30 08 14 Arret Moteur Souffrance

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prise de conscience de la situation actuelle du monde

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    Adresse du site de mon blog pour vous exprimer : http://www.la-grande-revelation.com/ ISBN : 9782954717708 Auto- Edition : (15 Septembre 2009) n 978-2-9547177

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    Parcours de l'auteur : Jacques-Grard VESONE

    N en 1949 en Limousin de parents agriculteurs reconvertis la ville - tudes catholiques traditionalistes - Rugbyman dans un club prestigieux - Dcouvre la politique en Mai 68 Etudiant la facult de Toulouse - Matre d'internat dans un collge jsuite - Monte Paris sur les traces d'Henry Miller - Commercial en articles culinaires - Cours la paroisse tudiante de Paris - Disciple de Shri Maharaji durant 6 ans dont 3 en ashram - Installation 5 ans en Alsace : commercial et publicitaire - Cadre commercial national durant 28 ans d'une PME dans l'industrie de la sant Organisateur de salons et congrs - Diverses formations lencadrement des forces de ventes et pour la gestion du stress en entreprise - Diplme de psychothrapeute - Praticien en interprtation de rves - Chaman - Organisateur de communauts de vie mditative - Organisateur de congrs pour la divulgation du channeling et des techniques pour l 'veil l'ascension - En retraite depuis octobre 2009 .

    Pourquoi ce livre ?

    CE LIVRE N'EST PAS UN APPEL A LA REBELLION CONTRE LE GOUVERNEMENT PLANETAIRE OCCULTE. C'EST UNE CONTRIBUTION A LA PRISE DE CONSCIENCE GENERALE ACTUELLE.

    Ni crivain, ni enseignant, ni journaliste, ni philosophe, l'auteur se veut libre penseur pour une nouvelle citoyennet plantaire comme le voulait lui-mme son modle Henri Miller. Jacques-Grard Vsone nous conduit sur un parcours de vie inspir par une guidance intrieure. Aprs s'tre libr de toute dpendance idologique, autant religieuse que politique, l'auteur veut, comme Montaigne, tre lui-mme l'objet de son exprimentation. Il a d pour cela suivre des matres qui enseignent le connais-toi, toi-mme .Comme tout disciple il a t appel ensuite dpasser le matre pour le devenir son tour. C'est ainsi que l'auteur nous dcrit son exprience de vie comme une cl de pouvoir. Il nous dit par exemple lavoir utilise pour sa propre russite commerciale. L'auteur n'est pas un savant rudit et il n'a aucune passion pour les tudes. Cependant sa qute effrne et impulsive lui a impos de pntrer l'obscure fort des critures anciennes et de pointer le faisceau de sa torche dans la caverne secrte du Gouvernement Occulte Plantaire . C'est l, dans une ralit tnbreuse qu'il dcouvre alors ce qu'il cherchait depuis son enfance, l'axe du monde .Celui-ci est entran par un moteur secret producteur de souffrance. Mais bien au-del, il contacte aussi l'immense centre galactique que les occultistes nomment La Source . Heureuse et lumineuse dcouverte, car cela veut dire que la Terre n'est pas soude sur son moteur actuel. Il apprend ainsi l'histoire de la vraie Gense, celle de l'homo sapiens-sapiens, le dernier Adam. Notre origine quasi accidentelle serait celle d'un noble animal captif au service d'une race galactique puissante mais biologiquement dgnre. D'origine catholique intgriste l'auteur dcouvre que le pch originel n'est qu'une invention dlibre qui induit une soumission force. Il dcouvre l'effrayante ralit des implantations psychiques. L'auteur nous montre alors comment dans la douleur du traumatisme il accepte et gurit sa lourde hrdit raciale et gntique . Il peut ainsi distiller sa part d'ombre et de monstruosit pour la transmuter en vritable eau de vie. Il ralise que toute la culture plantaire est dtourne en pense unique totalitaire au profit du Grand Grant Occulte. Il dcouvre l'existence relle d'une immense pyramide invisible de commandement. Elle est administre par des lgions de technocrates qui constituent aujourdhui le groupe des Illuminatis . Dpassant l'horreur de sa dcouverte, lauteur, accde aux dimensions suprieures de son Etre. Il devient chaman suite une initiation directe des forces naturelles. Il dcouvre le pouvoir de la communication canalise qui lui donne un libre accs aux autres plans de la cration.

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    S'tant libr de son infirmit originelle, il devient ainsi un Etre ressuscit qui peut gurir son me et communiquer librement avec son Esprit. De sujet passif et souffrant, il devient actif et crateur. Il sassocie au travail des lgions galactiques qui soutiennent aujourdhui concrtement la race des hommes dans sa libration. L'auteur devient un rsistant infiltr et ralise que telle est sa vraie nature.

    Ce qu'il pensait n'tre qu'une vie marginale et incohrente est en ralit l'action invisible et programme dun membre de l'antique Confrrie des Grands Serpents . Recevez donc ici conte dans ces pages la vie terrestre d'un Ouvrier de la Lumire notre poque, appel Grard. Il est dguis sous le masque d'un homme de la rue, appel Jacques. Vous allez dcouvrir son projet de vie, prpar de longue date, qui est de participer la libration d'une plante, en prparation dun 14 juillet galactique. D'autant plus que la France reprsente un enjeu dterminant dans le plan de libration prvu pour la Terre. Selon l'auteur les deux dernires guerres mondiales n'auraient t que des rptitions. La troisime qui fait actuellement rage sur les plans subtils sest dplace sur le terrain invisible de la biologie et des frquences molculaires. Les gens ordinaires que nous sommes tous ne peuvent pas voir grand chose parce qu'ils sont hypnotiss , chaque inspir, par l'onde soporifique diffuse par la technologie sophistique du Grant Reptilien, expert et promoteur de guerres. Ce livre dcrit un processus individuel naturel de transformation par l'veil de la conscience. C'est le temps o les chenilles terrestres deviennent papillons solaires en rponse lappel des vents du grand astre de feu. Ce rcit montre que tout homme possde aujourd'hui le potentiel biologique de matriser son volution en intgrant sa ralit vibratoire quantique et multidimensionnelle. Notre vie terrestre gotique ne se situe qu' la priphrie du centre rel de l'Etre cosmique puissant que nous sommes tous, sans le savoir. Mais pourquoi donc aujourd'hui plus qu'avant ? Parce que selon les textes sumriens, qui taient jusqu'alors absolument hermtiques, les Desses Mres Divines ont habilement insr en nous un programme effet retard permettant dactiver des brins dADN jusqualors passifs. Nous connaissons ces gnitrices sous le nom plus familier de Vierges noires. Caches depuis des millnaires dans le sous-sol, et surtout en France, ces grands Etres remontent actuellement en surface, car elles demeuraient protges dans l'espace clos de la Terre creuse, depuis sa fermeture lors du dernier dluge. C'est par la gntique des Mres Divines que nous avons t enfants, mme si ce fut dans d'affreuses conditions historiques. Toutes les statuts de Vierges noires portent bout de bras l'enfant royal et le globe terrestre. C'est l le symbole le plus puissant de notre rsurrection actuelle, nous les enfants divins . L'auteur nous dvoile tre lui-mme, aujourdhui, en troite association avec ce collectif des Mres Divines qui ont donc tenu leur promesse de ne jamais nous abandonner. En franchissant ce pas appel expansion quantique , l'humanit affirme tre une digne fille de la Trinit fondatrice de nos civilisations : Isis-Osiris-Horus, devenue aujourdhui : Marie-Mickal-Christ et aprs avoir t : Jsus-Marie-Joseph. Cette formidable histoire antdiluvienne est consigne dans les plaquettes sumriennes nouvellement traduites. Ces plaquettes d'argile dcrivent comment la reine des Desses, Isis, y ressuscite son poux assassin, le grand Osiris, le grand Serpent initiateur secret des hommes. Il est considr comme le sauveur et librateur de la race atrophie des hommes dont il se sent responsable. Il est celui qui a instruit l'humanit en cachette. Il l'a fait hroquement en opposition violente avec le belliqueux crateur biblique, appel tort : le bon dieu , et dont l'image est volontairement inverse dans tous les textes officiels. L'Histoire vraie de notre monde s'en voit ainsi justement rtablie aujourd'hui, comme prvu, la fin de ce cycle. Le temps de lApocalypse ou Rvlation est donc le bienvenu. Cest le temps dune catastrophe pour ceux qui suivent dans sa fuite le grant plantaire archaque. Telle est la faon pour l'auteur d'expliquer l'aspect miraculeux de sa propre vie, telle qu'elle va vous tre ici conte. Nous serions tous selon lui des Horus potentiels. Cette facult dite de lAscension ntait rserve jusqualors, par litisme, qu'aux seuls Elus, Saints et Avatars. Elle est maintenant accessible, vous tous, au grand public, et au grand jour.

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    Lauteur peut commencer maintenant rpondre des questions essentielles : Comment accder au Soi suprieur ? Comment crer son prsent ? Comment rectifier son karma ? Comment matriser sa transition au-del du voile de lillusion? Comment rviser un savoir altr en pense unique ? Comment restaurer la science chamanique ? Quelle est la vraie Gense ? En quoi consiste le Gouvernement Mondial Occulte ? Qu'appelle-t-on thorie du complot ? Existe-t-il d'autres civilisations et sommes-nous en contact avec elles ? Comment accder d'autres dimensions et pourquoi ?

    Ce livre nous indique comment progressivement un nouveau pouvoir naturel a germ et pouss dans la vie ordinaire de lauteur, tel un arbre solide dont il commence cueillir les fruits. En aiguisant son intuition comme moteur de recherche, il se laisse guider par son pouvoir intime, vritable cl d'une boite miracles, telle la lampe d'Aladin des contes orientaux.

    Une mise au point simpose

    Lauteur tient faire cette prcision utile :Je tiens particulirement prciser que je ne juge absolument pas les hommes qui uvrent au sein des organisations nommes dans ce livre. Qu'ils soient prtres, mdecins, pharmaciens, politiques, fonctionnaires, militaires, professeurs, membres de loges, banquiers, servant tous un systme qui seffondre, ils ne sont pas du tout l'objet de mes critiques. Ils sont tous comme moi immergs au sein dune matrice et ne sont aucunement responsables des objectifs secrets de celle-ci. Je pense mme au contraire que ce sont eux qui sont les mieux placs pour rformer le systme de lintrieur. Mon souhait serait mme qu'ils soient encourags par ce livre, l o ils se trouvent, faciliter la diffusion d'une nouvelle nergie provenant dun autre moteur dont le but ne serait plus la souffrance. Nous n'avons individuellement ni le pouvoir, ni la responsabilit de travailler directement sur le collectif politique, mais nous avons la responsabilit personnelle de nos intentions, nos penses et nos actions. La mutation nergtique de chacun rayonne en silence l o il se trouve.

