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D. Guillaume LETTRES : PROGRAMME 1 + 2a 1. Charles Perrault, Contes 2a. Voltaire, Lettres philosophiques Dates Cours 1) Mardi 6 septembre PERRAULT Explication A : Intro. 1 Résumés Mercredi 7 septembre Intro. 2 2) Mardi 13 septembre Intro. 3 + méthodologie Mercredi 14 septembre Travail DM1 3) Mardi 20 septembre VOYAGE Mercredi 21 septembre VOYAGE 4) Mardi 27 septembre Explication 1 : Barbe bleue 263, « Elle fut si pressée… il revenait de l’autre. » Thème 1 : Les femmes Mercredi 28 septembre Explication 2 : Peau d’âne 203-31, « Par hasard il mit…Qu’on puisse voir après le Loup. » Thème 2 : Humour et satire Vendredi 30 septembre, 10h30 (2h) Thème 3 : Le merveilleux 5) Mardi 4 octobre (4h) Explication 3 : Les jumelles 165-6, « Voilà mon fait… un nouveau luminaire. » Explication 4 : La Peinture 119-120, « Là se tut Apollon… de chaque événement. » Explication 5 : Le Miroir 87-88, « Quoique toutes ces actions tendres… dont il était aimé.é Mercredi 5 octobre Thème 4 : L’art du récit Rendre DM1 + citations 6) Mardi 11 octobre Explication 6 : Le Labyrinthe de Versailles, 110-111 « Le Loup et la tête… s’y perdent. » Explication 7 : Les amours de la règle et du compas 46-47, « Le Compas ressentit… d’une riante muse. » Mercredi 12 octobree Correction DM 1 1) Mardi 18 octobre VOLTAIRE Explication A Intro. 1 Mercredi 19 octobre Intro. 2

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D. Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 1 + 2a

1. Charles Perrault, Contes

2a. Voltaire, Lettres philosophiques

Dates Cours 1) Mardi 6 septembre PERRAULT

Explication A : Intro. 1 Résumés

Mercredi 7 septembre Intro. 2 2) Mardi 13 septembre Intro. 3 + méthodologie Mercredi 14 septembre Travail DM1 3) Mardi 20 septembre VOYAGE Mercredi 21 septembre VOYAGE 4) Mardi 27 septembre Explication 1 : Barbe bleue 263, « Elle fut si

pressée… il revenait de l’autre. » Thème 1 : Les femmes

Mercredi 28 septembre Explication 2 : Peau d’âne 203-31, « Par hasard il mit…Qu’on puisse voir après le Loup. » Thème 2 : Humour et satire

Vendredi 30 septembre, 10h30 (2h) Thème 3 : Le merveilleux 5) Mardi 4 octobre (4h) Explication 3 : Les jumelles 165-6, « Voilà

mon fait… un nouveau luminaire. » Explication 4 : La Peinture 119-120, « Là se tut Apollon… de chaque événement. » Explication 5 : Le Miroir 87-88, « Quoique toutes ces actions tendres… dont il était aimé.é

Mercredi 5 octobre Thème 4 : L’art du récit Rendre DM1 + citations

6) Mardi 11 octobre Explication 6 : Le Labyrinthe de Versailles, 110-111 « Le Loup et la tête… s’y perdent. » Explication 7 : Les amours de la règle et du compas 46-47, « Le Compas ressentit… d’une riante muse. »

Mercredi 12 octobree Correction DM 1 1) Mardi 18 octobre VOLTAIRE

Explication A Intro. 1

Mercredi 19 octobre Intro. 2

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LETTRES : PROGRAMME 1

Charles Perrault Contes

Bibliographie

— 1) Généralités :

. Nadine TOURSEL et Jacques VASSEVIÈRE : Littérature, textes théoriques et critiques, « Fac. », Nathan, 2004. . Nicolas LAURENT, Initiation à la stylistique, « Ancrages », Hachette, 2001 . Bernard DUPRIEZ, Gradus, « 10x18 »

— 2) Sur l’écriture du récit : . Anne HERSCHBERG PIERROT : Stylistique de la prose, Belin, 1993 — 3) Histoire littéraire et réflexion sur les genres . La Querelle des Anciens et des Modernes précédé de « Les abeilles et les araignées » de Marc Fumarolli, « Folio classique », Gallimard, 2001 . Michel JARRETY (dir.), La poésie française du Moyen Âge jusqu’à nos jours, « Premier cycle », PUF, 1997 . Dominique BERTRAND (dir.), Poétiques du burlesques, Champion, 1998 . Sophie RAYNARD, La seconde préciosité, Floraison des conteuses de 1690 à 1756, Gunter Narr Verlag, 2002 . Bruno BETTELHEIM, Psychanalyse des contes de fées (1976), « Pocket », Robert Laffont, 1999 — 2) Sur Perrault + Éditions de contes . Contes, textes établis et présentés par Marc SORIANO, Flammarion, 1991 (1967) . Contes, édition de Gilbert Rouger, Classiques Garnier, 1967 . Contes, édtition de Catherine MAGNIEN, Livre de poche classique, 1990

+ Livres et numéros de revue . Marc SORIANO, Les contes de Perrault, Culture savante et traditions populaires (1968), « Tel » Gallimard, 1996 . « Charles Perrault », Europe n° 739-740, novembre-décembre 1990

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RÉSUMÉ-SOMMAIRE Charles Perrault

Contes

1641-1701

1. Poésie burlesque

— 1.1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637, 1641) [43]

+ Demande humblt attention de Richelieu ; Dédale pas encor échappé du labyrinthe où l’a

enfermé roi de Crète Minos, pas encore fabriqué vache en bois permettant à Pasiphae de

s’accoupler au taureau blanc de Poséidon : sa sœur (Polycasté — ou Perdix) lui présente son

fils Perdix (Talos) ; [44] industrieux ; enfante (comme Jupiter, Pallas) la scie et le compas ; D.

jaloux le jette du haut du temple, ms Pallas le sauve [45] et le transforme en perdrix ; scie se

plaint au ciel, D. lui retaille les dents (> règle ?) ; compas se sauve, et va se reposer à

l’ombre ; soleil lui annonce en rêve qu’il épousera fille d’un dieu ; compas rencontre règle,

l’aime et lui parle : [46] il est fils de Perdix ; elle se dit fille du soleil et de l’ombre : le soleil a

poursuivie l’ombre, seule à échapper à ses rayons ; compas dit promesse du soleil ; [47] règle

se moque, mais compas lui dit qu’auront pour enfant l’immortelle architecture + fait gracieuse

révérence > elle fait le diamètre du cercle et naissent figures ; pardon à Richelieu et à la

France.

— 1.2. L’Énéide travestie (1648) [48]

+ 1.2.1. * « Le voyage dans l’autre monde » [48]

Énée justifie à la Sybille (de Cumes) demande d’aller aux enfers (ds Én. < revoir son

père Anchise) : Orphée a pu aller voir Eurydice, Pollux parce qu’il avait un frère qui faisait de

bons chapeaux à Pluton [représentés avec sur la tête moitié d’œuf surmonté d’une étoile ; fils

de Léda : Pollux < Zeux, Castor < homme ; C. blessé à mort au combat, P refuse immortalité

si pas partagé par C > Zeus les fait vivre alternativement sous le soleil et sous la terre + les

divinise par constellation gémeaux], Hercule (enlève Cerbère aux enfers), Thésée (<

s’emparer de Perséphone ; sur chaise de l’oubli : délivré par Hercule)

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+ 1.2.2. * « La vérité sur le suicide de Didon » [49]

Champs des pleurs, où victimes de l’amour = mort de la vérole.

[ds Én. : héros proteste de la nécessité de son départ, ms silence de Did.] Didon sort

d’une forêt ; [50] E. proteste qu’il n’a pas donné vérole à Did. ; elle est morte pour avoir, sur

les conseils d’un charlatan, pris de l’acier en poudre, [51] d’où la rumeur selon laquelle elle

s’est tué en se frappant d’une épée ; il a dû partir malgré lui ; elle pense qu’il ment et se tait.

— 1.3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653) [52]

+ 1.3.1. * « Ébauche d’un serpent » [≠ Valéry, 1922] [52]

Neptune reproche à Phébus de parler comme maçon ; ms ce style a ravi le roi comme

ses conseillers ; belles choses ds termes grossiers plaisent comme beau visage [53] sous

bavolet, lumière au travers d’un nuage = fait voir peinture de l’alcôve de la nature ; vont

manger soupe ds faubourg = Ph. note langage pop. mais très gêné par impertinence de leur

disc. de manants.

+ 1.3.2. * « Le maçon de lady Chatterley » [≠ D.-H. Lawrence, 1928] [53]

Dame [Princesse Hésione] préfère son atelier à tout ; [54] n’aime que l’écouter

et le voir, quoi qu’il fasse + ses outils + tache de plâtre ou de charbon sur son nez quand se

mouche ; se pâme d’amour sur sa couche [55] comme un aloyau (pièce de bœuf : rein et

croupe) qui rôtit.

+ 1.3.3. * « Un petit Poucet avant la lettre » [55]

Dilucule au service de Phébus, enfant de naissance abandonné de ses parents :

la nuit sa mère morte à sa naissance, et son père le Jour ne l’aime pas ; de bonne humeur,

remplit nature de ses gais cris ; réveille Aurore, [55] éteint étoiles ; ouvre volets et contrevent

du palais, aide Aorore qui nettoie plancher de Flore du balais d’Aquilon, époussette, verse

eau, avant réveil de ses maîtres, nettoie auge et truelle ; Hésione voit qu’il pourra lui

apprendre ce qu’elle veut savoir.

2. Textes précieux

— 2.1. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660)

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+ 2.1.0. « Lettre à Monsieur l’abbé d’Aubignac sur le Dialogue de l’amour et de

l’amitié » [59]

+ 2.1.2. Dialogue de l’amour et de l’amitié [65]

— 2.2. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661) [81]

3. Textes officiels et polémiques

— 3.1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673) [93]

— 3.2. Le Labyrinthe de Versailles (1675) [96]

+ 3.2.1. « Le Duc et les oiseaux » [98]

+ 3.2.2. « Les coqs et les perdrix » [98]

+ 3.2.3. « Le Coq et les renards » [99]

+ 3.2.4. « Le Coq et le diamant » [99]

+ 3.2.5. « Le Chat pendu par les rats » [100]

+ 3.2.6. « L’Aigle et le renard » [100]

+ 3.2.7.. « Les paons et le geai » [100]

+ 3.2.8.. « Le Coq et le coq d’Inde » [101]

+ 3.2.9. « Le Paon et la pie » [101]

+ 3.2.10. « Le Dragon et l’enclume » [101]

+ 3.2.11. « Le Singe et ses Petits » [102]

+ 3.2.12. « Le Combat des animaux » [102]

+ 3.2.13. « La Poule et les poussins » [102]

+ 3.2.14. « Le Renard et la grue » [102]

+ 3.2.15. « La Grue et le renard » [103]

+ 3.2.16. « Le Paon et le rossignol » [103]

+ 3.2.17. « Le Perroquet et le singe » [103]

+ 3.2.18. « Le Singe juge » [104]

+ 3.2.19. « Le Rat et le Grenouille » [104]

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+ 3.2.20. « Le Lièvre et la tortue » [104]

+ 3.2.21. « Le Loup et la grue » [105]

+ 3.2.22. « Le Milan et les oiseaux » [105]

+ 3.2.23. « Le Singe roi » [106]

+ 3.2.24. « Le Renard et le bouc » [106]

+ 3.2.25. « Le Conseil des rats » [106]

+ 3.2.26. « Le Singe et le chat » [107]

+ 3.2.27. « Le Renard et les raisins » [107]

+ 3.2.28. « L’Aigle, le lapin et l’escarbot » [107]

+ 3.2.29. « Le Loup et le porc-épic » [108]

+ 3.2.30. « Le Serpent à plusieurs têtes » [108]

+ 3.2.31. « Le Souriceau, le chat et le cochet » [108]

+ 3.2.32. « Le Milan et les colombes » [109]

+ 3.2.33. « Le Dauphin et le singe » [109]

+ 3.2.34. « Le Renard et le corbeau » [110]

+ 3.2.35. « Du Cygne et de la grue » [110]

+ 3.2.36. « Le Loup et la tête » [110]

+ 3.2.37. « Le Serpent et le hérisson » [110]

+ 3.2.38. « Les canes et le petit barbet » [111]

— 3.3. La Peinture (1668) [112]

— 3.4. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674)

+ 3.4.0. « À Monsieur Charpentier » (1675) [129]

+ 3.4.1. Critique de l’opéra [135]

— 3.5. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (1682)

[153]

— 3.6. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687) [165]

— 3.7. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes (1688, 1690,

1692, 1697) [173]

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4. Contes

— 4.1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691) [177]

Bergère Philis n’aime que ses moutons > berger Tircis demande à Vénus de se

métamorphoser > elle apparaît : [178] accepte, constance sera récompensée ; sa beauté de

mouton le fait remarquer de Ph., qui l’appelle Robin > jouit de ses faveurs, nott. au bain ;

[179] ; malheur à venir : elle croise un berger avec beau chien qu’il lui donne = Marquis,

qui sait faire mille tour ; [180] berger Damon espère lui plaire par son chien, elle finit par

accepter, puis par aimer le berger ; malheur de Robin, à qui Marquis préféré + on parle de

mariage > faut mouton pour sacrifice = elle choisit Rob. ; fête, Rob. sous le couteau >

[181] Amour paraît et le métamorphose en Tircis > elle craint châtiment, ms percée

d’amour pour Rob. > se marient.

— 4.2. Contes en vers (1695) [183]

+ 4.2.0. Préface (1695) [185]

Succès encourage à regrouper les contes, malgré mépris des grincheux ;bagatelles

renferment morale utile ; cf. fables milésiennes : Matrone d’Éphèse // Grisélidis = nouvelles

(pas absolt. invraisemblable) ; Psyché (< Lucien et Apulée) = conte de vieille comme Peau

d’Âne : racontée chez Ap. par vieille à jne fille enlevée par voleur, comme chez ns

gouvernantes et gds mères aux filles ; [186] fable du laboureur obtenant de Jupiter paille ss

grain car demande jamais ni froid ni neige = // Souhaits ridicules = montrent ts deux qu’hs

sabent pas leur bien, ont besoin de la providence ; beaux exs. de l’antiquité > pas de reproches

possibles : et même moralement supérieurs aux antiques : cf. Éphèse = montre qu’aucune

femme vertueuse > corruption des fs., encouragées à suivre la voie commune ; comprend mal

Psyché : = âme, ms comprend pas pourquoi Amour doit l’aimer, et pourquoi elle malheureuse

dès qu’elle le connaît : « énigme impénétrable » = comme beaucoup de fables anciennes,

faites pour plaire, ss attention aux bnes mœurs ; [187] ≠ contes de nos aïeux = moins élégants

ms morales instructive = vertu récompensée et vice puni ; Fée avantage celle qui lui répond

avec civilité [Fées], enfants obéissants à leur parents deviennent grands seigneurs = louables

aux mères et aux prêtre de faire avaler vérités ss agréments par récits proportionnés à l’âge

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des enfants > jnes âmes reçoivent avidement ces instructions cachées : abattus comme héros,

ravis de voir méchants punis = semences dont éclosent bnes inclinations ; CP. aurait pu les

rendre plus agréables en les égayant de choses plus libres comme de coutume, ms s’est

imposé de ne jamais blesser pudeur et bienséance : une jne demoiselle spirituelle a composé

madrigal à ce propos [188] + envoi de PA = naïveté divertit comme quand nourrice ou mie

auprès du feu ; satire ms ss fiel, fait plaisir à ts et divertit ss choquer mère, époux ni

confesseur.

+ 4.2.1 Griselidis (1691 : La Marquise de Salusses ou La Patience de Griselidis)

.4.2.1.1 « À Mademoiselle » [189]

Modèle de patience excessif pour être imité ; ms contrepoison utile / Ps où abondent

exs contraires : dame comme G y serait prodige ; fs y sont souveraines ; [190] G y serait risée,

par ses antiques leçons, Patience = vertu que fs font exercer par leurs maris.

. 4.2.1.2 Griselidis, nouvelle [191]

Au pied des montagnes d’où sort le Pô vivait prince, vertueux et guerriers, sensible au

bonh de son peuple ; ms mélancolique < croit tte f trompeuse, [192] même la plus méritante <

ce qu’il voit ds monde ; pas de mariage, même si nvelle Lucrèce ; après affaires du royaume,

s’adonne à la chasse ; préoccupation de ses sujets ; un orateur [193] me presse de

descendance ; Prince répond que prudence le retient, filles vertueuses le sont plus après

mariage > dévote, coquette, [194] Précieuse, Joueuse = veulent ttes donner leur loi ; lui

voudrait jne obéissante, « Et qui n’ait point de volonté » > monte brusquement à cheval et

s’en va à sa meute et ses chasseurs ; [195] cerfs, tumulte ;

« pas hasard ou destinée », s’égare, douce rêverie des grands bois > jne bergère filant

au bord d’un ruisseau et conduisant son troupeau ; beauté [196] et pureté ; elle rougit, douceur

et sincérité ; timidité, frayeur nvlle du prince ; elle lui montrera chemin, il vante sa beauté ;

[197] boit > elle prend tasse, vase d’argile ds cabane ; il observe bien chemin, se fait carte

pour revenir ; s’éloigne avec douleur ; [198] douleur d’amour lendemain > retourne la voir :

vit seule avec père et se nomme Griselidis ; esprit de la bergère anime ses yeux ; convoque

son conseil le jour même = va se marier ; [199] ne dira son choix que je jour de la cérémonie

> allégresse publique, nott de l’orateur, qui croit voir effets de son art ; belles de la ville se

font air modeste ; mon prépare char, [200] échafauds, arcs triomphaux, feux d’artifice, ballet,

opéra ;

grand jour arrive, foule contenue par gardes, clairons, prince paraît, ms va vers forêt >

encore la chasse ? [201] G. s’apprêtait à sortir de sa case > elle est choisie, le croit pas, ms son

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père déjà prévenu, et doit jurer que n’aura d’autre volonté que celle du prince ; [202] elle jure,

joug lui sera doux > on la prépare en pompe ds sa cabane, et déjà prince regrette simplicité >

s’en vont ds char ; [203] temple puis palais, festivités ; lendemain, G fait preuve de sagesse et

prend air du grand monde ; [204] ont, malgré souhait d’un garçon, une princesse avant fin de

l’année, et l’aiment ; G la nourrit elle-même ;

baisse d’amour ou reprise d’humeur noire, prince doute de sa sincérité, la suit et

l’observe ; [205] décide de la mettre à l’épreuve ; l’enferme ds palais, lui ôte ses bijoux :

s’exécute avec joie, comme épreuve du Seigneur, [206] la corrige comme une enfant qu’il

aime, souffrance permet bonheur ; prince pense qu’elle l’aime plus > veut lui ôter sa fille à la

mamelle, pour former et préserver ses mœurs, ms n’a pas courage de le faire lui-même ; [207]

elle pleure, ministre s’exécute ; enfant déposé ss nom près d’un monastère voisin ; prince

chasse et craint sa douce femme comme tigresse ; honte m chagrin l’emporte > [208] dit que

leur fille est morte ; désarmé ms sa bile se défend ; tendresse mutuelle ;

15 ans d’amour, prince ne fâche femme que pour relancer amour, tel eau sur la braise ;

princesse grandit : douceur de sa mère [209] et noble fierté du père, beauté ; un seigneur de la

cour l’aime, réciproque ; Prince en voulait comme genre ms veut le mettre à l’épreuve [210]

pour donner constance à leur amour + éprouvera aussi sa propre épouse, faire éclater ses

qualités au monde ; annonce que se remarie pour avoir nouvelle fille puis que la première est

morte > sa promise de haute naissance élevée ds couvent ; douleur des jnes amants ; son

épouse doit se retirer ds sa chaumière ; [211] dehors sereins ms chagrin ; accepte ordre de son

maître et reprend habits de gardeuse de brebis ; s’excuse d’avoir déplu ; touché ms gloire

l’emporte > [212] répond durement ; elle retrouve son père et prie pour son époux ; il la

convoque pour embellir sa promise [213] et ses appartements ; elle paraît > tendresse

maternelle de G, qui pense à sa fille, et l’aime ; [214] supplie prince de la traiter moins

durement qu’elle : bergère doit pas faire leçon ;

jour mariage, prince parle : apparence trompeuse, promise malheureuse, [215] G

désespère, lui heureux : ms non ; marie sa fille à ce seigneur, et reprend femme qu’il a si

durement chassée ; comme nuage chassé, joie de ts éclate ; prince presse sa fille au temple ;

[216] fête ; gloire à G, et louange même aux dureté du prince, qui a permis tel modèle de

vertu.

