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N°376 février 2010 - 4,60 - 7 FS écologie alternatives non-violence s lence

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N°3

76 février

2010 - 4,60

€- 7 FS

éco log ie • a l ternat i ves • non -v io lence

s lence

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Le bruit des uns, le silence des autresAnne-Laurence Mazenq a réalisé un filmpour présenter le fonctionnement de larevue S!lence. Ce film est désormaisvisible sur le site de S!lence, www.revue-silence.net dans la section "S!lence ?".La version haute-définition peut nousêtre demandée si vous désirez le projeterdans une soirée publique.

LyonUne aide pour PrimevèreCette année, Primevère, le salon del'écologie et des alternatives, se tient les26, 27 et 28 février 2010. Nous ysommes présents, et en plus en 2010,nous devrions y animer une salle de ren-contres pour les conférenciers. Nous

avons donc besoin de nombreuses per-sonnes pour se relayer sur ces tâches. Sivous pensez être peut-être disponiblespour nous aider, vous pouvez prendrecontact avec Hélène à l'adresse [email protected] ou au 04 72 0093 48 (avant 20h30, pas de rappel surles portables). Cette aide vous permetd'entrer dans le salon gratuitement etd'assister aux conférences de votrechoix. Contactez-nous dès maintenantmême si vous n'êtes pas sûrs.

Ile-de-FranceStagiaire recherché-eSilence recherche un ou une stagiairedisposant d'une formation commerciale(de type DUT ou Master en économiesociale et solidaire) pour l'aider à trou-

2 S!lence n°376 février 2010

Silence : Vous informez et luttez contre l'essor actuel de la recherche et du développement des nanotechnologies.Quels sont les dangers spécifiques liés à ces nouvellestechnologies de l'infiniment petit ?

Il faut distinguer entre les risques (sanitaires et environnemen-taux) et les menaces socio-politiques. Les premiers n'ont jamais éténotre priorité — même si nous avons attiré l'attention dessus —contrairement aux écologistes d'Etat et associatifs dont cela consti-tue le pain quotidien. La toxicité des nanoparticules et les risquesde pollution liés aux nanomatériaux ne diffèrent pas des autresnuisances industrielles (amiante, chimie, nucléaire, dioxines, etc.)et appelleront les réponses classiques du pouvoir : normes, seuilsde nano-pollution "acceptables", vigilance sanitaire.

Ces dernières ne changeront rien à l'avènement d'un nano-monde totalitaire et artificiel, sur lequel nous concentrons notrecritique. Les nanotechnologies permettent d'hybrider, pour lesrendre plus puissantes, des technologies déjà très puissantes : bio-technologies (manipulations génétiques), informatique (échangede données et calcul), et neurosciences (intervention sur le cer-veau). Ces technologies dites convergentes prétendent à la maîtrisede la matière, des atomes aux populations.

Le projet des nanotechnologies, en résumé, consiste à substi-tuer au milieu, saccagé par les précédentes révolutions indus-trielles, un monde artificialisé, une techno-nature souscommande. Un monde-machine dont chaque rouage — objet,plante, animal, paysage, humain — est numérisé et interconnectévia les puces à radio-fréquences miniatures (RFID). Pucé, tracé,profilé, l'homme-machine sera lui aussi sous commande. Quant àl'hybridation vivant-inerte permise par les nanotechnologies, elleculmine avec l'implantation de prothèses électroniques neuro-nales capables de modifier le comportement des cyborgs ainsicréés en laboratoire — au motif de soigner les pathologies neuro-logiques.

Industriels et ingénieurs tentent de faire passer le tsunami desnanotechnologies pour une solution "écologique" à la menace cli-matique. Optimisation des installations photovoltaïques, créationde nouveaux matériaux en remplacement des ressources miné-rales épuisées, voire modification du climat par géo-ingénierie : enmisant sur les nanotechnologies, ceux qui nous ont conduits à lacatastrophe écologique et sociale actuelle espèrent en rentabiliserles dégâts et repartir pour un nouveau cycle de croissance destruc-trice : le capitalisme vert (green New Deal).

La politique actuelle en faveur des nanotechnologies nepose-t-elle pas également un problème démocratique ?

Question oiseuse. Le système technicien parvenu au stade de latyrannie technologique ne se soucie pas de politique, et moinsencore de démocratie. Techniquement, il n'existe jamais qu'uneseule meilleure solution éligible en fonction des connaissances, desmoyens et des compétences des décideurs en place. C'est unique-ment une question d'expertise, ni la politique ni la démocratien'ont à y voir. C'est sur ces prémisses déjà solidement établis que

Nanotechnologies

questions à...Pièces et Main d'œuvre3

quoi de neuf ?

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A vous la parole !

Vous ne pouvez pas le louper, elle est au centre de cenuméro : l'enquête lectorat de S!lence. Habituel-lement, nous la réalisons tous les cinq ans… mais la

crise de 2008 nous a mis en retard. Petite anecdote : lors del'enquête lectorat de 2003, sur plus de 300 réponses, nousn'avions qu'un tiers de réponse de femmes. Fallait-il enconclure que nous n'avions qu'un tiers de lectrices ? Un poin-tage précis dans le fichier abonnement nous a alors montréque non : nous avons autant de lectrices que de lecteurs. Alorspeut-on penser que les femmes ont moins de temps pourrépondre ou n'aiment pas prendre la plume… A vous de nousrépondre avec ce nouveau questionnaire…

Vous trouverez également un autre questionnaire en pageAlternatives (page 23). Il s'agit pour nous de collecter desréflexions, des pratiques sur la colocation en vue d'un dossierprévu pour septembre 2010.

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ver de nouveaux points de diffusion de larevue en Ile-de-France (librairies, maga-sins et épiceries bio, centres de res-sources, cafés associatifs, cinémas d'artet d'essai...). Le stage se fera à distancesur place (et non à Lyon), et serait d'unedurée de six semaines (du 1er avril au 15mai 2010).La revue mettra à disposition du ou dela stagiaire, un fichier d'adresses etcoordonnées à réactualiser et à démar-cher. Une rémunération de ce stage estenvisageable, notamment dans le cadred'une convention d'EMT (Evaluation enmilieu de travail) signée avec S!lenceentre le stagiaire et le Pôle Emploi. Lapriorité sera donnée aux départementsVal-de-Marne et Essonne, le numérod'été étant consacré aux alternativesdans ces deux départements.Pour en savoir plus sur cette offre de

stage, contactez dès que possibleS!lence par courrier postal, par télépho-ne (le mardi et le jeudi de préférence :04 78 39 55 33) ou par courriel (viason site internet www.revuesilence.net),merci !

ParisRecherche logementAfin de réaliser les reportages du numé-ro d'été, en Essonne et Seine-et-Marne,Silence cherche un prêt de chambre surParis (pour un couple) entre le 10 et le19 février 2010.

ErratumSuite à une mauvaise manipulationinformatique, l'affiche illustrant lamarche mondiale des femmes (n°375,p37) n'a rien à voir avec cette marche.

22 alternatives22 du vert dans

les oreilles24 environnement24 éducation25 climat26 société26 Bidoche27 Identité, un papier28 nord/sud28 politique29 femmes29 Sexisme mis à nu

30 nucléaire30 Les effets secon-

daires du CERN31 énergie31 Mauvaises infos

sur les lampesfluocompactes

32 décroissance32 santé33 agenda34 annonces43 courrier44 livresb

ve

s

3S!lence n°376 février 2010

sommaireédito / dossier du moisLes murs, médias alternatifs 4 à 21

douche froide à CopenhagueMobilisation à poursuivreentretien avec Cyrielle den Hartigh 36

roue libreEntre deux Altertours, c'est encore l'Altertourde Josiane Coelho et Dominique Béroule 37

nucléaireQuand une écureille bloque les trainsentretien avec Cécile Lecomte 39

portraits sensiblesBrésil : le mouvement des sans-terre fête ses 25 ansde Bertille Darragon 40

musiqueImbert Imbert, débat deboutentretien avec Imbert Imbert 42

Venez nous voir les 18 et 19 février !

Vous pouvez venir discuter avec nous lors des expédi-tions de la revue. Cela se passe un jeudi de 15 h à 20 het c'est suivi par un repas pris ensemble offert parSilence. Cela se poursuit le vendredi de 10 h à 18 h etle repas de midi vous est offert. Le nouveau numérovous est aussi offert. Prochaines expéditions : 18 et 19février, 18 et 19 mars, 15 et 16 avril…Les prochaines réunions du comité de rédaction se tiendront à 10 h lessamedis 30 janvier (pour le numéro de mars), 20 février (pour le numé-ro d'avril), 24 avril (pour le numéro de juin)…Vous pouvez proposer des articles à ce comité de rédaction jusqu'au mer-credi qui le précède, avant 16 h. Vous pouvez proposer des informationsdestinées aux pages brèves jusqu'au mercredi qui le suit, avant 12 h.

Prochain dossierElu-es face à la question du genre

les orientations en recherche et développement sont devenues des orien-tations politiques, et que les décisions de développer les nanotechnolo-gies, mais aussi d'autres hyper-technologies (biotechnologies, Iter,neurotechnologies), s'imposent en apparence d'elles-mêmes. Il va de soidepuis l'époque nucléaire, la Big Science et la création du Commissariat àl'énergie atomique, que la raison d'Etat est engagée à travers ces orienta-tions, et qu'elle n'est pas discutable, autrement que de manière purementformelle et cosmétique.

Y a-t-il une porte de sortie, et comment agir ?La véritable asymétrie entre le pouvoir et les sans-pouvoirs n'est pas

tant d'ordre militaro-policier que d'ordre idéologico-intellectuel. C'esttout sauf une révélation, mais il importe d'en tirer les conséquences : res-taurer l'esprit critique, la culture, la mémoire historique dans les cerclesréfractaires ; restaurer une opinion publique par l'enquête critique et l'en-quête-action, telles que les ont pratiquées par exemple les partisans duLKP en Guadeloupe (cf Le Monde diplomatique, novembre 2009). Dupoint de vue théorique et historique, cela suppose un retour en arrièrepour prendre au sérieux la critique luddite qui s'est exprimée en actes enAngleterre et dans toute l'Europe depuis le début du dix-neuvième siècle(cf La révolte luddite, K. Sale, éditions L'Echappée). �

> Pièces et Main d'œuvre, site de bricolage pour la construction d'unesprit critique, c/o Les Bas Côtés, 59, rue Nicolas-Chorier, 38000Grenoble, www.piecesetmaindoeuvre.com

Dernier ouvrage paru :A la recherche du nouvel ennemi - 2001-2025 : rudiments d'histoire contem-poraine (Editions l'Echappée, octobre 2009)

Les infos contenues dans ce numéro ont été arrêtées le 6 janvier 2010.

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Independentzia

Red Hand Cuchulainn defender of Ulster: Cuchulainn loyaliste (UFF)

Murs, murs…Des parois de la caverne aux dazibaos1, de la tapisserie à

l’épigraphe2, de la fresque3 à l’affiche…, de tout tempset en tout lieu, l’humain a utilisé le mur pour exprimer

ses peurs et ses espoirs, sa vision de la vie et du monde. Au-delà du sens, en soi, qu’est tout mur, l’humain en a fait lesupport d’autres sens – et à travers ces sens seconds celui,sans doute, de son propre sens d’humain. Les pouvoirs enplace, quels qu’ils soient, autorisent, monopolisent ouinterdisent l’affichage ou les inscriptions1, les contrôlent. Lescontre-pouvoirs les détournent, les lacèrent, les recouvrent,ou s’y expriment à leur tour. Mots ou images, les « discours »des murs, tour à tour, balisent, annoncent, dénoncent,enjoignent, résistent… Les murs prennent alors le rôle qu’onveut bien leur faire jouer : social, politique, économique,identitaire, érotique, poétique…Si, dit-on, « les murs ont des oreilles », ils (s)ont doncsurtout une bouche. Alors, que mur-murent les murs à mesoreilles ?… si mes oreilles n’ont pas de murs ?

Jean-Pierre Lepri �

1. Ou « tatzupaos » : journaux muraux chinois. Dans la Chine impériale, vers 1500, les citoyens mécon-tents avaient le droit d’écrire des affiches pour critiquer l’administration. Cette faculté a été utiliséenotamment par Mao Zedong, lors de la Révolution culturelle de 1966. En 1979, le pouvoir chinois metfin à cette presse libre. En France aussi, de nos jours, l’affichage est interdit… sauf là où il est autorisé(par qui ? à qui ? où ? quand ? de quoi ? moyennant quoi ? …).

2. Inscription gravée sur un monument.

3. Technique de peinture murale sur un enduit encore frais (« fresco » en italien) ; les pigments pénètrentainsi dans la masse. La peinture doit donc être réalisée très rapidement, entre le moment de la pose del’enduit et celui de son séchage. De nos jours, « fresque » désigne plutôt toute peinture sur un mur – etnon cette technique.

Marie Clem's

Marie Clem's

Marie Clem's

Rafa / Hernani

Alain Miossec

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Lyon

Lyon : GDF "revisités"

éditorial

Les contre-écritures des peuples 5

La Croix-Rousse à murs (c)ouverts 8

L'affichage de la parole contestataireLe cas des murales d'Orgosolo (Sardaigne) 10

Polyphonie sur les murs de MontevideoLa lutte contre les usines de pâte à papier 14

Peintures de guerreIrlande du Nord, Pays basque 18

Couverture : Fresque se trouvant au coin de la Rue des Écoles et de la Rue Jean-de-Beauvais (Paris) en descendant les marches qui se trouvent en arrière de la sculpture de Mihai Eminescu. © Sophie_pr

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COMME LE SIGNALE ARMANDO PETRUCCI,PIONNIER DANS LES ÉTUDES SUR CE DOMAINE, LES

villes sont depuis toujours chargées d’ "écrituresexposées" — les écritures affichées dans l’espacepublic et destinées à être vues par le plus grandnombre —, à caractère informatif, politique ousacré. A côté de ces écritures officielles, les mursvoient aussi naître les premières "contre-écritures",marques des peuples et de leur volonté de s’expri-mer, de façon politique ou non. On recense parexemple de nombreux graffitis dans des villesantiques grecques et romaines, au message poli-tique, humoristique, érotique ou personnel.

Il convient aussi, avant d’aller plus loin, de dif-férencier deux façons principales d’utiliser lesmurs : la peinture et l’écriture, ou plus précisément,les fresques artistiques d’une part, les graffitis et col-lages de l’autre. Les fresques, dont la réalisation estplus longue, sont faites pour durer, rester visible leplus longtemps possible et donc pérenniser un mes-sage. La démarche, on le comprend, est tout autreque celle du graffiti ou du collage, qui sont éphé-mères, souvent faits dans l’urgence pour trans-mettre quelque chose avant d’être effacés.

Les muralistesLe premier mouvement de fresques murales

apparaît lors de la révolution mexicaine qui débuteen 1910. A travers des peintures monumentales,reprenant des éléments de l’histoire et des cultureslocales, l’art devient politique par son contenumais aussi par son emplacement physique : il setrouve dans la rue ou dans des bâtiments publics,au service de tous. Siqueiros, Orozco ou Rivera

sont les précurseurs de différents mouvements demuralisme qui naîtront au fil du 20e siècle dansdivers quartiers du monde, de Chicago à Belfast ouà Dakar. Sous des formes et dans des buts diffé-rents, il s’agit dans tous les cas de luttes esthé-tiques : peindre sur les murs pour donner forme àdes revendications et les faire durer, qu’elles soientpolitiques, culturelles ou identitaires.

En parallèle, les murs sont appropriés par lespartis et les organisations politiques, qui se serventprincipalement d’affiches. En Amérique latine, ontrouve aussi beaucoup de pintadas : des sloganspolitiques, peints à même le mur, signés par des"brigades" et répétés le plus possible dans la ville.Certaines brigades ont parfois recours à un langagecréatif et sensible, resserrant les liens entre art etpropagande, comme dans le Chili des années 1960.

Poétique et politiqueS’il a toujours existé, le graffiti se développe

aussi davantage au 20e siècle et se décline sous dif-férentes formes. C’est le plus informel des modesd’expression mural : anonyme et rapide, il est lemoins contrôlable et permet de laisser une tracedans la ville en limitant les risques. L’émergenced’un premier "mouvement" de graffitis date de mai68, sur les murs du quartier latin. Graffitis etaffiches poético-politiques, ces inscriptions fleuris-sent en fait, à cette époque, dans bien des endroitsdu monde, témoignant du besoin d’exprimer desidées nouvelles et de nouvelles conceptions dupolitique. La production parisienne a fait antholo-gie : chargée de sens et d’une certaine qualité litté-raire, elle est, comme nous le disions pour la

Les murs, médias alternatifs

L’histoire des inscriptionsurbaines est presque aussilongue que celle des villes. La retracer est une tâchecomplexe car ces formesd’expression, dont le seulpoint commun est d’avoirpour support les murs del’espace public, apparaissent à différents endroits et àdifférentes époques, prennentdes formes et des esthétiquestrès variées, sont issuesd’intentionnalités parfoiscontradictoires…

5S!lence n°376 février 2010

Les contre-écritures des peuples

Michel B.

á Le cours Julien à Marseille : collabo-ration entre graffeurs et boutiques.

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peinture, un phénomène à la fois social, politiqueet esthétique. Un processus relativement procheapparaît dans les années 1980 en Amérique latine,à la sortie des dictatures militaires, avec les graffitisdits "ingeniosos", ingénieux, ou "de leyenda".Poétiques et humoristiques, ils sont aussi des cri-tiques cinglantes du contexte social et politique.Au même titre que le rock’n’roll, le punk etd’autres formes de la contre-culture post-dictato-riale, ils sont subversifs au-delà de leur contenu,brisant par leur abondance les codes de "bonne uti-lisation" de la ville et sont témoins de la réappro-priation de la parole après les années de silenceimposé par les militaires.

Un art clandestinLe graff, ou graffiti hip hop, représente un autre

grand mouvement de graffitis, et prend originedans une banlieue de New York à la fin des années1960. Au croisement du texte et de l’image, lesgraffs sont le plus souvent des signatures au let-trage stylisé et haut en couleurs, parfois accompa-gnés de paysages et de personnages. Son corollaireest le tag, la signature de l’auteur, tracée au feutreou à la bombe sur la fresque ou répétée le plus lar-gement possible dans la ville. Ce type d’inscriptiona longtemps été associé à la culture hip hop et à larevendication d’une identité de ghetto, maisaujourd’hui elle dépasse largement ces cadres. Legraff s’est diffusé dans le monde entier, les "pièces"ont pénétré depuis bien longtemps les galeriesd’arts tout en persistant dans la rue comme pra-tique clandestine. Le tag, souvent associé à un actede vandalisme, rompt avec l’ordre urbain, gra-phique et esthétique, et provoque le rejet. Selon lesvilles, on voit apparaître la mise en place de dispo-sitifs de nettoyage extrêmement coûteux.

Depuis, beaucoup d’autres formes ont apparu ouse sont développées, de façon globale (grâce à inter-net notamment, qui permet la diffusion libre de pho-tographies et des échanges d’expériences). Lespochoirs, collages, stickers, sont autant de manières

de marquer l’espace public, que ce soit à des fins poli-tiques, artistiques ou, plus simplement, expressives.

A côté des inscriptions légales (signalétique etpublicité principalement), les inscriptions muralessont donc de divers ordres : des plus créatives etrecherchées — qui portent un message universel,aux plus simples et triviales expositions de soi ;avec ou sans finalité artistique. Parler des murscomme médias c’est alors prendre en compte desformes d’expressions "sauvages", c’est-à-dire illé-gales, mais aussi bien d’autres, acceptées de fait oulégitimées par leur aspect esthétique et qui main-tiennent un autre rapport à la loi et aux institu-tions. Selon les pays, l’utilisation des murs estassociée aux jeunes et aux marginaux d’une part, etde l’autre aux secteurs politiques les plus radicauxet donc subversifs (de droite comme de gauche).Les inscriptions murales donnent alors lieu à desréactions différentes : interdiction, répression eteffacement ou, quand les perceptions changent,acceptation, institutionnalisation, entrée dans laculture, l’économie de l’art ou du tourisme. Le plussouvent, les limites sont floues et les relations entrele pouvoir et les auteurs, pour le moins ambiguës.La plus ou moins grande tolérance aux inscriptionsmurales nous ramène à Petrucci, qui formule unequestion centrale : celle du "Dominus" qui régitl’espace graphique ou, en d’autres termes, la luttepermanente pour le droit et la légitimité de l’utili-sation de l’espace public pour s’adresser à sesconcitoyens. Les murs, aux quatre coins du monde,ont toujours quelque chose à dire, en plus, contreou à côté de ce que le pouvoir affiche.

Un média alternatif ?L’apparition successive des médias alternatifs,

d’une manière plus générale, suit de près celle desautres médias. En effet, la presse alternative, lesradios libres, télévisions associatives, pages webindépendantes, etc., existent pour dire ce que lesmédias de masse, commerciaux, ne disent pas(parce que cela va à l’encontre de leurs intérêts ouplus simplement parce que ça ne fait pas vendre).Lorsque le peuple s’approprie une technique, ill’utilise pour passer son message, notammentquand celui-ci ne correspond pas à la pensée domi-nante. Avec pour volonté première de communi-quer, les médias alternatifs vont à contre-courantdes systèmes médiatiques publics et privés, ils cri-tiquent un état de faits tout en étant un moyend’action politique : celle d’informer, d’intéresser,d’être l'exemple d’autres manières de faire et depercevoir le monde, une parole capable de sortirdes cadres d’une pensée imposée comme la seulepossible. Les médias alternatifs sont désintéressés :ils transmettent une information sans but lucratifet sont en cela une réaction à la commercialisationà outrance et à la marchandisation des idées. Ils

6 S!lence n°376 février 2010

Les murs, aux quatre coins du monde,ont toujours quelque chose à dire.

Christophe Lhomme

Les murs, médias alternatifs

á À Paris

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permettent la visibilité de points de vue minori-taires, niés par les médias de masse.

Par ailleurs, certains médias sont plus difficile-ment appropriables et peuvent faire l’objet demonopoles (radio, TV, presse à grand tirage), lais-sant peu d'espaces pour les expériences alterna-tives. Le graffiti, la pintada ou d'autres inter-ventions urbaines sont par contre beaucoup plusdifficiles à contrôler, au même titre que les fan-zines, les tracts ou la parole directe. Ils sont peuonéreux, ne demandent pas de grand savoir-fairetechnique ni beaucoup de matériel ; enfin, l’anony-mat et la rapidité protège leurs auteurs. On com-prend que c’est un excellent moyen d’échapper à lacensure ou de la défier ouvertement.

Ainsi, les murs sont parfois le support de dis-cours alternatifs et le réceptacle de pratiques alter-natives de réappropriation de l’espace public. Ondit souvent que les graffitis ou les fresques sont "leslettres des exclus", un dernier recours quand onn’a pas de place ailleurs. On peut également penserque peindre ou écrire sur les murs est un choixdélibéré d’intervenir dans la ville, de s’adresser aupassant, d’avoir un impact particulier en occupantactivement un espace commun.

Ecrire ou peindre sur les murs peut être, selonle contexte, un jeu, une voie "pratique" d’expres-sion individuelle ou collective, une action poli-tique parfois risquée.

Les murs, objets de rechercheCe dossier présente des recherches menées

dans des pays et des contextes différents, mais tousparlent de murs qui reflètent des positions poli-tiques et transmettent des messages différents deceux des médias dominants. Nous observons desexpressions murales qui, avec divers niveaux d’ins-titutionnalisation et de légitimité, sont toutes spon-tanées, dans le sens où elles ne sont ni descommandes de l’Etat, ni d’entreprises privées, et nesont donc pas financés par eux. Les murs sontalors la voie par laquelle le peuple s’adresse aupeuple, des façons de prendre place face à et dansla société. Nos travaux portent un regard sur desmurs dont le discours ou la présence sont poli-tiques, qui utilisent un langage sensible, symbo-

lique, mobilisent la mémoire et participent active-ment à la construction des imaginaires locaux, à lare-signification des paysages.

Selon nos points de vue, nous observons lecontenu de ces inscriptions, les interrogeons par-fois en tant que pratique (d’écriture ou de lecture)mais c’est avant tout leur rôle dans la société, lesmurs dans leur contexte, qui nous intéressent. Eneffet, les "explosions" et le surgissement de nou-velles formes d’inscriptions murales reflètent etaccompagnent toujours des mouvements poli-tiques, sociaux ou culturels. Elles sont ainsi aucœur d’enjeux de pouvoir, multiples, que nousvous présentons ici.

Ainsi, les fresques d’Irlande du Nord et du Paysbasque participent, de manière active, aux conflitsqui agitent ces terres, rejouant la guerre sur lesmurs à coup de symboles et de propagande natio-naliste, en s’inscrivant physiquement sur des terri-toires en dispute pour se les approprier. Comme enSardaigne, les fresques murales construisent desimaginaires de lutte, deviennent les monumentsdu peuple, des lieux de mémoires informels envoie de patrimonialisation. En effet, les mursd'Orgosolo correspondent à une lutte esthétique,un art militant : un phénomène né des écrits del’urgence et de l’affichage de la parole contestataire,ensuite devenus tradition. L’exemple uruguayenmontre comment un même sujet de la vie politiqueéveille toute une série de formes d’inscriptionsmurales, la mise en scène de différents discoursminoritaires, niés par les médias de masse. AMontevideo, les murs étant des zones d’expressionlibre, ils sont propices aux dialogues et à l’émer-gence d’une parole créative. Un article à paraîtreultérieurement reviendra vers Lyon, dans les ruesde la Croix-Rousse, explorant la concurrence gra-phique qui s’y joue entre différents acteurs des écri-tures urbaines (afficheurs, graffeurs, municipalité),à travers des points de vue de militants sur la figurede l'affichage libre comme patrimoine culturel misen exergue, en tant que réponse aux attaques judi-ciaires de la municipalité.

Ariela Epstein �

Les murs, médias alternatifs

La lutte des signes40 ans d'autocollants politiquesZvonimir NovakLes éditions libertaires2009 - 204 p. - 30 €

Les autocollants permettentd'exprimer, souvent de manièreartistique, en petit, des slogansde lutte. Eux aussi sont présentssur les murs. Ce livre en présen-te une multitude dans desdomaines variés : anarchistes,trotskistes, maoïstes, alternatifs,écologistes, collectifs de lutte,communistes, socialistes… Lelivre, fort bien illustré, est agré-menté d'entretiens avec des gra-phistes. Passionnant. FV.

Michel B.

Mimmo Puccarelli

à À Lyon

Ö À Marseille

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Les murs, médias alternatifs

S!lence : Pourquoi as-tu décidé de mettre enligne sur internet une présentation des ins-criptions sur les murs (et les sols) de laCroix-Rousse ?

Mimmo Pucciarelli : Vivre dans ce quartier, ytravailler et participer à quelques-unes des trèsnombreuses activités culturelles et politiques quis'y sont développées depuis le milieu des années70 a été la raison pour laquelle j'ai fait une pre-mière étude sur les groupes et les initiatives alter-natives. Le résultat de ce travail s'est traduit dans lapublication de Le rêve au quotidien, en 1996.Depuis, j'ai continué à accumuler des documentset à faire connaître "ma Croix-Rousse alternative"lors de quelques interventions à des rencontresauxquelles j'ai participé, et cela dans plusieursvilles de l'hexagone.

Bref, cela fait une quinzaine d'années que jesuis amené à parler de mon "village" et de ce quis'y passe. Des mots qui, s’ils restituent de lamanière la plus rationnelle possible le rapport quej'ai avec ce quartier et l'imaginaire que j'ai pu meconstruire envers son histoire et ce que nous, lesCroix-Roussiens, y vivons au quotidien, ne peu-vent pas donner l'idée de cet environnement parti-culier. Et cela dure depuis plus de deux cents ans !

Or, bien que je prenne des photos depuis long-temps, à la fois pour mon plaisir personnel et pourla "presse militante", depuis que j'ai eu entre lesmains un appareil photo numérique, j'ai com-mencé à en faire d'une manière systématique. Il setrouve que les murs de notre quartier nous appor-tent chaque jour leur lot de "mots" par le biais detags et autres moyens, tels que pochoirs ou encorece que j'appelle des graffitis papiers. Les apercevoir

en montant ou en descendant les pentes, cela nousinterpelle toujours, mais les rassembler dans unespace qui, bien que virtuel pour l'instant, donne"en plein" l'idée de ce mouvement ou bien ce phé-nomène social... et cela désormais ne coûte pascher, sauf en énergie personnelle et en électricité !

La Croix-Rousse présente-t-elle des singulari-tés par rapport à d'autres quartiers de la villeou d'ailleurs sur cette question des murs ?

Ce quartier, très particulier, est singulier aussibien par son histoire (des canuts aux alternatifs, enpassant par les résistants et les diverses popula-tions qui l'ont colorié avec leurs divers accents,couleurs et coutumes), mais aussi par son bâti.Ceux et celles qui y vivent font beaucoup de trajetsà pieds, et cela comporte non seulement la possibi-lité d'avoir des échanges entre les habitant-e-s,mais aussi de se "frotter" aux pierres, aux murs qui,comme je le disais un jour à mon ami Alain Pessin,"respirent l'utopie". Mais ces murs sont aussi le ter-ritoire où s'expriment les idées de révoltes, les sen-timents d'injustice, les plaisirs de vivre, ou lesétincelles artistiques dont nous font cadeau tousles adeptes de cet art qui n'est pas contemporain,mais qui a pris de l'ampleur et de la couleur depuisque les bombes spray sont en vente pas cher, ouqu'on peut facilement s'en procurer sans les payer !

Une grande partie de ce quartier, où l'on se frotteaux murs, donc, est constamment recouverte de cesmessages multiples car nos artistes, militant-e-s etautres individu-e-s désirant s'exprimer savent quenous sommes obligés, en quelque sorte, d'y jeter uncoup d'œil. En un mot, dans ce vieux quartier tou-jours en mouvement, parallèlement à la concentra-

La Croix-Rousseà murs (c)ouvertsA Lyon, Mimmo Pucciarelli, sociologue et militant libertaire,photographie et met en ligne sur Internet, une impressionnantecollection d'expressions quelque peu "sauvages".

