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SUBLIME. LES TREMBLEMENTS DU MONDE / DOSSIER DÉCOUVERTE

SUBLIME

LES TREMBLEMENTS DU MONDE

11 FÉVRIER ! 05 SEPTEMBRE 2016

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SOMMAIRE

1. PRESENTATION GENERALE DE L’EXPOSITION………………P. 3 2. LISTE DES ARTISTES DE L’EXPOSITION…………………....P. 5

3. PARCOURS EN CINQ CHAPITRES………………………...P. 7

4. PROGRAMMATION ASSOCIEE…………………………...P. 32

5. BIBLIOGRAPHIE……………………………………...P. 36

6. INFORMATIONS PRATIQUES……………………………P. 38

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1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L’EXPOSITION

SUBLIME LES TREMBLEMENTS DU MONDE 11 FÉVRIER ! 05 SEPTEMBRE 2016 GALERIE 1 Commissaire : Hélène Guenin, responsable du pôle Programmation au Centre Pompidou-Metz assistée par Hélène Meisel, chargée de recherche et d’exposition au pôle Programmation   L’exposition explore la fascination ambivalente qu’exerce sur nous la tourmente des éléments. Cette « passion mêlée de terreur et de surprise1», décrite par le philosophe Edmund Burke en 1757 et cristallisée dans le mot de « Sublime », exprime le mélange d’attraction et de répulsion que l’on éprouve face aux manifestations déchaînées de la nature et la sensation de sidération et de solitude face à son immensité. Ainsi, l’océan démonté par la tempête, les éruptions volcaniques, les montagnes escarpées et les vallées sombres deviennent au XVIII

e siècle les stéréotypes de ce sublime de puissance et de terreur, largement représenté dans la littérature et la peinture romantiques. À travers près de 300 œuvres, films et documents, provenant de musées internationaux (Arts Council, British Museum, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Collection Maurice & Katia Krafft, Cinémathèque Française, BNF, Nevada Art Museum, etc.), l’exposition du Centre Pompidou-Metz interroge le renouveau de cette notion de sublime dans un contexte contemporain, et ses filiations avec le XVIII

e siècle, en rassemblant une centaine d’artistes du monde entier, de Léonard de Vinci à aujourd’hui. Elle s’attache à montrer la persistance de notre fascination pour la « nature trop loin », selon l’expression de Victor Hugo, et la continuité d’une iconographie du Sublime. Elle montre toutefois la mutation profonde de notre relation à la nature. Tandis que la période romantique privilégie une correspondance entre les égarements de la nature et les tourments de l’âme, la période contemporaine, à l’heure des désastres écologiques, se caractérise par l’émergence d’une conscience environnementale et d’une vigilance. Les catastrophes naturelles récentes (tsunamis, cyclones, séismes), amplifiées par leur impact sur des sites industriels ont aiguisé une conscience d’un équilibre fragile, d’une maîtrise toute relative de l’homme sur son environnement et de son impact sur le milieu. Elles ont attisé le sentiment d’une urgence paralysante, excédant la seule délectation esthétique.

                                                                                                               1 Edmund Burke, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, Paris, Editions Vrin, Collection Bibliothèque des textes philosophiques, p. 76.

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Dans le prolongement de cette réflexion, l’exposition aborde également l’évolution de la notion de catastrophe : à l’image du déluge et du déchainement des éléments se substitue aujourd’hui une conception de la catastrophe invisible et insidieuse. Ainsi, l’exposition ouvre sur une géographie du terrible et de la peur en montrant des pièces jouant sur l’ambigüité de paysages contemplatifs ou idéalisés, aux stigmates invisibles comme le caractère paisible des paysages de Fukushima au lendemain de l’accident nucléaire. L’exposition évoque également l’apparition depuis les années 1960-1970 d’une relation renouvelée à la nature passant par le ré-enchantement, une aspiration à une fusion avec les éléments d’une part, et à l’éveil d’une conscience écologique d’autre part, s’exprimant tant sur le terrain poétique, imaginaire que politique. Elle s’appuie notamment sur la génération des artistes de l’Earth art et du Land art qui interagirent directement avec les éléments en réalisant des interventions ou performances in situ2. Des contrepoints historiques, scientifiques et cinématographiques (revues, fonds d’archives, documents de sociétés de géographie ou de vulcanologues) viennent compléter le parcours, afin d’esquisser une généalogie non linéaire du Sublime. Un catalogue accompagne l’exposition.

 En couverture : Juan Navarro Baldeweg, A tropical forest in an arctic landscape. Application of a climatic control system, 1972. Photomontage. © Adagp, Paris, 2015.

                                                                                                               2 Sur site

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2. LISTE DES ARTISTES DE L’EXPOSITION

Robert Adams Bas Jan Ader Dove Allouche Darren Almond

Amy Balkin Lewis Baltz Shigeru Ban Rosa Barba

Joseph Beuys (& Gianfranco Gorgoni) Ursula Biemann

Auguste-Rosalie Bisson Richard Buckminster Füller

Edward Burtynsky Christo et Jeanne-Claude

Aimé Civiale Nacho Criado

François Dallegret Tacita Dean Agnes Denes

Menzie Dickson Mark Dion

Julien Discrit Mary Beth Edelson Martin Engelbrecht

Bernard Faucon Roland Flexner

Kazumichi Fujiwara Dora Garciá

Sharon Gilbert Peter Goin

Geert Goiris Laurent Grasso David Greene

Haus Rucker-Co Werner Herzog Michael Heizer Marianne Heske

Susan Hiller Hans Hollein Victor Hugo

Peter Hutchinson Robert Kinmont

Jiří Kolář Július Koller

Horacio Larrain Barros John Latham

Barbara et Michael Leisgen Jochen Lempert

Dona Ann Mc Adams John Martin

William Martin Gordon Matta-Clark

Angela Melitopoulos & Maurizio Lazzarato

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Ana Mendieta

Gustav Metzger Karel Miler

Fina Miralles Richard Misrach Adrien Missika Gernot Nalbach

Juan Navarro Baldeweg Louise Neaderland

Isamu Noguchi Pere Noguera

Gina Pane Cornelia Parker

Giuseppe Penone Zarh Pritchard

Guy Rottier Jacques Rougerie Charles Simonds Robert Smithson

Klaus Staeck Graham Stevens Petr Štembera

Hiroshi Sugimoto Superstudio

Lars Von Trier Joseph M. W. Turner

Nicolás García Uriburu Leonard De Vinci

Jaume Xifra Chen Zhen

"Eco-activisme. Pour une topographie subjective des pratiques environnementales", diagramme

Lara Almarcegui, Amy Balkin, Betty Beaumont, Joseph Beuys, Mel Chin, Christo et Jeanne-Claude, Mark Dion, Peter Fend et Ocean Earth, Dirk Fleishmann, Yolanda Gutiérrez, Hans Haacke, Helen Mayer Harrison et Newton Harrison, Nancy Holt, Yutaka Kobayashi, Mierle Laderman Ukeles, Robert Morris, David Nash, Buster Simpson, Alan Sonfist

Dation Maurice et Katia Krafft au Museum national d’Histoire naturelle Anna D'Alessandro

Jean-Baptiste Chapuy Camillo De Vito

Saverio Della Gatta Camille Flammarion

William Hamilton & Pietro Fabris Athanasius Kircher Gioacchino La Pira

Y. Itowe Ogura Sherman & Smith

Pierre-Jacques Volaire

Avec la contribution de la Cinémathèque française, de la Société de Géographie, des Amis de la Terre, du Musée du Vivant-AgroParisTech et

du Kansas State Historical Society

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3. PARCOURS EN CINQ CHAPITRES

EXPLICATION DU PARCOURS Le parcours est thématique et non chronologique, avec des ponctuations d’œuvres anciennes. La découverte de l’exposition est appréhendée par la droite en entrant dans l’exposition. Cinq chapitres sont proposés :

- « La nature trop loin » - Imaginaire de la catastrophe - La tragédie du paysage - Alternatives - Réenchantement

QU’EST-CE QUE LE SUBLIME ? Initialement employé comme adjectif, le terme sublime, qui signifie littéralement « qui va en s’élevant », caractérise d’abord une habilité oratoire, capable d’ébranler l’auditoire et d’emporter son adhésion. Son usage se déplace ensuite pour caractériser un type de spectacles naturels terrifiants : orages, tempêtes, éruptions, avalanches, inondations, incendies, etc. Au XVIIIe siècle, le sublime devient une catégorie esthétique à part entière, au même titre que le beau ou le pittoresque. Le philosophe irlandais Edmund Burke en publie l’essai fondateur en 1757, la Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau. Témoin de déchaînements naturels le menaçant, le spectateur ressentirait un plaisir paradoxal : une « horreur délicieuse » alliant la frayeur de sa propre mort et l’apaisement de sa survivance. Si Burke s’attarde sur la soudaineté et l’intensité d’un sublime terrible et les états de choc, de sidération ou de ravissement qu’il génère, il évoque également des ressorts plus statiques comme

