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ROYAUME DU MAROC UNIVERSITE SIDI MOHAMMED BEN ABDELLAH FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE FES Antibioprophylaxie et bilan urodynamique : Certitudes, incertitudes et pratiques. MEMOIRE PRESENTE PAR : Docteur LAHLAIDI Karim Née le 5 mai 1979 POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE SPECIALITE EN MEDECINE OPTION : CHIRURGIE UROLOGIQUE Sous la direction

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medecine urlogie

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ROYAUME DU MAROC UNIVERSITE SIDI MOHAMMED BEN ABDELLAH FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIEFES

Antibioprophylaxie et bilan urodynamique : Certitudes, incertitudes et pratiques.

MEMOIRE PRESENTE PAR :

Docteur LAHLAIDI Karim

Ne le 5 mai 1979

POUR LOBTENTION DU DIPLOME DE SPECIALITE EN MEDECINE OPTION : CHIRURGIE UROLOGIQUESous la direction du Professeur El Ammari Jalal Eddine

MAI 2014

Remerciement :

A notre Matre et encadrant de ce mmoire monsieur le Professeur El Ammari Jalal Eddine: Je suis trs touch par la confiance que vous mavez tmoign tout au long de ma formation et honor que vous mayez permis de continuer et finaliser ce travail qui vous tenait cur.Puisse ma contribution tre le tmoignage de ma parfaite reconnaissance et de mon admiration.

A notre Matre monsieur le Professeur Farih Moulay-Hassan :Nous vous sommes reconnaissants davoir uvr pour notre formation et de nous avoir encourag tout au long de notre cursus.Permettez nous de vous exprimer notre profond respect et nos vifs remerciements.

A notre Matre monsieur le Professeur El Fassi Mohamed-Jamal :Nous ne saurions exprimer toute notre gratitude pour votre disponibilit et pour tout ce que vous nous avez appris.Veuillez croire en notre profond respect et notre trs haute considration.

A notre Matre monsieur le Professeur Ait Taleb Khalid :Votre dynamisme, vos qualits humaines et professionnelles sont un exemple pour nous.Permettez nous de vous exprimer notre profond respect et toute notre reconnaissance pour votre encadrement.

A notre Matre monsieur le Professeur Khalouk abdelhak :Votre srieux, votre dvouement au travail et votre gentillesse valent lestime que lon vous porte.

A notre Matre monsieur le Professeur Tazi Mohamed Fadl :Veuillez trouver, ici, lexpression de nos remerciements pour toute laide que vous nous avez apporte ainsi que celle de notre sincre amiti.

A mes trs chers parents :Aucune ddicace ne saurait exprimer tout mon amour et toute ma reconnaissance Que chacun de mes pas dans la vie soit toujours en harmonie avec vos esprancesPuisse Dieu vous accorder sant et longue vie car cest de votre amour que je me nourris

A Nadia, Myriam et Islam

A mes amies fidles, sincres et authentiques, mes frres dadoptionceux qui savent tre l pour moi dans les bons comme dans les mauvais moments

A tous les miens

A tous ceux qui me sont chers

A mes patients qui chaque fois me rappellent combien jaime ce qui est pour moi bien plus quun simple mtier

Rsum :

Objectif : valuer l'indication de l'antibioprophylaxie avant un bilan urodynamique (BUD).

Matriel et Mthodes : Lanalyse bibliographique a t ralise l'aide dune recherche des articles publis sur la question entre 1980 et 2013.

Rsultats et discussion: La majorit des patients inclus dans les tudes taient des femmes. Les tudes taient pauvres sur le plan mthodologique. Il y avait une rduction de 40 % du risque de bactriurie avec l'administration dune antibioprophylaxie. Les antibiotiques utiliss diffraient en dose, molcule et dure. Les effets indsirables taient rares.

Conclusion : Un ECBU doit tre ralis avant le BUD. En cas dECBU positif, le bilan urodynamique doit tre diffr. L antibioprophylaxie permet de rduire de 40% le risque de bactriurie. La dose unique est recommande. Lantibioprophylaxie est indique en prsence dun des facteurs de risque (des antcdents dinfections urinaires rcidivantes ou dune chirurgie de continence, un rsidu post-mictionnel significatif, une diabte, une pyurie sans germes, une femme mnopause, un ge 70ans). La prescription dune fluoroquinolone rpond aux objectifs dune antibioprophylaxie efficace.