Mimmo Pucciarelli

á Esplanade de la Grande-Côte,Lyon 1er

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tion de l'habitat, on constate aussi une concentrationd'alternatives sociales et, par conséquent, une"concentration" de graffeurs.

Le sociologue que tu es peut-il évaluer, à partir du contenu de ces murs, une évolu-tion dans l'expression et les revendications ?

Le métier de sociologue consiste à restituer lephénomène qu'il observe au travers d’un "rapport",d’un mémoire ou d’une thèse. Il suffit de passerquelques minutes à lire, admirer, observer avec uneonce de curiosité l'ensemble des images que, grâceà Jean-Marc Bonnard, nous mettons en lignechaque jour sur le site de l'Atelier de création liber-taire, pour s'apercevoir que cette parole quelquepeu "sauvage", parfois titubante et très souvent poé-litiquement correcte, est en constante évolution. Si,par le passé, on pouvait lire des slogans parlant"d'insoumission civile et militaire", depuis quelquesmois et surtout depuis l'affaire dite de Tarnac, onutilise, par exemple, souvent le mot "insurrection",parfois d’ailleurs avec un seul "r". Mais aussi cetautre, tout neuf et tout joli, qui nous incite à agiravec tout notre corps et tous nos sens : "émeute-toi". Cela parle à l'âme plus qu'au militant guidé parles idéologies révolutionnaires d'il y a une vingtained'années. Quant aux revendications, elles suiventnaturellement ce qui se passe, aussi bien dans lemonde entier que dans l'environnement immédiatdu grapheur. C'est ainsi que l'on peut passer par

des messages comme "Nous ne payerons pas votrecrise", à ce cri mural adressé à une partie de lapopulation, réelle ou imaginaire : "Bobo hors de laCroix-Rousse". Mais, en même temps, on maintienttoujours vivant l'esprit des canuts, quand on rap-pelle aux passants, en ce début d'année 2000, "Lescanuts sont toujours là", phrase signée par cesdésormais inévitables @ cerclés.

Ces écrits sont-ils en lien avec des mouve-ments sociaux ou relèvent-t-ils de la révolteindividuelle ?

En réalité, c'est un mélange. Comme je le disaisplus haut, ces mots qui font parler les murs fontréférence aux luttes et mouvements sociaux, maisexpriment aussi des sentiments personnels. "Pourma maman", a écrit une bombe anonyme pensantà la personne qui lui a donné la vie, "à toi ma sœurque j'aime" a encore gravé, dans un petit passageproche du centre-ville, une personne qui veutexprimer publiquement ses sentiments. Des mes-sages qui, lus distraitement, peuvent semblerl'œuvre de tel ou tel individu n'ayant probable-ment pas d'autres moyens de faire savoir ce qu'il a"dans la tête" ou bien dans le cœur. Mais, lorsqu’onva à la chasse de ces messages, lorsqu'on les col-lecte et qu’on les met bout à bout, on peut les lireautrement. Ce lot quotidien de mots, d'images, decouleurs représente en fait un enchevêtrement d'in-terpellations qui sont étalées sur ce fabuleux sup-port qu’offre la ville, à peu de frais, à nos poètes,rebelles, mais aussi à l'étudiant amoureux ou à lajeune personne qui fait la caricature d'un ami.

Les murs, dans l'imaginaire de nos acteurs,sont à la fois un espace public où informer, inter-peller les autres, mais aussi un espace singulier,individuel où exprimer ses sentiments. Et l'en-semble, c'est un livre ouvert sur la vie, à la Croix-Rousse comme ailleurs.

Propos recueillis par Michel Bernard etGuillaume Gamblin. �

Les murs, médias alternatifs

9S!lence n°376 février 2010

� Ma Croix-Rousse alternative. Pour voir la richesse des pentes de la Croix-Rousse, les photos deMimmo Pucciarelli sont exposéessur : http://www.atelierdecreationliber-taire.com/croix-rousse-alternative/

Mimmo Pucciarelli

Mimmo Pucciarelli

Mimmo Pucciarelli

á Rue du Mail, Lyon 4er

á Les Pénélopes effacent le jour, ce que d'autres écrivent la nuit

á Montée de la Grande-Côte, Lyon 1er

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IL EST DIFFICILE D’EXPLIQUER LES ORIGINESDE CE PHÉNOMÈNE ; PLUSIEURS ÉLÉMENTS SONT

intervenus dans sa naissance et son évolution.Réalisées pour la plupart dans les années 70 et 80,ces peintures vivent de l’héritage d’un fort militan-tisme de contestation qui avait animé le village aucours des années 1968 et 1970, durant lesquellesl’activisme de certains habitants avait donné nais-sance au "Circolo Giovanile d’Orgosolo".

Ouvert grâce à l’initiative des jeunes intellec-tuels du village, le groupe réunissait au départ despersonnes appartenant aussi bien au parti de laDémocratie chrétienne qu’au parti communiste.Quelques mois plus tard, suite à la scission entreles membres des deux différents partis, l'associa-tion, initialement à but culturel, accentue sa natureactiviste et devient un collectif militant gauchistedont la finalité est de sensibiliser les habitants àdiverses causes, antimilitaristes pour certaines,anticapitalistes pour d'autres, ou bien critiquesenvers la politique de centralisation menée par legouvernement italien.

C’est dans les locaux de son siège que, grâce àla participation active du professeur de dessin del’école d’Orgosolo, Francesco Del Casino, serontproduites toutes les affiches de contestation et derevendication qui décoreront les murs du villagependant des années et qui seront ensuite traduitesen peintures murales.

L’héritage et la mémoire de ces trois annéesd’activité du Circolo Giovanile d’Orgosolo alimen-tent la sensibilité qui fut à la base de la réalisationde toutes les peintures murales du village à partirde 1970 et ce, pendant vingt ans1.

Questions sociales en peintureEn 1975, dans le cadre d’un projet éducatif, ce

même professeur propose à ses élèves de fêter le

Orgosolo est un village situé dans la partie montagneuse dunord de la Sardaigne, où s’est développée une pratique toute àfait singulière de peinture murale qui a fait du mur, en premierlieu, un média alternatif et, ensuite, le support du récithistorique de la communauté qui habite ce territoire.

Les murs, médias alternatifsÖ 1 : Affiche produite en 1969 dans l’atelier de création du « Circolo Giovanile » d’Orgosolo à l’occa-sion de la manifestation pour la libération des pâturages de la localité de Pratobello, occupé par lesmilitaires de l’OTAN pour y créer une base militaire. Texte écrit : des engrais et pas de balles...

à 2 : Orgosolo, Rue Liguria. L : 2,4 m. H : 2, 6 m. Peintureréalisée par Francesco del Casinoen 1976. La peinture reproduitune des affiches–phares de la luttede Pratobello.

1. Voir illustrations n° 1, 2 et 3.

Hélène Degrandpré

Hélène Degrandpré

L’affichage de la parolecontestataire

Le cas des muralesd’Orgosolo(Sardaigne)

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30e anniversaire de la libération du fascisme enItalie, en réalisant une recherche sur les résistantsde la région, en les peignant sur papier, puiscomme peintures murales2. On passe ainsi des pre-miers travaux réalisés par les mains inexpertesd’élèves à des œuvres plus élaborées.

Il s’agissait au départ de reproduire des événe-ments de la vie quotidienne locale mais les thèmesvont ensuite bien au-delà : événements de Prato-bello (lutte contre l'installation d'un camp del'Otan sur des pâturages) vécus personnellementpar la population, problèmes du chômage, luttepour l’émancipation des femmes, guerre d’Espa-gne, coup d’état chilien, problèmes liés à la vie pas-torale, revendications des étudiants pourl’application effective du droit aux études sansentraves, jusqu’aux événements plus récentscomme la guerre du Golfe, la destruction des toursjumelles de New York, les manifestations contre leG8 de Gênes3, la guerre en Irak.

Aujourd’hui le village compte près de 250 pein-tures murales qui s’inspirent presque toutes de thé-matiques politiques. La majorité d'entre elles sontle fait de Francesco Del Casino, avec la collabora-tion constante, au cours des années, des élèves del’école. Suite à l’expérience d’Orgosolo, le mura-lisme est devenu une pratique diffuse dans toutel’île, où plus de soixante-dix villages présentent despeintures murales, pour un total de presque millepeintures4 sur tout le territoire de l’île.

Cette diffusion a entraîné un changement dansle statut de ces peintures, qui étaient au départnées pour afficher un malaise politique et social, etsont ensuite devenues un composant fondamentaldes politiques de réaménagement urbain, le pointfort des programmes culturels des différentesmunicipalités. Elle représentent un importantattrait touristique5-6 au niveau national et interna-tional, surtout pour les villages situés à l'intérieurde l'île, qui ne peuvent pas offrir les avantages dela mer aux vacanciers.

Une forme de résistanceContrairement aux fresques des autres villages,

les murales d'Orgosolo ont une spécificité issue deleurs origines : elles sont toutes accompagnées pardes écrits, affichés dans l'espace du dessin. Il s’agit,pour la plupart, de messages concernant desdébats locaux ou des événements de politiquenationale et souvent de critiques aux représentantsdu gouvernement italien. Le choix des thèmessemble indiquer que ces écrits renvoient à une cul-ture politique partagée, et que tous les auteurs deces écrits partagent un espace de repères sociaux etpolitiques.

Il faut aussi relever que dans le tiers des pein-tures, la politique du gouvernement italien estremise en cause. Le thème le plus récurrent est eneffet la dénonciation des acteurs politiques, cer-taines évoquant clairement les thèmes de l’incom-pétence et de l’inégalité. Il est remarquable que desfresques protestataires, nées dans un cadre rural etréalisées par des amateurs, se cristallisent ainsiautour de l’enjeu institutionnel.

La simplicité graphique des écrits revient égale-ment dans le choix de rédaction avec des formeslangagières simples, un vocabulaire repérable, desmots qui reviennent (popolo, lotta, sostegno, compa-gni7), et un répertoire des figures qui renforce lamise en scène de l’action visée par l’acte d’écriture :poings, mains, uniformes, symboles appartenantau monde des bergers.

On peut observer des phrases qui se répètent(souvent, par exemple, l’exhortation adressée auxfemmes, hommes, bergers et ouvriers, à être soli-daires et unis dans la même lutte), avec un vocabu-laire qui semble appartenir à un système culturelprécis et faire référence à des périodes historiquesexplicites. On vérifie ici ce que suggérait LeonardSmith8 à propos des graffitis réalisés par les mutinsfrançais en 1917 : "le socialisme fournit un langagede protestation déjà constitué".

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á 3 : Orgosolo, Corso Repubblica, L : 1,7 m H : 2, 4 m.Peinture réalisée en 1978 par Francesco del Casino. Écrit :Adjoint au Ministre des Transport, M. Bagnino, poursuivi pourles infractions suivantes : attentat contre le droit à l’étude, pourla tentative d’enfermer 150 personnes dans un bus, absence con-tinue aux assemblées générales des étudiants.

á 4 : Orgosolo, angle rue Congiargiu et rue Gramsci. L : 7,30 mH : 3 m. Peinture réalisé par Francesco Del Casino et ses élèvesen 1975 en honneur du partisan Congiargiu à l’occasion du projetpédagogique de recherche sur les partisans de la région pour lacélébration des 30 ans de la libération italienne (25 avril 1945).

à 5 : Orgosolo, Corso Repubblica. L : 1 , 10 m H : 1,70 mPeinture réalisée en 1975 par lesélèves de l’école secondaired’Orgosolo dans le cadre du projetéducatif de commémoration de lalibération de l’Italie du fascisme.Écrit : Fascisme =torture, guerre,prison, faim.

2. Voir illustrations n° 4 et 5.

3. Voir illustration n° 6.

4. Voir la carte de l'île, illustration n° 7.

5. Voir les photographies 10 et 11p.13.

6. A ce sujet, voir Satta, G. (2001)Turisti a Orgosolo. Napoli :Liguori. Et Satta, G. (2002)“Maiali per i turisti” in V.Siniscalchi (sous la direction de)Frammenti di economie.Cosenza : Pellegrini, pp.127-157.

7. En français : peuple, lutte, sou-tien, camarades.

8. L. Smith, Beetween Mutiny andObedience. The case of FrenchFifth Infantry Division duringWorld War I, Princeton, PrincetonUniversity Press, 1991, cit . p. 193"Socialism , I would suggest, pro-vided a language of protest alreadyin place".

Hélène Degrandpré

Hélène Degrandpré

Hélène Degrandpré

Les murs, médias alternatifs

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Dans les peintures plus anciennes, il s’agit pourla plupart d’écrits de dénonciation et de revendica-tion politiques — on trouve alors des phrases tellesque : "Femmes unies dans la lutte", "On veut desengrais, pas des balles", ou encore "Le moment estvenu, peuples, d’en finir avec les abus. Renversonsles mauvaises coutumes, renversons l’arrogance".Ces énoncés appartiennent souvent au genre plusgénéral du slogan.

Il s’agit de peintures murales à fort discourspolitique. C’était une période de grande ferveurmilitante, le but étant de donner un messagerapide, compréhensible par les habitants du vil-lage, et censé les stimuler à prendre position où às’impliquer dans un débat.

La présence de ces écrits dans les muralestémoigne de leur appartenance au domaine vasteet varié des pratiques contestataires : en dessinantet en écrivant sur le mur, on manifeste, on conteste,on refuse, on s’oppose, on critique, on se rebelle,on fait une action politique, on montre une autrefaçon de penser et, comme le dit un des habitantsdu village dans son récit : "Les murales réalisés audébut étaient purement politiques, on avait le désir demontrer à travers les murales et les écrits, qu’il y avaitune autre façon de penser"9.

Union contre une base de l'OTANLe prototype de ces murales est un objet de

fabrication tout à fait scriptural : les affiches. Pourcomprendre cette constatation, on prendra enexemple une peinture représentative de ce phéno-mène10, celle qui illustre la lutte de Pratobello etqui se trouve sur la façade de l’ex-mairied’Orgosolo, dans la rue Corso Republica ; elle estcommunément appelée "le mural de Pratobello".

Cette lutte, qui a été l'un des combats les plusimportants contre ceux que les militants duCircolo Giovanile affrontaient, a impliqué tous leshabitants du village qui, sur l’impulsion desmembres du Circolo, ont occupé les pâturages dela zone de Pratobello où les militaires de l’OTANvoulaient installer leur base militaire. La grandeparticipation populaire à cette manifestation aalors obligé les militaires à abandonner leur projetainsi que les territoires de Pratobello, et le Circoloa remporté la sympathie et l'accord de tout le vil-lage.

Les membres du Circolo Giovanile s’étaientorganisés pour l’appel à l’action en se servant d’af-fiches visant à sensibiliser les habitants sur "l’affairePratobello". Elles étaient dessinées par le profes-seur de dessin Francesco Del Casino, et produitesà l’aide d’une polycopieuse. Les productions, un

temps affichées sur tous les murs du village, ont étéfidèlement reproduites dans la peinture murale.

Dans cette peinture, la paternité des affichespar rapport aux murales est évidente. Cette rela-tion explique d’une part leur aspect précédent sousforme d’affiches, et d’autre part le fait qu'il n'y aqu'à Orgosolo que les murales présentent de l’écri-ture, car dans les autres villages, la réalisation despeintures ne se rattache pas à un antécédent d’écri-ture de ce genre. Cette provenance de l’affiche estd'ailleurs confirmée par Francesco Del Casino, quiaffirme à plusieurs reprises dans ses témoignagesque les antécédents des murales sont bien lesaffiches produits par le Circolo: "Les antécédents despeintures murales sont ces affiches réalisées dans les

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9. Tous les entretiens cités, initiale-ment en italien, ont été traduits enfrançais pour en faciliter la lectureau public francophone.

10. Voir illustration n° 8.

On peint comme on écrit, dans la nécessité de communiquer sur des faits d'actualité.

á 6 : Orgosolo, Corso RepubblicaL : 7, 4 m H : 4 mPeinture réalisée en 2001 par desjeunes (Gio, Vale, Feli) en hommageà Carlo Giuliani, le jeune militantmort au cours des émeutes du contreG8 de Gênes.

à 8 : Orgosolo, Corso Repubblica(ex- Mairie) L : 3 m. H : 7 m.Peinture réalisée par Francesco DelCasino en 1976 et restaurée en 1984,en mémoire des luttes pour la libéra-tion des pâturages de Pratobello etdu parc du Gennargentu. Texteécrits : Ce qui se passe à Pratobello,contre l’élevage et l’agriculture, estune provocation d’ordre coloniale. Ilfaut remonter à la période du fas-cisme pour retrouver un événementpareil. Pour cette raison je me senssolidaire avec les bergers et lesagriculteurs d’Orgosolo qui résistentavec courage et si je n’était pas enmauvais conditions de santé, je seraisparmi eux. Texte du télégramme del’intellectuel et homme politiqueEmilio Lussu, juillet 1969.

à 7 : Il y a plus de soixante-dix villages en Sardaigne qui présen-tent des peintures murales, la plupart se trouvent dans les régionsde Cagliari et Nuoro. On trouve ici une carte géographique de l’île avec les principaux villages concernés par le phénomène.

Hélène Degrandpré

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années 68, 69 et 70, et qui ont été effectuées avec unetechnique assez rudimentaire, similaire à la sérigra-phie".

L'affiche pour l'urgence, la peinture pour durer

Si les murales reprennent le format et les écritsdes affiches politiques, il en va de même pour lesmodalités de réalisation : on peint comme on écrit,dans la nécessité de communiquer sur des faitsd'actualité.

Dans plus d’un récit, l’affichage de ces actesd’écriture semble dicté par l’urgence : "Ces affichesétaient ensuite placardées pendant la nuit sur les murs,afin que l’information puisse interpeller immédiatementtout passant. Ensuite le passage de l’affiche, qui pouvaitfacilement se détériorer, à la peinture sur mur, a étépresque obligé". Comme l'explique cet extrait d’entre-tien, l’urgence de ces écrits, est d'abord d’ordre tem-porel : le témoin souligne la nécessité d’agir dans lanuit, de réaliser une affiche et de l’exposer dans lesplus brefs délais, pour la faire lire le plus tôt possible,à tout passant. La deuxième cause de cette urgencesemble être liée à une exigence d’engagement dansl’information, un engagement que les membres duCircolo Giovanile d’Orgosolo s’étaient imposé.

L’affichage de ces actes d’écriture11 était unefaçon d’agir, et on agissait dans l’urgence.Francesco Del Casino, a évoqué au cours des entre-tiens le fait que, parfois, la nécessité de donner uneinformation était pour eux tellement urgente qu’iln’y avait même pas le temps de faire une affiche :dans ce cas, un article de journal traitant d’un sujetprécis était affiché au mur.

L’idée première de cette action d’affichage, déli-bérément liée à l’actualité, était de répondre aucoup par coup aux événements, comme le dit unancien membre du Circolo dans ses mémoires : "Acette époque, tout était mis au mur, tout était public,nos affiches étaient un peu comme les journauxmuraux des chinois, les tatzupao je pense, voilà onavait pris l’inspiration un peu de ça aussi".

La fonction et la durée des peintures murales,et non seulement leurs thèmes, semblent égale-ment ancrées dans l’actualité — un autre ancienmembre du Circolo souligne à ce propos l’inutilitéde conserver les murales une fois l’urgence passée,comme si l’action devait continuellement se renou-veler : "Les murales sont comme des affiches politiques,leur durée est liée à un moment précis d’actualité, iln'est pas important de le conserver une fois que l’ur-gence est passée".

Ces énoncés sont des slogans qui fonctionnentdans une situation particulière au niveau de ladénotation, mais qui continuent en même temps àfaire référence aujourd'hui. De cette façon, le slo-gan d’une lutte locale dépasse les frontières deproximité pour se lier à un mouvement plus large,ce qui était d’ailleurs l’ambition du CircoloGiovanile et qui motivait la diffusion12 et la lectured’ouvrages, textes, témoignages, documentationsd’autres mouvements militants.

C'est dans ce sens qu'il faut également lire larécente apparition d'une peinture murale faisantréférence à la lutte du Larzac13, à côté de celle dePratobello. Réalisée à l'occasion des 40 ans de

Pratobello, le 19 juin 2009, cette fresque reproduitce qui fut l'affiche-phare d'une autre lutte antimili-tariste, qui en France a "fait histoire", celle ducausse au-dessus de Millau.

Francesca CozzolinoEquipe Anthropologie de l'écriture,

HAC-EHESS Paris. �

Les murs, médias alternatifs

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Pour en savoir plus

� Barnoux, Y., Murales de laSardaigne, Collectif des éditeursindépendants, Paris, 2001

� Bragaglia, M. (sous la directionde) Storia della Sardegna. VillanovaMonteleone : Soter, 1995

� Chatel, F. et Popper, F., L’artpublic: peintures murales contempo-raines, peintures murales tradition-nelles. Damase, Paris, 1981

� Calvet L. J., La production révolu-tionnaire, slogan, affiches, chansons,Payot, Paris, 1976

� Circolo Giovanile di Orgosolo, Salotta de Pratobello. Orgosolo:Ouvrage polycopié, 1969

� Cozzolino, F., "Les murs ont laparole : Sardaigne", Le Tigre, n° 1,1997, pp. 50-55

� Cozzolino, F., "Les peinturesmurales d’Orgosolo. Un exemple deprise de parole", in A. MubiBrighenti, The wall and the city / Ilmuro e la città / Le mur et la ville,ProfessionalDreamers, Trento, 2009

� Fraenkel B., Les affiches de Mai :l’atelier populaire des Beaux Arts, in"68, une histoire collective, (1962 -1981)", sous la direction de P.Artières et M. Zancarini-Fournel, LaDécouverte, Paris, 2008

� Fraenkel B., "Actes d’écriture :quand écrire c’est faire", in Langageet société, n° 121-122, sept-déc2007, pp. 101-112

� Mannironi, R. (1994) Arte muralein Sardegna. Cagliari : Incaspisano.

� Merlini, P., "Un progetto di tutelaper i dipinti", La Nuova Sardegna,12 octobre 2006

� Muggianu, P., Orgosolo 68–70, iltriennio rivoluzionario. Nuoro :Studio Stampa, 1998

� Le Lannou, M., Pâtres et paysansde la Sardaigne, Arrault, Tours,1941 En italien : Pastori e contadinidi Sardegna, trad. par M. Brigaglia,Ed. de La Torre, 2006

� Rubanu, P. et G. Fistrale, Muralespolitici della Sardegna. Bolsena :Massari, 1998

� Satta, G., Turisti a Orgosolo.Napoli : Liguori, 2001

� Satta, G., "Maiali per i turisti" inV. Siniscalchi (sous la direction de)Frammenti di economie. Cosenza :Pellegrini, 2002, pp. 127-157

11. Voir B. Fraenkel, "Actes d’écri-ture : quand écrire c’est faire", inLangage et société, n° 121-122,sept.-déc. 2007, pp. 101-112.

12. Le Circolo Giovanile d’Orogosoloétait équipé d’une bibliothèquecomprenant des ouvrages degroupes militants nationaux etinternationaux, et ils étaientabonnés à la plupart des revuesgauchistes existantes.

13. Voir illustration n° 9.

á 9 : Orgosolo, Corso Repubblica. L : 1, 70 m H : 2 m. Peintureen hommage à la lutte du Larzac, réalisée par Tristan Favre,Vincent Leclerc et Christine Telen en juin 2009 à l’occasion àl'occasion des célébrations pour les 40 ans de Pratobello

á 10 : août 2007 . Orgosolo, Corso Repubblica. Les touristes seprennent en photo devant une fresque représentant la Sardaigneet situant le village d’Orgosolo dans l’île.

á 11 : juin 2009, Orgosolo, Corso Repubblica. Un groupe detouristes français se promène dans le rue du village et prend enphoto la fresque en mémoire de la révolution française de 1789.

Hélène Degrandpré

Hélène Degrandpré

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TOUT COMMENCE EN 2003, LORSQUEL’URUGUAY AUTORISE DEUX ENTREPRISES EURO-

péennes (la finlandaise Botnia, et l’espagnole Ence)à construire des usines sur les berges orientales dufleuve Uruguay, frontière naturelle entre les deuxpays (voir carte). Les Argentins se mobilisentimmédiatement, notamment dans la ville côtièrede Gualeguaychú, et dénoncent des risques écolo-giques pour le fleuve ainsi que leurs possiblesconséquences sur le tourisme, secteur clé de l’éco-nomie locale. Des assemblées d’habitants s’organi-sent donc du côté argentin et coupent le pont quirelie les deux pays. Il y aura aussi de fortes mobili-sations dans d’autres villes frontières, ainsi que desmanifestations dans la capitale, soutenues par l’en-semble de la population comme par son gouverne-ment (représenté par Nestor Kirchner, puis par safemme, Cristina Fernández de Kirchner). Malgrécela, Botnia entreprend ses travaux en 2005 etdébute sa production en 2007. Le contentieuxprend alors la dimension d’un véritable conflit géo-politique et implique l’intervention d’instancesinternationales (Cour internationale de justice deLa Haye, tribunal du Mercosur, roi d’Espagne…).Puis, à force de tentatives des deux gouvernementspour apaiser les tensions, l’affaire finit peu à peupar se tasser, sans pour autant qu’une solutionsatisfaisante n’ait été trouvée. En 2009, les "assem-bléistes" argentins maintiennent la coupure régu-lière du pont, mais les médias et l’opinion

publique se sont désintéressés du débat. Les rela-tions diplomatiques reprennent lentement entreles deux pays voisins.

En Uruguay, le processus d’installation desusines avait débuté sous un gouvernement libéral(celui de Jorge Batlle, du Partido Colorado), etavait d’abord provoqué le rejet de l’opposition,notamment des syndicats et d’une partie du FrenteAmplio — la coalition de gauche au pouvoirdepuis 2004 —, déployant des arguments écolo-gistes et antilibéraux. Cependant, lorsqu’il accèdeau gouvernement, le président Tabaré Vázquez(représentant du même Frente Amplio) annonceque les usines seront construites comme prévu.Botnia et Ence représentent les plus importantsinvestissements financiers de toute l’histoire dupays et sont nécessaires au gouvernement pourremplir sa principale promesse électorale : la réduc-tion de la pauvreté. Cela justifie, à ses yeux, lacontinuité de certaines politiques économiques etindustrielles, sans soulever de contradictions.Ainsi, le sujet des usines ne deviendra médiatiqueque face à la mobilisation des Argentins et la cou-pure du pont ; le pays se soude alors derrière songouvernement et défend largement l’implantationdes usines étrangères. En effet, le différend aréveillé un nationalisme passionné dans les deuxpays ; côté uruguayen, la population soutient lespapeleras1 car elles sont présentées comme uneimportante source d’emplois pour une région peu

Les images dont nousparlerons ici ont été prises àMontevideo, en 2007, àl’apogée d’un conflit entrel’Argentine et l’Uruguay àpropos de l’installationd’usines de pâtes à papier.Elles sont le reflet d’un aspecttrès rarement abordé dansl’histoire de ce litige : celuides quelques secteursuruguayens mobilisés contrel’implantation de ces usines,pour qui les murs auront étél’unique espace de visibilité etde communication "massive".

Polyphonie sur les mursde Montevideo

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Les murs, médias alternatifs

1. Papeleras veut dire "usine depapier". Les usines dont il estquestion fabriquent en réalité dela cellulose, mais la population etles médias utilisent ce terme, pluscourant que celui de pasteras("usine de pâte à papier"), quiserait plus approprié. Nous garde-rons ici son appellation populaire.

2. Pour des définitions des différentstypes d’inscriptions murales, voirintroduction du dossier.

3. Il faut préciser que la résistancecontre les usines est essentielle-ment menée par quelques ONGécologistes, en particulier les orga-nisations Guayubirá et Motvides,mais travaillant surtout dans lazone côtière, elles n’eurent aucunevisibilité dans la capitale.

á L’usine de Botnia se trouve à FrayBentos

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industrialisée, et parce qu’elle fait confiance auxétudes réalisées qui affirment un très faible risquede pollution. La mobilisation argentine est vécuecomme une ingérence politique, une atteinte à lasouveraineté nationale.

Un espace de dialogue inéditJe travaille sur les différentes formes d’inscrip-

tions murales de Montevideo ; le thème des papele-ras, tel qu’il s’est manifesté sur les murs de la ville,me sert alors d’exemple pour décrire différentesmodalités d’expression (formes, langages, imagi-naires) du politique dans l’Uruguay contemporain.Il permet d’envisager les murs comme un espacede communication particulièrement riche où secôtoient des organisations de tous bords, en un dia-logue qu’on ne trouvera dans aucun autre média.

Sur les murs donc, quelques voix s’élèventcontre les papeleras, mettant en exergue des préoc-cupations environnementales (liées à la pollutiondu fleuve et au développement de la productiond’eucalyptus qui alimentent l’usine) ainsi que desrevendications anti-impérialistes. Secteurs organi-sés et individus s’expriment, arborant différentsdiscours militants (des plus institutionnels au plusalternatifs), des répertoires symboliques forts etmobilisés parfois à des fins contraires.

Pintadas, graffitis, murales et pochoirs2 ontdonc été utilisés pour dénoncer les usines de cellu-lose et, quelquefois, pour les soutenir. Ces diffé-rentes formes d’inscriptions — textes, images, ouconjonction des deux —, témoignent de l’occupa-tion particulière et très prégnante de l’espacepublic à Montevideo. Une campagne spontanée,émanant de différentes sphères sociales et poli-tiques, a ainsi permis de rompre certains tabous etde souligner quelques-uns des nombreux para-doxes pesant sur l’histoire des papeleras.

