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2018 L’ÉTAT DE RENFORCER LA RÉSILIENCE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES POUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE

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2018 201820182018

LTAT DE

RENFORCER LA RSILIENCE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES POUR LA

SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION

LA SCURIT ALIMENTAIRE ET

DE LA NUTRITIONDANS LE MONDE

VIET NAM. Une jeune fille travaillant dans une rizire au Viet Nam, o laugmentation du niveau de la mer et des tempratures lies aux extrmes climatiques met en pril la production de riz et la scurit alimentaire.

PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE FAO/NG Quang Toan

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Rfrence bibliographique citer:FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF. 2018. Ltat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde 2018. Renforcer la rsilience face aux changements climatiques pour la scurit alimentaire et la nutrition. Rome, FAO.

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Organisation des Nations Unies pour lalimentation et lagricultureRome, 2018

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RENFORCER LA RSILIENCE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES POUR LA

SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION

LA SCURITEALIMENTAIRE ET

DE LA NUTRITION DANS LE MONDE

LTAT DE

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TABLE DES MATIRES

AVANT-PROPOS vMTHODE viiiREMERCIEMENTS ix SIGLES ET ACRONYMES xiMESSAGES CLS xiiRSUM xiii

PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018 11.1 Tendances rcentes de la faim et de linscurit alimentaire 2

1.2 Progrs accomplis dans lamlioration de la nutrition 11

1.3 Liens entre linscurit alimentaire et la malnutrition 28

PARTIE 2 LES INCIDENCES DU CLIMAT SUR LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION 392.1 Pourquoi se concentrer sur les effets de la variabilit du climat et des extrmes climatiques en matire de scurit alimentaire et de nutrition? 40

2.2 Quelle incidence lvolution de la variabilit du climat et les extrmes climatiques ont-ils sur les causes immdiates et sous-jacentes de linscurit alimentaire et de la malnutrition? 64

2.3 Quels sont les effets du climat sur la vulnrabilit, les ressources et les facteurs de contrle qui conditionnent la scurit alimentaire et la nutrition? 86

2.4 Travailler la cohrence des politiques des programmes et des pratiques afin de faire face la variabilit et aux extrmes climatiques 102

2.5 Conclusion gnrale 123

ANNEXES 127

ANNEXE 1 Tableaux statistiques et notes mthodologiques de la Partie 1 128

Notes mthodologiques 152

ANNEXE 2 Dfinitions et listes des groupes de pays de la Partie 2 162

ANNEXE 3 Mthodologie Partie 2 168

ANNEXE 4 Glossaire 170

NOTES 178

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TABLEAUX, FIGURES ET ENCADRS TABLEAUX 1 Prvalence de la sous-alimentation dans le monde, en 2005-2017 42 Nombre de personnes sous-alimentes dans le monde, en 2005-2017 63 Prvalence de linscurit alimentaire grave, mesure laide de lchelle de mesure de linscurit alimentaire fonde sur les expriences, en 2014-2017 94 Nombre de personnes souffrant dinscurit alimentaire grave, mesure laide de lchelle de mesure de linscurit alimentaire fonde sur les expriences, en 2014-2017 105 tapes de la transition nutritionnelle 296 Synthse des rsultats dtudes incluses dans une analyse des travaux portant sur les liens entre linscurit alimentaire et certaines formes de malnutrition 337 Les chocs climatiques ont t lune des principales causes des crises alimentaires en 2017 63A1.1 Progrs accomplis en direction des objectifs de dveloppement durable (ODD): prvalence de la sous-alimentation, de linscurit alimentaire grave, de certaines formes de malnutrition et de lallaitement exclusif au sein 128A1.2 Progrs accomplis en direction des objectifs de dveloppement durable (ODD): nombre de personnes sous-alimentes, en situation dinscurit alimentaire grave et souffrant de certaines formes de malnutrition; nombre de nourrissons exclusivement allaits au sein 140A2.1 Classement des pays en fonction des facteurs de vulnrabilit en matire de scurit alimentaire 165A2.2 Pays ayant enregistr une forte exposition aux extrmes climatiques sur la priode 2011-2016: variabilit intersaisonnire, frquence et intensit des extrmes et vulnrabilit face au climat et aux conflits 166

A3.1 Pays prsentant un point de retournement de la PoU associ de graves pisodes de scheresse selon ASAP 169

FIGURES 1 Le nombre de personnes sous-alimentes dans le monde a augment depuis 2014 pour atteindre environ 821 millions en 2017 32 Linscurit alimentaire grave est plus leve en 2017 quen 2014 dans toutes les rgions lexception de lAmrique du Nord et de lEurope, avec des augmentations notables en Afrique et en Amrique latine 83 En Afrique, Asie et Amrique latine, les femmes sont davantage susceptibles que les hommes dtre touches par une inscurit alimentaire grave 114 La prvalence de la sous-alimentation et la prvalence de linscurit alimentaire grave montrent une image cohrente pour la plupart des pays, mais des carts existent 135 Nutrition: un lment essentiel pour raliser les objectifs de dveloppement durable 156 Il reste encore beaucoup faire pour atteindre les objectifs de 2025 et 2030 en matire de retard de croissance, dmaciation, dexcs pondral, dallaitement exclusif au sein, danmie chez les femmes en ge de procrer et dobsit des adultes 177 Malgr quelques progrs dans la rduction de la prvalence du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans, des millions dentre eux souffrent encore de retard de croissance, dmaciation et dexcs pondral 188 Les taux dmaciation chez les enfants restent extrmement levs dans certaines sous-rgions en 2017, notamment en Asie 219 Des millions denfants courent un risque accru de mortalit d lmaciation en 2017, principalement en Asie et en Afrique 22

10 Les ingalits en matire de revenu, dducation, de sexe et de lieu dhabitation ont une incidence sur les taux dmaciation chez les enfants 2311 Des disparis dans la prvalence de lmaciation chez les enfants sont observes entre les mnages les plus pauvres et les plus riches, en particulier en Afrique de lEst 2412 Il existe de grandes diffrences dans la prvalence de lmaciation chez les enfants dans les rgions et les pays 2513 Pays touchs par plusieurs formes de malnutrition 3014 Processus menant de laccs des aliments inadquats de nombreuses formes de malnutrition 3215 Augmentation du nombre de catastrophes lies des vnements climatiques extrmes (1990-2016) 4116 Anomalies de temprature rcentes par rapport la moyenne de la priode 1981-2016 4617 Nombre dannes pendant lesquelles les journes chaudes taient frquentes dans les zones cultives (comparaison 2011-2016 et 1981-2016) 4718 Anomalies de prcipitations rcentes par rapport la moyenne de la priode 1981-2016 4819 Diminution de la dure de la saison de vgtation et anne o la production cumulative annuelle de biomasse dans les zones de terres cultives et de parcours a t la plus faible en Afrique (2004-2016) 5020 Anomalies des prcipitations associes une scheresse dans les zones cultives (comparaison 2011-2016 et 1981-2016) 5121 Frquence des conditions de scheresse agricole pendant El Nio en 2015-2017, par rapport la moyenne sur la priode 2004-2017 5322 Frquence des catastrophes lies aux inondations et aux temptes, par rgion (1990-2016) 54

TABLEAUX, FIGURES ET ENCADRS

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23 Points de retournement de la prvalence de la sous-alimentation associs des scheresses agricoles graves 5624 Exposition accrue des pays faible revenu et des pays revenu intermdiaire des extrmes climatiques plus frquents et plus divers 5725 Accroissement de la prvalence de la sous-alimentation et du nombre de personnes sous-alimentes dans les pays exposs des extrmes climatiques 5926 La sous-alimentation est plus importante lorsque lexposition des extrmes climatiques est associe une forte vulnrabilit de lagriculture 6027 La sous-alimentation est plus importante dans les pays qui sont la fois fortement exposs des extrmes climatiques et trs vulnrables 6228 Liens entre la scurit alimentaire et la nutrition et les causes sous-jacentes de linscurit alimentaire et de la malnutrition 6529 Effets des scheresses et de la variabilit du climat sur la production cralire dans les pays faible revenu et les pays revenu intermdiaire (2001-2017) 6830 Dans le secteur agricole, les cultures et llevage subissent les dommages et les pertes les plus importants imputables des catastrophes lies au climat, dont les plus destructrices sont les scheresses (2006-2016) 7131 La variabilit du climat et les extrmes climatiques sont corrls aux importations de crales dans de nombreux pays faible revenu et pays revenu intermdiaire 7332 Hausses des importations et baisses des exportations de produits agricoles la suite de catastrophes lies au climat, par rgion (2003-2011) 7433 Pertes des cultures et de llevage imputables des catastrophes lies au climat, par rgion (2004-2015) 75

34 Flambes des cours des denres alimentaires la suite dextrmes climatiques dans les principaux pays producteurs de crales (1990-2016) 7735 Consquences sanitaires des vnements lis aux extrmes climatiques 8236 Perte de capacit de la main-duvre imputable lexposition une chaleur extrme (en 2006-2016 par rapport 1986-2008) 8337 Lincidence des maladies transmises par les moustiques et leur sensibilit la variabilit du climat et aux extrmes climatiques 8538 Structures mdicales et scolaires endommages, par type de catastrophe (1994-2013) 8939 Panorama mondial des dplacements forcs, par type de catastrophe (2008-2014) 9840 Plateformes et processus stratgiques mondiaux o la rsilience face aux changements climatiques est indispensable la ralisation du dveloppement durable 104

ENCADRS 1 Srie rvise destimations de la prvalence de la sous-alimentation et projections pour 2017 52 Comment la faim et linscurit alimentaire sont-elles mesures? 73 Examen combin de la prvalence de la sous-alimentation et de linscurit alimentaire grave 124 Diffrentes valuations de la scurit alimentaire pour diffrents objectifs 145 Extension 2030 des objectifs nutritionnels de lAssemble mondiale de la Sant 166 Mise en uvre des activits relevant de la Dcennie daction des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025) 207 La maigreur chez les enfants dge scolaire 26

8 Relation entre la variabilit du climat et lOscillation australe El Nio 439 Analyse des facteurs de vulnrabilit de la scurit alimentaire 5910 Petits tats insulaires en dveloppement: destruction du capital naturel, physique et humain et retombes long terme concernant les maladies non transmissibles et la malnutrition 9011 Les scheresses graves peuvent contribuer accrotre linstabilit sociale et dclencher des conflits 9212 Stratgies de raction ex post communment utilises qui sont prjudiciables la scurit alimentaire et la nutrition: quelques exemples nationaux 9413 Les dimensions sexospcifiques de la vulnrabilit aux chocs climatiques 10114 Renforcement de la contribution des espces ngliges ou sous-utilises la scurit alimentaire et aux revenus 10915 Pratiques agricoles climato-intelligentes et systmes alimentaires: diversification des cultures chez les petits exploitants agricoles familiaux du Malawi 11116 Slection vgtale participative pour augmenter les rendements et la rsilience des cultures en Rpublique islamique dIran 11317 Investir dans des mesures de rduction de la vulnrabilit, y compris dans des infrastructures lpreuve du changement climatique et des solutions sinspirant de la nature 11718 Au Kirghizistan, les mnages qui avaient t en mesure de reconstituer leur cheptel ou daccder des services vtrinaires aprs avoir t frapps par des alas climatiques ont pu augmenter leur consommation alimentaire 12019 Rsilience face aux changements climatiques des petits tats insulaires en dveloppement (PEID) du Pacifique 124

AVANT-PROPOS

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En septembre 2017, nous avons lanc conjointement Ltat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde, qui a marqu le dbut dune nouvelle re dans le suivi des progrs accomplis, dans le cadre des objectifs de dveloppement durable (ODD), vers un monde libr de la faim et de la malnutrition.

