38 RUE RANTHEAUME Enquête sur les pédagogies alternatives

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38 RUE RANTHEAUME 89004 AUXERRE CEDEX - 03 86 72 07 01 FEV 07 Mensuel OJD : 39150 Surface approx. (cm²) : 3029 Page 1/7 IUFM 4280879000509/AGB/PSL Eléments de recherche : IUFM NORD PAS DE CALAIS, toutes citations Enquête sur les pédagogies alternatives Soupçonnées, marginalisées, parfois anathemisees..., les pédagogies alternatives savent pourtant faire réussir les élèves, comme le montrent les résultats d'une école Freinet installée dans un quartier sensible de la banlieue lilloise. «JEUAIME,JELA1 TOUJOURS AIMÉE. Sans elle je ne serais rien sur terre, C est le soleil de ma vie ' Ff elle rn aime aussi Quand je ferme les yeux, je pense a elle Je la vois pres de moi qui me sourit Elle a toujours ete la pour me consoler Des que je suis ne, j ai tout cle suite vu que e etait elle quej aimerai toujours Ef bien savez vous qui e est 7 Je parle de ma mere » Du haut de ses 9 ans, la voix un peu rauque le debit ultrarapide, lair grave Sullivan lit son poeme Trois fois par semaine dans cette classe de CM l-CM2 un temps est consacre a la «presentation de travaux», creations litteraires mathe- matiques ou autres productions issues des recherches des eleves Suit cet après-midi la, un expose sur les dauphins concocte par deux fillettes puis la classe se deplace dans la bibliotheque pour ecouter non moins attentivement un exer- cice musical de percussions realise par Kevin, Aymane etYusuf dont l application passionnée n a d egale que la concentra- tion de leurs camarades qui les écoutent La scene se passe dans un quartier populaire de la banlieue lilloise De la maternelle au CM2, au groupe Concorde de Mons-en-Baroeul in - qui appartient a un reseau d education prioritaire Irep) -, on pratique une pedagogie fondée sur l expression, la communication l entraide et la gestion cooperative, depuis 2001 A cette epoque, le groupe scolaire est menace de fermeture en raison des mauvais resultats et de la violence qui y règne entraînant la fuite des parents MARTINE FOURNIER Avec l accord de la hiérarchie adminis- trative, une equipe d enseignants du mouvement Freinet propose de mettre en oeuvre un projet global de la mater- nelle au CM2 Le statut experimental de l école lui vaut de fonctionner depuis lors sous le regard vigilant d une dizaine de chercheurs en education (didacticiens psychologues, sociologues] qui assure le suivi evaluatif du projet 121 UNE ÉCOLE FREINET EN QUARTIER SENSIBLE Lourde charge en realite pour lequipe du laboratoire Theodile (universite Lille-llll tant les pratiques pedagogiques d une teile ecole brouillent les reperes classiques de ce qu historiens et socio- logues de leducation appellent la «forme scolaire» 1 Point de traditionnel decou page disciplinaire dans l emploi du temps, organise en séquences de «tra- vail personnel» (selon un plan de travail individualise pour chaque eleve), mo- ments de travail collectif (la correction par la classe d un texte d eleve ou d une lettre aux correspondants ), plages consacrées a la creation litteraire, a la recherche mathématique ou a la prepa- ration d exposes (restitues sous forme de « conferences») sans oublier les tres importants conseils d eleves destines a réguler lorganisation cooperative, pour designer les responsables du materiel et de son ran gement ou pour gerer les problemes ocea sionnes par ceux qui n ont pas respecte les ' « lois » de la classe La discipline et les sanctions elles-mê- mes sont aux antipodes de celles que revendi- quent aujourd hui les nostalgiques d un ordre

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Enquête sur les pédagogiesalternatives

Soupçonnées, marginalisées, parfois anathemisees...,les pédagogies alternatives savent pourtant faire réussir lesélèves, comme le montrent les résultats d'une école Freinetinstallée dans un quartier sensible de la banlieue lilloise.