Summary :

Objective : To evaluate the indication of prophylactic antibiotics before a urodynamic studies.

Material and Methods :The literature review was conducted by a research of articles published on the issue between 1980 and 2013.

Results and discussion : The majority of the patients included in the studies were women. Studies were methodologically poor. There was a reduction of 40% in the risk of bacteriuria with the administration of prophylactic antibiotics. Side effects are rare.

Conclusion : An urine analysis must be performed before the BUD, for significant bacteriuria the urodynamic study must be deferred. Prophylactic antibiotics reduce by 40% the risk of bacteriuria. The single dose is recommended. Antibiotic prophylaxis is indicated in the presence of one of the risk factors (history of recurrent urinary tract infections or surgery of continence, a significant post- void residual, diabetes, pyuria without bacteriuria, postmenopausal women, age 70ans). The prescription of a fluoroquinolone is effective for prophylactic antibiotics.

Table des Matires.

Introduction 6Matriel et mthode 7Rsultat et discussions 8Strilit des urines avant le BUD 8Place de lECBU et de la bandelette ractive 8Seuil de positivit d'un ECBU 9ECBU positif et bilan urodynamique 10Prvalence globale de linfection aprs BUD 11Les bactries les plus frquents rencontr lors dun BUD 12Bactriurie asymptomatique et histoire naturelle de linfection urinaire 14Place de lantibioprophylaxie systmatique 15Groupe risques de bactriurie aprs BUD 17Place des antibiotique lors des BUD 19Dure de lantibioprophylaxie lors des BUD 20VI. Conclusion 21REFERENCES 24

I. Introduction :

Le bilan urodynamique a pour but de comprendre le mcanisme des troubles urinaires et de proposer une prise en charge thrapeutique adapte. Cependant, il reste un examen invasif puisqu'il ncessite un cathtrisme urtrovsical.Chaque cathtrisme augmente lincidence de bactriurie de 2% [1].

La morbidit du BUD est controverse, seules les infections urinaires nosocomiales et les bactriuries ont t tudies, leurs incidences varient de 1.1 28.3 % [2 ,3].La bactriurie asymptomatique ne ncessite pas de traitement , ce qui la rend diffrente de linfection urinaire cependant mais 8 % des femmes peuvent dvelopper une UTI symptomatique dans la semaine qui suit le diagnostic de la bactriurie asymptomatique [4]

La cystite aigue peut se compliquer de pylonphrite aigue dans 2,6 % des cas [5]. Linfection rcidivante aprs un premier pisode est galement un problme commun, avec une morbidit importante [6] .La premire publication sur L'antibioprophylaxie en urologie ce sujet remonte 1938 [7]. Mais, malgr cette anciennet, de nombreux points restent discuts faute d'tudes indiscutables. En 1979, CHODAK et PLAUT [8], dans une revue des tudes de prophylaxie en urologie, arrivaient cette triste conclusion: ( l'utilisation de l'antibioprophylaxie manque de supports ) .Que restait-il alors ? Rien. Depuis cette date de nombreux efforts ont t raliss dans ce domaine.

Peu de publications ont tudi lintrt, lindication et les modalits de lantibioprophylaxie avant le bilan urodynamique. En labsence de recommandations, nous avons men une revue de la littrature travers une mta-analyse exhaustive afin dvaluer lindication de lantibioprophylaxie avant le BUD. Une meilleure connaissance de la prvalence de labactriurie avant et aprs BUD ainsi que sur la nature des germes et les facteurs de risque est

imprative afin dtablir des recommandations.

II. Matriel et mthode

La revue de la littrature a t ralise et identifier les articles :

indexs dans la base de donnes bibliographiques informatiques Medline (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/PubMed/) ; rpondant aux mots-cls, les plus gnraux, issus de la terminologie Mesh :

prevention and control : Bilan urodynamique urodynamics ;

antibiotique: antibioprophylaxie prophylaxis antibiotic ;

publis entre janvier 1980 et dcembre 2014 ;

crits, soit en franais, soit en anglais.

Tous les rsums des articles identifis rpondant aux doubles mots-cls urodynamics et

prophylaxis ont t lus afin de ne retenir que les articles traitant rellement dvaluation de lantibioprophylaxie lors des bilan urodynamiques en urologie.Les articles ont t classs selon leurs pertinence.

