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120 BATTEMENTS PAR MINUTE Robin CAMPILLO France 2017 2h20 avec Adèle Haenel, Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, Felix Maritaud, Mehdi Touré, Aloïse Sauvage, Simon Bourgade… Scénario de Robin Campillo et Philippe Mangeot FESTIVAL DE CANNES 2017 : GRAND PRIX ET PRIX DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE Ils étaient jeunes, fougueux, gourmands à vouloir goûter jusqu'aux fruits défen- dus. Certains timides, d'autres exubé- rants, de tous horizons et de tous styles. Tous avaient la vie devant eux et mor- daient dedans à bouche que veux-tu, sans complexe, sans crainte, sans pen- ser à s'économiser, ni à se protéger. Mai 1968 était passé par-là, puis 1982 avec des modifications de loi, un vent de liber- té semblait vouloir balayer les préjugés rétrogrades. On avait le droit d'aimer qui N°99 du 2 août au 12 septembre 2017, Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 47€ les dix places 5 AVENUE DU DOCTEUR PEZET 34090 MONTPELLIER / TÉLÉPHONE : 04 67 52 32 00 et 04 67 87 91 85 (répondeur) / www.cinemas-utopia.org Ciném a g a r a nt i s a n s 3 D Jeudi 14 septembre à 19h30, séance suivie d'une rencontre avec Didier Lestrade – journaliste, co-fondateur et président d'ACT UP Paris, auteur du livre Act Up – une histoire (en 2000, éd. Denoël) qui a inspiré le film. En partenariat avec la Librairie Le grain des mots .

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120 BATTEMENTS PAR MINUTE

Robin CAMPILLOFrance 2017 2h20avec Adèle Haenel, Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, Felix Maritaud, Mehdi Touré, Aloïse Sauvage, Simon Bourgade…Scénario de Robin Campillo et Philippe Mangeot

FeStIvAL de CAnneS 2017 : GRAnd PRIx et PRIx de LA CRItIque InteRnAtIOnALe

Ils étaient jeunes, fougueux, gourmands à vouloir goûter jusqu'aux fruits défen-dus. Certains timides, d'autres exubé-rants, de tous horizons et de tous styles.

Tous avaient la vie devant eux et mor-daient dedans à bouche que veux-tu, sans complexe, sans crainte, sans pen-ser à s'économiser, ni à se protéger. Mai 1968 était passé par-là, puis 1982 avec des modifications de loi, un vent de liber-té semblait vouloir balayer les préjugés rétrogrades. On avait le droit d'aimer qui

N°99 du 2 août au 12 septembre 2017, Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 47€ les dix places

5 avenue du docteur Pezet 34090 MontPellier / téléPhone : 04 67 52 32 00 et 04 67 87 91 85 (répondeur) / www.cinemas-utopia.org

Cinéma garanti sans 3D

Jeudi 14 septembre à 19h30, séance suivie d'une rencontre avec Didier Lestrade – journaliste, co-fondateur et président d'ACT UP Paris, auteur du livre Act Up – une histoire (en 2000, éd. Denoël) qui a inspiré le film. En partenariat avec la Librairie Le grain des mots.

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on voulait ouvertement, ou presque, et on n'allait pas s'en priver ! Insouciance savoureuse des années 1990… Puis parvinrent des rumeurs lointaines, incertaines, sur une maladie qui frappait on ne savait encore trop comment, lais-sant libre cours aux fantasmes les plus extravagants. Soudain il devenait péril-leux de boire dans le verre d'un autre, de croquer dans la même pomme, d'échan-ger des baisers, sans parler de la gau-driole… Une partie du microcosme hé-térosexuel tentait sottement de se rassurer en constatant que les victimes appartenaient principalement à la com-munauté gay. Les pires pisse-froid mo-ralisateurs allaient même jusqu'à y voir l'intervention ciblée d'une main invisible punissant les liaisons contre-nature des seuls « pédés ». C'était avant de consta-ter que le fléau s'abattait également sur « d'innocents » hémophiles… avant qu'on ne comprenne le mode de propa-gation du virus du Sida…

Le film démarre dix ans plus tard dans un petit amphithéâtre plein comme un œuf, lors d'une vivifiante réunion d'Act Up Paris. On y discute stratégie, on décide des actions, l'imagination est au pouvoir. Ils s'appellent Pierre, Paul, Jacques, Nathan, Sophie, Éva, Hélène, Muriel… ils ont pour eux la fougue, la jeunesse, ou pas, ils sont homo, gouines, ou pas… Séropositifs, en pleine santé, ou pas… En dépit de leurs différences, de leurs

egos, de leurs grandes gueules, ils sont tous animés par cette magnifique ambi-tion : rendre visible les invisibles, ceux qui meurent dans un silence gouverne-mental irresponsable, voire coupable, parce que complice des laboratoires pharmaceutiques qui privilégient leurs intérêts financiers au détriment de l'in-térêt général ! Sempiternel leitmotiv qui rend l'épopée de ces activistes atem-porelle si bien que, des années plus tard, elles résonne toujours aussi puis-sante, brûlante d'actualité, d'urgence. Ensemble ils vont construire une forme de lutte joyeuse, impertinente qui n'a pour tous moyens que la solidarité, le courage, l'intelligence collectifs. Face à l'injustice, à l'indifférence, au mépris, ils ne vont baisser ni les yeux, ni les bras ! Ils vont s'acharner, développer une forme d'expertise pour aller se confron-ter aux élus, aux médecins, faire acti-ver la mis en place des traitements. Ils étaient à l'avant garde de leur temps, ils le seront aussi en matière de VIH. Vivre intensément ! Lutter férocement ! Bien loin du « pour vivre heureux, vivons ca-chés » cher à notre époque, ils vont crier à la face du monde ce qu'il ne veut pas entendre. S'ils provoquent, montrent leur nombril ou leur cul, ce n'est pas dans l'espoir d'obtenir plus de « like » sur une page, mais pour secouer le co-cotier d'une société muselée par les ta-bous.120 battements par minute… C'est

comme une accélération du cœur, une accélération du temps pour ceux qui n'en ont plus à perdre. 120 bpm, mu-sique, ce n'est pas le tempo d'un re-quiem, c'est celui d'un rythme qui per-cute, d'une ode à la vie, à la force vitale. C'est le tempo des corps qui se cherchent, qui se trouvent avant de s'enlacer éperdument, tendrement dans l'intimité de la nuit… L'eurythmie d'une jeunesse qui exulte, qui court, danse fougueusement sur l'air de Smalltown boy de Bronski Beat pour faire la nique à la mort ! Même le dance-floor peut-être un terrain de jeu politique. Robin Campillo nous fait rentrer magnfi-quement dans l'intimité d'un combat qui fut aussi le sien (et n'oublions surtout pas son co-scénariste Philippe Mangeot qui fit aussi partie de l'aventure). À la Grande Histoire d'une génération, il mêle des histoires individuelles émou-vantes mais sans pathos, il raconte la peur, la grandeur et la noblesse d'âme de ses compagnons de colère, parfois perdus en route. Ce n'est pas pour rien qu'il a su galvaniser une pléiade d'ac-teurs qui interprètent ces engagés de la première heure de façon juste et formi-dable !

Après l'accueil triomphal au Festival de Cannes, les avant-premières de 120 battements par minute soulèvent un en-thousiasme extraordinaire : n'hésitez pas, rejoignez le mouvement !

120 BATTEMENTS PAR MINUTE

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Rezo GIGIneISHvILIGéorgie 2016 1h44 vOStFavec Tina Dalakishvili, Irakli Kvirikadze, Giga Datiashvili, Giorgi Grdzelidze, Giorgi Tabidze…Scénario de Lasha Bugadze et Rezo Gigineishvili

« Pourquoi ont-ils fait ça ? Que leur manquait-il ? »

Par définition la jeunesse est fougueuse, voire révoltée. On le serait à moins dans un pays où les disques des Beatles ne peuvent s'acheter qu'au marché noir car jugés trop subversifs. Imaginez vous quelles folles idées pourraient naître dans l'esprit de ces oisillons en écoutant les paroles des Fab Four, empruntes de liberté ? Sait-on jamais, s'ils en ve-naient à en rêver pour eux, de cette li-berté ! Celle de se baigner dans la mer à n'importe quel moment de le journée ou de la nuit, de parler, de penser, d'aimer, de contester – et même de prier (oui, à genoux, dans une église…). À l'affût de tous les signes d'un possible déviation-nisme, le pouvoir géorgien s'évertue à les étouffer dans l'œuf, interdit, dresse,

ordonne, condamne, musèle. Mais la jeunesse ne se satisfait pas de la muse-lière. Alors elle frappe fort. Nous sommes à Tbilissi en 1983, et notre bande de jeunes gens décide de fuir l’oppression de l'Union soviétique en détournant un avion, rien de moins ! Ce thriller aux tons sépia, tiré d'un fait réel, est construit de manière simple et effi-cace. Les personnages nous sont peu à peu dévoilés. Fils et fille de bourgeois, ils rêvent d'un ailleurs qu'ils s'imaginent mieux leur correspondre : l'Ouest. Ils ne semblent pourtant pas être mili-tants ou revendicatifs, encore moins ac-tivistes. On dit d'eux qu'ils sont artistes et peut-être alors plus difficiles à domp-ter que les autres. Leur soif de liberté va les mener à se procurer des armes mais pas vraiment à apprendre à s'en servir… Un plan simple monté entre copains comme on prépare des vacances.Nika a envie de donner vie au rêve de son père, quitter le territoire, ce dernier ayant choisi de se cacher aux yeux du monde. « Je suis enfermé entre quatre murs mais je suis libre » répondra-t-il a la proposition de son fils. Ce jeune homme à la gueule d'amour forme un couple an-

gélique avec une petite blonde aux che-veux courts, Ana. Placée au centre de ce thriller, leur histoire d'amour ne semble pas vraiment pouvoir se développer. Persuadés qu'ils sont que leur vie est ailleurs. Même leur mariage semble tein-té de fausseté. Il est relégué au rang de prétexte puisqu'il leur permet de justifier un voyage jusqu'à Batoumi, en avion, entre amis. Alors que c'est un moment qui est censé être joyeux, une tension intense règne. La dernière soirée d'une vie « normale ». Même la danse manque d’insouciance et d'enthousiasme, les re-gards sont préoccupés, comme si ils sa-vaient déjà à quoi s'attendre. Le futur se lit dans leurs yeux. Bien sûr, rien ne va se passer comme rêvé. Le costume qu'ils se sont choi-sis n'est décidément pas à leur taille. Plus de monde que prévu dans l'avion, plan de vol changé, les intempéries et la non-préparation de ces pirates de l'air novices auront raison de leur soif de li-berté. Une prise d'otages, de toute évi-dence ça ne s'improvise pas et c'est à leurs dépens qu'ils vont l'apprendre. Le réalisateur réussit à merveille les changements de rythme qui nous em-portent avec les personnages dans cette atmosphère où se côtoient exci-tation et peur. Il arrive à faire monter la pression de telle manière que l'on a du mal à rester stoïque sur notre fauteuil. On ne sait par où, mais on sent venir le dérapage – et même si l'on connait déjà l'issue, on a envie d'y croire, on a envie de voir ces jeunes atteindre le bonheur qu'ils se sont choisi.

HOSTAGES

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Il y a encore deux mois, ma mère me disait à table : « Didier, tu as tout fait contre le sida, c’est bien, maintenant, il faut que tu tournes la page et que tu écrives sur autre chose. » Je lui ai ré-pondu : « Mais je sais maman ! Tous mes amis me le disent depuis des années, rassure-toi, je n’ai plus rien à raconter. » Et bingo, 120 Battements par minute reçoit le grand prix à Cannes. Et Robin Campillo remercie dans son speech les fondateurs et les présidents d’Act Up, et tout bascule instantanément sur Internet avec un déluge de messages. Le film préfé-ré de Cannes sur Twitter entre dans l’histoire de l’épidémie du sida, et des milliers de personnes, séroposi-tives ou non, sont clairement remer-ciées pour des années d’engagement qui les ont profondément marquées. On sent toute une génération qui s’approprie le grand prix pour ce qu’il est  : un remerciement de la société à une idée.Au-delà du cinéma, c’est le début d’un phénomène populaire qui va s’amplifier à la sortie du film dans les salles, à la fin du mois d’août. La première fois que cela s’est produit pour Act Up il faut remonter à… 1994 avec l’engagement de Cleews Vellay lors du premier Sidaction. Son visage, sa manière de s’exprimer, sa sincérité avaient provoqué une fixation popu-laire amoureuse qui nous avait tous surpris, lui en premier. A force d’en-tendre les messages sur le répondeur d’Act Up qui disaient : « Merci pour votre combat ! » c’était devenu une blague interne déclinée en multiples parodies qui survenaient pendant les moments les plus embarrassants de l’activisme (et il y en avait beaucoup).Déjà sur Facebook, les anciens re-doutent une mania affective qui se-rait bien différente du mépris que nous avons dû subir de tous les côtés pendant nos années d’engagement. Nous avons créé ce mouvement au milieu des insultes. Alors please, ne recommençons pas la même blague,

c’est gênant pour tout le monde. 120 Battements par minute raconte une histoire commune que la socié-té a oubliée. Parmi les jeunes LGBT, une très grande majorité n’a aucune idée d’Act Up, la plupart ne connais-sant même pas le nom de l’associa-tion. Et comme ce film a pour but (entre autres) de susciter un moment de partage et de réconciliation avec l’histoire, ma réponse est désormais la suivante. Si tout le monde parle de transmission de l’activisme, où en sommes-nous du projet d’archives LGBT que la Mairie de Paris promet depuis presque deux décennies et qui reste au point mort ? Mes propres archives du début d’Act Up, je les lègue à qui ? Faudrait-il manifes-ter devant l’Hôtel de Ville pour obte-nir enfin un centre de documentation comme d’autres villes européennes en disposent ?Ce film raconte à quel point le tis-su associatif sida était puissant en France dans les années 80 et 90, ce qui a permis à notre pays d’obtenir en priorité les multithérapies qui ont sauvé tant de vies. Anne Hidalgo, al-lez-vous enfin vous réveiller ? Les anciens présidents d’Act Up sont désormais vieux. Dans le film, nous sommes tous jeunes, ce qui est d’ail-leurs une adaptation de l’histoire du groupe puisque nous avons tous été fortement marqués par l’intervention de personnes plus âgées qui nous ont éduqués avec leur savoir et leur ex-périence.Mais quand Robin Campillo parle de précarité pour rappeler que les séro-positifs d’aujourd’hui sont confron-tés à la dureté du vieillissement et la mise à l’écart de la société, il a rai-son. Qui soutient l’association Grey Pride qui est le seul groupe qui tra-vaille sur la question du vieillisse-ment des personnes LGBT ? Qui ose parler de notre appauvrissement so-cial ? Je dois être la seule personne de presque 60 ans qui a monté les marches du tapis rouge de Cannes

tout en étant au RSA (oui, les mots « Cannes » et « RSA » dans la même phrase). Je suis au chômage depuis dix ans, c’est marqué sur mon pro-fil Twitter. Et les seules personnes qui écrivent encore sur le sida et le mili-tantisme, comme Christophe Martet ou Gwen Fauchois, sont dans la même situation.Ne vous trompez pas, notre engage-ment associatif nous a mis au ban de la société. Nous sommes marginali-sés précisément parce que nos an-nées de travail n’ont pas été récom-pensées. L’Etat et les gays haut placés n’ont rien fait pour nous, absolument rien. Personne n’a reçu de médaille à Act Up. Si on nous avait demandé, il y a dix ans, de coordonner le Centre d’archives LGBT, il serait déjà ouvert. C’est précisément parce que nous avons prouvé que nous savions faire les choses que nous avons été mis au placard. La mémoire est un enjeu po-litique. Les archives de Têtu ne sont pas en ligne, et j’adresse directement mes reproches à Pierre Bergé. Nous avions la possibilité d’offrir le plus grand portail de news LGBT franco-phones depuis 1995 et nous l’avons laissé partir en fumée.C’est injuste et cruel. Nous avons consacré les plus belles années de nos vies à ce combat. Les autres baisaient, nous, on passait nos soi-rées en réunion. Nous avons ser-vi d’exemple. Excusez-moi de faire la drama queen, mais Act Up a pré-cisément réussi grâce à elles. Alors, épargnez-moi les louanges, je ne sais pas y répondre de toute manière. On veut juste travailler et écrire sur ce qui nous passionne encore. On ne veut pas la charité (et dieu sait que je survis grâce à elle), on veut juste participer encore à la société. Nous méritons un travail comme tout le monde. Nous avons toujours traversé la France pour éduquer, discuter, ap-porter la bonne parole. Gratuitement. Et ça commence à bien faire. Nos vies servent à faire des livres et des films. Il est temps d’être Paid in Full, comme Eric B. & Rakim, classique de 1987, l’année du début d’Act Up aux Etats-Unis, il y a juste trente ans.

