66 Jours Pour Acquerir Un Reflexe

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Goodbye Bégaiement, conseils pour en sortir Un peu d'aide pour les adultes et enfants qui bégayent Affichage des messages dont le libellé est Techniques et méthodes. Afficher tous les messages Affichage des messages dont le libellé est Techniques et méthodes. Afficher tous les messages 30 sept. 2009 66 jours pour changer Juste après avoir publié mon billet « ne vous découragez pas ! » sur la longueur de tout apprentissage, les rechutes inévitables et l’importance de persévérer, je suis tombé sur une étude sur le temps nécessaire pour qu’un nouveau comportement devienne automatique et se transforme en habitude. En clair, si vous avez décidé de faire un exercice d’articulation ou de yoga chaque matin ou bien si vous avez pris la résolution de vous exercer chaque jour à passer un appel téléphonique ou bien encore de ne pas perdre le contact visuel avec votre interlocuteur lorsque vous bégayez, quel temps cela vous prendra-t-il pour le faire naturellement et automatiquement ? Jusqu’ici, il n’y avait pas vraiment de référence sur ce sujet. La seule connue était celle d’un certain Dr Maxwell Maltz, chirurgien esthétique, qui avait noté que ses patients amputés mettaient en moyenne 21 jours pour s’adapter à la perte de leur membre. Comme le note avec humour l’auteur du post : « à moins que vous envisagiez de vous scier un bras dans les prochains jours, cette information ne vous sera pas forcément utile...» L’étude qui fait l’objet du post est plus intéressante. Elle a été publiée dans l’European Journal of Social Psychology. Phillippa Lally et ses collègues de l’University College London ont suivi 96

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Goodbye Bégaiement, conseils pour en sortir

Un peu d'aide pour les adultes et enfants qui bégayent

Affichage des messages dont le libellé est Techniques et méthodes. Afficher tous les messages Affichage des messages dont le libellé est Techniques et méthodes. Afficher tous les messages

30 sept. 2009

66 jours pour changer

Juste après avoir publié mon billet « ne vous découragez pas ! » sur la longueur de tout apprentissage, les rechutes inévitables et l’importance de persévérer, je suis tombé sur une étude sur le temps nécessaire pour qu’un nouveau comportement devienne automatique et se transforme en habitude.

En clair, si vous avez décidé de faire un exercice d’articulation ou de yoga chaque matin ou bien si vous avez pris la résolution de vous exercer chaque jour à passer un appel téléphonique ou bien encore de ne pas perdre le contact visuel avec votre interlocuteur lorsque vous bégayez, quel temps cela vous prendra-t-il pour le faire naturellement et automatiquement ?

Jusqu’ici, il n’y avait pas vraiment de référence sur ce sujet. La seule connue était celle d’un certain Dr Maxwell Maltz, chirurgien esthétique, qui avait noté que ses patients amputés mettaient en moyenne 21 jours pour s’adapter à la perte de leur membre. Comme le note avec humour l’auteur du post : « à moins que vous envisagiez de vous scier un bras dans les prochains jours, cette information ne vous sera pas forcément utile...»

L’étude qui fait l’objet du post est plus intéressante. Elle a été publiée dans l’European Journal of Social Psychology. Phillippa Lally et ses collègues de l’University College London ont suivi 96 personnes qui avaient decidé de prendre une bonne résolution telle que de manger un fruit au déjeuner ou de faire un footing de 15 minutes chaque jour.

Et ça confirme ce que nous savons tous. D’une part, plus vous répéterez régulièrement un comportement, plus celui-ci aura tendance à s’automatiser et d’autre part, ça ne se fait pas en 3 jours… Mais ce qui est intéressant, c’est que cette étude a permis de déterminer le temps moyen nécessaire pour former une habitude. Et ce temps moyen est de - roulements de tambour......... suspense...... (enfin pas tant que ça puisque la réponse est dans le titre de mon post)...... - 66 jours !

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Bien sûr, c’est une moyenne et tout dépend de votre motivation et de la complexité du comportement que vous souhaitez acquérir. Mais enfin, si vous avez décidé de faire un exercice de respiration abdominale chaque matin ou d’utiliser le bégaiement volontaire au moins trois fois par jour, sachez qu’il vous faudra le faire pendant au moins deux mois avant de vous décourager et de dire que ça ne marche pas !

La bonne nouvelle est que si vous oubliez une fois votre bonne résolution, cela n’aura pas d’impact sur la formation de l’habitude. Vous avez donc un droit à l’oubli ou à une petite incartade de temps en temps !

Reste maintenant à choisir sa résolution. J’ai calculé : 66 jours cela nous mène au 5 décembre. On prend rendez-vous ?

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Libellés : Techniques et méthodes

25 sept. 2009

Ne vous découragez pas !

Après plusieurs tentatives infructueuses,>vous avez enfin trouvé une méthode ou thérapie qui vous convient. Vos séances chez l’orthophoniste ou votre stage se sont terminés avec succès et votre parole s’est libérée. Vous tenez des conversations, effectuez des démarches auprès d’étrangers. Vos parents et vos proches n’en reviennent pas.Vous êtes transformé et ressentez un sentiment nouveau de puissance et d’invincibilité. Pour la première fois, vous prenez du plaisir à communiquer. La parole vous semble facile, évidente et vous pensez que le déclic tant attendu s’est enfin produit. Vous pensez que votre bégaiement est vaincu et que vous avez enfin trouvé et parfaitement assimilé le moyen de vous exprimer. Cela dure quelques jours, parfois quelques semaines…

Et puis, quelques accrochages réapparaissent, quelques ratés dans le moteur qui tourne un peu moins rond, une fêlure légère mais suffisante pour que le doute recommence à s’insinuer. Vous perdez confiance dans la méthode apprise, vous l’appliquez un peu moins et peu à peu vos anciens réflexes resurgissent. Quelques évitements de mots ou de prise de parole, quelques bouffées de stress et… Patatras ! C’est la rechute. Après une histoire que vous n’avez pas pu raconter, une démarche ou un coup de téléphone, vous avez le sentiment qu’une vague brutale vous a violemment ramené à votre point de départ. Vous le vivez extrêmement mal et la désillusion est cruelle, à la

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hauteur de l’euphorie qui vous avait gagné les jours précédents. La fluidité s’en est allée, où a-t-elle bien pu se cacher ?

Pas de panique : c’est normal ! Je vais vous expliquer pourquoi...

Dans le traitement du bégaiement, rien n’est plus commun que de croire que la fluidité acquise durant des séances thérapeutiques ou un stage intensif durera sans continuer à travailler. Le problème de la rechute est un problème crucial dans le traitement du bégaiement. Comme certains thérapeutes le soulignent, avec un brin de provocation : « ce n’est pas très compliqué de rendre un bègue fluide, le problème c’est de maintenir cette fluidité. »

Sénèque, qui détient une certaine crédibilité en terme de philosophie de vie, écrivait que les obstacles sont inévitables et qu’il faut s’y préparer. C’est là que réside la clef. Si vous pensez que votre guérison sera un long tapis de fleurs, vous vous trompez.

Il ne faut pas être démotivé par des échecs ou rechutes qui arrivent inévitablement. Dans son livre « la semaine de 4 heures », Timothy Ferriss consacre tout un chapitre à la prise de risque et à la nécessité d’agir pour avancer et atteindre ses buts. Il cite notamment cette phrase de Thomas J. Watson, fondateur d’IBM : « La recette du succès : doubler son taux d’échec ! »

Autre citation particulièrement intéressante de David Burns : «N’abandonnez jamais votre droit à l’erreur, car vous perdriez la capacité d’apprendre des choses nouvelles et d’avancer dans la vie.»

Apprendre une technique ou se fixer un objectif (par exemple, arrêter de cacher mon bégaiement et de recourir à des subterfuges pour éviter de bégayer) demandent peu de temps, il est beaucoup plus long de changer ses comportements, pensées et réflexes appris.