La recherche informatique a permis didentifier 16 577 articles rpondant au mot-cl de

Bilan urodynamique et 53 198 rpondant celui d antibioprophylaxie , soit 467 articles rpondant lassociation des deux mots-cls Bilan urodynamique et antibioprophylaxie . Les 467 rsums ont t lus, pour retenir in fine les 40 articles traitant rellement dvaluation de lantibioprophylaxie lors des bilan urodynamiques en urologie avec pertinence.Ses rsultats ont t not et discut, afin daboutir a une conclusion sous forme de recommandation.

III. Rsultat et discussions

1. Strilit des urines avant le BUD :

Au cours du bilan urodynamique , le risque infectieux est le mme que celui observ lors de tout sondage avec lavage , sous rserve quil ny ait pas de surpression cre dans la vessie.La prvalence de la bactriurie avant le BUD est de lordre de 0 13.6 % (Tableau 1) .

Le risque infectieux, trs faible chez la femme avec des urines striles, devient relativement lev lorsque les urines sont infectes ou en cas de difficults de sondage. Le nombre dhmocultures positives la suite de cette manuvre en tmoigne, il est de lordre de 15 20 %.Il serait regrettable de ne pas dpister une infection urinaire avant de raliser un bilan

urodynamique.

Tableau 1 : Prvalence de la bactriurie avant la ralisation du BUD .

AuteursPrvalence

Almallah 2000 [9]4.5 %

Peschers 2001 [10]13.6 %

Okorocha 2002 [11]10.3 %

Yip 2003 [12]5.1 %

Onur 2004 [13]0 %

Kartal 2005 [14]8.6 %

Tong 2005 [15]3.8 %

2. Place de lECBU et de la bandelette ractive [16] :

Les bandelettes ractives, dtectant nitrites et leucocytes dans les urines ont une spcificit proche de 95 % mais une mauvaise sensibilit (environ 35-85%). Elles ont les avantages de la rapidit du

rsultat, de la facilit dutilisation et de faible cot. Cependant lutilisation des bandelettes ractives parat peu compatible avec la bonne organisation dun laboratoire durodynamique.

Une bandelette urinaire positive, pratique larrive du patient, amne annuler au dernier moment lexamen, dplacer le patient inutilement, dsorganiser le programme des rendez-vous, demander finalement un ECBU, prvoir ventuellement une nouvelle consultation pour un traitement antibiotique, et reprogrammer lexamen ultrieurement.

Yip [12 ] pratique un double dpistage de linfection urinaire , le premier lors de la prescription du BUD soit 4 6 semaines avant sa ralisation , et le deuxime par bandelette urinaire le jour du BUD. Demander systmatiquement un ECBU en indiquant au patient de bien vouloir contacter le laboratoire durodynamique en cas dinfection urinaire semble tre le plus judicieux et finalement le moins coteux.

3. Seuil de positivit d'un ECBU :

Les urines sont normalement striles. Elles peuvent tre contamines , chez la femme par les bactries de lurtre antrieur ou des voies gnitales mais dans des proportions faibles, ne dpassant pas 1 000 UFC/ml.

Une urine contenant plus de 10 000 bactries/ml et accompagne dune leucocyturie significative (suprieure 10/mm3ou 10 000/ml) est certainement infecte [17].

En cas de doute, il ne faut pas hsiter refaire lexamen. Il faut rappeler que le seuil de 105 tabli parE. Kass [17] est observ chez des malades nayant pas urin depuis au moins trois ou quatre heures. Lors de prlvements directs dans le bassin et en cas de pylonphrite, le nombre de bactries est gnralement compris entre 104 et 105. Ceci est galement vrai chez des malades sonds chez qui lon observe une infection urinaire authentique avec 104 105 bactries/ml. Le seuil prendre en

considration est variable en fonction du patient considr (homme, femme, neurologique, patient

sond...) et de la manire dont est ralis lECBU. Le seuil tabli par E. Kass (suprieur 105 germes/ml) est valable pour des urines ayant stagnes quelques heures dans la vessie.

Un seuil de 104 germes/ml avec une leucocyturie dau moins 10 000/ml est le tmoin dune infection urinaire significative et doit amener diffrer lexamen. En cas de discordance entre le nombre de germes et de leucocytes ou si plusieurs espces bactriennes sont retrouves, il ne faut pas hsiter refaire lexamen.