Après 120 BPM, épArgnez-nous vos LouAnges Tribune de Didier Lestrade, journaliste, écrivain, cofondateur d'Act Up et de Têtu, parue dans Libération le 30 mai 2017

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DJAMÉcrit et réalisé par tony GAtLIFFrance/Grèce/Turquie 20171h37 Français et vOStFavec Daphné Patakia, Simon Abkarian, Maryne Cayon, Kimon Kouris, Solon Lekkas…

Tony Gatlif est un cinéaste qui, plus que tout autre probablement, a mis la mu-sique au cœur de son cinéma. La mu-sique et tout ce qu'elle apporte de ré-cits, de mythes, d'élan, de liberté. Il part ici à la rencontre d'une culture qu'il n'avait pas encore explorée, à l’extré-mité orientale de la Méditerranée, la « mare nostrum » de l'Antiquité, qui a vu au fil des millénaires naître et mou-rir les espoirs des hommes. Pas éton-nant pour un homme qui, de père kabyle et de mère gitane, s'est toujours défini comme méditerranéen.Bienvenue donc à Mytilène, sur l'ile de Lesbos, île emblématique puisque grecque mais située à quelques enca-blures des côtes turques. On y découvre Djam, jeune fille libre et fantasque, affo-lant les désirs des hommes. La première scène – très belle – nous la montre dan-sant le long d'un grillage évoquant d'em-blée la frontière dérisoire que le monde

occidental tente de dresser face à l'ar-rivée des migrants venus de l'Orient si loin si proche. Et dès cette première sé-quence, on comprend que la musique, en l'occurrence le rebetiko, sera le fil di-recteur du film. Le rebetiko, c'est cette étonnante musique triste et enivrante que les Grecs, chassés de Turquie par Atatürk au début du xxe siècle, chan-taient dans les quartiers populaires d'Athènes ou de Thessalonique.Djam vit sur l'île avec son oncle Kakourgos (magnifique Simon Abkarian), capitaine d'un bateau de croisière qui peine à trouver des clients en ces temps de crise. Pour l'heure le rafiot est en rade à cause d'une bielle défectueuse et Kakourgos envoie Djam à Istanbul pour chercher la pièce de rechange. Un voyage qui croise précisément celui des migrants qui tentent leur chance en tra-versant le fleuve frontalier à Edirne (an-cienne Andrinople)… Le chemin aventu-reux de la jeune femme, avec la bielle dans son sac et son baglama (l'instru-ment incontournable du rebetiko) sur le dos, va croiser celui d'Avril, une toute jeune française venue en Turquie aider une ONG en soutien aux réfugiés syriens et abandonnée sans le sou à Istanbul par son copain…

Djam est d'abord film plein de rebon-dissements, libre, pétillant, proposant nombre de rencontres et de situations pittoresques, avec sa galerie de per-sonnages hauts en couleur. Et toujours

des personnages féminins forts incar-nés par des actrices singulières et re-marquables : c'était Rona Hartner dans Gadjo Dilo, Lubna Azabal dans Exils, Asia Argento dans Transylvania, Céline Sallette dans Geronimo… Dans Djam c'est Daphné Patakia, comédienne grecque incroyable de sensualité et d'énergie.Mais derrière le récit entraînant, souvent même euphorisant, il y a comme tou-jours chez Gatlif une belle évocation de ces peuples que l'on dit ennemis et qui pourtant ont tout à faire ensemble : on voit bien ici qu'entre les grecs de Lesbos et les habitants d'Istanbul il y a une his-toire commune.Gatlif introduit aussi une réflexion sur cette Europe ubuesque qui se ferme derrière ses frontières devant lesquelles se pressent les réfugiés venus de Syrie et d'ailleurs. Un plan splendide et im-pressionnant suffit à donner la dimen-sion du drame : celui qui montre, sur une plage à l'écart des touristes, un amon-cellement de plusieurs centaines de gi-lets de sauvetage abandonnés dont cer-tains ont probablement été portés par des nageurs qui n'ont pas survécu à leur traversée.

Entre rebetiko et regard douloureux sur sa chère Méditerranée devenue cercueil des migrants, Tony Gatlif renoue avec le meilleur de son inspiration et livre ain-si une belle œuvre à la fois musicale et politique.

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VISAGES, VILLAGES

Film documentaire écrit, réalisé et commenté par Agnès vARdA et JR France 2017 1h29avec JR, AV, des habitants de tous les coins de France qui auraient pu être vous ou moi…Musique originale de Matthieu Chedid

Agnès Varda la cinéaste glaneuse et JR le photographe baroudeur, impro-bable équipage, embarquent prennent la route dans une camionnette-photoma-ton à l'œil gourmand, partis à la décou-verte des gens qui vivent dans la France qu'on filme rarement. On prend plaisir à leurs haltes villageoises, à les voir musar-der de Pirou Plage aux plages d'Agnès, tout en piquant une tête dans la nouvelle vague. Mais surtout on se régale de leur capacité d'émerveillement communica-tive, de leur curiosité insatiable pour les autres. Et le hasard (le meilleur assistant d'Agnès Varda, dit-elle !) nous fait ren-contrer des gens qui semblent parfois d'un autre temps, d'un autre monde qui sont pourtant les nôtres. En quelques portraits, Agnès et JR donnent une voix aux « masses silencieuses », magnifiant

ces anonymes, agrandissant leurs pho-tos comme pour signifier leur impor-tance, leur redonner la fierté d'être ce qu'ils sont.

C'est un hymne aux simples mortels, aux ignorés du CAC 40, aux oubliées de la grande Histoire. À ceux qui œuvrent si-lencieusement, aux ouvriers, aux pay-sans, aux héros de l'ombre, aux ombres de leurs ombres, leurs invisibles com-pagnes : femmes de dockers, de mi-neurs, fermières, serveuses… C'est un incroyable carillonneur qui virevolte par-mi ses cloches. C'est Jeannine si tou-chante qui se revoit petite fille en train de guetter le « pain d'alouette » que son père ramenait du coron. C'est Patricia l'éleveuse qui résiste à la mode d'écor-ner les chèvres pour les empêcher de se battre. C'est Jackie le facteur heureux des liens tissés au fil de ses tournées, ou encore cet ingénieur fier de se sentir utile en travaillant dans une usine classée à risques… Tant de visages restés obs-curs ou devenus illustres qui seront en-gloutis un jour par le temps, le vent et les marées.

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UN VENT DE LIBERTÉÉcrit et réalisé par Behnam BeHZAdIIran 2016 1h24 vOStFavec Sahar Dolatshahi, Ali Mossafa, Ali Reza Aghakhani, Setareh Pesyani…

Niloofar est une belle femme de trente cinq ans, avec une fa-mille : des frères, des sœurs, des oncles, des tantes… Elle vit avec sa mère qui n'en fait qu'à sa tête, refuse de respecter les consignes de prudence et sort voir les copines par tous les temps… jusqu'au jour où elle fait un malaise. À l'hôpital le toubib est formel : la pollution va la tuer si elle ne quitte pas Téhéran l'enfumée… Après quelques conciliabules familiaux, on conclut qu'il n'est pas question pour le frère de s'éloigner de la capitale : il a son commerce ; pareil pour la sœur aînée qui a mari et enfants… Niloofar est donc désignée à l'unanimité moins une voix, la sienne : elle quittera son boulot, elle ira vivre à la campagne avec sa mère… Sauf que Niloofar a elle aussi sa vie, dont elle ne dit pas tout à sa famille, avec une possible histoire d'amour qui pointe son nez, un amour qui remonte à loin, in-terrompu déjà par des obligations familiales, des malenten-dus… et qui pourrait devenir enfin possible. De plus, ses acti-vités lui plaisent, elle aussi aime Téhéran et elle n'en peut plus qu'on décide à sa place de ce que sera sa vie…A Téhéran comme ailleurs, allez savoir pourquoi, ce sont sou-vent les filles qui s'occupent des mères vieillissantes. Les hommes ont trop à faire et puis ne savent pas : ce n'est pas dans leur culture, c'est bien connu… Niloofar n'a jamais eu le choix de rien et pourtant cette fois elle se rebelle : ras la cas-quette d'être la fille modèle, aimante et douce, ras le bol de faire des concessions ! L'affrontement va opposer les frère et sœurs… et personne ne songe à demander l'avis de la mère qui semble se moquer de la campagne et de la pollution, sou-haitant simplement qu'on la laisse vivre elle aussi selon ses propres choix. A Téhéran comme ailleurs, il ne fait pas bon être femme, il ne fait pas bon être dans un état de faiblesse et les décisions prises « pour le bien de l'intéressé » le sont souvent pour préserver avant tout la tranquillité de ceux qui décident à sa place.

ÉTÉ 93Écrit et réalisé par Carla SIMOnEspagne (Catalogne) 2016 1h34 vOStF (en catalan) avec Laia Artigas, Paula Robles, Bruna Cusí, David Verdaguer, Fermi Reixacha…

Frida, c'est une petite bouille ronde et grave sous une ti-gnasse toute bouclée. Une de ces petites figures craquantes du grand écran dont on se souvient longtemps. Pour Frida, cet été-là va devenir un nouveau commencement, mais aus-si la fin de quelque chose… Il fait beau. Elle part rejoindre son oncle Esteve et sa tante Marga dans un coin de cam-pagne luxuriant, où le soleil planqué derrière les montagnes tarde à pointer son nez le matin et s'enfuit trop tôt le soir. La luminosité y est d'autant plus belle, plus feutrée, et la na-ture moins cramoisie qu'en d'autres coins d'Espagne… Il fait chaud le jour mais on devine des nuits fraîches dans la région de Garrotxa où on l'emmène. Les gens y sont à l'image du paysage avec leur accent semi heurté, semi chantant : ici on parle catalan.

Pour notre petite citadine élevée au fumet âcre des gaz d'échappement de Barcelone, cela pourrait s'apparenter au bonheur. Du moins quelque chose qui y ressemble, qui donne envie de gambader, de rire, de jouer, de participer à toute cette vie qui grouille autour.Mais cet été-là, quelque chose lui manque. Ou plutôt quelqu'un. Elle ne réalise pas complètement. Tout est allé si vite… C'est d'autant moins simple à comprendre qu'elle n'échappe pas à cette règle qui veut qu'on édulcore ou taise certaines choses aux enfants pour les protéger, les préser-ver des maladies cruelles et de leurs conséquences. On leur parle du ciel, des étoiles. Sans doute y en a-t-il une pour Frida, unique, qui l'observe, qui l'observera toujours, qui bril-lera toujours plus pour elle. Et puis le bon dieu veille, il sera toujours là… Enfin, ça c'est ce que dit sa grand-mère si raide et invasive avec ses prières. Mais pour Frida, tout cela est si haut, si loin… Que sont tous ces cartons dans lequel on emballe les affaires de sa mère ? Elle regarde ailleurs, essaie de penser à autre chose : il fait si beau dehors… On lui parle aussi de la mort… Mais à six ans que connait-on de la mort ? Plus tard elle n'en fera pas un livre, elle en fera un film qui s'appellera Été 93. Au lieu d'y raconter la perte, elle y parlera de l'enfance, de la reconstruction, de l'envie de vivre.

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LE GRAND MÉCHANT RENARD

Film d’animation réalisé par Benjamin RenneR et Patrick IMBeRtFrance 2017 1h19Scénario de Benjamin Renner et Jean Regnaud

POuR LeS enFAntS À PARtIR de 5/6 AnS, MAIS LeS AduLteS AuSSI Y tROuveROnt LeuR COMPte

Le rideau s’ouvre et… Ah non, attendez, on n’est pas prêt ! Le joyeux bazar inter-rompt Renard qui présente le spectacle en trois actes présenté par la Compagnie de la Ferme du Val fleuri. Ah voilà, ça y est, on peut commencer…

Dans un verdoyant coin de campagne, une petite ferme vit paisiblement, aux abords de la forêt. Les animaux s’au-to-gèrent, chacun dans le rôle que lui assignent les usages ruraux mais cha-cun doté d’une personnalité bien mar-quée. Le chien de garde est partisan du moindre effort et ne pense qu’à dormir, la poule militante organise une milice anti-renards, le canard et le lapin sont deux compères un peu andouilles, un peu nounouilles mais terriblement atta-chants, et le cochon, à l’inverse, est un être aussi rationnel que pragmatique. Non loin de là, le renard a faim, le re-nard a la dalle, le renard a les crocs. Il

n’a qu’à se servir dans le poulailler me direz-vous… Le problème, c’est que le malheureux est tout sauf effrayant, il est même totalement inoffensif et bien inca-pable d’aller bouloter la moindre poule. Sur les conseils du loup (beaucoup trop détesté par le reste des animaux pour pouvoir lui-même approcher de la ferme), le renard décide de chapar-der des œufs : eux, au moins, pas be-soin de leur faire peur ! Attendre un peu, les laisser éclore et CROC ! Mais voilà que les trois poussins, à peine sortis de l’œuf, n’ont qu’on mot au bec en décou-vrant le renard à l’affût : « maman !!! » Et notre goupil se retrouve, effaré, chef de famille !Comment faire pour élever trois pous-sins quand on est un renard ? Et com-ment un canard, un lapin et un cochon peuvent livrer un bébé, alors qu’au-cun d’eux ne vole comme une cigogne (quand même supposée faire le bou-lot) ? Enfin, comment sauver Noël quand le père Noël (en plastique certes, mais Canard et Lapin ne veulent pas y croire) est tombé du toit ?Autant de questions loufoques qui amè-neront des réponses du même métal…

Après le merveilleux Ernest et Célestine, ce ne sont pas les dessins de Gabrielle Vincent que Benjamin Renner (avec la

complicité de Patrick Imbert) anime à l’écran cette fois, mais les siens : en l’oc-currence ses albums Un bébé à livrer et Le Grand méchant renard. Les trois histoires du film peuvent être vues comme des contes qui abordent des sujets tout ce qu’il y a de réalistes et sérieux, mais dédramatisés, rendus accessibles et drôles parce qu’ils sont transposés dans le monde animal, dans une ambiance pleine d’humour et de dé-rision…

La musique de Robert Marcel Lepage, bien plus qu’une illustration cartoon, complète les séquences comiques et les émotions. Chaque personnage a son thème musical récurrent, ce qui n’est pas sans rappeler Pierre et le loup.Pour finir, les dessins en aquarelle, très simples, subliment ce paysage rural et bucolique, restant d’une étonnante fidé-lité envers les BD, et les voix, loin des horreurs suraiguës et surjouées des des-sins animés de TV, sont d’une agréable justesse.

Un film qui nous fait rire de bon cœur, conçu « comme un petit bonbon, comme un moment de détente léger, amusant et sans prétention à partager en famille. » (Benjamin RenneR). Tout est dit, venez partager !

et autres contes…

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takeshi KItAnOJapon 1999 2h01 vOStFavec Takeshi Kitano, Yusuke Sekiguchi

vISIBLe en FAMILLe dèS 10-12 AnS !

Avec sa trogne de travers, ses tics à fleur de peau et ses airs de faux mé-chant à qui on ne la fait pas, Kitano ba-lade sa silhouette de clown un peu triste dans ce si bel été. Fidèle à lui-même, il se moque des modes et jongle une fois encore avec les tons, au risque de dé-router son public… on le quitte dans le noir parmi les yakuzas, on le retrouve dans l'éclat des couleurs de l'été au bras d'un gamin… Pour les gourmands de comparaisons, disons qu'il y a un chouya de Central do Brasil et du Kid de Chaplin dans l'Eté de Kikujiro… ben oui, pas n'importe quoi tout de même ! Ceux qui ont adoré Hana-Bi seront aux anges : on retrouve ici cette même poé-

sie naïve portée par une musique «  ja-ponisante  » délicieuse, ce jeu théâtral qui nous rappelle que « beat Kitano » a débuté sur les planches des cabarets. Ceux qui n'ont vu aucun de ses films seront au paradis tant celui-là est l'oc-casion rêvée de découvrir son univers, tant il est facile de se laisser douce-ment glisser dans son rythme tranquille, dans sa douce chaleur. Enfin, ceux qui connaissent sur le bout des doigts la fil-mographie du maître et sa chronologie complexe y verront là un film attachant, comme une parenthèse légère et prime-sautière dans une œuvre plus difficile… C'est l’été, il fait chaud et Masao s'en-nuie. Tous ses copains sont partis en va-cances, sa grand-mère travaille et le ter-rain de foot est désert. Bref, les journées lui paraissent longues, mais longues… Petite bouille de neuf ans, Masao com-mence à sérieusement désespérer… Mais voilà que déboule dans son quar-

tier Kikujiro, connaissance d’une amie de mamy. La cinquantaine ronchonne, il est un peu voleur, un peu menteur, un peu joueur et grand jureur. Comme Masao voudrait bien aller au bord de la mer retrouver sa maman qu'il ne connaît pas, comme Kikujiro, lui aussi, s'ennuie ferme, ils décident de prendre tous les deux la route… Entre le gamin timidou et le bonhomme introverti, on ne sait trop lequel des deux est le plus impression-né.