. 4.2.1.3. « À Monsieur *** en lui envoyant Griselidis »(1691) [218]

Si avait écouté avis sur ce conte, ne serait resté qu’un récit sec qui aurait mieux fait de

rester sur papier bleu. Trop de détails sur caractères et occupations du héros / Pourquoi

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réponse au conseil et description de la chasse = vains ornements appauvrissant poème ; id.

préparatifs mariage / réflexions chrétiennes de G déplacées, inhumanité du prince [219]

insupportable ; seigneur épousant fille = juste pour finir.

Deux autres amis reprennent autres endroits. CP. leur cite critiques d’avant > Prince

d’Italie peut parler légèrement des fs ; l’épargner, comme métamorphose des belles avant

mariage ; réflexions chrétiennes nécessaires à faire croire à la patience de l’héroïne, si

épreuves non divines, f. stupide ; seigneur qui épouse fille [220] = nécess. à ce que rien ne

reste en suspens ds ce vrai poème

> divergence des avis : CP laisse ouvrage tel que lu à l’Académie : corrige ce qu’on lui

a montré mauvais en soi-même, et non / goût de qqs trop délicats > vers : pas retirer un repas

parce qu’un convive l’aime pas, mets différents selon goûts ; suivra jugement du public [note

1691 : marquise Sal. = Griselde > Boccace, nom Griselidis un peu sali ds mains du peuple et

Griselde plus facile à employer en poésie.

+ 4.2.2. Peau d’âne Conte, À Mme la marquise de L*** (fin 1693 ? 1694 ?) [221]

Guindés ne souffrent que le sublime ; ms esprits parfais peuvent aimer marionnettes,

parfois sornettes valent mieux ; raison prend plaisir à sommeiller, bercée par conte d’ogres et

de fées.

Ne craint donc pas qu’on le condamne de mal employer son loisir ; [222] plus grand

roi de la terre, vertueux et guerrier, favorisant art, eut une fille ; richesse, grande écurie avec

honneur à un âne qui faisait pas d’ordure, ms écus et Louis d’or recueillis chaque matin ;

[223] reine malade mourante malgré médecins et charlatans ; fait promettre au roi de ne se

remarier qu’avec plus elle et plus aimable qu’elle ; meurt, grand deuil ;

[224] veut se remarier au bout de qqs mois ; seule Infante peut remplir exigences de la

reine, casuiste explique que possible > princesse triste et va trouver marraine ds grotte, fée

comme vous l’a appris votre mie ; qu’elle écoute conseils : [225] ne pas contredire folle

demande du père : demander robe couleur du temps ; roi l’exige de ses tailleurs sous peine de

pendaison > faite le second jour > id. couleur de lune > faite 4e jour [226] > id couleur soleil >

un lapidaire la fait avant fin de la semaine > demander peau de l’âne > [227] amour compte

pour rien argent et or > obtenue > qu’elle s’en aille déguisée ds la peau, qu’elle cache habits

ds cassette, qui la suivra sous terre et qu’elle fera apparaître avec coup de baguette ;

Princesse travestie s’enfuit dès le matin ; prince l’apprend > fait fouiller [228] tout

royaume, où tristesse se répand (du curé ss offrande nott) ; Infante cherche place, ms personne

ne veut d’une si sale créature ; ds métairie, fermière a besoin d’une souillon et nettoie auge

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des cochons, harcelée par les valets ; PA s’enferme, ouvre sa cassette dimanche matin et

s’habille, [229] met une des robes dont traîne ne peut s’étaler ds petite chambre, ms ce plaisir

la soutient d’une semaine sur l’autre ;

cette métairie = ménagerie du roi, Céphale fils du roi y venait souvent retour de

chasse, PA et s’en émeut et se sait par là encore princesse ; [230] prince passe une fois près

séjour de PA et regarde par serrure : la voit en tte beauté, parée, tt ému, nott par son air de

pudeur ; ose pas enfoncer la porte > pensif au château, ne peut plus se distraire ; [231]

apprend qui est PA, laide, et ne peut le croire ; sa mère lui demande son malheur : demande

que PA fasse un gâteau > elle s’exécute, bien enfermée ds sa chambrette ; [232] on dit

qu’anneau tomba par hasard ds pâte, ms pê exprès, car comme femme œil vif a pu voir prince

qui la regardait ; prince adore galette et joie de trouver émeraude avec jonc d’or ; le met son

chevet ; médecins le disent malade d’amour.

On veut le marier : seult avec celle qui pourra mettre anneau ; parents surpris ms soit

pour le guérir ; [233] > quête ds royaume, qq soit le rang ; essais d’affinage des dgts : râper,

couper, faire tomber peau avec eau ; essai par fs de moins en moins bien nées ; [234] reste

plus que PA : quoi, cette guenon ? ms dgt d’ivoire, qui va > cour surprise ; elle demande à se

changer, fait rire, ms quand paraît, [235] dames de cour bien marries ; roi, reine et princes

comblés ; mariage > rois viennent de partout : plus éclatant = père de PA, dont temps a

purifié amour > amour paternel, prince ravi de le découvrir, [236] marraine arrive et raconte

tt.

Morale = qu’enfant apprenne qu’il vaut mieux s’exposer à la peine que manquer à son

devoir, vertu infortunée tj couronnée ; raison contrôle pas amour ; beaux habits suffisent à jne

fs ; tte femelle se croit la plus belle ; conte difficile à croire, ms mémoire gardée tant

qu’enfants, mères et mères-gds.

+ 4.2.3. Les souhaits ridicules Conte, à Mlle de La C*** (1693) [237]

Fable pas contée à destinatrice si moins raisonnable ; précieuse serait horrifiée du

boudin qui ne veut que parler de cœur, ms vs qui savez si bien charmer en racontant, naïvt,

savez que manière vaut plud que matière > vs aimerez fable et moralité.

Un bûcheron était si pauvre qu’il souhaitait mourir : [238] le ciel ne l’a jamais exaucé ;

il se plaint un jour ds un bois, Jupiter apparaît foudre en main ; proteste ne rien vouloir ms

dieu lui, appitoyé, exaucer ses 3 premiers souhaits ;

revient tout gaiement sous son toit de fougère ; dit à sa f Fanchon de faire un gd feu et

lui raconte tt ; elle dit à Blaise [239] de ne rien gâter par impatience : remettre premier souhait

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à demain ; lui, demande qu’elle aille chercher vin derrière fagot ; au coin du feu, se prend à

désirer une aune de boudin > un boudin serpente de la cheminée vers elle > l’injurie, il

reconnaît sa faute ms peste et lui souhaite que boudin pende au bout de son nez ; [240]

exaucé, ce qui gâte beauté de Fanchon, même si l’empêche au moins de parler ;

se dit qu’il pourrait être roi, ms quelle reine > en discute et, comme on préfère tj.

plaire, dernier souhait = de perdre de nez ; > bûcheron change pas d’état, [241] son faible

bonh = de remettre sa f comme elle était ; hs misérables ne doivent donc pas faire de souhait,

peu savent user des dons du ciel.

— 4.3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) [243]

+ 4.30. « À Mademoiselle » (1695, 1697) [245]

Pas étrange qu’en enfant ait eu plaisir à composer ces contes, ms étonnante hardiesse

de vous les présenter ; ms pas blâmables, renferment morale très sensée qui se révèlent +/-

selon degré de pénétration ; vaste étendue d’un esprit se voit à cette capacité de s’élever aux

grandes choses et de s’abaisser aux petites ; contes donnent image de ce qui se passe ds

famille, où impatience d’éduquer enfants fait imaginer histoire [246] sans raison, pour des

enfants qui n’en ont pas encore = aux personnes destinées à régner convient de connaître leur

peuple ; même héros de votre race ont poussé jusqu’à huttes et cabanes pour leur instruction >

vers : a choisi au mieux pour rendre vraisemblable ce que la fable a d’incroyable + jamais fée

n’a autant fait de dons que la nature à vous > respect, Darmancour.

+ 4.3.1. La belle au bois dormant Conte (1695, 1696, 1697) [247]

Roi et reine très fâchés de ne pas avoir d’enfant finissent par avoir une fille ; au

baptême, marraines = 7 fées qu’on trouva ds pays ; après, grande festivité au château, festin

où paraît vieille fée oubliée car n’est pas sortie de sa tour depuis +50 ans (> crue morte ou

enchantée) ; on ne trouve pas de couverte en or massif pour elle comme pour les autres >

grommelle de se croire méprisée = menace, entendue par jne fée, qui se cache derrière

tapisserie par crainte de mauvais don de la vieille > perler la dernière ; [248] dons des fées :

beauté, esprit, grâce, danse, musique > vieille = princesse se percerait le doigt d’un fuseau et

en mourrait > jne fée sort, et rassure tt le monde : seult profond sommeil de 100 ans au bout

desquels un fils de roi la réveillera ;

Roi fait publier édit interdisant de posséder et utiliser fuseau, sur peine de la vie ; ms

15-6 ans plus tard, roi et reine vont ds maison de plaisance et princesse, courant ds château, va

jusqu’à galetas où vieille file sa quenouille : pas entendu parler de l’édit ; curiosité de la jne

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fille, qui prit le fuseau, vive et étourdie [249] + arrêt des fées, se perce la main et s’évanouit ;

vaines tentatives de réanimation > roi fait mettre princesse ds plus bel apt du palais, sur lit

d’or et d’argent : belle comme un ange ; bne fée ds royaume de Mataquin, ms prévenue par

nain aux bottes de 7 lieues > arrive ds chariot de feu traîné par dragons > touche de sa

baguette tt le château sf roi et reine, [250] y compris ptte chienne Pouffe sur lit avec elle >

prêts à la servir quand se réveillerait > roi et reine s’en vont et interdisent qu’on approche

château, d’ailleurs arbres et ronces poussent vit autour > seul haut des tours dépassent :

princesse à l’abri des curieux.

100 ans plus tard, fils du roi qui règne alors est d’une autre famille > demande ce que

sont tours : esprit, sorcière sabbat, galt ogre mange enfants ; vieux paysan raconte avoir

entendu sire à son père il y a plus de 50 ans [251] que princesse qui devait dormir 100 ans et

être réveillée par fils de roi à qui réservée ; prince se sent tout feu et veut voir, par amour de la

gloire ; ronces et épines s’écartent > avant-cour avec image de la mort, corps étendus, ms nez

bourgeonnés des Suisses montrent qu’endormis, monte, salle des gardes, chambres > celle

avec un lit et la princesse de 15-6 ans ; à genoux ; elle s’éveille, et lui dit qu’il s’est bien fait

attendre ; ne sait comment lui témoigner sa joie ; elle a eu plus le temps de songer à quoi dire ;

dialogue intarissable après 4h ; Palais s’éveillent, et les non amoureux meurent de faim ;

Dame d’honneur appelle pour viande princesse habillée comme ma grand-mère, avec collet

monté ; salon des miroirs, officiers de la princesse, violons et haut-bois [253] jouent

morceaux excellents d’un siècle ; grand aumônier les marie ds chapelle du château, dame

d’honneur tire le rideau ; dormirent peu ; prince retourne à la ville dès le matin, son père

l’attend ;

Dit qu’il s’est perdu et a couché ds hutte d’un charbonnier ; mère doute, et pense

amourette après 2-3 nuits dehors ; vit deux années entière avec princesse et ont 2 enfants :

fille Aurore et garçon Jour encore plus beau ; n’ose pas se confier à sa mère car de race

ogresse, épousée par le roi à cause de ses grands biens ; ;aurait même conservé inclination

d’ogresse : se retiendrait mal devant petits enfants ; [254] ms après 2 ans roi meurt et prince,

devenu maître, déclare publiquement son mariage, et va cérémonieusement chercher sa f ds

son château ;

va faire guerre à son voisin roi Cantalabutte > laisse régence à sa mère pour tout l’été ;

reine mère envoie bru et enfants ds maison de campagne, pour assouvir aisément son horrible

envie ; y va et demande à son maître d’hôtel qu’elle veut dîner le lendemain de la petite

Aurore à al sauce Robert (voix de chair fraîche) ; pauvre h va voir fille de 4 ans avec son

couteau, elle lui demande bonbon, il pleure et va égorger un petit agneau > [255] servie avec

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si bne sauce que reine jamais mangé rien de si bon ; A cachée par femme du Maître d’hôtel ds

leur logt basse-cour ; 8 jours après reine réclame pour son souper le petit jour > MH va le

chercher, faisant du fleuret avec un gros singe, 3 ans ; la cache et sert un chevreau tendre

qu’ogresse déguste ; puis régente veut manger reine à la même sauce que ses enfants ; pb car

elle a 20 ans passés en plus des 100 ans de sommeil, peau + dure > excite sa rage et monte

couteau à la main chez elle, qui lui tend le col, croyant déjà ses enfants morts ; [256] il lui dit

tout, et donne une biche à la place ; Régente contente se prépare à dire que victimes des loups

enragés.

Régente rôdant ds cour pour chair fraîche entend fils pleurer car reine veut le faire

fouetter, et sa sœur le défendre > rage et dès le lendemain, commande au milieu cour cuve

qu’elle remplit de crapauds et de vipères > y jeter tt le monde, mains liés ; bourreaux

s’apprêtent, quand roi + tôt que prévu [257] entre ds la cour à cheval, s’informe, personne ose

répondre, ogresse en rage se jette elle-même ds cuve où dévorée ; roi fâché ms s’en console

avec f et enfants ;

On en trouve plus de femelle qui attende 100 ans tranquillement son mari ; on ne perd

rien pour attendre, nott mariage différé ; mais f aspire tant à la foi conjugale que pas le

courage de lui prêcher cette morale.

+ 4.3.2. Le petit chaperon rouge (1695) [258]

+ 4.3.3 La Barbe bleue (1695) [261]

+ 4.3.4. Le Maître chat ou Le Chat botté (1695) [267]

+ 4.3.5. Les fées (1695) [273]

+ 4.3.6. Cendrillon ou La Pantoufle de verre (1697) [278]

+ 4.3.7. Riquet à la Houppe (1697) [284]

+ 4.3.8. Le petit Poucet (1697) [290]

— 4.4. Traduction des Fables de Faërne (1699) [301]

+ 4.1 « La Femme noyée et son mari » [301]

+ 4.2. « Le Loup et la grue » [301]

+ 4.3. « Mercure » [302]

+ 4.4. « Le Jour de fête et le jour ouvrier » [302]

+ 4.5. « Les rats et le chats » [303]

+ 4.6. « Le Corbeau et le renard » [303]

+ 4.7. « Le Paysan et Jupiter » [304]

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+ 4.8. « Le Bûcheron et Mercure » [305]

+ 4.9. « La Fourmi » [306]

+ 4.10. « Le Plongeon, le buisson et la chauve-souris » [306]

5. Poésie religieuse et didactique

— 5.1. Recueil de plusieurs hymnes (1699 ?) [308]

+ 5.1.1. « Pour le jour de Saint Gervais et de Saint Protais » [308]

+ 5.1.2. « Second hymne » [309]

+ 5.1.3. « Hymne à Laudes » [309]

+ 5.1.4. « Prose » [310]

— 5.2. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701) [313]

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RÉSUMÉ-SOMMAIRE

Charles Perrault Contes

1641-1701

1. Poésie burlesque — 1.1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637, 1641) [43] — 1.2. L’Énéide travestie (1648) [48] + 1.2.1. * « Le voyage dans l’autre monde » [48] + 1.2.2. * « La vérité sur le suicide de Didon » [49] — 1.3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653) [52] + 1.3.1. * « Ébauche d’un serpent » [≠ Valéry, 1922] [52] + 1.3.2. * « Le maçon de lady Chatterley » [≠ D.-H. Lawrence, 1928] [53] + 1.3.3. * « Un petit Poucet avant la lettre » [55]

2. Textes précieux — 2.1. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660) + 2.1.0. « Lettre à Monsieur l’abbé d’Aubignac sur le Dialogue de l’amour et de l’amitié » [59] + 2.1.2. Dialogue de l’amour et de l’amitié [65] — 2.2. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661) [81]

3. Textes officiels et polémiques

— 3.1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673) [93] — 3.2. Le Labyrinthe de Versailles (1675) [96] + 3.2.1. « Le Duc et les oiseaux » [98] […] + 3.2.38. « Les canes et le petit barbet » [111] — 3.3. La Peinture (1668) [112] — 3.4. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674) + 3.4.0. « À Monsieur Charpentier » (1675) [129] + 3.4.1. Critique de l’opéra [135] — 3.5. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (1682) [153] — 3.6. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687) [165] — 3.7. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes II (1690) [173]

4. Contes — 4.1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691) [177] — 4.2. Contes en vers (1695) [183] + 4.2.0. Préface (1695) [185] + 4.2.1 Griselidis (1691 : La Marquise de Salusses ou La Patience de Griselidis) .4.2.1.1 « À Mademoiselle » [189] . 4.2.1.2 Griselidis, nouvelle [191]

. 4.2.1.3. « À Monsieur *** en lui envoyant Griselidis »(1691) [218] + 4.2.2. Peau d’âne Conte, À Mme la marquise de L*** (fin 1693 ? 1694 ?) [221] + 4.2.3. Les souhaits ridicules Conte, à Mlle de La C*** (1693) [237] — 4.3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) [243] + 4.30. « À Mademoiselle » (1695, 1697) [245] + 4.3.1. La belle au bois dormant Conte (1695, 1696, 1697) [247] + 4.3.2. Le petit chaperon rouge (1695) [258] + 4.3.3 La Barbe bleue (1695) [261] + 4.3.4. Le Maître chat ou Le Chat botté (1695) [267] + 4.3.5. Les fées (1695) [273] + 4.3.6. Cendrillon ou La Pantoufle de verre (1697) [278] + 4.3.7. Riquet à la Houppe (1697) [284] + 4.3.8. Le petit Poucet (1697) [290]

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— 4.4. Traduction des Fables de Faërne (1699) [301] + 4.1 « La Femme noyée et son mari » [301] + 4.2. « Le Loup et la grue » [301] + 4.3. « Mercure » [302] + 4.4. « Le Jour de fête et le jour ouvrier » [302] + 4.5. « Les rats et le chats » [303] + 4.6. « Le Corbeau et le renard » [303] + 4.7. « Le Paysan et Jupiter » [304] + 4.8. « Le Bûcheron et Mercure » [305] + 4.9. « La Fourmi » [306] + 4.10. « Le Plongeon, le buisson et la chauve-souris » [306]

5. Poésie religieuse et didactique — 5.1. Recueil de plusieurs hymnes (1699 ?) [308] + 5.1.1. « Pour le jour de Saint Gervais et de Saint Protais » [308] + 5.1.2. « Second hymne » [309] + 5.1.3. « Hymne à Laudes » [309] + 5.1.4. « Prose » [310] — 5.2. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701) [313]

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INTRODUCTION

Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

I. Charles Perrault dans son siècle

— 1> La famille Perrault

+ a) Le milieu d’origine

. Père : Pierre P. (< Touraine) = avocat au Parlement de Paris (meurt 1652)

— typique d’une bourgeoisie qui s’oriente de plus en plus vers possession

d’offices plutôt qu’activité économique (aïeux sans doute marchands).