    Remerciements

    Jacques-Grard Vsone prcise :Les co-auteurs de ce livre ont t sans le savoir tous ceux qui ont fait quipe avec moi dans tous mes projets. A une poque lointaine ou trs proche je n'avais aucune ide de l'issue de cette saga qui tait comme un trs long tunnel sans fin, obscur et humide, sans mme aucun puits daration. Toute ma vie ne fut jusqu' rcemment encore quune trs longue gestation laborieuse et militante. Ceux qui m'ont aid, et que je veux remercier ici, sont tous mes proches, mes anciens collgues, mes voisins, mes compagnons de groupe et parfois de brves rencontres. Volontairement je ne nomme ici aucun nom, pour ne pas les compromettre au cur d'une possible polmique. Ils mont tous apport sans le savoir une pierre pose ici. Ils ont tous t mes observateurs et rabatteurs de convictions. Ils ont t autant de cailloux pour mon petit Poucet. Pour les remercier je leur propose gratuitement mes services de passeur, s'ils avaient un jour besoin de rejoindre lautre rive de la rsistance , face au grand tyran reptilien. Je ferai une exception en nommant EVA, australienne, matre nageur en haute mer, spcialise dans l'approche des requins. Elle m'a permis de savoir apprivoiser ma panique face au grand blanc albinos . Cest un jeu de mot pour les occultistes : L'lite de nos Matres reptiliens sappelle dans les textes anciens : les Kingu-albinos ou Grands Blancs.

    Bonne dcouverte..

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    SOMMAIRE

    CHAPITRE 1- Naissance et enfance difficiles .. 7 CHAPITRE 2- Transmission paternelle robuste .. 12 CHAPITRE 3- Transmission maternelle pieuse et copieuse 15 CHAPITRE 4- Etudes classiques : une scolarit laborieuse .. 23 CHAPITRE 5- Paris tenu, ma ville Lumire 38 CHAPITRE 6 - La caverne aux dimensions subtiles 49 CHAPITRE 7- Vie professionnelle ardente et sur mesure 59 CHAPITRE 8- Chemin de Saint Jacques et des Galiciens 84 CHAPITRE 9- Sur les pas de Sigmund Freud 91 CHAPITRE 10 - La fort profonde des sciences occultes 104 101 Llectromagntisme, nerf secret de la guerre 111 102 Lnergie libre de Nikola Tesla, secret-dfense absolu 115 103 La physique quantique, cette belle-au-bois-dormant . 117 104 Le cristal de roche : la science antique disparue . 122 105 Les Annales Akashiques sous un voile dignorance . 125 106 Le chamanisme ternel aux oubliettes . .128 107 Le channeling, la communication inter dimensionnelle .. 142 108 La physiologie bride au seul plan physique ... 149 109 Les implantations psychiques, une ralit accablante ... 151 1010 Les Vierges Noires, nos gnitrices squestres .155 1011 La trs antique thorie de la Terre creuse, . 159 10-12 Archologie et prhistoire : Une censure permanente . 167 10-13 Phnomnes tabous et non reconnus ... 196 10-14 Pollution industrielle, un empoisonnement silencieux .. 212 CHAPITRE 11 - Ma vision de la scne mondiale et de la thorie du complot 215 11-1 Le gouvernement occulte plantaire 216 11-2 Les trs nigmatiques protocoles des Sages de Sion, 228 11-3 L'O.M.S. responsable de la toxicit qui endort lhumanit 243 11-4 Le trs sombre complexe international militaro-industriel 252 11-5 Cet indispensable terrorisme qui tombe pic .. 264 11-6 Un rsultat incontestable : un bilan global catastrophique 271 11-7 Le courant nouveau dune spiritualit totalement laque 275 11-8 La masse critique des ouvriers de la Lumire . 282 CHAPITRE 12- Une humanit enfin libre sur une terre nouvelle 286 12-1 La destine spirituelle exceptionnelle de la France .. 286 12-2 Une race nouvelle denfants spciaux .. 290 12-3 Une lvation naturelle de la moyenne des taux vibratoires .. 293 12-4 Enseignement de la Hirarchie Galactique .. 296 12-5 Comment ressusciter ou ascensionner ? ... 302 12- 6 Conclusion .306 BIBLIOGRAPHIE . 311

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    Je veux citer ici en premier celui qui ma montr comment ouvrir la porte de Qui je suis : Henri Miller. Ecrivain amricain inclassable il a vcu quelques annes Clichy aprs le dbarquement. Son uvre a connu un trs grand succs auprs de la jeunesse tudiante daprs guerre. Trs critique sur notre civilisation il se manifeste comme un philosophe existentialiste tendance anarchiste. Ami de Louis Pauwels, ce grand journaliste franais crateur de la revue Plante, Miller est considr comme lun des inspirateurs du mouvement libertaire des annes 60 70. Il est selon moi comme un devin inspir qui a visualis la transformation radicale et salutaire de ce dbut du 21e sicle. Le plus tonnant tant quil ait t appel prcisment par Paris pour procder sa rsurrection. Ce livre apporte un tmoignage de plus ce que Miller ne savait dcrire autrement que par une pulsion vitale crire pour cheminer vers la source de lEtre.

    Ce qui me fascine, cest que quelque chose daussi mort et daussi enterr que jtais, lpoque ait pu ressusciter, et cela, non seulement une fois, mais dinnombrables reprises. Et quen outre, chaque fois que je mvanouissais, je plongeais plus profondment dans le nant, de telle sorte qu chaque rsurrection le miracle apparaissait plus clatant. Et jamais de stigmates ! Lhomme qui est re-n est toujours le mme homme, de plus en plus soi-mme chaque renaissance. Il se dpouille simplement chaque fois de sa peau et, avec sa peau, de ses lacunes. En vrit, lhomme aim de lEsprit est comme un oignon aux milliers de peaux. Se dpouiller de la premire peau est douloureux au-del de toute expression. Ladeuxime couche est moins douloureuse, la suivante encore moins, jusqu ce que la douleur se transforme en plaisir, de plus en plus intense, un dlice, une extase. Et puis il ny a plus ni plaisir ni douleur, mais simplement lobscurit qui cde devant la lumire. Et tandis que lobscurit se dissipe, la blessure sort de sa cachette. La blessure qui est lhomme, qui est lamour de lhomme, est baigne de lumire. Lidentit perdue est recouvre. Lhomme surgit de sa blessure ouverte, de la tombe quil portait depuis si longtemps. Il renait. Henri Miller dans Tropique du Capricorne

    Voici ensuite ici rsum le message essentiel de ce livre :

    La conspiration reptilienne archaque sur lhumanit est bien plus importante quon ose mme le penser dans les milieux pourtant spcialiss. Je partage cette opinion extrme avec certains chercheurs de la Lumire. Beaucoup de personnes ignorent encore la prsence proche dune flotte spatiale libratrice, ou la nient, si bien que la confirmation imminente de cette ralit provoquera un terrible choc. Cette raction sera plus forte encore, lorsque nous apprendrons officiellement comment nous avons t si longtemps manipuls par les forces des tnbres, nos crateurs, dans leur dessein de contrler notre magnifique plante. Nous avons plac notre confiance et nos vies entre les mains de ceux qui auraient d agir dans notre meilleur intrt et qui exigent que nous les appelions Seigneurs . Vous dcouvrirez dans ce livre qu'en fait, ils faisaient tout pour nous asservir, et laborer des plans diaboliques pour y parvenir. Aujourdhui ils ont atteint leur objectif de soumission totale, tout du moins en sont-ils convaincus. Plus que la prsence dune civilisation non humaine en approche de notre plante, ce sont surtout les rvlations imminentes sur le Gouvernement Mondial Occulte qui proccupent normment nos responsables au service de linfamie. Bien que la vrit commence suinter dans le domaine public, elle est beaucoup plus vaste encore que ce que vous pouvez vraiment imaginer. Un homme averti en vaut deux. Osez aller jusquau bout de ce livre. Telle est mon invitation fraternelle.

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    CHAPITRE 1 NAISSANCE ET ENFANCE DIFFICILES, LES BASES DUN DESTIN Je suis n en 1949 Brive-la-Gaillarde en Corrze, dpartement qui lpoque appartenait la France profonde parce que les us et coutumes y avaient un sicle dcart avec la capitale. Le march de cette ville pittoresque et ses lgendaires commres ont t chants par Brassens. Comme vous allez le dcouvrir toute mon enfance a t comme un parcours du combattant. Daprs ce qui men a t rapport, ma toute premire preuve a t une naissance avant terme qui avait demand beaucoup de soins dans une couveuse. Jtais dun poids trs infrieur la normale, et mes parents prouvrent de vives inquitudes quant ma viabilit. Le systme mdical ntait pas trs dvelopp cette poque en Limousin y compris dans les cliniques et les hpitaux. Il y avait de nombreux incidents. Mais jai russi survivre en surmontant de trs graves infections et jai tant bien que mal atteint le 8me mois. A la suite dune asphyxie stoppe de justesse, le mdecin de famille sentant ma fin proche proposa mon pre un remde de cheval, cest le cas de le dire, puisquil sagissait du lait de jument. Ce lait avait selon lui un pouvoir dsinfectant trs puissant. Autant il tait utilis efficacement chez les adultes, sur un bb le remde risquait dtre fatal. Daprs lui il ny avait pas autre chose tenter. Ctait une dernire chance pour gurir mon dbut de septicmie. Jai donc bu pendant plusieurs jours du pur lait de jument la place du lait de ma mre. Et aprs quelques journes dincertitude, un vrai miracle sest produit et les infections ont cess de se manifester. Jai aussitt repris du poids et suis sorti du coma o je vgtais. A partir de l, tout a t mieux et la famille ma considr comme sauv. Ces vnements ont tellement marqu ma destine que je conois encore aujourdhui ma vie comme un processus de survie. Mon premier souvenir personnel est cependant heureux. Il se situe entre 2 et 3 ans, par un aprs midi trs ensoleill o il y avait une runion de famille autour de mon baptme. Jtais entre les mains dune sorte dinfirmire-nounou magnifique qui tait la personne qui soccupait de moi parce que ma maman avait des problmes de sant. Jen conserve encore le souvenir dun parfum dlicat base damandes douces. Dans ma mmoire cette femme est mon vritable premier et puissant amour. Cette nostalgie ne manquera pas de marquer ensuite toute ma vie affective. Cest en rencontrant, quarante ans aprs, une trs dvoue gurisseuse que je ferai par transfert une srieuse mise au point rparatrice sur cette toute premire et bien cruelle rupture affective puisque ma nounou enchante navait fait que passer telle une comte dans mes cieux. Un autre souvenir marquant est survenu lge de 3 ans quand ma mre enceinte arrivait terme de ma sur Anne. Je faisais la sieste en compagnie de maman laprs midi dans une chambre. Nous tions seuls dans la maison quand subitement le travail a commenc. Je suis rest seul avec elle pendant quelques heures tout le temps de laccouchement. Je me suis donc trouv compltement dsempar, ne sachant absolument pas ce qui se passait, ni pourquoi ma maman hurlait ainsi. Jai assist toute la scne jusqu ce que du secours arrive. Selon ma comprhension de cet ge cette sur arrivait dans un bien piteux tat. Je pense que cet incident nest pas un cas exceptionnel mais cela ma trs vite propuls dans la ralit matrielle de la vie et dans une attitude volontaire de voir les vnements bien en face. Je nai pas eu le temps de croire en la thorie de la cigogne. Rien de grave ne sest pass, tout sest bien termin, ma sur Anne est ne. Elle tait un trs joli bb et nous sommes devenus de trs bons camarades de jeux. Souvenirs davant ma naissance De cette poque l jai aussi quelques autres souvenirs fondateurs qui me semblent remarquables parce quils me propulsrent hors de cet tat de navet candide qui est attendu chez un enfant. Le soir avant de mendormir je pensais et aussi je pleurais. Javais conscience que les tres comme moi nous ntions l que de passage et jen ressentais une certaine motion vive. Je ressentais que jallais beaucoup aimer et aussi mattacher cette famille, mais quun jour il me faudrait les quitter. Je craignais donc cette preuve que je semblais trs bien connatre et que je considrais comme invitable. Jen ai parl par la suite des psychanalystes, des psychologues et mme des psychiatres.

