A Son Épouse

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TERTULLIEN

A SON EPOUSE

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IJ

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SOURCES CHRETIENNES

Fondateurs

: H.

de Lubac,

s . / . , e t

f / . Danirlou,

s . j .

Directeur : C. Mondfsert, s . j .

N° 273

frcRTULLIEN?

A SON ÉPOUSE  

i

 

- : .

tR

Introduction,

texte critique

traduction

et

notes dev

 

Charles MUNIER

Professeur à

l'Université

c l e s Sciences

humaines de Strasbourg

Ouvrage

publia

avec l e concours

nu Centre

National des Lettres

 

kES

ÉDITIONS DU CERF, 29 Bd

de

Latour-Maubourg

PARIS

1980

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La publication

de

c e t ouvrage a é t é préparée

avec l e concours de l ' I n s t i t u t

des Sources

Chrétiennes

(E.R.A. 645 du

Centre National

de la

Recherche Scientifique)

NIHIL

OBSTAT

IMPRIMATUR

lijon, 18 juin 1980 Lyon,

23

juin 1980

Cl. MONDÉSERT, S . j . J. AlbERTl, p . S . S .

censor

deputatus

/

/

\

°f

1

- >

c

êHW17i

© Les Éditions du Cerf, 1980

JSBN 2-204-01602-0

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T33S9S/Y

PRÉFACE

)loO

A14//V

Le

présent

ouvrage

n'aurait

pu

voir

l e

j our s ans

l ' a i d e

gracieuse

de plusieurs personnes,

vers

lesquelles se

tourne

notre

pensée

reconnaissante.

Une

nouvelle collation

des manuscrits

et

des

éditions

de

Beatus Rhenanus était nécessaire ; e l l e a permis d'établir l e

texte critique et de corriger sur plusieurs points l e s lectures d'E.

Kroymann. Nous

voudrions

exprimer

i c i nos

v i f s

remerciements

à Mademoiselle Anne-Marie Genevois et à

ses

collègues de l ' I n s t i

tut

de

Recherche

et

d'Histoire

des

Textes

de

Paris,

ainsi

q u ' a u

personnel

de

l a Bibliothèque

nationale

et

universitaire

de

Stras

bourg.

Mademoiselle Huguette Fugier, Professeur à l'Institut de Latin

de

l'Université des Sciences humaines de Strasbourg, a bien voulu

r e l i r e

l a

traduction

et

nous aider à

l a

rendre moins imparfaite ;

qu'elle

veuille bien

trouver

i c i

l'expression

de notre sincère

gratitude.

Enfin, ce nous

est

un agr é abl e dev oi r

que

de remercier

Mon

sieur Pierre Petitmengin, Bibliothécaire de l'École NormaleSupé

rieure, q ui a r e v u de très près tout

l e

manuscrit et nous a f a i t

bénéficier de ses précieux c o n s e i l s .

Strasbourg, octobre 1978.

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INTRODUCTION

OCCASION DU TRAITÉ

Parmi

l e s

é c r i t s

que

Tertullien

a

consacrés

aux

problèmes

de

l a

morale conjugale, YAd uxorem est l e seul

q ui

date de sa période

catholique. Les deux l i v r e s

q ui

l e constituent ont

être rédigés

dans un

laps de

temps assez court. Faute d'indications plus

précises, faute d'allusions

à

des événements contemporains, i l

n'est pas possible de l e s

dater

à

coup sûr

: aussi l e s

historiens

ont-ils

proposé,

d'une

manière

très l a r g e , l a période

q ui

va de

193 à 2061.

*

Pour les

abré viations

des œuvres de Tertullien, voir p.

90.

1 .

R. Braun r é unit les opinions

des critiques

les plus

importants,

depuis

Noei,decheni888

(1888)

Monceaux

(1901) et

Harnack

(1904); i l

propose lui-même de pl acer l ' ouv r age entr e 200 et

206,

avec Monceaux,

Chr. Mohrmann (1954),

Quasten

(i957) et W. P. LE

Saint

(1951), q ui

précise : «

pas

longtemps après

200»

; Deus christianorum, p. 571. J.-Cl.

Fredouiixe situe

les

trois

écrits

de

Tertullien

:

Vx.,

Cast.,

Mon.,

entre

205

et 217 : Tertullien e t l a conv er si on..., p. 89. Signalons, enfin, que T. D.

BarnES propose les années 198-203 pour Vx., Tertullian, p. 50. Nous nous

rallions,

pour notre

part, à

la

datation

proposée par R.

Braun,

p.

72 1

, c'est

à-dire entre l e De cultu

feminarum

et les ouvrages

sous

l'influence

montaniste.

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10

INTRODUCTION

Dans

l e

premier l i v r e ,

Tertullien

recommande

à

sa femme

de

ne point

se

remarier, au cas où e l l e deviendrait

veuve.

Dans

l e second,

i l

l'exhorte,

s i

e l l e devait se remarier, à n ' épou se r q u ' u n

chr étien. C 'est

donc l e

problème

des

secondes noces, de leur

opportunité,

voire de leur l i c é i t é ,

et

c e l u i , non moins épineux,

des

mariages

«

mixtes

» , q ui

sont

abordés dans cet

ouvrage.

La

plupart des traités

de

Tertullien révèlent leur

contenu

exact

par leur seul t i t r e .

I l

n'en va pas ainsi de YAd uxorem, q ui pourrait

o f f r i r l a matière de deux é c r i t s d i s t i n c t s , assez minces, i l est vrai.

Tout

se passe

comme

s i

l'auteur

avait

conservé, pour

l a

rédaction

définitive

de

son

ouvrage,

en

deux

l i v r e s ,

l e

t i t r e

o r i g i n a l ,

destiné

primitivement à l a l e t t r e familière q u ' i l av ait adr essé e à sa

femme : Ad uxorem. On s a i t , du r e s t e , que Tertullien avait

intitulé son tout premier

essai sur l e

mariage

:

Ad

amicum ( p h i l o -

sophum, de

angustiis

nuptiarum)2.

Si

l e moraliste africain a choisi d'emblée l e genre

épistolaire

pour

exposer

ses idées sur l e mariage

et

l e remariage,

c'est

de

toute

évidence

q u ' i l tenait

à s ' i n s c r i r e dans

une tradition

bien

définie,

dans

laquelle

son

cher

Sénèque s ' é t a i t i l l u s t r é

avant

l u i .

I f i cadre

simple et

libre d'une l e t t r e con v enait pa r faitement à

son

propos.

Certes,

i l

ne

nous est plus possible

de restituer

l a

démarche, l e s arguments, l e style de YAd amicum, ni

d'apprécier

l'entreprise de Tertullien

commentant

l e s

heurs et

l e s

malheurs

du mariage. I y e

premier livre de

Y

Ad

uxorem permet,

toutefois,

de suppléer quel que peu à

l a

perte de ce t r a i t é , dans l a mesure où

l'auteur,

sous

couvert

de

conseils r e l a t i f s au remariage, entreprend

en

r é a l i t é ,

une

critique

en

règle

de

l'institution

matrimoniale.

A dire

v r a i , on est loin d'une «

l e t t r e

familière » , d'une

consola-

t i o 3 ad

uxorem. Assurément,

l e

point

de

départ est personnel

et l e destinataire de l ' é c r i t bien r é e l . Mai s

i l

est

f a c i l e

de se

convaincre

que cette «

l e t t r e

»

se place à

mi-chemin

entre la

2.

Il

est

signalé

par Jérôme, e p i s t . , 22, 20

et Adu.

Iouinianum

1 ,

13.

Voir l'étude consac r ée à

cet

ouvrage par C. TiBiLETTi, «

Un

opuscolo

perduto

di

Tertulliano

:

Ad

amicum

philosophum

» ,

dans

Atti

delia

Accad.

delie Scienze di Torino, n. C lasse di Scienze mor., s t o r . , e filolog., 95 (1960-

61) , p. 122-166. Les conclusions de l'auteur sont résumées par

Fredouimjî,

os.,

p. 89.

3 . Vx.. I , 8 , 5 .

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OCCASION DU TRAITE II

r é a l i t é et l a

f i c t i o n 4 .

En l'écrivant,

Tertullien

songeait certaine

ment à l a

publier

: dès l'exorde

i l formule

l e souhait que ses

recommandations

trouvent

une

large

audience

et

permettent,

non seulement

à

sa femme,

mais

à toutes l e s femmes « q ui appar

tiennent à Dieu » , de comprendre que leur v ér itable intérêt

est

de

persévérer dans

un

chaste

veuvage5.

Nous

ne

sav ons pas

quels furent

l e s milieux

chrétiens de

Carthage q ui

eurent l a primeur

de YAd uxorem I .

L'auteur e u t - i l

la

satisfaction de

l i r e

son ouv rage dans

un

cercle

restreint ?

La consolatio de Tertullien f u t - e l l e l'objet d'une r e c i t a t i o publique,

offerte

à

toute

l a

communauté8

?

Nous

ne

connaissons

pas

s u f f i

samment

l e s

diverses formes para-liturgiques

en

usage

à

cette

époque, pour po uv o ir r é p on dr e à ces questions ? Un point semble

acquis, cependant : c ' e s t que l e deuxième livre de YAd uxorem

a suivi

de

près l e

premier. A

maints égards, i l constitue une

r e t r a c t a t i o .

C e l l e - c i f u t - e l l e

spontanée ?

L'auteur

éprouva-t-il l e besoin

de corriger l'impression fâcheuse que l e s thèses développées

dans

Y

Ad

uxorem

I

avaient

pu

produire

?

A

l'en

c r o i r e ,

Tertullien

n'avait pu r é s i s t e r au désir

de donner

un

complément à

l a

première série

de conseils q u ' i l av ai t adr essé s

à

sa

femme

; i l

n'avait

pu assister

indifférent

au déplorable

spectacle

offert

par

tant de

chrétiennes,

de

l a meilleure

société

de Carthage,

v eu v es

ou

divorcées, q u ' i l

voyait

se précipiter avec insouciance

dans l e s rets

de

mariages avec des païens

; i l

avait cr u devoir

d e s s i l l e r

l e s

yeux

de

ces

imprudentes,

en rappelant

l e s paroles

de

l'Apôtre,

en

mettant

en

lumière

l eur v é ri tabl e

sens,

puisque

«

l e s conseillers

»

de

ces dames

de qualité l e s

i nter pr é tai ent à

rebours, avec

une mauvaise

f o i

évidente7.

L'attaque

est frontale,

violente ; l'acharnement pointilleux avec lequel l'auteur s'ingénie

à pr ouv er que saint Paul a interdit toute espèce de « mariage

mixte

» et q u ' i l faut l i r e I

Cor.

y , 12-16

à la

lumière

de I Cor.

y ,

4 . Voir

les

observations

de

Fredouiue

à

ce

sujet

;

o.c,

p.

100.

Cf.

LE Saint, o.c, p. 134, à propos de Cast.

5 . Vx., I ,

1 ,

6 .

6 . TERTUtUEN

décrit un usage semblable dans 1

Apologeticum

39, 18 ;

c f .

Barnes,

o.c, p.

117.

7 . Vx., I I ,

1 ,

1 ; 2 ,

1 .

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12 INTRODUCTION

39-40

semble

bien comporter

un relent de

revanche8. S i Tertullien

bataille s i

dur

sur ce

front,

s i l

veut absolument l'emporter,

ne

serait-ce

pas

q u ' i l

a essuy é

une

défaite

antérieurement

?

ne

serait-ce pas q ue l e s

conseillers

s p i r i t u e l s , q u ' i l

poursuit

de sa

vindicte, ne

sont

autres

q ue l e s didascales

e t presbytres

de Car-

thage ?

I y e s

responsables

de

l a communauté

n'ont-ils pas

remon

tré

à

Tertullien q ue son éloge de l a monogamie ressemblait

fort

à

une

remise en question de l'institution

matrimoniale

e l l e -

même ;

q u 'à

force d'exalter l ' i d é a l de l a continence, dans l e

mariage et

l a v i r g i n i t é , on

risquait fort de

ne

pas f a i r e

droit

à

certaines

r é a l i t é s

inscrites

dans

l a

nature

humaine

;

q u ' i l

est

périlleux, en toute hypothèse, de confondr e l e précepte et l e

conseil

?

Le

f a i t est que YAd uxorem

II ressemble

étonnamment à une

palinodie

; sur

plusieurs

points essentiels de l a doctrine matri

moniale,

Tertullien

a tenu à souligner son parfait accord avec

l'enseignement de l ' É g l i s e 9 . I l

a donné

à son ouvrage une con

clusion q ui est un

pur

chef-d'œuvre

ette magnifique descrip

tion

du

mariage

chrétien,

l a

plus

b e l l e ,

incontestablement,

que

nous

a i t léguée l'Église antique10. Conclusion

d'autant

plus

inattendue, q ue l'auteur prélude

sur un

ton bourru,

revêche,

q ui trahit une

animosité

secrète. Au f i l de son discours, cependant,

i l s'anime et s'enflamme : i l s ' a g i t , en e f f e t , de discerner l a volonté

de Dieu,

r évélée

par

l'Apôtre, de

défendre

l a

f o i et l a vertu des

chrétiens

dans

un

monde

de péché, de l e s encourager à donner un

témoignage sans compromis dans leur v ie famil ial e et dans l a

c i t é .

Tertullien

l e s

invite

à

rejeter

tous

l e s

simulacres,

tous

l e s

8 . Vx.,

I I , 2 , 1-9.

9. Te r tu ll i en s ou l ig ne d'emblée que le remariage ne peut être interdit,

puisqu'il

faut

tenir

compte

de la faiblesse humaine : Vx., I I ,

1 , 1

; i l

marque aussi la différence q ui sé par e l ' i d é a l , difficile et contraignant,

de la continencelibrement assumée par la

veu ve,

et la

condition

commune,

plus facile, du remariage, q ui demeure permise : i b i d . , I I , 1 , 2-3. Enfin,

i l oppose le conseil (suadet) au précepte (iubet) :

i b i d . ,

I I , 1 , 4 . V oi r A-

D'Ai,fcs, La

théologie

de Tertullien, p. 372-377.

10. Vx., II, 8 ,

6-8.

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OCCASION DU TRAITE 13

faux-semblants, à se montrer «

toujours prêts

à

l a d éfense cont re

quiconque ( l e u r ) demande raison de l'espérance q ui

est

en (eux)11 » .

Si

l e

sé v èr e mor al iste

a

consenti,

pour

une

f o i s ,

à

corriger

un de

ses

é c r i t s , dans

l e sens

de l'indulgence, n'est-ce pas

qu'une

influence discrète,

d o c i l e , patiente,

s ' e s t exercée

sur

l u i , qu 'une

pe r so nn e e n q ui i l avait pleinement confiance a su l e convaincre ?

Tertullien n ' a - t - i l pas vou lu l u i rendre hommage, en l u i dédiant

aussi

ce deuxième

l i v r e Ad

uxorem ? C ar a u r a i t - i l eu

l e

courage

de

l ' é c r i r e , s i l n' y avait

été invité

par c e l l e q u ' i l nomme, affec

tueusement, dilectissima

in

Domino conserua

?

Le

docteur

africain

reviendra

plus

d'une

f o i s

sur

l e s

problèmes

du mariage

chrétien,

mais ce sera

pour défendre avec une obsti

nation toujours plus agressive l e principe de l a monogamie12.

Dans l e De exhortatione c a s t i t a t i s , composé

vers

207, i l recommande

instamment

à un

ami

devenu veuf de ne pas

se

remarier ; i l

reprend

à

son compte l'énergique formule

d'Athénagore,

pour

l'aggraver

encore. Celui-ci

avait

qualifié

l e remariage

«

d'adultère

décent13 » ;

Tertullien

d i r a ,

brutalement, q u ' i l est

comme «

une

forme

de

débauche14

» .

Mais

i l

ne

s'arrête

pas

l à .

S i

l e

mariage

et la fornication diffèrent,

a j o u t e - t - i l , c ' e s t

uniquement parce

que l e s l o i s semblent

en décider ainsi ; mais i l s

ne

diffèrent pas

intrinsèquement, puisqu'ils ont

en

commun, pour l e s hommes

comme pour

l e s femmes,

l e

même objet, l e s relations sexuelles

dans l e

mariage,

aussi bien q u 'en

dehors

du

mariage.

Or l e

Seigneur

n ' a - t - i l

pas

assimilé à un adultère l e seul dé sir de l e s

accomplir15

?

Comment

expliquer une t e l l e violence ?

S u f f i t - i l

de

rappeler

q ue

Tertullien

e s t

passé

au

montanisme16

?

11. / Pierre 3 ,

15.

Si Tertuiuen ne cite pas

explicitement

ce verset

dans YAd uxorem, i l

s'inspire

manifestement

de

tout

ce

passage,

notam

ment de I Pierre 3 , 2 en Vx., I I , 2 , 3

;

7 ,

1-2.

12. Bonne synthèse des vues de Tertullien sur l e mariage et

le

rema

riage dans l ' ou v r age

de

H. Pre1skek, Christentum

und Ehe

in den ersten

drei

Jahrhunderten,

Berlin

1927,

p. 187-200

;

Cf. d'AlÈS, o.c, p. 370-377

;

460-474 ; FREDOume, o.c, p.

89-142

(bibliographie).

13.

Athénagore,

Suppl.,

33.

14. Cast., 9 , 1 : quasi species stupri.

15. Ibid., 9 ,

3 .

16.

On

place

généralement autour

de l'année 207

la rupture de Tertul

lien avec l'Église,

sous l'influence montaniste

; c f . Braun, o.c,

p.

572.

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14 INTRODUCTION

Alors q ue

YAd uxorem reconnaissait

à

l a veuve

l e

droit

de

se

remarier,

à

condition q u ' i l

s ' a g î t

d' un second époux chrétien,

dans

l e

premier

l i v r e

Contre

Marcion,

Tertullien

pose

un

principe

nouveau :

«

I l existe

une

règle

pour

l e

mariage,

règle

dont l e

Paraclet se porte

garant

et dont i l fournit l a justification

toute

s p i r i t u e l l e : e l l e consiste, chez nous, du moins, à prescrire

un

seul mar iage dans

l a

f o i 1 7

. » C e

principe n'appartient pas à

l a

doctrine

catholique ; i l conduit Tertullien, au nom

de la

Nouvelle

Prophétie,

à

récuser

ou

à détourner de leur sens obvie l e s passages

scripturaires

q ui

autorisent explicitement l e

remariage.

L'entre

prise

est

fortement

engagée

dès

l e

traité

De

exhortatione

c a s t i t a i i s .

Elle

est poussée à

l'extrême

dans l e De monogamia,

q ui

prend

l ' a l l u r e d'un

pamphlet18.

Entre l e s

hérétiques, sectateurs de

Ma rc ion et autres, q ui détruisent l e

mariage, et

l e s « psychiques » ,

q ui l e prodiguent,

seuls

l e s disciples du Paraclet apparaissent

f i d è l e s

à l a l o i du Créateur, en admettant

un

seul mariage, comme

i l s confessent un seul Dieu19.

Décidément, l a pensé e de Tertullien a f a i t beaucoup de chemin

depuis

YAd uxorem.

A

force

d'attaquer

l e s

secondes

noces,

i l

a

dangereusement ébranlé

l e

principe

des premières, « et plutôt

que de

reculer

devant cette

conséquence

désastreuse, i l

a f l é t r i

comme

une honte l e sacrement

dont

autrefois

i l

exaltait

l a

sainteté20

» .

I l convenait de situer rapidement YAd uxorem dans

l 'œuvre

de Tertullien.

Mai s comment

l'ouvrage s ' i n t è g r e - t - i l lui-même

dans l a production patristique ?

L'auteur s ' i n s c r i t - i l dans

un

courant

plus

large

de

l a

tradition

paléochrétienne ?

Ses

vues

sur l e

remariage

et sur

l e s

«

mariages

mixtes »

furent-elles r é pan

dues

?

Tertullien n ' a - t - i l pas

imprimé

à

ces thèmes

un tour

origi

n a l , l a marque

de son génie propre

?

17.

Marc,

I , 29,

4

; c f . Fredouiule,

Adversus

Marcionem I , 29.

« Deux

états

de la rédaction du

traité » , dans

REAug.

13, 1967, p. 1-13.

18.

On

voudra

bien

se

reporter

aux

études

de

Fredouihe

( v . s .

note

14) et de Cl. Rambaux, La composition..., pour s ui v re l ' é vol uti on de la

pensée

de Tertullien

d'un traité

à l'autre,

notamment

pour

la

mise

en œuvre

des textes scripturaires.

19. Mon., 1 , 1-3.

20.

D'AlèS,

o.c, p. 469.

Page 21: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 21/238

I I

EE REMARIAGE APRÈS VEUVAGE

Ea tradition paléochrétienne s'enracine

dans

l e s saintes

Écritures.

On

a beau l e s scruter ; nulle part on n' y

rencontre

l'interdiction absolue de

se

remarier, que

Tertullien, devenu

montaniste,

prétend

imposer comme « l a règle de

l a f o i

et de la

discipline

chrétienne1 » .

V

ncien Testament, i l

est v r a i , avait

formulé certaines exigences

pour

l e mariage des prêtres2 et du

grand-prêtre3 ; mais i l

ne

leur défendait n i de se remarier, ni

même

de

divorcer.

Les idées r i t u e l l e s du judaïsme concernant l a pureté des

ministres du culte ne sont pas étrangères à

l'interdiction

du

remariage

énoncée au sujet des

clercs majeurs

dès

l'époque

subapostolique :

épiscopes4, presbytres6,

diacres6, ainsi

que

pour

l'ordre

des veuves7. C es

règles se trouvent

formulées dans

l e s

épîtres

pastorales

et

traduisent

une

situation ecclésiale

passablement évoluée. Ees communautés de l a Diaspora

hellé

nistique

veillent

avec

un

soin

jaloux

à

leur

bonne

réputation

;

leurs

responsables

doivent s'imposer au respect

de tous,

au

sein

des é g l i s e s , mais aussi dans l a c i t é . I l leur faut donc répondre

non

seulement

aux

exigences de pureté r i t u e l l e des milieux

judéo-hellénistiques,

demeur é s f i d è l e s aux

traditions

v é t é r o

1 . Mon.,

2 ,

3 .

2 .

Liv.

21,

7

;

Éz.

44,

22.

3 . Lév. 21, 14.

4 . / Tim. 3 , 2 .

5 . Tite 1 , 6.

6. / Tim.

3 ,

12.

7 .

I Tim.

5 , 9 .

Page 22: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 22/238

l6 INTRODUCTION

testamentaires sur bien des points, mais aussi aux idé aux de l a

tradition morale du monde hellénique8. Or, on a s s i s t e , au versant

de

notre è r e , à une vigoureuse poussée d'ascétisme, souvent

marquée au sceau d'un

dualisme

radical9.

Dans

ces milieux, où se

retrouvent

des

disciples de

Pythagore

aussi bien q ue

des

adeptes

du

Platonisme

et de l a Stoa,

on attribue

aux mouvements

émotifs, et

principalement

à ceux de l a vie

sexuelle,

une influence

néfaste, dommageable

à la

recherche

de

l a

v é r i t é . Le

p l a i s i r

de

l a chair, croit-on,

rend incapable

de

maintenir

l e s relations

avec l e divin et l e monde s p i r i t u e l . De toute évidence, l e rema

riage

est

un signe d'intempérance, un

manque

de maîtrise de

s o i 1 0 .

La règle de l a monogamie imposée aux clercs majeurs et

à

l'ordre

des veu ves comportait des

risques

d'incontinence,

de natur e à jeter l e discrédit

sur

l'institution et à ternir l e bon

renom

de

toute l a

communauté. Le

rédacteur de l a

Première

à

Timothée se montre préoccupé de mettre f i n à des scan dales

pénibles

et

répétés, pro vo q u és par l'inconduite

de

jeunes chr é

tiennes,

admises

inconsidérément

dans

l'ordre

des veuv es.

I l

règle

avec

une extrême

rigueur l e s

conditions

de leur

admission

e t , tout d'abord, fixe à soixante ans leur âge minimum. Le

passage mérite

d'être

rapporté intégralement,

ne serait-ce

que pour suppléer à l'omission systématique

pratiquée

à son

égard par Tertullien11.

«

Ne peut être inscrite au groupe

des

veu ves qu 'une femme

d'au moins soixante

ans,

n'ayant été

mariée qu 'une

seule

f o i s . Elle devra s e

recommander

par ses

bonnes

œuvres

:

avoir

élevé

des

enfants,

exercé

l ' h o s p i t a l i t é ,

lavé l e s

pieds des

s a i n t s , secouru l e s

malheureux,

pratiqué

toutes

8 .

H.

Pre1sker,

o.c, p. 71-92.

9 . Ibid., p. 14-38 ; H.

Chadw1ck,

« Enkrateia » ,

RAC,

V,

col. 343-365

;

E. PETERSon, « Beobachtuugen z u den Anfàngen ( 1 e r christlichen Askese » ,

dans Frithkirche, Judentum

und

Gnosis, Rom-Freiburg-Wien

1959,

p. 214-

230.

10.

VAI.ÈRE

Max1me, 2 , 1 , 3

;

les œuvres

littéraires et

les

inscriptions

font

l'éloge

du

mariage

unique,

ce

q ui

atteste

sinon

un

refus,

du

moins une

certaine r ép r obation

du

remariage. Cf. M. Humbert, Le remariage à

Rome,

p. 59-75 ; C h.

Mun1er,

L'Église

dans

l'Empire

romain,

p. 6-11.

1

1 . Omission d'autant

plus

flagrante queTertulhen q ui

affecte

d'igno

rer / Tim. 5 ,

14,

s'inspire directement

de

/ Tim,

5,

13

en

Vx., I , 8 , 4 .

Page 23: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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REMARIAGE APRES

VEUVAGE 1J

l e s

for mes de

l a

bienfaisance. Les

jeunes

veuves, é c a r t e - l e s .

Dès

que des

désirs indignes

du Christ

l e s

a s s a i l l e n t ,

e l l e s veulent

se

remarier,

méritant

ainsi

d'être

condamnées

pour

avoir

manqué

à leur

premier

engagement. Avec c e l a , étant désœuvrées, e l l e s

apprennent à courir l e s maisons ; s i

encore

e l l e s n'étaient q ue

désœuvrées,

mais

e l l e s

sont

bavardes, indiscrètes,

parlant à

tort et à travers. J e veux donc que l e s jeunes veu ves se remarient,

qu'elles aient des enfants, gouvernent leur maison et ne donnent

à

l'adversaire

aucune occasion

d'insulte.

I l en

est

dé jà q ui

se

sont

fourvoyées

à l a suite de Satan12

» . Le

remariage

des

jeunes

veuves

est

exigé

i c i ,

pour

des

raisons

q ui

touchent

la

réputation

de la communauté. L' ex pé rience a prouv é

l e bien-fondé

des

mises en garde de l'Apôtre contre l e s

propos

imprudents de

continence, s i

g én é reux

s o i e n t - i l s ,

de

l a part

des

gens mariés,

des

célibataires

ou des

veufs

( I

Cor. 7 , 3-5

; 8-9 ;

38-39). La

justesse de sa réflexion : Mieux

v aut

se marier q ue de brûler12»

s'est av é r ée à l a longue ; certains désordres, auxquels l e r édac

teur f a i t

allusion

à mots

couverts,

ont contraint l e s

chefs

des

communautés

à

l i m i t e r ,

autant

q u ' i l s

l e

pouvaient,

l e s

causes

de ces scandal es.

C'est pourquoi i l s se

préoccupent

d'abord

des jeunes veu ves ; en se remariant, e l l e s

seront

quittes

«

de se

fourvoyer, à l a

suite

de Satan » .

Mai s

ce

nouveau précepte

n ' e s t - i l pas en

contradiction f l a

gr ante av ec

l a doctrine de l'Apôtre ? E s t - i l

compati bl e av ec

l e s exhortations pressantes de l a

Première aux

Corinthiens,

par lesquelles Paul, persuadé de l'imminence de l a Parousie,

recommandait aux

célibataires

et aux

veufs

de

demeurer

en

leur é tat ( 7

Cor. 7 ,

8 ) ,

conseillait

à ceux qui ont

femme

de v i v re

comme s ' i l s n'en avaient pas

( I

Cor. 7 , 29) et dé clar ait,

au

sujet

de l a

condition des vierges

:

J'estime donc

q u 'en

raison

de la

détresse présente, c'est l ' é t a t q ui convient ;

o u i ,

c ' e s t pour

chacun ce q ui convient ( I Cor.

7 ,

26) ? Tertullien a

relevé

soigneu

sement ces divergences et

su exploiter

l e s

textes pauliniens,

pour

déconsidérer l e s secondes noces.

Mais a - t - i l

été lui-même

fidèle

à

l a

pensé e de

l'Apôtre

?

Pour

en

juger,

efforçons-nous

12. / Tim. 5 , 9-15.

12a. I Cor. 7 , 9 .

Page 24: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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l8

INTRODUCTION

de l a

s a i s i r

en

son i n t é g r a l i t é , dans

ses

nuances,

ses

contrastes ;

i l est trop f a c i l e de t i r e r argument d'un verset i s o l é , en ignorant

délibérément l e s correctifs apportés par ceux q ui l'environnent.

C'est au

chapitre 7

de

l a

Première

aux

Corinthiens

q ue

Paul

donne son

avis

sur l e remariage après

veuvage,

d'abord

aux

versets 8 - 9 ,

puis

aux versets 39-40. Sa réponse s ' i n s c r i t

dans

un contexte plus large ; l'Apôtre r épond à un ensemble de

q uesti ons q ui l u i ont

été

posées par l e t t r e ( v . 1 ) , au sujet du

mariage lui-même

et

de

certains cas spéci aux,

comme celui

des

mariages

mixtes ou celui des f i a n ç a i l l e s s p i r i t u e l l e s . L'orientation

casuistique de tout l e chapitre explique l e s redites et parfois des

apparences de contradiction ; d'autre part, l e s réponses ponc

tuelles sont placées dans un éclairage particulier, du f a i t que

l'Apôtre,

d'entrée

de

jeu,

doit

prendre

position

sur

l a légitimité

du

mariage

en

tant q ue

t e l .

En e f f e t , certains Corinthiens, aux

antipodes

des

gnostiques

libertins

du chapitre

6

( v . 12-17),

se

demandaient s i un chrétien ne doit pas s'abstenir de

tout

commerce sexuel.

L'Apôtre

commence par

reconnaître q ue l a continence n'est

pas à

r e j e t e r , q ue l e célibat

représente un

charisme

( v . 1 )

:

I l

est

excellent pour un homme de ne pas s'approcher d'une femme13.

Mais tous n' ont pas ce charisme et i l serait i l l u s o i r e et

dangereux

de croire cet idéal accessible à l a grande masse. Dans sa réponse,

l'Apôtre ne

s'embarrasse

pas de

fioritures

; i l se

montre

d'une

franchise abrupte et

ne

mâche pas ses

mots.

La nature

humaine

étant

ce

qu'elle e s t , répond-il

en

substance,

quiconque

préten

drait renoncer au mariage, sans posséder l e charisme du célibat,

n e po ur r a é c ha ppe r

aux poussées

de ses instincts ; nécessairement,

i l tombera dans

l'inconduite.

« Par

conséquent,

q ue chacun

a i t sa

femme à

l u i ; pareillement, q ue

chaque

femme a i t son

mari

à e l l e » ( v . 2 ) . D'emblée, l'Apôtre précise

que

seul l e mariage

monogame peut entrer en ligne de compte

pour

un chrétien.

De même q u ' i l a condamné l'indifférence sexuelle et l e liber

tinage gnostiques ( /

Cor.

6 ,

12-17),

i l

rejette

i c i l a

bigamie

13.

/ Cor.

7 ,

1 n'est-il pas

une

citation de

la lettr e

des

Corinthiens

?

Cf. Lesue,

o.c,

p. 64.

Page 25: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 25/238

REMARIAGE APRES VEUVAGE 19

simultanée,

qui conservait encore des adeptes en certains milieux

j u i f s

de

l a

meilleure s o c i é t é 1 4 .

L' Apôtre

n'est

pas

moins

explicite

sur

la

question des

relations

conjugales. Les gens mar ié s ne doiv ent pas se

refuser

l'un à

l'autre,

d é c l a r e - t - i l sans ambages, — à

moins

q ue ce ne

s o i t

d' un commun accord, pour un

temps

l i m i t é , afin de vaquer à

la prière

»

( v . 5 ) .

Tel

est l e seul motif

q ui j u s t i f i e à

ses yeux la

continence

des époux. Aux Corinthiens i d é a l i s t e s , q ui rê vent

d'ascétisme et d'unions s p i r i t u e l l e s , Paul r é pond avec un réalisme

direct, sans i l l u s i o n s .

Toutefois, i l consent à

f a i r e une concession

à

leurs

pieux

désirs

:

i l s

pourront

instaurer,

d'un commun

accord,

des périodes de continence,

mais pour

un temps l i m i t é ,

pour

revenir ensuite à

une

vie conjugale normale. Les é c r i t s j u i f s

de

la

même é po que admettai ent de semblables exceptions,

en vue de

l a prière

ou

de l'étude

de la Loi ; l e s rabbins limitaient

l e s

périodes

de continence

à

une durée allant d'une semaine à

un mois15.

Le même réalisme inspire l a réponse de l'Apôtre au sujet

des

célibataires et

des

veufs.

S ' i l

ne

cache

pas

sa

préférence

pour

la continence

—t

c ' e s t

l a part q u ' i l a

choisie

pour lui-même,—

Paul reconnaît

bien

volontiers q ue

chacun a reçu de

l a

part

de

Dieu son propre charisme. Embrasser l a continence n'est

pas à l a portée de

chacun

: ce n'est pas une question d'effort

ni de mérite. Aux célibataires

et aux

veufs q ui ne peuvent

14. J. A. FlTZMYEr, « The Matthean Divorce Texts and some new

Palestinian

Evidence

» ,

dans

Theol.

Stud.,

t .

37,

1976,

p.

197-226.

1/

auteur

rappelle

le

Document de Damas ( v . 110

avant

J.-C), 6 , 9 - 7 ,

2

; c f . R.

H.

CHARLES,

The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old

Testament,

II,

Oxford 1913,

p.

806-810 ;

i l

fait aussi

état

d'un fragment,

encore inédit,

de provenance

qumranienne,

l e Rouleau du

Temple,

11

QT,

57 , 1 1 . 17-19 :

commentant

Deut.

17, 17, le rédacteur énonce

comme

précepte pour la

nouvelle communauté

messianique :

«

Il

ne

prendra pas

une

autre

femme

en

plus

de sa femme, car celle-ci seule

v i v r a

avec

lui tous les jours de

sa

vie. Si elle

meurt,

alors (seulement) i l

prendra une

autre femme » . Le

Rouleau

du

Temple

contient

un

ensemble

d'interprétations

du Ier

siècle,

mises

dans la

bouche

de

Yahvé.

Elles

sont

contemporaines

de

la

Première

aux C or inthi ens, et correspondent à

un

Siti

im

Leben assez voisin.

15.

Pre1SKER, o.c, p.

83

; c f .

Ketub.,

61, b.

Jubil., 50,

8 est beaucoup

plus s t r i c t , en déclarant : Quiconque couche avec

sa

femme le jour

du

sabbat doit mourir.

Page 26: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 26/238

14

INTRODUCTION

Alors q ue YAd

uxorem

reconnaissait à la veuve

l e

droit de se

remarier, à

condition qu'il

s'agît

d 'un

second époux

chrétien,

dans le premier livre Contre Mar ci on, Tertullien pose un principe

nouveau

:

«

I l

existe

une

règle

pour

l e

mariage,

règle

dont

l e

Paraclet se porte

garant

et dont

i l

fournit la justification toute

spirituelle : e l l e consiste, chez nous, du moins, à prescrire un

seul mariage

dans

la

f o i 1 7 . »

Ce principe n'appartient pas à la

doctrine

catholique

; i l

conduit Tertullien, au nom

de

la Nouvelle

Prophétie,

à

récuser ou à détourner de leur

sens

obv i e les passages

•cripturaires q ui autorisent explicitement l e remariage.

L'entre-

prine eut fortement

engagée dès

l e

traité

De exhortatione c a s t i t a t i s .

KUe

eut

poussée

à

l 'extrême

dans

l e

De

monogamia,

q ui

prend

l'allure d'un pamphlet18. Entre les hérétiques,

sectateurs

de

Mnrclon

et autres, q ui détruisent

l e mariage,

et

les «

psychiques

» ,

«lui le prodiguent,

seuls l e s

disciples

du

Paraclet apparaissent

flclMc»

a

l a t o i du

C r éateur, en admettant

un

seul

mariage,

comme

Ha

i-otifpssrut un

seul Dieu19.

I teddément, la pensée de Tertullien a f a i t beaucoup de chemin

«IpimiIa

Y Ad

uvorem.

A force d'attaquer l e s secondes

noces,

i l a

«laïuicreiwement

é b r anl é

l e

principe

des

premières,

«

et

plutôt

«pie

« 1 r

reculer

«levant

cette conséquence désastreuse, i l a flétri

*oniiiu» une honte

l e

sacrement dont

autrefois i l

exaltait

la

Nntttt»t*lU

» .

I I ««««venait

de situer

rapidement YAd uxorem dans

l'œuvre

« t * > TtMtullleu.

Mais

comment l'ouvrage s'intègre-t-il lui-même

<t*it«

I »

production

iMrtristique

?

L'auteur

s'inscrit-il

dans

un

( ' « « t i t t u t t

plu* l * r » r e de l a tradition paléochrétienne ?

Ses vues

n\\\

I *

wmtutMH* et

sur

l e »

«

mariages mixtes

»

furent-elles

répan-

*ttu««  

IVtt

Milieu u

«

t i l

pas

imprimé

à

ces thèmes

un

tour origi-

t t t t l . U t

mut « 4

Me « i e

som

vtfuie propre

?

^*J»i «ll'u'.aV.^'',

*

\ « M t *****W»>V*. AJnrsmsMœiomtm1. ao. « Deux

. » »

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pour

«ivre

l ' é volution

de

la

V rCÏ.

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* * *

*

 

** *

«*t«««t

pour

U

mise

en

oeuvre

V

V» W\>*

y V ^

av «

« « A«.«« , . , . ^ 

Page 27: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 27/238

21

l u i

a i t

1 r s

I I i c e

é e s

) n t

'en

LE

REMARIAGE APRÈS VEUVAGE ère

les

î l l e

ter

Ea t r a d i t i o n paléochrétienne s ' e n r a c i n e dans l e s s a i n t e s 0?

É c r i t u r e s . On a beau l e s s c r u t e r

;

n u l l e p a r t on n ' y r e n c o n t r e ge)

1

i n t e r d i c t i o n

absolue de

s e r e m a r i e r ,

q ue

T e r t u l l i e n

devenn

Se

montamste,

prétend imposer

comme « l a

r è g l e de

l a

f n i ' » f a.

i

pas

d i s c i p l i n e chrétienne , E'Ancien Testament, i l

e s t  ai

ava*  '

formule

c e r t a i n e s exigences

pour

l e mariage

d e s p r ê t r e s »

e t

du

grand-prêt^ ;

mais

i l ne

l e u r

d é f e n d a i t n i de s e reSrier ï

même

de

d i v o r c e r .

'émaner,

m

vie

nne

mé-

lura

. s

t o

i l l e s

ente

Ees

i d é e s

r i t u e l l e s du

judaïsme

c o n c e r n a n t l a n u r e t f A

m i n i s t r e s

du

c u l t e ne sont pas é t r a n g è r e s à WK eS

remariage énoncée au sujettes t

subapostohque

:

épiscopes* p r e s b v t r e s »

H „ •

.

^0que

pour

l ' o r d r e

d e s

veuves'

Ces

Eîf*?

?  

UMi

1 * ' ? '

l e s é p î t r e s

p a s t o r a l e s e t Sa£t Tt*? ****»

 

passablement é v o l u é e .

Les

ZlTS ***

n i s t i q u e v e i l l e n t avec un

s o i n

jlîoTueur

h^ 

l e u r s r e s p o n s a b l e s

doivent

s ' i m p o s e r a ZLÏT

ePntat«» ; ,

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des é g l i s e s , mais

a u s s i

dans lad?nÏÏ?*■«-

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non seulement aux

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d e nn J » - donc  Pondre

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3 ,

1 2 .

7 -

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5 , 9 .

«men-

rticu-

1949,

ande.

Page 28: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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20 INTRODUCTION

observer l a

continence,

l'Apôtre

déclare laconiquement : qu'ils

se marient, car i l v aut mieux se

marier

que

de

brûler ( v . 8 - 9 ) .

I l reviendra

sur ce

point,

dans une

ajoute,

en f i n

de

chapitre,

après avoir réglé

dans

l e

même

sens

l a

question des

fiançailles

s p i r i t u e l l e s :

i l

ne condamne

pas

cet

usage, mais i l permet

e t ,

en certains

c a s ,

i l recommande aux fiancés de se marier et de

mettre

f i n

à

cette situation,

q ui

ne peut être qu'exceptionnelle

( v . 36-38).

Est-ce à dire q ue

l'Apôtre

considère

aussi comme exceptionnelle

la

situation

de l a

veuve ?

S ' i l avait davantage explicité

sa

pensée,

n'en

s e r a i t - i l

pas

venu

à

c o n s e i l l e r ,

voire

à

ordonner,

l e

remariage

aux jeunes veuves,

(comme

l e fera l'auteur de l a Première à

Timothée), pour l e s raisons mêmes q u ' i l avait exposées

plus

haut

( v . 2 . 5 . 9 ) ,

et q ui reparaissent i c i ,

pour l e

cas des

fiançailles

s p i r i t u e l l e s ?

Le danger d'impudicité, en

e f f e t ,

ne

menace-t-il

pas

—toutes proportions gard ées —davantage l e s jeunes ? Quoi

q u ' i l en

s o i t , l'Apôtre, sans

a l l e r

jusqu'à

ordonner,

ni

à

conseiller,

l e remariage à

certaines catégories

de veuves,

l'autorise expres

sément,

à

toutes,

sans exception.

«

I , a

femme

est

l i é e

à

son

mari,

aussi longtemps q u ' i l v i t . Mais s i l e mari meurt, e l l e est libre

d'épouser q ui

e l l e

veut, dans l e Seigneur seulement. Cependant,

e l l e sera

plus heureuse,

à mon sens, s i

e l l e

reste comme e l l e e s t .

Et

j e pense bien,

moi

a u s s i , avoir

l'Esprit de D i eu

» ( v .

39-40).

Aucun

doute n'est donc possible

à

ce sujet : malgré ses

préférences

personnelles

pour

l ' i d é a l de l a continence et

un

chaste

veuvage,

l' Apô tr e n' a pas cr u devoir ni pouvoir l'imposer. C e

point

méri

t a i t

d'être souligné,

car

nous

verrons

Tertullien

escamoter

systé

matiquement

certains aspects

de

l a

pensée

paulinienne,

contraires

à sa thèse, pour n'en retenir q ue

certains

autres,

qui

l u i paraissent

l a favoriser.

I l convient de

relever

enfin l e s

motifs allégués

par saint

Paul

en faveur du c é l i b a t . S ' i l l e s avance à propos

des

vierges, i l s

valent

a u s s i , de toute

évidence, pour

l e s veufs ou l e s célibataires

(après

divorce, par

exemple).

Avant de donner son opinion,

l'Apôtre

précise

q u ' i l

n'a

pas

de

commandement

du

Seigneur

à proposer, mais

un avis

personnel, en sa

qualité

de croyant,

et sans

même

f a i r e valoir

son

autorité apostolique.

S ' i l

croit

pouvoir

recommander l e

c é l i b a t ,

c ' e s t

q u ' i l

est

persuadé

de

Page 29: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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REMARIAGE APRES VEUVAGE 21

l ' immi nence de la Parousie :

D i eu

a raccourci l e s temps q ui

nous séparent de l a f i n

( c f .

Mc 1 3 ,

2 0 ) . Et

tout l e monde s a i t

que

l e s

temps

eschatologiques

seront

remplis

de

malheurs

et

de

calamités. Parmi l e s tribulations de l a f i n , l ' Apô tr e pl ace

au

premier

rang l e s soucis

terrestres

et l e s préoccupations l i é e s

à

l'entretien

d'une famille ( v . 25-31). C es préoccupations sont

parfaitement

légitimes,

reconnaît-il

( v .

32-34),

mais

e l l e s n'en

détournent

pas

moins

d'une existence q ui serait tout

entière

consacrée au service du Seigneur ( v . 3 5 ) . Liberté en v ue des

choses de Dieu, disponibilité en vue du jour du Seigneur, t e l l e

est l'attitude

fondamentale

q ue

l'Apôtre

voudrait

voir

adopter

par tous

l e s

chrétiens. Les choix à

f a i r e

entre l e mariage ou

l e célibat

(ou l ' é t a t

de

viduité

et l e remariage après veuvage)

peuvent

s'inspirer de

ces

considérations. Mais saint Paul se

garde bien

d'imposer

ses préférences

aux f i d è l e s .

I l ne v eut pas

l e s « prendre au f i l e t » ( v . 3 5 ) ,

leur

imposer un

idéal

de vie

au-dessus de leurs f o r c e s . Le

conseil

de continence

q u ' i l donne

s'inspire d'un

double désir

:

que chacun

puisse vi vre

conformé

ment

à

so n char i sme

;

q ue

chacun,

dans

la

situation

q u ' i l

aura

choisie en fonction de son charisme, « v i v e dignement (pros t o

eiischèmon) et

s'attache

au Seigneur

sans

partage » ( v .

3 5 ) .

Dignité du

mariage

monogame chrétien, l i c é i t é

des f i a n ç a i l l e s

s p i r i t u e l l e s , l i c é i t é du remariage après veuvage, dignité éminente

de la virginité

et

de

l a

viduité « au

service du

Seigneur » ( /

Cor. 7 ,

34), t e l s sont l e s

points

forts de

l a

doctrine

apostolique16.

D'Église

paléochrétienne

sut

l u i

rester f i d è l e , malgré des

tendances

contraires

puissantes,

hostiles

au

mariage

par

principe

ou,

dans

une forme moins radicale,

au remariage17.

D ' o n en perçoit l e s premiers

échos vers

l e

milieu

du 1 1 e

s i è c l e , à

Rome tout comme

en

Orient. Le Pasteur d'Hermas adopte une

position somme

toute assez modérée : l e conjoint

qui

s e remarie

16. Pour la

synthèse

q ui précède,

on

s'est

inspiré

des grands commen

taires de

la Première aux Corinthiens

et

des Pastorales

et

plus particu

lièrement de ceux, en langue française, de Huby (1946),

Héring

(1949,

4e éd.), All0

(1956),

Spicq (1969, 2e éd.), Osty (1974) ; en langue allemande,

de

Lietzmann (1949, 4e éd.), Wendland

(1969) ; en

langue

anglaise,

de

Ba r re tt (1968),

Leslie

(1976).

17.

Mun1er, o.c,

p.

7-59.

Page 30: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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22 INTRODUCTION

après la mort de son partenaire

ne commet

pas

un

péché

en

se

remariant,

mais

« s i l reste

s e u l ,

i l s'acquiert

auprès

du Seigneur

un

honneur,

une

g l o i r e

supplémentaire18

» .

Dans leur

ensemble,

l e s

Pères

orientaux

se

montrent beaucoup plus sévères.

L'apologiste Athénagore, q ui adresse, vers 177, sa Supplique

pour

l e s chrétiens à l ' empe r eu r Marc-Aurèle

e t

à son f i l s

Commode,

déclare

sans

ménagements q u 'un

second mariage est

un «

adultère

décent

» . Et

a i l l e u r s :

« Celui q ui

se

sépare

de

sa

première

femme,

même

s i e l l e est morte,

est

un adultère déguisé ; i l transgresse

l a volonté de

Dieu,

puisqu'au commencement Dieu a créé un

seul

homme

et

une

seule

femme19

» .

C l ément d'Alexandrie évoque, à son tour, l e dessein

primitif

du

Créateur, q ui a institué

l e mariage monogame.

S ' i l conseille

à la veuve

de ne point se remarier, Clément ne va

pas jusq u' à

condamner l e s secondes noces, q ue

l'Apôtre, d i t - i l , «

accorde

par indulgence

(kata

suggnomen),

à

cause

du

danger

d'incon

tinence20 » . Le maître alexandrin estime que

l e

remariage ré vèle

un

évident manque de maîtrise de

s o i

( e g k r a t e i a )

:

i l

constitue

comme

une

trahison

à

l'égard

de

l ' i d é a l

de

perfection

morale

auquel l e chrétien

est

appelé. « Celui q ui se (re-)marie, écrit

Clément dans l e s Stromates,

ne

r é a l i s e pas dans toute son inten

s i t é l a perfection

d'une

conduite comme l a veut l'Évangile.

Mais i l s'acquiert une gloire céleste

celui

qui reste s e u l , q ui

gar de pur e l'union q ue l a mort a

dissoute

et

q ui

obéit

volontiers

au plan

div in q ui

l ' a

r endu

sans

partage au

culte

du

Seigneur21

» .

La pensée de l'Apôtre est respectée en ses t r a i t s essentiels,

mais

l'on

observe

un

net

changement

de

perspective

:

l e s

consi

dérations d'ordre eschatologique, dont

l'importance est

primor

diale pour saint Paul, s'effacent toujours

plus

devant des

motifs

ascétiques et mystiques,

q ui

affleuraient déjà,

i l

est v r a i ,

dans

la pensée paulinienne : comme l ' é t a t de virginité, celui de viduité

opère une

certaine libération « s p i r i t u e l l e » ; i l permet à q ui l e

désire

«

de

ne

plus être

d i s t r a i t

du

service du Seigneur » .

Clément

18. Mandata IV ,

4 ,

1-2.

19.

Legatio

33.

20. Strom., III,

7 6

; 82 ; 101 ; 108,

21. Ibid., III, 82,

Page 31: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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REMARIAGE APRÈS VEUVAGE 23

avance même,

par

manière de par adoxe, q ue l e veuvage est

plus mé ritoir e q ue l a v i r g i n i t é , car i l suppose un plus haut

degré

d'apatheia,

une

maîtrise

de

s o i

peu

commune,

puisqu'elle

conduit au

mépris de la volupté, q ue l'on

connaît

d'expérience.

Nous retrouverons cette assertion chez Tertullien22.

La

position de Clément d'Alexandrie s'accorde, sur bien des

points, avec c e l l e de

la

philosophie morale des écoles

contem

poraines23. Les œuvres l i t t é r a i r e s du Haut-Empire offrent, en

e f f e t ,

de nombreux

témoignages

de l'estime en laquelle sont

tenues l a pudicitia et la fides de ceux ou c e l l e s q ui n'ont connu

q u ' u n

seul

époux24.

Les

moralistes

soulignent

l a

gravité

de

l'engagement matrimonial q ui l i e

l e s

époux

par

un

fœdus25.

I l s

mettent a i n s i

en

valeur

la

dimension sociale du l i e n

conjugal

et

s'opposent

aux conceptions individualistes du droit romain.

L'on

s a i t

q ue l e s

constructions juridiques

de

l'époque fondent

la dur ée du l i e n sur un consentement continu ; e l l e s admettent

ainsi q ue l e l i e n disparaisse quand l'un des époux ne mai nti ent

plus sa

volonté de

prolonger

l'union26. L'idéal de

f i d é l i t é exalté

par

l e s

moralistes,

hostiles

au

divorce

et

au

remariage

après

divorce, combat également l ' i d é e d'un remariage après la mort

du conjoint27. Pour

q ui

s a i t rester f i d è l e , pour

q ui

conserve

22. Ibid.,

VII,

76, 4 ; on notera la

similitude

de l'argument

avec

celui

que Tertuhien développe en Vx., I , 8 , 2 . Voir

aussi

les témoignages

de

Théophile

d'Antioche, Apol.,

III,

15, 6

et

d'iRENEE, Adv.

Haer.,

I , 26,

2 et

III, 17. 2 ;

ce

dernier est discuté par A. Orbe, « S. Ireneo y la

iteracion

de las

nupcias, dans

Gregorianum 34, 1953, P- °53 s -

23.

Preisker, o.c, p. 14-38.

24.

VaI.ÈRE Maxime,

2 ,

1 , 3 ; 4 , 3 , 3 , cité dans

Humbert,

o.c,

p.

59 ;

c f . Séneque, fragm. 69 s . ; 7 8 ; 79, dans E. Bickei,, « Diatribe in Senecae

Philosophi Fragmenta I » , Fragmenta

de M

trimonio , 1915,

p.

367 s .

25. Humbert, o.c, p. 60, observe que cette conception sociale du lien

conjugal est soutenue par la mythologie (Properce, Élégies 3 , 12, 37 ;

Ovide, Tristes 5 , 14 ; Stace,

Silves 3 ,

5 , 47 ) ou illustrée

par

les exemples

historiques

de femmes q ui su iv ent

leur mari

proscrit (Tacite, Hist., 1 ,

3

;

VEIAEIUS

PaTERCUI.US, 2 ,

67, 2

; OVIDE, Tristes 1 , 85 ; PI.INE I , E JEUNE,

Ep.,

7 ,

19,

e t c . ) .

26. R. Orestano, La Struttura

giuridica

del matrimonia

romano,

Milano 1 951, p. 12 s . ; E. Voi/TERRa, « La

conception du

mariage à Rome » ,

RIDA, 3e

série,

2 ,

1955,

p.

365 s .

27 . Humbert, o.c, p. 60-62 ; les écr i vains latins évoquent l e s sacrifices

légendaires

des

veuves hindoues

(Vat^ère Maxime, 4 , 6 ,

2

; Ovide,

Page 32: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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24 INTRODUCTION

v ivant l e souvenir de l'époux

disparu,

l'union

n'est pas

rompue

par l a mort. Le sentiment de la survie de l'âme du défunt, l'espoir

q ue

l e

couple

se

retrouvera

dans l'au-delà,

n'ont pas manqué

de

renforcer

l ' i d é e

q ue

l a

f i d é l i t é

doit

se

traduire

par

un

chaste

veuvage28.

Cette

conception

a trouvé

une

profonde résonance

dans

l e s

sentiments populaires. Les personnages de Plaute29, non moins

que l e s épitaphes funéraires, opposent à l ' i n f i d é l i t é , au divorce

et

au

remariage,

l ' é l o g e

de

Yuniuira30.

La

vertu que

l e s Romains,

de tous l e s milieux, apprécient l e plus chez leurs épouses, c'est

la

f i d é l i t é

conjugale—n mariage

d'abord31. Le

maintien d 'un

Tristes 5 ,

14 ;

Properce,

Elégie, 3 , 13,

23)

;

mais

les

exemples romains

ne sont

pas

moins

sublimes : Po r cia

Minor q ui suit Brutus dans

la mort

(SÉNEQUE, Fragment 7 4 ; MarTiai,, i , 43) ; A r r i a l'Aînée, l'épouse de

Caecina Paetus, condamné pour avoi r conspi ré contr e

Claude,

se tua

la première

en

disant : Paete non dolet : Paetus, cela

ne fait

pas

de mal

(Pi,ine, Ep., 3, 16 ; Tacite, Annales 16, 34 ;

Martial,

i , 14 ;

Dion

Cas-

sius, 60, 16, 16) .

28.

S'adressant aux Mânes de

son époux

Sichée, Didon atteste

par

serment qu'elle

veut

lui

rester

fidèle,

par delà

la mort : VirGUE,

Enéide

4,

29 ; C o r n é l ie ne veut pas su r v i v re à Pompée,

qu'elle

tient à sui v r e dans

le

Tartare

(Lucain,

Pharsale, 5 ,

773-4)

;

la veuve

Charitas, des

Métamor

phoses d'APWÉE, rejoint

son

mari dans

la mort

( 8 , 3 ) .

29.

C istellaria, v. 78-79 : « C 'est

une idée q ui convient

plutôt

à une

dame, ma

petite

Sélénie, de n'aimer qu'un seul homme, et de passer sa

v ie

entière avec

celui à q ui

l'on est liée par le mariage » (trad. P. Grimai,,

p. 316)

Le Marchand,

v. 824 :

«

Ah, s i

seulement

la

l o i était la même

pour

la

femme

et

pour l'homme.

Car

une

épouse,

s i

elle

est

honnête,

se

contente d'un

seul

homme ; pourquoi un homme ne

se

contenterait - i l pas

d'une seule femme

? » (trad. P. Grimai,, p. 517) ; textes

cités par Hum-

bërt, o.c, p. 72.

30. D'après

Humbert,

o . c . , p. 63, près

de

7 0

inscriptions

funéraires

accordent

à

un époux défunt l'éloge

de

n'avoir connu qu'un

seul

mariage.

Sur 55 inscriptions suffisamment explicites pour que l'on puisse recon

naître

leur

origine,

50 ont

é té

apposées par le

conjoint

survivant : par

cons é quent,

i l ne s'agit pas, dans

ces

cas, d'un éloge du

veuvage,

mais

de celui de la

fidélité obse r v é e

en mariage.

31.

Les

expressions

utilisées

varient,

mais

i l

s'agit

toujours

de

féliciter

l'épouse défunte d'être restée

toujours

fidèle au l i t conjugal : nulli dedita

(CIL

6 ,

6976)

;

uno

contenta marito

(CIL 2 ,

78) ; cum

quo uixit a

uirginitate,

(CIL 6, 9810, le

mariage

ayant duré 35 ans) ; unum

a

uirginitate (CIL 6,

7732, morte à 18 ans), e t c . ; c f , Humbert, o.c, p. 64-66.

Page 33: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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REMARIAGE APRES VEUVAGE 25

chaste veuvage32 est apprécié, l u i a u s s i , dans l a

mesure

i l

traduit

l a

volonté

de

rester attaché

à l'époux disparu83.

La

fréquence

des remariages, après divorce

ou

après

veuvage34,

f a i t ressortir

par contraste, la haute conception du mariage,

que l e s Romains de l'époque impériale

surent

maintenir comme

un i d é a l 3 5 .

1 , ' é l o g e

du ma r i ag e u ni q u e

l ' a t t e s t e , à

tous l e s niveaux

de la s o c i é t é . Certains privilèges liturgiques et sociaux sont

réservés aux

veu ves

q ui renoncent à se remarier36.

Les chrétiens ne pouvaient, sans

déchoir, proposer

un idéal

d'ascétisme inférieur à

celui

des moralistes païens. La surenchère

32.

Cinq épitaphes

concernent

des v euv es,

louées pour

ne

s'être

point

remariées :

CIL 9 , 5517

(Italie du

Sud)

rappelle

l e sou veni r d'une mèr e,

morte

à 85 ans, après 30 ans de mariage, suivis de 37 années de veuvage ;

CIL

11, 6281 (Ombrie) loue

une uniuira,

morte à 78 ans ; CIL 13, 2056

(L yo n ) ,

morte à 54

ans, Aemilia

Valeria est restée

veuve 18

ans par pietas

pour ses enfants et ses petits-enfants, q ui lui ont é l e v é le titulus ;

voir

encore CIL

8 ,

7384 et CIL

6 ,

19838.

33. Cette volonté implique un s en time nt , p lu s ou moins profond, relatif

à une survie, la

pensée que

l'âme ne

disparaît pas

à

la

mort,

la

conviction

q u' il ex iste

un

au-delà

et

que

la

séparation

n'est

pas

définitive

; c f . Hum-

bert,

o.c,

p. 69.

Parmi

les inscriptions

relevées

par l'auteur et

affirmant

l'idée

que

l'union

conjugale

n'est

pas interrompue par

la

mort

de l'époux,

12 sont apposées par un veuf, 12 par

une

veu ve. Dans 28 cas, un

conjoint

veuf exprime l e souhait de ne pas se remarier, mais de rejoindre dans la

tombe le

p r é d é c é d é. Ces chiffres

correspondent

à un

dépouillement

de

25 000 inscriptions ; c f . Humbert, o.c, p. 109.

34. Ibid., p. 76-112.

35. Cet idéal est celui d'un engagement

éternel,

d'un aeternum foedus

(CIL 6 , 30111a)

:

l'union persiste

malgré la mort du

conjoint, car le

lien

du

mariage

demeure

toujours.

Dès lors

i l

est i nter di t

au

survivant de

violer la fidélité conjugale et i l lui incombe le devoir de rester dans un

veuvage chaste jus qu 'à

sa mort.

Cf. CIL 6, 25427

(Rome) ;

. . .

Haec e s t sancta fides, haec sunt

fel icia nota,

amplexus

uitae

r e dd er e po st obitum

;

(Humbert, o.c,

p.

71).

36. La prescription d'un

mariage

unique est requise

pour quatre cultes

féminins,

celui

de la Fortuna Muliebris,

celui de la Mater

Matuta, celui

de

la

Fortuna Virgo, celui, enfin, de

la

Pudicitia Plebeia ; c f .

Humbert,

o.c, p. 42-50. Les

uniuirae

possèdent encore d'autres privilèges relatifs

au culte

de Venus Verticordia,

et aux divers

cultes de

Junon ; i b i d . , p.

50-

57.

Notons

enf in q ue,

dans la

conclusion

du mariage romain,

la

dextrarum

iunctio est op é r é e par

une

matrone pronuba (quae ante nupsit et quae

uni tantum nupta e s t , Serv1us, ad Aen.,

4 ,

166), q ui intervient comme

auspex, comme

le signe même, le

présage

favorable d'une union perpétuelle

et unique ; c f . Humbert,

o.c,

p. 35-36.

Page 34: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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26 INTRODUCTION

déclenchée en

ce

domaine, dès l a f i n de l a

République, se

renforce

dangereusement, tout au

long des t r o i s premiers

s i è c l e s

de l'ère

chrétienne,

du

f a i t

des

tendances

gnostiques,

partout

diffuses.

Qu'il

s u f f i s e d'é vo quer

i c i , au moins à gros

t r a i t s , l e s principales

poussées de l'encratisme paléochrétien ; i l n'est

pas uniquement

l e f a i t de sectes hérétiques, mais i l a trouvé une large diffusion

dans l e s communautés de toute tendance

et pouvait

s'accompa

gner de

l'orthodoxie doctrinale

l a plus

ferme37.

Le problème

des secondes noces après veuvage ne constitue q u ' u n aspect

particulier d'un

débat

infiniment

plus

vaste, où sont aux prises,

dans

toute

l a

chrétienté,

l ' i d é a l

de

l a

continence

absolue

et

l'institution même du mariage.

I l est pratiquement

impossible

de déceler l e s origines exactes

du

mouvement,

que

l'on

découvre,

déjà vigoureux, dans plusieurs

milieux judéo-chrétiens marginaux,

dès

l e I e r s i è c l e 3 8 . Une

influence de type gnostique

semble

s' y exercer, de

très bonne

heure

;

e l l e

donne un

substrat

métaphysique

à

des aspi r ati ons

ascétiques

exacerbées

par l a perspective de l'irruption immi

nente

des

derniers

temps.

Vers

l e

milieu

du

1 1 e

s i è c l e ,

c'est

l'influence de Ma rc ion ( |

160)

q ui

devient

prépondérante :

dualisme biblique, paul i ni sme e xa gé r é se conjuguent chez l u i à

des

conceptions dualistes héritées, par l'intermédiaire de Cerdon

( f 144), de

l a gnose

syriaque39. S ' i l rejette l e mariage, parce qu'il

est l'œuv re du

dieu

de l'Ancien

Testament

( l e démiurge,

le

dispensateur de l a l o i mosaïque, l'adversaire du D ieu d'amour

du

Nouveau

Testament), Marcion n'est pas indemne de conta

minations

gnostiques.

Ses

disciples

accentueront

encore

son

dualisme. La matière est l e principe de

tout

mal ; l a chair est

37.

Outre

les

ouvrages

signalés plus

haut ( p .

16, a.

9 ) , on

pourra se

reporter à F. Marïinez, L'ascétisme chrétien pendant l e s trois premiers

siècles

de

l'Église,

Paris 1913 ; M. MùtLER, Die

Forderung der Ehelosigkeit

fur a i l e

Getauften

in der

alten

Kirche,

Leipzig 1927

;

H.

Koch, Quellen

z ur Geschichte

der

Askese und

der

alten Mônchtums,

Leipzig

1933 ; G. Bi,ond

«

Les encratites et

la v ie mystique » dans Études carmélitaines,

1951, p. 117-

130

;

B.

KôTTing,

Der

Zôlibat

in

der

alten

Kirche,

Munster

1970.

38. PETERSON, a r t . c i t . , p. 214 ; H. Braun, Spatjiidisch-hàretischer

und friihchristlicher

Radikalismus,

Tiibingen 1957.

39. A.

von

Harnack,

Marcion, 2e

éd., TU 45, 1924 ;

E.

C. Bi,ackmanx,

Marcion

and his

Influence, London

1948.

Page 35: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 35/238

REMARIAGE

APRÈS

VEUVAGE 27

mauvaise et

source du péché ; ce q ui l a multiplie ne saurait être

bon. I y e mariage est

condamnable, puisqu'il

est œuvre de

chair

et

propage

l a

vie

charnelle

;

i l

importe

de

s'en

abstenir , afin

de mettre en échec l'œuv re du démiurge, qui règne sur ce monde

mauvais. Les sectes marcionites exigent l a co nt in en ce ab solue

de leurs adeptes40

;

e l l e s

n'admettent

au

baptême q ue

des

céliba

t a i r e s ,

ou des gens

mariés

q ui s'engagent à renoncer définitive

ment aux relations conjugales41.

A en juger d'après l e s nombreuses réfutations q u ' i l

a

suscitées,

l e marcionisme se répandit rapidement à travers tout l'Empire.

A la

même

époque,

sur

l a

frontière

orientale, et

bien

au-delà

de cette frontière,

l e christianisme

d'expression araméenne

apparaît

fortement

marqué

par

l e s conceptions

ascétiques.

Une

abondante

littérature

apocryphe

attribue

aux

premiers

missionnaires

l'enseignement

de

la continence absolue. Dans

l e s Actes de Thomas, par

exemple,

l e thème des ser v itudes

conjugales occupe une place importante ; l e message chrétien

opère l a

libération

de tous l e s inconvénients

l i é s au

mariage42.

Pour

ceux

q ui

ne

sont

pa s e nc or e

engagés

en

ses

l i e n s ,

l a

pratique

de la

virginité

assure une entière liberté et garantit l'accès

aux

noces célestes

avec l e

Christ, l e

véritable époux

de

l'âme.

Quant aux gens mariés, i l s s'efforceront, du moins,

de

renoncer

aux relations conjugales43.

A travers

des

épisodes q ue

l'imagination des

auteurs

renouvelle

à

l o i s i r ,

l e s

préceptes encratites imprègnent une foule

de romans

pieux, dont l e s Actes de Paul sont l e plus célèbre. Tertullien

40.

Au témoignage d'iRENÉE,

Adv.

Haer., 1 , 26 ;

d'HiPPOi,YTE,

Refut.,

7 , 29 ; 10, 19 ; deTERTUWEN, Marc, III, 11 ; IV , 21 ; Res.,

4

;

d'EusÈBE,

H.E.,

IV,

29,

2 .

41. TERTTCUEN, Marc, I , 29 ; IV, 34.

42.

G. Bi,ond, « I/encratisme

dans

les

Actes

de

Thomas

» , Recherches

e t Travaux, Angers 1946, p. 5-25 ; A. VôôBUS, History of Asceticism in the

Syrian

Orient,

t .

I ,

Louvain 1958 ; t . I I , i960 ; A. F. J.

Kwjn, «

Das

Thomasevangelium uad

das altsyrische

Christentum » , Vigiliae

Christia-

nae 15,

1961,

p.

146-159.

43. Actes

de

Thomas 12 ; 88 ; Actes de Jean 63 ; 113 ; Actes d ' A n d r é. 5 ;

Actes de Pierre

34.

Déjà

apparaît un

thème

que

le Moyen Age

reprendra

fréquemment, celui des fiancés q ui se séparent, avant mêmede

consommer

l e

mariage

; c f . B.

de Gaiffier,

«

Intactam

sponsam

relinquens.

A

propos

de

la v ie

de

saint

Alexis » , dans Analecta Bollandiana 65, 1947, p. 157-195.

Page 36: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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28 INTRODUCTION

nous apprend q ue cet ouvrage avait été

rédigé

par

un

prêtre

d'Asie mineure, q ui pr é tendit av oir agi «

par

amour

de l'Apôtre

et en parfait

accord

avec ses enseignements44 » . Le succès de

cette

littérature

édifiante

dut

être

considérable.

Les

vues

ascé

tiques ainsi

répandues trouvaient une résonance certaine

dans

l e s milieux chrétiens l e s plus

fervents.

Dans l e s régions voisines

de l a Syrie orientale, nombre de communautés imposaient une

profession de continence

totale au

moment

du

baptême, comme

une exigence

de

l a vie chrétienne v écue

en

plénitude45. Le « prince

des

encratites » , Tatien, était originaire de cette contrée ; i l y

retourna

quand

i l eut

renoncé

à

son enseignement romain. Dans

son

é c r i t : Sur

l a

perfection, d'après l a doctrine

du

Sauveur,

i l

présente l e mariage comme une invention du démon, q ui a

perdu nos premiers parents par l e s

séductions

de

l a

chair46.

On

retrouve, dans

ces

vues, certaines interprétations

juives

du

r é c i t de l a

chute,

développées

déjà par

Philon47.

Les perspectives eschatologiques du montanisme primitif

invitaient l e s disciples du Paraclet à s e détacher

des

biens de

ce monde,

à

rompre leur

mariage et

à

embrasser

l a continence48.

Le souci de l a perfection morale y était avi vé par l'attente de

l a prochaine parousie. Cependant,

à mesure

q ue l'enthousiasme

premier

de

l a

secte s'estompe, l e s tendances encratites

s'apaisent.

Lo rs que Tertullien l a r e j o i n t , au début du 1 1 1 e s i è c l e , l e

rigorisme

des origines

semble

se polariser

sur

l a

question des

secondes

noces.

Dans

la

seconde

moitié du 1 1 e s i è c l e , l e s tendances

ascétiques

prennent un

nouveau départ dans

l a

plupart

des

écoles

de

philosophie, même chez l e s s t o ï c i e n s , q ui voient

pourtant

dans

44.

Tertuluen, Bapt.,

17.

45. A. VÔÔBUS, Celibacy. A requirement for Admission t o Baptism, Stock

holm

195

1 .

46. Clément d'Alexandrie, Strom.,

III,

49 ; 80 ; Jérôme, Adv.,

Jovinianum I , 3 .

47 .

De

opificio

mundi

151

;

c f .

Clément

d'Alexandrie,

Strom.,

III,

91

; 103.

48. P. de IyaBRioLLE, La crise mo nta ni st e, P ar i s 1913 ; H. Kraft,

»

Die

altchristliche Prophetie und die Entstehung des Montanismps » ,

dans Theologische Zeitschrift 11, 1955, P- 249-271.

Page 37: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 37/238

REMARIAGE

APRÈS VEUVAGE 29

la

sexualité

une donnée première

de la

nature49.

Épictète

déclare

que l e cynique, l e

philosophe par

excellence, s'interdit l e mariage

et

l a

procréation

«

afin

d'être

tout

entier

au

service

de

l a

divi

nité50

» . Les

pythagoriciens

recommandent

l ' e f f o r t

ascétique

comme

un moyen de s e

pr épar er à la

révélation divine et à

la

communion avec

Dieu ;

l a continence totale

f a i t partie

de

ce

programme.

Les spéculations des platoniciens

sur

l'origine

de l' âme, sa chute dans l e

monde

corporel, son ascension puri

ficatrice vers l e Principe, s'accompagnent de

préceptes

d'ascèse

à

l'intention des «

parfaits51

» .

C es tendances,

q ui

rajeunissent

l ' i d é a l

philosophique

de

l a

modération

( e g k r a t e i a ) ,

en

l u i

infusant

l e s aspirations mystiques

d'une

r e l i g i o s i t é inquiète, ont

contribué,

pour leur part, à exalter l ' i d é a l de l'abstinence sexuelle l i é à

l ' e f f o r t moral, couronné

par

l a contemplation divine. Pour

Porphyre ( f

305),

l a

continence

est

l e

gage assuré de l'incorrup

t i b i l i t é ; s'abstenir de tout

rapport

charnel est

l ' i d é a l

de

tous

ceux « q ui

ont

chassé l e sommeil de leurs yeux » , l e

chemin

l e

plus sûr pour atteindre l a perfection52. Des vues similaires

s'expriment,

un

s i è c l e

plus

t ô t ,

dans

l e s

Sentences

de

Sextus,

une

collection païenne,

remaniée,

dans l e s dernières

années du

1 1 e

s i è c l e ,

par un chrétien53. Elles

s'étalent

largement dans

l 'œuvre d'Origène ( f 254),

q ui

appartient

à

l a

génération

q ui

suit

c e l l e de

Tertullien.