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l’obscurité, l’infini ou la solitude. Les grandes explorations du XVIIIe siècle contribuent à la géographie du sublime où les glaciers de haute montagne rejoignent les iceberg arctiques. Dans sa Critique de la faculté de juger (1790), Kant développe une philosophie où, face à l’imminence de sa propre disparition, l’homme entrevoit sa finitude et conclut de cette prise de conscience dont il aurait l’exclusivité, sa supériorité sur la nature.3

                                                                                                               3 Extrait du catalogue Sublime. Les tremblements du monde, Glossaire, article de Hélène Meisel

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1. « LA NATURE TROP LOIN »

PRESENTATION DE LA SECTION Le Sublime, dont l’étymologie renvoie au superlatif latin « placé très haut », recherche le vertige des altitudes extrêmes comme celui des profondeurs abyssales. Souvent d’ailleurs les lignes de crête et les fosses océaniques partagent les mêmes profils escarpés. Relevant de l’état des lieux, ce premier panorama brosse la topographie de sites où se manifeste cette « nature trop loin », terme emprunté à Victor Hugo. Que ce soit sur le toit du monde ou à vingt mille lieues sous les mers, il s’agit ici de répertorier des paysages terribles : mers déchaînées, haute montagne, gouffres, crevasses, grottes, geysers, volcans, chutes d’eau, etc. Les thèses eschatologiques qui voyaient dans les monts et les côtes déchiquetées les vestiges du déluge laissent place au XVIII

e siècle à une rationalité moderne, où la genèse n’est plus de nature divine mais géologique. « Verrues de la Création » expression de Alain Corbin, historien français spécialiste du XIXe siècle, les montagnes deviennent les reliques de cataclysmes explicables. On cherche à lire dans les origines de la Terre le secret de la fin des temps. Sculptés par l’action des éléments, ces curiosités et monuments naturels sont pour les explorateurs, scientifiques et artistes des monstruosités inspirantes. FOCUS SUR DES ŒUVRES Susan Hiller, On the Edge, 2015

Susan Hiller, On the Edge, 2015. Cartes postales de mer déchaînée, carte, 482 vues de 219 sites, montées sur 15 panneaux. © Susan Hiller / Adagp, Paris, 2015. Née en 1940 en Floride, Susan Hiller vit depuis longtemps en Angleterre. Artiste conceptuelle majeure, elle utilise des formes souvent empruntées à la collection, à la classification, à l’investigation méthodique qui lui viennent notamment d’une formation en anthropologie.

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Pour ses œuvres, elle enquête sur le terrain, répertorie des données, des témoignages, compare, analyse, expose. Le commissaire d’exposition James Lingwood synthétise la démarche de l’artiste en employant deux verbes d’actions « enquêter » et « transformer ». On the Edge est une série qui débute en 1970, avec l’œuvre Dedicated to the Unknown Artists. Susan Hiller collecte des centaines de cartes postales retraçant l’ensemble du littoral de la Grande Bretagne et déployant des mers déchainées. Ces traces historiques, parfois colorisées, confèrent un ton populaire et kitsch au sublime. EN SAVOIR PLUS LES VOLCANS Katia et Maurice Krafft, Chasseurs de volcans

Katia et Maurice Krafft Vulcanologues de l’équipe vulcain observant la formation d’un Nouveau cratère avec fontaines de lave au Piton de la Fournaise, Ile de la réunion, 1975 Epreuve chromogène d’après diapositive, 24 X 36 cm Nancy, Centre Image Lorraine Photographie non exposée

Les Krafft se rencontrent en 1966 à l’Université de Strasbourg. Après des études de géologie pour Maurice et de biochimie pour Katia, une carrière exceptionnelle de chasseurs de volcans s’amorce. Loin des circuits scientifiques et de la recherche universitaire, les Krafft financent eux-même leurs expéditions par la vente de leurs ouvrages et de leurs images. Ils assistent à 175 éruptions volcaniques, réalisent 300 heures de films et près de 300 000 diapositives (conservées au Centre Image Lorraine de Nancy). Le couple Krafft produit des films de vulgarisation préventifs afin d’alerter la population des dangers encourus par leur proximité avec un volcan. Leur film, Les Risques volcaniques permet à des milliers de Philippins d’échapper au réveil du Pinatubo. Surnommés les « diables des volcans » pour leur côté aventuriers et téméraires,

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ces scientifiques veillent à un partage humaniste de leur savoir. Peu avant leur décès tragique en 1991, engloutis par le volcan en éruption, l’Unzen, au Japon, ils initient le projet Vulcania, dans le Puy-de-Dôme. L’hiver volcanique Lorsqu'un volcan entre en éruption, il peut expulser en très grande quantité des cendres et de l'acide sulfurique. Lors de telles explosions, ces composants atmosphériques réfléchissent les rayons du soleil, ce qui empêche, de façon saisonnière, ces derniers de chauffer le sol. La température se met à baisser : on parle alors d'un hiver volcanique. Cette perturbation peut se produire à une échelle locale mais aussi mondiale. Vers 1780, le volcan islandais Laki refroidit pendant plusieurs années l'hémisphère Nord. S'en suivent mauvaises récoltes, crise de subsistance, révoltes paysannes, qui ont donc lieu à la veille de 1789. Le pouvoir royal débloque trois millions de livres. Certains historiens évoquent le fait que l'image du roi en sort renforcée, alors que d'autres y voient l’un des éléments déclencheurs de la Révolution Française. En 1991, l’éruption du mont Pinatubo, situé aux Philippines, a également des conséquences sur le climat mondial et freine le réchauffement climatique de 0,6°C de moyenne, pendant deux ou trois années consécutives. VICTOR HUGO Victor Hugo entreprend dans le courant des années 1850, peu avant son exil sur les îles anglo-normandes, une douzaine d’encres quasi abstraites, où un astre sombre dans un lacis d’encre noire. Ces lavis bruns, auxquels l’auteur mêle parfois du café, du charbon ou de la suie, s’éloignent radicalement de la figuration, pour suggérer des configurations cosmiques hors d’échelle. Certains titres de cet ensemble, comme tâches-planètes, confirment la complémentarité d’une expérience à la fois graphique et métaphysique. Victor Hugo place ses « espèces d’essais » sous le signe de l’intuition et du rêve, s’attachant davantage aux visions qu’à l’observation. Ces paysages mentaux réfléchissent la précarité de la condition humaine et le vertige de l’infini. CASPAR DAVID FRIEDRICH L’œuvre de Caspar David Friedrich4, par l’évocation du paysage, s’inscrit dans un courant pictural du XVIIIe siècle, le Romantisme allemand. Il évoque bien souvent les forces de la nature, la petitesse de l’homme face au divin, en mettant en scène des figures dans un paysage. Une de ses œuvres Le moine au bord de la mer, 1808-1810, représente un moine face à l’immensité des éléments, scrutant la mer, perdu dans sa solitude et sa méditation. De manière générale, le Romantisme est une réaction à l’Académisme et prône l’exaltation de la sensibilité, de l’émotion, de l’imagination contre la raison et la morale.

                                                                                                               4  Ne figure pas dans l’exposition  

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NEPTUNISME-PLUTONISME Le « neptunisme », théorie géologique de la fin du XVIIIe siècle, proposée par le chercheur allemand Abraham Gottlob Werner, croyant en l’existence d’un océan primordial universel, estime un temps qu’il est à l’origine de la formation de la croûte terrestre. Les côtes escarpées passent longtemps pour les vestiges du déluge. L’exploration croissante des fosses océaniques révèle ensuite le rôle des abysses dans la formation des montagnes. La thèse du « plutonisme » est issue, elle, de l’ouvrage Théorie de la Terre, écrit par le géologue écossais James Hutton en 1788. Baptisée d’après le Dieu romain des enfers, cette hypothèse défend une genèse du monde par le magma plutôt que par l’eau. La fusion qui se joue au cœur du globe serait à la l’origine de la formation des roches.