4. ECBU positif et bilan urodynamique :

Le bilan urodynamique doit tre diffr pour trois raisons majeures :

1. Le risque de bactrimie aprs sondage urtral lorsque les urines sont infectes tant de

20 % [16], il parat totalement draisonnable, pour ne pas dire condamnable, de raliser lexamen.

2. Les donnes du bilan urodynamique peuvent tre modifies par linfection urinaire (hypersensibilit vsicale, diminution de la capacit vsicale fonctionnelle, hyperactivit vsicale...) [16] .3. Mme en prenant toutes les prcautions dusage pour viter une infection nosocomiale (aseptise rigoureuse, utilisation de matriel usage unique...), il parat dangereux de raliser successivement des bilans des patients tantt urines striles, tantt urines infectes, fortiori sils sont porteurs de germes multi-rsistants .

5. Prvalence globale de linfection aprs BUD :

La prvalence de la bactriurie asymptomatique aprs le BUD varie de 3% 13 % (Tableau 2) . Kartal [12], dans une tude prospective, note une incidence de bactriurie aprs BUD de 7,3 % et ceci aprs la vrification de la strilit des urines par un ECBU avant le BUD .De mme YIP [12] trouve une prvalence de 8.4 % aprs vrification et traitement dune ventuelle IU . Une prvalence statistiquement significative a t note chez dans des sous-groupes de patients : ge 70ans , la chirurgie antrieure de continence et antcdent dUI avant BUD avec des prvalences respectives de 15 %, 14.3% et 26,2 % .Daprs notre revue de la littrature des tudes qui ont vrifi la strilit des urines ( Tableau 2) , la prvalence de la bactriurie asymptomatique aprs le BUD varie de 3% 13 % .Linfection urinaire aprs BUD na pas de symptmes spcifiques, dautant plus que le BUD a t souvent indique pour des symptmes uro-gyncologiques notamment la dysurie prsente dans 26 % des cas [13].Aucune corrlation na t note entre la prsence de la dysurie et la bactriurie [21 ]. Cest pour cette raison que Brostrom [22] et Okorocha [11] jugent inutile de dpister la bactriurie aprs BUD.Bergman et Bhatia en 1985[23] rapportent une corrlation entre la bactriurie et le rsultat du

BUD . Cette donne a t confirme par Kartal en 2005 [13] qui retrouve une incidence moins leve de bactriurie aprs un BUD normalContrairement , Shekarriz en 1999 [24] na pas not de corrlation entre les donnes du BUD et le risque de bactriurie.

Tableau 2 : Prvalence de la bactriurie aprs BUD .

AuteursSex-ratio H/FPrvalence

Almallah 2000 [9 ]102/994.1%

Peschers 2001 [10]94 Femmes8.5%

Okorocha 2002 [11]117 Femmes10.3%

Yip 2003 [12]822 Femmes8.4%

Quek 2004 [18]44/4913.9 %

Onur 2004 [14]9/483.5%

Kartal 2005 [13]101 /917.3%

TONG 2005 [15]210 Femmes3.6%

CHOE 2007 [19]225 Femmes6.2 %

SIMSIR 2011 [20]47 /576.7%

6. Les bactries les plus frquents rencontr lors dun BUD :

La bactrie la plus commune aprs la ralisation dun BUD est lE.Coli (46 71 % ) , particulirement scrtant la Bta-lactamase [25,26 ].

Autre Enterobacteriaceae , comme le Klebsiella pneumoniae (4,5 28.5 % ) et d'autres espces compris Enterococcus (7.1 % 28.3%), proteus mirabilis et staphylocoques coagulase-ngatifs sont communs (Tableau 3).

Dans ltude de Kartal [13], le spectre des micro-organismes isols a t en grande partie semblable au spectre rapport . Un des trois spectres scrtant la btalactamase tait rsistant la ciprofloxacine.

Dans ltude prospective de YIP en 2003 , le spectre de micro-organismes isols est en grande partie semblable celui rapport par Kartal , avec surtout des entero-bacteries, dans laquelle Escherichia coli reprsente environ une moiti de l'uropathognes .

Avant lutilisation du matriel usage unique , des pidmies bactriennes Pseudomonas aeruginosa aprs BUD ont t rapportes [27,28]

Le germe responsable de cette pidmie en tait un qui avait contamin des connexions du capteur de pression intravsicale. Ces connexions n'taient ni changes, ni dsinfectes, ni strilises entre les patients.

Tableau 3 : Le spectre des bactries dpists aprs BUD .