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    Selon eux il nest pas rare dobserver chez quelques trs jeunes enfants une conscience prcoce du processus de mort. Franoise Dolto en a t le tmoin tout en choquant terriblement ses pairs de lpoque. Les trs jeunes enfants jouent aux nafs mais ne le sont pas autant quon le pense. Jai appris calculer tout seul Voici encore un autre souvenir important et qui reste comme un mystre non lucid. Ayant commenc ma scolarit dans ma 5me anne, il sest pass un petit vnement que je pense tre trs important pour comprendre mieux qui je suis : mon matre a averti mes parents que je mamusais faire des devoirs qui ntaient pas de mon ge et ce lors de contacts avec des lves plus gs. C'est--dire par exemple des multiplications et des divisions 3 ou 4 chiffres, alors que jtais en toute premire anne, cens faire des additions et soustractions simples et basiques un seul chiffre. Les lves des classes suprieures samusaient ainsi me faire faire des devoirs comme sils samusaient avec un caniche. Mon matre tait trs surpris que jarrive les faire correctement et aussi rapidement sans faute aucune. Il pensait donc que, soit mes parents, soit des lves des classes suprieures, me formaient dangereusement et il sen inquitait. Mes parents ont rpondu quils ne comprenaient rien cela et le mystre en est rest l. Ce dont je me souviens trs bien, quant moi, ctait ma connaissance inne du calcul, sans quon ne me lait jamais apprise. Je me souviens aussi que jtais donc trs ennuy dtre ainsi lobjet dune polmique dont jtais le seul en connatre la cause. Je me suis donc vite adapt cette situation trange et suis devenu ensuite quelquun de trs mauvais en calcul, c'est--dire ordinaire. Jai commenc l dcouvrir le refuge confortable dune mdiocrit scurisante et plus conforme mon statut denfant. Dans le mme domaine de lignorance des adultes envers moi jai t trs surpris quentre 5 et 6 ans mes parents se scandalisent de mes toutes premires rections, de mes petites pulsions sexuelles et de mes tous premiers dsirs. Pour moi, ctait inn comme le calcul et jtais n avec. Je me souviens mme avoir eu des attitudes prcises avec les petites copines qui montraient que javais dj une bonne connaissance de la pratique des relations sexuelles. Comme pour le calcul jai vite compris que mon intrt tait de maligner sur le statut correspondant mon ge, c'est--dire lignorance. Je me suis donc passionn ensuite pour les jeux de billes qui ne posaient plus aucun problme. Mais javais bien compris que qui jtais vraiment ntait pas compatible avec le monde o jtais n. Le plus important tait de le savoir et de laccepter. A travers ces vnements de mon enfance, je commenais me rendre compte que je rentrais dans un monde o javais besoin dajuster mes aspirations parce que ce dernier ntait pas fait sur mesure pour moi. Cette exigence dadaptation permanente sest trs vite impose, jusqu devenir unedeuxime nature secondaire, avec le risque aussi de perdre la vraie, celle dorigine. Jai ainsi consacr beaucoup dnergie durant toute ma vie ne pas trop me dnaturer tout en tant immerg au cur dactivits multiples qui me demandaient toutes que je devienne un autre. Cette volont de rester fidle mon origine naturelle, participe ici encore aujourdhui aux choix des ides de ce livre. Jai du plaisir numrer tous ces premiers souvenirs denfance parce que la vie dun petit dhomme nest pas toujours celle que lon voit dans les apparences. La logique de lobservation des parents, des pdiatres et des professeurs ne correspond pas toujours exactement ce qui se passe dans la tte dun enfant. En tous les cas ctait mon cas et jai commenc avoir trs tt des interrogations en comprenant que mes parents et mes professeurs ne savaient pas tout de moi et que javais en quelque sorte ma propre ralit personnelle. Jai ainsi dcouvert trs tt la face cache de notre vie en socit. Comme vous allez le dcouvrir cest le fondement des ides de ce livre. Mon atelier ciel ouvert Javais une habitude jusqu un ge trs avanc dobserver le ciel, de jour comme de nuit. Jobservais tout ce qui se passait en haut et plus particulirement la nuit les toiles quand le ciel tait dgag. Je me sentais comme attir par ces petites lumires vivantes. De la mme faon passionne jobservais longuement aussi les animaux, les plantes, les insectes et mme les cailloux qui me semblaient dune varit de formes infinie. Je cherchais deviner leur histoire. Je pense que ce nest pas rare chez un enfant mais je pense que ctait trs dvelopp chez moi puisque les voisins et les autres parents le faisaient observer souvent aux miens en disant :

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    vous avez vu, votre enfant est trs contemplatif, est-ce bien normal dtre ainsi toujours dans la lune ?. Certes je ntais pas aussi passionn par les activits humaines ordinaires et a se voyait. Je me souviens que cette diffrence me rjouissait et commenait me dfinir. Aujourdhui encore, jen ai un souvenir trs agrable qui va jusqu la fiert. Pour tout dire je crois que cette passion na pas diminu, mme si je ny accorde plus le mme temps. Je crois que je ne me posais pas trop de questions lpoque mais javais simplement un vif plaisir instinctif observer la nature. Jtais comme en communion avec elle. Je crois que cest ce mme regard attentif qui ma amen observer plus tard ltrange activit humaine en commenant par lcole. Le grand jardin derrire la maison tait mon territoire. Il men fallait bien un. Je pouvais, comme beaucoup denfants, y jouer longtemps et y pratiquer mes observations. Quand je ntais pas occup des obligations familiales, je pouvais rejoindre les chats et aussi les chiens de chasse de papa. Dans ce jardin il y avait beaucoup dinsectes, de fruits et de lgumes. Mes cinq sens y taient toujours en alerte. Il y avait en plus de grandes volires avec une basse cour complte digne dune grande ferme. La sonnerie de mon rveil matin tait ainsi compose de chants multiples et varis. Ce fut longtemps mon petit paradis, mon jardin dEden personnel. Cest srement l que jai commenc chercher comprendre comment pouvait tre celui de la bible et cette poque aussi que je me suis pos les premires questions sur les grands jardiniers de la cration. Je mallongeais, quand le temps le permettait sur la petite pelouse dherbe rustique. Couch, la tte dans les nuages, jobservais tout ce qui passait, que ce soit des oiseaux de plumes ou aussi parfois ceux de mtal car il y avait un petit aroclub non loin. Je regardais les tranes des grands avions de lignes qui sillonnaient trs haut. Quelle intense activit dimaginer leur destination. Je contemplais aussi les astres et en premier la gentille lune de mon ami Pierrot. Javais conscience de ce qutait la grandeur du ciel et aussi de ce qutait la plante ici o javais un jour atterri. Javais conscience quelle tournait comme un mange, que les astres tournaient aussi, et plus que des interrogations ctait une profonde admiration et une contemplation de ce qutait la nature entire. Je dirais que cette passion tait une source de stabilit et de plaisir qui mapportait simplement la joie. A loppos par contre le contexte familial et social me paraissait dj trs nigmatique et javais dj dans ces premires annes une sorte de conscience religieuse, culturelle et mme politique, ce qui peut paratre trs trange puisque je navais reu encore aucun enseignement formel. Je feuilletais les pages du journal LIllustration comme une bande dessine. Je me trouvais ainsi plong quotidiennement au cur de cette passionnante premire guerre. Je suivais de mme les infos radio en direct sur les guerres dIndochine et dAlgrie. Je commenais choisir mon camp. Pour justifier aussi un peu cet veil trs prmatur, je dirais que le contexte familial dans lequel jtais n, surtout du ct maternel, tait un contexte trs religieux quon dirait maintenant intgriste et politiquement trs droite avec la ncessit dune ducation trs stricte et formate. Je ne lai pas refus mais il me fallait absolument comprendre pourquoi tant de rigueur ? Les consquences de cette ducation extrme taient que par exemple nous avions interdiction dadresser la parole ou de lier amiti avec les quelques familles communistes qui vivaient dans le quartier. Il y avait de mme un couple dhommes homosexuels et il tait strictement interdit que nous ayions le moindre geste de sympathie envers eux. Bien videmment ma sur et moi trouvions passionnant de faire le contraire, par principe. Il y avait aussi, travaillant la poste, quelques fonctionnaires croles qui venaient des les, Martinique, Guadeloupe ou aussi de La Runion. Ils vivaient dans le quartier et nous avions de mme une totale interdiction de leur adresser la parole. Je ne comprenais absolument pas le risque encouru. Je trouvais cela bien mystrieux, et sans que je ne puisse my opposer, je ne me trouvais pas trs rassur par ces interdits non justifis. Ctait bien entendu la France profonde de laprs-guerre dans les annes 50. Il y a eu surtout dans ces annes l, dans cette Corrze somnolente, un fait divers explosif et pour lequel ma maman a eu un rle central. Cest le bien triste procs du cur Besse. Il a t mon premier vrai et grand sujet de rflexion, ne serait-ce qu cause de la polmique passionne quil engendra durant de nombreuses annes dans tout le bas Limousin. La vie mme de ma mre en fut radicalement bouleverse jusqu sa mort et donc la mienne aussi. Cet vnement local a eu de grandes consquences nationales et internationales puisquil fut lorigine de la nomination de Monseigneur Lefvre Tulle.