Des arguments surtout écologistes“2006, cellulose : le chemin vers la pollution de

l’eau, de la terre et de la vie”, (voir photo 7), les pin-tadas qui condamnent les papeleras portent, en pre-mier lieu, un argument écologique3. Elles sontsignées par des organisations politiques de lagauche radicale qui, bien que membres de la coali-tion gouvernementale4, n’hésitent pas à marquerleur désaccord avec les décisions centrales. La pin-tada sert parfois à convoquer le peuple à des actes,des réunions ou des manifestations (il y en auraquelques-unes contre les papeleras, mais ellesauront mobilisé peu de monde) et dans certainsquartiers, des collectifs se créent, tentant d’ouvrir

le débat : "samedi 12, assemblée ouverte. Thème :usines de cellulose. Non aux usines de la mort. Oui àla vie". On retrouve les mêmes mots, "la cellulosec'est la mort", accompagnant un arbre d’eucalyptusensanglanté, sur une fresque sauvage5 signée parSoalon, un des nombreux artistes de rue deMontevideo (voir photo 2). Le langage politique,toujours symbolique et souvent empreint depathos, fonde son discours sur l’évocation de la vieet de la mort, des items récurrents qui renvoientaux enjeux les plus profonds ou transcendants dudébat en question. Les murales peuvent être indivi-duels ou collectifs, plus ou moins organisés et offi-ciels : sur la photo n° 3, une autre fresque réaliséepar une association sur un des murs qui bordent lePalais législatif, zone d’ordinaire occupée par lespintadas partisanes. Les différents genres d’inscrip-tions se confondent parfois et se relaient sur lesmêmes murs, exprimant sous diverses formes lesmêmes préoccupations. Sur la fresque, les dessinsenfantins et colorés contrastent avec les textes quiles légendent, tristes prédictions sur un ton plusdirect que celui des brigades6 : "elle contamine, laplanète s’extermine", "la Finlande ne contrôle nidioxines ni furannes", "pêche artisanale morte", "mala-die, cancer, malformations, allergies", "monoculture :appauvrissement du sol", etc.

Pour revenir aux pintadas, le seul groupe poli-tique organisé s’étant manifesté sur les murs enfaveur des usines est un secteur d’extrême droite(une branche du partido colorado). Un de ses

4. Le gouvernement de TabaréVázquez représente le partiEncuentro Progresista-FrenteAmplio, un front qui réunit lui-même de nombreux partis et cou-rants idéologiques, de la gauche laplus radicale à la plus modérée.En dehors des élections présiden-tielles, chaque groupe possède sespropres listes et représentants etinflue plus ou moins dans lesdécisions gouvernementales.

5. Voir introduction du dossier.

6. Les personnes chargées de faire lespintadas sont organisées en bri-gades, chaque parti politique encompte une ou plusieurs selon sesgroupements internes.

7. Mandinga veut dire "diable" ou"démons" dans plusieurs régionsd’Amérique latine.

8.Pour le moment, ce traité n’a pasabouti. Ce type de traités commer-ciaux, tout comme le conflit dontnous parlons, contribue à la fragi-lité du Mercosur, l’alliance écono-mique et politique de la régionsud-américaine entre l’Argentine, leBrésil, l’Uruguay et le Paraguay.

á 1. Les pintadas, les unes sur les autres, forment un palimpsesteoù l’on peut suivre le dialogue entre les différents partis. Ici « no más continuismo », dont on ne voit plus la signature, eten-dessous : « la forestación da trabajo a mucho gente », signépar la brigade Palo y palo de la liste 15 du Partido Colorado.

á 2. Fresque “sauvage” réalisée en2008 par Soalon, un des nombreuxartistes de rue de Montevideo. "Lacelulosa es muerte".

à 3. Fresque associative dont la signatureétait recouverte par une pintada. Elle alongtemps occupé trois murs prochesdu palais législatif.

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murs dit : "la forestation donne du travail à beaucoupde gens" (au centre de la photo n° 1). Les mots gar-dent une consonance écologiste, l’évocation de laforêt évinçant tous les méfaits d’une productionincontrôlée d’eucalyptus. Par ailleurs, le slogansemble répondre à celui d’un autre parti, inscritjuste au-dessus. "Non au continuisme" dénonce eneffet la continuité des politiques économiquesmenées par les gouvernements successifs, notam-ment en ce qui concerne la sylviculture et lesaccords avec l’étranger. Les brigades jouent ainsiavec les termes, dialoguent sur les mêmes murs,reprennent ou détournent d’autres slogans, for-mant un réseau intertextuel assez complexe.

Un pays productif ?Une ambiguïté se trouve par exemple dans

l’idée de "pays productif", un des grands slogans dela campagne du Frente Amplio de 2004, souventrepris dans le débat autour des usines. L’idée deproduction pouvant contenir des visions contradic-toires, il aura été utilisé pour ou contre celles-ci.Alors que, pour le gouvernement et l’opinionpublique, les usines entrent de plain-pied dans laconstruction du "pays productif ", des appels àmanifestation disent pourtant : "Non aux fabriquesde cellulose. pour un pays productif" (photo n° 8) prô-nant une autre forme de production, qui ne repo-serait pas sur l’épuisement de ressources naturelles.La formule apparaît aussi, ironiquement, dans ungraffiti anonyme : "Uruguay, pays productif de pollu-tion et de mort".

Au-delà de la pintada, les graffitis et pochoirss’inspirent ainsi les uns des autres, se donnent laréplique et se caricaturent, alimentant la créativitéet les jeux de sens. Les exemples les plus virulentset les plus originaux que j’ai trouvés sont des graf-fitis anarchistes, des formules courtes : "Botnia bio-pirates", par exemple, ou des jeux de mots pluscomplexes. "Por la plata baila el monocultivo"(photo n° 4) est tiré d’une expression toute faite :"por la plata baila el mono" (pour de l’argent, lesinge danse) ; mais le "por la plata" peut aussi secomprendre comme "dans la région de la plata",celle du Rio de la Plata dans lequel se jette le fleuveUruguay, donnant finalement une phrase poétiquequi dirait : "sur le Rio de la Plata danse la monocul-ture". Les graffitis usent d’un langage familier etpopulaire, ils sont pétris d’éléments culturels qu’ilfaut connaître ou apprendre à déchiffrer pour lescomprendre. Sur la photo n° 5, le graffiti annonceque l’usine finlandaise aurait brûlé, et que celaserait lié à une affaire de diables, de mauvaisesprits… "Botnia a brûlé. Affaire de mandinga"7, uneannonce fausse bien sûr, qui suinte un humouracide et désabusé, caractéristique des murs deMontevideo.

La souveraineté nationale et l’anti-impérialismesont l’autre grand sujet lié à ce conflit et porté surles murs. Là encore, des notions polysémiquessont évoquées de façon différentes, pour ou contreles papeleras. Si l’opinion publique se défend del’Argentine et de sa position "agressive", les mursdénoncent plutôt les firmes étrangères occupant leterritoire national à leur unique profit (la celluloseproduite en Uruguay est ensuite envoyée en

Les murs, médias alternatifsÖ 4. “Por la plata baila el mono-cultivo”,graffiti anarchiste sur le mur d’un lycée.

à 5. “Botnia se quemó ¡Cosa de Mandinga!”

à 6. “Bienvenidos Botniolandia”. www.elmundoalreves.org.

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Finlande, où elle est transformée en papier et ven-due sur place). La plupart des inscriptions dési-gnent donc plutôt la Finlande et l’Espagne ainsique les organismes internationaux impliqués dansle processus, la Banque mondiale notamment.Dans le centre-ville, une Pintada s’adresse au gou-vernement : "Tabaré : notre ennemi c’est Bush, pas lepeuple argentin". Ici, le texte sous-entend que legouvernement se trompe d’ennemi et, derrièrel’évocation de Bush, dénonce les négociations alorsen cours entre les Etats-Unis et l’Uruguay, pour lasignature d’un traité de libre-échange8. Le mur faitalors le lien entre différents événements politiqueset leur donne une cohérence, une autre intelligibi-lité. Derniers exemples : "Bienvenus à Botnioland"(photo n° 6), le pochoir d’une organisation antica-pitaliste, ironise sur une sorte d’occupation étran-gère, ou enfin, un graffiti plus classique etuniversel, nomme une autre réalité des usines délo-calisées : "Non aux multinationales".

Dans l’histoire des papeleras, les murs n’aurontpas représenté l’opinion générale, ni donné la tem-pérature sociale (ce qui est parfois le cas). Ilsauront par contre témoigné de l’existence d’unevision alternative du conflit. Des groupes ou desindividus s’expriment ainsi sur des murs qui sontencore, en Uruguay, des zones libres et non contrô-lées, des espaces de visibilité pour les positionsmarginales, absentes des autres médias, qui per-mettent de maintenir un réel dialogue dans l’es-pace public. Emanant de cultures politiques biendifférentes, mobilisant des langages et des sym-boles forts pour réordonner le monde, les oppo-sants aux papeleras ont mené une campagnepolyphonique et spontanée, suffisamment visiblepour que les citoyens aient à en prendre acte.

Pour terminer, j’interrogerais l’absence de touteposition "officielle" vis-à-vis des usines, sur desmurs où la vie politique est souvent commentée.La plupart des groupes internes au Frente Amplione se seront pas positionnés sous la forme popu-laire de la pintada, ni pour ni contre les papeleras ;

cette absence de réaction souligne elle aussi lacontradiction idéologique que suppose l’implanta-tion de telles usines, pour un gouvernement qui sedéfinit comme écologiste et antilibéral ; un dis-cours non soutenable traduit ici par du silence.

Ariela Epstein �

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Pour en savoir plus

� Gatti Daniel, "Cellulose : para-doxes et absurdités dans le conflitargentino-uruguayen", RISAL, 11mai 2006, consulté le12/11/2008, http://risal.collec-tifs.net/spip.php?article1752

� Garavaglia Juan Carlos,Merklen Denis, "Las dos márgenesde un problema", dansNuevoMundo Mundos Nuevos,dossier "El conflicto de las papele-ras entre Uruguay y Argentina", le21 janvier 2008, consulté le17/10/2008,http://nuevomundo.revues.org/index17383.html

� Irigoyen Eduardo, "Papeleras ylos conversos del Frente Amplio",Indymedia Uruguay, 26 janvier2006, consulté le 23/06/2009,www.uruguay.indymedia.org

� Molard Gautier "Le conflit despapeleras entre l'Argentine etl'Uruguay, et maintenant…?Relations diplomatiques et mouve-ments environnementaux : lesenjeux actuels du contentieux(2008 - 2009)", mémoire de mas-ter IPEALT, sous la direction deMartine Guibert, universitéToulouse II-Le Mirail, 2009.

� Zibechi Raul, "Argentina,Uruguay : la militarisation de laguerre du papier", América Latinaen Movimiento, le 15 février2007, consulté le 25/10/2008,http://alainet.org/active/15628.

á 7. Extrait d’une pintada de la Corriente de Izquierda, un des seuls groupes internes du Frente Amplio à s’être positionné par rapport aux usines.

à 8. Pochoir pour appeler à une manifestation contre les papel-ras : “por un país productivo”, « no a la fábricas de celulosa,27/5 Todos a plaza Libertad ».

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RÉSISTANT, LE SUPPORT MURAL PERMETQU’UN MESSAGE SOIT VU LONGTEMPS, COMPRIS,

assimilé et mémorisé. L’auteur peut donc investirdavantage dans l’élaboration de la représentationartistique, ce qui renforce d’autant plus l’efficacitédu message. En revanche, la réalisation demandedu temps, ce qui implique qu’elle ait lieu dans unenvironnement plutôt sécurisé.

Les peintures murales les plus connues sontcelles d’Irlande du Nord, mais il en existe aussibeaucoup au Pays basque, où un conflit violentsubsiste encore.

Généralement reléguées au rang de curiosités1

ou de mode d’expression spécifique des commu-nautés, ces représentations sont bien plus que desimples illustrations ou commentaires de l’actualitédu conflit : elles ont un rôle actif dans les proces-sus de conflit. Elles ont aussi une histoire différenteselon les acteurs qui les ont installées.

Domination politique etoccupation de l’espace public

En Irlande du Nord, les peintures murales loya-listes apparurent au début du 20e siècle avec lemouvement de résistance unioniste (pour l’union

avec la Grande-Bretagne) au Home Rule (pour l’in-dépendance de l’Irlande). C’est à cette époquequ’ont surgi des représentations murales du roiprotestant King Billy2, victorieux des armées catho-liques de James II3 lors de la bataille de la Boyne, le12 juillet 1690 (photo 1), et de symboles d’allé-geance à la couronne britannique. Tout en affir-mant l’unionisme des protestants, ces peinturesétaient déjà une assertion de propriété sur l’espacepublic physique et symbolique : la domination pro-testante s’exprimait par l’impossibilité pour les

On trouve une densité extraordinaire de peintures muralesdans des zones de conflit. Le support est "naturellementadapté" à ces situations. Il est visible, peu coûteux et solide.

Peintures de guerreIrlande du Nord, Pays basque

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Pascal Pragnère

á "Herriak bizi behar du" : Le peuple a besoin de vivre

á 1 : King Billy, victorieux à la bataille de la Boyne.

Alain Miossec

1. Attrait touristique depuis le déve-loppement du processus de paix :des Political Tours sont organisés àBelfast, visites guidées des lieuxsymboliques du conflit et tour despeintures murales. Ces PoliticalTours sont possibles en plusieurslangues — anglais, français, espa-gnol et … euskera, langue basque— soulignant ainsi l’intérêt portépar les Basques au conflit enIrlande du Nord, intérêt d’ailleursréciproque. On peut trouver lescoordonnées pour ces visites surl’excellent site d’Alain Miossecconsacré aux peintures murales enIrlande du Nord : http://muralsir-landedunord.over-blog.com/

2. Guillaume d’Orange

3. Jacques II

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catholiques de revendiquer l’égalité avec lesmêmes outils, et par un balisage du territoire. Lapeinture murale exprimait ostensiblement que telterritoire était un territoire "britannique" ou "pro-testant", bien plus qu’un territoire "habité en majo-rité par des britanniques ou protestants". En cesens, elle exprimait déjà des rapports de forces etune revendication de domination d’une commu-nauté sur l’autre. Cette domination fut d’ailleurstraduite, sur le plan législatif, par le Flags andEmblems Act (1954), qui interdisait le déploiementde drapeaux et symboles irlandais en Irlande duNord. Les premières explosions de violence précé-dant les Troubles furent les émeutes dites "TricolourRiots" (1964), lorsqu’à l’occasion des élections àWestminster, les troupes britanniques intervinrentviolemment pour faire retirer un drapeau irlandaisdéployé sur un local nationaliste.

Jusqu’au développement du conflit et auxtransformations des rapports de forces dans lesannées 1970-1980, on ne trouve que de très rares"murals" républicains ou nationalistes (irlandais).Un des premiers, le fameux "You are now enteringfree Derry" fut peint à l’entrée du Bogside, quartierde Derry, pendant les émeutes qui marquent ledébut du conflit en 1969. Cette fresque date sym-boliquement le début de la révolte de la commu-nauté catholique irlandaise qui sanctuarisa cequartier et se soustrait symboliquement à l’autoritéet au système de ségrégation de l’"Etat protestant"(photo 2).

Mais la réelle multiplication de murals se situeà la charnière des années 1979-81, au moment dumouvement de protestation des prisonniers répu-blicains irlandais pour le maintien du statut de pri-sonniers politiques, mouvement qui culmina en1981 avec la mort de 10 détenus en grève de lafaim, dont Bobby Sands, qui fut élu député avantde mourir, face à l’intransigeance de M. Thatcher.

Au Pays basque, les peintures murales se multi-plièrent aussi à partir des années 1980. Après lamort de Franco en 1975, et la période de "transi-tion" qui installa la démocratie en 1978 avec sta-

tuts d’autonomie (celui de la Communauté auto-nome basque fut voté en 1979), la répression à l’en-contre des nationalistes basques ne faiblit pas, etces derniers ne cessèrent pas leur lutte. Elle futconstitutionnelle pour les uns, et l’ETA, groupearmé du mouvement de libération nationale, nedéposa pas les armes. Mais en démocratie, le com-bat nationaliste radical, toujours confronté àrépressions, tortures et guerres sales (GAL), avaitbesoin d’une nouvelle dynamique qui passaitnécessairement par le développement d’un nouvelessor de mobilisation pour changer les rapports deforce entre nationalistes et pouvoir, et justifier lapoursuite de la lutte violente.

Dans les deux pays, les années 1979-81 furentles plus violentes ; dans ce contexte, l’émergencedes peintures murales correspond à une nouvelle

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á 2 : "You are now entering free Derry" : Vous entrez dans le libre Derry

á 3 : Euskadi a la loupe á 4-1 : "Loyalist Cuchulainn 1" : Cuchulainn loyaliste (UDA)

á 4-2 : Cuchulainn républicain

Alain Miossec

Alain Miossec

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Pascal Pragnère

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phase du conflit. Au-delà de la lutte pour la réap-propriation de l’espace public, elle porta d’autresdynamiques proches du cœur du conflit.

Représentations et guerre des symboles

Bien que les peintures murales soient en appa-rence très diversifiées, les thèmes récurrents sontassez peu nombreux. Les plus fréquentes représen-tent des événements et personnages historiques :par exemple Cuchulainn, personnage mytholo-gique, y fait l’objet de conflits de propriété. Célébrépar les catholiques pour avoir défendu l’Irlandecontre les envahisseurs, il l’est par les unionistespour avoir défendu l’Ulster contre les Irlandais.

D’autres peintures expliquent des événementsplus récents comme le Bloody Sunday, les assassi-nats ciblés, revendiquent l’arrêt de la torture ou del’emprisonnement… Ces références internes à laphase contemporaine du conflit y sont historici-sées, transformées en références historiques et cul-turelles par le style identique de représentation etpar la fusion avec d’autres événements historiques.Les références culturelles ou religieuses sont nom-breuses : traditions, citations, langue, sports,emblèmes, associations de drapeaux et divers sym-boles. Scènes violentes, exhibition d’armes,hommes ou femmes en armes et menaçants, justi-fiant l’usage de la violence et évoquant en mêmetemps le contrôle des environs par les paramili-taires. Des représentations violentes sont souventassociées à des mémoriaux en l’honneur des com-battants morts au combat. Enfin, des expressionsde solidarité internationale mettent en parallèledivers conflits à travers le monde, expressions de lasimilitude de situations du type "Two nations, onestruggle", ou encore "Our struggle – your struggle"4.Elles évoluent en fonction de l’actualité ; certaines,comme le Pays basque ou la Palestine, sont

constamment présentes. Ces représentationssituent le conflit dans le cadre des mouvements dedécolonisation, afin de légitimer la lutte et d’en jus-tifier les moyens. Si ce rapprochement est histori-quement acceptable dans le cas de l’Irlande duNord, c’est plus difficile à valider historiquementdans le cas du Pays basque. Mais pour fonctionner,le discours nationaliste n’a pas besoin de vérité his-torique.

Fonction commune de ces expressions

Tout d’abord, au-delà du marquage du terri-toire, le support mural rend le message et la célé-bration permanents : la revendication identitairen’a plus lieu uniquement le jour des célébrationshabituelles, mais s’inscrit dans la durée5. Elle estintégrée dans le quotidien et banalisée. Ce rappelperpétuel de l’appartenance nationale a un doubleeffet : il renforce le sentiment d’appartenance à ungroupe et donc la polarisation des communautés,et par conséquent il renforce la structuration verti-cale de la société (communautés plutôt que classessociales), produisant exclusion et homogénéisationethnique.

Ensuite, les peintures murales rendent pré-sentes les références passées (événements histo-riques ou plus récents, personnages historiques oumythologiques, héros, martyrs et combattants), etdans le même temps, historicisent des événementsrécents, pour inscrire la lutte contemporaine dansune logique historique. L’actualité s’inscrit aussitôtdans la mémoire, et est intégrée dans les réper-toires de construction de la mémoire. Le rendre-présent inscrit la logique de l’engagement dans unecontinuité historique : s’engager ou soutenir, c’estrester fidèle aux objectifs des anciens. Ne pas lefaire, c’est bafouer leur mémoire. De plus, par leurnombre, les murals harmonisent les références etproduisent un socle standardisé qui correspondaux objectifs du mouvement. Ces réservoirs deréférences identificatoires sont rendus visibles etdisponibles à tout moment pour la mobilisationnationaliste.

Ces fonctions font des représentations muralesbien plus que des instruments de propagande.Comme le souligne Bill Rolston6 dans ses divers tra-vaux, les murals constituent des "armes détermi-nantes" dans la guerre de propagande. Elles jouentaussi un rôle important dans les dynamiques duconflit.

Au cœur de la dynamique du conflit

Ces peintures murales constituent un ensemblechargé d’une fonction de mobilisation à destina-tion d’une communauté. Elles rendent disponibletoute une palette de références identificatoires, etconstruisent une représentation du monde et duconflit, une image mentale qui fait autorité commeunique grille de lecture des rapports sociaux : colo-nisation, oppression du peuple irlandais ou dupeuple basque, sentiment d’être abandonné pourles unionistes, libération des prisonniers politiques,événements fondateurs, culte des héros, racines

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4. "Deux nations, un même combat";"notre combat – votre combat",dans lesquels on ne sait pas forcé-ment qui établit les termes de lacomparaison.

5. Voir Neill Jarman, “PaintingLandscapes : The Place of Muralsin the Symbolic Construction ofUrban Space”, in Symbols inNorthern Ireland, edited by A.Buckley. Belfast : Institute of IrishStudies, Queen's University, 1998

6. Auteur de nombreux ouvrages, àlire entre autres : Bill Rolston,Drawing Support 2 : Murals ofWar and Peace. Belfast : Beyondthe Pale Publications, 1995 etPolitics and Painting : Murals andConflict in Northern Ireland.Cranbury, NJ : AssociatedUniversity Presses, 1991

Ö 5 : "askatasuna saoirse" : "liberté" en basque(askatasuna) et en irlandais (saoirse) ;au-dessus : "deux peuples, une lutte",également dans les deux langues.

á 6 : "Palestine en avant ! Liberté pourles palestiniens, boycott des pro-duits israéliens"

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historiques du conflit, racines mythologiques del’identité, culture menacée… Chaque commu-nauté se représente comme résistant à une menaced’extinction, devant protéger sa culture et son iden-tité des politiques d’acculturation... Position de vic-time, puis de rebelle contre un ordre imposé. Cettesituation est expliquée par des références histo-riques ou par des faits contemporains intégréscomme pièces de mémoire historique. Le passaged’événements vécus au statut d’événements histo-riques permet de donner le sentiment à la popula-tion qu’elle participe à un processus dans lequel lerôle qu’elle joue est exemplaire. La glorification dehéros, ou de prisonniers célèbres remplit la mêmefonction : le prisonnier ou le leader devient un per-sonnage historique, une référence ou un modèleidentificatoire dès lors que son portrait est repré-senté sur les murs.

La mémoire est ainsi renouvelée et actualiséepar de nouvelles références produites au cours duconflit, qui viennent lui donner plus de prise sur leprésent et davantage de pouvoir mobilisateur. Leconflit se développe ainsi en partie sur une dyna-mique interne et autogénérée. De plus, les réfé-rences externes au conflit (solidarité internationaleou similitude de situations) renforcent cette dyna-mique. Comme les références historiques, ellesn’ont pas besoin d’être vraies pour être utilisées etefficaces. Ainsi, on trouve chez les nationalistesirlandais et basques des représentations qui identi-fient les conflits du Pays basque et de l’Irlande duNord l’un à l’autre, aussi bien qu’à un nombred’autres situations : Palestine, Indiens d’Amérique,Afrique du Sud, Catalogne, Cuba, Nicaragua,Salvador… souvent assez confusément, l’idée cen-trale étant celle d’un peuple luttant pour sa dignitéet son indépendance.

Ces comparaisons permettent de mettre envaleur le statut de victime, de montrer l’injusticesubie et la disproportion de la puissance domina-trice, de susciter des réactions d’intérêt médiatiqueet de soutien (opinion, réseaux). Elle fait com-prendre aux acteurs locaux que leur combat n’estpas isolé et qu’il est légitime, de même que lesmoyens utilisés.

Bien sûr, les peintures murales ne sont pas leseul moyen de diffusion de ce message mais, parleur puissance visuelle et l’accès immédiat et per-manent au discours qu’elles favorisent, elles sontun complément providentiel au discours politique.Elles permettent d’alimenter la mémoire collectiveen rendant les réservoirs de ressources identifica-toires immédiatement disponibles et accessibles.Par leur utilisation de références internes etexternes au conflit, elles légitiment le combat natio-naliste, le sortent de son isolement, et justifient lesmoyens employés, dont l’usage de la violence.

Depuis l’arrêt de la violence en Irlande duNord, de nouveaux types de peintures muralessont apparus, supports d’un discours non commu-nautariste et non violent, voire injonctions aucivisme, prévention contre l’usage de stupéfiantsou pour la sécurité routière. Des peintures ontaussi été réalisées conjointement par des artistesdes deux communautés, ouvrant peut-être la voieà une nouvelle dynamique.

Pascal Pragnère �

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Remerciements à Rafa, gestionnaire du site http://muralespoliticos.blogspot.com/

Pour en savoir et en voirdavantage :

Site d’Alain Miossec :http://muralsirlandedunord.over-blog.com/

Site des peintres du Bogside :www.bogsideartists.com

People’s Gallery :http://cain.ulst.ac.uk/bogsidear-tists/peoplesgallery/index.html

Museum of Free Derry :www.museumoffreederry.org

á 8 : "lutxi gora eusko gudarriak" : Hommage à Lutxi, militante de l'ETA

á 9 : "Remember the hunger strike" : Souvenez-vous de la grève de la faim

á 10 : "Kill your speed, not a child" : Tuez votre vitesse, pas un enfant

Ö 7 : "free Ireland" : Irlande libre

Alain Miossec

Alain Miossec

Pascal Pragnère

Rafa

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Du Vert dans les oreillesChristian ArnaudQue sont devenus nos idéaux ?

Christian s’est installé en Corrèze il y a 30 ans, après des études àParis. Imprégné par les valeurs soixante-huitardes de l’époque, ila effectué comme beaucoup d'autres un « retour à la terre » sur

quelques hectares, avec des amis et des envies de liberté. Mais depuis leschoses ont bien évolué. Christian gère aujourd'hui une structure de 54ha et un troupeau de 170 chèvres. Deux employés travaillent avec lui et

quatre types de fromages sont expédiés chaquesemaine à Rungis. Une question nous taraudait alorspendant notre semaine passée chez lui : que sontdevenus les idéaux et les valeurs qui l'animaient àses débuts ? « Je ne crois pas avoir vendu mon âme au diable »« L’objectif a toujours été d’avoir une ferme. Ons’est installé en communauté avec 25 chèvres, l'envied’être en autarcie, on faisait notre jardin... c’est destrès beaux souvenirs. Mais quand tu te confrontes àun quotidien un peu régulier, tu vois qu'il faut fairepâturer les chèvres, acheter de l’aliment... Tu asbesoin de te professionnaliser et tu te dis qu’il fautagrandir un peu. On n’a pas vu qu’on devenait defuturs gros agriculteurs : ça s’est fait d’une manièrenaturelle, sans abandonner nos idéaux. C’était vrai-ment la même chose, qui a grandi au fur et à mesu-re. »Dès son installation en 1984, l'agriculteur rejoint le

réseau des CIVAM (Centres d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et leMilieu rural) pour mettre en place un circuit de vente de produits fer-miers. Ce mouvement d'éducation populaire, né dans les années 1950,regroupe des acteurs ruraux qui souhaitent réfléchir sur la durabilitéd'initiatives rurales. Christian y découvrira la notion d'agriculturedurable, basée sur une recherche d'autonomie maximale et des techniquescomme la gestion de l’herbe ou le bois-énergie. Cette démarche de pro-gression sociale, environnementale et économique n'a jamais été aban-donnée par le producteur, encore très impliqué au Conseild'Administration du CIVAM-Corrèze.L'agriculture durable : une longue marcheChristian est fier d'avoir ainsi pu créer deux emplois et de pouvoir désor-mais vivre dignement de son activité. Son exploitation est quasimentautonome sur le plan alimentaire (seules 15 t. de céréales achetées en2008). Sur le plan énergétique, l'installation d'une chaudière à pla-quettes a réduit la facture d'électricité de 30%. « Je m'aperçois quemon outil tient la route au niveau économique et social. J'ai à m'amélio-rer sur le troisième pilier : l'environnement. Mais l'agriculture durableest une longue marche et si je veux que cet outil perdure, il faut mainte-nant que je sache donner ». En effet la retraite approchant, Christian seconcentre depuis peu sur la reprise de son outil et cherche un jeune avecqui s'associer, pour persévérer dans la démarche qu'il a initiée. Mais dansune zone comme la Corrèze, les jeunes repreneurs ne se bousculent pasau portillon. Un essai a déjà été conduit avec un jeune et s'est soldé parun échec.« Il voulait être propriétaire et je n'étais pas encore prêt à vendre.J'avais eu ce virus, je me sentais à la tête d'un patrimoine et ça a été mapremière erreur. A partir de là, il s'est un peu démotivé... » expliqueChristian. « Je me suis attaché à mes hectares. J'y mettais tout ce que jepouvais, j'en connais tous les moindres recoins. Il y a un sentiment d'ap-partenance...» L'agriculture durable, c'est aussi ça : un réel lien affectifavec la terre, développé au fil de cette longue marche commune.Christian sait qu'avec son prochain associé, il faudra qu'il se force à don-ner encore plus de lui-même. Et que cela passera par la cession d'unepartie de ses terres à une nouvelle génération.

Goulven Maréchal et Alexis Lis

Vous pouvez écouter l'entretien effectué sur ce lieu sur :www.duvertdanslesoreilles.fr.

� Christian Arnaud, La Gare, 19550 Saint Hilaire [email protected]

D.R.

Médias� Territoires, Adels, 1, rueSainte-Lucie, 75015 Paris,www.adels.org. La revue men-suelle vient de fêter ses 500numéros. Autour du thème centralde la démocratie locale, elle pré-sente de nombreuses initiativesinstitutionnelles et associatives.� Timult, nouvelle revue parais-sant trois fois l'an qui mêle récits,analyses et critiques dans uneperspective féministe et révolu-tionnaire. Elle s'articule autour deplusieurs temps : des récits explo-rant des vécus politiques demanière subjective, des réflexionsstratégiques n'ayant pas peur deparler à la première personne, des"fragments et racontars" quireviennent sur des luttes passéespour irriguer le présent, descontroverses qui osent mettre lespieds dans le plat, une partie "éro-tico-politique" car "que nous levoulions ou non, ça nous travailleet ça nous transforme", des brèvesenfin. La revue, joliment présentéesur 40 pages, est à prix libre.L'équipe de Timult se propose depasser dans votre région pour desrencontres de vive voix. On ne peutles contacter pour l'instant quepar internet : [email protected].� Alternatives économiques,HS n°83, 4e trimestre 2009, spé-cial L'économie durable. Un inté-ressant rappel historique desthéories économiques en lien avecle "durable" et des ouvertures surle futur… et les alternatives à lacroissance.