«JEUAIME,JELA1 TOUJOURS AIMÉE. Sanselle je ne serais rien sur terre,C est le soleil de ma vie ' Ff elle rn aimeaussiQuand je ferme les yeux, je pense a elleJe la vois pres de moi qui me souritElle a toujours ete la pour me consolerDes que je suis ne, j ai tout cle suite vuque e etait elle quej aimerai toujoursEf bien savez vous qui e est7

Je parle de ma mere »Du haut de ses 9 ans, la voix un peurauque le debit ultrarapide, lair graveSullivan lit son poeme Trois fois parsemaine dans cette classe de CM l-CM2un temps est consacre a la «presentationde travaux», creations litteraires mathe-matiques ou autres productions issuesdes recherches des eleves Suit cetaprès-midi la, un expose sur les dauphinsconcocte par deux fillettes puis la classese deplace dans la bibliotheque pourecouter non moins attentivement un exer-cice musical de percussions realise parKevin, Aymane etYusuf dont l applicationpassionnée n a d egale que la concentra-tion de leurs camarades qui les écoutentLa scene se passe dans un quartierpopulaire de la banlieue lilloise De lamaternelle au CM2, au groupe Concordede Mons-en-Barœul in - qui appartient aun reseau d education prioritaire Irep) -,on pratique une pedagogie fondée surl expression, la communication l entraideet la gestion cooperative, depuis 2001 Acette epoque, le groupe scolaire estmenace de fermeture en raison desmauvais resultats et de la violence qui yrègne entraînant la fuite des parents

MARTINE FOURNIER

Avec l accord de la hiérarchie adminis-trative, une equipe d enseignants dumouvement Freinet propose de mettreen oeuvre un projet global de la mater-nelle au CM2Le statut experimental de l école lui vautde fonctionner depuis lors sous le regardvigilant d une dizaine de chercheurs eneducation (didacticiens psychologues,sociologues] qui assure le suivi evaluatifdu projet 121

UNE ÉCOLE FREINETEN QUARTIER SENSIBLE

Lourde charge en realite pour lequipedu laboratoire Theodile (universiteLille-llll tant les pratiques pedagogiquesd une teile ecole brouillent les reperesclassiques de ce qu historiens et socio-logues de leducation appellent la «formescolaire»1 Point de traditionnel decoupage disciplinaire dans l emploi dutemps, organise en séquences de «tra-vail personnel» (selon un plan de travailindividualise pour chaque eleve), mo-ments de travail collectif (la correctionpar la classe d un texte d eleve ou d unelettre aux correspondants ), plagesconsacrées a la creation litteraire, a larecherche mathématique ou a la prepa-ration d exposes (restitues sous formede « conferences») sans oublier les tresimportants conseils d eleves destines aréguler lorganisation cooperative, pourdesigner les responsables dumateriel et de son rangement ou pour gererles problemes oceasionnes par ceux quin ont pas respecte les '« lois » de la classeLa discipline et lessanctions elles-mê-mes sont aux antipodesde celles que revendi-quent aujourd hui lesnostalgiques d un ordre

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ancien A l'école primaire Concorde, laclasse est un lieu de vie ouvert, où lesélèves viennent s'installer bien souventavant lheure «légale», et circulent libre-ment pour s adonner a leurs activités,en respectant la consigne de l'écoleparler à voix basse et ne pas dérangerles autresEt de fait, un surprenant climat de séré-nité règne dans les classes (dont lesportes restent ouvertes) et dans leshalls Lécole ressemble à uneruche dans laquelle les uns parpetits groupes s adonnent aleur recherche du moment,les autres travaillent en soloselon leur plan de travailindividuel, sur les ordina-teurs, d'autres encore par-ticipant à un «stage» dansle hall ou les enfants du CPsont en tram de mettre enscene une historiette deleur choix...«Je trouve que tu n'auraispas dû écrire tout de suite'sans elle je ne sera/ nen surterre', tu aurais dû fairedurer le suspense pour qu onne decouvre qu a la fin qu ils'agissait de ta mere Ainsion aurait pu se demandersil s agissait de ta sœur,de ta petite amie » Lorsde la séance de restitu-tion de travaux, chaquepresentation est com-mentée, discutée ettous les élèves sem-blent prendre leur rôletrès au sérieux Aucunnre, aucune moquerien ont fuse lors du recitde Sullivan ce qui

aurait certainement été le cas ailleurs;ici, cela semble hors de propos Les cri-tiques sont rigoureuses et doivent s'ac-compagner de propositionsLe morceau de percussion a lui aussi étefinement analyse, offrant aux composi-teurs en herbe des pistes exigeantespour leur prochaine prestation Quant al'exposé sur les dauphins, il a susciténombre de questions ouvrant la voie àde futures recherches. «Ici, tes elevesne sont pas simplement acteurs de leursapprentissages, ils en sont aussi les au-teurs», commente Sylvain Hannebique,qui conduit les CM1-CM2 et dingeaujourd'hui lecole C'est peut-être pour-quoi chacun prend son rôle si au sérieuxet que la sanction la plus pénalisante estde se retrouver (pour un temps] exclu decette dynamique