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    Cet vque excommuni, la personnalit hors norme, a t ensuite le fondateur du mouvement catholique intgriste international tout en sopposant au Vatican. Voici ici quelques explications de cet vnement trs intressant plus dun titre. Le procs Besse sous lombre intgriste de Monseigneur Lefvre Jusqu son mariage tardif 40 ans, ma maman avait pass toute sa belle jeunesse dans le grand manoir de mes grands-parents dont elle tait devenue le rgisseur temps plein, aprs avoir suivi quelques tudes chez les Bonnes Surs de Brive. Ce trs beau chteau prs de Collonges la rouge est au carrefour du Limousin, du Quercy et du Prigord. Il est situ non loin de la rivire Dordogne et quelques kms de Rocamadour. Cest une grande btisse du 15e sicle flanque de quatre belles tours. A lpoque la proprit possdait une trs grosse ferme attenante avec un grand cheptel et quelques cent hectares de terres et fort. Mais la rvolution agricole des annes 30 rendait trs difficile la rentabilit de lexploitation en son tat. Donc ma maman a eu une vie intensive dagricultrice dans cette poque trouble davant et daprs la guerre. Sa vie quotidienne tait trs dure et les distractions taient trs rares. Ses seuls loisirs et sa vie culturelle se limitaient servir la paroisse en soutenant son robuste cur, un homme fort et dynamique qui contrlait dune main de fer les pratiques religieuses imposes de cette commune. Javais eu loccasion de rencontrer une seule fois ce prtre appel Besse. Il avait ce jour l arrt autoritairement lautomobile de mon papa. Il stait plaint que ma mre ne vnt plus confession. Il lui fut rpondu simplement quelle se confessait trs rgulirement dans la ville o elle vivait depuis son mariage. Mais, parce quil tait selon lui son confesseur attitr, cet homme dEglise voulait continuer avoir une telle relation avec elle. Jtais un peu surpris de voir mes parents aussi intimids face cet homme en noir qui penchait sa tte menaante la portire de la voiture. Les choses ne sen sont pas arrtes l puisquelles ont trs mal tournes dans les mois suivants. Un norme scandale a clat, non seulement dans la commune mais dans tout le dpartement, je dirais mme jusqu plusieurs dpartements lentour et mme jusqu la France entire et jusqu Rome. Ce cur a t arrt par la gendarmerie la fin de sa messe dominicale et il a t mis 5 annes en prison aprs un procs retentissant o il fut condamn pour pdophilie et abus sexuels sur adultes. Si jai t directement concern par ce scandale et ce procs dans ma petite vie denfant, cest que le tmoin charge principal de laccusation tait ma propre maman. Cette affaire devint le principal sujet des conversations entre les gens de la ville comme de la campagne. Son droulement fut longtemps couvert par la presse rgionale. Pour certains ma propre maman tait celle par qui le scandale tait arriv, se demander mme de qui taient ses enfants ? Pour dautres elle navait fait que son devoir. Elle avait t assurment la personne qui avait t la plus proche de linculp. Ce qui se serait pass, et la fin ce que je crois, cest que cet homme dglise avait tabli une sorte de droit de cuissage institutionnel sur les femmes de la commune et les prenaient en confession rgulirement quitte se dplacer lui-mme dans les fermes et sisoler dans les chambres avec elles. Jai cru comprendre quun certain nombre de femmes staient ainsi soumises cette pratique expiatoire. Pour reprendre les propres mots de ma mre qui se sentait solidaire de ses voisines, lintention de ces dvotes tait dadoucir la rudesse du clibat de leur excellent cur. Selon ma mre sa foi tait toute preuve, mais son caractre puissant lui interdisait le clibat. Il semblerait que les hommes de la commune ont voulu ragir cette situation mais ils ont tous pli sous lautorit et les menaces de cette autorit divine qui tait en plus physiquement trs puissante. Il a ainsi corrig plusieurs fois et devant tmoins, y compris dans lenceinte de lglise, des maris qui se rebellaient contre ces pratiques humiliantes pour eux. Cette arrestation et le procs qui suivit ont t loccasion pour beaucoup de tmoins de sortir de leur passivit et de vouloir tmoigner aussi. Mais il y a eu bien videmment de fortes pressions de la part des autorits clricales pour empcher que les tmoignages puissent aller jusqu la dposition. La raction de ma mre a t alors inverse, elle voulut dire la vrit, toute la vrit. Un dtail trs important pour moi est rest grav dans ma mmoire. Jai vu arriver un jour, chez nous, dans une grande voiture noire avec chauffeur, lArchiprtre de la ville de Brive. Il tenait absolument voir ma maman en priv. Compte tenu de limportance du personnage dont le nom sonnait dj mes jeunes oreilles, je devais avoir 5 ou 6 ans, je me suis cach sous la table du salon, curieux de savoir ce qui allait tre dit.

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    Jai senti instinctivement que jassistais un vnement important pour notre famille parce que solennellement larchiprtre a dit ma mre ceci, en rsum : Elle tait une bonne croyante trs lie lglise et elle lavait bien servie jusqualors. Il lui en serait tenu compte lors de son jugement dernier, elle navait aucune crainte avoir. Mais il devait lavertir quelle risquait lexcommunication ad vitam aeternam si elle tmoignait comme prvu au procs sur les faits dont elle avait t le tmoin et la victime. Selon lArchiprtre la justice de Dieu ne concernait pas celle des hommes et vice versa. Ma mre que jai sentie trs choque par la menace non dguise garda longuement le silence avant de rpondre quelle ferait selon sa conscience et quelle allait prier et rflchir cet avertissement. Moi ce qui ma surpris ctait le ton trs solennel, autoritaire et mme menaant du prlat. Cet homme en uniforme venait chez nous menacer ma maman au nom de Dieu. Mme si lon est trs jeune a laisse rflchir. Ce que je fis, jusqu ce jour encore. Donc le procs a eu lieu, mais huis clos, et personne ne sait ce qui a t vraiment dit. Jai mme voulu rcemment avoir accs aux minutes du procs en crivant la Prsidente du TGI de Tulle et jai eu une fin de non recevoir. Ce qui ma beaucoup surpris. A ce jour je nai toujours pas une connaissance exacte de ce qua dit ma mre. Jai su cependant par la presse, par le voisinage et par ma mre elle-mme que ctait bien elle qui avait apport le tmoignage le plus important. Ctait elle qui lavait fait tomber. Dans les mois et annes qui ont suivi, concernant son tmoignage au procs, notre mre a parl dune sorte de pratique sexuelle impose en guise de pnitence. Les chtiments consistaient soit en de simples fesses pour les pchs les moins graves, soit en des relations plus pousses avec lofficiant. Ces pratiques ont t par la suite tendues aux enfants, les innocents fruits de ces paysannes, pcheresses mais repenties. Notre mre portait avec trs grande fiert son prnom, Marie Madeleine. Sa soif de repentance tait grande, mais ce procs avait dclench comme un choc dans sa tte et une prise de conscience en a suivi. Selon elle, ces femmes, y compris elle-mme, avaient eu tort de laisser faire ainsi et lglise avait eu une raction incomprhensible en empchant les tmoignages. Elle ne croyait donc plus en lEglise et peut tre non plus en elle-mme aussi. A partir de ce procs et de sa sentence, les consquences furent nombreuses et considrables pour tous. Une partie importante de la vote tait tombe sur les fidles et il fallait bien reconstruire. Ma mre en a t tellement affecte quelle nest plus jamais sortie de sa maison jusqu sa mort. Il y avait une telle diffrence entre sa confiance en lautorit religieuse et ce quelle en avait constat. Sa vie sest arrte l, comme si elle navait plus aucun repre. Elle sest laisse aller pour schouer comme une pave sur la grve. Elle a continu cependant avoir une pratique religieuse minimum, soit en faisant venir un prtre, soit en regardant la messe la tlvision. A travers ce quelle a vcu lors de ce procs, quelque chose stait cass dans sa vie justifiant quelle refuse de participer ensuite la vie sociale en ne sortant plus de son domicile. Si je dcris largement ce fait divers cest quil a t pour moi comme un premier socle bien solide sur lequel sest dvelopp de faon prcoce mon besoin de rflexion sur ce qutaient en gnral les autorits religieuses dans le monde o je vivais. Il est certain que les consquences sur ma vie de cette histoire ont t dterminantes. Ces vnements mont fait me poser prmaturment de nombreuses questions essentielles concernant lordre social et les institutions le reprsentant. Ce procs a eu de nombreuses autres consquences plus larges. De trs nombreux prtres de la rgion se sont maris dans les annes qui suivirent. Certains taient des professeurs du collge religieux o je faisais mes tudes. Une grande proportion a quitt lglise. Tout le dpartement trs agricole et catholique a t secou par ce scandale qui apportait de leau au moulin des ides communistes et anticlricales. Larchevque de Paris, voyant que le dpartement drivait avec des glises vides et des participations rduites au denier du culte, envoya en mission rformatrice Monseigneur Lefvre connu pour sa rigueur et sa connaissance du dogme. Jai un souvenir de lui parce qu de nombreuses reprises je suis all le voir avec ma famille et des voisins. Les foules se dplaaient en masse pour couter ce grand tribun de Dieu qui allait remettre les pendules lheure. Bien quil y ait longtemps, je me souviens encore clairement de ses prches enflamms et en particulier de son avertissement aux croyants du risque de perdre leur me sils relchaient leurs pratiques. Il exigeait la messe rgulire, de mme que la confession, le poisson du vendredi et la stricte observance de la morale chrtienne. Il rappelait la liste des pchs mortels fermant laccs au paradis. Il appelait la prire et la pnitence comme au soutien financier de lEglise.

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    Je me souviens que ces rassemblements drainaient tellement de population que les glises taient pleines. Des haut-parleurs installs sur des voitures relayaient des sermons interminables martels par lEvque sorti sur le parvis, micro en main, et juch sur un promontoire de fortune. Je me souviens de son habit majestueux et scintillant, de sa crosse, de sa mitre et de son regard de braise. Je me souviens en avoir frmis parce que jtais conscient malgr mon trs jeune ge que, dans une partie cache de ma mmoire, je connaissais bien ce genre de harangue vcue en dautres temps. Mon entourage subjugu me poussa plusieurs fois genou pour que je baise son anneau de pouvoir. Cette soumission force ma bless et je me souviens avoir ressenti comme un refus refoul que jassociais la mme rvolte que celle entreprise tardivement par ma mre. Avec cette diffrence que pour moi ma vie commenait tout juste. Pour la petite histoire, le grand schisme mondial a alors dbut parce que Mgr Lefvre a eu un trs grand succs en Corrze. En quelques annes il a invers la tendance des prtres se dfroquer et se marier. Il a remis de lordre dans toutes les institutions catholiques et il a fait en sorte quune bonne partie des fidles reviennent une stricte pratique rgulire. Fort de son brillant succs lEvque excommuni refusa ensuite de suivre La Curie Romaine dans les rformes du concile de Vatican II. Il fondt le mouvement catholique intgriste international dont le sige est en Suisse. Cet ordre est encore aujourdhui actif dans beaucoup de pays doccident. Le Bienheureux Pierre du Moulin Borie Je dois signaler enfin dans ce mme registre du fondement de mon image de lautorit que paralllement ces vnements il y avait notre domicile un objet trs particulier qui possdait une autorit incontestable sur la famille. Il ma longtemps beaucoup impressionn. Il sagissait dun simple cadre en bois dor de dimension modeste. Il contenait le portrait au fusain dun saint de lglise qui a t batifi dans les annes 1800. Il sappelait Pierre du Moulin Borie. Il tait un cousin de la famille maternelle au 19e sicle. Ma mre ne lavait pas connu, mais ses parents lui en avaient beaucoup parl. Il tait comme le grand protecteur spirituel de notre famille et la grande fiert de maman. Pierre du Moulin Borie tait pre missionnaire. Il tait n en Corrze dans la petite ville de Beynat quil aurait, parait-il, protge de la destruction prvue par la division allemande qui a svi Tulle et Oradour sur Glane, avec les massacres que lon sait. Il avait contribu vangliser le Tonkin. Il est devenu un hros car il a t dcapit Phnom Penh lors dune rvolte o les catholiques ont t perscuts. Aprs son dcs, il a bnfici dune procdure romaine qui lui a attribu le titre de Bienheureux et il a ensuite t sanctifi, bien plus tard, dans les annes 1980. Ce portrait sigeait dans ma chambre et me regardait fixement tous les jours de mon enfance. Jai entretenu avec son doux regard une relation trs chaleureuse. Je ne fus donc pas surpris lorsque maman me dclara un jour, comme un secret, que javais t mis sous sa protection. Je vous conterai bien plus loin de quelle faon jai dcid un jour de me librer de ce lien ts particulier afin de pouvoir tourner une page.