Du bio à lacantine, moded'emploiLe WWF, fonds mondial pour lanature, a publié fin novembre2009 une brochure destinée auxélus locaux leur expliquant com-ment introduire progressivementles aliments bio dans les cantinesscolaires ou autres. Réalisée avecle concours du Syndicat nationalde la restauration collective, labrochure a été distribuée à tousles maires de communes de plusde 5000 habitants ainsi qu'auxparlementaires. WWF-France,Bois de Boulogne, 1, carrefour deLongchamp, 75016 Paris, tél. :01 55 25 84 84.

Changer de banqueLa société coopérative La Nefdéveloppe peu à peu les diffé-

rentes activités d'une banque. Elleest actuellement en négociationavec des partenaires italien etespagnol pour former la futureBanque européenne éthique. Ellea organisé tout au long de l'au-tomne 2009 des réunions décen-tralisées pour en débattre avec ses25 000 sociétaires. La transfor-mation en banque devrait per-mettre à tout le monde de larejoindre. Ceci devrait être en plusfacilité par la nouvelle législationentrée en vigueur le 1er novembre2009 qui précise qu'en cas dechangement de banque, c'est lanouvelle banque qui est chargéede faire toutes les démarchespour assurer la transition. La Nef,114, boulevard du 11-Novembre-1918, 69626 VilleurbanneCedex, tél. : 0 811 90 11 90,www.lanef.com.

PistilL'artiste Pistil se présente commeun chansonnier "bio". Il proposedes chansons et des fables reloo-kées en fonction de l'actualitéécologique. Hymne au travail, ave-nir du Rmiste, danger de l'ortie(et pas des OGM), etc. Idéal pourouvrir une soirée militante ! Pourle contacter : [email protected],tél. : 06 82 92 46 14,http://lepistil.free.fr.

Saône-et-Loire

Pépète lumièreL'association Pépète lumière estnée en juin 2009 pour favoriser larencontre entre tous les arts et lanature. Elle veut que l'expérimen-tation soit à la base des projets,que les artistes échangent entreeux/elles, que les œuvres soient enlien avec les sites, que les habi-tants de ces sites en profitent etque des gens viennent et revien-nent parce que cela leur a plu !Pépète lumière essaie de créerlocalement une Amacca, l'équiva-

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Page 23: 7 c ol g i e • a l t e r n a t i v e s • n o n 0 ,6 4 · 2012. 7. 9. · enjoignent, résistent… Les murs prennent alors le rôle qu’on veut bien leur faire jouer : social,

lent d'une Amap mais pour la cul-ture et la création artistique.Pépète lumière organise son pre-mier événement les 8 et 9 mai2010, un festival des arts aunaturel avec 36 heures d'improvi-sation, musique, poésie, land-art.C'est libre et gratuit. Pépètelumière, les Jeans-Martins,71520 Montagny-sur-Grosne,tél. : 06 15 60 90 91.

Nantes

Développementdurable parl'alimentationL'ADDA, Association pour ledéveloppement durable par l'ali-mentation, propose depuis 2007des paniers bios et une épicerieavec des produits bios et/ou équi-tables. Des ateliers d'échange sontrégulièrement organisés : cuisine,savoir-faire, fabrication d'objets…Des débats, des trocs, des projec-tions… sont organisés. Le tout àpetits prix. Adda, Au local, 1 bis,rue Basse-Creuse, quartierBarbin, Saint-Félix, 44000Nantes, tél. : 09 51 46 62 31.

Limousin

Une SCIC pourl'éco-habitatUn projet de société coopératived'intérêt collectif est en cours sur

le plateau de Millevaches pourfavoriser la prise en compte descritères écologiques dans la réha-bilitation de logements sociauxadaptés à de faibles revenus, laconstruction de logement socialavec accession à la propriété, lacréation de logements tempo-raires pour les arrivants, la créa-tion en centre de bourg de loge-ments pour les personnes âgéesnon dépendantes, la promotion del'habitat partagé, l'aide à l'éco-construction. On peut en savoirplus : APEHPM, tél. : 05 55 6458 29, [email protected].

Corrèze

Le battementd'ailesImplanté à Cornil, près de Tulles, surun terrain de cinq hectares, la fermede Lauconie accueille Le battementd'ailes, un lieu d'expérimentation,d'accueil, de transmission et de sen-sibilisation, dans les domaines del'agroécologie humaine et de l'écolo-gie appliquée (éco-construction,connaissance du vivant, connaissan-ce de soi, culture et tourisme).L'association porte le projet deconstruction d'un centre agroécolo-gique et culturel. Les travaux vien-nent de commencer pour une ouver-ture prévue fin 2010. Le Battementd'ailes est voisin de l'entrepriseHumus et de la paysanne boulangè-re Jamine Pochet. Le Battementd’Ailes, ferme de Lauconie, 19150Cornil, tél. : 05 55 26 49 98.

23S!lence n°376 février 2010

Le salon-rencontres de l'écologie et des alternatives Primevère setiendra du 26 au 28 février 2010 à Eurexpo. Thème de l'année : leprix de la gratuité. 120 conférences-débats dont, le vendredi à

14h, devenir agriculteur, trouver une terre (Terre de liens), 14h : Herbe(film de François Vila), 15h : le vivant, un bien inappropiable (Hervé LeMeur), 15h : Violences familiales, les enfants (Olivier Maurel), 15h :tourisme solidaire compatible avec l'écologie (Réseau départ), 16h :Sommes-nous libres parce que nous nous déplaçons plus ? (VincentKaufmann), 16h : Noir coton (film de Jérôme Polidor et JulienDesprès), 17h : Grippe H1N1 et communication (Marc Girard), 17h :L'eau, un bien commun de l'humanité (Danielle Mitterrand et Jean-LucTouly), 17h : Entreprendre sans prendre (Michel Valentin, LesAmanins), 17h30 : Les brebis font de la résistance (film de CatherinePozzo di Borgo), 19h : Faut-il manger bio ? (Henri Joyeux), 19h30 :Aigoual, la forêt retrouvée (film de Marc Khanne), 20h : Les abeilles,un bien commun pour la biodiversité (Hugues Mouret). Le samedi à 11h : Impact du climat sur la biodiversité, 13h : Cyclisteet automobiliste (Pignon sur rue), 13h : H1N1 et la cupidité humaine(film d'Isabelle Moncada et Ventura Samarra), 13h30 : Coopérativelocale de production d'électricité verte (Enercoop), 14h : Bidoche, l'in-dustrie de la viande menace le monde (Fabrice Nicolino), 14h : La poli-tique de l'oxymore (Bertrand Méheust), 14h30 : Bio et local, c'estl'idéal (Corabio), 14h30 : Gerboise bleue (film de Djamel Ouahab),

15h30 : Le revenu de citoyenneté (Baptiste Mylondo), 16h : débatnational sur les nanotechnologies (Pièces et Mains d'Œuvre), 16h :Fabrication d'un lombricomposteur (Les Compostiers), 16h30 : Misèresde misères (film de Louis Campana), 17h30 : Violences familiales,femmes invisibles (Smaïn Laacher), 18h : Les vers mangent nos déchets(CNIID), 18h : La terre, un bien commun pour l'humanité (EstevanDouglas, Paysans sans terre), 18h : BNB, Bonheur national brut (filmde Sandra Blondel et Pascal Hennequin).Le dimanche à 11h : Utilisation d'un compteur Geiger (CRII-Rad),11h : L'aménagement des villes, un bien commun coûteux ? (Robin desvilles), 11h : Silence, on vaccine (film de Line B.Moresco), 13h :Libertés et surveillance (Ligue des droits de l'homme), 13 h : Le biencommun (film de Carole Poliquin), 14h30 : La gratuité, une façon deconcilier le social et l'écologie (Paul Ariès), 14h30 : Sillons solidaires(film de Silvia Pérez-Vitoria), 15h : L'argent doit-il être gratuit ?(André-Jacques Holbecq), 15h : La dépendance à internet chez lesjeunes (Yvette Bailly, MAN), 15h : Nauru, l'île dévastée (Luc Folliet),15h30 : Disparition des abeilles, la fin d'un mystère (film de NatachaCalestrémé), 16h : Agriculture, pour une vision globale (Nature &Progrès), 17h : Walter, retour en résistance (film de Gilles Perret).Programme complet : Primevère, 9, rue Dumenge, 69317 Lyon cedex04, tél : 04 74 72 89 90, primevere.salon.free.fr.

Lyon

Salon Primevère

Vivre en colocationQuestionnaire

Entre les projets d'habitat collectif et d'éco-village quidemandent souvent des fonds importants et desannées de mise en place, et les squats qui remet-

tent en cause la propriété mais impliquent d'accepter devivre dans une précarité permanente, nombreux sont ceuxet celles qui ont choisi une voie médiane pour vivre en col-lectif : la colocation. Cette formule reste incluse dansles filets de l'économie et ne permet pas une autonomi-sation satisfaisante, mais elle a l'avantage d'être plus faciled'accès financièrement et plus rapide à mettre en place. Au-delà des colocations étudiantes classiques, nombreux sont ceux quitentent par là de vivre une aventure collective mettant en pratique lesvaleurs politiques ou écologiques dont ils sont porteurs. S!lence se propose d'explorer ce territoire en interrogeant ses acteurs surles pratiques qu'ils mettent en place et les difficultés qu'ils rencontrent. Vous pouvez nous envoyer vos réponses à ce questionnaire soit sur papierlibre, soit via internet à l'adresse suivante : [email protected] ceci avant le 15 avril 2010. Les réponses devraient être présentéesdans notre numéro de septembre 2010.

1. décrivez la configuration de votre collectif : nombre de personnes,âges, genres, localisation géographique, nature du logement, durée devie du collectif, fréquence des changements.

2. quelle est l'origine du projet ?3. pourquoi vivre en collectif plutôt que seul/en couple/en famille ? 4. quelles règles ? quelle organisation ? quel mode de décision ? 5. qu'est-ce qui est collectivisé, qu'est-ce qui ne l'est pas ? 6. ce collectif est-il constitué dans une perspective à court, moyen, longterme ? Y a-t-il un/des engagement(s) ? Lesquels ?

7. quels modes/critères de choix des personnes qui viennent vivre ? 8. quelles solidarités entre les membres du collectif et avec l'extérieur ? 9. le collectif est-il basé sur des principes politiques, philosophiques ?10. quelles pratiques écologiques, politiques, non-violentes, féministes ? 11. quels sont les avantages et les inconvénients ? 12. quels sont ou ont été les problèmes et conflits rencontrés ? Comment

sont-ils gérés ? Comment fait-on quand la règle n'est pas respectée ?13. quel rapport au voisinage, au quartier, à l'extérieur, aux propriétaires ?14. si décision de sortir du collectif ou de le dissoudre, quelles perspec-

tives après ? Et pourquoi ce choix ?

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Grenelle

Schéma national desinfrastructuresde transportoubliéPromis dans le cadre du Grenellede l'environnement avant la fin2009, le SNIT, Schéma nationaldes infrastructures de transport,n'a toujours pas vu le jour. Ildevait définir les priorités dans ledomaine — rail et eau — pouraller vers une diminution desémissions polluantes. L'article 9de la loi Grenelle 1 fixe à 20 %la baisse à obtenir d'ici 2020.L'absence de cadre législatif per-met en attendant de continuer lesprojets routiers les plus diverssans aucune remise en cause.(communiqué de la FNAUT, 23décembre 2009)

Eco-emballages

StatistiquestruquéesEn décembre 2008, Eco-embal-lages, organisme en charge de lataxation des emballages perdus et

de la redistribution aux réseauxde recyclage, annonçait des pertesfinancières importantes aprèsavoir placé ses réserves finan-cières dans des placements bour-siers en chute libre. Ceci lui a valuun audit de la part du gouverne-ment dont le rapport a été publiémi-décembre 2009. Ce rapport amis en évidence que les chiffresde recyclage sont plus faiblesqu'annoncé : Eco-emballagessous-estimant le tonnage desemballages mis sur le marché etne contrôlant pas la réalité destonnages de recyclage annoncés.L'audit montre que ce système —mis en place en 1992 et critiquélonguement dans S!lence à cetteépoque — qui consiste à légère-ment taxer les emballages pourfinancer les filières de recyclagen'a absolument pas atteint sesobjectifs : les quantités d'embal-lages n'ont cessé d'augmenter.(source : Cniid, décembre 2009)

Yvelines

Pas deFormule 1Le 2 décembre 2009, le présidentdu conseil général des Yvelines aannoncé l'abandon définitif duprojet de circuit de Formule 1envisagé à Flins. Les terres réser-vées initialement à l'agriculture

biologique seront rendues à laSafer. Pour les associations oppo-sées au projet, la sensibilisationcroissante aux questions écolo-giques met les décideurs poli-tiques sous pression. Il est quandmême difficile de faire passer unecourse de voitures pour du "déve-loppement durable" !

Bretagne & algues vertes

L'EtatcondamnéLe 1er décembre 2009, la couradministrative d'appel de Nantes aaugmenté les indemnités quel'Etat devra verser suite à la proli-fération des algues vertes sur lescôtes bretonnes. Eau et rivières deBretagne recevra ainsi 15 000 €,Halte aux marées vertes etSauvegarde du Trégor 3000 €chacune. Ce jugement reconnaît lelaxisme de l'Etat sur ce dossier.Les algues vertes prolifèrent dufait de l'afflux excessif de nitratesprovenant essentiellement de l'éle-vage industriel des cochons. Unefois que l'Etat aura payé, les asso-ciations peuvent reporter plaintecar rien n'est fait depuis le débutde ce procès pour ralentir le phé-nomène. Eau et rivières deBretagne, venelle Caserne, 22200Guingamp, tél. : 02 96 21 38 77,www.eau-et-rivieres.asso.fr.

Piles pollueusesSelon les chiffres communiquéspar l'Union européenne, en 2008,27 600 tonnes de piles ont étécollectées pour le recyclage, soit14,5% des piles vendues. Celasignifie que 162 000 tonnes dedéchets dange-reux ont étédispersésdansles

décharges,les incinéra-teurs ou la nature. Pratiquement la totalité des pilespeut être remplacée soit par unbranchement au secteur (ce quiconsomme 1000 fois moins !),soit par des ressorts, des mani-velles, des capteurs solaires… ouau pire par des accus.Si l'Union européenne était consé-quente, elle ne viserait pas à amé-liorer ce médiocre taux de recy-clage, mais à interdire les piles.

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Base élèves

Parents etenseignantsportentplainte

Alors que les établis-sements scolairessont sommés demettre en place la"base élèves", unfichier fort indiscretpermettant de

ficher… les parents, de nombreuxenseignants et parents d'élèvesfont de la résistance. Forts desrecommandations du Comité inter-national des droits de l'enfant desNations Unies, un millier d'entreeux ont décidé d'engager la

bataille sur le terrain juridique. Le9 décembre 2009, des plaintes ontété déposées dans une vingtaine dedépartements. Le 15 janvier, cela aété fait dans quatre nouveauxdépartements… des plaintesseront ainsi déposées dans de nou-veaux départements tout au longde l'année. Collectif national derésistance à la base élèves,http://retraitbaseeleves.word-press.com.

Lyon

Ma famillecommeuniqueL'association Ma famille commeunique propose des ateliers pourles parents et les éducateurs pour

mieux connaître comment parlerafin que les enfants écoutent, com-ment mieux écouter pour que lesenfants parlent. Ces ateliers sontlimités à une dizaine de personneset sont organisés à la demande.Ma famille comme unique, 22, rueSergent-Blandan, 69001 Lyon,tél. : 09 75 54 15 47.

Enseignants à bout desouffleUne enquête rendue publique parla MGEN, la mutuelle de l'éduca-tion nationale, le 9 décembre2009, indique que seuls 47 % desenseignants jugent leur métierintéressant, 55 % l'estiment fati-guant et 43 % stressant. Plus d'unenseignant sur deux souhaite par-tir à la retraite le plus vite pos-sible. Sont mis en avant pourexpliquer ce malaise : le manquede considération et de reconnais-sance, l'épuisement psycholo-gique… Les plus amers : les profsde collège, les enseignants de tech-nologie et les directeurs d'écoles.

Erwan Redon

ProcédureannuléeErwan Redon, instituteur déso-béissant, avait été condamné le 17septembre 2009 par l'inspectionacadémique à être muté, le conseilde discipline avait voté d'autressanctions au milieu de la nuit,devant une assistance endormie.Le 21 décembre 2009, le Tribunaladministratif de Marseille a sus-pendu cettedécision esti-mant la procé-dure "inique","irrégulière","partiale".L'Educationnationale al'obligation deréintégrerErwan Redondans sonancienne écoleet à lui verser1000 € dedédommage-ment.

D.R.

á Erwan Redon à la sortie duconseil de discipline

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� Comment y sont-ils allés ?Mathieu Monceaux, militant duRéseau Sortir du nucléaire, estparti de Toulouse le 9 novembre2009 à vélo couché, montrantainsi qu'avec du temps, il est pos-sible d'aller loin. Autre démarchesymbolique : les représentantsjaponais sont partis en train deKyoto le 18 novembre et ontemprunté le transsibérien.Plusieurs délégations officiellesdes anciens pays de l'Est en ontprofité pour prendre le même

train. A Paris, le train réservé parle Réseau Action climat s'estrévélé vite saturé (800 personnes)et des militants de Greenpeace quis'y sont pris trop tard ont rejointCopenhague… en avion ! D'autrescomme Pierre Radanne (ancienVert, ancien président del'Ademe) a lui aussi choisi l'avion("14 h de train c'est une expédi-tion !"), même choix pour leministre Jean-Louis Borloo et ladélégation du gouvernement fran-çais. (Le Figaro, 27 novembre2009)� Végétarisme. Paul McCartney,chanteur, et Rajendra Pachauri,vice-président du GIEC,Groupement international desexperts sur le climat, sont interve-nus le 3 décembre 2009 devant leParlement européen pour expli-quer le lien important qui existeentre la consommation de viandeet les émissions de gaz à effet deserre : l'élevage est responsablede 18% des émissions. Ils ontdemandé à l'Union européenned'instaurer un jour par semainesans viande et la mise en placed'une politique agricole favorisantla mise en place d'alternativesnotamment par le développementdes protéines végétales. Ils ontrappelé que selon une étude del'OMS, Organisation mondiale dela santé, une baisse de 1% seule-ment de la consommation desgraisses animales permettrait

d'éviter 13 000 décès en Europe,par an (maladies cardiovascu-laires notamment).� Greenpeace sur les toits del'Assemblée nationale, le 2décembre 2009 au matin, alorsque les députés débattaient de laposition de la France vis-à-vis duclimat, 10 militants deGreenpeace ont réussi à déployerune banderole sur le toit del'Assemblée nationale avec letexte "Copenhague : aux actes,monsieur le président". Pour pas-ser la sécurité, les militants sontarrivés dans un véhicule déguiséen voiture de pompiers… rappe-lant dans leur communiqué que"la maison brûle et nous regar-dons ailleurs", allusion au débutdu discours de Jacques Chirac ausommet de la Terre àJohannesburg en 2002. Quelquesheures plus tard, une autre dizai-ne de militants a réussi à pénétrerdans l'Assemblée nationale inter-rompant brièvement les débats.� Avion = Génocide. Le 5décembre au terminal 2 de l'aéro-port Charles-de-Gaulle de Paris,des militants du jeune Parti de larésistance ont déployé une bande-role "Avion = Génocide" et ontdistribué un tract commençantainsi : "Vous vous apprêtez à utili-ser la machine la plus efficace quisoit pour détruire le climat de laplanète terre". Pierre-Emmanuel

Neurohr, porte-parole, a revendi-qué une action dans le calme etnon comme souvent dans l'hu-mour, estimant que le sujet méri-tait plus le respect que la déri-sion. Parti de la Résistance, 59,rue Orfila, 75020 Paris, tél. : 0182 09 12 25, www.parti-de-la-resistance.fr.� Grève de la viande. Pour aler-ter sur le poids écologique del'élevage, plusieurs personnalitésfrançaises ont fait une grève de laviande pendant le sommet deCopenhague : Fabrice Nicolino,

Pierre Rabhi, Allain Bougrain-Dubourg, Jean-Marie Pelt,Corinne Lepage, Jean-Paul Jaud,Sandrine Bélier, Jean-PaulBesset, Jean-Claude Pierre,Franck Laval, YvesCochet… A l'inverse, le Centred'information des viandes (lelobby) s'est payé des pages depublicité dans les quotidiens du12 décembre 2009 pour réfuterles arguments des végétariens. � Copenhague, 12 décembre2009. Il y avait entre 30 000 et100 000 manifestants dans les

rue de Copenhague. Parmi les slo-gans : "Bla, bla, bla… agissezmaintenant", "Il n'y a pas de pla-nète B", "Ne nucléarisez pas le cli-mat". Quelques casseurs en fin demanif ont provoqué une vagued'interpellations : près de 1000personnes ont été emmenées parla police, la plupart relâchéesensuite rapidement.� Autres manifestations le 12décembre 2009. De très nom-breuses manifestations décentrali-sées se sont tenues en mêmetemps dans le monde. Rien que lesantinucléaires avaient organiséplus de 200 manifestations enEurope contre l'idée que lenucléaire puisse être une solution.A Copenhague, ils ont offert unmasque anti-radiation à la petitesirène du port. Greenpeace aorganisé un peu partout dans lesgrandes villes des rassemblementsoù les manifestants faisaient dubruit avec des réveils et des casse-roles pour réveiller nos dirigeants. � Jocelyn Peyret prend l'avion !Jocelyn Peyret, l'un des anima-teurs du Réseau Sortir du nucléai-re (et chroniqueur musique deS!lence) a été arrêté àCopenhague à la veille de la mani-festation alors qu'il conduisait unvéhicule contenant le matériel demanifestation du Réseau Sortir dunucléaire. Ayant trouvé un opineldans son sac à dos, il a été arrêtépour port d'armes interdit, mis engarde à vue pendant 30 heuresavant d'être expulsé… par avion,malgré les protestations de l'inté-ressé qui refusait de partir enavion. Malgré les efforts du lobbynucléaire qui prétend avoir lasolution aux émissions de CO2,l'avion ne fonctionnait pas à l'ura-nium !

� Fiasco complet ! Commec'était prévisible, les lobbys desmultinationales sont arrivés àleurs fins : ils ont réussi à ce querien ne sorte de contraignant dusommet de Copenhague. Non seu-lement, les firmes pourront conti-nuer à piller la planète avec lesoutien des Etats les plus puis-sants, mais en plus 2012 marque-ra la fin des accords de Kyoto,accords a minima, qui n'ontmême pas été respectés. L'appelfinal précise seulement que lesEtats reconnaissent qu'il fautempêcher que l'augmentation detempérature dépasse 2°C auniveau mondial et que cela passepar une limitation des émissionsde gaz à effet de serre. Un "fondsclimatique vert de Copenhague"doit voir le jour pour financercette limitation visant à trouver100 milliards pour 2020 pouraider les pays "en développement"à réduire la vitesse d'augmenta-tion de leurs émissions. Ce fondsdevra aussi servir à limiter ladéforestation. Aucun pays ne s'estengagé pour le moment à appor-ter un financement. Les négocia-tions doivent se poursuivre lorsd'autres sommets. Suite du bla,bla, bla à Mexico en décembre2010… Ce sera la 16e conférencede l'ONU.� La révolte viendra du Sud ?Certains chefs d'Etat ne se sontpas gênés pour affronter les paysriches. Ainsi Hugo Chavez(Venezuela) a déclaré à la tribune :"Si le climat était une banque, vousl'auriez déjà sauvé". Evo Morales(Bolivie) a lui proposé l'organisa-tion d'un référendum mondial avecles questions suivantes : "1 - Etes-vous d’accord pour rétablir l’har-monie avec la nature, et pourreconnaître les droits de la TerreMère ? 2 - Êtes-vous d’accordpour changer ce modèle de surcon-sommation et de gaspillage qu’estle système capitaliste ? 3 - Êtes-vous d’accord pour que les paysdéveloppés réduisent et réabsor-bent leurs émissions de CO2 à effetde serre pour que la températurene monte pas de plus d’un degrécentigrade ? 4 - Êtes-vous d’accordpour transférer tout ce qui a étédépensé dans les guerres et pourconsacrer un budget supérieur à ladéfense de la Terre face au change-ment climatique ? 5 - Êtes-vousd’accord avec un tribunal de justi-ce climatique pour juger ceux quidétruisent la Terre Mère ?".Bizarrement, cela n'a pas été adop-té par nos cinq grands marchandsd'armes qui contrôlent l'ONU : lesEtats-Unis, la Grande-Bretagne, laFrance, la Chine et la Russie.

25S!lence n°376 février 2010

Autour de Copenhague…

kk+

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Le Téléthon,un processuscoûteuxL'association française contre lesmyopathies annonce que pour100 € de dons au Téléthon, seuls20 sont dépensés pour le fonc-tionnement de l'association. LaCour des Comptes, dans un rap-port de 2004, a rappelé que celan'était vrai que parce que ne sontpas comptabilisés la totalité descoûts des émissions de télévision(l'AFM n'en paie qu'un tiers) ni letravail bénévole et les aidespubliques locales. Mais même enacceptant cette dépense de 20 %,il est intéressant de comparer celaavec le coût de collecte du mêmeargent sous la forme d'un impôt.Selon les données de l'OCDE, col-lecter 100 € d'impôt en France necoûte que 0,97 €… soit vingt foismoins. Cela montre à l'évidenceque "privatiser" la solidarité dansce cas-là n'est pas rentable.

Nanotechnologies

Des débats"publics" pourquoi faire ? Comme dans d'autres domaines(nucléaire, OGM…), les débats"publics" n'ont d'autre but que defaire accepter les nouvelles tech-nologies, jamais de discuter dubien fondé de ces recherches etapplications. C'est pourquoi, lesopposants aux nanotechnologiesont décidé de s'opposer à la tenuedes "débats". A Toulouse,Clermont-Ferrand, Grenoble, mal-gré un flicage intense (si, si cesont des débats "publics" !), lesopposants ont réussi à perturberles réunions. Ils en ont profitépour dénoncer la communicationsur le sujet : une enquête àGrenoble a montré que seuls les"experts" du milieu ont été invitésà débattre. Il est vrai que lorsquel'on consulte le peuple, on a par-

fois des résultats un peudifférents !

Prison

Suicides en hausseSelon une étude publiée parl'Ined, Institut national d'étudesdémographiques, le 16 décembre2009, le nombre de suicides enprison est passé de quatre pour10 000 détenus en 1960 à 19 en2008. Le niveau le plus élevé aété atteint en 1996 avec 26 pour10 000. Les prévenus se suicidentdeux fois plus que les condamnés.Par rapport à l'ancienne Europedes 15, c'est en France que cetaux de suicides est le plusélevé… quatre fois plus qu'enGrèce. L'étude montre qu'il n'y apas de lien avec la surpopulation,mais n'explique pas plus le malai-se français. (Population et socié-tés, n°462)

Big brother

Le fiasco dela vidéo-surveillanceLa Grande-Bretagne est le paysqui compte le plus de caméras desurveillance avec une camérapour 14 habitants. Un rapport adénoncé l'inutilité de la mesure :si les institutions ou les entre-prises débloquent des budgets

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Bidoche (4)

Le soja, arme de destruction massive

Restons calmes, car il le faut bien. Tout cela est loin, abstrait, etne va pas nous empêcher de dormir ce soir. N’empêche. La saintebidoche française contribue à la destruction physique de pays

entiers. Incroyable ? Vous avez bien raison, c’est incroyable. Mais atten-dez d’avoir tout lu. Le premier point, de base, c’est que les protéinesnécessaires à l’alimentation animale viennent en grande part, chez nous,du soja. Nous en importons – graines et tourteauxensemble – plus de six millions de tonnes par an.Et d’où vient-il ? En presque totalité, de trois paysd’Amérique latine : le Paraguay, l’Argentine, le Brésil.Au début des années 1970, le soja était inconnu auParaguay. En 1991, il occupait 552 456 hectares. En2000, 1 175 000 hectares. En 2006, 2 429 800 hec-tares. Aujourd’hui, plus du tiers de la surface culti-vable du pays est désormais dévolu au soja, un sojabien entendu transgénique, car à quoi bon se gêner ?Dans l’Argentine voisine, c’est pire, car Monsanto yest solidement installé après avoir fait des affairesavec l’ancien président corrompu, Carlos Menem.En 1996 – Menem est alors au sommet de saforme – Monsanto introduit son soja RR, par lagrâce d’une autorisation du ministère de l’agricul-ture. Mais d’une étrange manière, telle que rappor-tée par le responsable du Groupe de réflexion rura-le (GRR), Jorge Rulli : « Dès le départ,l’Argentine a été choisie par Monsanto pour expé-rimenter massivement la production de ses semencestransgéniques. La multinationale n’a pas fait breveter ses semencesdans notre pays. De cette façon, les gens se sont passé les graines lesuns aux autres, et le périmètre du soja transgénique s’est étendu rapide-ment ».Et en effet, rapidement. De 37 000 hectares seulement en 1971, le sojaa dépassé les 10 millions d’hectares en 2 000, avant d’atteindre 14 mil-lions en 2003, et 16 millions en 2007. Transgénique. Au Brésil, le sojaest passé en quelques décennies de rien à 21 millions d’hectares. Il est

temps de poser la bonne question : au détriment de quoi ? Le soja nepoussant pas encore dans l’éther des pays enchantés, celui del’Amérique latine a simplement bouleversé ce qu’on appelle le frontagricole. En simplifiant par force, disons que le soja a repoussé l’éleva-ge, qui s’est lui attaqué à la forêt tropicale et à des milieux intermé-diaires d’une fabuleuse richesse biologique, tel le cerrado brésilien.Oui, le soja transgénique qui débarque chaque jour à Brest ou Lorientdétruit chaque matin ce que nos présidents jurent chaque soir desauver : la forêt tropicale et sa biodiversité. Je vous vois étonné. Vousallez l’être davantage : les rois du soja transgénique ont des alliés pari-siens de choix. En octobre 2007, à la suite d’un vilain article sur le sojaparu dans le quotidien Le Monde, le gouverneur brésilien du MatoGrosso, Blairo Borges Maggi, débarque à Paris pour une opération de

communication de grande ampleur. L’Institut dudéveloppement durable et des relations internatio-nales (Iddri), créé en 2001 par Laurence Tubiana —alors conseillère du premier ministre Lionel Jospin— l’a invité pour une conférence le 19 octobre. Àl’Iddri, on ne trouve que du beau monde, des genstout épatés par les progrès de la mondialisation. Dansle désordre de son conseil d’administration : EDF,Suez-Environnement, Veolia, Coca-Cola, Nestlé,Bolloré, Sanofi-Aventis, Total, Renault, etc.Des problèmes ? Mais où ? Le 18 août 2007, quatrepaysans partent chasser sur une butte boisée proche dubourg de San Vicente, au Paraguay. Il ne reste plus quecet îlot au milieu d’une mer de 93 000 hectares de sojatransgénique, jadis forêt tropicale giboyeuse. Ce 18août, au moment où les quatre hommes, dont deux ado-lescents, redescendent, ils sont tirés comme des lapins.Les gardes du propriétaire leur ont tendu une embusca-de. Pedro Antonio Vázquez, 39 ans, meurt. CristinoGonzález, 48 ans, meurt. Les plus jeunes, blessés, se traî-nent jusqu’au village.