Ce jour-là, e est la timidepetite Harmonie qui dis-

tr ibue la parole auxeleves ou au maître.Car la grandeliberte

dontjouit chacun

dans le cadre decette ecole s accom-

pagne de rituels trescodifiés qui structurent

la vie et le travail Pourparler au «Quoi de neuf7»

par exemple, qui ouvre lajournée de la maternelle au pri-

maire, il faudra s être inscrit sil on a quelque chose a raconter

et, là aussi, repondre aux deman-

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des de précisions des camarades. Cesentretiens du matin sont ensuite consi-gnés dans le « livre de vie » et feront par-tie du patrimoine commun qui cimente laculture de la classe «Le paradoxe estque ces dispositifs très structures auto-risent une grande liberté dans les che-minements individuels et permettentainsi à chacun de construire son autono-mie et de développer sa réflexivité l'en-fant n est pas desapproprie de son tra-vail», déclare Yves Reuter, directeur dulaboratoire Théodile isl

DES RÉSULTATS SURPRENANTS

De leur propre aveu les chercheurs quisuivent cette expérimentation n atten-daient pas de miracles en ce qui concer-ne les performances des enfants de cequartier difficile et de familles souvent

en grande précarité Pourtant, encinq ans, les résultats de l écolese sont redresses de maniere

spectaculaire Aux évaluationss tandard isées du ministère

(notamment les tests CM2-6e),lecole, auparavant en perdition,

dépasse la moyenne de la circonscrip-tion et même, excepte pour l orthographeet la syntaxe, la moyenne nationale Deplus, violences et incivilités ont pratique-ment disparu Un climat de travail s estinstaure, et même si les résultats sont- comme dans bien des écoles - hété-rogènes, le systeme d entraide et de tra-vaux de groupe a permis aux plus faiblesde s integrer Fidèles aux préceptes de lapédagogie populaire de Célestin Freinettvo/r l'encadre p 291 qu ils ont adaptéeaux besoins specifiques de l école, grâceà un travail de fond qui commence àlecole maternelle, les enseignants dugroupe Concorde font le pan de ne lais-ser aucun élève sur le bord du cheminLécole s est aussi ouver te auxfamilles, aujourd'hui impliquées danscertaines activitésArrives aujourd hui en 6e dans lecollege de la circonscription, lespetits anciens du groupe Concordesen sortent bien, montrent éga-lement les recherches Un deleurs atouts réside dans leurautonomie dans le travail et lacapacite d analyse à laquelle ilsont ete accoutumes, mêmes'ils se disent parfois surpris

l par des changements de fonc-tionnement dans lesquels ilsne se retrouvent pas IN

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% Ecoles actives, coopératives, paral-lèles, colleges ou lycées «pionniers»,«autogérés» , combien sont-ils aujour-d hui, en France, ces établissements«différents»9 Une précieuse enquêterécente de Mane-Laure Viaud KI enrecense quelques dizaines en France,quelques milliers de par le monde

DANS LA JUNGLE DESPÉDAGOGIES ALTERNATIVES

Toutes s'inspirent de ce que l'on a appeléle courant de l «education nouvelle» Neau xixe siècle, ce mouvement réunit desphilosophes, pédagogues, médecins etpsychologues qui ont en commun de vou-loir réformer l'éducation isi. Leurs priori-tés sont le respect de l enfant et le déve-loppement de son intelligence, obtenupar des méthodes actives lui permettantde construire ses connaissances en déve-loppant son autonomie Le contraire derenseignement délivré dans les écoles«traditionnelles», à base de dressage etculture scolastiqueL'Italienne Mana Montesson, grande ins-piratrice des écoles maternelles, leBelge Ovide Decroly et sa methode glo-bale (bien stigmatisée aujourd'hui 'l, lephilosophe américain John Dewey(célèbre pour sa formule «learning bydo/ng»}, l'Anglais Alexander Neill et sonfameux internat libertaire de Summe-rhill, ou encore le Russe Anton Hakarenko et son projet d'« homme nou-veau», le Polonais Janus Korczak et lesenfants decrocheurs, l'instituteur fran-çais Celestin Freinet et son projet d édu-cation populaire, tous ont fondé desécoles encore existantes, maîs toujoursconsidérées, depuis leur création, com-me des expériences marginales attirantsouvent la méfiance en raison de leurcaractère novateur et de la libertéqu elles laissent a lenfant.Les enquêtes à leur propos sont rares,parcellaires, comme si, explique Fran-çois Jacquet-Francillon, «ies pédagogiesnouvelles étaient déposées dans unpatrimoine d évidences admises (saufquand on les voue aux gémonies) dontnous devons glorifier ies valeurs, maîspas examiner les actes M».Après 1945, le mouvement pour léduca-tion nouvelle se fortifie, avec notammenten France, le plan Langevm-Wallon quiencourage ce type de «pratiques inno-vantes» Un des temps forts sera celuides annees 1960-1970 Tout un debatd'idées s'instaure, nourri parla psycholo-