— Comme beaucoup : partagé entre fascination pour culture humaniste

(rationalité, forme de croyance au progrès) et exigence religieuse.

— Veille attentivement à l’éducation de ses enfants (fait résumer à Charles, en

latin, essentiel de ses leçons).

. Mère : Paquette Leclerc (Normande) ; certaine richesse, apparentée à des nobles =

Lhéritier de Villandon (meurt 1657) > nièce de CP. : Mlle Lhéritier (précieuse et

conteuse).

— notamment : maison de Viry

. Globalement : une certaine aisance > cf. stratégie de carrière des enfants.

+ b) Une fratrie

. b1. Importance de l’ensemble du groupe = véritable milieu (microcosme) intellectuel

et idéologique.

— Jean : né 1609 > « avocat sans cause » (Charles lui trouvera emploi quand

travaillera pour Colbert).

— Pierre : né 1611 > sa famille lui achète en 1654 (après mort du père et sans

doute avec dote de la mère) charge de receveur gal des Finances de Paris =

investissement et emplois considérables.

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— Claude : né 1613 > médecin, physicien et architecte ; parmi premiers

académiciens des sciences 1666 ; on lui attribue l’Observatoire + projets

retenus pour colonnade du Louvre (Le Vau ? défense par Charles 1700).

— Nicolas : né 1624 > théologien, soutient sa thèse en 1648 : exclut de la

Sorbonne en 1656 < soutient Arnauld et adopte ouvertement positions

jansénistes.

. b2. François et Charles : nés 1628 ; Fr., aîné des jumeaux, meurt 6 mois après [CP.

dernier né : petit Poucet…].

— déterminant pour psychologie, voire pour œuvre de CP. Selon Soriano : cf.

tendances gales (C13)

* famille tend à souligner ressemblance (cf. évocation de ce jumeau ds

Mémoires entrepris en 1701, à 72 ans) : mort de l’un > l’autre continue à

être élevé en jumeau.

* nostalgie d’une plénitude originelle + nécessité de différenciation > lutte

pour la primauté : celle-ci bloquée en cas de décès de l’un d’eux > risque

d’étiolement, sauf si peut reformer avec un autre le couple gémellaire.

— Éclaire selon Soriano, outre certains comportements (faveur du travail à

plusieurs : collaboration et compétition + récurrence des querelles de

paternité : cf. Colonnade, Contes…) :

* thèmes : double, miroir, écho

* querelle des Anciens et des Modernes

* certaine primauté du style binaire

+ c) Famille et gémellité

. c1. À 44 ans, épouse en 1672 Marie Guichon, âgé de 18 ans > 3 garçons et sans doute

une fille :

— « Mlle Perrault » (< dédicace de Mlle Lhéritier 1693) née 1673-4, Charles

Samuel (1675), Charles (1676), Pierre (1678).

. c2. 1678 : CP reste veuf > prend direction effective de l’éducation de ses 4 enfants,

qui parviennent à l’âge des contes (4-5, 3, 2 ans, 3 mois).

— s’y adonna pê pour leur amusement et éducation.

— Intérêt réel pour questions pédagogique, et réflexion véritable [≠ seulement

idée du temps : enfant = homme en miniature] : = résurgences ds Parallèle

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(1688-97), avec idée max. = « L’esprit de l’enfant se fortifie tj. avec l’âge »

[≠ cartésianisme : âme donnée à l’homme toute constituée, ni sensualisme

de Locke, dont idée De l’éducation des enfants modérées (trd. Fr. 1695)].

— Attention : quand apparaissent les Contes (1695) = enfants de CP. Déjà

grands >

. c3. Pierre Perrault d’’Armancour (cadet de bonne famille bourgeoise prend nom

d’une terre qui lui est offerte) [simple projet, ici].

— Tient cahiers de contes 1694 (16 ans) > Contes de ma mère l’Oye :

appropriation par son père, qui ne les reconnaîtra jamais (≠ contes en

vers)[1ère attribution : 1724]

— = recomposition euphorique du couple de jumeaux par CP. (cadet comme

double) > écrasement du fils, agressivité refoulée qui éclate ds rixe où tue

1697 Guillaume Caulle, fils du menuisier voisin : SOR. 454 = « La mort de

GC est pê l’envers des Contes de Perrault »

* conséquence = stratégie du père pour promouvoir le fils avorte (malgré

compromis obtenu par CP [paye frais de médecine et d’enterrement +

indemnité], : procès de la mère / Perrault père et fils jusqu’en 1698 > Père

achète au fils charge de lieutenant > fils part aux armées et y meurt en

1699.

* les Perrault ne produisent plus de contes…

— 2> Une carrière

+ a) Singularités d’une formation classique

. a1. Le collège de Beauvais (1636-43)

— 8 ans d’étude, àp de l’âge de 9 ans : éducation prolongeant tradition de la

ratio studiorum des collèges jésuites =

* grammaire latine (ds manuels en latin…) : prédominance du thème

* fondée sur l’enseignement des auteurs classiques (avant tout latin) [ms

philo : d’inspiration aristitélicienne : , par extraits : exemples moraux

(stoïcisme) [expurgés de tout contenus philosophiques païens + sans

contextualisation historique] > imitation, en latin (prose, et vers

qu’affectionnait partt. CP.) = constitue « une sorte d’univers fictif, à la fois

antique et rhétorique » SOR. 228.

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* critique et inflexion de cet enseignement par Oratoriens et Jansénistes [≠

collèges de CP.] : critique / omniprésence du latin, abus / exs de mémoire,

pas d’approche des œuvres intégrales…

— Aisance et plaisir de CP. / cet enseignement traditionnaliste.

. a2. L’incident de 1643.

— CP. s’oppose à son « régent » (prof.) au cours d’une « dispute » (joute

philo : « Je prenais tant de plaisir à disputer… ») > quitte le cours pour ne

plus y revenir.

* pas < cartésianisme (Méditations 1643 ; respect ms distance / Desc., à

l’index en 1663).

* ss doute < jansénisme (cf. frère prépare doctorat de Théologie, et incline

vers Arnaud, qui vient de publier De la fréquente communion.

. a3. Le moment autodidacte (1643-1651)

— Avec son ami Beaurain = préparent seuls licences de Droit (aussi < à Ps =

seulement Théologie).

— Abordent plus directement (lectures cursives) les auteurs antiques +

quelques originalités :

* écrivains du siècle d’Auguste (Virgile, Horace, Tacite) + Tertullien :

littérature latine chrétienne, posant pb. héritage antique (= pose fondement

de la querelle A/M)

* Bible = confirme souci religieux

* Histoire de France

* Œuvres en français (Corneille)

— Docteur en droit : 1651

+ b) Opportunisme et littérature (1654-1660)

. b1. Commis ou précieux ?

— 1654 : frère Pierre receveur > prend Charles pour commis = sinécure

— Ms : receveur doit avoir train de vie correspondant à son rang > CP. chargé

d’embellir manoir de Viry + surtout de classer bibliothèque rachetée à

Germain Habert, abbé de Cerisy, membre de l’Académie fr. et auteur / La

Métamorphose des yeux de Philis en Astre.

* « au milieu de tant de beaux livres » = découverte de la préciosité

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. b2. Les salons et Fouquet

— Fréquentation la plus prestigieuse = Fouquet, surintendant des Finances

(< relation de son frère Pierre) ; CP y a ses entrées (vers 1660).

— Salons précieux bourgeois (≠ nobles, avant la Fronde) : Madeleine de

Scudéry (y rencontre Chapelain) et autres (dont Mlle de Lhéritier)

— Sur conseil de Colbert, L XIV fait arrêter Fouquet (1661) < éclat excessif

de Vaux + malversations (ms surtout < changement de politique) ; or :

* Pierre, qui connaît Colbert depuis longtemps, a pu aider à abattre

Fouquet, puis est victime de la nouvelle politique impulsé par Fouquet

(baisse de la taille > des revenus des receveurs : Pierre la répercute pas) >

doit démissionner en 1664.

* CP. employé par Colbert dès 1661 sur recommandation de Chapelain : cf.

à lui que Colbert dicte rapport sur Fouquet ; disponible, pas marié, et

accord politique…

+ c) Le grand commis de Colbert (1663-1683)

. c1. Poste et activité

— Dans sillage de l’ascension de Colbert, ministre dès 1661 (Contrôleur gal

des Finances, siège au Conseil d’En-Haut) > attributions croissantes : peu à

peu, tout, sauf Affaires Étrangères et Guerre ; surintendant des Bâtiments

1664 : dans cette perspective, crée en 1663 « petit comité » ou « petite

Académie » (futures « Inscriptions et Belles-Lettres », dirigée par le vieux

et prestigieux poète Chapelain, qui propose Perrault comme secrétaire des

séances.

* Tendance gale de la monarchie administrative : centralisation et cumul

des fonctions > besoin de déléguer à des hommes de confiance disponibles

et qui comprennent (savent jouer des) volonté des ministres.

* Poursuit centralisation étatique des arts et des lettres fortt. impulsée sou

Richelieu : compagnie des cinq auteurs (1634), Académie française

(1635).

— En outre, a pu entendre parler des embellissements de Viry > CP aussi au

conseil des Bâtiments (premier commis 68, contrôleur 72) :

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* 1666 = intriguera contre Le Bernin, dont plans retenus pour façade du

Louvre > retour en Italie : tournant = fin de l’âge baroque en France (>

favorise son frère Claude…)

— Activité multiforme :

* Intervient ds attribution des pensions (« gratifications »), réorganise les

Académie — notamment Académie française, où entre en 1671, chancelier

en 72 et 73 ; directeur 81 : institut° des jetons de présence, multiplication

des séances de travail, solennité et caractère public des séances de

réception…

* Profite de son pouvoir : 1671, Chapelain et CP œuvrent auprès de Colbert

pour qu’il refuse privilège à L’Art poétique de Boileau (paraît 1674 : parti

des anciens, anti-précieux…)

* Représentant de Colbert ds tous les domaines des arts, voire des sciences

(avec frère Claude) ; travaille au culte de la personnalité royale : fournit

devises pour tapisseries et monuments, revoit dédicaces et préfaces en

l’honneur du roi…

. c2. Position politique

— Outre opportunisme, conviction réelle : 20 ans de service, avec quasi

interruption de son œuvre littéraire.

— Pas de pensée politique systématique, ms une position : globalement,

ralliement de la bourgeoisie à l’absolutisme après la Fronde (rabaissement

des grands + méfiance du peuple) + modernisme et moralisme.

* certaine sympathie populaire : intervient auprès de Colbert pour ne pas

interdire jardin des Tuileries aux promeneurs, pour qu’opéras du Palais-

Royal donne aussi séances au public populaire…

* Mémoires font aussi apparaître certain cynisme politique : regrette

abaissement de la taille qui nuit à son frère (Pierre, receveur) ; référence au

panem et circenses des empereurs romains = choyer le peuple pour qu’il se

tienne tranquille.

+ d) La disgrâce de l’académicien

. d1. Les circonstances d’une éviction

— Montée en puissance de Racine et Boileau, ennemis du clan Perrault.

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* Dans le sillage de Louvois (succède Colbert 83 ; fils de Michel le Tellier,

ministre de la guerre, qu’il assiste aux Affaires étrangères et à la Guerre, et

qui représente clan ennemi de Colbert ; importance croissante avec celles

des affaires extérieures), Mme de Montespan (favorite 1667-1675) et son

frère le duc de Vivonne (maréchal de France 1675).

* Racine et Boileau historiographes du roi 1677 ; Boileau Acad. 1684 >

dominent Académies et vie intellectuelle du pays.

— Lassitude puis mort de Colbert.

* Lassé des polémique ou CP (et ses frères) s’engage / Boileau et Racine

depuis 1667-68 (personnelles, poétiques et idéologiques) > 1680 : Colbert

commence à remplacer CP par un de ses propres fils, Dormoy > 1682 : doit

quitter administration des Bâtiments ;

* 1683 : mort de Colbert remplacé par Louvois > CP. évincé de la « petite

Académie » [Chapelain mort en 1674] : sans emploi, hormis son poste

d’Académicien, .d’où tente de reconquérir une position auprès du pouvoir.

. d2. La bataille idéologique

— Mort de la reine (1683) > L14 épouse morganatiquement Mme de

Maintenon (1684) > rigorisme religieux croissant : Affirmation du

gallicanisme (1682 « Déclaration des 4 articles »), évocation de l’édit de

Nantes (1685).

— > affirmation de la suprématie des Modernes sur les Anciens prend pour

Perrault tour religieux (chrétiens / païens) + occasion de louer siècle de

Louis XIV.

* tente fonder art moderne avec épopée chrétienne (Saint Paulin, 1686)

[≠ poésie d’aujourd’hui ne traite que « la raillerie ou l’amour » : Boileau,

Racine] et surtout, lecture à l’Académie du Siècle de Louis le Grand

(1687) : / académiciens plus jeunes, pénétrés de rationalisme cartésien

[libre examen] + stratégie : critiquer thèse moderne revient à remettre en

cause le souverain : force = aussi de soumettre le débat au jugement du

public (≠ érudits) // faiblesse = n’insiste pas d’emblée sur aspect moral +

argument du progrès implique érudition dont CP ne dispose pas.

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* Répliques ironiques de Racine et Lafontaine [épître à l’érudit Daniel

Huet, « À Monseigneur l’évêque de Soisson »], mobilisation du « pays

latin » par Boileau > Parallèle des anciens et des modernes (1688-97) +

querelle dégénère : 1694 Satire X de Boileau contre les femmes > CP

Apologie des femmes, injurieuse > arbitrage du grand Arnaud, juste avant

sa mort (ami des deux familles, mais que Racine aide pê à négocier son

retour en Fr.), ds lettre non publiée que CP lit l’année même : excès des

deux côtés, ms surtout position contradictoire de CP. = moralisme

sourcilleux + défense de poésie galante si moderne (Quinault) [≠ satire :

pas immoral parce que parle des vices, < les critique] : repli de CP, même

si ni position moraliste ni moderniste remise en cause.

— > éclaire derniers écrits de CP. : perspective morale(relig.) et moderniste

(là où indéniable : sciences et éducation)

* Contes : de pays chrétiens, opposés aux païens.

* Textes religieux : entreprend en 1694 des Pensées chrétiennes + hymnes

en 1699. ; grande orthodoxie [≠ jansénisme passé] : écrit en 1698 à Bossuet

pour le féliciter de sa lutte contre le quiétisme.

* Poèmes courtisans vantant progrès : cf. ultime œuvre 1701 = ode / Canne

à sucre.

II. Éléments d’une œuvre

Les Contes de l’édition Soriano

Vers une poétique générale de Charles Perrault ?

— 1> La veine burlesque

+ a) Une notion féconde et problématique

. a1. Le mot

— apparaît 1594 ds La Satire Ménippée [pamphlet protestant contre la Ligue,

pendant guerres de religion]: « bourrelesque » > 1666 « burlesque » [< ital

burlesco < burla : « plaisanterie » = 1584 pour caractériser style de certains

écrivains].

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* hypothèse : pratique ds belle demeure castillane = jets d’eau (burladores)

dissimulés ds verdure > faire jaillir subitement sous les pieds promeneurs.

. a2. La notion

— se caractérise, ds sa plus grande extension (Dominique Bertrand), par

outrance, discordance et mystification (> usage assez ouvert du terme,

jusqu’à nos jours).

* définition restreinte, par Boileau (préface du Lutrin, 1674) : burlesque =

réécriture en style bas d’une œuvre relevant du registre élevée «Didon et

Énée parlent comme des harangères et des crocheteurs ») / héroï-comique

(« burlesque ascendant ») = style élevé pour situation relevant d’un registre

bas [cf. : excès + discordance + mystification] ; CP. id. in Parallèle IV,

1692, ms àp principe plus gale = « Le burlesque est une espèce de ridicule

qui consiste ds la disconvenance de l’idée qu’on donne d’une chose d’avec

son idée véritable ».