Avec très peu de mots, et cette pu-deur toute masculine qui rechigne à trop montrer les émotions, ils finiront par s'entendre et se comprendre au quart de tour. Sous un soleil de plomb, Kikujiro se cassera la tête pour inven-ter des jeux délirants et faire le mariolle pour qu'un sourire apparaisse sur la fri-mousse un peu tristounette de Masao. Il y aura des surprises inattendues et des rencontres plus ou moins rigolotes, des rêves incongrues, des larmes et des dé-ceptions cruelles… beaucoup de poésie et un soupçon de magie… pour Masao et Kikujiro qui s'attendaient à un été tout gris, tant de couleurs, c'est un vrai bon-heur.

L’ETÉ DE KIKUJIRO

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MEMORIES OF MURDERBOnG Joon-hoCorée du Sud 2003 2h10 vOStFavec Song Kan-ho, Kim Sang-kyung, Byun Hee-bong, Song Jae-ho…Scénario de Bong Joon-ho, Kim Kwang-rim et Shim Seung-bo

C'est LE film qui a révélé en occident Bong-Joon-ho, dont nous avons de-puis suivi de près le parcours : The Host, Mother, Snowpiercer et enfin Okja (privé de sortie en salle de cinéma). Lorsque nous avons découvert Memories of mur-der à sa sortie en 2004, ce fut une vraie claque en même temps qu'un élan d'en-thousiasme : dépités par la monotonie basse du front des polars américains ou français, nous étions sidérés par l’éner-gie, par le souffle, par l’audace, par la liberté d’un film qui saisit, qui captive, qui surprend, qui fait confiance à l’in-telligence, et même à l’intuition de ses spectateurs. Memories of murder est évidemment noir, il peint avec une rage explosive, qui va parfois jusqu’à la farce grotesque, la violence et les côtés obs-curs de l’âme humaine, il touche du doigt l’effroi et le désespoir, il explore les terri-toires de la douleur, de la haine et de l’im-puissance, mais il en émane pourtant une clarté étrange, un sentiment de foi ab-solue en l’humanité, une croyance mal-gré tout en un possible apaisement, une sorte de poésie dévastée. Grand film, dé-cidément…

Entre 1986 et 1991, dans une petite ville près de Séoul et dans un rayon de seu-lement deux kilomètres, un tueur en sé-rie viole et assassine dix femmes. La plus âgée est une grand-mère de 71 ans, la plus jeune une écolière de 13 ans. Seuls point communs : toutes les victimes portent du rouge et les crimes ont tou-jours lieu un jour de pluie.

C’est la police locale qui est chargé de l’enquête et, privée de moyens, inexpé-rimentée dans ce genre d’affaires, igno-rante des techniques modernes de re-cherche et de profilage, elle est vite dépassée par les événements. Entre le détective Park, persuadé de pouvoir de-viner la vérité rien qu’en scrutant les sus-pects au fond des yeux, et son collègue Cho, adepte du coup de talon comme méthode imparable d’interrogatoire, les recherches s’égarent sur de multiples fausses pistes…Fabrication de preuves, bavures, aveux forcés, recours au chamanisme, tous les moyens sont bons pour arrêter un cou-pable. Le détective Park n’hésite d’ail-leurs pas à changer son bureau de place afin de favoriser les ondes positives.L’arrivée de Seo, jeune policier ambi-tieux de Séoul, rompu à des méthodes d’investigation plus scientifiques, devrait apporter une aide salutaire, mais elle est ressentie comme une intrusion par ses collègues, qui se méfient du flic de la grande ville, taciturne et hautain. La po-lice s’enfonce donc dans une logique ab-surde, et le sanglant parcours du meur-trier continue…Le scénario du film est inspiré d’un fait divers réel, qui frappa durablement l’opi-nion coréenne. Bong Joon-ho en donne une vision à la fois hyper-réaliste et com-plètement décalée, jouant à fond sur l’opposition entre le poids du drame qui se joue et le comportement erratique des humains : « une histoire pleine de bruit et de fureur, contée par un idiot et qui ne veut rien dire ». Du fait divers, le film tire sa franchise brutale, son refus des rebondissements faciles. De la tradition Shakespearienne, il hérite la richesse du récit, la profondeur des enjeux, la com-plexité des passions humaines et les frayeurs qu’il fait résonner en nous.

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TRANSFIGURATIONÉcrit et réalisé par Michael O'SHeAUSA 2016 1h37 vOStFavec Eric Ruffin, Chlœ Levine, Larry Fessenden, Danny Flaherty…Interdit aux moins de 16 ans

On est d’abord frappé par le comédien principal, Eric Ruffin, jeune et noir. Son corps râblé, ses yeux et son visage ronds, son regard désaffecté, son style économe et introverti impriment d’emblée l’écran. Il est ici Milo, un jeune vivant avec son grand frère (les parents sont décédés) dans une banlieue ghetto.A l’évidence, Milo est différent : il n’a pas de copains, se fait chahuter par la bande qui traîne en bas de chez lui, semble ne rien ressentir à un âge où, « normalement », les hormones sont en feu. Surtout, la nuit, Milo commet des crimes très sanglants, sans paraître non plus y prendre un quelconque plaisir. En fait, comme dans le Only lovers left alive de Jim Jarmusch, Milo est un vampire, un vampire en jeans et bas-kets qui ressemble à n’importe quel jeune du coin de la rue. Belle idée que d’avoir fondu ensemble deux mythologies : celle, imaginaire, des suceurs de sang, et celle, réaliste, de la jeunesse ethniquement minoritaire. Une idée tricotant ainsi toutes les passerelles communes à ces deux « espèces » ré-prouvées, de la métaphore sexuelle au séparatisme irréduc-tible d’avec le monde normé des adultes plus communément appelé « société ».

Milo collectionne les vidéos de films de vampires. Il croise un jour une jeune voisine en rupture familiale qui s’éprend peu à peu de lui, de son originalité, de son mystère. Elle sait qu’il a une grande culture vampiresque, mais pas qu’il en est un ! Elle lui vante les mérites de Twilight, il réplique en l’emmenant au ciné voir Nosferatu. C’est beau et très émouvant, puisque entre eux, l’histoire d’amour est impossible : il risquerait de lui trancher mortellement le cou et il le sait. Michael O’Shea a justement voulu prendre le contre-pied des clichés du genre. Il signe un film de vampire « réaliste », tenu, dépourvu de frime, ancré dans l’urbanité américaine d’aujourd’hui… Un film singulier, de beaux comédiens et un bon cinéaste.

(S. KagansKi, Les Inrocks)

HANA-BItakeshi KItAnOJapon 1997 1h43 vOStFavec Takeshi kitano, Kayoko Kishimoto, Ren Osugi, Susumu Terajima...

LIOn d’OR FeStIvAL de venISe 1997

Hana-Bi force l’admiration : le talent à l’œuvre, la singularité à l’état brut, c’est un rare et magnifique film… Takeshi Kitano dévoile ici une facette de son art, surgissant là où on ne l’at-tendait pas, jonglant entre une ironie cinglante et sanglante et une mélancolie aux confins d’un romantisme tout japonais. Inclassable donc, envoûtant et étrange, brillant et virtuose comme un coup de pinceau calligraphique, Hana-Bi marie violence et poésie dans un mouvement de caméra où tout, justement, n’est qu’immobilité…

Hana-bi, en japonais, ça veut dire feu d’artifice. Si on ôte le trait d’union, il reste deux mots, à la fois anodins et forts, deux mots qui vont prendre tout leur éclat au fil de l’intrigue : fleur et mort. Le feu d’éclat, c’est d’abord celui d’une fusillade qui laisse sur le carreau froid d’une vie sans mouvement Horibe, cloué à un fauteuil ; Horibe, flic et collègue du détective Nishi (Takeshi lui-même). Ça en sera trop, beaucoup trop pour l’im-passible Nishi qui porte de surcroît, en silence et en souf-france, le secret d’un événement inévitable. Nishi supporte ainsi tous ces traumatismes, sans courage démonstratif, sans un mot, avec juste ce qu’il faut d’orgueil pour faire éclater, inopinément, la force qui l’anime, mélange de désespoir et de pulsion de vie.Obsédé par les événements cruels qui ont brisé la vie de ceux qui l’entourent, il quitte la police, emprunte de l’argent à un yakuza, devient même hors-la-loi, mais qu’importe… Comme un pied de nez au sort qui lui court derrière, il va prendre les devants, en offrant à sa compagne une balade à la fois amou-reuse et spirituelle... une promenade très douce où il n’est pas question de fuite, ni de trop de mots, pas même de tentatives pour chercher à comprendre… juste la vie, dans ce qu’elle a de futile et de beau, et puis la mort, comme une réalité iné-luctable.

Rien de superflu, rien de trop, tout est à l’économie, écono-mie de gestes, de paroles, de mouvements. Kitano flirte avec la violence et la brutalité pour mieux se livrer à une douce en-volée presque onirique où il est question de fleurs et d’ani-maux étranges. La maîtrise absolue de la mise en scène sus-cite l’émerveillement, tout comme la beauté de la photo fait naître l’émotion. Du très grand art.

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QUE DIOS NOS PERDONE

Rodrigo SOROGOYenEspagne 2016 2h06 vOStFavec Antonio de la Torre, Roberto Alamo, Javier Pereira, Luis Zahera, Maria Ballesteros…Scénario de Rodrigo Sorogoyen et Isabel Peña

Deux ans après La Isla minima de glo-rieuse mémoire, voici un film remar-quable qui prouve que le polar espagnol sait décidément être grand. Réalisé par un nouveau venu (c'est son deuxième long métrage), Rodrigo Sorogoyen, Que Dios nos perdone respecte les règles les plus classiques du genre tout en créant le léger décalage qui fait la différence entre un produit de série et une œuvre marquante, témoin saisissant d'une époque, de ses mœurs publiques et pri-vées, de ses dérives, de ses abandons.Nous sommes à Madrid pendant l'été 2011. Un moment difficile pour les au-torités qui préparent l'arrivée du pape Benoît XVI dans le cadre des Journées Mondiales de la Jeunesse et qui, dans le même temps, font face à une autre jeu-

nesse, moins facile à canaliser : le mou-vement des « indignados » est en effet en train de naître place de la Puerta del Sol. La police madrilène est donc dé-jà sur les dents quand survient une sé-rie de crimes particulièrement atroces dont les victimes sont toutes de vieilles dames parfaitement respectables.

Les inspecteurs Velarde et Alfaro sont chargés de l'enquête et la consigne de leurs supérieurs ne souffre pas de dis-cussion : « Pas de vagues ! » Or, si une certaine discrétion, pour une raison qu'on vous laisse découvrir, peut ca-ractériser l'inspecteur Velarde, c'est loin d'être la qualité principale de son col-lègue. Ce binôme, excellemment inter-prété par Antonio de la Torre et Roberto Alamo, concourt grandement à la réus-site du film. Les deux flics sont totale-ment différents mais parfaitement com-plémentaires, dans la grande tradition des duos du cinéma noir. Par ailleurs, leurs vies privées respectives, chaotique pour l'un, trop lisse pour l'autre, dévoi-leront des failles intimes pas toujours

compatibles avec la profession qu'ils exercent, les responsabilités qu'elle im-plique et la disponibilité maximale que réclame une enquête de plus en plus dif-ficile. Car le tueur ne chôme pas…

Qu'il s'agisse du contexte politique, entre cortèges de fidèles dans les rues et manifs de contestataires sur les places, qu'il s'agisse de la peinture d'une ville en mouvement, Madrid étant un person-nage à part entière de l'intrigue, ou qu'il s'agisse de l'analyse subtile de la psy-chologie des personnages – et pas seu-lement celle des deux flics, on comprend que Rodrigo Sorogoyen et sa co-scéna-riste Isabel Peña ont effectué en amont un très rigoureux travail d'écriture. Ce type même de travail qui manque par-fois aux films de cinéma alors qu'il fait la force des séries télévisées actuelles, en particulier policières. Pour ce qui est de la réalisation, la scène de poursuite, tournée dans la ville caméra à l'épaule, avec un nombre impressionnant de figu-rants, montre à elle seule la maîtrise du metteur en scène.

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thierry de PeRettIFrance 2017 1h53avec Jean Michelangeli, Henri-Noël Tabary, Cédric Appietto, Marie-Pierre Nouveau, Délia Sepulcre-Nativi…Scénario de thierry de Peretti et Guillaume Bréaud.

Passionnant, tendu, acéré, complexe, Une vie violente impressionne par son ampleur romanesque et sa justesse de ton, son absence de lyrisme complai-sant et sa profonde humanité. Dans cette magnifique évocation de l’ascen-sion fulgurante et de la chute inéluc-table d’un jeune indépendantiste corse, on ne trouvera pas l’once d’une conces-sion à l’imagerie romantique de la lutte armée – et pas davantage de trace de cette fascination hollywoodienne qui en-noblit d’une chorégraphie aussi sédui-sante que vénéneuse la construction de la légende mafieuse au cinéma. Si l’on devait trouver des parrains à Thierry de Peretti, c’est probablement du cô-té de Flaubert, d’Hawks ou des italiens Pasolini et Sciascia (les seuls revendi-qués) qu’il faudrait aller chercher. Tout en sobriété, en naturalisme et en effica-cité, il s’attache, sur les traces de son héros, à raconter au plus près, de l’in-térieur, la page la plus récente, la plus prégnante, de l’histoire politique de la Corse. Sans en faire l’apologie, ni pour autant la réduire à sa triste caricature. Sans en omettre non plus la dimen-sion criminelle, qui double l’engage-ment idéologique, ni faire l’impasse sur

la mécanique de radicalisation qui en-traîne ses petits soldats trop vite mon-tés en graine, qu’ils soient idéalistes ou opportunistes, du côté obscur du com-bat politique. Du service rendu au crime, de l’engagement à la vendetta, il n’y a finalement qu’une succession de petits pas, d’éveils à une conscience politique et de renoncements à des principes mo-raux, plus ou moins conscients, plus ou moins assumés.

Bastiais, fils de famille bourgeoise, plu-tôt beau gosse, gentiment hâbleur, malin et cultivé, Stéphane va faire cette série de petits pas. Jeune étudiant promis à un avenir sinon brillant, du moins suffi-samment doré, d’un naturel plus fêtard que réellement studieux, il est enrôlé presqu’à son insu par un ami militant nationaliste (mais qui, semble-t-il nous dire, ne connaît pas un ami qui connaît un ami qui… ?) qui lui demande – trois fois rien – de faire passer sur le conti-nent une bête valise. Laquelle, remplie d’armes, va bigrement intéresser la po-lice française. Et c’est donc en prison, au contact de vrais activistes comme du véritable banditisme, au contact des livres aussi, qu’il commence son éduca-tion politique, militante, sa construction idéologique. De fait, l’historique du na-tionalisme corse est alors largement ex-pliqué, contextualisé, resitué, sous les auspices de Frantz Fanon, dans la conti-nuité des luttes de décolonisation – ce qui le conduit, une fois libéré, à affirmer son engagement dans un mouvement

décolonialiste de tendance gauchiste. Thierry de Peretti s’est « inspiré du par-cours atypique, météorique, tragique, de Nicolas Montigny, jeune militant na-tionaliste assassiné à Bastia en 2001 ». Son précédent et premier film, Les Apaches, scrutait de façon très fine et très précise la micro-société des lais-sées-pour-compte de Porto-Vecchio, à travers le portrait d’une petite bande de gamins entraînés malgré eux, déjà, dans une spirale incontrôlable. On se faisait la réflexion que, pour ce qui est de la vi-sion idyllique, touristique, de la Corse, il faudrait repasser, tant on ressentait l’urgence de nettoyer le décor du fatras folklorique qui en masquait la dure réa-lité. Une vie violente creuse ce sillon, fai-sant preuve du même sens de la tragé-die mais élargit le champ et, de la petite anecdote, se collette donc avec l’his-toire contemporaine – celle qui est tou-jours à l’œuvre sur l’île. Et rien, jamais, de racoleur ni d’exemplaire dans les destins racontés, ni ceux de ces petits apaches désœuvrés, ni celui du jeune militant nationaliste pris dans une méca-nique qu’il feint de maîtriser et qui finira par le broyer.Engagement, embrigadement, lutte ar-mée, sacrifice de soi. Avec une simpli-cité et une efficacité sans artifices, avec ses faux airs de western, de thriller et de drame historique, Une vie violente ra-conte cette histoire-là, terre à terre, terri-blement humaine. Elle nous la rend pal-pable. Et ce n’est pas la moindre de ses qualités.

