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Unité de Recherche 047 de l'IRD Réseau de Recherche sur les Politiques Economiques et Pauvreté 7 èmes journées scientifiques du réseau « Analyse Economique et Développement de l’AUF » Thème des journées « Institutions, développement économique et transition » Paris Les 7 et 8 septembre 2006 Organisées et financées conjointement par L’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF, Paris) Le Réseau Politiques Economiques et Pauvreté (PEP Université Laval Québec) Et IRD, Paris, DIAL

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Unité de Recherche 047 de l'IRD Réseau de Recherche sur les Politiques Economiques et Pauvreté

7èmes journées scientifiques du réseau « Analyse Economique et Développement de l’AUF »

Thème des journées « Institutions, développement économique et transition »

Paris Les 7 et 8 septembre 2006

Organisées et financées conjointement par L’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF, Paris)

Le Réseau Politiques Economiques et Pauvreté (PEP Université Laval Québec) Et

IRD, Paris, DIAL

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UN PROFIL DE L’ABANDON SCOLAIRE AU CAMEROUN

Proposition de communication aux journées scientifiques du réseau « Analyse

Économique et Développement »

7 et 8 Septembre 2006 – Paris

Par

Issidor Noumba

Courriel : [email protected]

Téléphone : 237 977 78 29

B. P. 1365 Yaoundé – CAMEROUN

UNIVERSITE DE YAOUNDE II - SOA Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

Groupe de Recherche et d’Analyse des Politiques Economiques et Sociales (GRAPES)

Juillet 2006

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Remerciements Cette communication est un extrait retravaillé du rapport de recherche final révisé soumis au

Consortium pour la Recherche Économique en Afrique (CRÉA), Nairobi, Kenya, sur le thème

‘‘Les déterminants de la déperdition scolaire dans l’enseignement secondaire au Cameroun’’.

L’auteur remercie cette institution pour le soutien financier et, particulièrement, les

professeurs Eric Thorbecke (Université de Cornell, USA), Jean-Yves Duclos (Université

Laval, Canada), Pramila Krishnan (Université de Cambridge, UK), John M. Mbaku (Weber

State University, U.S.A), Finn Tarp (Université de Copenhague, Danemark), Patrick Plane

(CERDI/CNRS, France), Mwagi Kimenyi (Université de Connecticut, USA), ainsi que tous

les chercheurs du groupe A du CRÉA, pour leurs critiques constructives et autres suggestions

pertinentes.

Il n’en demeure pas moins que toutes les opinions émises, toutes les erreurs et

omissions que le document contient éventuellement, sont de la responsabilité de l’auteur.

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Introduction Les pays les plus pauvres de l’Afrique sont caractérisés par des systèmes éducatifs très peu

performants (Mook et Jaminson, 1988). Pourtant, ‘‘il apparaît de plus en plus évident que le

niveau d’éducation atteint par les individus qui composent une économie constitue un

déterminant majeur de son succès sur l’échiquier économique mondial et, partant, du niveau

de vie de ses citoyens’’ (Joanis, 2002, p. 1). N’attribue-t-on pas au niveau élevé de

qualification de sa main d’œuvre une cause majeure de l’ascension fulgurante du Japon sur le

plan industriel ? C’est conscients de ses bienfaits que dans tous les pays membres de l’Union

Européenne, par exemple, ‘‘la qualité de l’éducation et de la formation est une question qui

revêt la plus haute priorité politique’’ (Commission Européenne, 2000, p. 2).

L’Afrique noire en particulier ne semble pas avoir pris conscience des enjeux du débat qui

porte sur l’impact de l’éducation sur le développement économique et social. Cette partie du

continent noir fait face à de nombreux maux dont l’éducation, une éducation de qualité,

contribuera sûrement à trouver un début de solution car ‘‘un trésor est caché dans

l’éducation’’ (Delors, 1996). Dans cette perspective, l’éducation devrait occuper les premières

places dans les choix stratégiques des gouvernements des pays de cette région du monde.

Au Cameroun, l’éducation a toujours constitué un thème récurent dans les discours des

autorités publiques. Cette volonté de faire du secteur éducatif une des priorités du

gouvernement s’est régulièrement traduite dans les faits par la place qu’occupe ce secteur

dans le budget de l’État. Par exemple, la part du Ministère de l’Éducation Nationale

(MINEDUC), dans le budget total de l’Etat est passée de 11,35% en 2000/2001 à 13,5% en

2003 (Ministères de l’Économie et des Finances (MINEFI), 2004). De même, le secteur

éducatif a occupé une place de choix dans les réformes institutionnelles engagées au

Cameroun depuis le début des années 1990.

Malgré ces efforts du gouvernement et quelques résultats obtenus en termes de scolarisation

notamment1, le secteur éducatif camerounais souffre encore d’une très faible efficacité interne

(Noumba, 2002 et 2006). Le taux de scolarisation au niveau du secondaire reste très faible

dans les provinces dites sous scolarisées du Cameroun (Adamaoua, Est, Extrême Nord et

Nord). Pour les filles, ce taux était inférieur à 5% dans la province de l’Extrême – Nord pour

les filles (Ministère de l’Éducation Nationale (MINEDUC), 2005). Par ailleurs, les taux de

1 Le taux de scolarisation dans le secondaire est passé de 23% en 1985 à 33% en 2001/2002 (BAD, 2005).

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réussite aux examens officiels demeurent encore relativement faibles. Ils étaient de 39,2%

environ pour le Brevet d’Études du Premier Cycle et le Probatoire à la session de 2003, et de

44,7% pour le Baccalauréat de l’enseignement général (MINEDUC, 2005) ; 83,9% des élèves

interrogés en classe de Première et de Terminale ont déclaré avoir déjà repris au moins une

classe (Noumba, 2006). Les infrastructures éducatives de qualité sont très inégalement

réparties sur le territoire national. Le pays est déficient en ce qui concerne la disponibilité des

places dans les établissements scolaires situés en milieu urbain.

Dans ce travail nous allons examiner l’efficacité interne du système éducatif en dressant un

profil de l’abandon scolaire au niveau de l’enseignement secondaire général2. En effet, il est

de plus en plus reconnu que l’abandon scolaire avant la fin du cycle secondaire peut constituer

un handicap sérieux pour plusieurs candidats à un emploi (Blackorby et Wagner, 1996 ;

Thurlow et al. 2002). Il en résulte que ‘‘toute politique susceptible d’aider à faire baisser les

taux d’abandon sera un moyen efficace d’améliorer la situation des jeunes sur le marché du

travail’’ (Développement des Ressources Humaines, Canada, 1999, p. 20). Nous utilisons les

données de l’Enquête de suivi des dépenses publiques (Public Expenditure Tracking Survey,

PETS), menée en 2004 par le MINEFI avec l’appui de la Banque Mondiale pour répondre

aux questions suivantes :

• Quelle est l’incidence de l’abandon scolaire au niveau de l’enseignement

secondaire général ?

• Quelles sont les caractéristiques des décrocheurs ?

• Quelles sont les régions à forte prévalence d’abandon scolaire ?

• Pourquoi abandonne-t-on l’école ?

• Quels sont les déterminants de l’abandon scolaire ?