Il faut donc accepter que votre « guérison » prenne du temps et surtout ne pas vous laisser abattre par l’échec. Tous vos apprentissages se sont fait ainsi. Est-ce qu’on empêcherait d’apprendre un enfant à marcher ou à faire du vélo parce qu’il est tombé plusieurs fois ? Non bien sûr, il faudrait être fou !

Le bégaiement est ancré en vous depuis de longues années. Il ne partira pas en quelques semaines ou même quelques mois. Il faut donc vous préparer à l’échec, si vous voulez l’affronter avec sérénité. Faites en une expérience positive : pourquoi me suis-je planté, qu’ai-je fait ou pas fait, quelles étaient mes pensées, comment ai-je réagi, ai-je utilisé les techniques que j’ai apprises, si non pourquoi ?

Il y a quelques années j’ai voulu apprendre à jongler avec trois balles. Cela m’a pris des semaines, beaucoup d’énervement et des centaines (des milliers ?) de tentatives (heureusement que je ne m’exerçais pas avec des couteaux ou des torches enflammées, j’aurais aujourd’hui la tête de Nikki Lauda).

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J’aurais pu abandonner, ranger mes balles et aujourd’hui je ne saurais toujours pas jongler. Pas très important, me direz-vous. Certes… Mais persévérer dans cet apprentissage futile m’a donné confiance en moi. Au début, donc, je n’y arrivais vraiment pas. Les balles partaient dans tous les sens. A un moment, je pensais même que je n’étais pas apte physiquement pour accomplir cet exercice, que je n’y arriverais jamais (ça ne vous rappelle rien ?). Et puis un jour, j’ai réussi à jongler cinq secondes sans que les balles tombent, puis un peu plus longtemps… Au fur et à mesure, les balles tombaient de moins en moins souvent, jusqu’au jour où j’ai commencé à enchaîner les gestes sans y penser.

Aujourd’hui, grâce à ce petit talent, je renforce ma position de Dieu Vivant auprès de mes enfants en attrapant de temps en temps 3 oranges et en jonglant négligemment devant leurs yeux émerveillés (:-)).

Alors, si vous avez trouvé une méthode ou pris des résolutions, ne vous découragez pas, persévérez, dites vous que les rechutes sont entièrement normales et ne remettent pas en cause votre aptitude à réussir. Elles ne sont pas reliées à vous, à votre personnalité ou à votre qualité en tant qu’être humain. Elles sont l’accompagnement logique de tout apprentissage.

Et si vous avez une petite baisse de moral, repensez à toutes les choses que vous avez déjà apprises ou réussies dans votre vie, même les plus futiles…

Je vous laisse, j'ai décidé d'apprendre à sculpter des ballons pour le prochain anniversaire de ma fille et ces satanées fines et longues saucisses de baudruche refusent de se gonfler. Je crois que je n'y arriverai jamais ! Je vous tiens au courant...

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Libellés : Les mécanismes du bégaiement, Techniques et méthodes

22 sept. 2009

John Harrison parle enfin aux grenouilles !

Je me plains souvent de la pauvreté des ressources francophones sur le traitement du bégaiement (hormis bien sûr les blogs d'Alexandre et Olivier) et c’est donc avec plaisir que j’ai découvert qu’un certain Richard Parent (merci à lui) a traduit quelques articles de John Harrison. Ca tombe bien parce

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que John est un auteur très prolifique, au style agréable, avec des analyses intéressantes qu’il illustre toujours avec des anecdotes ou expériences personnelles.

John Harrison est un ancien bègue américain (il ne bégaye plus mais est toujours américain :-)) qui a développé la théorie de l’hexagone du bégaiement pour expliquer que le bégaiement est la résultante de l’interaction de facteurs psychologiques et psychologiques interdépendants et qu’il n’était pas possible d’en guérir si l’on agissait pas sur l’ensemble des composantes de l’hexagone (intentions, croyances, perceptions, émotions, comportements physiques, réponses psychologiques). En France, on retrouve parfois cette théorie sous le terme d’iceberg du bégaiement.

John Harrison est un membre historique de la National Stuttering Association (l’équivalent de l’AFB en France). Son livre « Conquer your fears of speaking before people » republié depuis sous le titre « Redefining Stuttering » rassemble le fruit de ses différents travaux et fait partie des 3 ou 4 ouvrages grand public sur le bégaiement qui font référence dans le monde anglo-saxon. La « thérapie globale du bégaiement » s’est notamment largement inspirée de cet ouvrage (cf mon post sur le sujet).

Pour commencer, je vous recommande de lire :

Developper Un Nouveau Paradigme Pour Le Begaiement où il expose sa théorie sur l’hexagone du bégaiement.

Treize Observations Au Sujet Des Personnes Qui Begaient – peut-être vous y retrouverez-vous… ou peut-être pas.

Entrevue Avec Jack Menear Qui a Vaincu le Begaiement, un entretien très intéressant avec Jack Menear, ancien bègue qui a vaincu son bégaiement sans recours à aucune méthode orthophonique, uniquement en travaillant sur sa manière de vivre son bégaiement. C'est après la lecture de ce témoignage que quelque chose a commencé à changer pour moi...

Le lien est ICI.

Bonne lecture !

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Libellés : Les mécanismes du bégaiement, Techniques et méthodes

8 sept. 2009

J'ai testé... la Thérapie Globale du Bégaiement

Si vous tapez « bégaiement » sur Google, vous tomberez immanquablement sur un lien sponsorisé pour « La thérapie globale du bégaiement ». Il s’agit d’un livre écrit par un certain Phillip Roberts, qui affirme avoir vaincu son bégaiement en deux mois grâce à la méthode qu'il a mise au point. Je l’avais acheté il y a quelques années et il m’a paru intéressant d’écrire un billet sur cet ouvrage qui intrigue pas mal de monde.…

Avant de parler du contenu, je vais vous parler de l’emballage. Je ne sais pas si Phillip Roberts est un Johnny Costard (cf mon coup de gueule sur les vidéos avant/après) mais il en a les méthodes. Si vous cliquez sur son lien sponsorisé, vous allez tomber sur un site suisse (j’ai découvert depuis qu’il a un site identique en anglais) qui vous confirmera que vous avez frappé à la bonne porte :

« une thérapie qui a fait ses preuves »,

« des effets à long terme »,

« 30 exercices pour éliminer le bégaiement »

« des conseils précieux »

« 30 exercices qui ciblent tous les aspects du bégaiement et vous permettront ainsi de contrôler durablement et efficacement votre bégaiement. »

« La Thérapie globale du bégaiement vous aidera à vaincre le bégaiement depuis chez vous et à votre propre rythme. »

On se croirait au Télé-achat ou devant les pubs presse des années 80 pour les méthodes de musculation, vous savez celles où on voyait ’un type tout maigre et tout triste devenir en quelques semaines une boule de muscles bronzée et souriante…

Si vous avez encore quelques doutes, une page entière recense une foule de témoignages enthousiastes et invérifiables de bègues et même d’orthophonistes. Et le miracle est mondial : Egypte, Chili, Birmanie, Singapour, Haïti, Sénégal, Inde, Australie…. Il n’y a guère que les esquimaux et les Nord Coréens qui n’ont pas lu et apprécié le livre ! Si vous avez des enfants, vous trouverez même sur le site une très jolie collection de drapeaux des pays des acheteurs.