* = jeu / hiérarchie codifiée des style tels que classicisme le reprend à

l’antiquité et le fige (≠ MA et Renaiss.) :

— Proximité et distance du « grotesque » (1532) < ital. grotesca < grotta :

dessins étranges remis à jour ds des fouilles archéologiques = difformité

risible [cf. CP. supervise construction d’une rocaille ds jardin de Viry]

* burlesque = + litt. / grotesque = + pictural et plastique

* grotesque = plus dimension monstrueuse (déformation plastique) ≠

burlesque pas tj. non plus comique (pê être grinçant, proche de l’humour

noir ; cf. CP. : « sérieux en dedans »).

* burlesque = plus relation à un modèle (même si pas systématique) >

connivence / public ;

. a3. Une vision du monde ?

— « Une machine sociocritique ambiguë » (D. Bertrand)

* Par jeu sur les registres = ébranlement des catégories sociales (rapport au

carnavalesque défini par Bakhtine : inversion haut / bas).

* Mais : à la fois mépris (lettré, bourgeois ou aristocratique) et recherche de

connivence / culture populaire de + en plus ≠te / savante.

— Une perspective religieuse et métaphysique

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* Aspect subversif : en France, en marge de la littérature officielle que

cherche de plus en plus à instaurer l’État ( àp. Richelieu 1624-42) ; lien /

« libertins » = démystification sans limite

* > primat du moral, voire du métaphysique, sur le social : vision à distance

de l’humain, cf. dualisme cartésien corps / esprit + pessimisme chrétien

(jansénisme)

* > critique du langage et des apparences comme ne couvrant que vanité :

lien et différence / baroque (< pas de récupération métaphysique : Dieu

baroque règle scène mobile des apparences, cf. Calderon 1633 Le grand

théâtre du monde) ;

+ b) Le contexte français

. b1. Commencements

— Ouverture à la littérature européenne : cf. classicisme sera affirmation

d’une littérature nationale

* Espagne (puissance des Habsbourg, contre laquelle lutte France, cf. :

Guerre de Trente ans 1635-59 > paix des Pyrénées 1659 > mariage du futur

Louis XIV / infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV) : mélange des

registres pratiqué par grand poète Gongora (ex. 1624 Pyrame et Thysbé <

Ovide) + logique du rabaissement ds Don Quichotte de Cervantès (1605)

* Italie (< Renaissance + cour de France : 1610-17 régence de Marie de

Médicis, femme de Henri IV et mère de Louis XIII ; gvt. Mazarin 1643-

61) : Tassoni, La Secchia rapita (1622, Paris) [Le seau enlevé : lutte

picrocholine entre deux cités ital. ; octosyllabes, comme Gongora] ; inspire

Boileau pour Lutrin > traduite par Pierre Perrault 1678…

— En français = véritable mode (1644-70 et au-delà), inauguré surtout par

Scarron (importe et développe burlesque au théâtre àp. comedia espagnol >

impulsion décisive pour comédie de Mol. [Précieuses 1659]) : = inaugure

burlesque au sens étroit.

* 1644 Typhon ou la Gigantomachie (lutte des géants contre les dieux) et

surtout Virgile travesti 1648.

* style : syntaxe libérée, rythme prosaïque ( ?), rimes fantaisistes,

obscénités, listes (trad. MA), grande richesse lexicale (archaïsme, mots

pop., patois, mots techniques) = traits que CP. exacerbe.

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. b2. La Fronde

— Mode = ds salons aristocratiques et bourgeois dont l’opposition à la

centralisation, voire au totalitarisme monarchique, explose sous la Fronde

(1649-53) : cf. style des « Mazarinades » [titre d’un poème de Scarron lui-

même : épopée / héros parodique accusé de vol et sodomie] > style

désavoué par Scarron 1651 car galvaudé.

— > charge, tropisme politique de ce style aux dates qui nous concernent.

. b3. Devenir

— Outre infléchissement par Boileau, persiste au sein même des salons

précieux qui se disent désormais « galants » : cf. pratique sporadique du

burlesque < raillerie fine implique ruptures stylistiques : possibilité d’un

« burlesque agréable ».

— Probablement déterminant pour lecture globale de CP. : cf. Giovanni Dotoli

(Europe 59) = « burlesque « intelligent », caché, profond » ; tj. « langue

multiple, plurielle » (Soriano).

+ c) Les trois textes de Perrault

. c1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637-1641)

— Traduction Livre VIII des Métamorphoses d’Ovide [VOIR + John Donne] ;

œuvre collective, du jeune CP avec Claude et Desmarets ; publié ds

Œuvres poétiques de Desmarets de Saint-Sorlin (porte-plume de

Richelieu ; baroque et libertin avant de devenir poète d’État [carrière de

fonctionnaire = exemplaire pour CP.], dévot sous Mazarin)

— = montre présence très précoce de cette tonalité ds la famille, avant mode :

écrit 1637 (CP a 9 ans).

* Paternité du très jeune CP. montrée entre autres, selon Soriano, par ajout

d’un couple gémellaire (scie et compas le sont pas, chez Ovide) ; jeu de

mot sur lat. perdix, perdicis > en fr. Perdix (neveu de Dédale), en tombant

devient « perdrix » < « a pris l’R »…

. c2. L’Énéide travestie(1648)

— Àp. Livre VI : le plus grave pê < passage d’Énée aux Enfers ; contemporain

de la naissance de la mode ; premier texte revendiqué par CP (ds ss

Mémoires), ms pas seul : ami Beaurain (initiative et choix du chant, ms ne

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sait pas faire de vers) + frères (Nicolas le théologien : « pensée » des 2

vers les plus appréciés = cocher « Qui tenant l’ombre d’une brosse /

Nettoyait l’ombre d’un carrosse. » ; Claude fait seul seconde moitié du

texte).

— Position protestataire = explicite quoique ponctuelle [et texte inédit

jsuqu’en 1091] : 1648 = année où Mazarin exige que les officiers paient à

l’avance plusieurs années de « paulette » (= droit annuel payé pour

transmission des charges) > moment d’une communauté d’intérêt avec le

peuple.

* Que le bon roi ne s’en attriste / On est un peu trop janséniste / Pour avoir

un mauvais dessein / Sur la femme de son prochain. » ; optique janséniste

éclaire choix de l’épisode des enfers, montrant au mieux différence de

l’esprit chrétien / païens [déjà ds inflexion scatologique concernant la

Sybille sur son trépied : vieille femme à qui un dieu souffle au derrière >

symptôme de l’aérophagie]

* Dénonciation récurrente du « caractère italien » + deux vers explicites

barrés : « Vous trouverez des Mazarins / Plus méchants que des monstres

marins ».

— Outre éléments de ton et de style, annonce de la suite ds irruption du

registre enfantin et populaire :

*¨Cf. comptines : prophétie de la Sybille = « L’un d’eux ira vit à Rouen /

Sur la queue d’une jument / […] Ms il reviendra ds Paris / Sur la queue

d’une souris. »

. c3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653)

— Premier texte publié par CP. (premier livre en commun avec Claude et

publié ; second de Claude reste manuscrit) : entre mazarinade déguisée et

poème de ralliement à la monarchie rétablie.

— Aspect protestataire du sujet (outre goût de la famille pour le bâtiment) :

* Développe épisode relaté brièvement ds Métamorphoses d’Ovide :

Neptune et Apollon puni par Jupiter pour avoir comploté contre lui >

envoyés aider Laomédon (fils d’Ilus > Troie = Ilion) à relever les murs de

Troye (sur terre sous noms et habits d’emprunt) ; ms ne sont pas payés >

punissent Laomédon : Apollon envoie peste, Neptune raz de marée +

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dragon dévoreur de papier (symbole de l’écriture burlesque) : pour réparer

injure aux dieux, habitants de Troie doivent offrir au monstre Hésione, fille

de Laomédonn [ds mythe : refus d’offrir sacrifice > même plaie mais

monstre = marin > attacher fille sur rocher, délivrée par Hercule]

* Lecture possible : fronde des princes contre autorité royale + parfois

déguisement des frondeurs pour échapper au pouvoir et comploter (cf. Cal.

de Retz) ; en outre : aperçus / pauvreté, hausse des prix, peuple endetté,

rareté du travail… ;

* Suite d’une Fronde poétique contre les anciens, dont parti a gagné depuis

querelle du Cid [VOIR] :

— ridiculise dieux païens (culture humaniste et jésuite : doublement

officielle) [pulsion libertine] + critique explicitement les anciens ds

« Avis au lecteur » (= leurs expressions « ne laissent pas d’être peu

du goût de notre siècle » ; « Phébus conduit lui- ses chevaux lui-

même comme un charretier »)

— relativise grande poésie : poésie héroïque a premier rang, mais

« beau burlesque » le second.

— Mais : adoucissement de la position politiquement et poétiquement

frondeuse = position de la bourgeoisie àp. 1649 : développement excessif

de la révolte populaire qui menace de tout balayer db. de l’année >

ralliement de la bourgeoisie au pouvoir, et même appui contre seconde

Fronde, des princes.

* Dédicace des paratextes (au point que l’ensemble pê attribué au jeune

Henri de Loménie de Brienne, fils d’un secrétaire d’État et compagnon de jeu

du jeune roi) = renvoient seult à des « mazarins » cad. fidèles à la couronne.

* Scène où Apollon et Neptune lisent avis placardé par monarque

(Laomédon ?) = recrute jeunes talents pour grands travaux à venir :

exactement ce que feront frères Perrault.

* Précision de la poétique du burlesque ds « Avertissement » : distingue

bon burlesque / mauvais, qui a pu inspirer aversion et indignation aux honnêtes

gens (« ceux qui disent mal de mauvaises choses » = mazarinades : burlesque

politique) + racontera « comment Apollon apprit ds l’atelier ttes les façons de

parler les plus basses et les plus communes » > appréciées par les muses

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enjouées qui peuvent plaire ds le monde : selon Soriano = attitude de collecte

érudite, résolument anti-populaire(GF 11) + peuple ridiculisé de façon

systématique

— 2> Les textes précieux

+ a) La préciosité : strates, facettes, nuances

. a1. Un phénomène social et historique

— Daté, avec quelques controverses : milieu 17e (1654-1661 [Antoine Adam]

/ 1643-1733 [Philippe Sellier : Anne d’Autriche > Marivaux]), et

recouvrant pour partie le baroque : second quart 17e (en France : J.

Rousset, de 1580 à 1665 — avec pré-baroque renaissant > 1625, et long

classicisme de coloration baroque ap. 1665).

* ≠ sens esthétique général, catégorie trans-historique : raffinement

exacerbé (excessif) des mœurs et des formes (> cf. préciosité chez Breton,

Aragon, Mandiargues, Gracq…) // baroque (art tourmenté jouant sur

apparences : Genet…).

— Réactivation de la tradition courtoise : exigence de raffinement des mœurs

ds société de cours qui prennent forme (9e-12e) en contrepoint du cadre

étatique royal = après guerres de religion, contre grossièreté des cours de

HIV puis LXIII, ds couches aristocratiques dont opposition à la montée de

l’absolutisme culmine avec Fronde (1649-53) > repli ds légèreté mondaine

et mystique (à l’écart de la politique).

* Particularité majeure : mouvement avant tout féminin, voire féministe =

autour de grandes dames et de leur salon, pour promotion de manières,

d’une culture et d’un statut spécifiques (cf. < idéalisation courtoise de la

Dame).

* Réflexion et revendication concernant l’amour : valeur hors mariage, par

purisme (pétrarquisant, d’inspiration chrétienne et néo-platonicienne) qui

valorise la tendre amitié, le désir, le jeu de la séduction > choix de la

chasteté, ou du libertinage (comme jeu : à l’abri de l’amour).

— Alliance de l’exigence morale et de la mondanité : cf. Saint François

de Sales, Introduction à la vie dévote, 1609 = prêche possibilité de cette

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alliance, contre tentation libertine / ascétique (renaissance catholique, ds

sillage de la Contre-Réforme, après Concile de Trente 1535-1563).

— Les cercles précieux :

* salon de Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet (1620-1648)

[« L’incomparable Arthénice » < Malherbe] + = Malherbe, La

Rochefoucauld, Corneille, Mme de Sévigné et de Lafayette, et grande

aristocratie :

— ms aussi : duchesse de Montpensier (fille de Gaston d’Orléans, frère

de Louis XIII : intrigant et Frondeur) dite « Grande Mademoiselle »

* > Mlle de Scudéry (àp 1652, après Fronde) [Sapho] = salon plus

bourgeois et plus littéraire.

— beaucoup de femmes gravitent autour : cf. Mlle Lhéritier de

Villandon, qui grandit ds ombre salon Scudéry et qui en prend pour

ainsi dire succession = nièce de Perrault.

— Diffusion bourgeoise et a fortiori provinciale de ce qui devient une

mode = une des raisons (outre opposition poétique) / satire des

Précieuses ridicules par Molière (1659)

. a2. Des pratiques littéraires

— Ds salons précieux = pratiques de jeux littéraires, dont frontières poreuses

avec œuvres destinées à la publication.

* Portraits (vogue < roman de Mlle de Scudéry > pour eux-mêmes, autour

de Mlle de Montpensier) ; madrigaux (formes ital.) ; bouts-rimés (poèmes

sur rimes données : cf. Mlle Lhéritier) ; énigmes diverses (noms et portraits

codés à interpréter)

— Importance de l’univers romanesque : ds imaginaire, code linguistique et

éthique de la préciosité = roman pastoral, héroïque et galant (baroque :

longueur, complexité, invraisemblance[merveilleux]).

* Roman comme genre populaire et mondain, décrié par les doctes

(humanistes > classiques) : lointaine descendance de l’Odyssée homérique

et du roman alexandrin (Daphnis et Chloé IV, Longin) >

* roman pastoral : Virgile : Bucholiques et Georgiques > aventures

amoureuses de bergers et bergères + courtoisie médiévale (troubadours et

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suites) : Astrée d’Honorée d’Urfée (1607-1627) [berger Céladon ;

déguisement, enchâssement, amour courtois / libertin]

* roman héroïque : élts du roman alexandrin ms surtout renouvellement par

roman de chevalerie médiéval (matière de Bretagne : légendes du Graal, cf.

Chrétien de Troyes 12e > Continuations du Graal en prose 13e) > romans

héroïques = aussi amour et voyage ms surtt gds exploits : Amadis de Gaule

de l’esp. Montalvo 1508 (trad. fr. 1540) + Roland furieux de l’Arioste,

1532 > fr. Madeleine de Scudéry, roman précieux (glisse vers

vraisemblance et analyse) : Artamène ou le Grand Cyrus, 1549-53 + Clélie,

1554-61.

— Les petits genres et leurs poètes : romans inspirent un univers et servent par

extraits ≠ genres pratiqués en société et pour elle = formes brèves, en prose

et en vers [≠ formes classiques < antiquité depuis Pléiade : élégie, ode,

encore moins épopée ou tragédie…] > formes de poésies légères, de salon,

qui traverseront le classicisme.

* De 1625 à 1648 = Vincent Voiture, à l’hôtel de Rambouillet : remet à la

mode le rondeau (avec pointe grivoise), pratique le sonnet ; àp 1640

environ = pratique de l’épître, en prose ou en vers (avec notamment

pastiche de « vieux langage » : goût moderne pour le MA) ; pratique gales

des formes néo-pétraquistes (sonnets) et satirique (épigramme)

— débuts de Chapelain (cf. petite académie de Versailles 1661) ; abbé

Cotin lance mode des énigmes (sonnet, épigramme ou madrigal

[petit poème amoureux non codifié : Ital. XVIe) ;

* àp 1648 = plutôt Benserade (poète officielle de cour : Mazarin > ballets

de cour Louis XIV jusqu’en 1669) et plus encore Sarasin (frondeur ; salon

Scudéry) > 1654 Pellisson (secrétaire de Fouquet) et Ménage.

* Veine mondaine allégée se diffuse ds livrets de Quinault.

— Poétique et stylistique : entre classicisme et baroquisme ?

* Aspiration à la pureté de la langue et au naturel de la conversation

[composante orale de cette litt. : comme contes pop.] : contre pédantisme et

affèterie, idéal d’honnêteté (La Roch. : « L’honnête homme est celui qui ne

se pique de rien ») [< Courtisan de Balthasar Castiglione 1684 + trad. et

équivalents fr. 17e— adaptation à de petits cercles dissidents ou oisifs],

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vivacité de « l’esprit » + rigueur et pureté, « douceur » de l’expression <

Malherbe (rupture avec tradition ronsardienne, au service de la nouvelle

société de cour : purger langue / archaïsme provinciaux

[« dégasconniser »], emprunts au latin, espagnol, italien) + cf. Vaugelas

Remarques sur la langue française, 1647 : bel usage < « la plus saine partie

de la cour », ≠ mode burlesque) .

* Exigence d’ingéniosité : traits de style qui s’apparente au baroque

européen (esthétique < Contre-Réforme : réaction au protestantisme par

religion qui œuvre au travers d’une séduction sensible des fidèles).

— cf. œuvres étrangères connues en France : marinisme et

gongorisme < italien cavalier Marin, vivant à la cour de

Louis XIII, poésie de l’espagnol Gongora = culte du

concetto : image comme manière de mettre en relation des

réalités éloignées (> appel à ingéniosité) ; ms selon Rousset :

préciosité = figement de cet esprit (images plus abstraites et

minérales)

— outres alliances de mots surprenantes (ds métaphores et

comparaisons, jusqu’à l’oxymore) : pratique de l’hyperbole

[méliorative surtt/ auxèse ≠ tapinose] (« style tangentiel » >

accumulation, superlatifs, comparaisons négatives, adv. en

« -ment » et en « -able »), abstraction (du lexique et des

figures : allégorisation des sentiments).

+ b) Perrault et la préciosité

. b1 Une position ambiguë

— CP. peut se reconnaître ds préciosité comme mouvement mondain et

contemporain : virtuosité ds recherche d’un plaisir débarrassé de la tutelle

antique, loisir de groupe + part d’opportunisme.

* CP. découvre en 1654 cette littérature ds bibliothèque que vient d’acheter

son frère Pierre devenu Receveur = liée à forme de réussite sociale ; lit

notamment Métamorphose des yeux de Philis en astre, de Germain Habert,

dont bibliothèque rachetée > publie en 1659 Portrait d’Iris et Portrait de la

voix d’Iris, ds recueil réuni pour la Grande Mademoiselle.

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* Pê séduit aussi par rigorisme moral des précieuses : cf. Ninon de Lenclos

(courtisane érudite : 1620-1705), = « Jansénistes de l’amour »

— Ms : conserve toujours position critique, « antiprécieuse », en particulier ds

évocation de l’amour et de la femme = fond gaulois et bourgeois : tradition

remontant au MA < farces, fabliaux, seconde version du Roman de la Rose,

dont première peut inspire aussi préciosité — 1230 Guillaume de Lorris

courtois ≠ 1280 Jean de Meung naturaliste.