Le reste du travail est organisé comme suit. La section II est consacrée au cadre théorique et

méthodologique. La section III présente les résultats empiriques, tandis que la section IV

dégage les principales conclusions et recommandations de l’étude.

2 Au Cameroun, trois sous-systèmes éducatifs cohabitent : le sous-système Anglophone, le sous-système Francophone et le sous-système Franco-arabe. Le cycle secondaire du sous-système Francophone que nous étudions dans ce travail dure sept et comporte six classes : Sixième, Cinquième, Quatrième, Troisième, Seconde, Première et Terminale. Trois diplômes sont délivrés dans ce cycle : le Brevet d’Études du Premier Cycle (B.E.P.C) après quatre années, le Probatoire après six années et le Baccalauréat (diplôme le plus élevé) après sept années.

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II. Cadre théorique et méthodologie de l’étude Une brève revue de la littérature nous permettra, dans un premier temps, de situer cette

recherche par rapport aux travaux antérieurs portant sur l’efficacité interne des systèmes

éducatifs. Dans un second temps, la méthodologie utilisée est présentée.

1. Revue de la littérature Plusieurs travaux consacrés à l’économie de l’éducation visent à identifier les indicateurs

pertinents de l’efficacité interne des systèmes éducatifs (World Bank, 2001 ; Glewwe et al.

1995, etc.). Les mêmes travaux s’inspirent de la fonction de production développée par les

économistes, notamment par Hanushek (1986), pour spécifier les modèles de détermination

des variables significatives qui expliquent les résultats scolaires, tant au niveau des individus

que des établissements fréquentés. Cette approche dite traditionnelle essaie d’estimer une

fonction de production du service ‘‘éducation’’ principalement à partir des inputs physiques et

pédagogiques. Mais la fonction de production traditionnelle n’est pertinente que dans le cas

des pays où les établissements scolaires sont diversement dotés en ces types d’inputs.

Harbisson et Hanushek (1992), Glewwe et al. (1995), Das et al. (2004), etc., dressent une

revue intéressante de la littérature sur la question.

La mise en place des politiques capables d’entraîner une réduction du taux d’abandon

scolaire, par exemple, nécessite la connaissance des déterminants de cette déperdition.

L’abandon scolaire étant un phénomène essentiellement microéconomique, individuel, les

économistes voudraient comprendre le processus qui conduit à la décision d’abandonner

l’école ainsi que les facteurs qui peuvent influencer cette décision.

En effet, l’abandon scolaire traduit une sortie définitive ou temporaire du système éducatif ;

elle donne une indication sur la durée de rétention à l’école, le nombre d’années de

scolarisation. Un double problème se pose ici. Même dotés d’un niveau d’éducation

équivalent, les individus ne sont pas traités de manière identique sur le marché du travail ; le

salaire peut varier en fonction du secteur dans lequel l’individu est employé. On parle alors

des rendements variables de l’éducation. De même, investir dans l’éducation constitue un

risque à cause de la probabilité d’abandonner avant la fin du cycle où l’individu est inscrit ou

d’achever ce cycle sans trouver un emploi rémunérateur. C’est la problématique qu’abordent

Carneiro et al. (2002) lorsqu’ils s’intéressent au risque associé à l’investissement dans

l’éducation. S’inscrire dans un programme de formation, y rester le temps qu’il faut ou

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abandonner apparaissent alors comme des choix rationnels. Brémond et Gélédan (1984, p.

387) écrivent : ‘‘La renonciation à un salaire pendant la durée des études est comparée aux différences entre

les revenus supérieurs que l’on obtiendra grâce à cette formation et ceux que l’on aurait eus

sans suivre ce cursus. Les revenus pris en compte portent sur l’ensemble de la vie active et

sont rapportés au présent par l’actualisation’’. Ce revenu actualisé peut paraître insuffisant aux yeux des parents de l’individu concerné

(éducation non rentable) et justifier rationnellement l’abandon scolaire3. Mais, malgré le

caractère risqué de l’investissement dans l’éducation et l’hétérogénéité de son rendement, la

décision du décrochage scolaire, même prise par des individus rationnels, ne laisse pas les

autorités publiques indifférentes. Les pays en développement peuvent, par exemple, vouloir

offrir l’éducation de base à une proportion déterminée de la population ; abandonner l’école

avant d’avoir atteint ce niveau constitue un échec, une déperdition scolaire. C’est dans cette

perspective que ‘‘la plupart des pays membres de l’OCDE considèrent le diplôme des études

secondaires comme le niveau de scolarité minimal pour les jeunes de nos jours’’

(Développement des ressources humaines Canada, Direction générale de la recherche

appliquée, 2000, p. 1). En effet, aujourd’hui, la priorité semble accordée aux emplois ‘‘du

savoir’’ et les décisions individuelles peuvent aboutir à un sous investissement dans

l’éducation avec un impact négatif sur le développement futur.

Aussi, Lehr et al. (2004) estiment que l’abandon scolaire fait subir aux individus et à la

société d’importants coûts. Par exemple, la probabilité de trouver un emploi est plus élevée

chez les individus titulaires du diplôme de l’enseignement secondaire que chez ceux qui ont

abandonné l’école avant ce niveau (voire aussi ‘‘U.S Department of Labour’’, 2003). Dans le

même ordre d’idées, Sum et al. (2003) soutiennent que les jeunes adultes qui n’ont pas achevé

le cycle secondaire se trouvent en situation de précarité, ce qui compromet leur avenir

économique et social. Tous ces arguments justifient les politiques de réduction de l’incidence

de l’abandon scolaire avant la fin du cycle secondaire.

Sur tout un autre plan, plusieurs méthodes d’estimation du taux d’abandon ont été élaborées

notamment par les économistes de l’éducation. D’après le Développement des ressources

3 On suppose que la décision d’abandonner ou de rester dans le système scolaire est prise par les parents (au niveau du ménage) en fonction de plusieurs facteurs : caractéristiques des enfants, statut socioéconomique du ménage, etc.

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humaines Canada (2000), sont considérés comme décrocheurs, des jeunes qui ont abandonné

leurs études avant d’avoir obtenu leur diplôme (diplôme terminal d’un cycle). Young (2002) a

utilisé la formule suivante pour calculer le taux d’abandon au niveau de l’enseignement

secondaire dans certains États américains en 1998/99 et 1999/2000 :

octobreerleemedeetemedeclasseslesdansinscritsélèvesdNombreemedeetemedeclasseslesentreabaondonnéayantélèvesdNombresabandondTaux

1,129'129'' =

C’est dans le même sens que le ‘‘Texas Education Agency (TEA), Department of

Accountability and Data Quality’’ (2004) est allé en présentant le taux annuel d’abandon

scolaire comme le rapport entre le nombre d’élèves des classes 7 à 12 qui quittent l’école et le

nombre cumulé des élèves inscrits dans ces classes au cours d’une année. Sum et al (2003)

adoptent ces méthodes de calcul en précisant aussi qu’il s’agit des élèves qui abandonnent

sans avoir obtenu le diplôme de fin du cycle (secondaire notamment). Ce travail se situe dans

cette logique de calcul du taux d’abandon scolaire.

Après avoir déterminé l’ampleur de l’abandon scolaire, il est important d’en cerner les causes.