Le prsent rapport fait le point sur les progrs accomplis dans la concrtisation des cibles visant liminer la faim (cible 2.1 des ODD) et la malnutrition sous toutes ses formes (cible 2.2 des ODD). Il fournit galement une analyse des causes et des facteurs qui sous-tendent les volutions observes. La prvalence de la sous-alimentation (PoU) est le principal lment dvaluation de la faim. Cependant, depuis lan dernier, la prvalence de linscurit alimentaire grave qui se fonde sur lchelle de mesure de linscurit alimentaire fonde sur les expriences (FIES) est utilise pour valuer la proportion de la population qui rencontre de grandes diff icults pour se procurer en quantit suffisante des aliments qui soient nutritifs et ne prsentent pas de danger pour la sant. Le rapport rend compte par ailleurs des avances concernant un ensemble dindicateurs utiliss pour suivre les objectifs mondiaux de lAssemble mondiale de la Sant (WHA, pour son sigle en anglais) en matire de nutrition et de maladies non transmissibles lies au rgime alimentaire, dont trois sont aussi des indicateurs pour les cibles de lODD 2.

Les dfis que nous devons relever sont considrables. En particulier, nous constatons avec inquitude que daprs les estimations les plus rcentes, aprs une longue priode de recul,

la faim dans le monde a augment en 2016. Nous avons observ lan dernier que cet chec tait troitement corrl lexacerbation des conf lits et de la violence dans plusieurs rgions du globe et que la lutte contre la faim devait aller de pair avec les efforts de maintien de la paix. De nouveaux lments, mis en vidence dans le prsent rapport, rendent compte de la progression de la faim dans le monde, exigeant une mobilisation accrue. Nous devons semer la paix afin que germent la scurit alimentaire et une meilleure nutrition et pour que personne ne soit laiss pour compte, mais nous devons aussi redoubler defforts pour renforcer la rsilience face aux changements climatiques et favoriser ainsi la scurit alimentaire et la nutrition.

En 2017, le nombre de personnes touches par linscurit alimentaire chronique a atteint, selon les estimations, 821 millions ce qui reprsente environ une personne sur neuf dans le monde. La sous-alimentation et linscurit alimentaire grave semblent connatre une hausse dans presque toutes les sous-rgions dAfrique, ainsi quen Amrique du Sud, alors que la situation de la sous-alimentation est stable dans la plupart des rgions dAsie.

Lanne passe a cependant apport une nouvelle plus encourageante: lvolution ascendante de la sous-alimentation ne stait pas encore rpercute sur le taux de retard de croissance chez les enfants, et il en est de mme cette anne. Il faudra mettre en place une approche sectorielle pour rduire la prvalence du retard de croissance et de lmaciation, et pour traiter convenablement celle-ci afin de faire reculer la morbidit et la mortalit infantiles.

Linscurit alimentaire que nous observons aujourdhui, outre quelle contribue la dnutrition, favorise lexcs pondral et lobsit, ce qui explique en partie la coexistence de ces diffrentes formes de malnutrition dans de nombreux pays. En 2017, plus de 38 millions denfants de moins de cinq ans prsentaient un excs pondral, lAfrique et lAsie reprsentant respectivement 25 et 46 pour cent du total mondial. Lanmie chez les femmes et lobsit chez ladulte sont aussi en progression au niveau mondial: une femme sur trois en ge de procrer est anmie et plus dun adulte sur huit est obse, ce qui reprsente plus de 672 millions de personnes. Lobsit est surtout prsente en Amrique du Nord, mais mme en Afrique et en Asie, o les taux sont encore faibles, on constate une augmentation. En outre, lexcs pondral et lobsit ont pour effet daccrotre le risque de maladies non transmissibles, dont le diabte de type 2, lhypertension, les maladies cardiaques et certains types de cancer.

Aux conf lits et la violence qui dchirent de nombreuses rgions du globe, mettant mal les progrs raliss dans la lutte contre la faim et la malnutrition, sajoutent la variabilit du climat et lexposition des extrmes climatiques dont la complexit, la frquence et lintensit vont croissantes, comme on le verra dans la deuxime partie du rapport. La faim est beaucoup plus prsente dans les pays dont le systme agricole est trs sensible la variabilit des prcipitations et de la temprature et aux scheresses graves, et dont une part importante de la population tire ses revenus de lagriculture. Si nous entendons librer le monde de la faim et de la

malnutrition dici 2030, il est impratif que nous acclrions et que nous renforcions nos actions afin damliorer la rsilience et la capacit dadaptation des systmes alimentaires et des moyens dexistence des mnages face la variabilit du climat et aux extrmes climatiques.

Pour renforcer la rsilience face aux changements climatiques il faudra introduire dans les politiques, programmes et pratiques de court, moyen et long terme des mesures dadaptation au changement climatique et de rduction des risques de catastrophe. Les gouvernements nationaux et les autorits locales peuvent sappuyer sur les conclusions et les recommandations des plateformes et processus mondiaux existants: la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et lAccord de Paris de 2015 pour ce qui concerne le changement climatique; le Cadre daction de Sendai pour la rduction des risques de catastrophe 2015-2030, dans le domaine de la rduction des risques de catastrophe; le Sommet humanitaire mondial de 2016 et le Grand Bargain (grand compromis) pour les interventions humanitaires durgence; la deuxime Confrence internationale sur la nutrition (CIN2) et la Dcennie daction des Nations Unies pour la nutrition 2016-2025, pour une meilleure nutrition et des rgimes alimentaires sains; et le Programme de dveloppement durable lhorizon 2030 (Programme 2030) qui rgit le dveloppement au niveau mondial.

lheure actuelle, ces plateformes mondiales sont souvent trop cloisonnes et insuffisamment

AVANT-PROPOS

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alignes. Nous devons nous efforcer de mieux les intgrer afin que les actions sectorielles et intersectorielles, dans les domaines de lenvironnement, de lalimentation, de lagriculture et de la sant, notamment, visent des objectifs cohrents qui permettent de contrecarrer les consquences ngatives et les menaces que la variabilit du climat et laccentuation des extrmes climatiques font peser sur la scurit alimentaire, laccs des rgimes sains et des aliments srs, la nutrition et la sant.

La vision nouvelle et fconde que propose le Programme de dveloppement durable et les nouveaux dfis que nous devons relever pour liminer la faim et la malnutrition doivent

nous inciter renouveler et renforcer les cinq partenariats stratgiques de lOrganisation.

Nous raffirmons notre dtermination intensifier laction concerte afin de concrtiser les ambitions du Programme 2030 et de librer le monde de la faim et de la malnutrition sous toutes ses formes. Les signes alarmants que sont la progression de linscurit alimentaire et la forte prvalence de diffrentes formes de malnutrition constituent un avertissement clair: i l reste encore beaucoup faire pour que personne ne soit laiss pour compte sur la route qui doit conduire la ralisation des ODD visant la scurit alimentaire et la nutrition.

Jos Graziano da SilvaDirecteur gnral de la FAO

David BeasleyDirecteur excutif du PAM

Gilbert F. HoungboPrsident du FIDA

Henrietta H. ForeDirectrice excutive de lUNICEF

Tedros Adhanom GhebreyesusDirecteur gnral de lOMS

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MTHODE

Ltat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde 2018 a t labor par la Division de lconomie du dveloppement agricole de la FAO, en collaboration avec la Division de la statistique (Dpartement du dveloppement conomique et social [ES]) et une quipe de spcialistes techniques de la FAO, du FIDA, de lOMS, du PAM et de lUNICEF.

Le rapport a t produit sous la supervision dune quipe consultative compose de hauts responsables des cinq organismes onusiens partenaires de publication. Sous la direction de la FAO, lquipe consultative a dfini le thme du rapport et dcid de sa structure. Elle a dirig les travaux de lquipe de rdaction technique, qui tait compose de spcialistes de chacune des organisations coditrices. Lquipe de rdaction a fait appel des experts extrieurs pour laborer des documents dinformation qui ont complt les recherches et les analyses de donnes effectues par elle.

Lquipe de rdaction a produit plusieurs documents intrimaires, notamment un plan annot, un avant-projet et un projet f inal. Ces documents ont t examins, valids et approuvs par lquipe consultative de haut niveau chaque tape du processus. Le rapport f inal a t soumis un examen technique rigoureux effectu par de hauts responsables et des spcialistes techniques de diffrents dpartements et divisions de chacune des cinq organisations, au sige des organisations et dans les bureaux dcentraliss. Enfin, le rapport a t examin et v is par les chefs de secrtariat des cinq organisations coditrices.

REMERCIEMENTS

Ltat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde 2018 a t labor conjointement par lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO), le Fonds international de dveloppement agricole (FIDA), lOrganisation mondiale de la sant (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM), et le Fonds des Nations Unies pour lenfance (UNICEF).

Sous la direction gnrale de Kostas Stamoulis, la rdaction a t supervise par Marco V. Snchez Cantillo et Jos Rosero Moncayo et la coordination globale a t assure par Cindy Holleman, directrice de la publication, qui appartiennent tous au Dpartement du dveloppement conomique et social (ES) de la FAO. Ont collabor les membres dun comit directeur compos de Paul Winters (FIDA), Victor Aguayo (UNICEF), Francesco Branca (OMS) et Arif Husain (PAM). Carlo Cafiero (FAO), Ama Brandford-Arthur et Ashwani Muthoo (FIDA), Chika Hayashi et Roland Kupka (UNICEF), Yvonne Forsn (PAM) et Marzella Wstefeld (OMS) ont contribu la coordination et ont prt un appui technique et ditorial. Les responsables excutifs et les fonctionnaires principaux des cinq organisations coditrices ont formul de prcieuses observations et donn laval f inal.

