’une villetandis que le texte est un extrait de l’Officedes morts. C’est le même François Avril,toujours à l’affût des manuscrits,qui a signalécette opportunité.

Un robinet historiéDeux autres achats ont été réalisés par lemusée lui-même, grâce aux fonds que luiprocurent les « soirées mécénat ».Un robi-net de fût ou de fontaine en bronze, quidevait orner un objet précieux, a été acquisen vente publique en novembre 2002. Soniconographie est exceptionnelle : le bec ver-seur figure un lion tandis que la clé repré-sente un personnage. Ses formes sont tel-lement lissées par les manipulations qu’il estaujourd’hui inidentifiable. Julia Fritsch,conser-vatrice chargée des objets de la vie quoti-dienne, poursuit ses recherches notammentpour trouver des pièces de comparaison.Elle date l’objet du XIVe siècle. Il mesure16 cm de hauteur sur 18 de long et il estvisible en salle 12.Le musée a aussi enrichi sa documentationsur l’histoire de l’hôtel de Cluny en ache-tant une grande aquarelle présentée parun antiquaire. Signée d’Ernest Guilliaud,elle montre l’état de La salle de la ferronne-rie, au 1er étage, en 1881.Enfin, pour compléter son abondante col-lection d’enseignes, le musée a acquis envente publique,en mars 2003,un lot de septplombs historiés,dont l’un figure saint Antoineavec son cochon. Une pièce rare, qui man-quait à son répertoire des pèlerinages. �

• 300 003 personnes ontvisité le musée nationaldu Moyen Age en 2002.Soit 15,7 % de plusqu’en 2001. Parmi elles,35 000 scolaires. L’affluences’explique, au moins pourpartie, par le succèsde l’exposition « Jardins »,au cours de laquelle ona compté une moyennede 1 159 visiteurs par jour.

• Le beau catalogue del’exposition, d’abord tiréà 4 000 exemplairesécoulés avant la finde la manifestation,a fait l’objet d’un retirageet se trouve à nouveaudisponible à la librairie.Le « Petit Journal » a,lui aussi, connu un beausuccès avec deux éditions,pour un total de13 500 exemplaires.

• Lenteur des procéduresde l’Etat : le frigidarium esttoujours sous échafaudage…Alors que l’installation datede décembre 2000,on en est encoreà la validation de l’étudepréalable de l’architecteen chef des monumentshistoriques sur l’état dela voûte et de la couverture.Les travaux sont espéréspour 2004 et 2005.

• Le jardin d’inspirationmédiévale pousse etcommence à tenir sespromesses. Les végétauxdispensent ombre etsenteurs dans le chemincreux qui méritait bienson nom cet été.Deux regrets :les jardiniers récoltentles légumes très tôt, commes’il s’agissait vraiment d’unpotager et non d’un jardind’agrément. La fontaine,difficile à entretenir, ne coulepas tout au long de l’année.

faisabilité du projet et le préciser. Spécialistedes dossiers muséographiques – elle a tra-vaillé sur les projets des musées des Beaux-Arts de Lyon,Lille et Angers –,Françoise Ruel

a bien avancé depuis. Elle a traduit en sur-faces et en volumes les souhaits des conser-vateurs – un parcours chronologique en neufépoques, de l’Antiquité au XIXe siècle – etvérifié leur adéquation logique avec le bâti,selon les différentes extensions imaginables.Reste maintenant à voir plus précisémentcomment ces hypothèses peuvent s’insé-rer dans le cadre fixé par la DAPA.Le comité de pilotage, réuni le 24 juin der-

nier, a listé les questions en suspens et lesétudes à lancer. Des décisions doivent êtreprises en septembre, en particulier pourdéterminer le programme de fouilles. Un

passage devant la commission supérieuredes monuments historiques est envisagépour janvier. Lentement, mais sûrement, ledossier continue donc d’avancer.

Il y a urgencePour franchir les étapes suivantes, il faudraque le ministère de la Culture décide de l’ins-crire parmi ses grands projets parisiens. Envisite au MnMA le 22 juillet,Guillaume Cerutti,

une bande de verdure mille fleurs.L’ensemblea conservé des couleurs assez vives.François Avril, conservateur à la BNF qui aétudié le manuscrit Robertet, signale despeintures murales dans des châteaux duBourbonnais,d’Anjou ou du Maine inspiréesde ces Dictz moraux qui ont dû, à l’époque,trouver un large écho. Mais aucune tapis-serie n’avait été repérée à ce jour. Ce quidécuplait l’intérêt de la découverte ! Mêmesi, avouons-le, l’objet séduira plus les spé-cialistes que le grand public.Sollicitée, l’ARMMA a donc puisé dans sesréserves (constituées précisément dans l’in-tention d’aider à l’enrichissement des col-lections) pour se porter acquéreur.La dona-tion doit être examinée et acceptée par lescommissions ad hoc du ministère de la Cul-ture afin que la tapisserie puisse entrer dansle patrimoine du musée, sans doute débutoctobre. Elle pourrait ensuite être accro-chée dans la salle 23, l’une de celles qui sontconsacrées à la vie quotidienne.Elle devraitaussi faire l’objet d’une conférence « Unmois, une œuvre » au printemps prochain.

Scène d’enterrementQuelques semaines plus tôt, l’ARMMA avaitdéjà acheté, lors d’une vente publique àDrouot,un feuillet enluminé d’un livre d’Heuresà l’usage de Rouen, daté de la secondemoitié du XVe siècle et attribué à Guillaume

2 Millefleurs n° 8, septembre 2003 Millefleurs n° 8, septembre 2003 3

Dans l’histoire du musée national duMoyen Age, le 17 juin 2003 resterasans doute comme une date impor-

tante. Celle où la direction de l’architec-ture et du patrimoine (DAPA) – et,à traverselle, les sous-directions de l’archéologie etdes monuments historiques – a donné, parcourrier, son feu vert à la couverture desthermes gallo-romains proposée par la direc-tion des musées de France (DMF).Pour la DAPA, la restitution (sans pastiche),des volumes antiques représente le meilleurmoyen de préserver les ruines – sinon,expo-sées aux intempéries et à la pollution, ellesne peuvent que se dégrader – ,et de rendrele bâtiment plus lisible, tout en offrant aumusée les nouvelles surfaces qu’il convoite.C’est une excellente nouvelle, car un partimoins dynamique aurait pu conduire l’admi-nistration à vouloir tout garder en l’état…et à bloquer du même coup les hypothèsesde redéploiement du musée.La DAPA précise au passage qu’elle souhaiteque le niveau des sols soit conservé et queles fouilles soient réduites au maximum.Par manque de moyens,mais aussi pour lais-ser des terrains d’investigation aux généra-tions futures. Pour le reste, tout le mondeest d’accord.La mise en valeur des thermeset de l’hôtel de Cluny faisait bien partie inté-grante du projet scientifique et culturel telqu’il a été signé,en octobre 2000,par l’équipedu musée puis validé par la DMF.

De très grands atoutsEntre-temps,d’autres étapes avaient été fran-chies. Notamment avec le rapport remis, enaoût 2002,par l’architecte en chef des monu-ments historiques, Bernard Voinchet, récem-ment nommé sur le site.Critique sur l’état deslieux, en particulier sur l’abandon scandaleuxdes ruines côté rue Du-Sommerard,il se mon-trait enthousiaste sur les richesses et les poten-tialités d’un musée situé « à l’un des carrefoursurbains mythiques de la planète ».De son côté, la DMF a nommé,en juin 2002,une architecte programmiste pour étudier la

Feu vert pour l’extensionRénovation du musée

L’idée d’une couverture des thermes est acquise. Pour protéger les ruines tout en créant de nouveauxvolumes d’exposition. Le projet de rénovation et d’agrandissement du musée progresse.

« Au muséede Cluny »,huiled’AugusteLeroux(1921).