. b2. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660)

— Écrit vers 1661, ds période où CP. fréquente cour de Fouquet, qui fait faire

exemplaire manuscrit de luxe ; un des rares txts de CP que Boileau

apprécie (le cite ds lettre de réconciliation 1694) ; réimprimé 17 et 18e.

— Correspond à jeu mondain typique et ds tradition courtoise (pratique du

dialogue allégorique = courante MA > Renaiss. : Débat de Folie et

d’Amour, 1555) = « question d’amour » > proposer réponse intelligentes et

spirituelle

* CP. l’évoque ds « Lettre » liminaire à l’abbé d’Aubignac : = auteur de la

Pratique du théâtre (1657) qui codifie le classicisme (vraisemblance et

unités)

— Intérêt selon Soriano = notamment inflexion par pbmatique de la

gémellité : Désir épouse Beauté > Amour, Amitié > Bonté ;

* fantasme de sœurs jumelles = d’épouser le même homme

* Désir les épouse « en même temps » > possible conceptions, voire

naissances simultanées des deux frères, Amour (aîné, qui prédomine) et

Amitié (cadet : comme CP ?) : gémellité des frères, cf. confusions

possibles.

. b3. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661)

— Ds sillage d’Ovide [cosmogonie chez lui aussi : création du monde,

Cadmus, Niobé…] ms surtout de Voiture : « métamorphose » comme genre

éphémère pratiqué par les précieux ; évoque explicitement vogue du

portrait ds salon de Mlle de Scudéry (« Sappho » : CP. 81).

* Conte de CP. le plus connu de son vivant (réimprimé 1675)

* Motif fréquent ds litt. précieuse : cf. périphrase Mol. / miroir = « le

conseiller des grâces » ; CP. lui-même vantera ds Parallèle III type de

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concetto utilisé ici, à propos de Benserade = « donnant à entendre deux

choses à la fois, qui, belles séparément, deviennent encore plus belles étant

jointes ensemble » (portrait = vaut pour Orante comme pour miroir).

— Pbmatique gémellaire selon Soriano : cf. importance et caractère pbmatique

du « stade du miroir » (cf. Lacan) ds genèse de la subjectivité, image de soi

(jamais appréhension visuelle globale directe : construction d’une

individuation àp. du reflet)

* Orante (celui qui montre) / Caliste (la plus belle) : aîné et cadet des

jumeaux (évoqué en premier / superlatif pour les cadets) > O = moitié du S,

(comme Scarron, « andro-jatte ») : en même temps son double exacte.

* Mort de l’aîné = provoqué par le cadet, ms assumé comme culpabilité :

cf. maladie qui défigure Caliste.

— 3> La poésie officielle : un ralliement au classicisme ? + a) Un classicisme insaisissable

. a1. Historicité de la notion

— « classique » = voc. humaniste < bas lat. classicus : citoyen des classes

supérieures + (rart.) auteur qui mérite d’être enseigné ds les classes (16e :

siècle d’Auguste : Cicéron, Virgile, Horace, Tacite, Sénèque…)

* > sens actuel : auteur qui mérite de passer à la postérité < esthétique et

constitution d’un patrimoine (national) : 17e ms aussi Baudelaire, Balzac,

Flaubert, Rimbaud, Joyce, Kafka (« classique de la modernité »…) [Toursel

et Vassevière, chap. 9].

* pb. < relativité ds histoire des goûts.

— « classicisme » = mot 19e opposé par néo-classiques (fondant litt. sur

valeurs intemporelles) / romantiques (affirmant historicité des textes, voire

des valeurs) > références à une poétique française du 17e siècle (période

1661-85 [Molière, Racine, Boileau — Corneille ? Malherbe ?], ou 1635-

1715) : ordre, grandeur, raison < imitation des anciens + goût des honnêtes

gens.

* pb. < complexité historique de cet ensemble de valeurs.

. a2. Élaboration des règles

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— a21. Prédominance du théâtre : < importance sociale du genre + surtout

caractère cardinal pour toute litt. et arts de la notion de mimèsis, dont

Poétique d’Arist. fait critère de poéticité fondant primauté de la tragédie ;

représentation d’actions plutôt que de caractères, ou qu’expression d’une

subj. (> aussi primauté du narratif / lyrique) ; constitution progressive d’un

ensemble de règles < imitation des anciens ms surtout (contre pédanterie)

jugement des « honnêtes gens » (= public mondain au départ favorable à la

tragi-comédie baroque) : règles constituent un acquis des doctes après la

Fronde, ms doivent se moduler selon le goût mondains et galant, plus libre.

* Querelle entre réguliers et irréguliers (modernistes) àp. des années 20 >

Lettre sur la règle des 24h de Chapelain (1630) = 3 unités + vraisemblance.

* Succès et scandale du Cid (1637) > id. Sentiments de l’Académie sur le

Cid, Chapelain( pèche contre vraisemblance dramaturgique et morale

[bienséance])

* 1657 Pratique du théâtre de l’abbé d’Aubignac = codification globale

commencée sous Richelieu, à sa demande.

* 1660 édition du Théâtre de Corneille = avec Discours et Examens des

pièces : défend le vrai contre le vraisemblable (tendance possible CP, ms ds

veine burlesque, et non sublime)

* 1674 Boileau publie Art poétique = plus gal

— a22. Pureté poétique

* Exigence classique formulée par Malherbe (Œuvres publiées 1630 +

Commentaires sur Desportes 1609 [héritier Pléiade]) : une des inflexions

de la Pléiade (clarté, douceur, correction : pas seulement enthousiasme et

érudition, chez Ronsard même) + accompagne formation d’une nouvelle

élite mondaine non érudite (critique d’Homère et Virgile, ms aussi

influence italienne) >

* Règles de la métrique classique : pureté de la rime, concordance mètre /

syntaxe, interdiction de l’hiatus.

* Pureté de la langue (lexique) et du style (proscrit images incohérentes +

promeut lyrisme sévère et grandiose ds poésie officielle en l’honneur

d’HIV [≠ poésie galante ultérieure])

— a23. Problème du roman

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* Genre décrié car sans antécédent aux siècles classiques, ms grande vogue

(précieux comme peuple = Chapelain écrit De la lecture des vieux romans

1647 + livret bleu de colportage comme refuge du romanesque médiéval) :

subit après milieu du siècle inflexion classique : analyse raisonnée de

l’intériorité (inspiration janséniste + goût mondain [moderne]) +

transposition des règles théâtrales (vraisemblance et bienséances + unités)

> faveur croissante des récits brefs [> contes…] : « nouvelles »,

« histoires » > romans brefs : Princesse de Clèves 1678.

— a24. Le classicisme en équilibre :

* Façon de le comprendre : entre unification liée au centralisme étatique et

recherche de grandeur dans la glorification nationale (> sublime) / et

nécessité mondaine de la convenance du style de chaque auteur (adaptation

au public autant qu’au sujet : grâce) = entre nouvel étatisme et nouvelle

subjectivité.

a3. Littérature et grandeur nationale

— Pièces officielles de CP. = au servie de la gloire royale (proche de sa

fonction auprès de Colbert, qui n’était pas une fonction de poète).

* S’inscrit ds tradition ds tradition médiéval et renaissante du poète de cour

et du poète officiel (rhétoriqueurs > Marot, Ronsard, Malherbe,

Desportes…) : chanter gloire, hauts faits du roi (cf. Virgile / Auguste) +

être pourvoyeur des plaisirs de la cour.

* Fonction de propagande + contribution à l’éclat de la cour =

particulièrement importante ds système de Louis XIV : notamment pour

mercantilisme colbertien, qui succède à la politique des offices (= relancer

économie par développement de la production [manufactures royales :

Gobelins, Saint-Gobain…] et du commerce [expansion coloniale : ]) <

nécessité d’attirer des capitaux auquel État garantit conditions

d’investissement : > faire apparaître roi ds tt son éclat, et comme

représentant de l’intérêt national.

— Trois types de poésie à retenir : < poésie ≠ création inspirée, ms art du

discours (englobe théâtre, voire roman) permettant idéalisation civilisatrice

(par élévation et filtrage : grandeur et grâce).

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* Poésie encomiastique (éloge d’une personne) : très pratiquée sous Henri

IV, Louis XIII, Richelieu et Mazarin (> Chapelain poète de cour) ; crise

après la Régence : devient privilège du roi seul (≠ petits genres mondains,

où éloge plus badin)

* Poésie épique : même pb. < éloignement des rêveries héroïques du public

aristocratique ; vaine recherche d’un épique moderne [> VOIR à propos de

la querelle] = entre aussi ds écriture de CP.

* Poésie didactique : sur la trace des anciens (Les travaux et les jours

d’Hésiode, De natura rerum de Lucrèce, Georgiques de Virgile…) ;

Aristote s’y oppose pourtant (cf. / philosophe Empédocle : « naturaliste

plus que poète »), ms possible de l’infléchir vers mimèsis en la

narrativisant et/ou en y introduisant descriptions (cf. 1746, Abbé Charles

Batteux, Les beaux arts réduits à un même principe = imitation de la

« belle nature ») > tendance 18e, culminant avec Jardins de Delille (1782)

ms déjà chez La Fontaine : « Disc. à Mme de le Sablière » (1678 in Fables

IX : sur l’âme des bêtes) et Poème du quinquina (1682 : récemment

introduit à la cour, et soigne fièvre > explication de celle-ci, de la

circulation du sang Harvey).

+ b) Diversité de l’inspiration officielle chez Perrault

. b1. Le Labyrinthe de Versailles (1675)

— Ensemble de bassins de Versailles dont chacune des 39 fontaines

représentent une fable d’Esope : statues en plomb (grandeur nature,

illusionniste) réalisées en 1672-73 ; écriteau en bronze doit comporter

quatrain résumant la fable = confiés au vieux Benserade (recueil avec

gravures, 1679).

— Préface en prose explique stratégie globale = trouver à chacune de ces

fables (traduite brièvement en prose) une morale galante (= concernant

l’amour : en vers) : très proche de ce que feront les Contes en prose.

* typiquement précieux : allégorisation des animaux + ingéniosité, art de la

pointe // composante burlesque : vers bâti àp d’expressions populaires, le

plus souvent implicites (cf. Soriano : « se faire son chemin », « être grue »).

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* Croise La Fontaine et Fables choisies mises en vers (1668, I-VI) [précédé

d’une « Vie d’Œsope le phrygien »]

* Dispositif singulier croisant double tradition, dont il respecte structure tt

en proposant variante singulière (galante) : fables du grec Esope > latin

Phèdre = récit sec > morale // emblème (humaniste : Alciat) = titre à valeur

morale (sentence) > illustration > bref récit (vers latin) > long commentaire

moral (prose).

— Poésie courtisane galante, ms pas officielle à proprement parler.

. b2. . La Peinture (1668)

— Texte au service de la volonté de Colbert de mobiliser les arts — peinture

parlant particulièrement à tous — au service de la gloire royale : parmi

peintres de l’Académie Royale de Peinture (1648), débat entre partisan de

la ligne (Le Brun) [trad. florentine et romaine > Poussin] et ceux de la

couleur (Mignard) [trad. vénitienne > Rubens] + entre peinture allégorique

àp de motifs antiques (Le Brun) et peinture d’histoire contemporaine (cf.

tapisserie des Gobelins + Colbert > lettre Chapelain 1664 : résistance Le

Brun).

— Le Brun : 1663 = dirige Académie de peinture + manufacture des Gobelins

> style officiel, héritage de Raphaël et de Poussin + référence aux modèles

antiques : importance de le convaincre ; CP. prend son parti concernant la

ligne (prédominance d’une certaine abstraction) + le tance concernant le

sujet (le détourner d’un projet de cycle sur Alexandre : GF. 123).

— Contexte historique de cet appel à illustrer gloire militaire royale :

* Traité des Pyrénées / Espagne (fin G de Trente ans, 1635-1659) [GF

120] : L14 épouse infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV < 500 000 écus

d’or, jamais versés : elle renonce à ses dts à la succession ; ds cette guerre :

notamment bataille navale des Dunes où France a dû s’allier à l’Angleterre

pour vaincre flotte espagnole, au large du Kent (GF 121 « Elle a près la Tamise

épanché notre sang ») ; Dunkerque enlevé aux espagnols avec alliance de

l’Angleterre (1658 : autre bataille des Dunes), celle-ci exigeant que la ville lui

soit remise (< corsaire) > rachetée par L XIV et définitivement française 1662

[GF 120]

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* Mort de Philippe IV > L14 réclame certaine province des Pays-Bas

(« droit de la reine ») et prend lui-même tête de l’armée [GF 121] > G de

Dévolution des Flandres (1667-68) : au traité d’Aix-la-Chapelle, remporte une

12aines de places, dont Lille, Tournai, Douai [GF. 122].

* Politique de prestige de Louis XIV dès son accession au trône : incident

diplomatique pour question de préséance / ambassadeur de Fr. et garde corse

du Pape > ap. 2 ans de négociations, légat du Pape vient faire excuse et

pyramide commémorative à Rome [GF 121] ; démonstration de force / empire

ottoman < pas laisser à l’empereur monopole et prestige de défendre la

chrétienté : 1664 troupes française participent à la victoire du St. Gothard

contre Turcs [GF 121 Rab = rivière d’Autriche et Hongrie ; peuples de

Phryigie = Turcs] > envisage extension de ce combat [> Egypte et

Constantinople : GF 123 = Memphis, Suze (Suez) et Byzance]

* Phase ascendant et euphorique de la politque étrangère de L XIV, qui

impose sa volonté en Europe et agrandit territoire national : > de Hollande

(1672-8, traité de Nimègue = Franche-Comté.), politique d’annexion jusqu’à

guerre contre Espagne (1683-4, trêve de Ratisbonne : Strasbourg) ; puis

compromis et défaite, perte du soutien ds population.

. b3. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de

Bourgogne (1682)

— Au moment de la disgrâce de CP. (Boileau et Racine historiographes 1678

+ son office vendu ds conditions humiliantes) > cherche stratégie de contre-

attaque : louange / naissance du petit-fils de L14 (fils du Grand Dauphin

dont naissance saluée GF. 120) = choisit livret d’opéra, représenté à la

cour.

* roi se détache de ce genre, sous influence grandissante de Mme de

Maintenon, mais peut en avoir nostalgie (< goût passé, et pour les contes, le

merveilleux) ; le lui faire aimer < recours au burlesque et grotesque :

importance de faire sourire le roi pour lui plaire.

* recherche aussi d’une tonalité originale pour l’éloge : élément

d’autodérision < aussi victoire de Boileau, qui loue en affirmant refuser de

le faire (> prix d’une sincérité bourrue) : ds Satires et Discours au roi

(1669) = « On ne me verra pas, d’une veine forcée, / Même pour te louer,

déguiser ma pensée » > élts. d’humour et d’autodérision.

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. b4. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701)

— Contemporain d’un renouveau commercial de la France fin 17e db. 18e

(compagnie de commerce vers Chine, Pérou) = notamment Saint-

Domingue > sucre (« terre de moscouade » ou sucre brut, pain de

cassonnade ou sucre terré) : > poème lu à l’Académie, nvelle façon de louer

règne de L. XIV = fantaisie mythologique et burlesque à but

encomiastique, prenant un sujet didactique.

* Vénus évoque sa possible naissance àp du sucre // transfo de la nymphe

d’Arcadie Syrinx en roseau < poursuivie par Pan, qui en fit une flûte.

— 4> La polémique des anciens et des modernes + a) Tradition de cette querelle

. a1. Le mot

— < lat. modernus (Ve) (// hodiernus = « d’aujourd’hui ») < adv. modo =

« récemment » > « maintenant » ; ce qui s’est passé il y a peu et qui est

encore en vigueur (glissement : récent > actuel).

. a2. L’ancrage chrétien

— distinction antiqui / moderni, pendant tt MA (depuis Pères de l’église) =

temps païens / chrétiens, séparé par Incarnation (db. d’une nouvelle ère ds

calendrier).

— Critique morale des théologiens / cet héritage (polythéisme antique liée au

goût de la jouissance et affirmation de la vie) : Augustin Ve, Tertullien IIe.

. a3. De la Renaissance italienne à l’ère des absolutismes

— Référence renaissante à l’antiquité a d’abord pu servir, en Italie, à une

critique de l’empire et de l’absolutisme :

* Les Nouvelles du Parnasse de Boccalino, 1612 : Apollon siège parmi

grands auteurs ds ts les temps, envoie ces arrêts par Mercure (> journaux

littéraires : Mercure galant fr.) = lorale de la grandeur d’âme socratique et

stoïcienne, République des lettres comme instance lucide et critique /

moment contemporain : cf. « Le Siècle » = vieillard constitué d’épaisses

couches de fard > sa vérité = squelette (hypocrisie / formes de tyrannie

rampantes : surtout monarchie universelle des Habsbourg [cf. aussi

Machiavel, Le Prince 1513])

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— En Italie aussi, formation d’un lieu commun, de la référence antique

comme attachement nostalgique et grincheux ≠ éloge du présent comme

celui du Prince régnant :

* 1623 L’Hoggidi [Aujourd’hui] de Lancelotti = éloge du règne du pape

Urbain VIII (Bernin), // entre panégyrique du prince absolu et ode au siècle

présent > adaptation française 1641 au bénéfice de Richelieu.

* Position et carrière de Jean Desmarets de Saint-Sorlin = sera toujours un

moderne convaincu (baroque > étatique > dévot) : au service de Richelieu

àp 1634 (groupe des « cinq auteurs » que quitta vite Corneille, et qui devait

écrire pièces sur canevas du cardinal).

+ b) Perrault et la querelle

. b1. Un positionnement personnel

— CP. socialement et idéologiquement prédisposé au positionnement

moderniste : esprit d’indépendance bourgeois et janséniste / culture

humaniste (païenne) mise au service de la pompe étatique (baroque,

tridentine).

* Existence d’un courant libertin, qui s’appuie sur culture antique pour

contester prééminence de la religion : Gassendi [matérialisme], St.

Evremond [critique de la religion]) + rayonnt ds tt milieu intellectuel (très

large partie de « honnêtes gens ») où ds seconde moitié du siècle

épicurisme a pris relais du stoïcisme (cf. Molière ss doute, La Fontaine).

— CP. se lance ds la querelle au moment où sa carrière connaît une crise

majeure = perd pour ainsi dire toute position officielle > cherche moyen de

regagner faveur du roi, devenu bigot.

* Après d’autres (Chapelain, La Pucelle 1656 ; Desmaret, Clovis 1657 —

échecs, critiqués par Boileau), tente d’écrire une épopée chrétienne, avec

son merveilleux spécifique : cf. 1686 Saint Paulin, épopée chrétienne en

six chants ; préface suggère supériorité nécessaire de l’art chrétien sur le

païen (même si CP. ne donne qu’un exemple à améliorer) + suggère

écriture de la « morale indirecte » (Soriano) [> application pédagogique ds

les Contes].