La premire par t ie du rappor t a t coordonne par Anne Kepple (FAO). La section 1.1 a t labore par Carlo Cafiero avec Klaus Grnberger, Anne Kepple et Sara Viviani (FAO). La section 1.2 a t labore par Chika Hayashi (UNICEF) et Laurence Grummer-Strawn (OMS) avec Trudy Wijnhoven (FAO); Diana Estevez et Zita Weise Prinzo (OMS); et Julia Krasevec, Richard Kumapley, Vrinda Mehra et Louise Mwirigi (UNICEF). La section 1.3 a t labore par Anne Kepple (FAO) avec Meghan Miller et Trudy Wijnhoven (FAO); Lena Hohfeld et Gaurav Singhal (PAM); Diana Estevez et Laurence Grummer-Strawn (OMS); et Chandana Maitra, qui a mis au point un document de base.

La deuxime par t ie du rappor t a t coordonne par Cindy Holleman (FAO). Les sections 2.1 et 2.2 ont t labores par Cindy Holleman avec Trudy Wijnhoven (FAO); Tisorn Songsermsawas (FIDA); Lina Mahy et Marzella Wstefeld (OMS); et un document de base a t ralis par Michele Meroni, Felix Rembold et Andrea Toreti (Centre commun de recherche de la Commission europenne [CCR]) avec Olivier Crespo, Bruce Hewitson, Christopher Jack, Pierre Kloppers et Mark Tadross (Universit de Cape Town). La section 2.3 a t labore par Tania Osejo Carrillo (PAM) avec Cindy Holleman (FAO); Giorgia Pergolini (PAM); et Lina Mahy, Zita Weise Prinzo et Marzella Wstefeld (OMS). La section 2.4 a t labore par Sylvie Wabbes-Candotti, Julia Wolf (FAO) et Kathryn Millken (PAM) avec Nora Boehm, Maryline Darmaun, Kaisa Kartunen, Rebeca Koloffon, Catherine Leclercq, Roman Malec et Trudy Wijnhoven (FAO); Cristina Colon et Cristina Klauth (UNICEF); Giorgia Pergolini (PAM); et Lina Mahy, Zita Weise Prinzo et Marzella Wstefeld (OMS). Marco V. Snchez Cantillo a apport ses conseils ditoriaux pour lensemble de la deuxime partie.

Ont fourni des contributions utiles au rapport et formul de prcieuses observations: Lavinia Antonaci, Stephan Baas, Manuel Barange, Giacomo Branca, Jacqueline Demeranville, Dominique Burgeon, Ren Castro, Piero Conforti, Valentina Conti, Andre Croppenstedt, Jacqueline Demeranville, Juan Feng, Gustavo Gonzalez, Elizabeth Graham, Uwe Grewer, Robert Guei, Adriana Ignaciuk, Anna Lartey, Sooyeon Jin, Alexander Jones, Panagiotis Karfakis, Markus Lipp, Giuseppe Maggio, Galimira Markova, rni M. Mathiesen, Enrico Mazzoli, Meghan Miller, Jamie Morrison, Tamara Nanitashivili, Ana Ocampo,

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Oscar Rojas, Luca Russo, Antonio Scognamillo, Salar Tayyib, Junko Sazaki, Barbara Sbrocca, David Sedik, Ramasamy Selvaraju, Josef Schmidhuber, Ahmed Shukri, Ilaria Sisto, Libor Stoukal, Andreas Thulstrup, Emilie Wieben, Natalia Winder-Rossi, Benoist Veillerette, Yahor Vetlou, Firas Yassin, Mario Zappacosta et Xia Zhang (FAO); Frank Dentener et Mateo Zampieri (CCR); Diane Holland et Dolores Rio (UNICEF); Constanza Di Nucci, Ilaria Firmian, Juliane Friedrich, Liza Leclerc, Nerina Muzurovic, Joyce Njoro, Lauren Philipps et Marian Odenigbo (FIDA); Rogerio Bonifacio et Katiuscia Fara (PAM); et Jonathan Abrahams, Adelheid Marschang, Karen McColl, Kim Petersen et Amy Savage (OMS).

Klaus Grnberger et Chiamaka Nwosu taient responsables de la prparation des donnes relatives la sous-alimentation et la scurit alimentaire; i ls ont pu compter sur la contribution de Chiamaka Nwosu et Marinella Crillo, sous la supervision de Carlo Cafiero et Sara Viviani. Des donnes lappui ont t fournies par Salar Tayyib et lquipe charge des bilans alimentaires au sein de la Division de la statistique (ESS) de la FAO. Diana Estevez avait pour mission de consolider les donnes concernant la nutrition, avec la participation de: Elaine Borghi, Laurence Grummer-Strawn, Leanne Riley, Lisa Rogers, Stefan Savin et Gretchen Stevens (OMS); Richard Kumapley et Vrinda Mehra (UNICEF). Valentina Conti (FAO) tait charge de prparer lanalyse des donnes pour la deuxime partie et les annexes 2 et 3, partir de donnes communiques par: Anne-Claire Thomas et Ferdinando Urbano (CCR); Aurlien Mellin (FAO) pour les conflits et les crises alimentaires; Khadra Ghedi Alasow, Luleka Dlamini, Fatima Mohamed, Kokesto Molepo et Tichaona Mukunga (University of Cape Town) pour le climat.

Max Blanck, Andrew Park et Daniela Verona, du Dpartement du dveloppement conomique et social (ES) de la FAO, ont assur un appui la production.

Le Service de programmation et de documentation des runions (CSGM) de la FAO a assur les services dimpression et de traduction.

Le Groupe de ldition (OCCP) du Bureau de la communication de lOrganisation a prt des moyens ditoriaux et sest charg de la conception et de la mise en page du document, ainsi que de la coordination de sa production dans les six langues officielles.

REMERCIEMENTS

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ACA analyse cot-avantages

ACI agriculture climato-intelligente ou agriculture intelligente face au climat

ASIS Systme dindice de stress agricole (FAO)

CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques

CIN2 deuxime Confrence internationale sur la nutrition

CDN contributions dtermines au niveau national

CH cadre harmonis

CV coefficient de variation

DEA disponibilit nergtique alimentaire

DEC apport nergtique alimentaire

DSV dure de la saison de vgtation

ENSO Oscillation australe El Nio

FAO Organisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture

FIDA Fonds international de dveloppement agricole

FIES chelle de mesure de linscurit alimentaire fonde sur les expriences

GES gaz effet de serre

GIEC Groupe intergouvernemental dexperts sur lvolution du climat

HLPE Groupe dexperts de haut niveau sur la scurit alimentaire et la nutrition

IPC Cadre intgr de classification de la scurit alimentaire

MAG malnutrition aigu globale

MDER besoins nergtiques alimentaires minimaux

NDVI indice diffrentiel normalis de vgtation

ODD objectifs de dveloppement durable

OMS Organisation mondiale de la sant

PAM Programme alimentaire mondial

PANA Programme daction national aux fins de ladaptation

PEID Petits tats insulaires en dveloppement

PoU prvalence de la sous-alimentation

PNA plans nationaux dadaptation

PNACC programmes nationaux dadaptation au changement climatique

PVVIH personnes vivant avec le virus de limmunodficience humaine

SADC Communaut de dveloppement de lAfrique australe

SIG Systme dinformation gographique

SMIAR Systme mondial dinformation et dalerte rapide sur lalimentation et lagriculture

UNICEF Fonds des Nations Unies pour lenfance

USD dollar des tats-Unis

VIH virus de limmunodficience humaine

WHA Assemble mondiale de la Sant

SIGLES ET ACRONYMES

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MESSAGES CLS Les donnes les plus rcentes confirment une progression de la faim dans le monde, alors que celle-ci avait longtemps recul, et donc une inversion de la tendance. En 2017, le nombre de personnes sous-alimentes stablissait, daprs les estimations, 821 millions soit environ une personne sur neuf dans le monde.

Le retard de croissance chez les enfants continue de reculer lchelon mondial, mais il reste cependant un taux inacceptable. En 2017, prs de 151 millions denfants de moins de cinq ans (soit plus de 22 pour cent) prsentaient un retard de croissance.

Lmaciation continue de toucher plus de 50 millions denfants de moins de cinq ans dans le monde, des enfants chez qui on constate des taux de morbidit et de mortalit plus levs. Par ailleurs, plus de 38 millions denfants de moins de cinq ans sont en excdent pondral.

Lobsit parmi les adultes saggrave et plus dun adulte sur huit dans le monde est obse, soit plus de 672 millions de personnes. Par ailleurs, la dnutrition, lexcs pondral et lobsit coexistent dans de nombreux pays.

Linscurit alimentaire contribue au surpoids et lobsit ainsi qu la dnutrition, et des taux levs de ces formes de malnutrition coexistent dans de nombreux pays. Le cot des aliments nutritifs, plus chers que les autres, le stress caus par linscurit alimentaire et les adaptations physiologiques aux restrictions alimentaires expliquent aussi que les familles qui vivent dans linscurit sur le plan alimentaire puissent tre plus exposes au risque dexcdent pondral et dobsit.

Les difficults daccs la nourriture augmentent le risque de mettre au monde des enfants dun poids insuffisant et le risque de retard de croissance, lments qui sont lis des risques ultrieurs plus importants de surpoids et dobsit.

On constate que lexposition des extrmes climatiques plus complexes, plus frquents et plus intenses menace droder les progrs raliss dans la lutte contre la faim et la malnutrition, voire dinverser la tendance.

Outre les conflits, la variabilit du climat et les extrmes climatiques figurent parmi les facteurs cls de la rcente recrudescence de la faim dans le monde et sont lune des causes principales des graves crises alimentaires. Les effets cumuls du changement climatique sont prjudiciables toutes les dimensions de la scurit alimentaire (disponibilit, accs, utilisation et stabilit).

La nutrition est trs sensible aux changements climatiques et paie un lourd tribut: diminution de la qualit des nutriments et de la diversit des aliments produits et consomms; effets sur leau et lassainissement; profils de risque sanitaire et de maladies; rpercussions sur les soins aux mres et aux enfants et sur lallaitement au sein.

Nous devons agir rapidement et une plus grande chelle afin daccrotre la rsilience et la capacit dadaptation des systmes alimentaires, des moyens dexistence et de la nutrition face la variabilit du climat et aux extrmes climatiques.

Pour remdier au problme, il faut dvelopper les partenariats et les financements pluriannuels de grande ampleur en faveur de programmes de rduction et de gestion des risques de catastrophe et dadaptation au changement climatique qui sinscrivent dans une vision court, moyen et long termes.

Les signes dune progression croissante de linscurit alimentaire et la forte prvalence de diffrentes formes de malnutrition constituent un avertissement clair: il reste encore beaucoup faire, et il est urgent dagir pour que personne ne soit laiss pour compte sur le chemin de la ralisation des ODD sur la scurit alimentaire et la nutrition.