En effet, la décision d’abandonner les études peut se justifier par des facteurs complexes, inter

reliés et parfois à l’œuvre depuis de nombreuses années (Développement des ressources

humaines Canada, Direction générale de la recherche appliquée, 2000). Aussi, Janosz et al.

(1994) ont identifié plusieurs facteurs de risque d’abandon dont ceux liés à la famille, aux

camarades, à l’école et au rendement de l’éducation. Les estimations économétriques de

Montmarquette et Viennot-Briot (2000) ont mis en exergue neuf principaux facteurs de risque

classés selon leur importance : augmentation du salaire minimum, baisse du taux de chômage,

fréquentation d’une école située dans une province où l’âge légal en fin de scolarité de base

est de 15 ans, fréquentation d’une école publique, sexe masculin, parents qui possèdent tout

au plus des études secondaires, changement fréquent d’école, mauvaises notes, emploi de plus

de 30 heures par semaine ou aucun emploi pendant la dernière semaine de l’année. Le

‘‘National Center on Secondary Education and Transition’’ (2004), regroupe ces variables

autour de deux catégories :

• les variables de statut : âge, sexe, statut socioéconomique des parents, ethnicité,

religion, taille de la famille, type d’établissement, etc. ;

• les variables altérables : classe fréquentée, discipline, absentéisme, politiques et

climat de l’établissement, attitudes envers l’école, etc.

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Selon Audas et Willms (2001), ce sont les facteurs socioéconomiques jouent un rôle

déterminant dans la décision d’abandonner l’école. Toutefois, ces auteurs notent que les

mécanismes par lesquels ces facteurs opèrent ne sont pas clairs. Par exemple, TEA (2004, p.

61) indique que plus de 60% d’élèves ont abandonné les études sans raison déclarée.

Au regard de ces études qui portent sur les déterminants de l’efficacité interne des systèmes

éducatifs saisie par l’abandon scolaire, on peut affirmer que le décrochage scolaire est un

phénomène dont le processus est vraiment complexe. Ses déterminants varient selon non

seulement des caractéristiques des élèves, mais aussi des facteurs liés à l’école fréquentée, au

background familial, etc. En résumé, des facteurs académiques et extra académiques peuvent

entraîner l’abandon scolaire.

2. Méthodologie

Nous présentons successivement les données et le modèle empirique de détermination des

facteurs de l’abandon scolaire en nous inspirant des travaux qui ressortent de la littérature.

a) Les données

Elles proviennent d’une enquête nationale menée en mars 2004 par le Ministère de

l’économie et des finances avec le concours de la Banque mondiale. L’un des objectifs de

cette enquête, l’enquête PETS, était de suivre les dépenses publiques et leur impact sur la

santé et l’éducation des ménages. Sur le plan géographique, l’enquête avait couvert

l’ensemble du territoire national. Tous les niveaux hiérarchiques des administrations de

l’éducation nationale et de la santé publique, les prestataires de services de santé ou

d’éducation furent concernés par l’opération. Pour les besoins de désagrégation de

l’information afin de déceler les spécificités régionales en termes notamment de coût et de

qualité de service public de santé et d’éducation, le territoire national fut découpé en douze

zones (détail de l’échantillonnage en annexe). Nous nous sommes intéressé uniquement à

l’enseignement secondaire général.

Nous utilisons le taux annuel appelé encore l’incidence de l’abandon scolaire proposé par

Thurlow et al. (2002). Le taux d’abandon est la proportion d’individus qui ont fréquenté un

établissement secondaire pendant l’année scolaire 2001/2002 mais qui n’ont pas fréquenté

l’année suivante. Soit A, le taux d’abandon au niveau du secondaire ; NS, le nombre

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d’individus inscrits au secondaire en 2001/2002 et non inscrits en 2002/2003 ; NIS nombre

d’élèves inscrits dans le cycle secondaire en 2001/2002.

A = (NS/NIS)* 100 …………………………………………………………………………..(1)

Notons que l’on peut calculer ce taux pour chaque classe (taux d’abandon en classe de

sixième, cinquième, quatrième, etc.). Young (2002) a exclu les individus qui ont quitté le

cycle secondaire sans avoir obtenu le diplôme terminal. Dans ce travail, on considère tous les

individus qui ont abandonné sans avoir obtenu aucun diplôme. Nous avons donc considéré

tous ceux qui ont abandonné pour des raisons données à la question fermée ‘‘Pourquoi

l’individu i n’a-t-il pas fréquenté en 2002/2003 ou a-t-il cessé de fréquenter ou n’a-t-il jamais

fréquenté une école’’. Ce sont par conséquent des individus qui ont quitté l’enseignement

secondaire sans diplôme.

b) Le modèle empirique de détermination des facteurs de l’abandon scolaire

Nous considérons un modèle de choix d’abandonner ou de ne pas abandonner à un moment

donné. Ce modèle rentre dans le cadre général développé par Becker (1967) pour étudier les

comportements des ménages en matière d’éducation dans un contexte de décentralisation.

Mais ici, l’abandon est un choix de nature dichotomique. Nous admettons que la décision

d’abandonner ou de ne pas abandonner obéit à la logique de maximisation d’une fonction

d’utilité microéconomique.

Soit Y l’abandon scolaire. Y = 1 si l’individu a abandonné l’école en 2002/2003 et 0 s’il est

resté dans le système scolaire. Pour un individu i, la probabilité d’abandonner est donnée

par la formule qui suit.

1( 1 / )

1 1

i

i i

X

i i X XeP E Y X

e e

β

β β−= = = =

+ + …………………………………………………(2)

Dans cette formule,

Pi désigne la probabilité d’abandonner,

Xi, la matrice des variables expliquant l’abandon,

β, un paramètre.

La probabilité de rester dans le système scolaire est donnée par :

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111 i

i XP

e β− =

+………………………………………………………………………(3)

L’abandon suit alors une distribution de Bernoulli, ce qui permet d’écrire :

1iXi

i

Pe

Pβ=

− ………………………………………………………………………..(4)

Le rapport 1i

i

PP− est le ratio du risque de quitter le système scolaire. C’est le rapport de

la possibilité pour un individu de décrocher à la probabilité de ne pas abandonner. Ainsi, par

exemple si iP = 0,4, alors cela signifie que le risque est de 2 contre 3 de décrocher.

En prenant le logarithme népérien de ce rapport, on obtient le résultat suivant qui est très

intéressant :

ln1

ii i

i

PL X

⎛ ⎞= =⎜ ⎟−⎝ ⎠

…………………………………………………………………….(5)

L désigne le logit, d’où l’appellation de modèles logit que l’on peut spécifier de la manière

suivante.

0 1 1 2 2ln ..............1

ii i i i i k ik i

i

PL X u X X X u

Pβ β β β β

⎛ ⎞= = + = + + + + +⎜ ⎟−⎝ ⎠

………………………………(6)

Où k est nombre de variables indépendantes.

Cette spécification est adaptée aux données de niveau microéconomique fournies par

l’enquête PETS. Pour ce qui est de cette recherche, les variables explicatives du modèle sont

classées en trois catégories :

• Les caractéristiques individuelles : âge en années, 1 pour le sexe masculin et 0

pour le sexe féminin ; 1 pour l’individu qui a repris une classe et 0 pour celui qui

n’a pas repris ; classe d’où on a décroché, 1 pour ceux qui ont abandonné avant la

fin du premier cycle du secondaire et 0 ailleurs.