. b2. Un argumentaire

— Le Siècle de Louis XIV (1687)

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* CP. reprend argumentaire déjà en place, faisant émerger idée de progrès :

Bacon, Descartes > en particulier par relecture de l’image célèbre de Saint

Bernard (12e) = « nous sommes comme des nains assis sur les épaules de

géants » [> CP. : victoire contre les géants et ogres + valorisation des petits

derniers] ; critique de Gassendi (1658) = « [la nature] n’a pas été moins

généreuse envers nous qu’envers eux. […] Aidés de leur soutien, nous

atteindrons un jour une taille colossale. »

* CP. désacralise anciens (cf. citation du db.) > affirme supériorité des

modernes sur plan scientifique (télescope, microscope, circulation du sang)

> éloquence politique sup. des anciens due aux troubles intérieurs d’un État

divisé (démocratie et République ≠ absolutisme) > auteurs et artistes

français contemporains (opéra, Versailles) ; progrès : nature identique +

chance = permanence aussi d’une conception cyclique du temps (perfection

du sommet : L14 comme soleil > déclin) + splendeur du règne présent.

— Une victoire à long terme :

* « la dernière des ruptures mentales de la Renaissance consiste ds le

triomphe de l’adjectif moderne et ds sa connotation positive et triomphale »

(Jean-Robert Armogath)

* Sur le plan littéraire > siècle(s) suivant(s) = victoire des genres nouveaux

(précieux et mondains) : roman, contes, dialogue [déclin / tragédie, stérilité

de l’épopée]

* Sur plan des idées = victoire d’un rationalisme universaliste [≠ Anciens :

spécificité des temps] liée à l’idée de progrès : cf. œuvre de Fontenelle = ds

Digression sur les Anciens et les Modernes (1687), pose supériorité d’un

mode de pensée calqué sur la méthode géométrique, qui doit régir aussi les

Lettres ; force subversive échappant au projet encomiastique et

apologétique de Perrault, cf. : demande lieutenant police, avec appui L 14,

écrire contre superstitions populaires (= pour relig.) > Histoire des oracles

1687= peut remettre en cause la relig. (croyances pop. [comme antiques] >

relig.).

. b3. La guerre des clans : Perrault et Boileau

— Une opposition poétique ?

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* Classicisme de Boileau = exemple des anciens comme possibilité d’un

détachement / moment contemporain, et en particulier risque

d’aveuglement et avilissement que créent société de cour et étatisme,

absolutisme monarchique : c’est l’auteur est digne de l’exemple intemporel

proposé par les anciens qu’il peut conférer l’éternité au souverain qu’il loue

et dont il relate hauts faits.

* Publie en 1674 traduction du Traité du sublime (Longin, Ve) = vraie

grandeur ds compétition avec les anciens

— Un affrontement politique et personnel :

* Issu du même milieu que CP > d’abord proche de Chapelain ms rupture

quand devient ami de Molière (parti antiprécieux) et surtt qd ne reçoit pas

de gratification, + fréquentations différentes, libertines, cercles

parlementaires et érudits (résistance à l’absolutisme et à la soc. mondaine)

> 1665 Le Chapelain décoiffé (anonyme, avec Racine…).

* Opposition personnelle / Claude Perrault, qui l’aurait mal soigné.

* > longue guerre, qui commence ds Satire IX 1667 = contre poésie

précieuse de CP. > Claude accuse Boileau de manque de respect au roi <

« Midas, le roi Midas a des oreilles d’ânes » > Boileau répand bruit que

colonnade du Louvres pas de Claude P ms de Le Vau.

+ c) Les textes

. c1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673)

— texte se situe entre deux attaques de Boileau :

* Db. du chant IV de L’Art poétique (1674, ms ) = contre Claude

* Épigramme XXXIII (1676) : « Vous êtes, je l’avoue, ignorant médecin /

mais non pas habile architecte. »

— Première attaque en règle, par écrit, du clan Perrault contre Boileau :

octosyllabes burlesques (> Scarron, Tassoni).

. c2. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674) + « À

Monsieur Charpentier » (1675)

— Veine galante et grand spectacle = l’emporte sur sévérité tragique ds 2e/2 du

siècle : succès max du siècle [1671 = création Académie royale de

musique] = Timocrate de Thomas Corneille, 1656 > Quinault reprend

héritage tragi-comédie + précieux.

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— Critique écrite par Pierre et Charles P, entre première de l’Alceste de

Quinault [livret / Lulli musique](4 juillet 1674) et celle de l’Iphigénie de

Racine (18 août), à la préface duquel répond lettre à Charpentier. = 2

œuvres tirés d’Euripide.

* Alc. d’Euripide : qd son mari Admète doit mourir, Alceste accepte de se

sacrifier pour lui, ms Hercule la ramène du royaume des ombres [échange =

faveur d’Apollon / Adm. qui a offensé Artémis ; inflexion psy. d’Euripide]

> réécriture romanesque et galante de Quin. : Le triomphe d’Alcide…

* Iph. à Aulis[≠ en Tauride] : pour avoir vent qui emporte sa flotte à Troie,

Agamemnon doit leur immoler sa fille Iphigénie > l’attire en prétendant la

marier à Achille ; elle comprend et se résigne, ms Artémis la sauve en lui

substituant une biche > Rac. : met au centre amour entre Achille et

Iphigénie + surtout recourt au pers. d’Eriphile, qui aime aussi Ach., et que

finalement les Dieux réclament (< « fille du sang d’Hélène », comme Iph.).

— Critique de CP. ss doute orienté par avance contre Iph. de Racine [< lutte

pour acquérir ou défendre places auprès du roi et de Colbert] : cf. réfelxion

sur la substitution ; > préface de Racine, qui semble HS / sa pièce : pointe

une bourde de CP = attribue à Admète paroles d’Alceste : « Tout est prêt,

descends, viens, ne me retarde pas. », comme si mari pressait sa f. de

mourir pour lui > odieux, tragédie tient pas, insupportable pour nos mœurs.

* Soriano = persiflage érudit (fondé) [≠ supériorité réelle d’Euripide /

Alceste : tension tragique, + proche sensibilité Rac.] fait éluder à Racine

question de fond = relation d’une esthétique / mœurs d’un temps.

— Critique montre selon Sor. comment CP. adapte contes pop. < Alc. = fondé

sur contes pop. , pas propres à la Grèce : ds typologie des folkloristes =

Hôte masquée et Mort trompée (cf. Barbe, Chaperon)

* Loue Quin. d’avoir introduit progression dramatique : d’emblée amour

entre Hercule et Alceste ≠ long prologue d’Apollon.

* Très attaché à la convenance des émotions / statuts soc. des personnages

(inverse du burlesque) : supporte pas Hercule ivre chez Eur. / loue suivante

inconstante chez Quin..

* Rapprochement avec contes explicite ds Parallèle III (1692) : « Ds un

opéra, tt doit être extraordinaire et au-dessus de la nature. Rien ne peut être

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trop fabuleux pour ce genre de poésie ; les contes de vieilles comme celui

de Psyché en fournissent les plus beaux sujets et donnent plus de plaisir que

les intrigues les mieux conduites et les plus régulières… »

. c3. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687)

— Œuvre longtemps attribuée au poète mondain Etienne Pavillon ; ms

provient du milieu des modernes :

* cf. Fontenelle : publie Entretien sur pluralité des mondes en 1686 — s’y

réfère nott. à Nostradamus (qui apparaît ici, GF 168)

* cf. Claude P. : allusion à l’Observatoire (GF 172) dont est l’architecte.

* CP lui-même : importance du télescope, lge pop. et écriture burlesque

(expression / Junon : « La Belle aux yeux de bœuf » GF 171 = critiqué ds

Parallèle III, 1692), acharnement récurrent contre Vénus (cf. réponse / jne

Racine Ode à la Nymphe de la Seine 1660 / : V « est une prostituée » ; cf.

170 / son impudicité), gémellité. ; en outre réf. à Iris : cf. bibliothèque de

Pierre 1654 avec Métamorphose des yeux d’Iris en astre de l’abbé Habert

de Cerisy > Portrait d’Iris de CP.

— > charge moderne contre dieux du Parnasse, qui se disent leur quatre vérité

* Ds phase intense de la querelle : Siècle 1687 > épigrammes de Boileau

. c4. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes II (1690)

— Permet à un défenseur des modernes de poser question = sommes nous

certains de bien comprendre les Anciens > finesse d’une langue échappe tj.

aux étrangers.

* > contre ex-burlesque : jeu membre(s) = aussi thématique obsessionnellt

opposée à Boileau < « opéré de la taille » à 12 ans > incommodé : cf.

Jumelles GF 167 (Cybèle / « quelques châtrés ») + sous-titre Mère l’Oye.

— 5> Les Contes + a> Les traditions du genre narratif bref

. a1. Les fabliaux

— Récit bref en vers octosyllabiques (13-14e siècle) : réalisme, paillardise

(misogyne < clercs), scatologie, morale aléatoire + puise ds fond

folklorique ; comique bas.

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— Registre plus élevé = lais narratifs : récit bref d’évt. inhabituel tranchant sur

le quotidien, inspiration folklorique (cf. Marie de France) ; une version de

Peau d’Âne (12e-13e) [La Manékine de Philippe de Rémi).

. a2. La nouvelle : de la Renaissance au classicisme

— genre narratif bref trouve son prestige en Italie au 14e avec Décaméron de

Boccace (1353) [cité par CP. / Grisélidis GF. 220] > fr. anonyme Cent

nouvelles nouvelles 15e (1462) > Heptaméron de Marguerite de Navarre

(1559 — composante courtoise, platonisante) = circonstances réunit

plusieurs « devisants » (peste de Florence) > divertissement et joute

spirituelle.

* En Italie, se multiplient les réécritures de contes folkloriques (> sources

de CP.) : Facétieuses nuits du vénitien Staparole (1553 > fr. 1550-72) [>

Chat botté], Conte des contes ou Pentamérone de Basile (1636 : patois

napolitain, compris pas Pierre P. ; grand seigneur lettré, disciple de Marini)

[> Peau, Fées, Belle]

* Évolution décisive : Nouvelles exemplaires de Cervantès (1613 > fr.

1615) = fait sauter récit encadrant > autonomie des récits + gain en

dramatisation et dignité stylistique.

— Le mot implique — outre source populaire orale remontant au paganisme,

renvoyant du moins à des superstitions trad. — proximité avec simple récit

oral d’un fait : outre brièveté, s’oppose au roman mais aussi au conte par

son caractère vraisemblable voire réaliste [cf. CP. la définit in GF. 185 :

préface des Contes en vers].

* db. 17e = genre des récits / horreurs des guerres de religion > avec

affirmation du classicisme, répond à l’exigence nouvelle d’unité et de

vraisemblance (> ancrage historique) : cf. Princesse de Clèves de Mme de

Lafayette 1678 = « nouvelle galante »

. a3. La Fontaine : contes et fables

— Outre poèmes pour Fouquet (Songe de Vaux, 1658) = commence par écrire

des Contes et nouvelles en vers, largement tirés de Boccace (1665-1674, 4

volumes) ; très faible place au merveilleux : plutôt réalisme pop..

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* Licencieux, et de plus en plus libertins : mise en scène de gens d’église >

interdiction 1675 > 1693 abjure ses contes à son confesseurs (meurt 1695 ;

portant silice).

* > titre proposé par CP = contre-pieds / libertinage galant de ce partisan

des Anciens (1687) : matrone d’Éphèse citée GF 185 = ds ces contes (<

Satyricon de Pétrone).

— Fables (1668- = I-VI > 1679 VII-XI > 1693 XI) = animalières < Ésope

* CP. fait en 1696 (juste ap. Contes en vers et publication en revue de Belle

in Mercure) éloge de LF in Les hommes illustres qui ont paru en France

pendant ce siècle : reconnaît repentir ms critique contes < « trop de licence

contre la pureté », « peu de lectures plus dangereuses pour la jeunesse » ;

ms : / « Non seulement il a inventé le genre de poésie où il s’est appliqué,

mais il l’a porté à sa dernière perfection ; […] personne ne pourra jamais

avoir que la seconde place ds ce genre d’écrit. » > « ornements » / Ésope >

« malaisé de faire une lecture plus utile et plus agréable tt ensemble. »

+ b> Un ancrage précieux ?

.b1. Une vogue du grand monde

— Amour très gal pour les féeries sous le règne de LXIV, dont on disait que lui-

même avait été bercé par Peau d’Âne : cf. fêtes à Versailles (1664 Plaisirs de l’île

enchantée < L’Arioste roman) + jeu ds les salons vers 1677 (Sévigné : impro orale

de contes de fées).

— Vogue du conte de fées comme genre littéraire, contemporaine de la « seconde

préciosité » [Mlle de Scudéry et surtt après ; ≠ Rambouillet] (> s’impose,

jusqu’aux contes libertins et philosophiques du 18e ) : lancée par Madame

D’Aulnoy =

* 1690, insère ds un roman (Histoire d’Hypolite, conmte de Duglas) un conte :

L’île de la félicité > vogue max (90 titres en 20 ans) où elle est maxt. prolixe : 3

tomes de Contes de fées 1697, 3 mois après CP. [parmi lesquels : Finette-Cendron

// Cendrillon + Petit Poucet CP.]

. b2. Les conteuses

— Nombre de femmes auteurs de contes < genre peu estimé + ne nécessite pas

culture humaniste à laquelle elles avaient moins accès : genre « moderne »

et donc précieux à la fois > univers galt bien plus idéalisé chez auteurs

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féminin + porteurs de valeurs courtoises et précieuses (≠ mysoginie trad. et

tendance burlesque chez CP.) ; .

* Femme de lettres : Marquise de Lambert, dédicataire de Peau d’âne [GF.

221] = moraliste, malebranchiste, qui accueillait ds son salon anciens et

modernes ms représentera dernier salon de la nvelle préciosité (protectrice

de Marivaux).

* Mlle Lhéritier (nièce de CP) = publie en 1695 Les enchantements de

l’éloquence : fée = Eloquentia nativa, et donne à Blanche [< parle avec une

douceur naturelle (idéal précieux)] don de produire des perles [de

rhétorique] : forme d’allégorie / style moderne…[// Les fées de CP : pê

source pop. commune plutôt qu’influence] ; est la demoiselle qui compose

madrigal fin préface Contes en vers [GF. 187-188] + propose une théorie

gale des contes = inventés par les troubadours et transmis par le peuple (dit

même avoir lu un ms médiéval ds lequel se trouvent « les originaux de

plusieurs contes défigurés impitoyablement ds des livres en papier bleu » =

métaphore / goût des précieuses pour les « vieux romans ? »)

* Mlle Bernard insère en 1696 ds roman Inès de Cordoue un Riquet à la

houppe [= allégorie de l’amour, invincible et illusion] > CP > 1706 Mlle

Lhéritier : Ricdin-Ricdon…

+ c> Des œuvres polémiques ?

. c1. Folklore chrétien contre fable païenne ?

— Vertu du peuple chrétien : cf. préface des Contes en vers = thèse majeure

de la supériorité morale des contes populaires de terre chrétienne sur les

fables païennes > choix de les donner à lire sous forme aimable (adaptée

aux enfants + qui puisse divertir les adultes — cf. sérieux apporté par les

écrivains à l’éducation des enfants < recrutement par le roi pour ses fils : ).

* en particulier après crise du printemps 1694 (arbitrage défavorable

d’Arnaud) = après avoir été débouté ds son opposition à Boileau (qu’il

accusait d’immoralité), veut reprendre flambeau de l’art moral sur terrain le

moins contestable : pédagogique.

* pas sans nuance < a jamais défendu littérature d’édification : cf. préface

du Saint Paulin (1686) = « je ne prétends pas […] réduire [ces excellents

génies] à de faire que des catéchismes en vers ou de pieuses méditations

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[…] Il suffit que la gloire de Dieu soit le but principal de tout l’ouvrage » >

moralisation indirecte, qui peut séduire aussi public mondain.

* littérature pour la jeunesse = pas genre constitué comme tel (orale +

colportage + manuels jésuites) + sérieux < roi recrute grands écrivains et

érudits pour ses fils, petits-fils et entourage : Bossuet écrit histoire de

France pour Grand Dauphin > Fénelon précepteur écrit Télémaque 1699

pour duc de Bourgogne + LF lui dédie Fables XII 1694.

— Des misérables : 17e = période pénible, âpre pour la paysannerie, vivant ds

conditions peu ≠tes du MA (campagnes isolées, soumissions aux aléas

climatiques) + victimes d’une évolution éco qui favorisent l’État, les grands

et les officiers > pauvreté et fréquence des famines + conduites

d’opposition :

* révoltes paysannes (1625-75) + sensibilité au protestantisme et au

jansénisme, voire recrudescence de la sorcellerie (liée à misère : « religion

inversée » < aussi paganisme résiduel, à travers culte des saints) >

répression du pouvoir (procès de sorcellerie) : crédulité pop. + Contre-

Réforme.

. c2. Foi et superstition : problèmes d’une modernité

— Réticence problématique du pouvoir central / reconnaissance des

superstitions : cf. 1672 Colbert interdit aux tribunaux de reconnaître

accusation de sorcellerie / 1679 affaire des poisons (touche la cour : Mme

de Montespan, Racine… > roi finit par arrêter enquête) ; embarras,

positions partagés < récuser superstitions ss étendre soupçons aux mystères

de la foi…

* Malebranche : « c’est devant Dieu seul qu’il faut trembler » > vrais

sorciers = rares

* Fontenelle, Hist. des oracles 1686 = « Ne cherchons donc autre chose ds

les fables que l’histoire des erreurs de l’esprit humain. »

* Perrault embarrassé in Pensées chrétiennes : « on fait plusieurs contes de

sorciers qui sont faux » ms « il est certain qu’il y a des sorciers » (// La

Bruyère Caractères XIV (1688-96) : « il y a un parti un trouver contre les

âmes crédules et contre les esprits fort »)

+ d> Les mille et un contes de Perrault

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. d1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691)

— publié 1757 parmi œuvres des amis de Fontenelle : Soriano l’attribue à CP

< style + th. substitution et malice des femmes (forme de pendant à

Grisélidis) ; pas publié < période : vient de répondre à Satire X contre les

femmes de Boileau, par Apologie des femmes + Grisélidis (première

publication).

. d2. Contes en vers (1695) [3 contes]

— Pas de sérieux pb d’attribution : faite lire à l’Académie Marquise de

Salusse ou Patience de Grisélidis + publication signée ds Mercure galant

1691 > idem Souhaits ridicules 1693 > copies ms anonyme Peau d’Âne :

publication groupée signée 1694.