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RSUMFAIRE PROGRESSER LE SUIVI DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE CONTEXTE DU PROGRAMME DE DVELOPPEMENT DURABLE LHORIZON 2030Ldition 2017 de Ltat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde a marqu le dbut dune nouvelle re dans le suivi des progrs accomplis, dans le cadre du Programme 2030, vers un monde libr de la faim et de la malnutrition sous toutes ses formes. Rsoudre le problme de la faim, de linscurit alimentaire et de la malnutrition sous toutes ses formes est lun des principaux volets du deuxime objectif de dveloppement durable (ODD 2) contenu dans le Programme 2030 faire en sorte que chacun ait accs une alimentation saine, nutritive et suffisante (cible 2.1) et liminer la malnutrition sous toutes ses formes (cible 2.2). LODD 2 dpend lui-mme en grande partie des autres objectifs du Programme 2030, et il y contribue: limination de la pauvret; sant, ducation, galit des sexes et accs une eau propre et des installations sanitaires; travail dcent; rduction des ingalits; paix et justice, pour nen citer que quelques-uns.

Cette vision que propose le Programme 2030 et qui suppose des changements profonds impose de nouvelles manires de penser, de faire et de mesurer. Prenons lexemple de lpidmie mondiale dobsit: elle progresse dans les pays faible revenu, o elle vient sajouter aux multiples fardeaux de la malnutrition et des maladies non transmissibles, mais elle met aussi en vidence la ncessit de repenser notre manire denvisager et de mesurer la faim et linscurit alimentaire et les liens avec la nutrition et la sant. Les outils de collecte de donnes et de mesure voluent rapidement et permettent de surmonter les difficults de suivi que comporte le nouveau programme.

Lan pass, le rapport comprenait plusieurs innovations destines promouvoir de nouvelles manires de penser la scurit alimentaire et la

nutrition dans le contexte du Programme 2030 et de rpondre aux dfis du Cadre daction de la deuxime Confrence internationale sur la nutrition (CIN2) et de la Dcennie daction des Nations Unies pour la nutrition 2016-2025). Il avait t largi un ensemble de six indicateurs relatifs au suivi des objectifs mondiaux de lAssemble mondiale de la Sant en matire de nutrition et de maladies non transmissibles lies au rgime alimentaire, dont trois indicateurs sont aussi des indicateurs des cibles de lODD 2. De plus, il prsentait pour la premire fois un nouvel indicateur de la scurit alimentaire, la prvalence de linscurit alimentaire grave, qui se fonde sur lchelle de mesure de linscurit alimentaire fonde sur les expriences (chelle FIES) et constitue une estimation de la proportion de la population dont la capacit daccs lalimentation en suffisance est fortement restreinte.

DAPRS LES DONNES, LA PROGRESSION DE LA FAIM OBSERVE DEPUIS QUELQUES ANNES SE POURSUIT, CE QUI SIGNIFIE QUE NOUS NE SOMMES PAS SUR LA BONNE VOIE POUR LIMINER LA FAIM DICI 2030Les donnes recueillies cette anne indiquent une progression de la faim dans le monde. Daprs les donnes disponibles, le nombre de personnes souffrant de la faim est en augmentation depuis trois ans et retrouve son niveau dil y a 10 ans. En chiffre absolu, le nombre total de personnes sous-alimentes, ou en situation de manque chronique de nourriture, est pass de 804 millions environ en 2016 prs de 821 millions en 2017. La situation saggrave en Amrique du Sud et dans la plupart des rgions dAfrique, et le recul de la sous-alimentation, qui caractrisait lAsie jusqu une priode rcente, semble considrablement ralentir dans cette rgion. Si nous ne redoublons pas defforts, nous risquons de manquer totalement lobjectif de llimination de la faim dici 2030, prescrite par les ODD.

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LA DNUTRITION CHEZ LENFANT CONTINUE DE RECULER MAIS LES TAUX DOBSIT CHEZ LES ADULTES ET DANMIE CHEZ LES FEMMES EN GE DE PROCRER SONT EN AUGMENTATIONUne bonne nutrition est la pierre angulaire du dveloppement durable et un facteur de transition vers un avenir plus viable et plus prospre. Le retard de croissance chez les enfants est en baisse et lallaitement exclusif au sein pendant les six premiers mois progresse, mme si ces progrs sont limits dans leur ampleur et dans leur rythme. Mais par ailleurs, bien que la prvalence de lexcs pondral chez les enfants de moins de cinq ans soit stable depuis quelques annes, lobsit chez les adultes est en augmentation et une femme sur trois en ge de procrer est anmie.

Les enfants dont le rapport poids-taille est faible (maciation) courent un risque de mortalit accru. En 2017, 7,5 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffraient de cette forme de dnutrition, dont la prvalence rgionale allait de 1,3 pour cent en Amrique latine 9,7 pour cent en Asie.

On rencontre de multiples formes de malnutrition dans de nombreux pays. Un accs limit la nourriture, et en particulier des aliments bons pour la sant, contribue la dnutrition ainsi qu lexcs pondral et lobsit. Il augmente le risque dinsuffisance pondrale la naissance, de retard de croissance chez lenfant et danmie chez les femmes en ge de procrer. Il est galement li lexcs pondral chez les f il les dge scolaire et lobsit chez les femmes, en particulier dans les pays revenu intermdiaire et les pays revenu lev. Le cot des aliments nutritifs, plus chers que les autres, le stress caus par linscurit alimentaire et les adaptations physiologiques aux restrictions alimentaires expliquent aussi que les familles qui v ivent dans linscurit sur le plan alimentaire soient plus exposes au risque dexcdent pondral et

dobsit. En outre, les carences alimentaires chez les mres et chez les nourrissons et les enfants peuvent marquer dune empreinte mtabolique la vie ftale et la petite enfance, avec pour effet daccrotre le risque dobsit et de maladies non transmissibles lies au rgime alimentaire plus tard dans lexistence.

LA VARIABILIT DU CLIMAT ET LEXPOSITION DES EXTRMES CLIMATIQUES MENACENT DRODER, VOIRE DINVERSER, LES ACQUIS EN MATIRE DE LUTTE CONTRE LA FAIM ET LA MALNUTRITION

Alors que ldition prcdente proposait une tude approfondie du rle des conf lits, ldition 2018 est centre sur le rle du climat, et plus particulirement la variabilit du climat et les extrmes climatiques.

La variabilit du climat et les extrmes climatiques figurent, en effet, parmi les principaux facteurs lorigine de la rcente recrudescence de la faim dans le monde et sont lune des causes principales des graves crises alimentaires. La nature nouvelle de la variabilit du climat et des extrmes climatiques a une incidence sur toutes les dimensions de la scurit alimentaire (disponibilit, accs, utilisation et stabilit), ainsi que sur les autres causes sous-jacentes de la malnutrition (alimentation des enfants et soins qui leur sont apports, services de sant et sant de lenvironnement). Le risque dinscurit alimentaire et de malnutrition est accru aujourdhui car les moyens dexistence et les actifs de subsistance, surtout parmi les pauvres, sont plus exposs et plus vulnrables la variabilit du climat et aux extrmes climatiques. Que faire pour empcher cette menace droder les acquis obtenus ces dernires annes en matire de lutte contre la faim et la malnutrition?

Le prsent rapport appelle instamment la communaut internationale acclrer

RSUM

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et largir les mesures visant renforcer la rsilience et la capacit dadaptation face la variabilit du climat et aux extrmes climatiques. Les gouvernements nationaux et les autorits locales peuvent sappuyer sur les conclusions et les recommandations des plateformes et processus mondiaux existants: la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et lAccord de Paris de 2015 pour ce qui concerne le changement climatique; le Cadre daction de Sendai pour la rduction des risques de catastrophe 2015-2030, dans le domaine de la rduction des risques de catastrophe; le Sommet humanitaire mondial de 2016 et le Grand Bargain (grand compromis) pour les interventions humanitaires durgence; la deuxime Confrence internationale sur la nutrition (CIN2) et la Dcennie daction des Nations Unies pour la nutrition 2016-2025, pour une meilleure nutrition et des rgimes alimentaires sains; et le Programme de dveloppement durable lhorizon 2030 (Programme 2030) qui rgit le dveloppement au niveau mondial. Il est cependant important de veiller une meilleure intgration de ces plateformes et processus mondiaux afin que les interventions sectorielles et intersectorielles environnement, alimentation, agriculture et sant, notamment poursuivent des objectifs cohrents. Le succs des politiques, programmes et pratiques mis en place par les gouvernements nationaux et les autorits locales en vue de relever les dfis susmentionns repose aussi sur des facteurs transversaux, ainsi que sur des outils

spcifiques et des mcanismes adaptables des contextes particuliers.

La premire partie du rapport prsente les faits les plus rcents concernant la faim, linscurit alimentaire et la malnutrition, laccent tant mis sur le suivi des progrs accomplis dans la concrtisation des cibles 2.1 et 2.2 des ODD. Cette anne, le rapport fournit galement une analyse plus approfondie des indicateurs de lmaciation chez les enfants de moins de cinq ans. La section qui conclut la premire partie tente de jeter des ponts entre les deux premires sections en tudiant les liens entre linscurit alimentaire et les diverses formes de malnutrition. Les donnes dont on dispose montrent en quoi un accs insuffisant la nourriture peut contribuer simultanment la dnutrition et lexcs pondral et lobsit, do la coexistence des multiples formes de malnutrition au niveau des pays et parfois au sein dun mme mnage.

La deuxime partie dcrit plus en dtail dans quelle mesure la variabilit du climat et les extrmes climatiques entravent les progrs en matire de scurit alimentaire et de nutrition, ce de plusieurs manires. Lanalyse propose donne des indications sur laction mener pour relever les dfis de la variabilit du climat et des extrmes climatiques et parvenir liminer la faim et la malnutrition sous toutes ses formes dici 2030 (cibles 2.1 et 2.2 des ODD) ainsi que les autres ODD, notamment en prenant des mesures de lutte contre le changement climatique et ses effets (ODD 13).

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TORIT, SOUDAN DU SUDDans le cadre d'un projet men par la FAO visant amliorer la nutrition et renforcer la rsilience des mnages linscurit alimentaire, des femmes appartenant lune des 60 coles de terrain agropastorales du pays portent du charbon de bois pour cuisiner.FAO/Stefanie Glinski

PARTIE 1 LA SCURIT

ALIMENTAIRE ET LA

NUTRITION DANS LE

MONDE EN 2018

1.1 TENDANCES RCENTES DE LA FAIM ET DE L'INSCURIT ALIMENTAIRE MESSAGES CLS

De nouveaux lments concrets continuent d'indiquer que la faim dans le monde a augment ces dernires annes aprs une longue priode de recul. Selon les estimations, 821 millions de personnes, soit environ une personne sur neuf, sont sous-alimentes.

Il semble que la sous-alimentation et l'inscurit alimentaire grave augmentent dans presque toutes les sous-rgions d'Afrique, ainsi qu'en Amrique du Sud, tandis que la situation de la sous-alimentation reste stable dans la plupart des rgions d'Asie.