Pour

l e

docteur

alexandrin, l e propos

de virginité permet

d'accéder à une condition éminemment s p i r i t u e l l e 5 4 . L'absti

nence sexuelle opère l a libération des attaches terrestres l e s

plus

tenaces55

et

pr é par e l 'âme

de

l'homme

à

s'approcher

de

Dieu,

q ui est Esprit50.

La

virginité

préfigure

l a vie c é l e s t e ,

49. J. STEMENBERGER, Die Beziehungen der frûhchristlichen Sitten-

lehre z ur Ethi k der Stoa, Munich

1933.

50. ÉPICTÈTE III, 22, 69.

51. PhuostraTE, Vita Apollonii I , 13.

52. P i,oTi n,

De abstinentia I , 27 .

53.

H. Chadwick,

The

Sentences of Sextus, Cambridge 1959.

54.

H.

C rouzei,,

Virginité

e t

mariage

selon

O r igè ne, P ar is

1963,

p.

116

s .

55. Le

thème de la libération des passions

par l'ascèse

n'est pas

inconnu

des

écoles

philosophiques ; c f .

A.-J. FestitgièrE,

La révélation de

Hermès

Trismégiste I I , Paris 1949, p.

270-309.

56. Hom. in Num. 6 ; Hom. in Lev., 9 .

Page 38: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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30 INTRODUCTION

où l e

mariage

est

aboli

; 5 7 e l l e

restaure

l a

condition paradisiaque,

antérieure à l a chute88. Pratiquer

l a continence, c ' e s t

aussi

imiter l e Christ et se préparer aux Noces de

l'Agneau69.

Dans

l a

perspective

origénienne,

la

perfection

de

l a

vie

spiri

tuelle est symbolisée par l ' i n t é g r i t é de l a vierge, l e s degrés

inférieurs

et l e monde

du

péché par la perte

de

cette intégrité60.

I l va

sans

dire q ue ces

comparaisons,

dont l e s présupposés sont

bibliques, tant pour décrire

l'union

de l' âme à Dieu q ue pour

é v o quer l e s avatars de l ' a l l i a n c e entre

Yahweh

et l e peuple

d'Israël,

ne

laissent

pas de

déprécier

l e s

r é a l i t é s charnelles

de

la

vie conjugale. S i Origène, incontestablement,

voit

dans l e

mariage

une

institution

bénie

par

Dieu61,

ordonnée

à

l a

procréa

tion,

indispensable à l a c i t é ,

i l

n'en

considère

pas

moins

l e

mariage comme un remède

à

l a concupiscence, et l e remariage

comme une concession extrême à l a faiblesse humaine, un remède

honteux, dont i l

e s t humiliant

d'avoir

à u s e r 6 2 . Origène ne

croit

pas

q ue l e Saint-Esprit s o i t

présent

aux relations conju

gales63

; i l

déclare toutefois q ue l e s époux, unis par Dieu, pos

sèdent un

certain

charisme64.

Mai s

ce charisme

n'existe

que

dans

l e mariage chrétien, «

lorsque tout

y est paix, accord,

har

monie66 » . De mariage entre chrétiens et non-croyants n'a pas

cette

dignité,

mais s i

l ' i n f i d è l e

c r o i t , i l

commence à

recevoir

l e charisme66.

O r igène a parlé des secondes no ces d'une manière q ui a pu

prêter à

méprise. « Ceux q ui

se sont

mariés deux

f o i s , déclare-t-il

dans l'homélie XVII sur

l'évangile

de Duc, malgré leur

bonne

conduite et leurs autres vertus, ne font pas partie de l'Église

57 . Fragm. in

Rom.,

29.

58.

Hom. in Gen.,

3 , 6

; Comm. in

Cant., 2

; De

o r a l . , 25, 3 .

59.

Comm. in Joann., 1 , 1 .

60. Fragm. in

I Cor., 29,

publié

par C.

JenkinS dans /. ThS. 9 , 1908,

p. 37° ; voir le commentaire de C rouzei,, o.c, p. 64.

61. Fragm.

in 1

Cor., 43 ; Comm. in Matth., XIV,

1 .

62.

C ro u z e i, , o.c, p. 200-208.

63.

Hom.

in Num.,

6 ,

3

;

Hom.

in

Lev.,

12,

4 .

64.

Comm. in Matth.,

XIV,

16.

65.

Fragm. in

I

Cor.,

34

; c f .

JThS

9 ,

p. 503.

66. Ibid., c f . fragm., 36 : Origène y affirme que le

chrétien

est soui ll é

par l e conjoint païen (bebàloutai) ;

c f . TERTUWJEN,

Vx.,

II, 2 , 6.

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7/25/2019 A Son Épouse

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REMARIAGE APRES VEUVAGE 31

de Dieu

ni du

nombre de

ceux  

q ui

n'ont

ni tache

n i ride ni

aucun défaut de cette

sorte

  (Éphés. 5 , 2 7 ) , mais i l s sont placés

au

second

rang,

avec

« ceux

q ui

invoquent

l e

nom

du

Seigneur

»

( I Cor. 1 , 2 ) et q ui sont sauvés au nom de Jésus-Christ, sans

être

po ur t an t c ou r on né s par

l u i 8 7

» .

Origène oppose

i c i

l e salut

de ceux

q ui se

sont remariés,

à

l a

couronne

de g l o i r e ,

plus resplen

dissante,

que

recevront « l e s parfaits » , ceux q ui ont gardé l a

virginité

ou au

moins

un

chaste veuvage.

I l ne

condamne

pas

l e remariage,

puisqu'il

dit expressément

q ue

ses

sectateurs

parviennent au

s a l u t , sans pouvoir atteindre cependant l e

degré

supérieur

de

la

béatitude.

Ce

n'est

qu 'une

allégorie

des

r é a l i t é s

s p i r i t u e l l e s , dira-t-on. Certes, mais l e s termes

de

la comparaison ne

se chargent-ils

pas du

même

coefficient

dépréciatif

? Du

r e s t e ,

l o r s q u ' i l

passe de

l ' a l l é g o r i e

aux

r é a l i t é s

concrètes,

Origène

ne f a i t pas

mystère

de

ses préférences.

Pour l e docteur alexandrin, l e remariage est une imper

fection ; i l est l e signe q ue l'on n'a pas dominé ses

passions

;

i l marque

l'abandon

de

l a

sobriété

(sophrosunè)

; i l n'est pas

conforme

à

l a

nature

d'Adam,

q ui

fut

monogame.

Commentant

la

Première aux

Corinthiens,

Origène

développe

un argument

que nous retrouverons chez Tertullien.

Certes,

l'Apôtre autorise

l e remariage ; i l vaudrait mieux d i r e , toutefois, q u ' i l ne va pas

jusqu'à

l e s

interdire

absolument.

Les

proscrire, comme

l e

font

certains hérétiques, serait trahir

sa

pensée.

Mais i l

est

aisé de

constater q ue l'Apôtre assortit son autorisation de reproches

assez durs. «

Vois

s i

ce

n'est pas déjà l e s accuser q ue de dire

q u ' i l s

ne

peuvent

garder

l a

chasteté,

quand

s'adressant

à des

chrétiens,

i l

leur dit :

Mieux v aut

se

marier q ue

de

brûler ( /

Cor.

7 , 9 ) . Par

ce

mot :  

brûler   , i l

désigne l a concupiscence

de

l a chair,

que

l e

Logos ne

parvient pas

à éteindre, mais q ui

domine l'âme du pécheur. Pour nous, f i d è l e s à l ' enseignement

de l'Apôtre, nous n'empêchons pas l e s secondes

noces,

car

e l l e s

sont

préférables

à

l'incendie.

Mais une chose peut

être meilleure,

par comparaison au mal, sans

être bonne,

cependant68 » .

67 . Voir l e commentaire de Crouzbl, dans l'édition de l'ouvrage parue

dans S.C.

87, p. 262.

68. Fragm.

in

I

Cor., 35 (JThS

9 ,

503) ; c f .

TKrtUU,IEN,

Vx.,

I , 3.3.

Page 40: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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32 INTRODUCTION

A

l ' i n s t a r de

Clément d'Alexandrie, Origène semble ne voir

dans

l e remariage q u ' u n exutoire à la concupiscence. Fidélité

à

la

tradition

paulinienne ?

I l

y

a

aussi

l'influence

de

l a

tradition

philosophique. C e l l e - c i se traduit dans

une

indifférence

affectée

pour l e s r é a l i t é s é conomi ques du mariage

et

dans l'ignorance

délibérée

des considérations

humaines q ui peuvent j u s t i f i e r ,

voire commander, une nouvelle union

: l e s d i f f i c u l t é s matérielles,

l'éducation

des enfants,

l e besoin

d' un compagnon dans ses

vieux j o u r s . . . Les moralistes de profession

du

monde gréco-

romain, païens et chrétiens,

s'adressent

en priorité

à

des milieux

privilégiés

par

la

naissance

et

l a

fortune.

La

l o i

du

genre

et

l e s

habitudes

l i t t é r a i r e s

leur interdisent,

comme

une faute

de

goût,

de rappeler avec insistance l e s humbles

r é a l i t é s

de la

vie conjugale

ou de leur accorder une place prépondérante, aux dépens

des

réalités

s p i r i t u e l l e s .

C'est ainsi qu' O r igène admet q u 'on l a i s s e

croire aux v eu v es qu'elles pécheraient en se remariant ; c'est

une

tromperie,

mais e l l e

leur

est u t i l e ,

puisque l e s secondes noces

l e s

feraient

déchoir de

l a

perfection69.

La

sévérité

dont

Tertullien

poursuit

l e s

se con de s noces

n'est

pas,

on

l e v o i t , un phénomène

unique, à

mettre

au

compte

d'un

caractère

outrancier. La

tendance r i g o r i s t e , q ui s'exprime dans

YAd uxorem, a été fort répandue dans l'Église

paléochrétienne

;

e l l e s ' e s t exercée non seulement

contre

l e remariage mais, d'une

manière plus

radicale,

contre

l e s

r é a l i t é s

mêmes

du mariage

et de l a vie conjugale.

La doctrine

patristique

et

l a législation

ont

réagi contre l e s

excès

de

certaines

sectes

hérétiques,

q ui

condamnaient

absolu

ment l e s

secondes

noces. Mais

l'une

et l ' a u t r e ,

en

Orient surtout,

restent marquées

par

l e s tendances r i g o r i s t e s .

Si

l e s Pères de

Nicée (325) imposent aux novatiens réadmis

dans

l'Église de

ne pas mépriser l e s remariés70, l e concile de

Néocésarée impose

une pénitence au

conjoint

remarié

et refuse à ce mariage la

participation du prêtre71. «

S ' i l

y

a deux Christs,

q u ' i l

y

a i t

aussi

deux hommes et deux femmes, é c r i t Grégoire de Nazianze

;

69.

Hom. in

Jerem., 19, 4

;

Cf.

TERTUI.UEN,

Vx., II,

1 , 2 .

70. C.

8

; c f . Gaudbmet, o.c, p.

546-548.

71. C. 3 et 7 .

Page 41: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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REMARIAGE APRÈS VEUVAGE 33

mais i l

n' y a q u ' u n Christ,

une seule tê te de l ' É g l i s e ,

et

i l ne

doit y avoir q u 'une seule chair. Puisqu'une seconde

épouse

est

défendue,

que

dire

d'une

troisième

?

Une

première

c ' e s t l a

l o i

;

une

seconde,

c ' e s t tolérance

et

indulgence

; une

troisième, c ' e s t

iniquité.

Quant à

celui qui dépasserait ce

nombre,

ce

sont

mœurs

de

pourceaux72

» . Cette

opinion a

prévalu, en Orient, sur

c e l l e ,

plus indulgente,

de

saint Jean Chrysostome73 et d'Épiphane

de Salamine. Polémiquant contre

l e s

novatiens, hostiles aux

secondes noces, Épiphane rappelle / Cor. 7 , 39, et i l conclut :

« I l

n' y a aucune raison

pour

limiter

ce

q ue l'Apôtre

ne

limite

pas,

ni

de

restreindre

l e

droit

q u ' i l

reconnaît

à

la

veuve.

Quant

son mari est mort, e l l e peut se remarier

;

et ceci reste v r a i ,

chaque

f o i s qu'elle

dev ient v euv e.

Ses

mariages

successifs

seront «

dans

l e

Seigneur

» , s i e l l e observe dans sa conduite l e s

préceptes du Seigneur

et

l e s vertus de son état74 » .

L'Occident

ne s ' e s t pas r a l l i é non plus aux

thèses

de

Tertullien.

Certes,

Ambroise, Augustin

et Jérôme

déconseillent l e s secondes

noces, mais

i l s

ne v ont pas jusqu'à l e s

interdire.

I l s allèguent

à

leur

tour,

l e s

arguments

q ue

l e s

moralistes

de

l a

Rome

classique

av ai ent dé v el oppé s à l'envi : l e s conflits occasionnés par une

nouvelle union, notamment entre l e s enfants du premier Ut

et ceux du second

conjoint

;

l e s devoirs

de

l a f i d é l i t é

conjugale,

au delà

de la

mort.

I l s reprennent l e s

considérations

générales

chères à la morale paléochrétienne : la supériorité et l e s avan

tages du veuvage, l a supériorité et l'éminente

dignité de

la

continence. Mai s i l s

se gardent bien

de confondr e l e précepte

et

l e

c o n s e i l ,

comme

Tertullien

devenu

montaniste

;

i l s

recon

naissent l a légitimité

des secondes

noces, et même leur opportu

nité

en

certains c a s , par exemple

pour

assurer la

direction du

foyer

et

l a défense de ses intérêts matériels76.

Est-ce

à

dire q ue l e

pessimisme a vec lequel

l e docteur

africain a

72.

Oratio

37 ;

BaSHK

tolère secondes et troisièmes

noces,

mais au

prix

de

pénitences de

durée croissante et i l qualifie

de

polygamie

des

mariages

plus

nombreux

:

ep.,

188,

4 ,

cité

Gaudemet,

p.

546.

73. Jean Chrysostome, Hom. de libella repudii,

n.

4 ,

PG

51, 223.

74.

Adv.

Haer e ses, haer. 59, n. 4 , PG 41, 1025.

75.

Ambroise,

De uiduis

; Augustin,

De bono

uiduitatis ;

Jérôme.

Contra Jouinianum 1 ; ep.

49

(48) et 123 ; c f . Gaudemet, p. 547.

Page 42: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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34 INTRODUCTION

envisagé

l e s

r é a l i t é s

du mariage n'a

pas

marqué

la

tradition

occidentale

?

S ' i l est d i f f i c i l e d'évaluer l'influence de ses é c r i t s ,

c e l l e - c i

ne

peut être

niée

; c e r t e s ,

l e s citations expresses

de

Y

Ad

uxorem

sont

pratiquement

inexistantes

dans

l a

patristique

l a t i n e , mais saint Jérôme

s ' e s t

librement inspiré de plusieurs

passages

de cette œuvre,

afin de

détourner

ses correspondants

de

tout

projet

matrimonial76.

Et qui

dira

l a part de

Tertullien

dans l'atmosphère de défiance et de suspicion répandue en

Occident à l'égard des « biens

de maryage » 7 7

?

76. Notamment en ep., 22, 17 ; 54,

7 et 15

; 123, 7 ( c f . Vx., I , 6)

et

11

( c f . Vx.,

I , 2 ) .

77.

Prrisker, o.c, p. 197-200 ;

248-260. Il est

plaisant

de

voi r

com

ment Jérôme, q ui ne se fait pas faute de plagier Tertullien, se démarque

de lui

dans

VAdversus Helvidium, 17, en

l e

traitant d 'hé r ét i q u e : « non

fuisse ecclesiae hominem » (PL 23, 201

B) .

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7/25/2019 A Son Épouse

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III

LE PROBLÈME DES MARIAGES MIXTES

La question

des

secondes

noces

après

veuvage,

q ui

f a i t

l'objet

de YAd uxorem I , a occupé

une

place relativement importante

dans l e s débats

de

morale

conjugale de

l'Église ancienne

;

e l l e

se rattache, en e f f e t , à des discussions

fondamentales

sur

l a

légitimité du mariage comme t e l et sur l a nécessité

de cultiver

l'ascétisme

sous toutes

ses

formes,

notamment

par l e renonce

ment

aux

relations conjugales. Le

lecteur

moderne a

q ue l q ue

peine à

concevoir qu'une

décision

de pur e

convenance

person

n e l l e ,

comme

l e

remariage

des

veufs,

a i t

pu

être

l'objet

d'attaques

aussi résolues de l a part de Tertullien. Mais

l e

docteur a f r i c a i n ,

nous

l'avons v u,

s ' i n s c r i t

dans un

mouvement large

et puissant,

dont

l e s e f f e t s

sont encore

perceptibles,

en Orient

du moins,

jusqu'à

la

fin du

premier millénaire1. En

Occident, l a question

du remariage après veuvage, ne f a i t

plus

problème depuis des

s i è c l e s .

En revanche, l a q uesti on des

«

mariages mixtes » , dont traite

l e

deuxième

livre

de YAd

uxorem,

n'a

rien

perdu

de

son

a c t u a l i t é 2 .

Certes, l a pratique

canonique et pastorale a procédé récemment

à

une

très

nette libéralisation

en

matière

de «

mariages mixtes

»

proprement d i t s ,

c'est-à-dire quand

i l

s ' a g i t d' uni ons entr e

chrétiens de

confessions

différentes. Mai s l e s unions

en «

disparité

de culte » , entre catholiques et f i d è l e s de religions non chrétiennes

ou entr e cathol iq ues

et non-croyants,

demeurent l'objet des

1 .

K.

RlTZER,

Le

mariage

dans

l e s

Églises

chrétiennes,

Paris

1970,

p.

163-

166.

2 . L'ouvrage

de

base concernant les mariages

mixtes

de l ' épo q u e

paléochrétienne

demeure celui

de

J . Kôhne, Die

Ehen Zwischen

Christen

dun Heiden in den ersten christlichen Jahrhunderten, Paderborn 1931.

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7/25/2019 A Son Épouse

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36 INTRODUCTION

plus vives

préoccupations ;

en e f f e t , aussi bien dans l e s jeunes

chrétientés d'Afrique et d'Asie

q ue dans l e s

communautés

chrétiennes, de plus en plus minoritaires au sein du néo-paga

nisme

européen

ou

américain,

l e s

d i f f i c u l t é s

de

tout

ordre

liées

à

ce type d'unions renaissent indéfiniment. C'est

dire que

l e s

observations consignées

par

Tertullien

dans

YAd uxorem

II

demeurent toujours valables, car e l l e s sont

s a i s i e s

au v i f des

r é a l i t é s quotidiennes

des

couples dispars.

Le

droit romain classique

ne

connaît pas d'interdiction de

mariage

pour

l e motif de

religion

; i l en

va

de même en droit

hellénistique et dans l e s c i t é s

du Proche-Orient, où

l a religion

chrétienne

fut

appelée

à

se

propager. La

tradition

juive,

au

contraire,

de

longue

date,

s ' é t a i t

montrée hostile

aux unions

entre l e s

f i l s

d'Israël et l e s

«

f i l l e s de

Canaan3 » . « Garde-toi,

mon f i l s Jacob, recommande Rébecca, au Livre des Jubilés,

garde-toi de prendre une épouse parmi l e s f i l l e s de Canaan,

car

toute

cette

race

doit être exterminée

de

l a face

de

l a t e r r e 4 . »

La crainte

des

contaminations idolâtriques

et

des dé vi ati ons

morales l i é e s

à

certains

cultes païens fonde cette répugnance.

L'affrontement

du

judaïsme

à

l a

civilisation

hellénistique

à

partir

du

1 1 1 e s i è c l e

avant

Jésus-Christ, l a

guerre

contre

l e s

Séleucides,

l'opposition pharisienne

à

la dynastie

des

Asmonéens,

l a domination romaine, ne firent qu'intensifier l e processus.

Les

épreuves

du

I e r

et du

1 1 e

s i è c l e

et

l e s deux

guerres

juives

ont conduit l e s chefs spirituels de l a nation à r enfor cer à l ' e x

trême l e s mesures de protection du judaïsme : l'interdiction

des

mariages

mixtes constituait l'une des pl us r i gour euses et

des

plus

e f f i c a c e s 6 .

Les

premières

communautés

chrétiennes

ont hérité de

l a

tradition

juive

l'horreur du paganisme et la

crainte des

contaminations

idolâtriques. Dès

l e s

origines, l e

mariage d'un chrétien avec

un

païen dut susciter l e s plus graves

réserves.

Et

s i

l e s é c r i t s

du

Nouveau Testament ne connaissent

3 . Mal. 2 , 11 ; Tob. 4 ,

12

;

Sag.

3 , 13-14 ; 12, 5 ; 14, 23-24 ;

Sir.

23,

16-27,

e t c -

4 . Jub.,

20,

4 ; c f .

30, 7-1

1 ;

41, 2

; Testament de

L é v i

9 , 10

;

Josèphk,

Ant. iud. VIII, 191 ; Phii,on, De spec. l e g . , 3 ,

29.

5 .

Les textes talmudiques

sont

rassemblés dans STRaCK-Bn,t,ERBKCK I I ,

P- 372-394-

Page 45: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 45/238

MARIAGES

MIXTES

37

pas

d'interdiction à l'encontre de t e l l e s unions, n'est-ce pas,

précisément,

parce

q ue

l e s f i d è l e s

ont eu tellement à cœur de

les

éviter,

q ue

l e s

chefs

des

communautés

n'ont

pas

eu

à

en

inculquer l a règle ?

Normalement, l e s

chrétiens devaient se

marier

entre

eux.

Les préceptes

donnés

par saint Paul aux

Corinthiens concernent essentiellement des unions entr e chr é

tiens ; e l l e s devaient être

l a

grande majorité.

Mais, à C or i nthe même, se pose l e cas d'unions préchrétiennes,

dont l'un des conjoints s ' e s t converti ensuite. Faut-il l e s mainte

nir ? A

quelles

conditions ?

Puisqu'il n'existe

pas de

parole

du

Seigneur

s'y

rapportant,

Paul

va

légiférer

lui-même

à ce

sujet, en ve rtu de son autorité apostolique. I l envisage

succes

sivement

deux hypothèses :

d'abord

c e l l e où l e conjoint non

croyant consent à cohabiter

avec

l'époux devenu chrétien,

puis

c e l l e

où i l

décide

de

l e quitter. Dans l e s

deux cas

l'Apôtre

règle l'attitude de

l a

partie

chrétienne

sur

c e l l e du

partenaire

non

chrétien, à q ui

seul reviendra l ' i n i t i a t i v e de

l a

séparation.

Paul

f a i t

dépendre

l e

maintien

du mariage de l a seule volonté

de

l'époux

non

croyant,

mais

i l

v e i l l e ,

en même

temps,

à

ne

point

imposer

au chrétien

de

contrainte insupportable. C e dernier

doit

être prêt

à

maintenir la

vie commune, mais s i

l e conjoint

païen

décide de se

séparer,

l'Apôtre l u i

en

reconnaît l e droit :

l'époux

chrétien

doit consentir à l a séparation ;

s i l

prétendait

maintenir

l e

mariage à tout

prix, fût-ce

dans la

pensé e de

« sau

v er »

l e

conjoint, c'est-à-dire de l'amener à l a

f o i ,

ce serait l à

une

prétention abusive,

aux yeux de l'Apôtre. En

e f f e t ,

quels

f r u i t s spirituels

peut-on

espérer

d'une

union

maintenue

contre

l a volonté de l'un des partenaires ? « D i eu v ous a appelés à

vi vre dans la paix6 » , rappelle saint Paul, q ui lève a i n s i l e s

objections de l a partie chrétienne, soucieuse du bien spirituel

de

son

conjoint.

I ^ a réponse de l'Apôtre met en r e l i e f l'importance primordiale

du consentement des époux dans l'institution matrimoniale

et

l e mai nti en de la

vie commune.

Pour saint Paul, la

volonté

conjointe

de

cohabiter

pacifiquement

constitue

l e

présupposé

6 .

/

Cor. 7 ,

15.

Page 46: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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38 INTRODUCTION

indispensable à

l a réussite des « mariages

mixtes

»

l

vaudrait

mieux dire : des unions devenues mixtes du f a i t de

la

conversion

au

christianisme

de l'un

des

époux.

«

S i un frère a une femme

non croyante

q ui consente

à cohabiter avec l u i ,

q u ' i l ne

la

répudie

pas,

écrit

l'Apôtre. Et s i une

femme

(chrétienne) a

un

mari non croyant qui consente

à

cohabiter

avec

e l l e , qu'elle

ne

l e répudie pas

»

(versets 13-14). Les

motifs sur

lesquels

l'Apôtre fonde sa

décision

ne

sont

pas

explicités

; aussi l e s

commentateurs o n t - i l s

cherché

à l e s dégager du contexte immé

diat

et des

idées-forces

de saint Paul.

L'Apôtre

déclare

que

l e

conjoint

non

chrétien

se

trouve

sanctifié

(hègiastai : au

parfait

p a s s i f )

par son

partenaire chrétien7.

Comme preuve de son

assertion,

i l développe un argument ab

absurdo, dont

l e sens

demeure

discuté. « S ' i l en était

autrement,

v os enfants

seraient

impurs, alors

q u ' i l s

sont saints

»

( v .

14 b) .

On a

rapproché ce

verset

d'une déclaration du

Talmud de

Baby-

lone, d'après laquelle, s i une prosélyte était enceinte, son enfant

n'aurait pas à être baptisé à sa

naissance, car

l e

baptême

de

l a

mère

v aut

aussi

pour

l ' e n f a n t 8 .

Mais

l'Apôtre

s o n g e - t - i l ,

dans

l e passage en question, aux enfants né s de

«

mariages mixtes

» ,

aux enfants

nés

de

mariages

chrétiens ou à

ceux q ui

sont déjà

né s

av ant la conversion

des époux ?

Du

r e s t e ,

l e s enfants des

chrétiens recevaient-ils l e

baptême,

dès cette époque ? Était-il

déjà considéré comme nécessaire pour être admis dans l'Église ?

Aux yeux

de l'Apôtre,

l'appartenance

des par ents ou de

l'un

deux

seulement, au

Co rps du

Christ ne

s u f f i s a i t - e l l e

pas à

ratta

cher

leurs

enfants,

au moins

indirectement,

à

l'Église

?

L'Apôtre

n'explicite pas

sa

pensée

sur

l a manière

dont s'opère

l a sancti

fication

de s enf an ts ; i l l a

suppose

connue

de

ses

interlocuteurs9.

7 .

I Cor. 7 , 1 4 .

8 . Jebamoth 78a.

9 .

Pour

J .

DatrvmiSR,

Les temps

a p o s t o l i q u e s ,

Paris

1970,

p .

406,

«

saint

Paul s'oppose

à

l a conception j u i v e , beaucoup plus r i g o r i s t e ; e l l e

ne considérait l e s enf ants des prosélytes comme conçus dans l a   sainteté  

l é g a l e ,

q ue

s i

leur père e t leur mère étaient tous

deux

passés

au

judaïsme » .

Mais cette opinion f u t - e l l e l a seule professée, même à l'époque tannaïte ?

Page 47: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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MARIAGES MIXTES

39

Mais i l faut avouer q ue l e raisonnement analogique élaboré à

partir de

ces

prémisses n'est pas d'une clarté

aveuglante.

Un

point

demeure

acquis,

cependant

:

de

même q ue

l e s

enfants

(même

non baptisés) de chrétiens sont rattachés

à

l'Église par

l'intermédiaire de

leurs parents, ainsi

l e

conjoint non

croyant

est

déjà sanctifié

«

objectivement

» ; i l

appartient déjà, dans

une

certaine mesure, au Co rps du Christ q ui est l ' É g l i s e , puisqu'il

est uni à la personne de son conjoint chrétien, q ui appart ie nt à

ce

Corps

en plénitude. I l

l u i reste

toutefois

à dev enir

pleinement,

par

une adhésion personnelle, ce q u ' i l est déjà

selon

l a figure,

l'espérance,

l a

promesse.

Paul,

en

e f f e t ,

l a i s s e

entendre

q u ' u n

t e l mariage mixte, fondé

sur

l e

respect

et l a compréhension

réciproques, pourra

être

couronné par

l'accès à l a

f o i

du conjoint

non

croyant10.

Vpôt re n'a pas eu à se prononcer sur l a question des mariages

mixtes q ue

des chrétiens

envisageraient de contracter, s o i t

en

premières noces,

s o i t

après

divorce

d'un conjoint païen

(con

formément à l'hypothèse envisagée au verset 1 5 ) .

Quelle

réponse

aurait-il

donnée,

s i

l e s

Corinthiens

l'avaient

interrogé

à

ce

sujet

?

Aurait-il déconseillé,

voire

formellement i n t e r d i t ,

de semblables

unions ? Aurait-il, malgré une opposition de principe, admis

des

exceptions,

dans la

mesure où

l e s

dispositions f av or abl es d es

futurs

envers l e

christianisme

laisseraient bien

augurer

de

l'avenir

du foyer

?

Mai s

comment

juger de l a

sincérité

de ces dispositions,

de

leur stabilité

? Certains,

appliquant aux

mariages

mixtes,

non encore conclus mais

seulement

projetés, l e s

critères proposés

par

l'Apôtre

pour

l e s

unions

préchrétiennes

devenues

mixtes,

ont estimé q u ' i l

n' y

avait pas lieu de l e s interdire de manière

absolue, s i la

pensée et

l a

conduite du partenaire non

croyant

ne contredisaient pas

l ' i d é a l chrétien et

n'empêchaient pas

une

cohabitation pacifique11. D'autres

ont

pensé q ue

la

prudence,

10. I Cor. 7 , 14-16.

11. Le

témoignage l e

plus

net à cet

égard est celui

cTÉpiphane

di î

Saï,amine

( f 403), Panarion

59, 6 :

«

. . .

l'expression

  dans le

Seigneur

 

signifie non dans la fornication, dans

l'adultère, les unions

furtives, mais

dans la légitimité, la franchise, dans

un mariage

respectable, en restant

dans la

foi et les préceptes

du Seigneur et

les v e rt u s de son état. Toutes

ces ve r tus

étant

et

demeurant

en eux ( I I les r emari és

après

veuvage)

Page 48: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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40

INTRODUCTION

sinon

l a défiance, devaient

l'emporter

: l a partie chrétienne,

en toute hypothèse, serait l'objet de contraintes et de pressions

susceptibles de

l a

détourner de

sa

f o i

;

comment, pourrait-elle,

sans

c o n f l i t , pratiquer

sa

religion

auprès d'un

époux

q ui l u i

serait

étranger

ou

hostile ? Tel le ser a l a position de Tertullien,

q ui

allègue, en outre, l e précepte

donné

par l'Apôtre aux v eu ves

désireuses

de s e

remarier : «

L , a femme demeure l i é e à son

mari

aussi longtemps q u ' i l vit ; mais s i l e

mari meurt,

e l l e est libre

d'épouser

q ui e l l e

veut, dans l e Seigneur

seulement »

( / Cor.

7 ,

3 9 ) .

La

plupart

des commentateurs

ont

compris que

l'Apôtre

demandait

à

l a

veuve

qui

se

r emar i e d e

n'épouser

q u 'un

chrétien.

Tel e s t , en e f f e t , l e sens obvie de l a prescription. 1/ expression,

typiquement

paulinienne : in

Christo,

s i g n i f i e : dans l e

C o rps

du Christ,

c'est-à-dire

:

dans l ' É g l i s e . En règle

générale,

un

mariage entre chrétiens sera

préférable.

Mai s cette règle ne

souffre-t-elle

aucune

exception

?

L'Apôtre a - t - i l compris sa

prescription comme un interdit

rigoureux,

inviolable ? Et

com

ment

l e s chefs

des

communautés o n t - i l s interprété l e

précepte

apostolique

:

comme

une

prescription intangible

ou

comme

une

simple recommandation, susceptible

de certains

accommode

ments ? Nous avons signalé plus haut l'opinion d'Épiphane

de S al ami ne ( f 403), plus connu pour son ar deur à pourfendre

l ' h é r é s i e . N ' e s t - i l

pas

s i g n i f i c a t i f q u ' u n esprit

aussi

sévère

n'impose

pas à l a veuve q ui se remarie de n'épouser q u ' u n chrétien, mais

q u ' i l approuve l'union qu'elle contracte, s i e l l e

observe

dans

sa conduite

l e s

préceptes du Seigneur

et l e s

vertus

de son

é t a t 1 1 * ?

N'est-ce

pas

suggérer

q u' un mar iage mi xte

ne

serait

pas

néces

sairement

répréhensible,

dans la

mesure

où l e conjoint non

croyant

ne

mettrait

pas

obstacle à l a pratique religieuse de

l'époux chrétien ?

Fautes

de

documents, l i t t é r a i r e s

ou épigraphiques,

i l est

ne

laissent

pas de les rendre actifs et f éconds pour

la

venue du

Sei

gneur » ; (trad. de H.

C ro u z e i, ,

L'Église pr imi t ive face au divorce, Pa r is

1971, p. 227'. On trouvera d'autres témoignages relatifs aux mariages

entre

chrétiens

et

païens

dans

J.

Gaudemet,

L'Église

dans l'Empire

romain

(rve-ve

siècles), Paris 1958, p. 526.

na.

Certains

eségètes modernes reprennent l'opinion d'Épiphane

pour i nter pr ét er l 'e xpr e ss i on paulinienne

;

in C hr isto ; c f . Lesuk, o . c .

p. 86.

Page 49: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 49/238

MARIAGES MIXTES

41

impossible de savoir comment l e s

communautés des

trois pr e

miers

s i è c l e s ont appliqué

concrètement

l e s recommandations

de

l'Apôtre

au

sujet

des

mariages

mixtes,

déjà

conclus

ou

à

conclure. Le témoignage

de

Tertullien, au début

du 1 1 1 e

s i è c l e ,

est pratiquement l e seul q ui nous permette d'observer l a vie

quotidienne et

domestique des

couples dispars de l'époque

paléochrétienne. Et l e f a i t est

que, malgré l e s inconvénients

et l e s d i f f i c u l t é s de

tout

ordre l i é s

à

ce

type d'unions,

l e s chré

tiennes ne craignaient pas de s' y engager, appro uv é e s, s emb le-

t - i l ,

par l e

clergé

l o c a l 1 2 .

S ' i l

est

légitime

de

conjecturer

q ue

l e s

chrétiens,

dès

l e s

o r i

gines, ont préféré se marier entr e eux , i l est impossible d'exclure

l'existence de mariages mixtes, plus ou moins nombreux selon

l e s lieux

et l e s temps.

La

situation

qui

nous

est r évélée

par

Tertullien,

pour

Carthage, au

début du 1 1 1 e s i è c l e , n'a pu

se

créer

du

jour

au

lendemain

; e l l e n'a

pas

été

limitée

à

l'Afrique.

Pour éviter

à leurs

f i d è l e s

de s'engager

imprudemment dans

de t e l l e s unions, l e s chefs d'églises ont pu intervenir av ec auto

r i t é ,

conscients

de

leur

responsabilité

pastorale.

La

prescription

d'Ignace

d'Antioche va dans ce sens : «

I l

convient aussi aux

hommes

et

aux femmes q ui se marient, de contracter leur union

av ec l e consentement

de l'évêque, é c r i t - i l

dans

sa l e t t r e à Poly-

carpe, afin que

leur mariage se

fasse selon l e Seigneur

et

non

selon la passion13. » Ma is cette recommandation e s t - e l l e devenue

une règle générale ? Dans quelle mesure e s t - e l l e passée dans l e s

f a i t s ? Sous quelle

forme

?

Aucun témoignage

de l'époque

paléochrétienne

ne

permet

de r épondr e

à

ces

questions

avec

certitude. Tout au plus peut-on inférer

des

décisions conciliaires

du ive s i è c l e q ue l e recours

à

de s san ction s canoniques en vue

d'empêcher l e s ma r i ag es mi x te s est un usage relativement récent.

En e f f e t ,

Tertullien

s'ingénie à dé montr er q u' un mariage mixte

est

un

d é l i t comparable

à

un adultère, afin de

l e

f a i r e

sanctionner

par une excommunication14. N'est-ce pas reconnaître q ue l'usage

d es ma r ia ge s mixtes,

malgré

l a réprobation q u ' i l pouvait susciter

12. Tertui,i,ibn,

Vx.,

I I , 2 ,

1 .

13. Ad Polyc, 5 ,

2 .

14. Vx., II, 3 , 1-2.

Page 50: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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42 INTRODUCTION

aupr ès de certains, n'était

pas f rappé

de peines

ecclésiastiques

?

Pas encore, du

moins.

Le

t émo ig nag e d e

Tertullien

est

intéressant

à

un

autre

t i t r e .

I l révèle

q ue l e s

unions

mixtes étaient inévitables, à moins

de

condamner l e s jeunes

f i l l e s

et l e s

jeunes veu ves chrétiennes,

en surnombre dans l e s

communautés,

à gar der l e célibat, faute

de trouver un partenaire

de

leur

r e l i g i o n .

Le

phénomène

est

particulièrement

crucial

dans

l e s

couches supérieures de l a

s o c i é t é . I l

l e restera

jusqu'à

l a f i n du

ive

s i è c l e ,

longtemps

après

l'instauration de l'Empire chrétien. Si e l l e s voulaient fonder

une

famille

ou

échapper

à

l a

solitude

du

veuvage ou

du

célibat,

un nombre

relativement

i mpor t ant de chrétiennes se trouvaient

contraintes d'épouser

des

païens15.

Pouvait-on leur

faire grief

d'une

nécessité

?

Du

r e s t e ,

l e s

unions

mixtes s e présentaient

parfois sous des

auspices favora

bles : l e

conjoint

était

bien

intentionné ; on pouvait même escomp

ter

sa

conversion, à

plus

ou moins

b r è v e échéance.

Ou bien encore

i l était

indifférent en

matière

de

religion

et dépourvu de tout

préjugé

hostile

à

l a

f o i

chrétienne

:

certainement

i l

ne

f e r a i t

pas

obstacle à l a pratique

religieuse

de l'épouse, q u ' i l

l a i s s e r a i t

libre

de f a i r e

baptiser l e s

enfants.

En

ces

c a s , l e s

responsables

des

communautés,

à supposer

q ue leur

consentement

a i t été requis,

n'avaient pas de motif

déterminant

d'interdire

l'union

projetée.

Tel

semble

avoir

été l e cas visé

par Tertullien : s i l e s

conseillers

de l'intéressée—t a i t - e l l e veuve ou divorcée d'un époux païen ?

—n'ont pas cr u

devoir

n i

pouvoir

l a dissuader d'épouser un

païen

en

secondes

noces,

est-on

en

droit

de

l e s

condamner

sans

plus16 ? Le mariage ainsi contracté n ' o f f r a i t - i l pas de bonnes

garanties

de s t a b i l i t é , de liberté r e l i g i e u s e , de

tolérance,

pour

la

partie chrétienne ?

Certes, parfois,

des

d i f f i c u l t é s pouvaient surgir après

coup,

15.

Excellentes

observations de

H.-I.

Marrou,

sur la pénétration

graduelle

du christianisme

dans le milieu sénatorial

romain, Nouvelle

histoire

de

l'Église I ,

Paris

1963, p.

338

s .

16. Vx., II, 2 , 1 : Tertullien parle

de

praeuaricatio. Faut - i l comprendre :

mauvaise

f o i , ou tr ahison à

l'égard de

leur

devoir d'interpréter correc

tement

les

saintes

Écritures

? Mais l'auteur ne joue-t-il

pas sciemment

sur les divers sens du terme ?

Page 51: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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MARIAGES MIXTES 43

lors même

que

l'union

avait été

conclue sous l e s

meilleurs

aus

p i c e s .

Tertullien l e s a décrites avec une ironie vengeresse, comme

s i

toutes

l e s

chrétiennes

mariées à

des

païens

devaient

nécessai

rement

perdre

l a

f o i et

s e

voir

dépouillées de leur

fortune person

n e l l e 1 7 . I l

est

vrai

q ue l e conjoint païen pouvait parfois

rechigner

devant certaines

manifestations

ostentatoires de l a piété chré

tienne : jeûnes

répétés,

o f f i c e s célébrés à

des

heures inhabituelles

ou se

prolongeant

très

av ant da ns

la nuit,

œuvres de

bienfaisance

plus ou moins spectaculaires, t e l l e s l e s v i s i t e s aux prisonniers,

l'accueil d'étrangers

de passage, diverses prodigalités18. Par

a i l l e u r s ,

certains

usages

chrétiens

devaient

paraître

étranges

;

analogues à certaines pratiques magiques, i l s pouvaient provo

q ue r la défiance, voire l a répugnance,

des

esprits l e s

moins

prévenus19.

Ma is

Tertullien n'exagère-t-il pas

l e s inconvénients l i é s aux

mariages mixtes ? Comment l e c r o i r e ,

quand

i l affirme q ue l e s

seuls prétendants qui s ' o f f r e n t , parmi l e s païens, pour épouser

des chrétiennes, sont

d es chasseur s

de

dot,

avides de

dépouiller

leurs

naïves

victimes20

?

I l

n'est

pas

superflu,

à

cet

égard,

de

citer l e témoignage d'Origène. Le docteur alexandrin, souligne

l u i a u s s i ,

que des

convictions religieuses

différentes engendrent

nécessairement

des conflits et causent

bien

des souffrances ;

c'est pourquoi i l déconseille aux jeunes chrétiennes de s'engager

en des unions

mi xtes, car

e l l e s risquent fort d'avoir l e dessous

dans une lutte

inégale.

Mai s

la

lutte

dont

parle O r igène se livre

dans l e s discussions quotidiennes sur des sujets r e l i g i e u x 2 1 .

Chacun

dialoguant

dans

l a

surabondance

de

son

cœur

(Matth.

1 2 ,

34), avec l e

temps

l'un

f i n i t

par vaincre

l'autre

tout à f a i t .

Que l besoin pour l e s chrétiennes de

se

soumettre

à

cette l u t t e ,

de courir

un t e l

danger ?

On e s t

l o i n , assurément,

de l'atmosphère

étouffante é v o q u é e par

Tertullien, d'une

tolérance mercantile

q ui sert de paravent au chantage l e

plus

éhonté.

17.

Vx.,

II,

5 , 3 .

18. Vx., I1, 4 , 1-3.

19.

Vx., II, 5 , 2 .

20. Vx., I I , 7 , 3 .

21.

Fragm. i i i I C or ., 36.

Page 52: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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44 INTRODUCTION

I l

faut

franchir

l'espace

d'un

s i è c l e et

se reporter

aux décisions

conciliaires

des

premières années

du

ive s i è c l e ,

pour

voir se

préciser

l a

pratique

de

l'Église

en

matière

de

mariages

mixtes.

Elle s ' i n s c r i t mani f es tement dans

l a

ligne

esquissée

par Origène.

Les Pères d'Elvire

et

d'Arles condamnent, en e f f e t ,

l e s

mariages

des

chrétiennes avec

des

païens, mais plus

sévèrement

encore

l e s unions avec

des

hérétiques

ou des

j u i f s . Quant aux parents

q ui

donnent

leurs

f i l l e s en

mariage à

des prêtres païens, i l s sont

frappés

d'une

excommunication à

v i e , car i l s l e s vouent, prati

quement,

à l ' a p o s t a s i e 2 2 . D é j à se

dessinent

l e s solutions de

l'Empire

chrétien

:

large

tolérance

à

l'égard

des

mariages

mixtes

conclus avec des païens, sévérité accrue à l'encontre des unions

avec

des

hérétiques et

des

j u i f s , par crainte de l'affrontement

de convictions

religieuses difficilement

conciliables. C e q ui motive

l a

différence

des

sanctions canoniques,

on l e v o i t ,

ce n'est pas

la distance religieuse

d'une

confession à l ' a u t r e , mais l a force

supposée des

convictions de la partie non

chrétienne

et l e

danger

supputé

pour l a

f o i du

chrétien.

23.

Elvire,

c . 15-17 ; Arles (314), en; f . C h. Munier, L'Église

dans

l'Empire

romain, p. 27 ; Gaudsmst, o.c, p. 526.

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7/25/2019 A Son Épouse

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IV

L'ORIGINALITÉ DE TERTULLIEN

Si

l e s

pr obl è mes de mor al e

conjugale

abordés

dans

Y

Ad

uxorem

sont des

thèmes

communs de l a tradition paléochrétienne, l e

docteur africain ne l e s a pas moins marqués

de

sa puissante

personnalité

; en ce domaine comme en

d'autres,

son

intervention

a exercé

une influence profonde et durable

sur l'Occident chré

tien.

Comparée à c e l l e de ses

prédécesseurs

et contemporains,

l ' œ u v r e de Tertullien présente plusieurs t r a i t s originaux ; s i

tous n'apparaissent pas également dans YAd uxorem, q ui reste

un

écrit

mineur

et

par

ses

dimensions

e t

par

son

s u j e t ,

deux

méritent, cependant, d'être relevés, parmi d'autres : l'interpré

tation scripturai r e , la recherche stylistique.

A. L'interprétation

scripturaire

Pour Tertullien, l e s Écritures sont l e s instrumenta1, l e s

moyens

de

preuve

de

l a

disciplina

chrétienne,

et

c e l l e - c i

embrasse

aussi

bien l e s vérités à croire que l e s règles de vie à observer2. Puis

qu'elles expriment l a parole de

Dieu,

l e s Écritures sont revêtues

d'une autorité

toute

divine3. C e l l e - c i ne

leur

vient pas

de

l ' É g l i s e ,

mais l'Église

reconnaît l a v aleur des écrits

transmis

par l e s

porte-parole de Dieu, de l'Ancien et du Nouveau Testament

et conserve précieusement l e s Écr itur es q ui

fout

partie de l a

tradition apostolique4.

1 . R. Braun, Deus christianorum, p. 463-473.

2 .

V.

MoREl,

Disciplina,

p. 5-46.

3 .

D'AlÈS, La

théologie de Tertullien, p.

221.

4 .

Ibid.,

p.

213-214 ; c f . Praesc, 20-22.

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7/25/2019 A Son Épouse

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46

INTRODUCTION

Une f o i s reconnues l e s

Écritures

divines

i l

s ' a g i t d'en pénétrer

l e sens.

Pour

Tertullien, ce sens est

unique,

contraignant, indis

cutable,

tant

pour

l e s

vérités

théologiques

de

la

r egul a f idei

q ue

pour

l e s normes d'une

conduite authentiquement

chrétienne.

Pour l'atteindre,

i l

n'est q u ' u n

chemin

:

rejoindre

l e sens

original

dé posé par

l e s apôtres

dans

l e s Écritures et enseigné aux églises

q ui conservent ces é c r i t s en dépôt. I/Écriture doit être

interpré

tée en harmonie

avec l a

tradition des é g l i s e s

apostoliques

;

c e l l e - c i s'exprime dans

l a

règle

de

f o i qu'elles professent

et

enseignent, et dans l a règle de vie qu'elles observent en conformit é

avec

cette

f o i .

Tertullien a exposé ces principes

gé n é r aux

av ec toute l a

clarté et la fermeté

désirables,

non

seulement dans

l e

De praes-

criptione haereticorum mais, de manière incidente, à l'occasion

de discussions concernant des points de doctrine particuliers5.

Force

e s t , cependant, de

constater

q ue

l'auteur,

généralement

f i d è l e

à

l a regula

f i d e i , en

s e s

aspects

proprement dogmatiques,

n'hésite pas à

interpréter

à sa guise l e s Écritures, sans tenir

compte

du

magistère

v iv ant de

l ' É g l i s e ,

dès

lors

q u ' i l

s'agit

de

q u es tion s r el ev ant de l a théologie pratique8. Tout

l e

drame

de Tertullien

éclate

dans l'obstination

têtue

avec

laquelle

i l

continue a l o r s ,

envers et

contre

tous, de se

réclamer

de la

vérité

des

Écritures. Mais est-ce

v raiment c e l l e - c i qui

l u i tient à

cœur ou,

bien plutôt,

l e s préceptes q ue l u i , Tertullien,

juge

nécessaires au

salut des chrétiens et dont i l j u s t i f i e l a nécessité à grand renfort

de

citations

bibliques7 ? Cette propension

à

se

servir du texte

sacré

pour

étayer

sa

vérité

appar aî t dé jà

dans

Y

Ad

uxorem

;

avec l e temps, e l l e

devait conduire

l'auteur à s'opposer de

plus

en

plus

irréductiblement à

ce

magistère v i v ant de l ' É g l i s e ,

dont

i l

avait

po ur t an t ma int es

f o i s souligné l e

rôle

éminent

et irremplaçable pour l ' i n t é g r i t é de l a disciplina.

5 .

M.

MichaèLIDÈS,

Foi, Écritures

e t

Traditions,

p.

71-97.

6 . J.

K1vEIN,

Tertullian, p. 115-117

; 248-251 ; c f . Cl. Rambaux, Tertul

lien

face

aux

morales des trois premiers

s i è c l e s .

7 . R. P. C.

Hansojc,

« Notes on Tertullian's

Interpretation

of Scripture » ,

JTS,

new series

12,

1961, p.

273-279 ; O.

Kuss, «

Zur Hermeneutik

Tertul-

lians » , dans

Festschrift

f . Prof. J.

Schmid,

1963, p. 138-160.

Page 55: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 55/238

INTERPRÉTATION SCRIPTURAIRE 47

1 .

La

thèse de

l'Ad

uxorem

I

Tertullien

veut persuader sa femme de ne

pas se

remarier s i

e l l e dev ient v euv e. La

Première

aux Corinthiens l u i

fournirait

tous l e s éléments d'une exhortation conforme

à

ses d é s i r s .

S ' i l

voulait formuler une

thèse

f i d è l e

à

l a pensée de l'Apôtre, rien

ne l u i serait plus f a c i l e q ue de dire

: i l

est

l i c i t e

de se

remarier,

mais

en certains c a s ,

pour

diverses raisons,

l e

pr opos de

viduité

peut ê tr e pré fé rable. C 'est bien dans cette direction, en e f f e t ,

que la

démonstration

semble

s ' o r i e n t e r ,

au

départ

;

en

Vx.,

I ,

2 ,

i -

3 , i ,

Tertullien s'emploie à réfuter l e s

objections préalables

:

celle

q ui

mettrait en

cause l e

mariage comme t e l e t , par

contre

coup, l e

remariage

; c e l l e

q ui

t i r e r a i t argument de l a polygamie

des patriarches pour j u s t i f i e r non seulement

l a

digamie

successive,

mais

la bigamie

simultanée ;

c e l l e ,

enfin, q ui prétendrait,

au

nom

des

principes

de l'Évangile, imposer à tous l e s chrétiens l a l o i de

l a continence.

Or,

soudain,

dans

l a

transition

q ui

annonce

la

propositio

centrale

de son t r a i t é ,

Tertullien

opère

une

volte-face subtile :

s i

l'Écriture, nulle

part, n'interdit

l e mariage, c ' e s t parce que,

véritablement, l e mariage est un

bien

; mais, comme l'enseigne

l'Apôtre, l a

continence est un bien supérieur8. D'où l'énoncé

de

l a thèse

: l e

mariage monogame

est permis ; mais

l a conti

nence est préférable. Tout se passe désormais comme s i l a

q uestion à examiner

( l e

r emar iage d' une veuve) n'avait plus

de

consistance

propre,

mais

devenait

un

simple

corollaire

de

la

nouvelle

thèse, subrepticement proposée

par

Tertullien et

présentée par

l u i comme exprimant

la doctrine

même de l'Écri

ture. Mais

cette

assertion

e s t - e l l e

fondée

?

Nous avons présenté

plus haut l e

dossier

scripturaire

r e l a t i f au

problème du remariage après

veuvage.

Celui de Tertullien

a

f a i t l'objet de plusieurs études approfondies, dont l e s conclusions

sont

sans appel9. L'argumentation

du

rhéteur africain

est

8 . Vx.,

I , 3 , 2 .

g . H. PREISKER, Ch r istentum und Ehe, p. 187-200 ; B. KOTTING, Die

Beurteilung

der

zweiten Ehe, p. 122 s . ; du même art. «

Digamus

» , RAC,

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7/25/2019 A Son Épouse

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48 INTRODUCTION

insoutenable : non seulement e l l e est directement contredite

par

l'Écriture,

mais

e l l e n'obtient une apparence

de

vraisem

blance

q u ' a u

prix

d'omissions

délibérées

et

de

gauchissements

fallacieux.

Et

d'abord, Tertullien escamote l e s versets ou parties

de versets q ui autorisent expressément l e remariage

après

veu

vage, comme

/

Cor. 7 , 9a ou Rom. 7 , 2 - 3 ,

ou

q ui l e recommandent

dans

certains c a s , comme

I

Tim. 5 ,

1 4 .

Après

avoir

déplacé l a

question, subrepticement, du remariage au

mariage comme

t e l ,

Tertullien

aff ir me, cette

f o i s encore contre l ' é vi dence scriptu-

r a i r e ,

que

—ous

sa forme

monogame—e mariage est (seule

ment)

permis,

alors

q u ' i l

est

une

institution

essentielle

à

l'ordre

de la création. I l suggère

enfin

que l a continence e s t ,

de

toutes

façons,

préférable

au

mariage

; à plus

forte

raison

pour

l e s veuves.

Ma is i l ne

peut

établir cette nouvelle

thèse qu'en érigeant l'excep

tion en principe, l'ordre formel en une pure concession, l e simple

conseil en

un

ordre péremptoire, avant de travestir un jour

l a

permission

expresse

en

une

défense

absolue10.

D'entrée

de

jeu, Tertullien traite l'institution

du

mariage,

dont

i l

vient

de

déclarer

qu'elle

est

une

institution établie

par

Dieu et indispensable

à

l'ordre de l a création ( en rappelant

Gen.

1 ,

28

et 2 ,

2 4 ) , comme s i

e l l e

n'était q u 'une

concession, nécessaire

mais

déplorable,

aux plus

v i l s instincts de

l'homme11. Tout

se passe, en

e f f e t ,

comme

s i

l'auteur

appliquait au mariage

l u i -

même l e verset de /

Cor.

7 , 6 ,

dont

nous avons vu

q u ' i l concernait

l e s

pé r iodes d'abstinence instaurées

par l e s

époux

désireux de

vaquer

à la

p r i è r e .

La

plupart des paralogismes auxquels

Tertul

lien

a

tenu

mordicus

toute

sa

v i e ,

de

Y

Ad

uxorem au

De

monoga-

mia,

semblent découler de ce contre-sens

i n i t i a l . Une

bonne

partie de l'argumentation de YAd uxorem I consiste à démontrer

que l e

mariage n'est pas

un bien,

au

sens plénier du

terme,

1957, Col.

1020-1024

: J- Cl. FREDOUWJS, O . C . , p.

IOO-I09

; Cl. RaMBaUX,

a r t .

c i t . , p. 3-28

;

R.

Braun,

Tertullien

e t l'exégèse

de I

Cor. 7 .

10. Notamment en Mon., 11-13,

3

; C I - Fkbdouhae, o.c, p. 136-141 ;

Rambaux,

a r t . c i t . , p.

209-215,

observe

que, «

même

sans

transformer

matériellement le texte, Tertullien par v ient quand même à lui faire dire

l e contraire

de

ce

qu'il

signifie » , et analyse l e traitement infligé à

I Cor.

7 ,

5 ; 27-28 et 39, dans l e De monogamia.

n. Vx., I ,

3 , 2-5.

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7/25/2019 A Son Épouse

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INTERPRETATION SCRIPTUFAIRE 49

puisqu'il est seulement « permis » :

s ' i l a

f a l l u recourir

à

une

« permission » , c'est pour éviter quel que mal, pour quel que motif

inavouable

ou

suspect

;

en

revanche,

un

bien

authentique

n'a

pas

à

être permis, car son excellence est manifeste

et

indiscutée12.

A partir de t e l l e s prémisses, tous et toutes sont invités à se

détourner

des

apparences

du

bien,

des choses

inférieures, régies

par l'institution matrimoniale, pour ne rechercher que l e s biens

supérieurs, l e s seuls véritables —et i c i Tertullien applique au

mariage et

à

l'abstinence sexuel le ce q ue

l'Apôtre

dit

des

biens

terrestres13 opposés aux

biens

célestes ( P h i l .

3 , 13

;

/ Cor.

12,

31).

Mais

l e

rhéteur

africain

va

franchir

un

pas

de

plus

:

opposant

l'inférieur au supérieur,

l e

terrestre au c é l e s t e , l a chair à l ' e s p r i t ,

jouant des divers sens du terme s a n c t i t a s 1 * , i l

conclut à

l'adresse

des

v eu v es désireuses

de se remarier : puisque nous

pouvons

compter sur

l a

force

de l'Esprit

q ui

est en nous,

nous

sommes

inexcusables

s i nous

suivons l a partie de nous-mêmes

q ui est

la plus f a i b l e ,

à

savoir l a chair

et

l e s pulsions q ui s' y rattachent15.

I,a réfutation

des

arguments i n v o qu é s pour j u s t i f i e r l e mariage

ou

l e

remariage

achève

de

discréditer

l e s

insensés

q ui

voudraient

s'y engager16.

Cependant q u ' i l jette l a suspicion

sur

l e s r é a l i t é s charnelles

du

mariage, Tertullien transmue en préceptes,

dont

i l f a i t

dépendre l e

s a l u t , l e s

conseils de continence adressés par l'Apôtre

aux Corinthiens. A première vue,

i l

semble traduire fidèlement

la pensée de l'Apôtre. De

f a i t ,

Paul ne

cache

pas sou estime, voire

ses préférences personnelles, pour toutes l e s

formes

de

l ' a b s t i

nence

sexuelle

( I

Cor.

7 ,

i.7a.8.26.28b.35.37.38b.4o).

C'est

pourquoi

i l

recommande instamment l e s

états de vie q ui

l a

consacrent

: la virginité, l e c é l i b a t ,

l a

viduité.

Cependant i l

12. Vx., I , 3 , 5 .

13. Vx.,

1 ,

4 , 1 .

14.

Vx., I ,

4 , 3

;

7 , 4 ; 7 ,

5 . Si

Tertullien

n'est

pas

à

l'origine du mouve

ment q ui tend à établir

une

correspondance immédiate entre abstinence

sexuelle

et

« sainteté » ,

i l a , sans aucun

doute,

contribué

à

le

renforcer

;

c f . Preiskbr, o.c, p.

192

; Kisin, o.c, p. 96,

citant

précisément Vx., I ,

4

et

7 ,

et Pud.,

1 ,

1

: Pudicitia...

fundamentum

sanctitatis.

15.

Vx.,

I ,

4 ,

1-2.

16. Vx., I , 4 , 2- 5 , 4 .

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7/25/2019 A Son Épouse

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50

INTRODUCTION

précise

bien, chaque f o i s , que

son

opinion

donnée

à titre

personnel—'est pas à mettre

sur

l e même

plan

q u ' u n précepte

du

Seigneur

( /

Cor.

7 ,

25D.40D

;

c f .

8a.28b.35a),

et

q ue

l e s

conseils

donnés

dans

ce sens ne valent

ni

pour tous l e s individus de t e l l e

ou t e l l e catégorie de chrétiens ( / Cor. 7 , 2.7b.9.28a.36.38a.39b),

ni en toutes circonstances

( / Cor.

7 ,

5 - 6 ) . Tertullien

reprend

explicitement

ou par mode d'allusion plusieurs de

ces versets ;

i l f a i t ressortir l e s motifs q ui justifient l e s préférences et l e s

recommandations de l'Apôtre : l e s d i f f i c u l t é s et l e s angoisses

des

derniers temps, l e s intérêts supérieurs

du

service

de

Dieu.

Mai s

i l

se

garde

bien

de

marquer

l e s

limites

personnelles

et

r é e l l e s

des assertions pauliniennes17. I l argumente comme s i l'Écriture,

par

l'intermédiaire

de l'Apôtre, établissait

une

f o i s pour toutes

et

sans

admettre aucune exception l a supériorité de

l'abstinence

sexuelle, comme s i , pour

tous

l e s individus pris isolément, et

abstraction

faite

des ci r constances

particulières, l e célibat et

l a

virginité

étaient toujours préférables

au mariage,

et l a viduité

toujours préférable

au

remariage.

Pour

habile

qu'elle

s o i t ,

l'argumentation

de

Tertullien

ne

saurait convaincre que des interlocuteurs d'avance gagné s à ses

idées,

i gno ra nt s d es Écritures

non

moins

q ue

des règles élémen

taires de l a

logique18.

2 . La thèse de l'Ad uxorem II

La

deuxième

partie

du

traité

tranche

sur

l a

première

par

une

f i d é l i t é apparemment scrupuleuse à la l e t t r e de l'Écriture et

par une argumentation d'une extrême rigueur,

très

scolaire

d ' a l l u r e . I l

n'est pas

interdit de penser que ce changement de

ton est dû, en partie, aux critiques soulevées par l a publication

de

YAd uxorem I . La question des

mariages mixtes, rav i v ée par

une

affaire l o c a l e ,

parut à Tertullien

o f f r i r

une

bonne

occasion

de prendre une revanche contre ses détracteurs ; i l s' y employa à

fond.

17. Nous souscrivons

entièrement

auxremarques faites, à ce

propos,

par

FrEdouiiae, o.c, p. 101-107,

et

Rambaux,

a r t .

c i t . ,

p.

10-26.

18.

C'est

aussi la conclusion de Rambaux, a r t . c i t . , p.

23-26.

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7/25/2019 A Son Épouse

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INTERPRETATION

SCRIPTURAIRE 51

Cette

f o i s , l'auteur croit pouvoir fonder toute son argumenta

tion sur un verset de l'Écriture, dont l e sens est indiscutable :

/

Cor.

7 ,

39. Si

une veuve

tient

absolument

à

se

remarier,

qu'elle

l e f a s s e ,

déclare

en substance

l'Apôtre,

malgré ses

préférences

pour la virginité et l e célibat—ai s q ue son remariage, du moins,

soit célébré « dans

l e Seigneur

» .

Comme la

plupart

des

commen

tateurs, jusqu'à

nos

jours,

Tertullien a compr is

que l'Apôtre

demande à la veuve

q ui

se

remarie

d'épouser un chrétien19.

Mal gr é l e

précepte

de l'Apôtre, une pratique plus indulgente

tendai t à se

généraliser,

non seulement dans

l e cas

du remariage

des

veuves, explicitement

visé

par

l e

verset

en

question,

mais

pour tous l e s mariages mixtes à conclure. La première raison

q ui poussait l e s chrétiennes à s'engager en de t e l l e s unions

était impérative,

nous l'avons vu

plus haut

:

faute de trouver

des partenaires chrétiens, l e s femmes et l e s jeunes f i l l e s chré

tiennes désireuses de contracter mariage se voyaient dans l ' o b l i

gation

de prendre un

époux non croyant20.

Pour l e s

veuves,

q ui

s'engageaient

dans

un «

mariage mixte

» , c ' é t a i t , apparem

ment,

enfreindre

l e

précepte

apostolique21.

Mai s

l e s

autres

:

jeunes f i l l e s épousant un païen

en premières

noces, ou chrétiennes

divorcées d'un

conjoint

païen, conformément aux

règles

édictées

par l'Apôtre ( I Cor. 7 ,

12-16) ?

Leur

cas n'était

pas envisagé

expressément par l'Écriture.

F a l l a i t - i l l'assimiler

à celui

de

/ Cor.

7 ,

39

?

Ou bien

pouvait-on,

par analogie,

leur

appliquer

les dispositions

arrêtées par

l'Apôtre pour

l e s

unions

préchré

tiennes,

dont l'un

des

conjoints s ' é t a i t converti

?

Pouvait-on,

19. J. KôHNE, Die Ehen zwischen Christen und

Heiden,

p. 57-75 ;

c f . J. GaudEMET, L'Église dans l'Empire romain, p. 525-526 ;

W.

P. I/B

Saint,

Tertullian, Treatises

on marriage, p.

113.

20. Bonne synthèse

des (rares) indications dans

ce

sens

chez

A.

Ham-

man,

La vie

quotidienne

des

premiers chrétiens, Paris

1971,

p.

61-67 ;

C f. J. LEiPO1/f, Die Frau in

der

antiken Welt und im Urchristentum, Leip

zig'

1956.

21.

Tout

dépend,

en

effet,

du

sens

exact

de

l'expression

:

in

Domino

de /

Cor.

7 , 39. Tertullien

l'entend dans

un

sens

strictement sociologique :

une chrétienne ne peut

épouser

qu'un membre

du

nouveau peuple de

Dieu, mais l'Apôtre se tient-il à

ce

niveau ? Voir

les

remarques de

Ki,Ein

sur le concept

de

militia Christi

de

Tertullien,

opposé

à la militia Caesaris,

o.c, p.

147-149.

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7/25/2019 A Son Épouse

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52 INTRODUCTIOX

sans trahir

n i

l a l e t t r e

n i

l ' e s p r i t de

l'Écriture,

considérer comme

l i c i t e s l e s

mariages

mixtes, dont on pouvait espérer que l e

conjoint

païen

consentirait à

cohabiter

pacifiquement

? Nombre

de

chrétiennes

semblent l'avoir pensé, et l e s instances ecclésias

tiques,

consultées à

ce s u j e t , n'ont

pas cr u devoir l e s détromper.

Tertullien

n'était

pas de

cet a v i s .

Pour l u i ,

toutes ces

pratiques

sont

inadmissibles : e l l e s conduisent à

l ' a l l i a n c e

—ontre nature—

des serviteurs du Christ et des

esclaves

de B é l i a l 2 2 . Et puisque

l'Écriture l u i offre un

point d'appui

en

/

Cor.

7 ,

39,

i l

va s ' e f f o r

cer

d'en étendre l e principe à tous l e s

«

mariages mixtes

» .

Dès

l'exorde23,

i l

formule en

ces

termes

la

thèse

q u ' i l

se

propose

de

prouver :

s i l n'est

pas très grave24

de se

remarier (puisque

l'Apôtre

ne f a i t q ue c o n s e i l l e r l a

continence

aux veufs et aux

célibataires, en / Cor. 7 , 7 ) , par contre, se remarier avec un païen

constitue une faute indubitable et

d'une

extrême gravité (puis

qu'elle va directement à

l'encontre du précepte

de

l'Apôtre,

nettement défini en

I

Cor. 7 , 3 9 ) . Tertullien se pose en interprète

f i d è l e de l a pensé e de saint

Paul

; l ' e s t - i l v raiment ?

La

première

partie

de

l a

démonstration

écarte

l e s

objections

préalables

des

adversaires. S ur quel texte de l'Écriture peuvent-

i l s

bi en f onder

l a

pratique

des

mariages

mixtes ?

Aucun

texte

ne l'autorise explicitement.

Et s i l'on

prétend

se

réclamer de

/

Cor. 7 , 12-14, en appliquant aux mariages

à

conclure ce que

l'Apôtre a dit

des

unions préchrétiennes, on trahit et

l a

lettre

et

l ' e s p r i t

de l a l o i . Mai s suivons

Tertullien

dans

son

labour

exégétique.

22.

Vx.,

I I , 3 , 4 ; 4 , 1 :

diaboli

seruum ; c f . 8 , 2 . On notera que Tertullien

transpose au plan historique

et

sociologique,

en opposant

aux chrétiens

juifs et

païens

l e dualisme religieux q ui apparaît,

notamment dans les

écrits johanniques, dans l'antithèse de Dieu et du Monde, adversai re

collectif

de Dieu.

De

l à ,

i l est facile

de

passer à

l'antithèse

Dieu-Satan,

personnification du Monde ; peuple de

Dieu-serviteurs

et suppôts

de

Satan ; c f .

A.

P. Okban,

Les dénominations

du Monde chez l e s premiers

auteurs

chrétiens,

Nimègue 1970 ;

R.

MinntJRaTH, Les chrétiens e t l e

monde, P ar i s 197 3,

p. 93-129.

23.

Vx.,

I I ,

1 ,

3-4.

24. Point n'est besoin de souligner le paralogisme : Tertullien r aisonne

comme

s i l'inobservance d'un conseil

constituait

une

faute morale.

«

dont

certains s'imaginent qu'elle

est minime,

aisément

pardonnable

»

:

ignoscibilis {Vx., I I , 1 , 3 ) .

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7/25/2019 A Son Épouse

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INTERPRETATION SCRIPTURAIRE

53

Puisqu'il

s'agit d'établir l a teneur

de

l a

l o i ( d i s c e p t a t i o

l e g i s ) ,

q ui est l a volonté

de

Dieu,

et

q ue deux textes

sont en

présence :

/

Cor.

y ,

39

et

I

Cor.

y ,

12-14,

l'auteur

va

procéder

à

l a

confron

tation des leges contrariae,

selon

l e s règles d'interprétation

en usage pour l e genus

l e g a l e 2 5 .

S e posant en accusateur, i l

va

s'efforcer

de démontrer qu 'en

l'espèce

l a volonté du législateur

s'exprime en / Cor. y 39,

q ui représente l a

l e x potentior,

tandis

que ses adversaires,

auxquels

i l assigne l e

rôle

d'accusés, ne

peuvent j u s t i f i e r leur point de vue qu'en alléguant / Cor. 7 ,

12-14 de manière trop

extensive. La solution du status

l e g a l i s

consiste

donc

dans

l'application

s t r i c t e

de

/

Cor.

7 ,

3 9 2 6 .

Pour rétablir ce

qui,

à ses yeux, est l e sens légal authentique

de

/ Cor. 7 , 12-14, Tertullien examine

d'abord

l e s

v o c e s ,

l e s

termes mêmes des versets

incriminés

 

uerba ipsa. I l

observe

que

l'Apôtre,

en / Cor' 7 , 1 6 , dit

expressément

:

Si

quel qu 'un a

une é po us e pa ïe nne—t non pas : s i Q u e l q u ' u n vient à épouser

une femme païenne

;

c ' e s t

donc q u ' i l

avait en vue

des unions

préchrétiennes, dont un

membre

est passé

au

christianisme

et

non

pas

l e s

«

mar i ages mi xtes

» ,

encor e à

conclure27.

Puis

l'auteur examine l a r a t i o

l e g i s

: s i l'Apôtre autorise l a cohabita

tion

d'un conjoint

chrétien

avec

un

païen,

dans

t e l

cas p r é c i s ,

c'est

parce q ue l e couple vit dans l a paix, voulue

par

Dieu,

et

parce q u ' i l existe

un

espoir bien fondé de voir se

convertir

l'époux païen28.

Tertullien

allègue

enfin l e

verset

/

Cor.

y ,

17,

q u ' i l considère comme l a

conclusion

du passage concernant l e s

u ni on s mi x te s—lors

q u ' i l

s ' a g i t manifestement d'un nouveau

développement

t

i l

y

voit

l a

confirmation

des

deux

arguments

antérieurs. Puisque

l'Apôtre

recommande

à

chacun

de

continuer

à vivre

dans

l a condition q ue l u i a assignée l e Seigneur, c ' e s t bien

25. H. LauSBERG, Handbuch der literarischen Rhetorik, Munich i960,

p. 109 ; J. Martin, Antike Rhetorik, Munich 1974, p. 44.

26. Vx., I I , 2 , 1-5.

27. Lausberg,

o.c,

p.

no,

n.

203

et

p.

119-121.

En

cas

d'antinomie

(status legum contrariarum), i l faut examiner chacune des lois alléguées

sel on sa

teneur

même

et selon la vo lont é du

législateur.

Tertullien s'appli

que visiblement à interpréter l e verset

paulinien,

proift uerba sonant,

mais ne

pêche-t-il

pas par excès

de littéralisme ?

28.

Lausberg, o.c, p. xi6, n.

209-

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7/25/2019 A Son Épouse

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54

INTRODUCTION

qu'en

I

Cor. y , 12-16 i l avait en vue des

couples

déjà

constitués

( e t non pas

des

ma r ia ge s mi xte s projetés)29.

La

réfutation des adversaires,

effectuée sous son

aspect

négatif,

va

être

achevée

d'abord

par

l'allégation

de

la lex

potentior

(

/

Cor. 7 , 39), dont l e l i b e l l é explicite (uox) et l a signification

indubitable sont

rappelés

—uis par un raisonnement a b absur-

d o ,

q ui

d o i t , aux yeux de Tertullien,

consommer

l a

déroute

de la partie adverse : l a thèse des adversaires

est indéfendable,

car e l l e

implique

que,

dans

un même passage, l' Apôtre soutient

deux positions absolument inconciliables.

Au terme de

cette

argumentation, Tertullien se cr oit autorisé

à

conclure

: l a l o i chrétienne, exprimée par l e s Écritures divi

nement

inspirées,

interdit toute

forme de «

mariage

mixte30 » .

Pui s que l e

droit

divin possède l e plus

haut

degré

de force

et d'évidence,

Tertullien pourrait

considérer sa tâche comme

achevée : i l

a

contraint ses adversaires à s'incliner devant

la

lex divina,

écarté

/ Cor.

7 ,

12-16, établi

que seul

/ Cor.