• Le background familial : éducation du père et de la mère (0 pour les parents sans

diplôme, 1 pour le diplôme du cycle primaire, 2 pour le BEPC, 3 pour le

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probatoire, 4 pour le baccalauréat et 5 au-delà) ; groupes socioéconomiques

(définis plus bas) ; taille du ménage (1 pour les familles de 5 personnes et 0 pour

les failles de plus de 5 personnes),

• L’environnement : type d’établissement fréquenté (1 pour un établissement public

et 0 pour un établissement privé) ; localisation géographique de l’établissement (1

pour une école située en milieu urbain et 0 pour celle située en milieu rural).

En utilisant la statistique descriptive et les estimations du modèle spécifié, nous obtenons des

résultats empiriques qui permettent de répondre aux questions posées dans l’introduction de

cette recherche.

III. Résultats empiriques Nous allons présenter les faits que la statistique descriptive nous a permis de dégager avant

d’estimer les déterminants de l’abandon scolaire.

1. Quelques statistiques descriptives Les données de l’enquête PETS montrent que sur 1094 individus enquêtés ayant le niveau de

l’enseignement secondaire général sur le territoire national, 90 ont abandonné l’école en

2002/2003, soit un taux moyen d’abandon de 8,22%. Le tableau 1 donne la répartition des

décrocheurs selon la classe d’âge et le sexe.

Tableau 1 : Répartition des décrocheurs selon la classe d’âge et le sexe

Classe d’âge du

décrocheur

Effectif Nombre d’abandons Taux

d’abandon (%)

Contribution à

l’abandon total (%)

Moins de 19 ans 777 36 4,63 40,00

19-22 ans 259 38 14,67 42,22

Plus de 22 ans 58 16 27,58 17,78

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Sexe du décrocheur

Garçons 592 49 8,28 54,44

Filles 502 41 8,17 45,56

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Source : L’auteur

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Quelques enseignements se dégagent du tableau 1. D’abord, c’est chez les individus dont

l’âge est inférieur à 19 ans que le taux d’abandon est le plus bas (4,63%) et ce taux semble

croître avec l’âge. En effet, au-delà de 22 ans, les individus peuvent plus facilement être

tentés d’abandonner pour trouver un emploi à cause de leur âge, surtout si ceux-ci ont des

difficultés à réussir leurs examens de fin d’année. Ce sont les individus dont l’âge est compris

entre 19 et 22 ans qui contribuent le plus à l’abandon total. Leur contribution est de 42,22%

contre 40,00% pour celle des individus âgés de moins de 19 ans. Seulement 17,78% des

individus dont l’âge est supérieur à 22 ans contribuent à l’abandon total4. Au regard de ces

résultats, on peut observer que la contribution de chaque tranche d’âge à l’abandon total

admet un maximum.

Ensuite, par rapport au sexe, le taux moyen d’abandon est d’environ 8,28% chez les garçons

contre 8,17% chez les filles. De plus, ce sont les individus de sexe masculin qui contribuent le

plus à l’abandon global (54,44% pour les garçons et 45,56% pour les filles). Toutefois, le test

de Levene sur l’égalité des variances montre que la différence entre les garçons et les filles

n’est pas significative. Ce résultat traduit-il le fait que les deux sexes font face aux mêmes

risques ? Le test du Khi-deux semble ‘ailleurs mettre en exergue l’indépendance de l’abandon

par rapport au sexe de l’individu (voir plus bas). Le niveau à partir duquel l’individu a

décroché est considéré dans le tableau 2.

4 Cette contribution est obtenue en divisant le nombre total d’abandons de chaque tranche d’âge par le nombre

total d’abandons.

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Tableau 2 : Répartition des décrocheurs selon la classe d’où l’individu a décroché Classe d’où l’individu a

décroché

Effectif Nombre

d’abandons

Taux

d’abandon (%)

Contribution au total

d’abandons (%)

Sixième

Cinquième

Quatrième

Troisième

Seconde

Première

Terminale

155

172

223

180

150

116

98

12

13

18

21

11

8

7

7,74

7,55

8,07

11,67

7,33

6,89

6,25

13,33

14,44

20,00

23,33

12,23

8,89

7,78

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Source : L’auteur Le taux d’abandon en classe de troisième est plus élevé que le taux d’abandon au niveau des

autres classes (tableau 2). De même, les individus de cette catégorie contribuent le plus à

l’abandon scolaire au niveau du secondaire au Cameroun, avec une contribution de 23,33%.

Le taux d’abandon en Troisième est supérieur au taux d’abandon en Première, soit

respectivement 11,67% et 6,89%). On a l’impression que le taux d’abandon est lié à la classe

de décrochage selon une courbe en U renversé. En outre, la contribution de la classe de

Première à l’abandon total n’est que de 6,89% environ. Tous ces résultats suggèrent qu’une

fois arrivés en classe de Première, les élèves persévèrent et acceptent de présenter le

Probatoire autant de fois qu’il faut pour réussir et aller en classe supérieure. Autrement dit, le

Probatoire5 peut retarder l’avancement d’un élève sans réellement l’empêcher de poursuivre

ses études à terme.

Après les caractéristiques des individus, nous avons décomposé l’abandon selon le groupe

socioéconomique du chef de ménage du décrocheur et les résultats sont présentés sur le

tableau 3.

5 Dans le système éducatif camerounais, le Probatoire est examen officiel présenté après 6 années d’études secondaires. Le succès à cet examen est une condition nécessaire et suffisante de passage en classe supérieure.

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14

Tableau 3 : Répartition des décrocheurs selon le groupe socioéconomique du chef de ménage

Groupe socioéconomique du

chef de ménage

Effectif Nombre

d’abandons

Taux

d’abandon (%)

Contribution au total

d’abandons (%)

Travailleur du secteur public

Travailleur du secteur privé formel

Travailleur secteur privé informel

Exploitant agricole

Chômeur

Inactif

244

125

247

231

28

219

10

15

18

26

6

15

4,10

12,00

7,29

11,25

21,43

6,85

11,10

16,67

20,00

28,89

6,67

16,67

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Source : L’auteur Des informations importantes peuvent être notées à partir du tableau 3. En premier lieu, le

taux d’abandon semble le plus élevé chez les individus qui appartiennent aux ménages dont le

chef est chômeur (21,43%), tandis que c’est chez les ménages dont le chef est travailleur du

secteur public qu’on enregistre le taux le plus faible (4,10%). En second lieu, on observe que

le taux d’abandon est plus élevé dans les ménages dont le chef travaille dans le secteur privé

formel (12.0%) que chez ceux dont le chef travaille dans le privé informel (7.2%). Ce résultat

peut sembler intéressant dans la mesure où, depuis la libéralisation du marché du travail au

Cameroun, la tendance est à la baisse des salaires nominaux dans le secteur privé formel. De

telle sorte que, certains chefs de ménage qui travaillent dans le secteur informel puissent s’en

sortir mieux dans le soutien de leurs enfants à l’école que les travailleurs du secteur formel.