gie, et notamment les théories du psy-chologue suisse Jean Piaget, ou encorede l'Américain Carl Rogers sur la non-directivité En 1968, la critique de l'écoletraditionnelle destinée à dresser des indi-vidus disciplines et dépourvus d'espritcritique est alimentée par la diffusion desidées de Michel Foucault. Parue en 1972,la description d une expérience de peda-gogie institutionnelle de Fernand Dury etJacques Pam, Chronique de l'école-caserne ro, marque les espritsNotons que ces critiques nourrissent,des les années 1970, tout un courantinverse - devenu aujourd hui très actif -qui fustige les excès des pédagogieslibertaires et autogestionnaires, et prôneun «retourà lordre», selon une formulede Rene Haby, ministre de l Educationde 1972 à 1978

UNE TYPOLOGIE DES ÉCOLESDIFFÉRENTES

Toujours est-il que dans les années1970, écoles parallèles, ouvertes, alter-natives se multiplient- écoles itiné-rantes sur des voiliers, ecoles commu-nautaires dans les Cévennes ou enNormandie (comme lécole de la Neu-ville autour de la psychanalyste Fran-coise Dolto), classes autogérées dulycée de Mar ly- le-Roi A côté denombre d initiatives privées, certainesobtiennent un statut au sein de l Edu-cation nationale comme l'école-collègeDecroly de Vincennes Dans les années1980, avec la victoire de la gauche, cinqlycées autogérés de l Education natio-nale voient te jour. Maîs e est avec l'ar-rivée massive des eleves dans le secon-daire, et le constat d'«échec scolaire»pour nombre d'entre eux, que le regardsur les pedagogies alternatives semblechanger. Des initiatives comme l'autoé-cole de Saint-Denis [née en 1992 ducombat de Marie-Pierre Pierrelée), lecollège-lycée elitaire pour tous (Clept)de Grenoble, le projet des membres de('association Declic [developpementexperimental d'un collège-lycée d'mi-tiative citoyenne) ont toutefois davan-tage ete vus comme propres à réconci-lier les élèves decrocheurs, plus quecomme des projets porteurs d'une édu-cation différente.Pourtant, ces écoles, colleges et lyceesportent des projets très diversifiés qu ilest parfois difficile, pour les familles,d appréhender Pour aider a s'y retrou-ver, lenquête de M.-L Viaud en pro- fc

Yves Reuter

Professeur en sciences deléducation à l'universitéCharles-de-Gaulle-LiUe-lll,laboratoire Théodile. il dirigedepuis 2001, en collaborationavec IIUFM Nord-Pas-de-Calais, les recherchessur lécole de Mons-en-Barœul : « Effet d'un modede travail pédagogique"Freinet" en réseaud'éducation prioritaire».À paraître, sur te groupescolaire Concorde de Mons-en-Barœul : Une écoleFreinet : fonctionnement eteffets d'une pédagogiealternative en milieupopulaire, L'Harmattan,mars 2007.

Pourquoi dispose-t-on d'aus-si peu d'évaluations sur lesdifférentes pratiques de pé-dagogies alternatives?La premiere raison est une rai-son politico-idéologique qui faitque beaucoup se méfient deces pédagogies Les parents,par exemple, retrouvent da-vantage leurs repères dansles pédagogies classiques. EnFrance notamment (et beau-

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Pourquoi si peu d'évaluations ?YVES REUTER, professeur en sciences de l'éducation

coup plus que dans d'autrespays), la prégnance de La «for-me scolaire» traditionnelle (unmaître devant une classe cen-sé transmettre par la paroleune discipline precise . ) induitque ces pédagogies ne peu-vent exister qu'à la marge dusystème.La seconde est que ces évalua-tions nécessitent des conditionsparfois difficiles à mettre enceuvre. Il faut notamment dis-

plus favorisés), dans des éco-les qui pratiquaient une péda-gogie classique et dans d au-tres qui pratiquaient unepédagogie de projetll a donc fallu multiplier lesdonnées ainsi que le mode derecueil de ces données (ob-servations, analyse des pro-ductions, entretiens avec lesélèves maîs aussi les autresacteurs parents, enseignants,personnels .)