7 ,

39

s'applique en l ' e s p è c e . Mai s l'auteur estime n'avoir mené

à

bonne

f i n

que

l a

première

partie

de

sa

démonstration,

c e l l e

qui,

dans

un plaidoyer relevant

du

genus l e g a l e , définit la

volonté

du

législateur ( s t a t u s f i n i t i o n i s ) 3 1 . Pour rester f i d è l e à l a l o i

du

genre,

i l va d é v e loppe r successi v ement

l e status qualitatis

: est-ce

à

juste t i t r e q u ' i l est interdit aux chrétiens de contracter des

mariages

mixtes32

?

puis l e s t a t u s

quantitatis

: la responsabilité

délictuelle

des

contrevenants peut-elle

bénéficier

de

circonstances

atténuantes33

?

C'est

à

partir

de

l'Écriture

q ue

Tertullien

entend d' abor d

j u s t i f i e r l'interdiction

;

l e s

preuves

de

raison viendront en

épilogue, à t i t r e de confirmatur. L'Apôtre n'ayant pas explicité

l e s

motifs

de son

précepte,

Tertullien y pourvoira

en

son

lieu

et place,

à partir de

l'axiome : ce

ne peut

être

q ue

pour prévenir

l e s atteintes à l a f o i . Et de constr ui re sa démonstration

sur

l e

29. Vx., I1, 2 ,

3 .

30.

Vx.,

I1,

2 ,

3-4.

31. I,AUSBERG, o.c, p. 94, n. 167 ; p. 71, n. 105.

32.

I<atrSBERG,

o.c, p. 96, n.

171 ;

p. 97 , n.

176.

33. I,ausberg,

o.c,

p.

106,

n.

195 ; c f .

Quintmen, 7 , 4 ,

15 :

uidendum

an imminui culpa possit,

Page 63: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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INTERPRETATION SCRIPTURAIRE 55

binôme, très paulinien, assurément : l a chair — ' e s p r i t . Ma is

lorsque l'auteur déclare, pour i l l u s t r e r l e premier point, q u 'au

contact

d'un

païen,

l'époux

chrétien

contracte

nécessairement

une souillure34, on ne voit v raiment pas de quel verset de l'Apôtre

i l pourrait se réclamer. I l y a l à une transposition aux « mariages

mixtes

»

des

catégories

de

«

pur et

impur » , q ui

relève d'une

vision légaliste et d'une

mentalité de type

rabbinique,

maintes

f o i s soulignées86. Mai s l e s ressemblances ne s'arrêtent

pas l à .

Pour établir l a qualification

délictuelle des

mariages

mixtes,

Tertullien a recours à des procédés de déduction fort en honneur

dans

l e s

Talmud.

Le

f a i t

n'a

rien

d'étonnant ;

i l

n'est

pas

néces

saire

de supposer

une

influence directe des

milieux

ou

des

é c r i t s

j u i f s sur l'auteur de VAd uxorem, pour l'expliquer. En r é a l i t é ,

Tertullien

applique

au

texte sacré

certains modes de

raisonnement

mis au point

par

l a logique hellénique et transposés

en

s o l j u i f

déjà par l e s maîtres alexandrins de Hillel l'Ancien36.

1,'un des plus familiers à Tertullien est l a déduction analogique,

fondée

sur

des ressemblances purement verbales37. Le résultat

de

cette

opération

est

des

plus

singuliers

;

q u ' o n

en

juge

d'après

ces quelques exemples empruntés

à

YAd uxorem

I I .

Alléguant

/ Cor. 3 , 1 6 , Tertullien prétend établir q u ' u n mariage mixte

est

assimilable à

une fornication, voire

à un attentat à la pudeur,

34. Vx., II, 2 , 6.

35.

Preisker,

o.c, p. 76

; E. PETERSon,

Frûhkirche, Judenlum uni

Gnosis,

p. 215

; J. BuGGE, Virginitas,

La

Haye 1975,

p. 12-21

; J.

Cl.

Fredoum,e, o.c, p. 109 écarte l'hypothèse d'une influence juive, « tout

au

moins déterminante » ,

sur

YAd uxorem. Mais

on se

trouve i c i à un

autre

niveau que celui

des genres

littéraires.

On

sait que Te r tu l li e n a l lèg ue

le L iv re d Hénoch, dont i l

défend

l'authenticité : Cult., I , 3 , 1-3. Cet apo

cryphe juif

interprète

Gen. 6 .

2

comme

d é c r i v a n t

la « chute » des anges ;

i l admet communément que le

contact

avec la

chair

contamine l'esprit ;

c f . R. H. Chari,ES, The Apocrypha and Pseudopigrapha of the Old Testa

ment I I ,

p. 182 ;

191-198.

Voir aussi Aziza,

o . c . , p. 180-183.

36. D. Daube, « Rabbinic Methods

of

Interpretation and Hellenistic

Rhetoric

» ,

dans

Hebrew

Union

Collège Annual

22,

1949,

p.

239-264

;

c f . W. BaCHER, Die exegetische Terminologie der jûdischen Traditions-

literatur, Darmstadt* 1965, I , p.

9-1

1 ; 75 ; 80 ; 142.

37. On en

trouve l 'équi valent

dans la deuxième règle de Hillel, Gsera

Schawa ; c f . Pes., 66a : A. Schwarz, Die he rme ne ut i sc he A na l og i e, K ar l s -

ruhe 1897 ; c f . Aziza, o.c, p. 212-214.

Page 64: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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56

INTRODUCTION

q ui

implique

des

connotations de viol et de

sacrilège38 ;

alléguant

/ Cor. 6 , 1 5 ,

i l

affirme q u ' i l est assimilable à

un

adultère, puisque

l'on

unit

l e s

membres

du

Christ

à

ceux

d'une

personne

appar

tenant à une religion étrangère39 ;

alléguant

/ Cor. 6 , 19-20,

i l

suggère q ue s'engager dans

un

pareil

mariage

c ' e s t

commettre

un

d é l i t

assimilable

à

celui

du

damnum

iniuria fadum

visé par

l a lex Aquilia, puisque c ' e s t

porter

atteinte

à

une r e s dont Dieu

en personne est

l e

propriétaire, pour

l'avoir

acquise contre l e

paiement

d'une

certaine somme.

Le

matérialisme de la v i e i l l e

l o i , protectrice

de la propriété q u i r i t a i r e , sert à

merveille

l e

dessein

de

l'auteur.

En

e f f e t ,

aux

termes

de

cette

l o i ,

l e

f a i t

dommageable donnant l i e u

à

l'action devait résulter

d'un

acte

matériel

e t être corpore corpori datumi0.

I v a gravité du

f a i t

incriminé ne

saurait

être minimisée, estime

Tertullien. Un mariage

mixte

est

passible de

l a

sanction la plus

g ra ve dont

l'Église dispose,

l'excommunication, puisqu'il est

assimilable

à

un stuprum*1,

et

que l'Apôtre

a

fulminé cette

sanction

contre l e

stuprum

commis

à C or inthe

(

/ Cor.

5 ,

1

et 1 1 ) .

Aucune

circonstance

atténuante

ne

saurait

être

accordée

aux

délinquants : l a personne offensée, à savoir Dieu, directement

l é s é

en un

corps

q ui

l u i appartient,

possède une

dignitas

trop

é mi ne nt e po ur qu'une excuse s o i t recevable

à

une t e l l e

iniuriaii.

D'autre part, l e s contrevenants sont coupables de contumace43,

dans

l a mesure où

i l s

ont violé

délibérément44

un précepte divin

38. Vx., I I , 3 ,

1

:

stuprum

:

extranei

hominis

admissio

minus templum

Dei

uiolat

?

39.

Ibid., minus membra Christi

cutn

membris adulterae

commiscet

?

40. R. MONrER,

Manuel

élémentaire

de D ro it romain

I ,

Paris

1945,

p. 356.

41.

Vx.,

II, 3 , 1 : stupri reos

constat

e s s e . Le

raisonnement

de Tertullien

relève, cette

fois encore, de

la déduction

analogique.

42.

La qualité

de la

victime compte

parmi

les

circonstances

aggra

vantes

réelles

du

D r o i t

pénal.

43.

Tertullien emploie i c i le terme de

contumacia

dans un sens large,

c'est-à-dire de la résistance, ou obstination coupable du contrevenant,

entachée

de

dol

; c f .

G.

May,

Éléments

de

droit

romain,

Paris

1922,

p.

682,

n.

298.

44. Le

Lévitique connaît

d éj à

la

distinction

entre

les délits

commis

«

à main

haute » , délibérément (Lév. 15, 30), q ui n'admettent

pas

de

r émission

et l e s

fautes commises

par inadvertance

(Lév.

15,

22),

pour

lesquelles on accomplit des rites d'expiation.

Page 65: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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INTERPRETATION SCRIPTURAIRE

57

( /

Cor.

7 , 39)

et

q u ' i l s

ne peuvent

in vo quer

l'excuse de

l a

néces

s i t é 4 5 .

L ' énum é rat ion

des

p é r i l s

q ue

l e s

ma r i ag es mi x te s

font

courir

à

l ' e s p r i t

est annoncée

par

une citation libre

de / Cor.

1 5 , 33,

déjà

u t i l i s é e

à

l a f i n

de Y

Ad uxorem I .

Puis Tertullien recourt à

un

raisonnement a f o r t i o r i ,

q ui

va l u i permettre d'intégrer à sa

démonstration toutes

l e s activités de la

vie

chrétienne :

s i l est

vrai q ue « l e s mauvaises conversations corrompent l e s bonnes

mœurs » ,

combien plus l e partage de toute

l a v ie

et l'intimité de

tous l e s

instants, requis

par l e mariage, doivent-ils

opérer

coup

sûr

a

ruine

de

l a

f o i

chrétienne,

dans

un

mariage

mixte46.

Point n'est

besoin

d'observer

que

Tertullien f a i t

i c i une

pétition

de principe : pour l u i , nécessairement,

dans

un mariage mixte,

l e conjoint païen ne

peut avoir

d'autre dessein que de travailler

à l a

ruine matérielle

et à l a destruction de

l a

f o i de l 'é poux chr é

t i e n 4 7 . Mai s Tertullien a - t - i l l e droit de f a i r e une t e l l e supposition ?

Pourquoi un mariage mixte

s e r a i t - i l

nécessairement voué à

l'échec

?

Ne peut-il être

au moins aussi

pacifique

et

heureux q u ' u n

mariage

de

non-chrétiens,

dont

l'un

des

époux

s ' e s t

converti

au

christianisme ?

Tertullien a

vou lu

répondre à

cette

objection. Une f o i s de plus

i l

renvoie ses adversaires

à

l a l e t t r e de l'Écriture, e t

i l

leur

r é p l i

que

: en admettant

même (dato

sed non

concesso)

que

l e s dangers

encourus soient aussi redoutables

dans

l e s unions

préchrétiennes

devenues

mixtes

q ue

dans

l e s mariages

mixtes

proprement

d i t s ,

dans

l e

premier cas l a condition

de l'époux

chrétien est

excusable,

puisqu'elle

est

conforme

à

l a

volonté

de

Dieu,

énoncée

par l'Apôtre, tandis que l a conclusion d' un mar iage mixte, de

toute

évidence, enfreint l e

précepte

divin

et constitue, par

conséquent, un délit q ui n'admet pas d'excuse48. « Nous v o y l à

au rouet

» ,

eût dit Montaigne49.

45. La « nécessité » est l'un des moyens classiques pour ercuser l'acte

délictueux

;

elle peut

être

contrainte

physique

ou

morale

; c f .

LanSBBRG,

o.c, p. 104, n. 190 ; Fredouiwî, o.c, p. 106, n. 139.

46. V*.,

I I , 3 . 3 .

47 . Vx.. I I ,

4 .

1 ; 5 . 3 .

48. Vx., I I , 7 , 1-3.

49.

Essais I I ,

13.

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7/25/2019 A Son Épouse

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58

INTRODUCTION

B. L'expression e t l e s t y l e

Les deux l i v r e s de YAd uxorem nous révèlent un auteur

en

pleine possession

de

ses

talents.

Et

d'abord, l a pensée apparaît

ferme, mesurée,

bien

qu'elle témoigne

parfois de

propensions

fâcheuses à l'outrance et au paradoxe. On sent gr onder , dé jà ,

une violence à peine contenue : l e s temps ne sont pas loin,

décidément,

q ui

verront l e

sévère

moraliste

r a l l i e r l e s

rangs

montanistes

et accuser

l e s « psychiques » de trahir l a pureté du

message

évangélique.

La composition est particulièrement soignée : l a structure en est

c l a i r e , l e s

divisions

nettes, l e s parties savamment équilibrées.

L'auteur a poussé la

coquetterie jusqu'à organiser

l e deuxième

livre sur l e plan du premier. Ma is plus que l e

désir

de plaire,

c ' e s t l e besoin de

convaincre

q ui a décidé, chaque f o i s , des élé

ments

de

l'argumentation. I l

est

aisé de

s'en

assurer

en repérant

l e s grandes lignes

q ui

dirigent c e l l e du premier l i v r e .

Après

l e

préambule

( I ,

i )

et

la

réfutation

des

objections

préalables

(I , 2-3,

1 )

vient l'exposé

de

l a thèse (I , 3 , 2 - 6 ) , étayée

par

l e s preuves

de

raison (I , 3 , 5 ) et l e s preuves

scripturaires

( I , 3 ,

6 ) .

Suit

l a

réfutation des objections

avancées

pour j u s t i f i e r l e rema

riage

(I ,

4-5) : réponse de principe

( I , 4 , 1 ) ;

réponses aux a rgu

ments

pris

isolément

( I , 4 , 2 - 5 ,

4 ) —

t

l a réfutation des

objec

tions opposées aux propos de continence

des

v eu v es ( I , 6-8, 3 ) :

e s t - i l possible (I , 6 , 1 - 5 )

;

e s t - i l avantageux (I , 7-8, 3 ) ? Confir

mation

par

l a

négative

:

l e s

inconvénients

l i é s

aux

secondes

noces

(I , 7 , 4-5) ; illustration positive :

l e s mérites respectifs

de l a virginité

et

de l a viduité (I ,

8 ,

1 - 3 ) .

Si Tertullien a repris ce plan d'ensemble

pour

traiter l a question

des

mariages mixtes, i l

a su l'adapter à son nouveau s u j e t , notam

ment dans la

deuxième partie de l'argumentation. Cette f o i s ,

c'est la

preuv e

scripturaire q ui doit être i n v o qu é e

en

p r i o r i t é ,

pour

j u s t i f i e r

l'interdiction. Tertullien

l u i consacre donc l a

majeure

partie

de son exposé

( I I ,

2 ,

6-7,

5 )

;

l e s

preuves

de

raison ne viennent

qu'en

exergue ( I I , 8 ,

1 - 5 ) .

Tertullien ordonne

sa

démonstration scripturaire à partir du couple paul ini en de

la chair et de

l ' e s p r i t .

I l examine successivement l e s dangers

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7/25/2019 A Son Épouse

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EXPRESSION

ET STYLE 59

que

les mariages mixtes représentent

pour

l e corps ( I I , 2 , 6

-

3 ,

2 )

et pour l'âme ( I I , 3-7, 5 ) .

Dans

l a première partie de son

discours,

i l

applique

rigoureusement

l e s

catégories

de

la

discep-

tatio l e g i s ,

en

dégageant

progressivement l e status légal q ui

s' i mpose en l'espèce

: nécessité de se soumettre

à

l a prescription

de / Cor. 7 , 39 ; raison d'être de cette l o i ( r a t i o l e g i s ) ; nature

et gravité du d é l i t commis à son encontre ( I I ,

2 ,

6-3, 2 ) . La

seconde

partie

offre une

confirmatio,

illustrant l e s

dangers q ui

menacent la

f o i

( I I , 3 ,

3-4, 2 )

et une réfutation détaillée des

objections de l a

partie adverse

( I I , 5

-

7 , 5 ) . L'auteur reste fidèle

à

la

structure

binaire

jusque

dans

l e s

sections

mineures

de

son

développement

: aux

réponses de principe ( I I ,

5 ,

1 ) corres

pond,

en guise d'illustration, la description des

avatars d'une

chrétienne mariée à un

païen,

soi-disant tolérant. Cette descrip

tion f a i t ressortir d'abord l e s obstacles apportés aux activités

chrétiennes ( I I , 5 , 2 - 3 ) , puis l e s inconvénients constitués par

les activités

païennes ( I I , 6 ) .

L'examen

de l'objection faite par

rétorsion suit un

schéma

analogue

:

la situation des

unions

préchrétiennes

est

excusable

:

preuves

scripturaires,

preuves

de raison

( I I , 7 ,

1-2)

; l e s

mariages

mixtes n'ont pas d'excuse

(H,

7 . 3 ) -

D'aucuns trouveront, peut-être, que cette façade

imposante

comporte plusieurs

fausses fenêtres

et

q ue l e

souci de la

symétrie

a

conduit

l'auteur à

multiplier abusivement l e s corps

de logis ;

i l n'en reste pas

moins

que, sous l e foisonnement

baroque

et

l'ornementation

luxuriante, l e gros-œuvre

se

dresse, s o l i d e ,

fait

des

matériaux

l e s

plus

nobles.

I l

en

va

de

même

des

édifices

contemporains

de S abr atha

ou de Leptis Magna,

dont

l'architec

ture

puissante

s ' a l l i e à

la

décoration prodigue

de l'époque

sévé-

rienne.

L'argumentation est servie par une dialectique vigoureuse,

i mpl acabl e par moments,

q ui ne

l a i s s e à l'adversaire aucune

échappatoire. Tertullien s a i t varier à l ' i n f i n i l e s types de

ses

raisonnements : s i l

manifeste

une préférence pour l e s arguments

a

simili1

et

a

comparatione2,

q ui

l u i

permettent de

développer

1 . Raisonnements analogiques : I , 3 , 4 ;

3 , 6

;

6 ,

3 ; 7 ,

1

; 7 , 5 ; I I , 1 , . 3 ;

3 . * ; 5 . * ; 8 , 3 .

2 . Raisonnements a minore ou a

maiore : I , 1 , 2 ; 3 , 3 ; 3 ,

4

;

6 ,

1 ;

Page 68: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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ÔO INTRODUCTION

à

l o i s i r antithèses3

e t exempta*,

i l

s a i t , à

l'occasion,

s'élever aux

sommets

arides de l a

pensée l a plus

abstraites.

Toutefois ces

passages,

q ui

respirent

une

application

quel que

peu

forcée,

demeurent exceptionnels. Tertullien ne tarde pas à suivre son

penchant naturel, r é a l i s t e et passionné :

i l

veut

convaincre plus

q u ' i l ne cherche à prouver, mais surtout i l croit q u ' i l imposera

son point de vue,

s i l

parvient à frapper l'imagination de ses

lecteurs et à toucher leur s e n s i b i l i t é .

Émotif

à l'extrême, doté

d'un tempérament

exalté,

Tertullien

possède une imagination extraordinaire, d'abord v i s u e l l e ,

mais

non

moins

portée

à

l'invention verbale,

aux

jeux

sonores

des

mots,

sensible à

l a

mélodie

des

phrases e t à tous l e s

prestiges

de l'expressivité. Ses commentateurs se

sont plu à

souligner

la richesse de son vocabulaire, l a force étonnante de ses alliances

de mots, l a

plénitude

de s e s s e n t e n t i a e . Les deux l i v r e s

de

Y

Ad

uxorem illustrent avec

discrétion

ces aspects

de son

écriture.

Deux t r a i t s , notamment, frappent l'attention : d'une part,

l'abondance des

emprunts q ue l'auteur y f a i t à l a langue du droit,

des

métiers,

de

l'armée6

;

d'autre

part, l'influence

profonde

6 , 2 ;

7 ,

5 ; 8 , 2 ;

II,

i ,

2-3

;

3 , 3 ;

7 ,

3

;

8 , 2 .

3 . Parmi les antithèses les plus élaborées, r e le vons : I , 4 , 1 ;

4 , 7

;

4 ,

8 ; 7 ,

1

; I I , 4 ,

1

; 6 ,

1

; 7 , 3 ; 8 , 2 ; 8 ,

4 .

4 . Sur la

place et

le

rôle des

exempta

dans

l'œuvre de Tertullien,

c f .

H.

PÉTRÉ, L'exemplum chez Tertullien, Dijon 1940 ; Fredouh,i,E, o.c,

p.

107,

n.

144,

observe que

ces

exemples sont i c i tout

à fait à leur

place,

s'agissant du

genre

délibératif.

Ils

ont

également

une

va leu r

exhortative,

su r tout

les exemples païens. V oi r I ,

3 ,

4 ; 4 ,

3

; 6 ,

1-4

;

7 , 5

; II, 7 ,

3

;

8 , 3 ;

8,

4 -

5 .

Notamment en Vx., I , 3 , 5 ; I I , 1 ,

3

; 2 , 2 ; 2 ,

8 .

Signalons aussi

l'emploi

de dilemmes :

I ,

3 ,

4

; I I , 5 ,

1

; et de raisonnements ab absu r do :

II.

2 , 3-4.

6 .

Sans vouloir relever tous les termes empruntés

à

la langue technique

du

droit, notons les passages les

plus

riches à cet égard I , 1 : tabulat

(nuptiales) ;

legalum

; praelegare ; hereditas ; solidum capere ; admoni-

t i o

; demonstratio

; fideicommisum

; fidei

mandate

;

II,

1 , 3-4

: uenia ;

ignoscibilis

;

suadere

;

iubere

;

iussum

;

consilium

;

obligari

;

contumacia

;

potestas

; necessitas ; c f . I I ,

2 , 3-5

; 2 ,

8

; 3 , 2 ; 8 , 1 . —Pour les métiers,

i l

est intéressant de

constater des emprunts au monde

du

commerce

:

I , 5 , 4 : mercimonia agere, emere ; 7 , 2 : solutionem quaerere ( c i t . ) ; I I , 7 ,

1

2 : lucratio,

lucrifieri ( c i t . ) .

le monde

agricole

est

représenté

par :

seminq-

Page 69: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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EXPRESSION-

ET STYLE

6l

e x e r c é e par l e vocabulaire

des

premiers traducteurs de l a Bible.

Tertullien y puise avec

prédilection

images et comparaisons7

;

i l

s'inspire

des

Livres

Saints,

pour

créer

l e s

métaphores

l e s

plus

audacieuses, aux confins du monde matériel

et

du monde s p i r i

tuel8.

Même l a puissance visionnaire des prophètes ne

l u i f a i t

pas

défaut,

quand

i l

évoque l e s

scènes

du Jugement dernier9.

C'est pourtant dans l a description des scènes familières, dans

l e

pittoresque de

la vie

quotidienne,

q u ' i l

se montre inégalable. Les

croquis prestement

enlevés,

l e s caricatures

amusées

ou féroces

surgissent à l improviste10. Les dames

de

qualité de l a Carthage

chrétienne sont

rudoyées

allègrement,

leurs

conseillers

spirituels

ne

méritent

aucune

indulgence11. I l faudrait commenter

i c i

rium

I , 2 , 1 ;

emendatio

;

excidere (ramos) redundantes

;

componere

(arbores)

inconditas ; c f . 4 , 7 ; 5 , 1

serere

; 7 , 1 . —Il

y

a des termes

de

chasse :

I , 3 , 6 ( c i t . ) ;

II,

7 , 2

:

specu la ri , i nst ar e ; des images venues du

monde

des jeux : I , 3 , 6

;

I I , 8 , 3 .

es vocables militaires sout relativement

peu nombreux,

mais ne

manquent

pas

d'expressivité

:

I ,

5 , 2-3

:

impcd inten

ta ;

sarcina

; expeditio ; I I , 2 , 3 : destricta e t expedita sententia.

7 .

Cette

influence

est

plus

sensible

en

I ,

2 ,

1

;

4 ,

7

;

5 ,

2 3

;

6 ,

2

;

I I ,

3 ,

1

;

5.

1 ; 7 .

2 -

8.

Qu' il soit

permis

de relever, après maints commentateurs,

les

images

les plus

expressives

: l e mariage,

pépiniè re

du genre humain I , 2 , 1 ; l e

p rog r ès moral et

légal, comparé

au

travail du paysan q ui

émonde ses

a rb re s I , 2 , 3 ; le jugement dernier, comparé à un rassemblement militaire

précipité I , 5 , 2 3 —l est loisible de penser que Tertullien pousse sa

métaphore aux limites extrêmes

du

supportable ; c f . I ,

6 , 2 . Le deuxième

livre n'est pas moins riche, à cet égard

:

II, 3 , 1 témoigne d'une recherche

évidente ; on

y

trouve

cette expression,

d'une r a r e audace

:

du

sang

de

Die u,

prix

de

notre

rachat

; 7 ,

2

présente

la

g r âce

de Dieu

q ui

entretient

une consuetudo

(relations

intimes et suivies) avec l ' épou x païen d'une

chrétienne récemment convertie. Ce

conjoint

est Vei candidatus : candidat

de

Dieu

—mais ne

pourrait-on

traduire aussi :

i l

a é té

revêtu

de la robe

blanche de la crainte de

Dieu

?

9 . Vx., I , 4 5

;

5 , 2 ; 8 , I 2 ; I I , 3 , 1 .

10. C r o q u i s I , 8 , 3 : les femmes de Cartilage, bavardes, musardes,

cancanières,

biberonnes ; on

notera,

cependant,

que

Tertullien s'inspire

directement de l'Écriture. Cf. I I , 4 , 1

: les

occupations domestiques

des dames

de

qualité ;

5 ,

2 : les

rites

q uo ti di en s d es chrétiennes, e t c .—

Caricatures

:

I ,

4 ,

6 ,

le

mode

de

régenter

leur

maisonnée

habituel

aux

«

matrones

♦ ; I I , 4 , 4 ,

les

soucis v est iment ai r es d es païennes ; 6 , 12,

les obligations mondaines

;

8 ,

3 ,

les

problèmes

de représentation

et

de

mode.

La férocité

du trait

final ne saurait

laisser indifférent.

11.

Vx., I I , 2 ,

1 .

Page 70: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 70/238

62 INTRODUCTION

l e s passages où Tertullien

ajoute

à l a

force

corrosive du trait

l a violence de ses invectives12

ou

l a cruauté de son ironie13.

Avouons

toutefois

q u 'on

se

lasserait

assez

vite

de

ce

style

tendu,

haché, haletant,

q ui ne

semble connaître d'autre stratégie que

l'attaque

à

outrance.

La

rudesse

et l'impétuosité

ne suffisent

pas,

du r e s t e , à emporter l a conviction, car s i Tertullien est un logicien

habile,

i l est

médiocre

casuiste. On

mettra au compte de son

ardeur

intransigeante,

de son

zèle

de converti, de son tempéra

ment africain, l a démarche saccadée, voire convulsive de son

discours,

l e recours

à

jet continu aux procédés

l e s

plus rebattus

de

l a

rhétorique.

L'auteur

s a c r i f i e

aussi

aux

préjugés

de

la

mode

;

l'époque

des

Antonins a

imposé

une certaine écriture

« artiste »

et Tertullien se plaît à

r i v a l i s e r

av ec son compatriote Apulée,

pour

la

virtuosité,

l'érudition,

l a technique.

Adire v r a i ,

l'érudition

est i c i de bon

a l o i ;

e l l e

sert

directement

l e

propos

de

l'écrivain

et ne

cherche

pas à faire étalage

de scien

c e 1 4 . La technique est

r emar quabl e ;

e l l e u t i l i s e avec brio l e s

figures l e s plus expressives du

discours

et du s t y l e 1 5 . Mais l e

g rand

art

ne

c o n s i s t e - t - i l

pas

à

se

f a i r e

oublier

?

Tertullien

y

12. Recours à l'invective : I I , 2 , 1-2 ; 3 , 4 ;

6 , 2

; 8,

3

; I ,

5 , 3 .

13.

Maniement

de l'ironie :

I ,

4 , 7 ; 5 , 1 2 ; I I , 2 ,

2

; 2 , 6 ; 3 , 1 ; 4, 1 ;

5 ,

4 ;

6 ,

1 ; 7 , 3 ;

8 , 2 3

; 8, 5. Cf. R.

F.

BoughnER,

Satire

in Tertullian,

Diss.

Johns Hopkins

University, Baltimore 1975.

14. Elle n'apparaît guère qu'ea Vx., I , 6 ,

3

5 .

15.

l«e commentaire

signale les

passages

les plus

remarquables

de

ce

point

de vue. Nous pouvons nous

limiter

i c i

à

relever les

figures

les plus

marquées :

Allitérations

:

I , 1 ,

1

;

4 ,

1

;

8 ,

4

; II,

8 , 6 - 7 . . .

Anaphores : I ,

1 ,

6

; 2 , I ; 2 ,

4

; 4 ,

4

;

5,

2 ; 5 ,

3

;

6,

2 ;

7 ,

1 ; 8 , 2 . . .

Antonomases : I , 7 ,

5

; apostolus = Paul.

Apostrophes

:

I ,

3 ,

1 ;

3 , 3

; 4 , 1 ;

4 ,

3 ; 5 ,

4

; 5 , 5 ;

7 ,

1 ;

7 , 3

;

I I , 3 ,

1 ;

3 ,

3 . .

Asyndètes : I , 1 , 1 ; II, 8, 6 8 . . .

Hyperboles

: I ,

6 , 3 ; II, 3 , 1 ; 7 , 2 .

Métaphores : I , 4 , 4 ; 4 ,

6

; 4 , 7 ; 6, 5 ; 7 , 3 ; 8 , 1 ; 8 , 3 ; I I , 3 , 2 ; 5, 2 ; 6 ,

2;

8 , 3 . . .

Métonymies : I , 4 , 3 ; 4 ,

7

; 5 , 1 ; 5 ,

3

; 8 ,

2

;

8 ,

3 ; II, 3 ,

4

;

6 ,

1 ;

7 ,

1 .

Parallèle

:

I , 8 , 2-3.

ParataXe

:

I ,

5 ,

1

; 8,

4

;

II,

2 ,

5

;

3 ,

1

;

5 , 2 .

Parenthèses : I ,

3 , 5

; II, 2 ,

2 .

Prétentions :

I ,

3 ,

4

;

5, 5.

Sentences : I , 3 ,

2

; 3 , 4 ;

3 , 6

; 4 , 8 ; 6 ,

2

; 8 ,

2

; 8 , 4 ; II,

1 ,

3 ; 1 ,

4

; 2, 9 ; 3

2 ; 3. 3 ; 7 . 3 ; 8 . 5 ; 8 , 6 . . .

Page 71: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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EXPRESSION

ET

STYLE

63

parvient,

plus

d'une f o i s , dans YAd uxorem, notamment

dans

l'admirable description du mariage chrétien, q ui achève l e

deuxième

l i v r e .

Mai s

combien

d'autres

passages

aussi

permettent

d'apprécier l e s

multiples facettes

de son génie. Comment ne

pas

être séduit

par

l a

sobre élégance de certaines descriptions16

?

Comment

ne

point

admirer

l e s étonnantes

formules, dont

l'auteur

parsème une démonstration ou achève un

débat17

? Comment

ne

pas se

l a i s s e r

gagner par la chaleur

sincère

de certains

dé velop

pements18 ? Tertullien

n'est pas

un

auteur f a c i l e :

brillant

et obscur,

concis et

embrouillé,

prolixe et d i f f u s , puis

d'une

densité

impénétrable,

i l

possède

une

aptitude

étonnante

à

chan

ger sans cesse de ton et de r e g i s t r e .

S ' i l

est capable de faire

les délices des plus r a f f i n é s , i l

n'en rebute pas

moins

par

d'autres

aspects : pour quelques images étincelantes, combien de clique

t i s verbal ; pour quelques argumentations vives et f o r t e s , com

bien

d'arguties et de

paralogismes ; mais

surtout

que

de

talent

dépensé pour des causes manifestement

intenables.

On aimerait surprendre l e secret de cette personnalité presti

gieuse

mais

s i

déconcertante.

1,'Ad

uxorem,

par

l e s

sujets

q u ' i l

aborde,

l e s

destinataires auxquels i l s'adresse, l a

passion secrète

q ui l'anime,

semble o f f r i r un lieu privilégié pour de t e l l e s

inves

tigations. Paul Monceaux avait observé déjà qu'en recomman

dant

à

sa

femme de ne

point

se

remarier,

Tertullien proteste

qu'il

n'éprouve aucune

jalousie anticipée,

« mais i l proteste

de t e l l e sorte et avec tant d'insistance, q u ' i l trahit justement

son

involontaire

préoccupation19

» . A

quelles

profondeurs

s'enracine

son

ardeur

intransigeante

à défendre

l e

mariage

monogame et sa pureté ? Par quels détours en e s t - i l venu à

identifier toujours plus la sainteté chrétienne et l a virginité

?

Multiforme, insaisissable, Tertullien étonnera ou indignera

toujours ceux q ui

ne

veulent

retenir q u ' u n

seul aspect

de son

visage. Mais

l a

lecture savoureuse de

ses é c r i t s

nous permet

de

r etr ouv er tout

l ' homme, e n

sa

mouvante diversité.

16. I ,

4 , 7 ; 6, 4 ; 8 , 4 ;

II,

3 , 4 ;

4 ,

2-3 ;

5 , 3

; 6 , 1 ;

7 , 2

; 8 , 3 .

17. I ,

4 , 4

; 7 , 2 ; I I , 2 ,

5

; 3 , 1 ; 7 , 3 ; voir

aussi

les

différents

types

de sentences

d 'o rd re moral ou

social,

signalées

n. 15.

Pour

leur

classifica

tion,

on

pourra

se r epor ter à Lausberg,

o.c, I I ,

p. 804-808.

18. I ,

4 ,

1-2

; 8 , 3-4 ;

II,

6 ,

1-2

; 8 , 7-9,

entre autres.

19. Monceaux, Histoire littéraire

de

l'Afrique chrétienne, I , p. 191.

Page 72: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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MANUSCRITS

ET

ÉDITIONS

h'

Ad

uxorem

nous

est

parvenu

par

deux

collections

de

manus

c r i t s , inégalement représentées :

i . Le C o rpus Agobardinum, dont l a composition

remonte au

Ve s i è c l e ; i l ne subsiste plus

aujourd'hui

q u ' u n seul témoin

de cette

famille

:

A

(Agobardinus) = Paris, Bibliothèque nationale l a t .

1622

(ixe s i è c l e ) , ainsi

appelé au nom de l' é v ê que

de Lyon, Agobard

(816-840),

q ui

en

f i t

exécuter

l a

copie.

C e

manuscrit

est

passa

blement

mutilé : i l ne conserve plus q ue treize t r a i t é s ,

plus ou

moins complets, sur

vingt et

un q u ' i l

comportait à l ' o r i g i n e .

h' Ad

uxorem

y figure intégralement, entre l e

De

cultu feminarum

et

l e De exhortatione c a s t i t a t i s , aux f o l i o s 179V-188v.

2 .

La

deuxième famille de manuscr i ts représente une

collection

( 0 ) ,

dont l e noyau

a

pu être

constitué en Espagne dès la f i n

du v ie s i è c l e . Transcrite à C luny, au

xie

s i è c l e , dans un recueil

en

deux

tomes,

regroupant

vingt-huit

«

l i v r e s

» ,

e l l e

est

habituel

lement désignée sous

l e nom

de Corpus

Cluniacense, mais i l est

d i f f i c i l e

d'en

cerner

l e s contours

et

d'en retracer l e s

étapes1.

1 . Pour la classification des manuscrits, ou corrigera les conclusions

d'E. Kroymann, CSEL, ux, Vienne 1942, p. vi-xxxv, par les travaux

de E.

Dbkkees,

« Note sur

les

fragments

récemment découverts

de

Tertul-

lien » ,

Sacris

erudiri

4 ,

1952,

p.

372-383

;

c f .

du

même,

la

P r é f a c e

à

l'édi

tion de Tertullien

publiée

dans le

Corpus christianorum,

series latina

I ,

1954, P- VI-IX. On tiendra compte aussi des

remarques faites par

H. Trâx-

KhS

dans

son

édition

de V

Advenus Iudaeos, Wiesbaden

1964,

p. x c i v ,

au sujet

du prétendu Corpus

Cluniacense.

Page 73: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 73/238

MANUSCRITS

ET ÉDITIONS 65

Deux groupes de témoins, désignés par l e s

s i g l e s

a

et

p , se

partagent

cette

lignée :

a )

l e s

plus

anciens,

l e

Paterniacensis

(originaire

de

Payerne,

en Suisse ;

actuellement

conservé

à l a Bibliothèque humanis-

tique

de Sélestat, Ms 88)

et l e Montepessulanus

(Montpellier,

H 5 4 ) , tous

deux du xie s i è c l e ,

ne contiennent

plus VAd uxorem.

Ma is un manuscrit du XVe

s i è c l e

permet,

semble-t-il,

de

suppléer

à

cette

perte :

N (Florentinus Magliabechianus) — Florence, Bibliothèque

nationale,

Conventi soppressi,

I ,

VI, 9 , f o l .

162v-165v.

On dispose, en outre, des leçons t i r é e s par Beatus Rhenanus

d' un manuscrit de Gorze ( l e Gorziensis : G) , aujourd'hui perdu,

signalées dans sa troisième édition des œuvres de Tertullien

(1539)-

b)

l e

deuxième

groupe

dépend

d'un manuscrit, l u i aussi

perdu,

u t i l i s é par

Beatus Rhenanus

pour

l'édition

princeps

de 1521,

YHirsaugiensis,

originaire du monastère

bénédictin de

Hirsau,

en

Forêt

Noire.

I l

est

représenté

par

:

F

(Florentinus Magliabechianus) =

Florence, Bibliothèque

nationale,

Conventi

soppressi I ,

VI, 10 (xve s i è c l e ) , f o l . 78-81v.

Ce

manuscrit

a

été

copié à Pforzheim,

en

1426, par

deux

francis

cains du nom

de J .

v .

Lauterbach et

T.

v .

Dymphen.

X (Luxemburgensis) =

Luxembourg,

Bibliothèque nationale 75

( f i n du xve s i è c l e ) , f o l . 79V-86.

C e

manuscrit a appartenu à

P.

Roberti,

abbé

de

Munster

à

Luxembourg.

De

nombreux manuscrits i t a l i e n s ,

conservés

surtout à Florence

et à l a Bibliothèque

Vaticane, se rattachent

directement à

F2.

I l s peuvent être négligés, sans inconvénient, pour la reconstitu

tion

du

texte de YHirsaugiensis. En e f f e t , s i en 1936 J . W.

Borleffs3

avait souligné

l e s

qualités

de

X, q u ' i l croyait

directe

2 .

E.

Kroymann,

« Die

Tertullian-Ueberlieferung

in Italien

» ,

dans

S i tz un gs be ri cht e d er P hi l os ophi sc h. Historischen C lasse der kais. Akad.

der Wi ss. z u

Wien, Band 138,

Heft

3 , 1898, p. 1-32.

3 . J. W. Borleffs, Zur

luxemburger

Tertullian-handschrift, dans

Mnemosyne, 3 , 2 ,

1935,

p. 299-308.

Page 74: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 74/238

66 INTRODUCTION

ment transcrit

de

ce manuscrit, C . Moreschini4

a

prouvé

depuis

—dans une

étude

qui ne

concerne, i l

est v r a i , que la tradition

manuscrite

de VAdversusMrcionem—ue F et X

ne procédaient

pas di r ectement

du codex Hirsaugiensis, mais d'une copie

de

c e l u i - c i , également perdue, appelée Pforzhinensis,

d'après

l e

l i e u

F

fut transcrit.

Les observations q ue l'on peut f a i r e à

propos

de

Y

Ad uxorem

ne sont pas

de

nature à infir mer l e s

conclusions

de

Moreschini5.

I l convient donc

de corriger

sur ce

point l e stemma codicum

jadis établi par Kroymann et d'apprécier l a valeur respective

des

témoins

du

Corpus

Cluniacense

en

fonction

du nouveau

stemma.

Principes de

cette

édition

Le texte

de

l a présente édition

a

été établi après une nouvelle

collation des

ma nu sc r it s d e

base

A, N, F, X,

ainsi

que des trois

éditions

de

Beatus Rhenanus. Les manuscrits sont

de

valeur

différente,

mais

i l n'est

pas

possible d'en privilégier un quelcon

que, de manière systématique, au détriment des autres.

Utilisé l a première

f o i s par

Nicolas

Rigault

(Rigaltius)

en

1628,

VAgobardinus e s t , de l ' a v i s général, un témoin de toute première

valeur. Dans

cette

même collection,

J .

P. Mahé

et

M. Turcan

ont

donné

mai nts ex empl es

s i g n i f i c a t i f s

de

l'excellence des

4 .

C.

Moreschini, « Prolegomena

ad una futu r a

edizione

dell' Adversu

Marcionem » , dans Annali dalla Scuola

Normale

Superiore di Pisa

35,

1966, p. 296-308 ; 36, 1967, p. 93-102 et 235-244.

5 . Pour vérifier l'hypothèse de

Moreschini

sur VAd uxorem,

i l

faudrait

pouvoir citer plusieurs passages où Net FX auraient chacun commis

une

faute

différente,

tandis

que

B.

Rhenanus

donnerait

la

bonne leçon

confirmée par A.

La situation

est

la même que dans l e De carne Christi ;

c f . J.

P.

Mahé, Introduction I , Paris 1975. p. 173.—On ne peut guère

citer

que

les

leçons

sui vantes

:

I ,

4 ,

1

:

infi rma A

R

:

infirmata

NX

infir-

mataest F ; I , 5, 2 : incommodum AR : incomodum A' in eo modum F

incommodai ;

I ,

5 , 3 : alicui

AR

: alicubi

NFalcubi

X.

Encore

faut-il

reconnaître

que, dans ces cas, l'éditeur a

pu restituer

de lui-même

la

bonne leçon.

Page 75: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 75/238

MANUSCRITS ET EDITIONS 67

ixes.

X?s.

XI^s.

XIICs.

Mlle s .

XIVes.

XVe

s .

JA

Stemma Codicum

60

N

[G]

XVIe

s .

é d i t i o n s

de

B .

Rhénanus

\

i

[

H i x s a u g i e n s i s

]

/, i

[

Pforzhinensis

Ri = 1521

R2

=

1528

R3 = 1529

\ /RI

V&2

R3

Page 76: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 76/238

68

INTRODUCTION

leçons q u ' i l est l e seul

à

conserver6. Ma is A

ne mérite

pas une

confiance aveugle ; à

l a

suite d'E. Kroymann, l e s meilleurs

connaisseurs

de Tertullien ont signalé ses

nombreuses

lacunes

et

déficiences

et

plaidé

l a

cause

des

recentiores1 .

1/

établissement

du texte de YAd uxorem nous a permis de v é r i f i e r sur pi èces la

justesse

de ces observations. Qu'il

s u f f i s e

de

signaler i c i les

t r a i t s

caractéristiques de ce

manuscrit,

dont

l e

témoignage de

meure

capital.

Le copiste de A est responsable de nombreuses

omissions8,

assez limitées, i l est v r a i , puisqu'elles n e c on ce r ne nt généralement

q u ' u n

ou deux mots et ne dépassent

jamais l a

valeur d'une ligne

(de

25

à

30

caractères).

Plusieurs

pass ages sont

rendus

inintel

l i g i b l e s , parce q ue l e scribe a séparé l e s mots v a i l l e que v a i l l e ,

ou procédé

à d'étranges combinaisons9.

De

toute é vidence,

i l n' a

pas

cherché

à comprendre l e texte

q u ' i l avait l a tâche

de

transcrire.

Dans

la plupart

des cas, l e s leçons concordantes de l a famille

de Cluny permettent de combler l e s lacunes et de corriger l e s

fautes l e s

plus grossières

de

A.

Lorsque l e s témoins divergent,

l a

bonne

leçon

a

parfois

été

conservée

par

N10,

plus

rarement

par J F et X contre N11. On observe, par a i l l e u r s , de nombreuses

concordances de A N contre l e

sous-groupe

FX. Chacun des

représentants

des

Cluniacenses

o f f r e ,

du

r e s t e ,

son l o t de variantes

propres,

que

l'accord

des autres

témoins

permet

de

corriger.

I l n' a pas semblé nécessaire de collationner l e s épigones de la

6 . J . P.

Mahé, o.c, p.

17 7 ;

M.

Turcan,

éd.

C ult., p. 16 ; «

La

tradition

manuscrite de Tertullien à propos du De cultu feminarum » , dans REL, 44,

1967- P- 364-3°5-

7 . R.

Braun,

«

Note sur

Tertullien, De

cultu

feminarum I I ,

6 ,

4 .

Histoire d'un texte obscur » , dans Sacris erudiri, VII, 1955, p. 35-48 ;

E. Castorina,

dans

son édition duDe

spectaculis,

Florence

1961,

p.

xvm

s .

8 .

Notamment en I ,

1 ,

5

; 3 , 5 ;

4 , 2

; 8 , 4 ;

II, 2 ,

9 ;

3 ,

1 ; 7 ,

2

; 8 , 1

:

8 ,

3

; 8 , 8 .

9 . Voir M. Kwssmann,

Curarum

Tertullianearum particulae

I

e t II,

Halis Saxorum, 1881, p. 16-20.

10.

Signalons,

entre

autres :

I ,

5 ,

1

:

serere

;

6,

1

parentant

;

6 ,

4

;

toro ; I I , 1 , 2 ;

procliuium

; 2 , i : recordarer ; 4 , 3 habere ; 6 , 2 : adteren-

dae ; 8 , 1 dispectores ; 8 , 3 cinerariis...

11. On

peut

citer : I , 4 , 3 : uel ut ; I I , 3 , 1 : sciam ;

5 ,

3 obiectione ;

8 ,

2 iunctae ;

8 ,

8

ubi et

ipse.

Page 77: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 77/238

MANUSCRITS ET ÉDITIONS 69

lignée, t e l s l e

Vindobonensis

4194,

actuellement à

Naples,

Biblio

thèque

nationale, sous l e numéro 55, ou l e Leidensis latinus 2 ,

moins

encore

l e s

Vaticani

189-19312.

Par

contre,

l e s

éditions

de Beatus Rhenanus ont

été

soigneusement revues

: l a première

(1521)

constitue

un

témoignage

important pour YHirsaugiensis ;

la

seconde

(1528)

apporte de

nombreuses

conjectures intéres

santes, dont plusieurs figurent déjà dans l e s marges de l a pre

mière : l a troisième

(1539)

corrige plusieurs passages grâce au

manuscrit de Gorze.

Comme

tous l e s traités du rhéteur a f r i c a i n , YAd uxorem o f f r e

un

certain

nombre

de

l o c i i n c e r t i ,

dont

l e s

philologues,

depuis

quatre

s i è c l e s ,

s'ingénient

à percer

l e mystère.

A l'encontre

d'E.

Kroymann, q ui a

multiplié

à

p l a i s i r l e s

conjectures

auda

cieuses et procédé à de nombreuses additions, suppressions et

transpositions, des plus arbitraires, n ou s pe ns on s q ue l a méthode

la

plus simple

d'apporter

q ue l q ue

lumière

aux

l o c i i n c e r t i

est

de

s'en tenir

au

texte,

t e l que

l'ont

transmis l e s manuscrits13.

Souvent l a

difficulté réside dans l e tour abrupt de

l a

pensée

de

l'auteur,

q ui passe

sans

transition

à

l'invective

ou

à

l ' i r o n i e

:

dans

ce c a s , une ponctuation

différente

s u f f i t ordinairement à

dégager

l e s

nuances du texte14.

Bien entendu, nous avons

t i r é

l e meilleur

parti des conjectures proposées par nos prédécesseurs,

notamment

de c e l l e s q ui

éclairent l e texte

par

comparaison

avec

l e s

autres

é c r i t s de Tertullien.

Le

De exhortatione c a s t i t a t i s ,

l e De

monogamia

et l e s deux

l i v r e s du

De

cultu

fcminarum offrent,

à cet égard, bien des

passages

u t i l e s à confronter.

Personnellement,

nous ne pr oposons

q ue

quatre

conjectures

nouvelles,

dont nous soumettons

l e bien-fondé

à l'appréciation

du

lecteur. En Vx., I , 3 , 4—'un

des

passages l e s plus

corrom

pus —

l

semble q ue

l'on puisse

par venir à

un

sens très accep

table moyennant

deux corrections, somme toute,

assez

mo

destes

d'une

part en lisant : a t quanto b e a t i o r e s , au l i e u

de

a t

quae

i s t o beatior r e s

(Kroymann),

puis s i probor, bonum

e s t , au

12.

E.

Kroymann, Die

Tertullian Ueberlieferung in Italien,

p. 32.

13. Nous revenons tout simplement au texte des manuscrits en I , 1 ,

4-5 ;

* .

3 ; 3 . 4 ; 5 . 4 ;

6 .

5 ; 7 . 5 ;

8 ,

3 ;

1 1 , 2 .

2 ;

2 ,

4 ;

2 ,

9 ;

4 .

3 ;

5 .

3 ;

» ,

6 .

14.

C'est

le cas, semble-t-il, en I , 3 , 4 ; 5 , 4 ;

I I ,

3 , 1 ; 6, 2 ,

Page 78: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 78/238

70 INTRODUCTION

lieu de l'énigmatique : s i ploro bonum

e s t

(ou : e s s e —K r o y-

mann). En Vx., I I , i , 4 , on l i r a : numquam iussum, au lieu

de

quam iussum.

Enfin,

en Vx., I I , 2 , 4 , i l serait séduisant de l i r e :

apostolus

c e c i d i t ,

au lieu

de

apostolus

ou

spiritus

c e c i n i t 1 5 .

Nous a vons apporté tous nos soins à o f f r i r une traduction

strictement

l i t t é r a l e ,

aussi f i d è l e q ue

possible aux

moindres

nuances d'un

auteur dont i l est banal

de

dire q u ' i l est l e plus

d i f f i c i l e des prosateurs l a t i n s 1 6 . Nous ne prétendons pas restituer

l e cliquetis verbal

d'une

écriture «

artiste » ,

surchargée de

rimes

et

d'assonances,

et soumise à des e f f e t s

de

rythme extrêmement

recherchés. I l n'est guère possible non plus de rendre certains

jeux

de

mots ou

de

f a i r e

pressentir

l a

subtilité

de

certaines

allusions.

Souvent

i l

a fallu

expliciter

la

pensée, ramassée

à

l'extrême.

C'est dans

ce but que nous avons

vou lu

o f f r i r au

lecteur

une

analyse détaillée

des deux

l i v r e s

de YAd

uxorem.

C e l l e - c i permet de suivre

pas à

pas l'argumentation de Tertul-

l i e n—t d'alléger d'autant l e commentaire

proprement

d i t .

Celui-ci a été délibérément réduit à l ' e s s e n t i e l . Nous n'avons

pas cr u nécessaire de reproduire l e s rema r ques d'ordre lexicogra-

phique

ou

grammatical,

q ui

font

la

richesse

du

commentaire

d'A.

Stephan.

Qu'il

nous

s o i t permis aussi de renvoyer, une

f o i s pour toutes, aux ouvrages

spécialisés de

Hoppe, I/>fstedt,

Thôrnell, Waltzing, Bulhart, Waszink ou de C h. Mohrmann,

pour

l e s particularités de la langue

de Tertullien17.

Notre unique

désir a

été de

rendre plus facilement

accessible l'intelligence

du texte,

s o i t en expliquant l e s allusions

de

l'auteur aux

insti

tutions

de

son temps, soit

en relevant

l e s citations ou l e s

r é m i

niscences

bibliques

q ui

commandent

ses

développements.

15. D'autre

part,

la leçon : laribus, de Vx., II,

6 ,

1 nous sembleconfirmée

parMr t . , 2 ,

7

: non uides

a l ie nos deos.

16.

Parmi

les traductions

existantes,

celles de H. Kellner (1912), de

W.

P.

Le

Saint

(1951)

et

de

F.

Quéré-Jaulmes

(1961)

nous

ont apporté

mainte

suggestion.

Nous

r econnaissons bien

volontiers not r e

dette

envers

nos

prédécesseurs. « Je

ne

compte

pas

mes emprunts, écrit

Montaigne,

je les

pèse

» (Essais II, 10).

17.

Voir

la Bibliographie, p.197-198.

Page 79: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 79/238

VI

ANALYSE

AD

UXOREM

I

EXORDE

( I ,

1-6)

En

guise de testament s p i r i t u e l , Tertullien adresse à sa

femme

ses

recommandations pour l e cas où i l viendrait à la précéder dans la

tombe ( §

1 )

; i l ne veut pas se bor ner à

veiller

à

ses

intérêts matériels,

mais i l souhaiterait qu'elle accède

pleinement

à l'héritage des biens

spirituels et pr ie l e Seigneur de bien vouloir l e s l u i accorder ( § 2-3) .

Propositio

:

Qu'elle

renonce

à se remarier, s i

e l l e

devient veuve

;

i l y va de son intérêt

l e plus

élevé (

§

4 ) .

Praemunitio : Si Tertullien l u i donne ce conseil, ce n'est pas qu'il obéisi

se

à

des

sentiments de

crainte jalouse,

par peur

de voir

sa femme lu-

échapper après sa mort. Dans l'au-delà i l n'est plus question de plaisirs

ni

de

jalousie charnels ; allusion à Matth. 22, 23-30 ( § 5-6 « . . . p o l l i -

cetur » ) .

Transition : Mais i l s'agit seulement d'examiner s i ses recomman

dations

sont

intéressantes, pour

sa

femme e t , de manière générale,

pour toutes

les chrétiennes ( § 6 « Sed... retractare » ) .

ARGUMENTATION

(II-VIII,

3 )

An

rursus

s i t nubendum

?

(II-III)

Réponse de Tertullien :

Non.

I .

Réfutation

des

objections

préalables

(II-III,

2 )

Pu i s que Tertullien

doit, en principe,

démontrer qu'un

remariage

serait

l i c i t e ,

mais

qu'un

veuvage chaste serait préférable, i l l u i

faut

écarter d'abord

l e s

objections préalables

:

Page 80: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 80/238

72

INTRODUCTION

A. Celles de possibles adversaires :

1 . L'objection q ui mettrait en question l e mariage comme tel e t ,

par

contre-coup,

l e

remariage

:

Réponse

: i l

ne saurait

être

question

de

condamner l e mariage l u i -

même. En e f f e t ,

i l

a

été institué

par

Dieu, pour

l a

propagation du

genre humain (allusion à Gen. i ,

2 8 ) , mais

Dieu, dès

l ' o r i g i n e ,

a établi

la monogamie : allusion

à Gen.

2 ,

24

et Matth. 1 9 , 5-6

( § 1 ) .

2 . L'objection qui, se fondant sur la polygamie des patriarches,

contesterait l a

l o i de la monogamie :

Réponse

:

la

polygamie

des

patriarches

ne

contredit

pas

la

règle

de

la

monogamie, établie par

Dieu ( §

2-3) : en e f f e t , i l serait possible

de

donner,

à ce sujet, une interprétation allégorique, relative à

la

Syna

gogue

et à

l ' É g l i s e ,

mais

l'explication la

plus simple de c e ^ f a i t

est

fournie par l'évolution de

l a

l o i morale. Le Christ dans l'Évangile,

puis l'apôtre

Paul,

en prévision

de la

fin

des temps, ont

corrigé

et

ordonné

l e s coutumes antérieures,

lors

même qu'elles étaient inscrites

dans l a l o i mosaïque ( §

3 - 4 ) .

B.

L'exception

préjudicielle (praescriptio)

que

Tertullien

pourrait

soulever

lui-même

et

q ui consisterait à l i r e dans l'Évangile

un

précepte de continence s'imposant à tous l e s chrétiens.

Réponse : l e Christ n' a pas imposé l'abstinence sexuelle ni aboli

l'institution

du mariage.

Pareille

affirmation est l e

f a i t des

hé r é

tiques, q ui apportent un démenti au Dieu C r éateur : allusion à

Gen.

2 , 24.

( I I I ,

1 ) .

Conclusion partielle et transition :

s i l'Écriture, nulle part, n'inter

dit

l e

mariage,

c'est

que,

véritablement, i l

est

un

bien.

Mais,

comme

l'enseigne saint

Paul,

l a

continence est un bien

supérieur

( I I I ,

2 ) .

I I . Exposé de l a thèse : l e

mariage

monogame est l i c i t e ;

la continence est

préférable (III, 2-6)

A.

Propositio :

certes, l e

mariage apparaît

comme

un

bien

et i l peut

sembler légitime de s'y engager, puisque l'Apôtre l e conseille à cause

des

tentations

charnelles

:

allusion

à

/

Cor.

7 ,

2

et

9 .

( I I I ,

2 ) .

Mais,

à y regarder de près, i l est évident que l e mariage ne mérite

pas vraiment

d'être

appelé un bien, puisqu'on ne peut l u i appliquer

cette

qualification

que

par rapport au mal qu'il

permet

d'éviter,

à

savoir

les tribulations de la concupiscence ( I I I , 3 ) .

Page 81: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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ANALYSE 73

—Combien

i l

serait préférable d' é cha ppe r à

c e l l e s - c i ,

tout comme

aux inconvénients du mariage ( I I I ,

4

«

. . .

u r i ) .

B. Comparatio

: i l en

va

de

même

dans l e s persécutions :

Mieux

vaut prendre l a

fuite

et c'est permis

(Matth.

1 0 , 23)

que de renier

sa

f o i .

—Mais combien

i l serait préférable

de ne point

fuir et

de

mourir

vaillamment, après avoir

donné

l e

témoignage

de sa f o i

( I I I ,

4 ) « Etiam

. . . excedere » ) .

C .

Confirmatio

:

1 .

P r e u ve s

de

raison

:

a ) un

bien q ui

est

seulement

permis n'est

pas vraiment

un

bien

:

—en

e f f e t ,

s i l a fallu

recourir

à une permission, c'est que l'on ne

pouvait maintenir intégrales l e s

exigences du bien

parfait ;

la permis

sion

comporte donc, par

l a

force des choses, une cause suspecte ;

en revanche,

un

bien authentique

n' a pas à être permis ; son

excellence est évidente et indiscutable

( I I I , 4

« Possum... manifes-

tum

» ) .

b)

l e

f a i t qu'une

chose

n'est pas interdite ne s u f f i t pas à l a

recom

mander ( I I I , 5 «Non propterea... inferiorum » ) ;

c ) une chose n'est pas bonne par l e

seul

f a i t qu'elle n'est pas mau

vaise ( I I I ,

§ 5 « Non i d e o . . . malum

non est

» ) ;

d)

l e

f a i t

qu'une chose ne cause

pas de

dommage

ne s u f f i t pas à

garantir qu'elle ne comporte

rien

de dommageable

( I I I , 5

«

Nec

i d e o . . .

non obest » ) ;

e )

une

chose

véritablement

bonne

non

seulement

ne

cause

pas

de

dommage

mais

e l l e

confère un avantage effectif ( §

5

«

Porro...

prodest » ) .

Conclusion

partielle :

en conséquence, i l faut pr é fé r er ce q ui apporte

un

avantage réel à ce qui, seulement, n'est pas

dommageable

( § 5

«

Nam-

que... non obest » ) .

2 . Preuve scripturaire :

Si

nous

voulons

remporter

l a

victoire,

écoutons

l e s

recommanda

tions de l'Apôtre :

a ) i l nous enseigne à mépriser l e s choses inférieures et à rechercher

les

biens supérieurs : allusion à

Phil.

3 ,

13 et

I Cor.

1 2 ,

31

( I I I ,

6

«

Ad

primum... simus » ) ;

Page 82: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 82/238

74 INTRODUCTION

b) i l nous indique

se trouve notre véritable intérêt : citation

de

I Cor.

7 ,

34 ( § 6

«

S i c . . . placeat

» )

;

c )

lorsqu'il permet l e

mariage, i l

manifeste toujours, enmêmetemps,

sa préférence

pour

l e

célibat, qu'il

a

choisi

pour

lui-même

:

allusion

à

/ Cor. 7 ,

7

; 28 ; 40 ( § 6 « Ceterum... malit » ) .

Péroraison : Heureux celui q ui d ev i e nd r a s emb l ab l e à l'Apôtre

6

« Felicem... extiterit » ) .

C ur non s i t rursus

nubendum ? (IV-VIII, 3 )

I .

Réfutation des o b j e c t i o n s avancées

pour j u s t i f i e r l e remariage (IV-V)

A. Ré ponses de

principe

(IV, 1 ) :

a ) On allègue l a parole

de

l'Écriture, selon laquelle l a chair est

faible (Matth. 26, 41) ;

mais pourquoi ne

tient-on

pas compte de l a deuxième

partie

du

même

verset,

q ui

rappelle

que

l ' e s p r i t

est

fort

?

—N'est-ce pas q u ' e n réalité on

ne cherche

que des ex cuses pour

sa

lâcheté

? (IV, 1 «

Sed... tuemur

» ) .

b) Ne devrions-nous pas rechercher l e s biens célestes ?

N'en sommes-nous pas capables,

puisque

nous pouvons compter

sur l a force

de l'Esprit

q ui est

en

nous

?

Conclusion partielle : Dès l o r s , nous sommes inexcusables,

s i

nous

suivons l a partie qui,

en

nous, est l a plus faible (IV, 1-2 « Cur... secta-

mur » ) .

B. Ré futati on en règle

des

arguments

supposés de

l a partie adverse

(IV, 2

-

V, 4 )

:

En r é a l i t é , tous l e s

arguments

que l'on

i n v o que

pour j u s t i f i e r

l e

remariage

ne

sont que des apparentes nécessités ; l eu r or igi ne v é r i tabl e

c'est la concupiscence :

a )

d'abord, l a plus puissante aussi, l a concupiscence de la chair

:

Elle

allègue

l e

droit

d'user

des

fonctions

naturelles,

l e

besoin

d'appui et de réconfort

éprouvé

par l a

veuve,

l a

bonne

réputation

qu'elle

se doit

de

sauvegarder

(IV,

3 «

Carnis...

tuta s i t

» ) .

Mais l'exemple

des v e u v es

chrétiennes,

q ui

persévè rent dans

Page 83: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 83/238

ANALYSE 75

leur

propos,

devrait

suffire

à prouver l'inanité

de

ces

prétextes

(IV,

3

«Et t u . . . 4 ) .

—De f a i t , l 'amour des biens spirituels et immortels

permet

de

triompher

de

tous

l e s

désirs charnels et

terrestres

(IV,

5 ) .

b) en second l i e u , la concupiscence du s i è c l e , l e désir d un certain

c on fo r t ma té r i el

et

d un certain prestige social (TV, 6 ) .

Mais

un chrétien

ignore de

semblables calculs

; i l se souvient

de la P ro v idence divine (allusion à Matth.

6 , 26-32)

; i l ne s'attache

pas aux vanités du s i è c l e , mais

i l

s'applique à

v iv re

en toute simplicité,

sans

luxe inutile (IV,

7 ) .

Conclusion partielle : la

veuve

q ui s'est mise

au

service

du

Seigneur

n' a

plus

besoin

de

r i e n ,

sinon

de

persévérer

dans

son

propos

(IV,

8 )

.

c )

on allègue enfin l e

souci de s'assurer une postérité

(V, 1 - 3 ) :

Mais un chrétien ne saurait être

sensible

à

cet argument, en

effet :

—Les preuves imminentes

de

l a fin des temps et

la malignité

de

l'époque

présente l u i

font désirer

quitter ce

monde

pervers

: allusion

à 77 Cor.

7 ,

8 et PMI.

1 ,

23

(V,

1 ) .

—Un chrétien ne d o i t - i l pas, avant toutes choses, se préoccuper

de son

sal ut éterne l ?

Pourquoi

i r a i t - i l

se charger

d un

fardeau,

dont

les païens

cherchent à se défaire à

tout

prix

? (V, 1 «

Nimirum...

2

«

. . .

expugnantur

» ) .

—Des enfants ne sont-ils pas une gêne, sinon

un

danger pour

l e

salut

:

citation de

Matth. 24,

19

?

En e f f e t , au jour

du

grand départ,

ne seront-ils pas un obstacle et un empêchement ?

Au contraire, l e s veuves

sans

enfants ne connaîtront pas ces em

barras, inhérents

au mariage

(V,

2

«

Nobis...3

» «

. . . nuptiarum » ) .

Conclusion partielle

: aucune

des

prétendues nécessités, i n v o q u é es

pour

j u s t i f i e r l e

remariage ne convient à un chrétien (V, 3 « I g i t u r . . .

serais » ) .

C. Péroraison (V, 3-5)

Un

chrétien, q ui a été

marié,

se souvient qu'il a

succombé,

une f o i s

déjà, aux vices l e s pl us n ot ab le s de l a chair et du s i è c l e , q ui détour

nent l e plus fréquemment de l a l o i de Dieu, à savoir l e s

attraits

de

l a volupté et l e s

séductions de

l a cupidité

(V, 3

«

Vt

non... expiasse » ) .

l

redoute trop l e jugement

de Dieu,

q ui a frappé

Sodome et

Gomorrhe,

ces vices

étaient

florissants,

et

d'autres

encore

(V,

3

« Nubamus... Gomorra

» ) .

— l ne cè de pas à

l'aveuglement,

mais tient toujours pr é sente à

son esprit l a parole

de

saint

Paul

: I ^ e temps se f a i t court : I Cor.

7 ,

29 (V, 4 ) .

Page 84: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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j6 INTRODUCTION

I I .

Ré f utati ons des

objections

f a i t e s

au

propos

de

viduité (VI-VIII,

3 )

Transition

: S i , d'après l a parole

de

l'Apôtre, ceux q ui

sont

mariés

doivent v i v r e comme

s ' i l s

ne l'étaient pas (reprise de I

Cor.

7 , 2 9 ) ,

combien

plus

ceux dont l e mariage a pris fin doivent-ils s'interdire

une

nouvelle union (VI,

1 « Quodsi...

non

habent

» ) .

A.

Ce propos e s t - i l

vraiment

aussi d i f f i c i l e q ue d'aucuns

l e

prétendent

?

Réponse

:

i l

est parfaitement réalisable

(VI, 1 - 5 ) ; en

effet

:

a )

une

veuve

chrétienne

doit

embrasser

résolument

l ' i d é a l

de

l a

continence ; e l l e a ,

pour

l a stimuler, l'exemple des païennes q ui

gardent

un

chaste

veuvage

pour honorer l a

mémoire d un mari très

cher (VI, 1 « V t . . . parentant » ) .

b)

Si ce parti

l u i

semble

d i f f i c i l e ,

qu'elle

considère l'exemple des

chrétiens q ui embrassent un

idéal de

vie encore plus

d i f f i c i l e :

—soit qu'ils observent une chasteté perpétuelle, depuis leur

baptême ;

soit

que,

mariés,

i l s renoncent

d un

commun accord, aux

rela

tions

conjugales

(VI,

2 ) .

c )

Une chrétienne

ne

s e r a i t - e l l e

pas capable d'observer, pour

l'amour

de Dieu,

ce que nombre

de

païennes pratiquent pour l e dé

mon :

— e s Vestales à Rome ;

— e s vierges préposées

au

culte

de

la

Junon

achéenne

;

—la Sibylle de Delphes

;

les

« veuves » q ui assurent l e culte de l a C é r è s africaine

(VI,

3-4)

?

Conclusion

partielle : C es ex empt a constituent un véritable défi pour

l e s

chrétiens

; i l s sont une imitation

diabolique de

l a continence

chrétienne,

mais

ne vaudront

à leurs

adeptes que

l a damnation (VI, 5 ) .

B.

Q u el s a v an ta ge s

confère

l e

pr opos d' un chaste veuvage

?

(VII, 1 - 3 )

Réponse : des avantages nombreux, en

ce

monde

et en

l'autre ; en

effet

:

a )

Selon

l'enseignement

du

Seigneur,

l a

continence

nous

permet

—de p rou v e r notre f o i

;

—de nous

préparer

en

vue

du jour où

notr e cor ps

sera

re v êtu

d'incorruptibilité

(allusion à / Cor. 1 5 ,

53)

;

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7/25/2019 A Son Épouse

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ANALYSE 77

—d'assumer

pleinement l a volonté

de Dieu (VII, 1 « Nobis...

Dei » ) .

b)

En

e f f e t ,

puisque

rien n'arrive

sans

l a

volonté

de Dieu

(allusion

à

Matth. 1 0 , 2 9 ) , lorsque Dieu permet l a

mort du

conjoint, i l

s i g n i f i e

ainsi quelle est

sa

volonté et

un

chrétien

s'interdira

de

rétablir

l ' é t a t

de

mariage, auquel

Dieu a

voulu mettre

fin (VII, 1 «

Super...

»

—2

« . . .

posuit » ) .

c )

Au contraire, i l s'empressera de s a i s i r l'occasion q ui l u i est

offerte

de v iv r e enfi n

libéré

de

la

servitude du mariage e t , comme l'Apôtre

l'y

convie

(citation de

/ Cor.

y , 2 7 ) , i l évitera de s' y

engager à

nouveau

(VII, 2 « Quid... obligationem

» ) .

Conclusion

partielle

et tr ansition (VII,

3 )

;

Certes, se remarier n'est pas

un

péché, mais c'est s'exposer à des

é p r eu v es redoutables, aux dires

de l'Apôtre

(allusion

à

/

Cor.

7 , 2 8 ) .

C'est pourquoi la veuve chrétienne embrassera sans hésiter l e

propos de continence qu i s ' o f f r e à e l l e ; e l l e pour ra ainsi r é a l i s e r , enfin,

ce

qu'elle

n' a pas

eu

l e courage

de

pratiquer

durant

sou mariage

(VII, 3 ) -

C .

Confirmat™

:

(VII,

4-5)

Au contraire, l e s secondes noces constituent

un

obstacl e et une

menace pour

la

f o i et une

vie

chaste et sainte.

Deux

preuves

peuvent

être avancées

dans

ce

sens

:

a ) La discipline ecclésiastique, fondée sur l'Écriture, exclut, en

e f f e t , l e s digames des ministères sacrés et de l'ordre des

v e u v e s

( a l l u

sion à / Tim. 3 , 2 et 12 ; Tite 1 , 6 ; / Tint. 5 , 9 ) (VII, 4 ) .

b )

Si l e s

païens aussi possèdent

un sacerdoce de v e u v es et de

vierges,

c'est

l à une

contrefaçon

dérisoire, due

à

la

jalousie

du

démon

(VII,

5 ) .

D. Comparatio (VIII, 1 - 3 ) :

Que

l' on v euille bien comparer l e s

mérites

respectifs de

la

vierge

et de la veuve :

a )

L'Écriture montre combien l e

propos de

viduité

est

agréable

à Dieu : citation de I s . 1 , 17-18. Dieu accorde sa pr otecti on toute

spéciale à

la veuve

et à l'orphelin et admet dans son intimité celui

q ui

prend

leur

défense

(VIII,

1

« . . .

disputabit

» ) .

Même l e s vierges ne méritent pas

un

t e l honneur, et

c'est

justice :

b) I l

s u f f i t ,

en

e f f e t , de

mettre eu

parallèle

l e s

mérites respectifs de

l'une

et

de l'autre :

Page 86: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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78

INTRODUCTION

— ' i n t é g r i t é corporelle de

la

vierge

l u i

vaudra une récompense

toute spéciale dans l e s cieux ;

mais l e

propos

de viduité

e s t , à certains égards,

plus

méritoire

encore,

au

point

qu'il

est

permis

de

conclure

:

Chez

la

vierge c'est

la

grâce q ui est

couronnée,

chez

la

veuve l e

courage et l ' e f f o r t , en un mot, la vertu

(VIII, 2-3

« . . . perpetrantur » )

PÉRORAISON

(vm, 3 - 5 )

Que

l a veuve s'attache donc à prendre tous l e s moyens de nature

à

favoriser

son

propos ;

qu'elle v e i l l e notamment

:

1 .

à

pratiquer

l e s

vertus q ui l e

soutiennent directement :

—l'humilité,

—l'application au travail,

—la

tempérance (VIII, 3 «

Stude...

spernit » ) ;

2 . à cultiver l e s fréquentations dignes

de

Dieu : citation

de

/ Cor. 1 5 ,

33

(VIII, 4

«

. . . mali

» ) ;

3 .

à

éviter

la

compagnie

des

femmes

bavardes,

paresseuses,

adonnées

à la boisson et

aux

commérages :

allusion

à /

Tint.

5 , 13 (VIII,

4

« ^Loquaces... »

—5

« . . .

propinqua » ) .

Conclusion

(VIII, 5 )

Après

l e s

recommandations

de

l'Apôtre,

celles que Tertullieu adresse

à

sa

femme

sont

superflues

;

e l l e s

pourront,

toutefois,

à

l'occasion,

l u i

servir

de

consolatio.

AD

UXOREM

I I

EXORDE

(I .

i - 4 )

Bien qu'il a i t déjà traité

antérieurement

de l a question du remariage,

Tertullien croit

nécessaire d' y revenir,

compte

tenu

de

l a

faiblesse

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7/25/2019 A Son Épouse

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ANALYSE 79

humaine, afin de bien préciser qu'il n'est pas

interdit.

Mais

i l

faut

savoir

q u ' e n

ce

cas

la

discipline

de

l ' É g l i s e , fondée sur l'Écriture,

impose

de n'épouser qu'un chrétien ( § i ) .