   

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2. IMAGINAIRES DE LA CATASTROPHE PRESENTATION DE LA SECTION « Imaginer les pires lendemains possibles me procure de grandes joies sur le plan artistique. Les ténèbres du futur éclairent mon présent, et la prescience d'une fin à venir est garante de mon bonheur de vivre aujourd'hui. » Hiroshi Sugimoto, 2009 Malgré les thèses scientifiques sur le début et la fin du monde, la croyance et le mythe continuent d'alimenter un imaginaire catastrophique où la fantasmagorie persiste. Expérience de la transcendance, la menace des éléments devient un objet de délectation aussi hypnotique que morbide. C’est cette prédisposition à esthétiser l’horreur que Edmund Burke et Emmanuel Kant décrivent comme une « délicieuse horreur », un « plaisir négatif ». Pris dans un voyage immobile, le spectateur sidéré extrapole les conséquences du spectacle qui le subjugue autant qu'il le séduit : face à cette nature, « je deviens un globe oculaire transparent ; je disparais. » (R. W. Emerson). Cette absorption dans le paysage génère différents sentiments : la résignation ou l’exaltation, la mélancolie ou l’hébétude, parfois l’accoutumance complaisante aux images spectaculaires. À l’ère d’une médiatisation forcenée et globalisée, la force d’attraction des sites sinistrés est telle qu’elle génère une nouvelle forme de tourisme (« Dark Tourism »), encore hantée par l’iconographie persistante d’un Sublime romantique. FOCUS SUR DES ŒUVRES Lars von Trier, Melancholia, film, 20115

Lars von Trier, Melancholia, film, 2011 © Les films de Losange La collision fatale entre une comète et notre planète est l’une des hypothèses fertiles de fin du monde qu’explore en 2011, Lars von Trier. Le cinéaste compose une ode onirique à la disparition et Melancholia, soleil noir qui hante ses personnages, sera l’instrument de cette catastrophe cosmique. Dès les premières minutes, le désastre est annoncé avec l’apparition funeste et hypnotique de la planète. Le film assume et esthétise la passion morbide de l’Occident pour la disparition jusqu’à son terme ultime : il n’y a pas d’après dans Melancholia...

                                                                                                               5  Programmation associée p. 32 : projection du film Melancholia dans le cadre du Festival du Film Subversif du 10 au 12 juin 2016  

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Robert Smithson, Asphalt Rundown, Rome, 1969

Robert Smithson, Asphalt Rundown, Rome, Italie, 1969. Epreuve jet d’encre sur papier chiffon d’archive, 44,4 X 44,4 cm Courtesy The Holt-Smithson Foundation, Santa Fe et James Cohan Gallery, New York Pendant les années 1960, 1970, des artistes américains du Land art se passionnent pour les sols : les mines, les carrières sont pour eux de gigantesques sculptures en négatif. Ils entreprennent à l’échelle du paysage des chantiers monumentaux. Cratères, dépressions, puits, tranchées, tunnels, coulées, jetées, etc, sont des interventions artistiques qui portent un nom : les earthworks. Robert Smithson, artiste du Land art est passionné par la géologie : les processus d’érosion, de sédimentation, de dislocation le fascinent. Il met en relation la formation du sol (earthworks) avec celle du langage (earthwords). Cette géologie abstraite fait le lien entre le matériel et l’immatériel, le vivant et l’inerte, le naturel et l’artificiel. Dans Asphalt Rundown, 1969, Robert Smithson fait couler de l’asphalte sur la paroi d’une carrière à ciel ouvert à Rome. Dans le monde de Smithson, tout se perd, rien ne se transforme, recouvrant irrémédiablement le paysage par ce geste humain et soulignant la typographie initiale.

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EN SAVOIR PLUS TREMBLEMENT DE TERRE DE LISBONNE 1755 Le 1er novembre 1755, quatre secousses ébranlent Lisbonne avant qu’un raz-de-marée ne balaie la ville. Les quartiers non inondés subissent d’importants incendies. Dix milles habitants périssent. Violemment ravageur, ce séisme devient la première catastrophe moderne de l’histoire, notamment parce qu’elle mobilise les penseurs des Lumières qui refusent d’y voir une punition divine ou un signe de la providence. Dans son célèbre Poème sur le désastre de Lisbonne (1756), Voltaire dénonce tout obscurantisme religieux et récuse ensuite dans son Candide (1759) la théorie de l’optimisme. Le XVIIIe siècle inaugure une causalité émancipée de Dieu, où la catastrophe s’extirpe des récits apocalyptiques pour devenir un événement certes accidentel et imprévisible, mais explicable et remédiable. Les sinistrés ne sont plus des pécheurs fautifs mais des victimes innocentes. Avec l’avènement de la culture du risque apparaît un devoir de prévention, qui incombe aux gouvernements. Très rapidement, Lisbonne est reconstruite et modernisée selon un urbanisme, exemplaire censé mieux résister aux futurs séismes. Le siècle des Lumières cristallise une conscience historique très attentive à la fragilité et à la décadence des civilisations, sensibilité que traduisent les genres picturaux des éruptions volcaniques, des naufrages et des ruines alors en vogue.6 ANTHROPOCENE La Terre est entrée dans la nouvelle ère de l’anthropocène. Notre planète est marquée au fer rouge par les traces de nos excès d’urbanisation, de nucléaire, la pollution de l’air, les gaz à effet de serre, etc. L’anthropocène qui signifie cet impact de l’homme, succèderait à l’holocène, époque géologique post-glaciaire entamée il y a 11 500 ans. Ce terme désigne un point de non retour, une bifurcation géologique dans l’histoire de la planète Terre. APOCALYPSE « Apocalypse » est, à l’origine, synonyme de fin du monde. Au début de l’ère chrétienne, les récits d’apocalypse apparaissent comme genre littéraire. Dans le Nouveau Testament, Jean célèbre l’Apocalypse par des préoccupations relatives aux derniers temps du monde ou encore au salut des âmes. Des visions positives de l’apocalypse annoncent le retour sur Terre du Messie avant le Jugement dernier. Les progrès de la science et de la technique modifient la notion d’apocalypse par l’abandon du caractère sacré. Cinéma et littérature s’en emparent. Les risques d’apocalypse précipitant la planète dans la catastrophe et la fin de la civilisation font légion : l’invasion extraterrestre de Mars Attack, la chute d’astéroïde géant d’Armageddon, etc.

                                                                                                               6 Extrait du catalogue Sublime. Les tremblements du monde, Glossaire, article de Hélène Meisel  

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CATASTROPHES NATURELLES Les inondations, les coulées de boue, les tremblements de terre, les tsunamis, les avalanches, la sécheresse s'apparentent à des catastrophes naturelles. Elles sont issues d'événements climatiques qui se caractérisent, notamment, par leur brutalité, l'intensité des dommages et des destructions qu'elles causent sur les sociétés humaines. D'après l'ONU, les catastrophes naturelles ont tué plus de 600 000 personnes depuis vingt ans, en ont blessé plus de 4 milliards et sont à l'origine de flux migratoires majeurs. En 2015, le nombre des réfugiés climatiques s'élèvent à environ 19 millions de personnes, selon les chiffres publiés sur le site du Centre de surveillance des déplacements internes, et pourrait atteindre 250 millions en 2050. L'Asie est la région du monde la plus touchée. Quatre réfugiés climatiques sur cinq y vivent : la Chine, les Philippines et l'Inde sont les plus concernés. Mais les catastrophes les plus graves ont eu lieu en Afrique subsaharienne. Il existe donc une relation entre niveau de développement et importance des catastrophes naturelles même si les Etats-Unis et le Japon comptent parmi les pays les plus régulièrement exposés. La fréquence et l'ampleur de ces événements sont renforcées par la croissance démographique. La population mondiale a doublé depuis les années 1970. Elle a tendance à se concentrer dans les villes, situées dans des zones à risques. Les changements climatiques liés au réchauffement de la planète expliquent également cette situation. TADASHI KAWAMATA Dans le cadre de l’exposition Sublime. Les tremblements du monde, Tadashi Kawamata réinvente une œuvre magistrale, Under The Water-Metz, à l’échelle de la Galerie 2 et du Forum du Centre Pompidou-Metz. Projet bouleversant, Under The Water-Metz se présente comme une grande vague statique et mortuaire qui charrie des débris de meubles et de structures en bois, faisant référence aux débris emportés par le reflux du tsunami et qui, par leur nombre, saturent la surface de l’océan. Ces vestiges des maisons et villages côtiers sont aussi comme des ex-votos, fragments de vies brisées, âmes emportées et errant à tout jamais aux confins de l’océan Pacifique. C’est pourquoi, dans cette installation l’artiste retourne le monde, afin que la surface de l’eau devienne un ciel. Au Centre Pompidou-Metz, dès son arrivée, le visiteur est saisi par une impressionnante vague scélérate, Wave, qui semble s’abattre sur lui. Cette puissante lame de bois disparate, dense, dressée dans le Forum, crée un moment de sidération. Poursuivant son parcours, le visiteur découvre, en Galerie 2, le plafond occulté par une sorte de pergola horizontale ajourée, constituée de fragments de bois assemblés anarchiquement. Durant sa traversée de la galerie, il est dominé par cette étrange et angoissante pergola suspendue, paraissant par endroit animée d’une légère houle. D’octobre à décembre 2015, portes, volets, têtes de lits, planches, etc ont été collectés par Emmaüs, Haganis et Veolia. Pour le montage de cette œuvre à dimension sociale et écologique, Tadashi Kawamata, artiste engagé, a travaillé avec une trentaine d’étudiants de l’ESAL, de janvier à février 2016.