outre sur des zones de ten-sions qui remettent en causedes fonctionnements scolairesclassiques comme les cloi-sonnements disciplinaires, lesprogrammations...Par ailleurs, ces pratiques né-cessitent des enseignants trèsexpérimentés Quand ce n'estpas le cas, elles peuvent abou-tir à un délitement totalDans la pédagogie Freinet parexemple, les formes de pro-

C'est une constante bien connuedans la recherche en éducationqu'une innovation, lorsqu'elle est étendue,fonctionne moins bien.

poser d'un temps suffisant pourpouvoir mettre en évidence leseffets sur les élèves de l'im-mersion dans ces pratiquesNotre laboratoire a obtenu lapossibilité d'observer cette éco-le pendant cinq ans, nous pro-jetons de poursuivre et d affinerencore nos travaux, maîs en gé-néral le temps long devient ra-re dans la recherche On préfè-re les tests standardisés passésau bout de six mois qui per-mettent de publier un beau rap-port pour la pressePar ailleurs, le recueil desdonnées empiriques n'est passimple, il faut croiser de nom-breux facteurs et se donner lesmoyens de la comparaisonnous avons par exemple com-pare les performances desélèves du groupe Concordeavec celles d'élèves de diffé-rents milieux (équivalents ou

A plusieurs reprises (notam-ment de 1989 à 2005 avec laloi d'orientation qui plaçait«l'élève au centre»), les ins-tructions officielles ont tentéd'insuffler des techniques is-sues des pédagogies alterna-tives dans le système (par-cours de découverte, travauxpersonnels encadrés au lycée,encouragements à rendre lesélèves actifs, au travail degroupe...) sans grand succès.Pourquoi, seton vous?D'une part, la critique du tra-vail des enseignants qui a ac-compagné de telles mesuresentraîna qu'elles ont souventété mal reçues En France, lesdirectives tombent d'en haut,sans pour autant que l'onprenne le temps de la forma-tion nécessaire pour accom-pagner leur mise en ceuvre, nide faire de bilan On est en

gression sont différentes, lesélèves partent de leurs ques-tions, une classe peut travaillersur une vingtaine de sujets dif-férents au même moment1

C'est pourquoi la réussite del'expérience est conditionnéepar la nécessité d'une forte co-hérence pédagogique dans letemps, et d'une grande maî-trise des enseignants quidoivent être à même de re-connecter tout cela pour, enpartant des rythmes indivi-duels, rendre collectifs les sa-voirs. Les enseignants Freinetsont sans cesse en activité decoformation (stages, colloques,etc.) et font montre d un trèsgrand investissement dans letravail. C'est un choix de viequasiment militant que tousles enseignants ne sont pasprêts à faire, ce qui est d'ail-leurs légitime.

Dans quelle mesure, alors,l'expérience du groupeConcorde est-elle transfé-rable à d'autres écoles ?D'une part, c'est une constan-te bien connue dans la recher-che en éducation qu'une inno-vation, lorsqu'elle est étendue,fonctionne moins bien. D'autrepart, il n'existe pas de remèdemiracle qui marcherait pourtous les élèvesSi la transférabilité du systèmeentier paraît, en France, trèscomplexe, il nous semble ce-pendant, au terme de cette re-cherche, que certains disposi-tifs pourraient être adoptésdans les autres écolesPrenons par exemple la «dic-tée coopérative» dans laquel-le il existe une entraide entreélèves selon des règles codi-fiées . ils n'ont pas le droit de li-vrer la bonne réponse à celuiqui hésite ou se trompe, maîsils peuvent l'orienter sur despistes qui lui permettent de latrouver. Ce dispositif induit uneréflexivité des élèves, enlèvedu stress et induit un rapportdifférent à la langue et àl'orthographeJe suis cependant méfiant de-vant l'unification de tout systè-me De même qu'il existe deslycées alternatifs et des écolesde la deuxième chance, il seraitintéressant que les enseigne-ments puissent être délivrésselon des méthodes diversi-fiées, pour donner des chancesd'apprentissage ou de rattra-page à des élèves qui pour-raient passer d'une forme detravail à une autre Maîs il fautse garder de tout dogmatismepour ou contre les pédagogiesalternatives •

PROPOS RECUEILLIS PAR M.F.