    CHAPITRE 2 TRANSMISSION PATERNELLE ROBUSTE ET CHAMPETRE Concernant mon hritage paternel jai longtemps sous-estim la richesse des valeurs qui mont t transmises. Jai enfin pris conscience du ct indispensable pour moi de cet hritage gntique. Je le ressens certes comme trs loign des valeurs reues de ma branche maternelle. Cette hrdit paternelle ma apport une stabilit physique confortable concernant mon projet de vie, tel que je le ralise aujourdhui. Mon pre tait une personne discrte, simple, sensible et pleine de bon sens. Dnu de toute recherche culturelle, artistique et intellectuelle, sa divinit lui tait Dame Nature. Il tait jusque dans lme, pcheur, chasseur et mme braconnier loccasion. Il tait trs amateur de sport et de rugby en particulier. Ctait un trs bon vivant qui faisait voler les poules au passage en trombe de sa Citron dcapotable rouge. Il tait comme celui quon voyait lpoque sur la rclame avec son charpe au vent, son bonnet de cuir et ses lunettes lui mangeant le visage.

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    Aprs un sjour Paris avant guerre, poque o il exerait le mtier de chef de rayon chez Flix Potain, il tait redescendu en Corrze o il excella jusqu sa mort comme reprsentant en picerie fine et surtout dans le domaine des beurres et fromages. Mon pre a eu une longue vie secrte de clibataire endurci et ne sest mari que trs tardivement, un peu par la force des choses, parce quil tait de mauvais got de rester indfiniment seul dans ces annes-l. Lopportunit sest prsente lui sur un plateau dargent lorsque mon grand-pre maternel lui a fait une proposition que je dirais presque commerciale, en tant que voisin. Il avait sa fille marier, vieille fille elle aussi, ressemblant plutt Cendrillon, mais trs bien dote, avec le chteau et sa ferme en prime. a ne se refuse pas disait-il. La ngociation est alle rapidement jusqu son terme. Ma mre na pas eu grand-chose dire. Ctait la coutume cette poque en Corrze. Sans mchancet aucune, je crois bien que mon pre na jamais t le prince quelle attendait ? Mais une fois encore et jusquau bout elle avait fait son devoir et devait vivre cette expiation pour soutenir la croix et pouvoir accder enfin plus tard son paradis. Sans men rendre compte, jai donc hrit de cet aventurier champtre cette nature optimiste et affranchie qui me caractrise. Je maperois que cela a t lorigine de cette solidit qui ma permis de traverser beaucoup dpreuves avec presque de la joie. En tant que chasseur, mon pre aimait beaucoup les chiens et jai grce lui pu mieux connatre ce noble et fidle compagnon. Mon papa tait un chasseur de petit gibier : livres, lapins, faisans et perdreaux. Il mamenait trs souvent avec lui et ctait loccasion de dcouvrir la fort, la campagne et les fermes, travers ces merveilleux sentiers des Causses de Corrze et du Quercy. Les Causses sont des rgions calcaires o le sol absorbe trs facilement la pluie et lhumidit. En toute saison le randonneur a toujours limpression que le terrain y est sec. La vgtation est une sorte de garrigue compose essentiellement darbustes et de petits chnes rabougris. Le paysage y est parcouru par un rseau infini de merveilleux petits chemins blancs et poudreux. Les parcelles agricoles sont spares par des murets bas faits de pierres sches sans jointure et qui sont appeles lauzes . Les bergers dantan montaient facilement avec ce matriau des huttes la forme oblongue appeles bories . Il en reste encore quelques beaux spcimens bien conservs. Ces paysages de Causses me rappelaient les photos et les dessins que javais vus chez tante Cline dans sa bibliothque et qui reprsentaient la lointaine Palestine. Ma surprise fut immense lorsque jappris bien plus tard que de nombreux disciples de Jsus taient venus directement sinstaller l dans ces Causses aprs avoir remonter le sillon rhodanien. Pourquoi faire un tel voyage ? Et surtout quel rapport avec les vnements qui furent lorigine de lre chrtienne ? Comment un tel secret a-t-il pu chapper aux historiens ? Ce nest que rcemment que jai pu lever le voile sur ce mystre jalousement gard par les thologiens. Les dieux du stadede rugby Je suis enfin reconnaissant aussi mon papa de mavoir initi ce noble sport dquipe quest le rugby. Jai eu le plaisir de le transmettre mon fils qui la lui-mme retransmis mes deux petits enfants. Cest un sport trs ducatif qui fait appel dimportantes qualits essentielles pour la vie en groupe. Jai commenc la pratique du rugby 14 ans au sein du prestigieux club de Brive-la-Gaillarde/Corrze, nomm aussi : C.A.B. Jy suis rest jusqu lge de 20 ans. Jai fait aussi partie, pendant quelques annes, du Club de rugby de la Facult de Toulouse o jai eu le privilge de ctoyer llite des joueurs de lpoque. A la mme poque aussi, Toulouse, dans le collge o jtais matre dinternat jai eu le privilge de pouvoir coacher de jeunes lves qui voulaient pratiquer ce sport. Ce fut le cas de lun deux devenu trs mdiatique aujourdhui : Dominique de Villepin dont je conserve un souvenir particulier comme vous le dcouvrirez plus loin. Qui dit rugby dit surtout mle. Des psychologues ont attir mon attention plus tard sur le fait que le cur du jeu de Rugby est la mle ferme. Issue de lancien jeu de la Soule, elle symbolise la matrice sous tension et le ftus conqurant, ou ballon ovale, cherchant sortir. Pour ceux qui ne le savent pas 16 joueurs sy affrontent, 8 contre 8, ttes baisses et poussant le plus fort possible. Les deux premires lignes supportent une pression colossale. Chacun des piliers reoit ainsi sur ses paules, durant une demi-minute, lquivalent de 80 120 kg de pousse, soit 40 60kgs par paule. Le nombre de mles durant un match est de lordre de la vingtaine.

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    Jai personnellement ador ce poste qui demande des qualits de rsistance et dabngation digne dun mineur. De l lexpression aller au charbon pour arriver extraire le ballon ou le faire accoucher. Nest-il pas remarquable quaprs une naissance plutt complique, jai consacr des annes de ma vie jouer pour savoir extraire facilement les ballons de cette mle. Beaucoup plus tard jai compris combien les automatismes et qualits du rugby mavaient aid face aux preuves dans ma faon de rsister, de voir la vie comme un dfi et de savoir aussi porter des responsabilits sur mes paules. Pour terminer ce paragraphe rugby je ne peux que conseiller tous les parents qui veulent donner toutes les chances de russite leurs enfants, de ne pas hsiter associer le sport et les tudes. Lindispensable connaissance de soi peut commencer avec le sport si lenfant bien sr accepte cette voie. Je ne cacherai pas le ct sombre que peuvent craindre les parents. Jai moi-mme franchi la ligne rouge des excs de la 3me mi-temps et je reconnais que jai commenc l dcouvrir une bien trange protection personnelle. Moi-mme et un nombre important de mes copains avons eu des accidents en tat dbrit trs avanc. Beaucoup trop sont morts ou rests fortement handicaps. Je reconnais que chez moi cette pulsion croquer la vie pleines dents ma conduit rapidement lalcoolisme et tous les problmes annexes. Ce que jai constat cest que je suis pass sans dommage trs prs dincidents de toute sorte telles de violentes rixes par exemple. Jai bnfici miraculeusement dune protection qui ma toujours surpris. Jai pens au dbut que javais beaucoup de chance avant de dcouvrir quelle nexiste pas. Dans ce dbut de ma vie de jeune homme je navais pas encore pris conscience de cette prsence subtile en moi qui mavait guid depuis ma naissance et qui nallait jamais cesser de veiller sur moi. Comme vous allez le voir en dtail dans le chapitre suivant, si ma mre ma sensibilis la nocivit fatale de la culture catholique dcadente, mon pre quant lui ma donn les ressources pour faire face aux preuves que comportait un projet de vie qui mtait encore compltement inconnu. Si je me comparais un arbre ma mre maurait donn les branches et mon pre les racines. Les 100 familles capitalistes de Papa Culturellement papa ne stait donn aucun moyen lui permettant de faire des choix car il navait aucune connaissance. Politiquement il tait bien incapable de choisir aussi son camp. Je crois mme quaprs la guerre de 39-45, ctait trs difficile pour lui de se situer parce quil navait jamais pris parti ni pour Ptain, ni pour la rsistance. Il ma transmis cependant une bien curieuse croyance politique ramene de ces annes parisiennes. A savoir une thorie extravagante qui disait quil y avait une centaine de familles capitalistes trs puissantes qui possdaient en secret la totalit de largent du monde. Ils se runissaient pour prendre toutes les grandes dcisions telles que les guerres, les crises financires, les grandes lections et mme les grandes pidmies. Ctaient eux les Matres du monde au dessus des religions et des tats. Papa donnait du crdit cette hypothse parce quil avait fait son service militaire et le dbut de la guerre la frontire Suisse. De par sa fonction dinformateur, il aurait t le tmoin de transactions en tout genre prouvant cela. Ma raction lpoque tait que je ne retrouvais pas cette thorie dans aucun de mes livres dhistoire et que les personnes savantes de mon entourage clataient de rire en entendant cela. La rponse la plus acceptable qui mait t faite tant que les communistes montaient ce genre de propagande pour justifier leur internationale socialiste et venir sauver le monde. Compte tenu de la pauvret culturelle de mon papa je nai donc jamais apport aucun crdit sa croyance. Elle provoquait de plus chez lui et envers tous les hommes politiques un extraordinaire mpris qui navait dgal que la mfiance quil avait aussi pour lensemble du clerg. Comment aurais-je pu deviner que je dcouvrirai moi aussi, cinquante ans aprs, la trs grande sagesse de cette croyance ? Cette connaissance trs sotrique lui a malheureusement cot trs cher, jusqu le ruiner. Comme il tendait aussi ses suspicions au systme bancaire, il avait fait tous ses placements auprs de particuliers, dentreprises, dhommes daffaires, agents immobiliers et autres escrocs qui poussaient cette poque en Corrze comme des champignons. En consquence et rgulirement une partie de son patrimoine tait dtourn. Ces pertes provoquaient chez lui le besoin impratif de se refaire avec des taux plus levs et plus risqus encore. Son pargne relativement importante au moment de son mariage avait presque entirement fondu quand il est mort, alors que ma sur Anne et moi tions devenus adultes.