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Né en 1953 à Hokkaido au Japon, Tadashi Kawamata vit et travaille à Tokyo et à Paris. Son travail a fait l'objet de multiples présentations dans le monde entier au sein d’institutions telles que le Centre Pompidou à Paris, le HKW à Berlin, le Art Tower Mito, la Serpentine Gallery à Londres, la Art Pace Foundation for Contemporary Art à San Antonio, le MACBA à Barcelone ainsi que dans le cadre de nombreuses manifestations telles que la Biennale de Venise (1982), la documenta VIII et IX (1987-1992), la Biennale internationale de São Paulo (1987), la Biennale d’Art Contemporain de Lyon (1993), le Münster Skulptur Projekte (1997), la Biennale de Sydney (1998), la Biennale Art Focus à Jérusalem (1999) et la Biennale de Shanghai. Réalisées à l’aide de bois de récupération, les œuvres de cet artiste japonais donnent parfois la sensation de se déverser à la manière d’une rivière en crue. Ce fut le cas notamment du projet Gandamaison au centre d’art de la Maréchalerie de Versailles, en 2008, pour lequel l’artiste assembla près de 5000 cagettes de bois semblant dévaler depuis la toiture du bâtiment de Jules Hardouin Mansart.

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Photographies du montage :

  Tadashi Kawamata, Under the water-Metz, 2016 © Centre Pompidou-Metz

 

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3. LA TRAGÉDIE DU PAYSAGE PRESENTATION DE LA SECTION « Les êtres humains ont aujourd'hui plus d'impact sur le paysage que la pluie. » 7 Dès les années 1970, des artistes documentent l’impact de l’activité industrielle sur la nature. Passant souvent par une photographie mêlant objectivité conceptuelle et investigation journalistique, ces témoins vigilants adoptent l’angle du constat froid pour mieux révéler les ravages de l’anthropocène. Cette nouvelle ère géologique amorcée dès 1800 avec l’industrialisation croissante, et évaluée par la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, enregistre l’impact environnemental des activités humaines. La démographie, l’industrialisation, l’exploitation des ressources, les transports, la déforestation, etc. sont devenus de véritables forces géophysiques capables de modifier l'atmosphère, la biosphère, l'hydrosphère et même la lithosphère de la planète. L’homme réalise alors qu’il est à l’origine de catastrophes « naturelles » qu’il croyait subir. La pollution, tout comme les tsunamis ou les canicules, sont à présent imputables à des causes connues, parfois tues. Décrivant une « géographie de la peur », les prévisions révèlent des cercles vicieux : réchauffement climatique, fonte des glaces, élévation du niveau de la mer, inondation, etc. Une confusion subsiste pourtant dans la contemplation impuissante de ces chamboulements climatiques et de leurs territoires traumatiques : trompeuse, leur beauté reste parfois séduisante.

FOCUS SUR UNE ŒUVRE Barbara and Michael Leisgen, Pink Depression. L’eau mourante, 1982

Barbara and Michael Leisgen, Pink Depression. L’eau mourante, 1982. 9 preuves chromogènes cibachromes montées sur papier kraft, encadrés, 219 x 315 cm ; chaque élément : 73 x 105 cm Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne

                                                                                                               7 The Altered Landscape: Photographs of a Changing Environment. catalogue d’exposition, 2011.  

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À partir des années 1960, des artistes transforment le paysage en théâtre d’opération, et l’eau, ressource vitale, devient un symbole d’un monde naturel mis à mal. En 1982, Barbara et Michael Leisgen réalisent une série de photographies mettant en scène Barbara, vêtue d’un pull rose et d’un pantalon rouge, le corps flottant dans un ruisseau. La série, réalisée non loin d’une usine d’aluminium contaminant les cours d’eau aux alentours, oscille entre le drame et l’absurde, l’humour et le tragique. Cette action témoigne de la rencontre entre une nature malmenée et des artistes impuissants, qui tentent d’ériger les bases d’un possible langage de résistance. EN SAVOIR PLUS LES REVUES MILITANTES

L’écologie politique qui émerge au début des années 1970 voit fleurir avec elle une presse spécialisée antimilitariste, anticapitaliste et antinucléaire. Proche de la contre-culture, elle hérite des codes et du ton de la contre-information. La production graphique mise alors sur l’humour noir de la caricature, le détournement de lieux communs et l’esprit disparate du collage. Militants, associations et partis verts s’arment également de slogans frappants. En 1972, Pierre Fournier quitte Charlie Hebdo pour créer la Gueule ouverte. Le journal qui annonce la fin du monde, titre radical reflétant le franc-parler du moment. Après son livre intitulé L’utopie ou la mort, René Dumont fait campagne aux élections présidentielles de 1974 avec un ultimatum : « ouvrir les yeux ou disparaitre ». En plus d’actions directes non violentes, des associations comme les Amis de la terre ou Greenpeace se dotent elles aussi de périodiques, tout en menant des campagnes de sensibilisation par les medias. D’autres exemples : De 1974 à 2004, apparaît le trimestriel Combat Nature, revue de référence nationale, dirigée par Alain de Swarte, ancien entrepreneur. Les sujets traités sont multiples : défense de l’environnement, sauvegarde et étude de l’architecture rurale, lutte contre les agressions à l’encontre des milieux naturels. Ecologie Infos est publié de 1970 à 1980 par Jean-Luc Burgunder, écologiste actif depuis 1970, cofondateur de plusieurs mouvements d’Ecologie politique, jusqu’à la création des Verts en 1984. Enfin le Sauvage, mensuel créé par le Nouvel Observateur, parait dans les années 1970, avec des thèmes tels que la pollution, la logique de croissance, la surconsommation.

Anonyme, La gueule ouverte. Le journal qui annonce la fin du monde (Tout doit disparaître), n°17 17 septembre 1975 Musee du Vivant-AgroParisTech | Chateau de Grignon. © Tous droits réservés.

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MICHAEL HEIZER ET LE SUBLIME ULTIME  En 1972, l’artiste Michael Heizer entame, au cœur du Nevada, un gigantesque projet de construction. Inaccessible au public jusqu’à son achèvement et composé de plusieurs complexes de terre et béton, il s’étalera sur plus d’un kilomètre et demi. Cette City, inscrite dans sa pratique du Land Art, s’envisage également comme une réponse au contexte géographico-militaire du Nevada et à cette période hantée par la menace d’un conflit nucléaire international. Entre mémorial de la fin des temps et trace survivante d’une civilisation, City, est un défi à la mesure de la menace. À noter que, entre 1951 et 1963, date de la signature du Traité d’interdiction partielle des essais nucléaires (ratifié par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’URSS), plus de 200 explosions nucléaires ont eu lieu dans le désert du Nevada en surface, avant de se poursuivre en souterrain.  « Ma pratique reflète en particulier ma conscience de vivre à l’ère du nucléaire. Nous sommes peut-être en train de vivre la fin de la civilisation8. »

DARK TOURISM Drôle de tourisme ! Celui-ci s’installe sur des sites liés à la catastrophe. Ce terme anglais emprunté à John Lennon et Malcolm Foley dans un ouvrage paru en 2000 désigne le tourisme macabre. Les sites les plus visités sont la ville de La Nouvelle-Orléans, ravagée par l’ouragan Katrina en 2005, et le site de Tchernobyl, qui connut l’accident nucléaire le plus meurtrier, en 1986. Le cynisme de l’industrie touristique liée à ces lieux morbides est révélé par les stratégies marketing autour de produits dérivés et de visites guidées. Exploitation de la détresse humaine, curiosité malsaine du public ? ou intérêt pour l’Histoire et devoir de mémoire ? Les deux concepts se défendent. EFFET PAPILLON ET THÉORIE DU CHAOS L’« effet papillon » est l’une des illustrations les plus célèbres de la sensibilité aux conditions initiales des systèmes chaotiques. L’expression revient au météorologue américain Edward Lorenz qui s’interrogeait en 1972 : « Le battement des ailes d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ? » Sa réponse était en réalité très sceptique : les innombrables battements d’ailes des autres papillons peuvent aussi empêcher cette tornade. La véritable morale de cette fable était de montrer la très forte non-linéarité des résultats des modèles météorologiques malgré leur nature déterministe, lorsqu’une même cause produit toujours les mêmes effets en théorie. Mais en pratique, une infime et inévitable variation des conditions initiales peut conduire à des effets radicalement différents. Cela combiné à l’autre grande caractéristique des systèmes chaotiques, leur forte récurrence, induit que leur dynamique devient totalement imprévisible après un certain temps, ce qui est le                                                                                                                8 Serge Paul, « Michael Heizer et les risques du sublime technologique » in Marges, Revue d'art contemporain – « Au-delà du Land Art », N°14, printemps/été 2012, p. 29. Source : Michael Heizer cité par Michael Kimmelman « Art’s Last, Lonely Cowboy », New York Times Magazine, 6 février 2005, p. 36.