Par rapport à la religion du chef de ménage, la contribution des catholiques est très élevée par

rapport aux autres religions. Tableau 4 : Répartition des décrocheurs selon la religion du chef de ménage Religion du chef de

ménage

Effectif Nombre

abandons

Taux d’abandon

(%)

Contribution à

l’abandon total (%)

Catholique

Protestant

Autre chrétien

Musulman

Animiste

296

232

211

253

162

50

23

2

13

2

16,89

9,91

0,95

5,14

1,23

55,56

25,56

2,22

14,44

2,22

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Source : L’auteur

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15

Le taux d’abandon est le plus élevé chez les individus dont le chef de ménage est de religion

catholique (tableau 4). Sur 90 individus ayant abandonné l’école au niveau du secondaire en

2002/2003, 50 appartiennent aux ménages dont le chef est catholique, soit à peu près une

contribution de 55,6%. La contribution des autres chrétiens et des animistes est la plus faible,

soit 2,2%. On peut penser ici que tous ceux qui ont déclaré être de religion catholique ne le

sont pas effectivement ou ont cessé de l’être dans les faits.

La taille du ménage peut constituer un facteur d’abandon scolaire, l’hypothèse sous-jacente

étant que le taux d’abandon est plus élevé chez les individus membres des familles

nombreuses. Dans un contexte de pauvreté, les parents sélectionnent seulement quelques uns

de leurs enfants qu’ils inscrivent ou qu’ils maintiennent à l’école. Cette hypothèse ne semble

pas validée comme il ressort du tableau 5 qui donne la répartition de l’abandon selon la taille

du ménage du décrocheur.

Tableau 5 : Répartition des décrocheurs selon la taille du ménage

Taille du ménage du

décrocheur

Effectif

total

Nombre

d’abandons

Taux d’abandon

(%)

Contribution au total

d’abandons (%)

1-5 individus

5-9 individus

10 individus et plus

257

473

364

27

34

29

10,50

7,19

7,97

30,00

37,78

32,22

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Source : L’auteur C’est chez les individus appartenant aux ménages dont la taille est comprise entre 1 et 5

personnes que le taux d’abandon est le plus élevé (10,50%). Par contre, c’est chez les

individus vivant dans les ménages dont la taille est supérieure à 5 individus que ce taux est le

plus faible. Ces résultats suggèrent-ils la présence d’une sorte d’économie d’échelle ? Par

rapport au critère d’instruction, le tableau 6 montre que c’est chez les individus vivant dans un

ménage dont le chef a le niveau du secondaire premier cycle que la contribution à l’abandon

total est la plus élevée (32,23%).

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16

Tableau 6 : Répartition des décrocheurs selon le niveau d’instruction du chef de ménage

Niveau d’instruction du chef

de ménage

Effectifs Nombre

d’abandons

Taux d’abandon

(%)

Contribution au total

d’abandons (%)

Sans niveau

Primaire

Secondaire premier cycle

Secondaire second cycle

Supérieur

370

227

212

187

98

26

18

29

13

4

7,02

7,92

13,68

6,95

4,08

28,89

20,00

32,23

14,44

4,44

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Source : L’auteur Le taux d’abandon est plus élevé chez les individus appartenant aux ménages dont le chef a

un niveau d’éducation du secondaire premier cycle (13,68%). Dans les ménages dont le chef a

le niveau du supérieur, le taux d’abandon est le plus faible (4,08%) et légèrement inférieur à

la moitié de la moyenne nationale qui est de 8,22%.

Tableau 7 : Répartition des décrocheurs selon la zone de localisation du ménage Zone de localisation du

ménage

Effectif Nombre

d’abandons

Taux

d’abandon (%)

Contribution au nombre

total d’abandons (%)

Urbain

Semi urbain

Rural

488

332

274

41

19

30

8,40

5,72

11,11

45,56

21,11

33,33

Ensemble 1094 90 8,22 100,00

Source : L’auteur Le taux d’abandon en zone rurale (11,11%), est plus élevé que dans chacune des 2 autres

zones. Le taux d’abandon dans les zones rurales est supérieur à la moyenne nationale, soit un

écart de 2,89 points de pourcentage environ. Cette différence peut s’expliquer par les

possibilités d’emploi sans qualification qu’offre le secteur agricole en zone rurale, alors que

ces possibilités sont limitées en milieu urbain et semi urbain. On peut également imaginer que

les élèves vivant en milieu urbain et semi urbain persévèrent plus dans leurs études que ceux

qui habitent en milieu rural.

Le questionnaire de l’enquête PETS a relevé six types de raisons avancées pour justifier

l’abandon scolaire. Nous avons regroupé ces raisons autour de trois catégories, à savoir, les

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raisons académiques (coût de scolarité trop élevé et échec scolaire), les raisons non

académiques (emploi/apprentissage, maladie/handicap et mariage/grosse) et autre (aucune

raison précise), dans le tableau 8.

Tableau 8 : Raisons de l’abandon scolaire

Fréquence absolue Pourcentage

Coût élevé de la scolarité 18 20,00

Echec scolaire 19 21,11

Raisons académiques

Total 37 41,11

Emploi/apprentissage 15 16,67

Maladie/handicap 9 10,00

Mariage/grossesse 16 17,78

Raisons non académiques

Total 40 44,45

Aucune raison précise 13 14,44

TOTAL 90 100,00

Source : Par l’auteur Apparemment, ce sont des raisons non académiques qui ont le plus justifié l’abandon scolaire

au Cameroun en 2002/2003 (44,45%). Il s’agit de l’abandon à cause du mariage ou de la

grossesse dans 17,78% de cas, du travail ou de l’apprentissage dans 16,67% de cas, et de la

maladie ou d’un handicap dans 10% de cas. En effet, dans un environnement caractérisé par la

pression de la tradition qui ne favorise pas la vulgarisation des méthodes de contraception, où

l’avortement n’est autorisé ni par la coutume ni par le droit positif, le mariage précoce et les

grosses non désirées peuvent fortement justifier l’abandon scolaire. Par exemple, seulement

7,1% des femmes mariées en âge de procréer utilisaient au moins une méthode moderne de

contraception en 1999/2000 (Banque Africaine de Développement (2005). D’ailleurs, jusqu’à

une date très récente, toute fille qui tombait enceinte au cours de l’année scolaire était

purement et simplement renvoyée de son établissement, ce qui constituait parfois une sortie

définitive du système éducatif. De plus, l’incidence de la pauvreté étant élevée au Cameroun6,

les jeunes filles qui rencontrent la moindre difficulté à l’école n’hésitent pas à s’engager dans

le mariage aux dépens de leurs études scolaires. En outre, dans un contexte où les

6 L’incidence de la pauvreté était estimée à 40,1% en 2001 (MINEFI, 2001).

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opportunités d’emploi sont rares, les jeunes élèves abandonnent facilement l’école pour une

activité génératrice de revenu, quitte à vouloir travailler en allant à l’école. De même, le

handicap physique ou mental peut réellement justifier l’abandon scolaire dans la mesure où,

au Cameroun, les établissements publics et privés souffrent généralement d’une insuffisance

en infrastructures courantes (table banc, salle de classe, toilettes, etc.), et, particulièrement, de

l’absence des infrastructures appropriées pour les handicapés (identification du handicap,

commodités requises, etc.). On comprend pourquoi, dans ces conditions, les facteurs non

académiques puissent être cités plus fréquemment parmi les raisons de l’abandon scolaire.