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Avouez : il faudrait être un peu couillon pour ne pas acheter ce bouquin qui va vous délivrer si imparablement des affres du bégaiement. Vous filez donc vos 35€ et vous téléchargez le livre…. Et là, le ton change. L’ami Phillip devient un peu plus prudent et enfile la ceinture et les bretelles. Maintenant que vous lui avez filé 35€ et que vous vous connaissez un peu mieux, il peut bien vous l’avouer :

« je ne peux pas garantir qu’elle marchera pour tout le monde… »

Et même si elle marche : « Il est très probable que vous rechutiez tôt ou tard… »

Jusqu’à l’aveu ultime : « Il est possible que vous ne constatiez pas de progrès. Si c’est le cas, n’abandonnez pas, consultez un orthophoniste ou cherchez sur Internet… ». C’est à dire qu’il vous conseille de retourner d’où vous venez… Remarquez, c’est pas con : avec un peu de chance, si en plus d’être bègue, vous avez l’Alzheimer, vous allez recliquer sur son lien sponsorisé et lui filer de nouveau 35€…

Le contenu :

Si vous lisez correctement l’anglais, je vais vous épargner 35€. En effet, là-aussi, il y a une distorsion entre ce qui est écrit sur le site promotionnel et ce que vous découvrez à la lecture. P. Roberts écrit en effet sur son site : « j'ai mis au point ma propre thérapie ». Je dirais gentiment que c’est un abus de langage. En fait, son bouquin est une compilation de 5 ou 6 ouvrages anglophones relativement connus, dont :

- Understanding and Controlling Stuttering de William Parry

- Stutter no more de David Schwartz

- Self Therapy for The Stutterer de Malcolm Fraser

- Conquer your fears of speaking before people de John Harrison (republié depuis sous le titre “redefining stuttering”).

Les trois derniers sont téléchargeables gratuitement sur Internet. Je vous mets les liens à la fin du post.

Phillip Roberts s’est donc engouffré dans le vide quasi-intersidéral de la bibliographie francophone sur les thérapies du bégaiement et surtout sur l’absence de traduction des ouvrages anglophones sur le sujet. Il est d’ailleurs transparent puisqu’il cite ses sources à chaque fin de chapitre.

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Il a eu le mérite de faire cette traduction, d’en réaliser une synthèse et une mise en forme. Je ne critique donc pas le fait qu’il échange ce travail contre une rémunération (quoiqu’il y a quelques bloggeurs sympas qui le font pour pas un rond…). Le prix n’est d’ailleurs pas rédhibitoire et cela ne vous coûtera pas plus cher qu’une heure d’orthophonie (j’en connais qui vont hurler …) ou 20 minutes chez un Johnny Costard. Non, c’est plus la méthode de commercialisation qui me chagrine. OK, il veut faire du business avec son bouquin mais s’il a vraiment été bègue lui-même, il pourrait avoir la même transparence en avant-vente qu’en après-vente et éviter de « rabattre » comme un bateleur de foire des personnes désespérées par leur bégaiement.

Le bouquin est facile à lire, donne des conseils simples (mais qui sont, je le répète, la reprise d’autres auteurs) et explique bien la complexité de traitement du bégaiement (d’où le nom « thérapie globale »). Comme toute méthode, cela marchera sûrement si vous suivez scrupuleusement les conseils donnés et faites durablement les exercices recommandés. Plus facile à dire qu’à faire… Pour ma part, le livre m'avait plutôt bien réussi au début. J'en avais même fait un tableau de synthèse que j'avais affiché sur le miroir de ma salle de bains. Il n'y a cependant pas de miracle : comme pour toute méthode, il faut faire les exercices régulièrement. A l’époque, j’avais cherché alors à contacter Phillip Roberts en lui demandant si je pouvais communiquer avec d'autres personnes ayant suivi sa méthode afin de travailler ensemble (ça m’aurait fait plaisir moi de rencontrer des bègues birmans ou chiliens). J'ai eu une réponse laconique me disant que la rechute était normale et qu'il ne fallait pas se décourager...

J’arrête là le post car j’ai pris la résolution de faire dorénavant plus court (c’est un peu raté pour aujourd’hui). Pour les allergiques à l’anglais, si ça vous intéresse d’en savoir un peu plus sur le contenu, laissez moi un commentaire et je ferai un autre billet sur le sujet.

J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel. Je vois que de plus en plus de personnes viennent se promener sur mon blog et ça me fait vraiment plaisir. Si j’en crois mes stats, je vais même bientôt faire concurrence à Phillip Roberts (va falloir que je lui demande ses petits drapeaux) : Québec, Etats-Unis, Suisse, Belgique, Allemagne, Sénégal, Cote d’Ivoire, Algérie, Maroc, Tunisie, Arabie Saoudite... Mais il faut me rendre à l’évidence : vous êtes tous de grands timides ! Pourtant, vous ne savez pas le bien que peut faire un commentaire ! Alors n’hésitez pas, laissez moi un petit mot, un petit coucou ou un petit « m…. », comme vous voulez… (ou votre témoignage si vous êtes esquimeau ou nord-coréen et que la thérapie globale du bégaiement a changé votre vie….), ça me fera plaisir.

A vot’ bon cœur, messieurs dames !

Liens vers les ouvrages cités :

Stutter no more de David Schwartz

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Self Therapy for The Stutterer de Malcolm Fraser

Redefining Stuttering de John Harrison

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Libellés : J'ai testé, Techniques et méthodes

3 sept. 2009

Post-correction des blocages (cancellation) : comment Roger FEDERER peut vous aider à ne plus bégayer…

L'US Open vient de commencer et cela m'a semblé le bon moment pour vous parler des techniques de correction « post-blocages ». Si vous allez jusqu'au bout de ce post, vous allez comprendre pourquoi…

Dans le post « Que faites vous quand vous bégayez ? Comprendre vos blocages », je vous ai présenté les conseils de Malcolm Fraser pour comprendre, analyser et corriger vos blocages afin de prendre conscience de ce que vous faites lorsque vous bégayez et de trouver ce que vous devriez faire pour ne pas bloquer.

Une fois ce travail effectué, vous pouvez commencer à utiliser des techniques pour corriger vos blocages.

La première de ces techniques s'appelle l'effacement ou l'annulation (cancellation en anglais).

Selon Malcolm Fraser, c'est probablement l'une des meilleures et plus simples techniques qu'un bègue puisse apprendre pour réduire son bégaiement. Elle n'est pas compliquée mais elle vous oblige à vous confronter à votre bégaiement et donc à l'accepter.

Théorisée par Van Riper (si je ne me trompe pas…), elle a depuis été reprise et enseignée par de nombreux thérapeutes. En voici la description.

Brièvement, la correction post-blocage fonctionne de la manière suivante.

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Après avoir bégayé sur un mot, vous vous arrêtez un moment pour relâcher la tension et vous donner le temps de réfléchir à ce que vous avez fait de mal, à ce qui a causé votre bégaiement et à ce que vous devez corriger pour éviter ce blocage. Après quoi, vous allez répéter le mot calmement, lentement, doucement, en étirant les sons, en articulant de manière exagérée et en corrigeant ce que vous avez fait de mal lorsque vous avez bégayé dessus.

Par exemple, si vous avez bloqué sur le "P" de Paris avec vos lèvres contractées à mort et refusant de s'ouvrir pour laisser passer l'air et le son, inversez votre action en pressant à peine vos lèvres l'une contre l'autre. En le faisant lentement, de manière presque décomposée, vous devriez arriver à relâcher la tension et à faire passer la petite bulle d'air qui entrouvrira vos lèvres : « Paaariiis ».

La pause après le blocage est très importante car elle vous permet de retrouver votre calme, de prendre le temps d'analyser ce qui s'est passé et de visualiser ce que vous devez faire.

Durant cette pause, essayez de relâcher la tension dans votre mécanisme phonatoire, en particulier dans votre gorge. Sentez votre langue reposer mollement dans votre bouche. Laissez votre mâchoire s'ouvrir et descendre légèrement, lèvres molles, comme si vous dormiez la bouche ouverte. La clef est de sentir la tension s'en aller en même temps que votre respiration reprend un rythme normal.

Prolonger et étirer le son vous aide à maintenir le flux d'air et à enchaîner plus facilement vers le son suivant.

Le ralentissement du débit doit se limiter au mot sur lequel vous avez bégayé. Vous ne devez pas parler tout le temps comme cela.