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cas en météorologie. Les résultats convergent toutefois vers un ensemble ou espace qu’on nomme « attracteur » qui aide à visualiser et comprendre les propriétés du système chaotique. Finalement, le chaos n’est pas si « chaotique » qu’on pourrait le supposer : ce n’est ni l’aléatoire, ni le désordre absolu. On retrouve les systèmes chaotiques dans nombre de domaines qui vont de l’astronomie à la finance, de la biologie des populations à la physique des plasmas.9 RECHAUFFEMENT DE LA PLANÈTE ET SES CONSÉQUENCES Depuis la période de l'industrialisation, qui débute dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, on assiste à un réchauffement de la planète. L'activité humaine génère une augmentation de la quantité de gaz à effet de serre, tels que notamment le dioxyde de carbone et le méthane, à l'origine du changement climatique. Parmi les secteurs les plus émetteurs figurent la production d'énergie, la production industrielle, l'agriculture, la déforestation, les déchets et le non traitement de l'eau, les transports. Selon un rapport du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la température moyenne de la planète a augmenté de 0.89 °C en 2012 par rapport à la moyenne du XXe siècle. Elle pourrait augmenter de 1.3 à 5.3°C à la fin du XXIe siècle. Ce réchauffement climatique pourrait se traduire par la multiplication des tempêtes, des inondations, des sécheresses. Entre 20 à 30% des espèces animales et végétales pourraient connaître une extinction, par ailleurs déjà engagée pour certaines d'entre elles. L'augmentation du niveau des océans, de 18 à 59 cm, provoquerait érosion des côtes, inondations, disparitions de certains pays et déplacements de populations. Ces derniers peuvent aussi trouver une explication dans la baisse des productions agricoles, également liée à l’augmentation de la température sur Terre. La France a accueilli la 21ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21/CMP11), du 30 novembre au 11 décembre 2015. L'objectif était d’aboutir à un nouvel accord international sur le climat et maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C. Un autre objectif du texte est la réorientation de l'économie mondiale vers un modèle à bas carbone, ce qui signifie l’horizon d’un abandon progressif des énergies fossiles. DÉVELOPPEMENT DURABLE Au début des années 1970, le Club de Rome déclare que le développement économique est incompatible avec la protection de la planète. Les croissances économique et démographique conduisent à une pression sur l'environnement. Elle se traduit par la pollution et la surexploitation des ressources naturelles.

                                                                                                               9  Extrait du catalogue Sublime. Les tremblements du monde, Glossaire, article de Julien Delord  

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Une Conférence des Nations Unies sur l'environnement est alors organisée à Stockholm en 1972. Celle-ci donne naissance à la notion d'éco-développement. Elle est à l’origine de la fondation du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), ainsi que du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Il s'agit de concilier une juste répartition de la production de richesse et le respect de l'environnement. Les pays développés qui ont connu les Trente Glorieuses entrent dans une crise économique et sociale. Les pays en développement, issus majoritairement de la décolonisation tendent vers une amélioration des conditions de vie pour leurs populations. La préoccupation pour l'environnement n'est donc pas une priorité. Mais dans les années 1980, la médiatisation de l' augmentation de l'effet de serre, de la déforestation, mais aussi la catastrophe de Tchernobyl, suscitent un début de prise de conscience auprès des opinions publiques des pays européens notamment. En 1987, Gro Harlem Brundtland, Premier ministre norvégienne et présidente de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement, propose la notion de développement durable. Elle la définit, dans un rapport intitulé, Notre Avenir à tous, comme " un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ". Le développement durable est repris, à Rio, lors du Sommet de la Terre des Nations-Unies, en 1992. Les pays du monde entier le font reposer sur trois piliers économique, écologique et social. Il s'agit d'associer développement économiquement viable, équité sociale et respect de l'environnement. Cependant, tous les pays ne sont pas forcément d'accord sur les moyens de sa mise en œuvre.

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4. ALTERNATIVES PRESENTATION DE LA SECTION « La régulation environnementale à une échelle globale est maintenant nécessaire pour survivre. L'imagination créative ou la sensibilité artistique peuvent être l'un de nos moyens communs élémentaires d'auto-régulation, qui pourrait nous aider à repérer et rejeter ce qui est toxique dans nos vies. » György Kepes Alors que Gaia était perçue comme un organisme géant aux ressources inépuisables, notre planète apparaît à la fin des années 1960 comme un « vaisseau Terre » aux réserves comptées, selon l’architecte Richard Buckminster Fuller. Si certaines hypothèses extravagantes imaginent coloniser l'espace, des alternatives concrètes proposent en revanche de stopper les dégradations en cours, de conserver et de restaurer le patrimoine restant. Apparaît alors le concept écologique de sustainability, littéralement « soutenabilité », qui prévoit des modèles de développement durable associant équité sociale, viabilité économique et respect environnemental. Le 1er janvier 1970, des millions d’américains protestent contre la pollution lors du 1er « Earth Day » ; des lois comme le Land Reclamation Act contraindront ensuite certains états américains à réhabiliter les terres détruites par l’industrie. Des artistes proches du Land art investiront d’anciennes mines, tantôt pour les requalifier, tantôt pour les sanctuariser. Certains proposent des solutions de développement durable, de dépollution ou de reforestation, d’autres imaginent des moyens de survie. Capsules climatiques, oasis artificiels, cosmos synthétiques ou villes amphibies ne seraient que des réserves temporaires. À moins que la « terraformation » – la transformation d’une planète, d’un satellite naturel ou d’un corps céleste en environnement habitable – à laquelle s’attache la science-fiction, ne soit un jour possible…

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FOCUS SUR UNE ŒUVRE  Juan Navarro Baldeweg, A tropical forest in an arctic landscape. Application of a climatic control system, 1972    

  Juan Navarro Baldeweg, A tropical forest in an arctic landscape. Application of a climatic control system, 1972. Photomontage. © Adagp, Paris, 2015. En 1971-1972, Juan Navarro Baldeweg développe une recherche sur les systèmes atmosphériques et le contrôle climatique appliqué à des environnements artificiels. L’architecte espagnol étudie la possibilité de recréer les différents écosystèmes terrestres au sein de grandes structures pneumatiques dérivant dans toutes les régions du monde. Il propose ainsi des « greffes environnementales », donnant lieu à des images incongrues comme une forêt tropicale nichée au cœur de la banquise. EN SAVOIR PLUS ARCHITECTURE :RICHARD BUCKMINSTER FULLER ET LE DOME GEODESIQUE Cet architecte (1855 EU-1983 EU) est connu pour sa vision prospective des problèmes mondiaux et ses propositions pour les résoudre. Il est également designer, auteur, inventeur. Il est né dans une famille qui compte de nombreux activistes engagés au service de la société tout entière. Füller considère la nature comme un tout, au sein duquel l’homme doit trouver sa place. Son idéal s’appuie sur sa conscience des limites des ressources de la planète et sur sa croyance en l’engagement individuel.

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L’inventeur des dômes géodésiques, créés en 1954, s’appuie sur les notions de lignes géodésiques pour construire des structures les plus équilibrées, les plus légères et les plus résistantes possibles. Le dôme géodésique est une triangulation du cercle appliquée à la construction de sphères. Cette structure répond aux idées de l’architecte : entre projet architectural, forme utopique et œuvre d’art.10 BIOSPHERE Une définition simple est l’ensemble des êtres vivants et de leur milieu sur la Terre. Ce concept est élaboré en 1925 par le géochimiste russe Vladimir Vernadsk. La biosphère se compose de trois strates : la pédosphère, fine couche qui correspond aux sols et aux sédiments marins ; l’hydrosphère qui réunit les océans et les eaux continentales (lacs, rivières, eaux de ruissellement) ; l’atmosphère, dont les basses couches représentent l’enveloppe externe et gazeuse de la biosphère.11 ECOSYSTÈME « Quand les abeilles disparaîtront, les hommes n’auront plus que quatre ans à vivre. » Si cette sentence d’Einstein n’a rien d’un énoncé scientifique, elle illustre en revanche avec force la fragilité des écosystèmes. La disparition d’une espèce, si menue soit-elle, peut en effet occasionner des bouleversements majeurs au sein des écosystèmes, ce dont témoignent avec une acuité particulière les abeilles, ces insectes pollinisateurs essentiels à la reproduction des plantes à fleurs. C’est en 1935 que le botaniste anglais Arthur George Tansley formule le concept d’écosystème − contraction d’ecological system − pour décrire « le système physique unique » né de la totale interdépendance et des échanges constants non seulement entre les êtres vivants (biocénose), mais aussi avec leur milieu inorganique propre (ou biotope). Pour Tansley, « les systèmes ainsi formés sont du point de vue de l’écologiste les unités de base de la nature à la surface de la Terre ». Unité fondamentale de la nature, l’écosystème est perpétuellement en équilibre instable, à même d’évoluer et de s’adapter au contexte biotique et abiotique, mais aussi, sous la pression de transformations brutales, d’atteindre un point de non-retour ou « transition catastrophique ». Logiquement l’écosystème s’est imposé comme clé de voûte de l’écologie, qui permet à la fois d’appréhender l’écosystème Terre et des milieux aussi hétérogènes qu’une petite mare temporaire de quelques mètres carrés, une forêt tropicale de plusieurs milliers d’hectares, une steppe désertique ou un récif corallien.12