AuteursBactries

YIP [10]E coli (46.3%)Enterococcus spp (16.4%)Enterococcus faecalis (11.9%)Staphylococcus Coagulase negative (4.5%) Klebsiella spp (4.5%)P mirabilis (4.5%)Staphylococcus aureus (1.5%)M morganii (3%)Streptococcus Non-enterococcal (3%)E coli b-lactamaseseproducing (1.5%)

KARTAL [12 ]Escherichia coli (61.5%)S. marcescens (23%)E. faecalis (7%)E. cloaca (7%)E. coli beta-lactamase (21%).

QUEK [18 ]E.coli (62 % )

Enterocoque (15 %) Klebsiella (15 % ) Acinetobacter Baumani (8 %)

SIMSIR [20]E.coli 71.4 % ,

Klebsiella pneumoniae 28.5 %

7. Bactriurie asymptomatique et histoire naturelle de linfection urinaire

La prsence dune bactriurie asymptomatique pendant une semaine, multiplie par 8 le risque dinfection urinaire [4] . Le risque accru dinfection reste le mme 1 mois .Aprs 15 ans de suivi, le risque dun pisode de cystite et de pylonphrite aigue est de 55 % et 7,5 % des femmes prsentant une bactriurie , ce taux il nest que de 10 % et 0 % respectivement en labsence dune bactriurie [29].L antibiothrapie diminue significativement la prvalence de la bactriurie 6 mois mais pas 1 an. Le risque dinfection urinaire 1 an aprs le traitement est le mme avec le groupe placebo [30].Ces tudes concluent que les femmes non mnopauses sans co-morbidits mais prsentant

une bactriurie courent un risque accru dinfection urinaire et sont plus susceptible d'avoir une bactriurie lors du suivi. Cependant, la bactriurie asymptomatique n'est pas associ avec des morbidits long terme, comme l'hypertension artrielle , maladie rnale chronique, cancer gnito-urinaire . L'association de la bactriurie asymptomatique avec infection urinaire symptomatique est probablement attribuable l'hte qui prsente des facteurs favorisants Enfin, lantibiothrapie en cas de bactriurie asymptomatique ne diminue pas la risque dinfection urinaire et n'empche plus les pisodes de bactriurie asymptomatique.Les patients prsentant une bactriurie asymptomatique qui subissent des micro-traumatismes suite a une procdure gnito-urinaire avec un saignement muqueux ont un taux lev de bactrimie . Le dpistage et le traitement de la bactriurie asymptomatique est recommand avant les procdures urologiques au cours desquelles la muqueuse risque de saigner.Si chaque cathtrisme augmente lincidence des infections urinaires de 2% [1] , le cathtrisme doit tre prudent et limiter au minimum ncessaire .

8. Place de lantibioprophylaxie systmatique [40] :

Le risque dinfection urinaire aprs cystoscopie est de lordre de 4 %. Aucune publication na montr que ce risque tait minor par une antibioprophylaxie systmatique. Par analogie, on donne pas dantibiothrapie systmatique avant un bilan urodynamique. En revanche, les conditions dasepsie les plus rigoureuses sont ralises lors de lexamen. Le patient est inform du risque rare mais non nul dinfection urinaire aprs le sondage. Il lui est conseillduriner avant de quitter le laboratoire durodynamique et de boire abondamment le jour et le lendemain de lexamen. En cas de fivre, de brlures urinaires persistantes, il lui est demand de recontacter rapidement le laboratoire durodynamique [40].Latthe [31] a analys, dune faon exhaustive, toutes les tudes incluant lantibioprophylaxie et le BUD et ceci entre 1966 et 2007 . Il sagissait de 260 tudes . Parmi ces tudes, il a retenue pour son analyse huit tudes prospectives randomises ayant un niveau de preuve de 1-2 ( tableau 4) . Il sagit de huit tudes randomises regroupant un total de 995 patients Tous les essais inclus des sujets gs de 18 82 ans. Le BUD a t ralise selon unetechnique standard. On a inclut , ltude de Simsir [20] dans cette mta-analyse.

Le seuil de la bactriurie significative tait dfini par la prsence de plus de 100 000 bactries par milli-litre d'urine sur la culture. Certaines tudes ont valu la pyrexie, hmaturie et dysurie. Les rsultats ont t valus diverses priodes allant de 1 jour 1 semaine aprs BUD.Les tudes incluses ont dcrit leurs mthodes assez mal . Une tude a t ralise en double aveugle et deux en simple aveugle. Les rsultats de toutes les tudes avaient une tendance similaire (htrognit P = 0,16 ; CHI = 33,8 %), avec une corrlation croissante avec une large intervalle de confiance dans les rsultats.