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* pose une fort utile typologie Elle dis-tingue tout d abord les «ecoles adap-tées» - aux exigences du systeme sco-laire francais et aux besoins des eleves -des «ecoles intégrales» ayant commeobjectif principal une education globalede [individu censée engendrer une societe meilleure (socialiste libertaire spi-ritualiste l Maîs on touche la a dessujets passionnels prévient-elle qui fontrarement l objet de debats ouverts etrestent plutôt dans le non dit• Les «ecoles adaptées» - dont font par-tie tes etablissements crées pour le rac-crochage des eleves en grande difficulte -offrent un climat apaise et chaleureuxsans pour autant chercher a modifier larelation au savoir On peut y pratiquer lebachotage si besoin pour aider a la reus-site d un examen Dans ce groupe ou l ontrouve plusieurs lycees alternatifs [bac

calaureat oblige) on note globale-ment une bonne reussite a l exa-

men (proche en general de lamoyenne nationale compte

B* tenu du public qui y est

accueilli] et une grande satisfaction deseleves dont beaucoup disent s êtreréconcilies avec les etudes grâce au cli-mat de liberte et a la responsabilisationLa reussite en revanche s avère plus miti-gée au niveau des colleges de ce type oul adhesion des eleves au travail scolaireest plus problématique Le compromisrecherche entre les objectifs d acquisi-tion de connaissances et ceux d épa-nouissement personnel y génère en outreune insatisfaction fréquente des ensei-gnants et des familles• Les «ecoles intégrales», quant a elles,se divisent en deux groupes extrêmementcontrastes Dans les «ecoles non direc-tives» la frequentation des cours estentièrement laissée au bon vouloir deseleves que seul le «desir d apprendre»doit mobiliser en toute liberte Leduca-tion a long terme étant privilégiée lesresultats scolaires y sont généralementassez faibles et beaucoup de jeunes sedisent déstabilises par l absence dereperes Les plus fragiles psychologique-ment peuvent même perdre pied

La pédagogie Montessorifait ses preuves

Les évaluations des pedago-gies alternatives sont si peufréquentes qu elles meritentd être soulignées La revue

americaine Science a publieune etude sur des ecolesMontesson réalisée par ledepartement de psychologiedes universites de Virginie etdu Wisconsm ii) Les ecolesqui se reclament de la peda-gogie Montessori se carac-térisent par une attentionspécifique aux rythmes etaux caractéristiques psycho-logiques de chaque enfanttout en favorisant la collabo-ration et la socialisation Leseleves travaillent par petitsgroupes multi-âges et lespratiques de notation clas-sique en sont absentes

ll existe environ 5000 ecoleslabellisees Montesson auxEtats-Unis, precise l etude,

dont environ 300 publicschools Les tests ont ete réa-lises aupres d enfants de 5 et12 ans d un groupe scolairepublic de Milwaukee 121 ac-cueillant des enfants de quar-tiers urbains a nombreusesminorités ethniques

Les resultats montrent des«avantages tres significatifs»pour les enfants du groupeMontesson (compares a desgroupes de contrôle non sou-mis a cette pedagogie) En cequi concerne les competen-ces cognitives et les connais-sances académiques, ceux de5 ans (sortie de lecole ma-ternelle) sont nettementmeilleurs en lecture (identifi-cation des mots, décodage etphonologie) ainsi que dans lesexercices mathematiquesCeux de 1 2 ans (entrant dansl enseignement secondaire)

font montre d une plus gran-de creativite litteraire em-ployant davantage de phrasescomplexes et produisant destextes plus longs

Les compétences comporte-mentales et sociales sontégalement plus élevées no-tion de fair-play et inter-actions positives plus nom-breuses chez les petits,auxquelles viennent s ajoutera 12 ans un plus grand res-pect des autres et un sens dela communaute plus eleveque dans les autres groupesscolaires BM.F.

NOTES

ll) A bilan* et M Bse Quest Evatual ng Montessor educat on > Selen

ce vol CCCXIII n°5795 29 septembre

2006(2) http //mpsportal rn Iwaukee k12

w us/portal/serverpt

UN DESTIN FRAGILE

A l oppose les ecoles qui pratiquent une«pedagogie institutionnelle» montrentla meilleure reussite de tout l ensembleComme dans le groupe Freinet décritplus haut lorganisation s y trouve tresstructurée et les regles de vie sont fixéessur un mode démocratique et cooperatifTout en se montrant bienveillants pourtous les enseignants sont beaucoup plusinterventionnistes que dans les autresecoles ly compris traditionnelles) enveillant a l investissement dans le travailet a la progression de chacun C est laque le taux de violence est le plus bas(voire inexistant! et les eleves qui sedisent heureux de venir en classe, ymanifestent un fort sentiment d affilialion Ces ecoles en outre accueillentgénéralement des enfants de milieuxpopulaires alors que les ecoles nondirectives recrutent plutôt dans lesmilieux favorises Maîs l ambition dumodele institutionnel fait que peu d eta-blissements réussissent a s y engagerentièrementLes ecoles alternatives forment une rea-lite «complexe et nuancée», conclutM -L Viaud Elles ont cependant encommun de payer un lourd tribut a leurmarginalité A l instar de l ecole Decrolyde Vincennes en proie depuis son entreedans l Education nationale (en 1948), *