Il faut vous concentrer sur vos sensations plus que sur le son. Reproduisez mentalement ou mimez silencieusement le mouvement de vos lèvres et de votre langue. Percevez bien les contacts dans votre bouche… Remplacez la tension par la volupté, le plaisir de façonner délicatement le mot ou la syllabe.

Ne soyez pas inquiets de la réaction des autres. Cela ne vous prendra que quelques secondes, et sans aucun doute beaucoup moins de temps que si vous engagez tête la première dans un « tunnel » de bégaiement. En agissant ainsi, vous reprenez le contrôle et vous repartez sur de bonnes bases.

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Si vous observez bien, c'est ce que font spontanément les non-bègues lorsqu'ils accrochent vraiment sur un mot. Pour les fans de Muriel Robin, réécoutez le sketch où elle enregistre son message d'accueil sur son répondeur. Elle bute sur le mot « coordonnées » et, pour le « sortir », elle le répète en ralentissant, en exagérant l'articulation et en étirant les sons « vos COOO - OOOOR - DOOONNEES » !

Pour moi cette technique présente plusieurs avantages :

- Elle vous permet de reprendre pied dans votre phrase, de faire une pause. En gros : « On se calme et on recommence tranquillement »

- Elle vous « reprogramme ». Les manifestations du bégaiement sont principalement des comportements appris qui sont devenus progressivement chez vous des réflexes naturels. Le problème c'est que ces réflexes ne sont pas bons. Vous forcez et mettez de la tension là où il vous faudrait au contraire relâcher. En prenant conscience de ce que vous avez fait, de ce que vous auriez dû faire et en le mettant en oeuvre, vous intégrez progressivement une nouvelle manière « correcte » de parler, qui doit ensuite devenir automatique.

- Elle vous redonne confiance : en répétant le mot correctement, vous acquérez progressivement la conviction que vous êtes capables de prononcer ce mot sans bloquer. La prononciation normale qui s'en suit chasse de la mémoire le souvenir du bégaiement sur le mot. Rappelez vous « Cancellation = effacement ».

- Elle peut contribuer à vous redonner le plaisir de parler, de former un mot. Vous n'êtes plus dans le combat mais dans le modelage.

En y réfléchissant bien, la "post-correction" est loin d'être artificielle ou surprenante. Elle est même finalement assez naturelle (cf le sketch de Muriel Robin, cité plus haut). En creusant un peu mes petites méninges, je vous ai trouvé un exemple pour vous le démontrer.

Prenons un tennisman qui vient de rater un coup (un français, donc… oui, je sais j'ai mauvais esprit). En général, il a deux réactions possibles. Premièrement, il peut se prendre la tête à deux mains, hurler de rage et fracasser sa raquette au sol. Bof…

Ou alors, il a une autre réaction légèrement plus constructive : il ramasse sa balle et reproduit le coup qu'il vient de manquer au ralenti, de manière fluide, en le décomposant, en exagérant sa préparation et sa fin de geste pour le faire correctement. Si vous avez déjà suivi un match de tennis, vous avez certainement déjà vu un joueur faire cela. Ce n'est ni plus ni moins qu'une correction post-

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blocage. Il se remémore quelle est la bonne technique puis l'exécute pour « effacer » son échec et reproduire ce geste correctement lorsque la situation se présentera de nouveau.

Lorsque vous maîtriserez cette technique, vous pourrez ensuite l'utiliser pendant un blocage (pull-out) ou avant un blocage (preparatory set). J'en parlerai dans un prochain post. En attendant, si cela vous semble intéressant, vous pouvez commencer à vous exercer seul (lecture à voix haute) puis avec un proche puis en passant un coup de téléphone vers un numéro vert…

Et si vous avez un moment de doute durant cet apprentissage, dites vous que vous êtes le Roger Federer du bégaiement !

Autres articles en relation :

Bégaiement lent et conduite sur glace

Blocages et forçages, la théorie du bégaiement appris

Analysez votre bégaiement

N'ayez pas honte de votre bégaiement

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25 août 2009

Mécanisme Valsalva et bégaiement

Je vous invite aujourd’hui à poursuivre notre voyage au pays mystérieux et fascinant des blocages. Si vous faites des recherches sur le bégaiement, vous entendrez un jour parler du « mécanisme Valsalva ». Si vous achetez le livre « thérapie globale du bégaiement », vous verrez par exemple que de longues pages y sont consacrées. En fait, ces pages sont une traduction de « Understanding and Controlling Stuttering » de William D. Parry, un ouvrage qui fait référence dans le monde du bégaiement.

William D. Parry (Bill pour les intimes) est un avocat américain et… bègue. La grande obsession de sa vie a été de percer le mystère du bégaiement. Ayant testé plusieurs thérapies sans grand succès, il a décidé un jour de prendre les choses en main et de faire ses propres recherches.

Pour cela, il est parti d’un constat simple : il était capable de parler normalement mais, dans certaines situations, il bloquait avec l’impression qu’une force surpuissante l’empêchait de sortir ses mots. Ses capacités à produire des sons, à articuler et à parler n’étaient pas en cause : il le faisait très bien dans certaines circonstances. Cependant, pour une raison inconnue, son mécanisme phonatoire se grippait à certains moments et ses mots refusaient de sortir.

Intrigué, il est donc parti à la recherche, non pas du bégaiement, mais de cette force mystérieuse. D’où venait-elle et pourquoi se manifestait-elle chaque fois qu’il avait du mal à sortir un mot ? A force de fureter, il est tombé sur la description du mécanisme Valsalsa, une manoeuvre physiologique instinctive que nous utilisons tous les jours, sans y penser, lorsque nous devons produire un effort.

Pour expérimenter cette manœuvre, faites l’exercice suivant... Levez-vous et croisez vos doigts devant vous. Prenez une grande inspiration et maintenant essayez de séparer vos mains, en tirant très fort, tout en résistant pour garder vos doigts entrecroisés. Vous remarquerez que vos abdominaux et les muscles de votre poitrine se tendent tandis que votre gorge se ferme. Et plus vous

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vous tirez, plus votre gorge se serre. Si vous observez bien, cette fermeture se passe au niveau du larynx là où votre voix est produite. Tiens, tiens…

Maintenant, refaites l’exercice en fermant vos lèvres et en essayant de prononcer le son « p ». Tirez sur vos mains. Vous sentez comme vos lèvres accentuent leur pression. Idem si vous placez votre langue juste au dessus de vos dents supérieures et que vous essayez de sortir le son « T ». Vous sentez comme votre langue appuie ? Est-ce que ces tensions ne vous rappellent rien ?

Vous êtes en train d’exécuter une manœuvre Valsalva. Le but de cette manœuvre est d’augmenter la pression d’air dans les poumons, pour vous aider à produire un effort physique - pour lever quelque chose de lourd, par exemple, comme le charmant monsieur sur la photo - ou pour expulser quelque chose. Pour cela, les abdominaux poussent sur le diaphragme pour compresser la cage thoracique. Simultanément, le larynx se ferme pour empêcher l’air de sortir. Plus les muscles se tendent et plus l’air est comprimé dans les poumons.

C’est notamment le réflexe naturel que vous avez lorsque vous êtes… constipé.

Pourquoi ce mécanisme serait-il déclenché lors du bégaiement ? Tout simplement, parce que, lorsque nous anticipons qu’un son ou mot va être difficile, nous nous préparons à produire un effort pour réussir à sortir ce mot.Nous mettons donc en œuvre cette réponse physiologique instinctive, celle que nous utilisons naturellement lorsque quelque chose nous résiste (voir mon post sur le bégaiement appris) ou que nous voulons expulser quelque chose de notre corps. Certains ont même assimilé le bégaiement à une constipation verbale, les mots étant des corps étrangers que nous essayons de faire sortir…

Bill Parry a donc développé une série d’exercices de relaxation, de respiration et d’élocution ayant pour but de relâcher le mécanisme Valsalva et donc d’éviter les blocages.