                                                                                                               10  Exposition au Musée d’art moderne de Lyon, Richard Buckminter Füller, Dômes et Archives 1960, 1965, 28.09>30.12.2012  11 Encyclopédie Larousse, http://www.larousse.fr 12  Extrait du catalogue Sublime. Les tremblements du monde, Glossaire, article de Arnaud Desjammes  

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JOSEPH BEUYS13 Pour la Documenta 7 en 1982, l’artiste allemand Joseph Beuys (1921-1986) initie la plantation de 7000 chênes dans toute la ville de Cassel. Chaque arbre sera planté à un emplacement choisi par les habitants, et accompagné par un bloc de basalte fiché dans la terre lui servant d’étalon de croissance. Achevé en 1987 après la mort de l’artiste, le projet sera réactivé dans plusieurs villes. Opposant « reboisement contre administration », l’engagement écologiste prôné par l’artiste mise sur le potentiel créatif de chacun, véritable « capital » d’une économie plus inventive que monétaire.

                                                                                                               13  Œuvre présente dans Musicircus à partir du 20 avril 2016 : Infiltration homogen für Konzertflügel [Infiltration homogène pour piano à queue], 1966

 

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5. RÉENCHANTEMENT   PRESENTATION DE LA SECTION « Notre corps fait partie du monde. Mieux, il en est un membre à la fois autonome et analogue à l’univers. » Novalis Le motif du spectateur absorbé dans la contemplation d'un paysage grandiose se cristallise au XIXe siècle dans la peinture de Caspar David Friedrich. Des promeneurs solitaires y communient pacifiquement avec une nature dont les accalmies permettent des rapports apaisés, mais toujours conscients et respectueux des forces en puissance. Revenant à des pratiques rituelles, certains artistes renouent dans les années 1970 avec des traditions panthéistes (Tout est en Dieu), holistes (Faire partie d’une tout) et parfois animistes (croyance en une âme, une force vitale, animant êtres vivants, objets ou éléments naturels. Passant par l'immersion et la fusion, l'osmose avec la nature peut déclencher une vocation écologique. L'expérience de la nature se fait plus existentielle et subjective. Humilité, ascèse et non-agir rejoignent les spiritualités zen et bouddhistes. L'interventionnisme musclé du Land art américain cède la place à la discrétion conciliante du Land art anglais. Conçue en 1973 par le philosophe norvégien Arne Naess, l’éthique environnementale de « l’écologie profonde » oppose à l’anthropocentrisme d’une écologie superficielle l’égale dignité de toutes les formes de vie, humaines ou non-humaines. De cette position découlent les aspirations actuelles à la décroissance et à la « sobriété heureuse » (Pierre Rabhi), mais aussi une volonté écoféministe d’ôter aux hommes leur pouvoir de destruction et d’exploitation. Médiateurs ou conciliateurs, certains artistes réparent, soignent et pansent la terre, aves humour parfois. Réenchanter la nature consisterait moins à la dissocier de soi comme altérité extrême, qu’à s’y identifier et s’y fondre. FOCUS SUR DES ŒUVRES Ana Mendieta, Silueta Works in Mexico, 1974-1977

Ana Mendieta, Silueta Works in Mexico, 1974-1977 (impression de l’Estate 1991) Suite de 12 photographies couleurs de l’Estate, 40,6 x 50,8 cm. © The Estate of Ana Mendieta Collection, LLC Courtesy Galerie Lelong, New York.

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L’artiste est née en 1948 à la Havane et décédée à l’âge de 37 ans. Son œuvre est à la croisée du Land art, de l’Art conceptuel et du Body art. Elle sera l’épouse de l’artiste conceptuel américain Carl Andre. Son travail met en relation la domination des femmes et celle de la nature. La matière et les éléments sont très prégnants dans ses oeuvres : terre, feu, pierres, sang, mais aussi herbe, fleurs, plumes, comme des symboles de force de vie et de mort. L’union de la femme et de la nature annonce la maternité, la puissance féminine. L’artiste dira « j’ai le sentiment d’avoir été expulsée d’un utérus (la nature). Mon art est le moyen par lequel je rétablis les liens qui m’unissent à l’univers. C’est un retour à la source maternelle ». Les Siluetas, empreintes d’un corps féminin, traces ou dissimulations d’un corps dans la terre, le sable, par des fleurs, évoquent également la mort et une soudaine solitude. Pour l’artiste, ces représentations sont liées à un cycle sans fin qui passe de la naissance, du commencement, à la mise en terre, la fin. Ana Mendieta est une des figures de ce que l’on appelle l’écoféminisme. Gina Pane, Terre protégée II , 1970

Gina Pane, Terre protégée II , 1970 © ADAGP, Paris 2015

Plus que les traces d’une performance, les « constats d’actions » réalisés par Gina Pane entre 1968 et 1971 sont des mises en séquences formelles et longuement préparées de l’action solitaire de l’artiste sur la nature. Il s’agit

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d’interventions minimalistes, laissant peu de signes visibles dans le paysage, dans lesquelles elle utilise le soleil ou manipule l’humus, comme des sources vitales et énergétiques qui renvoient également à une symbolique de la fécondation, de la préservation et de la protection. Gustav Metgzer, Mobbile, Metz, 2015

Gustav Metgzer, Mobbile, Metz, 2015 © Centre Pompidou-Metz

Une plante verte enfermée dans un cube transparent subit les méfaits des gaz d’échappement. Gustav Metgzer révèle par cette asphyxie accélérée la suffocation du vivant qui se joue à plus grande échelle.

Artiste allemand né en 1926 et exilé en Angleterre en 1939 au sein du Kinderstransport, Gustav Metzger montre la capacité insensée qu’a l’homme à s’auto-détruire, au gré de guerres meurtrières, d’un armement nucléaire suicidaire ou d’une industrialisation démesurée. Auteur de plusieurs manifestes en faveur d’un art auto-destructif, Metzger invite à des gestes radicaux. Pour

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son action Mobbile réalisée pour la première fois en 1970, l’artiste fait circuler dans Londres une voiture « arrangée ». Un grand cube transparent contenant des plantes vertes est fixé sur le toit du véhicule et directement raccordé à son pot d’échappement. Les végétaux sont ainsi asphyxiés par les vapeurs de gaz polluants. Cruelle, cette mort accélérée révèle un phénomène d’intoxication du vivant sinon invisible. Déjà activée en France, en Autriche et au Mexique, cette action est mise en place à Metz durant la période de la Cop21, en préfiguration de l’exposition « Sublime. Les tremblements de monde ». Un étudiant de l’ESAL, Loïc Hollard, a réalisé ce happening avec son véhicule à travers la ville, chaque jour, sur cette période. EN SAVOIR PLUS LAND ART Le Land art est un mouvement artistique né aux Etats-Unis et en Angleterre entre 1960 et 1970. Les artistes du Land art ou Earth art (art de la terre) refusent l’espace muséal et les systèmes de diffusion traditionnels. Leur medium est le territoire, la nature, la terre. Films, photographies, textes sont les traces de ces œuvres éphémères. Les modes d’intervention des artistes du Land art sont des opérations de bouleversement des sites ou encore des traces éphémères du passage de l’Homme dans le Paysage. Les développements industriel et urbain, l’essor des télécommunications font naitre chez les artistes du Land art une prise de conscience écologique. Le chef de file de ce mouvement artistique est Robert Smithson 14 , qui expérimente les earthworks. Robert Morris sera le premier à réaliser la reconversion d’un site archéologique. Michael Heizer 15 est connu pour son interventionnisme hors norme. Dennis Oppenheim, lui, affiche une attitude politique plus marquée que les autres artistes du groupe. Par exemple, il s’attaque à l’agriculture intensive en marquant une colline comme on marque le bétail de Californie. D’autres artistes du mouvement : Christo, Walter De Maria, Nancy Holt, Charles Ross, Richard Long, Hamish Fulton. DEEP ECOLOGY Ou écologie profonde. La Deep Ecologie a été créée par le philosophe norvégien Arne Naess dans les années 1970. L’écologie profonde est biocentrée, explorant les problèmes de fond en analysant les sociétés et les cultures. Elle considère l’humanité comme partie intégrante de l’écosystème. La Deep Ecologie s’oppose à la Shallow Ecologie ou écologie superficielle qui s’intéresse davantage à la lutte contre l’épuisement des ressources et la pollution dans les pays développés. L’écologie profonde désigne le fait de vivre l’écologie comme une expérience intime. Cette tendance philosophique a été décriée, accusée de fascisme vert, d’éco-centrisme, d’anti-humanisme.