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    Cette erreur de gestion chronique, allant jusqu la disparition du patrimoine familial a reprsent un problme majeur que nous navons jamais pu compltement rsoudre. Dit autrement, ma sur et moi avons d toujours travailler dur et gagner notre pain la sueur de notre front, alors que nous aurions pu tre aiss comme tout le reste de la famille. Je dirais que concernant mes deux parents, sans vouloir les juger, je ne pouvais que faire le triste constat suivant : autant ils avaient t laise dans la socit rurale qui sachevait, autant ils ne comprenaient absolument rien au monde moderne et amricanis daprs guerre. Cette inadaptation quotidienne a constitu pour eux une sorte de fin du monde qui les a plongs dans une profonde tristesse jusqu la dpression et mme la mort pour mon papa. Ma sur et moi avons instinctivement choisi lexil pour ne pas tre contamins par ce mal trop contagieux. Nous sommes donc monts Paris comme beaucoup de jeunes provinciaux. Le ct positif de cette faillite tait que nous avons essay de comprendre ce qui nous tait arrivs. Nous avons ainsi relativis ce drame car cet extraordinaire chec ntait pas le fait de nos seuls parents, mais aussi celui de toute une partie de cette ancienne socit agricole traditionnelle qui avait sombr en quelques annes. Lactualit ma donn alors entre les annes 80 2000 un trs bel encouragement pour oprer une rparation et un retournement de situation. Jai suivi lexemple dun jeune homme dont le profil tait identique au mien. Il tait aussi n Brive, la mme poque, nous avions frquent le mme club de rugby, des coles voisines et nous connaissions les mmes gens sans nous connatre intimement. Issu dune famille corrzienne, catholique, bourgeoise et aise, tout comme pour moi, sa mre avait t malheureusement bannie du clan familial pour non respect de la morale chrtienne. Contrairement moi ce garon tait de pre inconnu. Sans le sou, la mme anne que moi, il tait mont Paris pour tenter sa chance dans le music-hall. Il est devenu Patrick Sbastien. Son parcours ensuite, bien que trs diffrent du mien, ma inspir pour ce qui est de la russite dans mon projet tel que vous allez le dcouvrir.

    CHAPITRE 3 TRANSMISSION MATERNELLE PIEUSE ET COPIEUSE Autant dans le chapitre prcdent, jai voqu combien lhritage paternel avait t simple et naturel, autant lhritage culturel de ma mre tait du domaine religieux et politique. Sur plusieurs gnrations aux 18e et 19e sicles, mes anctres maternels ont fait partie de la bourgeoisie agricole rgionale. Aujourdhui les notables sont de grands fonctionnaires citadins, ils sont dans la finance, lindustrie ou la fonction publique. A cette poque la bourgeoisie tait essentiellement constitue de gros agriculteurs avec dimportantes proprits. Le dbut du 20e sicle jusqu ladeuxime guerre mondiale a connu dans toute lEurope le dclin de cette caste. Ma mre ayant donc longtemps vcu dans le manoir de mes grands-parents, cest toute cette culture traditionnelle, dcadente et conservatrice que nous avons reue. Comme notre Maman tait trs fire de possder une carte de membre des lgionnaires ptainistes, jtais trs curieux de savoir ce qutait ce corps dlite. Pour mieux comprendre ce qutait le choix de maman, jai d y rflchir beaucoup parce que personne autour de moi, cette poque, ne voulait mexpliquer en quoi consistaient les valeurs du ptainisme. Ctait un tabou qui mattirait dautant plus encore quil tait obscur. Le contexte de lpoque favorisait certes lopacit. Le chteau du Peuch, manoir o tait ne maman comprenait quelques 100 hectares de terres. Il tait devenu comme une sorte de musee de lhistoire de France et de la famille. Y demeuraient encore le dernier mtayer, quelques vieux engins agricoles, un cheptel en dclin, quelques moutons, des porcs et de la volaille. Non seulement les pices taient pleines darmes depuis les guerres napoloniennes, mais aussi pleines de cadres, de journaux et de photos jaunissantes. Dans la bibliothque stalait le journal lIllustration qui commentait en dtail la guerre de 14. Il tait magnifiquement reli par tome. Il y en avait une bonne vingtaine. La passion que jai eu dvorer tous ces documents entre 8 et 12 ans mtonne encore beaucoup aujourdhui. Ce qui ma tout de suite surpris dans cette dcouverte, ctait la barbarie et la monstruosit du conflit.

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    La question que je me posais alors tait : Pourquoi ? Rien dans ces pages ne lexpliquait. Jai compris trs vite que la seule ambition allemande de conqurir lEurope en concurrence avec leurs cousins de Londres ne justifiait pas de tels massacres aussi barbares et dans une guerre aussi totale o le terme de guerrier tait remplac par celui de chair canon. Il y avait l dans ces pages un mystre qui me fascinait. Par contre je commenais bien comprendre lorigine de cette idoltrie pour le Marchal. Il tait devenu le hros de maman comme le catcheur Batista est celui de mon petit fils qui a 8 ans. Le mariage des grands parents Les heures passes flner et rvasser dans ce manoir ont t comme les pages dun vritable livre de contes et lgendes o jai nourri ma curiosit. Non seulement lhistoire de France y avait laiss des traces, mais aussi celles de mes anctres dans leur vie prive. Ce qui tait remarquable, tait la domination des hommes et la discrtion subtile des femmes. Ce ntait pas la particularit de ce manoir, ctait la norme sociale depuis toujours. Etait affiche l sans complexe cette dictature masculine qui rduisait le pouvoir des femmes aux taches secondaires. Ce qui ma paru le plus monstrueux tait la faon dont mon grand-pre a pous ma grand-mre de la mme faon que leur fille a t amene pouser mon pre. Cela a beaucoup influenc mon regard sur notre socit daujourdhui et cette tentative encore bien illusoire de libration du sexe faible. Mon grand-pre qui avait fait une carrire militaire jusquau grade de Lieutenant tait revenu entre les deux guerres exploiter la proprit. A la trentaine il a t question de le marier avec le meilleur parti possible. Une fois lan, le btail partait sur les routes jusqu la Prfecture pour y tre vendu. Ce voyage prenait 10 bonnes heures et le dplacement stalait sur 2 ou 3 jours. Pendant une foire mon arrire grand pre a eu une ngociation avec lune de ses connaissances, Matre chapelier sur la grande place de Tulle devant la cathdrale. Ils ont convenu de marier leurs enfants. Durant la foire suivante, la fille du chapelier a t prsente mon grand pre. Celui-ci est revenu en voiture cheval, avec sa future femme qui navait que Vingt ans. Il ramenait le fruit de la vente et aussi une promesse de dot. Celle-ci avait t prement ngocie. Quelques mois plus tard, la belle saison, aprs le temps des cerises, mon grand pre et ma grand-mre se sont maris. Je ne sais que trs peu de choses de ma grand-mre, tellement elle a t discrte. Jai appris par la famille quelle tait belle, distingue et cultive, mais aussi particulirement inadapte la vie rurale quelle dtestait. Elle a eu une vie trs ennuyeuse et efface, supportant la prsence quotidienne dune intendante qui tait officiellement la matresse de mon grand-pre. Ce rcit lu dans un roman ou vu dans un film ne fait pas le mme effet que ressenti en direct sur les lieux et par la sensibilit dun enfant. Ces vestiges exposs me laissaient entrevoir comme un drame encore tout chaud plus quune simple histoire passe. Cest comme si toute cette souffrance refoule avait bouillonn dans mes veines et me demandait rparation. Jai t affect par ces rvlations, les trouvant trs barbares, comme si lhistoire moderne ntait pas arrive jusque l. Au fil des annes cest comme si un puzzle stait construit, dessinant une image vivante de la ralit quotidienne de cette poque. Mon grand pre tait trs dur, je ne lai pas connu, il est mort lanne prcdant ma naissance et je nai pas le juger, mais, daprs le voisinage, cet ancien militaire terrorisait les paysans avec son cheval, sa cravache, un revolver la ceinture et un fusil, comme sur des affiches de Far West. Je ralisais que les familles notables de la rgion constituaient une sorte de caste qui se runissait rgulirement pour se rjouir des succs coloniaux o se distinguait leur progniture mle. La galerie de portraits du chteau en tmoignait. Lun avait install le tlphone au Maroc, lautre un vignoble en Algrie, un autre encore stait illustr en Guyane. Sajoutaient aussi les martyres la suite du Bienheureux Borie, ceux morts trs jeunes en Afrique et surtout Verdun. Il y avait cependant quelques nobles femmes aussi, lune carmlite et lautre fiance un gnral, aide de camp de Lopold roi des Belges. Les notaires et le clerg sassociaient ces runions dominicales. Dcouvrant trs jeune ce quavait t la vie quotidienne de cette rgion dans la premire moiti du 20e sicle je me disais avec surprise que la rvolution de 1789 navait pas vraiment chang grand-chose dans cette partie recule du bas Limousin o des archologues venaient de trouver les derniers vestiges du cannibalisme en France. Je me trouvais fort surpris de constater que dans la ralit une sorte daristocratie de fait avait continu encore longtemps rgner sur la paysannerie.

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    Cest ainsi par exemple que dans les annes 1900 1940, la vingtaine demploys au travail des terres du domaine, cadres compris, ne percevait quun salaire en nature correspondant leur production. Jai mme t surpris de constater quune bonne partie des paysans devenus indpendants navaient quun petit lopin de terre avec une cabane et vivaient trs chichement sans lectricit. Ils ne savaient ni lire ni crire et parlaient encore patois. Jai entendu parler patois sur la place des villages de Corrze jusque dans les annes 70. Cest dans ce contexte l que petit petit jai commenc comprendre ce que reprsentait lidologie du Marchal Ptain qui voulait sauver tout un systme de valeurs ancestrales au service de la Nation. Jai fini par comprendre pourquoi les gens sinclinaient lgrement devant moi, comme par rflexe et mappelaient Monsieur alors que je navais que 10 ans. Lancien rgime navait pas encore compltement disparu. Cest cette poque et sur ce terreau l que le jeune et ambitieux Jacques Chirac plantera les graines de sa russite pour une certaine ide de la France, sans jamais bien savoir exactement ce quelle est. Les bienfaits de lesclavage Je dcouvrais avec tonnement, beaucoup de racisme inconscient, des ides que nous qualifierions maintenant dintgristes. Trs jeune je fus choqu dentendre que tout ce qui ntait pas blanc tait infrieur. Cest ainsi que toute cette famille regrettait labolition de lesclavage. Voil ce que maman disait aux voisines qui navaient pas sa culture et qui cherchaient comprendre ce qutait lesclavage. Je vous cite les propres paroles de maman qui illustre bien ce quelle-mme avait reu :lesclavage ntait pas une aussi mauvaise chose quon le pense et pour la raison suivante, cest que les noirs navaient pas dme. Mais ce problme pouvait tre facilement rsolu. Lorsquun noir ou une famille noire servait pendant une longue priode et avec honntet une famille blanche, la fin, ils rcupraient une me chrtienne. Ctait le salaire dune vie offerte. La suppression de lesclavage posait donc problme dans le sens o elle ne permettait plus comme autrefois le dveloppement des mes au sein des populations indignes(Fin de citation). Dans le mme registre et concernant le pch, ce qui me paraissait inacceptable, ctait la notion de pch mortel. Je voulais bien comprendre que davoir une vie dissolue ait des consquences sur la sant, mais cette notion de mort de lme la suite de fautes capitales ntait pas comprhensible pour moi. Il y aurait donc parmi les hommes des tres qui avaient des corps et des cerveaux, mais qui taient sans me et donc moiti vivants, comme des sortes de sous hommes. Ce fut lune des croyances enseignes qui me rvolta le plus. Dautant que certains jeunes prtres qui menseignrent contestaient compltement cette thorie. Plus je grandissais en ge et plus je trouvais que ce milieu des anctres ne pouvait tre le mien parce quil tait vou la disparition. Je dois dire que lensemble de ces murs et croyances eut pour effet sur moi de chercher refuser cet hritage culturel au risque de me retrouver sans soutien et sans repre. Se reconstruire sans base nest ni facile ni agrable. Et je maperois aujourdhui que ce qui me paraissait bien chaotique dans ma jeunesse ntait que lexpression naturelle dune recherche dorientation. Comme toute vie possde sa juste logique cre par le dsir, jai naturellement t attir par celui, le plus proche de moi, qui pouvait rpondre mon aspiration de rupture davec les esprits de mes anctres. Ce tuteur mapparut comme par hasard la fin de mon adolescence. Ctait loncle Albert, le frre de maman. Sans que je le sache il stait confront aux mmes nigmes que moi et les avait solutionnes. Il avait coup les ponts avec le chteau et construit une autre ralit, la sienne. Sous la protection de loncle Albert LOncle Albert est devenu subtilement au fil des annes et pour longtemps une sorte de mentor qui ma ouvert la voie et ma permis de trouver ma juste place dans notre socit. La vie personnelle de lOncle Albert avait t remarquable dhabilet et de russite malgr de terribles preuves qui auraient pu le balayer comme une brindille par temps dorage. Il avait fait des tudes classiques chez les Jsuites et possdait une licence en droit ce qui tait un niveau considrable pour lpoque. Il avait eu la chance davoir comme ami de jeunesse un homme devenu Prfet de la Rpublique et qui stait fait connatre comme promoteur dun grand parc ornithologique dans le Nord.