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directeur de cabinet de Jean-Jacques Ailla-gon, s’est montré convaincu de la néces-sité de mieux préserver et mettre en valeurles bâtiments et les collections.Les récents caprices du climat ont confirmél’urgence du projet. Les restes de l’anciencaldarium ont beaucoup souffert, l’hiver der-

nier, des fortes gelées. Quant à la caniculede cet été, elle a porté la températuredans les salles et les réserves à plus de30°. Ce n’est vraiment pas l’idéal pour laconservation des œuvres ni pour les condi-tions de travail des personnels et l’accueild’un public toujours croissant. �

Chasse aux insectes et aux suiesConservation, restauration

De grandes opérations de préservation des collections bouleversent l’ordonnance du musée.Guerre à la poussière, à la pollution, aux insectes… et à l’effet des ans.

De drôles de tentes argentées squat-tent plusieurs salles du musée. Enplastique, de formes irrégulières,

elles détonnent quelque peu parmi les sculp-tures et les tapisseries pluricentenaires. Lafaute en est à anobium punctatum,cette vrillettexylophage qui attaque aussi chez vous lesarmoires anciennes. C’est Alain Decouche,le régisseur des œuvres, qui en a décou-vert l’an dernier dans un retable, puis dansune statue, et qui a déclenché une inspec-tion systématique.Conclusion : il fallait trai-ter presque tous les bois, contre au moinsdeux espèces d’insectes.

Privés d’oxygèneAvec le conseil de spécialistes, la décision aété prise d’opérer sur place. Pour épar-gner des œuvres fragiles et économiser lesfrais de transport. Un insecticide a d’abordété nébulisé dans tout le musée. Certainsmeubles imposants, comme les stalles, ontété simplement badigeonnés et imprégnésd’insecticide.Mais la plupart des objets ontété soumis à une « anoxie », c’est-à-direconfinés dans une atmosphère sans oxy-gène pendant trois semaines,pour étouf-fer tous les hôtes indésirables, larves com-prises. C’est l’office de ces tentes isolantesvidées de l’air ambiant par injection d’azote.Tous les retables,statues,statuettes,coffres,coffrets, lutrins… – la majorité des œuvresexposées en salles et la totalité des objetsconservés en réserve – y sont passés entremai et août. La salle 14, théâtre princi-pal des opérations, a dû être fer-mée au public près de trois mois.

Dommage pour les visiteurs qui n’ont puvoir les œuvres… ni profiter de l’une desdeux seules pièces climatisées du musée pen-dant les semaines de canicule !Du moins, les techniciens ont-ils pu tra-vailler au frais, de même qu’Aubert Gérardet son équipe du Centre de restaurationet de conservation des œuvres d’art deVesoul, spécialistes des bois. Ils ont pro-fité du léger déplacement des grands retablesbrabançons pour venir examiner leur verso,le détail des structures, les assemblages,les traces des anciennes opérations deconsolidation… Autant d’observations quicomplèteront les connaissances et ferontsans doute l’objet de publications.En tout cas,des pièges à vrillettes sont désor-mais déposés partout et une surveillance

régulière effectuée. « Il n’y a pas forcémentplus de parasites que jadis, nous rassure AlainDecouche. Simplement, nous y sommes plusattentifs. » Faute d’avoir pu obtenir une dota-tion supplémentaire pour cette action cura-tive, le musée a pris sur ses crédits habituelsd’entretien des collections pour la menerà bien. Coût total : 76 000 €.

Aspiration délicateUne autre opération de conservation pré-ventive avait auparavant permis de dépous-siérer la quasi-totalité des tentures. Le tra-vail a pu être réalisé les mardis, jours defermeture du musée, entre octobre 2001et mai 2003. Les spécialistes ont utilisé unaspirateur très délicat censé avaler les salis-sures sans détacher les fibres. Le produitde leur collecte a été envoyé, tapisserie partapisserie, au laboratoire,pour analyse.« Lespoussières et les suies (jamais antérieures auXXe siècle) diffèrent selon les salles, note JuliaFritsch.C’est intéressant de le savoir pour lut-ter contre les différentes sources de pollu-tion et améliorer les conditions de conser-vation. »L’opération s’est terminée par la pose

d’un « matelas » au dos des textilesaccrochés sur les murs extérieurs,pourrenforcer leur isolation par rapport

Poussières révélatricesDes étudiants de Paris-VII-Jussieu,attachés au laboratoire d’étudedes systèmes atmosphériques,sont venus installer leurs capteursaumusée.Leurmémoire deDESSrévèle notamment que c’est lemardi,jour deménage,que la pous-sière vole le plus !Une autre équiped’étudiants va,cette année,pour-suivre les prélèvements pour com-pléter l’étude. Le musée va, lui,revoir les méthodes d’aspirationet d’époussetage… Fini les plu-meaux !

Remue-ménage dans les réservesL’été a été particulièrement chaud pour l’équipe technique du muséequi a organisé plusieurs déménagements entre les réserves.Il fallait d’abord libérer les locaux prêtés par la Bibliothèque nationalesur le site de Tolbiac, où quelques milliers d’objets avaient été tempo-rairement transférés, en l’an 2000, pour la réfection du 2e étage del’hôtel de Cluny.Une partie des œuvres devait revenir dans la nouvelle– mais petite – réserve réinstallée sous les combles. Le reste devaitpartir vers le fort d’Ecouen, une construction des années 1870 prochedu château. Le MnMA, qui y disposait déjà de deux salles, a obtenu lajouissance de cinq autres, soit un total de plus de 500 m2.Les conservateurs ont donc choisi ce qu’ils souhaitaient voir rester àCluny – les pièces les plus fragiles,pas trop volumineuses…,les textiles,les ivoires, les vitraux, les cuirs, les métaux, les bois polychromes – etcelles qui pouvaient être éloignées : les plus grandes, les moins déli-cates, les objets néo-médiévaux, etc.Reste à traiter l’ensemble des collections lapidaires, aujourd’hui dis-persées entre Ecouen, une réserve dans les thermes – rangée l’andernier et désormais visitable – et six caves situées sous le bâtimentantique et les jardins. Les études menées par le ministère de laCulture sur la crue centennale ont situé le MnMA en limite extérieuredes zones inondées en 1910. Mais, depuis, les réseaux d’égouts etceux du RER ont été modifiés, et la Seine n’est quand même pas bienloin... Par précaution, il faudra donc envisager d’autres transportsvers le fort d’Ecouen. L’hiver prochain, si le budget le permet.

Vue du frigidarium des thermes de Cluny, occupé par un tonnelier vers 1810. Aquarelle de Nicolle Victor-Jean.

• « L’architecture gothiqueau service de la liturgie » :c’est le thème dela prochaine séance de« L’actualité du Moyen Age »,le 14 janvier, à 18 heures,à l’Institut finlandais,60, rue des Ecoles.

• Florence Saragoza, 26 ans,est conservatrice au muséedepuis juillet 2002.Elle remplace GuillemetteAndreu, partie au Louvre.Egyptologue de formation,elle a la charge descollections archéologiqueset du suivi des thermes.Avant son arrivée,elle avait conçu l’exposition« Egypte, la trame del’histoire », qui tourneà Rouen, Roanneet à l’Institut du mondearabe en 2003 et 2004.

• Emmanuelle Riand faitdésormais partie du groupedes douze conférenciersdes musées nationauxqui alternent au MnMA.Elle remplace NicolasGarnier, parti… enPapouasie-Nouvelle-Guinée.

• Armelle Parent, 33 ans, apris le poste de bibliothécairedu musée en juillet 2003.

• Béatrice Arbousset, 40 ans,qualifiée en menuiserieet en ébénisterie, a intégrél’équipe technique du muséecomme maître-ouvrierà la mi-août.

• Laurence Visery, 40 ans,a rejoint l’encadrementdu personnel d’accueil etde surveillance en décembredernier. Huit agents sontpartis depuis un an, treizeont été nommés. Restentencore cinq postes vacants…Du moins, toutes les salles dumusée peuvent-elles êtreouvertes chaque jour. Ce quin’a pas toujours été le cas.

Comme toutes les œuvresen bois du musée, ce buste-reliquaire d’une compagnede sainte Ursule (en tilleul)a passé trois semainessous la tente.