                                                                                                               14 voir p.14 15 voir p.21

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4. PROGRAMMATION ASSOCIÉE Pour aller plus loin, vous pouvez assister avec votre classe à une programmation riche en concerts, performances, cinéma. Il s’agit de temps forts autour des expositions. Si vous souhaitez en savoir plus, http://www.centrepompidou-metz.fr/agenda/categorie/0 MER. 10.02 > DIM.10.04 – EN CONTINU LUNCH TIME Jean-­‐Luc  Vilmouth  /  Cinéma  Auditorium  Wendel    51’  /  Entré  libre  sur  présentation  d’un  billet  d’accès  aux  expositions    Projection  toutes  les  heures  de  11:00  >  17:00  Jean-Luc Vilmouth a réalisé le film Lunch Time un an après le tsunami qui frappa le Japon, avec quelques survivants de Yamamoto-Cho, où mille maisons furent englouties. Une tablée, face à la mer, réunit les habitants, invités à confectionner les plats cuisinés et mangés juste avant l’arrivée de la vague dévastatrice. Cette cérémonie exhume la mémoire, afin « de reconstruire la possibilité d’existence, ou de continuer à exister. » Lunch Time est diffusé en hommage à Jean-Luc Vilmouth, l’une des figures majeures de l’art contemporain français, originaire de Lorraine, qui nous a quittés dans la nuit du 17 au 18 décembre 2015, à Taipei. * SAM. 05.03 – 20:00 SUBLIME Orchestre  National  de  Lorraine  /  Concert  Studio    60’  /  15€/10€  Dans le cadre de l’exposition Sublime. Les tremblements du monde, Kanako Abe et son orchestre interprète un répertoire d’œuvres évoquant les déchaînements de la nature et la fascination de l’homme devant ce spectacle. Au programme,Toru Takemitsu, Rain coming, 1982 (10’) Bruno Mantovani, Turbulences, 1998 (11’) Kaija Saariaho, Lichtbogen, 1986 (16’) Toshi Ichiyanagi, Between Time and Space, 2001 (12’)  * SAM.14.05 – 18:00 THE ARTIFICIAL NATURE PROJECT Mette  Ingvartsen  /  Performance  Studio  90’  /  15€/10€  À l’instar des peintres romantiques qui célébraient la beauté des paysages tourmentés, Mette Ingvartsen recrée des tableaux spectaculaires sur scène. Sept danseurs-manipulateurs font voler confettis argentés, couvertures de survie, etc. à travers l’espace et créent un paysage qui s’anime et évolue en permanence sous nos yeux. Nous vivons le déchainement des éléments : au milieu d’une tempête de sable, au cœur des vagues s’écrasant sur les récifs, face à un essaim d’insectes ou une éruption volcanique. Ici les objets composent le mouvement. Certes l’humain les contrôle mais pour combien de temps encore et dans quelle mesure ? Une ode écologique à la puissance artistique des mouvements de la nature !  *  DIM.15.05 – 10:30 + 11:45 ECOLOGIE POLITIQUE ET MILITANTISME GRAPHIQUE Hélène  Meisel  /  Un  dimanche,  une  œuvre  Galerie  1  45’  /  Entrée  libre  sur  présentation  d’un  billet  d’accès  aux  expositions    

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Le Sauvage, La Baleine, La Gueule ouverte, The Ecologist, The Whole Earth Catalog... Entre révolte anarchiste et pacifisme hippie, les périodiques des années 1970 accompagnent la naissance des associations et des partis verts, en les dotant d’un ton et d’un graphisme percutants.  *  DIM.15.05 – 14:30 + 17:00 SPECULATIONS Mette  Ingvartsen  /  Performance  Galerie  2  60’  /  Entrée  libre  sur  présentation  d’un  billet  d’accès  aux  expositions.  En  anglais,  traduction  française  disponible  au  début  du  spectacle.    Dans Speculations, la chorégraphe danoise emmène le spectateur dans une performance évoquant par le geste, la parole et le mouvement, des sujets tels que la nature artificielle, les constructions catastrophiques et l’autonomie des objets. Convoquant continuellement l’imagination du spectateur, elle propose un parcours singulier qui mêle mouvement et discours.  *  DIM.15.05 – 16:00 SI J’APPRENDS À PÊCHER JE MANGERAI TOUTE MA VIE Pamina  de  Coulon  /  Performance  Studio    50’  /  5€  Que peuvent bien avoir en commun Béring l’explorateur et Pamina de Coulon? Quelle serait la différence fondamentale entre les USA et l’Europe ? Un espoir éclairé serait-il le meilleur des possibles ? Si j’apprends à pêcher, je mangerai toute ma vie : un moment d’empirisme existentialiste sur un bout de banquise...  *  LUN.16.05 – 14 :30 + 16:00 + 17:30 EVAPORATED LANDSCAPES Mette Ingvartsen / Performance Studio    30’  /  5€ La chorégraphe danoise Mette Ingvartsen met en scène des thèmes aussi insaisissables et délicats que l’évaporation, la dissolution. À partir d’éléments spectaculaires et éphémères comme les lumières, les sons, les bulles et le brouillard, qui flottent dans l’espace et s’y dissolvent, elle fait surgir des paysages insolites sur un plateau. L’ensemble baigne dans une atmosphère de sérénité et de calme, de fascination et d’émerveillement, comme face à un miracle de la nature. Une invitation aux vertus hypnotisantes qui met en relief les propriétés chorégraphiques de la matière.  *  DIM.05.06 – 11:00 PLANETARY DANCE Anna  Halprin  /  Performance  Parc  de  la  Seille    120’  /  Entrée  libre  Créée par Anna Halprin, la Planetary Dance propose aux membres d’une communauté éphémère de partager un événement collectif dansé. C’est une danse de la paix où les participants sont invités à courir, marcher ou simplement rester debout dans une série de cercles concentriques, qui créent un mandala en mouvement. Renseignements et inscriptions : [email protected]  *  JEU.02.06 – 20:00 FRAGILE SUBLIME QUAND LA TERRE DE DÉROBE SOUS NOS PIEDS Barbara  Glowczewski,  Christophe  Laurens  /  Conférence  Auditorium  Wendel    90’  /  5€  

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 À l’heure où notre planète semble être entrée dans une nouvelle ère géologique caractérisée par l’influence cruciale des activités humaines, l’anthropocène, Christophe Laurens et Barbara Glowczewski nous proposent de réfléchir à la manière dont des peuples désignés comme “fragiles” valorisent la vulnérabilité du vivant pour y trouver de nouvelles formes de sublimation.  * JE.06 > SAM.09.07.16 -19:00 + 21:00  FLOÉ Jean-­‐Baptiste  André  et  Vincent  Lamoureux  /  Performance  30’  /  Entrée  libre  Un floé est un morceau de glace de mer de dimensions assez grandes désignant parfois le chaos de plaques de glace empilées de la banquise. De manière pure et donc dénuée de tout artifice, Floé confronte un corps à un espace. Un homme va se retrouver en prise avec cet étonnant relief, qu’il devra, pour son propre salut, traverser. L’exploration de cette terra incognita dessine une dramaturgie, une poétique de l’action pure. On suit le parcours d’un homme, qui apparaît, disparaît selon les aspérités de la sculpture, chute, grimpe, attend, se suspend, glisse, chute à nouveau, se relève, se remet en chemin... dans une suite d’actions et de contraintes physiques (hauteur, gravité, résistance) à « jouer-déjouer ».  *  VEN.10.06 - DIM.12.06 -16:00 NATURE ACCABLANTE / FESTIVAL DU FILM SUBVERSIF Avec  The  Bloggers  Cinema  Club  /  Cinéma  Auditorium  Wendel    5€  par  séance  À l’occasion de cette première édition du festival et en écho à l’exposition Sublime. Les tremblements du monde, The Bloggers Cinema Club et le Centre Pompidou-Metz s’associent pour présenter le cycle « Nature Accablante » introduit par une sélection de films d’artistes. VEN. 10.06 1:32 Bending to Earth, Rosa Barba, 2015 Definition Landfill, Rosa Barba, 2014 Troublemakers, James Crump, 2015 SAM. 11.06 2:16 Melancholia, Lars von Trier, 2011 DIM. 12.06 1:48 Arctic Pull, Darren Almond, 2003 Nummer acht, everything is going to be allright, Guido Van der Werve, 2007 L’Épopée de l’Everest, John Noel, 1924  *  DIM.12.06 – 10:30 + 11:45 SOUS L’EAU, SOUS TERRE, SOUS BULLE, ARCHITECTURES CLIMATIQUES Hélène  Meisel  /  Un  dimanche,  une  œuvre  Galerie  1  45’  Entrée  libre  sur  présentation  d’un  billet  d’accès  aux  expositions    Tout au long du XXe siècle, des solutions d’architectures extravagantes ont été imaginées pour survivre dans un monde inhabitable. Dômes géodésiques, capsules, maisons vivantes... Ingéniérie high tech ou bricolage low tech, ces projets suggèrent un futur de science-fiction.    