L antibioprophylaxie permet de rduire de 40% le risque de la bactriurie aprs BUD , mais sa valeur en rduction linfection urinaire reste inconnue [40].

Il faudrait administrer une antibioprophylaxie 13 patients subissant un BUD pour empcher une bactriurie chez 1 patient [40] .Ces tudes incluaient des protocoles diffrents d'antibiothrapie .

Les tudes ont mis laccent sur la bactriurie significative plutt que sur lIU symptomatique qui ncessite une antibiothrapie.Il a t dmontr que lantibioprophylaxie aprs BUD chez les femmes sont bnfiques si le taux de rfrence dIU pour la clinique ou linstitution est suprieure 10 % [ 35] .Chaque institution pourrait vrifier la prvalence dIU aprs BUD et puis aprs discussion avec les microbiologistes essayer dlaborer une politique pour lantibioprophylaxie si le taux d'IU est lev.Le seuil d'alerte microbiologique aprs tout examen invasif se doit d'tre bas. Ceci ncessite

une collaboration troite entre les diffrents partenaires, en particulier le laboratoire de micro - biologie, les services prescripteurs et les responsables en hygine hospitalire.Idalement , un taux suprieur 5 % devraient inciter une revue pour contrler l'infection . Si lexamen cytobactriologique des urines est strile mais que le patient est risque infectieux soit par son terrain (diabtique, rtentionniste, immunodprim...) soit par le geste de sondage traumatique, le patient est mis sous antibiothrapie.Si une antibioprophylaxie systmatique est prescrite, elle doit obligatoirement tre administre avant lexamen. Lantibioprophylaxie aprs le geste na aucun intrt. La seule indication une antibiothrapie aprs le bilan est la survenue dun vnement risque infectieux pendant lexamen (difficult de sondage, sondage traumatique, urtrorragie).

9. Groupe risques de bactriurie aprs BUD :

Aucune publication ne permet de rpondre directement et exhaustivement cette question. Le patient neurologique prsente un aspect particulier , Il nexiste pas dtude randomise de bonne qualit sur la prise en charge par antibiothrapie curative des infections urinaires survenant sur vessie neurologique. Les tudes non contrles et les opinions consensuelles dexperts amnent proposer la dmarche thrapeutique avant un geste urologique invasif (cystoscopie, bilan urodynamique), on peut proposer une dcontamination des urines avec une antibiothrapie courte (48 heures avant le geste et pour une dure totale de 5 jours) adapte lcologie bactrienne, en utilisant des molcules bien tolres par voie orale, faible pression de slection .Par analogie avec la cystoscopie, lantibioprophylaxie nest pas recommande chez les femmes prsentant une valvulopathie avant bilan urodynamique [36] .Dans une tude prospective ralise chez 50 patientes qui ont bnfici dune antibioprophylaxie avant examen urodynamique, Porru et al [ 36], retrouvent un taux de 4 % dinfections urinaires prouves par ECBU, non compliques, aprs examen urodynamique (p < 0,05) [2]Dans une tude prospective sur 225 patientes incontinentes urinaires leffort, Choe et al [3]. retrouvent une prvalence de bactriurie significative ( 105 CFU/ml) aprs examen urodynamique de 6,2 %. Cependant, les seuls facteurs de risque qui justifieraient une antibioprophylaxie sont :1. les antcdents dinfections urinaires rcidivantes (P = 0,002)

2. une chirurgie sur les voies urinaires (P = 0,02) [3] .

Dans une tude prospective ralise chez 117 patientes, Okorocha et al. ont montr chez 12 patientes qui prsentaient une infection urinaire basse lECBU, une corrlation positive

avec lurgenturie sensitive (p = 0,01), mais pas de corrlation avec lincontinence urinaire leffort ni lhyperactivit detrusorienne [Tableau 5] .Simsir a retenu comme facteurs de risque un rsidu post-mictionnel suprieure 100 cc et le

diabte , pour Kartal cest la prsence dune pyurie sans germes avant la ralisation du BUD ainsi quune antibiothrapie prescrite dans le mois qui prcde le BUD pour une infection extra-urinaire.De mme YIP [10] trouve une prvalence de bactriurie statistiquement significative dans

des sous - groupes de patients : ge 70ans , la chirurgie antrieure de continence et antcdent dUI avant BUD avec des prvalences respectives de 15 %,14.3% et 26,2 % .