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aux variations de température et retenir lespoussières. Des pièges à mites sont aussirégulièrement renouvelés.Une autre campagne de nettoyage,celle desivoires, se poursuit au rythme moyen d’unedouzaine d’objets par an.Le résultat est spec-

taculaire quand on voit la couleur et la lumi-nosité retrouvées des pièces et l’état descotons-tiges (imprégnés de salive…) qui ser-vent à l’opération.Au total,174 objets sculp-tés dans ce matériau sont présentés dansles vitrines. �

Véritable opération de restaurationcette fois, celle qui a été menée surle Pilier des nautes. Cette œuvre

compte parmi les plus vieux monumentsde Paris – c’est, en tout cas, le plus ancien-nement daté puisque son inscription attestequ’il a été élevé sous Tibère, entre 14 et 37ap. J.-C. Son intérêt dépasse de loin l’his-toire des Parisii car, avec l’égale présencedes dieux des panthéons romain (Jupiter,Mercure, Vénus…) et gaulois (Esus, Smer-trios, Cernunnos…), il témoigne de laculture mixte gallo-romaine diffusée dès lepremier siècle.

Mais ses reliefs étaient estompés par unecroûte noirâtre,mêlant salissures,badigeonset sulfatation naturelle de la pierre. Aprèsétudes physiques et chimiques, il a été décidéde dégrossir la couche de crasse par micro-sablage, puis de nettoyer finement la pierreau laser, un carré-témoin de l’état anté-rieur étant conservé sur chaque bloc. Desbouchages réalisés dans les années 1950 ontaussi été enlevés.L’opération,suivie par Guille-mette Andreu puis par Florence Saragoza,s’est déroulée en 2001 et 2002, pour l’es-sentiel au Centre de recherche et de res-tauration des musées de France,à Versailles.Elle a bénéficié du concours de plusieurslaboratoires spécialisés,dont celui des monu-ments historiques, et d’experts reconnuscomme Jean-Pierrre Mohen,Jean-René Gabo-rit et Jean-Pierre Adam.

Sous les projecteursLes cinq blocs découverts en 1711 sous lechœur de Notre-Dame de Paris,réemployésdans un mur du Bas-Empire,ont retrouvé lacouleur blonde de leur fin calcaire. Ils ontété réinstallés dans le frigidarium, où – àquelque chose, malheur est bon – le vilainéchafaudage de la voûte a permis l’accro-chage de nombreux projecteurs. Ainsi net-toyées et éclairées, les pierres ont retrouvéleur lisibilité, renforcée par des panneauxdidactiques (1). C’est une redécouverte.Une petite cérémonie, présidée par Fran-cine Mariani-Ducray, directrice des muséesde France, a permis, le 25 mars dernier, defêter le retour de ces pierres insignes etde remercier le mécène qui a financé, avecune discrétion exemplaire, l’ensemble del’opération. Il s’agissait de Jean Bruel (2),président de la Compagnie des Bateaux-

Mouches, qui rendait ainsi hommage (surune suggestion de Jean-Pierre Grimaux,membre du conseil d’administration del’ARMMA) à ses lointains prédécesseurs, lesnautes lutéciens. Comme le précise aussil’inscription,ces responsables des transportspar voie d’eau ont érigé le monument « auxfrais de leur caisse commune », il y a bientôt2 000 ans.

Le nettoyage continueUne autre pièce majeure de la collectionantique du MnMA fait l’objet d’une restau-ration du même type : le Pilier de Saint-Lan-dry (du nom de l’église de l’île de la Citésous laquelle il a été trouvé). Datés de laseconde moitié du IIe siècle, ses trois blocsreprésentent des dieux romains (Mars,Vulcain…) aux belles figures souples et élan-cées. Ils sont soumis à l’étude pour déter-miner la technique qui sera retenue pourle nettoyage, selon la nature et l’épaisseurdes altérations.Le travail sera réalisé en 2004et le financement pris en charge par Chris-tian Giacomotto.

Par ailleurs, la restauration de la collectionde vitraux se poursuit. Toujours grâce à laFondation Gaz de France, les quelque 200pièces sont nettoyées, débarrassées desplombs de casse, recollées, ré-enchassées sinécessaire. L’ARMMA s’est engagée à com-pléter l’opération pour les derniers rondelsentrés à l’inventaire par ses soins. �

(1) L’opération a fait l’objet d’un article riche-ment illustré de Florence Saragoza, paru dansle n° 398 d’Archéologia. Un tiré à part en a étéenvoyé à tous les membres de l’ARMMA,par lesbons soins du musée.(2) Jean Bruel est décédé depuis, le 24 juillet,dansdes circonstances dramatiques. L’ARMMA s’as-socie à la peine de sa famille.

Le Pilier des nautes redécouvert

Que la lumière soit !Côté jardin, la façade de l’hôtel de Cluny est désormais délicatementéclairée etmise en valeur.Les passants du boulevard Saint-Germain peu-vent apprécier la silhouette du logis et de la chapelle, les éléments duporche de l’ancienne église Saint-Benoît-le-Bétourné (de la fin du XVe

siècle) remontés sur le côté est des thermes et quelques arbres qui sedécoupent à contre-jour.Côté cour,un éclairage puissant et ambré a étémaintenu derrière le mur crénelé.La mise en lumière – conçue par Anne Bureau et réalisée grâce aux libé-ralités de la Fondation Electricité de France (pour un coût de 280 000€) –a eu lieu le 28 novembre,en présence deFrançois Roussely,président d’EDF,et de Francine Mariani-Ducray,directrice des musées de France.

La divinité gauloise, Esus, occupée à élaguerun arbre. Après restauration.

Le bloc des jeunes nautes en cours de nettoyage.

• La recherche de mécènesse poursuit. Après lesopérations déjà engagées(voir ci-contre), le musée etl’ARMMA aimeraient voird’autres projets pris encharge. Au choix :restauration des quatrechapiteaux de l’abbayeSainte-Geneviève de Paris(coût estimé : 45 000 €) ;d’une trentaine d’élémentslapidaires de la Sainte-Chapelle (100 000 €) ;d’une « Vierge à l’Enfant »des années 1400 (6 400 €) ;ou encore d’une tapisserie de« l’Espoir en Dieu » du débutdu XVIe siècle (30 000 €).Si vous connaissez desentreprises susceptibles d’êtreintéressées, faites signe !

• Les visites avecconférencier (le samedià 10 h 30 et le dimanche à15 h 45) s’organisent autourde nouveaux thèmes. Avec« Les cinq sens », « Êtrefemme au Moyen Age »,« Les arts précieux » ou« Les nourritures terrestres »,traités en alternance depuisl’an dernier, deux nouveauxcircuits sont proposés autourde l’héraldique et duvêtement. Autant d’occasionsde regarder les collectionsd’un œil neuf.

• Les visites en famille avecconférencière, conçues pourles enfants à partir de 7 ansaccompagnés par leursparents (ou grands-parents),rencontrent leur petit succès.Tous les dimanches, sauf lepremier du mois, à 14 h 30.Sans réservation.

• Aux familles qui viennent envisite libre, une petiteplanche est remisegratuitement à l’entrée pouraider les enfants à observerles œuvres et à se lesapproprier par le dessin.

• « L’Homme sauvage »et les onze autres trésorsde Cologne, accueillis enrésidence temporaire auMnMA en 2002, sontrepartis outre-Rhin.Réaménagé, le SchnütgenMuseum a été partiellementrouvert en mars.Pour l’occasion, les quatremusées européens ayantbénéficié d’un dépôtpendant les travaux ontmanifesté leur gratitude enprêtant quelques œuvresen retour. Le MnMA s’est faitreprésenter par une plaquede reliure en ivoire de la findu XIe siècle, très proched’une œuvre du Schnütgen.

• Les retables brabançonset leurs épigones picards,partiellement déménagésde la salle 14 pour faireplace aux œuvres deCologne, l’ont retrouvée avecune nouvelle présentation.« Plus pédagogique »,indique Elisabeth Antoinequi l’a conçue.