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    Ce haut fonctionnaire brillant avait obtenu pour mon oncle un piston prcieux pour quil puisse faire une carrire dans la banque, tout du moins pour commencer. A trente ans il tait donc devenu directeur rgional dune compagnie prive aujourdhui disparue. Malheureusement une terrible preuve lattendait quelques annes aprs. La guerre clatait. Ses suprieurs dans une stratgie audacieuse et risque, manifestrent une sympathie commerciale non dissimule pour le rgime de Vichy et mme pour loccupant dans le financement de ses travaux. Le jeune cadre passionn navait lui aussi que trop imprudemment manifest son zle dans sa fonction et comme tous ses collgues cadres, il a vu en 1945 sa carrire compltement sabre avec la fermeture des tablissements. Heureusement plusieurs enqutes prouvrent quil navait jamais particip aucune action de collaboration autre que celle de son mtier. Mais la chance sourit toujours aux audacieux. En 45, les allemands ne voulaient pas quitter la France sans aucun souvenir et se prparaient faire main basse sur tous les magots leur porte. Par scurit, la Banque de France Lyon, a donc reu lordre de transfrer sur le champ et clandestinement une partie de son stock dor en Aquitaine. Au pied lev et en catastrophe, cette banque avait charg de cette mission secrte un agent fiable qui devait transporter discrtement le prcieux chargement dans un camion banalis, tout en empruntant les routes secondaires. Mon oncle, qui venait tout juste de perdre son emploi, a t sollicit, par la banque nationale, pour accompagner ce convoi secret. Loncle Albert fut trs honor de cette confiance et de pouvoir servir une dernire fois encore son pays. Il se prit damiti avec le convoyeur et aprs un voyage angoissant, tous deux arrivrent sans encombre Bordeaux quelques jours aprs. Ils connurent la peur car ils sattendaient tre attaqus chaque carrefour. Avant de se sparer le fonctionnaire lyonnais lui remit un minuscule paquet envelopp dans un mouchoir. Ctait quelques Napolons que mon oncle appellera plus tard Le salaire de la peur , la sortie du film avec Vanel et Montand. Aurol par cet exploit, loncle a trouv aussitt un poste la direction financire de lhpital de Bordeaux. Il a dbut l une longue et brillante carrire dans la gestion hospitalire qui lamena ensuite jusqu la capitale pour se mettre son compte dans la distribution daccessoires mdicaux. En 1970 lOncle Albert est intervenu son tour, dans ma vie, un soir de Nol, et comme dans un roman. Quand une page se termine la suivante ne se tourne pas toujours immdiatement. Dans ces priodes o le temps sarrte lhorloge de nos vies, lme et lesprit sont en alerte douloureuse et appellent laide. Ce sont des priodes prcieuses o nos intentions secrtes sont clarifies. Jai connu pour la premire fois ce type dpreuve la fin de mes tudes universitaires. Je ne les avais pas orientes vers un mtier prcis, ayant choisi un champ trs vaste rpondant ma curiosit mais ne dbouchant par contre sur aucun diplme. A 21 ans passs, sans ressources, il tait obligatoire pour moi de gagner ma vie, mme si je me sentais absolument vide de motivation et sans projet aucun. Priode pleine dmotion car ctait une nuit de Nol et la premire o je navais rien prvu. Mon papa venait de nous quitter aprs son 3me infarctus, ma mre souffrait dune trs mauvaise sant, la maison tait vide et ma sur festoyait avec ses copines de la paroisse. Par habitude jtais all assister la messe de minuit. Sur le retour et lapproche du domicile, un taxi venait de dposer un homme devant la maison. Loncle Albert venait voir sa sur pour Nol ainsi que son ex-pouse qui habitait un village plus loin une trentaine de kms. Je ressentais ce visiteur comme un pre Nol escort dune tornade dnergie favorable. Sachant que je venais de finir mes tudes Albert me proposait de poursuivre Paris et minvitait lui rendre visite pour envisager que je rejoigne peut-tre sa jeune entreprise de distribution mdicale. Cette nuit-l, par un brouillard londonien, jai conduit mon oncle travers les routes tortueuses de Corrze et dans la Panhard que je venais tout juste dacheter. Cette tmrit lui est apparue de bon augure pour de futurs projets possibles. Lui qui tait sensible aux symboles mavoua plus tard que cette nuit l un contrat secret avait t scell entre nous. Je ntais pas conscient bien sr cette poque de ltendue de cette influence bnfique. Mme si arriv Paris je nai pas rpondu tout de suite sa proposition, parce que jai eu la fiert de vouloir dabord voler de mes propres ailes, quelques annes aprs je suis entr son service pour une longue priode de russite. Mon premier mtier srieux Paris avait t celui dinspecteur des ventes dans une entreprise darticles culinaires en inox qui appartenait aux De Wendel dont le directeur tait le fameux baron Seillire.

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    Autant une porte stait ouverte du ct de mon oncle autant elle sest brutalement et tristement ferme avec sa sur, c'est--dire ma mre. Cet vnement regrettable conforme son idologie extrmiste est venu geler nos relations, voire les condamner. Mes activits culturelles parisiennes dans le domaine religieux et thologiques la choquaient terriblement. Elle a donc pris cette surprenante dcision de me bannir de son domicile. Elle ne pouvait supporter que son propre fils puisse uvrer pour soutenir des mouvements hostiles lglise catholique. Ctait pour elle une preuve de plus. Quelles pouvaient donc bien tre ces activits aussi scandaleuses ? Dbut denqute spirituelle Jai profit tout simplement des avantages de la capitale pour approfondir plus encore mes connaissances en thologie. Aprs mon sjour difiant chez les jsuites Toulouse, comme vous le verrez plus loin dans un chapitre spcial, jprouvais le besoin dapprofondir plus encore ma connaissance des textes anciens. Je ne voulais pas me limiter la culture judo-chrtienne, mais tendre le champ de ma curiosit toutes les autres religions dont je ne connaissais rien. Jai privilgi en priorit les cultes hindouistes et bouddhistes. Comme il ny a pas dtude sans exprience, jai assidument frquent des ashrams et tout autre type de cercles spirituels ma porte dont certains commenaient tre estampills sectes. Cette activit dont ma mre a t tenue informe lui a paru une trahison de la religion chrtienne qui tait la seule vritable selon elle. Elle fut assure que javais perdu mon me et que la damnation ternelle serait dsormais ma seule destine. Ce qui tait curieux, irrationnel et incomprhensible cest que je sentais au fond que notre relation ne pouvait pas tre rompue pour autant. Je sentais que notre amour lun pour lautre navait pas du tout t touch. La suite des vnements me la confirm. Ce qui montre quil peut y avoir entre des personnes proches un diffrent intellectuel profond cohabitant avec un lien affectif intact. Jen ai pour preuve un vnement qui sest pass bien plus tard, lors de ma priode alsacienne quand jai dcid de participer lorganisation de communauts de mditation. Javais donc perdu tout contact avec maman quand un beau jour dans un bureau de la socit des Affichages Giraudy, o je travaillais cette poque, retentit la sonnerie dun appel tlphonique provenant de maman. Elle mannonait de faon trs neutre quelle tait arrive au bout de sa vie, quelle tait atteinte dun cancer du foie et savait quelle navait que quelques jours vivre. Elle me demandait de venir en ajoutant que ce ntait pas pour elle-mme mais pour le quen dira ton du voisinage. Un vnement paranormal est alors survenu. Mme si ce ntait pas le premier je ne my habituais pas. Alors que je mapprtais rpondre, trs choqu par cette annonce, une voix grave et trs profonde en moi sest superpose la mienne avec force, autorit et respect. Cette voix en moi que je dcouvrais sest adresse maman avec les propos suivants :Ecoute, vieille femme, tu arrives la fin de tes jours et tu vas changer de corps. Cest un vnement heureux dont tu nas pas peur, flicitations, mais tu sais trs bien que nous ne nous quitterons jamais et que cet vnement nest en aucune faon dramatique, mme si cest un passage difficile pour nous deux. Tu as dcid que nos relations navaient plus lieu dtre et que les orientations que jai prises sont scandaleuses. Tenons-nous-en l. Je ne viendrai donc pas ton enterrement pour faire plaisir aux voisins. Je continue ici mes activits mais naie aucune inquitude, tu sais parfaitement que toi et moi ne nous quitterons jamais parce que la mort nest quune apparence. Jtais effondr par ce que je venais dentendre comme si cela ne venait pas de mon cerveau. La voix tait si forte que jen avais mal la gorge et les poumons oppresss. En rponse jai eu lnorme surprise dentendre ma mre dire son tour dune voix calme :Oui mon fils je le sais parfaitement et je respecte ta dcision, mais je voulais la connatre. Bonne continuation, je tembrasse et bientt. Je me souviens tre rest l, ne pas comprendre ce qui stait pass. Des collgues se sont inquits car les bureaux devaient fermer. Je me suis mme demand ensuite si je navais pas tout imagin. Jai su que ma sur Anne et toute la famille mont beaucoup blm pour mon attitude inacceptable. Je nai pas os ensuite leur expliquer que ctait cette voix profonde en moi qui en avait dcid ainsi. Relations post mortem Jai dcid dtre fidle cette voix et je voulais mme aller, plus encore, en profondeur en moi pour la connatre. Ce ntait pas, cependant, le tout dbut de la rencontre avec qui je suis .