L'augmentation de la faim et de l'inscurit alimentaire sont le signe qu'un travail considrable reste encore accomplir pour s'assurer que nous ne laisserons personne de ct sur la voie dun monde Faim zro.

CIBLE 2.1

Dici 2030, liminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnrable, y compris les nourrissons, ait accs toute lanne une alimentation saine, nutritive et suffisante.

Prvalence de la sous-alimentationDans l'dition 2017 de L'tat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde, i l tait indiqu que la baisse de la prvalence de la sous-alimentation (PoU), qui a dur 10 ans, tait arrive son terme et stait peut-tre inverse. Cette f in de cycle tait principalement impute linstabilit persistance rgnant dans les rgions ravages par des conflits, aux phnomnes climatiques dfavorables qui ont frapp de nombreuses rgions du monde ainsi quaux ralentissements de lactivit conomique qui ont touch des environnements plus pacifiques et aggrav la situation de la scurit alimentaire. De nouvelles donnes confirment que la baisse de la consommation alimentaire par habitant dans certains pays et laccroissement des ingalits daccs lalimentation dans dautres pays ont contribu ce qui devrait tre une nouvelle augmentation du pourcentage de personnes dans le monde ayant une consommation d'nergie alimentaire insuffisante en 2017. Les dernires estimations de la FAO montrent que la proportion de personnes sous-alimentes dans la population mondiale semble avoir augment pendant deux annes conscutives et pourrait avoir atteint 10,9 pour cent en 2017 (f igure 1 et tableau 1).1

Mme si l'augmentation absolue du pourcentage peut sembler ngligeable d'un point de vue historique, et compte tenu de laccroissement constant de la population, force est de constater que le nombre de personnes qui souffrent de la faim a augment au cours des trois dernires annes au point de revenir aux niveaux dil y a presque 10 ans ( f igure 1). Selon les estimations, le nombre absolu de personnes sous-alimentes dans le monde est pass d'environ 804 millions en 2016 prs de 821 millions en 2017. Cette tendance indique clairement que l'ODD visant

PARTIE 1

LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

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liminer la faim ne sera pas atteint d'ici 2030 si lon ne redouble pas defforts.

Ces nouvelles estimations (voir l'encadr 1) confirment malheureusement que la PoU en Afrique et en Ocanie a augment depuis un certain nombre d'annes (tableau 1). L'Afrique reste le continent le plus touch par la PoU, qui frappe presque 21 pour cent de la population (plus de 56 millions de personnes). Les estimations rvlent galement que la tendance la baisse qui caractrisait l'Asie jusqu' rcemment s'est peut-tre acheve. Les prvisions concernant la PoU en Asie en 2017 montrent que 11,4 pour cent de la population est sous-alimente, ce qui reprsente plus de 515 millions de personnes, un chiffre qui confirme que cette rgion compte le plus grand nombre de personnes sous-alimentes dans le monde.

Un examen plus attentif des sous-rgions de l'Asie montre que l'Asie de l'Ouest et lAsie du Sud-Est contribuent ralentir cette tendance la baisse,

dautant que les pays d'Asie du Sud-Est ont t touchs par des conditions climatiques dfavorables qui ont eu des effets sur les disponibilits et les prix alimentaires, et que les pays d'Asie occidentale ont t ravags par des conflits arms prolongs.

En Afrique, la situation est plus inquitante dans la rgion de lAfrique subsaharienne o, selon les estimations, 23,2 pour cent de la population - soit entre une personne sur quatre et une personne sur cinq dans la rgion - pourrait avoir souffert d'une privation chronique de nourriture en 2017. Une augmentation de la PoU a t observe dans toutes les sous-rgions de l'Afrique subsaharienne sauf en Afrique de l'Est. Une lgre augmentation est constate en Afrique australe, tandis qu'une hausse significative est observe en Afrique de l'Ouest, due, peut-tre, des facteurs tels que la scheresse2, la hausse des prix des aliments3 et un ralentissement de la croissance du produit intrieur brut (PIB) rel par habitant4. La dynamique de la PoU ainsi quun accroissement rapide de la

L'TAT DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE 2018

FIGURE 1LE NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTES DANS LE MONDE A AUGMENT DEPUIS 2014 POUR ATTEINDRE ENVIRON 821 MILLIONS EN 2017

* Valeurs projetes, illustres par des lignes en pointill et des cercles vides. SOURCE: FAO.

14,5

13,8

13,112,6

12,211,8

11,511,3

11,010,7 10,6 10,8

10,9

945,0911,4

876,9855,1

839,8820,5 812,8 805,7 794,9 783,7 784,4

804,2820,8

457

587

717

847

977

1 107

7,0

9,0

11,0

13,0

15,0

17,0

Prvalence (en %) Nombre (en millions)

19,0

3275,02005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017*

1 237

POUR

CENT

AGE

MIL

LION

S

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PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

TABLEAU 1 PRVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION DANS LE MONDE, EN 2005-2017

Prvalence de la sous-alimentation (%)

2005 2010 2012 2014 2016 20171

MONDE 14,5 11,8 11,3 10,7 10,8 10,9

AFRIQUE 21,2 19,1 18,6 18,3 19,7 20,4

Afrique du Nord 6,2 5,0 8,3 8,1 8,5 8,5

Afrique subsaharienne 24,3 21,7 21,0 20,7 22,3 23,2

Afrique de l'Est 34,3 31,3 30,9 30,2 31,6 31,4

Afrique centrale 32,4 27,8 26,0 24,2 25,7 26,1

Afrique australe 6,5 7,1 6,9 7,4 8,2 8,4

Afrique de l'Ouest 12,3 10,4 10,4 10,7 12,8 15,1

ASIE 17,3 13,6 12,9 12,0 11,5 11,4

Asie centrale 11,1 7,3 6,2 5,9 6,0 6,2

Asie de l'Est 14,1 11,2 9,9 8,8 8,5 8,5

Asie du Sud-Est 18,1 12,3 10,6 9,7 9,9 9,8

Asie du Sud 21,5 17,2 17,1 16,1 15,1 14,8

Asie de l'Ouest 9,4 8,6 9,5 10,4 11,1 11,3

Asie centrale et Asie du Sud 21,1 16,8 16,7 15,7 14,7 14,5

Asie de l'Est et Asie du Sud-Est 15,2 11,5 10,1 9,0 8,9 8,9

Asie de lOuest et Afrique du Nord 8,0 7,1 8,9 9,3 9,9 10,0

AMRIQUE LATINE ET CARABES 9,1 6,8 6,4 6,2 6,1 6,1

Carabes 23,3 19,8 19,3 18,5 17,1 16,5

Amrique latine 8,1 5,9 5,4 5,3 5,3 5,4

Amrique centrale 8,4 7,2 7,2 6,8 6,3 6,2

Amrique du Sud 7,9 5,3 4,7 4,7 4,9 5,0

OCANIE 5,5 5,2 5,4 5,9 6,6 7,0

AMRIQUE DU NORD ET EUROPE < 2,5 < 2,5 < 2,5 < 2,5 < 2,5 < 2,51 Valeurs projetes.SOURCE: FAO.

population ont entran une augmentation spectaculaire du nombre total de personnes sous-alimentes (tableau 2). Le nombre de personnes sous-alimentes en Afrique subsaharienne est pass de 181 millions en 2010 prs de 222 millions en 2016, soit une augmentation de 22,6 pour cent en six ans. Selon les prvisions actuelles, i l pourrait avoir dpass 236 millions en 2017.

Dans un contexte o le taux de sous-alimentation continue dtre relativement faible, la situation se

dgrade nanmoins en Amrique du Sud, o la PoU est passe de 4,7 pour cent en 2014 5,0 pour cent en 2017. Ces tendances peuvent sexpliquer par la faiblesse persistante des prix des principaux produits d'exportation - notamment le ptrole brut - qui a tari les ressources financires pour les importations alimentaires, limit la capacit des gouvernements investir dans l'conomie et considrablement rduit les revenus fiscaux qui sont ncessaires pour protger les plus vulnrables contre la hausse des prix intrieurs et la perte de revenu.

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L'TAT DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE 2018

Pour laborer chaque dition du rapport sur L'tat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde, la Division de statistique de la FAO procde une rvision complte de l'ensemble des sries d'estimations relatives la prvalence de la sous-alimentation (PoU) afin de tenir compte de tous les lments mis jour ou supplmentaires recueillis depuis la publication de l'dition prcdente. Il est donc conseill au lecteur, non pas de comparer directement les sries de PoU prsente dans les diffrentes ditions du rapport, mais de se rfrer aux chiffres prsents dans la mme dition pour valuer l'volution de la sous-alimentation sur la dure.

Dans cette dition, la principale rvision concerne la srie de donnes sur la population, qui est utilise pour tous les pays. Les estimations des populations nationales sont dsormais obtenues partir de la rvision du document intitul Perspectives dmographiques mondiales5, publi par la Division de la population du Dpartement des affaires conomiques et sociales des Nations Unies (DAES) en mai 2017. Il convient de noter que la nouvelle srie d'estimations dmographiques peut prsenter des chiffres diffrents de ceux des annes prcdentes, car les sries statistiques officielles sont rvises rtrospectivement chaque fois que de nouvelles donnes sont disponibles et que les incohrences sont corriges. Les chiffres sur la population (niveau et composition par ge/sexe) ont plusieurs incidences sur les estimations relatives la PoU car ils entrent dans le calcul des niveaux de disponibilit nergtique alimentaire par habitant (DEA) et dans les estimations des besoins nergtiques alimentaires minimaux (MDER) et sont utiliss pour calculer le nombre de personnes sous-alimentes.

La prsente dition inclut galement des estimations actualises de lapport nergtique alimentaire pour un certain nombre de pays ayant le plus grand nombre de personnes sous-alimentes dans le monde. Ces estimations rsultent dune rvision de la mthode utilise pour tablir les bilans alimentaires.

Comme laccoutume, les estimations de la PoU sont prsentes sous la forme de moyennes triennales au niveau national et de valeurs annuelles au niveau rgional et mondial. Des projections sont ncessaires pour gnrer des chiffres pour la priode la plus rcente. Comme dans l'dition 2017 du rapport sur L'tat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde, les estimations de la PoU pour l'anne en cours sont obtenues en effectuant des projections distinctes pour chacun des paramtres du modle: lapport nergtique alimentaire (DEC), le coefficient de variation (CV) de cet apport et les besoins nergtiques alimentaires minimaux (MDER).

Projection du DEC. Pour estimer la valeur du DEC pour des priodes rcentes, on utilise les donnes de la disponibilit par habitant des principaux produits, telles que les crales et viande, communiques par la Division du commerce et des marchs (EST) de la FAO, pour estimer les taux de variation probables des disponibilits alimentaires totales entre 2013, 2014, 2015 ou 2016 (selon les pays) jusqu 2017. Ces taux de variation sont ensuite appliqus aux valeurs les plus rcentes disponibles du DEC pour obtenir des projections jusqu 2017.