• Les céramiques hispano-mauresques ont eu droit,l’été dernier, à une nouvellevitrine (en salle 17).Une soixantaine de cesfaïences à reflets métalliquesdatant du XIVe au XVIe

siècle, originaires du« Levant espagnol », sontdésormais présentées.La collection est l’unedes plus riches du genre enFrance, tant par le nombreque par la variété, souligneXavier Dectot, qui a sorti,avec gourmandise, les piècesdes réserves.

• Quatre chaussureset deux coffrets en cuir,visibles dans la salle 12,ont été nettoyés.« Ils brillent et on leur aretrouvé des couleurs ! »,se réjouit Julia Fritch.

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les pièces présentées au MnMA. Elle a aussimené à bien, en décembre 2002, la publica-tion des actes d’un colloque organisé sur cethème en mai 2001. L’ouvrage, qui détaillesurtout les aspects matériels, iconographiqueset stylistiques de cette abondante produc-tion, fait le point des plus récentes recherches.Sa couverture présente un admirable petit

groupe sculpté à trois personnages figu-rant La Pamoison de la Vierge, daté des années1440-1450, qui se trouve… à l’hôtel de Cluny(salle 14). �

(1) Edition RMN, 224 pages, 34,50 €.(2) Un premier catalogue,d’Alexandra Lorquin,estparu en 1992 sur les tissus coptes et les tissus delin et de laine. Un répertoire des broderies estrédigé par ailleurs et attend une publication.(3) Sculptures brabançonnes du musée du Louvre,Bruxelles,Malines,Anvers,XVe-XVIe siècle, édition RMN,distrib. Seuil, 2001, 44,21 €.Retables brabançons desXVe et XVIe siècles,La Documentation française,2002,60 €.

• Le long noyau d’escalierdu XVe siècle (présenté dansla salle Notre-Dame), quiprovient d’un hôtel de l’îlede la Cité, a révélé des tracesde polychromie lors de sonpassage entre les mainsde restaurateurs spécialisés deVesoul. Un petit prélèvementdevrait aussi permettrede préciser sa datation, grâceà la dendrochronologie quiva situer l’abattage de l’arbreà l’année près. Une table etdes stalles devraient bientôtsubir le même examen…

aussi avec la programmationd’une saison musicalecommune. Un cycle deconférences sera organiséen concertation entre leLouvre et Cluny.

• Une vingtaine de piècessont parties à Québec,pour l’exposition sur« Les chemins du MoyenAge », qui se tient de juilletà décembre. Des petitesenseignes, mais aussi unfragment de la précieuseBroderie aux léopards.

• Le musée prêtera unedizaine de sculptures et depièces d’orfèvrerie pourl’importante exposition sur« L’art à Paris au temps deCharles VI », préparée auLouvre pour le début 2004.

• Il est aussi partieprenante de la grandeexposition « Moyen Age,entre ordre et désordre »qui se tiendra à la Citéde la Musique, à la Villette,pendant la même période.Par le prêt d’œuvres, mais

Depuis 1859, les thermes de Clunyhébergent une statue de marbre grechaute de 1,80 m qui figure, selon la

tradition, Julien l’Apostat. Après le règne deson oncle Constantin, cet empereur romain(de 361 à 363) favorisa le retour à la tolé-rance religieuse et restaura le paganisme.D’où son surnom,évidemment décerné parles chrétiens !D’abord préposé à la préfecture des Gaules,Julien a séjourné à Lutèce, ce qui justi-fiait sa présence dans les collections dumusée, d’autant que les thermes ontparfois été baptisés « Palais de Julien »(alors qu’ils lui sont bien antérieurs).Une autre statue,quasi identique,figu-rait aussi dans la galerie des empereursromains du Louvre. Les deux piècesont été importées d’Italie en 1787.

La double impostureL’identification à Julien l’Apostat avait étéfaite par comparaison avec son effigie moné-taire. Mais quelques détails bizarres avaient,de longue date,attiré l’attention des conser-vateurs. D’où l’envie de rapprocher les deuxstatues pour les étudier. Ce travail, réalisépar Catherine Metzger, conservatrice audépartement des antiquités grecques,étrusqueset romaines du Louvre, Marianne Hamiaux,ingénieur d’études,et Florence Saragoza,conser-vatrice chargée des antiquités au MnMA,fera l’objet d’une « exposition dossier » auLouvre, du 24 septembre au 12 janvier. Avecun titre prometteur : « Julien l’Apostat ou ladouble imposture ».Demi-surprise, donc : les statues ne figurentpas un empereur romain, mais un prêtre deSérapis, dieu égyptien de l’époque ptolé-maïque… Par ailleurs, l’une des œuvres sembleêtre la copie de l’autre. On n’en dira pasplus ici sur les détails qui ont permis de lesidentifier et de les distinguer : il faut allervoir l’exposition ! Florence Saragoza en pro-pose d’ailleurs une visite spéciale pour lesmembres de l’ARMMA, le 19 novembre.

Elle prépare aussi un nouveau cartel pouraccompagner le personnage,qui sera de retourdans le frigidarium à la fin janvier.

Deux catalogues « raisonnés »Rédigé en 1987 par Fabienne Joubert, alorsconservatrice au musée – elle est aujourd’huiprofesseur d’histoire de l’art à l’université deParis-IV-Sorbonne et membre du conseild’administration de l’ARMMA –, l’ouvragesur La Tapisserie médiévale du musée natio-nal au Moyen Age vient d’être réédité,aug-menté d’une notice sur une acquisition plusrécente (1).Un autre catalogue « raisonné » (c’est-à-dire complet) devrait paraître en décembre.Il porte sur les Soieries et autres textiles del’Antiquité au XVIe siècle du MnMA (2). Lemusée possède en effet une belle collec-tion de samits, damas, lampas, brocarts,

velours…,des grandes étoffes et de toutespetites reliques,276 pièces en tout,qui seraainsi examinée sous toutes les coutures,aux plans technique,historique et artistique.L’auteur en est Sophie Desrosiers, maîtrede conférences à l’Ecole des hautes étudesen sciences sociales, à Paris.Viviane Huchard voudrait profiter de l’oc-casion pour revoir la présentation de lasalle 3 – celle des textiles qui vous plongedans le noir peu après l’entrée du musée.Elle espère pouvoir éclaircir la couleurdes stores pour améliorer le confortvisuel et psychologique des visiteurs touten gardant, bien sûr, les meilleures condi-tions de conservation des précieux tis-sus exposés.

Du neuf sur les retablesDernières publications à signaler, celles

qui concernent les retables brabançons (3).La grande spécialiste française du sujet,Sophie Guillot de Suduiraut, conservatrice

au Louvre, a, en effet, rédigé le cataloguedes retables de son musée en évo-

quant souvent, par comparaison,

Le vrai-faux empereur JulienÉtudes et publications

Une prochaine exposition du Louvre apportel’Apostat qui trône d’ordinaire

des révélations sur la statue dite de Juliendans le frigidarium.

• Seuls les enfants y avaientdroit jusqu’alors, faute deplace. Mais un atelier pouradultes, le premier du genre,fonctionne depuis mars 2002au musée. Les samedis,à 10 heures et à 15 heures,Claire Soumagnas,plasticienne, proposed’approcher des œuvrespar le dessin et la couleur.Sur réservation,15 participants aumaximum, pratiquantscomme débutants.

• L’informatisation descollections du musée estterminée, avec un total de9 700 notices, dont 4 500illustrées. Le travail derécolement avec les 10 000autres œuvres (pour laplupart non médiévales)également inscrites àl’inventaire mais déposéesdans d’autres muséesse poursuit. 3 700 fiches sontenregistrées.

• Après les 700 enseignes depèlerinage et les 280 tissuscoptes, c’est l’ensembledes 60 tapisseries du muséequi a été basculé dans labase de données nationale,accessible à tous surwww.culture.gouv.fr/documentation/Joconde.

• La photothèque de laRéunion des muséesnationaux, donc celle duMnMA, est égalementdisponible surwww.photormn.fr.