Tableau 5. Les facteurs de risques de bactriurie aprs ralisation dun BUD.

AuteursNombre de casFacteurs de risque tudisFacteurs de risque retenus

KARTAL 2006 [ 13 ]192Age , sexe , pyurie avant etaprsBUD,donnes urodynamiques, Antibiothrapie 1 mois avant BUDpathologieautre, antibioprophylaxieparla ciprofloxacine,bactriurie significative avant BUD.Antibiothrapie antrieureP = 0.040Pyurie avant BUD P = 0.041

SIMSIR 2011 [20 ]104Sexe , Age ,IMC , Diabte ,Sclrose en plaque Syndrome ParkinsonienInsuffisance rnale chronique Donnes urodynamiques (Q max ,RPM ,capacitvsicale,..)Diabte (P = 0.013)RPM > 100 cc (P < 0.0001)Capacit vsicale < 280cc (P = 0.021)

CHOE 2007 [ 19 ]225ge, BMI, parit, prolapsus ,donnes urodynamiques .Infectionsurinairesrcidivantes (P = 0,002)

OKOROCHA [11]117lurgenturie sensitive , lincontinence urinaire leffort , lhyperactivitdetrusoriennelurgenturie sensitive(p = 0,01 )

10. Place des antibiotique lors des BUD :

Lantibioprophylaxie, ventuellement prescrite, doit rpondre diffrents objectifs : tre actif sur les germes potentiellement dangereux, ne pas modifier lcosystme ni induire de mutants rsistants, diffuser dans les tissus concerns, avoir une demi vie dlimination longue .il faut connatre le spectre et la rsistance acquise pour chacune des molcules .

Pour Escherichia coli, la rsistance aux amino-pnicillines (ampicilline et amoxicilline) dpasse largement 40 % des souches et peut mme atteindre 35 % pour lassociation amoxicilline/acide clavulanique [37].La rsistance aux anciennes quinolones peut atteindre 10 % et se situe autour de 7 % pour les

fluoroquinolones. Quinze 35 % des souches sont rsistantes au cotrimoxazole .

La frquence de rsistance est trs basse pour la fosfomycine et les cphalosporines injectables de troisime gnration (cfotaxime, ceftriaxone) : infrieure 3 %, mais atteint presque 10 % pour le cfixime [37].En ce qui concerne les aminosides, on observe environ 5 % de rsistance lamikacine et 15 % la gentamicine.Pour Proteus mirabilis, naturellement rsistant la nitrofurantone, la rsistance acquise est

comprise entre 15 et 20 % pour les amino-pnicillines et le cotrimoxazole et reste infrieure 5 % pour les autres antibiotiques [37].Les rsultats sont du mme ordre pour Klebsiella spp, naturellement rsistante aux amino- pnicillines sans inhibiteur.Staphylococcus saprophyticus naturellement rsistant au mcillinam, lacide nalidixique et la fosfomycine montre des frquences de rsistance acquise infrieures 5 % pour les autres antibiotiques actifs [37].

Ces donnes sont volutives et ncessitent une mise jour nationale et locale rgulire. Pour dterminer l'efficacit de la nitrofurantone prophylactique dans la prvention de la bactriurie aprs la dynamique urinaire et cystourethroscopy , Cundiff [38] a suppos que la prophylaxie par la nitrofurantone diminuerait le taux d'infection aprs le BUD , Cent quarente deux femmes prsentant pour BUD ont t incluses , elles ont reu alatoirement deux doses nitrofurantone 100 mg (n = 74), ou deux doses de placebo (n = 68)Il n'y avait aucune diffrence statistique dans les caractristiques dmographiques ou diagnostics finales entre les groupes. Sept femmes (5 %) qui avaient une bactriurie sur culture d'urines initiales ne figuraient pas dans l'analyse finale. La frquence globale de la bactriurie dans les cultures d'urine aprs BUD tait de 6 %, 7 % dans le groupe de traitement et 5 % chez les tmoins, la diffrence tait non significative .Bien quinitialement les fluoroquinolones ont t rserves au traitement curatif dinfections fbriles , elles sont de plus en plus utilises dans lantibioprophylaxie en urologie ( biopsies prostatiques) . La frquence de rsistance acquise des entrobactries aux quinolones est de23 % contre 21 % au niveau national [39] , mais malgr cette frquence leve les quinolones

sont considres comme efficace dans lantibioprophylaxie.