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Elise et Célestin Freinet et leurs eleves de l ecole de Vence (Alpes-Maritimes], qui sera fermee et saccagée

pendant l occupation allemande

Célestin et le mouvement FreinetCetestm Freinet 11896-1?»»], pe-

tit gars du Gard sort de [Ecole

normale de Nice en 1915 pour

partir au front Lorsqu il peut re-

prendre son poste, a l ecole de

garçons de Bar-sur-Loup (1920),

il se lance dans un long combat

pour changer l ecole qui aboutira

a la formation d un mouvement

pedagogique aujourd hui repré-

sente dans la plupart des pays du

monde

Proche des idées de la gauche

révolutionnaire et libertaire,C Freinet - qui participe a des

revues engagées comme Clarte

et Ecole émancipée - pense que

e est par l éducation des individus

que Ion peut construire un mon-

de meilleur et ne pas retomber

dans l horreur de la Grande Guer-

re Son pro|et au depart est donc

bien philosophique et politique il

veut creer les conditions d une ve-

ritable education a (a democratie

et a la paix

Maîs le petit instituteur qui aperdu une partie de son potentiel

vocal dl est blesse au poumon au

Chemin des Dames en 1917] èst

aussi le génial inventeur de tech-

niques destinées a developper les

moyens d expression et de re-

flexion de ses eleves, ainsi que leur

motivation et leur autonomie dans

le travail comme le texte libre

l imprimerie le journal scolaire

les lettres aux correspondants

Lequilibre entre activites ma-

nuelles, intellectuelles, artistiques

le travail de groupe alternant avec

tâches individuelles et collectives

sont aussi au cœur d un projet a

la fois psychologique (l eleve pro-

gresse par le "tâtonnement expe-

nmentat»] et social ll ecole devient

une cooperative gérée par les ele-

ves et les adultes]

En 1932, nomme avec sa femme

Elise a l ecole de Saint-Paul-de

Vence, il se trouve confronte a une

virulente campagne dans [Action

française orchestrée par Charles

Maurras et quelques édiles lo-

caux Contraint de quitter l Edu-

cation nationale, il fonde - a l en-

contre de ses convictions - une

ecole privee toujours a Saint-

Paul-dé Vence tout en continuant

a promouvoir leducation populai-

re Lecole, financée en partie par

les fonds d associations sympa-

thisantes comme la Cooperative

de lecole laique (Cel] accueille

alors de nombreux petits réfugies

de la guerre civile espagnole

Pendant la Seconde Guerre mon-

diale, C Freinet est arrête inter-

ne en camp, puis assigne a resi-

dence tandis que l ecole de Vence

est fermee et saccagée Pourtant,

le mouvement va reprendre sa vi-

gueur des 1947 Ucem (Institut

cooperatif de l ecole moderne) est

soutenu par des adhérents de

plus en plus nombreux qui expor-

tent les methodes de C Freinet

dans plusieurs ecoles francaises

et etrangeres La Federation in-

ternationale des mouvements del ecole moderne est créée en

1957 Lecole de Vence, rachetée

par l Etat en 1991, est aujour-

d hui devenue une ecole publique

Freinet BM.F.

AREflARDER, A LIRE

• L École buissonniereJean Paul Le Chano s coffret DVDDoraneFlms/PEMF

• Presse edition du mouvement FreinetDes revues des lvresdes outils pour (cus ceux qusouhaitent approfondirleur connaissance de la pedagogiePre net et de ses developpementswww pemf fr