Pour relâcher les muscles impliqués dans ce mécanisme et provoquant au final la fermeture du larynx, il recommande de se concentrer sur les muscles abdominaux et rectaux. Relâcher ces muscles tend en effet à décontracter l’ensemble du mécanisme. Pour bien comprendre, il conseille de contracter puis de relâcher progressivement les muscles des sphincters et de sentir comme leur relâchement se propage peu à peu à travers votre abdomen, puis votre poitrine pour atteindre votre larynx.

Pour Parry, le relâchement de vos tensions part donc du fondement…Cela peut paraître un peu bizarre voire loufoque, écrit comme cela, mais je vous invite à tenter l’expérience…

Vous pouvez par exemple faire cet exercice en lisant à haute voix. Lorsque vous arrivez sur un son qui vous pose problème d’habitude (le « p », par exemple), vous le prononcez en poussant exagérément pour déclencher votre mécanisme Valsalva. Puis, lorsque vous êtes bien tendu, prêt à éclater, vous

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relâchez progressivement la pression en partant toujours des muscles inférieurs et en prenant bien conscience du sentiment de relaxation qui accompagne cette détente. Lorsque ce flux de décontraction arrive à votre gorge, vous prononcez votre « p » de manière cool en étirant légèrement le son (ex : je suis paaarti).

L’objectif est de prendre conscience des contractions dans votre corps et de savoir les dissiper. Si vous êtes attentif, vous vous apercevrez que, durant la journée, votre ventre est souvent contracté, sans raison apparente. Bill Perry appelle cela des manoeuvres Vasalva inutiles. Il vous invite à les traquer régulièrement et à les chasser via cet exercice ou en pratiquant la respiration abdominale.

Pour beaucoup de bègues, la description de ce mécanisme a été une révélation. Attention quand même : cet exercice ne sera bien sûr pas suffisant pour stopper votre bégaiement. Bill Parry a utilisé bien d’autres techniques en complément pour retrouver une parole fluide et sans appréhension. Cependant, cela peut vous permettre de mieux prendre conscience de ce qui se passe dans votre corps lorsque vous bloquez et d’avoir une méthode de relaxation efficace.

Vous trouverez plus d’info sur le site de Bill Parry, ici.

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Libellés : Les mécanismes du bégaiement, Techniques et méthodes

17 août 2009

Comment bégayez-vous ? Comprendre vos blocages.

Durant longtemps, j’ai assimilé mon bégaiement à un être mystérieux, un animal parasite qui prenait le contrôle de ma parole et bloquait mes mots. Je n’avais aucune prise sur cet « alien », doué d’une vie propre et que je ne pouvais expulser, un monstre qui s’éveillait ou restait endormi sans que j’y puisse quoi que ce soit. Et puis un jour, je suis tombé sur cette phrase d’un certain Dr Johnson,"Stuttering is not something that happens to me. It is something that I do", c’est à dire “Le bégaiement ce n'est pas quelque chose qui m'arrive, c'est quelque chose que je fais.» Cette formulation toute simple ne faisait qu’énoncer une vérité : celui qui presse ses lèvres comme un malade, coupe la sortie d’air de son larynx, contracte ses abdominaux… c’est moi ! Pas un petit lutin ou une créature extra-terrestre qui aurait pris le contrôle de mon corps. Et si je bégaie parfois, ce n’est pas parce que je ne sais pas parler : je le fais très bien en certaines occasions. C’est juste qu’en d’autres occasions, je perds les pédales et place ou utilise de manière inappropriée mes lèvres, ma langue, mon diaphragme produisant alors un blocage ou une répétition.

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Prendre conscience de cela est primordial. Pourquoi ? Parce que lorsque vous aurez identifié la manière dont vous produisez vos blocages, vous pourrez utiliser des techniques de corrections de ces blocages. Vous pourrez en quelque sorte vous « reprogrammer » pour remplacer ces comportements inappropriés par d’autres plus efficaces. Si vous ne passez pas par cette étape, il est vain de suivre des thérapies pour apprendre à parler différemment, que ce soit en comptant sur vos doigts, en respirant différemment, en chantonnant comme les demoiselles de Rochefort ou en modifiant votre débit verbal. En effet, dès que vous serez dans une situation de stress excessif, votre réflexe acquis depuis des années, celui qui empêche si efficacement vos mots de sortir, sera plus fort que tout et prendra le pouvoir. Un travail psychologique peut vous aider à maîtriser ces réactions devenues instinctives mais, en attendant, vous pouvez apprendre à mieux les comprendre pour mieux les corriger. Il faut donc que vous essayez d’identifier ce que vous faites de travers lorsque vous bégayez.

Van Riper, bègue sévère devenu orthophoniste et pionnier des thérapies modernes du bégaiement, l’exprimait ainsi : « Le bègue doit apprendre à savoir ce qu’il fait lorsqu’il est confronté à un mot redouté ou à une situation stressante ».

Cette nécessité d’analyser son bégaiement et ses blocages est très bien expliquée dans l’ouvrage de Malcolm Fraser (Self therapy for the stutterer). Pour comprendre comment procéder, je vais vous livrer un résumé du chapitre consacré à ce thème.

Fraser prend un exemple concret : prononcer le prénom Pierre. Admettons que vous ayez des problèmes pour sortir le « P » et enchaîner sur le son suivant. Le son « P » est une labiale explosive. Ce type de son est produit en fermant vos lèvres (d'où le « labiale ») et en créant une petite pression d'air que vous relâchez soudainement en ouvrant vos lèvres ( c'est l'explosion du « P »). Allez-y, faites le test... Ca y est ? Bon. Maintenant, mettez-vous devant un miroir et bégayez ou bloquez comme un malade sur le P en mettant un maximum de tension. Refaites le ensuite plus lentement en essayant de bien comprendre comment vous produisez ce blocage. Que font vos lèvres, votre mâchoire, vos abdominaux ? Vous avez sans doute décelé une tension importante. Où était-elle localisée ?

Peut-être que vos lèvres et vos mâchoires tremblaient, répétant en mitraillette le « P »?

Peut-être que vous pressiez vos lèvres si fort que vous ne pouviez pas les séparer pour laisser l'air passer et provoquer l'explosion ?

Maintenant, faites un joli sourire à votre miroir et dites le son « P » très lentement et tranquillement sans bégayer. Sentez la différence.

Admettons que votre blocage venait d'une trop grande tension sur vos lèvres qui refusaient de se séparer et de libérer l'air. Que pourriez-vous faire pour changer cette habitude ? Bon, je vous rassure,

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la réponse est simple, pas besoin de vous creuser la tête. Vous devez tout simplement faire l'inverse. En l'occurence, réduire la tension. Pour cela, vous allez relâcher vos lèvres et les rapprocher ensuite très légèrement, avec très peu de tension pour produire une légère pression et l'explosion du son « P ». Ca s'appelle un « contact léger » ou « en douceur», un peu comme si vouliez déposer un baiser très doux sur la joue d'un enfant endormi (elle est pas jolie ma comparaison?). Pour produire un « light contact », vous devez contrôler les muscles de vos lèvres pour que celles-ci se touchent à peine, en laissant l'air passer librement entre elles. Concentrez vous sur la sensation du mouvement que font vos lèvres en se rapprochant puis en s'écartant pour sortir le P et aller vers le son suivant.

Le P, n'est qu'un exemple. Vous pouvez essayer avec les autres sons qui vous posent problème. Le son « B », par exemple est très proche du P. Le but est de prendre conscience que vous pouvez sortir ces sons de manière très cool sans forcer. Vous verrez que pour la plupart des sons, les corrections à apporter sont assez faciles. Vous allez vous rendre compte qu'il est possible de « sortir » un son redouté sans forcer comme un malade, sans utiliser des mots parasites, sans raclements de gorge ou je ne sais quoi encore. Plus vous ferez cette analyse et plus vous prendrez conscience que vous pouvez vous sortir d'un bégaiement sans vous débattre comme un singe dans un filet. Lorsque vous aurez décortiqué vos blocages pour détecter vos erreurs ou mouvements parasites, vous serez mûr pour assimiler des techniques d'élimination de ces blocages. Je les aborderai dans d'autres posts.