UNE VIE VIOLENTE

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4€15H45 18H00 19H50 22H00Le CAIRe COnFIdentIeL vISAGeS vILLAGeS Le CAIRe COnFIdentIeL L’eMPIRe deS SenS15H30 17H30 19H40 21H40HOStAGeS Ce quI nOuS LIe Le LAuRÉAt HOStAGeS15H30 17H15 19H40 21H30Gd MÉCHAnt RenARd MeMORIeS OF MuRdeR MARIe-FRAnCIne ReMBRAndt FeCIt 1669

MERCREDI

AOÛT2

4€ 17H30 19H40 21H50 Le CAIRe COnFIdentIeL Ce quI nOuS LIe Le CAIRe COnFIdentIeL 17H45 19H20 21H20 Gd MÉCHAnt RenARd HOStAGeS L’ÉtÉ de KIKuJIRO 17H30 19H30 21H40 L’eMPIRe deS SenS ReMBRAndt FeCIt 1669 Le LAuRÉAt

JEUDI

AOÛT3

4€ 17H30 bébé 19H50 22H00 L’ÉtÉ de KIKuJIRO Le CAIRe COnFIdentIeL L’eMPIRe deS SenS 17H30 19H15 21H40 Gd MÉCHAnt RenARd MeMORIeS OF MuRdeR Ce quI nOuS LIe 18H00 20H00 21H45 HOStAGeS vISAGeS vILLAGeS MARIe-FRAnCIne

VENDREDI

AOÛT4

4€16H00 17H50 19H40 21H45MARIe-FRAnCIne vISAGeS vILLAGeS Le CAIRe COnFIdentIeL MeMORIeS OF MuRdeR16H00 17H45 20H00 22H00Gd MÉCHAnt RenARd Ce quI nOuS LIe HOStAGeS Le CAIRe COnFIdentIeL15H30 17H45 19H50 21H50L’ÉtÉ de KIKuJIRO ReMBRAndt FeCIt 1669 Le LAuRÉAt L’eMPIRe deS SenS

SAMEDI

AOÛT5

4€16H00 17H40 19H50 22H00Gd MÉCHAnt RenARd Le CAIRe COnFIdentIeL Ce quI nOuS LIe Le CAIRe COnFIdentIeL16H00 18H00 19H45 21H45HOStAGeS vISAGeS vILLAGeS HOStAGeS MeMORIeS OF MuRdeR15H45 17H40 20H00 22H00MARIe-FRAnCIne L’ÉtÉ de KIKuJIRO Le LAuRÉAt L’eMPIRe deS SenS

DIMANCHE

AOÛT6

4€ 17H45 20H00 Le CAIRe COnFIdentIeL MIRACLE MILE 18H00 20H10 22H00 Ce quI nOuS LIe vISAGeS vILLAGeS HOStAGeS 17H30 19H45 21H20 L’ÉtÉ de KIKuJIRO Gd MÉCHAnt RenARd MARIe-FRAnCIne (d)

LUNDI

AOÛT7

4€ 17H30 19H15 21H30 Gd MÉCHAnt RenARd Le CAIRe COnFIdentIeL MeMORIeS OF MuRdeR 17H45 19H50 22H00 HOStAGeS Ce quI nOuS LIe L’eMPIRe deS SenS (d) 17H30 (d) 19H40 22H00 ReMBRAndt FeCIt 1669 L’ÉtÉ de KIKuJIRO Le LAuRÉAt

MARDI

AOÛT8

120 BAtteMentS PAR MInuteÀ PARTIR DU 23/9

AvAnt LA FIn de L’ÉtÉDU 9 AU 22/8

Ce quI nOuS LIeDU 2 AU 22/8

CRASH teSt AGLAeDU 30/8 AU 12/9

dJAMÀ PARTIR DU 6/9

L’eMPIRe deS SenSDU 2 AU 8/8

ÉtÉ 93DU 9 AU 29/8

L’ÉtÉ de KIKuJIRODU 2 AU 29/8

LeS FILLeS d’AvRILDU 30/8 AU 12/9

Le GRAnd MÉCHAnt RenARdDU 2/8 AU 12/9

HAnA-BIDU 16/8 AU 5/9

HOStAGeSDU 2 AU 22/8

Le LAuRÉAtDU 2 AU 15/8

Le CAIRe COnFIdentIeLDU 2/8 AU 12/9

LOLA PAteRÀ PARTIR DU 6/9

MARIe-FRAnCIneDU 2 AU 8/8

MeMORIeS OF MuRdeRDU 2 AU 15/8

MIRACLe MILeRENCONTRE LE 7/8 ET JUSQU’AU 12/9

MY COuSIn RACHeLDU 23/8 AU 12/9

On tHe MILKY ROAdDU 9/8 AU 5/9

que dIOS nOS PeRdOneÀ PARTIR DU 6/9

LA RÉGIOn SAuvAGeDU 16/8 AU 5/9

ReMBRAndt FeCIt 1669DU 2 AU 8/8

S’InStALLeR PAYSAn, SAnS teRRe et SAnS CAPItALRENCONTRE LE 12/9

tRAnSFIGuRAtIOnDU 9/8 AU 5/9

un vent de LIBeRtÉDU 23/8 AU 12/9

une FeMMe FAntAStIqueDU 9/8 AU 12/9

une vIe vIOLenteÀ PARTIR DU 6/9

vISAGeS vILLAGeSDU 2/8 AU 5/9

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Voyage en mémoires indiennes

Film documentaire réalisé par Jo Béranger et Doris Buttignol

Prix du Public du Festival International des Films de

Femmes, Créteil 2004.

Elle a la quarantaine, elle est née indienne, de la nation Kaska, membre

du clan du loup ; c’était une gamine parmi tant d’autres, enlevée à sa

famille pour être éduquée dans le cadre d’une campagne d’assimilation forcée, placée dans un pensionnat et ensuite dans une famille d’accueil de la société canadienne blanche. Sally

Tisiga, puisque tel est son nom, a quatre ans en 1964 quand une voi-

ture de la police canadienne se gare devant la cabane qu’elle habite avec

sa mère, Minnie, dans une petite com-munauté du Yukon… Sally Tisiga sera

notre guide tout au long du film. Elle va nous faire entendre sa voix, mais

elle va également nous faire entendre une multitude d’autres voix. En

montrant des images d’archives, en diffusant des enregistrements sonores

explicitant crûment l’idéologie du gouvernement canadien de l’époque,

en recueillant des témoignages de victimes indiennes – les enfants, les parents, les proches mais également

un grand nombre de représentants de la société indienne – les réalisatrices

nous donnent une image boulever-sante de cette page peu glorieuse de

l’histoire canadienne…

et plus de 130 films au cata-logue : www.videoenpoche.info

Page 15: 5 avenue du docteur Pezet 34090 MontPellier / : 04 67 52 ... · de ses compagnons de colère, parfois perdus en route. Ce n'est pas pour rien qu'il a su galvaniser une pléiade d'ac-teurs

4€16H00 17H40 19H40 22H00Gd MÉCHAnt RenARd LA RÉGIOn SAuvAGe On tHe MILKY ROAd FeMMe FAntAStIque16H00 bébé 17H50 20H00 22H00vISAGeS vILLAGeS Le CAIRe COnFIdentIeL HAnA-BI AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ16H00 18H20 20H10 22H00L’ÉtÉ de KIKuJIRO MIRACLe MILe tRAnSFIGuRAtIOn HOStAGeS

MERCREDI

AOÛT16

4€ 17H45 19H40 21H40 Gd MÉCHAnt RenARd LA RÉGIOn SAuvAGe On tHe MILKY ROAd 17H45 20H00 22H00 Ce quI nOuS LIe FeMMe FAntAStIque Le CAIRe COnFIdentIeL 17H45 19H45 22H00 ÉtÉ 93 L’ÉtÉ de KIKuJIRO tRAnSFIGuRAtIOn

JEUDI

AOÛT17

4€ 18H00 19H40 22H00 Gd MÉCHAnt RenARd On tHe MILKY ROAd LA RÉGIOn SAuvAGe 17H45 19H50 22H00 FeMMe FAntAStIque Le CAIRe COnFIdentIeL HAnA-BI 18H00 20H00 21H45 HOStAGeS vISAGeS vILLAGeS Ce quI nOuS LIe

VENDREDI

AOÛT18

4€16H00 17H40 20H00 22H00Gd MÉCHAnt RenARd On tHe MILKY ROAd FeMMe FAntAStIque LA RÉGIOn SAuvAGe16H00 18H10 20H20 22H00Le CAIRe COnFIdentIeL Ce quI nOuS LIe AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ HAnA-BI15H45 17H50 20H10 22H00HOStAGeS L’ÉtÉ de KIKuJIRO tRAnSFIGuRAtIOn MIRACLe MILe

SAMEDI

AOÛT19

4€15H45 17H20 19H20 21H45Gd MÉCHAnt RenARd FeMMe FAntAStIque On tHe MILKY ROAd ÉtÉ 9316H00 17H50 19H50 22H00MIRACLe MILe tRAnSFIGuRAtIOn Ce quI nOuS LIe Le CAIRe COnFIdentIeL15H45 18H10 20H15 22H00L’ÉtÉ de KIKuJIRO Le LAuRÉAt vISAGeS vILLAGeS HOStAGeS

MERCREDI

AOÛT9

4€ 18H00 19H45 21H45 Gd MÉCHAnt RenARd FeMMe FAntAStIque On tHe MILKY ROAd 17H45 20H00 21H50 Le CAIRe COnFIdentIeL tRAnSFIGuRAtIOn MeMORIeS OF MuRdeR 18H00 bébé 19H40 22H00 AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ L’ÉtÉ de KIKuJIRO Le LAuRÉAt

JEUDI

AOÛT10

4€ 17H30 19H40 22H00 Gd MÉCHAnt RenARd On tHe MILKY ROAd FeMMe FAntAStIque 18H00 19H50 22H00 vISAGeS vILLAGeS Le CAIRe COnFIdentIeL tRAnSFIGuRAtIOn 17H30 19H30 22H00 HOStAGeS MeMORIeS OF MuRdeR Ce quI nOuS LIe

VENDREDI

AOÛT11

4€15H45 17H30 20H00 22H00vISAGeS vILLAGeS On tHe MILKY ROAd FeMMe FAntAStIque On tHe MILKY ROAd16H15 18H00 20H10 22H00Gd MÉCHAnt RenARd Le CAIRe COnFIdentIeL tRAnSFIGuRAtIOn ÉtÉ 9315H45 18H10 20H15 21H50L’ÉtÉ de KIKuJIRO HOStAGeS AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ MIRACLe MILe

SAMEDI

AOÛT12

4€15H45 17H40 19H40 21H30ÉtÉ 93 FeMMe FAntAStIque vISAGeS vILLAGeS On tHe MILKY ROAd15H45 17H30 19H30 21H40Gd MÉCHAnt RenARd tRAnSFIGuRAtIOn Ce quI nOuS LIe MeMORIeS OF MuRdeR16H00 18H20 20H00 22H00L’ÉtÉ de KIKuJIRO AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ HOStAGeS Le LAuRÉAt

DIMANCHE

AOÛT13

4€ 17H30 19H50 21H50 L’ÉtÉ de KIKuJIRO FeMMe FAntAStIque On tHe MILKY ROAd 17H45 20H00 22H00 Ce quI nOuS LIe tRAnSFIGuRAtIOn Le CAIRe COnFIdentIeL 18H00 19H40 21H40 AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ ÉtÉ 93 HOStAGeS

LUNDI

AOÛT14

4€16H00 17H40 19H30 22H00Gd MÉCHAnt RenARd vISAGeS vILLAGeS On tHe MILKY ROAd FeMMe FAntAStIque15H30 17H50 19H50 22H00Ce quI nOuS LIe FeMMe FAntAStIque Le CAIRe COnFIdentIeL tRAnSFIGuRAtIOn15H30 17H45 19H40 21H40 (d)L’ÉtÉ de KIKuJIRO ÉtÉ 93 Le LAuRÉAt (d) MeMORIeS OF MuRdeR

MARDI

AOÛT15

4€16H00 17H40 19H45 21H40Gd MÉCHAnt RenARd HAnA-BI LA RÉGIOn SAuvAGe On tHe MILKY ROAd16H00 18H00 19H40 21H45FeMMe FAntAStIque AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ Le CAIRe COnFIdentIeL HOStAGeS16H00 18H20 20H05 22H00L’ÉtÉ de KIKuJIRO vISAGeS vILLAGeS ÉtÉ 93 tRAnSFIGuRAtIOn

DIMANCHE

AOÛT20

Vidéo en Pochedes films sur votre clé usb !Venez au ciné remplir une clé USB avect des Vidéos en Poche, il y en a pour tous les goûts et les âges. 5€ Par film, sans Drm et en HD quand c’est possible, la résolution minimale étant celle d’un DVD !

PrimerProduit, écrit, réalisé, monté et mis en musique par Shane Carruth

Aaron et Abe sont jeunes, électro-niciens et enthousiastes. Aidés de deux collaborateurs, il travaillent sur de nouvelles cartes informatiques lorsque, par accident, ils découvrent que l’une de leurs « boîtes » permet de réduire la masse des objets. Ils échafaudent une théorie : il existerait des échelles temporelles différentes. Pour la vérifier, il vont tenter l’expé-rience sur eux-mêmes, modifiant ainsi le cours de leur existence.Le début du film se concentre sur les chercheurs en plein travail, puis à mesure que nos protagonistes découvrent les potentialités de leurs machines, le film s’emballe, le mon-tage est de plus en plus éclaté. on navigue dans des espaces temps différents. Grâce au pouvoir de leurs machines, les héros créent leur double : interviennent ainsi sur des événements familiaux passés ou se projettent dans le futur pour avoir un temps d’avance sur le présent… Se posent alors à eux d’inédites questions philosophiques et déontolo-giques. Mais le pouvoir extraordinaire de leur découverte les entraîne sur une pente dangereuse et très vite les doutes, la folie, la cupidité les sub-mergent. La peur que leur ubiquité soit découverte devient pesante. Le double agit et réagit comme l’original et peut du même coup créer à son tour une nouvelle réplique… Sommes nous dans le présent, le passé, le futur ? S’agit il de l’Aaron, de l’Abe originels ou de leur double ? La seule certitude, c’est qu’on vient de voir un sacré film !

et plus de 130 films au cata-logue : www.videoenpoche.info

 samedi 9 septembre CIné TrICoT-THé : à la sortie de la séance de DJAM (vers 15h40), on sort ses aiguilles, ses pelotes de laine et on refait le film en buvant du thé !