Page 7: 38 RUE RANTHEAUME Enquête sur les pédagogies alternatives

38 RUE RANTHEAUME89004 AUXERRE CEDEX - 03 86 72 07 01

FEV 07Mensuel

OJD : 39150

Surface approx. (cm²) : 3029

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IUFM4280879000509/AGB/PSL

Eléments de recherche : IUFM NORD PAS DE CALAIS, toutes citations

HOTES

(11 Les enseignants actuelssont Fabienne Bureau Pascale Calcoen Sylvie HospitelLegris Mane Anne Wangermee (ecole maternelle) etSylvain Hannebique, ThierryFocquenoey Agnes Nicolas,F Lesschaeve et S FermenMerci a Marcel et DanielleThorel aujourd hui a la re-traite maîs toujours actifs ausem de lequipe(21 Les recherches ont etemenées par le laboratoireTheodile luniversite Lille-Nilet l IUFM du Nord-Pas deCalais et se poursuivront jus-qu en 2007l3Woir F Jacquet-Francillon(coord l. dossier «Décrire,analyser evaluer les peda-gogies nouvelles», Revuefrançaise de pedagogie

n° 153,2005W M -L Viaud. Des collegesef des lycées différents LeMonde/Puf 2005BJVoirparexempleM Fournier «Un siecle deducationnouvelle, Sciences Humai-nes n° 105, mai 2000, ou«Leducation nouvelle Liber-te, creativite, autonomie».in J -F Dortier lair], Unehistoire des sciences hu-maines ed Sciences Hu-maines. 2006(6l F Jacquet-Francillon«Principes et pratiques del education nouvelle desobjets de recherche», Revuefrançaise de pedagogierf 153 2005ITI F Dury et J Pam Chro-nique de l école-caserne1972 reed Matrice, 1998

li à de multiples tracasseries adminis-tratives, à des irrégularités capricieusesdans l'octroi des moyens qui l'ont sou-vent menacée de disparitionPrivées ou publiques, leur destin paraîttoujours fragile, Les autorisations et lescrédits alloués dépendant d'une bien-veillance on ne peut plus cyclothymiquede la part d une administration tantôtfavorable tantôt hostile en fonction desorientations idéologiques et politiquesdu moment. Jouant sur une méfiancefréquente de l'opinion publique, les auto-rités placent souvent ces écoles dansune injonction paradoxale qui consistea leur demander la réussite tout ensouhaitant leur échec, fait remarquerM.-L. ViaudD'autres difficultés peuvent surgir desacteurs eux-mêmes: équipes d ensei-gnants qui se déchirent (surtout quandles conditions de fonctionnement devien-nent problématiques), désir de pouvoiret surinvestissement de certains d'entreeux Les élèves eux-mêmes ne sont pastoujours preneurs des méthodes qui leursont proposées; certains souhaiteraient

La faible motivation des élèves, observéedans certains établissements alterna-tifs du secondaire, provoque d'ailleursun profond désarroi dans les équipesenseignantes...En fait, seules les écoles institutionnellessemblent éviter ces écueils. D'une ma-nière générale, les établissements alter-natifs qui conjuguent réussite des élèveset satisfaction des acteurs (élèves, fa-milles, enseignants] sont ceux où l'onobserve une forte cohésion des équipeséducatives, des projets structures offrantaux élèves des cadres stables, tout encultivant souplesse et adaptation.

LE RETOUR DES CHORISTES l

A l'heure où la compétition scolaire etla course aux diplômes font rage, oùune certaine demande sociale et poli-tique se fait jour en faveur du retour desblouses grises, des mises en rang ensilence et sanctif ie les internats depetits choristes terrorisés par une dis-cipline de fer, on serait en droit de sedemander si l'avenir des pédagogies

Selon Marie-Laure Viaud, les autoritésplacent souvent ces écoles dans

une injonction paradoxale qui consisteà leur demander la réussite

tout en souhaitant leur échec...

parfois se sentir plusencadrés. Lin son-dage au lycée expéri-mental de Samt-Nazaire ( fondé en1981 par Gabriel

Cohn-Bend i t ] surles motivations des lycéens a

montré que, s'ils recherchentun «autre enseignement» etd'«autres relations avec tesprofs», 5% seulement souhai-taient «plus d'autonomie etplus de responsabilités» Laliberté de prendre son destinen mam peut paraître troplourde pour certains ado-lescents, et nombreux sontles collégiens et lycéens quiréclament de «vrais cours»1

alternatives, issues des principes d'uneéducation nouvelle désormais séculaire,n est pas . derriére elles 'Pourtant, tels des résistants de petitsvillages gaulois, ces écoles différentescontinuent leur chemin cahin-caha Tantqu'il y aura des parents pour penser quel'éducation n'est pas un dressage ni unassujettissement et des maîtres pourcroire que la transmission des savoirs etde la culture passe par l'engagement del'élève dans un climat d'entraide et debienveillance.A lheure où les sociétés démocratiquesont reconnu un statut spécifique à len-fant, et devant l'échec de plus en pluspatent de lenseignement «traditionnel»à intégrer tous les élèves, ne serait-ilpas temps, enfin, de les prendre encompte ?•