Rappelez-vous, le bégaiement est ce que vous faites. Or vous pouvez changer ce que vous faites.

Le livre de Malcom Fraser est disponible en téléchargement gratuit ici (version anglaise).

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31 juil. 2009

Bégaiement et téléphone

Pour beaucoup de bègues, le téléphone est une invention maléfique. Selon Martin Schwartz, auteur de « Stutter no more », 80% de ses patients avaient peur du téléphone et lorsqu’il demandait « quelle situation est la plus difficile pour vous ? », la réponse la plus fréquente était « passer un coup de fil ».

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Chez certains bègues, la hantise du téléphone est telle qu’ils refusent de décrocher et font passer leurs appels par leurs proches. Ils vont même jusqu’à se déplacer chez leur médecin pour prendre rendez-vous plutôt que de téléphoner.

Pour ma part, lorsque j’ai commencé à travailler, le bégaiement m’a permis d’entretenir une excellente condition physique. Ma peur du téléphone était en effet telle que je préférais aller directement dans le bureau de la personne que je devais appeler. J’arpentais ainsi des kilomètres de couloirs chaque semaine. Le bègue moderne a cependant la chance de disposer d’une messagerie interne qui lui permet de se sédentariser. Certaines entreprises utilisent même désormais des messageries instantanées (une invention de bègue, j'en suis sûr).

Deux explications principales peuvent être données à cette phobie :

- Au téléphone, la communication ne passe que par les mots, ceux là même qui nous causent tant de soucis. Nous ne pouvons pas compenser ou détourner l’attention par du visuel, gestes ou mimiques. Et en cas de blocage le silence parait deux fois plus lourd.

- La pression temporelle est plus forte. Elle commence dès le début de l’appel : si vous ne disez pas « Allo » dans la seconde qui suit le décroché, votre interlocuteur va s’inquiéter « Allo ? » « Oui ? ». Idem si vous bloquez quelques secondes « Allo ? Vous êtes toujours là ? ». Ce sentiment d'urgence et la précipitation induite sont propices à l'apparition du bégaiement.

Pour autant renoncer à téléphoner est la pire des solutions. Cette fuite ne fera que renforcer votre crainte qui deviendra peur puis terreur puis phobie. Et tôt ou tard, à moins de demander asile auprès d’une tribu d’indiens amazoniens, vous devrez passer des appels

La seule solution est de pratiquer. Nombreux sont les bègues à avoir surmonté leur peur du téléphone mais cette capacité ne leur a pas été donnée une nuit par une fée bienveillante. C’est le résultat d’une longue pratique qui leur a permis de dédramatiser l’appel téléphonique, de prendre confiance et même de s’y sentir à l’aise. Comme le dit Jim McClure sur le site de la British Stammering Association, « l’exposition constante m’a désensibilisé ». Il n’a en effet jamais évité le téléphone et est même allé jusqu’à se faire embaucher chez un opérateur téléphonique ! Sa tactique a été de se mettre chaque fois dans des emplois où il n’avait pas d’autre choix que d’utiliser le téléphone.

Pour vous aider dans vos exercices, voici quelques conseils glanés sur les sites de la British Stammering Association et de la Stuttering Foundation America.

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Préparez votre appel : Assurez-vous que vous savez pourquoi vous appelez. N’ajoutez pas le stress de l’improvisation à celui du blocage. Notez les points-clefs sur un papier et tenez le devant vous lorsque vous appelez. Vous pouvez même écrire les premières phrases d’un appel important et choisir les mots qui vous semblent les plus faciles à dire. Ayez aussi quelques alternatives de premiers mots en tête. Vous pouvez par exemple choisir de commencer votre appel par « Bonjour, Laurent Dubois » ou « Laurent Dubois, bonjour », selon ce qui passera le mieux sur le moment. Mettez-vous aussi en condition : lorsque vous composez les numéros, dîtes les à haute voix et lentement. Cela vous calmera et vous aidera à commencer votre appel plus en confiance

Graduez les appels : Si vous avez plusieurs appels à passer, classez-les dans l’ordre croissant de difficulté en commençant par le plus facile. Essayez d’appeler un ami ou un proche juste avant l’appel important. Cela peut vous aider à vous relaxer et à renforcer votre confiance.

N’hésitez pas à dire que vous bégayez. Cela relâchera la pression et vous permettra de prendre plus de temps. Les gens ne peuvent pas vous voir lorsque, à l’autre bout du fil, vous luttez pour sortir un mot. Si vous avez un blocage un peu long, ils ne comprennent pas ce qui se passe. En leur disant simplement « Je bégaie, ne soyez pas surpris si je bloque sur certains mots » ou « je suis un peu fatigué aujourd’hui et je bégaie plus d’habitude, merci de votre patience », vous aurez généralement une réponse compréhensive. Dire c’est partager. En procédant ainsi, votre interlocuteur n’est plus un juge inquiétant mais un partenaire bienveillant.

Déculpabilisez : ce que vos interlocuteurs vont penser de vous à cause de votre bégaiement est leur problème. Votre problème à vous est de passer les appels que vous avez besoin de faire. Ne vous inquiétez pas des silences; ils surviennent dans toutes les conversations. Concentrez-vous sur ce que vous avez à dire, plutôt que sur vos blocages. Votre objectif est de communiquer, que vous bégayez ou non. Et oubliez le fantasme de la fluidité : si vous écoutez des non-bègues téléphoner, vous vous apercevrez que leurs hésitations et répétitions sont fréquentes.

Pensez à relâcher au maximum la tension : si vous commencez à bloquer, bégayez ouvertement et doucement (voir bégaiement lent ); essayez de ne pas forcer pour sortir les mots et, le plus important, souvenez-vous de parler lentement. Vous regarder dans un miroir peut vous aider à détecter où est la tension sur votre visage et sur les autres parties de votre corps.

Lorsque votre interlocuteur parle, profitez-en pour respirer calmement en relâchant la tenson dans vos épaules, vos abdominaux,…

Positivez ! Si vous avez trouvé un appel stressant et que vous avez bégayé plus que d'habitude, adoptez une attitude positive. Souvenez-vous qu'il y aura d'autres conversations où vous bégayerez

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moins. Ce n'est pas un désastre de bégayer et vous pouvez apprendre de chaque expérience de parole.

Pour progresser, enregistrez vos conversations si vous le pouvez (je le fais encore de temps en temps grâce à la fonction dictaphone de mon téléphone mobile). Essayez d'apprendre de chaque enregistrement et préparez une stratégie pour le prochain appel. Si vous faites cela durant un certain temps, vous identifierez quelques problèmes récurrents. Soyez également attentif à votre parole fluide. Beaucoup de bègues oublient qu’ils ont des moments de fluidité et s’arrêtent sur le bégaiement. Savourez cette fluidité et enchaînez les appels; battez le fer tant qu’il est chaud. Une parole fluide génère la confiance et la confiance génère la fluidité.

Exercez-vous chaque jour ! répondez à des petites annonces, prenez des rendez-vous, annulez-les, appelez des numéros verts pour avoir une information… Chez vous, essayez d'être la personne qui répond au téléphone. L’objectif est de réduire votre anxiété, de mettre en pratique les conseils précédents et de tirer vous aussi des enseignements de ces appels. Encore une fois, c'est en faisant qu'on progresse, il n'y a pas de voie plus efficace.

Et n’ayez pas peur de vous « planter ». Dites-vous que les échecs sont avant tout des expériences et font partie de votre apprentissage : ils sont inévitables pour atteindre votre objectif. L’apprenti-skieur va se prendre des gamelles, l’apprenti-jongleur va faire tomber ses massues, l’apprenti-golfeur va frapper à côté de sa balle… jusqu’au jour où, à force d’entraînement et de persévérance, ils vont réaliser leurs gestes automatiquement, sans y penser et sans appréhension… comme vous le ferez dans quelques temps avec le téléphone.