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4€4€4€4€4€4€4€

14H30 17H15 20H00 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H00 16H10 17H45 19H45 21H40 un vent de LIBeRtÉ Gd MÉCHAnt RenARd MY COuSIn RACHeL ÉtÉ 93 MIRACLe MILe 14H00 17H00 19H30 22H00 L’ÉtÉ de KIKuJIRO Le CAIRe COnFIdentIeL On tHe MILKY ROAd HAnA-BI

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13H30 15H35 18H15 21H00 Le CAIRe COnFIdentIeL 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H00 16H20 18H00 20H00 21H40 MY COuSIn RACHeL Gd MÉCHAnt RenARd LA RÉGIOn SAuvAGe un vent de LIBeRtÉ tRAnSFIGuRAtIOn 13H30 15H30 17H45 20H10 22H00 FeMMe FAntAStIque L’ÉtÉ de KIKuJIRO On tHe MILKY ROAd vISAGeS vILLAGeS HAnA-BI

13H30 16H10 17H50 20H30 120 BAtteMentS… Gd MÉCHAnt RenARd 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H00 16H00 18H20 20H00 22H00 LA RÉGIOn SAuvAGe On tHe MILKY ROAd un vent de LIBeRtÉ MY COuSIn RACHeL HAnA-BI 13H45 15H45 17H30 19H45 21H45 ÉtÉ 93 MIRACLe MILe L’ÉtÉ de KIKuJIRO FeMMe FAntAStIque Le CAIRe COnFIdentIeL

14H00 15H40 18H20 21H00 un vent de LIBeRtÉ 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 13H15 16H00 17H40 19H45 21H40 120 BAtteMentS… Gd MÉCHAnt RenARd MY COuSIn RACHeL LA RÉGIOn SAuvAGe FeMMe FAntAStIque 13H45 15H50 17H50 19H40 21H40 Le CAIRe COnFIdentIeL HAnA-BI vISAGeS vILLAGeS ÉtÉ 93 tRAnSFIGuRAtIOn

14H15 17H20 20H00 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 13H45 bébé 15H45 18H10 20H15 22H00 MY COuSIn RACHeL On tHe MILKY ROAd Le CAIRe COnFIdentIeL un vent de LIBeRtÉ LA RÉGIOn SAuvAGe 14H00 15H45 18H00 20H00 21H40 vISAGeS vILLAGeS L’ÉtÉ de KIKuJIRO FeMMe FAntAStIque Gd MÉCHAnt RenARd tRAnSFIGuRAtIOn

13H30 16H15 19H00 21H40 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… Le CAIRe COnFIdentIeL 14H00 16H00 17H40 19H30 21H30 LA RÉGIOn SAuvAGe Gd MÉCHAnt RenARd vISAGeS vILLAGeS MY COuSIn RACHeL 120 BAtteMentS… 14H00 15H40 17H40 19H40 21H40 un vent de LIBeRtÉ tRAnSFIGuRAtIOn ÉtÉ 93 (d) HAnA-BI L’ÉtÉ de KIKuJIRO (d)

4€ 13H30 16H10 19H00 21H40 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… LA RÉGIOn SAuvAGe 14H00 15H50 17H50 19H50 21H30 un vent de LIBeRtÉ LeS FILLeS d’AvRIL MY COuSIn RACHeL CRASH teSt AGLAe 120 BAtteMentS… 14H00 16H00 17H40 20H00 22H00 tRAnSFIGuRAtIOn Gd MÉCHAnt RenARd Le CAIRe COnFIdentIeL FeMMe FAntAStIque HAnA-BI

MERCREDI

AOÛT30

4€ 14H30 17H15 20H15 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H00 15H45 18H00 20H00 22H00 CRASH teSt AGLAe MY COuSIn RACHeL LA RÉGIOn SAuvAGe LeS FILLeS d’AvRIL Le CAIRe COnFIdentIeL 14H30 16H30 18H30 20H10 21H50 HAnA-BI vISAGeS vILLAGeS Gd MÉCHAnt RenARd un vent de LIBeRtÉ On tHe MILKY ROAd

JEUDI

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SAMEDI

AOÛT26DIMANCHE

AOÛT27

LUNDI

AOÛT28

MARDI

AOÛT29

4€ 17H45 19H40 22H00 LA RÉGIOn SAuvAGe On tHe MILKY ROAd L’ÉtÉ de KIKuJIRO 18H00 20H00 22H00 FeMMe FAntAStIque ÉtÉ 93 HAnA-BI 18H00 19H45 21H45 vISAGeS vILLAGeS HOStAGeS (d) AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ

LUNDI

AOÛT21

4€ 18H00 20H00 22H00 tRAnSFIGuRAtIOn FeMMe FAntAStIque ÉtÉ 93 18H00 20H00 21H45 HAnA-BI vISAGeS vILLAGeS Le CAIRe COnFIdentIeL 17H45 bébé 19H30 21H40 (d) Gd MÉCHAnt RenARd Ce quI nOuS LIe (d) AvAnt LA FIn de L’ÉtÉ

MARDI

AOÛT22

uTopIA MoDe D'eMpLoI (rappels) : les films commencent à l'heure indiquée dans les grilles, nous n'acceptons pas les re-tardataires ; nous vous remercions d'éteindre vos téléphones dans la salle (à coups de marteaux au besoin) ; nous vous re-mercions également de de pas faire entrer de nourriture ni de boissons (à part de l'eau plate bien sûr) dans les salles ; pas

de tarifs réduits catégoriels, nous nous efforçons de maintenir le prix d'entrée le plus bas possible, pour tous les spectateurs ; toujours pas de machine à CB, règlement exclu-sivement en chèques et en espèces à la caisse ; les experts sont for-mels, sourire reste l'antidépresseur le plus efficace et le meilleur mar-ché : « Always look on the bright side of life ! » (Brian)

Les séances estampillées « Bébé » dans les grilles de programmation (une par semaine en moyenne) sont accessibles aux parents accompagnés de leur(s) nourrisson(s). On baisse un peu le son, les autres spectateurs sont prévenus de la présence dans la salle des marmots qui, parfois, babillent doucement dans les bras de leurs géniteurs.

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4€12H05 14H45 18H00 20H00 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… LOLA PAteR 120 BAtteMentS… 12H05 14H10 16H00 17H40 19H20 21H15FeMMe FAntAStIque dJAM Gd MÉCHAnt RenARd un vent de LIBeRtÉ dJAM que dIOS nOS PeRdOne12H05 13H50 15H40 17H50 19H50 21H30MIRACLe MILe LOLA PAteR une vIe vIOLente LeS FILLeS d’AvRIL CRASH teSt AGLAe Le CAIRe COnFIdentIeL

MERCREDI

SEPTEMBRE6

4€12H05 14H10 17H30 20H15 MY COuSIn RACHeL 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 12H05 14H30 bébé 16H15 18H10 20H00 que dIOS nOS PeRdOne un vent de LIBeRtÉ LOLA PAteR dJAM que dIOS nOS PeRdOne 12H05 14H20 16H10 18H15 20H20 une vIe vIOLente CRASH teSt AGLAe LeS FILLeS d’AvRIL FeMMe FAntAStIque une vIe vIOLente

JEUDI

SEPTEMBRE7

4€11H50 14H30 16H20 19H00 21H40120 BAtteMentS… dJAM 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… que dIOS nOS PeRdOne12H00 13H50 16H15 18H00 19H40 21H30LOLA PAteR que dIOS nOS PeRdOne MIRACLe MILe CRASH teSt AGLAe LOLA PAteR 120 BAtteMentS…11H50 14H00 16H05 17H45 20H00 22H00une vIe vIOLente Le CAIRe COnFIdentIeL un vent de LIBeRtÉ une vIe vIOLente LeS FILLeS d’AvRIL dJAM

VENDREDI

SEPTEMBRE8

4€ 13H20 16H00 18H40 20H30 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… LOLA PAteR 120 BAtteMentS… 12H00 14H00 ciné trico’thé 16H00 17H40 19H50 21H45FeMMe FAntAStIque dJAM Gd MÉCHAnt RenARd MY COuSIn RACHeL dJAM que dIOS nOS PeRdOne12H00 13H50 16H00 18H10 20H10 21H50LOLA PAteR Le CAIRe COnFIdentIeL une vIe vIOLente LeS FILLeS d’AvRIL CRASH teSt AGLAe MIRACLe MILe

SAMEDI

SEPTEMBRE9

4€12H00 13H40 16H20 18H20 21H00 un vent de LIBeRtÉ 120 BAtteMentS… FeMMe FAntAStIque 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 12H00 14H10 16H00 (d) 17H40 19H30 21H30une vIe vIOLente LOLA PAteR Gd MÉCHAnt RenARd dJAM MY COuSIn RACHeL LOLA PAteR12H00 14H10 16H15 18H00 20H30 Le CAIRe COnFIdentIeL LeS FILLeS d’AvRIL CRASH teSt AGLAe que dIOS nOS PeRdOne une vIe vIOLente

DIMANCHE

SEPTEMBRE10

4€12H05 14H45 17H00 20H00 120 BAtteMentS… MY COuSIn RACHeL 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 12H05 14H30 16H30 18H20 (d) 20H30 que dIOS nOS PeRdOne LOLA PAteR un vent de LIBeRtÉ (d) FeMMe FAntAStIque que dIOS nOS PeRdOne 12H05 14H00 16H00 18H15 20H30 dJAM CRASH teSt AGLAe Le CAIRe COnFIdentIeL une vIe vIOLente LeS FILLeS d’AvRIL

LUNDI

SEPTEMBRE11

4€12H05 14H00 17H00 20H00 dJAM 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… S’INSTALLER PAYSAN12H05 14H30 18H00 20H15 MY COuSIn RACHeL (d) que dIOS nOS PeRdOne LOLA PAteR 120 BAtteMentS… 12H05 (d) 14H15 17H15 19H15 21H00Le CAIRe COnFIdentIeL une vIe vIOLente LeS FILLeS d’AvRIL CRASH teSt AGLAe que dIOS nOS PeRdOne

MARDI

SEPTEMBRE12

4€ 14H00 16H40 19H20 22H00 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… MIRACLe MILe 14H00 16H00 bébé 18H00 20H00 21H40 MY COuSIn RACHeL FeMMe FAntAStIque LeS FILLeS d’AvRIL CRASH teSt AGLAe 120 BAtteMentS… 14H00 16H30 18H15 20H05 22H00 On tHe MILKY ROAd Gd MÉCHAnt RenARd vISAGeS vILLAGeS LA RÉGIOn SAuvAGe HAnA-BI

VENDREDI

SEPTEMBRE1er

4€ 14H30 17H30 20H30 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H15 16H15 18H20 20H00 22H00 LA RÉGIOn SAuvAGe MY COuSIn RACHeL CRASH teSt AGLAe LeS FILLeS d’AvRIL tRAnSFIGuRAtIOn 14H00 16H20 18H00 19H50 21H50 Le CAIRe COnFIdentIeL Gd MÉCHAnt RenARd un vent de LIBeRtÉ FeMMe FAntAStIque HAnA-BI

SAMEDI

SEPTEMBRE2

4€ 14H30 17H15 20H00 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H30 16H30 18H20 20H30 LeS FILLeS d’AvRIL CRASH teSt AGLAe MY COuSIn RACHeL On tHe MILKY ROAd 14H00 15H45 17H20 19H00 20H45 MIRACLe MILe Gd MÉCHAnt RenARd un vent de LIBeRtÉ vISAGeS vILLAGeS Le CAIRe COnFIdentIeL

DIMANCHE

SEPTEMBRE3

4€ 14H30 17H15 20H00 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H00 16H00 18H20 20H15 MY COuSIn RACHeL On tHe MILKY ROAd CRASH teSt AGLAe LeS FILLeS d’AvRIL 14H00 16H00 18H00 20H30 FeMMe FAntAStIque LA RÉGIOn SAuvAGe Le CAIRe COnFIdentIeL vISAGeS vILLAGeS (d)

LUNDI

SEPTEMBRE4

4€ 14H30 17H15 20H00 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 120 BAtteMentS… 14H00 16H20 18H20 20H30 On tHe MILKY ROAd (d) LeS FILLeS d’AvRIL FeMMe FAntAStIque MY COuSIn RACHeL 14H00 16H00 17H40 19H30 21H10 LA RÉGIOn SAuvAGe (d) un vent de LIBeRtÉ tRAnSFIGuRAtIOn (d) CRASH teSt AGLAe HAnA-BI (d)

MARDI

SEPTEMBRE5

La majorité des séances est dorénavant ouverte sans discrimination aux NON-VOYANTS, SOURDS ET MALENTENDANTS, via l’application Twavox. Les sous-titres ou l’audiodescription, lorsqu’ils existent, passent

automatiquement par votre smartphone ou votre tablette (Android ou Apple).

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L’EMPIRE DES SENSÉcrit et réalisé par nagisa OSHIMA France/Japon 1975 1h45 vOStF avec Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji, Aoi Nakajima, Hiroko Fujino…Interdit aux moins de 16 ans

L'un des plus beaux films d'amour de l'Histoire du cinéma. D'amour et de sexe. Donc pas d'amour violons, couchers de soleil sur l'océan, sentiments éternels et beaucoup d'enfants en guise de happy end. Non, l'amour absolu, au-delà de la passion, au-delà de la raison, aux fron-tières de la folie. Nagisa Oshima s'est inspiré d'un fait divers réel pour nous conter la passion de Sada la petite geisha et Kichizo son patron, dans les quartiers boureois du Tokyo de 1936. Ils sont les héros d'une histoire d'amour fou, où le désir d'amour et le désir de mort sont le même désir, le même plaisir. Le langage populaire parle de la petite mort pour évoquer l'abandon de l'orgasme. Toutes les images du plaisir extrême sont de dé-vastation et de mort : on dit brûlé, noyé, submergé, anéanti d'amour. Quelle fille n'a pas dit un jour à son amant : je vou-

drais mourir dans tes bras ? Quel amou-reux n’a supplié : fais de moi ce que tu voudras ? Oui c’est un peu excessif mais même aux amants les plus « ordinaires » il peut arriver un instant d’être traversés par cet appel tragique de sentir le piège les saisir. Ils s'échappent. Ils chassent ces pensées dangereuses, incontrô-lables. Sada et Kichizo ne s'échappent pas, ne se dérobent pas, ils vont jusqu'au bout. Ils s'aiment, ils se dévorent, sans répit, sans relâche, sans merci, accep-tant tout l'un de l'autre, jusqu'au « nor-malement » inacceptable : la souffrance, la soumission, la mort…

L'Empire des sens a fêté ses quarante ans. À le revoir aujourd'hui, on constate que sa puissance, son intensité restent intactes. Son audace et son pouvoir de fascination aussi. Jamais sans doute le cinéma n'a exprimé ainsi l'absolutisme de l'amour, le don de soi, la possession totale à travers la relation sexuelle. C'est un film saisissant, inoubliable, d'une beauté et d'une rigueur implacables. Un film dont on ne se remet pas…

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Les amanTs éLeCTriQUesÉcrit et réalisé par Bill Plympton

Dans le premier long plan séquence extraordinaire qui ouvre Les Amants électriques, on suit en toute fluidité

virtuose une jolie fille aux formes vertigi-neuses qui marche élégamment tout en tentant de lire coûte que coûte un livre

semble-t-il absorbant et en retenant son chapeau prêt à s’envoler, tout cela sous le regard médusé des hommes fascinés

sur son passage. Plus tard, à la fête foraine, la belle Ella va avoir un accident

spectaculaire d’auto-tamponneuse et Jake, un homme, un vrai, garagiste

aux muscles saillants, va la secourir, n’hésitant pas à risquer l’électrocution...

Résultat: coup de foudre immédiat, les deux amants ne quittent plus leur lit d’amour puis, peu à peu, s’installent

dans la routine, le linge pour madame, la tondeuse pour monsieur. Mais le couple

s’aime... jusqu’à ce que, à cause des manigances d’une jalouse, s’installe le

soupçon d’infidélité réciproque et à partir de là rien ne va plus... Ça devient même carrément le chaos: Jake, persuadé que son épouse le trompe, enchaîne du jour

au lendemain les conquêtes, plus par dépit que par réel désir. Et je ne vous

parle pas du bordel quand une machine de téléportation des esprits s’en mêle...

Vous vous dites que c’est complète-ment dingo ? Normal, ça l’est, il faut

le voir pour le croire !Comme dans chacun de ses films,

mais cette fois ci peut-être de manière encore plus aboutie et avec une

invention graphique prodigieuse, Bill Plympton détourne de manière hilarante

les codes du sentimentalisme mièvre des romances années 50.

et plus de 130 films au catalogue : www.videoenpoche.info

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Écrit et réalisé par Michel FRAnCO Mexique 2017 1h43 vOStFavec Emma Suárez, Ana Valeria Becerril, Enrique Arrizon, Joanna Larequi, Hernán Mendoza…

Prix du Jury un Certain Regard, Festival de Cannes 2017

Dans la cuisine d'une maisonnette toute simple au bord de la mer, une jeune femme occupe mollement ses mains en cuisinant vaguement. L'air atone, un peu balourde dans un corps dont elle n'a pas l'air de prendre grand soin, Clara fait mine, comme blasée, de ne pas entendre les gémissements qui pro-viennent de la chambre d'à côté. On se doutera que c'est une scène fami-lière, des ébats amoureux récurrents qui s'achèvent invariablement en orgasmes désinhibés. La donzelle qui la rejoint, dans son plus simple apparat, juste après s'être fait « sucer la friandise, bri-coler la cliquette, gauler la mignardise, explorer le minou… » ne semble nulle-ment incommodée par sa présence. Elle se balade sans complexe, le nombril à l'air d'autant plus saillant qu'elle est en-ceinte jusqu'aux yeux ! Valeria est joliment gaulée du haut de ses dix sept ans. On comprendra sous peu qu'elle est la sœur de Clara et on ne cessera de s'étonner qu'elles soient si dissemblables. La cadette ouverte à tous vents, épanouie dans son corps, l'aînée comme recroquevillée, perpé-tuellement mal à l'aise : deux antithèses morales pourtant issues de la même mère, Avril.Cette dernière, on ne la voit tout d'abord pas, elle ne vit plus au Mexique et Valeria lui a délibérément caché son état, sans doute pour ne pas subir de pressions. Le mouflet qu'elle porte en elle, le fruit de son amour pour Mateo, même s'ils sont tout jeunots et inexpérimentés, ils ont bien envie de le garder et de l'assu-mer. C'est Clara qui va vendre la mèche lors d'un coup de fil : voilà Avril qui dé-barque sans crier gare et évidement im-possible de l'envoyer sur les roses. Et pourquoi le ferait-on, d'ailleurs ? Elle semble accueillir la nouvelle avec une ouverture d'esprit admirable, prête à en-dosser le rôle d'aïeule moderne, libérale, prévenante, faisant tout pour amadouer le jeune père et sa famille.