Envisager

l a possibilité

d un

remariage

ne signifie

pas

sacrifier

l'idéal de

la

continence, q ui

demeure

l e parti l e plus

élevé,

l e plus

avantageux, l e plus d i f f i c i l e , aussi

(§2).

—Mais la f a c i l i t é avec laquelle nombre de chrétiennes, veuves ou

divorcées, épousent des païens, oblige Tertullien a souligner la gravité

d'une

t e l l e démarche, condamnée par

l'Écriture

(§3) :

Propositio : En e f f e t , s ' i l est tolérable que l'on se

remarie

—uis que

l'Apôtre se

borne à conseiller la continence

aux veuves et aux

femmes

non

mariées

:

citation

de

/

Cor.

7 ,

7

,

en

revanche,

lorsqu'il

précise

les conditions auxquelles une veuve a l e droit

de

se remarier, i l énonce

un

ordre,

c l a i r

et net :

i l

ne

leur

est permis

d'épouser

qu'un chrétien

citation

de

/

Cor.

7 , 39.

—Par conséquent, enfreindre ce précepte constitue une faute

é vidente

et d'une extrême

gravité ( § 4 )

.

Argumentation

(II-VII)

An l i c e t g e n t i l i coniungi ? ( I I , 1 - 6 )

Réponse de

Tertullien

:

Non.

Réfutation

des

objections

préalables

:

S ' i l s récusent ou contestent l a portée du précepte paulinien, les

adversaires

doivent

produire un

texte scripturaire susceptible

de l e

contrebalancer et de fonder l a thèse contraire

:

1 . Or , étant donné que, nulle part, l'Écriture n'autorise expressé

ment une chrétienne à épouser un païen,

—i l

faut

se

demander

s i l e s intéressées

et

leurs

conseillers

peuvent

se réclamer

de

/ Cor. 7 , 12-14, en étendant à tous l e s mariages mixtes,

d é j à conclus ou à conclure, une règle q ui ne concerne en réalité que l a

première catégorie ( I I ,

1-2 «

. . . l i c e r e » ) .

2 .

Réponse

de

Tertullien

:

C'est

une

interprétation

abusive,

qu'une lecture correcte du passage en question

s u f f i t

à rejeter : en effet

:

a )

en / Cor.

7 , 1 6 , i l

est

dit expressément

:

s i

un

croyant

a

une

épouse païenne—et non pas : s i l

épouse

une non-croyante ; i l s'agit

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7/25/2019 A Son Épouse

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80 INTRODUCTION

donc

bien

d'un

couple dont l e

mari s ' e s t converti, taudis

que l a

femme

restait païenne ( § 2 ) ;

b)

du r e s t e , l e but du précepte confirme que c'est bien

ainsi

q u ' i l

faut l e

comprendre : Dieu appelle l e s

conjoints

à v i v r e

dans

la paix

et

i l donne à de t e l s

mariages

l'espoir de conversion de l a

partie

non

croyante

( §

3

« . . . l u c r i f i e r i » ) ;

c ) La finale

du

passage confirme, à son tour, que t e l est

bien

l e

sens des versets en cause

;

l'Apôtre y déclare :

Que

chacun demeure

en la condition

l ' a s a i s i l'appel

du

Seigneur (/ Cor. 7 , 1 7 ) .

Une

f o i s

encore, i l

s'agit

d'un

couple, dont l'un des conjoints

s ' e s t

converti

au

christianisme ( § 3 «

I p s a . . .

nubere

» ) .

d)

I l

est

donc

impossible

de

l i r e

en

I

Cor.

7 ,

12-14

une

autorisation

implicite

en

faveur de ma r i ag es mi x t es

encore

à conclure,

—d'autant moins

q u ' e n

I Cor. 7 , 39, l'Apôtre spécifie expressément

q u ' une veuve, libre de se remarier à

la

mort de son mari, doit l e

faire :

dans l e

Seigneur

seulement (tantum in

Domino ),

ce q ui signifie incon

testablement : e l l e ne doit épouser qu'un

chrétien.

—Est-il concevable que l'Apôtre ait pu se contredire à aussi bref

intervalle

? ( §

3

«

Si

u e r o . . . »

«

. . .

christiano

» ) .

Conclusion partielle

:

Toute autre

forme

de remariage est

donc

inter

dite

par

l'Apôtre,

autant

dire

par

Dieu

lui-même,

dont

i l

est

f a c i l e

de

reconnaître l e

précepte à son expression

claire

et nette

(

§ 4

« I l l e

i g i -

t u r . . .

»

6 «

. . . observes » ) .

C ur non l i c e t ? ( I I ,

6

- VIII,

5 )

I .

Justification

du

précepte

par

l'Écriture

( I I ,

6

-

VII)

C'est à juste t i t r e qu'il est interdit à des chrétiens d'épouser des

non-croyants

;

de

t e l l e s u ni o ns c ompo r te nt ,

en e f f e t , de nombreux

dangers

pour

l a

f o i , pr é v us par l'Apôtre à

savoir

:

A.

Ceux qui menacent

l e corps ( I I ,

6

-

I I I , 2 )

Au contact d'un païen,

un chrétien contracte

nécessairement

une souillure.

1 .

Réfutation

d'une

objection

des

adversaires ( I I , 7 - 9 )

:

On objectera peut-être : s i l'on admet une t e l l e contamination,

i l est

impossible

de

dissocier l e cas de ceux q ui

sont

devenus

chrétiens

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7/25/2019 A Son Épouse

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ANALYSE 81

alors

qu'ils étaient déjà mariés avec un

conjoint

païen et l e cas de

chrétiens q ui

épousent

des païens.

Réponse

de Tertullien : on

ne

peut pas mettre les

deux

situations sur l e mêmeplan ; en effet

:

a ) P remiè re distinction à faire

:

au regard

de

l a volonté de Dieu,

q ui

fixe l e status

l e g i s pour

l e s chrétiens :

—e

Seigneur

a interdit l e divorce et recommandé la continence ;

de ce f a i t

i l

a placé

l e s

mariages

chrétiens

sous un

r égime l é g a l ,

q ui leur

confère l e

status

n e c e s s i t a t i s

; l e s

mariages à conclure, au contraire,

appartiennent au domaine des possibles, régis par un statut différent ;

e s

unions

préchrétiennes

devenues

mixtes

relèvent

de

l a

première

catégorie ; l e s ma r i a ge s mi x t e s à conclure, de

l a seconde

( I I , 8 ) .

b)

Deuxième

distinction

à

faire

:

au

rega rd

de

l a ratio

l e g i s

:

d'après

I Cor.

7 , 17 et 1 4 , la grâce de

Dieu

sanctifie

ce qu'elle

trouve,

en

sorte que, dans l e s unions préchrétiennes devenues mixtes,

celui q ui se

convertit est

purifié de toute souillure et l e conjoint païen

en même temps ;

ceci ne peut se

réaliser

dans l e s

mariages

mixtes à conclure,

puisque la grâce de Dieu a déjà sanctifié l e conjoint chrétien ( e t qu'elle

n' a pas, a l o r s , trouvé l e conjoint pa ïe n a v ec l u i ) .

Dans

ce

c a s , l a

partie

païenne

est

et

demeure

impure

;

lorsqu'elle

entre en contact avec l a partie chrétienne, ce ne peut être que

pour

l u i

communiquer sa souillure et provoquer sa perte ( I I , 9 ) .

2 . Nature

et

gravité

du

délit

( I I I ,

1 - 2 )

Compte

tenu de

ce q ui a été démontré

antérieurement, l e s chrétiens

q ui épousent des non-croyants commettent une faute, dont i l s'agit

d'apprécier

la nature

et l a gravité :

a ) les «

mariages

mixtes »

constituent un délit

de

fornication

( s t u -

prum),

q ui

doit

être

sanctionné

par

une

excommunication,

c'est-à-dire,

pour

reprendre l e s termes de l'Apôtre ( /

Cor.

5 , n) , une exclusion

totale

de l a fraternité

chrétienne ( I I I ,

1 «

. . . sumendum » ) .

Leur

correction légale ne

s u f f i t

pas à

blanchir

l e s

coupables,

car i l s ont violé la l o i de Dieu, au même t i t r e que ceux q ui commettent

un adultère ou une

fornication.

—En

e f f e t ,

s'unir à

un païen,

c'est profaner l e temple

de

Dieu

(allusion à / Cor. 3 , 1 6 ) ;

c'est

mêler l e s membres du Christ avec l e s

membres d'une adultère (allusion à I Cor. 6 , 15) ; c'est user

de

manière

indue

d un

bien

q ui

ne

nous

appartient

pas

( d é l i t

d'iniuria).

— ' i l est vrai que nous avons

été

rachetés par

l e

sang d un Dieu

(allusion

à / Cor. 6 , 19 s . ) , notre corps appartient à Dieu, et l u i porter

atteinte c'est

offenser Dieu

directement ( I I I ,

1 « Ouod sciam...

» ) .

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7/25/2019 A Son Épouse

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82 INTRODUCTION

b ) Ou a

pr étendu qu'il s'agit

d'une

faute

minime

;

Réponse

de Tertullien

:

Même

s i

l'on

f a i t

abstraction

du

f a i t

qu' il s'agit

d'une

iniuria,

commise

au

détriment

d un

cor ps q ui a ppar ti ent

à

Dieu,

—l reste que toute

faute délibérée

--

q ui

enfreint

sciemment

un

précepte

divin—st une faute g ra v e ;

r ,

on est libre de

se marier

ou

de ne

pas se

marier ;

mais s i

l'on

se

marie, on doit respecter la l o i de Dieu, q ui interdit l e s « mariages

mixtes »

et c'est

une

interdiction

qu'il est

f a c i l e

de respecter;

—par

conséquent, s i

on l ' e n f r e i n t , on est coupable de contumace,

autant

dire

de

rébellion

directe

et opiniâtre

contre

l a

volonté

de

Dieu

( I I I ,

2 ) .

B. Ce q ui menace l ' e s p r i t : ( I I I , 3 - VII)

1 . Confirmatio :

( I I I , 3

-

IV )

Parmi l e s dangers et blessures q ui menacent l a f o i —p r é v u s par

l'Apôtre

l

faut

compter aussi

ceux q ui

affectent « l ' e s p r i t » :

a )

s ' i l

est

vrai que « l e s mauvaises conversations

corrompent

l e s

bonnes

mœurs

»

(citation

de

/

Cor.

1 5 ,

3 3 ) ,

combien

plus

l e

partage

de

toute l a

vie et l'intimité de

tous l e s instants

dans l ' é t a t

du

mariage

( § 3 « . . . usus » ) .

b) une chrétienne doit suivre en toutes choses la volonté de Dieu ;

—comment

pourrait-elle

servir deux maîtres à l a f o i s , l e Seigneur

et

un mari païen (allusion à Matth.

6 ,

24)

?

1 . D'une part, s i e l l e règle sa conduite sur l a volonté de son mari,

e l l e deviendra

païenne en

tout

son comportement ( § 3

«

Quaeuis...

»

§

4 ) -

 

2 ' . De plus, l e mari païen, aux ordres du

démon,

l'empêchera

d'accomplir ses devoirs envers Dieu

:

d'observer

l e s jours de station

et

de jeûne,

—de

pratiquer l'aumône,

—de

participer

aux offices nocturnes, aux solennités

pascales,

—de recevoir

l'eucharistie,

—de visiter l e s prisonniers, de saluer l e s

frères

chrétiens par l e

baiser

de

paix, d'offrir l'hospitalité aux frères de passage (VI).

2 . Réfutation des objections

(V-VII)

1 .

Mais, dira-t-on,

certains

maris

païens

se montrent tolérants pour

l e s

pratiques chrétiennes

(V, 1 «Sed...

obstrepit

» ) .

Page 91: A Son Épouse

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ANALYSE

83

Réponsede Tertullien : Mêmedans ce c a s , on n'est pas moins

coupable,

car ;

a )

réponses

de

principe

( §

1 «

Hoc

e s t . . .

impatiens

» )

:

—c'est

livrer

aux

païens l e s

pratiques chrétiennes ;

—s'en

remettre à leur discrétion

et

à leur

bon

vouloir

pour

l'accom

plissement

de ses

devoirs

de

clirétien ;

—s'enfermer dans

un

redoutable

dilemme,

car

i l

est impossible

d'obéir à la f o i s

aux

préceptes

de

l'Écriture

que

voici :

d'une part, / Cor. 1 0 ,

29,

q ui demande au chrétien de ne pas

régler sa

conduite

sur une conscience

étrangère ;

d'autre part, /

Cor.

7 , 32, q ui lui

demande

d'agir sans

se

tourmenter

:

une

chrétienne

mariée

à

un

païen

enfreindra

nécessaire

ment

l e premier

précepte,

en

informant son

mari,

s ' i l

est

tolérant

—ou

l e

second, s i e l l e l ' é v i t e , parce qu'il

n'est

pas tolérant ( § 1 ) .

Transition : D'ap rès Matth. 7 , 6 , l e chrétien ne doit pas jeter ses

perles auxpourceaux ;

o r ,

ses

perles,

ce

sont les

pratiques quotidiennes

q ui distinguent

l e chrétien

( § 2 « Nolite...

insignia

» ) .

b) Illustration

:

la vie

quotidienne

d'une

chrétienne

mariée à un

païen q ui se

montre tolérant (V, 2 « Quanto... »

—I, 2 )

:

1 ' . Les activités chrétiennes sont entravées

de

bien des maniè res

(V, 2

« . . . ueneni » ) .

Plus la

femme

s'efforcera de

cacher ses pratiques religieuses, plus

e l l e l e s rendra suspectes et suscitera la curiosité

indiscrète et

avide des

païens ; e l l e se v e r r a donc réduite à se

cacher,

qu'il s'agisse :

du

signe de l a croix,

—d es e xo r ci sme s par exsufflation,

—des prières récitées

la

nuit,

mais

surtout

de

la

réception

de l'eucharistie,

objet

de

tant

de

calom

nies

et

de

tant

de soupçons (V, 2 « Quanto... ueneni

» ) .

Confirmatur

:

Les maris

païens,

apparemment

tolérants

pour

l e s

usages religieux des

chrétiens,

ne visent,

en

r é a l i t é , q u ' à

s'emparer

de

la fortune de leurs épouses chrétiennes ; i l l eur est f a c i l e

de

l'extor

quer en recourant au

chantage

ou à l a menace de

l e s

dénoncer

comme

chrétiennes (V,

2 «

Sustinent... litigaturi » ) .

Conclusion partielle : C es exemplesprouvent bien que l e s « mariages

mixtes

»

c on du is en t à l a ruine financière ou à

la

perte

de la f o i .

2 ' . Les activités païennes constituent une menace permanente (VI).

—Dans l a

maison,

l'épouse chrétienne d un mari païen est perpé

tuellement au

c on ta ct d es

dieux païens ; i l l u i

faut,

en

outre, participer

aux

honneurs rendus aux

démons,

aux

fêtes

des princes, à celles q ui

Page 92: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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84

INTRODUCTION

marquent l e début de l'année

ou

du mois ; e l l e ne peut s'opposer

aux usages païens dans l a décoration de l a maison (couronnes, lam

p e s . . . ) .

Hors

de l a maison, i l l u i faudra accompagner son mari

en

des

lieux où

e l l e

n'a que f a i r e , participer à des

banquets,

fréquenter

des auberges, servir

à

table des pécheurs

(VI, i « . . .

ministrare » ) .

Transition

: N'est-ce

point l à , déjà, un présage de sa damnation

future

? Elle

q ui

était appelée

à

juger l e s pécheurs, doit se mettre

à

leur

service et obéir à leurs moindres dé si rs (VI, i « Et non h i n c . . .

iudicatura

» ) .

Fu nes te s consé q uence s de

cette conduite

:

Lui

sera-

1 -

i l

possible

de ne

point

abandonner

l e s

pratiques

chré

tiennes : la réception de l'eucharistie ? l e s chants chrétiens ? l a prière ?

l e s

saintes

Écritures ?

(VI,

i «

De cuius manu...

»

2 «

. . . interiec-

tione

» ) .

Conclusion partielle :

Comment ne s e r a i t - e l l e pas abandonnée par

l'Esprit

et l a grâce de

Dieu et

livrée

tout

entière

aux

forces

du mal

? (VI, 2 «

Vibi s p i r i t u s . . .

immissa

» ) .

2 .

Une

deuxième

objection

peut

être

soulevée

:

l e s

dangers

pour

l a

f o i ,

q ui viennent

d'être

é numé r és,

ne

menacent-ils

pas tout autant

l e s chrétiens

q ui

restent mari és à leur conjoint païen,

après leur

conversion ? (VII)

Réponse de Tertullien :

Encore une f o i s , i l importe

de

bien distinguer l e s deux cas :

a ) l a situation

de

ces

personnes

est

excusable ; e l l e e s t , en e f f e t ,

conforme à l a

volonté

de Dieu, exprimée dans l Écriture :

i l

leur

est

enjoint

de

demeurer

en

l ' é t a t

l a

grâce

de

Dieu l e s a

s a i s i s

(allusion à /

Cor.

7 ,

17 et 13) ;

—leur sanctification s'opère effectivement

(allusion

à

/ Cor.

7 , 14) ;

— a conversion du conjoint païen peut être espérée (allusion à

I Cor. 7 , 1 6 ) .

Iya raison confirme l e

bien-fondé

de

cette

argumentation fondée

sur

l'Écriture : e l l e permet de comprendre que, dans l e mariage q ui vient

d'être

é v o q u é , l e s

obstacles à

la f o i

ne

sont

pas

décisifs

et que des

résultats

positifs peuvent

être

attendus ;

en e f f e t , l a

grâce

de

Dieu

s' y

trouve

déjà

à

l ' œ u v r e

:

—une

force

divine habite l a

partie

chrétienne, q ui impressionne

l e conjoint païen et l u i f a i t relâcher son hostilité

;

—e

spectacle de

l a conversion survenue, l'expérience du

change

ment de

vie

q ui s ' e s t ensuivi, l e contact habituel

avec

la grâce

de Dieu,

Page 93: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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ANALYSE

85

constituent autant de gages de conversion du conjoint païen (VII, 1

«

Si

e r g o . . .

—) .

b)

au

contraire,

ceux

q ui s' engagent

librement

et

délibérément

dans

un

« mariage mixte »

n'ont aucune

excuse

:

—un

t e l

mariage

est

condamné par Dieu ;

l

est

l 'œu v re

du

démon

(VII,

3 «

Ceterum... inferuntur

» ) .

Confirmatur

:

I l est possible de donner une preuve (signum) à

l'appui de

cette affirmation :

c'est que

seuls l e s chasseurs de

dot

a cc ept en t d ' é po us er d es chrétiennes

(VII,

3 « Hoc s i g n i . . .

excludant » ) .

Conclusion partielle

:

Un

t e l

mariage ne

peut

avoir

qu'une

issue

désastreuse

pour

l e s

imprudentes q ui s' y engagent, l a ruine matérielle et l a perte de l a f o i ;

arrangé

par l e

démon, i l

est condamné par

l e Seigneur

(VII,

3 «

Habes...

amnatur » ) .

I I . Justification du précepte au r egar d de l a raison (VIII, 1 - 5 ) .

I l s u f f i t ,

du

r e s t e , d un peu de bon sens pour se convaincre des

dangers

l i é s

aux

ma r i ag es mi x te s

et

comprendre

l e

bien-fondé

de

leur

interdiction (VIII,

1

«Ad h o c . . . sententiarum

» )

:

1 . Les païens procèdent exactement de l a même manière :

a ) l e s

maîtres

païens l e s

plus sévères et

l e s

plus attachés à

l a

disci

pline interdisent à

leurs esclaves de

se marier

en dehors de l a maison.

Motifs de cette interdiction

: c'est afin

d'éviter

que

ces

esclaves

ne

sombrent

dans

l a

débauche,

ne

négligent

leurs

devoirs et ne livrent à

des étrangers

l e s

biens de leur maître (VIII, 1

«

Nonne... promant » ) .

b) l a législation païenne prescrit

de

réduire en esclavage l e s

femmes

qui, unies à des esclaves étrangers, maintiennent une t e l l e union

malgré l'avertissement formel du maître de ces escl av es (VIII,

1

« Nonne... » ) .

Conclusion partielle

: De

même,

l e s

chr é t ie nne s q u i s'engagent dans

un mariage mixte méritent de perdre

leur

condition, puisqu'elles

s'unissent à un esclave du démon, malgré l'avertissement formel du

Seigneur, q ui leur a été

intimé

par

l'Apôtre (VIII, 2 «

. . . denuntiatum » ) .

2 . I , 'examen des causes q ui

poussent

à conclure des « mariages

mixtes

» permet, d'autre part, de juger de l eur i nani té e t , par contre

coup, de

j u s t i f i e r

l'interdiction de

t e l l e s

unions : (VIII,

2

«

Quam

huius... » —

3

« . . . non praestet»).

Page 94: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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86

INTRODUCTION

Ce sont :— a faiblesse

de

l a

f o i ;

—l'attirance des plaisirs du s i è c l e (VIII,

2

« Quam huius...

gaudioruin » ) .

C es

causes jouent

surtout chez l e s chrétiennes fortun ées

: faute

de

trouver

un mari

riche parmi

l e s chrétiens,

e l l e s recherchent des

maris païens, q ui leur accorderont toutes l e s vanités d'un luxe inutile

(VIII,

3 ) .

Conclusion

partielle,

sous

forme

d'exhortation : Que

l e s chrétiennes

riches imitent l e s femmes païennes de l a meilleure société (VIII, 4 - 5 ) .

—Celles-ci n'hésitent pas à

épouser

des partenaires

païens sans

renom ni fortune,

voire

leurs propres esclaves, pourvu que

leur

liberté

ne

rencontre

aucun

obstacle

(VIII,

4

«

Pleraeque...

timeant

» ) .

—En épousant des

partenaires

chrétiens sans fortune, l e s chrétien

nes recueilleront un

avantage bien supérieur, puisque

l e Seigneur a

promis

aux

pauvres l e

royaume des cieux

(VIII,

4 « Christianam... »—

5 ) .

PÉRORAISON

(Vin,

6-8)

I , e bonheur du mariage chrétien

:

1 . En sa conclusion, i l

est béni

par Dieu,

car :

—l ' É g l i s e , l'eucharistie, l a prière y

contribuent

;

e s

anges l'attestent

;

e P è r e

céleste l e r a t i f i e

(VIII,

6 ) .

2 . En

son épanou i ssement, toute

la

v ie durant,

i l

offre l e

modèle

d'une

union

sans

f a i l l e

:

a ) dans l e s biens spirituels que l e s époux partagent : (VIII, 7

«

. . .

seruitatis » ) ;

b) dans l'unité

parfaite,

du

corps

et de l'âme, q ui

l e s

unit

(VIII,

7

«

Ambo...

—spiritus » )

c )

dans l e s fruits spirituels de cette union :

—l'accomplissement commun des

devoirs

religieux

;

—la participation

aux

offices et à l'eucharistie ;

la

mise

en

commun

des

épreuves

et

des

joies

(VIII, 7

«

simul

orant... » —8 . . . r e f r i g e r i i s )

d) une

confiance

réciproque,

gage d' une

véritable liberté ;

—dans l'exercice de l a charité chrétienne ;

Page 95: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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ANALYSE 87

—dans l'accomplissement des obligations religieuses

et l e s pratiques de

l a

vie quotidienne (VIII,

8

« Neuter...

bene-

dictio » ) ;

e ) l a joie q ui habite l e s

époux chrétiens

l l e

s'exprime

par

l e chant

de

psaumes,

d'hymnes et de louanges

à

Dieu ;

l l e

appelle l a joie

et la bénédiction

du Christ, q ui accorde aux

époux chrétiens

f )

sa paix

( §

8 «

Sonant... »

—§ 9

«

. . . mittit

» )

g )

et l e bien

inestimable

de sa

présence

(allusion à

Matth.

1 8 , 20)

9 « Vbi duo... non

est

» ) .

Conclus1on

(VIII, 9 )

C es

considérations

explicitent

l e

précepte de l'Apôtre ( / Cor.

7 ,

3 9 ) .

Puissent-elles, s i l en était besoin, détourner de leur projet funeste l e s

chr é ti ennes q ui envisageraient

de

contracter un « mariage mixte

» .

Ces

unions leur sont interdites, et

même s i e l l e s étaient autorisées,

i l faudrait

s'en

abstenir, tant e l l e s sont dommageables.

Page 96: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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CONSPECTVS

SIGLORVM

A Parisinus latinus 1622, saec. IX (Agobardinus)

F Florentinus

Magliabechianus, conv. soppr. I ,

VI,

10,

saec. XV

G Gorziensis amissus, quem adhibuit B. Rhenanus in

edi-

tione tertia

N Florentinus

Magliabechianus, conv.

soppr.,

I , v i , 9 , anni

1426

X

Luxemburgensis

75, saec. XV

0 consensus codicum NFX

a

consensus codicum

NG

P consensus codicum FX

R1

editio

princeps

Beati Rhenani, Basileae 1521

R2 editio altera Beati Rhenani, Basileae 1528

R3

editio

tertia

Beati

Rhenani,

Basileae

1539

R consensus editionum Beati Rhenani

Pam. editio

Iacobi

Pamelii, Antverpiae

1584

Lut.

notae Latini

Latinii ex libro

q ui inscribitur

Loti ex

coniectura U*. Viterbiensis vel r e s t i t u t i vel a l i t e r

l e c t i

in Tertulliano post

editionem

Pamelii, Romae 1584

Iun. notae Francisci Iunii editioni Pamehanae

iteratae

(Franecerae

1597)

in

appendice

additae

Seal.

notae Iosephi Iusti Scaligeri exemplari editionis Pame-

lianae

iteratae (Franecerae

1597),

quod

in bibliotheca

Leidensi

adservatur, manuscriptae

Page 97: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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CONSPECTUS SIGLORUM 89

Vr s

notae Fulvii Ursini

ab Ioanne a Wouwer traditae in libro

q ui inscribiturAdQ.S.F. Tertulliani opera

emendationes

epidicticae,

Francofurti

1603

Rig. editio Nicolai R i g a l t i i , Lutetiae 1634

Oehl.

editio

Francisci

Oehler, Lipsiae

1854

K ro y. editio Aemilii Kroymann, Vindobonae 1942 (CSEL 70)

(= CC Turnhoult 1954)

S i e . editio Adriani Stephan, Hagae Coraitis 1954

c e t t . codices et editiones

Beati Rhenani

praeter

testes

antea

commemoratos

codé, consensus

codicum

omnium

coni.

coniecit

d e f . d e f i c i t

om. omisit

t r .

transposuit

Page 98: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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Œuvres

de

Tertullien

Abréviations

An.

De anima

Apol.

Apologeticum

Bapt.

De

baptismo

Cast.

De

exhortatione

c a s t i t a t i s

Cor.

De

corona

Cuit.

De cultu feminarum

Herm.

Aduersus

Hermogenem

Idol.

De idolatria

I e i .

De ieiunio aduersus psychicos

Marc. Aduersus Marcionem

Mart.

Ad martyr as

Mon.

de

monogamia

Nat.

Ad nationas

Orat.

De

oratione

Paen.

De

paenitentia

Pal.

De pallio

Pat. De

patientia

Praes.

De

praescriptione haereticorum

Pud.

De pudicitia

Scap.

Ad

scapulam

Scorp.

Scorpiace

Spect.

De spectaculis

Test.

De

testimonio animae

Val.

Aduersus Valentinianos

Virg.

De virginibus uelandis

Vx.

Ad uxorem

Dans

l e s

renvois aux œu vr es

de

Tertullien,

l e s

c h i f f r e s romains

indiquent

l e s Livres, l e s

c h i f f r e s

arabes indiquent

successivement

l e s chapitres et

l e s paragraphes.

Page 99: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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TEXTE

ET

TRADUCTION

Page 100: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 100/238

AD VXOREM

LIBRI DVO

LIBER

PRIMVS

I , 1 . Dignum duxi, dilectissime mihi in Domino

conserua,

quid

t i b i

sectandum

s i t

post

discessum

de

saeculo

meum,

s i prior te

fuero

uocatus,

iam

hinc

prouidere, ut prouisum obserues, mandare f i d e i tuae.

5

2 . Nam saecularibus s a t i s

agentes sumus

et utrique

nostrum

consultum uolumus, talibus tabulas

ordina-

mus ; cur

non

magis

de diuinis atque eaelestibus

p o s t e r i t a t i

nostrae

prospicere

debeamus

et lega-

tum

quodammodo

praelegare admonitionem

e t demons-

i o trationem eorum q uae ex

bonis

immortalibus et

de

hereditate caelorum deputantur ?

3 . Tu modo ut solidum capere possis hoc

meae

admonitionis fideicommissum Deus f a c i a t , cui s i t

honor,

g l o r i a ,

c l a r i t a s ,

dignitas

et

potestas

e t

nunc

1 5 et in saecula

saeculorum».

Titulus

:

Incipit ad

urorem

l i b e r

I A

: Incipit

l i b e r

primus

de

uxore

N :

Incipit l i b e r

primus

Tertulliani De uxore F : Q. Septimii Florent» Tertu-

l i a n i . Incipit l i b e r

primus ad

uxorem

X.

I .

1 . dignum

—mihi om. F ( p r a e t e r

litteram rubricalam :

D )

I I

dignum

duxi om. XR1-* I l dilectissimam N I I mihi om. XR1-« I I 3 . fuero t e t r . X I I

6 . uolumus : uolibus

F

I I

tabulas

Rig.

:

tabulis A om.

c e t t .

I l 7 . atque

R** : ad que A

aeque

pR1 I ] 8 .

posteritate X

I I 9 . et A :

sed

flR

I I

1 0 . de

Page 101: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 101/238

A SON

ÉPOUSE

LIVRE I

1 . 1 .

J ' a i

estimé

convenable,

t r è s

chère

compagne

dans

l e service du

Seigneur, quant

aux

dispositions q ue

tu aur as

à suivre après mon départ de ce monde, s i j e s u i s appelé à

l e quitter

l e premier, de l e s pr év oir dès à pr ésent ; de m'en

remettre

à

ta f i d é l i t é , pour observer ce qui a été prévu.

2 . Pour

nos

a f f a i r e s temporelles,

en

e f f e t , n ou s n ou s

donnons

assez

de

mal

et

nous

voulons

q u ' i l

s o i t

pour vu

à

nos

intérêts

à l'un et l ' a u t r e , n ou s o r do nn on s des testaments à cet e f f e t ;

pourquoi ne devrions-nous

pas bien

davantage

v e i l l e r à nos

a f f a i r e s divines et c é l e s t e s dans l ' i n t é r ê t de notre postérité

et léguer en

quelque

sorte

un

legs

par

anticipation : une

exhortation et

un inventaire d é t a i l l é de ce q ui

l u i

reviendra

en biens impérissables, et à valoir sur l'héritage des cieux.

3 . Que

Dieu

t'accorde

de pouv oir

r e c u e i l l i r

intégralement

ce fidéi-commis de mon exhortation ;

à

Lui honneur, g l o i r e ,

splendeur, majesté et puissance, maintenant et dans l e s

s i è c l e s

des

s i è c l e s » .

om.

A

I

1 2 .

poscis

X

I I

1 3 .

(ac)

f i d e i c .

A

I I

1 4 .

e t

potestas

e t

noue

A

:

pot.

nunc c e t t . I I 1 5 . seculorum (amen) 8R I I

I ,

a . C f . Apoc. 5 , 13 ;

4 ,

1 1 ;

Jude

25

Page 102: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 102/238

94 A SON EPOUSE,

I

4 .

Praedpio i g i t u r t i b i , quanta continentia

potes,

post

excessum

nostrum renunties n u p t i i s , n i h i l mihi

i s t o

nomine

c o l l a t u r a ,

n i s i

quod

t i b i

proderis.

C ete rum

Christianis saeculo d i g r e s s i s nulla r e s t i t u t i o nuptiarum

2 0 i n diem resurrectio1no repromittitur, t r a n s l a t i s s c i l i -

cet

i n

angelicam qualitatem et

sanctitatem.

Proinde

s o l l i c i t u d o n u l l a ,

quae

de

carnis

z e l o u e n i t .

5 .

Etiam

i l l a , quam septem

fratribus

per succes-

sionem

nupsisse uoluerunt,

neminem tôt

maritorum

2 5

resurrectionis die offendet, nec q u is q uam illam confu-

surus expectat. Quaestio Sadducaeorum c e s s i t senten-

t i a e

Domini .

6 .

Ne me putes

propter carnis tuae integritatem

mihi reseruandam de contumeliae dolore suspectum

3 0

insinuare iam hinc t i b i

consilium

u i d u i t a t i s . Nihil

tune

inter

nos

dedecons

uoluptuosi

resumetur.

Non

enim tam

f r i u o l a , tam

spurca Deus

s u i s

p o l l i c e t u r .

S ed an

t i b i

uel cuicumque a l i i feminae ad Deum

per-

t i n e n t i p r o f i c i a t quod suademus, l i c e t r e t r a c t a r e .

I I , 1 . Non quidem abnuimus coniunctionem u i r i

e t

feminae, benedictam a Deoa ut seminarium gene-

17.

nostrum

AR : nostrorum 8 I

18.

proderiset XI

19.

digresis XI 20.

diem

8R

  i 21.

qualitatem 8R : quantitatem A

I I sanctitatem et

quali

tatem t r . NI 22-23 uenit. etiam i l l a A : uel in sententiam i l lam 8R1-* uel

Domini sententia i l l a

Ra I I

24.

nupsisse u.n.

t0t

om.

A.

I I nupsisse uolue

runt R' :

nuptiis

euoluerunt 9 nuptiis euoluere

R1-»

I I

25.

die 8R : dies A

I I

29. reseruandam

8R :

preseruandam

A

I I

suspectant F I I

31.

non

A

:

nec

8R I I 32.

friuolam

XI spurga

A

: spurcha N I I 33. cuicumque ANP : cui-

que

XI a l i i ANF

:

aliae X I I pertinenti AR' : pertineanti

A»c

perti-

n en ti s 8R1-1

I I

34.

prof ic ia t f SR

: profitiat

N

proficiet

A

I I

retractare

8R

:

pertractare

A

II. 1 . cumiunctionem p | I

et A

: ac 8R I I 2 .

deo

A : domino

6R

I I

2-3.

seminarium generis humani A : sciremus generi (genere X) humano 8R I I

et»

ANFR :

exX

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7/25/2019 A Son Épouse

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i ,

4

- n , i

95

4 . Voici donc ce q ue

j e

t ' e n j o i n s , c ' e s t

qu'après

ma mort,

t'appliquant

à l a

continence

de

toutes l e s

forces dont

tu es

capable,

tu

renonces

au

mariage

l

ne

m'en

reviendra

aucun av antage en dehors de c e l u i

qui

en résultera pour t o i .

Du r e s t e ,

aux chrétiens

qui ont

quitté ce monde, i l n'est

aucunement

promis q u ' i l s seront r é t a b l i s dans l a condition

du mariage au jour de l a résurrection, puisqu'ils seront

transformés et

revêtiront l a chaste

condition

des

anges.

Dès l o r s ,

i l s

ne

connaîtront

plus aucun de

ces tourments

qui

naissent

de

l a

jalousie

de

l a c h a i r .

5 .

Même

l a femme

q u i ,

selon

ce qu'on

a

prétendu, avait

épousé sept f r è r e s successivement, n'importunera aucun

de tous ces maris

au

jour de l a résurrection et aucun d'eux

ne l'attend pour l a couvrir de confusion. L'objection des

Sadducéens e s t tombée devant l a réponse du Seigneur .

6 .

Ne

v a

pas

c r o i r e

q ue

j e

t e

c o n s e i l l e

de

rester

v euv e dans

l'intention de me

réserver à

moi

seul

l e s

droits sur

ton

corps,

parce q ue j e me tourmenterais à l a

pensée

d'être un jour

méprisé.

A ce moment

l à ,

nous ne prétendrons pas f a i r e

revivre

entre nous

aucun

de

ces p l a i s i r s

dégradants. C e ne

sont pas des choses aussi f u t i l e s , aussi immondes q ue Dieu

promet

aux

s i e n s .

Mais l a ligne de

conduite

q ue j e t e recom

mande

e s t - e l l e

profitable

pour

t o i

ou

pour

toute

autre

femme

q ui appar ti ent à Dieu, c ' e s t l à une question q u ' i l e s t permis

d'examiner.

I I , 1 .

Certes

nous ne

rejetons

pas

l'union

de

l'homme

et

de

l a femme : e l l e a été

bénie par

Dieua comme étant l a

pépinière du genre humain ; e l l e a été i n s c r i t e dans

son

d e s s e i n ,

b.

Cf. Matth. 22,

23-30.

II,

a . Cf. Gen. 1 , 23 ;

2 ,

24

Page 104: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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96

A SON ÉPOUSE, I

r i s humani e t

replendo orbib et i nstr uendo saecul o

excogitatam, atque exinde per mi ssam, unatn tamen.

5

Nam

e t

Adam

uuus

Euae

maritus

et

Eua

una

uxor

i l l i u s , una mulier, una costa0.

2 . Sane

apud

ueteres nostros

ipsosque

patriarchas,

non modo nubere,

sed etiam plurifariam

matrimoniis

u t i , fas f u i t . Erant et concubinae.

1 0

3 .

S ed

l i c e t

f i g u r a l i t e r

in synagoga e c c l e s i a

i n t e r -

c e s s e r i t d ,

ut

tamen simpliciter

interpretemur,

necessa-

r i um f u i t

i n s t i t u e r e ,

quae postea aut amputari aut

temperari

mererentur. Superuentura

enim

lex

erate

:

oportebat enim

l e g i s adimplendae

causas praecucurrisse

;

1 5 item

mox

l e g i

succedere habebat

Dei

sermo, circum-

cisionem inducens s p i r i t a l e m ' .

4 .

Igitur

per

licentiam

tunc

passiuam

materiae

subse-

quentium emendationum praeministrabantur, quas D o-

minus

euangelio s u o ,

dehinc apostolus in

extremitatibus

2 0 saeculi»

aut

excidit

redundantes aut composuit incon-

d i t a s .

I I I , 1 . S ed non ideo praemiserim de

l i b e r t a t e

uetus-

t a t i s

e t p o s t e r i t a t i s

castigatione,

ut

praestruam

Ghris-

tum separandis matrimoniis, abolendis coniunctionibus

aduenisse, quasi iam hinc finem nubendi praescribam.

5 .

uuus

A

($R :

unius N

I I

8 .

sed om. 8R I I

9 -

(fas)>fas

A

I I

10.

sed

:

et X

I l 10-11. figuraliter in sinagoga ecclesia intercesserit A : figuratum (figura

tu

m R') in

sinagogam et ecclesiam cesserit 8R

I I 14. enim om. 8R I I 15.

item

A

: idem

8R1-'

eidem

R

I I

succedere

A

:

succurrere

8R

I I

17.

passiua

X y matheriae AR : materiam NF materia X I I

18.

emendationem X I I

19.

apostolis X

I I 20. excidit

0R

:

excidet A

III. 2 .

castigationem

8R I I 3 .

matrimonii

N

I I abolendis

A

:

et

delendis

8R

I l 4 . praescribam A»'

:

praescribant A,c praescriptam 8R

Page 105: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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i i , i - m, i 97

pour peupler l'univers et remplir l e s s i è c l e s , et

donc

permise,

mais une

seule

f o i s , cependant. C ar

Adam fut l'époux

unique

d'Eve,

et

Eve

son

épouse

unique

:

une

seule

f emme, une

seule c ô t e 0 .

2 . Sans doute chez

nos

ancêtres et précisément l e s pa

t r i a r c h e s ,

e x i s t a i t

l e

droit

non

seulement

de se marier, mais

même

de contracter

plusieurs mar iages à l a

f o i s

; en

outre,

i l s avaient des

concubines.

3 .

Bien

q u ' i l

s ' a g i s s e

l à

d'une

a l l é g o r i e

de

l ' É g l i s e

dans

l a

Synagogue*1, nous voulons toutefois donner une interprétation

toute simple

:

i l

é t a i t nécessaire

de créer d'abord

des usages

q ui

devaient par

l a s u i t e être

supprimés

ou c o r r i g é s . I , a

l o i

mosaïque, en e f f e t , devait intervenir e : i l f a l l a i t bien q ue

fussent appa r ue s d an s un

premier temps l e s

raisons

d'accom

p l i r

l a

l o i

;

à son tour, l e Verbe

de

Dieu devait

remplacer

la l o i , en introduisant

l a

circoncision s p i r i t u e l l e ' .

4 . Ainsi donc, l a

tolérance générale des

temps anciens

fournissait l a

matière

des

réformes

à venir,

matière

dont

l e Seigneur, en son évangile, puis

l'Apôtre,

en ces temps q ui

sont l e s d e r n i e r s 8 , ont

élagué

l e foisonnement et

ordonné

la confusion.

t

I I I ,

1 .

S i

j ' a i

é v o q u é

d'emblée

l a

l i b e r t é

l a i s s é e

aux

temps anciens

et

l a

rigueur

imposée

aux

temps q ui s u i v i r e n t ,

ce n'est pas afin de démontrer q ue l e Christ est venu rompre

l e s mariages et interdire d'en contracter, comme

s i

j e voulais

fonder là-dessus

l ' a b o l i t i o n définitive

du

mariage.

Qu'ils

b.

Cf.

Gen. 1,28

c .

Cf.

Gen. 2,

21

d. Cf. Gai. 4 ,

22-28

e .

Cf.

Rom. 5 ,

20.

f .

Cf.

Rom. 2 ,

29

;

Lév. 26,

41 ;

Deut. 10, 16

g . I

C o r.

10,u

Page 106: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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98

A SON ÉPOUSE,

I

5

V ider iut q ui i n t e r cetera

peruersitatum suarum disiun-

gere docent carnem in dnobus unam*, negantes eum,

qui

feminam

de

masculo

mutuatus,

duo

corpora

ex

eiusdem

materiae

consortio sumpta,

rursus in s e

matrimonii compactione compegit.

i o 2 . Denique prohiberi nuptias nusquam omnino

l e g i -

mus, ut

bonum s c i l i c e t .

Q u i d

tamen

bono

i s t o melius

s i t ,

accipimus

ab

apostolo, permittente quidem nubere,

sed abstinentiam praeferente», i l l u d propter i n s i d i a s

temptationum , hoc

propter

angustias

temporumd.

1 5 3 .

Qua

ratione utriusque

pronuntiationis

iuspecta,

f a c i l e dinoscitur

necessitate

nobis concessame esse

nubendi potestatem. Quod autem necessitas praestat,

depretiat i p s a .

Quod

denique scriptum e s t : Melius

nubere quam

u r i 1 , quale

hoc

bonum e s t , oro

t e ,

quod

2 0

mali

comparatio

commendat,

ut ideo

melius

s i t

nubere,

quia

detenus e s t u r i ?

4 .

Atenim quanto

melius

e s t

neque

nubere neque u r i .

Etiam in persecutiouibus

melius

ex

permissu*

fugere

de oppido in oppidum, quam

comprehensum

et d i s -

2 5 tortum negare.

At

quanto b e a t i o r e s , qui ualent

beata

testimonii confessione excedere.

Possum

dicere

:

quod

5 . q ui

: quae

8 I I 6 . in

A :

de 8R I I

7 .

ex R

:

et codd. I I

8 .

eiusdem :

eius

A I I 9 . compactione

8R : coiuputatione

A

I I 18. quod (denique)

:

quae

N

I I

melius (est)> RI 22. ad enim X I I 23. etiam A : sed etiam NFR sed et

eam XI persecutionibus AR

:

perfectionibus 8 I I melius N melius est

APXR I I permisso N i l

24. in

oppidum

om.

A I I

compraehensum

A

: corn-

pressum 0R I I 25. necare 0 I I at

quanto :

scripsi atque isto codd. R I I

bea

tiores A :

beata est idem 8R

I I q ui

ualent

beataA :

uae

qui

negant beati 8

I l

26.

confessione

: conf.

em

A

I I

excidere

8R

III,

a .

Gen. 2 , 24

; Matth. 19,

5-6

b. Cf.

I

Cor.

7 , 1-2,

26

Page 107: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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m, 1-4 99

prennent garde ceux q u i ,

entre

autres

aberrations,

enseignent

q u ' i l

faut

séparer

ceux

q ui sont

deux

en

une

seule c h a i r » ,

car

i l s

rejettent

aussi Celui

qui

emprunta

à

l'homme

de

quoi

former l a femme,

puis

réajusta dans

l'ajustement du

mariage

l e s

deux corps

q u ' i l avait t i r é s d'une

masse

homogène.

2 . C ar enfin nous

ne Usons

absolument nulle part q ue l e

mariage

e s t i n t e r d i t , pour l a bonne raison

q u ' i l

e s t , e f f e c t i

vement, un bien. C e q u i , cependant, e s t meilleur q ue ce bien,

l'Apôtre

nous

l ' e n s e i g n e ,

l u i

qui

permet, assurément,

q ue

l'on

se

marie, mais préfère l a continence . S a permission

se fonde

sur

l e s dangers q ue font courir l e s tentations

char

n e l l e s 0 ,

sa préférence sur

l e s angoisses

l i é e s

aux derniers

temps .

3 . S i nous examinons l e s motifs de ces deux déclarations,

nous

reconnaissons

facilement

q ue l a permission

de

nous

marier

ne

nous

a

été

accordéee

qu'en

vertu

d'une

nécessité

;

o r , ce q ue l a nécessité accorde, e l l e l e déprécie

du

même coup.

Quant à ce qui e s t é c r i t : Mieux vaut s e marier

q ue

de

b r û l e r ' ,

quel est ce bien, j e t e l e demande, qui ne reçoit sa

recomman

dation q ue

par comparaison avec un mal, de

sorte

q u ' i l

vaut

mieux se marier

pour

l a

raison

q u ' i l e s t pire de brûler

?

4 .

Mais

combien

mieux

v a u t - i l ,

tout à

l a

f o i s ,

ne

pas

se

marier et ne point brûler  

En

temps de persécution

aussi

i l vaut mieux

f u i r

de

v i l l e

en v i l l e , comme

on

nous l e permet*,

q ue

de se l a i s s e r arrêter et

d'apostasier

sous l a torture.

Mais

combien plus heureux s o n t - i l s ceux qui

ont

l e courage

de

mourir en rendant

l'heureux témoignage de

leur martyre  

c .

Cf.

I

Cor.

7 ,

5

d. Cf.

I

Cor. 7 ,

26

e .

Cf. I Cor.

7 , 6, 26

f . I

Cor.

7 ,

9

g .

Cf.

Matth. 10,

23

Page 108: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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100

A SON EPOUSE,

I

permittitur, bonum non e s t . Q u i d enim ? Necesse

e s t mori mibi. Si probor, bonum e s t h . Quod s i timeo...

Quod permittitur,

suspectam

habet

permissionis

suae

3 0

causam.

Quod autem melius e s t , nemo permisit, ut

indubitatum et sua sinceritate manifestum.

5 . Non propterea appetenda sunt quaedam, quia

non

uetantur

—e t s i

quodammodo uetantur,

cum

a l i a i l l i s praeferuntur

: praelatio

enim

superiorum

3 5

dissuasio

e s t

inferiorum

non

ideo

quid

bonum

e s t ,

quia

malum non e s t , nec ideo malum non e s t ,

quia

non o b e s t .

Porro

plene bonum hoc

antecedit,

quod

non modo non

o b e s t , sed insuper prodest. Namque

malle debes quod prodest quam quod non obest.

4 0

6 .

Ad

primum enim locum1

certamen omne

conten

a i t ; secundus solatium habet, uictoriam non habet.

Quod

s i

apostolo

auscultamus,

o b l i t i

posteriorum

e t

extendamur in p r i o r a *

e t

meliorum donatiuorum

s e c -

t a t o r e s simusk.

Sic

nobis, e t s i

laqueum

non

imponit1,

4 5 quid

u t i l i t a t i s

s i t ostendit, dicens : Innupta

de

dominicis

c o g i t â t , u t i e t c o r pore e t s p i r i t u sancta

s i t , nupta

uero

s o l l i c i t a

e s t ,

quomodo coniugi suo placeatm. C ete rum

2 7 . bonum non e s t AN : non est bonum

XR

non bonum e s t F I I 2 8 . pro

bor s c r i p s i : ploro codd.

R I I

quod om. 8R I I

2 9 . habet

om. A I I

31 s i n c e r i

tate sua t r . N I I 3 4 . a l i a

:

l i a A l I proferuntur A I I superiorum Scaliger :

su-

perior codd. R I I 3 5 . infimorum

AX

infirmorum

NFR

H 3 6 . quia malum

non

e s t :

om. A I I nec om. 8R I I 3 7 .

antecedet 6R

I I

38-39.

sed—best om. N

I l

3 8 . namque A : item quod

P :

item

q ui

R

itaque

R I I 3 9 . malle : maie A

I l

4 0 .

locum

:

letum N I I

4 1 .

solatium

secundus

t r . N I I

4 2 .

ascultamus N I I

et

om.

8R

I I

4 3 . meliora N

I I donatiuorum

A :

dampnationum NF damna-

tionum X donationum R I I 4 4 . sumus F I I s i c A : s i 0R I I e t s i om. 8R I I

4 5 .

quid

:

quod

X

I I

4 6 . e t 1

om.

8R

I I

h. Cf. Phil. 1,21

i . Cf. I Cor. 9 , 24

j . Phil. 3 , 13

Page 109: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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m, 4-6 1o1

J e peux

l'affirmer

: ce qui est

l ' o b j e t d'une

permission

n'est pas

un b i e n .

Comment cela ?

J e s u i s

dans l a nécessité

de

mourir

;

s i

j e

remporte

l'épreuve,

l a

mort

m'est

un

bienh

;

s i j e l a r e d o u t e . . .

Le

f a i t

qu'une

chose s o i t permise

comporte

un doute sur

l e s

motifs de

cette permission. Eu

revanche,

ce qui e s t meilleur, personne n'a eu à l e permettre, car c ' e s t

un

bien indubitable,

dont

l a bonté

sans

mélange

e s t manifeste.

5 . C e

n'est

pas une

raison pour l e s

d é s i r e r , s i certaines

choses

ne

sont

pas

interdites

pourtant,

d'une

certaine

manière,

e l l e s

sont comme frappées d ' i n t e r d i c t i o n , puisque

d'autres leur sont préférées ; préférer ce qui e s t meilleur,

c ' e s t , en e f f e t , condamner ce

q ui

e s t moins bon—ne

chose

n'est

pas bonne

du

f a i t

q u ' e l l e

n'est

pas mauvaise

; e l l e

n'est

pas

non plus indemne

de

tout mal, du f a i t q u ' e l l e ne

cause

pas de dommage. Mais une chose parfaitement bonne

se distingue en c e c i , q ue non seulement e l l e

ne

cause aucun

dommage,

mais

de surcroît procure un

avantage. Ainsi

tu

dois préférer ce qui procure un avantage plutôt q ue ce q ui

ne

cause

aucun dommage.

6 .

Dans

toute compétition l ' o n s ' e f f o r c e

de r empor ter

l a

première place1

; l e

second a un

prix

de

consolation, i l

n'a pas l a v i c t o i r e . S i nous écoutons l'Apôtre,

«

oubliant l e

chemin

parcouru,

allons

droit

de

l ' a v a n t 1 ,

cherchons

à

obte

nir

l e s

plus

b e l l e s

récompenses1*

» .

De même, sans nous tendre

de p i è g e 1 , i l nous montre

se

trouve

notre intérêt quand

i l

d i t :

«

La femme q ui n ' e s t pas mariée a

souci

des

a f f a i r e s

du Seigneur afin

d'être

sainte de corps

e t d ' e s p r i t .

C e l l e qui

e s t mariée, au contraire,

s'inquiète des

moyens de

p l a i r e à

son

marim » . Du r e s t e , nulle part l'Apôtre

ne

permet l e

mariage

k. i Cor. 12, 31

1 . I Cor.

7 ,

35

m. I Cor.

7 ,

34

Page 110: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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102 A

SON EPOUSE,

I

nusquam

i t a uuptias

permittit, ut

non potius

ad

suum

exemplum

nos e n i t i

malit.

Felicem11 illum, q ui

5 0 Pauli

s i m i l i s e x t i t e r i t .

IV, 1 .

Sed

carnem legimus infirmam et hinc nobis

adulamur impensius. Legimus tamen et spiritum

firmum*.

Nam i n uno sensu

utrumque positum

e s t .

Ca ro terrena materia e s t , s p i r i t u s uero

c a e l e s t i s 6 .

5 C ur

ergo

ad

excusationem

proniores, quae in nobis

infirma sunt opponimus, quae uero f o r t i a non tuemur ?

C ur

eaelestibus

terrena

non

cedant ?

2 . Si s p i r i t u s carne

f o r t i o r ,

quia et generosior, nostra

cul pa i nf ir mi or em sectamur . Nam d i s i u n c t i s a matri-

1 0

monio

duae

species humanae

i m b e c i l l i t a t i s necessarias

nuptias

faciunt. Prima quidem

et potentissima,

quae

uenit

de concupiscentia

c a r n i s c , sequens de

concupis-

centia

s a e c u l i .

S ed

utr aq ue r epudi anda

e s t

a

seruis

Deid, qui

e t

luxuriae et ambitioni renuntiamus.

1 5 3 . C ar nis concupi scenti a

aetatis o f f i c i a

defendit,

decoris

messem

r e q u i r i t , gaudet de contumelia sua :

d i c i t ui rum

necessarium

sexui, uel auctoritatis et

s o l a t i i

causa, uel ut a

malis

rumoribus

tuta

s i t .

Et

tu aduer sus

c o n s i l i a

haec

eius

adhibe

sororum

nos

IV . 2 .

impensius

(ut

pensius

X) 9R :

in

quibusdam A I I 5 . cur

:

cum

N

I I

6 . infirma AR : infirmata

NXR

infirmata est F I I fortia A : fortiora 8R I I

7 . cedent N I I 8 . quia : quae N I I 9 . infirmiorem A : infirmiores NXR

infamores F infirmiora R I I a om. 8R I I 11-12. quidem (concupiscentia)*A

I l 11.

et

om. 8R I I 12.

de : ex A

I I 12-13.

carnis

—oncupiscentia om. A I I

14.

quiet : quia F I I

17.

uel Kroy. : ut codd. R I I

18.

causant A I I uel ut

PR

:

uelud N : uelit

ut

A

n. Cf. I Cor. 7 , 7 , 40

IV , a . Matth. 26, 4?

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7/25/2019 A Son Épouse

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n 1 , 6 - 1 v , 3

l°3

sans manifester

en

même

temps q u ' i l préfère

nous

voir résolus

à

suivre son exempl e. Heureux c e l u i q ui pourra

devenir

semblable

à

Paul

 

IV,

1 . Mais nous

l i s o n s

q ue

l a

chair est f a i b l e , et cela

nous s e r t de prétexte pour ê t r e plus complaisants à l'égard

de

nous-mêmes. Nous

l i s o n s

pourtant aussi q ue

l ' e s p r i t

est

f o r t » .

Les

deux

affirmations

s e trouvent, en

e f f e t ,

dans l a

même sentence. La chair est une substance

t e r r e s t r e ,

mais

l ' e s p r i t

une

substance

c é l e s t e .

Pourquoi

donc, trop

enclins

à chercher

des excuses, alléguons-nous ce q u ' i l y

a

en nous

de

f a i b l e , au

l i e u

de considérer ce

q u ' i l y

a en nous de f o r t

?

Pourquoi

ce

q ui e s t t e r r e s t r e ne s e

soumet-il

pas à

ce

qui e s t

céleste

?

2 . Si l ' e s p r i t e s t plus f o r t q ue l a c h a i r , car i l e s t

de

plus

noble

o r i g i n e ,

c ' e s t

notr e faute

s i

nous nous

attachons

à

l a

partie l a plus f a i b l e .

Pour ceux dont l e l i e n conjugal a été rompu, deux

variétés

de l a

f a i b l e s s e

humaine

rendent l e

mariage

nécessaire.

La

première, qui e s t aussi l a plus f o r t e , vient de l a concupiscence0

de

l a c h a i r , l a

seconde de

l a concupiscence du s i è c l e .

Mais

nous

devons l e s r e j e t e r

l'une et

l ' a u t r e ,

nous

l e s

serviteurs

de Dieu*, q ui renonçons au

p l a i s i r

charnel et à l a vaine g l o i r e .

3 . La concupiscence

de l a

chair

allègue

pour

sa

défense

l e s obligations de l ' â g e ; e l l e

aspire

à c u e i l l i r l e s f r u i t s de l a

beauté

;

e l l e s e g l o r i f i e de ce qui f a i t son

déshonneur ;

un

mari, d i t - e l l e , e s t indispensable à l a femme, pour ê t r e son

garant

e t

son réconfort, ou pour l a

mettre à

l ' a b r i

des on-dit

malveillants. Pour t o i , tu repousseras ses arguments, en

b. Cf. I

Cor.

15,

40-47

c . Cf.

I Jn

a , 16

d. Cf. Tite 2 , 12

Page 112: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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104 A

SON

EPOUSE, I

2 0

trarum exempla, quarum

nominae pênes Dominum,

q uae nullam fonnae

uel aetatis occasionem,

permissis

m a r i t i s ,

sanctitati

anteponunt.

4 . Malunt enim Deo nubere. Deo

speciosae,

Deo

sunt puellae.

Cum

i l l o uiuunt, cum i l l o sermocinantur,

2 5 illum diebus et

noctibus t r a c t a n t ' .

Orationes suas

uelut dotes Domino assignant, ab eodem

dignationem

uelut munera

maritalia, quotienscumque desiderant,

consequuntur.

Sic

aeternum

s i b i

bonum,

donum

Domini,

occupauerunt,

ac

iam in

t e r r i s ,

non nubendo, de familia

3 °

angelica

deputantur.

5 . Talium exemplis feminarum ad aemulationem

te continentiae exercens, s p i r i t a l i affectione carnalem

illam concupiscentiam humabis,

temporalia

et uola-

t i c a desideria formae uel aetatis immortalium bonorum

3 5

compensatione delendo.

6 . C ete rum

saecularis concupiscentia

causas habet

gloriam,

cupiditatem,

ambitionem,

insufficientiam, per

quas necessitatem nubendi subornat, u i d e l i c e t caeles-

t i a repromittens : dominari in aliena familia*,

a l i e n i s

4 °

opibus incubare, cultum

de

alieno extorquere, sumptum

quem

non

s e n t i a s ,

caedere.

2i .

formae R : formata codd.

R

I I

permissis de

Labriolle :

praemissis

codd. R I I 22. sanctitatem R I I 26. assignatXI 27 . maritalia R : dotalia

A I I

28. aeternum

: et non N

I I donum

om.

8R I I 29.

hac A I I

30.

deputen-

tur N

32.

te

om.

N I I

spiritalia

AX I I affectionem A I I

33. humanis

A I I

34.

uel

:

ut

A

I I

immortalium A

:

inimicantium 8R

I I 35.

compensatione

delendo A

:

compensas

(compensans R'-') delenda 8R

I I

36. <haec>

sae

cularis A I I 38. suborna N I I 39. <in> alienis 8R I I 40.

opibus :

operibus N

I l

incubare A : incumbere

8R

I I

to r que r e F

I I

41.

caedere A : cedere in

te

8R

Page 113: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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iv, 3-6 105

é v o quant l'exemple de nos sœurs, dont Dieu' connaît l e s

nomse

; à toutes l e s occasions de mariage q ue pourraient

leur

procurer

l a

beauté

ou

l a

f l e u r

de

l ' â g e ,

a l o r s q u ' e l l e s

pourraient prendre un mari, e l l e s préfèrent une vie chaste.

4 . Elles

préfèrent,

en

e f f e t , épouser

Dieu.

C'est

pour Dieu

q u ' e l l e s sont

b e l l e s ,

c ' e s t

pour Di eu q u ' e l l e s

sont

jeunes.

C'est avec

Lui q u ' e l l e s

vivent, c ' e s t

avec Lui q u ' e l l e s

s ' e n t r e

tiennent

;

c ' e s t

de

Lui seul q u ' e l l e s s'occupent jour et n u i t ' .

Pour

d o t ,

e l l e s

apportent

au

Seigneur

l e u r s

prières

;

en

retour,

e l l e s obtiennent s e s faveurs,

pour

cadeau

de

noces, autant

de f o i s q u ' e l l e s l e d é s i r e n t . Ainsi e l l e s

sont

entrées en posses

sion des

biens é t e r n e l s ,

des dons

du Seigneur e t

dès à

présent,

sur cette

t e r r e ,

du f a i t q u ' e l l e s renoncent

au

mariage,

e l l e s

appartiennent

à l a famille

des

anges.

5 .

Suis

l'exemple

de

ces

femmes,

applique-toi

à

imiter

leur continence

;

grâce à

ton

amour des

biens

s p i r i t u e l s ,

tu enseveliras l a

concupiscence

de l a

chair

; tu détruiras

l e s

d é s i r s éphémères et volages qu viennent

de

l a

beauté ou

de l a jeunesse,

pour

recevoir en échange l e s biens immortels.

6 . Par a i l l e u r s , l a

concupiscence

du s i è c l e allègue pour

motifs l e

p r e s t i g e ,

l a

cupidité, l a vaine g l o i r e , l ' i n s u f f i s a n c e

des

ressources

;

e l l e

en

joue

habilement

pour

prouver

l a

nécessité d'un remariage e t , bien entendu, e l l e promet en

retour

des récompenses

vraiment

c é l e s t e s

: régner en maître»

sur

l a

domesticité d ' a u t r u i ,

s e reposer

sur l a

fortune d '

autrui

soutirer à autrui l e s f r a i s de sa t o i l e t t e , d épense r outr a geu

sement

sans

q u ' i l ne t'en coûte r i e n .

e . C f .

P h i l .

4 , 3

f . C f . I Tim.

5 ,

5

g . C f . I Tim. 5 ,

4

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7/25/2019 A Son Épouse

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IOÔ A

SON

ÉPOUSE, I

7 . Haec procul a f i d e l i b u s ,

quibus

nulla cura

t o l e -

randae

u i t a e ,

n i s i s i diffidimus de promissis

Dei, q ui

l i l i a

agri

tanta

gratia

u e s t i t ,

q ui

u o l a t i l i a

c a e l i 1

nulla

4 5 ipsorum labore

p a s c i t ,

qui

prohibet

de crastino uictu

uestituque c u r a r e J , spondens s c i r e se q uid cuiq ue

seruorum suorum opus s i t k , non quidem monilium

pondera, non

uestium

taedia, non Gallicos

mulos,

nec

Germanicos b a i u l o s , quae nuptiarum gloriam

5 0 accendunt, sed s u f f i c i e n t i a m 1 , quae modestiae et

pudi-

c i t i a e

apta

e s t .

8 .

Praesume,

oro

t e , n i h i l t i b i opus e s s e ,

s i

Domino

appareas, immo omnia

haberem, s i habeas Dominum,

cuius omnia.

Caelestia r e c o g i t a , et terrena d e s p i c i e s .

5 5 Nihil

uiduitati

apud

Deum

subsignatae necessarium

e s t quam perseuerare.

V,

1 .

Adiciunt

quidem s i b i

homines

causas

nup

tiarum de s o l l i c i t u d i n e posteritatis e t

liberorum

ama-

rissima uoluptate. Nobis otiosum e s t . Nam quid g e s -

tiamus l i b e r o s s e r e r e ,

quos

cum habeamus,

prae-

5 mittere optamus, respectu

s c i l i c e t imminentium

angus-

tiarum, cupidi et i p s i iniquissimo i s t o saeculo eximi

43. diffidimus

R'-' : difidimus

A diffidemus

6R1

I I dei et curaetproui-

dentia) 8R I I

44.

agri tanta gratia A :

agrestia

6R I I uestit ANR : uescit X

nesciit

F

I I 45. pasci N I I 45-46. uictu

uestituque A :

uictuque 8R I I

46. cu r a r e spondens A : curari respondens 6R I I 48. gallicos mulos R1

mg :

calligos multos

A gallicos uultus

NFR gallicos multos

uultus X

I I

50. accedunt A I I sufficientia AXRI 52. praesummete A I I esse AR

:

est

8R I I

54.

cogita X I I et

:

quiaX

I

dispecies A

V.

1 . quidem

om.

F

:

quidam

X

I I 3 .

nobis

otiosum est

A

:

sed

id

quoque

pênes

nos odiosum est

8R

I I

4 .

libros XI serere NXR

gerere

A scire

F

I I

5 .

scilicet

<et)A

I I

6 . eximi

:

enim

X

excuti

F

I I

h. Matth.

6 ,

28

i . Matth. 6 , 26

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7/25/2019 A Son Épouse

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1 v ,

7 - v ,

i 107

7 . Loin

de

nous, chrétiens, de semblables

c a l c u l s ,

car

nous

ne nous inquiétons nullement des

moyens

dont nous

soutiendrons

notre

v i e ,

à

moins

de

nous

défier

des

promesses

de

Dieu,

q ui

revêt l e s l y s

des

champs de

tant de

grâce, nourrit

l e s oiseaux du c i e l 1

sans

travail de

leur part

e t nous interdit

de

nous tour menter 1 de l a

nourriture et du vêtement du

lendemain,

nous assurant q u ' i l connaît11 l e s

besoins

de

cha

cun de s e s serviteurs ; ce ne sont pas, i l e s t v r a i ,

des

pendentifs

pesants, des vêtements importuns, des mules

g a u l o i s e s ,

des

porteurs germains,

tout

ce

f a s t e

qui

augmente

l e

prestige

d'un

mariage, mais

l a s i m p l i c i t é 1 , car e l l e

e s t l a compagne

de

l'humilité

et de

l a

chasteté.

8 . Tu peux ê t r e sûre d'avance, crois-moi, q ue tu n'as

besoin de

r i e n ,

s i

tu es au

service

du Seigneur,

ou plutôt

q ue

tu

possèdes tout™,

s i tu

possèdes

l e

Seigneur,

à qui tout

appartient. Médite sur l e s biens du c i e l , et tu mépriseras

ceux de

l a

t e r r e . Le veuvage

consacré

à Dieu

ne

connaît

d'autre

nécessité

q ue de

persévérer.

V,

1 . Parmi

l e s motifs invoqués pour j u s t i f i e r l e mariage,

on

invoque

a u s s i ,

i l

e s t

v r a i , ceux

qui s e fondent sur l a

préoc

cupation d'avoir une descendance et sur l e s j o i e s , pourtant

s i amères,

q ue

procurent

l e s enfants.

Pour nous, ces motifs

sont

sans

valeur.

En

e f f e t ,

à

quoi

bon

désirer

mettre

au

monde

des

enfants, q ue nous

souhaitons voir

nous précéder dans

l a tombe, dès q ue nous l e s avons —n considération,

bien

s û r , des

épreuves angoissantes qui

menacent

impatients

que nous sommes nous-mêmes d ' ê t r e délivrés de ce monde

j . Cf. Matth. 6 , 31

k. Cf.

Matth. 6, 32

1 .

Cf. I Tim.

6 ,

6-8

m. I

Chr.

29, 10

;

II C or .

6 ,

10

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7/25/2019 A Son Épouse

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108

A SON

ÉPOUSE, I

et r e c i p i

ad

Dominum, quod etiam apostolo uotum

f u i t .

Nimirum necessaria

suboles seruo Dei. 2 . Satis

i o

enim

de salute

nostra

s e c u r i sumus,

ut

l i b e r i s uacemus.

Quaerenda nobis onera sunt, quae etiam

a

genti-

lium plerisque uitantur,

quae

legibus coguntur, q u a e

p a r r i c i d i i s expugnantur,

nobis

demum plurimum impor

tuna, quantum

f i d e i

periculosa. C ur

enim

Dominus :

1 5 Vae praegnantibus

e t

nutricantibus* , c e c i n i t , n i s i

quia

filiorum impedimenta testatur

i n

i l l a d i e expeditionis

incommodum futura

? Ea utique nuptiis imputantur,

istud

autem

ad uiduas

non pertinebit.

3 . Ad

primam angeli

tubamc expeditae p r o s i l i e n t ,

2 0 quamcumque pressuram persecutionemque l i b e r e per

l e r e n t , nulla

i n utero,

nulla

in uberibus aestuante sarcina

nuptiarum.

I g i t u r ,

siue

carms,

s i u e

s a e c u l i ,

siue

poste-

r i t a t i s

gratia

nubitur,

n i h i l

ex

i s t i s

necessitatibus

competit Dei s e r u i s , ut non s a t i s habeamd semel

2 5

a l i c u i earum

suecubuisse e t

uno matrimonio

omnem

concupiscentiam huiusmodi expiasse. Nubamus quo-

t i d i e et nubentes

a

die i l l o timoris deprehendamur,

ut

Sodoma

et

Gomorra. 4 .

Nam i l l i c

non

utique

nuptias

7 . ad :

apud

A I I

uotum

: uotum F

I I

9 . soboles 8R

I I

1 0 . de

salute

A : de-

sunt NXR

desinit

F

I I 1 2 . plerisque

A

:

profanis NX

prophanis

FR

I I l e g i

bus : l e g i s X I I coguntur

R*

: coluntur A locuntur 8Rl locantur R* I I 1 3 .

de

mumA : quidem 8R I I 1 5 - nutricantibus AR : nutriantibus f ) nutrientibus

N

H 1 7 .

incommodum

AR

:

incomodum

X

in eo modum F incommoda

N

I l ea om. 8R I I nuptiis Rig.

:

nuptias codd. R I I imputantur

A

: imputatu-

rus

NFR

in

putaturus

X

I I

1 8 .

istud

A

:

tum

NR

cum

F

tu X

I I

2 0 .

perfe-

rent :

perferrent N perferunt F I I 2 i .

nullam...

nullam... sarcinam 8 I I

23.

gratiarum

X

I I

nubitur

A :

nubebit 8 nubet

R I I 2 4 .

competit om.

8R

I I ha-

beam : habeant F I I

2 5 .

a l i c u i

AR : alicubi NF

alcubi X I I

2 6 .

concupis-

centiae

A I I 2 7 . a : ad X I I

timoris om.

8R H 2 8 . Sodomae A

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7/25/2019 A Son Épouse

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v , 1 - 3 log

pervers et d'être reçus auprès du Seigneur, selon aussi l e

vœu

de

l'Apôtre»

?

Apparemment

un serviteur de Dieu a besoin

d'une

progé

niture   2 . Nous sommes, en e f f e t ,

assez

sûrs de notre salut

pour

nous occuper d'enfants  

Nous

devons assumer

des

charges

q ue beaucoup

de païens é v i t e n t ,

q ue l e s

l o i s

cherchent

à

imposer,

dont on se débarrasse par l e meurtr e, des charges,

enfin, q ui constituent pour nous

une gêne

i n t o l é r a b l e , à l a

mesure du danger q u ' e l l e s représentent pour l a f o i . Pourquoi,

en

e f f e t ,

l e

Seigneur a - t - i l

proclamé

: Malheur

à c e l l e s qui

seront enceintes et q ui

allaiterontb

? Ne v e u t - i l

pas

indiquer

par l à qu'au jour du grand départ l e s embarras occasionnés

par l e s

enfants constitueront un désavantage

? Le

mariage

comporte ces embarras, évidemment, mais

l e s veuves

ne

connaîtront pas ce désavantage.

3 .

Au

premier son de

l a

trompette0 de

l ' a n g e ,

e l l e s

s'élan

ceront, l i b r e s

de

tout bagage,

prêtes

à

supporter toutes l e s

épreuves, toutes l e s

persécutions, car aucun des fardeaux

du mariage

ne

l e s alourdira, n i aux e n t r a i l l e s n i à l a mamelle.

Ainsi donc,

q ue

l ' o n s e marie

pour

des motifs qui ont en

v ue

l a c h a i r , l e s i è c l e , ou l e désir d'une descendance, aucune de

ces

prétendues nécessités

ne s'applique

aux

serviteurs

de Dieu.

Ne

me

s u f f i t - i l

pas

d'avoir

succombé

une

f o i s

pour

toutes

à

l'une ou

à

l ' a u t r e

d'entre

e l l e s et d'avoir assouvi dans

un

mariage

unique

toute concupiscence de cet ordre

?

Eh bien   s o i t  

marions-nous

tous l e s jours et laissons-nous

surprendre en

pleines

noces

par

' e jour de l'épouvante, comme

Sodome

e t

Gomorrhe. 4 . En ces l i e u x , i l e s t v r a i , on

ne

se

V,

a . Cf.

II

Cor. 5 ,

8 ;

Phil.

1 , 23

h . Matth.

24,

19 ; Le

2r ,

23 ; Me 13, 17

c . Cf. Matth.

24, 31

; I

Cor.

15, 52 ; I

Thess.

4 ,

16

d.

Cf.