Projection des CV. Aucune donne sur la consommation alimentaire des mnages nayant t recueillies en 2017 dans la plupart des pays, les valeurs des CV estimes partir des donnes les plus rcentes ont t projetes jusquen 2017 sans aucune modification. Cependant, lorsqu'elles taient disponibles, les estimations de la prvalence de l'inscurit alimentaire grave - bases sur l'chelle de mesure de l'inscurit alimentaire fonde sur les expriences (FIES) - ont t utilises comme informations complmentaires dans la projection des CV. Depuis 2014, les donnes de lchelle de mesure FIES fournissent des lments actualiss sur les variations de la prvalence de linscurit alimentaire grave (IAgrave) qui pourraient reprsenter fidlement les variations de la PoU. Ces variations peuvent tre utilises pour interprter les variations des CV qui pourraient avoir eu lieu au cours de l'anne la plus rcente. Des analyses dtailles de la Division de statistique de la FAO des donnes de la PoU et des diffrents paramtres montrent quen moyenne, les CV expliquent environ un tiers des variations de la PoU aprs la prise en compte des carts concernant le DEC et les MDER. Ainsi, pour les pays qui ont accept de diffuser des estimations nationales de leur prvalence de l'inscurit alimentaire en prenant lchelle FIES comme base, les variations de lIAgrave de 2016 2017 ont t utilises pour dterminer les variations possibles des CV sur la mme priode. Pour ces pays, le CV a t rvis dans une mesure permettant de gnrer une variation de 1 pour cent de la PoU chaque fois qu'un changement de 3 pour cent de lIAgrave est observ.

Projection des MDER. Les MDER en 2017 sont calculs partir de la structure de la population projete issue du document Perspectives dmographiques mondiales (rvision de 2017, variante moyenne) produit par la Division de la population du DAES de lONU.

Ces projections pourraient tre rvises dans les prochaines ditions de ce rapport dans la mesure o de nouvelles donnes recueillies dans le cadre d'enqutes et de nouvelles donnes officielles sur des lments des bilans alimentaires pourraient tre disponibles. Pour de plus amples dtails sur le sujet, voir la note mthodologique lannexe 1.

ENCADR 1SRIE RVISE D'ESTIMATIONS DE LA PRVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION ET PROJECTIONS POUR 2017

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PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

TABLEAU 2 NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTES DANS LE MONDE, EN 2005-2017

Nombre de personnes sous-alimentes (en millions)

2005 2010 2012 2014 2016 20171

MONDE 945,0 820,5 805,7 783,7 804,2 820,8

AFRIQUE 196,0 200,2 205,2 212,5 241,3 256,5

Afrique du Nord 9,7 8,5 17,6 17,8 19,5 20,0

Afrique subsaharienne 176,7 181,0 187,6 194,7 221,9 236,5

Afrique de l'Est 113,5 119,1 113,3 117,1 129,6 132,2

Afrique centrale 36,2 36,5 36,4 36,1 40,8 42,7

Afrique australe 3,6 4,2 4,2 4,6 5,2 5,4

Afrique de l'Ouest 33,0 31,9 33,7 36,9 46,3 56,1

ASIE 686,4 569,9 552,2 523,1 514,5 515,1

Asie centrale 6,5 4,6 4,0 4,0 4,2 4,4

Asie de l'Est 219,1 178,4 160,4 142,6 139,5 139,6

Asie du Sud-Est 101,7 73,7 65,1 60,6 63,6 63,7

Asie du Sud 339,8 293,1 299,6 289,4 278,1 277,2

Asie de l'Ouest 19,4 20,1 23,1 26,5 29,1 30,2

Asie centrale et Asie du Sud 346,3 297,7 303,7 293,4 282,3 281,6

Asie de l'Est et Asie du Sud-Est 320,7 252,1 225,5 203,2 203,1 203,3

Asie de lOuest et Afrique du Nord 29,1 28,6 40,7 44,3 48,6 50,1

AMRIQUE LATINE ET CARABES 51,1 40,7 38,9 38,5 38,9 39,3

Carabes 9,1 8,0 7,9 7,7 7,2 7,0

Amrique latine 42,1 32,6 31,0 30,8 31,7 32,3

Amrique centrale 12,4 11,6 11,9 11,6 11,0 11,0

Amrique du Sud 29,6 21,1 19,1 19,3 20,7 21,4

OCANIE 1,8 1,9 2,0 2,3 2,6 2,8

AMRIQUE DU NORD ET EUROPE2 < 26,4 < 27,0 < 27,2 < 27,3 < 27,5 < 27,6

1 Valeurs projetes.2 Les chiffres pour l'Amrique du Nord et l'Europe reprsentent moins de 2,5 pour cent de la population chaque anne.SOURCE: FAO.

Prvalence dune inscurit alimentaire grave dans la population, value selon l'chelle de mesure FIESDans ldition de l'anne dernire, le rapport sur Ltat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde prsentait pour la premire fois des estimations de la prvalence de l'inscurit alimentaire grave fondes sur l'chelle de mesure de l'inscurit alimentaire fonde sur les expriences (ou FIES, Food Insecurity Experience Scale)6 (voir lencadr 2).

Les estimations sont fondes sur les donnes recueillies par la FAO l'aide de lchelle de mesure FIES dans plus de 140 pays dans le monde7 et sur les donnes recueillies par les institutions nationales grce cette chelle ou d'autres chelles similaires de mesure de la scurit alimentaire fonde sur les expriences dans un certain nombre de pays des Amriques, d'Afrique et d'Asie8. Les estimations au niveau national ont t talonnes par rapport l'chelle de rfrence internationale de la FIES afin de garantir la comparaison au niveau mondial9. Les rsultats peuvent tre produits trs rapidement,

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L'TAT DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE 2018

ENCADR 2COMMENT LA FAIM ET L'INSCURIT ALIMENTAIRE SONT-ELLES MESURES?

Prvalence de la sous-alimentationLa prvalence de la sous-alimentation (PoU) est l'indicateur que la FAO utilise gnralement pour surveiller la faim aux niveaux rgional et mondial. Il a t labor une poque o trs peu de gouvernements nationaux, en particulier dans les pays faible revenu, collectaient rgulirement des donnes sur la consommation alimentaire. La mthode consistait utiliser des donnes agrges par pays (disponibles pour la plupart des pays) et des donnes occasionnelles relatives la consommation alimentaire (disponibles pour quelques pays) pour produire une estimation de la proportion de la population qui n'a pas rgulirement accs une quantit d'nergie alimentaire suffisante pour mener une vie active et saine. Plus tard, grce aux progrs raliss dans la mise en uvre des enqutes nationales auprs des mnages, le nombre de pays capables de fournir des informations sur l'ingalit d'accs des aliments en quantit suffisante dans leur population a augment. Aujourd'hui, un plus grand nombre de pays du monde recueillent des informations sur ce sujet dans le cadre d'enqutes dmographiques nationales qui sont menes priodiquement et gnrent des donnes qui sont de plus en plus utilises pour amliorer les estimations de la FAO relatives la PoU dans les pays.

Cependant, comme la plupart des enqutes auprs des mnages ne fournissent pas de donnes directes sur la consommation alimentaire individuelle, la PoU est estime au moyen d'un modle statistique qui permet de modliser la distribution de la consommation habituelle pour un individu reprsentatif de la population. Le problme que pose cette mthode est quon ne peut faire de dductions quau niveau dun groupe de population et que les donnes ne peuvent tre ventiles que si la reprsentativit des enqutes qui ont permis de recueillir les donnes le permet. Compte tenu de la disponibilit actuelle des donnes pour la plupart des pays, les estimations relatives la PoU ne peuvent pas tre labores des niveaux suffisamment fins pour quil soit possible disoler des populations vulnrables spcifiques l'intrieur des pays, ce qui constitue une limite au suivi de l'objectif Faim zro, trs ambitieux, fix dans un programme qui vise ce que personne ne soit laiss pour compte. De plus, en raison de la nature probabiliste et des marges d'incertitude associes aux paramtres du modle, qui impliquent gnralement des intervalles de confiance d'environ

5 points de pourcentage autour de l'estimation, il nest pas possible de suivre les progrs de la lutte contre la sous-alimentation lorsque les niveaux de PoU sont dj trs bas.

La prvalence de linscurit alimentaire grave, value selon l'chelle de mesure de l'inscurit alimentaire fonde sur les expriencesAfin de complter les informations fournies par la PoU et de permettre un suivi plus efficace de la cible 2.1 des ODD l'chelle mondiale, la FAO s'est inspire des pays ayant dj adopt une approche diffrente pour mesurer l'inscurit alimentaire. L'approche consiste, dans le cadre d'une enqute, demander des personnes de dcrire les conditions et les comportements qui caractrisent en gnral les contraintes lies l'accs aux aliments. Le module d'enqute sur l'chelle de mesure de l'inscurit alimentaire fonde sur les expriences (FIES) est compos de huit questions qui ont t soigneusement slectionnes et testes et qui se sont rvles efficaces pour mesurer la gravit de la situation d'inscurit alimentaire des rpondants dans diffrents contextes culturels, linguistiques et de dveloppement. Les donnes relatives lchelle de mesure FIES sont faciles traiter, de sorte que lon peut produire des rsultats rapidement et fournir une image en temps rel de la situation.

Lchelle FIES prsente deux caractristiques qui en font un outil prcieux pour relever les problmes de suivi prsents par le Programme 2030. Premirement, tant donn qu'il s'agit d'une mesure fonde sur des enqutes directes, les rsultats des enqutes dmographiques nationales grande chelle auprs de la population peuvent tre ventils, permettant ainsi d'identifier les sous-populations les plus touches par l'inscurit alimentaire. Deuximement, il est possible d'estimer la prvalence de l'inscurit alimentaire diffrents niveaux de gravit. Une personne en situation d'inscurit alimentaire grave est susceptible d'avoir pass des journes entires sans manger en raison du manque d'argent ou d'autres ressources (voir la figure de l'encadr ci-dessous).

Bien qu'elles soient fondes sur diffrentes mthodes et sources de donnes, la PoU et la prvalence de l'inscurit alimentaire grave sont deux mesures de l'ampleur de la privation alimentaire grave dans la population (voir l'encadr 3 et la figure 4).

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PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

ENCADR 2(SUITE)

FIGURE 2L'INSCURIT ALIMENTAIRE GRAVE EST PLUS LEVE EN 2017 QU'EN 2014 DANS TOUTES LES RGIONS L'EXCEPTION DE L'AMRIQUE DU NORD ET DE L'EUROPE, AVEC DES AUGMENTATIONS NOTABLES EN AFRIQUE ET EN AMRIQUE LATINE

INSCURIT ALIMENTAIRE FONDE SUR LCHELLE DE MESURE FIES: QUEST-CE QUE CELA SIGNIFIE?