• Le site Internet du musée(www.musee-moyenage.fr)est désormais géré en directdepuis l’hôtel de Cluny parMarie-Christine Gérand,chargée de lacommunication. Cettenouvelle souplesse permetd’alimenter une rubriqueactualité.

8 Millefleurs n° 8, septembre 2003

Un bel albumUn nouvel album sur lemusée natio-nal duMoyenAge vient d’être publiépar la Réunion des musées natio-naux. Il remplace le volume co-éditéavec Paribas,tiré deux fois et épuisé.Avec un historique des bâtimentset des collections,il propose un choixde 80 œuvres,ou groupes d’œuvres,présenté par ordre chronologique.Chacune est illustrée d’une bellephoto couleurs. Pour le prix trèssage de 19,50 €.

La Pamoison de la Vierge.Elément d’un retable

bruxellois du milieudu XVe siècle.

© Photo RMN

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Millefleurs n° 8, septembre 2003 1110 Millefleurs n° 8, septembre 2003

Cher docteur...

L’infidélité de Pierre-Yves Le Pogamau musée national du Moyen Age (1)

– et ses recherches enthousiastes –ont « payé ». Notre cher conservateur estdésormais docteur ès lettres, après avoirsoutenu sa thèse par un glacial samedi d’hi-ver – c’était le 7 décembre dernier – dansle cadre délicieusement suranné d’un amphi-théâtre de la Sorbonne. Boiseries blondes,poussière de craie,éclairage à éclipses,fenêtresmal ajustées… L’impétrant,frigorifié et d’abordtendu, se montra finalement assez à l’aisepour défendre ses choix devant un juryconquis. Son titre lui a été accordé avec lamention très honorable, les félicitations una-nimes du jury et le souhait d’une promptepublication.C’est-à-dire,selon les codes uni-versitaires en vigueur, avec l’appréciation laplus flatteuse qui soit.

Des pontifes nomadesParti à Rome étudier les résidences ponti-ficales de 1254 à 1304 (une époque où lespapes ont quitté le Latran et nomadisentdans le Latium,avant de venir se fixer en Avi-gnon), il en est donc revenu deux ans et demiplus tard avec trois volumes et 1 100 pages.Travail « considérable »,« exemplaire »,« magis-tral », « roboratif et stimulant », toujours« agréable à lire malgré sa technicité », sa« rigueur », son « sens de la nuance »… : lesmembres du jury – deux historiens et troishistoriens de l’art ; un Italien, un Suisse ettrois Français – ont rivalisé de louanges.L’heureux directeur de thèse, Léon Pres-souyre (de Paris-I),n’a regretté qu’un « excèsde modestie ». Enrico Castelnuovo (de Pise)et Agostino Paravicini Bagliani (de Lausanne)se sont félicités de voir l’historiographie ita-lienne bousculée. Seul Jean-René Gaborit(du Louvre) a eu le cœur de « jouer les chiensde garde » pour débusquer trois mots « aven-tureux » et deux digressions, au demeurant« fort intéressantes ». Quant au président,André Vauchez, directeur de l’Ecole fran-çaise de Rome, il s’est félicité d’un séjour sibien mis à profit pour explorer le terrainautant que les archives.

Si l’on a bien compris.Car la soutenance estun rite codifié, inchangé depuis des lustres.Foin des nouvelles technologies ! Le public,venu par amitié pour Pierre-Yves (sans êtreforcément familier de Boniface VIII), n’estpas censé tout saisir de la pièce qui se jouedevant lui.Pas la moindre projection de pho-tos ou de plans, alors qu’il était questionde treize bâtiments, dont douze encoredebout, à Rome, Viterbe, Orvieto, Anagni,Pérouse, Rieti, Sutri, Montefiascone, Tivoliet Soriano nel Cimino.

Observation in situPourtant, si l’on en croit le jury, le chartistePierre-Yves Le Pogam ne s’est pas contenté« d’exploiter avec une très grande finesse »les ressources des textes les plus divers. Ila aussi ausculté in situ, jusque dans la chambred’un évêque,les dix résidences encore inédites.A une exception près,celle d’Anagni,où l’in-flexible marquise propriétaire des lieux n’apas ouvert la porte, malgré les recomman-dations des monsignori.Les informations accu-mulées lui ont permis de dépouiller (vir-tuellement) les édifices des modificationsultérieures et de remonter à leur état duXIIIe siècle. Bref, Pierre-Yves a réalisé à luiseul « un travail pluridisciplinaire », dont il asu, dans une « brillante synthèse », tirer tousles fruits.Avec,par exemple,des « développements nova-teurs » sur la typologie des résidences,l’importance des cloisonnements (oubliéspar les modernes restaurateurs qui resti-tuent de vastes salles nues), le recours crois-sant à l’héraldique comme moyen d’affirmer

une légitimité contestée, l’étonnante absencede chapelles somptuaires (pour qui connaîtla suite de l’histoire en Avignon et à la Six-tine), ou encore sur l’anarchie fonctionnellede l’architecture médiévale, souvent res-pectueuse des constructions antérieures…

Les charmes de Boniface VIIILa soutenance passée, notre chercheur a-t-il épuisé les plaisirs de la fréquentationde Boniface VIII ? Que nenni.Hôte de l’Ecolefrançaise de Rome, il devait encore lui sou-mettre cet été un mémoire portant sur... leschantiers de la papauté. Pierre-Yves voulaity creuser davantage les « accords-cadres »qui régissaient les relations entre la courpapale et des communes littéralement enva-hies. Il souhaitait aussi vérifier son hypothèsede l’existence, rarement envisagée, d’archi-tectes laïcs à côté des religieux… et pourcela prolonger d’un an encore son séjourlatin !Et au retour ? Notre chercheur assure n’avoirpas choisi entre le monde des musées, qu’ilaime toujours,et celui de l’université,qui l’at-tire tout autant. Reste donc à attendre lafumée blanche. �

Marie-Jo Maerel(1) Où il a été, de 1993 à 1999, un conserva-teur savant mais plein d’humour et toujours à laportée de ses interlocuteurs.

Ala fin de l’année 2002,l’ARMMA comp-tait 544 membres à jour de cotisa-tion, dont 36 sociétaires et 15 bien-

faiteurs ou mécènes. L’association avaitredémarré en 1996 avec une centaine d’ins-crits. Seule publicité réalisée entre-temps :le bulletin déposé à l’entrée du musée et,surtout, le bouche à oreille des adhérents.Le conseil d’administration a été partielle-ment renouvelé lors de l’assemblée généraledu 28 janvier 2003. Un nouvel élu est venule rejoindre : l’historien médiéviste Jean-Claude Schmitt, spécialiste de l’image.

Fonctionnement :quelques chiffres

L’exercice 2002 a été bénéficiaire de 22 000 €,sur un total de recettes de 62 000 € pourles affaires courantes.Aucune œuvre n’a eneffet été acquise sur le budget de l’asso-ciation durant l’année.Faute d’opportunité.Mais l’objectif était aussi d’alimenter laréserve pour pouvoir envisager une belleacquisition.En outre, en bon voisin et mécène avisé, leSénat a accordé, sur sa réserve parlemen-taire, deux subventions pour les années 2002et 2003, pour un total de 106 000 €. Ellesont, elles aussi, grossi la réserve. Ce qui apermis à l’ARMMA d’acheter deux œuvresen 2003 (voir page 1), sans se trouver tropdémunie pour le cas où…

Les réductions d’impôtsmajorées

La simple adhésion à l’association ne donnepas droit à déduction fiscale, car la coti-sation a des contreparties : entrée gratuiteau musée, informations, visites, conférences,etc. En revanche, les contributions sup-plémentaires des sociétaires, bienfaiteurset mécènes – sans autre contrepartie queces titres honorifiques –, sont assimiléesà des dons et fiscalement déductibles. Laloi du 1er août 2003 visant à encourager lemécénat a augmenté et harmonisé lesréductions d’impôts en faveur de toutesles associations ou organismes d’intérêtgénéral.