I Pierre 4 , 3

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7/25/2019 A Son Épouse

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110

A SON

EPOUSE, I

et

mercimonia soluminodo

agebant,

sed cum d i c i t :

3 0

Nubebant e t emebante,

insigniora

ipsa car nis et s a e c u l i

u i t i a

denotat,

quae

a

d i u i n i s

d i s c i p l i n i s

plurimura

auocent,

alterum

per lasciuiendi uoluptatem, alterum

per

adquireudi

cupiditatem. Et tamen i l l a tune caecitas

longe

a finibus saeculi habebatur. Q u i d ergo f i e t ,

3 5

s i

quae

olim

detestabilia sunt pênes Deum ? . . .

Ab

i i s nunc

nos

arceat   Tempus, i n q u i t , in c o l l e c t o e s t ,

s u p e r e s t ,

u t

qui matrimonia habent tamquam

non habentes

a g a n t * .

VI,

1 . Quodsi hi

qui

habent obliterare debent

q uod habent, quanto magis

non

habentes prohibentur

repetere quod non habent. Vt cuius maritus

de r ebus

a b i i t ,

exinde

requiem

sexui

suo

nubendi

abstinentia

5 iniuugat, quam pleraeque gentilium feminarum memo-

r i a e carissimorum maritorum parentant.

Cum

quid d i f f i c i l e

uidetur,

d i f f i c i l i o r a a l i o s obeuntes

recenseamus. 2 . Quot enim sunt, qui statim a lauacr o

carnem suam obsignant ? Quot item,

qui

consensu

1 0

pari»

i n t e r se matrimonii debitum t o l l u n t ,

uoluntarii

spadones pro

cupiditate regni c a e l e s t i s ? Quodsi

saluo matrimonio

abstinentia

t o l e r a t u r , quanto magis

adempto

?

C r edo

enim

d i f f i c i l i u s

saluum

derelinqui,

quam

amissum

non

d e s i d e r a r i .

3 0 . ipsa om.

A

I I 3 1 . denotat

A : detinentes 6R1-'

d e f i n i t R' I I 3 2 .

auocet

0 I I 3 3 . cupiditatem A : uoluntatem 6R I I tamen. A : enim 8R I I

3 5 . deum A : dominum flR : om. N I I 3 6 . i i s A : h i s NPR h i i s X I I nos

nunc t r . NFR I I nos

:

uos

X

I I arcet

F I I 3 7 .

ut

: et X

I I

38-VI,

2 . agant—

on

habentes om. F

VI.

1 .

hi

qui

om.

NXR

I I

habent

:

habentes

R*-'

I I

3 .

rebus

:

r e

A

I I

4 .

a b i i t

R*- * :

habiit A habuit 6R1

I I r e q u i em

A

: q uietem

6R I I

6 .

maritorum

om. F I I parentant : AN : parcant FR parceant X I I 7 . a l i o s : altos X I I

8 - 9 . quot NR :

quod

AFX

( b i s ) I I 10-11.

uoluntarii

spadones

A :

u o l . i i s

spad.bus 6R I I 1 1 . regni

om.

6R I I c a e l e s t i s AF : c a e l e s t i NXR I I quodsi

Page 119: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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v, 3 - VI, 2 III

contentait

pas de conclure des mariages et des marchés,

mais quand l'Écriture

d i t

:

I l s

se mariaient et i l s commer

ç a i e n t 1 ,

e l l e

dénonce

précisément

l e s

vices

l e s

plus

voyants

de

l a

chair et du s i è c l e , ceux

qui

éloignent l e plus

des comman

dements de Dieu, l ' u n par l e p l a i s i r de l a volupté, l ' a u t r e

par

l e

d é s i r de posséder. Et pourtant cet

aveuglement se

plaçait à une époque éloignée de l a f i n du

monde

  Mais qu'ad-

viendra-t-il donc,

s i

l e s vices q u i ,

depuis

toujours, sont en

abomination

devant

D i e u . . . ? Qu'il nous en détourne

mainte

nant

;

l e

temps

e s t

l i m i t é ,

d i t l ' E c r i t u r e .

Reste

donc q ue

ceux q ui sont mariés vivent comme s ' i l s ne

l ' é t a i e n t p a s ' .

VI,

1 .

S i

ceux

qui

ne

sont pas mariés

doivent effacer

ce q u ' i l s ont, combien plus ceux qui ne

sont

pas mariés doi

vent

- i l s

s ' i n t e r d i r e

de

rechercher

ce

q u ' i l s

n'ont p l u s . Dès

que

son

mari aura

quitté cette vie l a

femme imposera s i l e n c e

à ses i n s t i n c t s , en renonçant à s e remarier, à l ' i n s t a r de bien

des

païennes, qui

offrent

leur

continence

en

s a c r i f i c e ,

pour

honorer l a

mémoire

d'un

époux

t r è s

c h e r .

Lorsqu'une chose nous

paraît

d i f f i c i l e , considérons l e s

d i f f i c u l t é s

plus

grandes

q ue l e s

autres

affrontent. 2 . Combien,

en e f f e t , dès l ' i n s t a n t de leur baptême imposent à leur

chair

l e sceau

de l a chasteté

?

Combien a u s s i ,

d'un

commun

accord*,

suppriment l e s relations conjugales, ayant c h o i s i d'être

eunuques

par

amour

du royaume

des ci eux

?

S i l ' o n

observe

l a continence

tout

en

étant

marié, combien plus doit-on

l e

f a i r e

quand on

ne

l ' e s t plus ?

J e

pense,

en

e f f e t , q u ' i l e s t

plus d i f f i c i l e de renoncer à

un bien q ue l ' o n possède encore

que de ne plus

désirer

un bien q ue l ' o n a perdu.

ont. 6R

I I

13.

adempto : ademptor

F ademptos X

I I

derelinquendi N

I I

14.

admissum N

e . Cf.

I ^ c 17, 27-28

f . I

Cor. 7 ,

29

VI,

a .

Cf.

I C o r. 7 ,

5

b.

Cf. Matth.

19, 12

Page 120: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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112 A SON

ÉPOUSE,

I

1 5 3 . Durum

plane

et

arduum

s a t i s continentia sanctae

feminae post u i r i excessum Dei causa, cum gentiles

satanae

suo

et

u i r g i n i t a t i s

et uiduitatis

sacerdotia

perferant. Romae quidem quae

i g n i s

i l l i u s inextin-

g u i b i l i s 0 imaginem tractant, auspicia poenae suae

2 0 cum ipso

draconed

curantes, de uirginitate censentur.

4 . Achaicae Iunoni

apud Aegium

oppidum uirgo

s o r t i t u r , et quae

Delphis insaniunt nubere

nesciunt.

C eterum

uiduas Africanae Cereri adsistere scimus,

durissima

quidem

obliuione a

matrimonio

a l l e c t a s .

2 5 Nam manentibus in

uita

u i r i s

non

modo toro decedunt,

sed et a l i a s e i s , utique ridentibus, loco

suo

insinuant ;

adempto omni contactu, usque

ad

osculum filiorum

et

tamen, durante usu, perseuerant

in t a l i

uiduitatis

d i s c i p l i n a ,

quae

p i e t a t i s etiam sancta

s o l a t i a

excluait.

3 0

5 .

Haec

diabolus

s u i s p r a e c i p i t ,

et

auditur.

Prouocat

nimirum

Dei seruos continentia suorum quasi

ex

aequo :

continent

etiam

gehennae sacerdotes. Nam inuenit,

quomodo homines etiam in boni sectationibus per-

d e r e t , e t n i h i l apud eum r e f e r t ,

a l i o s

luxuria

a l i o s

3 5 continentia o c c i d e r e .

15. planeetardum A I I 8 . sanctae AN : sancta 0GR I I 16. feminae A a

R* :

femina 3R1.*

I I

18. rouiae

: non

ita

X I I 19. imaginent N

I I auspicia :

auspici

A

auspicie XI 20. dracone curantes om.

A

I I 21. Achaicae Kr o y.

:

achaie A

accaeae N acce 3 aceae R1 acheae R*3 I I iunoni AXR

unioni

N

minoni

F I I

egeum

A agium F I I

23.

uiduas

:

induos F I I

24.

a om.

8R I I

25.

in

uita

A

:

in

aeternum

8R

I I

toro

om.

A

:

choro

F

I I

27 .

oscula N

I I

29.

sancta

F

: sanctae

ANXRI 30.

suis om. 8R

I I praecipit

:

praecepit

A

I I

auditor X I I prouocant A I I 32. continent etiam A : continentiam 6R'

continentiuin R1.* I I

sacerdotem

0R

I I

33. boni

R :

bonis codd. R I I

perderet

AR : proderet P proderit N I I 34. eum : cumX

Page 121: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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v i , 3 - 5  3

3 .

Pénible

s i t u a t i o n , assurément, et passablement

d i f f i c i l e

pour

une

sainte

femme,

q ue de

pratiquer l a

continence, par

amour

pour

Dieu, apr ès

l a

mort

de son

mari,

quand

l e s

païennes,

pour leur

Satan,

acceptent

des sacerdoces réservés

aux

vierges et

aux

veuves.

A

Rome,

par exemple, c e l l e s

q ui sont char gées d'entretenir l'image

du

feu qui

ne

s'éteindra

jamais0,

veillant a i n s i s u r i

e signe annonciateur du châtiment

q u ' e l l e s subiront avec l'antique Dragon4,

sont

c h o i s i e s parmi

l e s vierges.

4 . Pour l e culte de l a

Junon

Achéeune près de

l a

v i l l e

d'Aegium, c ' e s t

une

vierge

q ue

l e

sort désigne

et

l e s

femmes

q ui vaticinent à Delphes ignorent l e mariage. Du r e s t e

nous savons q ue

des «

veuves

» sont

au

service

de l a Cérès

africaine

: e l l e s

sont

choisies pour avoir t r è s strictement

oublié l e

mariage. En e f f e t , du

vivant même de

leur

mari,

non

seulement e l l e s abandonnent l e l i t

conjugal,

mais e l l e s y

introduisent

à

leur

place

d'autres épouses,

à

l a

plus

grande

j o i e des maris, c e l a

va

sans d i r e . Elles

s'interdisent

tout

contact, y compris

l e s baisers de leurs f i l s

e t

cependant, tant

que durent leurs fonctions, e l l e s

observent

cette d i s c i p l i n e

d'un

veuvage qui r e j e t t e

l e s consolations l e s plus

chastes,

c e l l e s même de l a tendresse.

5 .

Tels

sont

l e s

ordres

q ue

l e

Diable

intime

à

s e s

f i d è l e s ,

et i l se

f a i t

o b é i r . Nul doute, i l

provoque

l e s

serviteurs

de Dieu

par

l a continence des s i e n s , à

armes

é g a l e s , pour a i n s i

d i r e

:

même l e s prêtres de l a géhenne observent l a continence. Satan,

vraiment a trouvé l e

moyen

de

perdre

l e s hommes, l o r s même

q u ' i l s recherchent l e b i e n , et peu l u i importe q u ' i l détruise

l e s uns par l a

luxure,

l e s

autres

par

l a

continence.

c . Cf. Matth. 3 , 12

d.

Apoc.

12,9

 

2°i 2

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7/25/2019 A Son Épouse

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114 A SON EPOUSE, I

VII, 1 .

Nobis

continentia ad

instrumentum

aeter-

n i t a t i s demonstrata e s t a Domino, s a l u t i s Deo, ad

testimonium

f i d e i ,

ad

commendationem

carnis

i s t i u s

exhibendae superuenturo indumento incorruptibilita-

5

t i s a ,

ad sustinendam nouissime

uoluntatem Dei. Super

haec

enim r e c o g i t e s ,

moneo,

neminem

non ex D ei

uoluntate de

saeculo educi,

s i ne folium

quidem ex

arbore sine

Dei uoluntateb

delabitur.

2 . Idem qui nos

mundo

i n f e r t , idem et

educat

necesse

i o e s t . Igitur defuncto

per

Dei

uoluntatem

uiro

etiam

matrimonium

Dei

uoluntate defungitur.

Quid

tu

restaures cui finem Deus posuit ? Q u i d libertatem

oblatam t i b i iterata

matrimonii

seruitute

f a s t i d i s

?

Obligatus

e s c , i n q u i t , matrimonio

:

ne

q u a e s i e r i s

s o l u -

1 5 lionem ; s o l u t u s e s matrimonio :

ne

q u a e s i e r i s obligationem.

3 .

Nam

e t s i

non

delinquasa

renubendo,

carnis

tamen

pressuram subsequi

d i c i t . Q u a r e facultatem

conti-

nentiae,

quantum possumus, diligamus

;

quam p r i -

mum obuenerit, inbibamus, ut quod in matrimonio

2 0 non

ualuimus,

i n

uiduitate

sectemur.

Amplectenda

occasio e s t , quae adimit quod

necessitas

imperabat.

4 .

Quantum

detrahant

f i d e i ,

quantum

obstrepant

sanctitati nuptiae secundae, d i s c i p l i n a e c c l e s i a e et

VII. 1 .

strunientum 0R

I I 2 . deo

om. A

I I 3 .

carnis :

canis

X I I 6. non

om.

8R1

: nisi Rt - * I l 7 . educi

A

: duci

8R

I I

s i

ne

A

:

s i

nec

XR

sed nec

PN

I I

8 . delabitur A

: dilabitur 8R I I

9 .

deducat

N

I I

10.

uiro om.

0R

I I

11. defungitur : disiungitur

N

I I

13. oblatam A

:

collatam

8R

I I fastidis

NFR : fatidis A fastidiisXI 14. es om. N I I 14-15. ne quaesieris—matri

monio

om. fJR1'*

I l

14.

solutionem AN

:

absolutionem R*G I I 15. solutus

A

:

absolutus

NR*G

I I

ne

quaesieris

NR

:

neque

sieris

A

neque

f i e r i s

X

neque fieres F I I 18. non diligamus ? 8R I I 20. ualuimus

A

: ualemus 0R I I

21.

adimit A :

ademit

8R

I I 22. detrahant : dethauit F

I I fidei om. pR

I I

fidei detrahant t r .

R3G

I I opstrepant A I I 23. secundum

F

I I disciplinae

8R1.' I l et om.

8R1.'

Page 123: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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vn,

1-4

115

VII. 1 . Quant à nous, l e Seigneur, Dieu

du

s a l u t , nous

a révélé q ue l a continence est un moyen de parvenir à l a vie

é t e r n e l l e ,

de

prouver

notre

f o i ,

de

préparer

notre

chair

pour

l e

jour où

e l l e se présentera

afin de

revêtir l e

vêtement

d'incor

r u p t i b i l i t é » , de nous soumettre, e n f i n , à l a volonté de Dieu.

A cet égard, en e f f e t , j e t'engage

à bien r é f l é c h i r à

c e c i : per

sonne ne quitte

cette vie

à

moins

q ue Dieu ne

l e v e u i l l e ,

s ' i l est vrai

q ue

même une f e u i l l e ne

tombe de

l ' a r b r e à

moins q ue Dieu ne l e v e u i l l e .

2 . Celui qui

nous

f a i t

entrer

dans l e monde, c ' e s t

Lui

a u s s i ,

nécessairement, qui nous en f a i t s o r t i r . Par conséquent,

s i ton mari e s t mort, de par l a volonté de Dieu, ton mar i age

aussi meurt, par l a volonté de Dieu. Pourquoi voudrais-tu

rétablir

ce à quoi

Dieu

a

imposé

un

terme

? Pourquoi

méprises-

tu l a l i b e r t é q ui t ' e s t

o f f e r t e ,

en t'engageant une nouvelle

f o i s

dans l a servitude

du mariage ? Es-tu l i é par l e mariage,

ne

cherche

pas

à l e rompre0, d i t l'Écriture

;

es-tu

l i b r e ,

du

mariage,

ne

cherche

pas à

ê t r e l i é .

3 . Car,

bien

q ue

tu

ne pèches pas en t e

remariant, cepen

dant l e s épreuves de l a chair suivront

a u s s i t ô t d ,

d i t

l'Écriture

c ' e s t pourquoi

attachons-nous, de

toutes

nos

f o r c e s ,

à

l ' o c c a

sion qui nous est offerte de pratiquer l a continence ; dès

qu'elle

s e

présente,

s a i s i s s o n s - l a ,

afin

d'observer

dans

notre

veuvage ce

q ue

nous

n'avons pas

eu l e courage

de pratiquer

dans

notre

mariage.

Nous

devons a c c u e i l l i r avec

empressement

l'occasion q ui abolit l e s contraintes qu'imposait l a n é c e s s i t é .

4 . Combien l e s secondes noces appauvrissent

l a

f o i , quel

obstacle e l l e s sont

pour

l a

s a i n t e t é ,

l a d i s c i p l i n e

de l ' É g l i s e

VII, a . C f . I Cor. 1 5 , 53

b.

Cf.

Matth.

10, 29

c . I Cor. 7 , 27

d . C f . I Cor. 7 , 28

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7/25/2019 A Son Épouse

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Il6

A SON ÉPOUSE,

I

praescriptio apostoli

d e c l a r a t ,

cum digamose non

2 5 s i n i t

praesidere,

cum

uiduamf adlegi

in ordinem n i s i

uniuiram

non

concedit.

Aram

enim

Dei

mundam*

proponi

oportet. Tota i l l a e c c l e s i a e

candida

de sanctitate

d e s c r i b i t u r .

5 . Sacerdotium uiduitatis

e t

caelibat<u>um e s t apud

3 0 nationes, pro

diaboli

s c i l i c e t

aemulatione. Regem

s a e c u l i , pontificem maximum, rursus nubere nef as

e s t .

Quantum

Deo sanctitas

p l a c e t ,

cum

illam

etiam

inimicus a f f e c t a t , non utique ut

a l i c u i u s boni a f f i n i s ,

sed ut

Dei Domini placita cum contumelia

a f f e c t a n s .

VIII,

1 .

Nam de uiduitatis honoribus apud

Deun1

uno dicto eius

per

prophetam

expeditum

: Iuste*

f a c i t e

uiduae e t p u p i l l o ,

e t

u e n i t e ,

disputemus, d i c i t

Dominas. Duo i s t a nomina, i n quantum destituta

5

auxilio

humano,

in

tantum

di ui nae miser icor di ae

exposita,

s u s c i p i t t u e r i pater omnium. Vide, quam

ex aequo habetur q ui

uiduae

benefecerit, quanti est

uidua i p s a , cuius assertor

cum Domino disputabit.

Non

tantum

uirginibus datum, opinor.

1 0 2 .

Licet

in i l l i s integritas

solida e t tota sanctitas

de

proximob

uisura

s i t

faciem

Dei,

tamen

uidua

habet

25. sinit

:

sunt X

I adlegi

J t i g .

: allegi

6R- ade

A I I

ordinem

A

:

ordina-

tionem

6R

I I 26. concedit

: concedat A

I I înunda N I I 27. eccl esi ae AN :

ecclesia pR

I I 28.

describitur :

conscribitur A I I 29. caelibatuum

Stephan :

caelibatiura A caelibatum NF cebatum X celebratum R I I 32. illam

AR'-»

:

i l lum

8R1

I I 33.

inimicus AR'-' : illumBR1 I I

33.

inimicus AR'-» :

inimicum

6R1

I I ut : ad

A

VIII. 1 . uiduitatis A : uid.um

8R

I I deum A : dominum

6R

I I 2 . dicto :

dictu

8

I I

expeditum

<est>

A I I

3 .

facite

R'

:

facito codd.

R1.'

I I

disputemus

:

disp.

amus p

I I

4-5. destituta auxilio A : de spe q ui 6R1

:

despectui R'.' I I

6 . suscipit

A

:

suscepit 0R

I I 7 . benefecerit

:

benedicitur N

benefecit

R I I

quantis P I I 8 . cum domino A :

dominus 6R

I I disputabit AR'-' : dispu-

tauit

8R1

I I

9 .

uirginibus

8R

: uirginis A 1 1

11.

usura p

Page 125: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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v i i , 4

- vin, 2

ii7

et l e précepte

de

l'Apôtre l e montrent, puisqu'ils interdisent

auxhommes

remariése de

devenir chefs

d'église et ne permet

tent

de

recevoir

dans

l'ordre

des

veuves'

que

des

femmes

mariées

une seule

f o i s . L'autel

de

Dieu, en

e f f e t , doit

être

dressé

sans tache».

Toute

cette

dignité

de

l'Église

se

recrute

parmi les adeptes de la chasteté.

5 . Chez l e s païens aussi on

t rou ve

un clergé

de

veufs et

de

célibataires, dû, naturellement, à

l a

rivalité

de Satan.

Le

roi

du

monde,

l e

Grand

Pontife n' a

pas

l e

droit

de

se

marier une deuxième f o i s . Qu'elle est agréable à Dieu la

chasteté, puisque

son

adversaire aussi l'ambitionne   Ce

n'est point, assurément, qu'il

ait q u e l q u e

affinité

pour

l e

bien mais,

pour

l'outrager,

i l ambitionne ce

q ui plaît

au

Seigneur notre

Dieu.

VIII. 1 . Quant aux honneurs

que

Dieu réserve au

veu

vage,

i l

suffit

de

citer

cette

seule

parole

de

Lui,

qu'il

a

r é v é l ée

par

la bouche du prophète :

Agissez avec

justice avec la

veuve et

l'orphelin, puis

venez

et discutons ensemble», dit

le Seigneur. C es deux états, dans la mesure où i l s sont dépour

vus

de

tout

appui

humain, sont

abandonnés

à

la

miséricorde

de

Dieu

et

l e

P è r e de

toutes choses assume

leur protection.

V oi s comment est placé sur un pied d'égalité avec Lui l e

bienfaiteur

de

la

veu ve,

de

quelle

estime

jouit

la veuve

e l l e -

même, dont l e

défenseur

discutera

avec

l e Seigneur.

Les

vierges

ne

sont

pas

l'objet

d'un pareil honneur, que

je sache.

2 .

Bien que

l eur par faite

intégrité

et

leur

chasteté sans

défaillance

destinent c e l l e s - c i

à contempler

de tout près

la

face de

Dieub, cependant la veuve possède quelque chose

e .

Cf.

I

Tim.

3 , 2 ,

12

;

Tite

1 , 0

f . Cf.

I

Tim. 5 , 9

g.

Cf.

I

Cor. 3 , 16-17

VIII, a .

I s .

i , 17-18

b. Cf. Matth. 18, 10 ; Apoc. 14, 3-4 ; I Cor. 13, 12

Page 126: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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I18

A

SON ÉPOUSE, I

aliquid operosius,

quia

f a c i l e e s t non appetere

quod

nescias et auersari quod desideraueris

numquam.

Gloriosior

continentia

quae

ius

suum

s e n t i t ,

quae

1 5 quid

uiderit

nouit.

3 .

Poterit uirgo

f e l i c i o r

haberi,

at

uidua laborosior :

i l l a , quod

bonum

semper habuit, i s t a ,

quod

bonum

s i b i

i n u e n i t . In i l l a g r a t i a , in i s t a uirtus coronatur.

Quaedam enim sunt diuinae l i b e r a l i t a t i s , quaedam

2 0

nostrae

operationis. Quae

a

Domino

indulgentur,

sua gratia gubernantur ; q uae ab

homine captantur,

studio

perpetrantur. vStude i g i t u r ad uirtutem

conti-

nentiae modestiae, quae pudori

procurat,

s e d u l i t a t i ,

quae uagas non f a c i t , f r u g a l i t a t i , quae saeculum

sper-

2 5

n i t .

4 .

Conuictus atque colloquia Deo digna

sectare,

memor

i l l i u s u e r s i c u l i s a n c t i f i c a t i

per

apostolum

:

Bonos corrumpunt mores congressus maliA. I,oquacese,

o t i o s a e , uinosae,

curiosae contubernales uel

maxime

3 ° proposito

uiduitatis

o f f i c i u n t . Per loquacitatem inge

rant

uerba

pudoris inimica, per otium

a seueritate

deducunt, per uinolentiam quiduis mali insinuant,

per

curiositatem

aemulationem

l i b i d i n i s conuehunt.

1 3 . auersari AR : aduersari

8 I I

desideraueris

8R

: desideres A

I I

1 6 .

at

AR : aut

8

I I 1 7 . i s t a ANR : i t a p I I 1 8 . (eo) coronatur F I I 2 1 . q u a e—

captantur om. A I I 2 3 .

modestiae

om. A I I q uae : quod X I I procurat NFR :

procurrat X

procupat A

I I sedulitati R

:

sedhutilitati

A

sed u t i l i t a t i 8

I l 2 4 . uagas : uacas A nugas 8R

I I

2 6 .

conuictus

atque colloquia A : conuic-

tum atque commercia 8R I I 2 7 . sanctificatum

X

I I 2 8 . maie p I I 2 9 . otiosae :

odiose N I I contubernalis X I I 29-30. maxime proposito R : maximi propo

sai

codd.

I I

3 0 .

o f f i c i u n t

R

:

officium

AFX

offitium

N

I I

30-31.

per

l o q .

—nimica om. A

I I

3 1 .

a

om. 8R I I 31-32. seueritate

deducunt :

seueritatem

decludunt N securitatem inducunt

GR*

I 3 2 .

uinolentiam :

uinulentiam

A uiolentlam NX I I

quiduis

:

quid

X I I 3 3 .

curiositatem

A : c u r i o s i t a t i s

8R I I

l i b i d i n i s A

:

l i b i d i n e s 8R

Page 127: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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vin, 2-4

ii9

q ui l u i

a

coûté plus de peine, car i l e s t f a c i l e

de ne pas

convoi

ter ce q ue l ' o n ignore et de tourner l e dos à ce q ue l ' o n ne

saurait

r e g r e t t e r .

Mais

une

g l o i r e

plus

b e l l e

s'attache

à

l a

continence qui connaît son d r o i t , qui s a i t ce q u ' e l l e a vu.

3 . On

pourra

considérer comme plus heureuse l a condition

de l a vierge mais

c e l l e

de l a

v eu v e

suppose un plus rude e f f o r t ,

car

l a première

a toujours été en

possession

du

bien,

mais

l a

deuxième

a découvert l e bien

pour son

propre

compte.

Chez

l'une

c ' e s t

l a

grâce

qui

s e

trouve

couronnée0,

chez

l ' a u t r e

l a

vertu. Certains

biens, en e f f e t , nous

viennent

de

l a bonté

généreuse de Dieu, d'autres résultent de

nos

propres

e f f o r t s .

Ceux q ue l e Seigneur nous accorde

sont

gouvernés par sa

grâce,

ceux q ue l'homme parvient

à obtenir

sont gagnés au

prix

de ses e f f o r t s .

Pour acquérir l a vertu de l a continence, e f f o r c e - t o i donc

à l ' h u m i l i t é ,

q ui

e s t

l a

servante de l a chasteté, au travail

consciencieux, q ui

prévient l ' o i s i v e t é ,

à

l a

tempérance, qui

méprise l e s i è c l e .

4 . Recherche

l e s relations

et

l e s

conversations

dignes

de

Dieu,

t e

souvenant de cette sentence, sanctifiée par l'Apôtre :

l e s

mauvaises

fréquentations

corrompent

l e s

bonnes

mœursd.

Des compagnes bavardes, o i s i v e s , adonnées au

v i n ,

indis

c r è t e s 6 ,

constituent

l e

plus

grand

obstacle

au

dessein

q ui

doit

être c e l u i d'une

veuve.

Par

leur

bavardage

e l l e s

i n s t i l l e n t

des

paroles

qui

a s s a i l l e n t

l a

pudeur, par

leur o i s i v e t é e l l e s

détournent

de

toute occupation s é r i e u s e ,

par

leur ivrognerie

e l l e s livrent accès à

tous

l e s

désordres,

par leur

indiscrétion

e l l e s excitent l a

convoitise

des p l a i s i r s s e n s u e l s .

c .

Cf.

II Tim. 2 , 5

d.

I

Cor.

15,

33

e . Cf. I Tim. 5 , 13

Page 128: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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120

A SON EPOUSE,

I

5 .

Nulla huiusmodi

feminarum de

bono uniuiratus

3 5 loqui nouit.

Deus'

enim i l l i s , ut a i t apostolus, uenter

e s t ,

i t a

et

quae

uentri

propinqua.

Haec

t i b i

iam

hinc

commendo, conserua carissima,

post apostolum quidem

ex

abundanti

retractata,

sed

t i b i

etiam s o l a t i o

futura,

quod meam memoriam, s i i t a euenerit, in i l l i s f r e -

4 0 quentabis.

3 6 .

qnae :

q ui

0

I I

3 8 .

ex

:

e t

X

I I

retractata

NFR

:

pertracta

A

o n t .

X

I I

Ad uxorem l i b e r

I .

Explicit. Incipit l i b e r I I . F é l i c i t e r

A :

Tertulliani ad

uxorem l i b e r primus e x p l i c i t . Incipit secundus N Explicit l i b e r

primus

ad uxor em. Incipit l i b e r secundus ad uxorem

P Q. Sept imi i F lorent is

Tertuliani i n c i p i t l i b e r s ecu ndu s a d uxorem

X

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7/25/2019 A Son Épouse

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vin, 5

I21

5 . Aucune

femme

de

cette espèce

ne peut

parler en bien

de l a monogamie. Comme d i t l'Apôtre, leur dieu c ' e s t

l e

ventre1,

et

aussi

tout

ce

q ui

est

près

du

ventre.

Voici, t r è s chère

compagne,

l e s recommandations q ue

j e

te f a i s dès à

présent,

superflues,

assurément,

après c e l l e s

de l'Apôtre, mais susceptibles de t'apporter quelque récon

f o r t ,

car

en e l l e s , s i l doit en advenir

a i n s i , tu

retrouveras

mon

souvenir.

1 . Phil. 3 , 19

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7/25/2019 A Son Épouse

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LIBER

SECVNDVS

1 . 1 .

Proxime

t i b i , dilectissima

i n

Domino conserua,

quid feminae sanctae matrimonio quaeumque sorte

adempto

sectandum

s i t , ut

potui,

prosecutus sum.

Nunc

ad

secunda

c o n s i l i a

conuertamur,

respectu

5 humanae i n f i r m i t a t i s ,

quarumdam

exemplis admo-

nentibus,

quae diuortio

uel

mariti

excessu oblata

continentiae

occasione

non

modo

abiecerint oppor-

tunitatem

tanti boni,

sed

ne i n

nubendo

quidem d i s -

ciplinae

meminisse uoluerunt, ut i n Domino» potissimum

i o

nuberent.

2 .

Itaque

mihi confusus e s t animus, ne qui nuper

te

ad

uniuiratus et

uiduitatis

perseuerantiam hor-

tatus sim,

nunc mentione

nuptiarum

procliuium t i b i

labendi

ab

a l t i o r i b u s

faciam. Quod s i integre s a p i s ,

1 5 certe s c i s

istud

seruandum

t i b i

e s s e ,

quod s i t

u t i l i u s .

Quod uero d i f f i c i l e e s t et non s i n e necessitatibus hoc

maxime propositum uitae subresedi.

3 .

Nec

mihi de i s t o q u o q u e referendi ad t e

causae

f u i s s e n t , n i s i grauiorem i n

eas sollieitudinem compre-

I . 2 . quid AR

:

quod

8 I I 4 . respectui 3 I I 5 . humanaeius

firmitatla A

I I

quarumdam AN

:

quorundam 8R

I I

6 . quae : qui X I I 7 . abiecerint A

abiecerunt 8R I I

8 .

quidem A : quidem

r u r s um

8R I I

9 .

potissime N I I 1 1 .

q ui

:

q u a e

X

I I

11-12.

t e

nuper t r .

8R

I I

1 3 .

sim

ANX

: sum

FR

I I

nunc

8R

:

non A I I mentionemA I I procliuium A

:

procliuum 8R

I I

1 4 . labendi ab

altioribus

8R : cauendi ablatiouem A I I

sapis

8R : s a t i s A I I 1 5 . certe s c i s

R*

:

certe

A certes 8R1.* I l istud : i d R«

I l t i b i

: i b i A I I

u t i l i u s

: ur i

melius

N I I 1 6 . hoc Rig.

: et

hoc codd. R I I 1 7 . maxime Kroy,

:

maximum

c o d d . R

I I

Page 131: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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LIVRE

I I

1 .

1 .

Tout récemment, t r è s chère compagne dans l e

service du Seigneur, j e t ' a i

d é c r i t ,

comme j e l ' a i pu, l a

r è g l e

de conduite

q ue

devrait

suivre une

chrétienne, quand

son

mariage

a

p r i s

f i n ,

pour

quelque

raison

q ue

ce

s o i t .

Tournons-

nous maintenant vers une seconde

s é r i e

de recommandations,

en

tenant compte de l'humaine

f a i b l e s s e ,

mis

en garde

par

l'exemple

de certaines

femmes

: alors q ue l e divorce ou l a

mort de leur mari leur donnait l'occasion d'observer l a

conti

nence, non seulement e l l e s ont rejeté l'avantage d'un

s i

grand

bien, mais

e l l e s

n'ont pas voulu non

p l u s ,

en s e

remariant,

se

souvenir

du

précepte

qui

l e s

obligeait

à

s e

marier

dans

l e

Seigneur», de préférence.

2 .

Aussi d o i s - j e

avouer mon

embarras

: t'ayant

naguère

recommandé

de

persévérer dans l e

mar iage uniq ue et

l e

veuvage, j e c r a i n s , en te parlant à présent de remariage,

de te f a i r e courir l e risque de tomber de haut. S i tu raisonnes

cor r ectement, tu s a i s

certainement

q ue tu dois observer

l e genre de vie

qui

e s t pour t o i l e plus avantageux. Mais

parce

q ue

c ' e s t l à entre tous

l e

dessein d i f f i c i l e de toute une vie

e t

qui

ne

v a

pas

sans contraintes,

j e m'y s u i s

a r r ê t é .

3 . Et j e n'aurais eu aucune raison de te f a i r e part aussi

de cette a f f a i r e , s i j e n'avais éprouvé à l'égard

de

ces

femmes

subresedi A : suprerai (suppremi 0 ) p r e s i d i i 8R I I 1 9 . in eas Stephan : ta

ea A in eam N meam

PR

I , a. C f . I Cor.

7 , 39

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7/25/2019 A Son Épouse

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124

A S°N ÉPOUSE, I I

- i o hendissem. Nam quanto

grandis

e s t continentia c a r n i s ,

quae

uiduitati ministrat,

tanto, s i

non sustineatur,

i g n o s c i b i l i s

uideri p o t e s t .

Difficilium

enim

f a c i l i s

e s t tune uenia. Quanto

autem nubere i n

Domino

p e r -

petrabile e s t , u t i nostrae p o t e s t a t i s , tanto culpa-

2 5

b i l i u s e s t

non

obseruare q uod p o s s i s .

4 .

Eo a c c e d i t ,

quod

apostolus de

uiduis quidem

et innuptis, ut i t a

permaneant,

suadet, cum

d i c i t

:

Cupio

autem

omnes

meo

exemplo

perseuerare*

,

de

nubendo

uero

i n Domino,

cum a d i e i t :

tantum

in Domino0, iam

3 0

non

suadet sed

exerte

i u b e t . I g i t u r , i n i s t a maxime

s p e c i e , n i s i obsequimur, periclitamur ; quia suasum

impune quis neglegat, <num>quam

iussum,

quod

i l l u d de

c o n s i l i o

ueniat et

uoluntati

proponatur, hoc

autem de

potestate descendat

e t

n e c e s s i t a t i

obligetur,

3 5

i l l i c

l i b e r t a s , hic contumacia

delinquere

uideatur.

I I , 1 . Igitur cum quaedam i s t i s diebus nuptias suas

de e c c l e s i a t o l l e r e t

ac

g e n t i l i

coniungeretur

idque ab

a l i i s retro factum recordarer,

miratus

aut ipsarum

petulantiam

aut

consiliariorum praeuaricationem,

quod

5 nulla

scriptura eius f a c t i licentiam

p r o f e r t ,

numquid,

inquam, de i l l o capitulo s i b i blandiuntur primae ad

Corinthios,

ubi

scriptum

e s t »

:

Si

quis

fratrum

i n f i

n i , uiduitati A : uiduitatem 6S. I I 2 2 . i g n o s c i b i l i s 8R : igooscibile A

I I

2 3 . tune

om.

8R I I 2 4 . potestatis AR : posteritatis 0 I I 2 6 . accedit

NFR

:

a c c i d i t AX I I 2 7 . innuptis Pam. : innupti A

nuptis

6R I I 28-29. cupio—

a d i e i t om. N I I 2 8 . meo AR* : ex eo 0R1.' I I 2 9 - a d i e i t A : d i c i t fJR 1 1 3 1 .

obsequimur Rig.

:

obsequium A ho c s eq u imu r 6R

I I

periclitatur A

I I 3 2 .

impone A I I quis

neglegat

A :

quid

negligas 6R I I numquam s c r i p s i : quam

codd. R

1 1

3 4 .

necessitati

A

:

necessitate

6R

I I

3 5 .

derelinquere

A

I I . 1 .

quaedam

:

quae

X I I 2 . ac A : idest 6R I I 3 . retro : petro A I I

recor

darer

NR :

recordaret X

reordaret F

om.

A I I

4 . consiliorum A I I

5 .

f a c t i

AR' : factam 6R1-' I I profert A : proferent 6 proferret R I I 7 . fratrum Rig. :

fratrem A f r a t e r

6R

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7/25/2019 A Son Épouse

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i .

3 - n. i 125

une inquiétude des plus graves. En e f f e t , plus sublime est

l ' i d é a l

de l a

continence charnelle, servante

du veuvage,

plus

excusable

peut

paraître

q u' on ne

r é u s s i s s e

pas

à

l'assumer.

C ar aux choses d i f f i c i l e s , f a c i l e ensuite e s t l'indulgence. Mais

plus

i l e s t

f a c i l e

de s e marier dans l e Seigneur, puisque cela

ne dépend q ue de nous, plus nous sommes coupables de

ne point

observer

ce précepte,

a l o r s

q ue nous l e pouvons.

4 . A c e l a

s'ajoute q ue, s' adr essant aux veuves

et

aux

femmes

non

mariées,

l'Apôtre

leur

donne

J e

conseil

de

demeu

rer dans l ' é t a t où e l l e s sont : J e souhaite q ue tous persévèrent

à mon

exemple ,

d i t - i l ; en

revanche,

à pr opos du mariage

dans

l e

Seigneur,

quand

i l

précise

:

seulement dans l e Sei

gneur0, ce n ' e s t plus

un conseil

q u ' i l donne, mais un ordre

c l a i r et n e t . En conséquence, sur ce

point

t r è s précisément,

s i nous refusons

d ' o b é i r ,

nous courons l e danger de nous

perdre,

car

on

peut

impunément

ne

point

tenir

compte

d'un

c o n s e i l ,

jamai s d' un ordre : c ' e s t q ue l e premier dérive d'un simple

avis et e s t proposé à notre l i b r e

choix,

mais l ' a u t r e

émane

d'une autorité et i mpose une obligation.

Dans

l e premier c a s ,

nous apparaissons coupables d'indépendance, dans l e second,

de r é b e l l i o n .

I I , 1 .

Doue, comme ces

j o u r s - c i une chrétienne dérobait

sou

mariage à

l ' É g l i s e

pour

s ' u n i r

à

un

païen,

me

souvenant

q ue

d ' a u t r e s ,

antérieurement,

avaient

agi de même, stupéfait

s o i t

de leur audace,

s o i t

de l a mauvaise

f o i

de l e u r s c o n s e i l l e r s ,

car aucun texte dans l'Écriture n'autorise une

t e l l e conduite,

j e d i s : « Se p e u t - i l q u ' i l s se flattent de l a j u s t i f i e r

à

partir

du

passage

de l a Première aux Corinthiens, où i l e s t

é c r i t

:

S i

un

f r è r e

a

une femme non croyante e t q ue c e l l e - c i consente

b . I Cor. 7 , 7

c . I Cor. 7 , 39

Page 134: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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126 A

SON

ÉPOUSE, II

delem

habet

uxorem e t

Ma matrimonio

c o n s e n t i t ,

ne

d i m i t t a t

eam ;

s i m i l i t e r

mulier

f i d e l i s i n f i d e l i

nupta,

i o

s i

consentaneum

maritum

e x p e r i t u r ,

ne

dimiserit

eum

;

sandificatur

enim i n f i d e l i s

uir a f i d e l i uxore e t i n f i d e l i s

uxor a f i d e l i marito ;

ceterum

immundi e s s e n t f i l i i

u e s t r i ?

2 . Hanc monitionem

f o r s

de fidelibus

iunctis

simpli-

1 5 c i t e r intellegendo putent etiam infidelibus nubere

l i c e r e .

Q ui

i t a

interpretatur, absit

ut

sciens

se

c i r -

cumscribat. C ete rum manifestum est scripturam istam

eos

f i d e l e s designare,

q ui

in

matrimonio

g e n t i l i inuenti

a

Dei gratia

f u e r i n t . Secundum

uerba ipsa

: Si

q u i s ,

2 0

i n q u i t ,

f i d e l i s

uxorem habetb infidelem —non d i c i t :

uxorem ducit infidelem

ostendit iam

in

matri

monio agentem mulieris i n f i d e l i s , mox gratia Dei

conuersum, perseuerare cum uxore

debere,

s c i l i c e t

propterea,

ne

q ui

fidem

consecutus putaret

s i b i

diuer-

2 5

tendum

e s s e

ab aliena iam et

extranea

quodammodo

femina.

3 .

Adeo et rationem subicit : in pace

nos uocari

a

Domino0 et posse

infidelem a

f i d e l i

per

usum matri-

monii l u c r i f i e r i d .

Ipsa

etiam clausula hoc i t a i n t e l l e -

3 0

gendum

esse

confirmat

:

Vt

quisque,

a i t ,

uocatur

a

Domino,

i t a p e r s e u e r e t e .

Vocantur

autem

g e n t i l e s ,

10.

consentaneum AR*

: cousentanea8R1*

I l

14. monitionem

R* : men-

tionem A motionem NFR1-* mocionem XI fors : foris N I I de om. 8R I I

iunctis A : iniunctis 0R* inuinctis R1-' I I

15.

intellegendo A : intellegen-

dumXintelligendum NFR I I 16.

licere

om. F I I

interpretatur A : interpre-

tantur

R

I I

19.

fuerint

A :

fuerunt R

I

s i

:

sed

F

I I 2i , ducit

AR'-' : duci

8R1

H

22.

agente

N

I I

dei gr atia

t r

N

I I

23

conuersum

AR

conuersus

8

I I

deberet

A I I

24.

diuertendum A

:

euertendnm 8

deuertendum R I I

28

a domino

:

ad dominum deuin

A

I I , a .

I Cor.

7 ,

12-14

Page 135: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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n, i-3 127

à

maintenir l e mariage,

q u ' i l

ne l a renvoie pas ; de même,

une

chrétienne

mariée

à un

non croyant,

s i

e l l e

constate

q ue

son mar i

e s t

consentant,

q u ' e l l e

ne

l e

renvoie

pas,

car

l e mari non croyant

e s t sanctifié

par l'épouse

chrétienne

et

l a

femme

non

croyante

par l e

mari chrétien ;

s i l

en a l l a i t

aut rement, vos enfants seraient impurs» » ?

2 .

Comprenant littéralement

cette recommandation don

née

à des

chrétiens

mariés,

on

pense peut-être

q u ' i l

e s t permis

aussi

aux

chrétiens

de

s e

marier

avec

des

non

chrétiens.

Que

c e l u i qui retient cette interprétation, prenne garde de ne

point se

tromper

en connaissance de

cause.

C ar enfin l ' É c r i

t u r e ,

à cet endroit,

désigne

de

toute

évidence

l e s

croyants

q ue l a

grâce

de

Dieu

a rencontrés a l o r s q u ' i l s

s e

trouvaient

déjà mariés avec

des païens.

Selon l e s termes

mêmes

: S i un

croyant

a

une femme non croyanteb,—l

ne

d i t pas

:

s i l

pr end pour femme une

non

croyante —l'Apôtre montre

clairement

qu'un

homme

engagé dans

l e s l i e n s du

mariage

avec

une

femme

païenne, puis

converti

par

l a

grâce de Dieu,

doit continuer à vivre

avec

e l l e , et c e l a , assurément,

pour

éviter q ue c e l u i q ui a embrassé l a f o i se c r o i e obligé

de

se

séparer

d'une femme de

r e l i g i o n différente

e t , en quelque

s o r t e ,

étrangère.

3 .

Tant

i l

est

vrai

q ue

l'Apôtre

pr écise aussi

l e

motif

de son

précepte

: l e Seigneur D ieu nous appelle

à

vivre dans

l a

paix0

; i l s e

peut

aussi q ue

l a vie conjugale

permette

au

conjoint croyant

de

gagnerd à l a f o i l e conjoint

non

croyant.

Précisément l a

conclusion confirme à

son

tour

q ue c ' e s t

bien

a i n s i q u ' i l faut

l e comprendre : Que

chacun demeure

dans

la condition où l ' a s a i s i l'appel du Seigneure, d i t - i l . Or, ce

b. I Cor. 7 ,

12

c . I Cor.

7 , 15

d. Cf. I Cor.

7 , 16 ;

I

Pierre 3 ,

2

e . I C o r. 7 , 17

Page 136: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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128

A SON

ÉPOUSE, II

opinor, non f i d e l e s . Quodsi de f i d e l i ante matrimo-

nium pronuntiasset, absolute permiserat sanctis uulgo

nubere.

S i

uero

permiserat,

numquam

tam

diuersam

3 5 atque

contrariam

permissui suo pronuntiationem subdi-

d i s s e t , dicens

: Mtdier defuncto uiro

l i b e r a

e s t ; cui

u u l t

nubat,

tantum

in Domino'.

4 . Hic certe n i h i l retractandum e s t . Nam de q uo

r e t r a c t a r i

p o t u i s s e t , apostolus c e c i n i t .

Ne quod a i t :

4 0

oui

u e l i t nubat, maie

uteremur, adiecit

:

tantum

in

Domino

« ,

i d

e s t

i n

nomine

Domini,

quod est

indubitate

Christiano. I l l e i g i t u r apostolus sanctus, q ui uiduas e t

innuptas»

i n t e g r i t a t i perseuerare mauult,

q ui

nos

ad exemplum s u i hortatur1, nullam aliam formam

4 5 repetundarum

nuptiarum

n i s i

in

Domino praescribit,

huic

s o l i condicioni continentiae

detrimenta

concedit.

Tantum, i n q u i t , in Domino* : adiecit pondus l e g i suae.

5 .

Tantum

: <quo>quo sono et modo

enuntiaueris

dictum

i s t u d ,

onerosum e s t ; et iubet et suadet

e t

5 0

praecipit et hortatur

et

rogat et

comminatur. Destricta

e t

expedita sententia

e s t et

ipsa

s u i breuitate facunda.

32. defideli : deliumA I I

ante

inatrimonium

8R

: tantum matrimonioA I I

34. uero

AN :

uere pR I I 38. tractandum

A

I I

de quo A

: de eo quod

8R

I I

39. tractari XRl apostolus R' : xpsA : sps 8R1-' I l

40.

uellit A I I adicat N

I l

42. apostolus sanctus R3

:

ses xps A ses sps 8R*1 I I 42-43. et innuptas

A

: innuptas

pR nuptias N I I 44.

ortatur A

I I 45.

rependaruin

NF

I I

46.

conditioni

AN I I

47.

adiecit

AR*-' :

abiecit 8R1 I I legi suae AR3

:

legis

Suae

pR1-2

suae

legi

N

I I

48.

quoquo

Hoppe

:

quos

codd.

R

I I

enunctiantis X

I I

49. onerosum AR* :

et onerosum

pR1-' et honerosum

N

I I 50. et1 om.

A

I l

et

rogat

: ergo

et

rogat

A I I comminiaturA I I 50-51. destr i c ta

et expedita

Rig.

: destricte

expeditae

A

detractata et

experta

(exerta Rs) 8R I I 51.

et ex

ipsa

N I I facunda

AX :

fecunda NFR

Page 137: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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n, 3-5 129

sont l e s

païens qui sont

appelés,

s i j e

ne m' abuse, et non

point

l e s

chrétiens.

Si l 'Apôtre avait

eu

en

v ue

un chrétien,

avant

son

mariage,

i l

aurait

permis

aux

chrétiens,

d'une

manière générale, de se mar ier av ec qui

bon leur

semble.

Mais

s i

vraiment i l l ' a v a i t permis, jamais i l n'aurait a s s o r t i

sa per mi ssi on d' une précision aussi

divergente, e t

même

contradictoire,

en

disant : La

femme,

à l a mort de son mari,

est l i b r e de

se

marier avec q ui

e l l e

veut ; seulement,

q ue

ce s o i t

dans l e Seigneur'.

4 .

I c i ,

assurément,

point de

prétexte

à discussion, car

sur l e point précis qui aurait pu être d i s c u t é , l'Apôtre s ' e s t

prononcé.

Pour nous éviter

d ' u t i l i s e r à

tort l e s paroles q u ' i l

vient de d i r e : Qu'elle s e marie avec qui e l l e veut,

i l

a ajouté :

seulement dans l e Seigneur*, c ' e s t - à - d i r e au nom du Seigneur,

ce

q ui

s i g n i f i e ,

à n'en pas douter, avec

un chrétien.

Ainsi donc l e saint Apôtre, qui

préfère q ue l e s

veuves

et

l e s

femmes non

mariées

persévèrent

dans

l a

c h a s t e t é 1 1

et

q ui nous

encourage

à

suivre

son exemple1, ne

formule

aucune

autre r è g l e relative au remariage sinon q u ' i l faut l e conclure

dans l e Seigneur ;

c ' e s t à cette seule condition q u ' i l permet

de porter atteinte

à

l a continence. Seulement dans l e Seigneur*,

d i t - i l ;

i l

a conféré à son commandement tout

son

poids.

5 .

«

Seulement

»

:

peu

importent

l e

ton

et

l a

manière

dont

tu

prononceras

ce

mot ;

i l pèse

lourd

: i l ordonne, i l c o n s e i l l e ,

i l commande, i l

exhorte,

i l

r e q u i e r t ,

i l

menace. C'est

une

sentence tranchante e t ramassée,

éloquente, par

sa concision

même.

f

.

1

Cor.

7 ,

39

g . i b i d .

h .

C f . I Cor. 7 , 8

i .

C f .

I

Cor.

7 , 7

j . I Cor. 7 , 39

Page 138: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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130 A

SON EPOUSE,

II

6 . Sic s o l e t

diuina

uox,

ut statim

i n t e l l e g a s , statim

obserues. Quis

enim

non i n t e l l e g e r e

possit

multa

pericula et

uulnera

f i d e i in huiusmodi

n u p t i i s ,

quas

5 5

prohibet,

apostolum

prouidisse

et

primo

quidem

carnis

sanctae

i n carne

g e n t i l i

inquinamentumk

praecauisse

?

7 . Hoc loco dicet a l i q u i s : quid ergo

r e f e r t

inter

eum, qui in

matrimonio

g e n t i l i 1

a

Domino a l l e g i t u r ,

e t

olim

id e s t

ante

nuptias fidelem,

ut

non proinde

6 o

carni suae caueant, cum

a l t e r

a nuptiis i n f i d e l i s

arcea-

t u r ,

a l t e r

in

e i s

perseuerarem iubeatur

?

Cur,

s i

a

g e n t i l i inquinamur,

non

et

i l l e

diiungitur, quemad-

modum

i s t e non

obligatur

?

8 . Respondebo, s i s p i r i t u s d e d e r i t , ante omnia

6 5 allegans Dominum magis ratum habere matrimonium

non

contrahi quam

omnino

disiungi

;

denique diuortium0

prohibet,

n i s i

stupri

causa,

continentiam0 uero

commen-

d a t . Habet

i g i t u r

i l l e perseuerandi necessitatem, hic

porro

etiam non nubendi potestatem.

7 0 9 .

Tunc, s i

secundum scripturam qui

in

matrimonio

g e n t i l i

a

f i d e deprehendunturp, propterea non inqui-

52.

uox

ut

A

:

uxor

8R

I l

intellegas

statim 0 1 » .

8R

I I 53.

non

om.

8R

I I

multam XI 53-54.

pericula

multa t r . 8R I I 55. apostolum

A : apostolus

8R I I 57. dicet R : dicit

codd.

R I I 58. eum AR : eam 8 I I

gentili

A : gen-

t i l i 8

8R I I 59. idest :

idem N

: om.

F

I I nuptia

A

I I preinde A I I 60. car

nis

X I I

cum

om. 8R I I

alter a nuptiis infidelis

arceatur A :

aliter

( a l

ter R) arceatur a nuptiis infidelis 8R I I 61. alter AR : aliter 8 I I e i 9

A

:

hi s 8R I I iubeatur

A : uideatur

8R I I 62. et

i l l e NFR :

et

i l l i

X

l l e A

I l diiungitur A : disiungitur

8R I I 65.

dominum AR

:

dominam 8

I I

magis

ratum R : magistratum

AF magratum

N ingratum X I I 67.

stupri

:

strupi

A

I l 68.

habet

:

habeat A

I I i l l i XI 71.

gentili A :

gentilis 8R I I

affide A

I I de-

prehendentur

A

I I

propterea

A

:

erunt

ac

propterea

8R

ac propterea

R

k.

Cf.

II

Cor.

7 , 1 ;

I Cor.

6 ,

15-20

Page 139: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 139/238

n, 6-9

131

6 .

Telle e s t bien l a manière de l a parole divine, afin q ue

nous

l a

comprenions

d'emblée, q ue nous l u i obéissions aussi

t ô t .

Qui,

en

e f f e t ,

ne

s e r a i t

en

mesure

de

comprendre

q ue

l e s dangers et l e s atteintes innombrables

à

l a f o i , l i é s aux

mariages de

ce genre, q u ' i l

i n t e r d i t ,

l'Apôtrek l e s

a

pré vus

et q ue d'abord, assurément, i l

a

voulu empêcher qu'une chair

sanctifiée

ne

s o i t

s o u i l l é e avec

une chair

païenne

?

7 .

A

cet

endroit

quelqu'un objectera

: «

Mais

quelle

d i f f é

rence

y

a - t - i l

donc

entre

c e l u i

q u i ,

déjà

marié

à

une

païenne1,

est

appelé

par l e Seigneur et

un chrétien

de

longue date,

c ' e s t - à - d i r e dès avant

son

mariage,

pour

q u ' i l s n'aient pas

à se garder pareillement en

leur

corps, puisque l'un se voit

interdire

d'épouser une

païenne

et q ue

l ' a u t r e est tenu de

persévérer dans une t e l l e unionm ? Si nous sommes s o u i l l é s

du f a i t des païens, pourquoi c e l u i - c i ne

se s é p a r e - t - i l

pas,

tout comme c e l u i - l à s'abstient de s'engager dans une t e l l e

union

?

8 . J e

vais

répondre, avec

l ' a i d e de

l ' E s p r i t , et j e

f e r a i

valoir

avant

tout q u 'aux yeux du Seigneur

i l vaut

mieux ne

pas

contracter un mariage plutôt q ue de l e rompre ; de f a i t , l e

Seigneur

interdit

l e divorcen, sauf en cas d'adultère, mais

i l recommande

l a continence».

Par conséquent, l e

premier

se

trouve

dans

l a

nécessité

de

persévérer

dans

son

é t a t ,

tandis

q ue

l ' a u t r e n'a même

pas

l a p o s s i b i l i t é de

se marier.

9 . Dès l o r s ,

s i ,

comme l'enseigne l ' É c r i t u r e , ceux q ue l a f o i

s a i s i t p

durant leur mariage

avec un

païen

sont

exempts

de

s o u i l l u r e ,

pour

l a

raison

que, conjointement à

l a l e u r , s ' e f f e c

l .

C f. I

Cor.

7 ,

10

m.

ibid.

n.

Cf.

Matth. 5 ,

32

;

19,

9

o . Cf.

Matth.

19, 12

p. Cf. I Cor. 7 , 17

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7/25/2019 A Son Épouse

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132 A

SON

EPOUSE, II

î i a n t u r , quia cum

i p s i s

a l i i

quoque

sanctificanturq,

s i n e

dubio

i s t i , qui

ante nuptias s a n c t i f i c a t i

sunt, s i

extraneae

carni

commisceantur,

sanctificare

eam

non

7 5

possunt,

i n qua non sunt deprehensi. Dei

autem

gratia

i l l u d sanctificat quod i n u e n i t .

Ita

quod s a n c t i f i c a r i

non

potuit, immundum

e s t ; quod

immundum e s t ,

cum sancto non habet partem, n i s i ut de suo inquinet et

occidat.

I I I ,

1 .

Haec

s i

i t a

sunt,

f i d e l e s

geutilium

matrimonia

subeuntes stupri reos constat e s s e e t arcendos ab

omni communicatione f r a t e r n i t a t i s , ex l i t t e r i s

apostoli

dicentis cum eiusmodi ne

cibum quidem

sumendum*.

5

Aut

numquid tabulas

nuptiales

die i l l o apud tribunal0

Doraini

proferemus

et

matrimonium r i t e

contractum

allegabimus, quod

uetuit

i p s e ? Non adulterium e s t ,

quod prohibitum e s t , non stuprum e s t ? Extranei

hominis

admissio

minus

templum

Dei

uiolatd

?

minus

i o membra Christi cum membris adulterae commiscete ?

Quod

sciam, non sumus

n o s t r i , sed

pretio emptif.

Empti ? Et q uali pretio ? Sanguine Dei. Laedentes

i g i t u r carnem istam, eum laedimus de proximo.

2 . Quid s i b i uoluit i l l e ,

qui d i x i t

delictum quidem

1 5

e s s e

extraneo

nubere,

sed

minimum,

eum

a l i a s

epo

72.

quia om.

8R

I I

73.

sine dubio AflR : sane N I I iste X I I

74. extrauii

X

I l eam

:

ea N I I

74-75. non possunt

in

qua

om. 8R I I 75.

sunt :

sint

R

I I

autem om. N I I

77. immundum est1

om. N I I quod

immundum

est om. A

III. 1 . haec : et lioc F I I s i ita sunt Oehler : tria sunt codd. R1,' : cum ita

sint R*

I l

2 . constat esse N :

constat

se A esse

constat PR

I I 3-4.

ex

l i t t e

r i s—icentis om. N I I 4 . ne cibum quidem

A

: nec cibum 0R I I 5 . aut A :

at NFR

:

ad

X I I

die i l l o

Rig. :

de i l l o 0R

dillo

A

I I 6 .

matrimonium

rite

contractum

om.

A

I I

7 .

alligabimus NX

I I

uetuit

:

ueniat

F

I I

S .

prohibitum

est

A

:

prohibetur

8R I I stuprum

:

stripum

A I I

n

sciam

pR : sciat A

om. N I I nostri sed : nostris et

A

I I 11-12. empti empti A

:

empti 0R

I I

12. et

laedentes N I I 14.

quid : quod

XI uoluit : uolunt

A

I I

i l l e :

i l l i X I I 15. mi

nimum

: nimium

X I I seposita A :

deposita NFR

disposita X

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7/25/2019 A Son Épouse

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i l ,

9 -

ni, 2

133

tue aussi l a sanctification des c o n j o i n t s » , i l ne

f a i t

pas

de

doute q ue ceux dont l a sanctification s ' e s t opérée

dès

avant

l e

mariage,

s ' i l s

viennent

à

s'unir

charnellement

avec

un

« étranger » ,

ne peuvent s a n c t i f i e r

une

chair dans laquelle l a

f o i ne l e s a pas s a i s i s .

La

grâce de Dieu s a n c t i f i e ce q u ' e l l e

rencontre. Ainsi

ce

qui n'a

pu

être s a n c t i f i é demeure impur

;

ce

qui est impur n'a rien de commun avec

ce

qui est s a i n t ,

sinon q u ' i l l u i communique

son

impureté et l u i

donne

l a

mort.

I I I ,

1 .

Dans ces conditions, i l e s t é t a b l i q ue l e s chrétiens

q ui contr actent

mariage

avec

des païens sont

coupables

de fornication et doivent être écartés de toute participation

avec l a fraternité chrétienne, comme i l ressort de l a

l e t t r e

de

l'Apôtre, selon laquelle nous dev ons nous

abstenir même

de pr endr e nos repas8 avec des gens de cette espèce. Ou bien

alors

présenterons-nous

notr e contr at de mar iage dev ant l e

tribunal du Seigneurb au jour du jugement0 et alléguerons-

nous

q ue

notre

mariage,

q ue

Dieu

i n t e r d i t ,

a

été

conclu

en

bonne et due forme ?

N'est-ce

pas un adultère, ce

qui

e s t

i n t e r d i t , n ' e s t - c e

pas

une

fornication ? Quand

on s ' u n i t

à

un « étranger » , e s t - c e q u' on ne profane pas aussi l e temple

de Dieu* ? e s t - c e qu'on ne mêle pas aussi l e s

membres

du

Christ et ceux de l'adultèree ? Nous ne nous appartenons p l u s ,

q ue j e sache, mai s nous avons été achetés à ce grand

p r i x ' .

Achetés

?

Et

à

q uel pr ix

?

Avec

l e

sang

de

Dieu.

Par

consé

quent, quand nous infligeons une blessure à notre c h a i r ,

c ' e s t à Dieu l ui -mê me q ue nous l ' i n f l i g e o n s , directement.

2 . Que voulait d i r e

cet homme, selon

lequel s e

marier

avec un païen é t a i t une faute, assurément, mais

sans

aucune

q. Cf. I Cor.

7 ,

14

III, a . I Cor. 5 , 11

b.

Cf.

II C or .

5 ,

10

;

Rom.

14,

10

c . Cf. Matth. 24,

36

d. Cf. I Cor. 3 , 16-17

e . Cf. I Cor. 6 ,

15

; I

Pierre

1 , 19

f .

Cf. I

Cor. 6 ,

19-20

Page 142: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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134

A

SON

EPOUSE,

I I

s i t a carnis i n i u r i a ad Dominum pertinentis —omne

delictum*

uoluntarium in

Dominum

grande est ?

Quanto

enim

potestas

uitandi

f u i t ,

tanto

contumaciae

crimine

oneratur.

2 0

3 . Rece ns eamu s n un c cetera

pericula aut

uulnera, ut

d i x i ,

f i d e i

ab apostolo

prouisa,

non

carni

tantum, uerum

etiam et i p s i s p i r i t u i molestissima. Quis enim dubitet

o b l i t e r a r i quotidie

fidem

commercio i n f i d e l i

?

Bonos

corrumpunt, mores confabulationes malah. Quanto

magis

2 5

conuictus

et

indiuiduus

usus.

Quaeuis

mulier

f i d e l i s

Deum obseruet necesse e s t .

4 .

Et quomodo potest duobus1

dominis s e r u i r e ,

Domino et marito, adde

g e n t i l i

? Gentilem enim obse-

ruando g e n t i l i a exhibebit :

formam,

extructionem, mun-

3 ° d i t i a s saeculares, blanditias turpiores ; ipsa etiam matri-

monii

secreta

maculosa,

non

ut pênes

sanctos

o f f i c i a

sexus cum honore ipsius necessitatis tamquam sub ocu-

l i s 1 Dei modeste e t moderate transiguntur.

IV,

1 . S ed uiderit qualiter uiro o f f i c i a

pendat,

Domino

certe non potest pr o

d i s c i p l i n a

s a t i s f a c e r e ,

habens in

latere diaboli

seruum,

pr ocur ator em domi ni s u i

ad

1 7 . dominum A :

domino

8R

I I 1 9 .

crimine AX : crimen NFR

I I

2 0 .

aut

A : OR I I 2 i . dixi AR* : dixit

8R1.' I l

carni A : carnis 8R I I 2 2 . etiam et

A : etiam 0R I I i p s i s p i r i t u i A : ipsius spiritus NFR ipius sps X I I molestissi-

mam X I I

2 3 . obliterare

X I I

2 4 .

more N I I

2 5 . magis

om.

N

I I <et>

conuic

tus A I I 2 6 . deum A : dominum 8R I I 2 7 . seruire A : deseruire 8R I I 2 8 .

adde

ANR

: at

de P

I I

g e n t i l i

: gentibus

X I I

2 9 .

gentilia 8R

:

g e n t i l A I I

exhibe-

b i t :

obseruabit N I I

3 0 .

matrimonia A I I

3 3 .

modeste (est) A I I

transigau-

tur

A

IV.

1 .

uiro

AR -* :

ui r

8R1

I I

3 .

diaboli

AR

:

diabolus

p

dyabolus

N

I I

g . C f . Nombr. 1 5 , 30-31

h , I Çor. 1 5 , 33

Page 143: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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m,

2

- i v , i 135

gravité, alors que,

sans

même

parler

du dommage

causé

à une

chair q ui

appartient

au

Seigneur, toute

faute commise

de

propos

délibéré»

contre

l e

Seigneur

est

g r a v e

?

En

e f f e t ,

plus

i l était facile

de

l ' é v i t e r ,

plus est g ra v e

la culpabilité

de l'obstination

rebelle.

3 .

Énumérons à

présent les autres

dangers

et

atteintes

à la f o i prévus, comme j e l ' a i d i t , par l'Apôtre et q ui causent

un

dommage

considérable non seulement à la chair mais encore

à

l'esprit

lui-même.

Qui,

en

e f f e t ,

doutera

que

la

f o i

s'étiole

de jour en jour dans les relations av ec les païens ? Les mau

vaises conversations corrompent l e s bonnes mœurs . A plus

forte

raison une v ie en commun

et

une familiarité

de

tous

les

instants.

Toute chrétienne a l e devoir de se r égler sur la volonté de

Dieu.

4 .

Mais

comment

pour r ai t-el le ser v ir deux maîtres1,

l e

Seigneur et son mari, païen de surcroît ? Si e l l e se règle sur

la volonté d ' u n païen,

e l l e

fera étalage des valeurs païennes :

beauté, toilettes,

élégance mondaine, caresses sans retenue.

Quant aux

secrets de

l'intimité conjugale, i l s dev i endront une

occasion

de

souillure, à

la

différence

de

ce q ui se passe

chez

les

chrétiens, q ui

accomplissent les

fonctions

du sexe comme

un

devoir

respectable

et

nécessaire,

av ec

pudeur

et

retenue,

dans

la pensée que l'on s'en

acquitte

sous

l e regard

de Dieu1.

IV.

1 .

Mais peu importe la

manière

dont e l l e remplira

ses devoirs

enve rs

son

mari ; certainement e l l e

ne peut satis

faire

au

Seigneur conformément à la discipline,

puisque

s'attache à son flanc un serviteur du Diable, chargé pour

l e

compte

de

son

maître

d'entraver

les

efforts

et

les

devoirs

1 . C f .

Matth.

6 ,

24

;

Le

1 6 , 1 3

j . Ç f , Prov. 1 5 , 3 ; Ï Ç c ç J . 3 4 . Ï 9 i e t c .

Page 144: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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136 A SON épouse, n

impedienda

fidelium

studia

et o f f i c i a , ut s i s t a t i o

5 facienda e s t ,

maritus de

die

condicat

ad balneas,

s i

ieiunia

obseruanda

s i n t ,

maritus

eadem

d i e

conuiuium

exerceat, s i procedendum e r i t , numquam magis fami-

l i a e

occupatio

obueniat.

2 .

Quis

autem sinat

coniugem

suam uisitandorum

1 0 fratrum gratia uicatim aliena et quidem pauperiora

quaeque

tuguria c i r c u i r e ? Quis nocturnis

conuoca-

t i o n i b u s , s i i t a

oportuerit,

a

latere suo

adimi libenter

f e r e t ? Q uis deni que

sollemnibus

Paschae

abnoctantem

securus sustinebit

? Quis

ad

conuiuium» dominicum

1 5 i l l u d , quod infamant,

s i n e

sua suspicione dimittet ?

Quis i n

carcerem

ad

osculanda uincula martyris reptare

patietur

?

3 . Iam uero

a l i c u i fratrum ad

osculum

conuenire, aquam sanctorum pedibus o f f e r r e b , de

c i b o , de pocul o inuadere, desiderare, in

mente

habere ?

2 0

Si

pereger

frater

adueniat0,

quod

in aliena

domo

hospitium ? S i cui

largiendum

e r i t ,

horreum,

proma

praeclusa sunt.

V, 1 . S ed

a l i q u i s sustinet

nostra nec

obstrepit.

Hoc e s t

i g i t u r delictum,

quod gentiles nostra nouerunt,

quod sub conscientia» iniustorum sumus, quod bene-

ficium

eorum

e s t ,

s i

quid

operamur.

Non

potest

nescire

4 . et AR :

ut 8 I I 5 .

condicat 8R :

concaedat A I I 6 . sint

AN :

sunt 3R

I I

7 .

exerceat :

faciat

N I I 8 . obueniat

A : adueniat

0R

H

9 . autem

:

enim

NXR I I 1 0 . uiatim

A

I I 1 1 .

tuguria

( quae que ) X I I circuire :

circulaire

N | |

1 2 . adimi A : eximi

8R I I

1 3 .

abnoctantem ANR

:

obnoctantem

X

adnoctantem F

I I 1 5 . dimittet AR,' : dimittit 8Rl H 1 8 . uenire X I I

<et>

de (poculo)

N I I 1 9 .

habere NR :

haberi AP I I

2 0 .

pereger A : et

peregre

NFR

et

perige X I I

ueniat

X I I

2 1 . proma :

poma

PR

V.

1 .

aliquis

A

:

aliqui

6R

I I sustinet

A

:

sustinent

pR

substinent

N I l

obstrepit A : obstrepunt NFR obstrepent X I I 3 . conscientiam X I I inius

torum A

: iustorum 0R1 istorum R ' - * I I

beneficium

AR' : beneficiorum

PR1-* beuefitiorum N I I 4 . nescire A : edicere s c i r e NF edicere X s e

dicere

nescire

R

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7/25/2019 A Son Épouse

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i v , i

-

v , i 137

des

chrétiens, de sorte q ue s i l faut

f a i r e

une s t a t i o n , l e

mari

décide que,

ce

j o u r - l à , on i r a

aux

bains ;

s i l

faut obser

v er

un

jeûne,

l e

mar i or d on ne

un

banquet

pour

l e

même

jour

;

s ' i l

faut s o r t i r , jamaisd es tâches ne

s'imposent

autant aux

esclaves.

2 . Q ui donc

per mettr ait à sa femme

de parcourir

tous

l e s quartiers de l a v i l l e pour

v i s i t e r

nos f r è r e s et

d'entrer

chez l e s

autres, et qui

plus

e s t , dans tous

l e s

taudis

? Q ui

acceptera

de

gaîté

de

cœur

q u ' e l l e

l e

d é l a i s s e

pour

s e

rendre

à

des r é unions

nocturnes,

s i

t e l

e s t

son

devoir

? Q ui donc

supportera sans inquiétude q u ' e l l e passe l a nuit

entière

hor s de l a ma i so n po ur l e s f ê t e s de Pâques ? Qui, sans nourrir

de

soupçons,

l a l a i s s e r a

a l l e r au Repas

du Seigneur», objet

de

propos

infamants

? Q ui

s o u f f r i r a

q u ' e l l e s e

g l i s s e

en

ram

pant dans

l e s prisons, pour baiser l e s chaînes d'un

martyr

?

3 .

Ou

encore

q u ' e l l e

s'approche

de

l'un

de

nos

f r è r e s ,

pour

l u i donner l e baiser

de

paix, q u ' e l l e

apporte de

l'eau pour

laver l e s pieds

des

s a i n t s , q u ' e l l e prenne de l a nourriture

ou de l a boisson,

q u ' e l l e

en demande ou même q u ' e l l e y songe ?

S i un f r è r e ,

venant de

l o i n , s e présente, quel

accueil trouve-

r a - t - i l dans l a

maison

d'un « étranger » ? S i un pauvre

a

besoin

de

secours, l a réserve, l e c e l l i e r se trouvent fermés.

V,

1 .

Mais,

d i t - o n , un t e l

ou

un t e l

accepte

nos

usages

et

n' y

f a i t

point

obstacle. Mais alors

l a

faute réside

précisé

ment en

ce q ue

des

païens

ont connaissance

de nos

usages,

q ue nous sommes de conni v ence av ec des pécheurs», q ue l a

moindre de nos

actions

représente une

fav eur de

leur

part.

On

ne peut

maintenir dans

l'ignorance

un mari qui se montre

IV, a .

Cf. I Cor. n,

20

b. Cf. I Tim. 5 ,

10

c . ibid.

V ,

a

Cf.

I Cor.

10,

27

Page 146: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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138 A

SON ÉPOUSE,

I I

5

q ui

sustinet, aut s i celatur, q u ia non sustinet,

timetur.

Cum autem scriptura utrumque mandet, et

sine

alterim

conscientiàb

et

sine

nostra

pressura0

operari

Domino,

nihil interest in qua parte delinquas, aut in conscientiam

mariti, s i s i t patiens, aut in

conflictationem

t u i , dum

10 uitatur

impatiens.

2 . Nolite, inquit,

margaritas

uestras

porcis iactare,

ne

conculcent

eas

e t

conuersi

uos q u o q u e euertantA.