. d3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) [8

contes]

— Circ. publication, cf. plus haut : Contes 1695 > Histoires 1697 (+ 3

histoires : Cendrillon, Riquet, Poucet)

— Malgré signature d’Armancour, attribué à CP dès son vivant par certains :

abbé Du Bos ds correspondance / Bayle.

. d4. Traduction des Fables de Faërne (1699)

— adaptation encore plus libre que « belles infidèles » en usage à l’époque : <

humaniste italien Gabriele Faerno 16e Centum fabulae ou Phaedrus alter

(1564) [quoique seult 5/100 < Phèdre ; ms élégance style] ; hypothèse Sor. =

CP commence en 1694-6 (en même temps que derniers contes), abandonné (<

difficile) > terminé après affaire Caulle, en 1697-8 ; dernière œuvre

« pédagogique » de CP..

* Reprend aussi < visite à Institut d’éducation de gentishommes pauvres, de

l’abbé Dangeau : placer en eux « semences de vertu » + encourager « esprit de

prudence »

— Ds préface = relation ambiguë / La Fontaine : dit que ne se compare pas à lui

* < « les nôtres ressemblent à un habit de bonne étoffe, bien taillée et bien

cousue ; les siennes ont quelque chose de plus, et il y ajoute une riche et fine

broderie qui en relève le prix infiniment. »

* façon pê de suggérer trop grande complexité de cette écriture pour des

enfants < apprécie « l’élégance et la simplicité du style »

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— 6> La poésie religieuse + a> Le développement d’un genre

. Quantitativement, poésie religieuse l’emporte sur autres genres < outre religieux,

même poètes mondains finissent à un moment ou un autre par s’y adonner.

. À côté de grands poèmes mystiques, ambitieux, d’esthétique plutôt baroque (1e/2

siècle), développement d’une poésie de dévotion plus simple :

— paraphrase des psaumes : Contre-Réforme (ex. Malherbe) répond aux

huguenots du siècle précédent.

— Adaptation de poèmes liturgiques pour prière quotidienne (tj. idée de

répandre religion parmi les laïcs : vie dévote) :

* Office de la Vierge : Desmaret 1645 > Corneille (+ Imitation de JC

1656)

* Racine : Hymnes 1688 et Cantiques spirituels 1694

+ b> Le Recueil de plusieurs hymnes de Perrault

. Choix de Soriano = autour de la légende de St. Gervais et de St. Protais, martyrs < cf.

Légende dorée de Jacques de Voragine (MA 1267) > surtout Fleur des saints du jésuite

Ribadeneira (1599-1601) [> trad. fr. 1613, ms réserves de la Contre-Réforme dès 17 : une des

réf. préférées de Volt. in Dico phil 1754 pour prouver aberrations de la religion chrétienne :

convergence foi / superstition…]

— compilation mêlant histoire et légende (< populaire + zèle des

évangélisateurs des premiers siècles) : martyrs sous Néron, à Milan ; refus

de sacrifier aux dieux païens > Gervais fouetté à mort et Protais décapité ;

300 ans plus tard, sous l’empereur Valentinien et l’impératrice Justine (GF

310), ils apparaissent plusieurs fois à l’évêque St. Ambroise ds son demi-

sommeil ; la 3e, avec St. Paul > qu’il fouille sous lui > sarcophage avec

leurs corps + opuscule expliquant leurs vies et morts ; corps frai, parfum

suave ; un aveugle recouvre la vue en touchant le cercueil ; Augustin

raconte autre miracle.

— « Prose » : (ex. Stabat mater, Diaes irae…) hymne qui se chante aux

messes solennelles, après le graduel (avant évangile).

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INTRODUCTION Charles Perrault (1628-1703)

Contes 1641-1701

I. Charles Perrault dans son siècle — 1> La famille Perrault + a) Le milieu d’origine + b) Une fratrie . b1. Les aînés . b2. François et Charles : nés 1628 + c) Famille et gémellité . c1. Mariage ; « Mlle Perrault » (< dédicace de Mlle Lhéritier 1693) née 1673-4, Charles Samuel (1675), Charles (1676), Pierre (1678).

. c2. Veuvage

. c3. Pierre Perrault d’’Armancour ; 1697 tue Guillaume Caulle, fils du menuisier voisin : SOR. 454 = « La mort de GC est pê l’envers des Contes de Perrault »

— 2> Une carrière + a) Singularités d’une formation classique . a1. Le collège de Beauvais (1636-43)

. a2. L’incident de 1643. . a3. Le moment autodidacte (1643-1651) + b) Opportunisme et littérature (1654-1660) . b1. Commis ou précieux ? manoir de Viry, Germain Habert, abbé de Cerisy : La Métamorphose des yeux de Philis en Astre. . b2. Les salons et Fouquet + c) Le grand commis de Colbert (1663-1683) . c1. Poste et activité . c2. Position politique + d) La disgrâce de l’académicien . d1. Les circonstances d’une éviction ; Racine et Boileau, Louvois (fils de Michel le Tellier) ; Dormoy . d2. La bataille idéologique ; Mme de Maintenon (1684) ; Saint Paulin, 1686), Siècle de Louis le Grand (1687) ; Lafontaine [épître à l’érudit Daniel Huet, « À Monseigneur l’évêque de Soisson »], mobilisation du « pays latin » par Boileau > CP. Parallèle des anciens et des modernes (1688-97) ; 1694 Satire X de Boileau contre les femmes > CP Apologie des femmes > grand Arnaud

II. Éléments d’une œuvre Les Contes de l’édition Soriano

Vers une poétique générale de Charles Perrault ? — 1> La veine burlesque + a) Une notion féconde et problématique

. a1. Le mot : 1594 ds La Satire Ménippée : « bourrelesque » > 1666 « burlesque » [< ital burlesco < burla : 1584 pour caractériser style de certains écrivains] ; jets d’eau (burladores)

. a2. La notion : Boileau (Lutrin, 1674) ; CP. id. in Parallèle IV, 1692 = « Le burlesque est une espèce de ridicule qui consiste ds la disconvenance de l’idée qu’on donne d’une chose d’avec son idée véritable » ; « grotesque » (1532) < ital. grotesca < grotta . a3. Une vision du monde ? + b) Le contexte français . b1. Commencements : Gongora (ex. 1624 Pyrame et Thysbé < Ovide), Don Quichotte de Cervantès (1605) ; Tassoni, La Secchia rapita (1622, Paris) ; Scarron : 1644 Typhon ou la Gigantomachie et Virgile travesti 1648 . b2. La Fronde . b3. Devenir + c) Les trois textes de Perrault

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. c1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637-1641) ; Métamorphoses d’Ovide VIII; ds Œuvres poétiques de Desmarets de Saint-Sorlin . c2. L’Énéide travestie(1648) ; VI : avec Beaurain ; + frères Nicolas =« pensée » : cocher « Qui tenant l’ombre d’une brosse / Nettoyait l’ombre d’un carrosse. » ; Claude 2e/2 ; 1648 « paulette » ; « Que le bon roi ne s’en attriste / On est un peu trop janséniste / Pour avoir un mauvais dessein / Sur la femme de son prochain. » ; « Vous trouverez des Mazarins / Plus méchants que des monstres marins » ; . Sibylle : « L’un d’eux ira vit à Rouen / Sur la queue d’une jument / […] Ms il reviendra ds Paris / Sur la queue d’une souris. » . c3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653) ; Métamorphoses ; Laomédon (fils d’Ilus > Troie = Ilion) ; Hésione ; Henri de Loménie de Brienne — 2> Les textes précieux + a) La préciosité : strates, facettes, nuances . a1. Un phénomène social et historique

— 1654-1661 [Antoine Adam] / 1643-1733 [Philippe Sellier : Anne d’Autriche > Marivaux]) ; baroque : second quart 17e (France : J. Rousset, 1580-1665

— Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, 1609 ; Concile de Trente 1535-1563) — Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet (1620-1648) [« L’incomparable

Arthénice »] + = Malherbe, La Rochefoucauld, Corneille, Mme de Sévigné et de Lafayette ; duchesse de Montpensier (fille de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII : intrigant et Frondeur) dite « Grande Mademoiselle » ; Mlle de Scudéry (àp 1652, après Fronde) [Sapho] ; Mlle Lhéritier de Villandon ; Précieuses ridicules par Molière (1659)

. a2. Des pratiques littéraires — l’Odyssée homérique et roman alexandrin (Daphnis et Chloé, Longin IV) ; Virgile :

Bucholiques et Georgiques ; Astrée d’Honorée d’Urfée (1607-1627) ; Amadis de Gaule de Montalvo 1508 (trad. fr. 1540) + Roland furieux de l’Arioste, 1532 > Mlle de Scudéry : Artamène ou le Grand Cyrus, 1549-53 + Clélie, 1554-61.

— 1625 à 1648 = Vincent Voiture, à l’hôtel de Rambouillet ; Chapelain, Benserade, Sarasin > 1654 Pellisson et Ménage ; Quinault ; Malherbe ; Vaugelas Remarques sur la langue française, 1647 ; cavalier Marin+ Gongora = concetto ; « style tangentiel »

+ b) Perrault et la préciosité . b1 Une position ambiguë ; 1659 Portrait d’Iris et Portrait de la voix d’Iris ; Ninon de Lenclos (courtisane érudite : 1620-1705), = « Jansénistes de l’amour » ; Roman de la Rose 1230 Guillaume de Lorris courtois ≠ 1280 Jean de Meung naturaliste. . b2. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660) ; Pernette du Guillet Débat de Folie et d’Amour, 1555) . b3. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661) — 3> La poésie officielle : un ralliement au classicisme ? + a) Un classicisme insaisissable . a1. Historicité de la notion . a2. Élaboration des règles

— a21. Prédominance du théâtre : Lettre sur la règle des 24h de Chapelain (1630) ; Cid (1637) > id. Sentiments de l’Académie sur le Cid, Chapelain ; 1657 Pratique du théâtre de l’abbé d’Aubignac ; 1660 Théâtre de Corneille avec Discours et Examens ; 1674 Boileau : Art poétique

— a22. Pureté poétique : Malherbe Œuvres 1630 + Commentaires sur Desportes 1609 — a23. Problème du roman : Chapelain De la lecture des vieux romans 1647 + livret bleu de

colportage — a24. Le classicisme en équilibre

a3. Littérature et grandeur nationale ; Les travaux et les jours d’Hésiode, De natura rerum de Lucrèce, Georgiques de Virgile ; 1746, Abbé Charles Batteux, Les beaux arts réduits à un même principe = imitation de la « belle nature » ; Jardins de Delille (1782) ; La Fontaine : « Disc. à Mme de le Sablière » (1678 in Fables IX : sur l’âme des bêtes) et Poème du quinquina (1682 ; Harvey) + b) Diversité de l’inspiration officielle chez Perrault . b1. Le Labyrinthe de Versailles (1675) ; Benserade ; La Fontaine : Fables choisies mises en vers (1668, I-VI) : Esope > Phèdre > Alciat . b2. . La Peinture (1668)

* Traité des Pyrénées / Espagne (fin G de Trente ans, 1635-1659) [GF 120] : bataille navale des Dunes (GF 121 « Elle a près la Tamise épanché notre sang ») ; Dunkerque enlevé aux espagnols avec alliance de l’Angleterre (1658 : autre bataille des Dunes) > rachetée par L XIV 1662 [GF 120]

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* Mort de Philippe IV > L14 réclame certaine province des Pays-Bas (« droit de la reine ») et prend lui-même tête de l’armée [GF 121] > G de Dévolution des Flandres (1667-68) : au traité d’Aix-la-Chapelle, remporte une 12aines de places, dont Lille, Tournai, Douai [GF. 122].

* Légat du Pape vient faire excuse et pyramide commémorative à Rome [GF 121] ; démonstration de force / empire ottoman : 1664 troupes française participent à la victoire du St. Gothard contre Turcs [GF 121 Rab = rivière d’Autriche et Hongrie ; peuples de Phryigie = Turcs] > extension de ce combat : GF 123 = Memphis, Suze (Suez) et Byzance.

. b3. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (1682) . b4. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701) ; Saint-Domingue > sucre (« terre de moscouade » ou sucre brut, pain de cassonnade ou sucre terré). — 4> La polémique des anciens et des modernes + a) Tradition de cette querelle . a1. Le mot : < lat. modernus (Ve) (// hodiernus = « d’aujourd’hui ») < adv. modo . a2. L’ancrage chrétien . a3. De la Renaissance italienne à l’ère des absolutismes : Les Nouvelles du Parnasse de Boccalino, 1612 ; 1623 L’Hoggidi [« Aujourd’hui »] de Lancelotti / Urbain VIII ; Desmarets de Saint-Sorlin + b) Perrault et la querelle . b1. Un positionnement personnel ; Chapelain, La Pucelle 1656 ; Desmaret, Clovis 1657 ; CP. 1686 Saint Paulin . b2. Un argumentaire : Le Siècle de Louis XIV (1687) : Saint Bernard (12e) = « nous sommes comme des nains assis sur les épaules de géants » ; Gassendi (1658) = « [la nature] n’a pas été moins généreuse envers nous qu’envers eux. […] Aidés de leur soutien, nous atteindrons un jour une taille colossale. » ; « la dernière des ruptures mentales de la Renaissance consiste ds le triomphe de l’adjectif moderne et ds sa connotation positive et triomphale » (Jean-Robert Armogath) ; Fontenelle , Digression sur les Anciens et les Modernes (1687), Histoire des oracles 1687 . b3. La guerre des clans : Perrault et Boileau ; Boileau 1674, traduction du Traité du sublime (Longin, Ve) ; 1665 Le Chapelain décoiffé ; Satire IX 1667 + c) Les textes . c1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673) : db. du chant IV de L’Art poétique IV (1674) / Claude > Épigramme XXXIII (1676) : « Vous êtes, je l’avoue, ignorant médecin / mais non pas habile architecte. » . c2. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674) + « À Monsieur Charpentier » (1675)

— Timocrate Thomas Corneille, 1656 ; — Critique entre Alceste de Quinault [Lully](4 juillet 1674) et Iphigénie de Racine (18 août) ;

Parallèle III (1692) : « Ds un opéra, tt doit être extraordinaire et au-dessus de la nature. Rien ne peut être trop fabuleux pour ce genre de poésie ; les contes de vieilles comme celui de Psyché en fournissent les plus beaux sujets et donnent plus de plaisir que les intrigues les mieux conduites et les plus régulières… »

. c3. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687) ; Etienne Pavillon ; Fontenelle Entretien sur pluralité des mondes 1686 . c4. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes II (1690) — 5> Les contes + a> Les traditions du genre narratif bref . a1. Les fabliaux . a2. La nouvelle : de la Renaissance au classicisme ; Décaméron de Boccace (1353) [GF. 220] > Cent nouvelles nouvelles 15e (1462) > Heptaméron de Marguerite de Navarre (1559) ; Facétieuses nuits de Staparole (1553 > fr. 1550-72), Conte des contes ou Pentamérone de Basile (1636) ; Nouvelles exemplaires de Cervantès (1613 > fr. 1615) ; Princesse de Clèves de Mme de Lafayette 1678 = « nouvelle galante » . a3. La Fontaine : contes et fables ; Contes et nouvelles en vers < Boccace (1665-1674) ; matrone d’Éphèse GF 185 (< Satyricon de Pétrone) ; Fables (1668- = I-VI > 1679 VII-XI > 1693 XI) ; CP. / LF in Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle : « trop de licence contre la pureté », « peu de lectures plus dangereuses pour la jeunesse » ; ms : « Non seulement il a inventé le genre de poésie où il s’est appliqué, mais il l’a porté à sa dernière perfection ; […] personne ne pourra jamais avoir que la seconde place ds ce genre d’écrit. » ; « malaisé de faire une lecture plus utile et plus agréable tt ensemble. » + b> Un ancrage précieux ? .b1. Une vogue du grand monde : 1664 Plaisirs de l’île enchantée ; Madame D’Aulnoy1690, insère ds Histoire d’Hypolite, conmte de Duglas conte : L’île de la félicité > Contes de fées 1697 . b2. Les conteuses : Mme de Lambert ; Mlle Lhéritier 1695 Les enchantements de l’éloquence : fée = Eloquentia nativa ; Mlle Bernard 1696 ds Inès de Cordoue un Riquet à la houppe > 1706 Mlle Lhéritier : Ricdin-Ricdon… + c> Des œuvres polémiques ? . c1. Folklore chrétien contre fable païenne ? . c2. Foi et superstition : problèmes d’une modernité

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+ d> Les mille et un contes de Perrault . d1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691) . d2. Contes en vers (1695) . d3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) . d4. Traduction des Fables de Faërne (1699) — 6> La poésie religieuse + a> Le développement d’un genre + b> Le Recueil de plusieurs hymnes de Perrault (1699 ?)

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LES FEMMES Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— Intro. :

+ « conte de vieille » = CP. in préface CV 185 / Psyché et Cupidon d’Apulée : pose un

registre, autant qu’une thématique : récit d’imagination fait « à plaisir », sans souci de

vraisemblance ni de grandeur = ont énonciateurs et thèmes féminins (Mme d’Aulnoy = auteur

de Contes de fée 1697).

. > contenu pas sérieux d’un genre mineur (≠ grands genres classiques, ni même

modernes : rénovation de l’épopée, de l’hymne, de la tragédie par l’opéra) : gagne gravité

selon CP si préoccupation morale = présente ds ts textes que réunit Soriano (burlesques,

officiels, religieux)

— or : contenu que CP. déclare « impénétrable » = désir et découverte d’un

corps d’homme (divin) par une femme ; énigme de la sexualité et de

l’identité

+ > pb. = relation entre représentation (plurielle = aussi pbmatique) de la femme (de la

féminité) et écriture spécifique de CP. (qui le conduit à illustrer ainsi genre du conte).

. I. Détermination des pers. féminins ds logique narrative : S/O, adjuvant / opposant

. II. Positionnement des contes ds querelle des femmes : éthique, stylistique et

poétique du féminin

. III. Identité pbmatique du sujet des contes : celui dont on parle et celui qui parle

(féminisation de l’imaginaire)

— I. Protagonistes ou objets du désir ?

+ 1) Archétypes divers

. a> Désirées, désirantes

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. b> Matrones acariâtres

+ 2) Héroïnes

. a> Vertus sacrificielles

. b> Aventurières du désir

— II. Contes et querelle des femmes

+ 1) Un défenseur ambivalent

. a> Mariages bourgeois

. b> Préciosité burlesque

+ 2) Une poétique féministe ?

. a> Modernité galante

. b> L’intime

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— III. Une écriture des femmes ?