Voilà ce que vous ne lirez nulle part. Gardez donc une pensée pour lesquatre de San Vicente.

Fabrice Nicolino

Fabrice nicolino est l'auteur du livre Bidoche, l'industrie de la viandemenace le monde (édition Les liens qui libèrent, Paris)

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pour installer les caméras, il n'y agénéralement pas de budget pourpayer le personnel chargé deregarder les écrans. Selon ce rap-port, seule le millième de ce quiest filmé est pour le momentregardé par quelqu'un. Va-t-onalors supprimer les caméras ?Non, car une société, Interneteyes, a trouvé une méthode pourvaloriser ces enregistrements :elle propose aux entreprises etaux communes (pour 20 € parmois par caméra) de les mettreen direct sur internet et annonceune prime de 1100 € à celui quisignale le plus de délits dans unmois ! Une expérimentation est encours depuis novembre 2009.Maintenant Big brother c'estnous !

1er mars 2010

La journéesans immigrésLe 1er mars 2005 est entré envigueur le "code de l'entrée et duséjour des étrangers et du droitd'asile" plus communément appeléle code des étrangers. Cette loi està l'origine de la politique actuelledu gouvernement. Pour marquer le cinquième anni-versaire de cette loi, un collectifcitoyen a vu le jour qui organisepour le 1er mars 2010 "la journéesans immigrés". Il est demandé àtous ceux qui descendent d'immi-grés de ne pas aller travailler, dene pas consommer… mais aucontraire d'organiser des fêtesdans la rue. Comme il suffit deremonter quelques générations enarrière pour découvrir que nousavons tous des ancêtres immigrés,en principe tout le monde devraitparticiper.

Association La journée sansimmigrés - 24 h sans nous,Maison des associations, boiteaux lettres n°81, 22, rueDeparcieux 75014 Paris,www.lajourneesansimmigres.org.

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FrançoisVaillantcondamnéPour avoir refusé de donner sonADN lors d'un procès après uneaction des Déboulonneurs,François Vaillant, rédacteur enchef d'Alternatives non-violentes,a été condamné à 300 € d'amen-de lors d'un procès en correction-nel, le 9 décembre 2009, à Rouen.Estimant qu'il n'entrait pas dansle cadre de la loi sur le prélève-ment d'ADN (ceux-ci sont réser-vés à des criminels en principe).François Vaillant a fait appel.

Quand ilssont venus…Pendant la deuxième guerre mon-diale, le pasteur Martin Niemölleravait diffusé un texte célèbre surla passivité complice des gens vis-à-vis de ceux que les Nazis fai-saient disparaître.Voici une version réactualisée lorsd'un stage des Désobéissants :"Quand ils sont venus chercher lessans-papiers, je n'ai rien dit,j'avais des papiers ;Quand ils sont venus chercherceux qui hébergeaient les sans-papiers, je n'ai rien dit, je n'héber-ge jamais personne ;Quand ils sont venus chercher lessyndicalistes, je n'ai rien dit, jen'ai jamais fait grève ;Quand ils sont venus chercher lesmilitants des droits de l'Homme,je n'ai rien dit, je ne fais pas depolitique ;Quand ils sont venus chercher lesécologistes, je n'ai rien dit, de mafenêtre on ne voit que du béton ;Quand ils sont venus chercher lesjeunes du squat d'à côté, je n'airien dit, je ne suis plus toutjeune ;Quand ils ont mis des caméraspartout, et m'ont demandé monADN, j'ai accepté, je n'avais rien àme reprocher ;Et quand ils sont venus me cher-cher, il n'y avait plus personnepour protester".

Un "papier", c’est "un article" (de journal), une pièce d’identité (les"sans-papiers") ou quelque chose d’apparemment grave mais, enréalité, inoffensif ("un tigre de papier") ou encore quelque chose

sans importance (un "chiffon de papier"). Ici, c’est un peu tout cela à lafois.Si je suis blanc, français, écologiste, médecin… je m’attribue – oud’autres m’attribuent – certains caractères et pas d’autres. L’identité seconstruit autour du verbe être : le sujet du verbe est identique à ce quisuit ce verbe – et inversement. D’une part, ce faisant, je me chosifie (le sujet est l’objet) ; une telle cho-sification permet alors l’abstraction et la généralisation : les Palestinienssont ceci et les Israéliens sont cela ou bien "je suis ainsi" ou encore "leschoses sont ainsi…" – et elles le sont précisément parce que je les discomme telles (je pose le sujet égal/identique à l’objet du verbe – et inver-sement).D’autre part et dans le même temps, je crée tout ce qui n’est pas moi, jecrée l’autre, le distinct, le différent, l’étranger. Cela autorise alors laconstitution de classes, avec d’abord un souci d’homogénéisation –laquelle finit par conduire à la mort (tout comme l’hétérogénéisation,d’ailleurs) – à l’intérieur d’une même classe. Cela permet aussi la défini-tion de classes de plus en plus génériques (ou, à l’inverse, de plus en plusspécifiques), emboîtées en quelque sorte, hiérarchisées, subordonnées lesunes aux autres – enfin : de certaines à d’autres. Certes, dans ce para-digme, toutes les identités ne se valent pas. Certaines identités peuventêtre préférables à d’autres, momentanément du moins – car il n’est pasloin le temps où cette nouvelle identité préférable va, à son tour, se rigidi-fier, se heurter à d’autres identités. Il est curieux, d’autre part, que lespolitiques prônent le changement, mais se réfèrent, en même temps, à latradition d’une identité… L’identité (quelle qu’elle soit) donne un fondement aux limites. Et lesfrontières servent alors de substrat aux guerres infinies. Le LibanaisAmin Maalouf a bien vu et analysé les dégâts de l’identification dans sonIdentités meurtrières (le titre dit tout). Car pour la pensée identitaire,être x et ne pas être x s’excluent mutuellement. Or la contradiction entreêtre et ne pas être n’est pas une simple contradiction logique, mais unevéritable contradiction. Je suis et je ne suis pas réifié, je suis et je ne suispas classifié, je suis et je ne suis pas dé-subjectivé ; pour résumer, je suiset je ne suis pas1.Dès lors, il ne s’agit plus tant de changer mon identité pour une autre, dem’émanciper d’une identité opprimée ou d’opprimé, que de me sortir detoute identité. C’est ma non-identité2 fondamentale – laquelle est oppri-mée, étant perçue comme déviante – que j’ai à émanciper. À condition,bien entendu, que cette non-identité ne soit pas, de fait, une nouvelleidentité. Voilà pourquoi il ne s’agit pas tant de re-construire une "nouvel-le" "chapelle", un nouveau courant ou mouvement… plus tolérant, plusgénéreux, plus "ceci" ou "cela"… que d’être (tout court), au lieu de (mesentir devoir) être ceci ou cela. La question n’est donc pas : "quelle identité ?", mais éventuellement :"pourquoi une identité ? À qui sert-elle ? À quoi (lui) sert-elle ?". Parceque la seule question qui se pose au sujet de l’identité, c’est le fait mêmede poser une telle question – vu tout ce que cette question sous-entend etinstitue.

Jean-Pierre Lepri

1. Développé par John Holloway, Changer le monde sans prendre le pou-voir, Syllepse, p. 206. Également par Carl Jung et son principe del’ombre-lumière (Carl Jung, L’Âme et la vie, Le Livre de Poche,notamment p. 264-265), mais surtout, fondamentalement, parLupasco, Le Principe d’antagonisme et la logique de l’énergie, LeRocher.

2. Cette non-identité, c’est, par exemple, mon non ordinaire, quotidien,(rendu) invisible sous les constantes sommations à appartenir à l’unedes identités dominantes. "La non-subordination, c’est la lutte, simpleet non-spectaculaire, pour pouvoir dessiner sa vie, sa propre vie. C’estla résistance à se transformer en machines, c’est la détermination àforger et à maintenir un certain pouvoir-de. Le cri de l’insubordinationest le cri de la non-identité" (John Holloway, op. cit., p. 213).

27S!lence n°376 février 2010

L’identité, un "papier"à Attention ! Cette page est sous vidéo-surveillance.

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Sahraoui

Grève de la faim

AminatouHaidar est pré-sidente duCollectif desdéfenseurs sah-raouis des droitsde l'homme.Elle s'est rendueà New York ennovembre 2009pour y recevoirle Prix du cou-

rage civique de la TrainFundation. A son retour, le 13novembre 2009, sur l'aéroportd'El-Ayoun, chef-lieu du Saharaoccidental, elle a été refoulée par

les autorités marocaines. Envoyéeaux Canaries (îles espagnoles), le16 novembre 2009, elle a entaméune grève de la faim sur les par-kings de l'aéroport de Lanzarotepour demander seulement à pou-voir rentrer chez elle. Le 18décembre 2009, après 32 jours degrève de la faim, Aminatou Haidara été autorisée à rentrer chez elle,dans les territoires annexés par leMaroc.

Rallye Dakar (1)

Nouvelles victimesSonia Natalia Gillardo, Argentine,est la 56e victime de cette coursequi se déroule maintenant enAmérique du Sud. Elle a été ren-

versée par un puissant 4x4 qui afait une sortie de route lors de lapremière étape, le 3 janvier 2010.Quatre autres spectateurs ont étésérieusement blessés. Le procureurde Rio Cuarto, Etat où s'est pro-duit l'accident, Walter Guzman, adécidé de ne pas poursuivre lepilote Mirco Schultis car la victi-me se trouvait dans une zone "nonautorisée" au public. "Une courseimplique un certain type deconduite, avec les risques que celacomporte".

Rallye Dakar (2)

PollutioninutileL'association Agir pour l'environ-nement a fait une estimation des

émissions de gaz à effet de serrede la course du Paris-Dakar qui,comme son nom ne l'indique pas,se tient maintenant en Argentineet au Chili. Les 552 concurrentsqui ont parcouru 8713 km aurontémis au moins 20 000 tonnes deCO2. Ce chiffre n'inclut que laconsommation en course. Il faut yajouter les transports pourrejoindre le départ, la couverturemédiatique (avec nombreux héli-coptères)… L'association ademandé, en vain, au gouverne-ment d'intervenir pour que cesse laretransmission de cette course quiincite à gaspiller et va à l'encontredes engagements de la France àdiminuer ses émissions polluantes.Agir pour l'environnement, 2, ruedu Nord, 75018 Paris, tél. : 0140 31 02 37, www. agirpourlenvi-ronnement.org.

Etats-Unis

Un secteurqui embaucheEn 2009, les effectifs de la Fdicsont passés de 7010 à 8653 sala-riés. Quelle est cette entreprise quiembauche : c'est l'agence du gou-vernement qui gère les faillitesbancaires, un secteur qui connaîtune forte croissance. La Fdic aannoncé qu'elle pense devoir enco-re embaucher en 2010. (source :http://faillitesbancairesusa.over-blog.com)

Palestine

Un rabbincompare lasituation à lashoahLe grand rabbin d'Israël YonaMetzger s'est rendu le 14décembre 2009 devant la princi-pale mosquée du village palesti-nien de Yassuf, près de Naplouse(Cisjordanie), mosquée incendiéepar des colons israéliens. Il a alorsosé une comparaison : "Il y a 70ans, la Shoah, le plus grand trau-

matisme de notre histoire, a com-mencé avec l'incendie de syna-gogues durant la Nuit de Cristal".C'était en 1938. Comme le dit laTorah : "Ce que tu ne voudrais pasque l'on te fît, ne l'inflige pas àautrui".

Après les régionales

Réduction des déficitsbudgétairesLes ministères travaillent actuelle-ment aux mesures de réduction dudéficit public qui seront prises…après les élections régionales. Lesrisques concernent les différentesaides sociales : durée d'indemnitésdu chômage, sécurité sociale,retraites… (source : http://dechif-frages.blog.lemonde.fr)

Bretagne

EcologiesocialeUn groupe d'écologie sociale (ausens de Murray Bookchin) vientde voir le jour en Bretagne. Pourle moment, il n'est joignable quepar son site :www.libertat22.lautre.net.

Prix Pinocchio

Les Amis de la Terre et Peuplessolidaires ont lancé le prixPinocchio qui récompense

chaque année des firmes cham-pionnes de la communication men-songère. L'association propose des candidatures et les internautesvotent. Ils ont été 7500 cette année à faire leur choix. Les résultats ontété communiqués le 24 novembre 2009.Dans la catégorie « droits humains » c’est le groupe Bolloré qui a reçule prix avec 35% des votes dans sa catégorie, pour les conditions detravail déplorables des travailleurs dans les plantations d’huile de palmede sa filiale Socapalm (Cameroun), dont elle est actionnaire majoritai-re. Bolloré fait mieux que le Crédit agricole (23%), Penrenco (22%)et Michelin (19%).Le groupe Total a quant à lui reçu le prix Pinocchio dans la catégorie« environnement » avec 45% des votes de cette même catégorie. Lesinternautes condamnent la multinationale française pour son implica-tion dans le méga-projet pétrolier Kashagan (Kazakhstan), qui s’annon-ce comme une catastrophe environnementale et sanitaire. Ce cas illustrele double discours du groupe qui, loin de l’image moderne et éthiquequ’il cherche désespérément à se donner, continue à investir massive-ment dans des projets fossiles polluants et archaïques. Total a ainsibattu Areva (29%), BNP Paribas (14%) et Société Générale (12%).Pour le « greenwashing » enfin, c’est EDF qui remporte le prix avec42% des votes de cette catégorie pour sa récente campagne de commu-nication « Changer d’énergie ensemble » qui a coûté plus cher que lesdépenses du groupe en recherche et développement dans les énergiesrenouvelables. Ces dernières ne représentent elles-mêmes qu’une partinfime du chiffre d’affaires du groupe par rapport au nucléaire. EDFdevance France-Betteraves (30%), Peugeot (14%) et Herta (13%).Pour l'année prochaine, on peut suggérer des candidats : Les Amis de laTerre, 2B, rue Jules-Ferry, 93100 Montreuil, www.prix-pinocchio.org.

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29S!lence n°376 février 2010

Répartitiondes tâchesménagères

Une étude de l'Ined-Insee de 2005dressait un tableau des inégalitésdans le couple. Les résultatsétaient déjà parlants :• pour le repassage, il est fait leplus souvent par la femme dans78% des cas contre 5% (la dif-férence étant là où c'est jugécomme partagé).

• pour les repas, c'est 70% contre 10%.

• pour l'aspirateur, c'est 55%contre 10%.

• pour les courses, c'est 50%contre 10%.

• pour la vaisselle, c'est 45%contre 12%.

• pour la tenue des comptes, c'est 42% contre 24%.

• pour lancer des invitations, c'est 25% contre 5%.

Une nouvelle étude publiée le 3décembre 2009, permet de préci-ser plus les choses : alors que lesrépartitions dans les couples sansenfant n'a presque pas changé encinq ans, l'arrivée des enfants aug-mente ces inégalités. Et cela aug-mente avec le nombre d'enfants.Une grosse partie de l'explicationprovient de la réduction de l'activi-té salariée des femmes : celles-ciarrêtent leur activité profession-nelle à hauteur de 25% après lepremier enfant, 32% à partir dudeuxième enfant. Conséquence :l'enquête montre que les femmesexpriment une insatisfaction crois-sante devant les tâches… alorsque les hommes sont plutôt fiersde ne pas faire leur part.(Populations et sociétés, n°461,novembre 2009)

En finir avecles jouetssexistesA l'occasion des fêtes de fin d'an-née, l'association Mix-Cité a priscontact avec la Halde, Hauteautorité de lutte contre les discri-

minations, pour lui demander d'in-tervenir contre les discriminationshommes-femmes et en particulierpour tout ce qui touche aux maga-sins de jouets, leurs rayonnages etleurs catalogues. Pour le momentla Halde n'a accepté qu'un rendez-vous avec l'association. Mix-Cité,c/o Mouvement français pour lePlanning familial, 4, squareSaint-Irénée, 75011 Paris,www.mix-cite.org.

Lille

Chez VioletteL'association Chez Violette a vu lejour début 2009 dans le but d'ou-vrir un lieu dédié "à l'autonomiedes femmes" dans le quartier deMoulins à Lille. Le projet prévoitdifférentes activités : accueil, pro-jections, friperie, prestations d'ur-gence, bibliothèque, ateliers, coinenfants, expos… Des journées de soutien se sonttenues depuis un an autour de ceprojet et on peut en suivre l'avan-cement en les contactant : ChezViolette, 130, boulevard Victor-Hugo, appt B24, 59000 Lille,http://chez-violette.over-blog.com.

Italie

Corps desfemmesLorella Zanardo, après des annéesà l'étranger, redécouvre la télévi-sion italienne en rentrant dans sonpays. Choquée par l'image desfemmes que les chaînes publiquesou privées (la plupart appartenantà Berlusconi) donnent, elle a réali-sé un documentaire qu'elle a misen ligne sur internet (Il corpo delledonne), lequel a provoqué un vifdébat dans le pays. Interrogée surle manque de réactions des éluesfemmes, l'auteure répond "Elles neveulent pas qu'on les enferme dansce seul sujet, donc elles n'en par-lent pas". Une version françaiseest maintenant visible surwww.ilcorpodelledonne.net.

Zimbabwe

Une équipe de footballséropositiveLa particularité des matchs defootball féminin opposant les ARVSwallows et les Sporting ART, auZimbabwe, est qu'à l'image d'unevingtaine d'autres équipes du pays,l'ensemble de leurs participantessont atteintes par le VIH-Sida.

ARV est l'abréviation d'antirétro-viraux et ART signifie traitementantirétroviral. Le football est iciune arme pour vaincre les préjugéset lutter contre la stigmatisation.Avant et après les matchs, desfemmes parlent au public deseffets du VIH sur leur vie, de lafaçon dont elles ont surmonté lesobstacles, tandis que des éduca-teurs distribuent de la documenta-tion ainsi que des préservatifsféminins et masculins. (Lettre duMFPF, 14 octobre 2009)

La pubdétourne leféminisme !Dans la publicité, l'important estque l'on parle du produit, en bien

ou en mal. Les agences de publici-té ont mis au point un nouveauconcept : la vidéo virale. Il s'agitde présenter sur internet un clip ouune pub qui est censée être dansde la presse spécialisée… en espé-rant que cela provoque l'indigna-tion d'une partie de la population.Ce qui marche le mieux : despublicités sexistes qui sont alorsdénoncées par de multiples sitesféministes. On fait ce que l'onappelle alors du "buzz" (ou bruitinformatique) et comme nombreuxsont ceux qui ne vérifient pas d'oùviennent les infos de départ, celapeut vite prendre une ampleurdémesurée. (source : http://blog.plafonddever-re.fr)

Le sexisme mis à nu

Aen croire certain-e-s, nous vivrions dans une société définitivementaffranchie de la culture sexiste. Vérifions cette hypothèse enconsidérant cette publicité pour des enceintes musicales parue

dans un catalogue de Noël 2009 de matériel de musique. Sous le titre :"La pureté mise à nu", on y découvre une enceinte ouverte, avec en fondd'image le buste d'une jeune femme blonde maquillée et jetant un regardde "femme fatale" au spectateur. La publicité décline les 8 qualités quirendent cette enceinte parfaite à l'achat. On comprend vite et sans aucu-ne ambiguïté que le génial cerveau des concepteurs de cette publicité adécidé de filer la métaphore en comparant ces qualités avec celles de lafemme parfaite. Humour, quand tu nous tiens !Première caractéristique : "corps pur". Eh oui, quoi de pire qu'un corpsde femme maculé de taches,poils et autres scories…sans parler de l'indispen-sable virginité à l'achat.Deuxième caractéristique :"émotion dirigée", avecgarantie d'"une zone d'écou-te très large" et de"réflexions minimisées". Lafemme parfaite, on vousdit ! Vérifiez bien que letroisième critère est bieninscrit sur votre garantielors de l'achat : "ultra fidè-le". Sinon ça risque de mal tourner, vous savez pourquoi… Le quatrièmepoint est un grand classique : "courbes parfaites". Vous savez, les régimes,privations, et tout ce qui fait le quotidien d'une femme normale. Avec lecinquième critère de la femme idéale, on entre dans les choses qui inté-ressent vraiment l'acheteur : "plaisir partout". Ben oui, à quoi ça sert, unefemme, sinon ? Le sixième critère est plus subtil, pour les vrais ama-teurs : "experte en graves"… à vous de jouer, messieurs ! En réalité il y ainteraction entre les sons émis et les phénomènes physiques, puisque cetteaptitude au son "augmente la longueur du tube"… Le numéro 7 est lacerise sur la gâteau : "corrections appréciées". Oui, vous avez bien lu,cette pub de décembre 2009 présente métaphoriquement la femme idéaleà travers cette caractéristique bien connue : si tu ne sais pas pourquoi tubats ta femme, elle, elle le sait ! Et elle aime ça ! Ah, je vois que vousn'avez vraiment pas d'humour ! Cette correction que les femmes appré-cient tant permet, poursuit le texte, d' "adapter précisément la réponse".On ne pourrait pas l'inventer. La dernière caractéristique est plus soft :"vibration maîtrisée". La femme ne doit jamais se laisser aller, y comprisdurant le plaisir. Il ne faut pas oublier qui consomme ici ! Allez, avec un peu de chance, la (femme-)enceinte doit pouvoir se trouveren solde à l'heure qu'il est… ça vous branche ? Vous la trouverez chezG…. GG

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Bure

Ça se précise !

Alors que depuis 1993, le gouvernement entretient le flou sur le "laboratoire" de Bure, à la limite entrela Lorraine et la Champagne-Ardennes, les opposants ont toujours dit que cela se terminerait par uncentre de stockage des déchets hautement radioactifs… car on n'aménage pas des trous de 500

mètres de profondeur uniquement pour le plaisir de faire des études. Eh bien, cela se confirme tout doucement au fur et à mesure des glisse-ments sémantiques des documents administratifs. Les opposants ontrendu publics début décembre 2009, deux documents internes aux minis-tères concernés : l'un du 9 novembre 2009 présente la "démarche d'im-plantation du projet de stockage géologique profond", le second, du 18novembre 2009, porte sur la "zone d'intérêt pour la reconnaissanceapprofondie. Les opposants notent que dans le premier document, un seulcritère porte sur la sûreté, deux sur la technique… 15 sur l'acceptationsociale ! Dans le deuxième, deux portent sur la sûreté, neuf sur l'accepta-tion sociale ! Autant dire que le nucléaire est surtout dangereux pour sonmanque de démocratie. Le calendrier proposé dans ces documents parle de "dialogue avec lesacteurs sociaux" de 2009 à 2013, date du choix définitif du site… Rienn'est prévu sur le dialogue sur les risques du nucléaire ! Les documentssignalent qu'un moyen de faire mieux accepter le centre serait de faireque l'entrée soit située dans un bois (c'est sûrement très développementdurable !). Nul doute qu'on va planter des arbres sur l'actuel site de Bure. Le 7 décembre 2009, les opposants ont demandé aux 33 maires concer-nés par la zone de stockage des déchets de démissionner tous ensembleavant les élections régionales. La commune de Bonnet, commune voisine

de Bure, a voté le 18 décembre 2009 à l'unanimité une motion contre la transformation du laboratoire deBure en site d'enfouissement des déchets radioactifs. Fédération Grand Est Stop aux déchets nucléaires, BP 17, 52101 Saint-Dizier cedex, www.burestop.org.

Nucléaire + chauffageélectrique + froid = catastrophe !Quand la température baisse, l'utili-sation du chauffage électrique aug-mente. Un chauffage électrique lar-gement promu par EDF qui pensaitécouler son courant nucléaire. Maisvoilà… En hiver, la productionnucléaire ne suffit pas, d'autantplus que nombre de réacteurs sonten réparation. Cela a conduit à dessituations extrêmement tendues mi-décembre. Le 14 décembre, laFrance a dû importer la productionde l'équivalent de 4400 MW, le 15,cela a monté à 5100 MW, le 16 à7300 MW (soit sept réacteursnucléaires)… alors que les capaci-tés des lignes à très haute tensionne permettent d'importer quel'équivalent de 9000 MW.L'essentiel de cette électricité a étéfournie par l'Allemagne, pays qui adécidé de la sortie du nucléaire…

Cruas

Privé d'eauChaque réacteur nucléaire pomped'énormes quantités d'eau pour pou-voir être refroidi suffisamment (untiers de l'énergie nucléaire donne del'électricité, les deux autres tierschauffent l'eau… et donc contri-buent au réchauffement clima-tique). A Cruas (Ardèche), dans lanuit du 1er au 2 décembre 2009, laprise d'eau principale sur le Rhône aété obstruée par des débris végé-taux. Ce qui arrive relativement sou-vent. La procédure prévoit alors quel'on aspire par une deuxième prised'eau. Mais celle-ci s'est bouchéeune heure plus tard, provoquant unarrêt d'urgence du réacteur. Un pland'urgence a été enclenché sur lesite… mais aussi au ministère del'industrie. Sans conséquence…pour cette fois-ci. L'incident a étéclassé 2 sur une échelle de 7. C'estla première fois en France qu'uneperte de contrôle d'un réacteur estprovoquée ainsi.

Nord

Malades de la thyroïdeLe 28 décembre 2009, l'associationSanté et environnement des rives del'Aa a présenté devant la commis-sion locale d'information de la cen-trale nucléaire de Gravelines, undécompte des malades de la thyroï-de : 414 personnes touchées sur unepopulation de 11 828 habitants(3,5 %). Un taux anormal en fortehausse depuis 2006. La commissiona assuré qu'elle allait "s'emparer dudossier". Les maladies de la thyroïdesont souvent dues à la présence d'io-de radioactif, un gaz libéré en quan-tité lors de fuites dans les réacteurs.

Dimanche 25 octobre 2009, Pierre Allemannest décédé à Vias, dans l’Hérault, des suitesd’un abus de confiance. Une totale confiance,

certes un peu puérile, qu’il avait accordée d’emblée àses chefs – physiciens et techniciens en radioprotec-tion – qui "donnèrent sa chance" à cet homme de 33ans robuste, serviable, consciencieux et dévoué, tropheureux de quitter son tablier de garçon de café pourla combinaison verte d’agent de radioprotection.Placé au Cern, Centre européen de recherche nucléai-re près de Genève, en 1979, par une société d’intéri-maires, il y restera 15 ans. De belles années durantlesquelles il apprécie une certaine autonomie. Sontravail : réceptionner des centaines de tonnes dedéchets radioactifs et des kilomètres de tuyaux enro-bés d’amiante qu’il scie, découpe au chalumeau, net-toie et stocke. Tout ça sans équipement particulier nile moindre stage de formation. Un travail comme lesautres puisque ses supérieurs lui ont expliqué que lespoils du nez filtrent les particules radioactives quisont ensuite éliminées en se mouchant et en cra-chant… Et quand il s’est mis à cracher noir "c’estnormal et c’est la preuve que ton organisme se puri-fie" lui affirme un grand physicien très respecté parcequ’il avait travaillé jadis sur la bombe atomique.Le 10 août 1994, le médecin du Cern découvre qu’il aun cancer au poumon. Il doit cesser son travail séancetenante. Après 15 ans d’activité, sans manquer unseul jour ! Le choc. Il réalise enfin qu’on l’a trompé.Et apprend qu’on aurait pu déceler ce cancer bienplus tôt. Le Cern a voulu gagner du temps, maisPierre a perdu un poumon.Commence alors une lente descente aux enfers dansune réalité sordide qui outrepasse l’entendement. Atel point que dans un premier temps, la Criirad(Commission de recherche et d’information indépen-

dante sur la radioactivité) à qui s’adresse Pierre,peine à le croire. C’est trop gros ! Avec l’aide précieu-se de cette institution de Valence, puis celle deContrAtom à Genève ainsi que l’appui du syndicatCFDT de l’Ain, un long combat est engagé pour quetoute la vérité soit révélée sur la face cachée du Cern.La Criirad effectue des mesures et des prélèvementssur le site, prépare un solide dossier accusateur etrévèle notamment que le Cern est une INB(Installation nucléaire de base) qui pollue et conta-mine le site et son environnement. Peine perdue ! Ces"allégations" sont sans fondement et les déchetsradioactifs trouvés dans des poubelles du site ont étéplacés là par des gens malintentionnés de l’exté-rieur… La grande presse prend la défense du Cern.Evidemment.Ecœuré, rejeté, menacé par ses ex-collègues, lassé parun combat forcément inégal ("un trop gros morceau"lui a dit le juge Lambert) Pierre trouvera enfin lasérénité et un climat propice à sa santé dans le Sud-Ouest de la France. Il me disait encore cet automnecombien il y était heureux, détaché de cette sombrehistoire, et qu’il envisageait l’inéluctable avecconfiance, ayant tout tenté pour qu’elle ne se repro-duise plus.Son nom vient s’ajouter aux Kall, Dumont, Dunand,Jacquemot, Lagarde, Gambet, Urssela, Merveille,Passerieux, Settimo et certainement encore beaucoupd’autres inconnus morts pour le Cern dans l’indiffé-rence générale.Pierre nous a quittés, entouré de l’affection de sonépouse, de ses huit enfants et de ses vingt-deux petits-enfants. Il avait 63 ans.Adieu Pierre ! Merci. Nous ne t’oublierons pas.Paul BonnyContrAtom Genève.