• Pour les particuliers, la déduction passede 50 % du montant du don à 60 %, dans lalimite de 20 % du revenu imposable (aulieu de 10 %).La mesure s’applique aux reve-nus et aux dons 2003, pour les impôts quiseront acquittés en 2004.• Pour les entreprises assujetties à l’im-pôt sur le revenu ou à l’impôt sur les socié-tés, la réduction est aussi por-tée à 60 % du montant desversements, dans la limitede 5 ‰ du chiffre d’affaires.La mesure s’applique auxsommes versées depuisle 1er janvier 2003. L’excé-dent peut être reporté surcinq ans. �

• Christian Giacomotto,président de l’ARMMA,a été nommé, le 9 avril2003, membre duHaut Conseil des muséesde France, en tant quepersonnalité qualifiée.Ils sont dix à siégerà ce titre (cinq titulaires,cinq suppléants), aux côtésdes représentants de l’Etat,des assemblées, descollectivités territorialeset des professionnels.Créé par la loi du 4 janvier2002, ce Haut Conseil estnotamment chargé de validerl’attribution de l’appellation« musée de France ».

• La Sainte Femme catalaneentrée au musée en juin2001 (voir Millefleurs n° 6)n’est définitivement pas uneVierge. Xavier Dectot laprésente dans le numéro

de juin de la Revuedu Louvre et des muséesde France. À l’occasiond’un convoiement outre-Atlantique, il a pu allervoir sa proche parentedu Fogg Art Museum del’université de Harvard

(Massachusetts). Mêmetaille, même allure,

même coiffe, mêmedrapé, même bois, mêmebourre de lin dans lesfentes : pas de doute,les deux personnages

proviennent bien du mêmegroupe de Saintes Femmesau tombeau. L’Américaineserait une Madeleine,la nôtre l’une des Marie.

• Une exposition, co-organiséeavec le musée national d’Artde Catalogne de Barcelone,sera présentée au MnMAà l’automne 2004.Elle fera le point sur l’artparticulier de la vallée de Boï(dont notre Sainte Femmeest originaire) au débutdu XIIe siècle.

Bon bulletin de santé

Sainte Femme(Catalogne, années 1120-1130).Don ARMMA-Areva en 2001.

Pierre-YvesLe Pogamavec le Pr EnricoCastelnuovo,membre du jury,et ElisabethAntoine,conservatriceau MnMA.

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RMN

Un bis pour les actifsLes conférences « Un mois, uneœuvre », prononcées par les conser-vateurs chaque premier jeudi dumoisà 12 h 30, seront désormais donnéesune deuxième fois, le même jour, à18 h 30. C’est un meilleur créneaupour les personnes qui travaillent…et une possible session de rattrapagepour les autres.Les prochaines séancessont prévues les 2 octobre,6 novembre,4 décembre et 8 janvier. Accès gra-tuit pour les membres de l’ARMMA.

Page 7: Acquisitions ALA LOTERIE DE LA VIE...vatrice chargée des objets de la vie quoti - dienne, poursuit ses recherches notamment pour trouver des pièces de comparaison. Elle date l’objet

Millefleurs n° 8, septembre 2003 1312 Millefleurs n° 8, septembre 2003

� Initiation à l’art roman. Architec-ture et sculpturesous la direction d'Anne Prache, Zodiaque,30 €.

Conçue pour un large public,cette synthèsesur l'architecture et la sculpture romanesparcourt toute l'Europe centrale et occi-dentale, de la Pologne au Portugal,de la Scan-dinavie à la Sicile,depuis les alentours de l'anmil jusqu'au XIIe siècle.Élaboré avec un profond souci didactique,ce texte est enrichi de plans,de cartes et de160 illustrations, toutes commentées, quioffrent ainsi une deuxième clé de lecture.Une excellente entrée en matière !

� Manger au Moyen Age. Pratiqueset discours alimentaires en Europe auxXIVe et XVe sièclesde Bruno Laurioux, Hachette, 18 €.

Comme toute société, celle du MoyenAge se caractérise aussi par ses façons demanger et de cuisiner, ses goûts, son sys-tème de production de la nourriture.Résul-tat du croisement des traditions culinairesromaine et germanique, l'alimentation médié-vale européenne est à la fois originale,avec ses plats épicés et colorés,et empreintede diversité.Des différentiations sociales aux varia-tions régionales des climats, des sols etdes structures économiques,en passant parla multiplicité des goûts, ce livre tisse unvaste panorama des pratiques alimentaires.A déguster !

� Paris au Moyen Agede Simone Roux.Hachette Littératures.20 €.

Comment se déroulait la vie quotidiennedes Parisiens durant les trois derniers sièclesdu Moyen Age ? L’activité des marchands,des artisans,des apprentis,des domestiques…est certes moins bien documentée que celledes princes et des rois, il subsiste beaucoupde zones d’ombre.Mais Simone Roux nousen retrace le cadre fixé par l’expansion dela ville, la pesanteur des hiérarchies, la forcedes liens subis ou choisis, l’importance dessolidarités. Déjà, Paris est une capitalecosmopolite, où se fondent provinciaux etétrangers,où les classes sociales se côtoient,où s’invente un nouveau mode de vie urbain.

� Et aussi...

� La Tapisserie de BayeuxNouvelle édition actualisée de l’ouvrage deLucien Musset. Les illustrations, tout encouleur, permettent de suivre, scène aprèsscène, cette formidable BD brodée.Zodiaque. 48 €.

� Etudes clunisiennesde Dominique Iogna-Prat. Recueil de sesprincipaux articles sur Cluny.Picard, 34 €.

� Histoire de la pensée géogra-phique, tome II : Conception dumonde au Moyen Age.Réédition en poche d’un classique deClarence J. Glacken.Editions du CTHS, 15 €.

� Vie de saint Louisde Joinville. Nouvelle traduction etprésentation par Jacques Monfrin de cetexte plein de fraîcheur.Livre de poche, « Lettres gothiques », 12 €.

� Le Moyen Age en lumière.Manuscrits enluminés des bibliothèquesde Francesous la direction de Jacques Dalarun,Fayard, 100 €.C’est « l’autre Bibliothèque nationale de France ».Quelque 300 bibliothèques municipalesconservent des manuscrits antérieurs à1500, qui renferment un trésor de plus de300 000 images. 80 000 sont aujourd’huinumérisées par l'Institut de recherche etd'histoire des textes (CNRS), dirigé parJacques Dalarun. Il a demandé à dix histo-riens de l’art, de la société, des sciences,des croyances... de plonger dans ce fonds

énorme et souvent inédit, pour enrichir,voire renouveler, leur vision du Moyen Age– et la nôtre.Leurs contributions, illustrées de prèsde 500 reproductions de belle qualité, s’in-téressent aux conceptions médiévalesdu temps et de l'espace, et aux êtres,humains et animaux, qui peuplent texteset marges. Ils envisagent la condition humainedu point de vue de la famille et de la parenté,des travaux et des jours, des signes et desformes du pouvoir, du droit et du savoir

autant que des relations avec Dieu etl'invisible. Cet ensemble d’une granderichesse est complété par une présenta-tion, elle aussi très illustrée, de “ l’en-vers du décor ” et de tout ce que l’on saitsur la fabrication et la vie des manus-crits. C’est passionnant.Cet ouvrage est paru en même tempsqu'un DVD (59 €) et qu'un CD Rom des-tiné aux scolaires, accompagné d’un guidepédagogique (49 € , Nouveau MondeÉditions).

� Dictionnaire du Moyen Agesous la direction de Claude Gauvard, Alainde Libera et Michel Zink. Quadrige/PUF. 150€ en coffret, 45 € en version poche.

Près de 380 spécialistes ont été appelés àcollaborer à ce dictionnaire qui est unemine dans les domaines qu’il explore :histoire, littérature et philosophie du MoyenAge occidental. Il ne fait, hélas, qu’effleurerles mondes voisins de Byzance et de l’Islamet reste très bref sur l’histoire de l’art. Telqu’il est, il constitue néanmoins un formi-

dable outil pour les professionnels commepour les amateurs qui le garderont à por-tée de main.