La vie pourrait être parfaite, Avril sup-pléant aux manques des deux trop jeunes parents, aimants mais malha-biles, se refaisant une virginité auprès de la petite chose toute neuve qui nait et que l'on nomme Karen. Les premiers jours après la mise au monde filent ain-si, sans trop d'embûches. Mais insidieu-sement un glissement s'opère, Avril ou-

trepasse progressivement son statut de grand-mère, flirte avec les limites et on réalise vite qu'elle ne s'en tiendra pas là. Belle malgré les ans qui passent, sé-ductrice, aguicheuse, Avril n'est pas du style à se refuser grand chose : ni un beau rôle, ni un mâle qui passe à sa por-tée… Elle n'a pas froid aux yeux. Peu à peu, elle va essayer de supplanter sa fille qu'elle juge trop immature pour s'occu-per du bébé. Et l'histoire va basculer de manière toujours plus dérangeante, in-quiétante à glacer les sangs…

Mais ne croyez pas qu'Avril (brillamment interprétée par la sublime Emma Suarez)

soit une âme toute noire puisqu'elle n'est pas toute blanche. Michel Franco est le cinéaste des zones grises, des zones d'ombre dans lesquelles grouillent des pensées inavouables. C'est ce qui fait tout le piquant de ce film non conven-tionnel, hors normes, tout comme le sont chacun de ses personnages, chan-geants, complexes. Chacun a ses cô-tés lumineux qui font qu'on s'y attache, ainsi que ses côtés ténébreux qui nous les font craindre ou haïr. On se demande constamment jusqu'où ils iront, tenus en haleine de bout en bout par cette plon-gée dans une atmosphère oppressante et torride.

LES FILLES D’AVRIL

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CE QUI NOUS LIECédric KLAPISCH France 2016 1h53avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil, Jean-Marc Roulot (acteur et viticulteur pour de vrai dans la vie)…Scénario de Cédric Klapisch et Santiago Amigorena

Ce qui nous lie, c'est une histoire de terroir, de racines qu'on ne peut jamais complètement ignorer, jamais complètement oublier. Tout démarre par le retour de Jean, après dix ans de silence, de rupture. Rupture avec sa famille, avec l'entreprise familiale, mais surtout avec un père rigoureux, sévère, omni-potent, issu d'une longue lignée de viticulteurs à la dent dure. Pourtant, lorsque Jean apprend que ce dernier n'a plus que peu de temps à vivre, le voilà qui réapparait, sourire hésitant aux lèvres, baluchon sur le dos, au bout de la route qui ser-pente au milieu des vignes.

L'accueil va être mitigé, entre joie exubérante pour les uns, tristesse et colère pour les autres. Si sa sœur Juliette aussitôt lui ouvre les bras, son petit frère Jérémie se montre sévère, ne voulant rien oublier, ni pardonner… Eux deux n'ont eu d'autre choix que de rester, de ne pas lâcher le domaine, d'assumer seuls les responsabilités qui incombaient à leur aîné. Mais les choses dures enfin dites, au besoin sans ménagement, il est clair qu'un même amour ne les a pas lâchés et anime leur parcours… L'amour du terroir, du travail bien fait, du vin qui raconte à chaque gorgée la vie des hommes, leurs choix, leurs sensibilités. Et avant qu'ils ne le formulent eux-mêmes, on commence à percevoir ce qui les lie… Sans réussir tou-tefois à imaginer si ce sera suffisant pour raccommoder les déchirures, rattraper les moments manqués, ni ce que sera la chute… En attendant on n'a plus envie de les lâcher et on va boire leur histoire jusqu'à la dernière goutte, comme éton-nés de s'être si vite attachés à ces inconnus. Enivrés par leurs ivresses, leurs liesses communicatives, leurs coups de blues, leurs coup de gueules. Avec eux on se prendra à guetter les saisons. On rêvera de vendanges ! De « Paulée » !

Mois de l'agro-écologie : séance unique mardi 12 septembre à 20h suivie d'une rencontre avec les ziconophages, auteurs du film, et l'association Marchés paysans 34.

S’INSTALLER PAYSAN,

SANS TERRE ET SANS CAPITALPascal Biston / les ZiconofagesFrance 2016 1h04

De la difficulté de s’installer dans l'Hérault en tant que jeunes paysans sans capital de départ et sans être héritier de la terre. Portrait de Nadia, Byron, Pipenn, du collectif Champs libres, qui expérimentent sur un jardin proche de Montpellier tout en étant à la recherche d’une terre. Ils vont à la rencontre d’autres paysans (Johan, Mickael, David, Yoann, Yezid, Sébastien), déjà installés, pour échanger sur la réalité d’aujourd’hui.Hors cadre familial, ils ont généralement fait des formations agricoles. Ils cultivent en bio, en respectant la terre, souvent avec des ânes, ont des envies de collectifs, de projets de vie, de se faire plaisir, d’expérimenter – mais rencontrent des dif-ficultés d’accès au foncier alors que « mathématiquement il y a de la place pour s’installer ». Les obstacles sont multiples : la pression foncière (spéculation et demande de logements), la viticulture mécanisée, leur manque de moyens pour ache-ter, l'absence de soutien de la Safer et des organismes de la Chambre d’agriculture, des banques… Ils cultivent des terres pauvres ou inondables à l'écart du modèle productiviste et peinent à atteindre leur rentabilité. Leurs atouts : une réelle demande des habitants, le respect de l'environnement et le développement des circuits courts.

Le film fait également le tour des « solutions locales » et col-lectives mises en place, dans le département et au-delà, de la vente directe aux Amap en passant par les Boutiques Paysannes, le développement des marchés, l'intervention des pouvoirs publics, l'exemple de la fiscalité incitative néer-landaise, le développement des fermages, l'exemple de non spéculation foncière de la SCTL (Société Civile des Terres du Larzac)… Concrètement, il y a de la place pour ces nou-veaux paysans, les politiques publiques doivent les encou-rager. L'agriculture industrielle a montré ses limites, place à une agriculture paysanne écologique et en circuit court. C’est possible !

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LE LAURÉAT(THE GRADUATE)

Mike nICHOLS USA 1967 1h46 vOStFavec Dustin Hoffman, Anne Bancroft, Katharine Ross, Murray Hamilton, William Daniels, Richard Dreyfuss…Scénario de Calder Willingham et Buck Henry, d'après le roman de Charles Webb (10/18)

Enfant bien né du baby-boom, Benjamin Braddock suit une voie toute tracée : brillantes études, activités et rôles offi-ciels divers à l'université, sage et propre sur lui, à l'écart de la foule qui s'agite, il a tout du gendre idéal. Mais c'est un amant qu'il deviendra. L'amant d'une femme mariée, amie de ses parents, donc bien plus vieille que lui – en réalité, Anne Bancroft n'a que six ans de plus que Dustin Hoffman, qui joue les tout jeunes premiers alors qu'il a déjà 30 ans ! La révolu-tion sexuelle est en marche, les tabous tombent, l'adultère ne sera bientôt plus un crime, le divorce se banalise…La provocatrice, c'est Mrs. Robinson, que Ben n'appellera jamais autrement, entretenant leur rapport si particulier, leur fantasme devenu réalité. Névrosée, alcoolique mondaine, sensuelle, elle se drape des atours de la sexualité animale : vêtements et sous-vêtements couleurs zèbre, girafe ou léo-pard… Libérée, elle ne cherche qu'à assouvir ses désirs sexuels avec le jeune homme qu'elle a asservi, tandis que ce-lui-ci souhaiterait une histoire d'amour. L'amour, il le trouvera avec une fille de son âge bien sûr, mais ça n'ira pas tout seul…

La caméra de Mike Nichols retranscrit à la perfection ce que ressent à chaque moment Benjamin, à coups de gros plans, pénétrant la sphère de l'intime, de travellings vifs et de mans légèrement décadrés – mais toujours savamment compo-sés – suivants des lignes géométriques (le Bay Bridge, le cou-loir de l'hôtel, l'église moderne…). Le spectateur nage à son tour dans la confusion du héros, sentant presque le rythme de son cœur s'accélérer. Dustin Hoffman, alors inconnu, crève l'écran, jouant aussi bien le jeune homme timide que le fils nonchalant ou l'amant obsessionnel, la tension allant cres-cendo. Avec en contrepoint les ballades imparables de Simon and Garfunkel (dont les tubes Mrs Robinson et The Sound of silence). (d'après M. Weil-Masson, filmdeculte.com)

AVANT LA FIN DE L'ÉTÉÉcrit et réalisé par Maryam GOORMAGHtIGHFrance/Iran 1h20 vOStF (Farsi, Français)avec, dans leurs propres rôles, Arash, Hossein, Askhan, Charlotte, Michèle…

Un film comme une virée en stop sur la route des vacances, un road-movie solaire et nonchalant aux côtés d'un trio épa-tant de naturel et de sincérité, une épopée ordinaire et frater-nelle qui distille une poésie discrète et une chaleur humaine réconfortante.Ils sont trois amis iraniens trentenaires, exilés et installés en France depuis quelques années… Le film s’ouvre sur la sil-houette imposante de l’un d’eux, qui a décidé de rentrer au pays dans quelques jours après plusieurs années d’étude. Sa décision est prise : Paris, c’est fini. Trop difficile de s'y faire une place, d'y nouer des relations qui dépassent le bonjour-bonsoir.Autour de lui s’agitent ses deux complices… qui entre-prennent de le convaincre de faire avec eux une ultime virée sur les routes de ce pays qui les a accueillis : allez, une petite ballade d'une semaine jusqu'à la mer, histoire de n’avoir rien à regretter, histoire de vivre ensemble une dernière parenthèse.Les voilà donc partis sur les routes de la campagne française : ses villages, ses platanes, ses ronds points… filmés avec un tendre détachement, entre le regard sociologique et l’œil de l’étranger, souvent amusé, parfois conquis ou perplexe.

Filmé avec une étonnante sensualité, dans un halo de lumière qui semble parfois irréel, Avant la fin de l’été est un objet cu-rieux qui ne se laisse pas attraper ni enfermer facilement. Et quand, au détour d’un plan, on se retrouve plongé dans l’ocre et la poussière des montagnes d’Iran, on se dit que ce film, sans en avoir l’air, ne parle que de cela : de la terre maternelle que l’on a quittée et dont le souvenir vous hante, de l’exil et de la si fragile intégration de ceux qui sont partis. Mais, plus touchant encore, c’est un film qui dit avec humour et ten-dresse l’indispensable fraternité qui unit, avec ou sans langue commune, et qui aide à traverser en douceur l’été aussi bien que la vie.

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LA RÉGION SAUVAGE

(LA REGION SALVAJE)

Amat eSCALAnteMexique 2016 1h40 vOStFavec Ruth Jazmin Ramos, Simone Bucio, Jesus Meza, Andrea Pelaez…Scénario d'Amat escalante et Gibran PortelaInterdit aux moins de 16 ans

Les rencontres les plus anodines peuvent s’avérer porteuses de consé-quences grandioses… et terribles. Ainsi, quand Alejandra, modeste ouvrière ma-riée à un époux volage, fait la connais-sance de la mystérieuse Veronica, elle ne se doute pas que son destin vient de basculer dans l’Etrange ; car non loin de là, hors des murs de l’antique cité de Guanajuato, dans une forêt obscure et connue des seuls initiés, gît une Chose innommable et insatiable qui attend, si-lencieuse, les âmes désolées pour les délivrer de leurs chaînes et les révéler à elles-mêmes. Dussent-elles en mou-rir. Et c’est à cette ordalie venue d’outre-espace qu’Alejandra va se soumettre… avant d’y soumettre d’autres.

Voilà, en quelques lignes, résumé le point de départ d’un film – totalement ir-réductible à sa seule intrigue – issu de l’imagination stupéfiante du cinéaste mexicain Amat Escalante. Lointainement inspiré de faits-divers particulièrement violents survenus dans sa ville natale de Guanajuato, Escalante invente une

fable d’une beauté aussi fulgurante que cruelle sur les rapports insaisissables qu’entretiennent violence et sexualité dans une société mexicaine encore pé-trie de catholicisme, et plus largement en chacun d’entre nous.

La violence, ce sont les hommes qui l’incarnent : Angel, le mari d’Alejandra, qui vit dans le mensonge d’une identité sexuelle imposée par une norme sociale asphyxiante, besognant son épouse sans tendresse ; ses potes de beuveries qui jouent à « qui a la plus grosse », et malheur à celui sur qui planerait la ru-meur infâmante de pédérastie… Leurs femmes se consolent comme elles peuvent, s’adonnent aux plaisirs soli-taires sous la douche pendant que leurs mômes se chamaillent à côté, sup-portent comme une fatalité leur sujétion ; elles attendent que la vie passe, puisqu’il n’y a rien d’autre à faire, à connaître, à vivre. C’est le cas d’Alejandra, jusqu’à ce que sa rencontre avec l’ange du bi-zarre incarné par Véronica ne fasse voler en éclats ce petit monde sclérosé en la confrontant avec les forces chtoniennes et impénétrables du « Ça ».Autrement dit : le Sexe, la bête tapie dans la forêt, palpitante de désirs et suscitant l’effroi de qui la contemple. Si l’irruption de cet élément purement fan-tastique dans un récit de prime abord prosaïque ne manque pas de sur-prendre, elle permet à Escalante de s’af-franchir d’un naturalisme réducteur pour

célébrer la force vitale d’un Eros méta-phorisé par cette créature muette, insen-sible aux discours de la Raison, libre de toute morale, une force tentaculaire qui s’immisce dans chaque interstice de la peau, à en faire craquer les os, hurler les gorges et pâmer les esprits ; une force aveugle qui libère ceux qui la recon-naissent et brise ceux qui la nient.

Au service de cette célébration nietzs-chéenne de la Vie, Escalante met toute la puissance de son jeune talent ; nul-lement refréné par les codes en vigueur dans les écoles de cinéma (il est autodi-dacte), il bâtit une œuvre époustouflante d’audaces visuelles ; entrecoupe sa nar-ration de travellings vertigineux dans les rues nocturnes de Guanajuato, symbo-lisant ce désir impérieux rôdant comme un fauve à l’affût dans le labyrinthe de nos pensées secrètes ; exacerbe les rapports de fascination/répulsion que nous entretenons avec la représentation de l’acte sexuel dans des plans frontaux d’une crudité d’autant plus dérangeante qu’elle est filmée comme un acte cli-nique entre humains et passionnel avec la Chose. Escalante invente son propre langage et expose son programme dès les premières secondes, dans un plan énigmatique, mutique et abstrait, à la fois organique et cosmique : trente pe-tites secondes qui vous happent et vous emportent au loin, vers ces régions sauvages où beaucoup se perdent et d’autres, parfois… se trouvent.