Incertitude concernant la capacit de se procurer

des aliments.

Compromis sur la qualit et la diversit des

aliments consomms.

Quantits rduites,repas sauts.

Pas daliments pour un jour ou plus.

DE LA SCURITALIMENTAIRE L'INSCURIT

ALIMENTAIRE LGRE

INSCURITALIMENTAIRE MODRE

INSCURITALIMENTAIRE GRAVE

Cette personne: manque d'argent ou de ressources pour une alimentation saine; nest pas sre de pouvoir se procurer des aliments; a probablement saut des repas ou a manqu parfois de nourriture.

Cette personne: na plus daliments; a parfois pass une journe entire sans manger pendant l'anne.

SOURCE: Figure cre par la Division de statistique de la FAO pour ce rapport.

SOURCE: FAO.

0

5

10

15

20

25

30

2014 2015 2016 2017 2014 2015 2016 2017 2014 2015 2016 2017 2014 2015 2016 2017 2014 2015 2016 2017

MONDE AFRIQUE ASIE AMRIQUE LATINE AMRIQUE DUNORD ET EUROPE

POUR

CENT

AGE

RGIONS

8,9 8,4 8,9 10,2

22,3 22,425,4

29,8

7,3 6,6 6,5 6,9 7,6 6,3 7,69,8 1,5 1,5 1,2 1,4

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L'TAT DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE 2018

fournissant ainsi une image en temps rel de la situation sans tre bass sur des projections.

En 2017, selon les dernires estimations de la FAO, prs de 10 pour cent de la population mondiale ont souffert de linscurit alimentaire grave, soit environ 770 millions de personnes. Au niveau rgional, les valeurs vont de 1,4 pour cent en

Amrique du Nord et en Europe prs de 30 pour cent en Afrique. Tout comme la PoU, l'inscurit alimentaire grave a augment au niveau mondial, en raison de tendances observes en Afrique et en Amrique latine (voir la figure 2, le tableau 3 et le tableau 4).

Il est important de noter que la prvalence de l'inscurit alimentaire grave, base sur l'chelle FIES,

TABLEAU 3PRVALENCE DE L'INSCURIT ALIMENTAIRE GRAVE, MESURE LAIDE DE LCHELLE DE MESURE DE LINSCURIT ALIMENTAIRE FONDE SUR LES EXPRIENCES, EN 2014-2017

Prvalence (pourcentage dans la population totale)

2014 2015 2016 2017

MONDE 8,9 8,4 8,9 10,2

AFRIQUE 22,3 22,4 25,4 29,8

Afrique du Nord 11,2 10,0 11,7 12,4

Afrique subsaharienne 25,0 25,2 28,6 33,8

Afrique de l'Est 25,9 25,4 29,7 32,4

Afrique centrale 33,9 34,3 35,6 48,5

Afrique australe 21,3 20,4 30,8 30,9

Afrique de l'Ouest 20,7 21,9 23,8 29,5

ASIE 7,3 6,6 6,5 6,9

Asie centrale 1,9 1,7 2,7 3,5

Asie de l'Est < 0,5 < 0,5 0,9 1,0

Asie du Sud-Est 7,3 6,6 9,3 10,1

Asie du Sud 13,5 12,0 10,1 10,7

Asie de l'Ouest 8,8 9,0 9,4 10,5

Asie centrale et Asie du Sud 13,0 11,6 9,8 10,4

Asie de l'Est et Asie du Sud-Est 2,4 2,2 3,3 3,6

Asie de lOuest et Afrique du Nord 9,9 9,5 10,5 11,4

AMRIQUE LATINE ET CARABES s.o. s.o. s.o. s.o.

Carabes s.o. s.o. s.o. s.o.

Amrique latine 7,6 6,3 7,6 9,8

Amrique centrale 12,7 10,2 8,3 12,5

Amrique du Sud 5,5 4,7 7,3 8,7

OCANIE s.o. s.o. s.o. s.o.

AMRIQUE DU NORD ET EUROPE 1,5 1,5 1,2 1,4

NOTE: s.o. = sans objet.SOURCE: FAO.

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PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

TABLEAU 4NOMBRE DE PERSONNES SOUFFRANT D'INSCURIT ALIMENTAIRE GRAVE, MESURE LAIDE DE L'CHELLE DE MESURE DE L'INSCURIT ALIMENTAIRE FONDE SUR LES EXPRIENCES, EN 2014-2017

Nombre de personnes (en millions)

2014 2015 2016 2017

MONDE 647,3 618,9 665,7 769,4

AFRIQUE 260,1 267,0 311,2 374,9

Afrique du Nord 24,6 22,5 26,7 29,0

Afrique subsaharienne 235,4 244,5 284,5 345,9

Afrique de l'Est 100,5 101,7 121,9 136,8

Afrique centrale 50,6 52,7 56,5 79,2

Afrique australe 13,3 12,9 19,8 20,1

Afrique de l'Ouest 71,1 77,2 86,3 109,8

ASIE 319,3 291,4 287,9 311,9

Asie centrale 1,3 1,1 1,9 2,5

Asie de l'Est < 9,0 < 9,1 15,3 16,4

Asie du Sud-Est 46,0 42,1 59,8 65,8

Asie du Sud 242,2 218,1 186,2 199,2

Asie de l'Ouest 22,3 23,2 24,7 28,0

Asie centrale et Asie du Sud 243,5 219,3 188,1 201,7

Asie de l'Est et Asie du Sud-Est 53,5 48,9 75,1 82,2

Asie de lOuest et Afrique du Nord 46,9 45,7 51,5 57,0

AMRIQUE LATINE ET CARABES s.o. s.o. s.o. s.o.

Carabes s.o. s.o. s.o. s.o.

Amrique centrale 21,6 17,6 14,5 22,2

Amrique du Sud 22,8 19,4 30,8 36,7

AMRIQUE DU NORD ET EUROPE 16,2 16,3 13,5 15,2

NOTE: s.o.: sans objet.SOURCE: FAO.

ne doit pas tre confondue avec d'autres indicateurs utilisant une terminologie similaire pour dcrire les conditions d'inscurit alimentaire (voir l'encadr 4).

Diffrences entre les sexes dans le domaine de la scurit alimentaireL'examen des carts qui existent entre les hommes et les femmes sur le plan du dveloppement est particulirement important car il montre o se situent les carts, quelles en sont les causes potentielles et comment les

combler. Une caractristique intressante des donnes recueillies l'aide du module FIES au niveau individuel est quelles donnent la possibilit d'examiner les diffrences entre les sexes dans le domaine de la scurit alimentaire.

L'analyse des donnes de la FIES collectes par la FAO dans plus de 140 pays, montre qu'en Afrique, Asie et Amrique latine, on note que la prvalence de l'inscurit alimentaire grave est lgrement plus leve chez les femmes, avec les plus grands carts en Amrique latine (figure 3). n

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L'TAT DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE 2018

FIGURE 3EN AFRIQUE, ASIE ET AMRIQUE LATINE, LES FEMMES SONT DAVANTAGE SUSCEPTIBLES QUE LES HOMMES D'TRE TOUCHES PAR UNE INSCURIT ALIMENTAIRE GRAVE

8,0

24,3

6,38,4

1,3

7,5

23,9

5,76,9

1,3

0

5

10

15

20

25

30

MONDE AFRIQUE ASIE AMRIQUE LATINE AMRIQUE DU NORD ET EUROPE

POUR

CENT

AGE

D'AD

ULTE

S (

15

ANS)

Femmes Hommes

SOURCE: FAO. 2018. Voices of the Hungry [La parole ceux qui ont faim] (moyennes triennales 2015-2017). Dans FAO [en ligne]. Rome. www.fao.org/in-action/voices-of-the-hungry

1.2 PROGRS ACCOMPLIS DANS L'AMLIORATION DE LA NUTRITION MESSAGES CLS

Dans le monde, plus de 50 millions d'enfants de moins de 5 ans sont touchs par lmaciation. Environ la moiti vit en Asie du Sud et un quart en Afrique subsaharienne. Une approche plusieurs volets sera ncessaire pour liminer ce flau, incluant notamment la prvention, l'identification prcoce et le traitement.

Des progrs ont t accomplis dans la rduction du retard de croissance chez l'enfant. Cependant, prs de 151 millions d'enfants de moins de 5 ans (plus de 22 pour cent) ont encore t touchs par le retard de croissance en 2017, contre 25 pour cent en 2012. Cette baisse est due principalement aux progrs accomplis en Asie. En outre, plus de 38 millions denfants de moins de 5 ans sont en excs pondral.

Paralllement, les taux d'anmie chez les femmes et d'obsit chez les adultes augmentent. Plus d'un adulte sur huit dans le monde est obse et une femme sur trois en ge de procrer est anmique.

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http://www.fao.org/in-action/voices-of-the-hungry

PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

Mme si ces deux mesures reposent sur des donnes et une mthode diffrentes, les lments factuels fournis par les chiffres et les tendances de l'inscurit alimentaire grave, bass sur lchelle FIES, concident avec ceux qui sont fournis par la srie de chiffres sur la prvalence de la sous-alimentation (PoU). La concidence n'est pas surprenante si l'on considre qu'une situation d'inscurit alimentaire grave et la rduction de la quantit de nourriture consomme qui en rsulte pourraient entraner une incapacit de couvrir les besoins nergtiques alimentaires (c'est--dire la situation de sous-alimentation telle que dfinie dans la mthode de la PoU). L'analyse combine des deux indicateurs renforce notre conviction que nous interprtons correctement les tendances relles.

Le fait d'avoir deux points de vue diffrents sur le problme de la faim nous permet galement deffectuer une vrification croise des valeurs des deux indicateurs pour des pays donns. Il est possible, en ce qui concerne la moyenne sur la priode 2014-2016, de comparer la

PoU estime de la sous-alimentation (PoU) et de l'inscurit alimentaire grave (IAgrave) entre un certain nombre de pays. Le graphique de la figure 4 montre que les deux indicateurs donnent une image cohrente de la plupart des pays, mais avec quelques diffrences.

Ce graphique est vraiment utile dans la mesure o il permet de recenser un certain nombre de pays pour lesquels lcart entre les deux indicateurs est trs important et de montrer qu'il est ncessaire d'approfondir les recherches afin de dtecter les problmes que pourraient poser les donnes10. Dans certains pays, la PoU est nettement suprieure IAgrave (points dans la section infrieure droite de la figure 4). Parfois, la PoU estime peut tre trop leve faute davoir pu tre mis jour le CV en raison du manque d'accs des donnes issues d'enqute rcentes11. Dans dautres pays, lIAgrave peut tre trop faible. Dans d'autres pays (points dans la partie suprieure gauche de la figure 4), la PoU peut tre sous-estime ou les estimations de la prvalence de lIAgrave peuvent tre trop leves.