� Le corps des images. Essais sur laculture visuelle au Moyen Agede Jean-Claude Schmitt, Gallimard, 40 €.

L'imago, dans quelques unes de ses multiplesimplications au Moyen Age, est au centredes onze articles réunis dans ce volume,qui s’ouvre par une interrogation sur laplace même de l'image comme objet d'étudedes historiens.Sujet de débats à l'intérieur du christia-nisme, l'image s'impose d'abord à l'époquemédiévale comme moyen de figurer ledrame de l'histoire chrétienne, rendantprésentes des réalités invisibles. Média-trice entre les hommes et le divin, elle estle lieu où l’invisible prend corps, allant jus-qu'à devenir un objet de culte. Image-reliquequi marque et polarise les espaces sociaux,elle peuple les rêves et les visions desfidèles. Un recueil qui dégage un large hori-zon de réflexion.

Septembre :les semailles.

Livre d’heuresà l’usage de

Rome (Brugesvers 1510-

1525),Bibliothèque

municipalede Rouen.

En accès direct

La publication du « Moyen Age enlumière » est parallèle à la mise en lignede deux bases de données qui per-mettent d'accéder directement aux minia-tures et aux éléments de décor d'ungrand nombre de manuscrits. « Enlumi-nures » (www.enluminures.culture.fr)rend compte des trésors conservés dansles bibliothèques municipales. « Liberfloridus » (www.liberfloridus.cines.fr)réunit, pour l'instant, les images desmanuscrits de la bibliothèque Sainte-Geneviève et de la Mazarine,mais le siteest conçu pour accueillir l'ensemble desrichesses des bibliothèques universi-taires françaises. Des milliers d'imagesà admirer et à exploiter.

• Soldes : la Réunion desmusées nationaux proposedes catalogues et desouvrages de référence avecune remise de près de 65% !Cette offre alléchanteest formulée, pourla première fois,à tous les membres dessociétés d’amis de musée…sur une suggestionde l’ARMMA. Une bonnefaçon d’enrichir nosbibliothèques tout endégonflant les stocks.Une bonne manière,aussi, envers les amisdes musées, qui n’est sansdoute qu’une première.

• La librairie-boutiquedu musée a été réaménagéeen décembre dernier.Sans qu’elle ait gagnéde mètres carrés,elle semble plus spacieuse.La caisse, point decongestion, a été dédoubléeet informatisée. Elle consentune réduction de 5 % auxmembres de l’ARMMA surprésentation de leur carte.

Parmi les dernières parutionsQuelques livres sortis depuis un an... sans prétention à l’exhaustivité.

Août :la moisson.

Livre d’heuresà l’usage de

Rome(Bruges vers

1510-1525),Bibliothèque

municipalede Rouen.

Page 8: Acquisitions ALA LOTERIE DE LA VIE...vatrice chargée des objets de la vie quoti - dienne, poursuit ses recherches notamment pour trouver des pièces de comparaison. Elle date l’objet

dies, les consonances parfaites et le rythmefluide en font des pièces d’une étonnantebeauté.

� Bestiario de Cristopar Alia Musica dirigé par Miguel Sanchez,Harmonia Mundi ibérica, 2002, 23,50 €.

La conception de ce CD repose sur uneidée originale :chanter le bestiaire du Christà partir des deux manuscrits musicaux lesplus importants de l’Ars Antiqua hispa-nique datant du XIIIe siècle. La symboliquemystique de chaque animal est ainsi mise enmusique.Les qualités vocales – la précision,l’ornementation et la clarté des voix – sou-tenues par la vièle à archet de l’ensembleAlia Musica, font de cet enregistrement unbeau moment de ferveur.

� La bele Marie. Songs to the Virginfrom 13th century Francepar Anonymous 4, Harmonia Mundi, 2002,23,50 €.

Cet album réunit des pièces mariales duXIIIe siècle français, choisies dans le réper-toire de la liturgie latine et dans celui de la

14 Millefleurs n° 8, septembre 2003 Millefleurs n° 8, septembre 2003 15

Des airs du Moyen Age• Trois concerts sont encore

programmés au muséenational du Moyen Ageavant la fin de l’année :les 11 et 12 octobre,15 et 16 novembre,13 et 14 décembre.Des « cansos » virilescomposées à la fin du XIe

siècle par Guillaume IXd’Aquitaine aux poésiescourtoises des dames desXIIe et XIIIe siècles, l’éventaildes « Voix et sonoritésdu Moyen Age » est large.Tarif réduit sur présentationde la carte de l’ARMMA.

• Juliette, l’extraordinairechanteuse et diseuse,lira, le 22 novembre,« Mélusine », le romanque Jean d’Arras a consacréà l’histoire familialedes Lusignan.Denis Podalydès ferade même, le 14 février,jour de la Saint-Valentin,pour « Le Livre du Cœurd’Amour épris ».Deux événementsorganisés à l’occasion dela nouvelle traduction etde la réédition de ces textesdans la collectionLettres gothiques,dirigée par Michel Zinc,titulaire de la chaired’histoire du Moyen Ageau Collège de France.

• Les étudiants aurontde nouveau des soirées« portes ouvertes »au musée les 11 et18 décembre, de 17 à21 heures. La mêmeopération de communicationorganisée en décembredernier avait attiré la foule.Cette fois, ce sontdes étudiants des écoleset facultés d’art, d’histoire,de gestion du patrimoineet de musicologiequi serviront de médiateursdes œuvres.

Brève histoire de la musique au Moyen AgeOlivier Cullin, Fayard, 2002, 15 euros.

Dans cet ouvrage, Olivier Cullin fait preuve d’un sens certain de lasynthèse historique. Il balaie le Moyen Age musical en partant dela musique comme science et nombre engendrant l’harmonie dumonde. De là, il montre que les fondements arithmétiques et cos-mologiques de la musique sont concrétisés dans l’écriture musicale.Enfin, l’auteur ancre la théorie musicale dans le contexte historique,social et culturel du Moyen Age, celui des cours seigneuriales avecles troubadours et celui des cours princières avec les ménestrels.C’est son approche pluridisciplinaire de la musique médiévale quifait tout l’intérêt de ses travaux :« Geste,philosophie, langage, la musiqueest aussi une pratique qui s’inscrit dans le temps ».

Un choix de CD sortis depuis un an.

� Requiem in memoriam JosquinDesprezde Jean Richafort, par le Huelgas Ensembledirigé par Paul Nevel,Harmonia Mundi,2002,23,50 €.

Le compositeur, Jean Richafort (vers 1480– vers 1547),comme l’œuvre,méritent d’êtreconnus aujourd’hui comme ils l’étaient jusquechez François 1er, Léon X ou Charles Quint.Grâce à Paul Nevel, c’est presque chosefaite. Le Huelgas Ensemble fait revivreavec émotion et talent ce Requiem, d’unesplendeur bouleversante,profond sans êtresombre. Avec les motets, ce CD donne unriche panorama de la musique contrapun-tique et de la polyphonie franco-flamandede l’époque de Josquin Desprez.

� O felices lacrimaepar l’ensemble De Caelis dirigé par Lau-rence Brisset, Studio SM, 2002.

Le martyre de l’archevêque de Canterbury,Thomas Becket (1162-1170), a servi desupport à des compositions polyphoniquesdu XIIe au XIVe siècle, dont celles appelées Ofelices lacrimae. Sept femmes chantent avecdélicatesse, subtilité et émotion ces piècesenregistrées à l’abbaye de Fontmorigny (Cher).Quel plaisir d’écouter la richesse de leurstimbres et la rigueur de leur interprétation !

� Les motets de MachautEnsemble Musica Nova,Harmonia Mundi dis-tribution, 2002, 23,50 €.

Les trente-quatre motets vocaux et ins-trumentaux enregistrés sur ce superbe CDne lassent pas ! On apprécie la finesse etla densité de la poésie de Guillaume deMachaut (1300-1377), subtilement inter-prétée par cinq chanteurs, accompagnésavec recherche et énergie par la flûte à bec,la harpe, les vièles et les percussions.Cetteperformance musicale de grande qualité pro-pose une interprétation élégante de la lyriquecourtoise,bien à l’image de l’enluminure raf-finée du temps.