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Les effets secondaires du Cern

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Eolien� Les Etats-Unis passent entête. Avec 8358 MW installés en2008, les Etats-Unis totalisentmaintenant 25 170 MW, ce qui lesfait dépasser l'Allemagne (1665MW en plus en 2008, pour untotal de 23 908 MW). Suiventl'Espagne (16 754 MW) puis laChine qui a doublé ses installa-tions en 2008 pour atteindre12 210 MW et qui à ce rythmedevrait dépasser l'Espagne en2009 et l'Allemagne d'ici 2012.Le développement est maintenantrapide en Inde, Italie, France,Royaume-Uni, Portugal. LaDanemark, un temps en tête, poin-te actuellement à la neuvièmeplace, le gouvernement danoisactuel ayant bloqué tous les pro-grammes. (Source : Syndicat desénergies renouvelables)� France : un frein de moins.Alors que dans de nombreux payseuropéens, l'éolien se développesans problème, la France mainte-nait l'impossibilité technique dedépasser 10% de la productionélectrique (voir n°375). Le 30novembre 2009, RTE, Réseau detransport d'électricité, a annoncéla mise en place d'un système élec-tronique permettant de prévoiravec quelques heures d'avance laproduction éolienne permettantainsi de moduler d'autres sourcesd'énergie (hydraulique et ther-mique principalement) et de béné-ficier pleinement des apportséoliens. RTE a annoncé que le 28novembre 2009, le réseau a perdu2000 MW de puissance éoliennedu fait de ce manque d'anticipa-tion (sur une puissance maximaleà cette date de 4300 MW). Ceciva permettre de suivre l'augmenta-tion rapide de la productionéolienne qui devrait atteindre19 000 MW terrestre en 2020. � Ille-et-Vilaine : parc éoliencoopératif. Patrick Saultier, ingé-nieur et élu de la commune dePlélan-le-Grand (35 km à l'ouestde Rennes) propose en 2003 auconseil municipal de lancer un pro-jet de parc éolien coopératif. Unesociété voit le jour : Brocéliandeénergies locales. Un partenariat estproposé à la Caisse des dépôts etconsignation qui refuse. C'est unélectricien belge qui accepte d'ap-porter 65 % de la somme, le resteétant collecté auprès d'une douzai-

ne d'investisseurs locaux. Sixéoliennes Enercon sont installées aucours de l'été 2008. Avec des matsde 100 m et des pâles de 41 m, laproduction attendue est de 30 mil-lions de kWh, la consommationd'environ 20 000 habitants. La com-mune de 3400 habitants est doncdevenue exportatrice d'électricité.

Allemagne

Vers le 100 %renouvelableLe ministre de l'environnementallemand, Norbert Röttgen (CDU,conservateurs) a présenté le 2décembre 2009, lors d'une ren-contre du Programme des Nationsunies pour l'environnement(PNUE), les ambitions du gouver-nement actuel (conservateurs etlibéraux) : viser le 100% renouve-lable d'ici 2050". Ceci est unobjectif plus ambitieux que le pré-cédent gouvernement (socialistes-conservateurs) qui ne visait qu'àatteindre 50% à cette date. Celasuppose donc le maintien de lasortie du nucléaire et la sortieégalement du charbon, du pétroleet du gaz. Fin 2008, les renouve-lables assuraient 15% de l'électri-cité et 7% de la consommationd'énergie totale. Les Verts se sontfélicité de cette annonce, maisdemandent des objectifs chiffrés,énergie par énergie. Les industrielsdu secteur renouvelable ontdemandé des efforts financierspour pouvoir accélérer leur déve-loppement. Le gouvernement alle-mand espère ainsi devenir leaderdans ce domaine… et servird'exemple dans la lutte contre ledérèglement climatique. (source :AFP, 3 décembre 2009)

La France face à ses engagementsL'Union européenne demande àchaque Etat d'atteindre 23%d'énergies renouvelables dans laproduction totale en 2020. Nonseulement, la France en est loin,mais les "amendements" comman-dités par les lobbyistes auprès desdéputés de droite sont en traind'anéantir toute évolution positive. Ainsi, si la nouvelle norme pour2012 prévoit bien des logementsqui consomment moins de 50 kWhpar an et par m2, mais un amende-ment précise que c'est "hors chauf-fage électrique". Un autre amen-dement prévoit que laclimatisation sera obligatoire dans

les logements neufs… et que ce nesera pas compris non plus dans lecalcul ci-dessus. Ceci serait justifiépar le risque de canicule : uneabsurdité puisque lorsqu'un loge-ment est bien isolé pour le froid, ill'est également pour le chaud.Côté fiscalité, un amendement aubudget 2010 propose de doubler lestaxes locales pour les éoliennes…ce qui les ferait monter de 4000 à8000 euros par an et par MW. Acomparer avec le nucléaire qui nepaie lui pour la même puissanceque 2913 euros. Côté transport,depuis le Grenelle de l'environne-ment, rien n'a changé : priorité à laroute devant le rail. Côté recherche : de l'argent estdébloqué à grand renfort de com-munication (autant pour lenucléaire que pour les renouve-lables !) mais dans le détail celaconcerne principalement les agro-carburants, la pile à hydrogène etla voiture électrique. A l'arrivée, tout est fait pourconsommer plus… ce qui expliqueque même avec un développementrapide de l'éolien et à un degrémoindre du photovoltaïque, lepourcentage couvert par les éner-

gies renouvelables en France est…en baisse !

Rhône-Alpes

FormationénergiesrenouvelablesLe Greta du Roannais, en lien avecla région et la plate-forme GENRet Oïkos, organise tout au long del'année des formations courtes :gestion de l'eau et des déchets,solaire thermique, solaire photovol-taïque, bois énergie, micro-éolien,micro-hydraulique, géothermie,aérolique (puits canadien, ventila-tion), cogénération, ossature bois,pisé et enduits de terre, chaux,électricité biocompatible, étanchéi-té zinguerie, plomberie chauffage,électrotechnique… Elle proposeégalement des formations longuesdiplômantes : plombier chauffagis-te, bio électricien, technicien enrénovation thermique, écoconstruc-teur. Greta du Roannais, 4, impas-se Champromis, 42300 Roanne,tél. : 04 77 23 05 05.

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Qui fait courir de mauvaisesinformations sur les lampesfluocompactes ?

Des rumeurs se multiplient sur les dangers supposés des lampesfluocontactes (ou lampes économes). La revue Valériane éditéepar Nature et progrès Belgique a interrogé, dans son numé-

ro d'été 2009, Christian Steffens, ingénieur industrielspécialiste de l'efficacité énergétique. Nous avons denotre côté rencontré un spécialiste en électricitéqui confirme ce que publie Valériane. A savoir…> sur les risques électromagnétiques, à moins derester des journées entières à quelques centimètresdes ampoules, il n'y a rien à craindre car si champélectromagnétique il y a, il diminue très rapidementavec la distance et à un mètre, il n'est pratiquementplus mesurable. > sur les risques du mercure, il y en a effectivement dansle starter en petite quantité (un milligramme par ampou-le à comparer aux quelques grammes qu'il y avait autre-fois dans les thermomètres). Il faut donc bien les rappor-ter pour le recyclage. Mais utiliser des ampoules de cegenre permet d'économiser l'électricité. En période de poin-te, l'électricité provient de centrales thermiques. Si celles-cisont alimentées au charbon (ce qui est encore fréquent danstoute l'Europe), le charbon contenant naturellement du mercure,les fumées de ces centrales nous polluent au mercure bien plussûrement que les ampoules. > sur les rayonnements ultra-violets, ces ampoules émettent moins quela lumière naturelle. Il y a confusion avec les lampes halogènes quilorsque les filaments portés à haute température ne sont pas derrièreune vitre sont effectivement émetteur d'importants UV.> sur l'alternative que représentent les LED, celles-ci ont pour lemoment un rendement entre consommation électrique et lumière quireste faible… mais les progrès sont constants donc ce sera sans douteune forme d'éclairage répandue dans quelques années. MB.

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Toulouse

La Case de santéLa Case de santé a vu le jour dansun quartier populaire de Toulouseen août 2006. Ce centre de santécommunautaire est animé pardeux infirmières, deux médecinsgénéralistes, un psychologue, troistravailleurs sociaux et un anima-teur en santé communautaire.L'idée de l'association est de fonc-tionner sans hiérarchie, d'agir auniveau local et avec tout le monde.L'initiative est tolérée par les ins-titutions plutôt que soutenue. Lemélange entre personnels de santéet travailleurs sociaux n'étant pasclassique. L'acte de santé est ici liéà une démarche sociale. Desaccueils spécifiques ont vu le jour :pour les femmes qui ont des ques-tions sur la sexualité, pour lesmigrant-es qui ont des obstaclesadministratifs, pour des personnesn'ayant plus de couverture sociale,pour les chibanis (vieux migrantsmaghrébins à la retraite)… en lienavec d'autres initiatives sociales duquartier. La Case de santé, 17,place Arnaud-Bernard, 31000Toulouse, tél. : 05 61 23 01 37,www.casedesante.org.

Grippe� La Pologne se porte bien ! Legouvernement polonais a refusé defaire une campagne de vaccina-tion, les fabricants demandant quece soit l'Etat qui soit responsableen cas d'effets secondaires.Résultat : au 4 décembre 2009,nous en étions à 24 décès enPologne pour la grippe A soit 0,6décès par million d'habitant… à

comparer à la France où nous enétions à 111 décès à la même datesoit 1,7 décès par million d'habi-tants. On voit donc que le vaccinest particulièrement efficace ! � Stock à vendre. Le gouverne-ment français essaie de revendreles 90 millions de vaccins qu'il aachetés en trop… Moins de 5 mil-lions de vaccins auront été utilisés,ce qui correspond à moins de10 % de la population française.

Alors que l'on nous montre sanscesse des photos des queues devantles centres de vaccination dans lesmédias dominants, le nombre devaccinés reste faible. � Virus mutant. Plusieurs mortsde cet automne ne sont pas mortsdu virus H1N1, mais de virusmutants… pour lesquels le vaccinn'est pas prévu.

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Le débatremonte jusqu'en haut !Nicolas Sarkozy, à Aubervilliers, le28 novembre 2009, s'en est prisaux partisans de la décroissance :"Quand j’entends nos écologistesparfois dire qu’ils vont faire cam-pagne sur le thème de la décrois-sance, est-ce qu’ils savent qu’il y adu chômage […] de la misèredans le monde, est-ce qu’ils saventqu’il y a près d’un milliard de gensqui ne mangent pas à leur faim etque la décroissance, ça veut direplus de misère pour tous ces gens-là ?". Il devrait lire plus attentive-ment les propositions des décrois-

sants : ce n'est pas à ces "gens-là"que l'on demande de se serrer laceinture mais aux riches, ceux quimangent au Fouquet's parexemple.

Les animauxdomestiquesau niveau desvoitures ? Un chien pourrait avoir uneempreinte écologique supérieure àcelle d'une voiture ! Pour faire lacomparaison, Robert et BrendaVale, deux architectes spécialisésdans le développement durable àl'université Victoria de Wellington(Nouvelle-Zélande), ont comparé

l'empreinte de différentes voituresen intégrant la consommation decarburant et le poids de la fabrica-tion aux doses alimentairesconseillées par les fabricants pourles chiens, les chats, les hamsters.Le hamster se retrouve avec uneempreinte écologique modeste…ce qui n'est pas le cas des chats etdes chiens qui, carnivores, mangentbeaucoup de viande, laquelle a uneimportante empreinte écologique.Leurs résultats : un chat bien dor-loté par ses maîtres pèse aussilourd qu'une Golf Volkswagen quifait 9000 km par an. Un chien detaille moyenne pèse autant qu'uneToyota Land Cruiser qui fait20 000 km par an. Un gros chienest équivalent à une voiture quifait 30 000 km par an ! LaFrance compte à elle seule huit

millions de chiens et 9,7 millionsde chats… et 25 millions de voi-tures. (source : New Scientist du23 octobre 2009).

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à Un chien au volant : le top de l'empreinte écologique !

Transparence de l'information

Procès en coursLa loi sur la transparence de l'information médicale votée le 4 mars 2002 prévoit qu'un professionnel de santéqui s'exprime publiquement sur un produit de santé doit déclarer s'il est en lien avec les entreprises qui fabri-quent ou commercialisent ces produits. Les décrets d'application ne sont parus qu'en mars 2007 après unrecours d'associations devant le conseil d'Etat. En avril 2008, l'association Formindep a observé 150 déclara-tions de 91 professionnels dans 30 médias professionnels et publics. Résultat : pas une seule fois, la loi n'a étéappliquée ! Formindep a étudié ensuite les liens entre ces professionnels et l'industrie : pour seulement 14d'entre eux, elle n'a pas trouvé de liens d'intérêt, pour 33, elle n'a que des soupçons, pour 56, le lien est prouvé.L'UFC-Que Choisir, après avoir vérifié les résultats de l'enquête, a décidé en avril 2009 de poursuivre en justiceneuf médecins. La procédure juridique est en cours… Jean Laleuw, Formindep, 188 rue Daubenton, 59100Roubaix, www.formindep.org.

Le cas Roseline BachelotSi la loi était appliquée, nul doute que l'actuel bourrage de crâne sur les vaccins s'accompagnerait de sérieusesrévélations. Comme celles révélées par Le Fakir concernant une certaine Roseline Bachelot qui en fait beaucoupactuellement. Celle-ci devrait légalement indiquer à chacune de ces interventions qu'elle a été déléguée à l'infor-mation médicale pour les laboratoires Ici Pharma de 1969 à 1976 et chargée des relations publiques chezSoguipharm de 1984 à 1989. François Autain, député du parti de gauche, médecin généraliste en Loire-Atlantique, se souvient qu'elle lui avait vanté les produits de la firme Astra Zaneca. Aujourd'hui Astra Zanecafabrique… des vaccins contre le virus H1N1. Le 12 novembre 2009, jour où Roseline Bachelot se fait vacciner devant les médias, les journalistes du Fakir,Pascale Pascariello et François Ruffin, sont présents. Question en direct. La ministre gênée, esquive et fuit. Lesjournalistes du Fakir demandent à leurs confrères s’ils vont reprendre l'info. Réponse presqu'unanime : on est làpour parler du vaccin, pas pour autre chose ! (seul Le Monde le 17 novembre 2009 y fera allusion). Grandiose !Demande d'interview au ministère : le service de presse lâche dans la discussion que Roseline Bachelot a mêmecréé son propre labo avec son mari… Le Fakir, Fakir, 21 rue Eloi-Morel 80000 Amiens, www.fakirpresse.info, en ligne le 24 novembre 2009.

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Drôme : 8e rencontres de l'éco-logie au quotidien, jusqu'au 7février à Die. Association Ecologie au

Quotidien, Le Chastel, 26150 Die, tél. : 04 75 2100 56, www.ecologieauquotidien.blogspot.com.

Paris : le pays où rêvent lesfourmis vertes, 1er février à 20 h,à la Filmothèque du Quartier latin

(9, rue Champollion, 5e, M°Odéon), présen-tation de ce film de Werner Herzog. Le com-bat d'Aborigènes qui s'opposent à l'ouvertu-re d'une mine d'uranium sur leurs terres enAustralie. Débat avec Jessica de LargyHealy, ethnologue. Survival international, 45,rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris,tél. :01 42 41 47 62, www.survivalfrance.org.

Toulouse : comité d'autodéfen-se juridique, 1er février à 20h30,au Kiosk, librairie-bibliothèque

alternative. Les CAJ sont des associationsqui viennent en aide aux militants confron-tés à des questions juridiques. Il s'agit alorsde sortir d'une position de victime et, parmutualisation des moyens et solidarité, derester offensifs. Le kiosk, 3, rue EscoussièresArnaud Bernard, 31000 Toulouse, http://info-kiosques.net/kioskarnaudben.

Toulouse : caravane Via Brachy,2, 18 et 26 février à 19h30 àFriture, 22, place du Salin, présenta-

tion du projet de caravane solidaire partantde Toulouse le 15 juin pour rejoindreOuarzazate, Dakar et Tombouctou. Retour le30 octobre. Association Via Brachy, 36, rueBernard-Mulot, 31400 Toulouse, www.viabra-chy.com.

Paris : défense de semer ! 4février à 20h, à l'espace Macaq,ciné-débat : comment le système

des brevets autorise le pillage légal des res-sources naturelles ? Enquête sur la biopira-terie. Espace Macaq, 123, rue de Tocqueville,75017 Paris, tél. : 01 58 59 01 73,http://macaq.org.

Lille : exposition Bolivie, du 4au 7 février à la MRES, 23, rueGosselet, exposition photos et pro-

jection de documentaires sur la situation dupays à partir d'un voyage de neuf mois là-bas. Soirée cinéma bolivien le jeudi 4 àl'Univers. Concert le samedi 6 après-midi àla Barraca Zem. EchoWay'Lille, 23, rueGosselet, 59000 Lille, tél. : 03 20 52 57 46,www.echoway.org.

Montpellier : les Klimades, 4 et5 février, au Corum, rencontrestechniques, scientifiques et pédago-

giques pour les décideurs locaux, les cher-cheurs, le grand public sur les questionsd'énergie et de climat. Du 4 au 6, place dela Comédie, animations grand public. Le 4,visites de sites… Agence Locale de l’Energie,pavillon Bagouet, esplanade Charles-de-Gaulle, 34000 Montpellier, tél. : 04 67 91 9693, www.ale-montpellier.org.

Grenoble : résistance à l'indus-trialisation, 5 février, à 20h à laMaison des associations, 5, rue

Berthe-de-Boissieux, rencontre avecFrançois Jarrige, historien, auteur de "Faceau monstre mécanique, histoire des résis-tances à l’industrialisation" (lhmo Editions,2009). Poursuite du débat le 6 février à14h, aux Bas-Côtés, 59, rue Nicolas-Chorier. Plus d’infos : http://lesbascotes.blog-spot.com ou 04 76 84 51 34.

Corrèze : le féminisme est-il unmauvais genre ? 5, 6 et 7 févrierà Saint-Jal, Naves et Argentat, pro-

jection de films des années 1970 coorgani-sée avec le Centre Simone-de-Beauvoir.Peuple et culture Corrèze, tél. : 05 55 26 3225.

Bas-Rhin : fabriquer ses pro-duits d'entretien ménager, 5février à 14h, à Sparsbach,

Ecotidienne, Lydia Christmann, 15, rue

Principale, 67370 Sparsbach, tél. : 03 88 8920 83, www.ecotidienne.fr.

Gard : penser l'homme dansson environnement planétai-re, 5 et 6 février dans le cadre des

"éco-dialogues du Vigan", le 5 en soirée,conférence de Francis Hallé : pourquoi lespays tropicaux sont-ils si pauvres et lesnôtres si riches ? le 6 en après-midi : l'ave-nir de la biodiversité au niveau planétaireavec les deux conférenciers, le 6 au soir, filmde Philippe Danton Les îles de Robinson.Jean-Marie Miss, mairie du Vigan, tél. : 04 6781 66 12.

Nantes : vélorution, 6 février. Enrestant groupés avec nos vélos (outandem, roller...), nous créons une

zone libérée de l'automobile, montrant ainsique son règne n'est pas une fatalité.N'hésitez pas à décorer votre vélo et à veniravec de sympathiques banderoles ! Rendez-vous chaque premier samedi du mois à 14h,place Royale. www.velorution.org.

Paris : vélorution, 6 février à14h, place du Châtelet, www.veloru-tion.org. Lyon : Réseau Sortir dunucléaire, 6 et 7 février au Centreinternational de séjour de Lyon

(boulevard des Etats-Unis), assembléegénérale du Réseau Sortir du nucléaire.Réseau Sortir du nucléaire, 9, rue Dumenge,69317 Lyon cedex 04, http://ag.sortirdunu-cleaire.org.

Narbonne : 23e CréHabitat, 6au 8 février, parc des Expositions.Stands d'entreprises sur l'habitat

sain, les énergies renouvelables. UN’ANIM,parc des Expositions, avenue Hubert-Mouly,11100 Narbonne, tél. : 04 68 41 92 44,www.parcexpos-narbonne.com.

Paris : mourir à Charonne,pourquoi ? 8 février à 19h30,salle Jean-Dame, 17-25, rue

Léopold-Bellan, Paris 2e (M° Sentier ouLes Halles) : le 8 février 1952, une mani-festation contre l'OAS, armée secrète quiperpétrait des attentats contre lesAlgériens, est violemment réprimée : 9 per-sonnes meurent coincées contre les portesfermées du métro, toutes membres de laCGT et pour 8 du PCF. Personne n'a étépoursuivi, l'Etat ne s'est jamais excusé. Filmde Daniel Kupferstein, à l'invitation deJacques Boutault, maire du 2e.

Pantin : travail invisible desfemmes, infantilisation deshommes, acceptation consen-

suelle ? 8 février à 18h30 à la fondationGabriel-Péri (M° Hoche), conférence-débatavec Virginie Godet. Fondation Gabriel-Péri,11, rue Etienne-Marcel, 93500 Pantin, tél. :01 41 83 88 50, www.gabrielperi.fr.

Toulouse : construction écolo-gique d'une toiture, 9 février à19h15, soirée animée par Xavier

Méric. Friture, 22, place du Salin, 31000Toulouse, tél. : 09 54 62 04 01, www.friture.net.

Macon : les semencesmodernes en question, 10février, salle Gambetta, 25, rue

Gambetta, film de Marc Peyronnard, lesfaux arguments des OGM et la privatisationdu vivant. AIAPEC, 44, rue Dufour, 71000Macon, tél. : 06 11 03 07 56, http://iprd.type-pad.fr/aiapec/.

Puy-de-Dôme : Homo-toxicus,10 février à 20h30 à La Baie dessinges, à Cournon-d'Auvergne, pro-

jection du film de Carole Poliquin suivied'un débat animé par Attac 63, maison desassociations, 2, boulevard Trudaine, 63000Clermont-Ferrand, tél. : 04 73 90 84 46,http://local.attac.org/attac63.

Paris : l'engagement deshommes pour l'égalité dessexes, 11 au 13 février à l'audito-

rium de la Grande galerie de l'évolution,Muséum d'histoire naturelle, 36, rueGeoffroy-Saint-Hilaire, Paris 5e. Colloqueinternational coorganisé par l'INED etl'Institut Emilie du Châtelet, MNHN, CP 22,57, rue Cuvier, 75005 Paris, tél. : 01 40 7953 63.

Drôme : Avec les réfugiés cli-matiques, du 12 février au 30mai, exposition photo du collectif

Argos sur les régions où des déplacementsde population sont déjà en cours. Centre dupatrimoine arménien, 14, rue Louis-Gallet,26000 Valence, tél. : 04 75 80 13 00,www.patrimoinearmenien.org.

Bas-Rhin : bébé bio, 12 février à14h, à Sparsbach, Ecotidienne,Lydia Christmann, 15, rue Princi-

pale, 67370 Sparsbach, tél. : 03 88 89 20 83,www.ecotidienne.fr.

Epinal : Planet'Energy, 12 au15 février au centre de Congrès,120 exposants sur la maîtrise de

l'énergie et les énergies renouvelables.Promotex, www.planet-energy.fr.

Saône-et-Loire : arboriculturebio-dynamique, 13 et 14 févrierau domaine agricole de Saint-

Laurent, près de Cluny, formation d'appro-fondissement animée par Pierre Masson(conseiller en agriculture bio-dynamique) etFrédéric Cochet (arboriculteur profession-nel). Mouvement de culture bio-dynamique, 5,place de la Gare, 68000 Colmar, tél. : 03 2924 36 41, www.bio-dynamie.org.

Paris : pour l'égalité d'accès àla santé, 13 février à 14h30 à laMaison des associations, 8, rue

Renault, Paris 11e (M°Saint-Ambroise).Réunion publique organisée par la Ligue desdroits de l'Homme, Centre SolidaritéRoquette, 47/51 bis, rue de la Roquette,75011 Paris, tél. : 06 34 28 60 80.

Toulouse : le jardin desBruyères, 15 février à 20h30 auKiosk, projection d'un documentai-

re d'Hervé Dangla suivie d'un débat avecl'auteur. Histoire d'un quartier de Nantesavec 76 petites maisons individuelles démo-lies en 2009. Le kiosk, 3, rue EscoussièresArnaud Bernard, 31000 Toulouse, http://info-kiosques.net/kioskarnaudben.

Paris : consommation respon-sable et sobriété heureuse, 16février à 17h30 au Petit palais,

avenue Winston-Churchill, Paris 8e

(M°Champs-Elysées-Clemenceau) : la prisede conscience d'un nécessaire rapproche-ment entre lieux de production et lieuxd'achats, les circuits courts, le lien social, lerefus de la société de consommation, lesmonnaies solidaires, le recyclage, peuvent-ils s'articuler avec notre devoir de solidari-té internationale ? Inscription à l'avanceauprès de ARENE-Idf, 94 bis, avenue deSuffren, 75015 Paris, tél. : 01 53 85 61 75.

Lille : construire écolo, l'affai-re de tous ! 16 au 28 février, àl'Espace info énergie de la MRES,

23, rue Gosselet. Exposition du centre édu-cation nature du Houtland, sur dix ans dedémarche vers une vie écologique globale-ment saine. CENH, chemin de Rubrouck,59470 Wormhout, tél. : 03 28 65 76 00,www.centreeducationnaturewormhout.org.

Paris : la bourse ou la vie, 18février à 20h30 au café associatifLe Moulin à café, conférence-débat

avec Frédéric Lordon, chercheur au CNRS,auteur de La crise de trop. Le Moulin à café,9, place de la Garenne, 75014 Paris(M°Pernety ou Alésia).

Lyon : expédition de S!lence.18 et 19 février. Jeudi à partir de15h, repas bio et végétarien offert

à 20h30. Vendredi à partir de 9h30, repasde midi offert.

Bas-Rhin : initiation à l'ossatu-re bois, 19 février à 14h, àSparsbach, Ecotidienne, Lydia

Christmann, 15, rue Principale, 67370Sparsbach, tél. : 03 88 89 20 83, www.ecoti-dienne.fr.

Ille-et-Vilaine : les bases dujardin potager et fleuri, 20février, matin : bénévolat de jardi-

nage pour ceux qui veulent, l'après-midi :apprentissage et échanges. 12€, gratuitpour les bénévoles du matin, inscriptions au02 99 52 02 90, jardin bio à Guichen.Organisé par Culture Bio, 43, Rue de Fagues,35580 Guichen.

Namur : agriculture bio etchangement climatique, 24février, à l'auditorium du moulin de

Beez, colloque. Les défis face au change-ment climatique, la contribution de l'agri-culture aux émissions de gaz à effet deserre, la place de l'agriculture biologique, lestockage du carbone dans les sols, la ques-tion de l'élevage, l'efficacité énergétiqued'une ferme wallonne, les adaptationsnécessaires… Nature & Progrès, rue deDave, 520, B5100 Jambes, www.natpro.be.

Macon : Campesinos, histoired'une résistance, 24 février, salleGambetta, 25, rue Gambetta, film

de Sarah Pick et Fabien Lacoudre.Comment les luttes indiennes en Bolivie ontconduit Evo Morales à la présidence dupays. AIAPEC, 44, rue Dufour, 71000Macon, tél. : 06 11 03 07 56, http://iprd.type-pad.fr/aiapec/.

Toulouse : cantine associative,25 février à 20h au local de Friture,repas "autrement" proposé par l'as-

sociation PAZ. Friture, 22, place du Salin,31000 Toulouse, tél. : 09 54 62 04 01,www.friture.net.

Bas-Rhin : initiation à laconstruction en bottes depaille, 26 février à 14h, à

Sparsbach, Ecotidienne, Lydia Christmann,15, rue Principale, 67370 Sparsbach, tél. : 0388 89 20 83, www.ecotidienne.fr.

Lyon : Primevère, 26 au 28février à Eurexpo, salon-rencontresde l'écologie et des alternatives, 450

exposants dont 68 nouveaux, Thème de l'an-née : le prix de la gratuité. 120 conférences-débats, expositions (voir programme détailléen page 23). Zone de troc (vendredi : livres ;samedi : savoir-faire et habitat sain :dimanche : troc de graines). Primevère, 9, rueDumenge, 69317 Lyon cedex 04, tél. : 04 7472 89 90, primevere.salon.free.fr.

Bas-Rhin : autoconstruire samaison écologique, 27 février à10h, à Sparsbach, Ecotidienne,

Lydia Christmann, 15, rue Principale, 67370Sparsbach, tél. : 03 88 89 20 83, www.ecoti-dienne.fr.

Paris : pour la suppression duministère de l'Immigration etde l'identité nationale, 27

février à 15h, place de la Bourse (2e), mani-festation dans le cadre de la semaine anti-coloniale. Collectif anticolonial, www.antico-lonial.net.

Bouches-du-Rhône : art etnature, 27 et 28 février, 2 journéespour découvrir les imaginaires et

les arts à partir d'éléments naturels. LeLoubatas, , BP 16, 13860 Peyrolles, tél. : 0442 670 670, www.loubatas.org.

Vaucluse : prévenir et régulerles conflits, 27 et 28 février àGrambois, présentation et expéri-

mentation d'outils de régulation non-violen-te des conflits. IFMAN Méditerranée, Le PeyGros, 13490 Jouques, tél. : 04 42 67 66 40,www.ifman.fr.

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Page 34: 7 c ol g i e • a l t e r n a t i v e s • n o n 0 ,6 4 · 2012. 7. 9. · enjoignent, résistent… Les murs prennent alors le rôle qu’on veut bien leur faire jouer : social,

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Après l'échec — prévisible — du sommet de Copenhague,S!lence a interrogé Cyrielle den Hartigh, chargée decampagne “changements climatiques” chez les Amis de la Terre.

Mobilisation à poursuivre…

36 S!lence n°376 février 2010

Douche froide à Copenhague

S!lence : En quoi l'échec de la 15e conférencesur le climat à Copenhague est-il grave ?