ENCADR 3EXAMEN COMBIN DE LA PRVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION ET DE L'INSCURIT ALIMENTAIRE GRAVE

CIBLE 2.2

Dici 2030, mettre fin toutes les formes de malnutrition, y compris en atteignant dici 2025 les objectifs arrts lchelle internationale relatifs aux retards de croissance et lmaciation chez les enfants de moins de 5 ans, et rpondre aux besoins nutritionnels des adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes ges.La nutrition est au cur du Programme 2030. La cible 2.2 des ODD consiste mettre f in toutes les formes de malnutrition, sachant quune bonne nutrition permet galement de raliser un grand nombre dODD ( f igure 5). L'amlioration de la nutrition contribue directement la ralisation d'une vie saine (ODD 3). Elle joue galement un rle dans llimination de la pauvret (ODD 1) et

contribue assurer une ducation de qualit (ODD 4), encourager l'galit des sexes (ODD 5), stimuler la croissance conomique (ODD 8) et rduire les ingalits (ODD 10). En ce sens, une bonne nutrition est v itale pour le dveloppement durable et pour un avenir plus stable et prospre.

Lors du WHA de 2012, les tats membres ont approuv six objectifs mondiaux visant amliorer la nutrition maternelle, infantile et juvnile et qui devront tre atteints d'ici 2025. Ces cibles doivent tre accompagnes de mesures suivantes: i) rduire l'anmie chez les femmes en ge de procrer; ii) rduire linsuffisance pondrale la naissance chez les nouveau-ns; iii) augmenter les taux d'allaitement exclusif au sein chez les nourrissons; iv) diminuer le retard de croissance; v) rduire lmaciation et vi) arrter l'augmentation de lexcs pondral chez les enfants de moins de 5 ans. Ces trois dernires cibles font galement partie du cadre de suivi des ODD. Pour s'aligner sur l'chance de

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L'TAT DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE 2018

FIGURE 4LA PRVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION ET LA PRVALENCE DE L'INSCURIT ALIMENTAIRE GRAVE MONTRENT UNE IMAGE COHRENTE POUR LA PLUPART DES PAYS, MAIS DES CARTS EXISTENT

Slovaquie

Afrique du Sud

Cameroun

Ouzbkistan

Chine, continentale

Gabon

Viet Nam

Paraguay

Lesotho

Sainte-Lucie

Mongolie

Seychelles

thiopie

Madagascar

LIGNE 45 DEGRS

1 %

5 %

50 %

1 % 5 % 50 %

IAGR

AVE (

CHE

LLE

LOG 1

0)

PoU (CHELLE LOG10)

NOTES: Le graphique prsent ne comprend que les pays pour lesquels la PoU est estime plus de 2,5 pour cent et pour lesquels il existe une estimation de la prvalence de l'inscurit alimentaire grave. Une chelle logarithmique des donnes est utilise pour mettre en vidence les carts entre des valeurs plus petites.SOURCE: FAO, sur la base des moyennes triennales 2014-2016.

2030 des ODD, cet ensemble d'objectifs fixs pour 2025 a t tendu 2030 afin d'tablir des objectifs mondiaux en matire de nutrition (encadr 5). En outre, le plan d'action de lAssemble pour la prvention et la lutte contre les maladies non transmissibles prvoyait galement une rduction de l'obsit des adultes d'ici 2025.

Le rapport sur L'tat de la scurit alimentaire et de la nutrition dans le monde 2018 permet de suivre les progrs de six des sept indicateurs indiqus ci-dessus. Les estimations relatives linsuffisance pondrale la naissance seront publies plus tard en 2018 aprs la publication du prsent rapport et ne sont donc pas prsentes ici.

Tendances mondiales l'chelle mondiale, la proportion d'enfants de moins de 5 ans qui souffrent d'un retard de croissance continue de diminuer; ils taient plus de 22 pour cent en 2017. Le nombre d'enfants souffrant dun retard de croissance a galement diminu, passant de 165,2 millions en 2012 150,8 millions en 2017, soit une baisse de 9 pour cent sur cette priode de cinq ans. En 2017, 7,5 pour cent (50,5 millions) des enfants de moins de 5 ans souffraient dmaciation. Depuis 2012, la proportion mondiale d'enfants en excs pondral semble stagner, avec 5,4 pour cent en 2012 (anne de rfrence des cibles du WHA) et 5,6 pour cent (ou 38,3 millions) en 2017.

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PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

ENCADR 4DIFFRENTES VALUATIONS DE LA SCURIT ALIMENTAIRE POUR DIFFRENTS OBJECTIFS

Les estimations relatives la prvalence de l'inscurit alimentaire grave (IAgrave) fondes sur lchelle FIES ayant t publies pour la premire fois en 2017, il savre ncessaire de clarifier en permanence le lien qui existe entre cet indicateur et d'autres qui peuvent utiliser une terminologie similaire pour dcrire les situations d'inscurit alimentaire. En particulier, compte tenu de l'utilisation gnralise du Cadre intgr de classification de la scurit alimentaire (IPC), il est frquent que lon demande des claircissements sur le lien qui existe entre le nombre de personnes souffrant d'inscurit alimentaire grave estime l'aide de lchelle FIES et le nombre de personnes considres en situation dinscurit alimentaire aige et qui ont besoin d'une intervention urgente (phase 3 ou plus grave) dans les rapports de lIPC (consultables ladresse suivante: www.ipcinfo.org/).

La porte, les mthodes, l'objet et la signification des nombres produits dans le cadre des analyses de lIPC diffrent des statistiques produites pour le suivi de la scurit alimentaire dans le cadre des programmes de dveloppement, notamment les objectifs de dveloppement durable. L'chelle IPC la plus connue est l'analyse IPC de la malnutrition aigu mentionne dans le prsent document. Les pourcentages ou les nombres de personnes en situation d'inscurit alimentaire aige publis dans les rapports de lIPC ne peuvent et ne doivent pas tre assimils ni confondus avec la prvalence ou le nombre de personnes en situation d'inscurit alimentaire grave base sur lchelle FIES. Il est essentiel de comprendre les diffrences entre les deux chelles pour mieux les utiliser, dautant quelles peuvent toutes deux contribuer utilement la prise de dcisions stratgiques.

Le cadre de suivi des ODD, qui a pour objectif gnral de suivre les ralisations en matire de dveloppement, sert contrler un certain nombre dindicateurs importants qui sont valables et comparables au niveau international.

Il s'appuie sur des indicateurs quantitatifs rigoureux, convenus par le Groupe dexperts des Nations Unies et de lextrieur charg des indicateurs relatifs aux objectifs de dveloppement durable de la Commission de statistique de l'ONU. Les donnes de lchelle FIES prsentes dans ce rapport sont recueillies dans le cadre d'enqutes reprsentatives de la population dun pays et concernent gnralement les expriences vcues au cours des 12 derniers mois. Les mesures obtenues au moyen de ce systme sont talonnes par rapport une chelle de gravit de rfrence globale et sont utilises pour estimer la prvalence de linscurit alimentaire d'une manire qui soit comparable lchelle internationale.

LIPC a plutt pour objectif spcifique de recenser les populations qui ont besoin dune intervention urgente et sappuie pour cela sur la convergence dlments factuels provenant d'un certain nombre de sources. Pour parvenir un consensus technique sur la classification de la gravit de la situation d'inscurit alimentaire, une quipe d'analystes procde une valuation et une analyse critiques de toutes les donnes disponibles sur la scurit alimentaire, qui sont compares aux indicateurs normaliss mondiaux et ensuite interprtes en fonction des contextes locaux. Par consquent, les analyses de l'IPC fournissent les lments factuels qui sont ncessaires pour appuyer la planification des interventions d'urgence. L'analyse IPC peut tre un instantan de l'tat de l'inscurit alimentaire dans des zones infranationales. En effet, elle utilise gnralement des donnes qui ne dpassent pas 2 3 mois, afin de donner un aperu de la situation actuelle et projete et de fournir des informations aux dcideurs sur les besoins qui sont lis aux interventions en cours et venir. Mais sils sont utiles pour laborer des stratgies, les chiffres de lIPC ne sont pas suffisamment prcis pour suivre les progrs accomplis dans la ralisation des objectifs de dveloppement mondiaux (ODD).

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http://www.ipcinfo.org/

L'TAT DE LA SCURIT ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION DANS LE MONDE 2018

FIGURE 5NUTRITION: UN LMENT ESSENTIEL POUR RALISER LES OBJECTIFS DE DVELOPPEMENT DURABLE

AU CUR DU PROGRAMME 2030

FAIMZROUNE

SANTBONNE

La priorit accorde par la communaut internationale la nutrition n'a jamais t

aussi leve et ncessite la coopration de tous les acteurs.

LA NUTRITI N ET LES ODD:

La guerre et les conflits sont les principales causes

dterminantes de l'inscurit nutritionnelle.

La dgradation des sols et la perte de biodiversit

menacent notre capacit cultiver des plantes vivrires.

Une meilleure nutrition rduit la

pression des populations sur les

ocans de la plante.Des systmes

alimentaires viables diminuent les

missions de gaz effet de serre.

Une consommation et une production

alimentaires responsables rduisent

le gaspillage et les pertes alimentaires.

Les villes durables ont besoin de systmes

alimentaires urbains et ruraux intgrs.

La rduction des ingalits nutritionnelles

actuelles attnuera les ingalits de revenus.

L'amlioration de la nutrition tout au long de la vie contribue la

formation et au potentiel d'innovation ultrieur.

Sans un rgime alimentaire suffisamment nutritif, la capacit d'apprentissage et la concentration sont grandement altres.

Une bonne nutrition se traduit par une productivit de la main-d'uvre plus leve, des capacits mentales plus importantes et des vies plus longues et plus saines.

L'amlioration de la nutrition des filles, des femmes et des enfants amliore la scolarisation et rduit les ingalits entre les sexes.

Une bonne nutrition passe par un accs l'eau potable et l'assainissement.

Une bonne nutrition pour tous accrot la demande d'aliments sains, ce qui ncessite des sources d'nergie propres et renouvelables.

La malnutrition sous toutes ses formes rduit la productivit du travail et augmente inutilement les cots des soins de sant.

SOURCE: Dpartement Nutrition pour la sant et le dveloppement (OMS), 2018.

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PARTIE 1 LA SCURIT ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE EN 2018

ENCADR 5EXTENSION 2030 DES OBJECTIFS NUTRITIONNELS DE L'ASSEMBLE MONDIALE DE LA SANT

En 2012, lAssemble mondiale de la Sant (WHA) a approuv six cibles mondiales visant amliorer la nutrition maternelle, infantile et juvnile d'ici 2025. Puis, en 2015, les objectifs de dveloppement durable (ODD) ont donn lieu llaboration dun programme mondial ambitieux d'amlioration de la nutrition et dlimination de toutes les formes de malnutrition d'ici 2030, qui incluait notamment la ral