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ON THE MILKY ROADÉcrit et réalisé par emir KuStuRICASerbie 2017 2h05 vOStFavec Emir Kusturica, Monica Bellucci, Sloboda Micalovic, Natasa Ninkovic, Davor Janjic…

« Ce film est basé sur trois histoires vraies et beaucoup de fantaisie »… Ainsi débute un film baroque qui tangue entre guerre, paix… et amour. Un film débor-dant de vie, de fantaisie, où les animaux sont intelligents et interviennent dans la vie des hommes. Kusturica, qui tient pour la première fois le rôle principal dans un de ses films, y est un laitier qui traverse chaque jour une guerre furieuse et absurde pour livrer sa production à un camp militaire, déjouant les tirs de balles et de mortiers tout au long d'une route serpentant à flanc de montagne, et devra sa vie à un serpent qui aime se baigner dans le lait… Dans le village de paysans où il remplit ses bidons, un village perché sur la col-line et cerné par les combats qui n'em-pêchent pas la vie de se poursuivre au quotidien, une belle Italienne se cache pour échapper à un général anglais ja-loux en quête de vengeance.Quand Monica Bellucci apparaît à

l'écran, elle regarde un film qui la fait pleurer : Quand passent les cigognes (du soviétique Kalatozov, Palme d'or en 1957) un des plus beaux mélos réali-sés sur l'absurdité de la guerre. Avec sa larme au coin de l'œil, elle est d'emblée émouvante : elle a beaucoup vécu, cer-tainement des choses terribles mais elle n'en est que plus belle, d'une maturité vulnérable et forte à la fois. L'incandescence de l'histoire d'amour entre le laitier trompe-la-mort à la car-rure imposante, familier des faucons et des serpents, et cette paysanne impro-visée à la beauté pleine et mélancolique, domine vite un film où la musique donne encore plus d'ampleur à des paysages grandioses, à des sentiments déchai-nés… Malgré le contexte agité, si l'amour s'im-pose dès le premier regard entre Kosta et Nevesta, c'est que leur passé tour-menté rend plus intense encore leur at-tachement à la vie. Continuer à croire au miracles… le film ne fait que ça et la troisième histoire vraie qui a inspiré le film est celle d'un homme qui a trouvé la liberté en Bosnie en dirigeant un trou-peau de moutons à travers un champ de mines.

Les situations sont surréalistes, saugre-nues, poétiques : on voit un homme rap-porter son oreille arrachée à sa femme pour qu'elle la lui recouse, une pendule géante qui blesse ceux qui essaient de la réparer, des oies immaculées se baignent dans une baignoire de sang et le faucon perché sur l'épaule de Kosta a le pouvoir de déclencher les orages… Les images sont somptueuses et Kusturica prétend que c'est la dernière fois qu'il parle de la guerre et jure que désormais ses films seront voués à l'amour, à la vie – quand bien même le monde ne cesserait d'être en guerre. Et c'est bien l'amour qui do-mine ce film là : d'ores et déjà, les senti-ments humains l'intéressent plus que les prouesses guerrières.Cascades, ciels immenses, montagnes verdoyantes, fêtes, mariages, délires et moments de douceur sensuelle al-ternent, magiques, sur cette route du lait où la musique dit tout ce que les paroles ne savent pas dire : mélange de nostal-gie et de gaité, de paix et de violence, de brutalité et de tendresse, de féérie tra-gique. Les âmes déchirées par des his-toires tourmentées rêvent ici d'un Eden pacifié, d'un paradis perdu enfin trou-vé…

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REMBRANDT FECIT 1669

Jos SteLLInGPays-Bas 1977 1h53 vOStFavec Frans Stelling, Ton de Koff, Haneke Van de Veld, Lucie Singeling, Aya Gil…Scénario de Will Hildebrand et Jos StellingPhotographie d'ernest Bres

Rembrandt fecit 1669 (c’est la signature apposée par le peintre peu avant sa mort sur le dernier de ses autoportraits) est un film rare, un film magistral qui nous fait avancer à la fois dans la connaissance de l’art et dans celle de l’homme.Ce n’est pas une biographie : Rembrandt est supposé connu au départ (quelques sous-titres aident le spectateur à identi-fier les lieux et les hommes). C’est une lecture de l’œuvre à partir d’une création cinématographique pensée comme une fiction.Le référent historique est certes conti-nuellement présent – ne serait-ce que dans l’évocation de quelques tableaux

phares, de la « Leçon d’anatomie » au portrait collectif des « Syndics des dra-piers », en passant par l’incontournable « Ronde de nuit », ou dans le vieillisse-ment physique de Rembrandt ou de ses compagnes – mais il n’est à aucun mo-ment l’objet du film. Il balise simplement une démarche qui tente de saisir les mé-canismes de la création, les troubles et les émotions d’un artiste qui n’a cessé de se peindre dans des dizaines d’auto-portraits.Le Rembrandt de Stelling est un Rembrandt intime. Nous le voyons sur-tout dans l’environnement des trois femmes qui se sont succédé dans sa vie, de ses enfants, de rares amis. Ses démêlés avec la bourgeoisie d’Amster-dam, son goût des dérives dans les bas quartiers de la ville, son plaisir à s’enca-nailler et à se déguiser sont à peine évo-qués par quelques allusions.Mais peut-être faudrait-il commencer par exalter la beauté du film de Stelling,

la chaleur d’une photo extraordinaire-ment précise, sensuelle dans le contact du bois ciré, du velours des vêtements, du froissé des draps de lit. Stelling sait faire sentir la vie des matières inertes, la palpitation des fibres du chêne. Son film presque dépourvu d’extérieurs est pour-tant un hymne à la nature, un chant pan-théiste… La vénérable reliure d’un livre, l’huisserie poussiéreuse d’une fenêtre, l’argent ciselé d’un casque, comme les natures mortes du Grand Siècle – et mieux que ces natures mortes car le ci-néma les enrichit d’une palpitation in-fime, d’une fébrilité qui sont celles de la lumière captée dans la durée – sont de bouleversants moments de vie.Les objets choisis, le jeu de la lumière sur les choses ne sont jamais gratuits. La beauté est là, palpitante, pour qui la voit. (J.P. jeancolas, Positif)

Le FILM eSt AuSSI dISPOnIBLe en vIdÉO en POCHe !

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Écrit et réalisé par nadir MOKnèCHeFrance 2017 1h35avec Fanny Ardant, Tewfik Jallab, Nadia Kaci, Lucie Debay, Lubna Azabal, Véronique Dumont, Raphaëlle Lubansu…

Parmi les petits plaisirs délectables que peuvent vous procurer les films, il y a ce-lui de se plonger dans les secrets de fa-mille des autres. Par exemple dans ceux de ce charmant brun trentenaire : Zino. Alors qu'il se recueille sur la tombe fraî-chement creusée de sa mère dans le carré musulman d'un cimetière parisien, il est loin d'imaginer la vague déferlante qui va venir balayer le récit maternel. De son père absent elle lui disait peu. Elle en avait supprimé les traces, les photos. Il se serait volatilisé, aurait abandonné femme et enfant sans une explication ni un regard en arrière. Sujet délicat, rare-ment abordé, jamais creusé pour ne pas blesser l'épouse délaissée un quart de siècle plus tôt. Mais les histoires que gobe sans broncher un fiston aimant tiennent rarement le choc devant un no-taire, catégorie bien renseignée et foui-neuse s'il en est, dès qu'il s'agit de droits de succession. C'est ainsi que l'homme de loi va retrouver la trace du paternel prétendument disparu et se faire un de-

voir de communiquer son adresse. Bien sûr Zino a tôt fait d'enfourcher sa moto, délaissant quelques heures son boulot passionnant d'accordeur de pia-no ainsi que le chat Belmelok qui n'en fait qu'à sa tête. Le voilà parti vers le mi-di, à la recherche du géniteur prodigue. Le nom, Farid Chekib, inscrit sur la boite aux lettres d'un mas provençal jovial et chaleureux lui confirme qu'il est arrivé à destination. La maison est pleine de vie, de femmes, de musique. Il faut dire que Lola, la belle et grande brune qui semble régner sur le lieu, y donne des cours de danse orientale à des élèves plus pul-peuses les unes que les autres, s'ap-pliquant à agiter voluptueusement leur ventre et leur popotin. On prend d'abord le visiteur pour un futur danseur, mais le visage de Lola, troublée, se décom-pose nettement quand Zino se présente et demande à voir Farid. S'il la prend pour la nouvelle épouse de son père (et comment pourrait-il en être autrement, puisqu'elle porte le même nom de fa-mille ?), nul n'est dupe très longtemps. Même le notaire s'en doutera plus vite que lui : Lola n'est autre que son géni-teur, un bien étrange pater ! Mais cette réalité-là, il faudra un moment à Zino pour l'apprivoiser. Déconstruire vingt cinq ans de non dits, ça prend fatale-

ment un peu de temps. Dans l'immédiat, notre beau gosse, saoul d'incompréhen-sion et de tristesse, rebrousse chemin aussi sec, évitant de creuser, de ques-tionner ce qui pourtant claque comme une évidence… Quand il revient au bercail, où décidé-ment Belmelok le boude, le retour est d'autant plus rude entouré par le vide, l'absence, dans l'immeuble de son en-fance… Jusqu'à ce que Lola, n'y tenant plus, fasse à son tour le voyage jusqu'à son fils. Une Lola gauche, fragilisée, assaillie par les doutes, les regrets… Autant de choses que Zino en deuil ne peut certainement pas entendre…

Jamais Nadir Moknèche, réalisateur entre autres du très beau Viva Laldjérie disponible en Vidéo en Poche, ne tombe dans les clichés sordides ou simplistes pour parler de la réalité de ces hommes et de ces femmes qui ont dû fuir leur pays, l'Algérie, pour ne pas terminer leur vie dans un asile tout simplement parce qu'ils étaient tombés dans un mauvais corps à la naissance, que la vie s'était plantée de genre.Nadir Moknèche a eu la grande idée de confier le rôle de Lola/Farid à la magni-fique Fanny Ardant, qui sert le person-nage à merveille par sa beauté angu-leuse, par la puissance de son regard, par son autorité naturelle. Lola est tour-à-tour émouvante, maladroite, agaçante quand elle devient trop sûre d'elle. Mais sous ses extravagances volubiles on comprend qu'il y a un être d'une éner-gie, d'une force rares, qui continue à se battre pied à pied pour s'assumer et garder la tête haute.

LOLA PATER

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Le 7 août à 20h séance proposée par Arrêt du nucléaire 34, suivie d'un débat en présence du général Francis Lenne - Général à la retraite engagé pour un désarmement nucléaire mondial. Miracle Mile est ensuite programmé jusqu'au 12 septembre, à raison de 2 séances par semaine !

(APPEL D'URGENCE)

un film de Steve de JarnattUSA 1988 1h27 vOStFavec Anthony Edwards, Mare Winningham, John Agar, Mykelti Williamson…

Le film emprunte son argument à l’un des thèmes classiques de la science-fiction des années 1950-1960, à savoir la menace nucléaire – et ressemble, en ce sens, de par son concept assu-mé jusqu’au bout, à un épisode de La Quatrième Dimension. Tout débute pour-tant sur un air de comédie romantique : Harry, musicien de jazz de passage à Los Angeles, rencontre Julie dans les couloirs du Museum d’histoire naturelle, et tombe amoureux d’elle. Victime d’une panne de réveil, il rate le rendez-vous qu’ils s’étaient fixé au café du coin, où il débarque trop tard. Julie n’est plus là et une cabine téléphonique sonne dans le vide. Harry répond et reçoit un message alarmant, qui annonce une destruction imminente. Pris de panique, il alerte la clientèle de l’établissement, pour tenter avec eux de rejoindre au plus vite l’aéro-port… mais pas sans Julie.Steve De Jarnatt négocie cette rup-ture improbable et orchestre une course contre la montre haletante, avec une inventivité de chaque instant. En je-tant son héros dans une nuit de galère, le film revêt l’apparence d’un cauche-mar éveillé, voire d’une hallucination paranoïaque : Harry semble tourner en rond dans Miracle Mile, quartier de Los Angeles, et toujours revenir à son point

de départ. De Jarnatt tire le meilleur parti du décor vide de la ville californienne : le sentiment d’apocalypse naît du dépeu-plement de ses rues, des ombres qui les hantent, des lumières spectrales qui l’éclairent dans l’abandon nocturne et amplifient la solitude angoissée du hé-ros. La caméra emboîte le pas de ce-lui-ci, dans de longs travellings filés et suspendus à l’urgence d’un temps qua-si réel, au son des nappes électroniques du groupe Tangerine Dream.L’angoisse et l’urgence ne se suffisent pas à elles-mêmes, mais se gonflent de la quête sentimentale d’Harry, éclairant le propos du film : l’apocalypse, ça n’est

peut-être rien d’autre qu’un rendez-vous amoureux raté, ou, pour le dire autre-ment, la transposition à l’échelle macros-copique d’une catastrophe intime. Loin de s’en tenir à cette seule pente subjec-tive, le film prend son postulat cataclys-mique au sérieux et le pousse jusqu’à son dernier degré de réalité : à l’aube, la panique s’empare de la ville et sème déjà une forme de débâcle humaine qui préfigure le désastre à venir. La beauté sombre et désespérée des derniers ins-tants est indicible, mais suffit à porter Miracle Mile au plus haut degré d’ébulli-tion romantique.(mathieu macheRet, Le Monde)

6-9 AoûT 2017, HIrosHIMA, nAgAsAkI : 72 Ans4 jours de jeûne et d'action en hommage aux victimes de ces crimes atomiques et pour le désarmement nucléaire !

Table d'information tous les jours de 11h à 17h sur l'Esplanade, près de l'Office du tourisme (Sauf le 9 août : jusqu'à 14 h)6 août 11 heures à l'Esplanade (près de l'Office du tourisme). Cérémonie de commé-moration en hommage aux victimes d'Hiroshima (bombardée le 6 août 1945 à 8h15 du matin) et Nagasaki (bombardée le 9 août 1945 à 11h02 du matin). Musique (Autour du percussionniste Jean-Pierre Jullian).7 août 20h. Soirée au cinéma Utopia. Film : Miracle Mile. Suivi d'un débat en présence du Général Francis Lenne.8 août  18h30 : Esplanade devant l'Office du tourisme. Conférence du Général Francis Lenne autour du désarmement nucléaire suivi d'un débat avec le public. En cas de pluie, repli au Centre Lacordaire, 8 rue Fabre)9 août 11h02 : Prise de parole à l'heure précise du bombardement de Nagasaki. Table d'info jusqu'à 14h. Bilan des 4 jours… Et Reprise de l'alimentation pour les jeûneurs.

MIRACLE MILEMIRACLE MILE

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cRASh TeST AGLAéÉcrit et réalisé par eric GRAveLFrance 2017 1h25avec India Hair, Julie Depardieu, Yolande Moreau, Anne Charrier, Frédérique Bel, Tristan Ulloa, Adil Hussain, Hanns Zichler…

C'est un très chouette petit film qui part d'une situation grave – et d'un titre aussi improbable que les péripé-ties qui attendent ses personnages – pour s'échapper dans des envolées de fantaisie douce, de poésie drolatique. Un road-movie réjouissant aux côtés de trois ouvrières délocalisées embar-quées dans un périple hasardeux qui se transformera pour toutes les trois en une quête d'identité aussi impromptue que révélatrice.Il y en a qui ont besoin d'émotions fortes, d'autres qui recourent au yoga ou qui vont trouver leurs moments de zéni-tude dans les mots croisés ou la course d'orientation ou les promenades avec leur chienne… Pour Aglaé, son point d'équilibre, son vrai centre d'intérêt, son repère permanent, sa source d'harmo-nie, bref l'essentiel de sa vie… c'est son boulot. Aglaé est technicienne, une des meilleures dans son domaine. Son do-maine, c'est le crash test automobile : elle contrôle la résistance aux chocs des voitures particulières. Et elle est parfaite-ment heureuse de consacrer son temps, son intelligence, sa rigueur à ces minu-tieux tests ô combien utiles à la collec-tivité.

Elle est heureuse jusqu'au jour où la di-rection de l'entreprise annonce la ferme-ture imminente de l'usine dont l'activité, pour des raisons de coût du travail, va être délocalisée en Inde. Branle-bas de combat syndical : pas question de lais-ser passer cette décision scandaleuse et injustifiée, mobilisation, manifesta-tion, occupation. Quant à la proposi-tion des patrons de suivre le mouvement et d'aller s'installer en Inde pour gar-der son boulot, c'est parfaitement ridi-cule, ce serait risible si ça n'était pas cynique, pas un employé n'acceptera ! Sauf que, à la stupéfaction générale et tout particulièrement celle de la direc-tion dont la scélératesse est ainsi confir-mée, Aglaé va se lever bien droit et dire oui, OK, banco : sa seule raison de vivre c'est son métier, s'il faut aller au bout du monde pour continuer à l'exercer, elle ira au bout du monde !