« La recette du succès : doubler son taux d’échec ! » - Thomas J Watson, fondateur d’IBM.

Allez, hop ! Au téléphone !

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24 juil. 2009

Coup de gueule : les vidéos avant/après

Si vous surfez sur le web à la recherche d’une solution pour vous débarrasser de votre bégaiement, vous serez peut-être impressionné par certaines vidéos « avant/après » mises en ligne pour démontrer l’efficacité d’une méthode. Les anglo-saxons sont les champions pour ce genre de

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pratique (cela fait partie du package marketing avec le satisfait ou remboursé et le témoignage de reconnaissance, écrit et invérifiable, de plusieurs personnes à travers le monde). En France, les reportages télévisés sur les stages anti-bégaiement sont souvent construits sur le même scénario.

Le principe est simple : le bègue est filmé et interviewé avant son stage pour qu’il puisse montrer comme il sait bien bégayer et combien il souffre. Pour cela, invariablement, on lui demande d’aller chez le boulanger (en Allemagne, on doit lui demander d’aller chez le charcutier) et on refait la prise jusqu’à ce que le bégaiement soit bien caricatural. A noter qu’il tombe toujours sur une boulangère hyper sympa et souriante qui attend patiemment qu’il ait fini son numéro.

Ensuite, entrée en scène du Grand Guru Qui a Vaincu le Bégaiement, j’ai nommé Johnny Costard (vous remarquerez, ils sont toujours en costard cravate, le côté VRP peut-être…), qui explique vaguement sa méthode (pas trop non plus, faut quand même pas déconner, y’ pas écrit Abbé Pierre sur son front)... Et en fin de stage, tel un ours (ou un panda…) savant, on demande au bègue de repasser devant la caméra pour montrer combien il a progressé. Et là, ô miracle, mes biens chers frères, mes biens chères sœurs, reprenez avec moi tous en chœur : « il est guéri ! ». Il parle presque sans accroc grâce à la méthode révolutionnaire de l’évangéliste Johnny Costard, ancien bègue et bientôt nouveau riche. Le bègue pleure, sa maman pleure, la ménagère de moins de 50 ans pleure…

Aaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhh (rugissement de panda en colère) !!!

Même si cette amélioration est spectaculaire, elle n’a absolument rien d’étonnant !

Le premier jour, vous arrivez déprimé par votre bégaiement et il vous est demandé de vous présenter face caméra (horreur) devant des personnes que vous ne connaissez pas ! Situation nouvelle + caméra + auditoire d’inconnus : l’arme fatale pour abattre un bègue ! Vous êtes hanté par des croyances négatives qui exacerbent le bégaiement : « je suis bègue et je suis incapable de parler en public. Je vais me planter, c’est sûr. En plus, je suis devant des personnes qui ne me connaissent pas et elles vont me juger. Je vais me coller la honte si j’ai des blocages trop prononcés. Les anciens bègues qui animent le stage vont voir que je n’arrive pas à me contrôler alors que eux ont réussi. Et puis, je ne sais pas trop ce qui m’attend dans ce stage. »

Bref, vous êtes dans la rétractation et la tension.

Le dernier jour, au contraire, vous connaissez tout le monde, vous êtes porté par la dynamique du stage et vous appliquez consciencieusement une méthode que vous n’avez pas encore mis à l’épreuve de la vie réelle !

Vous êtes porté par des croyances positives : « j’ai une méthode qui me permet de parler correctement, j’ai progressé durant le stage et les gens autour de moi m’ont montré qu’ils la

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pratiquaient avec succès. Je ne vais pas hésiter à l’utiliser et j’ai confiance. Et puis, je suis entouré de gens que je connais, avec qui j’ai sympathisé et qui auront une écoute bienveillante. » Vous avez confiance dans votre parole et dans votre auditoire et vous êtes dans l’ouverture et la décontraction.

Il y a aussi une manipulation psychologique : au début, on vous installe devant la vidéo pour évaluer votre bégaiement. A la fin, on vous demande de montrer que vous parlez « normalement ». Vous avouerez que la mise en condition est bien différente !

Comme disait mon professeur de statistiques à l’université : « y’a comme un biais ! ».

Mais lorsque vous sortirez du stage, retrouverez-vous cet environnement favorable et cet état de confiance et oserez vous mettre en œuvre les techniques apprises ? Vous serez seul pour affronter des situations de prise de parole. Si elles sont particulièrement stressantes, vous retrouverez vos anciens réflexes et vous n’oserez pas appliquer votre nouvelle méthode ou vous n’aurez pas la prise de distance nécessaire pour le faire. Ces micro-échecs vont peu à peu effriter votre confiance et vous allez redescendre de votre nuage. Vous vous croyiez sauvé et vous voilà revenu à votre point de départ. Sauf que vous êtes encore plus mal qu’avant car vous avez chuté de toute la hauteur des espoirs donnés par le stage. Cerise sur le gâteau, vous n’êtes plus seulement un bègue mais un bègue nul, incapable de s’en sortir alors que d’autres le font brillamment grâce à la méthode Costard.

Méfiance, donc… Ce n’est pas parce qu’il y a des vendeurs de miracles que les miracles existent…

Certaines méthodes peuvent vous aider (cf mon post sur Impocco) mais elles ne sont pas universelles et vous demanderont rigueur et persévérance. Il est important de le savoir avant de s’y engager.

Surmonter un bégaiement durablement ancré est un long voyage. On peut choisir de le faire seul ou accompagné, mais pas sur un week-end de trois jours.

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25 juin 2009

Bégaiement lent et conduite sur glace

Page 23: 66 Jours Pour Acquerir Un Reflexe

Je vais vous parler aujourd’hui d’une technique qui m’a beaucoup aidé et que je continue à utiliser. Il s’agit du bégaiement lent ou relax.

Selon J. David Williams, spécialiste du bégaiement à l’Université de l’Illinois, le « slow stuttering » s’est avéré efficace pour de nombreux bègues en les faisant évoluer d’un bégaiement lourd et complexe vers un bégaiement lent, simple, générant très peu de crispation et d’interruption dans leur parole.

Le but de ce bégaiement lent n’est pas de ralentir votre débit sauf si vous parlez vraiment très vite et que cela vous rend difficilement compréhensible. L’idée est de simplement ralentir lorsque le bégaiement et la tension associée surviennent.

En fait, vous devez tout simplement faire l’inverse de ce que vous faites d’habitude. En effet, habituellement, les bègues réagissent au bégaiement en se crispant ou en accélérant. Avec ce bégaiement lent, vous devez apprendre à passer en mode « relax » pour faire disparaître la tension responsable du blocage.

Si le bégaiement survient, ne vous arrêtez pas, ne revenez pas en arrière mais... continuez à avancer sans forcer. Pour cela, relâchez votre langue, votre mâchoire, vos lèvres, laissez les en mouvement sans bloquer. Résistez à tout sentiment d’urgence ou de pression ou envie d’accélérer, ne paniquez pas et prenez tout le temps dont vous avez besoin. Restez confiant et continuez à avancer lentement mais sûrement. Essayez de faire tout de manière relâchée, doucement, lentement. Dites vous que vous avez appuyé sur la touche « slow » de votre lecteur !

A un point critique, une seconde, 2 ou 10, vous allez soudain sentir que vous avez passé l’obstacle. Votre tension se dissipe, votre confiance resurgit et vous finissez simplement votre mot et continuez à parler à vitesse normale. Si un blocage revient, repassez alors aussitôt en mode lent.

Encore une fois, l’objectif n’est pas de ralentir votre discours mais votre bégaiement. Avec cette technique, vous refusez de céder à la panique et la tension qui accompagnent habituellement le bégaiement.

Pour moi, cette technique a été bénéfique pour plusieurs raisons :

- J’ai arrêté de forcer quand un blocage survenait.