Toutefois, l’impact des facteurs académiques ne semble pas négligeable dans la mesure où ils

justifient plus de 41% des abandons scolaires. Il s’agit de l’échec scolaire (21,1%) et du coût

de la scolarité (20,0%).

Nous avons conduit un test du χ2 afin de déterminer une liaison entre les caractéristiques des

décrocheurs, le background familial et l’abandon scolaire dans le tableau 9.

Tableau 9 : Test du χ2 de l’indépendance entre l’abandon scolaire, les caractéristiques des

décrocheurs et le background familial

Variable

Valeur du χ2 Degré de liberté Signification (P value)

Ai

Si

Im

GSEm

Tm

Zm

60,102

0,004

8,637

18,500

2,476

5,466

2

1

4

5

2

2

0,000

0,948

0,071

0,002

0,290

0,0065

Source : L’auteur Dans ce tableau, Ai et Si désignent respectivement l’âge et le sexe de l’individu i ; Im, GSEm,

désignent respectivement le niveau d’instruction et le groupe socioéconomique du chef de

ménage ; Tm et Zm désignent respectivement la taille et la zone de localisation du ménage.

Au regard des données du tableau 9, il semble que le sexe et la taille du ménage ne soient pas

significativement liés au taux d’abandon. Ces statistiques descriptives nous donnent une

première indication approximative sur les déterminants potentiels de l’abandon scolaire au

Cameroun.

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19

2. Estimations des déterminants de l’abandon scolaire

Notons que pour estimer le modèle logit que nous avons spécifié, on a fait recours aux

procédures d’estimation non linéaires utilisant le maximum de vraisemblance. En appliquant

le Critère d’Information Bayesien (BIC), les variables, ‘‘niveau d’instruction de la mère’’,

‘‘religion du chef de ménage’’, ‘‘milieu de résidence’’, ‘‘sexe de l’individu’’ et ‘‘taille du

ménage’’ ont été exclues. Puisque le maximum de vraisemblance est la méthode d’estimation

retenue, la significativité des coefficients est mesurée par la statistique standard normale z et

la qualité de l’ajustement est appréciée le pseudo − R2. En outre, le ratio de vraisemblance

(LR) est utilisé pour tester l’hypothèse nulle que les coefficients de pente sont simultanément

égaux à zéro. De plus, l’effet des variables indépendantes se mesure en termes de ratio de

risque (odds, ratio) qui est donné par le modèle logistique. Dans les modèles logit, il est aussi

intéressant d’examiner l’effet marginal des variables explicatives.

Fort de ces arguments, nous avons d’abord estimé une version logistique du modèle. Ensuite,

une deuxième version des estimations vise à déterminer l’effet marginal de la variation d’une

unité de la variable indépendante sur la variable explicative (l’abandon scolaire). En effet,

dans le modèle logit, le coefficient qui représente la pente mesure la variation du logarithme

des chances associées à une modification d’une unité d’une variable explicative, toutes les

autres choses restant égales par ailleurs. Dans ce type de modèle, le taux de variation de la

probabilité d’occurrence d’un événement est donné par la formule suivante (Scott, 1997) :

( /1 )j i iP Pβ − ………………………………………………………………………………(10)

Où jβ est le coefficient de régression partielle de la jème variable explicative. Mais en

évaluant iP , toutes les variables sont incluses dans l’analyse.

Le tableau 10 donne les résultats des estimations du modèle logistique des déterminants de

l’abandon scolaire.

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Tableau 10 : Estimations d’un modèle logistique des déterminants de l’abandon scolaire

Nombre d’observations = 1089 LR chi2 (11) = 84.46

Probabilité > Khi2 = 0.0000 Pseudo R2 = 0.1360

Variable explicative de l’abandon

Ratio de

vraisemblance

Ecart -

type

z P > | z | [95% Intervalle

de confiance]

Âge du décrocheur

Âge au carré

Niveau d’instruction du père

Supérieur (référence)

Sans niveau

Primaire

Secondaire 1er cycle

Secondaire 2eme cycle

Groupe socioéconomique du père

Travailleur du secteur public (référence)

Travailleur du secteur privé formel

Travailleur du secteur privé informel

Exploitant agricole

Chômeur

Inactif

1,9863

0,9894

1,6456

1,8688

3,8142

1,6257

2,9873

1,7257

3,1008

3,4027

1,3205

0,3750

0,0041

1,0095

1,1599

2,2437

1,0172

1,3311

0,7491

1,3102

2,0945

0,5831

3,63

- 2,51

0,81

1,01

2,28

0,78

2,46

1,26

2,68

1,99

0,63

0,000

0,012

0,417

0,314

0,023

0,437

0,014

0,209

0,007

0,047

0,529

1,3719

0,9813

0,4944

0,5536

1,2041

0,4769

1,2474

0,7398

1,3546

1,0183

0,5556

2,8760

0,9977

5,4768

6,3083

12,082

5,5419

7,1543

4,0409

7,0982

11,370

3,1380

Source : L’auteur Répétons que l’effet des variables indépendantes se mesure en termes de ratio de

vraisemblance (odds ratios) donné par le modèle logistique. L’âge apparaît comme un

déterminant majeur de l’abandon scolaire. En effet, le coefficient relatif à cette variable

montre que, lorsque l’âge varie d’une unité, le risque de quitter, d’abandonner l’école est de

1,986 (presque 2). Le coefficient attaché au carré de l’âge (< 1), traduit la décélération de la

vitesse de variation de l’abandon en fonction de l’âge (la non linéarité de la relation entre

l’abandon et l’âge). Ces résultats confirment ceux trouvés par Montmarquette et Viennot-

Briot (2000) qui ont classé l’âge parmi les déterminants significatifs de l’abandon scolaire.

Par rapport au niveau d’instruction des parents, avoir un père dont le niveau d’éducation se

limite au secondaire premier cycle semble associé à un risque d’abandon élevé. Le risque de

décrochage pour les enfants dont le père a ce niveau d’instruction est presque quatre fois plus

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élevé (3,81) que le risque associé aux enfants dont le père a l’enseignement supérieur. En tout

cas, le tableau 10 laisse transparaître les faits suivants : i) les fils des parents qui travaillent

dans le secteur privé formel courent à peu près trois fois plus de risque d’abandonner que

ceux dont les parents qui travaillent dans le secteur public ; ii) avoir les parents qui sont

agriculteurs et sans emploi accroît les risques de décrochage par rapport aux fils des parents

qui travaillent dans le secteur public. Tous ces résultats montrent sans doute le rôle

déterminant que jouent les ressources du ménage dans l’éducation les enfants. Dans le

contexte camerounais caractérisé par une fonction publique où sévit une corruption rampante,

les fonctionnaires extorquent des rentes aux usagers des services publics qu’ils peuvent

utiliser pour mieux soutenir leurs enfants à l’école que les travailleurs des autres secteurs. Le

tableau suivant donne l’effet marginal des variables exogènes sur le risque d’abandon. Tableau 11 : Estimations de l’effet marginal des variables explicatives sur la probabilité

d’abandon (dy/dx)

Variable explicative de l’abandon

dy/dx Ecart -

type Z P > | z | [95% Intervalle

de confiance] x

Âge du décrocheur

Âge au carré

Education du père

Supérieur (référence)

Sans éducation

Primaire

Secondaire 1er cycle

Secondaire 2eme cycle

Groupe socioéconomique du père

Travailleur du secteur public (Réf.)