Cyrielle den Hartigh : Dans la nuit du dernierjour de la conférence internationale de Copen-hague sur le climat, le 18 décembre 2009, aucunaccord n'a été signé par l'ensemble des 192 pays dela Convention cadre des Nations Unies pour lechangement climatique. En fin de journée, alorsque les négociations semblaient être embourbées,MM. Obama et Sarkozy ont assuré que « lemonde » s'était entendu sur un accord àCopenhague. En réalité, l'accord en question, trèsmaigre et sans aucun engagement chiffré, avait étérédigé par une poignée de pays qui ont cru pou-voir l'imposer au reste du monde avant même quecet accord n'ait été validé en plénière. Cet accordn'avait en réalité pas le soutien du reste de la com-munauté internationale. À 3h30 du matin, enfin deretour en plénière des Nations unies, plusieurspays en développement ont clamé haut et fort leurrefus d'un tel accord et ont dénoncé « un processustotalitaire et un manque de respect de la part despays industrialisés ».

Outre le fait qu'aucun accord n'ait été signépour combattre les changements climatiques à uneéchelle internationale, ces irrégularités dans la gou-vernance mondiale ébranlent le processus mêmedes négociations et le multilatéralisme jusqu'alorsplus ou moins en place. Et encore une fois, mal-heureusement, les chefs d'État nous font croirequ'un pas important a été fait. Que nenni ! Nousen sommes toujours au même point, et ne devonspas faiblir !

Par ailleurs, pendant la deuxième semaine desnégociations à Copenhague, les délégués des Amisde la Terre et de Via Campesina se sont vu refuserl'entrée du lieu des négociations... au nom dequoi ? Soit disant d'un problème d'organisation etd'un manque de places. Mais nous savons que cesdeux organisations sont celles parmi les ONGaccréditées qui ont les positions les plus radicales :refus du marché international du carbone, refusdes mécanismes de compensation et de toutes lesfausses solutions (nucléaire, capture et stockage ducarbone, agrocarburant, etc.). Ce manquement auxrègles de transparence et de démocratie est grave.Mais surtout, on constate que la remise en ques-

tion du système économique actuel est encore loinde faire l'unanimité. C'est pourtant de cela dontnous avons besoin si nous voulons avoir unechance de combattre les dérèglements climatiqueset voire appliquer la justice climatique ! Ce ne serapas en mettant en place un marché internationaldu carbone que seront réduites les émissions degaz à effet de serre. Nous l'avons déjà constaté surla marché du carbone européen. Mais surtout, lamise en place d'un tel marché risque de faire appa-raître de nouvelles dérives financières telles quenous venons de les traverser.

Que comptent faire les Amis de la Terremaintenant sur la question du climat ?

Nous continuons à agir au sein de la coalitionJustice climatique. (dont on peut suivre les débatsur www.justice-climatique.org)

Par ailleurs, nous continuerons à être très actifssur les mobilisations populaires. La voix du plusgrand nombre est encore nécessaire pour faire pres-sion sur les décideurs de ce monde, leur dire qu'ilsfont fausse route, et qu'ils sont seuls dans cettevoie ! La mobilisation ne doit pas s'arrêter en sibon chemin, et, pour cela, nous avons besoin detout le monde !

Que peut faire le citoyen pour agir en faveurdu climat ?

S'engager dans les associations qui travaillentsur le sujet du climat (en adhérent, en s'engageantbénévolement, en faisant un don, etc.) ! L'équilibredu climat planétaire et les populations les plus tou-chées par les changements climatiques ont plusbesoin de pressions populaires auprès des États etdes entreprises que dans les petits gestes de tousles jours. Par exemple : participer à une manifesta-tion de rue, une action symbolique ou une pétition.Il est bien sûr également important d'acquérir desgestes quotidiens d'économie d'énergie et de réduc-tion des consommations en général. Vous pouvezpar exemple trouver des pistes d'actions sur le loge-ment (www.renovation-ecologique.org) ou sur lesdéchets (www.produitspourlavie.org)

Entretien réalisé par Michel Bernard �

� Les Amis de la Terre, 2B, rueJules-Ferry, 93100 Montreuil, tél. : 01 48 51 18 95

� Tout savoir sur les mobilisations :www.dubruitpourleclimat.org.

D.R.

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DE L’AVIS UNANIME DES CYCLISTES QUIONT EU LE BONHEUR DE PARTICIPER AUX DEUX

manifestations, la cuvée 2009 de l’Altertour n’arien à envier à celle de 2008. Ces deux derniersétés, ils ont découvert d’autres chemins que celuidicté par une société imprégnée de compétition,motivée par le profit, la rentabilité, la croissanceéconomique, et ayant recours à tous les dopages.Limitée la première année au dopage agricole, laréflexion menée entre deux Altertours a permis dedénoncer d’autres secteurs d’activité touchés par cephénomène, tels que l’économie1, la productiond’énergie, les transports, les télécommunications.La presse régionale écrite et télévisée a propagé cemessage, en allant parfois plus loin2 : un reportagea notamment été suscité cet été par un communi-qué de presse des cyclistes sur les contrôles anti-dopage électromagnétique3.

Dans la micro-société sans dopage des ‘altercy-clistes’, l’absence de hiérarchie appelle un procédéde régulation efficace : le Cercle de parole4. La viecollective implique des tâches considérées commeaussi valorisantes les unes que les autres, aveccependant des retours d’effort plus ou moinsimmédiats, à court-terme : cuisine, gestion dumatériel, interventions en public, nettoyage ; àmoyen-terme : coordination avec les accueillants,

contact avec les médias, finalisation et fléchageéventuel du circuit ; à long-terme : rédaction decommuniqués et d’articles, tournage de séquencesfilmées. Entre deux Altertours, cette expériencepeut être transmise, comme par Geneviève deSaint-Hilaire (45) à un groupe d’adolescents,"encore émerveillée d’avoir pu transmettre à ces jeunesun peu de ce que l’Altertour lui a apporté, dont : êtreheureux dans la simplicité volontaire et le partage auquotidien".

TendancesL’année « altertouresque » se divise actuelle-

ment en trois périodes : neuf mois de gestation duprojet, un mois de réalisation, deux mois de fini-tions. Entre deux Altertours, l’aventure collectivecontinue… Beaucoup d’altercyclistes deviennentrécidivistes. Certains n’imaginent pas revenir sur letour sans avoir contribué à sa préparation. C’estainsi que ceux-là se retrouvent chaque moisquelque part en France, et organisent égalementdes réunions hebdomadaires sur Internet, pouraffiner progressivement le circuit qu’ils explore-ront, ainsi que le cadre logistique dans lequel ilsévolueront l’été suivant. Ils conçoivent à la fois lecontenu d’un événement d’un mois et demi, et lamanière de l’organiser. Car les options sont mul-

Roue libre

Ces deux derniers étés, lorsquel’Altertour enchaînait lesalternatives, l’attention descyclistes était surtout orientéevers l’action. Il s’agissait defaire connaître des initiatives

locales, tout en expérimentant une vie collective en décalage avecnos habitudes. Sur cet autre tour, on pratique en effet laconvivialité et la solidarité, sans distinction d’âge ou de positionsociale. On y découvre d’autres mode de vie, tels que la simplicitévolontaire ; on évolue sans "carapace à moteur" dans des paysagesvivants, en ne regardant plus seulement le monde à travers unpare-brise ou la lucarne d’un écran ; on y dialogue beaucoup. Pluslibre entre deux Altertours, la réflexion quitte la route, à l’heuredes bilans et de la préparation d’une prochaine édition.

Entre deuxAltertours, c’est encore de l’Altertour

37S!lence n°376 février 2010

1. S!lence n°368.

2. Revue de presse 2009 (55 pages) :http://altercampagne.free.fr/pages/2008/AlterTour/doc/Revue2Presse_AT2009.pdf

3. Voir la carte des résultats descontrôles anti-dopage électroma-gnétique par micro-ondes, réaliséspendant l’Altertour par Philippede Chambéry et cartographiésentre deux Altertours parNolwenn de Vannes. Une enquêtedu Monde a confirmé la présenced’antennes-relais dans des clochersd’église, avancée par les médecinsde l’Altertour 2009.

4. Chacun prend la parole à tour derôle, sans être interrompu. LeCercle de parole ne donne passeulement à chaque individu lapossibilité d’exprimer sa percep-tion d’une situation et de partici-per à la conduite du groupe, ill’entraîne aussi à contrôler sonimpulsivité.

Guillaume de Crop

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tiples en la matière, et l’absence de hiérarchie dansle groupe de coordinateurs ne signifie pas l’absenced’organisation. Des outils de partage d’informa-tions structurées sont mis en place, permettant àchacun de contribuer au projet en fonction de sesdisponibilités, et aussi parfois d’améliorer ses com-pétences en fonction des besoins. Du côté deshôtes, le niveau de satisfaction semble en définitiveêtre proportionnel à l’investissement dans la prépa-ration d’une manifestation locale à l’occasion dupassage des cyclistes. La réussite du projet peut

même conduire ensuite, comme à Domfront ouStrasbourg, à la création d’associations destinées àpromouvoir les alternatives locales, y comprisl’agriculture paysanne (AMAP)5. La tendanceactuelle est donc de démarrer de bonne heure lapréparation du tour, en y incluant de l’éducationpopulaire « en interne » pour une meilleureconnaissance et un partage possible des tâches.

Il y a de l’admiration entre les cyclistes et leurshôtes, d’où une émulation certaine. Les« accueillants » sont impressionnés par la perfor-mance sportive et la curiosité des cyclistes sur lesdomaines abordés lors des soirées-débats. L’enviede rouler sur le tour l’année suivante a même par-fois été exprimée, "à condition de trouver une per-sonne pour remplacer" au fournil ou aux champs.Réciproquement, les cyclistes les plus enthou-siastes changent entre deux Altertours de couleurde maillot : le vert devient le rouge des organisa-teurs locaux. Comme précédemment indiqué, cer-tains participent même l’année suivante àl’organisation nationale, tel Mathieu de Besançondevenu coordinateur de l’édition 2009. Cette ten-dance s’accentue pour la prochaine édition : descitoyens de Jersey, venus à la rencontre descyclistes en 2009, les invitent à une grande mani-festation publique qui réunira le 17 juillet 2010des membres de leur gouvernement et des respon-sables d’associations locales. Du côté des cyclistes,comme l’exprime Jean-Pierre, l’engagement endirection des alternatives peut aller jusqu’à "vivrebeaucoup plus en cohérence avec ses idées, à longueurd’année. Autrement dit, devenir à son tour révolution-naire (au sens: porteurs d’un projet alternatif)" pourne pas se limiter au rôle de témoin admiratif pen-dant un mois sur l’Altertour. L’idée d’organiser unAltertour continuel a même été suggérée. Lescyclistes consacreraient alors une partie de leurtemps libre sur le tour à préparer le circuit par-couru par d’autres, quelques mois plus tard : unschéma qui ajouterait une autre dimension à la soli-darité. Entre deux Altertours, ce serait alors tou-jours vraiment de l’Altertour.

Josiane Coelho et Dominique Béroule �

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Roue libre

5. A Domfront, voir Adèle et TanguyLaurent à La Touche, 61700Domfront. (http://www.yourte-souslespoiriers.com). AStrasbourg, prendre contact avecles CEMEA d'Alsace, Centres d’en-traînement aux méthodes d’éduca-tion active, 22, rue de la Broque,www.cemea-alsace.fr.

á Figure 2 : Projet de circuit 2010. L’Altertour partira de l’Ile-Saint-Denis (93), avec un Prologue àtravers Paris le 3 juillet après-midi avec des Vélorutionnaires de plusieurs nationalités. Après une spiraled’étapes en Ile-de-France, le circuit passera par la Sologne, Tours, Angers, Rennes, Saint-Malo avant dese rendre à Jersey pour un rendez-vous militant prévu le week-end des 17-18 juillet. Suivra une semaineen Bretagne, avant de traverser les régions Pays de Loire, Poitou-Charentes et Limousin, pour arriver les7-8 août sur le plateau de Millevaches et y installer un campement d’une semaine d’où rayonner alentour.Tout le long de ce circuit, les contrôles anti-dopage concerneront la progression artificielle du couple « béton-bitume » au détriment des surfaces cultivables et des espaces naturels.

Guillaume de Crop

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S!lence : Comment t'est venue la volonté demener des actions contre les trains dedéchets nucléaires ?

Cécile Lecomte : Lorsque je faisais une annéed'étude en Allemagne, le sujet est venu à moi parla presse. J'étais impressionnée par ces images oùl'on voyait des centaines de personnes assises surles rails et la route par des températures négativespour mettre des bâtons dans les roues au nucléaire.J'ai commencé à m'informer sur le sujet et prisconscience que les transports de déchets nucléairessont un maillon faible de la chaîne sur lequel il estpossible d'intervenir par l'action directe pour infor-mer l'opinion et réellement causer des problèmesau lobby. En Allemagne, un train de déchetsultimes n'atteindrait pas son but, si l'État ne met-tait pas plus de 20 000 policiers à disposition pourlui frayer un passage.

Comment s'organisent ces blocages ?

Il y a différents types d'actions, les plus cou-rantes ici sont des blocages de masse assis. Certainss'enchaînent aux rails. Cela demande déjà plus depréparation. Moi, ma spécialité, c'est les actions enhauteur au-dessus des parties non électrifiées de lavoie ferrée ou de la route : je tends une corde entredeux arbres et me suspends au milieu. Ou bien jedescends en rappel depuis un pont. Ces actionsont l'avantage d'être efficaces et je peux même lesfaire seule. C'est possible car je suis bien intégréedans le mouvement antinucléaire et sais que spon-tanément, des militant-e-s locaux vont venir mesoutenir, un autre envoyer un communiqué depresse et encore d'autres venir me chercher auposte de police. Avec moi, j'ai toujours au moinsun photographe de presse. La préparation en elle-même reste un secret entre grimpeurs.

Combien de trains as-tu bloqués ?

Six trains nucléaires ont jusqu'à présent dûfaire plus ou moins longtemps halte devant moi.Une fois cela a duré six heures et demie ! Je protes-tais contre l'extension de l'usine d'enrichissementet l'exportation d'uranium appauvri vers la Russie.Depuis, sous la pression publique générée par cesactions à répétition, la firme Urenco a renoncé àces transports.

Quelles sont les suites judiciaires et policières ?Elles sont multiples. La police a peur de

l'Ecureuille, alors dans chaque train nucléaire, il ya une équipe spéciale de policiers grimpeurs – aucas où. De plus, il m'arrive d'être arrêtée préventi-vement plusieurs jours avant le passage d'un train.On ne me reproche rien, il s'agit de prévenir le dan-ger... que je représente pour le train. La loi alle-mande sur les pouvoirs de la police le permet.Pourtant, d'un point de vu pénal, la situation estassez complexe. Le législateur n'a pas prévu lesmanifestations aériennes ! Récemment, j'ai étérelaxée par un tribunal. Au-dessus de 4,80 mètres,il n'y a pas de loi. Ce n'est plus la voie ferrée, alorson ne peut pas me mettre d'amende pour l'avoiroccupée. Le juge a dit que le train aurait pu passeren dessous, c'est la police qui l'a arrêté et non moi.Bien sûr, le procureur a fait appel.

Quelles différences vois-tu entre les mouve-ments antinucléaires allemand et français ?

Pour l'essentiel : la plus grosse différence est lastructure. Le mouvement allemand est très décen-tralisé, il n'y a pas de porte-parole ni d'organisationcomme Sortir du Nucléaire qui fédère tout. Cela cor-respond un peu à la structure des États respectifs.Les groupes allemands se forment selon les affini-tés politiques (libertaires, verts, etc.), les modesd'action préférés et les spécificités locales (groupesproches de sites nucléaires par exemple). L'actiondirecte et l'action de désobéissance civile sont icitrès développées et les différentes formes d'actioncohabitent. Il y a certes des tensions, mais pas descission. On part du principe que la résistance plu-rielle fait la force du mouvement. Lorsqu'un sabo-tage a lieu, les groupes qui préfèrent un autremode d'action se distancient rarement, ils se mon-trent plutôt solidaires et expliquent qu'ils compren-nent très bien le pourquoi de ces actions et que leresponsable c'est bien le nucléaire imposé à unepopulation qui n'en veut pas.

Entretien réalisé par Michel Bernard �

En Allemagne, Cécile Lecomte,surnommée l'Ecureuille, utiliseses talents d'escaladeuse pourbloquer les trains de déchetsradioactifs. Nous l'avonsrencontrée.

Quand unebloque les

écureuilletrains

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Nucléaire

aaa-West

aaa-West

á Blocage du 4 juin 2008 (pendantune heure et demie)

à Blocage du 16 janvier 2008(6 heures et demie)

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DionisosConstruire, planter. Le rêve de sa vie, c'était

d'avoir un bout de terre. Maintenant que le campe-ment va être régularisé en assentamento, Dionisosconquiert petit à petit la terre aride et l'autosubsis-tance. Le long du chemin, il a planté des arbustes,les uns pour donner des fruits, les autres simple-ment parce qu'il les aime.

Pas question d'utiliser des pesticides - qu'onappelle fort justement ''venin'' en brésilien - ou desengrais. Pour protéger ses cultures Dionisos a unproduit miracle, un purin de son invention qui faitle régal de son esprit curieux et le malheur de sesvoisins : ça pue terriblement !

Malgré les critiques, Dionisos n'a pas aban-donné, il essaie d'autres compositions et tâche deconvaincre ses détracteurs de ce dont il a l'intui-tion : il ne faut pas se servir de produit chimiqueindustriel, point barre. Ses expérimentations nes'arrêtent pas aux plantes : il est menuisier, char-pentier, il bricole des outils et des vélos, aménageson atelier, invente des machines.

C'est les yeux brillants qu'il nous raconte l'épo-pée de l'occupation des terres. La première fois, ilssont entrés à plusieurs centaines. L'occupation n'a

duré que quelques heures et ils ont dû reculer faceaux forces de l'ordre. Quand ils sont revenus, ilsétaient 2000. Des familles entières, femmesenceintes, enfants, grands pères. La police n'a rienpu faire. Dionisos raconte comment ils ont déplacéune voiture avec les policiers terrorisés à l'intérieur,ce qu'ils ont fait des armes dressées face à eux.« Plus il y avait de flics, plus c'était drôle. » Il répèteplusieurs fois d'un air gourmand : « Foi bom demais » - c'était trop bon. A l'entendre, on croirait àune plaisanterie d'étudiant ; on en oublierait queces hommes se présentaient la poitrine nue devantles flingues, devant la justice corrompue, lesmilices des propriétaires, des centaines d'années despoliation par les puissants. Le peuple insurgé, quireconquiert sa dignité, la faux à la main. Cetteoccupation-là s'est bien passée : pas de morts, pasd'arrestations. L'un des leaders, que nous avonsrencontré, nous explique qu'il se sent protégé à l'in-térieur du campement, « ils » ne viendront pas lechercher ici. J'ai du mal à le croire, j'ai peur poureux, pour leur vie, pour leurs rêves.

« Je fais confiance au MST. Jusqu'ici, les pro-messes ont été tenues, je n'ai pas été trompé. Mais siun jour je vois qu'on me ment... » Nous imaginons

En 1984, au Brésil, naissait le Mouvement des travailleursruraux sans terre (MST). Membre de Via Campesina, il a depuisétendu sa popularité à travers le monde mais reste fortementcriminalisé au Brésil. Alors que l'on vient de fêter les 25 ans dece mouvement, Silence vous propose de partir à la découvertede ses réalités de terrain à travers quelques portraits sensiblesextraits d'un reportage de Bertille Darragon.

Brésil : le mouvement dessans-terre fête ses 25 ans

40 S!lence n°376 février 2010

Portraits sensibles

� Retrouvez d'autres portraitsde militants rencontrés au Brésilà l'adresse suivante : http://dioni-sosetcetera.blogspot.com

� En France on peut se rensei-gner sur le MST en allant sur lesite http://amisdessansterre.blog-spot.com ou par Frères desHommes : www.fdh.org, 9 rue deSavoie, 75006 Paris, 01 55 4262 62.

D.R.

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la colère de Dionisos, à qui il a dû en coûter pourtout miser au sein du collectif, pour ne pas s'enremettre qu'à lui même et à sa force de travail. Je lerevois, sa stature puissante et ramassée se découpantsur le ciel, son visage rond qui raconte ses originesindigènes, la capuche de son sweat orange toutpropre rabattue sur la tête, qui lui donne un air ana-chronique d'adolescent de banlieue. « Jamais je nequitterai cette terre ». Nous regardons les étoiles s'al-lumer doucement à l'horizon.

Agostinho Le travail de ferme n'est qu'une partie de tous

les chantiers menés de front par Agostinho et safemme. Dans la modeste baraque au sol en terrebattue et au toit de tôle, c'est Agostinho lui-mêmequi a fait l'installation électrique et « à chaque foisqu'il allume la lumière, il s'émerveille de ne pass'être électrocuté » blague-t-il. Dans l'attente d'unhypothétique branchement au réseau, Agostinhos'est raccordé en pirate et savoir que l'Etat paie safacture le réjouit.

L'organisation de l'assentamento prend égale-ment du temps. La cuisine collective est encore trèsrudimentaire ; il faut creuser une fosse pour les toi-lettes. Un orage a détruit le toit de la salle informa-tique qui faisait l'orgueil des habitants deGabriela I (l'assentamento a pris le nom d'unefillette morte accidentellement pendant l'occupa-tion initiale). Le samedi, des mutirão (travail collec-tif) permettent de cultiver le potager commun et lejardin d'herbes médicinales. Quand nous étionsvenus la première fois, Claudionor et Marcos nousavaient montré les plantes une à une, avec fierté,nous offrant des feuilles inconnues à mastiquer. Etpuis, il y a la vie de l'assentamento : de longues dis-cussions pour prendre les décisions qui concer-nent la communauté, pour régler les problèmes etles conflits.

Pourtant, en plus de tout cela, Agostinho et safemme sont pleinement impliqués au MST. Ils vontrégulièrement suivre des sessions de formation

organisées par l'université des Sans Terre dansl'Etat de Sao Paulo ou ailleurs : sur des techniquesagricoles ou de construction, sur le marxisme, leféminisme... La formation de la base est au coeurdes ambitions du MST, et de ses réussites – nousverrons des paysans apparemment frustres s'échan-ger des volumes du Capital...

Le couple fait également partie de la ''brigade''artistique. Les militants peuvent s'impliquer dansl'un ou l'autre de ces groupes thématiques, trans-versaux aux assentamentos. La brigade artistiquevise à donner accès aux paysans à la culture et à lapratique de l'art, ainsi qu'à les utiliser à des finspolitiques. Agostinho s'est fait le spécialiste de''l'agit – prop'' (pour agitation propagande) : il écritdes opuscules, fait des interventions dans d'autresassentamentos et impulse des actions de rue.Théâtre de l'opprimé, musique, il fait feu de toutbois pour permettre aux activistes de communi-quer directement sur leur mouvement et leuraction en passant outre les grands médias. Le MSTpâtit en effet d'une criminalisation médiatique quile coupe d'une partie de l'opinion publique. ABrasilia, où siègent toutes les institutions de l'Etatfédéral, de telles actions de rue ne durent pas long-temps : « En quelques minutes, nous sommes cer-nés par la police. C'est très drôle ! » Agostinho, tonhumour te sauvera...

Après deux heures de travail, le champ ameilleure allure. « Allez, ça suffit. Tu vois, quandon est tous là, on fait comme ça : on travailleensemble le matin, on mange, on travaille encoreun peu l'après-midi, ensuite c'est la douche et cha-cun étudie jusqu'au soir. »

Sur le seuil de la maison commune, dans deshabits blancs tout propres, il donne un cours deguitare à son fils, lui apprenant patiemment lesaccords dans les derniers rayons obliques du soleil.Je pars. Bonne lutte camarade, qu'elle n'abîmejamais ton rire clair.

Bertille Darragon �

Portraits sensibles

41S!lence n°376 février 2010

Le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST)

Le MST se donne pour but l’or-ganisation et l’éducation (alpha-bétisation, formation politique etmilitante des jeunes et desadultes) des sans-terre, à traversdifférentes actions politiques :campements, occupations delatifundio, d’organismes publics,de multinationales, fauchage dechamps d’OGM, marches… Ilrepose sur des principes telsque : l'indépendance politique, laparité hommes/femmes, ladémocratie participative, lacoopération, la lutte pour laréforme agraire et les modes deproduction écologiques etsociaux. Il regroupe aujourd'huiun million et demi de personneset, à travers les actions d'occu-pation illégale de terres (acam-pamentos), plusieurs centainesde milliers de paysans ont déjàpu accéder à la terre (vivantdans des asentamentos, terresgérées collectivement). On esti-me que la surface conquise parses luttes est équivalente à 7millions d’hectares, deux fois lasuperficie du Danemark !

D.R.

Page 42: 7 c ol g i e • a l t e r n a t i v e s • n o n 0 ,6 4 · 2012. 7. 9. · enjoignent, résistent… Les murs prennent alors le rôle qu’on veut bien leur faire jouer : social,

Imbert Imbert est un musicienun peu à part dans le mondemusical français : chant etcontrebasse sont ses deuxcompagnons de route. Couvert de récompenses, ayant participéà plusieurs formations (dont Jim Murple Memorial), portantcrête et paillettes, il a, en 2007, sorti son premier album Débatde boue. Vous aurez certainement entendu d’une oreilledistraite le morceau éponyme. Entre noirceur, optimisme ettextes à fleur de peau, son premier album nous ballade dansdes univers intimes, crus et touchants qui peuvent choquer.Mais qui interpellent sans fioriture.

Imbert Imbert, débat debout

42 S!lence n°376 février 2010

Musique

Bouh ! - Sortie en Février 2010

Pour en savoir plus

www.myspace.com/imbertimbert

Débat de boue - 2007

AUJOURD’HUI, ALORS QU’IL PRÉPARE SONDEUXIÈME ALBUM, IMBERT IMBERT RÉPOND À

quelques unes de nos questions.

Ton univers musical est assez complexe, il estdifficile de cerner un style particulier.

J’ai été marqué par des maestros comme BrunoChevillon à la contrebasse et Benoît Delbecq aupiano arrangé. J’étais en pamoison devant ces musi-ciens. Et maintenant je cherche à revenir à mesdiverses influences, du punk au jazz et la musiqueimprovisée, synonyme de liberté musicale. Où rienn’est figé, tout est vivant.

Qu’essaies-tu de faire passer à travers tescompositions tant au niveau musique que destextes ?

J’ai été amené, étape par étape, à entamer une"carrière solo", après avoir joué avec Jim MurpleMemorial pendant un an.

A 30 ans, j’ai franchi ce pas, vivre du métierque j’avais choisi vers l’âge de 17 ans. Depuis, j’aipassé une grosse partie de mon temps à jouer de lacontrebasse, à lire, à pleurer sur notre sort… et jeme suis retrouvé à vouloir expurger ma colère. J’aiégalement participé à de nombreuses formations :des groupes de reprises, de rock, de la musiqueimprovisée, etc.

En formation groupe, composer c’est faire descompromis. Être en solo c’est ne pas faire ces com-promis, le rendu est très personnel. Mais, avant queje joue mes propres compositions, seul, je n’avaisjamais chanté de ma vie. La musique et l’écritureont fini par me ressembler, une course vers moi,pour en arriver à ce solo. Si ce travail peut servird’autres causes que la mienne, c’est tant mieux.

Comment as-tu découvert la revue S!lence ?

J’ai découvert S!lence il y a peu, quand David(le tourneur) m’en a glissé un exemplaire : le« meilleur magazine écologiste » d’après lui.

Je suivais déjà les actualités militantes, maisc’est à travers la revue que j’ai découvert que jen’étais pas seul ! C’est rassurant, même si ce n’estpas encore gagné, de se rendre compte de la déter-mination d’un grand nombre de personnes.

Quant à mon soutien à des causes militantes,certaines vont d’elles-mêmes. Pour les faucheurs(concert de soutien en août 2009), je n’avais jamaisparticipé à un fauchage, mais j’avais envie de sou-tenir et de participer à ma manière, d’où le concert.

De même pour le Réseau Sortir du nucléaire[auquel il a proposé un concert de soutien enfévrier 2009] pour lequel tout est dans le nom etauquel j’adhère totalement.

Quel lien fais-tu entre le fait d’être un artisteet celui d’être engagé ?

Jusque-là, j’avais peu de moyens pour soutenirdes mouvements. J’avais entendu parler desgroupes militants, mais j’avais peu de temps à yconsacrer.

Un soutien artistique est pour moi une formede soutien aux causes qui me tiennent à cœur.Même si celui-ci est minime, j’ai l’impression d’êtreutile.

Mes chansons parlent des choses du cœur, sansprise de parti, sans lignée. Mais si cela permet quele public rencontre les faucheurs… c’est gagné.

Je pense que peu de ceux qui apprécient meschansons « achètent » des 4x4, du moins je l’es-père. Dans mes concerts j’essaie d’être très clair surcertaines positions.

Après, au quotidien, cela me dérange de jouerdans des salles avec du gros son, des grosseslumières… j’ai joué une fois sur une petite installa-tion solaire.