Margaritae uestrae sunt etiam q uoti di anae conuer -

sationis

insignia.

Quanto

curaueris

ea

occultare,

tanto

1 5 suspectiora feceris et magis

captanda

gentili

curiositati.

3 . Latebisme

tu, cum

lectulum,

eum corpusculum

tuum

signas, cum aliquid immundum flatu explodis, cum

etiam

per noctem exurgis oratum ?

Et

non magiae a l i

q u i d uideber is operar i

?

Non sciet maritus q u i d secreto

20 ante omnem

cibum

gustes

?

Et s i sciuerit panem,

non illum credet esse, q ui dicitur

?

4 . Et haec ignorans

q u i s q u e

rationem simpliciter sus-

tinebit

sine

gemitu, sine suspicione panis

an ueneni

?

Sustinent quidam, sed ut inculcent, ut i n lu da nt hu i us-

2 5 modi

fenùnis, quarum

arcana in periculum, quod

cre-

dunt,

reseruent, s i forte

laedantur

sustinent

(es),

qua

6 .

mandet

: manet F I I 7 . conscientiam A

I I

( a l t e r i u s ^ > pressura N I I 8 .

conscientia R I I 9 . <ut> patiens 8R I I aut om. 8R1'* I l 1 1 . mar ga ri tas ues

tras

A

: margarita uestra 8R I I 1 2 . ne : nec F om. A I I eas Rig. ea

codd.

R

I l 1 3 . margaritae uestrae A : margarita uestra 6R I I etiam om. 8R I I quo-

tidiane A

:

cottidiana N quottidiana X quotidiana F cottidiana R

I I

1 5 .

captanda Rig.

: castanda

A

cavenda

PR

cauendo N

I I 1 6 .

lectulum cum

om.

A H

1 7 . flatu 8R

:

f l a t i s

A

I I explodis A

:

expuis 8R I I 1 8 . nocte N I I

aliquid

om.

N I I

1 9 . uideberis

AR* :

uideris 0R1.*

I l 2 0 .

gestes

F

I I

s e u i r i t

F I I 2 i .

credet

Kroy. : credit codd. R I I

qui

: quae X I I 2 4 . quidam AF : qui-

dem

NXR

I I

2 6 .

reseruent

A

:

seruent

8R

I I

. l aedantur om.

X

I I

laedan-

tur<ipsi> 8R I I sustinentes Kroy. : sustinent codd. R I I obiectione

FR'

;

obiectionem ANXR1'' | I nominis : domini A

b.

I

Cor.

10,

29

Page 147: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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v , 1 - 4

139

tolérant ou bien, s i l ' o n

s e

cache de l u i , parce q u ' i l n ' e s t

pas

tolérant, on

e s t

réduit à

l e

craindre.

Mais étant donné q ue

l'Écriture

nous

demande

de

servir

l e

Seigneur,

à

l a

f o i s

sans

être

de connivence

avec

autrui* et

sans

anxiété

de

notre

part0,

peu

importe

l a

manière dont tu te rends coupable,

s o i t

en entrant en conni v ence av ec

ton mari,

s i l

tolère nos

usages,

s o i t en te débattant dans

l ' a n x i é t é ,

s i tu

évites

ton

mari

q ui ne l e s t o l è r e pas.

2 .

Ne j e t e z pas v os

perles aux pourceaux , d i t

l ' É c r i t u r e ,

de

peur

q u ' i l s

ne

l e s

foulent

aux

pieds

e t ,

s e

retournant

contre

vous, ne vous renversent à votre t o u r . Vos p e r l e s , ce sont

aussi

l e s

marques distinctives de

l a vie

quotidienne.

Plus

tu te

mettras

en peine à l e s

tenir

cachées,

plus

tu l e s rendras

suspectes et plus

tu exciteras

l a

c u r i o s i t é

des païens

à

l e s

surprendre.

3 . Pourras-tu vraiment échapper aux regards, quand tu

f a i s

l e

signe

de

l a

croix

sur

ton Ht

ou

sur

ta

personne,

quand

tu chasses, en soufflant, quelque chose d'impur , quand

tu te lèves en

pleine

nuit

pour

prier

?

Ne

paraîtras-tu pas

te l i v r e r à quelque r i t e magique ? Ton mari ne s a u r a - t - i l

pas ce q ue tu

pr ends en

secret avant toute

nourriture

?

Et

s i l

vient à savoir

q ue

c ' e s t du pain, ne c r o i r a - t - i l

pas

q u ' i l

s ' a g i t

de ce pain, dont on

p a r l e .

4 .

Et

s i

quelqu'un

ignore

ces

o n - d i t ,

a c c e p t e r a - t - i l

tout

bonnement l e s explications qu'on

l u i donnera, sans

maugréer,

sans se

demander

s i c ' e s t bien du pain et non quelque drogue ?

Certains maris

s e

montrent t o l é r a n t s , mais c ' e s t

pour

fouler

aux

pieds,

pour tourner en

dérision

l e s imprudentes

de

cette

s o r t e , dont i l s tiennent l e s « secrets » en réserve en v ue d'un

risque imaginaire,

au

cas

où,

peut-être, i l s subiraient

quelque

dommage

du

f a i t

de

leur

tolérance

;

i l s

s'approprient

leur

dot

pour prix

de

leur

s i l e n c e ,

en leur reprochant leur qualité

c . I Cor. 7 ,

32

; c f . I Pierre 3 . 6

d . Matth. 7 , 6

Page 148: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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I40 A SON EPOUSE, I I

rum dotes obiectione nomiuis

mercedem

s i l e n t i i f a c i a n t ,

s c i è i c e t apud arbitrium specula torem l i t i g a t u r i . Quod

plereaque

non

prouidentes

aut

r e

exeru

eiata

aut

f i d e

3 0 perdita recognoscere consuerunt.

VI,

1 . Moratur

Dei

a n c i l l a cum

laribus

a l i e n i s ,

et inter i l l o s omnibus honoribus daemonum, omnibus

sollemnibus regum,

incipiente

anno, incipiente

mense,

nidore

t u r i s agitabitur. Et

procedet

de ianua

laureata

5

et

lucernata,

ut de

nouo

consistorio

libidinum

publi-

car um, di scumbet cum marito, saepe in

s o d a l i t i i s ,

saepe

i n popinis. Et ministrabit nonnumquam

i n i q u i s ,

s o l i t a quondam sanctis ministrare. Et non

hinc

praeiu-

dicium damnationis suae

agnoscet, eos obseruans quos

1 0

erat

iudicatura» ? De cuius manu desiderabit ? De

cuius poculob participait

?

Qu id maritus suus i l l i ,

uel

marito quid

ipsa

cantabit

?

2 . Audiet sane, audiet aliquid de scaena, de taberna,

de

gehenna. Quae D ei menti o ? Quae C h r i s t i inuocatio ?

1 5

Vbi fomenta f i d e i

de

scripturarum interiectione ?

Vbi Spiritus refrigerium ? Vbi diuina benedictio ?

Omnia

extranea,

omnia inimica,

omnia

damnata,

adterendae s a l u t i a malo immissa.

2 8 .

pleraeque R

: plerique c e t t .

I I

2 9 .

aut

re : aure

A I I perdit A I I reco

gnoscere consuerunt A : recensuerunt

6R

VI.

1 . laribus 6R : laboribus A I I 2 . honoribus 0R :

hominibus

A 1 1 3 . anno

AR : an non 0 I I mense om. F I I 4 . t u r i s : t u r r i s A thuris

NFR

e i u r i s

X I I

procedet AN : procedit f}R I I 5 .

lugernata

A I I 6 . discumbet

A

: discumbit

8R I I

marito :

marcio

F

I I

saepe

om. 6R I I

s o d a l i c i i s A : sodaliens

X I I 7 .

po

pinis AR : opinionis 8

I I

9 . agnoscet A : adcognoscet 6R

I I obseruans

A : ob-

seruat

N

ob se ru aba t p

obseruabit

R

I I

1 0 .

de

cuius

manu

8R

: cuius

ma-

num

A

I I 1 2 .

quid

: quod X I I ipsa A : i l l a 6R I I 1 3 .

audiet1

A : audiat 6R

I I

audiet' om.

AN

I I

de

scena

:

V r s . Rig.

dei

cenans A

dei

cena NX

d e i

coena

FR I I de taberna :

tabernacula

N

I I

1 5 .

ubi

: n i s i X

I I

interiectione

A

:

interfectione NFR1 i n confectione X refectione R1 interiectione R*

I I

Page 149: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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v,

4 - vi,

2

141

de

chrétiennes, bien entendu

avec

l'intention d'engager un

procès devant un

magistrat q ui

examinerait

l ' a f f a i r e .

Voilà

ce

q ue

bien

des

femmes

oublient

de

prévoir

;

e l l e s

l e

compren

nent en général quand on leur

a ar raché

leur fortune ou f a i t

perdre

leur

f o i .

VI,

1 . La servante de Dieu demeure avec

des dieux

étran

gers

; au

milieu

d'eux, à

toutes l e s

f ê t e s des

démons,

à

toutes

l e s solennités

des

empereurs,

au

commencement de

l'année,

au

premier

jour

du

mois,

e l l e

sera

poursuivie

par

l'odeur

de l ' e n c e n s .

Elle franchira

l a porte de sa maison, ornée

de

laurier et garnie de lampes, comme c e l l e d'un établissement

de

débauche

qu'on vient d'ouvrir. Elle prendra place

avec

son

mari tantôt

aux banquets de

sociétés tantôt

dans

l e s

cabarets. I l l u i

faudra

parfois

servir

des impies, e l l e qui naguè

re

aimait

s e

f a i r e l a

servante

des s a i n t s . Ne

v a - t - e l l e pas

reconnaître

par la q ue

sa

condamnation

est

déjà

prononcée,

quand e l l e s e mettra

au service

de ceux q u ' e l l e

devait

juger* ?

De quelle main attendra-t-elle

sa

nourriture

? A quelle

coupe

l u i

f a u d r a - t - i l goûter

? Quelles

chansons

l u i

chantera

son mari, et e l l e q ue l u i chantera-t-elle ?

2 . Elle en

entendra,

o u i , e l l e en entendra,

des

a i r s de

théâtre, de cabaret, de l a

géhenne.

Quelle

mention fait-on

de

Dieu

?

Quelle

invocation

du Christ

? Où

stimule-t-on

l a f o i

en citant

l e s Écritures à

tout

propos ? Où

sont

l e s

consolations

de

l'Esprit

?

sont l e s

bénédictions de

Dieu ?

Tout

e s t

étranger,

h o s t i l e , maudit,

en vo y é

par l e Malin,

pour détruire

l e s a l u t .

16.

ubi1

(sp.)

om.

F

I I

spiritus

ubi

refrigeriuiu

t r .

A

I I

18.

atteraudae

A

I I

sa-

luti AR

:

salutiseR*-'

VI, a .

Cf.

I

Cor.

6 , 2 ;

2 ,

15

b.

Cf.

I

Cor.

10.

16

Page 150: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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142 A SON EPOUSE, II

VII, 1 . Haec

s i i l l i s

q uo q ue eueuire possunt,

q ui i n

inatrimonio

g e n t i l i f i d e 1 n

adepti

morantur, tamen

excusantur

:

ut

in

i p s i s

deprehensia

a

Deo et

iubentur

perseuerare et

sanctificantur0

et

spem lucrationis

5 accipiunt. S i ergo ratum e s t apud Deum matrimonium

huiusmodi,

cur

non

et

prospere

cedat, ut

pressuris e t

angustiis et impedimentis et inquinamentis non i t a

lacessatur,

habens iam ex parte diuinae gratiae patro-

cinium ?

1 o 2 .

Nam et ad

aliquam

uirtutem

caelestem

docurnentis

dignationis alicuius

uocatus i l l e

de

gentibus

t e r r o r i

e s t g e n t i l i , quo minus s i b i obstrepat, minus

i<n>stet,

minus speculetur. Sensit magnaliae, u i d i t experimenta,

s c i t meliorem1 factum ; s i c et ipse Dei candidatus

1 5

e s t timor e. Ita

fadlius huiusmodi

l u c r i f i u n t * , in quos

Dei

gratia consuetudinem f e c i t .

3 .

C ete rum

aliud e s t ultro et sponte in prohibita

descendere.

Quae

Domino

non placent, utique Dominum

offendunt,

utiq ue a

malo inferuntur. Hoc

sigm

e r i t ,

2 0

quod

s o l i s

petitoribus

placet

nomen Christianum.

Ideo

inueniuntur,

qui t a i e s non exhorreant, ut exter-

VII. 1 . i l l i s

A

: e i 8R I I possunt A : possint

8R

I I 2 . gentili

A

: gentilis

8R I I adepti AR1-' : adempti NFX : adepta R»

I I

morantur AN

:

moratur

PR I I 5 . ratum : rarum N I I 6 . non et AN : non f} R I I pressuris A : (et a ~ ) pr.

8R I I

7 .

et inquinamentis

om.

A I I 8 . iam

habens//.

PR I I 10. < q u a e ) >

uirtu

tem

pR

I I

11.

<et> dignationis P I I

i l l e

de

gentibus

om. 6R I I 12. est : et X

I I 12-13. sibi—

inus

om.

A

I I

12. obstrepant

WI

instet Kroy. : si t et 8R

sciat R I I 13. experimenta AR :

expedimenta

8R I I 14. meliorum A I I sic :

s i

A

I I dei om. AR I I 15. timore A : timoris

8R

I I lucrifiunt

R' :

lucro fiunt

A

8R1-'

I I

16.

dei

<de>

N

I I

facit

N

I

17.

ultro

AR'-'

:

intro

8R11

I I

8 .

non

ominum

om.

A

I I

19.

a malo

inferuntur A : malo

se inferunt 8R

I I

20.

quod solis A :

ut solis

quod

solis

8R I I petitoribus 8R

:

petitioribus

A

I I 21.

ideo AR'- *

: deo

NXR1de F I I exhorreant NR : exorreant A exhortant p

I I

exterminent AR'

:

exhorta

eminent

N e xe rt a eminent pR1-*

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7/25/2019 A Son Épouse

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v u, i - 3 143

VII, 1 .

S i

ces dangers peuvent se présenter aussi à ceux

qui, mar ié s à

des païens,

demeurent dans cette union

après

q u ' i l s

ont

embrassé

l a

f o i ,

du

moins

s o n t - i l s

excusables

:

ayant été s a i s i s » par l a grâce de D ieu en cet é t a t ,

i l s

sont

obligés d' y

persévérer6,

i l s sont s a n c t i f i é s 0

et reçoivent l ' e s p é

r ance de gagnerd

leur

conjoint. S i donc un mariage de ce

genre e s t approuvé par

Dieu, pourquoi

ne pourrait-il pas

aussi s e maintenir heureusement,

sans être tellement harcelé

d'épreuves, de d i f f i c u l t é s ,

d'obstacles

et de s o u i l l u r e s , puis

q u ' i l

possède

déjà

en

partie

l e

pat r onage de

l a

grâce

de

Dieu

?

2 .

En

e f f e t , puisque

l e conjoint

a été appelé au milieu

des

païens, par l e s signes d'une grâce mysté r ieuse,

à

une

vertu toute

c é l e s t e , i l inspire

l a

terreur

à l' é poux

demeuré

païen,

l'empêchant

de se montrer h o s t i l e à

son

égard,

impor

tun,

soupçonneux.

I l

a

touché

des

merveillese ; i l en

a

vu

l e s preuves ; i l

constate

q ue son

conjoint

e s t

devenu

m e i l l e u r ' .

Le

v o i c i

devenu,

l u i a u s s i ,

un

candidat

de

Dieu,

sous

l ' e f f e t

de l a c r a i n t e . Tant i l e s t plus

f a c i l e

de

gagner»

à

l a

f o i ceux

q ui

se trouvent dans

cette situation, ceux avec

lesquels

l a

grâce

de

Dieu a

établi

des relations intimes.

3 . Mais autre chose e s t de s e résoudre de soi-même et

volontairement

à

ce

q ui

e s t i n t e r d i t . C e

qui

déplaît au Seigneur

offense

l e

Seigneur,

certainement

;

certainement,

c ' e s t

l'œuvre du Malin. La preuve en e s t q ue l e nom chrétien

ne

plaît qu'aux

prétendants.

S i l ' o n trouve

des

hommes

qui

ne

témoignent pas de répugnance

envers

l e s chrétiennes,

c ' e s t

VII, a . Cf. I C o r. 7 , 17

b.

Cf.

I

Cor.

7 ,

13. 20

c .

Cf.

I

Cor.

7 ,

14

d. Cf. I Cor. 7 , 16

; I

Pier re 3 , 2

e . Cf.

Act 2 ,

11

;

Ex. 14, 13

f . Cf. I

Pierre

3 , 1-2

g . ibid.

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7/25/2019 A Son Épouse

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144

A S ON EPOUSE, I I

minent, ut

abripiant,

ut

a

f i d e excludant.

Habes

causam, q ua non dubites nullum huiusmodi

matri-

monium

prospere

decurri

:

dum

a

malo

conciliatur,

2 5 a Domino uero damnatur.

VIII, 1 . Ad hoc q uaeramus an i u r e , quasi reuera

dispectores diuinarum sententiarum.

Nomie

etiam

pênes nationes seuerissimi

quique domini

et d i s c i -

plinae tenacissimi s e r u i s s u i s foras nubere interdicunt ?

5

S c i l i c e t ne in lasciuiam

excedant,

o f f i c i a

deserant,

dominica

extraneis promant.

Nonne insuper censuerunt

s e r u i t u t i

uindicandas

quae cum a l i e n i s

seruis

post

dominorum denuntiationem i n

cousuetudine

perseue-

rauerint

?

1 0 2 .

Seueriores

habebuntur terrenae

disciplinae

c a e l e s -

tibus

praeceptis, ut

gentiles quidem extraneis iunctae

libertatem

amittant,

nostrae

uero

diaboli

seruos

s i b i

coniuugant et in

statu suo

perseuerent

?

S c i l i c e t

nega-

bunt s i b i a Domino per apostolum» eius denuntiatum.

1 5

Quam

huius amentiae

causam detineam, n i s i

f i d e i

imbecillitatem pronam semper in concupiscentias sae-

cularium

gaudiorum

?

3 .

Quod

quidem plurimum

in

lautioribus deprehensum e s t . Nam quanto diues aliqua

e s t

et

matronae

nomine

i n f l a t a ,

tanto

capaciorem

2 0 domum

oneribus

s u i s r e q u i r i t ,

ut

campum in

quo

22. abripiant l i i g . : abrapiant

A

arripiant

OR

I I 24. dura om.

8R

VIII. 1 . queramur A I I

an

iure XR an in

iure

A

an

auire N anime P I I

2 .

dispectores AN

:

dispectatores P

despectatores

R I I 2-3.

etiam

eueris

simi om.

PR

I I

3 . domini : deum

F I I

4 . tenacissima

F

I I nubere

om. NI 5.

lasciuia A I I 6 . dominica—romant om.

A

I I 7 . seruituti

:

uti

A

I I uindican

das

quae

l ' a m

:

uindicandos

q ui

codd.

R

I I

cum

alienis

seruis

A

:

cum

alienos

seruos 8R1

cum

alieno seruo R*-' I I 8 .

consuetudine

AR* : consuetudinem

8R1-*

I l perseuerauerint

A : perseveraverunt

8R I I

n.

praeceptis

:

praes-

criptis R I I iunctae X : iuncti ANFR I I

12.

nostri XI

13.

suo om. XI eius

Lat.

Kroy.

: eiusdem codd. R I I 16. inbecillitate X

I

promam p

H

concupis-

Page 153: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 153/238

vn,

3 - vin, 3

145

qu'ils se

proposent

de l e s r u i n e r , de l e s dépouiller de leurs

biens,

de l e s

éloigner

de leur f o i . Voici

l e motif

pour

l e q u e l ,

n'en doute

pas,

aucun

mariage

de

ce

genre

ne peut

parvenir

au

bonheur

:

c ' e s t

q ue

l e

Malin l e s

combine,

mais

l e Seigneur

les condamne.

VIII, 1 . Examinons à ce propos s i c ' e s t à bon d r o i t ,

en nous érigeant pour a i n s i

d i r e en

juges

des décrets

d i v i n s .

N'est-il pas vrai

que, chez

l e s

païens

a u s s i , l e s maîtres l e s

plus

sévères

et

l e s

plus attachés

à

l a

d i s c i p l i n e

interdisent

à

leurs esclaves de se marier

hors

de l a maison ? Évidemment,

c ' e s t

pour éviter q u ' i l s s'égarent dans l a

débauche, désertent

leurs devoirs,

livrent à

des étrangers l e s

biens de

leurs maîtres.

N'ont-ils pas aussi décidé de réduire en esclavage l e s femmes

q u i ,

malgré l'injonction du maître, ont continué de cohabiter

avec

des esclaves d'une autre maison

?

2 .

Les

règlements

de

l a t e r r e

passeront-ils

pour

plus

sévères

q ue

l e s

commandements du

c i e l ,

au point

q ue

l e s païennes,

unies à des esclaves étrangers, perdront leur l i b e r t é , tandis

que nos chrétiennes prendront pour maris

des

esclaves du

Diable et conserveront

l e s

privilèges de

leur condition ?

Évidemment e l l e s

nieront q ue

l e

Seigneur leur

a i t f a i t parve

nir son injonction par l'intermédiaire de son Apôtre».

Quel

motif

retenir

pour

cette

f o l i e ,

sinon

l a

f a i b l e s s e

d'une

f o i toujours encline aux jouissances

du s i è c l e

?

3 . Assurément

c ' e s t

bien

ce

q ue

l ' o n

a pu s a i s i r sur l e

v i f ,

surtout chez l e s

plus

r i c h e s .

C ar plus une femme e s t riche et s ' e n f l e de son

t i t r e

de «

femme mariée » , plus

spacieuse

est l a maison q u ' e l l e

recherche pour ses dépenses, domaine où son ambition s e

centias

A

:

conc.

am

(J R

coac.

a

N

I I

1 9 .

et

tnatronae.A

:

et

inatrona

oR'

cum matroaa

pR1-* commatroaa R1 mg

I I nomlna N I I capaciorem

A : ca-

pacem 8R I I 2 0 . oneribus : honoribus F I I ut om. 8R

VIII, a . C f . I Cor. 7 , 39

10

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7/25/2019 A Son Épouse

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146

A SON

ÉPOUSE,

I I

anibitio decurrat. Sordent talibus e c c l e s i a e . D i f f i c i l e

in domo Dei d i u e s ,

ac s i

quis e s t , d i f f i c i l e

c a e l e b s .

Q u i d

ergo

faciant

? Vnde n i s i a

diabolo maritum

petant idoneur a

exhibendae

s e l l a e

et

mulabus e t

2 5 c i n e r a r i i s peregrinae proceritatis ? Christianus i s t a etiam

diues

fortasse

non praestet.

4 . Quaeso t e , gentilium exempla proponas t i b i .

Pleraeque

et genere nobiles et r e beatae passim igno-

b'iibus et

mediocribus

simul coni unguntur aut

ad

3 0

luxuriam

inuentis

aut

ad

licentiam

sec<ta>tis.

Nonnul-

l a e s e l i b e r e et seruis suis conferant, omnium hominum

existimatione

despecta,

dummodo habeant a

quibus

nullum impedimentum l i b e r t a t i s suae timeant. Chris-

tianam fidelem f i d e l i r e

minori

nubere

p i g e t , locuple-

3 5

tiorem

futuram in

uiro

paupere.

5 . Nam

s i

pauperumb sunt

regna

caeloram,

diuitum

non sunt, plus

diues

in paupere inueniet

;

maiore

dote dotabi tur de bonis e i u s ,

qui

in

Deo

diues e s t .

S i t

i l l a

ex aeq uo in

t e r r i s ,

quae in

c a e l i s forsitan

non

4 0 e r i t . Dubitandum et inquirendum et identidem d e l i -

berandum

e s t , an

idoneus

s i t inuectis dotalibus

cui

Deus censum suum

credidit ?

21. decurrat

AR

:

decurrit N

decucurrat

( J I I sordent

cclesiae

om. A

I I

23. unde : idoneum

A

I I 24. idoneum

A

: donum 8R1'' bonum

R*

I l 25. cine

rariis NR : cineraris A emerariis P itinerariis

R* onerariis R1

mg I I christia

nus

R

:

christianos 8 cliristiano A I I

28.

et genere AR

:

et generis N

ex

genere p I I nobiles AR : nobilis 8 I I passim ignobilibus A : pessimis de igno-

bilibus 8 pessi mi s N

I I 29.

simul

NPR

: sibi A s i t XI aut om. A I I

30.

inuentis AR'-

 

:

inuentos

8R1

I I sectatis Stephan : sectis

A

expectatos

8R1-*

expetitis R* I l nonnullae se FR

:

nonnullae NX non in ulla esse A

I l 31. libere A : libertis 8R I I 32. despecta dummodo

A : dispectandum

modo

8

despectandum

modo

R

I I

34.

re

AR :

rerum

p

iterum

N

I I

locuple-

tatiorem

A

I I 35.

futuram

AR*-*

:

fugam

8R1

I I

pauperi

XI 36. caelorum

<quia> NFR

:

caelorum

(qui>X I ]

diuitum

:

diuitium A

I I 38. dotabitur—

diues est om. 8R I I 39. ex aequo : ex quo F I I 40. identidem : idem A I I

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7/25/2019 A Son Épouse

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vn1, 3 - 5 147

donne l i b r e cours. Pour l e s femmes de cette s o r t e , l e s é g l i s e s

sont sans

a t t r a i t .

C'est q u ' i l est

d i f f i c i l e

de

trouver

un homme

riche

dans

l a

maison

de

D ieu

et

s i l

s'en

trouve

un,

i l

est

d i f f i c i l e q u ' i l s o i t

c é l i b a t a i r e . Que

f a i r e

donc

?

A

q u i , sinon

au Diable, demander un mari susceptible de leur procurer

chaise

à porteur,

mules,

c o i f f e u r s exotiques à t a i l l e de gé ant

?

Cela, un chrétien, même r i c h e , refuserait

peut-être

de l e

procurer.

4 .

Mets

sous

tes

yeux,

j e

t' en conjur e,

l' exemple des

païennes.

Plusieurs d'entre e l l e s ,

de

noble naissance et com

blées de biens, s'unissent i ndi sti nctement à des

hommes

de

basse extraction et

en

même

temps de

condition plus q ue

modeste, q u ' e l l e s ont trouvés

pour

s a t i s f a i r e à

leur

luxure

ou recherchés pour

s'accorder toute l i c e n c e . Certaines

se

mettent en ménage librement avec leurs propres esclaves,

au

mépris de

l'opinion

générale, pourvu

q u ' e l l e s

aient

des

hommes

dont

e l l e s

n'auront

à

craindre

nulle

entrave

à

leur

bon p l a i s i r . Mais une chrétienne rougit d'épouser un chrétien

moins r i c h e , e l l e qui deviendrait plus riche auprès d'un mari

pauvre.

5 . C ar s i

l e

royaume

des

deux

appartient

aux pauvres ,

i l n'appartient pas

aux

riches e t une femme riche trouvera

son

avantage

à

épouser

un

pauvre

;

e l l e

obtiendra

une

dot

plus importante, à

valoir

sur

l e s

biens de c e l u i qui est

riche

aupr ès de

Dieu. Q u' elle se fasse sur t e r r e l ' é g a l e

de

son mari,

car

au c i e l , peut-être,

e l l e

ne

l e

sera pas. Faut-il

donc

h é s i t e r ,

s ' i n t e r r o g e r , délibérer

sans

c e s s e , pour savoir s i un t e l fera

un mari convenable

pour

l a

dot

qu'on apporte,

a l o r s

q ue

Dieu lui-même

l u i

a

confié sa

fortune

?

40-41. liberandum X I | 41. idoneus A : ideo 6R. I I iauectis ANE.1-1 : in-

nectis

F iauectus

Xiauestis R'

b. Cf.

I^c 6,

20 ;

Matth. 5 ,

3

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7/25/2019 A Son Épouse

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148

A

SON ÉPOUSE,

n

6 .

Vnde

sufficiamus ad eiiarrandam felicitatem e i u s

matrimonii,

quod

e c c l e s i a c o n c i l i a t et

confirmat

oblatio

4 5

e t

obsignat

benedictio,

angeli

renuntiant,

pater

rato

habet ? Nam nec in t e r r i s f i l i i s i n e consensu patrum

r i t e

et

i u r e nubunt.

7 .

Quale iugum

fidelium duorum

unius s p e i ,

unius

u o t i , unius d i s c i p l i n a e , eiusdem

s e r u i t u t i s .

Ambo

5 0 f r a t r e s , ambo conserui ; nulla s p i r i t u s caniisue d i s -

c r e t i o ,

atquin

uere

duo

in

carne

unac.

Vbi

caro una,

unus

et s p i r i t u s : simul orant, simul uolutantur, simul

i e i u n i a transigunt, alterutro docentesd, alterutro exhor

tantes,

alterutro sustinentes.

5 5 8 . In e c c l e s i a Dei pariter

utrique,

pariter in conuiuio

Dei,

pariter

in a n g u s t i i s , in persecutionibus, in

r e f i i g e -

r i i s .

Neuter alterum c e l a t , neuter alterum

u i t a t ,

neuter

a l t e r i grauis e s t . I Y i b e r e aeger

u i s i t a t u r ,

indigens sus-

tentatur. Elemosinae s i n e

tormento,

s a c r i f i c i a sine

00 scrupulo, quotidiana d i l i g e n t i a s i n e impedimento ;

non furtiua

s i g n a t i o ,

non

trepida

g r a t u l a t i o , non muta

benedictio.

Sonant

inter duos psalmie et

hymni, et

mutuo prouocant, (mis

melius

Domino suo cantet.

Talia Christus uidens et

audiens gaudet. His

pacem'

4 3 . sufficiamus A : sufficiam R

I I

cuarraudum

I I

4 5 . obsignat

Rig. :

obsignata

A

obsignatum R I I benedictio om. R I I

4 7 .

r i t e

8R

: recte A

i l e t iure om.

N

I I

nubunt A : nubent

8R

I I 4 8 .

duorum

AR3 :

tuoruni

8R1.' I l 4 9 . uoti : moti

F

I I 5 2 .

et

: est

A

I I < et> si mul ' NR I I 5 3 . docen-

tes A : ducentes 8R

I I exhortantes

A : hortantes

8R

I I 5 4 . alterutro

sus

tinentes om. 8R I I 5 5 . utrique pariter om. 8R I I conuiuio

A :

connubio

NFR

conubio

X

I I

5 6 .

in

persecutionibus

om.

8R

I I

5 7 .

neuter

alterum

celat

om.

A

I alterum

: alterutrum

X

( b i s ) I I 5 8 .

indigens

sustentatur om. A.

I l 6 0 . diligentia

: indulgentia X

I I 6 1 .

muta

: mutua

p

I I 6 2 . sonat X I I 63

prouocauit F

I I domino A : deo

8R

I I cantet

A

:

canet

8R I I 6 4 . christus

0R : sps A

Page 157: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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v1n,

6-8 149

6 . Où vais-je puiser

la

force

de

décrire

de

manière

satis

faisante l e bonheur du

mariage

que l'Église

ménage,

que

confirme

l'offrande,

que

scelle

la

bénédiction

;

l e s

anges

l e proclament, l e P è r e

céleste l e r a t i f i e . Ici-bas, non

plus,

les enfants ne peuvent se marier

selon

l e s formes et selon l e

droit sans

l e consentement paternel.

7 . Quel couple que celui de deux chrétiens, unis par une

seule

espérance,

un seul désir, une seule

discipline, l e

même

service

  Tous deux

enfants

d' un

même

père,

serviteurs

d'un

même

maître

;

rien ne l e s sépare, ni dans

l'esprit ni dans

la chair ; au contraire, i l s sont vraiment

deux

en une seule

chair0. Là

la chair est une, un aussi est l ' e s p r i t . Ensemble

i l s prient, ensemble i l s se prosternent, ensemble i l s observent

les jeûnes

; i l s s'instruisent* mutuellement,

s'exhortent

mutuellement, s'encouragent mutuellement.

8 . Us sont l'un

et

l'autre

à

égalité dans

l ' é g l i s e de

Dieu,

à égalité

au

banquet de Dieu,

à

égalité dans les épreuves,

les persécutions, les consolations. Entre l'un et l'autre aucun

secret,

entre l'un et l'autre aucun faux-fuyant, entre

l'un

et

l'autre

aucun motif de peine. C ' est en toute liberté que

l'on visite les

malades,

que

l'on

assiste les indigents.

Pour

l'aumône pas

de tracasseries, pour l e sacrifice

pas de

contre

temps, pour

l'observance

des

devoirs

quotidiens

pas

d'en

tra ve

;

pas de

signe

de

croix

f u r t i f , de

salutation

inquiète,

de

bénédiction

muette. Entre eux

deux,

psaumes

et hymnese

retentissent ; i l s

se

provoquent mutuellement pour savoir

q ui chante

l e

meilleur chant à son Seigneur. Le Christ se

réjouit à

cette

vue et à ce

concert.

I l leur envoie sa paix'.

c . Cf. Gen. 2 , 24 ; Matth. 19, 6 ; I Cor. 6 , 16

d. Cf.

Rom. 15, 14

e . Cf. Col. 3 ,

16

t .

Cf.

Ju 14, 27

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7/25/2019 A Son Épouse

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150 A SON EPOUSE,

I I

6 5 suam m i t t i t . Vbi duo», i b i

et

i p s e ; ubi

et

i p s e , i b i e t

malus non e s t .

9 .

Haec sunt, quae apostoli uox

i l l a

sub

breuitate

intellegenda nobis r e l i n q u i t .

Haec

t i b i suggere, s i

opus

f u e r i t .

His te ab

exemplis

quarumdam r e f l e c t e .

7 0 Non l i c e t a l i t e r fidelibus nubere, e t s i l i c e r e t , non

expediret.

6 5 . ubi e t ipse 0R : ubi ipse A o n t . N I I 6 6 . i b i » o n t . A I I 67. breuitate A :

beniguitate

8R

I I

6 8 . relinquit

:

relinquid

A r e l i q u i t 8R I I 69. his te FR :

h i i s te NX i s t e A

I I

ab : ad F

I I

quarundam AR' : quorundam 8Rl-* I I

7 0 .

l i c e t

A0R

:

l i c e a t

N

I I

e t

s i

l i c e r e t

o n t .

A

I I

7 1 .

expediret

8R

: expedit

A

I I Ad

tueorem l i b e r

I I . Explicit.

Incipit

de

exhortatione

castitatis A :

Tertulliani Ad uxorem

l i b e r

secundus e x p l i c i t . Incipit

de

monogamia N :

Q. Septimii

Florentis

Tertulliani (Tertuliani X). Incipit liber

de

fuga

i n

persecutione

0 ,

Page 159: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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vm,

8 - 9

151

Là où

deux sont r é u n i s , i l e s t présent l u i a u s s i * .

Là où

i l e s t

présent, l e

Mau va is

n'a

point de place.

9 . Telles sont l e s pensées q ue

l a

parole de l'Apôtre, dans

sa brièveté, a confiées à

notre

i n t e l l i g e n c e . Rappelle-les

à ton e s p r i t , au besoin. Qu'elles t'aident à éviter l'exemple

q ue donnent c e r t a i n e s . Les chrétiens

n'ont

pas l e droit

de

conclure autrement

leur

mariage e t , s ' i l s en

avaient

l e

d r o i t , i l s n' y

aur aient nul

i n t é r ê t .

g.

Mattb.

18,

20

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COMMENTAIRE

LIVRE

I

1 . conserua :

terme commun

(compagne d'esclavage), q ui

prend

i c i

une signification

proprement chrétienne,

en référence aux

passages du Nouveau Testament, où l e s f i d è l e s sont appel és

serui D ei ( I

Pierre 2 , 16)

ou serui Christi (Éphés.

6 , 6 )

; I Cor.

7 ,

22,

e t c . ) .

C f . Chr. Mohrmann,

Études sur

l e

latin

des c h r é t i e n s ,

n, p .

335-337

;

H. Pêtrë, Caritas,

p .

161-165. —Tertullien

emploie fréquemment cette désignation ; c f . Paen., 10, 4 ;

C u l t . ,

I I , 1 , 1

;

Vx., I I , 8 , 5 : s i

tous

l e s chrétiens

sont

s e r v i Dei,

i l s sont, entre eux, conserui : compagnons de service, unis par

l e s

mêmes devoirs

envers leur unique maître

et

seigneur.

Teeu-

wen

note l'insistance

de

Tertullien

à

souligner que

l e s

chrétiens

n'ont pas

seulement

des

relations de

famille avec

Dieu, mais

aussi des

rapports

de serviteur à

maître,

p .

125-128.

mandare

:

nous

faisons dépendre

ce verbe

de dignum duxi,

à

l ' i n s t a r de prouidere ; peut-être manque-t-il une

particule

de liaison entre l e s deux membres

de

l a

phrase, mais

l'asyndète

est un procédé commun à l'auteur

; c f . Hoppe,

Beitrâge, p . 53-54.

—. L. de i , a

Cerda

rattache

mandare à obserues,

et interprète :

ut obserues e t mandes. S ur obseruare construit avec l ' i n f i n i t i f ,

voir TLL IX, 214.

2 . talibus

tabulai

: conjecture

de

Rigault, suivi par Léopold

et Oehler ; e l l e s' appui e sur l a dittographie de

YAgobardinus

:

talibus

t a l i b u s . Nous

n 'a vo ns pas retenu l a

conjecture

de

Rhena

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7/25/2019 A Son Épouse

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154

A SON épouse,

i

nus

(1539),

q ui proposait

d'introduire

l e deuxième membre

de l a phrase par la conjonction

s t .

—A l ' i n s t a r

des

coutumes

et

des

droits

populaires

orientaux,

l e s

Romains

de

l'époque

impériale

rédigeaient des contrats é c r i t s de mariage (tabulae

nuptiales),

signés

et

s c e l l é s en présence

de témoins a t t i t r é s .

C es documents servaient à attester l a dot et exprimaient l e s

intentions

matrimoniales des époux (Ritzer, o.c, p . 77-79).

Tertullien y

f a i t

allusion plus

loin

:

Vx.,

I I , 3 , 1 . Plutôt q u ' a u x

contrats de

mariage, i l songe i c i

aux

tabulae

testamenti, consignant

l e s dernières volontés du

testateur

; c f . Gaius I I , 104. En e f f e t ,

i l

donne

à tout

l e

traité

l a

forme

d'un

testament.

legatum : l e testateur peut transmettre ses biens de diverses

manières,

soit en pr é v oy ant une succession

à

t i t r e universel,

s o i t

en

recourant

à des l e g s , fidéicommis

ou

donations à cause

de mort. I l peut

instituer

un héritier unique ou plusieurs

héri

t i e r s , en certains cas procéder à l'exhérédation ou à l'omission

de certains héritiers ; c f .

R.

Monier, Manuel

élémentaire

de

Droit

romain, I ,

P ar is 1945,

p .

457-532.

—Le

legatum est une

disposition à t i t r e gratuit

par

laquelle

l e testateur distrait

une valeur de l'ensemble des biens

devant

revenir à l ' h é r i t i e r ,

pour

l'attribuer

à une autre personne que

c e l u i - c i

; en

cas

de

plusieurs h é r i t i e r s , on peut

l a i s s e r

une chose

à l'un des héritiers

q ui

se l'appropriera av ant l e partage ; c ' e s t

un

praelegatum ou un

l egatum per praeceptionem, un prélegs ou un legs par

préciput

(Gaius I I , 221). —Si

Tertullien évoque

i c i l e s

dispositions

testamentaires q u ' i l a prises en faveur de sa femme, l e lecteur

moderne

ne

peut être que médiocrement sensible à ces finesses

de

robin.

demonstrationem : détermination de l'objet par l'un de ses

caractères, par opposition à la désignation nominale (nomen).

Tertullien ne pr étend pas décrire avec

précision, de

manière

exhaustive, en l e s désignant par leur nom, l e s biens célestes

q ui reviendront à sa femme. Mai s cela n'empêchera pas l a vali

dité

de

son

l e g s ,

en

v er tu de

l'adage

:

falsa

demonstratio

non

nocet

(Monier, o.c, p . 522).—oir aussi Pat., 1 , 1 : demonstrationem

e t commendationem

alicuius

r e i . . .

Page 163: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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i .

2-4

155

3 .

solidum

:

allusion aux l o i s augustéennes (Pappia Poppaea—

Iulia de

maritandis ordinibus),

q ui

restreignent

la capacité de

r e c u e i l l i r

l e s

successions

pour

certaines

catégories

de

personnes :

l e s célibataires, frappés d'une incapacité totale ; l e s hommes

sans

enfants, l e s i ng enuae a ve c moins

de

trois

enfants,

l e s l i b e r -

tae

avec

moins

de quatre enfants, tous frappés d'une

incapacité

de moitié

; c f .

Ulpien,

Reg.,

XVI,

1 - 2 .

Tertullien

ironise

plus

d'une

f o i s sur leur compte (Apol.,

4 , 8

; Mon., 1 6 , 4 ) , en soulignant

que l e s l o i s caducaires n'ont aucune prise

sur

l'héritage

céleste

des

chrétiens.

fideicommissum : libéralité de

dernière

volonté, pour laquelle l e

disposant s'en

remet

à

l a bonne f o i d'un f i d u c i a i r e ,

pour

l a

faire

parvenir au

destinataire

( l e

fidéicommissaire). Le

f i d é i -

commis d'hérédité est fréquent sous l e

Haut-Empire,

quand

i l s'agit

de

transmettre

une

succession à

une

femme, un enfant,

un

absent (Monter, Manuel,

n .

243)

; i l

peut

même

embrasser

la totalité

de l'hérédité

: UlpiEn, Reg., XXIV, 25 et

XXV,

15.

Mis

en

cause,

i l

peut

donner

lieu

à

une

controverse

en

«

pétition

d'hérédité

» ,

familière à Tertullien,

puisqu'il

en

f a i t

l e pivot

du

De praescriptione haereticorum ( J . Dénoyez, Le défendeur à l a

pétition d'hérédité privée en Droit romain,

Paris, Sirey,

1953 ;

D. Michaéudès, Foi, Écritures e t Tradition, Paris 1969,

p .

108-

m).

faciat : l e fidéicommis était f a i t uerbis praecatiuis : Gaius I I ,

249.—

ertullien se

meut avec

délices dans

l e

jargon juridique

:

i l

a

pris

toutes

dispositions

u t i l e s ,

afin

que

son é pouse

puisse

r e c u e i l l i r

la totalité des biens

q u ' i l l u i destine

; i l

a vou lu recourir

à la procédure du fidéicommis et à c e l l e du

legs

—comme

l e

faisaient ses

contemporains désireux d'éviter l e s nullités de

forme

(Monier,

Manuel,

n .

374)

; i l a

confié à Dieu lui-même

l'exécution

de

son

fidéicommis.

honor : la doxologie de Tertullien e s t composite ; e l l e s'inspire

essentiellement

d'Apoc.

5 ,

13

et

de

Jude

25

;

c f .

H.

Rônsch,

Das

Neue

Testament Tertullian's,

p .

571.

4 . continentia : comme Yegkrateia grecque, la continentia

désigne

d'abord

l a maîtrise de

s o i ,

l'empire

sur soi-même,

puis

Page 164: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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156

A SON

ÉPOUSE, I

l a

modération,

l a retenue. En

milieu chrétien,

l e terme

s'est

enrichi de connotations

relatives

surtout

à

l'abstinence

sexuelle.

A

la

limite,

i l

désigne

l e

renoncement

au

mariage,

l a

chasteté

parfaite.

angelicam

qualitatem

: l e s hommes admis à l a gloire du c i e l

partageront la

condition

des anges ; i l s ne

connaîtront plus

l e s misères ni l e s besoins

de

la

vie

terrestre.

Contre Valentin,

q ui destinait l e s âmes des élus à dev enir l e s épouses des anges,

Tertullien évoque l e verset de Matth. 22, 30 ( V a l . , 32, 3-5).

Mai s l e s mariages

terrestres ne

seront

pas non plus

restaurés.

C f . C u l t . , I ,

2 .

4

; Res.,

62.

sanctitas : caractère sacré, i n v i o l a b i l i t é , pureté. Tertullien

l'emploie

fréquemment

dans cette dernière

acception. C f .

Vx., I ,

4 . 3 ; 7 . 5 ; 8 , 2 . . .

6 . integritatem : P. Monceaux observe finement à ce propos :

« . . . i l proteste de

t e l l e

sorte et avec tant d'insistance

q u ' i l

trahit

justement son

involontaire

préoccupation

»

(Histoire

l i t t é r a i r e

de

l'Afrique

chrétienne, I ,

p . 191).

dedecoris... spurca

:

Tertullien

ne manifeste aucune indulgence

pour l'œuv re

de chair ;

i l

réserve ses louanges à

l'abstinence

sexuelle,

q ui

anticipe

l a condition angélique. C f . C a s t . , 1 0 .

suspectum

: a l e sens actif i c i , comme en Apol.

21,

20 ; Marc, V, 3 , 4 .

C f .

Hoppe,

De

sermone Tertullianeo, 68.

I I 1 . benedictam a

Deo

: Tertullien a i c i en vue l'institution du

mariage au sens l e plus général, fondée dès l e s origines pour

peupler l'univers

(Gen.

1 ,

2 8 ) . Sa pensée

e s t

parfaitement ortho

doxe, tout

comme

en Marc, I ,

29,

1 ; V, 1 8 . En

C a s t . , 9 ,

i l

abandonnera

cette

position,

pour comparer l e mariage à une

fornication, puisqu'il a pour

objet

une commixtio

carnis

; c f .

Le

Saint,

o.c,

p .

142,

n .

70-72.

seminarium : C'est la conception du Droit romain : l a procréation

est

l a fin

primaire du

mariage

(Ulpien, Reg., I I I ,

3 ) . La

philo

sophie populaire,

à

tendance

stoïcienne,

la r e j o i n t . Les Pères

Page 165: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 165/238

i . 4 -

i i .

2

157

la reprennent (M. Spanneut, Le stoïcisme

des

Pères de l'Église,

Paris 1957, p . 260).

replendo : Pour Tertullien, c ' e s t

chose

f a i t e , ou

peu

s'en faut

(An., 30, 4 ) . Cette opi ni on e xpl iq ue aussi ses théories

antina

t a l i s t e s . Mêmes vues chez Jérôme, Adv. Helvidium 21 : iam

plenus e s t o r b i s , t e r r a nos non c a p i t .

una

mulier : Tertullien y voit l'argument d é c i s i f , q ui

fonde

la

monogamie. I l y

revient avec

insistance

( C a s t . , 5 ; Mon.,

4 ) .

La

doctrine

canonique

classique observe

a u s s i , à pr opos de Gen. 2 ,

24,

q u ' u n

homme

ne

peut,

juridiquement,

engager

son

corps

à

plusieurs

femmes

et q ue l a

pluralité d'épouses

va contre l'exclu

sivité

naturelle de

l'amour. Mais saint Thomas lève

l a difficulté

en rappelant

que,

s i

l e

mariage a

pour

f i n principale la procréa

tion et

l'éducation des enfants, l a polygamie n' y f a i t point

obstacle

( à l a

différence de

l a

polyandrie)

;

mais e l l e

s'oppose

à la f i n secondaire,

l'association,

l a collaboration des époux (G. LE

Bras,

a r t .

«

Mariage

» ,

DTC,

IX (1927), 2175.

S ur l e s origines

juives

de

l'argument,

voir

Aziza,

o . c . ,

p .

204.

permissam :

dans

cette

addition,

apparemment

anodine,

g î t

l e sophi sme f ondamenta l de tout

l e t r a i t é .

Dieu n'a pas permis

l e mariage,

i l

l ' a ordonné (Gen. 1 , 28 ;

2 ,

24 ; c f . Matth. 1 9 , 5 ) .

Dès l e s premières l i g n e s , l a démonstration s e trouve donc infléchie

de manière

irrémédiable ;

l e

commentaire de

l a

Première

aux

Corinthiens i r a dans

l e même sens

: Paul aurait seulement

«

permis

»

l e

mariage,

et

l e

remariage

( c f .

C l .

Rambaux,

Tertullien

e t l e remariage..., p . 1 5 ) .

Vx., I ,

3 ,

2 - 5 .

2 . f i g u r a l i t e r

:

néologisme

de

Tertullien ( T e s t . , 2 ,

2 ) . Nous rete

nons

l a leçon de

YAgobardinus,

q ui

f a i t ressortir l'antithèse

des

adverbes : figuraliter —simpliciter

; c f . J . H. Waszink,

Vig. C h r i s t . , 6 , 1952, p .

184-186.

—Tertullien a condamné à

mainte reprise

l e s

abus

de l'exégèse allégorique

( R e s . ,

33

; Scorp.,

11

;

Pud.,

8 ) ,

mais

i l

n'en

rejette

pas

l e

principe

(0'Mau,ey,

o.c,

p . 125-129 ;

158-165

;

Aziza, o.c, p .

210-214).

in

synagoga

ecclesia : nous

retenons

l a

leçon de

YAgobardinus,

i l l u s t r é e par l e s passages parallèles de C a s t . , 6 . e t Mon., 6 ; c f .

Page 166: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 166/238

I58

A SON ÉPOUSE,

I

Waszink, a r t . c i t . ,

p .

185. Tertullien f a i t allusion i c i à l'interpré

tation allégorique fournie par saint Paul lui-même

dans

Yépître

aux Galates 4 , 21-26, mais i l n'explicite pas

autrement

sa pensée ;

i l

se

contente

de

rappeler

q ue

la

Synagogue est une

figure

de

l'Église ; voir aussi

Marc, 4 ,

22.

simpliciter

: pour Tertullien,

comme

pour l e s

rabbins,

l e

sens

primordial reste

l e sens

l i t t é r a l , sens que

l'exégèse

allégorique

ne peut qu'éclairer sans jamais l ' i n f i r m e r , observe Aziza, o.c,

p .

211.

C'est

l e

sens obvie, commun,

rappelle l'auteur,

conforme

à l a signification ordinaire

des termes et aux

règles générales

de

l a

rhétorique

(H.

Lausberg,

Handbuch,

n .

202).

C f .

An.,

35,

2 ; Bapt., 1 1 , 2 ; Praescr., 27, 2 ; O r . , 4 , 1-2 ; Herm., 19, 1 ;

Marc,

4 ,

1 9 , 6 ;

43,

7 ) .

necessarium f u i t

instituera

:

Tertullien développe

i c i

l'argument

d'un

progrès moral

insensible

et continu de l'humanité

(tempe-

r a r i ) , q ui

n'exclut pas toutefois de brusques

mutations et change

ments de régime légal

(amputari).

Selon q u ' i l polémique contre

l e s

Juifs

ou

contre

Mar ci on

et

l e s

Gnostiques,

i l

i n s i s t e

sur

l'un

ou l'autre de ces aspects

: l a

rupture q ui marque

l'instauration

de l a Nouvelle Alliance,

l'abolition

de l'Ancienne

Loi, ou

bien

la continuité des deux Testaments, leur

unité

fondamentale

(FBEDOUnxB,

o.c,

p .

284-290). Mai s l e

même

processus s'appli

q ue

déjà lorsqu'on passe de

l ' è r e

des

patriarches

à c e l l e de la

l o i

mosaïque. Par rapport à l a

polygamie simultanée

des

pa

triarches,

l e r é gime de

l a

Loi représente

un

progrès

incontes

table,

aux yeux

de

Tertullien.

D'abord,

cette

forme

de

polygamie

est abolie et une certaine

forme

de

monogamie

est imposée ;

l'adultère

est sévèrement châtié ( L é v . 20,

10 ;

Deut. 22,

2 2 ) , mais

l a

répudiation demeure

autorisée {Deut.

24,

1 ) , ou v rant

a i n s i

l a

porte à

l a

polygamie successive. C e l l e - c i , pourtant,

est

inter

dite aux

prêtres

(Lév.

21,

4 ) . Dans

l e

domaine des institutions

matrimoniales, l e Christ est venu parfaire l a Loi, explique

Tertullien. I l a aboli la p o s s i b i l i t é

de

l a répudiation et proclamé

l e

principe

de

l ' i n d i s s o l u b i l i t é

(Matth.

5 ,

32)

;

i l

interdit

toute

forme d'adultère, même en

pensée

(Matth. 5 , 2 8 ) . L'apôtre, sous

l a

mouvance de

l ' E s p r i t ,

eu

égard à l a

proximité

de l a Parousie,

parachève l a circoncision s p i r i t u e l l e des chrétiens : c e r t e s , l u i

Page 167: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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i i , 2 - m,

i

159

non

plus

n'impose

pas l'abstinence

sexuelle, l u i

non plus n' a

pas

aboli

l'institution

du

mariage,

mais

i l

a enseigné et

rappelé

sans

cesse

que

s i

l e

mariage

est

un bien,

à

certains

égards

( I

Cor.

7 ,

2 et

9 ) , la

continence

e s t , de

toutes

façons, un bien supérieur.

Sur tous ces

problèmes

des r appor ts

entre l a l o i mosaïque

et

l e

Nouveau

Testament,

voir D.

Efroymson,

Tertullian's

Anti-

judaism

and

his r ô l e in

Us

Theology, Diss.

Temple

University,

Philadelphie 1975, p . 174-197 ; Aziza, o.c, p .

89-103.

3 . dei

sermo,

ou sermo s e u l , sert à Tertullien pour désigner l e

Logos,

au

sens

christologique. Dans

l e s

é c r i t s

l e s

plus

anciens,

la

préférence est donné e

à uerbum

(Braun,

o.c, p . 256-289).

circumcisionem spiritalem :

l'appartenance

à Yahvé, dont

l a

circoncision

était

l e

signe (Gen. 1 7 , 10) doit atteindre

aussi

les facultés

s p i r i t u e l l e s , l e « cœur » . Cette notion de circoncision

spirituelle n'est

pas

inconnue

de l'Ancien Testament (Lév.

26,

41

; Deut. 1 0 , 16 ;

Jér. 4 ,

4 ) . C f .

Rom. 2 ,

29.

legis

adimplendae

:

allusion

à Matth.

5 ,

17

:

l e

Christ

est

venu,

non

pour

abolir l a

Loi,

mais pour l'accomplir, la par fair e, en l u i

donnant sa forme nouvelle et dé finitiv e (Rom. 3 , 31 ; 1 0 , 4 ) .

Le verset matthéen

est

souvent c i t é par Tertullien.

in

extremitatibus

saeculi :

l a

proximité de

l a

Parousie est un

argument

de poids

dans l e s conceptions

ascétiques

de saint

Paul.

C f .

I

Cor.

7 , 29-31 ; II

Cor.

6 , 8-10. Tertullien l e répète

à s a t i é t é ,

avant même

d'être

passé

au

montanisme.

quas : l e r e l a t i f peut avoir pour antécédent materiae ou

emenda-

tionum.

I I I 1 . praestruam : é t a b l i r ,

poser en principe, en

ce q u i pe r mettr a it

de

f a i r e

jouer

l ' ar gume nt de

prescription et

de

couper court

au

débat : praescribam. Le terme est

fréquemment

employé par

Tertullien (Waszink, o.c, p . 261).

finem

nubendi : l e s mouvements encratites, encour agé s par l a

perspective d'une

imminente

parousie,

n'ont

pas

tardé

à se

charger

d'une i déol ogie dual iste mettant en cause « l'œuv re

Page 168: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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IÔO A SON ÉPOUSE, I

de chair » .

Dans l e s

Slromates,

I I I ,

80,

Clément

d'Alexandrie

s'élève contre l e s impies q ui prétendent que

l e s

relations

sexuelles

sont

une

invention

de Satan. Pour rejeter l e mariage,

certains

allèguent

une

sentence

q u ' i l s

attribuent

à

Jésus

:

« Je

s u i s

venu

pour

détruire l e s

œuvres de

l a

femme »

(Strom.,

III, 63)

et

l i s e n t

dans

l'Évangile

des Égyptiens

( E . Hennecke,

New

Testament

Apocrypha, éd.

W. Schneemelcher, English

translation

ed.

by R. McL. Wilson,

I ,

p . 166). Tertullien attribue ces vues

outrancières de manière générale aux

Marcionites. C f .

Marc, I ,

29 ; IV, 11 ; V, 7 .

uiderint

:

expression

particulièrement

chère

à

Tertullien

( C f .

Oehler, note sur

Cor. 1 3 ,

2 ) .

Souhait

au parfait,

d'usage c l a s s i

que. « C'est l ' a f f a i r e d e . . . pour moi, peu m'importe ce qu'ils en

pensent » .

negantes : l'opposé de c o n f i t e r i , q ui désigne l a profession de

f o i .

Rejeter l e mariage é quivaut à r e j e t e r , à renier l e Dieu de

l a

création.

feminam de masculo : allusion à Gen. 2 , 21-24.

Tirés

du

même

matériau o r i g i n e l , l e s deux sexes retrouvent dans l'union matri

moniale

leur unité

première.

compactions : l a leçon des r e c c . intensifie l a valeur du verbe,

q ui

f a i t image

: Le potier remodèle

en une masse

homogène

l e s

éléments

épars. Le Saint préfère la leçon de YAgobardinus :

computatione.

Tertullien

f e r a i t

allusion

aux

l o i s

mathématiques

singulières qui

régissent

l e

mariage,

où l'addition de deux éléments

donne un (LE Saint, TertuUian, Treatises on marriage and

remarriage, dans Ancient Christian Writers 1 3 ,

Westminster,

Maryland 1951.

3 . uri :

Tertullien donne i c i l'interprétation

commune de

I Cor. 7 ,

9

:

mieux

v aut

se marier

q ue

de brûler des

ardeurs

de la

passion

( c f .

Marc,

V,

7 ,

6 ) .

Dans ses

é c r i t s

montanistes,

i l

y

v e r r a

l e s

flammes

de l ' e n f e r ( C a s t . , 3 ,

6-10

; Mon., 3 , 5-6 ;

Pud.,

I ,

15

;

1 6 , 16-17).

Page 169: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 169/238

n1, 1-4

161

quale hoc bonum

e s t

: Tertu1lien continue de déprécier l e maria

ge,

en commentant l e s c ompar ai son s de l'Apôtre.

Mais

i l

en

tire un argument des plus fallacieux : la seule valeur positive

du mariage s e r a i t d'empêcher l e s

ravages de

la

concupiscence,

l e s débordements

de la

luxure

( C l . Rambaux, Tertullien e t l e

remariage,

p . 1 4 ) .

4.

in persecutionibus... fugere :

Si

Tertullien admet encore

i c i

la l i c é i t é de

l a

fuite

dans l e s

persécutions, sur l a base de

Matth.

10,

23, i l

prendra

une

position

intransigeante

lorsqu'il

sera passé

au montanisme.

C f . Cor.

1 , 4 , et

tout l e traité

Defuga in perse-

cutione, q ui doit dater de l'année 213.

At

quanto

beatiores

:

l e

texte

e s t

altéré ;

l a

conjecture

de

Kroy-

mann :

a t quae i s t o beatior r e s ? Quae q ui ualent

beat :

a testimo-

nii confessione

excedere,

est entortillée

à

p l a i s i r et

s'écarte auda-

cieusement de

l a tradition

manuscrite.

Notre

conjecture peut

s'appuyer

sur l e parallélisme de : Atenim quanto m e l i u s . . . Pour

l e

r e s t e , nous retenons

l e s leçons

de A.

q uod

permittitur bonum

non

e s t : paradoxe, q ui a pour dessein

d'exploiter à fond

l a

proposition-clé de toute l a démonstration,

de 2 , 1 à 3 , 6 : l e mariage

est

(seulement) permis. D éclar é

bon

et béni par Dieu, en Vx., 2 , 1 , i l est pratiquement condamné

par cette formule équivoque.

Du

r e s t e , Tertullien n'osera pas

l a

reprendre t e l l e q u e l l e , même dans ses traités montanistes : C a s t . ,

et Mon.,

(Rambaux,

Tertullien e t l e

remariage,

p . 1 8 ) .

s i

probor :

l e s

manuscrits écrivent :

s i ploro, mais quelle

est

l a suite des idées ? Faute de l a découvrir, plusieurs édi teurs

suggèrent de supprimer tout l e passage,

de

necesse e s t , jusqu'à

timeo.

Notre conjecture

—des plus

économiques

—permet,

semble-t-il, d ' o f f r i r une interprétation

plausible

: J e ne puis

échapper à l a mort, c ' e s t l à un

f a i t évident,

une nécessité inscrite

dans l a nature. Mais

quel

est

l e

meilleur p a r t i , pour

un chrétien,

en

période

de

persécution

?

e s t ,

pour

l u i ,

l e

bien

véritable

?

Dans

l a

f u i t e , q ui ne l u i est pas interdite, qui, même, l u i est

expressément permise ? Ou bien, dans l a mort, q ui représente

l'épreuve suprême et décisive (probor) ? Mais s i je redoute de

11

Page 170: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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IÔ2 A SON ÉPOUSE, I

mourir, où peut se trouver pour moi l e bien véritable ? Tertullien

se

refuse

d'envisager cette perspective ; i l l a i s s e

au

lecteur l e

soin

de

répondre à sa place : quod s i t i m e o . . . Bel exemple d'aposio-

pèse

(H.

Lausberg, Handbuch der literarischen Rhetorik, Munich

1973. P - 438)-

suspectam

causam :

Tertullien continue son

travail

de

sape

contre l e mariage.

S ' i l est

(seulement) permis, c ' e s t bien

l a

preuve q u ' i l

ne peut

être

bon.

En

e f f e t ,

ce q ui

est permis

est

suspect

de l ' ê t r e pour une

mauvaise

raison. Au

contraire, ce

q ui

est (véritablement)

bon, i l n' y a pas

l i e u

de l e

permettre,

car

son

excellence

ne

f a i t

pas de

doute

et

s'impose

à

chacun.

La

suspicion est

ainsi

jetée

sur

tous l e s candidats

au

mariage

et au remariage, car Tertullien f a i t d'une pierre deux

coups.

Et i l

pourra,

dans

l e s chapitres

suivants, f a i r e aux veu ves

dési

reuses

de

se

remarier

un

procès d'intention

des

plus

sévères ;

puisqu'elles veulent f a i r e usage

d'une permission, e l l e s ne peu

vent avoir

que des

raisons

suspectes

: la concupiscence de la

chair ( 4 , 3 - 5 ) , l a concupiscence du monde ( 4 , 6 - 8 ) .

IV 1 . impensius : l a leçon des r e c c . semble préférable pour son

expressivité.

spiritum

firmum :

citation de

Matth. 26,

41,

mais l a

Vulgate

é c r i t : promptum (prothumos), q ue Tertullien connaît aussi

(Mart., 4 , 1 ; Mon., 1 4 , 6 ; Pat., 1 3 , 7 ) .

caro

terrena

materia

e s t ,

s p i r i t u s

uero

c a e l e s t i s

:

l e

couple

est

paulinien ( / Cor.

5 , 3

;

7 , 34

;

II

Cor.

7 ,

1

;

C o l .

2 , 5 ) , mais a

ses racines dans l'anthropologie du judaïsme hellénistique

(IV

Macc.

7 , 18

;

Philon,

Quod deus

i mmut., 143 ;

Sag. 1 , 4 .

C f . E. Schweizer, « Rom.

1 ,

3 f . und der Gegensatz von Fleisch

und Geist v or und

bei Paulus

» , Evangelische Theologie 1 5 , 1955,

p . 563-571). Épicure plaçait dans l e corps l ' o r i g i n e de toutes l e s

sensations

et

dans l e p l a i s i r sensible l a racine

de

tout bien ( E .

Br éhier,

Histoir e de

l a

philosophie,

I ,

2 ,

Paris8

1967,

p .

315).

Dans l a polémique engagée par l e s

Platoniciens,

l e s thèses épicu

riennes furent grossièrement travesties au moyen d'un dualisme

des plus réducteurs : l a matière ( s a r x ) dont est f a i t e l e corps

Page 171: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 171/238

ni, 4 - i v , 4 163

(sôma) devint la désignation par excellence du mal moral et

l e s Épicuriens furent

accusés

de rechercher l e s

p l a i s i r s

charnels

l e s

plus

v i l s .

L < a

chair

devint

l e

siège

des

passions

(Diogène

Laërce,

1 0 ,

145 ;

Plutarque,

Mor ., 101

B

;

Philon,

Abr.,

164),

l'opposition de la chair et de l ' e s p r i t l'expression du combat

moral.

C f . I Pierre 2 , 11 ; I Jn 2 , 1 6 . Tertullien s ' i n s c r i t dans

cette ligne de pensée, q ui conv ient bien à son pessimisme et

à son rigorisme. C f . J . Klein,

Tertullian,

p . 233 ; d'Alès,

o.c,

p . 459-461, Braun, o.c, p . 300-304 ; S . Vicastillo, « La caro

infirma en

l a

antropologia de Tertuliano » , Espiritu

26, 1977,

p.

113-120.

3 . aetatis o f f i c i a : on peut hésiter sur l e sens à donner à l'expres

sion. Faut-il comprendre :

l e s

fonctions sexuelles ( c f . Vx.,

I I ,

3 ,

6

:

o f f i c i a sexus), ou bien

:

c e l l e s de

l'âge

mûr, c f . I

Cor.

7 , 36,

ou encore

: c e l l e s q ui correspondent à

leur

âge ? I/auteur de la

IIe à

Timothée recommande

aux

jeunes

veuves de se remarier,

parce q ue l a continence leur serait

trop

d i f f i c i l e

à

observer. Pour

l e s

Anciens,

l a

fleur

de

l'âge

va

de

l a

vingtième

à

l a

q ua r anti ème

anné e

chez

l e s femmes :

Platon, Rép.,

460 a .

decoris

messem :

Tertullien affectionne cette image ; c f .

C u l t . ,

I I ,

3 , 1 ; Fud.,

1 6 , 1 2 .

praemissis : équivalent de defunctus ; c f . Sen., e p . , 99 : quem

putas p e r i i s s e , praemissus e s t .

sanctitati anteponunt : l e

passage est

s i g n i f i c a t i f

du

glissement

opéré par Tertullien

du

sens de ve rtu q ui contr ibue à

rendre

saint (hagiasmos)

à

l'équivalence

établie entre

pureté de

vie

(entendue au sens de

l'abstinence sexuelle)

et sainteté. ( J . BuGGE,

Virginitas, The Hague

1975, p . 67-70).

4 .

Deo nubere

:

l'usage

d' appl iq uer des

métaphores

nuptiales

aux

relations

entre

l'âme

et l e s êtres

s p i r i t u e l s

c é l e s t e s ,

voire

avec

l a

divinité elle-même,

n'est

pas inconnu du

paganisme.

La rencontre de l'âme

e t

de l'ange

remonte

à

l a

doctrine

mandéen-

ne

de

l a

dmuta

e t

à c e l l e

de l a daena

iranienne ( J .

E. Mënard,

L - 'Évangile selon Philippe,

Paris

1967,

p .

1 1 ) . D 'autr es cour ants

Page 172: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 172/238

164

A SON

ÉPOUSE, I

sont venus renforcer cette conception, notamment l a

tradition

vétéro-testamentaire q ui r epr ésente l'union de Yahvé et de

son

peuple

Israël

sous

l a

forme

d'une

union

conjugale,

l e

con

cept

de

YHieros gamos des religions à

mystères,

l'image des

noces de l'âme, é v o q u é e dans l e Banquet de Platon. La l i t t é r a

ture paléochrétienne, marquée d'influences gnostiques,

développe

av ec compl ai sance ces différents thèmes

nuptiaux

(Odes de

Salomon 3 , 42

;

Actes de Thoma s) . L es

commentaires du

Cantique

des

Cantiques ( F .

Ohly, Hohelied-Studien, « Grundzùge

einer

Geschichte

der Hoheliedsauslegung des

Abendlandes

bis zum

1200

» ,

Wiesbaden

1958)

et

de /

Cor.

1 1 ,

2

ont

contribué,

pour

leur

part, à

fixer

l e s conceptions

de

l ' âme sponsa

Christi et

de

ses

divines

épousailles. Tertullien l'aborde

aussi en C u l t . ,

I I ,

13,

7 ,

où l'expression est encore plus

audacieuse :

Deum

habebitis

amatorem. C f .

O r . ,

22, 9 ; Virg., 1 6 , 4 .

diebus ac noctibus

:

ablatif

de durée, au heu de

l'accusatif

( A . Blaisë, Manuel

du Latin c h r é t i e n , p . 91 ; Lofstedt, ZST,

p .

5 1 ) .

dignationem uelut munera maritalia

: Tertullien

f i l e

sa méta

phore matrimoniale,

à propos

des

vierges chrétiennes,

épouses

de Dieu. Leur

union e s t

parfaite, dans un

partage

de tous

l e s

instants.

Et dans un admirable

échange, aux

prières offertes

à

D i eu

comme

une

dot et à

l u i

confiées comme à

leur

Seigneur

et

maître, correspond l e

don de

sa

grâce, comme

un

cadeau

de

mariage. Tertullien

ne

g l i s s e - t - i l pas i c i une

allusion

à /

Cor. 7 ,

3 ?

5 . compensatione : terme technique emprunté au monde

du

négoce

: balance d'un

compte ou s o l d e . Somme

représentant

l a

différence

entre

l e débit

e t

l e c r é d i t , q ue l'on ajoute au plus

faible

des deux pour égaliser

l e s

totaux.

6 . insufficientiam

: néologisme.

Dans sa l e t t r e

à

Furia

( é p . , 54,

1 5 ) ,

saint

Jérôme commente avec v e r v e

ce

q u ' i l

considère comme

autant de vains

prétextes

avancés par

l e s

jeunes

veuves,

inca

pables

de

supporter

l a

solitude

:

«

Mon

petit

domaine

dépérit

de jour en

jour ; l e s biens

que j ' a i

hérités

se

dissipent

; mon

domestique m'a

adressé

des

propos irrespectueux ; ma

servante

ne

tient

nul compte de

mes

ordres.

Q ui

me représentera en jus

Page 173: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 173/238

1 v ,

4-7 165

tice ?

Q ui

s e

chargera

de

payer mes

impôts fonciers

? Q ui s'occu

pera de l'éducation

de

mes jeunes enfants

et

de l a

discipline

de

ma

maisonnée

? »

Tout

cela

relève

de

l a

concupiscence

de

la c h a i r ,

estime l e

moraliste,

de

l a concupiscence

du monde,

déclare Tertullien. Même son

de

cloche chez Origène. Voir

l'Introduction, p .

29-32.

incubare

: être

couché, étendu

s u r . Servius glose : incubare

proprie

dicitur

per

uim

rem alienant u e l l e t e n e r e (Aen., I , 8 9 ) .

« Un vieillard se f a i t

tort

et aux siens de couver inutilement

un

g rand

tas

de

richesses

» ,

Montaigne,

Essais,

I I ,

7 6 .

cultum

: Tertullien

distingue

dans

l a t o i l e t t e féminine (habitus)

la

parure

( c u l t u s ) ,

q ui concerne l e s bijoux et l e vêtement, et

l e s

soins de beauté (ornatus) r e l a t i f s aux soins cutanés et capil

l a i r e s ;

C u l t . ,

I , 4 ; O r . , 2 1 .

C f .

Turcan, o.c,

p .

2 8 .

sumptum, quem non sentias, caedere : l a leçon de YAgobar-

dinus offre un sens recherché, mais s a t i s f a i s a n t . Les recc

sem

blent

représenter

un

essai

de

g l o s e ,

faute

d'avoir

compris

l'image

de c a e d e r e .

1. f i d e l i s :

l e croyant

( p i s t o s ) par opposition à i n f i d e l i s , l e non-

croyant.

Couple

sy mé tr iq ue à

christianus

/ g e n t i l i s . Vx., I I , 2 , 1 .

C f . Braun, o.c, p .

444.

n i s i s i : a souv ent un sens ir oniq ue chez l'auteur ; Hoppe,

B e i t r . ,

130.

pondere... taedia :

emploi du

neutre p l u r i e l à valeur d ' a d j e c t i f .

non Gallicos

mulos

: posséder

un attelage

de mules

e t

des por

teurs

de

belle prestance, exotiques, de préférence, Syriens, Cappa-

dociens, Gaulois

ou Germains, f a i t partie

du

luxe des femmes,

d'après Mart1al I I , 62.

C f . Vx.,

I I , 8 , 3 . La conjecture est

de Rhenanus

;

Rigault préfère

Gallicos multos,

proche de

YAgo-

bardinus,

et

renvoie

à Clément

d'Alexandr1e,

Paed.,

I I I ,

2 7 ,

2 .

■ufficientiam : première attestation chez Tertullien ; Hoppe,

B e i t r . ,

140.

Est-ce un calque

de

//

Cor.

3 ,

5

;

ikanotès ?

Page 174: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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166

A

SON ÉPOUSE,

I

1 . adiciunt

:

l e terme

est

fréquemment

employé

par Tertullien,

avec

l e sens

d'ajouter.