C'est ainsi que l'absurdité crasse de la mondialisation capitaliste va faire bas-culer le destin d'une employée modèle jusqu'à la transformer en l'héroïne d'une incroyable aventure. Immédiatement at-tachante, farouchement déterminée – on la verra capable de détourner une ar-mée, ou du moins un soldat motorisé d'un campement kazakh pour atteindre son objectif –, Aglaé n'est pourtant pas une téméraire dans l'âme. Mais quand on touche à l’essentiel de sa vie, elle ne se pose plus de questions, elle fonce… Et elle va entraîner dans son épopée

deux de ses collègues, deux femmes évidemment, qui sautent le pas pour des raisons… qu'on qualifiera de per-sonnelles.Nous voici donc embarqués sur les che-mins buissonniers d'une comédie so-ciale joyeusement décalée, qui rappelle un peu le Louise Michel du duo Kervern/Delépine, en moins provocateur et dé-sespéré, en plus optimiste et bienveil-lant. Le charme de l'équipée tient beau-coup au jeu des actrices – on ne vous dévoile point leur personnage, car le plai-sir du film tient beaucoup à la surprise et au contrepied. Yolande Moreau égale à elle-même, à la fois marmoréenne et im-prévisible. Julie Depardieu émotive élec-trique. Et Aglaé tout en détermination, très juste, cohérente jusqu'à la déraison, courageuse jusqu'à l'inconscience, la formidable India Hair, appréciée récem-ment dans Rester vertical de Guiraudie et qu'on n'a pas fini de voir tant elle a une forte personnalité.

Pour ceux qui ne peuvent pas partir loin en vacances, c'est l'occasion de s'offrir une heure vingt-cinq de dépaysement garanti. Tout en goûtant une fable pas anodine sur l'absurdité de ce monde : comment une ouvrière opiniâtre, munie de sa seule volonté, riche de sa seule intelligence, refuse de devenir une vic-time anonyme de la mondialisation, non en militante convaincue mais en individu libre et consciente, décidée à choisir ce que sera sa vie.

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MARIE FRANCINE

valérie LeMeRCIeRFrance 2017 1h35avec Valérie Lemercier, Patrick Timsit, Hélène Vincent, Philippe Laudenbach, Denis Podalydès…Scénario de valérie Lemercier et Sabine Haudepin

Valérie Lemercier est épatante dans la peau de Marie-Francine, grande fille un peu lunaire, décalée et attachante, dé-sespérément incapable d'avoir l'air de posséder la maturité qui sied habituel-lement aux femmes de son âge. Le nez rivé à son microscope, à observer des microbes s'agiter, elle n'a pas vu filer le temps, prenant la vie comme elle venait sans compter les heures ni les ans, satis-faite de son petit bout de bonheur, sans désir d'un ailleurs… Mais il y a des jours où tout se met de traviole, les catastrophe s'enchaînent, tout se déglingue  sans qu'on ait antici-pé une seule seconde : ravie de voir son mari chéri venir la chercher au boulot, elle tombe sur ses jolies fesses quand il lui annonce qu'il prend la tangente pour une minette de 32 ans qu'elle n'avait même pas remarquée. Elle n'a pas encore sé-ché la grosse larme qui lui brouille le mi-

croscope que, dans la foulée, son patron la vire sans ménagement ! Notre Marie-Francine se retrouve donc, quasi du jour au lendemain, en quête d'un toit et d'un nouveau job pour son cinquantième anniversaire… Pas d'autre choix que de retourner vivre chez ses pa-rents…

A-t-on idée de s'appeler Marie-Francine ! On se doute qu'avec un nom pareil, elle a les parents assortis : une mère dé-jantée ravie de reprendre du service et de ressortir les vieilles gâteries infanti-lisantes comme si la puberté de fifille avait commencé hier, tandis que pépère grogne en permanence, vu que son train-train s'en trouve perturbé. Pas question d'ailleurs de changer leurs habitudes et de rendre sa chambre de jeune fille à Marie Francine, vu que maman y a pris ses quartiers, loin des ronflements d'un mari accro à la télé, pas fâchée d'une indépendance dont elle use avec ravis-sement… Et les deux s'accordent pour tenter de recaser au plus vite l'esseu-lée avec un gentil mari qui la prendrait en charge, organisant des rencontres qui énervent beaucoup Marie-Francine ra-menée au rôle d'adolescente attardée…

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Écrit et réalisé par Roger MICHeLLGB 2017 1h46 vOStFavec Rachel Weisz, Sam Claflin, Holiday Grainger, Irina Glen, Pierfrancesco Favino… d'après le roman de daphné du Maurier

C’est à Daphné du Maurier que l’on doit bien sûr le troublant roman Rebecca, mais aussi L'Auberge de la Jamaïque et la nouvelle Les Oiseaux, tous trois adaptés et magnifiés au cinéma par Alfred Hitchcock. Du Maurier comme Hitchcock sont des maîtres de l'intrigue, de la manipulation, de la séduction dan-gereuse, des maîtres aussi dans l'utili-sation du cadre, du décor, de la nature, influençant plus ou moins directement les passions et les comportements hu-mains. My cousin Rachel s'inscrit tout à fait dans cette riche tradition…

Première moitié du xixe siècle. La cam-pagne anglaise baignée par les vents marins. Des falaises verdoyantes tom-bant à pic sur une mer capricieuse. Des bois d’où s’évade le parfum des fleurs de champs à l’heure du printemps, mais aussi le vent glacial de l’hiver qui s’en-gouffre sous les capes et glace les os. C’est ici qu’est né Philip, c’est ici qu’il a grandi, orphelin élevé par Ambroise, un cousin plus âgé qui l’aime comme un fils, c’est ici que sa vie toute entière est déjà écrite : la demeure familiale, l’ex-ploitation et les terres dont il reprendra un jour les commandes.Mais le cousin est malade et les doc-teurs lui conseillent de quitter l’Angle-terre pour aller  chercher les rayons ré-confortants du soleil d’Italie. Il part donc, laissant le domaine à son filleul. Les pre-mières nouvelles que Philip reçoit d'Am-broise sont bonnes : la santé va mieux, mais surtout il a fait la connaissance d'une lointaine cousine, Rachel, jeune veuve qui veille sur lui avec bienveil-lance… Très vite il est question d'amour, qui très vite se concrétise par un ma-riage… Mais Philip reçoit bientôt de bien étranges lettres : l'écriture devient hési-tante, les mots semblent confus et le tra-cé heurté de l’encre sur le papier traduit un combat contre quelques sombres démons intérieurs. Quelque chose de grave est en train de se passer, Philip le sent, et il a rapidement la conviction que la mystérieuse Rachel n'y est pas étran-gère. Philip est trop attaché à son cou-sin pour le laisser ainsi sombrer dans les rets d'une histoire qui pourrait l'engloutir et il décide de faire le voyage jusqu'en Italie, prêt à affronter cette femme forcé-ment diabolique. Mais bien entendu, ce n'est pas Philip qui maîtrise les règles du jeu et rien ne va se passer comme il l'avait prévu. Car Rachel est tout sauf une femme prévisible : c'est elle qui va venir en Angleterre ! Si la douceur anime chacun de ses traits fins, si la générosité semble s'afficher dans son regard de braise, quelque chose en elle demeure résolu-ment impénétrable. Rachel n'est plus tout à fait une jeune femme, son his-toire et son expérience semblent exer-

cer une bien troublante fascination sur son entourage, y compris sur ce mysté-rieux Italien Rainaldi qui vient lui rendre visite, et y compris bien sûr sur l'impé-tueux Philip, bien incapable de rester de marbre…

L'efficacité d'un récit tient parfois à peu de choses : une ambiance, un savant mélange d'ingrédients judicieusement choisis et dosés. Dans le registre du film à intrigues en costumes, My Cousin Rachel est une réussite. La peinture so-ciale d'une bourgeoisie un peu guin-

dée, régie par les codes ancestraux et les convenances, est traversée par un souffle de sensualité interdite incarnée par la troublante et peut-être machiavé-lique Rachel. Rachel : une femme libre, attisant les désirs dans le sillage de sa singulière histoire. Depuis Freud, on le sait : ce que l'imaginaire est capable de concevoir, que ce soit pour la quête de l'extase ou la fabrication des peurs in-times, peut mener l'homme à sa perte autant qu'à sa jouissance. My cousin Rachel se situe quelque part sur ce che-min périlleux…

My cousin Rachel

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regards s'accrochent que ces deux-là ne sont pas des inconnus l'un pour l'autre. Il l'attend. C'est l'anniversaire de Marina et dans le resto asiatique où elle souffle les bougies de ses vingt sept ans, la pro-messe d'un séjour de rêve vaut décla-ration d'amour : il s'appelle Orlando, a sans doute eu une vie avant elle et a lar-gué les amarres, emporté par des sen-timents dont le tumulte n'a rien à envier à celui des chutes vertigineuses où il a prévu de l'emmener en guise de cadeau. Et puis la vie…

Que se passe-t-il quand ce qui devait rester secret éclate au grand jour par l'effet d'un accident de cette foutue vie et confronte l'amante à l'épouse délais-sée qui n'a jamais compris, jamais ac-cepté le choix atypique de son mari, pas plus que l'un des fils et ses proches qui réagissent avec haine devant cet amour hors norme  ? Une réaction tel-lement violente qu'on se demande si Marina ne sert pas de révélateur à leur part d'ombre, à des désirs inavoués. C'est qu'elle est bien convenable, la famille d'Orlando, et elle ne digère pas qu'il ait ainsi tout bousculé pour une Marina qui représente tout ce qu'ils re-jettent, les perturbe, leur fait horreur. Que se passe-t-il quand on meurt dans les bras de la mauvaise personne et que tous s'acharnent à considérer cet amour comme une perversion inacceptable et vous empêchent d'approcher de l'être aimé une dernière fois, vous soupçon-

nant du pire sans considération pour votre chagrin, vous jetant en pâture aux enquêteurs juste pour avoir été là au mauvais moment et n'avoir pas le bon profil ? Les enquêteurs eux-mêmes ne sont pas très clairs dans leur attitude, bourrés de préjugés, d'idées précuites…Elle est forte Marina, elle est libre Marina et rien ni personne ne saurait lui dicter

sa conduite, ne saurait l'empêcher de vivre sa vie de femme, celle qu'elle a choisi : « on ne nait pas femme, on le devient », l'identité n'est pas liée à la chair. Rien n'est figé et personne n'est condamné à vivre dans ses formes… re-vendique Marina qui plie mais ne rompt pas. Parfois elle cherche refuge chez son vieux professeur de chant, un type touchant en diable, humain, gentil, bon prof : on en a la démonstration lors du final, quand Marina se produit sur scène, formidable aussi dans son rôle de so-liste baroque avec ce petit je ne sais quoi dans la voix qui la rend tellement émouvante et on comprend à l'écouter combien l'amour de la beauté comme l'amour de la vie lui permettent de s'éle-ver au delà des petites saloperies de ses congénères.

Una mujer fantastica ! dit le titre original. Et quand on fouille un peu par ci par là sur internet, on peut trouver des inter-view de l'actrice parlant d'elle-même et de ses engagements : allez donc voir si vous entendez l'espagnol, ça vaut le détour : Daniela Vega… elle est chan-teuse dans la vraie vie. Son réalisateur est intarissable sur sa personnalité : « à la fois très politique et très légère, d'une immense énergie, beaucoup d'intelli-gence et d'humour ». Elle était associée au projet du film en tant que consultante « c'est quand j'ai fini le scénario que j'ai compris que mon héroïne, c'était elle ». C'est son premier très grand rôle et il pa-raît que sa personnalité a fait sensation à Berlin où ce splendide film a décroché un Ours d'argent et plusieurs nomina-tions.

UNE FEMME FANTASTIQUE

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LE CAIRE CONFIDENTIEL

Écrit et réalisé par tarek SALeHEgypte/Suède 2016 1h50 vOStFavec Fares Fares, Ger Duany, Slimane Dazi, Mohamed Yousry, Hichem Yacouby, Hania Amar, Yasser Ali Maher…

Grand Prix, Festival de Sundance 2016Grand Prix, Beaune 2017, Festival in-ternational du film policier

Le titre donné par le distributeur fran-çais à cet excellent polar entièrement tourné au Caire est tout sauf anodin et particulièrement bien choisi : les ama-teurs du genre pensent immédiatement à L.A. Confidential de James Elroy et à son adaptation cinématographique très réussie, dont l'intrigue policière était indissociable de la radiographie sans complaisance du Los Angeles rutilant et pourri des années 50, gangréné par la violence, le racisme, l'anti-communisme et la corruption. Ici c'est Le Caire qui est soumis au même détecteur de men-songes, de combines, d'hypocrisies, de comportements mafieux.

Nous sommes en 2011, peu après la ré-volution tunisienne de Jasmin qui a vu l'indéboulonnable dictateur Ben Ali chu-ter face à la détermination de la popu-lation, et peu avant ce qu'on appellera plus tard les mobilisations de la place Tahrir, esplanade centrale du Caire où se rassembleront des dizaines de mil-liers de manifestants qui finiront par ob-

tenir l’abdication du président égyptien Moubarak. Mais on loin d'en être là…Nourredine est un de ces policiers qui arpentent la nuit les rues survoltées de la mégalopole égyptienne, moins pour pro-téger les citoyens que pour rançonner petits commerçants et magouilleurs en tous genres à qui lui et ses collègues as-surent protection contre rétribution. Car dans l'Egypte de Moubarak, où la police et encore plus la Sécurité nationale sont toutes puissantes, chaque citoyen a in-tégré la corruption comme un fait nor-mal. Noureddine n'est ni meilleur ni pire que les autres : à quoi bon ne pas profi-ter de sa position quand tout le système vous y incite, et que personne ne semble devoir vous réfréner ? Il est même pro-bable qu'il n'a pas le choix, c'est le prin-cipe de toutes les dictatures et de tous les systèmes mafieux : quand le crime et les abus de pouvoir deviennent la norme, ne pas y participer devient dan-gereux.Mais ce soir-là n'est pas comme les autres : on découvre le corps sans vie d'une chanteuse dans une suite du prestigieux Nile Hilton. Une femme de chambre soudanaise désormais in-trouvable semble avoir été témoin du meurtre. Pour Noureddine et ses collè-gues, la course contre la montre débute pour trouver la jeune femme en fuite avant que les meurtriers ne la fassent taire définitivement.L'affaire va se corser quand il s'avère qu'un homme d'affaires proche de l'en-

tourage de Moubarak pourrait être lié au meurtre. Pour une fois, Nourredine dé-cide de ne pas enterrer une affaire déli-cate pour le régime, pour une fois il choi-sit de ne pas en profiter pour monnayer son inaction. Pourquoi ? Une soudaine bouffée de conscience professionnelle ? Un réveil politique dans un contexte pré-insurrectionnel ? Les beaux yeux de la troublante Gina, chanteuse tunisienne amie de la victime ? En tout cas il va se retrouver pris dans un dangereux engre-nage…

Maitrisant parfaitement les ressorts du polar, Tarek Saleh nous offre avec son inspecteur Noureddine un formidable personnage de anti-héros, qu'il fait se débattre dans un contexte historique, politique, social… superbement décrit. Rien que dans cette scène embléma-tique où on voit les policiers essayant de contenir les manifestants se retour-ner sans hésiter contre les snipers de Moubarak qui commencent à tirer sur la foule, on saisit le climat révolutionnaire du moment, on sait que le pays va bas-culer…Pas étonnant que ce film remarquable ait remporté la récompense suprême dans deux festivals aussi différents que celui du film indépendant de Sundance (créé par Robert Redford) et celui du film po-licier de Beaune : Le Caire Confidentiel joue et gagne sur plusieurs tableaux, c'est pour ça qu'il est singulier et pas-sionnant.

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UNE FEMME FANTASTIQUE

Sebastian LeLIOChili 2017 1h44 vOStFavec Daniele Vega, Francisco Reyes, Luis Gnecco, Aline Küppenheim, Nicolas Saavedra, Sergio Hernandez…

OuRS d'ARGent du MeILLeuR SCÉ-nARIO, FeStIvAL de BeRLIn 2017

Elle est d'une beauté particulière. On ne sait même pas dire si elle est vrai-ment belle, mais ce qui est sûr c'est qu'elle accroche le regard et le retient, probablement parce qu'émane d'elle un charme singulier, une sorte de présence intense et vaguement mélancolique qui interpelle : on sait d'emblée qu'elle n'est

pas banale. Marina chante dans un bar, là encore sans qu'on sache pourquoi on est sensible à cette voix un poil impar-faite et pourtant superbe. Un homme, la cinquantaine, d'une belle élégance avec ses lunettes et ses cheveux grisonnants, s'approche, un verre à la main, pour l'écouter. On comprend vite quand leurs

UNA MUJER FANTASTICA

5 avenue du docteur Pezet 34090 MontPellier / téléPhone : 04 67 52 32 00 et 04 67 87 91 85 (répondeur) / www.cinemas-utopia.org

N°99 du 2 août au 12 septembre 2017, Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 47€ les dix places

Cinéma garanti sans 3D