Entretien réalisé par Jocelyn Peyret �

Anna Mano

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Antennes hostiles(…) J'ai été embauchée une semaine en octobre 2009 comme cuisinière parune entreprise sous-traitant la préparation de repas à l'Espace Malraux,établissement culturel public de Chambéry (Savoie) où nous travaillons autroisième étage, juste sous le toit. Arrivée en pleine santé, je me sens mal dès le premier soir : j'ai la tête lourdeet brouillée, des troubles de la stabilité, je souffre de névralgie (ce qui nem'arrive jamais). Je subis une pression constante sur les tempes à la limitedu supportable, j'ai la nausée avec mal au ventre et des bouffées de chaleur,envie de vomir, de pleurer. N'ayant pas une santé d'ordinaire fragile et étantd'un naturel plutôt joyeux, je me demande ce qui m'arrive. Le lendemainmatin, je constate que deux de mes collègues seplaignent de maux de tête et commencent leurjournée en prenant des cachets contre la douleur. J'en discute alors autour de moi. Des employés del'espace Malraux m'informent que "c'est normal,à cause de l'antenne de téléphonie mobile situéesur le toit juste au dessus de nos têtes" etappartenant à l'entreprise Bouygues Télécom. Ilsm'apprennent que ces symptômes sont récurrentssur toutes les personnes travaillant au troisièmeétage. De plus ils ont appris que les ouvriers deBouygues Télécom ont obligation, d'après leurentreprise, de couper l'alimentation de l'antennes'ils doivent effectuer des travaux proches decelle-ci durant plus de huit minutes, et ce pouréviter les effets indésirables sur la santé… Huitminutes… Qu'en est-il des 84 heures passées danscet environnement hostile pour notre équipe decuisiniers ? Et des travailleurs de l'EspaceMalraux qui oeuvrent dans ces locaux ? (…)Constatant cela, les employés de l'EspaceMalraux particulièrement sensibles à cettequestion n'arrivent pourtant pas à se faireentendre de leur direction ni de la mairie quisemble être en lien direct avec l'entreprise car lebâtiment est public. (…)Sophie DodelinIsère

Antennes relaisJ'ai lu avec intérêt votre numéro de novembre 2009. La brève sur l'antennerelais sise en face de l'école Gerson et à propos de laquelle Bouygues vientde gagner un procès contre des parents d'élèves a attiré mon attention. Jesuis le directeur de cette école !Contrairement à ce qui a été dit par certains parents à l'AFP (et qui a étérepris sans vérification par les autres médias - France Info ayant seulevérifié) la baisse des effectifs n'est pas aussi impressionnante que certainsl'annoncent. Nous avons 130 élèves au lieu de 143 attendus (-13) et pas 80au lieu de 157 (-77) comme déclaré par les parents les plus excités ! Parailleurs les familles qui sont parties ont pour la plupart rejoint l'école privéedu quartier qui a aussi une antenne de l'autre côté de la rue ! Benoît Armanddirecteur de l'école élémentaire Gerson, Lyonpartisan de la décroissance - sans portable !

43S!lence n°376 février 2010

Le "syndrome du Titanic" tétanise l'avenirDans son film "Le syndrome du Titanic", Nicolas Hulot improvise une théoriequ’il n’étaye ni ne développe, théorie selon laquelle les humains que noussommes sont pareils aux passagers du Titanic. Proposer une lecture du monde par le biais d’un syndrome du Titanic, c’estlimiter le problème à un syndrome d’aveuglement. Or l’Occident estaujourd’hui dans le déni quasi-total de ce qui s’est passé : nous avonsdépassé l’iceberg qui nous a percuté, le pic pétrolier qui signifie la fin touteproche de l’ère « pétrole » ! Oui, nous l’avons déjà percuté !Notre mode de pensée politique ne doit plus s’inscrire dans la prévision de lacatastrophe, mais dans une organisation post-catastrophe. Nous avons encorele temps « d’évacuer ». Le paquebot économie mondiale prend l’eau. Mais ilne coulera pas forcément très vite : les capitaines (gouvernants, patrons demultinationales) ont tout intérêt à le garder à flot car ils tirent leur pouvoirde la dépendance des populations qu’ils gouvernent. Pour tous les passagers,le paquebot a encore du sens : travailler pour un salaire, se nourrir, sechauffer, se véhiculer et vivre la société des loisirs et du confort. Ils n’ontaucun intérêt à quitter le navire. Lorsque ce sens disparaîtra, il resteraéventuellement l’armée pour contrôler tout le monde, le désespoir d’unepopulation totalement dépendante… et quelques passagers de premièreclasse, voguant sur le seul canot de sauvetage disponible ?La Terre n’est pas un paquebot : il est impossible de sauter de ce bateau,impossible d’espérer des secours… Si Nicolas Hulot avait plutôt la franchisede présenter le Titanic comme le symbole de notre système économique, alorsles spectateurs en viendraient peut-être à une envie toute simple : s’investirdans la construction d’un autre système, basé sur d’autres valeurs…Pourquoi ne pas quitter le bateau ? Or si Nicolas Hulot tétanise lesspectateurs, il joue le jeu des multinationales !Johann CharvelHaute-Normandie

"Contre le réchauffement climatique,donnez-nous des jardins et desespaces de débats."A Copenhague, la montagneaccoucha d'une souris.Notre atmosphère aurait besoin quele monde se débarrasse de lamarchandisation du monde, qui ad'avantage de responsabilités que lespeuples (même si chacune, chacunde nous a sa part à assumer).Il nous faut continuer de débattreaprès le sommet de Copenhague,face à la complexité des enjeux(remontée des famines, réfugiésclimatiques, santé, remplacement desforêts par des plantationsartificielles, fiscalité...)Pourquoi ne pas organiser desdébats sur nos lieux d'habitation ?Outre le fait que cela rejette moinsde gaz à effet de serre que d'aller enavion ou en voiture à Copenhague, ilfaut maintenir la pression populaireune fois passé le sommet.Au-delà des enjeux cités plus haut,se pose également la question de ladémocratie face à l'endoctrinementdes masses que constituent des filmscomme HOME de Yann Arthus-Bertrand (sponsorisé par de grossesfirmes, contribuant grandement à lacrise climatique). (…) Ce film faitpartie d'une vaste campagne quiessaie de nous faire tout accepter, aunom de la crise climatique. Malgrél'urgence à réagir face auréchauffement, nous ne pouvons pasaccepter le capitalisme vert, sesOGM, son agriculture intensive,encore moins les inégalités. Or, lefilm, s'il feint de s'apitoyer sur ladésertification, sur les famines quigangrènent notre monde, n'évoque

aucun mot sur les OGM, ni lesagrocarburants, que d'autresprésentent comme une solution auproblème qu'ils ont créé. Pas un motnon plus sur les luttes paysannesinternationales, ni sur lesalternatives (agroécologie, échangesinternationaux de semences commele fait Kokopelli). Et les quelqueshumains montrés dans HOME sontfilmés "de haut" (par avion ouhélicoptère). En regardant ce film,j'ai assisté à un reportage d'unprétendu savant qui observe d'autreshumains comme des animaux d'unlaboratoire. Quant au tonmiséricordieux et faussementcompassionnel qui domine tout dudébut à la fin, il doit nous mettresous nos gardes. Yann Arthus-Bertrand joue le même rôle que lesprêtres de l'église catholique, avantla révolution française de 1789,lorsqu'ils présentaient les inégalitéset les famines comme une fatalité.Les conséquences socialescalamiteuses, suite à lamondialisation marchande, nepeuvent être oubliées ni sacrifiéessur l'autel d'une écologiemystificatrice, qui enrôlerait lespeuples sous de fausses solutions, enles aliénant avec un nouvel opium.Et puis, la marchandisation dumonde, avec toutes ses crises, réduitla sécurité alimentaire. Il est plusqu'urgent de multiplier les jardins, àl'heure où les famines explosent dansles pays les moins nantis, pendantque les soupes populairesréapparaissent dans les pays qui seprétendent "avancés".Christian DavidRhône.

Vous pouvez nous envoyer des textes pour le courrier des lecteurssoit par courrier postal, soit en passant par le formulaire decontact qui se trouve sur le site de Silence : www.revuesilence.net. CourrierCombattre le sentiment d'impuissance

Le bonheur est dans l'oliveOn dit trop ce qui ne va pas, j'essaie d'évoluerautrement... Grâce à vous, à l'équipe, à vosabonnés, à votre petite annonce, je suis alléeen Italie découvrir la récolte des olives.Cette expérience m'a apporté un grosbonheur : partager la vie de Patricia etMarco et celle de quelques lecteurs deS!lence qui comme moi sont allés à Tatti enToscane.Une foule de petits bonheurs suffit pourparfumer la vie, il faut juste savoir lessentir…Monique MichelIsère

Ü Pause pendant lacueillette des olives D

.R.

D.R.

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livresSi vous ne disposez pas d’une librairie indépendante près de chez vous, vous pouvezcommander vos livres auprès de Quilombo. Une partie de la somme est reversée àS!lence. Il suffit de remplir sur papier libre, vos coordonnées, les ouvrages que voussouhaitez vous procurer, d’inscrire le montant des livres (notés sous les titres dechaque livre), de rajouter 10% du prix total pour les frais de port. Règlement parchèque (à l'ordre de Quilombo Projection). Renvoyez le tout à : Quilombo/Silence,23, rue Voltaire, 75011 Paris. Délai de livraison entre 10 et 15 jours.

Provo Amsterdam 1965-1967Yves FrémionEd. Nautilus2009 - 240 p. - 18 €

Initialement publiée en 1982,cette enquête sur le mouvementProvo est rééditée à un bonmoment. Alors que les livres semultiplient sur les "nouveauxmilitants", les jeunes et moinsjeunes lecteurs pourront (re)dé-couvrir que d'autres avant euxont été plus que créatifs pouramener sur la scène politiquedes sujets alors inédits : la condi-tion des femmes, l'écologie, la

démocratie directe… Ce mouvement qui aensuite sans doute influencé une partie desrévoltes de mai 1968, a su par des méthodesradicales provoquer dans Amsterdam desdébats politiques fondamentaux dontnombre d'actions pourraient être reprisesencore aujourd'hui. Les débats d'alors(faut-il ou non se présenter aux élections,où s'arrête la non-violence, comment éviterla hiérarchie dans un mouvement…) nousmontrent à l'évidence que si les générationsse renouvellent, les questions restent. YvesFrémion conclut l'ouvrage avec une présen-tation de ce que sont devenus les activistesd'alors (on en retrouve beaucoup chez lesVerts néerlandais). Passionnant. MB.

Sur les pas d'un maître jardinierClaude Bureaux, échange avec Nadia de Kermel, Ed. Rue de l'échiquier, collectionConversations écologiques2009 - 94 p. - 12 €

Dans cet excellent petit livre,Claude Bureaux évoque sa vie detravail au Jardin des Plantes(Paris 5e) dans un entretienvivant, illustré par quelques pho-tos et un plan des lieux regrou-pés en milieu de volume. Nousparcourons avec lui une remar-quable tranche d'histoire,mêlant avec gouaille la petite etla grande. On rit, on s'émerveille,

on apprend, et on médite souvent, toujoursautour d'anecdotes savoureuses : sur l'ex-pulsion progressive de la nature et du"risque" au profit du "propre" et du "sécuri-taire" (longtemps sur fond de pesticides),sur l'évolution du travail que, jeune appren-ti trop rapide, on lui apprit d'abord à ne pas"tuer", jusqu'à notre époque où "pour obte-nir une brouette neuve, ça relève de l'épreu-ve", sur la relation entre les savoir-faire etle savoir, de sa fréquentation passionnée des"maîtres" naturalistes qui l'ont formé, à saréserve polie devant l'indifférence affairéedes biologistes d'aujourd'hui... Mais,conclut-il, "rien n'est figé tant qu'il y a de lavie" ! MPN.

Daeninckx par DaeninckxThierry MaricourtEd. Le Cherche-Midi2009 - 312 p. - 17 €

Didier Daeninckx est un roman-cier atypique : il situe toujoursses histoires en lien avec uncontexte politique trouble :guerre d'Algérie, collaborationpendant la dernière guerre,dérives de l'extrême-droite,immigration… Cela donne à seslivres un côté réaliste percutant.Dans ce long entretien oùThierry Maricourt, autre écri-vain, s'efface presque totale-ment, Daeninckx raconte son parcoursd'origine populaire, entre anarchisme etcommunisme, comment il en est arrivé àécrire, et son besoin de lier son écriture aupolitique. C'est très bien écrit et cela s'avè-re passionnant. FV.

Moins de biens, plus de liens,la simplicité volontaire, unnouvel engagement socialEmeline de Bouveréd. Couleur livres (B Charleroi)2009 - 116 p. - 12 €

Après un tour d'horizon des "simplicitaires"présents en Belgique francophone et unquestionnement sur les liens avec d'autresmouvances (décroissance, altermondialis-me, slow, Sel…), l'auteure s'interroge sur cequ'une telle démarche a commeapproche de la notion de tempsde travail. Si l'échantillonmontre une recherche de dimi-nution du temps de travail avecdeux fois plus de temps partielque dans la population, une plusgrande implication dans lemonde associatif et politique,notamment écologique, la fai-blesse de l'échantillon (28réponses) rend les résultats peuexploitables. Les problématiques du livre,les témoignages sont intéressants, mais onne peut percevoir en quoi cela peut avoir uneinfluence sociale et politique. MB.

Sans blessures apparentesJean-Paul MariRobert Laffont2008 - 296p. - 20 €

"Matt double, triple les doses desomnifères, sombre mais seréveille immanquablement deuxheures plus tard, en hurlant deterreur, dévasté par le mêmecauchemar. Sous la douche,debout à sa fenêtre, au volant desa voiture ou en faisant l'amour,même les yeux grands ouverts,un flashback l'oblige à revivrecette scène qu'il a vécue.'Pourquoi est-ce que je suis

livres

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revenu vivant ? Pourquoi ?' ". Jean-Paul Maria été grand reporter et a couvert de nom-breuses zones de guerre. Marqué par ce qu'ila vu et vécu, il a voulu avec ce livre mener l'en-quête sur ces traumatismes de guerre, cesmutilations invisibles que la guerre engendre.Aujourd'hui un vétéran sur trois souffre denévroses post-traumatiques. Les anciensd'Irak ou d'Afghanistan se suicident au ryth-me de cent vingt par semaine. Pas des gueulescassées, des âmes brisées. Mêlant ses expé-riences au Liban et ailleurs à des témoignagesd'anciens reporters ou soldats en Irak,Rwanda, Bosnie, l'auteur explore et cherche àcomprendre les arcanes de l'âme humaine, etmontre au passage comment on transforme"de bons garçons de vingt ans en assassinsprofessionnels" et en futures épaves. La guer-re ne tue pas seulement : elle laisse aussi sur-vivre. A lire cet ouvrage, on se demande si cen'est pas parfois le pire… GG.

Hors série “Photos”CQFD, BP 70054, 13192 Marseille cedex 202009 - 48 p. - 6 €

Quand l’équipe de la revue CQFDréalise un numéro spécial photo,on est loin des Unes Gore Trash etagressives du journal marseillaisqui a la dent dure contre le capi-talisme et donne des solutionsmarginales pour échapper au tra-vail. Là c’est du lourd avec desgrands noms de la photographie :Antoine d’Agata, des outsiders de

la pellicule sociale comme Patxi qui sort éga-lement en décembre 2009 un livre sur les por-traits de la guerre d’Espagne, ou YohanneLamoulère qui travaille de concert avec JeanBernard Pouy pour les textes. Les collectifs nesont pas en reste, celui de Sub propose des cli-chés ébouriffants de l’Argentine, et ActiveStills des images accusatrices d’Israël. Oncherche ce qui réunit ces photographes danscet album : j’avoue, on ne trouve pas. Maisc’est beau comme une révolution zapatiste au1er janvier. CG.

Vous avez dit schkrounk ?Paul HanimeMRJC, 103, rue d'Amiens, 62008 Arras2009 - 15 € pour les salariés,10 € pour les petits budgets

Et si le schkrounk venait à man-quer ? Le financier, le scientifik, le

religieux proposent chacun leurs solutions !Quant au Poulitik, il reste un peu désemparé.Une prise de conscience soudaine va lesentraîner sur la voie de la simplicité volontai-re… Ce remarquable petit livre réalisé à par-tir de photos d'objets recyclés finement retra-vaillées à l'ordinateur, nous montre que selonl'approche du monde que l'on a, on ne pensepas aux mêmes solutions. Cet ouvrage est néd'un collectif de jeunes réunis au sein d'uneassociation locale Abri&co dont la devise est"pas de chichis et bout de ficelle". Pour lespetits comme les plus grands. FV.

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positif est posé sur tous ces sujets, avec desoutils de communication ou d’organisationqui aident à rester réalistes et à devenir plussolides. Entre facteurs culturels etcontraintes matérielles, diversité humaine etproblèmes organisationnels, cohabiter estune aventure qui ne s’improvise pas. Ce livrey aidera. GG

Romans

Les ruines de la future maisonHélène DassavrayEd. A plus d'un titre2008 - 118 p. - 12,50 €

Dans ce petit roman vivementécrit, une femme raconte sa viepassée à un homme qu'elle vientde rencontrer. Elle a longtempsvécu en "smala" dans un campe-ment de bric et de broc, avec troishommes, deux anciens amants etle plus récent, tous trois destinésà "rester dans son cœur", ainsiqu'avec les enfants nés de cesrelations. Dans un style léger ethumoristique, elle nous décrit plusieursannées de bohème parfois difficile à vivre surlesquelles, alors qu'elle en est sortie, elleporte un regard amusé, avec de raresmoments dramatiques, toujours euphémisés,et très peu d'évaluation, en dehors de brèvesleçons de sagesse intemporelle, s'il en est. Onpeut lire ce livre à l'instinct, en épousant lavoix de la narratrice, et, pour d'autres lec-teurs, il donnera matière à méditer sur undestin féminin... MPN.

B. D.

HP, l'asile d'aliénésLisa MandelEd. L'association2009 - 48 p. - 13€

Recueil d'anecdotes du milieupsychiatrique dans les années1968 à 1973. Avec un dessinpresqu'enfantin, des histoiresvraies toutes plus horribles lesunes que les autres. Le pire c'est qu'elles sontauthentiques. Un style de BD réaliste parfai-tement réussi. Même si c'est dur à digérer, onattend la suite… FV.

Himalaya VaudouFred Bernard et Jean-Marc RochetteEd. Glénat2009 - 112 p. - 19€

Le père Noël est un sorcier afri-cain qui en a marre des politiquesà court terme de nos dirigeants.Alors, usant du vaudou, il lestransforme un à un en animauxpour leur rappeler qu'ils font par-tie de la nature. Trois journa-listes, un qui ressemble à PPDA,un deuxième à Nicolas Hulot, ledernier sorti d'une émission de

La domination masculinePatrick Jean, Elzévir films/Black Moonwww.ladominationmasculine.net2009 - 1h43

Ce film qui aborde de front la question du sexisme et du patriarcat permet d'apporter aux analyses qu'on peut lire

sur le sujet des images qui font mouche.Impossible de fermer les yeux sur la réalité desdiscours sexistes banalisés, des violencesconjugales, de la femme-objet en voyant cesimages. On aimerait qu'elles soient vues large-ment. Là où le jeu est à double tranchant, c'estqu'à force d'insister sur des exemples mar-quants tels que des témoignages de femmesvictimes de violence conjugale ou survivantes

d'un massacre anti-femmes qui a eu lieu au Québec en 1989, le pro-pos risque de se retourner contre son intention : avec un minimum demauvaise foi, n'importe quel spectateur masculin qui n'a jamais étéauteur de violences conjugales proprement dites pourra ne pas se sen-tir concerné par le propos. Il aurait été utile aussi de montrer lamicro-domination qui vient se nicher dans les relations quotidiennes,les usages de la parole, etc. Ce film constitue néanmoins un bon outilpour sensibiliser le grand public à ces problématiques. C'est suffisam-ment rare pour être apprécié. GG.

livresle film

du m

ois

No pasaran !Portraits de combattant-e-s de l’Espagne républicaineFrancis BlaiseEd. L’Atinoir / Contre-Faits2009 - 119 p. - 10 €

Photographe et collaborateurde S!lence, Francis Blaise estallé rencontrer en 2005-2006quelques-un-e-s de celles et ceuxqui prirent part aux combats del’Espagne républicaine entre1936 et 1939. Pour chaque ren-contre, un portrait photogra-phique couleur mis en faced’une phrase tirée d’un entre-tien. Puis une très brève chrono-

logie de la vie et l’engagement de cette per-sonne. Le tout dans le plus grand dépouil-lement. Le livre est entièrement bilinguefranco-espagnol et en format « poche ». GG

Vive Le FeuAffable chronique des tempssarkoziques

Sébastien FontenelleLe Chien Rouge2009 - 170 p. - 10 €

Ecoutez C’est Pas CompliquéC’est le Dernier ChroniqueurQui M’ Essore de Rire : Voilà legenre de titre que n’hésite pas àdonner vertueusement l’auteurd’un blog à succès sur Politis,(avant sur Bakchich.com) etaccessoirement dans CQFD

magazine. Sébastien Fontenelle emploie

une langue riche et chiche (du dictionnairemême), verte (mais pas écolo compatible),profondément anti-Finky&Val ; bref et suc-cinctement il se fait un observateur (pasromano) des médias et à la vitesse d’uneglissade sur une peau de banane au chlor-décone, envoie des tartes pas toujours cré-meuses aux méchants de ce monde tropinjuste. Le Chien Rouge a rassemblé unesélection de ces textes pour la plus grandejoie des cul terreux bougnats anarcho-syn-dicalistes et des manchots maoïstes bouf-feurs d’Hortefeux, ça va de soi. "Tu vast’érudir velu, j’te l’annonce !" éructe leFontenelle. CG.

Cohabiter pour vivre mieuxMarthe Marandola et Geneviève LefebvreEd. J.-C. Lattès2009 - 233 p. - 17 €

Nombreuses sont les personnesqui cherchent à partager leurespace de vie, diverses sont lesmotivations pour cela, et mul-tiples les moyens pour le faire :écovillage, immeuble coopératif,colocation, maison partagée…C’est dans ce fleuve qu’aimentse baigner les deux auteures dece livre, elles-mêmes partageantun lieu de vie et accompagnantdes démarches collectives. Ellesabordent ici l’ensemble des questions qui sepose à un groupe ou à des personnes vivantou cherchant à vivre dans une forme ou uneautre d‘habitat partagé : aspects fonciers etjuridiques, humains (valeurs, projets, dyna-mique de groupe, conflits), économiques…Surtout, un regard résolument humain et

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télé-réalité, sont envoyés dans l'Himalayapour essayer de l'interviewer. Une fablecontemporaine qui nous alerte une nouvel-le fois sur l'importance de la crise écolo-gique actuelle, sur l'hypocrisie des puissantset qui propose dans sa chute grandiose unesuite à l'effondrement de notre monde. Onrit jaune de ce scénario original renforcépar une grande maîtrise de la mise en page.MB.

A l'ombre du mondeMarc VliegerEd. Delcourt / collection Mirages2009 - 112 p. - 14,95€

Joseph a fui la civilisation de lamachine et vit retiré dans uneforêt. Mais le maire de la com-mune a des projets grandioses.Deux jeunes ouvriers qui vont depetits boulots en petites galères,vont intervenir dans l'histoirepour les beaux yeux de Lyse, laseule à rendre visite à Joseph.L'histoire d'un coin de cam-

pagne rattrapé par la "croissance" écono-mique, celle qui au nom du profit détruit leshumains. La technique narrative fait mon-ter l'émotion jusqu'à l'affrontement final.Une réussite. MB.

Le fantôme du commandantCousteauIsaEd. Fluide Glacial2009 - 48 p. - 9,95€

Avec ses reportages, le comman-dant Cousteau a favorisé l'émer-gence d'une conscience écolo-gique. Mort, il continue sonaction sous forme d'un fantô-me… avec plus ou moins de suc-cès tant la dessinatrice Isa n'hé-site pas à le mettre dans dessituations abracadabrantesques.Yann-Arthus Bertrand n'a plus

qu'à bien se tenir ! FV.

Les petits adieuxMagda et MarvanoEd. Le Lombard / collection Signé2009 - 72 p. - 15,50 €

Mère célibataire, Christine veutse lancer dans l'écriture d'unroman. Le soir, volontaire dansun réseau d'écoute téléphonique,en écoutant l'histoire d'uneappelante, elle s'interroge sur lamanière d'aborder une histoire.Et progressivement, cela l'inter-roge sur sa vie actuelle, sur l'ab-sence de sa fille aînée et sur la

rencontre avec un des anciens amoureux. Al'arrivée une terrible histoire qui se révèleprogressivement et qui poursuit le lecteur, lalectrice pendant longtemps. Une BD d'unefinesse et d'une force incroyable. MB.

Enquête au paradisRené PétillonEd. Dargaud2009 - 48 p. - 13,50 €

Jack Palmer, détective, prendune photo d'un mari infidèle quidissimule son argent dans unebanque du Bürgenzell, principau-té nichée dans les Alpes. Mais il prend aussien photo un "déposant" qui n'apprécie pas.Avec son talent habituel, Pétillon nousentraîne alors dans un imbroglio financier etmaffieux dont la famille princière aura biendu mal à se sortir. Après l'Enquête Corse etL'affaire du voile, une nouvelle réussitepour ce grand de la comédie dessinée. FV.

En chemin, elle rencontre…coordonné par Marie MoinardEd. Des Ronds dans l'O (Vincennes)2009 - 96 p. - 18,50 €

Trente artistes ont accepté, dansdes styles différents, de partici-per à cet ouvrage qui dénonce lesviolences faites aux femmes. Unlivre vendu en soutien à la com-mission femmes d'Amnestyinternational France où œuvreMarie Moinard qui y raconte,avec beaucoup de courage, sapropre histoire. Une BD pourbriser le silence sur un sujet dont l'ampleurest de plus en plus visible dans nos sociétés.Motivant. MB.

Musique

Chansons biodynamitesLes SouricieusesLa Pérouse, 01310 Montracolwww.souricieuses.com2009 - 6 titres

Ces trois souris vertes à la voixhaut perchée et à l’attirailacoustique ambulant nouslivrent une musique qui tient dunuméro de cabaret joyeux etbrouillon. Dans ce pamphletécolo qui refuse de se prendre ausérieux, rien n’est oublié : dès le départ, leplastique, le 4x4 et la télé passent un mau-vais quart d’heure avec Tape-la pas ta pla-nète. Puis s’enchaînent un éloge des zonesde gratuité (Troc fontaine), une ode iro-nique au nucléaire (L’interrupteur), unhymne antipublicitaire (Pub en pages), unecomédie musicale sur la malbouffe(Cochonneries pour cochonnailles), et unhommage à la bicyclette qui tourne auvinaigre (C’est si charmant…). Et en pluselles y croient : pour se procurer leurdisque, les Souricieuses vous proposent eneffet de faire du troc en leur envoyant unobjet de votre choix, gâteau fait maison,écharpe tricotée main, livre préféré oudisque pas vu à la télé. GG

Nous avons également reçu...� Dieu en personne, Marc-Antoine Mathieu, éd.Delcourt, 2009, 124 p. 17,50 €. BD. Dieu revient surTerre. Après une vague religieuse sans précédent, lemonde reprend vie… avec des tas de procès à la clé :tout le malheur du monde n'est-il pas de la faute de cedieu ? Celui-ci, avec son agence de communication, vaessayer de s'en sortir. Agréable fable contemporaine. � Le Maroc de Mohammed VI, Pierre Vermeren,éd. La Découverte, 2009, 320 p. 22 €. Après dix ansde règne, l'économie va mieux, mais la démocratie n'aguère évolué. L'aristocratie maintient la mainmisesur le pays, malgré une tentative de renouvellementde son image.� Les graines germées de A à Z, Carole DougaudChavannes, éd. Jouvence, 2009, 244 p. 22,50 €.Intérêt de la germination, les plantes que l'on peututiliser et des recettes.� Un mur en Palestine, René Backmann, éd.FolioActuel, 2009, 330 p. 20 €. Comment Israël jus-tifie la construction d'un mur qui s'avère plus un obs-tacle à la paix qu'aux attaques terroristes.� Et si on s'arrêtait un peu de manger ? BernardClavière, éd. Nature et partage (Gironde), 2009,250 p. 19,50 €. Le jeûne à l'eau ou d'une autremanière est un excellent remède dans un monde oùnombre de nos maux proviennent de la sur-bouffe.Plein d'infos sur le sujet.� Notre mère la guerre, Kris et Maël, éd.Futuropolis, 2009, 64 p. 16 €. Sur le front, pendantla première guerre mondiale, trois femmes sontretrouvées assassinées dans les tranchées. Un gen-darme mène l'enquête… sur fond d'horreur. Si le des-sin de cette BD est parfaitement réaliste rendant bienl'horreur de la situation, il est quand même difficilede renouveler le genre.� L'enseignement de Soweto, Christophe Hutin,Patrice Goulet, éd. Actes sud, 2009, 104 p. 22 €.Lorsqu'une population est pauvre, il faut être enmesure de proposer des maisons peu coûteuses. Unprogramme de l'ANC au pouvoir en Afrique du Sudfavorise la mise en place de maisons en briques deterre crue et toit en tôle : les maisons — sommaires— sont construites en très peu de temps. Les auteursse sont inspirés de cette approche pour fabriquer icides maisons "opportunistes" tenant compte du paysa-ge et des ressources locales. � L'économie au service des gens, Yves deWasseige, Francis de Walque, éd. Couleur livres (B-Charleroi), 2009, 160 p. 16 €. Large rappel trèspédagogique des théories économiques. Quelquesamorces pour aller vers une autre économie, sansouverture vers la décroissance.� Le feu d'artifice d'Albert Dehosay, pionnier del'écologie radicale, éd. asbl Vivre…S, placeCardinal Mercier, 16, B4102 Seraing, tél : 04 33660 17. Ecrits d'un dissident des organisations com-munistes qui dès la fin des années 1950 a senti venirl'importance des questions écologiques.�Georges Rousse, photo Poche, Actes Sud, 144 p.12,80 €. Ce maître de l'illusion publie un recueil dephotos de ses installations plus troublantes les unesque les autres. � Magasin général, tome 5 : Montréal, RégisLoisel et Jean-Louis Tripp, éd. Casterman, 2009,72 p. 14 €. Partis pour faire ensemble trois tomes,les auteurs qui scénarisent et dessinent cette BD tousles deux, continuent à nous ravir avec cette histoired'un village québécois dans les années 1920.Personnages hauts en couleur dans une sociétépresque autarcique… sauf quand Marie qui tient lemagasin général décide de partir à la ville. Succulent.�Alerte sur Fangataufa, Philippe Geluck et Devig,éd. Casterman, 2009, 48 p. 12 €. Le père du "Chat"s'exerce ici dans un autre domaine : une parodie desaventures de Tintin : Scott Leblanc, qui interviewe lescélébrités sur leur animal favori se retrouve emportédans une histoire de savants fous au moment où laFrance va tester pour la première fois une bombe ato-mique sur l'atoll de Fangataufa (voisin de Moruroaen Polynésie).

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livres

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Mimmo Puccarelli

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