La

conjecture

de Kroymann

:

addicunt>

ne

s'impose

pas.

causas nuptiarum :

une

f o i s de plus, Tertullien semble viser aussi

bien

l e

mariage comme t e l q ue l e

remariage

de l a veuve. C f .

M.

Turcan, « Le

mariage

en

question

? ou l e s avantages du

célibat selon Tertullien » , Mélanges Boyancé, Rome 1974, p. 711-

720.—c i i l déconseille

aux

chrétiens

de

se charger d'une progé

niture, dont

l e s soins constants détournent

du

salut et éloignent

des

choses du c i e l

; c f . C a s t . ,

12

;

Mon.,

1 6 .

serere

: l a leçon des r e c c .

semble préférable.

La méprise

de

A :

gerere

n ' a - t - e l l e

pas été

pro vo q u ée

par un

graphisme

voisin (une

semi-onciale italienne

ou

africaine du vie-vne s i è c l e , pa r e x emple )

et

l'influence rémanente

de

gestiamus ?

praemittere : déjà

l'apologiste Aristide

écrivait q ue l e s chrétiens s e

réjouissent

d'avoir

des enfants, mais s ' i l s en perdent un en bas

âge, i l s remercient l e Seigneur de ce q u ' i l a pu traverser sans

péché l'épreuve de l a vie terrestre ( e d . Geffcken, p . 232) ; c f .

C y p rien, é p . , 4 . Le point de vue de

Tertullien

se fonde sur une

conception également pessimiste, c e l l e

d'un

monde de

péché

[iniquissimo i s t o saeculo) et des épreuves eschatologiques immi

nentes. C es considérations confèrent tout son poids au dernier

argument, c e l u i de « l'unique

nécessaire

» : un chrétien doit

se consacrer

tout

entier à

l'œuvre

de son salut personnel.

2 . legibus coguntur :

q ue l'on

admette

l e s conjectures de Rhena-

nus : coguntur (1528),

ou locantur

(1539),

ou

l a leçon des

r e c c .

:

coluntur, on a i c i une nouvelle allusion aux

l o i s caducaires

augustéennes ; c f . Vx., I , 1 ,

3

; C a s t . , 1 2 , 5 .

p a r r i c i d i i s

: pour

désigner

l'avortement et

l ' i n f a n t i c i d e , Ter

tullien u t i l i s e

l e

terme parricidium, réservé alors au meurtre

d'un

proche

parent (Th. Mommsen, Rômisches S t r a f r e c h t , p .

613).

La

condamnation

des

pratiques

abortives

est

un

thème

commun de l'apologétique

chrétienne,

q ui

fustige

aussi la cou

tume de l'abandon des nouveaux-nés ( J . F. Dôlger, AC 4 , 1904,

p . 1-61; J,H, Waszink,

Abtreibung,

RAC

I ,

p . 55-60; P. Sardi,

Page 175: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 175/238

i v , 7 - v , 4 167

L'aborto

i e r i

e oggi, Brescia 1976, p . 65-100). Tertullien est

re venu plus d'une f o i s sur ce thème, notamment dans l e

De

anima,

25, où

i l

commente

Ex .

2 1 ,

22-25

(LXX)

et

examine

la question de

l'avortement dit

« thérapeutique » ; c f . Waszink,

o.c,

p . 328.

expugnantur : supprimer,

éliminer

;

Tertullien reprend l a

même

image

en

Virg., 14,

3

:

d e b e l l a t o s . . . i n f a n t e s . Kellner suggérait

de

l i r e

: expunguntur

et

y voyait

une

allusion

à

Yaeneum

spiculum,

u t i l i s é

en vue de manœuvres

abortives (BKV

7 , p . 67) ; c f .

An.,

25,

5 .

expeditionis : accomplissement (des prophéties), d'après Blaise,

o.c, p . 331. Mais

Tertullien

ne

j o u e - t - i l

pas i c i sur l e s divers

sens du terme ? Ne prépare-t-il pas l a métaphore militaire du

grand rassemblement de

l a f i n

du monde, auquel seules l e s

veu ves

pourront

s e présenter

sans

bagage i n u t i l e , expeditae,

sans l e s fardeaux e nc omb r an ts q u e

sont

des enfants ?

3 .

sarcina : illustration particulièrement expressive de

Matth.

24,

1 9 .

Tertullien ne

manifeste

aucune

indulgence enve rs l e s

en

fants, aucune sympathie, mais avec une sorte de « hargne »

(Turcan,

a r t .

c i t . , p . 717), « i l c i t e

sans cesse

l e Vae praegnantibus,

pour

détourner l e s femmes d'en avoir, ou même l e s en dégoûter » ;

c f . Mon.,

1 6 ,

5 ) .

4 .

nubebant

e t emebant

:

allusion

à

Le

1 7 ,

27

et

28, où

i l

est

question

non seulement

de l'époque

de Lot,

mais

aussi de celle

de

Noé.

Le r appor t à Sodome et Gomorrhe est

des plus

ténus,

mais i l

e s t c l a i r q ue

Tertullien

tient

à

placer

son allusion

aux

vices q ue l a

Bible

impute aux habitants de ces v i l l e s .

Du

r e s t e ,

i l y revient

souvent

dans

ces

é c r i t s ; c f . Barnes,

o . c . ,

p . 216.

q ui d er go f i e t ? Tertullien

n'explicite

pas sa

pensée ;

i l l a i s s e au

lecteur

l e

soin

de r é pondr e

:

«

Mais

qu'adviendra-t-il

donc,

s i

l e s

vices qui

depuis

toujours

sont

en abominati on devant Dieu

(continuent

d'être commis... ?

—ertes,

l e feu

du

c i e l détruira

l e s c i t é s

pécheresses

» ) . D'où

l'invocation

: Ab

Us nunc nos

arceat

( s . e . :

Deus)

  C f . Paen,,

3 , 3

;

a q uo Deus a r c e a l . , .

On

pour

Page 176: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 176/238

168 A SON ÉPOUSE,

I

r a i t comprendre

a u s s i , avec

Kroymann

:

Ab Us

nunc nos arceat

(tempus).

tempus

in

collecto

e s t :

citation

particulièrement

chère

à

Ter-

tullien

(une

bonne

dizaine

de références)

; l a

Vulgate é c r i t

:

tempus

brève e s t (Rônsch,

o . c . ,

p .

673).

VI 1 .

par en

tant

: l e terme

e s t

emprunté

à l a

langue liturgique

païenne : o f f r i r

un

s a c r i f i c e ,

célébrer une cérémonie

funèbre

en

l'honneur d'un mort ; apaiser l e s mânes de quelqu'un.

2 .

lauacro

: bain, action

de

se laver, purification.

En

latin

chrétien,

synonyme

de

baptisma, baptismus, i n t i n c t i o . C f .

Teeuwen, o.c, p . 47 s .

carnem suam obsignant : marquer

d'un

sceau, mettre

l e s

s c e l l é s

sur ; image expressive,

pour

é vo q ue r l e propos de continence

perpétuelle. C f .

C u l t . ,

I I , 9 , 7 : s e spadonatui

obsignant,

com

mentant Matth. 1 9 , 1 2 .

3 .

plane : fréquemment employé par

Tertullien,

pour introduire

un

développement ironique

; Hoppe, Syntax und S t i l ,

p .

112.

Romae quidem : l e collège des Vestales (quatre, puis s i x ) avait

pour fonction

première d'entretenir

l e

feu sacré. L , e s aspi

rantes

à

cette

charge

prestigieuse entraient

dans l e ministère

entre

six

et dix ans ; e l l e s devaient l'exercer pendant trente ans

et étaient astreintes à une exacte chasteté- I , e collège dura

plus de

mille

ans ; i l

fut

supprimé par Théodose, en 389.

ignis i l l i u s

inextinguibilis

: Ter tullien v oit dans l e feu

sacré

gar dé par l e s Vestales l'image du feu

inextinguible

réservé

au

démon et

à ses

sectateurs,

d'après

Me

9 , 44.

cumipso dracone curantes : Paulin de Nole, Caim., 32, 143 s . ,

rapporte

l'opinion selon laquelle

l e s

Vestales

nourrissaient

un dragon :

Vestae

quas

virgines

aiunt

j

Quinquennis

epulas

audis

portare draconi

/

Q ui

tamen aut non e s t , aut s i e s t ,

diabolus

ipse

e s t

/

Humani generis

contrarius

antea

suasor. Tertullien

y

voit

l e

Dragon

satanique, selon

l'exégèse de Ps.

9 1 ,

3 ,

/ s .

27, 1 ;

c f .

Gen. 3 ,

1

et

Apoc, 20, 2 .

Page 177: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 177/238

v , 4 - v i , 4 ïû9

4 . Aegium oppidum : l i e u

de

naissance supposé

de

Zeus, nour ri

par l a chèvre ( a i x ) Amalthée. On

y

vénérait une statue de

Héra

(=

Junon),

dont

l e

culte

était

réservé

aux

femmes

;

c f .

Pauly-Wissowa,

a r t . « Aegium » .

sortitur : sens passif ; c f . Apol., 2 , 8 ; Hoppe, Synt., p . 62.

insaniunt :

l a

Pythie de D el phes était

censée rendre ses oracles

sous l'empire de la divinité ; comme l'étymologie platonicienne

f a i s a i t dériver

manteia

( l a divination) de

mania ( l e

transport

divin

résultant

de

l ' i n s p i r a t i o n )

f .

Phèdre

244

b

s

;

Timée

7 1 e -

72

b ; Ion 522 è - 534 e —l e s chrétiens ne manquèrent

pas d'attribuer

au

désordre mental,

au

d é l i r e

de

l ' e s p r i t provoqué

par des influences démoniaques, l e s vaticinations de l a Pythie.

Origène, Contre C e l s e , VII, 3 et

5

; Jean Chrysostome,

In

Cor., hom., 2 9 , 1 .

nubere nesciunt : c ' e s t une conception largement r épandue

dans

l e s

cultes

de

l'Antiquité

qu'une

femme

devenue

digne

d'appro

cher un dieu doit s'abstenir de relations conjugales avec

un

homme.

E. Fehrle,

D ie kultische Keuschheii im Altertum, p . 7

et 75.

Africanae Cereri : dès l ' époq ue augustéenne on observe en

Af ri que

une

identification entre l a C é r ès a f r i c a i n e , autrefois empruntée

aux

Grecs,

et

I s i s .

J . Bayet, Histoire politique e t psychologique

de l a religion romaine, 2e é d . , Paris 1973, p . 205.—es fidèles

de C é r ès se préparaient au sacr um anniversarium de l a déesse en

se privant de

pain

et de v in pendant neuf j o u r s . Le castus

Cereris

comportait,

en

outre, l'obligation de

garder l a chasteté,

pour

se

trouver en état

de

pureté r i t u e l l e ; i l est concevable q ue

la

prescription

momentanément obligatoire pour l e s f i d è l e s

a i t été perpétuelle pour l e s prêtresses. C é r è s était donc l a déesse

chaste par

excellence, comme

Bona Dea ; c f . Juvénal, VI, 50 ;

165

;

O v ide,

am.,

I I I ,

1 0 ,

1-6

;

15-16

;

m e t . ,

X.

433.

E. Le

Bonniec,

Le

c u l t e de

Cé rès

à Rome

des

origines

à

l a fin

de

l a

République, P ar is 1958, p . 406-412. G. Wissowa, Religion

und

Kultus des Rômer,

Munich 1912, p . 301.—Tertuixien reprend

ces

ex empta en C a s t . , 13 et Mon., 1 7 .

Page 178: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 178/238

170 A SON EPOUSE, I

filiorum : d'après Quintilien 9 , 3 , 63 : cum marem faminamque

f i l i o s dicimus, l e

terme

pourrait d ésigner l e s enfants des deux

sexes,

mais

l'insistance

est

i c i

sur

l a

nécessité

d'éviter

tout

contact

masculin ; c f . C a s t . ,

1 3 , 2 .

5 .

diabolus

:

grécisme

de l ' I t a l a (Rônsch,

p .

333). Le terme re

monte à l a Septante, qui rendit ainsi l'hébreu :

Satan,

en l u i

donnant l e sens de l'Adversaire par excellence, celui q ui cherche

à

séparer

l'homme

de Dieu

( d i a b a l l o ) . C f .

ThWB

I I ,

71.

Pour

Tertullien,

l e

Diable est

l e

prince

des puissances

démoniaques.

C e l l e s - c i

rassemblent

l e s

anges

pervertis,

q ui

se

sont

«

précipités

du

c i e l vers

l e s f i l l e s

des hommes » ( C u l t . , I , 2 , 1 ) , et

leur

descen

dance

(Apol.,

22 ; Virg.,

7

; I d o l . , 9 ;

Marc, V, 8 , 1 8 ) .

Animé

d'une fureur jalouse, Satan en veut tout

particulièrement à

l a

nature

humaine affranchie par l e

baptême. Prince

de ce monde,

i l

a séduit l e s païens

par

toutes l e s

formes

de

la divination

et des cultes rendus aux faux dieux (Apol., 2 3 ) , qui

imitent

à

s'y

méprendre, parfois, l e s

mystères et

l e s coutumes

de l a

religion

chrétienne

( C o r . ,

15

;

Praescr.,

4 0 ) .

C f .

d'Alès,

o.c,

p .

153-161 ;

J . Fontaine,

«

S ur

un

t i t r e de Satan

chez Ter-

tullien :

Diabolus interpolator » , dans SMSR

3 8 , 1967,

p .

197-

216.

VII 1 .

indumento

i n c o r r u p t i b i l i t a t i s : allusion à

/

Cor. 1 5 , 53 et

II

Cor.

5 , 2

; c f .

C u l t . ,

I I ,

6 ,

4 .

ad

sustinendam

nouissime

:

plusieurs

traductions

seraient

pos

s i b l e s : a ) l a

continence permet

d'attendre, d'espérer,

avec

une

plus

grande

assurance l'accomplissement de

l a volonté de Dieu,

q ui se mani fester a à l a

f i n

des

temps

(LE

Saint,

o.c,

p . 121) ;

b ) l a continence permet de

r é a l i s e r ,

dès à présent, l a volonté

plénière,

véritable de Dieu. C'est

l e sens vers lequel

conduit

l e

développement

q ui s u i t .

C f .

C a s t . , 3 , 4 .

2 .

per

dei

uoluntatem

:

Tertullien

recourt

souvent

à

cet

argu

ment, qui relève du chantage au divin.

3 .

e t s i

non delinquas renubendo

:

l a

déclaration

mérite d'être sou-

Page 179: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 179/238

v i , 4 - v u, 4 I7 I

lignée ; Tertullien modifiera son opinion dans

ses

é c r i t s monta-

nistes (CasL, 9 ; Mon., 9 )

pressuram

: allusion à I Cor. 7 ,

28,

où Paul

parie

des vierges

et des c é l i b a t a i r e s , qui connaîtront

l e s

tracas de

l a

vie

conjugale,

s ' i l s se marient.

4 .

disciplina ecclesiae : l e

passage e s t

bien de

nature

à i l l u s t r e r la

célèbre proposition de

Praescr., 43,

2 : doctrinae index disciplina

e s t . Les

règles

de v i e , l e s préceptes et l e s r i t e s de l'Église explicitent

sa doctrine

sur

t e l

point.

Disciplina

est

l'un

des

vocables

l e s

plus chers q ui soient à Tertullien (319

emplois

recensés). I l a

donné

l i e u à de

nombreuses études

(signalées par Braun,

o.c,

p . 419-421 ;

423-426),

notamment

de l a

part de

H.-I.

Marrou

et de

V.

MOREL.

digamos : allusion à I 7m».

3 ,

2

et

1 2 , et

Tite

1 , 6 . Out re l ' i n t e r

diction relative à l a bigamie successive, l e s é g l i s e s ne manquèrent

pas de

reprendre

l e s interdits vétéro-testamentaires concernant

la

bigamie

interprétative

(Lév.

2 1 ,

7

et

14)

:

l e s

prêtres

ne

devaient

pas non

plus

épouser

une

femme v euv e, di vor cé e ou prostituée.

C f . P. Hinschius, System des katholischen Rechts, I , Berlin 1869,

p . 23-26.

adl egi i n ordinem

: l'existence de « collèges » de veu ves est

attestée

dès

l'époque

subapostolique dans

l e s

communautés

chrétiennes ; l'accès à ces corps privilégiés

est

soumis à des

conditions

fixées

par

l'autorité

ecclésiastique

:

I

Tim.

5 ,

3

et

9

;

Tite

2 , 3 . A l'époque de Tertullien, l a réception dans Yordo

des

veu ves n'est pas

effectuée

par

une ordinatio, au sens fort

du terme. C f .

Tradition apostolique, 10

:

« on ne

l u i

imposera

pas la

main, parce qu'elle

n'offre pas

l'oblation et n'a

pas de

service

liturgique. Or

l'ordination se f a i t ,

pour l e s

c l e r c s , en

vue

du

service liturgique. La veuve, e l l e ,

est

instituée pour

l a p r i è r e , q ui est ( l e rôle commun)

de

tous » ( é d . Botte, Munster

1963,

p .

3 1 ) .

uniuiram : allusion à I Tint. 5 , 9 , q ui exige en outre un âga

avancé (soixante a n s ) . Au milieu

du

1 1 e

s i è c l e , on accueille

aussi

dans

l'ordre

des

veuves

des jeunes femmes, qu'elles aient été

Page 180: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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172

A

SON EPOUSE,

I

mariées

ou

non.

Ignace d'Antioche, Smyrn.,

1 3 ,

1 ,

parle

des vierges

appelées

veuves

;

Tërtullien, Vit g . , 9 , 2 , mentionne

l e

cas

d'une

vierge

entrée

dans

l'ordre

des

veuves

dè s

l'âge

de

vingt

ans

( c f . J .

Viteau, « L'institution des

diaconesses

et des veu ves » , RHE

2 2 ,

1926,

p .

513-537

;

L.

Bopp, Das Witwen-

tum

der

a l t e n Kirche, Regensburg

i960).

candida :

adjectif

substantivé : l a toge blanche du candidat

aux dignités o f f i c i e l l e s

;

c f .

Rônsch,

0 . c, p . 638. Par métonymie,

honneur, dignité, prestige ( c f . Cor., 1 , 3; Marc, IV , 7 , 13;

V,

20,

6 ) .

Le

mot

peut

aussi

prendre

l a

signification d'espoir,

attente ( C o r . , i ,

3

; Marc, IV,

34,

14 ; An., 5 8 , 2 ) . Même

raisonne

ment

dans l a l e t t r e du pape S i r i c e aux é v ê q u e s

d'Afrique,

citée

par l e concile

de

Thela

(24

février 418) ; c f . C . Munier, Concilia

Africae, p .

60.

5 .

caelibatuum : c ' e s t l a

leçon

q ui semble

sous-tendre l e s

manus

c r i t s ;

Kroymann

propose caelibalium, q u ' i l faudrait substantiver.

pr o

diaboli

aemulatione :

l e thème

du diable,

rival de Dieu,

f a l

sificateur

de toute v é r i t é , q ui f a i t du saeculum

l e royaume

du

mensonge,

est

familier

à Tërtullien, c f . Braun,

o.c, p . 33

;

Fontaine,

«

Diabolus interpolator

» , SMSR 38, 1967, p .

167-

216.

Pontifex Maximus : i n s t i t u é , selon l a tradition, par Numa, l e P.M.

a

l a

haute

main

sur

l e

foyer

public,

l e

calendrier

et

l e s

f ê t e s ,

l e choix

des

Vestales et du

flamen

d i a l i s , l a discipline sacerdotale,

l a surveillance des religions familiales et

l e

culte des

morts

( J . Bayet, Histoire politique e t psychologique de l a religion

romaine, Par is 1973, p . 101). Auguste se f i t revêtir

de

cette

dignité par l e s comices ; ses successeurs, dès leur avènement,

se

déclarèrent

grands pontifes, mais i l s ne se considèrent pas

l i é s par l e s règles restrictives obérant l a fonction du P. M.,

ne

pas

quitter

l ' I t a l i e ,

ne

pas

regarder

de

cadavre,

ne

pas

se

remarier ; c f . Pauly-Wissowa, ad uerbum.

affectat :

l e diable

contrefait l e s sacrements

des

chrétiens,

l e

bap

tême (Bapt., 5 ,

3

; Praescr.,

40,

3 ) , l a confirmation (Praescr.,

Page 181: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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v n, 4

- vin,

4 173

40,

4 ) . l'eucharistie ( i b i d . ) ,

l e

marty r e ( i b i d . , Cor., 1 5 ,

3

: quasi

mimum martyrii), à propos des

r i t e s du culte

de Mithra.

C f .

CasL,

13

;

Mon.,

17

(d'Alès,

o.c,

p .

159).

1 .

uenite ;

disputemus :

citation

d ' I s .

1 , 17-18

;

Tertullien et

l a

Septante sont plus proches de l ' o r i g i n a l hébreu q ue l a Vulgate :

u e n i t e , arguite me ; c f . 7 s . 43, 2 6 .

2-3. operosius... laboriosior : l'antithèse de l a

vierge

et de

l a

v e u v e

conduit

Tertullien

à

f a i r e

r e s s o r t i r

l ' e f f o r t

personnel

et

l e

mérite

q ui en résulte pour

cette

dernière. C e

n'est

pas à dire q u ' i l

ignore

l a

nécessité de l a grâce divine, même dans une sentence

aussia brupte

q ue :

quaedam sunt diuinae l i b e r

a l i t a t i s ,

quaedam

nostrae

operationis ( § 3 ) ,

qui semble

opposer l'absolue

gratuité

du don de

l a

chasteté parfaite, à l 'œuvre d i f f i c i l e de l a viduité.

C f .

J .

Riviè re, a r t .

«

Mérite

» , DIC

1 0 , 619-623.

3 .

modestiae

:

Tertullien

aime

à

é vo q ue r

l a

retenue,

l e s

mœurs

réservées, l e s habitudes de simplicité de l a Rome antique.

I l

dénonce tout particulièrement l e s raffinements de l a

table,

l e luxe vestimentaire, l e train de v ie i nsolent (Apol., 6 ; Pal., 4 ) .

C'est là un thème commun des moralistes et des satiriques latins

q ui voient dans l'émancipation de l a femme l a cause première

de l a décadence des mœurs ( J . Carcopino,

La

v i e

quotidienne

à l'apogée de

...Empire,

Paris

1972, p .

112-124).

4 . Bonos

corrumpunt mores...

:

Tertullien répète

cette citation

de

Ménandre ( I

Cor.

1 5 ,

33)

en Vx., I I , 3 , 4 , où i l se

tient

plus

près de

l a

version

africaine :

conrupunt

ingenia

bona

confabula-

tiones pessimae (Von Soden, Dos

l a t e i n i s c l i e

Neue Testament

in

A/rika zur

Zeit

C ypr ians, Leipz ig 1909, p .

98)

; c f . O'Malley,

o . c . , p . 9-11.

loquaces, otiosae, uinosae

:

emprunts

à I Tim. 5 ,

1 3 .

Le f a i t

mérite d'être

souligné,

car Tertullien ignore résolument l e verset

précédent, qui

contredit en ter mes exprès l a thèse du premier

l i v r e de YAd uxorem.

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7/25/2019 A Son Épouse

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174 A

SON

EPOUSE, I

ingerunt : l a conjecture

de

Kroymann semble s'imposer, car

inrepere n'a jamais

l e

sens t r a n s i t i f chez

Tertullien.

5 . uniuiratus : néologisme ; HoppE, Beiirâge, p . 140.

s i

i t a euenerit

: s i

prior t e fuero

uocatus

;

c f .

Vx.,

I ,

1 ,

1 .

Page 183: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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LIVRE II

I

1 .

proxime

:

l e

deuxième

l i v r e

a

suivre

de

près

l e

premier.

diuortio uel

mariti excessu : Tertullien

semble mettre

i c i sur l e

même plan l e remariage apr ès div or ce et l e remariage d'une

veuve. Comme i l

ne

précise pas

l e s

conditions dans

lesquelles

ont eu

lieu l e s

divortia q u ' i l a i c i en vue, on en e s t réduit à des

conjectures,

quitte

à éclairer

ce passage

par

d'autres,

où l'auteur

expose clairement son a v i s . D'après

l'argument

de Vx., I I ,

i l

serait

logique

de

songer

à

des

chrétiennes

converties

du

paga

nisme et mariées, avant

leur

conv er si on, à

un

païen q ui n'aurait

pas

consenti

à

cohabiter

pacifiquement

aux

termes de / Cor. 7 ,

12-14. Mais rien

n'est

moins s û r . L'auteur

v i s e - t - i l l e

cas de

chrétiennes divorcées d'époux adultères, comme en Marc, IV,

34, 4-7 ? Ce dernier passage est également l'objet de discussions

i n f i n i e s . C f .

H. C r ouz e1,, L' Égl ise pr imitiv e face au d i v o r c e ,

Paris 1971, p . 94-108 ; contra, G. CerETi, Divorzio, nuove nozze

e

penitenza

nella

chiesa

primitiva,

Bologna

1977,

p .

194-196.

Dans

Mon.,

1 1 , 1 0 , Tertullien souligne que

/

Cor.

7 , 39 ne concerne

que l e s femmes qui sont l i b r e s per mortem

utique,

non per repu-

dium facta

solutione,

et i l rappelle /

Cor.

7 , 10-11.

2 . procliuium... labendi ab altioribus : l a tradition textuelle est

flottante. La leçon des recc offre un sens satisfaisant et se

recommande par l a meilleure clausule f i n a l e ,

observe

Kroymann.

1/Agobardinus

é c r i t

:

cauendi

ablationem,

ce

q ui

oblige

à

consi

dérer procliuium comme un adjectif rattaché à nuptiarum :

en évoquant

( l a p o s s i b i l i t é )

de

noces

f a c i l e s ,

j e t ' i n c i t e r a i s à

ne

plus te tenir sur tes gardes. Mais cauendi abl ati onem n ' e s t - i l

Page 184: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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176 A

SON ÉPOUSE, II

pas une leçon erronée

de labendi

oblationem ou

cadendi obla-

tionem ?

numquam

: conjecture voisine

de

c e l l e

de

Kroymann,

nequa-

q uam. Les manuscrits écrivent

quam,

ce

q ui implique l ' e l l i p s e

du comparatif

magis.

H 1 . nuptias suas de ecclesia t o l l e r e t : c ' e s t tout l e problème de l ' i n

tervention de l ' É g l i s e dans l e mariage des

f i d è l e s

q ui est

soulevé

i c i . Voir

Introduction, p .

41.

C f . Vx., I I ,

8 , 2

:

quod ecclesia

conciliat

;

Pud.,

4 .

ac g e n t i l i

coniugeretur

:

i l

s ' a g i t d'une chrétienne

qui

épouse un

païen,

mais est-ce

en

premières

ou en secondes

noces ?

Si

l'on

voit

dans l e passage qui

ouvre l e traité : quarumdam exemplis

admonentibus...

une

anticipation du cas

présent, on

songera

à

une

femme divorcée d'un

époux

païen,

après s ' ê t r e convertie

au

christianisme, et remariée à un païen en

secondes noces.

Tertullien

f a i t porter

tout

l e poids

de son argumentation sur

/ Cor. 7 , 12-14,

mais

l e

r a i so nn eme nt d e

ses

adversaires (rappelé

en Vx., I I , 2 , 2 ) consiste précisément à étendre à tous l e s « ma

riages

mixtes

»

(déjà

conclus

ou

à

conclure) l e

bénéfice

de

I Cor.

7 . 12-14-

consiliariorum

: vraisemblablement des membres

du

clergé local

:

presbytres,

didascales, puisque

l' auteur par le de

forfaiture de

leur part, dans l a

mesure où

i l s

interprètent

l e s Écritures à

contresens.

praeuaricationem : on se

souviendra

des définitions du Droit

romain : Dig., 48, 1 6 , 1 , 1

:

Calumniari estfalsa

crimina

intendere,

praeuaricari uera crimina abscondere,

tergiuersari

in uniuersum

ab accusatione d e s i s t e rx ; i b i d . , 6 : Praeuaricatorem eum e s s e

ostendimus q ui c o l l u d i t cum reo e t t r a n s l a t i t i e munere aecusandi

defungitur, e o

quod proprias q ui dem

probationes

dissimularet ,

falsas

uero

r e i

excusationes

admitteret

(Marcien).

fidelibus

iunctis : nous retenons

l a

leçon de

YAgobardinus :

l e s

adversaires de

Tertullien appliquent l e

texte

paulinien

à

Page 185: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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n,

i-4

177

tous l e s chrétiens mariés à

des

non-chrétiens ;

c ' e s t

pourquoi

i l s

autorisent

aussi l e s « ma r ia ges mi xt es » .

2 .

simpliciter : v . s . Vx., I , 2 , 2 .

3 . de f i d e l i ante matrimonium :

l a

leçon des r e c c . semble

préfé

rable

;

e l l e

est r e p r i s e , en e f f e t , en Vx., I I , 2 , 7 : ante nuptias

fidelem.

Le texte

de YAgobardinus pourrait

être

restitué dans l e

même sens,

en

admettant l a conjecture de Kuijper : de

fidelium

ante

matrimonio, a r t .

c i t . , p .

248.

absolute

:

d'une manière générale, sans

aucune

exception n i

restriction ; c f . Mm., 1 4 , 1 ; O r . , 21, 3 . Waszink, o.c, p . 370.

pronuntiationem

:

emprunt au

vocabulaire

juridique, où

i l

s i g n i f i e : a r r ê t ,

décision

du

juge.

Tertullien emploie ce terme

avec prédilection. I l

l ' u t i l i s e

afin de

souligner

l e

caractère

d'autorité ( l é g a l e ) surnaturelle, q ui s'attache

aux

l i v r e s saints

(Braun, o.c,

p .

462 ; Aziza, o.c, p . 221).

4 . retractandum :

l e

verbe et

l e

substantif correspondant

( r e -

tractatus)

ont

deux significations

e s s e n t i e l l e s chez

Tertullien :

examiner de près, considérer ; c f .

Vx.,

I , 1 , 6 ; 8 , 5 - et

:

mettre

en doute, discuter,

comme

i c i .

Waszink,

o.c, p . 112.

de quo... cecinit : Kroymann voudrait éliminer

ces

mots, où i l

voit une glose

passée dans l e

texte. Le sens

paraît

appeler

l a

conjecture de Rhenanus :

apostolus ( c e c i n i t ) . On pourrait

aussi

défendre l a leçon : spiritus c e c i n i t ; c f . R. Braun, « Tertullien

et l'exégèse

de I Cor. 7 » , dans Epektasis, p . 25, n .

28,

en admet

tant q ue l'auteur identifie l'Apôtre et l'Esprit q ui s'exprime

par son intermédiaire.

tantum in Domino :

l'interprétation de

Tertullien est assurément

conforme à

l'exégèse

traditionnelle du

verset

(Voir

Introduction,

p .

40).

Mais

l e

f a i t

de

recommander

un

mariage

entre

chrétiens

n'admet-il aucune

exception

? Ce q ui

est

primordial aux

yeux

de

l'Apôtre,

est-ce l'interdiction d'épouser

un

païen ou

l e souci de

voir l e s

chrétiens

préserver leur f o i

?

Si

l'époux non chrétien

12

Page 186: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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178

A SON ÉPOUSE, II

respecte l e s

convictions religieuses

du

conjoint, l e

but

du

pr é

cepte paulinien n ' e s t - i l pas

atteint ?

apostolus

sanctus

:

conjecture

de

Rhenanus,

j u s t i f i é e

par

la

phrase

qui

s u i t :

qui

nos ad exemplum

sui

hortatur ; Kroymann

propose

de

l i r e : Me igitur sanctus. I l est vrai que l'abréviation

aps n'est point

attestée

avant l e ixe s i è c l e ; A. Cappelli, Dizio-

nario d t abbreviature l a t i n e ed

i t a l i a n e ,

Milano 1954, p . 2 0 .

formam

:

règle générale,

l o i

;

c f .

Waszink,

o.c, p .

1oi.

5 .

sui

breuitate

facunda

:

antithèse

recherchée

;

l a

facundia

étant l a f a c i l i t é

et l'abondance

du discours,

marques suprêmes

de l'éloquence, i l

est

piquant

d'en

attribuer

l a force

à un mot

unique : tantum.

diuina

uox

: Tertullien emploie uox pour t e l passage

de

l a Bible

et désigne c e l l e - c i , considérée dans son ensemble, par l e pluriel

uoces (Braun, o.c, p . 462). I c i uox est

employé au sens l e

plus

général : l a parole

de

Dieu.

6 . inquinamentum : correspond à molusmos de 7 7 Cor. 7 ,

1

( s o u i l l u r e

de l a chair et de l ' e s p r i t ) , et à

akatharsia

de

Deut.

7 , 26

(chose abominable : i d o l e ) , dans

l a

Vulgate.

7 . eum : Tertullien

emploie

l e masculin pour désigner tous l e s

mariages mixtes, aussi bien ceux des hommes q ue des femmes ;

c f . Pat.,

1 2 ,

5 non alterum adulterumfacit.

8 . s i s p i r i t u s

dederit : allusion à I Cor. 7 ,

40.

Dans l e De

corona

4 ,

6 ,

Tertullien

souligne qu'en

mati è r e d ' obse r v ances et

de

d i s c i

p l i n e , i l

revient

à chaque f i d è l e d'imiter l'Apôtre, et

de prendre

une

décision appropriée,

en

connaissance

de

cause,

car chacun

possède l'Esprit de Dieu, qui

l e

conduit à l a vérité

plénière.

C'est introduire

l e

principe du libre examen, d'autant

que

l e

magistère est cantonné à un rôle de faire-valoir des

opinions

personnelles

de

l'auteur.

quam omnino disiungi : l'adverbe porte

sur toute

l a sentence :

i l vaut mieux, de toute façon, ne pas

contracter mariage

que

de se marier et de l e briser ensuite. Af fi r ma ti on par adox al e,

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7/25/2019 A Son Épouse

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n, 4-9 179

q ui traduit l'estime

de

Tertullien pour l ' i n d i s s o l u b i l i t é ; c f .

Pat., 11-12 ; Res., 39 ; Marc, I I I , 11 ; Pud., 1 9 , 28 (D'Alès,

o.c,

p .

372-375)-

stupri causa : allusion à Matth. 5 , 32 et 1 9 , 9 . La Vulgate é c r i t :

nisi fornicationis causa. S ur la tradition textuelle du verset

aux t r o i s premiers s i è c l e s , voir H. C r ouz el , « I * e texte patris-

tique de Matthieu V, 32 et XIX, 9 » , NTSt 1 9 , 1972

/ 7 3 ,

p . 98-119.

9 . deprehenduntur... deprehensi : allusion à I Cor. 7 , 1 7 , a r t i f i -

cieusement

rattaché à I Cor. 7 , 14-16. Remarquable exemple

de

la

méthode

exégétique

strictement

l i t t é r a l e ,

dans

laquelle

Tertullien s'enfermera de plus en

plus

dans

ses

œuvres

tardives.

Paul parle

de l a

sanctification du conjoint païen dont

l e

conjoint

se

convertit :

Tertullien

en t i r e

argument pour nier

l a possibilité

d'une

sanctification dans

tous l e s

autres c a s .

cum i p s i s a l i i quoque sanctificantur : Tertullien

ne

précise pas

de quelle nature est la sainteté communiquée au conjoint non

croyant,

d'après

/

Cor.

7 ,

1 4 .

Les

commentateurs

expliquent

qu'ici

la

« sainteté »

désigne

moins

l a

sanctification

intérieure

de l'âme q ue l ' é t a t

de

consécration ou d'appartenance à Dieu q ui

en

est

l a

base

: du f a i t de son

union

à un

membre

du

peuple

saint, l e

conjoint

non croyant est rattaché d'une certaine façon

au vrai Dieu et à son Église (BJ, p . 15 1 6 ) . Voir cependant

An.,

39,

4 , à

propos de

l a sanctification des enfants nés de

maria

ges mixtes ; d'Alès, o.c, p . 265 ; Waszink, o.c, p . 444-447.

immundum : l e passage

est

s i g n i f i c a t i f du réalisme parfois

outré

de

Tertullien, « q ui

l u i

f a i t

prendre toutes

choses

dans un sens

matériel, sinon matérialiste » (d'Alès, p .

247).—On notera aussi

l'obsession

de l a souillure

communiquée

par

l ' i d o l â t r e

; l a

souillure

est transmise

par simple

contact

matériel ; i l en

va

de

même

pour

l e s

objets q ui ont été confectionnés ou u t i l i s é s

par

l e s

païens. A z i z a

a souligné l e s

« troublantes ressemblances »

q ui

existent

entre

l e

traité

de

i d o l o l a t r i a

de

Tertullien

et

VA

boda

Zara,

un recueil

de prescriptions

rabbiniques

sur la

conduite

à

tenir

envers l e s

idolâtres

; nombre de

ces prescriptions, emprun

tées

à

l a Mischna e t

à

l a Tosephta, sont

contemporaines de

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7/25/2019 A Son Épouse

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180 A son épouse, n

Tertullien ( o . c , p . 177-186).

Qu'il

s'agisse d'influences plus

ou

moins

directes ou

d'élaborations

indépendantes,

point

n'est

besoin

d ' i n s i s t e r

sur

l a

mentalité

«

magico-religieuse

»

( i b i d . ,

p .

183), q ui

inspire toutes

ces conceptions et

prescriptions.

I I I 1 . stupri reos : l e terme a souvent l e sens large de fornication

(pomeia)

chez

Tertullien,

parfois

aussi c e l u i

de v i o l .

C es deux

significations

semblent

implicites

en

ce

passage, comme i l

apparaît dans l a reprise

un

peu plus loin

:

minus templum dei

u i o l a t ? , où domine cependant

l ' i d é e

de

profanation,

de

sacrilège.

arcendos

ab

omni

communicatione

f r a t e r n i t a t i s

:

allusion

à

/

Cor.

5 ,

1 1 . Commentaire de G. Forkmann,

The

Limits of t h e

Religions

Community,

Lund

1972, p . 139-151.

Vidée selon

laquelle l ' É g l i s e

est

une

communauté sainte,

q ui doit

exclure

de

son

sein certains

pécheurs, a des racines vétéro-testamentaires

( i b i d . ,

p .

16-34). Dès

l e s

origines

chrétiennes, on voit

appliquées

s o i t l'exclusion

définitive des pécheurs

obstinés

(Matth.

1 8 ,

1 7 ) ,

s o i t

l'exclusion

temporaire, à des

f i n s

médicinales,

en vue

d'ame

ner

l e

pécheur

à

résipiscence

( c f .

II

Cor.

2 ,

6-10

;

//

Thess.

3 ,

14

;

Pouycarpe, Ep. ad P h i l . , 1 1 , 4 ) .

tabulas nuptiales :

v . s . Vx.,

I , 1 ,

2 .

adulterium : Tertullien applique l e terme, au sens l a r g e , à

toute

union d'une personne

mar ié e av ec un partenaire

différent

de son

conjoint

—vivant ou

mort,

affirmera-t-il dans

l e

De

monogamia

9 ,

4

 

stuprum : traduit généralement pomeia. Le droit romain l u i

donne une signification précise : relations

sexuelles

d'un homme

marié

avec une

femme

de condition

l i b r e non

mariée,

ou de

personnes non

mariées entre e l l e s , V adulter ium étant

limité

aux

relations extraconjugales de personnes toutes deux de condition

l i b r e .

extranei

hominis

admissio

:

Tertullien

joue

sur

l e s

divers

sens

d'extraneus

: d'une

religion étrangère

—e

q ui

l u i

permet d'assi

miler l e mariage mixte à une profanation s a c r i l è g e , grâce à

l ' a l l u s i o n

f a i t e au

Temple

de J é rusalem ( A c t .

2 1 ,

28-29 ; Éz. 44,

Page 189: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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i i ,

9 - m.

2

181

9 ) ; étranger

à

l a

famille

—e

q ui autorise

l'accusation d'adultère,

avec allusion à I Cor.

6 ,

1 5 .

Mais on observera

q ue Paul parle

de

l a

prostituée

(meretrix,

pornè).

Admissio

peut

avoir

l e

sens

concret de

:

« monte,

s a i l l i e

»

;

c f .

Varrost, Res

rusticae

I I , 1 , 18

; 7 , 1 .

2 . carnis iniuria : Tertullien explicite l'argument

amorcé au

paragraphe précédent par l a

citation de /

Pierre 1 , 1 9 . P ar l e

prix du sang versé,

D i eu

nous a acquis en pleine propriété ;

nous sommes devenus sa

chose,

r e s ; i l e s t , au

sens

propre du

terme,

notre

dominus.

Porter

atteinte

à

une

r e s

relevant

de

l a propriété

q u i r i t a i r e , c ' e s t

commettre

un damnum iniuria

datum, sanctionné par l a l o i Aquilia ( D i g . , g , 2 ) .

omne

delictum uoluntarium : l'Ancien Testament déjà

distingue

entre l e s

d é l i t s

commis

« à

main haute

» (Léo.

1 5 ,

3 0 ) ,

délibéré

ment, qui n'admettent aucune

rémission,

et

l e s

pé ché s par

inadvertance (Lév. 1 5 ,

2 2 ) , pour lesquels

sont pré vus

des

r i t e s

d'expiation.

Par

contre,

l e

stoïcisme

enseigne

l ' é g a l i t é

dans

l e

mal

de toutes l e s fautes, comme

c e l l e

de toutes l e s vertus.

C f .

C ic é ron,

Par adoxa

ad M. Brutum,

par.

III ;

P r o Murena,XXIX-

XXX ; De

finibus,

IV,

27) .

l ^ e s arguments des stoïciens étaient

nombreux ; ayant

défini la sagesse comme un

absolu,

i l s a f f i r

maient : on est ou sage, ou

non

sage, i l n' y a pas de milieu.

« Une chose

est

nécessairement

juste

ou injuste —de même

q u ' u n bois est

nécessairement droit

ou tordu

»

(Diog.

Laërce,

De

clarorum

philosophorum

u i t i s ,

VII,

1 8 ) .

C f .

Spanneut,

o.c,

p . 101,

242, 258. Tertullien

transforme i c i en un principe absolu

un des c r i t è r e s d'évaluation de l a gravité du péché, celui des

personnes contre q ui l'on pèche, dans l a mesure où l a gravité

d ' un pé c hé se t i r e de l'objet de ce péché. Or tout pé ché i mpl iq ue

une

offense envers D i eu lui-même, nécessairement grave. Dans

l e De pudicitia, l'auteur établira une autre distinction entre

fautes plus graves ou moins

graves,

selon q ue

D i eu

seul

ou

l'Église

peut

l e s

remettre.

contumaciae

crimine

: i l

y a contumacia dans l e s

actions, lorsque

l a

résistance

du

défendeur

est

entachée de d o l .

I l

revient au juge

d'apprécier l a f i d e s , c'est-à-dire l'exactitude à remplir un enga

Page 190: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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182 A SON ÉPOUSE, II

gement volontairement p r i s , par voie de comparaison à l'exac

titude que

met

un honnête homme, un bonus uir à accomplir

sa

promesse.

Dig.,

1 6 ,

i ,

27

§

2

;

46,

1 ,

54.

4 . exatructionem : tout ce q ui f a i t r e s s o r t i r

l a

beauté naturelle,

l a rehausse

; c f .

C u l t . , I I , 1 3 ,

7 : medicamentis

e t

ornamentis

e x s t r u c t a e ,

q ui renvoie à c u l t a e e t

expictae,

de

1 2 ,

1 . Si

l'on

voit

dans

l e

terme une allusion plus précise aux

soins

de

l a coiffure,

on songera

aux

é d i f i c e s

savants,

à la mode

sous

l e Haut-Empire ;

c f . Juvénal, S o i . , VI, 502

: altum

a e d i f i c a t caput

(Turcan,

u . c . ,

p .

126-127,

commentant

C u l t . ,

I I ,

7 ) .

oculis Dei : l ' i d é e

est

chère à l a littérature sapientielle et prophé

tique

; c f . I Rois

1 5 ,

19 ; S i r .

1 0 ,

24 ;

1 1 ,

23 ;

17,

13 ; 39, 24 ;

7 s . 1 ,

16 ; 59,

15

;

65, 12

;

66, 4

; Jér.

1 6 , 17

; 32, 30 ;

Job

15,

16 ; 31, 4 .

C f .

Paen., 3 , 9 .

IV 1 . diaboli seruum : par antithèse à seruus Dei, qui désigne l e s

chrétiens

;

v . s .

Vx.,

I , 5 , 1 .

s t a t i o : réunion c u l t u e l l e , d'abord sans célébration eucharistique,

consacrée à des exercices communs de pénitence ; C h. Mohrmann

«

Statio

» ,

Vigiliae

christiana 7 , 1953, p . 221-245, repr. Études

sur

l e l a t i n

des c h r é t i e n s , 3 , Rome 1965, p .

307-330).

L'usage

apparaît

déjà dans Hermas, Sim., 5 , 1 , 1-2 ; e l l e s avaient heu

régulièrement

l e

mercredi

et

l e

vendredi

;

c f .

O r . ,

19,

5

;

23,

4

;

I e i . , 10-14;

An., 48, 4 ;

C o r . , 1 1 ,

3 . —

Pour

l'évolution de

cette

pratique, voir J . SchOmmer, Altchristliche

Fastenpraxis,

mit

besonderer Beriicksichtigung der Schr iften Tertullians, Munster

1933, p . 123-150.

balneas

:

l'exigence

du

mari ne représente pas seulement

un

obstacle matériel aux exercices de l a s t a t i o , mais e l l e oblige

aussi

à

l e s

enfreindre,

car

on

ne

se

bai gne pas

ce

jour-là,

en

signe

de pénitence. Le Talmud

atteste

des

prescriptions

similaires

pour l e s jours de deuil et de pénitence ; Schùmmer, p . 7 5 ; c f .

Paen.,

9 ,

4 : corpus sordibus obscware ; 9 , 6 : cum squalidum

f a c i t ; 1 1 , 3 .

Page 191: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 191/238

Ht, 2 - IV, 2 183

ieiunia : l e s

questions relatives au

jeûne

occupent une

place

i mpo r ta nt e d an s l 'œuvre de Tertullien. I l

leur

a

consacré

tout

un

t r a i t é ,

pour

défendre

l e

point

de

vue

des

Montanistes

en

ce

domaine

(d'Alès,

o.c, p . 475-476). A

l a

suite de P. de L , a b r i o l l e

et

de

J . M. Ford, C l . Aziza a

signalé

l e s ressemblances entre l e

Judaïsme

e t

l e Montanisme sur ce point

( o . c ,

p . 206).

procedendum : sens général de s o r t i r , pour effectuer certaines

démarches ou v i s i t e s , q ui

seront

détaillées au paragraphe suivant ;

c f . C u l t . , I I , 1 1 , 1 - 2 .

2 .

nocturnis

conuocationibus

:

Minucius Félix

mentionne

aussi

de t e l l e s réunions

nocturnes, consacrées à l a p r i è r e , e t sans célé

bration eucharistique

(Octauius,

8 , 4 ; c f . Fug., 1 4 , 1 : habes

noctem). G. Esser

«

Convocationes nocturnae

bei

Tertullian Ad

uxorem I I , 4 » , dans Der Katholik 9 5 , 1916, p . 388-391 ; F. Dek-

kers, Tertullianus

en de geschiedenis der l i t u r g i e , Brussel 1947,

p. 113.

sollemnibus

Paschae

abnoctantem

:

à

l'époque

de

Tertullien,

l a

vigile pascale est célébrée la nuit du Samedi-Saint au dimanche

de Pâques, en Afrique, et

non

l e

14 Nisan ( O .

Casel, « Ar t

und Sinn

der àltesten christlichen

Osterfeier

» ,

Jahrbuch

f .

Liturgiewissenschaft

1 4 ,

1938, p . 1-78 ;

A.

Chavasse, Le sacra-

mentaire gélasien, Paris 1958, p . 87-139 ; 215-252 ; Schummer,

o.c, p . 53-59)-

conuiuium dominicum

: c ' e s t l e

terme paulinien : /

Cor.

1 1 ,

20-33

;

pour

l e s

autres

ter mes de

l'Antiquité

chrétienne

désignant

l a

messe,

voir A. G.

Martimort,

L'Église en

p r i è r e , P ar is 1961,

p . 251-256.

infamant : Pline

l e J eune enquête

sur l'innocence des repas

sacrés pris en commun par l e s chrétiens. Les

apologistes

sont

unanimes à repousser l e s g r i e f s de cannibalisme et d'inceste

l i é s à leurs l i t u r g i e s .

Tertullien

évoque

aussi

l'accusation d'ono-

l â t r i e

:

Nat.,

1 ,

14

;

Apol.,

1 6 ,

1 2 .

C f .

Munier, o.c,

p .

130.

martyris : au sens large ; sur l e couple

:

martyr-conf

e s s o r ,

c f .

D.

Van

Damme, « Martus-Christianos » , Freiburger Z e i t s c h r i f t

f .

Ph. u .

Th., 24, 1977,

p . 286-303.

Page 192: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 192/238

184

A SON ÉPOUSE, II

in carcerem reptare :

en

accomplissement du précepte

de

Matth.

25,

43 ; c f .

Aristide, Apologétique, 15 ;

Lucien, Peregrinus,

1 2 .

3 . osculum : témoignage de l a charité chrétienne,

Yosculum

était en usage dans l'Église

ancienne,

non seulement au cours

des cérémonies

du c u l t e ,

mais aussi pour l e s salutations ordinai

res ; c f . Rom. 1 6 , 16 ; / Cor. 1 6 , 20 ; I Thess. 5 , 26, e t c . ( K l . Thrae-

de, «

Urspriinge

und Formen des

heiligens

Kusses im friihen

Christentum » ,

Jahrbuchf. Antike und

Christentum 11 / 1 2 , 1968/

69,

p . 124-180). Les commentaires

malveillants

ne manquaient

pas non plus à ce sujet

:

c f .

Athénagore,

Leg., 32 ; Clément

d'Alexandrie, Paed.,

I I I , 81.

aquam sanctorum pedibus

offerre

:

allusion

à I Tim. 5 ,

10.

C e r i t e

de

l'hospitalité antique (Gen. 1 8 , 4 ; I Sam. 25,

41

; Le 7 ,

44)

a pris

une

signification nouvelle dans

l e

cadre de l a

célébra

tion

eucharistique, du

f a i t de l'exemple

donné

par

Jésus au

s o i r

du Jeudi-Saint (J n 1 3 ,

1 - 7 ) .

pereger

frater

: l e s

devoirs

de

l ' h o s p i t a l i t é

chrétienne

sont

inculqués

en

de nombreux

passages du Nouveau Testament,

par exemple en Matth. 2 5 , 31-46 ; Hébr. 1 3 ,

1-2

; I Pierre 4 ,

7-11 ; I Jn 3 , 1 7 . Dans l e s communautés, i l s sont surtout l e fait

de l'évê que ( I Tim.

3 , 2

; Tite

1 , 8 )

et des veu ves ( I Tim. 5 ,

1 0 ) .

J . Marty, « S ur l e devoir chrétien de l ' h o s p i t a l i t é aux trois

premiers

s i è c l e s » , RHPhR

1 9 , 1939, p . 288-295 ;

H.

Bolkenstein,

Wohltàtigkeit

und Armenpflege

im vorchristlichen Altertum,

Utrecht

1939

;

H.

Pétrë,

Caritas,

Louvain

1948,

p .

241-266.

V 1 . gentiles nostra noueront : Tertullien est l'un des premiers

témoins de

l a

discipline de l'arcane ; e l l e obligeait

l e s chrétiens

à

garder

l e

secret sur leurs usages sacrés et à réserver

aux fidèles

déjà formés

l a

pleine connaissance des « mystères »

: l e baptême

et

l ' e u c h a r i s t i e ,

en particulier ( P . Battifol , Études h i s t . de

t h é o l . p o s i t i v e , 1 . 1 , Paris 1926, p . 1-46 ;

Article

: « Arkandisziplin » ,

RAC

I ,

667-676.

sub conscientia

iniustorum

: allusion à /

Cor.

1 0 , 29, où l'Apôtre

revendique

l e s

droits de l a conscience

du chrétien

dans l a question

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7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 193/238

i v , 3 - v ,

2

185

des idolothytes : « Pourquoi maliberté r e l è v e r a i t - e l l e du jugement

d'une conscience étrangère

? » C'est l e premier

terme du

dilemme,

opposé par

Tertullien

aux

mariages

mixtes.

sine nostra pressura : allusion à I Cor. 7 ,

32

: un chrétien ne

doit pas se tourmenter pour des motifs

purement

t e r r e s t r e s .

C'est l'autre terme de l ' a l t e r n a t i v e . Or, i l

ne

sera possible à

l'épouse chrétienne d'éviter

ces

tourments, q ue s i e l l e évite

d'informer

de

ses

devoirs religieux

son mari

non

chrétien, hostile

à ces usages.

2 .

margaritas : Tertullien

emploie ce mot

aussi

bien

au

neutre

qu'au féminin

; voir Claesson, ad verbum.

signas : l e

signe

de

l a

c r o i x , tracé sur soi-même, sur d'autres

personnes ou

sur des

choses,

comme

une

bénédiction

ou une

invocation apotropaïque, est attesté dès la

seconde moitié du

1 1 e s . (Actes de Jean 115 : éd. Ivipsius-Bonnet, 1898, p . 215).

Tertullien

en

j u s t i f i e

l'usage

par

Ézéchiel

9 ,

4

:

da

signum

Tau

in

frontibus

eorum  Marc, 3 ,

22, 5 - 6 ) ,

ce q ui

suggère

une forme

correspondant à cette l e t t r e majuscule. La multiplication des

signes de

croix devint

rapidement populaire ; c f . Cor., 3 , 4 .

Au sujet des formes q u ' i l prit et

de

l a valeur q u ' o n l u i attribuait,

voir

F. J . Dôlger, « Beitrâge z ur Geschi chte des Kreuzes » ,

JbAC 1 , 1958, p . 5-19 ; 2 , 1959, p . 15-29 ; Dekkers, o.c, p . 91.

flatu explodis : l e s insufflations et exsufflations sont des

modes

populaires

d'exorcismes

;

c f .

Apol.,

23,

16

;

I d o l . ,

i1,

7

:

q uo

or e

( c h r i s t i anus)

fumantes

aras

despuet

e t

exsufflabit

?

C f . F.

J .

Dôi,-

ger,

«

Heidnische Begriissung und

christliche Verhôhnung der

Heidentempel

—espuere und

exsufflare

in

der Dàmonenbe-

schwôrung » ,

Antike und

Christentum 3 ,

1932,

p . 192.

per

noctem

exurgis :

l'usage est

également

attesté

par l a Tradi

tion apostolique, 50 (Botte, p . 9 2 ) .

magiae :

portée contre

l e s

chrétiens dès

l e I e r s i è c l e , l'accusation

de magie rejoint alors l e s g r i e f s d'athéisme, d'impiété ( a s e b e i a )

et

de s u p e r s t i t i o . Dans cette perspective, est magique tout r i t e

q ui n' appar ti ent pas aux cultes connus et

reconnus.

Mais dans

Page 194: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 194/238

186

A SON

ÉPOUSE,

I I

un

monde où l e s croyances et l e s

pratiques

magiques

sont

com

munes

(en r elation

avec

des forces occultes, numineuses,

malé

fiques),

l'accusation

traduit

l a

crainte

de

pouvoirs

et

d'opérations

de

cet

ordre, q ui appartiendraient en propre

aux

chrétiens ; c f .

Origène, C ontr a C el sum, I I , 55 et 69 ; VI, 38-39.

secreto

: l'usage

de

conserver l e pain eucharistique à domicile

était cher

aux

premiers

chrétiens

; i l leur permettait

l a

commu

nion

quotidienne

;

c f . Or.,

1 9 ,

4 ; Trad. apostolique 22 (Botte,

p . 61) ; Novatien, Spect., 5

; C y p r i e n , De

l a p s i s , 26

H.

LE-

clercq

«

Réserve

eucharistique » ,

DACL

1 4 ,

1948,

c o l .

2385-2389.

ante omnem cibum

: on attribuait

à

l'eucharistie une ve rtu

d'antidote

;

Trad.

apostolique 50 (Botte, p .

8 2 ) .

On

a

vou lu

voir

i c i

une

allusion

au

jeûne

eucharistique

institué par révérence

pour

l e sacrement ; discussion

de

cette question dans

Schùmmer,

o.c,

p. 218-221.

sine gemitu :

on rapprochera de ce

passage Nat., I , 4 , 12, où

Tertullien

décrit la

surprise

d'un

mari,

dont

l a

femme

s ' e s t

convertie

au christianisme.

dotes : l a l o i Julia de fundo d o t a l i

avait

apporté sous Auguste

de

notables

restrictions aux droits jusqu'alors absolus du

mari

sur l a dot. Afin de protéger l e s immeubles dotaux, considérés

comme l a partie l a

plus

importante des biens dev ant revenir

à la femme,

en

cas

de

dissolution du mariage, l a l o i dé cida q ue,

malgré

sa

qualité

de

propriétaire,

l e

mari

ne

pourrait

aliéner

l e s biens dotaux sans l e

consentement

de sa

femme

(Gaius I I , 63 ;

Paul.,

Sent., I I , 21 b , § 2 ; Digeste 23, 5 , 4 ) . Sous l e Haut-Empire

vint s'ajouter

l'interdiction

d'hypothéquer l e fonds dotal. C'est

à obtenir l e consentement

de

l a femme q ue pouvait s'exercer

l e

chantage

à l a

dénonciation, évoqué

par

Tertullien.

arbitrum speculatorem : i l s u f f i t

au

mari

de

menacer l'épouse

q u ' i l portera en justice t e l l i t i g e

surgi

entre l e s conjoints, pour

obtenir satisfaction,

s ' i l estime

avoir

subi

quel que

offense

au

dommage

( s i forte laedantur). 1 , ' a r b i t e r dont i l

est

i c i question

est l e magistrat commis par l e préteur, dans une procédure

arbitrale,

iudicis arbitriue

postulatio (MoniER,

o.c, p . 144).

Page 195: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 195/238

V, 2 - VI,

I

187

Un examen attentif de sa part comporte, pour l'épouse, l e

risque de voir découvrir sa qualité de chrétienne. Tertullien ne

j o u e - t - i l

pas

i c i

sur

l e s

deux

sens

q u ' i l

donne, par

a i l l e u r s ,

au

terme :

speculator

? Tantôt i l l'emploie comme synonyme de :

observateur a t t e n t i f ,

vigilant, à q ui rien ne saurait échapper ( c f .

Apol.,

45, 7 ;

Nat., I ,

7 , 22 ;

Marc, I I , 2 5 ,

3 ) , tantôt comme

synonyme de: espion, délateur   c f . Nat., I , 7 , 22 ; Scorp.,

1 2 ,

3

:

citation

de

/ Pierre 4 , 1 6 ) .

VI

1 . laribus : nous

retenons

l a

leçon

des recc, plus

d i f f i c i l e et

confirmée

par

Mart.,

2 ,

7

:

non

u t i l e s

alienos

d e o s , non

imaginibus

eorum i n c u r r i s , non sollemnes nationum dies ipsa

commixtione

participas, non nidoribus spurcis u e r b e r a r i s . . .

ancilla Dei:

fréquent

pour désigner l a chrétienne. C f . C u l t . , I , 4 , 2 .

daemonum : derrière l e s dieux des nations se cachent l e s dé

mons q ui s'arrogent ainsi l e culte dû au seul vrai Dieu ; t e l l e e s t ,

selon

Tertullien

et

nombre

d'apologistes chrétiens— la suite

des

Juifs

l ' o r i g i n e

du

polythéisme

(d'Ai,ès,

o.c,

p .

156-

161 ;

Aziza,

o.c,

p .

177-186).

sollemnibus regum :

l e s

fêtes impériales étaient : l e natalis

Caesaris, anniversaire de l a naissance ; l e natalis imperii, anni

versaire de

l'avènement

; l e s uota publ ica annuels et l e s uota

quinquennalia,

adressés

aux dieux, l e 3 janvier, pour l e salut

de l'empereur et de

sa

famille.

(Wai/tzing,

o.c,

p .

226).

ianua

laureata

:

consacré

à

Apollon,

l e

laurier

a

une

valeur

r eligieuse et purificatrice,

largement

reconnue dans l e monde

antique ( L . Weniger, AUgriechischer Baumkultus,

Leipzig 1919).

consistorio

libidinum

: Tertullien

emploie

à mainte reprise

cette comparaison choquante : Apol., 35, 4 ; I d o l . , 15, 11 ; Cor.,

13, 8 . Properce, 1 , 1 6 , 7 , mentionne l e s couronnes q ui décoraient

l e s demeures

des courtisanes (turpes c o r o l l a e ) ; c f . Lucrèce IV,

1170

;

Ju v éna i,

VI,

79,

227

;

XII,

91.

K.

Baus,

Der

Kranz

in

Antike und Christentum. Eine religionsgeschichtliche Untersu-

chung mi t

besonderer

Berùcksichtigung Tertullians, Bonn

1940

;

R. Turcan, «

L , e s

guirlandes dans l'Antiquité classique » ,

JbAC

1 4 , 1971, p . 92-139.

Page 196: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 196/238

188 A

SON ÉPOUSE, I I

2 . de

scana,

de

taberna,

de gehenna :

l e

passage semble irrém é

d ia bl eme nt c or r o mpu . Nous suivons

l e plus

possible VAgobar-

dinus

;

l a

conjecture

de

Fulvio

Orsini,

suivi

par N.

Rigault,

se

fonde

sur l e s leçons de NFR : dei coena — de scaena. Peut-

être pourrait-on rapprocher de l a leçon de

A

: Dei cenans, Spect.,

13, 4 : cenam Dei edere ?

de

scripturarum interiectione

: en Apo . , 39 3 - 4 , Tertullien

souligne l'importance

des

Écritures

dans

l a l i t u r g i e

chrétienne ;

c f . P. GAUE«DieVorlesungheiligerSchriftenbei

Tertullian

»

11,2 ;

dans

ZNTW

2 3 ,

1924,

p .

141-152.

Voir

aussi

:

C u l t . , I I ,

An.,

9 ,

4 ; Mon., 1 2 , 3 . —

ai s

l e s Écritures

nourrissaient

aussi

la vie

s p i r i t u e l l e

des premiers

chrétiens ; Tertullien semble

faire allusion i c i à l'habitude

q u ' i l s

avaient, à l ' i n s t a r des J u i f s ,

d'émailler

leurs

conversations

entre eux

de

citations bibliques ;

c f .

Ps.

118

(Vg),

43.

VII 1 . excusantur : Tertullien recourt au

même

raisonnement

qu'en

Vx.,

I I ,

2 ,

2 - 4 .

Une

interprétation

s t r i c t e

de

/

Cor.

7 ,

17

l u i

permet de réserver aux unions préchrétiennes devenues

« mixtes » l e bénéfice de l a sanctification du conjoint non croyant

et l ' e s p o i r de

sa

conversion.

Le

raisonnement est spécieux

:

au

l i e u

d'envisager

l a

volonté de cohabiter pacifiquement de la

partie non cr oyante, q ui forme l e

coeur

de l'argumentation

paulinienne, Tertullien ne s'attache q u 'à la signification l i t t é r a l e

des

termes

: habet—ocatur—eprehensi ( s u n t ) .

s i ergo ratum e s t : ses pr é mi sses é tant assurées grâce à cette

exégèse a r t i f i c i e u s e ,

notre

auteur conti nue

sa

démonstration :

un mariage préchrétien

devenu

« mixte » est agréable à Dieu

et mérite

l e

patronage de l a

grâce divine.

I l ne s ' a g i t pas i c i

de

sacramentalité

du mariage, observe L.E Saint, o.c, p . 130.

C'est

l a

grâce du baptême qui sanctifie

l e mariage

contracté

dans

l a

g e n t i l i t é .

2 .

t e r r o r i

e s t g e n t i l i

:

Tertullien i n s i s t e

plus sur l a

crainte

de

D i eu q ue

sur l'amour

de Dieu,

comme fondement

du

salut

(Klein,

o.c, p . 96-98).

Page 197: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 197/238

v i ,

2 - vin,

i

i89

instet

: conjecture de Kroymann ; Stephan suggère : mussitet,

à la

suite

de

Rhenanus

( 2 e

é d . ,

1528).

magnalia : seul emploi chez Tertullien

;

correspond aux mcgaleia

de

l ' A . T . , c f .

Deut.

1 1 ,

2

;

Ps.

70, 19 ; Eccl. 36,

7

; 4 2 ,

21

;

Act.

2 ,

11 ; Hermas, V i s . ,

IV,

2 ,

5

; Sim., IX, 1 8 ,

2

; Braun, o . c , p . 108.

dei candidatus

: anticipation

de

la l i t u r g i e chrétienne

baptismale

et de l a robe blanche des élus ; c f . Me 9 , 2 ; Apoc. 3 , 5 ; 7 , 9 .

meliorem factum : l'argument

du

progrès moral consécutif à

l a

conversion

au

christianisme

est

fondamental dans

la

littérature

apologétique

;

Tertullien l u i

accorde

aussi

une place

centrale

dans ses é c r i t s : Nat., I , 4 ;

Apol.,

3 , 1 ;

21

; 31 ;

49, 2

;

Scap., 2 ,

e t c .

I I

1 .

dispectores : vocable

sans

doute

créé par

Tertullien, pour

rendre

l e grec episkopos, epoptès, et exprimer l'omniprésence,

l'omniscience

divines

(Apol.,

45,

1

;

C u l t . ,

I I ,

1 0 ,

4

;

An.,

15,

4 =

S

a g . , 1,6?). E s t - i l formé à partir de

d i s p i c e r e ,

« voir distinc

tement » , ou de despicere, « regarder du haut

de

» ?

Au

sens

profane, de contemptor,

Tertullien

emploie aussi despector.

(Marc,

I I , 23,

1 ) .

C f .

Braun, o.c, p .

129-133 ; Waszink,

o.c,

p . 226.

nonne :

Tertullien

use fréquemment

du procédé,

q ui consiste

à

f a i r e

abstraction

des

développements

antérieurs,

pour

souligner

l a force

d e l ' ar gume nt

q ui vient, observe Turcan, o.c, p .

103.

On a i c i un mouvement du

même

genre : après avoir développé

avec ampleur ses

preuves scripturaires,

Tertullien

affecte de

l e s

ignorer et trouve

un confirmatur éclatant

dans

l e s

dispositions

du

droit romain,

e t l e s usages

des païens.

foras : l e s esclaves ne pouvaient inaugurer un contubernium

avec une compagne d'esclavage q u 'a vec l e consentement de leur

dominus

r e s p e c t i f .

Les

enf ants né s

de

cette

union

appartenant

au dominus

de l a mère,

on

comprend q ue l e s maîtres soucieux

de leurs intérêts aient favorisé l e s unions des esclaves au sein

de leur propre domus.

Page 198: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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190 A SON

ÉPOUSE, I I

■eruituti uindicandas : allusion

au

Sénatus

Consulte

Claudien

(Paul., S e n t . , I I , 2 1 ) , q ui vise l e s femmes

nées

l i b r e s (ingenuae)

cohabitant

avec

des

esclaves :

Si

mulier

ingenua

ciuisque

Romana

uel

Latina alieno s e seruo coniunxerit, s i q ui dem inuito e t denun-

t i a n t e domino in eodem conlubernio perseuerauerit, e f f i c i t u r a n c i l l a .

C f . Ta ci te, An n.,

XII,

5 3 . L'Église eut à prendre position sur

ces

unions

inférieures

(Ps.-Hippouyte, R e f . , IX , 7 ) . C f . J . Gau-

demet, « La décision

de

Callixte en matière de mariage » ,

Studi in onore di U.E. Paoli, Florence 1955—. 333-344 ; Munier

o.c, p . 27-29 ; Veyne, a r t . c i t . , p . 40.

denuntiationem

:

terme

technique,

emprunté au

S.C.

Claudianus

:

sommation, mise en demeure, intimée par l e dominus

de

l'esclave

à l a femme

qui

cohabite

avec l u i ,

d' av oir à

cesser

cette l i a i s o n .—

On observera

avec

quelle minutie Tertullien développe son

raisonnement analogique dans

l e

passage

suivant.

2 . diaboli seruos : l'expression prend i c i toute sa f o r c e , rappro

chée de

l a

teneur

du

S.C.

C f . Vx.,

I I , 4 ,

1 .

status : au sens juridique du terme

: l a

condi ti on q ui définit

la l i b e r t é , l e s droits civiques, l a situation f a m i l i a l e , l e s divers

éléments du statut personnel ; c f . Braun, o.c, p . 199-207.

denuntiatum :

nouvelle

allusion au S.C.

Pour

Tertullien,

l a

déclaration

de / Cor. 7 , 39 é q ui v aut à

l a

mise en demeure intimée

par l e

dominus

par l'intermédiaire de

l'Apôtre.

3 . lautioribus

: témoignage de l a

progression

du christianisme

dans

l e s

milieux a i s é s ,

voire fortunés de l'Afrique romaine.

cinerariis :

c o i f f e u r ,

celui

q ui

f r i s e

au

f e r , chauffé dans l e s cendres

( c i n e r e s )

;

Varron,

De lingua

latina

V,

129 ;

Catulle LXI,

138.

Le

thème

de l a coquetterie féminine ( e t masculine) occupe une

grande

place

dans l'œuvre

de Tertullien.

Pour l e s

soins

de

la

c o i f f u r e , voir surtout C u l t . , I I ,

7 et

Virg.,

7 ,

4

et

1 2 , 2 .

4 . sec<ta t i s : conjecture fondée sur l a leçon des r e c c . 1,'Agobar-

dinus

é c r i t :

s e c t i s , et l e s commentateurs rappellent l e vers de

Juvénal, S a t . , VI, 366 : Sunt quas eunuchi imbelles e t mollia

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7/25/2019 A Son Épouse

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vm, 2-6 191

semper

/ o s c i l l a

d e l e c t e n t

e t desperatio

barbaejEt

quod

abortivo

non

e s t opus. C f . Mar ti al , VI, 67.

libère

:

préférable

à

l i b e r t i s

des

r e c c .

1/

opposition

e s t ,

en

e f f e t ,

entre l e s serui

a l i e n i ,

visés par

l e S.C.

Claudien e t l e s serui proprii.

Les

l i b e r t i de

toute

provenance sont

compris

parmi l e s

ignobiles

du § précédent.

locupletiorem : rétabli malgré

l e s manuscrits

q ui

écrivent :

locupletatiorem. Cette forme

du comparatif

est inconnue

dans

l e reste de l 'œuvre

de Tertullien

; c f .

T e s t . , 5 , 5

; C u l t . , I ,

7 ,

1 ;

I I ,

1 1 ,

3

;

Nat.,

I ,

1 2 ,

6 .

6 .

ecclesia

conciliat :

celui

q ui

ménage

un mariage

est appelé l e

conciliator

nuptiarum

;

c f . Nepos, Atticus

1 2 ,

2 . L'expression

peut être

éclairée par l e s

passages précédents à'Vx.,

I I , 2 , 1 :

nuptias de

e c c l e s i a t o l l e r e t ; I I ,

7 , 3

: a diabolo conciliatur ; I I ,

8 , 3

:

unde

nisi

a diabolo

maritum

petant ?

Pour

Tertullien,

c ' e s t

l'Église

q ui doit ménager et mener à

leur

heureuse conclusion l e s mariages

des

chrétiens

entre

eux.

Voir

l e

commentaire

d é t a i l l é

de

tout

ce

chapitre

dans K.

Ritzër,

Le mariage

dans

l e s é g l i s e s chrétien

nes du Ier au XIe s i è c l e , Paris 1970, p . 110-123, q ue l'on corrigera

et complétera grâce aux études de J . Moingt, « Le mariage des

chrétiens » , dans Mariage e t d i v o r c e , Par is 1974,

p .

220-229   •

H. Crouzel, « Deux textes de

Tertullien

concernant l a procédure

et l e s r i t e s chrétiens du

mariage

» , dans Bulletin de l i t t é r a t u r e

e c c l é s i a s t i q u e

74,

1973, p .

3-13 ;

MuniEr,

o.c, p .

31-35.

e q ui

importe

à

Tertullien,

dans

Y

Ad

uxorem,

comme

dans

ses

traités ultérieurs

d'inspiration montaniste, c ' e s t de dissuader

l e s chrétiens de

contracter

des mariages mixtes ou clandestins ;

c f .

Mon., i 1 ,

1

; P i i d . ,

4 , 4

; l e rôle

de toute l a communauté

ecclésiale

( e c c l e s i a )

n'est

pas p r é c i s é , mais i l

ne saurait

être

négligé, dans l a

perspective

de Tertullien, s i bien

q ue

l'expression

e c c l e s i a c o n c i l i â t ne peut décrire

i c i une intervention du seul

c l e r g é .

confirmat oblatio : dans l e mariage romain, l e s jeunes époux

faisaient une offrande à un autel public. Une inscription

d'Ostie

(CIL 1 4 , 5326) atteste q ue, sous Marc Aurèle, cette offrande

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7/25/2019 A Son Épouse

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I92 A

SON EPOUSE,

II

avait l i e u devant l e s images de l'empereur et

de

l'impératrice,

ob

insignem eo rum concordiam ( J . Gagé, Les

c l a s s e s

sociales dans

l'Empire romain,

Paris

1971,

p .