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- Je ne cherche plus à masquer mon bégaiement. Sur certains mots, je bégaie mais cela se fait en douceur et de manière « décontractée ». Je le vis bien et donc mon interlocuteur aussi. Je me surprends même parfois à provoquer ce léger bégaiement. C’est une manière d’avancer à visage découvert, d’informer mon interlocuteur que c’est ma façon de parler et qu’il n’y a pas à s’en inquiéter. De même si, exceptionnellement, le bégaiement se prolonge un peu, je souris et je fais une petite remarque pour rassurer mon interlocuteur.

- Je ne cherche plus la fluidité, ce qui est encore une manière de relâcher la pression. Un accident de parole est tolérable, d’autant plus qu’il peut être aisément rattrapé. C’est aussi un signal qui me permet de lever le pied quand mon discours s’emballe et que la tension monte.

Au final, ne redoutant plus les blocages, j’ai une parole plus spontanée, détendue et j’en ressens les effets. Je suis plus zen, je me concentre davantage sur le contenu de mon discours et je suis aussi moins fatigué.

Pour expliquer cette technique à mes proches, j’ai trouvé la métaphore de la conduite sur glace : considérez le bégaiement, le blocage comme une plaque de verglas sur votre route. Si vous accélérez ou freinez brusquement, vous allez patiner ou partir en tête à queue. Si vous avancez en douceur, tranquillement, vous passerez.

Il en va de même pour le bégaiement lent : grâce à lui, je continue à avancer en bégayant certains mots de manière relâchée, en ralentissant un peu, avec une tension de plus en plus faible. Résultat : je passe au travers du bégaiement et je poursuis ma route.

Et bizarrement, depuis, je rencontre de moins en moins souvent des plaques de verglas…

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15 juin 2009

Eloge de la lenteur

La ralentissement du débit est souvent évoqué dans les thérapies du bégaiement. Pour ma part, c’est un conseil efficace mais aussi difficile à suivre. Je viens en effet d’une famille où l’on parle

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extrêmement vite et mon épouse me conseille souvent de ralentir mon débit. De plus, le bégaiement a renforcé ma tendance à l’accélération pour deux raisons principales :

Comme beaucoup de bègues, je subissais la pression du temps. Je ressentais la prise de parole comme une épreuve pénible à la fois pour moi et pour mes interlocuteurs. Pour abréger le supplice, je courais dans mon discours aussi vite qu’à travers une forêt en flammes.

J’assimilais la fluidité au mouvement et donc à la rapidité, le blocage étant au contraire assimilé à l’arrêt et à l’immobilité. J’avais l’impression que l’élan donné par la vitesse empêcherait l’arrêt et donc le blocage. Je pédalais donc aussi vite que possible pour monter la côte.

Pour moi, le déclic est venu en regardant un documentaire sur Robert Badinter. Cet homme éloquent et charismatique parle lentement, articule nettement, observe des pauses, choisit des mots et des intonations justes. J’ai repris ces idées à mon compte et j’ai pu constater leur efficacité.

Les conseils que je vais vous donner sont ceux qui reviennent souvent dans les thérapies contre le bégaiement mais aussi dans les formations à la prise de parole en public (j’en ai suivi quelques unes).

1. Brisons le cou à une idée reçue : parler lentement n'est pas ennuyeux !

Pas du tout ! Il y a des gens qui parlent lentement et sont néanmoins intéressants. D’ailleurs, l’attention est plus captée lorsque le discours est posé. J’ai cité l’exemple de Robert Badinter mais il y en a beaucoup d’autres. Pour vous en persuader, écoutez attentivement un débat télévisé avec plusieurs intervenants. Observez comme celui qui prend le plus son temps, qui choisit ses mots et s'exprime posément capte bien souvent le mieux l'écoute.

Par ailleurs, vous ne vous exprimerez pas plus lentement que lorsque vous bégayez, bloquez ou entrecoupez vos phrases de mots ou sons parasites.

2. Faites des pauses.

Plutôt que de parler comme une tortue neurasthénique (si les tortues pouvaient parler, bien sûr…), ralentissez votre parole en utilisant les pauses. Ce sont elles qui aboutiront au ralentissement de votre discours. Pourquoi ?

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Les pauses vous permettent de respirer, de reprendre votre souffle, d’éviter l’emballement et le dérèglement de votre appareil phonatoire.

Elle vous permettent de rester en contact avec votre interlocuteur, de vous assurer qu’il suit bien vos propos. Vous lui laissez ainsi le temps d’assimiler vos paroles.

Pour ménager ces pauses, il vous faut apprendre à parler par séquences. Pour cela, découpez vos phrases en unités de sens. C’est beaucoup plus facile et reposant de se fixer pour objectif la prononciation de 5 mots, plutôt que de 20. Cela permet aussi de mieux s’attarder sur l’articulation mais aussi sur le sens des mots. Si je l’applique à une prise de parole en public, cela va changer beaucoup de choses. Avant, je montais au pupitre en me disant : « Mon Dieu ! Je vais devoir parler durant dix minutes, un quart d’heure ou une demi-heure. » et le bout du calvaire me paraissait horriblement éloigné. Maintenant, je peux me dire. « je vais faire mon intervention en faisant attention de me faire comprendre. Mon discours est une succession de petites étapes que je vais enchaîner calmement et qui vont m’amener à bon port». Chaque séquence est un objectif en soi.

3. Efforcez-vous de ralentir l'ensemble de vos gestes :

Marchez plus lentement, levez-vous également calmement, ne vous précipitez pas vers le téléphone et décrochez lentement. Cette lenteur doit être votre nouvelle nature. Il y une relation étroite entre la manière dont vous bougez et celle dont vous parlez. Ralentir vos gestes vous apporte une sensation de calme et vous aide à être plus posé.

J’avoue qu’il est difficile de changer sa nature et de suivre ce conseil en permanence. Essayez au moins de le faire avant une prise de parole importante.

4. Articulez :

Je sais que si je suis vigilant sur mon articulation, les impacts sur mon élocution sont rapidement bénéfiques et peuvent être maintenus. Articuler m’oblige à ralentir et à être plus concis. J’utilise moins de mots mais mieux choisis et mieux prononcés.

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Cela me permet aussi de soigner mon intonation. En effet, lorsqu’on parle lentement, on a tendance à le faire de manière monocorde. En se concentrant sur une articulation claire et accentuée, vous évitez cet écueil. L’idéal est de réussir à savourer chaque syllabe, à y prendre du plaisir (si, si, c’est possible !).

5. Profitez en pour travailler votre contenu.

Je suis tombé récemment sur cette citation de Stendhal : « Ne dîtes que des choses fortes de comique ou de raison et il vous sera permis de parler lentement ». Plutôt que de vous focaliser sur votre élocution, concentrez vous sur le contenu de votre discours. Si vous choisissez vos mots et vos interventions, si vous avez de l'humour, si vous dites des choses intéressantes, vous serez écouté, même si vous parlez lentement.

J’ai trouvé aussi cette citation de David Adams, Chief executive d'un fonds de pension aux Royaume-Uni, trouvé sur le site de la British Stammering Association. « Je bégaye toujours mais ce n'est plus important, même quand c'est embarrassant. Parler lentement et avec précaution a des avantages. Les gens prêtent plus d'attention à ce que vous dîtes et vos paroles portent plus. Et le contenu suscitera toujours plus de respect que le style. »

D’accord, il est toujours facile de donner des conseils… Mais sincèrement, lorsque je suis vigilant (je ne le suis pas toujours…) et que je respecte cette prise de temps, j’ai une sensation de bien être, de tranquillité, d’apaisement. Je suis plus zen et je ne m’épuise plus dans mes prises de parole. Parler ainsi me permet aussi d’être concis, à la fois posé et percutant.

Le plus difficile est de réussir à conserver mon propre rythme sans me laisser emporter par le débit de mon interlocuteur. Mais après avoir écrit cet article, je n’aurai plus d’excuses si je ne le fais pas !

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