 

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JE.21.07 – 22:30 RENCONTRE AU BOUT DU MONDE Werner  Herzog  2007  /  Cinéma  Parvis  du  Centre  Pompidou-­‐Metz  1  :39  /  Entrée  libre      Dans ce film, Werner Herzog part à la rencontre des hommes et des femmes souvent extravagants qui travaillent en Antarctique, pour nous offrir un regard exceptionnel sur cette partie du monde. Riche de nombreux témoignages, son documentaire s’attache aussi à montrer les richesses de ce désert de glace aux paysages extraordinaires. Des images superbes, surtout lorsque Werner Herzog filme sous l’eau et nous plonge dans un monde inconnu d’une beauté époustouflante. Ce film d’une grande poésie, accompagné d’une musique aux accents graves, a été nommé en 2009 pour l’Oscar du meilleur film documentaire.  

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5. BIBLIOGRAPHIE

1. Courtine, Jean-François, Michel Deguy, et Eliane Escoubas, Du sublime, Paris, Belin, coll. « Belin poche », 2009.

2. Le Scanff, Yvon, Le paysage romantique et l’expérience du sublime, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Pays-paysages », 2007.

3. Le Blanc, Charles, Laurent Margantin, et Olivier Schefer, La forme poétique du monde : anthologie du romantisme allemand, Paris, J. Corti, coll. « Domaine romantique », 2003.

4. Mercier-Faivre, Anne-Marie, et Chantal Thomas, L’invention de la catastrophe au XVIIIe siècle: du châtiment divin au désastre naturel, Genève, Droz, coll. « Bibliothèque des Lumières », 2008.

5. Le Brun, Annie, Perspective dépravée : entre catastrophe réelle et catastrophe imaginaire, Paris, Éd. du Sandre, 2011.

6. Nancy, Jean-Luc, L’équivalence des catastrophes : après Fukushima, Paris, Galilée, coll. « La philosophie en effet », 2012.

7. Hache, Émilie (dir.), De l’univers clos au monde infini, Textes réunis et présentés par Émilie Hache, Christophe Bonneuil, Dipesh Chakrabarty, Déborah Danowski, Giovanna Di Chiro, Pierre de Jouvancourt, Bruno Latour, Isabelle Stengers, Eduardo Viveiros de Castro, Bellevaux, Dehors, 2014.

8. Blanc, Nathalie, et Julie Ramos, Écoplasties : art et environnement..., Paris, Manuella éd, 2010.

9. Mann, Bonnie, Women’s Liberation and the Sublime: Feminsim, Postmodernism, Environment, Oxford, Oxford University Press, 2006.

10. Tiberghien, Gilles, Nature, art, paysage, Paris, Actes sud ; Ecole nationale supérieure du paysage, Centre du paysage, 2001.

11. Debourdeau, Ariane, Les grands textes fondateurs de l'écologie, Paris, Flammarion, 2013. Catalogues d’exposition :

12. Le paysage et la question du sublime, cat. expo. [Musée de Valence, 1er octobre - 30 novembre 1997], Paris, Réunion des musées nationaux, 1997.

13. Radical nature : Art and Architecture for a Changing Planet 1969-2009, cur. Manacorda Francesco, cat. expo. [Barbican Art Gallery, Londres, 19 juin - 19 octobre 2009], Londres, Koenig books, 2009.

14. Ends of the Earth : Land Art to 1974, Kaiser Philipp et Miwon Kwon (cur.), cat.

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expo. [The Museum of Contemporary Art, Los Angeles, 27 mai - 20 août, 2012 ; Haus der Kunst, Munich, 12 oct. 2012 - 20 janv. 2013], Los Angeles, The Museum of Contemporary Art, 2012.

15. Uncommon ground: land art in Britain 1966-1979, cur. Nicholas Alfrey, Dr. Joy Sleeman et Ben Tuffnell, cat. expo. [Southampton, City Art Gallery, 10 mai - 3 août 2013; National Museum of Wales, Cardiff, 28 septembre 2013 - 5 janvier 2014; Mead Gallery, Université de Warwick, 18 janvier - 8 mars 2014; Longside Gallery, Yorkshire Sculpture Park, 5 avril - 15 Juin, 2014, Londres, Hayward Publishing - Southbank Centre, 2013.

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6. INFORMATIONS PRATIQUES

OFFRES POUR LE PUBLIC SCOLAIRE Atelier-visite Les ateliers-visites sont spécifiquement adaptés aux 5-12 ans et se déroulent dans des espaces dédiés, ludiques et colorés et dans les lieux d’exposition (2h). Visite guidée La visite est animée par un médiateur Jeune Public qui crée une interaction ludique entre l’élève et l’œuvre : les thématiques des visites sont liées aux expositions en cours, ou à l'architecture du Centre Pompidou-Metz (1h30). Des visites autonomes sont possibles. Des outils de transmission sont mis à la disposition des professeurs pour préparer leur venue (dossiers découverte, livrets pour les élèves). ACCUEIL AU QUOTIDIEN Le Centre Pompidou-Metz accueille les groupes les lundi, mercredi, jeudi et vendredi. RÉSERVATIONS Période de réservation Les réservations scolaires sont ouvertes au public scolaire depuis le 9 décembre 2015 pour la période du 11 janvier 2016 au 1er juillet 2016. Modes de réservation

- par Internet www.centrepompidou-metz.fr / Billetterie en ligne - par mél en écrivant à [email protected] - par téléphone au 03 87 15 17 17 du lundi au vendredi et hors jours fériés

Pour toute réservation à J-10, seul le mode de réservation par téléphone sera pris en compte. Pour les maternelles, les réservations se font uniquement par mél ou par téléphone. TARIFS

- Visite guidée d’une heure trente pour une classe de 35 élèves maximum, 70 €

- Atelier/visite de deux heures pour une classe de 30 élèves maximum, 100 € - Visite en autonomie d’une heure pour une classe de 35 élèves maximum,

gratuit

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HORAIRES (HORS PERIODE DE VACANCES SCOLAIRES DE LA ZONE B) Les lundi, jeudi et vendredi, les horaires sont les suivants : Matin : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 10h et 12h Après-midi : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 14h et 16h

En plus du public scolaire, le mercredi est réservé aux publics spécialisés, aux centres aérés. Pour toute information, nous sommes à votre disposition au 03 87 15 17 17. POUR ALLER PLUS LOIN LES WORKSHOPS Depuis son ouverture, le Centre Pompidou-Metz développe des actions d’éducation artistique et culturelle de la maternelle à la terminale. Pour tout renseignement, envoyer un mél à Anne Oster, chargée des relations avec les établissements de l’enseignement : [email protected] / 03 87 15 39 84 RESSOURCES PROFESSEURS RELAIS  Des formations personnalisées sont dispensées par les professeurs relais, sur rendez-vous les lundis et mercredis.

Pour tout renseignement s'adresser à Michel Houpert : [email protected]

OUTILS Le Centre Pompidou-Metz développe des outils de découverte, en étroite collaboration avec des professeurs missionnés par l'Education Nationale. Ces outils sont mis à disposition pour préparer ou approfondir la visite. Il est possible de les consulter sur le site : http://www.centrepompidou-metz.fr/dossiers ACCESSIBILITE  Pour un partenariat enseignement spécialisé et champ social avec accueil adapté, merci de contacter Jules Coly [email protected] (visites et ateliers gratuits sur signature d’une convention).

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NOTES

Ce document a été réalisé par le pôle Publics du Centre Pompidou-Metz. Il est réservé exclusivement à une utilisation dans un cadre pédagogique