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    Il y avait eu des prcdents, comme vous le dcouvrirez plus loin. Sil ny avait eu que cet vnement, il serait rest un simple mystre non lucid. Mais il y en eu beaucoup avant et aprs. Quelques annes aprs, en 1980, ma mre sest manifeste dune faon trs prcise alors quelle tait bien entendu dcde. Je participais lorganisation dune communaut Neuilly sur Seine et javais dcid darrter l mes trop lourdes expriences de vie communautaire. Je voulais tourner la page dun chapitre de ma vie et revenir une vie ordinaire comme je ne lavais jamais encore connue. Je veux dire avoir une famille, une vie plus bourgeoise et moins aventureuse. Javais pris cette dcision sans le dire personne, sans mme prvenir la communaut dont jtais lun des responsables. Je venais juste dtre admis dans un nouveau travail passionnant. Dans cette maison de Neuilly arriva soudain un tlgramme de Londres o vivait ma sur Anne. Elle me demandait de lui tlphoner durgence. Je lappelle aussitt, craignant le pire. Elle me dit alors ceci :Que se passe-t-il de grave pour toi ? Jtais dans une soire thosophique et un medium ma dit quil avait un message trs urgent provenant de notre mre et te concernant. Le mdium a dit : joignez immdiatement votre frre et dites lui darrter ce quil entreprend, car il prend de trs gros risques.Ma sur ajouta quelle ne savait pas ce que je faisais mais que cela devait tre trs grave pour que notre mre, par medium interpos, fasse passer cet avertissement. Javais du mal accepter ce message. Puis je me suis rendu lvidence, savoir que maman tait informe de mes projets qui effectivement prsentaient certains risques tellement la rupture prvue devait tre importante. En quittant lorganisation puissante que javais contribu difier, je redmarrais sans aucune protection, sans aucun capital, sans scurit et jabandonnai tous mes liens. Jtais le seul au monde savoir que je me jetais volontairement dans le vide. Alors jai du admettre que la relation avec maman tait bien relle et mme post mortem. Dans les heures qui ont suivi, un autre vnement collatral important est survenu en complment. A peine remis de ce tlgramme je sortais de cette maison de Neuilly pour aller signer un nouveau contrat de travail obtenu lissu dune longue recherche. Au moment o la porte allait se fermer derrire moi, un camarade de la communaut me hurle quil y avait un appel tlphonique pour moi. Jai failli ne pas rpondre, ne voulant pas me mettre en retard. Ctait le fils de loncle Albert, mon cousin, qui je navais pas parl depuis des annes et qui me proposait un poste commercial trs important dans lentreprise familiale qui bnficiait de lopportunit dun nouveau contrat dimportation. La description rapide du poste offert ma tellement sduite que jai pris tout de suite le train pour aller signer un contrat. Je partais en formation quelques jours aprs. Jai alors souponn maman de chercher vouloir influencer post mortem le cours de ma vie, quitte faire intervenir sa fille et son frre ou les enfants de son frre. A la suite de ce dtournement russi de ma destine, jai eu 25 ans de carrire heureuse au sein de lentreprise fonde par loncle Albert et dirige par ses 2 fils. Une suite ininterrompue dvnements paranormaux Depuis que jtais mont tenter ma chance Paris jai connu une suite ininterrompue dvnements paranormaux qui senchainrent dune faon aussi intelligente quharmonieuse. En voici de mmoire quelques exemples. Nous tions dans les annes 80 et comme chaque t, ma femme tant espagnole, nous allions rendre visite la famille en traversant les Pyrnes. Sur le retour en passant le col du Somport un vnement extraordinaire est arriv qui restera longtemps grav aussi dans la mmoire de cette rgion. A la suite dun violent orage nous avons assist un horrible accident. Un rocher de quelques tonnes sest abattu sur le pare-brise dune voiture, la retournant et la clouant au sol. Le chauffeur fut tu sur le coup et la passagre grivement blesse. Ctait dautant plus tragique que la voiture tait neuve et tout donnait penser que ce jeune couple espagnol tait en voyage de noces. Aucun hlicoptre ne pouvait tre envoy cause des lignes haute tension. De plus lembouteillage dans les deux sens sur cette route troite rendait laccs trs difficile aux ambulances. Avec quelques touristes nous avons retourn la voiture, sorti la passagre qui hurlait et lavons porte jusqu une ambulance. Je la tenais dans mes bras et je la sentais toute casse. Ctait rellement tragique et jai fait soudainement une sorte dexprience chamanique. Jai entendu parler la montagne. Elle tait furieuse et avait sacrifi deux jeunes humains. En revenant plus tard dans ces montagnes jen ai eu lexplication. Lorage se calmant, nous sommes arrivs au col et la frontire franaise.

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    Ma femme et sa mre ont voulu se changer les ides en allant se restaurer dans une brasserie de la frontire. Quant moi comme jtais encore sous le choc de laccident je suis parti marcher dans la prairie en pente. Jai travers un troupeau compos de bovins, de chevaux et dnes. Soudainement jai t trs attir par un tout petit non qui venait de natre. Il tait tout gluant sous le ventre de sa mre. Tout deux suivaient leur groupe dans lpais brouillard que ce violent orage avait provoqu. Je pensais que cet non tait en difficult cause de la brume et de la fracheur. Nous tions 2000m. Alors que je mapprochais de cet non qui tremblait de tous ses membres, brutalement il fit volte face, se mit dvaler la pente pour sarrter mes pieds. Une sorte de dcharge tlpathique sest alors installe immdiatement entre lui et moi durant quelques secondes. Pour faire une analogie avec linformatique, je dirais quil ma tlcharg un bref message. Ce fut trs rapide mais Jai cependant pass des jours en lire et relire en boucle le contenu, le peser et le soupeser. Le message tait prcis, je nai pas eu le noter, il sest grav dfinitivement dans mon cerveau, bien que je lai reu au niveau du plexus solaire. Voici ce message :Heureusement que le ridicule ne tue pas parce que tu es pitoyable comme beaucoup de tes congnres. Tu tinquites pour moi qui viens de natre, mais tout va bien. Je suis avec ma mre, je ne crains rien. Je sais do je viens, je sais dans quel monde je suis et je sais qui est ma mre. Sil fallait sinquiter et plaindre quelquun ici ce serait toi. Parce que contrairement moi, tu ne sais pas do tu viens, tu ne sais pas ce que tu fais ici et tu ne sais pas qui est vraiment ta mre. Alors, je te conseille dtre moins dsinvolte, de raliser tout cela et de ne plus te proccuper de moi, mais surtout de toi. Hbt je suis revenu la voiture, ma femme et ma belle-mre y sont remontes. Nous avons entrepris ensuite la descente vers Pau. Ma femme ma trouv trangement silencieux par la suite. Elle attribuait cet tat laccident horrible auquel nous avions assist. Ce nest que des jours aprs que jai pu lui dire ce que javais reu de lnon. Comment y croire ? Elle a t trs surprise mais elle a compris quil stait vraiment pass quelque chose et que ce message tait extrmement sage. La vie a continu et jai repris ma place dans le trafic quotidien. Jai mme oubli lvnement dans les mois qui ont suivi. Ce nest que plusieurs annes aprs que jai ralis combien limpact du message de cet non dans ma vie avait t important. Il mavait oblig de rechercher la vrit concernant son message. Rencontre du troisime type Au fil des annes qui ont suivi jai eu des occasions bien surprenantes de rencontrer maman nouveau post mortem et de comprendre aussi encore mieux qui jtais. Ma maman navait aucune confiance dans la mdecine officielle quelle jugeait barbare, mais elle avait par contre une trs grande admiration pour tout ce qui tait mdecine parallle et en particulier ce quon appelait autrefois les gurisseurs. Cest donc probablement guid par elle que dans les annes 90 jai visit le salon du GNOMA, le Groupement National de lOrganisation des Mdecines Alternatives. Il se tenait dans les salons de lhtel Hilton-Tour Eiffel. Ctait un rassemblement important de tout ce qui se faisait de mieux au niveau des mdecines douces. Durant la visite des stands je fus captiv par une praticienne qui utilisait une antenne de dtection des champs lectromagntiques du corps. Elle tablissait ainsi un diagnostic sur ltat de sant. Ma femme et moi lavons attentivement observe. Nous nous sommes ensuite entretenus longuement avec celle qui est devenue par la suite notre amie Janette. Elle nous a permis de comprendre sa technique et nous y a mme forms. Ma recherche sur mon fonctionnement personnel en a t grandement stimule avec un effet douverture et dallgement au niveau des somatisations accumules dans mes corps dits subtils. Jai grce ces soins dvelopp des capacits accrues pour la mdiumnit. Par contre ce que jai vu beaucoup trop tard cest que la trs dvoue Janette reprsentait idalement pour mon inconscient cette trs ancienne nounou enchante qui navait fait que passer telle une comte au dbut de ma vie et qui avait t mon tout premier amour de bb. Cest avec Janette devenue magntiseur-nounou que jai opr par un processus bien connu de transfert une rparation sur le traumatisme de cette rupture affective au sortir de mon incubateur. Une fois dcouverte cette stratgie nous a demand de prendre une distance de scurit devenue indispensable car il nest pas possible de rinstaller rellement le pass dans le prsent. Cette priode concidait avec mes tudes sur la psych et cela fut comme des travaux pratiques.

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    Cest dans ce cadre l que jai choisi un exercice formel appelisolement bnfique. Il dure une semaine complte. Le sujet est coup de toute relation dans une maison la campagne. Il est sans activit et sans aucun moyen de communication. La vie devient alors trs simple et demande un minimum dnergie. Dans ces conditions le sujet se retrouve avec lui-mme et peut loisir orienter son exploration intrieure au plus profond de sa problmatique personnelle. Cest un moment intense qui amne un tat dillumination. Je bnficiais dune piscine en eau chaude dans laquelle une bonne partie des mmoires somatises remonte. Cest l que jai eu une exprience merveilleuse concernant ma relation avec maman. Alors que jtais en veil toutes mes sensations, intuitions et ressentis, jai eu spontanment la vision que ma mre mattendait non loin de l, dans le champ voisin quelques centaines de mtres de la maison o jtais reclus. Me voil donc courant au dehors et appelant ma maman comme si javais cinq ans. Je criais son nom tout en allant sa rencontre. Mon cerveau se demandait ce qui tait en train de se jouer l. Quelle ne fut pas ma surprise de sentir que maman prenait ma main droite. Nous sommes partis aussitt en courant sur le chemin, au milieu des bls, la main dans la main. Lorsque subitement jai senti quelle se dtachait et partait. Je continuais courir et lappeler quand, un dtour du chemin, je vois un paysan vlo avec une fourche. Je dpasse le paysan surpris de me voir crier tout seul et quelques dizaines de mtres aprs, je ressens ma mre me toucher nouveau la main. Comme elle ntait pas dans ma dimension, la prsence du paysan lui avait fait peur. Je reprend