� The Call of the Phoenix. Rare 15thcentury English Church musicOrlando Consort, Harmonia Mundi, 2002,23,50 €.

Découvreurs et interprètes de talent, lesquatre chanteurs de l’Orlando Consortnous donnent à entendre des œuvres sacréesd’une grande rareté, de compositeurs peuconnus – John Pyamour, John Benet, JohnDunstaple, John Plummer, Walter Frye,Richard Mowere, John Trouluffe – et debeaucoup d’anonymes qui représententsoixante-dix ans de polyphonie anglaise,desannées 1420 à 1490. La suavité des mélo-

chanson savante en langue vernaculaire destrouvères du nord de la France. Les quatrevoix de femmes de l’ensemble américainAnonymous 4,bien connu maintenant, s’har-monisent aussi parfaitement que dans lesprécédents albums, peut-être trop parfai-tement pour nos oreilles européennes. Leprofessionnalisme des interprètes est indé-niable, peut-être au détriment de plus dechaleur humaine et de rondeur vocale.

� Miracle of Notre-Damede Gautier de Coincy,par The Harp Consortdirigé par Andrew Laurence-King, HarmoniaMundi, 2003, 23,50 €.Les Miracles de Notre-Dame chantés par l’en-semble d’Andrew Laurence-King sont unvrai régal ! Comment rendre vivants, joyeux,ludiques même, ces poèmes dédiés à laVierge, composés, dans la verve lyrique etcourtoise des trouvères, par le prieur del’abbaye de Vic-sur-Aisne,Gautier de Coincy(1177-1236) ? En alliant avec inventivité,maîtrise et compétence, les spécificitéssonores de chaque instrument – de lavièle à la cornemuse – à l’élégance des voix.

� Etoile du Nord. Le miraclemédiévalGautier de Coincy,par Anne Azéma et ShiraKammen, Calliope, 2003, 20 €.

Quand deux virtuoses de la musique médié-vale mêlent leurs talents pour interpréter lespoèmes lyriques de Gautier de Coincy, lerésultat est forcément réjouissant.Anne Azémaest connue internationalement de longue datepour la pureté de sa voix, sa grande techni-cité vocale et son enthousiasme renouvelé.La virtuosité, l’audace et la chaleur du jeude Shira Kammen en font l’une des meilleuresspécialistes du rebec, de la vièle à archet etde la harpe. Une grande prouesse musicaleet musicologique à découvrir.

� Missa « Ecce terrae motus »d’Antoine Brumel par l’Ensemble ClémentJanequin et les Sacqueboutiers de Toulouse,sous la direction de Dominique Visse, Har-monia Mundi, 2003, 23,50 €.

Cette interprétation de la messe Ecce ter-rae motus est un véritable succès. L’œuvre

elle-même le justifie : quand Antoine Bru-mel (vers 1440-1515), élève du renomméJosquin Desprez, a composé cette messepolyphonique à douze voix,elle était uniqueen son genre. L’interprétation également :avec virtuosité, l’Ensemble Clément Jane-quin et les Sacqueboutiers de Toulouse ontsu restituer toute la somptuosité, la moder-nité, mais aussi l’extravagance de cette œuvremagistrale.

� Carmina Gallica. Chansons latinesdu XIIe sièclepar Diabolus in Musica dirigé par AntoineGuerber, Alpha, 2003, 20 €.

Le sérieux dans l’interprétation et l’appli-cation dans la précision vocale de l’ensembled’Antoine Guerber sont à l’image de ceschansons latines.Contemporaine des chantsdes troubadours et des trouvères, la lyriquelatine,pourtant savante et d’un haut niveauintellectuel, est plus rarement interprétée.Diabolus in Musica nous donne à découvriravec bonheur, et dans l’intimité d’une seulevièle à archet, la légèreté rythmique et leraffinement de la langue latine.

� Las Cansos del Coms de PeitieusGuillaume IX d’Aquitaine,par Brice Duisit, Alpha, 2003, 20 €.Le chant libre et à gorge déployée de BriceDuisit détonne par rapport à d’autres inter-prétations plus traditionnelles ou conven-tionnelles des chants du « premier » destroubadours, le comte de Poitiers, Guillau-me IX d’Aquitaine (vers 1071-1127).Accom-pagné à la vièle à archet, sortie de l’atelierdu luthier Christian Rault, Brice Duisit faitde sa voix un instrument militant : il chanteen occitan le répertoire médiéval occitanpour la défense de la langue occitane.

Martine Clouzot

Ange musicien,atelier brabançon,fin du XVe siècle

©Ph

oto

RMN

Page 9: Acquisitions ALA LOTERIE DE LA VIE...vatrice chargée des objets de la vie quoti - dienne, poursuit ses recherches notamment pour trouver des pièces de comparaison. Elle date l’objet

16 Millefleurs n° 8, septembre 2003

� LondresGothic : Art for England,1400-1547Victoria and AlbertMuseumDu 9 octobre au 18 janvier

� NamurAutour de Hugo d’OigniesMusée des arts anciensdu NamuroisJusqu’au 30 novembre

� ParisAutour de Notre-DameMairie du IVe arrondis-sementJusqu’au 27 septembre

� ParmeLe Moyen Age européende Jacques Le GoffPalais de la PilottaDu 27 septembreau 6 janvier

� Ploëzal (Côtes-d’Armor)D’Yves Hélory (1250-1303)à saint YvesDomaine départementalde La Roche-JaguJusqu’au 16 novembre

� QuébecGracia Dei, les cheminsdu Moyen AgeMusée de la CivilisationJusqu’au 4 janvier

� AmiensLes frères Duthoit, derniersimagiers du Moyen AgeMusée de PicardieJusqu’au 7 décembre

� AvignonMusée du Vieil AvignonUn ancien muséemunicipal (très richesur le Moyen Age)de nouveau ouvert dansle palais des Papes

� BerneGuerre et paix. Berneet les ConfédérésMusée historiqueJusqu’au 30 novembre

� BourgesTrésors de vermeilet d’argent, l’orfèvreriereligieuse dans le Cherdu XIe au XIXe siècleMusée du BerryJusqu’au 29 septembre

� CherbourgArts funéraires et décorsde la vie, NormandieXIIe-XVIe siècles.Musée Thomas-Henryet abbaye du VœuJusqu’au 22 octobre

� DijonCouleur de temps,fragments d’histoireMusée archéologiqueJusqu’au 2 novembre

� EvreuxVivre en Normandieau Moyen AgeMusée municipalDepuis le 10 mai

� LangeaisUn rêve de chevalerie :les Neuf PreuxChâteauJusqu’au 3 novembre

Si vous passez par...

est édité par l ’A R M M A (Association pour le rayonnementdu musée national du Moyen Age), 6, place Paul-Painlevé, 75005 ParisTéléphone : 01 53 73 78 28 - Courriel : armma@wanadoo. frDirecteur de la publication : Christian GiacomottoRédaction : Marie-Jo Maerel, Martine Clouzot, Eliana Magnani,avec la collaboration de Elisabeth Antoine, Elisabeth Clavé,Xavier Dectot, Julia Fritsch, Viviane Huchard, Sophie Lagabrielle, ElisabethLedanois, Jeannine Mercier, Florence SaragozaImpression : Imp’Actes, 91260 La Ville-du-BoisDépôt légal : troisième trimestre 2003 - ISSN : 1621-8000

Expositions autour du Moyen Age

Au Grand PalaisLes membres des sociétés d’amis de musée (donc ceux de l’ARMMA)sont invités aux journées d’inauguration des expositions organiséespar la Réunion des musées nationaux au Grand Palais.Rendez-vousdonc le mercredi 24 septembre pour Vuillard et le jeudi 2 octobrepour Gauguin-Tahiti, de 10 heures à 21 heures.

Plaque de serrure de coffre(Allemagne, vers 1500)prêtée pour l’expositionde Québec par le MnMA.

© photo RMN