11. Dure de lantibioprophylaxie lors des BUD :

Lantibioprophylaxie se pratique avant le geste et pas aprs.

Lorsquun traitement est dcid aprs lexamen, par exemple en raison dun sondage traumatique, un traitement mono-dose parat suffisant.Une antibioprophylaxie souvent en dose unique est administre 1 2 heures avant le BUD.

VI. Conclusion :

De cette recherche bibliographique, nous ressortons avec ses recommandations :

Un ECBU doit tre ralis avant le BUD

En cas dECBU positif, le bilan urodynamique doit tre diffr .

La mta-analyse des tudes prospectives randomises montrent un intrt de lantibioprophylaxie sur la bactriurie mais pas sur linfection urinaire notamment fbrile. Les patients prsentant un risque particulier peuvent bnficier dune antibioprophylaxie la carte qui doit viter autant que faire se peut les molcules large spectre antibactrien. Lantibioprophylaxie est indique en prsence dun des facteurs de risque suivant :

-Les antcdents dinfections urinaires rcidivantes

-Antcdents dune chirurgie de continence

-Vessie rtentionniste avec un rsidu post-mictionnel suprieure 100 cc

-Le diabte

-Pyurie sans germes avant BUD.

-Femmes mnopauses , ge 70ans .

La dure de la prescription doit tre la plus courte possible. La dose unique est recommande dans plusieurs tudes. La cible bactrienne doit tre identifie et dpend de la flore endogne du patient et de lcologie de lunit dhospitalisation. La prescription dune fluoroquinolone peut rpondre aux objectifs dune antibioprophylaxie efficace.

Cette antibiothrapie doit tre donne dans les heures qui prcdent le BUD.

L antibioprophylaxie permet de rduire de 40% le risque de la bactriurie aprs BUD

Tableau 4 . mta-analyse des tudes sur lantibioprophylaxie et BUD.

AuteursmthodologiePopulation de ltudeProtocole dantibiothrapieRsultatsConclusion

YIP2006Hong KongRandomisation : Oui Dtails de randomisation:non mentionns Etude en double Aveugle : non mentionnintention de traiter : Oui Odds-ratio : non mentionn suivi > 85 %priode dtude 2006130 patients randomiss BUD + ATB x : 65patientsBUD 65 patients Age mdian : 52 ans,comparativement 55 anspas de diffrence significative)Aucune diffrence dans la parit , BMI, Donnes urodynamiques , chirurgieantrieure pour incontinenceAugmentin 375mg , 30 min avantBUD versusplaceboIU: bactriurie significative , 48 heures post- BUD . Patients developing newlyIU aprs BUD : 1 (1.5%) versus8 (12.3%)(P = 0.02, Chisquared test) Klebsiella 1(12.5%)E. coli 4 (50%) Enterococcus 3(37.5%)diffrence significativeDose unique Augmentin 375 mg offre une prophylaxie aprs BUD

KARTAL2006TurkieRandomisation : non Dtails de randomisation: non mentionnsEtude en double Aveugle : non mentionnintention de traiter : Oui Odds-ratio : non mentionn suivi > 85 %priode dtude 2003 2005192 patients randomizesBUD + ATB x 98 Vs BUD 94Pas de diffrence dmographiqueCiprofloxacine 500 mg 1 heure avant BUD versusPas detraitement ou placeboIU: bactriuriesignificative , 48-72heures post-BUD1 (1%) versus13 (14%)diffrencesignificativeDose unique de ciprofloxacine offre une prophylaxie aprs BUD

Peschers 2001AllemagneRandomisation : non Dtails de randomisation : mentionns simple aveugleintention de traiter : non Odds-ratio :mentionn suivi 85 %priode dtude 1999Randomisation : 324BUD + ATB x 159 Vs BUD 165Norfloxacine 400 mg en doseunique 12 heures avant BUD versus pas dATB xIU: bactriurie significative ,une semaine post-BUD 33/159 (20.7%)versus 38/165(23%)Pas de diffrencesignificative

La mnopause est un facteur de risque dIU.

Baker1991canadaRandomisation : non Dtails de randomisation : non mentionnsDouble aveugleintention de traiter : nonOdds-ratio : non mentionn suivi