Travailleur du secteur privé formel

Travailleur secteur privé informel

Exploitant agricole

Chômeur

Inactif

0,0345

-0,0053

0,0271

0,0373

0,1002

0,0283

0,0816

0,0316

0,0783

0,1047

0,0151

0,0087

0,0002

0,0361

0,0434

0,0611

0,0419

0,4455

0,4341

0,4225

0,6155

0,4416

3,96

-2,65

0,75

0,86

1,64

0,68

0,18

0,07

0,19

0,17

0,03

0,000

0,008

0,453

0,390

0,101

0,499

0,855

0,942

0,853

0,865

0,973

0,0174

-0,0009

-0,0436

-0,0477

-0,0194

-0,0538

-0,7916

-0,8192

-0,7498

-1,1017

-0,8504

0,0516

-0,0001

0,0979

0,1224

0,2199

0,1105

0,9549

0,8824

0,9064

1,3110

0,8806

18,00

355,5

0,336

0,208

0,193

0,171

0,114

0,226

0,209

0,024

0,201

Source : L’auteur

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22

Les données du tableau 11 montrent que l’effet marginal de l’âge et de l’âge au carré est

significatif au seuil de 1%. Aussi, une augmentation de l’âge d’une unité augmente la

probabilité d’abandon de 0,0345. Le coefficient associé à l’âge au carré est négatif, la

probabilité d’abandon croît avec l’âge et décroît par la suite. Le risque de décrochage suit une

courbe en U inversé indiquant qu’au-delà d’un certain âge estimé à 21,8 ans, le risque de

décrochage diminue. Au seuil de 10%, on peut soutenir que le risque de décrochage est plus

élevé chez les enfants dont le niveau d’éducation du père est limité au secondaire premier

cycle que chez ceux dont le père détient un diplôme de l’enseignement supérieur. On peut

donc affirmer que l’éducation du père compte beaucoup dans l’éducation des enfants. Plus le

niveau d’éducation du père est élevé, plus il est prêt à fournir les efforts nécessaires pour

maintenir ses enfants à l’école le temps qu’il faut. En d’autres termes, les parents les plus

éduqués sont probablement les plus avertis des bienfaits de l’éducation. D’un autre côté, les

enfants des parents instruits pourraient avoir tendance à suivre l’exemple de ces parents. C’est

l’impact du background familial mis également en exergue par Ermisch et Francesconi

(2001), soutenus par Becker et Thomes (1986), Behrman et al. (1995), etc.

Ces résultats sur l’impact de l’âge sont importants dans le contexte camerounais où l’âge légal

d’entrée en classe de sixième (première classe de l’enseignement secondaire) est fixé entre 11

ans au moins et 14 ans au plus au 31 décembre de l’année du concours. Selon la

réglementation nationale, si après deux années dans une classe un élève n’a pas réussi à passer

en classe supérieure, il est renvoyé de l’établissement. Dans un tel contexte, le redoublement

peut être une cause importante de l’abandon scolaire, or en redoublant, l’âge augmente.

Mais le groupe socioéconomique du père ne semble pas exercer un impact significatif sur le

risque de décrochage scolaire. Ce résultat peut traduire les difficultés que pourraient éprouver

les titulaires d’un diplôme à trouver un emploi dans la fonction publique. Dans ce cas, le

risque d’investissement dans l’éducation des enfants devient élevé et dissuasif (voire Carneiro

et al. 2002). D’ailleurs, en Afrique, particulièrement, plusieurs travaux empiriques n’ont pas

réussi à établir une relation positive et significative entre les indicateurs de développement et

les indicateurs d’éducation (Easterly et Levine, 1997 ; Gupta et al. 1997 ; Collier et Gunning,

1999 ; etc.). Ces résultats mitigés peuvent résulter de la faible efficacité interne des systèmes

éducatifs comme Moock et Jaminson (1988) l’ont relevé.

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23

IV. Conclusion et recommandations

L’objectif principal de cette étude était de dégager un profil de l’abandon scolaire au niveau

de l’enseignement secondaire général au Cameroun. Une analyse des statistiques descriptives

révèle que l’incidence de l’abandon scolaire est de 8,22%, ce qui est le double du taux obtenu

dans les écoles américaines en 2003 (TEA, 2004). Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il

ne semble pas exister un écart significatif entre les garçons et les filles en matière d’abandon

scolaire. Cet équilibre peut s’expliquer par le fait que, si les filles peuvent quitter l’école à

cause des grossesses précoces, les garçons de la même tranche d’âge peuvent aussi

abandonner à cause d’autres formes de délinquance. Les deux sexes courent le même risque

d’abandon. Un autre résultat intéressant est que, pour des raisons institutionnelles, on se serait

attendu à ce que le taux d’abandon soit plus élevé en classe de première que dans les autres

classes. En effet, le passage de la classe de Première à la classe de Terminale est conditionné

par le succès à l’examen du Probatoire. Logiquement on aurait dû penser que le taux d’échec

à cet examen aggrave le taux d’abandon en Première. C’est plutôt au niveau de la classe de

Troisième que le taux d’abandon est le plus élevé.

Trois autres résultats intéressants peuvent être signalés à partir des statistiques descriptives.

Le premier est que le taux d’abandon est plus élevé dans les ménages dont la taille est

comprise entre 1 et 5 individus. Au-delà de cette taille, le taux d’abandon est inférieur à celui

de la première catégorie. Peut-on percevoir là une sorte d’économies d’échelle ? Le second

résultat intéressant est que c’est dans le secteur privé (formel et informel) qu’est concentré le

taux d’abandon le plus élevé (soit 37,6%). On peut penser ici au niveau d’éducation des

parents qui pourrait être plus faible dans ces deux secteurs. Enfin, le troisième résultat

remarquable est que le taux d’abandon en milieu rural est plus élevé que la moyenne

nationale. La facilité à trouver une occupation en milieu rural pourrait justifier ce résultat.

Enfin, l’application du Critère d’Information Bayesien (BIC) nous a permis d’estimer un

modèle logit et un modèle logistique qui montrent que l’âge du décrocheur, l’éducation au

niveau du secondaire, et le groupe socioéconomique du père (estimation du modèle

logistique), sont les déterminants les plus significatifs de l’abandon scolaire dans

l’enseignement secondaire général au Cameroun.

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L’utilisation de la statistique descriptive et les résultats des estimations d’un modèle

logistique semblent établir une relation non linéaire entre l’âge au risque de décrochage

scolaire.