220).

Quel

a

pu

ê t r e ,

à

l'époque

de

Tertullien,

l'équivalent

chrétien de ce r i t e ? L ' us ag e d ' un e messe

nuptiale, avec

bénédiction du

prêtre, n'est pas

attesté,

en Occi

dent,

avant l e Ve

s i è c l e

(Ritzer, o.c, p . 225). L'auteur du Praedes-

t i n a t u s ,

qui é c r i t à Rome, sous l e

pape Sixte

III (432-440), en

f a i t mention, mais saint Augustin n'en

d i t

rien

encore. Peut-on

admettre

l'existence

d'un t e l

usage, en

Afrique,

dès

l e s premières

années du 1 1 1 e s i è c l e ? Tertullien ne veut-il pas dire q ue la partici

pation

des

époux

chrétiens

à

l a

célébration

eucharistique

de

la

communauté, à laquelle i l s assistent en présentant leurs

offrandes,

est l e

signe et l e gage

d'une union

régulière auxyeux de

l'Église

?

De

toute façon, une

t e l l e union

ne saurait être

ni

mixte,

ni

clandestine.

obsignat

benedictio

:

Augustin

(Sermo

332,

4 ) et s on b io gr a phe

Possidius (Vita

27,

4-6) signalent une bénédiction nuptiale

conférée

privatim,

après

l a

signature

des

tabulae

matrimoniales.

Invité par l e s futurs, l'évê que (ou un

presbytre)

se rend à

l a

maison où se célèbrent l e s noces, signe avec l e s autres témoins

l ' a c t e

de mariage, l e s c e l l e (obsignat) et

donne

aux époux

sa

bénédiction.

I l s ' a g i t

l à d'un r i t e

« domestique » ,

assez voisin

des usages attestés par

l e

Talmud

en

milieu

j u i f ,

dès l e I e r s i è c l e

de notre ère

;

c f .

Ritzer, o.c, p . 62.

angeli renuntiant : l e s anges sont l e s témoins privilégiés du

mariage

chrétien

;

représentants

du

monde

céleste

(Hébr.

1 2 ,

22

;

/ Tim. 5 , 2 1 ) , i l s

y

font connaître

l a

conclusion du mariage

des chrétiens et en informent l e Pè re c é l e s t e . J . DaniÉLOU, Les

anges e t leur mission d'après l e s

Pères

de l ' É g l i s e , Chevetogne

1953, ne signale nulle part ce texte, pourtant s i g n i f i c a t i f , de

Tertullien.

consensu patrum : s i l e consentement matrimonial, donné par

l e s

époux,

est

un

élément

essentiel

du

mariage

romain,

celui du

pater

familias

est requis en outre s i l e s époux sont alieni iuris

(Monier,

o.c, p . 277).

N'y

a - t - i l pas i c i une allusion discrète

au f a i t q ue l e s chrétiens

sont serui

D ei ? Tertullien n ' a - t - i l pas

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7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 201/238

v1n, 6-8 193

rappelé

plus haut (Vx., I I , 3 , 1 ) : non sumus n o s t r i , sed pretio

empti ?

7.

uolutantur

: à l a

différence

des dimanches et du temps pascal,

où la

prière

se f a i t

debout,

en signe de la résurrection

( O r . , 2 3 ) ,

aux jours de station et de jeûne, e l l e se f a i t à genoux, en signe

de

pénitence.

(H.

Lub1enska

de Lenval, La

l i t u r g i e du g e s t e ,

Toulouse

1957).

8. r e f r i g e r i i s : terme

voué

à une belle

fortune

dans l e « latin

chrétien

» .

Sans

perdre

sa

signification

pr emi èr e de

rafraîchis

sement, réconfort, i l en viendra à désigner l e bonheur éternel

(H.

F1ne,

Die

Terminologie

der Jenseitsvorstellungen b e i Tertul-

l i a n , Theophaneia 1 2 , Bonn 1958).

c e l a t . . . uitat : la description des mariages chrétiens forme un

contraste

saisissant

avec c e l l e des mariages mixtes, donnée plus

haut (Vx., I I , 4 - 6 ) . I l n'est guère d'expressions dont on ne trouve

l'équivalent

de

part

et

d'autre,

c ' e s t

ainsi

q ue

l'on

peut rapprocher

c e l a t de celatur ( 5 , 1 ) ; u i t a t de uitatur ( 5 , 1 ) ;

grauis e s t

de o b s t r e -

pat, i n s t e t , speculetur ( 7 , 2 ) .

aeger uisitatur

: avec un

ar t

consommé, Tertullien

oppose l a

liberté

d'action de

l a femme dont l e mari e s t

chrétien

aux entra

v es

q ui

sont

l e

f a i t

des

mariages

mixtes,

q u ' i l s ' a g i s s e des activités

charitables

( c f .

Vx.,

I I , 4 , 2 - 3 ) , des devoirs r e l i g i e u x , accomplis

avec l a communauté

e c c l é s i a l e

( s a c r i f i c i a

sine

scrupulo ; c f . Vx.,

I I ,

4 , 1 - 2 )

ou en

privé (quotidiana diligentia sine

impedimento ;

c f .

Vx.,

I I , 5 , i - 3 ) -

signatio : cette f o i s , Tertullien reprend

l e s

éléments de Vx., I I , 5 ,

2 : signas ; I I , 4 , 3 : ad osculum conuenire ; I I , 6 , 2 a u d i e t . . .

b e n e d i c t i o .

sonant... prouocant

: au l i e u de subir des a i r s de cabaret

ou

des

refrains

de

théâtre

(Vx.,

I I ,

6 , 2 ) ,

l'épouse

chrétienne

pourra

chanter, à

l a maison,

des psaumes et des hymnes ; c f . Apol., 39,

18

; An., 9 , 4 . Leur usage

n'est

donc pas réservé aux assemblées

liturgiques.

13

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7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 202/238

194 A SON

EPOUSE, I I

9 .

breuitate

: à rapprocher de

Vx., I I , 2 ,

5

:

sub b r e u i t a t e facunda.

expediret : l e mot

de

l a f i n

renvoie

au

propos i n i t i a l

:

Tertullien

n'a

pas

eu

d'autre souci

q ue

de

montrer

à

sa

femme

et

à toutes

l e s

femmes

chrétiennes où

se trouve

leur

véritable intérêt : c f .

Vx.,

I ,

1 , 5 et I I , 1 , 2 . —

La

leçon

de

A :

non

expedit,

est encore

plus

tranchante,

mais e s t - e l l e primitive, préférable ?

Page 203: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 203/238

BIBLIOGRAPHIE

Pour la bibliographie générale (dictionnaires,

indices, textes

bi

bliques,

et autres instruments de t r a v a i l ) , on voudra

bien

se r epor ter

aux manuels

de

patrologie de

J . QuasTEn, Initiation aux Pères de l ' É g l i s e , trad. f r . , I I , Paris 1957,

P- 295-303.

B.

Ar/TANER,

Précis de patrologie,

a da pt é pa r H.

Chirat, Mulhouse 1961,

p.

226-249.

On

trouvera

un

bon

aperçu d'ensemble

des

ouv rages

et

articles

r e l a t i f s

à

Tertullien

dans

l'Introduction générale à l'édition

parue

au

Corpus Christianorum, s e r i e s latina I , Turnhout

1954, p. x-xxv.

Après

cette date, l e s meilleures indications

bibliographiques sont

données par

:

J.-C.

FREDOunAE,

Tertullien e t l a conversion de l a cultur e antiq ue,

Paris 1972. P- 525-539, et par :

R. Braun, «

Deus Christianorum

» , Recherches

sur l e vocabulaire

doctrinal

de

Tertullien,

2e

é d . ,

Paris

1977,

p.

593-623

(jusqu'à 1962)

et

p. 725-732.

Éditions—

Traductions

Les anciennes éditions de YAd uxorem sont recensées et dé cr i tes par

A. Stepiian ( v . i n f r a ) , p.

7 - 9 .

On retiendra, parmi c e l l e s q ui ont

f a i t

avancer

l'intelligence

du texte :

B.

RhEnanus,

Opera

Q.S.F.

Tertulliani,

Basileae

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INDEX SCRIPTURAIRE

Les

chiffre» de la colonne de

droite

renvoient aux pages du présent ouvrage.

ANCIEN

TESTAMENT

Genèse

I

Samuel

1 , 23 95

35, 41

184

28 48; 72;

97 ; 156;

157

2,

21

97;

160

IRois

24

48;

72; 98

;

149

;

157

;160 15, 19

182

3,1

168

6,2 55

I Chroniques

17 , 10

159

18, 4

184

29, 10 107

Exode

Job

14, 13

Lévitique

143

15, 6

31,4

182

182

15,22

56;

181

Psaumes

30

56;

181 70, 19

180

20, 10

158

91,3 168

21, 4

158

118, 43 188

7 15

14

15

P r o v e r bes

26,41

97;

159

15,3

135

Nombres

Sagesse

15,30

134

1,4 162

Deutéronome

3, 13-14

36

7,26

178

12, 5 36

10, 16

97;

159

Ecclésiastique

11,2

189

17 , 7 19

10,24

182

22,22

158

11, 23

182

24,1

158

17,23

182

Page 210: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 210/238

202

INDEX

23, 16-17

36

34,

19 135

36, 7 184

39,

14

182

42, 21 148

I s a ï e

1 ,

16 182

17-18

77;

117; 173

27. 1 168

43,

26

173

59, 15 182

65, 12

182

66, 4

182

Jérémie

4 , 4 159

16,

17

182

32, 30

182

Ézéchiel

44,9 180

Malachie

2,11

36

Tobie

4, 12 30

NOUVEAU TESTAMENT

Matthieu

24,

36

133

184

5,

31-46

3,

12

113

26,

41

74;

102

;

162

5,3 147

17 159

Marc

28

158

32 131 ;

158

; 179 9 , 2 189

6,24

82

;

135

44

168

26

106

13, 17 109

26-32

75 20

21

28 106

31 107

Luc

32

107

7,6

83 ; 139

6 , 20 147

10,23

73

; 99 ; 161 7 , 44 184

29

77; 115

16, 13 135

12,34

43 17 , 27-28 111 , 167

18,

10

117 21, 23 109

17

180

20 87 ; 154

Jean

19, 5-6

9

12

72 ; 149

131 ; 179

111; 131; 179

13, 1-17

14,27

184

149

22, 23-30

30

71 ; 95 ; 156

156

Actes des Apôtres

24,19 75 ; 109 ; 167

2,11

143;

189

31 109 21,

28-29

180

Page 211: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 211/238

INDEX SCRIPTURAIRE

203

Romains

17

53

;

79

;

81

;

127

;

131

;

143

;

179

;

188

1.3 162

20 143

2,29

97 ; 159

22

153

3,31 159

25-31

21

5,20 97

25

50

10, 4 159

26 17; 49; 98

;

99

14, 10

133

27-28

48

15, 14

149

27

7 7

; 115

16, 16

184

28

49

; 50 ;

74

;

7 7

;

115; 171

I Corinthiens 29

17 ; 75 ; 111 ; 159

31 159

1.2

31 32-34 21 ; 82 ; 185

2, 15 141

32

83 ; 139

3,

16

55; 81 ; 117; 133

34

21; 74; 101 ; 162

5,1

56

35

21; 49

; 50 ;

101

11 56 ; 81 ; 133

36-38

20

6,

2

141

36

50 ; 163

12-17

18

37 49

15

56 ; 81 ; 133

49 49

16 149

39 11

;

17

;

18

;

20

;

33

;

19-20 56 ; 130 ; 133

40

;

48

;

50-54

;

57

;

19

81

59 ; 79-80 ;

87

;

123

;

7 ,

1

18

;

49

;

98

125

;

129

; 145 ;

175

2 18

;

20

; 46 ;

72

; 159

40

49 ; 50 ;

74

;

102

;

3-5

17

178

;

190

3 164 9, 24

100

5

48; 99; 111

10,

11

97

6 48

;

99

16

141

7 49 ; 52 ; 74 ;

7 9

;

125;

27

137

129

29

83 ; 138 ; 184

8

17

; 18 ;

20

;

49

;50;

12,

31

49

;

73

;

101

129

15, 33 78 ; 119 ; 134 ; 173

9

20 ; 31 ; 48 ; 50

;72;

40-47

103

99

;

159

52 109

10

131 ; 175

53

76 ; 115 ;

170

11

175

12-16 11

; 51 ; 54

II Corinthiens

12-14 52 ; 53 ; 79 ; 80 ; 126;

175; 176

2, 6-10

180

12

127 3, 5 165

13

84;

143

5,2

170

14-16

39 ; 179

8

109

14

38 ; 81 ; 84 ;

133; 10 133

143

;

179 6, 10 107

;

179

15

37 ; 127 7 ,

1

130; 162; 178

16 53; 7 9; 84; 127 ;143

8 75

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7/25/2019 A Son Épouse

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204 INDEX

Calâtes

4, 21-26

22-28

Éphésiens

5 ,

27

6 , 6

Philippins

158

97

31

153

I I Timothée

2 , 5

Tite

1 ,

6

8

2,3

12

Hébreux

1,21

23

100

12, 22

192

184

3, 13

75;

109

49; 73;

100

13, 1-2

19

4,3

121

Colosslens

1 0 f )

I Pierre

1 , 19

133 ; 181

163

, 11

16

19

3,2

6

153

2,5

162

149

113

3 ,

16

13;

127

;

139

I Thessaloniciens

15

4.

3

13

109

4,

16 109

7-11

184

II Thessaloniciens

I Jean

3,

14

180

2,

16

103 ; 163

184

I Timothée

Jude

3,

17

3,2

15; 77; 117

184

;

171

;

25 93

;

155

12

15; 77; 117

; 171

5,3

4

171

105

Apocalypse

5

105

3,5

189 ;

9 15; 77; 117;

171

4, 11

93

10 137

;

184

5. 13

93

;

155

13

15; 78; 119; 173

7, 9

189

14

15;

48

12, 9

113

21 192 14, 3-4 117

6, 6-8 107

20, 2 113; 168

119

15; 77; 117; 171

184

171

103

143

Page 213: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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INDEX

ANALYTIQUE

Cet index ne

contient

que

l e s

mots expliqués dans l'Introduction ou l e

Commentaire. Les chiffres renvoient aux pages du présent ouvrage.

absolute 177

adfectare

172

adimplere

159

adlegere 171

admissio

181

adulterium

180

Aegium

169

aemulatio 172

akatharsia 178

angeli 192

angelica qualitas 15G

apatheia

23

arbiter 186

asebeia 185

auspex 25

benedictio 192

Bona Dea 169

caelibatus 172

candida

1

7 2

candidatus

189

ca r o

162

castus 169

Ceres

169

cinerarius 190

circumcisio 159

commixtio 156

coin

municatio 180

compactio 160

compensatio

164

computatio

160

conciliare 191

consensus 192

conserua 13 ; 153

consiliarii 176

consistorium

187

consolatio

10

continentia 155

contubernium 189

contumacia 181

conuiuiunt (dominicum)

183

conuocatio 183

corollae 187

cuit us

165

daemones

187

damnum 56

delictum 181

Delphi 169

demonstratio 154

denuntiatio 190

deprehendere 179

dextrarum

iunctio 25

diabolus 170

digamus 171

dignitas

56

disceptatio

legis

53

disciplina 45 ; 171

disiungere 178

dispector 189

disputare 173

diuortium 175

dominus 189

;

190

dos

186

draco 168

ecclesia

157

;

191

egkrateia 22 ; 155

episcopus

189

excusare 188

exemplum

60

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7/25/2019 A Son Épouse

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206 INDEX

expeditio 167

explodere 185

expugnare 167

exstructio

182

extraneus 180

facundia

178

femina 160

fideicommissum 155

fidelis 165

fidcs 23

; 181

figuraliter

157

flamen Dialis 172

flatus

185

foedus

23 ; 25

forma 178

fornicatio 179

Fortuna Muliebris

25

Fortuna

Virgo

25

f

rater 184

fraternitas 180

gamos (hieros)

164

gentilis

184 ;

208

habitus 165

hagiasmos 163

honor 155

hyrani 193

ieiunlum 183

Ignis 168

ignolnlis 191

immundum

179

impensius 162

incorruptibilitas 170

incubare 165

indulgentia 22

indumentum 170

inextinguibilis 168

Infamare 183

i n i ' i d c l i s 165

ingenua

155

iniuria

181

iniustus

184

inquinamentum 178

insanire 169

instrumentum 45

insufficentia 164

integritas 156

interiectio

188

laboriosius

173

Lares 187

lauacrum 168

Iaureatus 187

legatum 154

leges contrariae 53

legis disceptatio 53 ; 59

legis ratio 53 ; 59

legis status 53 ; 59

lex

Aqui l iae

56

;

181

lex Iulia de fundo dotali 186

lex Iulia

de maritandis

ordinibus

155

lex Papia Poppaea 155

lex

potentior 53

locupletior 191

magia 185

magnalia 189

margarita

185

martyr 183

masculus 160

meretrix 181

modestia 173

molusmos 178

munera 164

natalis 187

nuptiae 191

oblatio 191

obsignare 168

; 191

ordinal i o 171

ordo

171

ornatus

165

osculum 184

parea tare 168

parricidium 166

Pascha

183

pater familias 192

pereger

184

permissum

157

persecutio 161

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7/25/2019 A Son Épouse

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INDEX ANALYTIQUE

207

plane

168

Pontifex

Maximus

172

porneia 180

praelegatum

154

praemittere 163 ; 166

praescribere

159

praestruere 159

praeuaricatio 176

pressura 171

;

185

probari

161

procedere 183

procliuium

175

pronuba 25

pronuntiatio

177

propositio 47

psalmi 193

pudicitia

23

Pudicitia plebeia 25

ratio

(legis) 53

recitatio

11

regrigerium 193

regula (fidei) 46

renuntiare

1 92

repudium

175

retractare 177

retractatlo 11

sanctificari

179

sanctitas 49 ;

156

; 163

sarcina 167

sa r x 162

S c r iptu r ae 188

secreto

186

seminarium

156

S.C. Claudianum 190

sermo (Dei) 159

seruitus 190

seruus Dei 153

seruus diaboli 182

seruus

proprius 191

signare 185 ; 193

simpliciter 158

solidum

155

sollemnia

187

sôma 163

sorti

r i 169

spadonatus 168

speculator 186

spiculum

167

spiritus 162

;

178

sponsa

(Christi)

164

statio 182

status

190

status Hnitionis 54

status legalis 53

status qualitatis 54

s ta tu s q u an ti ta ti s 54

stuprum

13 ; 179 ; 180

sufficientia 165

suggnome 22

sumptus 165

superstitio 185

suspectus

156

sustinere

170

tabulae (nuptiales) 154 ; 180 ; 192

testamentum

154

Venus

Verticordia 25

Vesta 168

uiderint 193

uisitare 193

uniuira

24

;

171

uniuiratus

174

uoluntarium 181

uolutari 192

uota publica 187

uota quinquennalia 187

uox 53 ; 178

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7/25/2019 A Son Épouse

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7/25/2019 A Son Épouse

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TABLE DES MATIÈRES

Préface

7

INTRODUCTION

Chapitre Premier

:

Occasion

du traité 9

Chapitre

II

:

Le

remariage

après

veuvage

15

Chapitre III : Le problème des mariages mixtes

35

Chapitre

IV : L'originalité de

Tertullien

45

A. L'interprétation scripturaire

45

B.

L'expression

et

l e

style 58

ChapitreV : Manuscrits et

éditions

64

ChapitreVI : Analyse 71

.

Ad Uxorem

I

71

. AdUxorem

II

78

CONSPECTUS

SIGLORUM

88

Abréviations des œuvres de Tertullien 90

u

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7/25/2019 A Son Épouse

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210 TABLE

DES

MATIERES

TEXTE ET TRADUCTION 92

.

Livre

I 92

.

Livre

II 122

COMMENTAIRE 153

. Livre I 153

. Livre II 175

BIBLIOGRAPHIE

195

INDEX 201

. Index

scripturaire

201

.

Index analytique

205

TABLE DESMATIÈRES 208

Page 219: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

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SOURCES CHRETIENNES

LISTE COMPLETE DE TOUS LES

VOLUMES

PARUS

N. B.—'ordre

suivant

est

celui

de

la

date

de

parution (n° 1 en 1942) et

i l

n'est pas tenu

compte i c i du

classement en séries :

grecque,

latine,

byzantine

orientale,

textes monastiques

d'Occident ;

et

série annexe

:

textes

para-chrétiens

Sauf indication

contraire,

chaque

volume comporte

l e

texte

original,

grec

ou

l a t i n ,

souvent

avec un

apparat critique i n é d i t .

La

mention

b i s indique une seconde

édition. Quand

cette seconde édition ne

diffère

de

la première q ue par

de

menues corrections et des Addenda

e t

Oorrigenda

ajoutés en appendice, l a date e s t accompagnée de la mention «

réimpression

avec

supplément > .

1 . Grégoire de Nysse : Vie de Moïse. J . D ani é l ou (3e édition) (1968).

2 b i s . Clément d'Alexandrie : Protreptlque. C. Mondésort, A. Plassart (réim

pression de l a 2e

é d . , 1976).

3

b i s .

Athénagoee : Supplique au sujet des chrétiens. En préparation.

4 b i s . Nicolas C aeasilas : Explication de l a

divine

Liturgie. S . Salaville, R Bor-

nert, J . Gouillard, P. P érichon (1967).

5 .

Diadoque

de Photicé :

Œuvres

s p i r i t u e l l e s . É. des Places

(réimpr

de l a

2e éd., aveo

suppl., 1966).

6 b i s . Grégoire de Ntsse : La création de l'homme. En préparation.

7

b i s .

Oeigbne : Homélies sur

l a

Genèse. H. de Lubac, L. Doutreleau (1976).

8 . NicÉTis Stéthatos : Le paradis s p i r i t u e l . M. Chalendard, Remplacé par l e

8 1 .

9 b i s .

Maxime l e Confesseur

:

Centuries

sur

l a charité.

En

préparation.

1 0 .

Ignace d'Antioche : Lettres—ettres

e t

Ma rt y re de

Polycarpe de Smyrne

P.-Th. Camelot (4e édition) (1969).

11 bis. Hippolyte de Rome : La

Tradition

apostolique.

B.

Botte (1968).

12 bis. Jean Mosohus : Le Pr é s p i r i t u e l . En préparation.

1 3 . Jean

Cheysostome

: Lettres à Olympias. A.-M. M a li ng r ey . Tr a d. seule

(1947).

13

bis. 2e édition avec l e texte gr ec et l a Vie Anonyme d'Olympias (1968).

1 4 .

Hippolyte de

Rome : Commentaire su r

Daniel.

G.

Bardy, M. Lefèvre. Trad

seule (1947).

2e

édition avec l e texte grec. En préparation.

15

b i s .

Athanase

d'Alexandrie

:

Lettres

a

Sérapion.

J .

Lebon. En

préparation.

16 b i s . Origène : Homélies sur l'Exode. H. de Lubac, J. Fortier. En préparation.

1 7 . Basile de Césarée : Sur l e Saint-Esprit. B. Pruche. Trad. seule (1947).

17

b i s .

2e édition avec l e

texte

grec (1968).

18

b i s . Athanase d'Alexandrie :

Discours contre l e s païens. P.-Th. Camelot

(1977).

19

b i s . Hilatre de

Poitiers :

Traité des

Mystères. P.

Brisson

(réimpression,

a v ec s upp lé me nt , 1967).

20.

Théophile d'Antioche

: Trois

l i v r e s

à Autolycus. G. Bardy, J .

Sender

Trad.

seule

(1948).

2» édition avec l e texte

grec.

En préparation.

21.

ÉTHÊRIE : Journal

de

Voyage.

H. Pétré (réimpression,

1975).

22

b i s .

Léon

le

Grand

:

Sermons,

1 .

1 .

J .

Leclercq,

R.

Dolle

(1964).

23. Clément

d'Alexandrie

: Extraits

de

Théodote (réimpression, 1970).

24 b i s .

Ptolémée

: Lettre à Flora. G. Qulspel

(1966).

25 b i s . Ambuoi.se de Milan : Des Sacrements. D es

Mystères.

Explication du

Symbole.

B. Botte

(1961).

26bi8.

BASILE DE

CÉSARÉE

: Homélies sur l'Hexaéméron.

S . Giet (réimpr.

avec

suppl.,

1968).

Page 220: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 220/238

27 b l i .

Homélies

Passaie»,

1 . 1 . P.

Nautin. En préparation.

23 b i s . Jean C11r ysostomh : Sur

rinoompréhenslbllité

de Dieu. J. Daui é lou,

A.-M.

Malingroy.

R. Flaoeliero (1970).

29 b i s . Obigbne :

Homélie su r

l e s Nombres. A. Méhat.

En préparation.

30 b i s .

CLEMENT

d'Alexandr1e :

Stiomate I . En préparation.

81. EosèbB db CesaeSe : Histoire e c c l é s i a s t i q u e , t . I . 0. Bardy

(réimpression,

1965).

32

b i s . Grégo1re ls

Grand :

Morales sur

Job,

t .

I .

Livres

III. 1 1 . G i l l c t ,

A. de

Gaudemaris(1975).

38 b i s .

A.

Dlofnèto.

H. I .

Marrou

(réimpr.

avec

suppl., 1965).

84. Irénée

de Lyon : Contre

l e s

h é r é s i e s , l i v r e III. F.

Sagnard. Remplacé par l e *

H» £10 e t 211.

35 b i s .

Tertull1en

: Traité du baptême.

F. Refoulé. En préparation.

38 b i s . Homélies Paseales,

t .

I I .

P.

Nautin. En préparation.

37

b i s .

Or1gbne

:

Homélies su r l e

Cantique.

O. Rousseau (1966).

38 b i s . Clément d' Alexandr1e

:

Stromate I I . En

préparation.

39 b i s . Laotanoe : De l a mort des persécuteurs. 2 vol. En préparation.

40. Theodoret de

Cyr :

Correspondance, t .

I .

Y.

Axéma

(1955).

4 1 .

Eusbbe de

Césarée

:

Histoire

e c c l é s i a s t i q u e ,

t .

I I .

G.

Bardy

(réimpression,

1965).

42.

Jean

Cass1en : Conlérences, 1 . 1 . B . P i ehe r y (réimpression, 1966).

43. JÉRÔME : Sur Jonas.

P.

Antin (1956).

44.

Ph1loxbne

de Mabbouo

: Homélies.

E.

Lemoine. Trad. seule

(1956).

45. Ambro1se de M1lan : Sur S . Lue, t . I . O. ïissot (réimpr. a v ec suppl., 1971).

46. Tertullten : De l a prescription contre l e s hérétiques. P. de Labriolle et

F. Refoulé (1957).

47.

Ph1lon d'Alexandr1e :

La

migration d'Abraham. R.

Cadiou

(1957).

48.

Homélies

Pascales, t .

I I I . F.

Flo êTi et P.

Nautin (1957).

49 b i s . LEON le Orand : Sermons,

t .

I I . R.

Dolle

(1969).

50 b i s .

Jean

ChrysostomB : Huit Ca té chèse s b apt isma le s i n é d i t e s . A. Wenger

(réimpr.

avec

suppl.,

1970).

51 b i s . Syméon le Nouveau Théolog1en : Chapitres théologiques, gnostlques

e t pratiques. J. Darrouzes. En préparation.

52 b i s .

Ambro1se de M1lan

: S ur

S .

Luc,

t . I I . G.

Tissot

(réimpr. avec suppl.,

1976).

53 b i s . Herkas : Le Pasteur. R. Joly

(réimpr.

avec suppl., 1968).

54.

Jean

Cass1en : Conlérences, t . I I . B. Piehery (réimpression, 1966).

55.

Busèbe

de Césarée

:

Histoire e c c l é s i a s t i q u e , t . III, G. Bardy (réimpression,

1967).

56.

Athanase

d'Alexandr1e : Deux apologies. J . Szymusiak (1958).

57. Theodoret

de Cyr :

Thérapeutique de s maladies

helléniques. 2

volumes.

P.

Canlvet (1958).

58

b i s .

Drnys

l'aréopao1te

:

La

hiérarchie

c é l e s t e .

G.

Heli,

R. Ro qu es ,

M.

de

Gandillac (réimpr. avec suppl., 1970).

59. Trois antiques r i t u e l s

du baptême. A. S a l l e s . Trad.

seule. Épuisé.

60. Aelred de R1evaulx : Quand Jésus eut douie ans. A. Hoste, J. Dubois

(1958).

61 b i s . Gu1llaume de Sa1nt-Th1erry :

Traité

de

l a contemplation de

Dieu.

J. Houriler (1968).

62. Irénée de Lyon : Démonstration de l a prédication

apostolique.

L. Froide-

vaux.

Nouvelle

trad.

sur

l'arménien.

Trad. seule

(réimpr.

1971).

63. R1chard de Sa1nt-

V1ctor : La T r i n i t é . G. Salet (1959).

64.

Jean

Cass1en :

Conférences,

t . I I I . B.

Piehery

(réimpr., 1971).

65. GÉLA8E I

:

Lettre contre l e s Luperealei e t dix-huit messes du sacramentel»

léonien.

G.

Pomarès

(1960).

66. Adam de Perseigne

:

L e t t r e s , 1 .

1 .

3. Bouvet (1960).

67. Or1obne

: Entretien

avec Héraollde. J. Scherer

(1960).

68. Marius V1otortnus :

Traités

théologiques

sur

l a T r i n i t é . P. Henry, P. Hadot.

Tome I . Introd., texte critique, traduction (1960).

69. I d .—Tome I I . Commentaire et

tables

(1960).

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7/25/2019 A Son Épouse

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70. Clément d'Alexandr1e : L e P é da go gu e, t . I . H. I .

Marrou,

M.

Hari

(1960).

7 1 . O1uoène

:

Homélies sur Josué.

A.

Jauhert (1960).

72. Amedée de Lausanne : Huit homélies mariates. G. Bavaud, J. Deslmescs,

A. Dumas (1960).

73

b i s .

Eusèbe de GÉ8AKÉB : Histoire e c c l é s i a s t i q u e , t .

IV . Introd.

générale

de

G. Bardy et tables de P. Périchon (réimpr.

avec

suppl., 1971).

74

b i s .

Léon

le

Grand

:

Sermons,

t .

I I I .

H,

Dollc

(1976).

7 5 . S . August1n : Commentaire

de

l a l ' »

Ëpltre

de S . Jean. P. AgaCsse

(réimpres

sion, 1966).

76.

Aelred

de K1evaulx

:

La v i e de r e c l u s e , C l i . Dumont (1961).

77. Okfensor de L1auoÉ : Le l i v r e d ' é t i n c e l l e s ,

1 . 1 . H.

Hochais (1961).

78. Grégo1re de Narek : Le l i v r e de Prières. I . K é chi chi a n, ï r ad. seule (1961).

7 9 .

Jean

Chrysostome

: Sur

l a Providence de

Dieu. A.-M . M a l ln gr e y

(1961).

80. Jean

Damascéne : Homélies

sur

l a Nativité e t

l a D or mi ti on . P . Voulet

(1961).

81. N1cetas Stéthatos

:

Opuscules

e t

l e t t r e s .

J.

Darrouzès

(1961).

82. Guillaume de Sa1nt-Th1erry Exposé sur l e Cantique des Cantiques,

J.-M. Déchanet (1962).

83. D1dyme l'Aveugle

: Sur

Zacharie. Texte i n é d i t . L. Dontreleau.

Tome I .

Introduction

et

livre

I

(1962).

84. I d .—Tome L T . LivresHtm

1962).

85. I d .—Tome

m.

Livres IV et V, Index (1962).

86. Detensor de L1gugé : Le l i v r e d ' é t i n c e l l e s , t . I I .

H.

Rochais (1962).

87. Or1gbne

: Homélies

sur

S . Lue,

H. Crouzel,

F. Foumler,

P.

Périchon

(1962).

88. Lettres de s premiers Chartreux, tome I : S . Bruno, Gu1gues, S . Anthelme.

Par un Chartreux (1962).

89. Lettre d'Aristée

à Phlloerate.

A. Pelletier (1962).

90. Vie de

sainte Hélanle. D.

Gorce

(1962).

91. Anselme de Cantorbéry

:

P ou rq u oi D i eu s ' e s t l ai t homme.

R.

Roques (1963).

92.

Dorothée de Gaza : Œuvres

s p i r i t u e l l e s .

L. Regnault, J. de Préville (1963).

93.

Baudou1n de

Ford

:

Le

sacrement

de

l ' a u t e l .

J .

Moreon,

1 5 .

de

Solms,

J.

Le-

clercq.

Tome

I

(1963).

94.

I d .

Tome II (1963).

95. Méthode d'Olympe

: Le

banquet. H. Musurillo,

V.-H.

Debidour

(1963).

96. Symeon

le Nouveau

Théolog1en :

Catéchèses.

B.

Krivochélne,

J. Para-

melle.

Tome

I . Introduction

et

Catéchèses

1-5

(1963).

97.

Cyr1lle d'Alexandr1e :

Deux

dialogues ehristologiques.

G. M. de Durand

(1964).

98. Théodoret de

Cyr : Correspondance,

t . I I . Y.

Azéma

(1964).

99. Romanos le

Mélode

: Hymnes. J. Grosdidier de Matons. Tome I . Introduc

tion et Hymnes I-vm (1964).

100. Irénée de Lyon :

Contre

l e s

h é r é s i e s , livre

IV . A. Rousseau, B. Hemmer-

dlnger,

C h.

Mercier,

L.

Dontreleau.

2

vol.

(1965).

101.

Quodvultdeus

:

Livre des promesses

e t

des prédictions de

Dieu.

R. Br aun.

Tome I (1964).

102. I d .—Tome II (1964).

103.

Jean

Chrtsostome

:

Lettre

d ' e x i l . A.-M.

Mallngrey

(1964).

104. Stméon le Nouveau Théolog1en : Catéchèses. B. Krivochélne, J. Paramelle.

Tome I I , Catéchèses 6-22 (1964).

105. La Règle du Maître. A. de Vogué. Tome I . Introduction et chap. 1-10 (1964).

106. I d . —Tome I I . Chap. 11-95 (1964).

107. I d .

Tome III. Concordance

et

Index orthographique

J.-M.

Clément,

J. Neufville, D. Demeslay (1965).

108. Clément d'Alexandr1e

: Le

Pédagogue,

tome

I I . C l .

Mondésert,

H. I .

Mar

r ou

(1965).

109.

Jean

Cassten

:

Institutions eénobltlques. J.-C.

Guy

(1965).

110. ROMANOS le Mélode : Hymnes. J . Grosdidier d e M at on s. Tome I I . Hymnes

IX-XX (1965).

111. Théodoret de Cyr : Correspondance,

t .

III. Y. Azéma (1965).

112. Constance

de Lyon

:

Vie de

S .

Germain

d'Amené.

R.

Borins.

(1965).

Page 222: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 222/238

113.

Symbon le Nouveau Théologien

: C at éc hè se s. B.

Krivochéine,

J.

Para-

melle. Tome I I I . Catéchèses 23-24. a ct ion s de grâces 1-2 (1965).

114. RomanosMMélode : Hymnes.

J. Orosdidier

de Matons. Tome

III.

Hymnes

XXI-XXXI (1965).

115. Manuel

n

PalÉOLOOUK : Entretien avec an musulman.

A. Th.

Koury (1966).

116.

Augustin d'Hippone :

Sermons pour l a Pique.

S . Poque (1966).

117.

Jean Cheysostome

:

A

Théodore.

J .

Dumortier

(1966).

118. Anselme de Havelbeeg : Dialogues, livre I .

G. Salet

(1966).

119.

Grégoire

de

Nysse :

Traité

de l a

V i r g i n i t é . M.

Aublneau

(1966).

120.

Orioê.ne : Commentaire sur S . Jean. C.

Blanc. Tome I .

Livres I-V (1966).

121.

Éphreh

de

N'isiee

: Commentaire

de

l'Evangile concordant ou Diatessaron.

L. Leloir.

Trad.

seule (1966).

122. Byméon LE Nouveau Théologien

:

Traités théologiques

e t

éthiques.

J. Da r-

rouzès.

Tome

I .

Théol.

1 - 3 , Ëth. 1-3

(1966).

123.

Méliton

de

Sardes : Sur

l a

Pique

( e t fragmente) O.

Perier (1966).

124.

Exposltio t o t l u s mundl

e t

gentlum. J. Bougé (1966).

125. Jean Cheysostome : La Virginité. H. Mosurillo, B. Grlllet (1966).

126.

Cyrille

de Jérusalem : Catéchèses mystagoglques.

A.

Piédagnel, P. Paris

(1966).

127. Geeteude d'Helfta : Œuvres

s p i r i t u e l l e s .

Tome I . Les

Exercices.

J . Houriler,

A. Schmitt

(1967).

128. Bomanos l e Mélode : Hymnes. J . Grosdldier de Matons.

Tome

IV .

Hymnes

XXXTT-XLV

(1967).

129. Syméon le Nouveau Théologien : Traités théologiques e t éthiques. J. Dar-

rouzès. Tome L T . Éth. 4-15

(1967).

130. Isaao

de

l ' Étoi le :

Sermons.

A. Hoste, G. S a l e t . Tome I . Introduction et

Sermons

1-17 (1967).

131. Bupert

de

Deutz :

Les

œuv res du

Saint-

E s p r i t . J .

Gribomont, É.

de Snlms.

Tome I . Livres I et

II (1967).

132.

Origène

: Contre

C e i s e . M.

Borret.

Tome

I .

Livres

I et II (1967).

133.

Sulpici

Sévère

:

Vie

de

S .

Martin.

J .

Fontaine.

Tome

I .

Introduction,

texte

et traduction (1967).

184. I d .—Tome I I . Commentaire (1968).

135. Id.—Tome

I I I .

Commentaire ( s u i t e ) ,

Index (1969).

136.

Origène

: Contre

C e i s e . M. Borret.

Tome n. Livres in et

IV

(1968).

137. Éphrem de N'isiee : Hymnes su r

l e

Paradis. F. Graffin, R. Lavenant.

Trad.

seule

(1968).

138.

Jean

Chrysostome : A une Jeune veuve. S ur l e mariage unique. B.

G r i l l e t ,

G. H. Ettlinger

(1968).

139. Gertrude d'Helfta : Œuvres s p i r i t u e l l e s . Tome I I . Le

Héraut.

Li vr es I

et

L T .

P. Doyère (1968).

140. Bumr

d'Aquilée

:

Les

bénédictions des

Patriarches.

M.

Simonettl,

H.

Rocbais,

P.

An

tin

(1968).

141. Cosmas Indicopleustès : Topographie chrétienne. Tome I . Introduction et

livres

I-rV. W. Wolska-Conus

(1968).

142.

Vies des Pères

du Jura.

F. Martine (1968).

143.

Geetrude

d'Helfta

: Œuvres s p i r i t u e l l e s Tome

m. Le

Héraut

Livre

I i t .

P.'Doyère (1968).

144. Apocalypse syriaque de Barueh. Tome I . Introduction et traduction. P. Bo-

gaert (1969).

145. I d . —Tome I I . Commentaire et tables (1969).

146.

Deux

homélies anoméennes

pour l'octave

de P iq ues. J . Llébaert

(1969).

147. Oeigéne :

Contre

C e i s e . M.

Borret. Tome

III. Livres

Vet

VI

(1969).

148. Grégoire l e

Thaumaturge

: Remerciement à

Origène,

—La l e t t r e d'Origène

a

Grégoire.

H.Crouzel(1969).

149. Grégoire

de Nazianze : La passion du

C h r i s t . A.

Tuilier (1969).

150.

Oeigéne :

Contre C e i s e . M. Borret. Tome

IV .

Livres VII et VLTI

(1969).

151.

Jean Scot : Homélie sur l e Prologue de

Jean.

É. Jeauneau (1969).

152. Irénée

de Lyon

: Contre l e s hérésies, livre

V. A. Rousseau.

L. Doutreleau,

C,

Mercier,

Tome

I .

Introduction,

notes

justificatives

et

tables

(1969).

Page 223: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 223/238

158. I d .—Tome I I . Texte et traduction (1969).

154.

(iiuomace d'Aquilée : Sermons.

Tome

I . Sermons

1-17 A. J. Lemarié (1969).

155.

Hugues

de

Saint-Victor :

Six

opuscules

s p i r i t u e l s .

1 ( . Baron

(1969).

156.

Syméon l e Nouveau Théologien

:

Hymnes.

J. Koder,

J . Parameile. Tome I .

Hymne»

I-XV (1989).

157. Origéne : Commentaire su r

S .

Jean. C. Blanc. Tome I I . Livres VI et X(1970).

158.

Clément

d'Alexandrie

:

Le

Pédagogue.

Livre

m.

C I .

Mondésert,

H.

I .

Mar-

r ou

et

C h. Matray

(1970).

159. Cosiias Indicopleustès : Topographie chrétienne. Tome I I . Li vr e V . W. Wols-

ka-Conus (1970).

160. Basile deCésarée : Sur l ' o r i g i n e de l'homme. A. Smets et M. Van Esbroeek

(1970).

161.

Quatorie

homélies du IX * s l i e l e d'un auteur Inconnu de l ' I t a l i e

du

Nord. P.

Mer

cier (1970).

162.

Origéne

:

Commentaire sur l'Évangile

selon

Matthieu. Tome

I . Livres X

et X I. R. Girod (1970).

163.

Guigues II l e

Chartreux

: Lettre snr l a

v i e

eonplative (o u

Échelle

des M oi

n e s ) .

Doute méditations.

Ë. Colledge,

J .

Walsh

(1970).

164.

Chromace

d'Aquhée

:

Sermons. Tome

I I .

Sermons

18-41.

J. Lemarié

(1971).

165. Rupert de Devtz : Les ou v r es du Saint-Esprit. Tome I I . Livres III et IV .

J.

Gribomont,

É. de Solms (1970).

166. Guerric D'IGNY : Sermons. Tome I . J. Morson, H. Costello, P. Deseille (1970).

167. Clément de Rome : Épltre aux Corinthiens. A. Jaubert

(1971).

168.

Richard

Rolle

:

Le

chant d'amour

(Helos

amoris).

F. Vandenbroucke

et l e s Moniales

de

Wlsques. Tome I (1971).

169. I d . —Tome II (1971).

170. Évaore le

Pontique

: Traité pratique. A.

et C. Gulllaumont.

Tome I .

Intro

duction (1971).

171. W.—Tome I I . Texte, traduction, commentaire et tabl es (1971).

17 2. Épl tr e de

Barnabe. R.

A. Kraft, P. Prigent (1971).

173.

Tertullien

: La t o i l e t t e des femmes. M. Turcan

(1971).

174. Syméon le Nouveau Théologien : Hymnes. J. Koder, L. Neyrand. Tome I I .

Hymnes XVI-XL (1971).

175. Cêsalre

D'ARLES

: Sermons au peuple. Tome I . Sermons 1-20. M.-J. Délace

(1971).

176. Salvien de

Marseille : Πu v r es.

Tome I . G.

Lagarrigue

(1971).

177. Cal l inioos : Vie d'Hypatios. G. J. M. Bartelink (1971).

178.

Grégoire de

Nysse : Vie de sainte

Maer ine

P. Maraval (1971).

179. Ameroise deMilan : La Pénitence. R. Gryson (1971).

180. Jean Scot : Commentaire sur l'évangile de Jean. É. Jeauneau (1972).

181. La Régie de

S . Benoit, Tome

I . Introduction et

Chapitres

i - v i i .

A. de Vogué

et

J.

Neufville

(1972).

182. I d .

—Tome

n.

Chapitres vin-LXXin, Tables

et

concordance.

A.

de Vogflé

et J .

-Yeufville

(1972).

183. I d .

—Tome

ni. Étude

de

l a tradition

manuscrite.

J .

Neufville (1972).

184. I d .—

Tome IV . Commentaire (Parties

MU).

A. de

Vogflé (1971).

186. I d .—

Tome

V.

Commentaire

(Parties

IV - VI).

A.

de

Vogflé

(1971).

186.

I d .

—Tome VI

Commentaire

(Partie» VII-IX). Index. A. de Vogflé (1971).

187.

késychifs de Jérusalem,

Basile de Sé leucie,

Jean de

Béryte, Pseudo-

Chrysostome, Léonce

de

Constantinople : Homélies

pascales.

M. Aublneau

(1072).

188.

Jean Chrysostome : Sur

l a

vaine

g l o i r e

e t l'éducation des enfants. A.-M.

Malin-

grey (1972).

189.

La

chaîne

palestinienne

sur

l e

psaume

118.

Tome

I .

Introduction,

texte

c r i

tique et traduction M. Hari (1972).

190. I d .

—Tome

I I .

Catalogue de»

fragments,

Notes et

Index.

M. Hari (1972).

191.

Pierre

Damten : Lettre sur l a toute-puissance

d i v i n e .

A. Cantin (1972).

192. Julien

de Vézelay :

Sermons.

Tome I .

Introduction

et Sermons 1-16,

D . V or r eux (1972).

193. I d . —

Tome

U.

Sermons 17-27,

Index, D , Vorreux

(1972),

Page 224: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 224/238

194. Actes

de

I I Conférence de

Carthage

en

411.

Tome I . Introduction.

S.

Lancel

(1972).

195.

M.—

Tome I I .

Texte et traduction de la Capitulation et des Actes de la

première séance. S . Lancel (1972).

196.

Sykbon le

Nobyeau

Théolooien

: Hymnes. J.

Koder,

J. Paramelle, L.

Ney-

rand. Tome

ni. Hymnes

XLI-LVm, Index (197S).

197.

Cosmas

Indioopleustès

:

Topographie

chrétienne,

t .

III.

Livres

VI-XTI,

Index. W. Wolska-Conus (1973).

198. Li vr e

(cathare) des deux principes. Oh. Thouzellier (1973).

199. Athanase d'Alexandrie : S ur l'incarnation du Verbe. C. Kannengiesser

(1973).

200.

Léon le Grand : Sermons. Tome IV . Sermons 65-98, Éloge de 8 . Léon, Index.

E. Dolle

(1973).

201.

É va ng il e d e P i e r r e .

M.-G. Mara

(1973).

202. Guerrio d'Iony : Sermons.

Tome L T . J . Morson,

H.

Costello,

P. Deseille (1973).

203.

Nekses

Snorhali : Jésus, F i l s

unique

du

Père. I . Kéchichian. Trad. seule

(1978).

204.

Laotanoe :

Institutions

d i v i n e s , livre

V. Tome

I .

Introd.,

texte

et trad.

P.

Monat

(1973).

205.

I d .

Tome I I .

Commentaire et

index.

P. Monat (1978).

208. Busèee de

Césarée

: Préparation évangéllque, livre I . J S l r r a e l l i , É. des

Places (1974).

207. Isaao de L'ÉTOrtB : Sermons. A. Hoste, G. Salet, G. Kaclti. Tome L T . Ser

mons 18-39 (1974).

208.

Gréooire

de Nazianze :

Lettres

théologiques. P. Gallay (1974).

209.

Paulin

de Pella : Poème

d'action

de grâces e t Prière. C

Moussy

(1974).

210. Iebnée

de Lyon : Contre l e s

h é r é s i e s ,

livre

UI.

A . Ro us se au , L. Doutreleau.

Tome I . Introduction, notes Justificatives et

tables

(1974).

211.

I d .—Tome I I . Texte et

traduction

(1974).

212. Grégoire

le Grand

:

Morales sur Job. Livres

XI-XIV. A. Bocognano

(1974).

213.

Laotanob

:

L'ouvrage

du

Dieu

créateur.

Tome

I . Introduction, texte c r i

tique et

traduction.

M. Perrin (1974).

214.

I d .

Tome I I .

Commentaire et

index.

M. Perrin (1974).

215.

Busèbe

de

Césarée : Préparation évangéllque, livre VTI.

G. Schroeder,

E. d es P la ce s (1975).

216. Tertullien :

La chair du C h r i s t . Tome I . Introduction, texte

critique et

traduction. J. P. Mahé (1975).

217. I d . —Tome L T . Commentaire et Index. J. P. Mahé (1975).

218.

Htdaoe : Chronique. Tome I . Introduction, texte cr itiq ue et traduction.

A. Tranoy

(1975).

219.

I d . —Tome I I .

Commentaire

et index.

A.

Tranoy

(1975).

220.

Salvien

de

Marseille

:

Œuvres.

T.

n.

G.

Lagarrigue

(1976).

221. Gréooire

le

Grand : Morales sur

Job.

Livres XV-XVI. A.

Bocognano

(1975).

222. Origbne : Commentaire sur

S .

Jean. Tome m. Livr e

XIII.

C. Blanc (1975).

223. Guillaume de Saint-Thierry : Lettre

aux

Frères du

Mont-Dieu

(Lettre

d ' o r ) . J . Déchanet (1975).

224.

Actes

de

l a Conférence de Carthage en 411. Tome m.

Texte

et traduction des

Actes

de

la

2e

et

de

la

3e

séance.

S. Lancel (1975).

226.

Dhuoda

: Manuel pour mon

O i s . P.

Riche (1975).

226. Origbne :

Philocalle 21-27 ( Su r l e

l i b r e

a r b i t r e ) . É. Junod (1976).

227. Origbne : Contre

C o i s e .

M.

Borret. Tome V.

Introduction et index

(1976).

228. Busèee de Césarée : Préparation évangéllque.

Livres H-ni.

É. des Places

(1976).

229. Pseudo-Philon : Les Antiquités Bibliques. D. J. Harrington, C. Perrot,

P. Bogaert, J. Cazeaux. Tome I . Introduction critique, texte et traduction

(1976).

280.

I d .—Tome I I .

Introduction l i t t é r a i r e ,

commentaire

et

index

(1976).

231.

Cyrille

d'Alexandrie : Dialogues

sur l a T r i n i t é . Tome I . Dial. I

et

I I .

G.

M.

de

Durand

(1976).

Page 225: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 225/238

232. Origène : Homélies s ur J é ré ml e. F. Nautin et F. Hi « sson.

Tome I .

Introduc

tion

et homélies

I-XI (1976).

233. Didyme l'Avbtole : Sur l a

Genèse,

1 . 1 . P. Nautin

et

L. Doutreleau (1976).

234.

Théodore

de

Cyk : Histoire de s moines de S y r i e . Tome I .

Introduction

et

Histoire Phllothée I-XIJX

P.

Canl vet et

A.

Leroy-Mol inghen (1977);

235. Hilaire d'Arles

:

Vie de

S . Honorât. M.-D.

Vaientin

(1977).

236. Rituel

cathare.

C h.

Thouzelller

(1977).

237. Cyrille d'Alexandrie : D ialogues sur

l a T r i n i t é .

Tome

I I .

Dial. III-

V.

G.

M.

de Durand (1977).

238. Oriqène : Homélies sur J ér éml e. Tome I I . Homélies XII-XX et homélies

l a t i n e s , i ndex . P . Nautin et P. Husson (1977).

239. Asieroise de Milan :

Apologie

pour D av id. P .

Hadot

et M.

Cordler

(1977).

240. Pierre

de

Celle :

L'école

du c l o î t r e .

G.

de

Martel (1977).

241.

Conciles gaulois

du IV e

s i è c l e . J. Gaudemet

(1977).

242. S.

Jérôme : Commentaire sur S .

Matthieu. Tome

I . Livres I et I I . É. Bonnard

(1977).

243. Césaire d'Arles : Sermons au peuple.

Tome I I .

Sermons 21-56.

M.-J.

Delage

(1978).

244.

Didyme

l'Aveugle

:

Sur

l a

Genèse.

Tome

II

(sur

Genèse

v-XVII).

Index.

P. Nautin et L. Doutreleau (1978).

245. Targum

du

Pentateuque.

Tome

I : Genèse. R. Le Déaut et J. Ro be r t. Tr a d.

seule

(1978).

246.

Cyrille

d'Alexandrie :

Dialogues

sur

l a

T r i n i t é .

Tome

III.

Dial.

VI-

VII,

index. G.

M.

de Durand (1978).

247. Grégoire de Nazianze :

Discours 1 - 3 . J.

Bernard (1978).

248. La doctrine des douze apô tr es. V f. Rordorf et A. Tuilier (1978).

249. S. Patrick : Confession e t Lettre à Coroticus. R.

P.

C. Hanson et C. Blanc

(1978).

250. GRÉGontB de Nazianze : Discours 27-31 (Discoure théologiques). P. Gallay

(1978).

251.

Grégoire

le

Grand

:

Dialogues.

Tome

I .

A. de

Vogué

(1978).

252. Origbne

: Traité des principes. Livres I et I I .

Tome

I . In tr od uc ti on , t ex te

critique et traduction. H. Crouzel et M. Slmonetti (1978).

253.

I d .—

Tome

I I .

Commentaire et fragments. H.

Crouzel et

M.

Slmonetti

(1978).

254.

Hilaire

de Poitiers : Sur

Matthieu.

Tome

I .

Introduction et chap. 1-13.

J. Dolgnon (1978).

255.

Gertrude d'Helpta

:

Œuvres s p i r i t u e l l e s . Tome

IV .

Le

Héraut.

Li v re

IV .

J.-M. Clément, B. de V reg ll le et l e s M on ia le s d e Wisques (1978).

256. Targum du

Pentateuque.

Tome I I .

Exode

e t Lévltique. R. Le Déaut et J. Ro

bert. Trad. seule

(1979).

257. Théodobet de Cyr :

Histoire

des moines de S y r i e . Tome I I .

Histoire

Phllothée

(XTV-XXX), Traité sur l a Charité (XXXI) et Index. P. Canlvet et A. Leroy-

Molinghen

(1979).

258. Hilaire de Poitiers : Sur Matthieu, t . I I . Chap. 14-33, appendice et

index.

J. Doignon (1979).

259. S . Jérôme : Commentaire sur S . Matthieu. Tome I I . Livres III et IV , i nde x.

É. Bonnard

(1979).

260.

GrégoireleGrand :

Dialogues. Tome

I I . Livres I - I I I . A. de

Vogué

et P.

Antin

(1979).

261. Targum du

Pentateuque.

Tome

ni.

Nombr es. R. Le Déaut et J. Robert.

Trad. seule (1979).

262. Euseee DE Césarée : Préparation évangélique, livres IV , 1-V, 17. O. Zink

et Ë.

des

Places

(1979).

263. Irénée DE Lyon : Contre l e s

hérésies,

livre I . A . Ro us se au , L. Doutreleau.

Tome

I . Intr oduction, notes

justificatives

et

tables (1979).

264.

I d .

—Tome I I . Texte et traduction (1979).

265.

Grégoire

le Grand : Dialogues. Tome

Ht. Livre

IV , tables

et

Index. A.

de

Vogué et

P.

Antin (1980).

266. Eusèee de

Césarée

: Préparation évangélique, livres

V, 18

- VI, É. des

Places

(1980).

267. Scolies ariennes sur l e concile d'AquIlée. R. Gryson (1980).

Page 226: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 226/238

208.

OrigÈXK : Traité do t

principes. Tome I I I .

Livres III

et

IV :

Texte

critique et

traduction. H.

Crouzel

et M .

Slmonetti

(1980).

209.

I d .—Tome

IV .

Livres in et IV

:

commentaire et fragmenta.

H. Crouzel

et

M.

Slmonetti (1980).

270. Grégoire

01

Nazianzk : Dlieoun 20-28.

J . Mossay

(1980).

271. Targum du Pentateuque. Tome IV . Deutéronome, bibliographie, glossaire et

Index

des

tomes

I-IV.

K.

Le

Déaut

(1980).

272. Jean Chrysostome : Sur l e Sacerdoce (dialogue et homélie). A.-M. Mal ingrev

(1980).

273.

Tertullien

: A ton épouse. C h. Munler (1980).

Hontirie:

Directives

pour

l a pr épa ra ti on d es manuscrits (de «

Sources

Chrétiennes

> ) - A

demander au Secrétariat de ■ Sources Chrétiennes > , 29, r ue du Plat, 89002

L y on.

La Rifle de S . Benoit, Commentaire doctrinal et s p i r i t u e l . A. de Vogué

(1977).

SOUS

PRESSE

Pseudo-Macaire

: Œuvres s p i r i t u e l l e s . 1 . 1 V. Desprei.

Lettres des premiers Chartreux tome II :

l e s

Chartreux

de

Fortes. Par un Chartreux.

TRRTtTLLiEN :

Contre l e s

Valentlnlent.

J.-C.

Fredouille (2

volumes).

Clément

d' Alexandrie : Stromatc

V.

A. Le Boulluec.

Jean Chrysostome : Homélies sur Oïlas. J. Sumortler.

Romands l e Mélode : Hymnes, t . V. J. Grosdldler d e M ut on s.

PROCHAINES PUBLICATIONS

IrbnéB DE Lyon : Contre

l e s

h é r é s i e s , livre

I I .

A. Rousseau et L. Doutreleau.

ThéodorBt de Cyr : Commentaire sur I s a l e . J . - Î T . Gulnot.

Page 227: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 227/238

SOURCES

CHRÉTIENNES

(1-273)

Actes

de

la

Conférence

de

Carthaoe

:

194, 195,

224.

Adam de Perseigne.

Lettres, 1 : 66.

Aeired

de Rielvaulx.

Quand Jésus eut douze ans : 60.

La

vie de recluse : 7 6 .

AMBROtSE DE MILAN.

Apologie

de

David

: 239.

Des

sacrementB :

25.

Des

mystères : 25.

Explication du Symbole : 25.

La Pénitence : 179. . .

S ur

saint

Luc

:

45

et 52.

Amédée

de Lausanne.

Huit homélies mariates : 72.

Anselme de Cantoreéry.

Po u r q u o i Dieu s ' e s t

f a i t

homme : 91.

Anselme

de Haveleerq.

Dialogues,

I : IIS.

Apocalypse

de Baruch : 144 et

145.

Aristée (lettre d' ) : 8 9 .

Athanase d'Alexandrie.

Deux apologies : 5 6 .

Discours contre l e s païens : 18.

Lettres

à

Séraplon

:

15.

S ur l'Incarnation

du Verbe : 199.

Athénagore.

Supplique au

sujet des

chrétiens

: 3 .

Augustin.

Commentaire

de la première

Epttre

de saint Jean : 75.

Sermons pour la Pâque : 116.

Barnaee (épitre de) : 172.

Basile de Césarée.

Homélies sur l'Hexaéméron : 26.

S ur

l'origine

de l'homme :

160.

Traité du

Saint-Esprit :

1 7 .

Basile

de

Sé leucie.

Homélie pascale :

187.

Baudouin de Ford.

Le sacrement de l ' a u t e l :

93 et 9 4 .

Benoit (Règle de S . ) : 181-186.

Callinioos.

Vi e

d'Hypatlos : 177.

Cassien, noir Jean Caaslen.

Césaire d'Arles.

Sermons

au

peuple, 1-20 :

175.

21-55:

243.

LaChaîne palestiniennesurlrpsaume

118 : 189 et 190.

Chartreux.

Lettres des premiers

Chartreux, I

:

8 8 .

Chromace d ' A q utl é e.

Sermons : 154

et 164.

Clément

d'Alexandrie.

Le

Pédagogue

:

7 0 ,

108 et

158.

Protreptique : 2 ,

Stromate

1

:

30.

Stromate II : 38.

Extraits de

Théodote

: 23.

Clément de Rome.

Épitre

aux Corinthiens

: 167.

Conciles

gaulois du iv« siècle

:

241.

Constance de Lyon.

Vi e de S.

Germain

d'Auxerre : 112.

COSMAS

INDICOPLEUSTÈS.

Topographie

chrétienne : 141, 159 et

197.

Cyrille d'Alexandrie.

Deux dialogues christologiques : 97.

Dialogues

sur

l a

Trinité

:

231,

237

et

246.

Cyrille de Jérusalem.

Catéchèses mystagogiques : 126.

Defensor de

Ligugé.

Livr e d'étincelles : 77 et 88.

Denys l'Aréopagite.

La hiérarchie céleste :

58.

Dhuoda.

Manuel

pour mon f i l s :

225.

DlADOQUE DE PHOTICÉ.

Œuvres spirituelles : 5 .

Didyme

l'Aveugle.

S ur la

Genèse : 233 et

244.

Sur Zacharie : 83-85.

A

diognète

: 33.

La

Doctrine des

douze

Apôtres

: 248.

dorothée

de gaza.

(Euvres spirituelles : 92.

Ephrem de Nisieie.

Commentaire de l'Evangile concor

dant

ou

Diatessaron : 121.

Hymnes sur l e Paradis : 137.

15thérie.

Journal

de voyage

:

21.

EUSÊBE

DE

CÉSARÉE.

Histoire ecclésiastique, I-IV : 31.

— V-VII

:

41.

— Vin-X

:

55.

— Introduction

et Index :

7 3 .

Préparation évangélique,

1 :

206.

— II-HI :

228.

— IV - V, 17 :

262.

— V, 18 - VI :

266.

— VITI : 215.

ÉVAGRB

LE

PONTIQUB.

Traité pratique : 17 0

et 171.

ÉVANGILEDE

PIERRE

:

201.

EXPOSITIO TOTIUS MUNDI : 124.

GÉLASE I * r .

Lettre

contre l e s

lupercales et

dlx-hult

messes :

65.

Gertrude

d'Helfta.

Les

Exercices

: 127.

Page 228: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 228/238

Le

Hérault,

t . I : 130.

t . II :

143.

— t . LU: 255.

Grégoire de Xarek.

Le livre

de

Prières

:

7 8 .

Grégoire

de Nazianze.

Discours

1-3

: 247.

20-23

:

270.

— 27-31 : 250.

L et tr es t hé o lo gi q ue s : 208.

La

Passion du Christ : 149.

Grégoire

de

Nysse.

La

création de

l'homme : S .

Traité

de

la Virginité : 119.

Vi e de Moïse

: 1 .

Vie

de

sainte

Macrine

:

178.

Grégoire

le

Grand.

Dialogues : 251, 260 et 265.

Morales sur Job, I-II : 32.

XI-XIV

: 212.

XV-XVI

:

221.

Grégoire le Thaumaturge.

Remerciement

à Or ig ène :

148.

GUERRio

D'iGNY.

Sermons : 166 et

202.

Guigues

II

le Chartreux.

Lettre sur la vie contemplative : 163.

Douze méditations : 163.

Guillaume de Saint-Thierry.

Exposé

sur l e

Canti que

:

82.

Lettre

aux

Frères du Mont-Dieu :

223.

Traité

de

la

c on te mp la ti o n d e

Dieu

:

91.

Hermas.

Le

Pasteur

: 53.

HÉSYCBTUS

DE

JÉRUSALEM.

Homélies

pascales :

187.

Hilaire d'Arles.

Vi e de S . Honorat : 235.

Hilaire

de Poitiers.

Sur Matthieu : 254 et 258.

Traité des M ystè res : 1 9 .

Hippolyte

de Rome.

Commentaire

sur

Daniel

:

14.

La

Tradition

apostolique

:

1 1 .

Deux homélies

anoméennes

four

l'octave de paques : 146.

Homélies

pascales : 27, 36, 48.

Quatorze

homélies du ixe siècle : 161.

Hugues de Saint- Victor.

Six

opuscules

spirituels :

155.

Hydaoe.

Chronique : 218 et 219.

Ignace d'Antioohe.

Lettres : 10.

Irénée

de

Lyon.

C ontre l e s hérésies, 1 : 263 et 264.

— III: 210 et 211.

  —

IV :

100.

— V : 162 et 153.

Démonstration de l a prédication apos

tolique : 62.

ISAAC DE L'ÉTOILE.

Sermons,

1-17

:

230.

18-19 : 207.

Jean

de

Béryte.

Homélie pascale : 187.

Jean Cassien,

Conférences, I-Vm : 42.

VIII-XVn

:

54.

— XVrn-XXIV : 64.

Institutions : 109.

Jean

Chrysostome.

A

une jeune veuve : 138.

A Théodore :

117.

Huit catéchèses

baptismales :

50.

Lettre d'exil : 103.

Lettres à Olympias : 13.

S ur l'incompréhensibilité de Dieu : 28.

S ur la Prov idence de Dieu : 7 9 .

S ur

l a vaine

gloire

et l'éducation

des e nf an ts :

188.

S ur

l e

mariage

uni que

:

138.

La Virginité : 125.

S ur l e Sacerdoce : 272.

Pseudo-Chrysostome.

Homélie pascale : 187.

Jean Damascène.

Homélies sur l a Nativité et la Dormi-

tion :

80.

Jean Mosohus.

Le P r é spirituel :

1 2 .

Jean Scot.

Commentaire sur l'évangile de Jean :

180.

Homélie sur l e prologue

de

Jean :

151.

JÉRÔME.

Commentaire sur

S .

Matthieu

:

242

et 259.

Sur J onas : 4 3 .

Julien de Vézelay.

Sermons

: 192 et 193.

Lactanoe.

De

la

mort des per sé cuteu rs : 39.

(2 v o l . ) .

Institutions

divines,

V : 204 et 205.

L'ouv rage

du

Dieu

créateur

:

213

et 214.

Léon

le

Grand.

Sermons, : 22, 4 9 , 7 4 , 200.

Léonce de Constantinople.

Homélies pascales : 187.

Livre

des deux principes

:

198.

Manuel n

Paléologue.

Entretien

avec

un

musulman : 115.

Marius

Victor inus.

Traités

théologiques

sur

l a Trinité

:

68

et

69.

Maxime

le Confesseur.

Centuries

sur la Charité

:

9 .

Mélanie

: voir Vie.

Métilon de Sardes.

S ur

la Paque

: 123.

Méthode d'Olympe.

Le

banquet

:

95.

Page 229: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 229/238

NERSÊS

SXORHALI.

BlCBARD BOLLE.

Jésus, Fils unique du P è r e : 203.

N1CÉTAS STÉTHATOS.

Opuscules et Lettres : 8 1 .

Nicolas Caeasilas.

Explication de la

divine liturgie

:

4 .

Origènï.

Commentaire

sur

S .

Jean,

I-V

:

120.

— VL-X : 167.

XIII : 222.

Commentaire sur S .

Matthieu,

X-XI:

162.

Contre Celse

: 132,

136,

147, 150

et

227.

Entretien avec Héraolide : 67.

Homélies sur la Genèse

:

7 .

Homélies

sur l'Exode : 16.

Homélies sur l e s Nombres

:

29.

Homélies sur Josué : 71.

Homélies

sur l e

Canti que

: 37.

Homélies

sur

J é r émie

:

232

et

23S.

Homélies sur saint

Luc

: 8 7 .

Lettre

à

Grégoire

: 148.

Philocalie 21-27 : 226.

Traité

des principes : 252,

253, 268,

269.

Patrick.

Confession : 249.

Lettre à Corotious : 249.

Paulin

de Pella.

Poème

d'action de

grâces

: 209.

Prière : 209.

Philon d'Alexandrie.

La

migration

d'Abraham

:

4 7 .

Pseudo-Phtlon.

Les Ant i q ui t é s B ib l iq u es : 229 et 230,

Phtloxène de Maeeoug.

Homélies :

44.

Pierre

Damien.

Lettr e sur

la

toute-puissance divine :

191.

Pierre

de C e l l e.

L'école du cloître : 240.

POLYOARPE DE SmYRNE.

Lettres et Ma r t y r e

:

1 0 .

Ptolémee.

Lettre

à Flora

: 24.

QUODVULTDBUB.

Liv r e des

promesses

: 101

et 102.

La

Règle

du

Maître : 105-107.

Bichard de Saint-Victor.

La Trinité : 6 3 .

Le

chant d'amour

: 168

et

169.

Bituels.

Bi tuel cathar e : 236.

Trois

antiques

rituels

du Baptême

59.

BOMANOS LE MÉLODE.

Hymnes

:

99,

110,

114,

128.

Buptn d ' A qu t l é e.

Les

b é né d ic ti on s d es P at ri ar che s

: 140.

Bupert deDeutz.

Les

œuvres

du Saint-Esprit : 131 et

765.

Salvien de Marseille.

Œuvres :

17 6 et 220.

SCOLIES ARIENNES SITE LE CONCILE

D'AQUILÉE

: 267.

SULPICE

SÉVÈRE.

Vie

de

S . Ma r t i n : 133-135.

Stméon

le

Nouveau

Théologien.

Catéchèses : 96, 104

et 113.

Chapitres

théologiques, gnostiques

et

pratiques : 51.

Hymnes

: 156, 174 et

196.

Traités

théologiques

et éthiques : 122

et

129.

Targum

du

Pentateuque : 245, 256,

261 et 271.

Tertullien.

A son épouse : 273.

De la prescription contre l e s héré

tiques

:

46.

La

chair du

Christ

: 216

et

217.

La toilette des

femmes

:

173.

Traité du baptême : 35.

Théodoret de Cyr.

Correspondance, lettres I-LII : 40.

— l e t t r e s

1-95 :

9 3 .

— lettres 96-148 : 111.

Hist. des moines de Syrie : 234 et 257.

Thérapeutique des

maladies hellé

niques : 57

(2 v o l . ) .

Théodote.

Extraits

(ICêment

d'Alex.)

:

23.

Théophile

d'Antioche.

Trois livres à

Autol ycus

:

20.

vie d'Olympias : 13.

Vie de sainte Mélanie : 90.

Vie des Pères du Jura : 142.

Page 230: A Son Épouse

7/25/2019 A Son Épouse

http://slidepdf.com/reader/full/a-son-epouse 230/238

Également aux Éditions du Cerf :

LES ŒUVRES DE PHILON D'ALEXANDRIE

publiées sous la direction de

R. Arnaldez, C.

Mondésert, J. Pouilloux

Texte

grec et traduction

française

i .

Introduction générale. De o p i f l c i o raundi. R.

Arnaldez

(1961).

2 .

Legum allegoriae.

C . Mondésert

(1962).

3 . De cherubim. J . Gorez (1963).

4 .

De

s a c r l f i c i i s

Abelis

e t

Caini.

A.

Méasson

(1966).

5 . Quod deterius potiori

i n s i d i a r i

s o l e a t . I . Peuer (1965).

6 . De posteritate Caini. R. Arnaldez (1972).

7 - 8 . De glgantibus. Quod Deus s i t

immutabilis. A.

Mosès (1963).

9 - De agricultura. J . Pouilloux

(1961).

1 0 . De plantatione.

J . Pouilloux (1963).

11-12.

De

ebrietate.

De

sobrietate.

J . Gorez (1962).

1 3 . De

confusione linguarum. J.-G.

Kalin

(1963).

1 4 . De

migratlone Abrahami. J . Cazeaux (1965).

1 5 .

Quis rerum di vinarum hères s i t .

M.

Harl (1966).

1 6 .

De

congressu

eruditionis

g r a t i a .

M.

Alexandre

(1967).

1 7 . De fuga e t

inventione. F , .

Starobinski-Safran

(1970).

1 8 . De mutatione

nominum. R. Arnaldez

(1964).

1 9 .

De somnils.

P. Savinel (1962).

20.

De

Abrahamo.

J . Gorez (1966).

2 1 . De Iosepho. J . Laporte (1964).

22. De vlta

Mosis. R. Arnaldez, C . Mondésert, J . Pouilloux,

P. Savinel (1967).

23. De Decalogo.

V.

Nikiprowetzky (1965).

24.

De specialibus legibus.

Livres

I - I I . S .

Daniel

(1975).

25.

De

specialibus

legibus.

Livres

III-IV.

A.

Mosès

(1970).

26. De virtutibus. R. Arnaldez, A.-M.

Vérilhac,

M.-R. Servel et

P.

Delobre

(1962).

27.

De

praemiis

e t

poenis.

De

exsecrationibus. A. Beckaert(i96i).

28. Quod omnis probus l i b e r s i t . M.

Petit (1974).

29. De vita contemplativa. F. Damnas et P. M i que l (1964).

30.

De

aeternitate mundi. R. Ar nal dez

et J .

Pouilloux

(1969).

31.

In F la cc um.

A.

Pelletier (1967).

32. Legatio

ad

Caium A. Pelletier (1972).

33.

Quaestiones in Genesim e t

in

Exodum. Fragmenta graeca.

F.

Petit

(sous

presse).

34.

A. Quaestiones in Genesim, I-II ( e

vers-

armen.).

34.

B. Quaestiones

in

Genesim,

III-IV

( e vers-

armen).

34. C. Quaestiones in Exodum, I-II (e v er s, armen.).

35.

De Providentia, III M. Hadas-Lebel (1973).

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a

été achevé

d'imprimer

en

juillet

1980

sur

les presses de l'imprimerie

de l'indépendant a

chateau-gontier

depot légal - 3* trimestre 1980

éditeur : 7245

Imprimé

en

France

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