A partir des estimations du modèle logistique on a établi qu’au-delà de 21,8 ans, la probabilité

d’abandonner l’école diminue lorsque l’âge augmente. On peut penser alors que la maturité

des enfants les amène à prendre conscience de l’importance de l’école et à persévérer dans

leurs études. Dans ces conditions, la suppression de la borne supérieure et le relèvement de la

borne inférieure de l’âge d’entrée en Sixième ne seraient pas en contradiction avec la

recherche de l’efficacité interne du système éducatif. De plus, les statistiques descriptives

indiquent que le taux d’abandon est plus élevé en classe de Troisième qu’en Première. Cela

constitue un argument qui milite en faveur de la suppression du Probatoire institué en classe

de Première. Les autorités publiques devraient supprimer le Probatoire dans la mesure où cet

examen pourrait retarder les élèves sans vraiment les empêcher de poursuivre leurs études. Il

contribue à accroître les coûts de l’éducation sans être réellement une barrière infranchissable.

Cette recommandation est renforcée par le fait que le risque de redoublement est plus faible

en Première qu’en Terminale (Noumba, 2006).

En second lieu, les estimations du modèle logistique de détermination de l »abandon scolaire

a mis en exergue le rôle des ressources du ménages (éducation et groupe socioéconomique du

père). Par conséquent, l’amélioration du niveau de vie des populations peut encourager les

parents à inscrire et maintenir leurs enfants à l’école, et prévenir ainsi les abandons

prématurés. La suppression de l’examen probatoire peut aussi réduire le risque d’abandon

dans la mesure les échecs scolaires ont été signalés comme un facteur de risque. Enfin, en

supprimant cet examen on réduit le coût de l’éducation, ce qui peut amener les parents à

inscrire davantage d’enfants à l’école et les y maintenir le temps qu’il faut. L’atteinte du point

d’achèvement de l’initiative pays pauvres et très endettés élargit la marge de manœuvre des

autorités publiques qui peuvent profiter de cette nouvelle perspective pour consacre plus de

moyens au développement du secteur de l’éducation.

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Annexe : Échantillonnage (source MINEFI)

Les objectifs visés par l’enquête de suivi des dépenses publiques ‘‘Public Expenditure

Tracking Survey’’ sont les suivants :

- Procurer une évaluation quantitative des délais d’exécution du budget en se

focalisant sur les transferts de ressources destinées au financement des dépenses non

salariales,

- évaluer les pertes de ressources au niveau des services publics décentralisés par un

audit détaillé : (i) des procédures de passation des marchés, (ii) de la répartition des

ressources.

Sur le plan géographique, l’enquête avait couvert l’ensemble du territoire national. Tous les

niveaux hiérarchiques des administrations de l’éducation nationale et de la santé publique, les

prestataires de services de santé ou d’éducation furent concernés par l’opération. Pour les

besoins de désagrégation de l’information afin de déceler les spécificités régionales en termes

notamment de coût et de qualité de service public de santé et d’éducation, le territoire national

fut découpé en douze zones :

Zone 1 : Le département du Mfoundi (la ville de Yaoundé);

Zone 2 : Le département du Wouri (la ville de Douala);

Zone 3 : La province de l’Adamaoua ;

Zone 4 : Le reste de la province du Centre ;

Zone 5 : La province de l’Est ;

Zone 6 : La province de l’Extrême Nord ;

Zone 7 : Le reste de la province du Littoral ;

Zone 8 : La province du Nord ;

Zone 9 : La province du Nord-Ouest ;

Zone 10 : La province de l’Ouest ;

Zone 11 : La province du Sud ;

Zone 12 : La province du Sud-Ouest.

Pour le volet d’éducation qui nous intéresse ici, la base de sondage est constituée de tous les

établissements scolaires du primaire et du secondaire général et technique relevant de l’ordre

public et privé. La liste des établissements scolaires est constituée par sous système

(francophone et anglophone), par ordre d’enseignement (public et privé) et par zone de

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découpage. La présente étude va se limiter à l’enseignement secondaire général dont le

nombre d’établissements s’élevaient à 1113 au cours de l’année scolaire 2000/2001.

L’approche méthodologique s’inspire de l’enquête ECAM2 réalisée en 2001 sur l’étendue du

territoire national auprès d’un échantillon représentatif de 12 000 ménages (notamment la

stratification est la même).

Le tirage des échantillons s’est fait suivant un plan de sondage stratifié à plusieurs degrés.

Chaque zone d’enquête ou strate définie plus haut (12 zones) comprend un certain nombre

d’unités primaires à savoir les départements. De ces 12 zones, 361 établissements scolaires

sont tirés. C’est au niveau des ménages bénéficiaires des services de santé et d’éducation que

les individus ont été sélectionnés. Ces ménages sont sélectionnés suivant la procédure

suivante. Dans chaque zone de dénombrement ECAM2 tirée, et à partir de la base de sondage

obtenue à l’ECAM2, on choisit systématiquement 8 ménages à Yaoundé et Douala

(respectivement capitale politique et économique du Cameroun), et 14 ménages ailleurs.

Posons n = 8 ou 14 ce nombre de ménages échantillons dans chaque zone de dénombrement.

Connaissant le nombre total N de cette zone à l’ECAM2, on calcule le pas de tirage p, avec

p = N/n. p = N/8 si on est à Yaoundé ou à Douala, et p = N/14 ailleurs. Ensuite on tire au

hasard un nombre a compris entre 1 et p. Enfin on enquête chacun des ménages dont les

numéros séquentiels sont respectivement : a, a + p, a + 2p, …, a + (n-1)p. Ainsi, si par

exemple, l’enquête auprès des ménages bénéficiaires se déroule dans la zone de

dénombrement de Tcholliré (province du Nord) qui comprend 212 ménages selon ECAM2,

on calcule p = 212/14 = 15,14. On tire au hasard un nombre compris entre 1 et 15. Si a = 6, la

liste des numéros des 14 ménages à enquêter dans cette zone est donc : 6, 21, 36, 51, 66, 81,

96, 111, 127, 142, 157, 173, 187, 202. On a ainsi obtenu l’échantillon des bénéficiaires

suivants.

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Tableau 1 : Distribution de l’échantillon des bénéficiaires par zone

Nombre de zones de

dénombrement à enquêter

Ménages bénéficiaires

Douala 18 126

Yaoundé 18 126

Adamaoua 9 126

Centre 9 126

Est 9 126

Extrême Nord 9 126

Littoral 9 126

Nord 9 126

Nord Ouest 9 126

Ouest 9 126

Sud 9 126

Sud Ouest 9 126

Ensemble 126 1512

Source : Ministère de l’Economie et des Finances, enquête (PETS), 2004. Au total, 1512 ménages ont été enquêtés et 1094 individus concernés par l’enseignement

secondaire général interrogés. Ainsi, sont considérés comme ayant abandonné l’école tous les

individus qui avaient fréquenté un établissement de l’enseignement secondaire général au

cours de l’année scolaire 2001/2002 et qui n’avaient pas fréquenté l’année 2002/2003.

L’enquête fournit des informations sur les caractéristiques des individus (âge, sexe, diplôme

le plus élevé, classe à partir de laquelle il a décroché, etc.). Elle fournit également les données

sur les caractéristiques des parents (éducation, groupe socioéconomique et religion, etc.).

L’enquête fournit aussi des informations sur la localisation géographique (zone urbaine, semi

urbaine ou rurale).