+ 1) Labyrinthe de l’identité

. a> Devenir femme

. b> Etre homme

+ 2) La voix des contes

. a> Mère l’Oye

. b> Mue, chevrotement

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LES FEMMES Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— I. Protagonistes ou objets du désir ?

+ 1) Archétypes divers

. a> Désirées, désirantes

. b> Matrones acariâtres

+ 2) Héroïnes

. a> Vertus sacrificielles

. b> Aventurières du désir

— II. Contes et querelle des femmes

+ 1) Un défenseur ambivalent

. a> Mariages bourgeois

. b> Préciosité burlesque

+ 2) Une poétique féministe ?

. a> Modernité galante

. b> L’intime

— III. Une écriture des femmes ?

+ 1) Labyrinthe de l’identité

. a> Devenir femme

. b> Etre homme

+ 2) La voix des contes

. a> Mère l’Oye

. b> Mue, chevrotement

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HUMOUR ET SATIRE Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— Intro. :

+ Humour = notion pbmatique ici <

. Apparaît en fr. (< angl.) au 18e : < humeur antique, bizarrerie de caractère : se diffuse

en Fr. 2e/2 18e avec sens d’un esprit de distance / ordre du monde (recourt à l’absurde ;

manifeste crise du sens, remise en cause par destruction en douceur)

— moins intense que le comique, moins violent que la satire voire l’ironie ; cf.

Pascal et « rire ds l’âme » ; ms a partie liée à cette violence (cf. castigat +

Fd. : victoire du Surmoi sur le Moi (risque de mortification et mélancolie),

satisfaction de pulsions inavouables ; Bergson / rire : mécanique < implique

insensibilité).

. Tonalité nuancée (esprit particulier : cf. « sens de l’humour » < witz romantique :

mise en relation inattendue montrant perception du tout) > difficilement cernable ds ses

manifestations litt. = peut hanter ts les genres.

— Intérêt de la notion pour ns = sa « modernité » > apte à caractériser genres

non trad. = comme ceux que pratique CP. (tonalité transversale / burlesque,

poésie mondaine, opéra, contes…).

— À quoi tient cette tonalité chez CP ?

+ Satire :

. Genre litt. mieux défini — encore que sort fin 17e d’une mutation récente : origine

latine (< satura : mélange de vers) = poésie de critique (nott. / actualité) moralisatrice, entre

familiarité élégante d’Horace (> Boileau) et violence de Juvénal (> VH).

— Quels sont Os et moyens de ce « comique significatif » chez CP ?

— inflexion particulière fin 16e db. 17e = rapprochement par fausse

étymologie / satyre > veine gauloise pratiquée par les libertins (Mathurin

Régnier > inspiration Th. De Viau ; antipétrarquiste et anticourtisan —

parlementaire)

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+ Distance et violence = en tension avec caractéristique les plus évidentes (connues) de

l’œuvre de CP. = sérieux officiel (encomiastique : pompe) ou théorique (polémique, aussi) et

merveilleux des contes de fées (ou : idéalisation précieuse).

. > double articulation :

— distance et violence (composante critique légère / forte — avec / sans O

déterminé : coloration / visée)

— composante critique / aspiration euphorique : logique de sécession /

d’adhésion

+ Pbmatique :

. Ds quelle mesure une composante critique détermine-t-elle l’écriture de CP ds les

contes que réunit Soriano ?

— Satire pê ss humour : polémique > Humour qui se garde de la satire : bon

ton, honnêteté du monde > Indécidable : modalité propre de CP, jusque ds

le merveilleux des contes.

— I. Les polémiques

+ 1) Satire politique

. a> Despotisme des grands

. b> Ridicule populaire

+ 2) Satire des mœurs

. a> Anciens et loups-garous

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. b> Malice des femmes

— II. Le bon ton

+ 1) Ingéniosité piquante

. a) Burlesque galant

. b) Machines allégoriques

+ 2) La pompe mais l’esprit

. a> Charmes de l’opéra

. b> Grandeur des bagatelles

— III. L’indécidable

+ 1) Pensée fuyante d’un académicien

. a> Une souveraineté problématique

. b> L’impossible beauté

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+ 2) Obscure clarté des contes

. a> Double entente

. b> Modalisation satirique

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HUMOUR ET SATIRE Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— I. Les polémiques + 1) Satire politique

. a> Despotisme des grands

. b> Ridicule populaire

+ 2) Satire des mœurs

. a> Anciens et loups-garous

. b> Malice des femmes

— II. Le bon ton + 1) Ingéniosité piquante

. a) Burlesque galant

. b) Machines allégoriques

+ 2) La pompe mais l’esprit

. a> Charmes de l’opéra

. b> Grandeur des bagatelles

— III. L’indécidable

+ 1) Pensée fuyante d’un académicien

. a> Une souveraineté problématique

. b> L’impossible beauté

+ 2) Obscure clarté des contes

. a> Double entente

. b> Modalisation satirique

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LE MERVEILLEUX Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— Intro. :

+ La notion :

. < lat. mirabilia [> merveille] (< V. miror : s’étonner, voir avec étonnt., admirer) :

étonnt. nuancé de crainte ou d’admiration ;

— Ds trad. litt. (roman de chevalerie) = désigne tt élt. extraordinaire qui doit

susciter l’admiration (merveille naturelle ou surnaturelle)

* > cf. au fond ds cette tradition (héroïque) : pente hyperbolique de la

préciosité < les précieuses sont des merveilleuses ; tendance à un

merveilleux par l’hyperbole et l’idéalisation (suspens de la croyance au

profot d’un jeu mondain [cf. honnêteté] + effort moral).

— cf. miracle < miraculum (< miror) : prodige, merveille, ch extraordinaire ;

champ chrétien.

+ Débats du temps : opposition entre merveilleux chrétien / païen > entre merveilleux et

sublime.

. CP. plutôt sur la ligne de Desmarets (cf. Clovis 1657 > CP. Saint Paulin 1686), qui

défend nécessaire supériorité du merveilleux chrétien / païen (pb. : vrai / faux > quel usage

litt.)

— ≠ Boileau, qui ds AP. III 1674 y voit profanation des mystères de la foi (>

ornements : « De la foi d’un chrétien les mystères terribles / D’ornements

égayés ne sont point susceptibles » [forme d’interdit / sacré]) :

* cf. critique gal du merveilleux [/ théâtre] : « Une merveille absurde est

pour moi sans appas : / L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas. »

> merveilleux ne demande pas nécesst. croyance (adulte ≠ enfant) : suspens

de l’esprit critique.

* cf. sa défense du sublime ds recherche de ce qui caractérise les grands

genres [épopée, tragédie, voire lyrisme (trad. Traité du sublime du pseudo-

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Longin, même année = « c’est un merveilleux qui saisit, qui frappe et qui se

fait sentir » : au-delà du beau, sentiment pas provoqué par ornements

rhétorique [≠ Cicéron et Quintilien] ms issu d’une « grande âme » et

suggéré par simplicité de paroles (cf. « Moi » de Médée, « Qu’il mourût ! »

de Horace ) [Corneille préfère le vrai au vraisemblable]

— > 18e et modernité: sublime comme ce qui excède la représentation /

merveilleux comme représentation d’un monde régi par des lois

surnaturelles (avec ce que cela peut impliquer de critique aussi de la société

réelle : cf. merveilleux surR) : cf. Todorov (ILF. 1970) / fantastique comme

hésitation entre merveilleux (explication surnat.) et étrange (nat.) >

caractérisation du surnaturel par « thèmes » spécifiques :

* du « je » : relation homme / monde = abolition de la lim. matière / esprit

> pan-déterminisme, possibles relations entre toutes choses : existence

d’êtres porteurs de pouvoirs surhumains (fées, ogres), métamorphoses,

transfo du temps et de l’espace

* du « tu » : relation d’un sujet au autres > représentation exacerbée,

superlative, du désir et de ses fantasmes : surpuissance / ascèse, inceste,

homosexualité, sadisme…

+ Pbmatique :

. Statut du merveilleux :

— entre ds plusieurs oppositions : / extraordinaire (héroïque, burlesqueà, /

vraisemblable, / sublime, païen /chrétien

— peut apparaître ds plusieurs types d’écrits, et pas seulement ds contes de

fées : burlesque, précieux, mythologiques, chrétiens…

. > Q = recherche d’une spécificité transversale du merveilleux chez CP, à travers

diversité de son écriture

— cf. spécifie le « conte » comme genre (cf. opposition / nvelle in préface

contes en vers) : présence du merveilleux > pb. de l’unité du livre GF =

quel mode de lecture, àp de ce que nous croyons centré sur contes pour

enfants ?

. > Quelle spécificité globale (fonction) du merveilleux dans la diversité des textes

composant le recueil des Contes ?

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— I. Les excès de l’imaginaire

+ 1) Satires et merveilles

. a> Invraisemblances burlesques

. b> Dieux bouffons

+ 2) Merveilles précieuses

. a> Ornements de l’esprit

. b> Pente ascendante (ds autres textes)

+ 3) Contes et fantasmes

. a> Traditions naïves

. b> Désirs pervers

— II. Un jeu moral

+ 1) Un projet didactique

. a> Le miel et l’absinthe

. b> L’inflexion morale (à la fin)

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+ 2) L’ombre du vraisemblable

. a> Rigueur et merveille (composition : ≠ romanesque)

. b> Modalisations

+ 3) Délassements classiques

. a> Dieux galants (Alceste)

. b> Panthéon joueur

— III. Les secrets du sublime

+ 1) L’aspiration à la grandeur

. a> Merveilles officielles (Peinture)

. b> Merveilleux chrétiens

+ 2) Troubles d’une transparence

. a> Le sang des martyrs

. b> Lettres volées (ics + impossibilité classique de dire)

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LE MERVEILLEUX Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— I. Les excès de l’imaginaire

+ 1) Satires et merveilles

. a> Invraisemblances burlesques

. b> Dieux bouffons

+ 2) Merveilles précieuses

. a> Ornements de l’esprit

. b> Pente ascendante

+ 3) Contes et fantasmes

. a> Traditions naïves

. b> Désirs pervers

— II. Un jeu moral

+ 1) Un projet didactique

. a> Le miel et l’absinthe

. b> L’inflexion morale

+ 2) L’ombre du vraisemblable

. a> Rigueur et merveille

. b> Modalisations

+ 3) Délassements classiques

. a> Dieux galants

. b> Panthéon joueur

— III. Les secrets du sublime

+ 1) L’aspiration à la grandeur

. a> Merveilles officielles

. b> Merveilleux chrétiens

+ 2) Troubles d’une transparence

. a> Le sang des martyrs

. b> Lettres volées

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L’ART DU RÉCIT Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— Intro. :

+ Récit : double caractérisation / type de texte

. Contenu : relation d’un enchaînement d’actions dont se dégage une signification

globale > cf.

— « mise en intrigue » selon Ricœur (mode d’appréhension particulier de la

réalité ≠ description, explication, expression, éloge / blâme)

— recherche d’une « grammaire du récit » = déterminer éléments et types

d’enchaînements universaux dont les combinaisons rendraient compte de tt

récit :

* cf. Morphologie du conte de V. Propp, 1928 = déterminer élts constants

ds dvlppt des récits > séquences et leurs enchaînements (manque, épreuve,

alliance, combat…) [cf. nott. présence / absence combat, épreuve]

* cf. Sémantique structurale de Greimas, 1966 = faire dériver déroulement

du récit d’un paradigme achronique : « carré sémiotique » (sujet / objet

etc.) — le temporel serait dérivé du logique, ce que conteste Ricœur, qui

fait de la mise en intrigue une exp. existentielle fondatrice.

. Modalité : distingue récit / drame < passage par un narrateur (cf. Platon et Arist. :

mimèsis ≠ diégèsis)

— cf. narratologie de Genette > relation histoire / récit / narration, point de

vue…

+ Art :

. Cf. étym. : notion de technique, de savoir faire (cf. artisanat, technique) ≠

spontanéité, inspiration (cf. / art pop. + manifestation d’un ics.)

. Valeur esthétique > relation au beau (idéal abstrait > sensible : classicisme >

adéquation à des normes raisonnables / baroque : grandeur, éclat) et à une créativité

personnelle.

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73

+ Pbmatique :

. Relation singulière de CP., ds sa poétique, au récit comme tel : affinité avec le récit

comme mode d’appréhension du réel (temps, action, pers.)

. Particularité narratives des œuvres de CP. : intervention ds sa relation / traditions

(orales, pop.) et / exigences contemporaines (anciens / modernes).

. > Pourquoi et comment CP. raconte-t-il des histoires ? =

. > singulariser l’œuvre de CP. : ds son choix du récit, l’agencement de celui-ci et

parole qui le véhicule.

— I. Le choix du récit

+ 1) Récit et poésie

. a> Position générique

. b> Pente imaginaire (figuration, Histoire)

+ 2) Rhétorique du récit

. a> Ornements (récit / dialogue / lettre)

. b> Fantômes de la grandeur (épique > ptts genres)

— II. L’ordre du récit

+ 1) Schèmes imaginaires

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74

. a> Morphologies des contes

. b> Préférences

+ 2) Rationalisation classique

. a> Épures des fables

. b> Beaux désordres ?

— III. Les voix du narrateur

+ 1) Sagesse ?

. a> Morales

. b> Distances (diverses, humoristiques)

+ 2) Railleries

. a> Satires

. b> Esprit

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+ 3) Enfance

. a> Point de vue

. b> Mystères

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76

L’ART DU RÉCIT Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— I. Le choix du récit

+ 1) Récit et poésie

. a> Position générique

. b> Pente imaginaire

+ 2) Rhétorique du récit

. a> Ornements

. b> Fantômes de grandeur

— II. L’ordre du récit

+ 1) Schèmes imaginaires

. a> Morphologies des contes

. b> Préférences

+ 2) Rationalisation classique

. a> Épures des fables

. b> Beaux désordres ?

— III. Les voix du narrateur

+ 1) Sagesse ?

. a> Morales

. b> Distances

+ 2) Railleries

. a> Satires

. b> Esprit

+ 3) Enfance

. a> Point de vue

. b> Mystères

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DM0

Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

Dans la préface de ses Contes (1665), répondant par avance aux objections qui pourraient être faites à leur immoralité, La Fontaine demande :

« mais qui ne voit que ceci est jeu, et par conséquent ne peut porter coup ? »

Dans quelle mesure cette question peut-elle éclairer la lecture des Contes de Perrault réunis par Marc Soriano ?

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DM1 Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

Pour montrer la dignité morale de ses premières Fables (1668), La Fontaine ne

craint pas de renvoyer son lecteur aux Évangiles :

« s’il m’est permis de mêler ce que nous avons de plus sacré aux erreurs du

paganisme, nous voyons que la Vérité a parlé par paraboles ; et la parabole est-elle autre

chose que l’Apologue, c’est-à-dire un exemple fabuleux, et qui s’insinue avec d’autant

plus de facilité et d’effet, qu’il est plus commun et plus familier ? »

Dans quelle mesure ces considérations peuvent-elles éclairer la lecture des

Contes de Perrault réunis par Marc Soriano ?

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DM1

Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

— Introduction Au livre IV de L’Émile, Rousseau adresse aux Fables de La Fontaine des critiques devenues

fameuses. Elles ne sont pas destinées aux enfants, car « il n’y en a pas un seul qui les entende ». En outre, si par malheur ils les comprenaient, « la morale en est tellement mêlée et si disproportionnée à leur âge, qu’elle les porterait plus au vice qu’à la vertu. » Ils préfèrent spontanément devenir renards que corbeaux avisés.

De son temps leur auteur, il est vrai, qui fut d’abord celui de Contes volontiers licencieux, a cru devoir renvoyer son lecteur aux Évangiles pour montrer la dignité morale de ses premières Fables : « s’il m’est permis de mêler ce que nous avons de plus sacré aux erreurs du paganisme, nous voyons que la Vérité a parlé par paraboles ; et la parabole est-elle autre chose que l’Apologue, c’est-à-dire un exemple fabuleux, et qui s’insinue avec d’autant plus de facilité et d’effet, qu’il est plus commun et plus familier ? » Dans quelle mesure ces considérations peuvent-elles éclairer la lecture des Contes de Perrault réunis par Marc Soriano ? Préférerons-nous Grisélidis au loup ?

Il s’agit de la « Vérité » la plus « sacré(e), celle que peuvent inspirer les écritures à travers les « paraboles » que proposent par moments le Christ. Elle concerne la révélation chrétienne, ainsi que les règles de vie qu’elle inspire. Or, par leur caractère figuré, les paraboles christiques rejoignent les « apologue(s) » issus du « paganisme », qu’il peut dès lors paraître légitime de mettre au goût du jour. Toutefois, la « facilité » et l’efficacité même de ces images « famili(ères) » ne risque-t-elle pas d’en dévoyer la portée morale ? Ce qui « s’insinue » de la sorte, en chacun, telle les paroles du serpent au pied de l’arbre de la connaissance, n’est-ce pas le goût d’un plaisir mystérieux plutôt que le respect de règles trop connues, trop « commun(es) » ? Partisan des Modernes et d’un art chrétien, issu d’un milieu janséniste, l’académicien Charles Perrault fut aussi courtisan, précieux et burlesque. À les lire de près, la singularité de ces Contes si fameux approfondit-elle donc la recherche d’une éthique, ou ne fait-elle de celle-ci qu’un prétexte à divertissement ? Dans quelle mesure les divers Contes de Perrault, par le recours à l’évidence d’un imaginaire, visent-ils à rendre plus accessibles et séduisantes des vérités d’ordre moral et religieux ?

[I] Si la vérité semble en suspens dans les contes de fées, elle s’affirme bien davantage dans les textes à destination d’un public adulte, que les œuvres soient officielles, précieuses ou burlesques : l’imaginaire, toutefois, tend à infléchir toute grandeur. [II] La ligne morale la plus ferme de toute l’œuvre demeure indéniablement celle d’un véritable projet apologétique, pour un renouveau littéraire national et chrétien : cela sous-tend la critique des Anciens comme les Contes de ma mère l’Oye, mais n’empêche ni l’humour ni les ambivalences. [III] Autant dire que la fermeté du programme moral laisse sa place à des représentations inavouables, et qu’ici l’honnêteté du grand siècle autorise un plaisir de lecture où la bonne intelligence des textes fasse sa part à l’indécision du sens.

— Intro. I. Qu’y a-t-il de « plus commun et de plus familier » que les Contes de Perrault ? Mais qui, à part quelques spécialistes, connaît son opéra Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne ? Ou ses hymnes ? Les fables enfantines, moments tardifs dans la carrière de leur auteur, n’en révèlent qu’un aspect, quoique fondamental sans doute. Mais la morale que nous cherchons à travers leur énigmatique transparence s’affiche sans détour dans des textes officiels et religieux (11), précieux (12) ou polémiques (13).

— Trans. I-II. [I] L’imaginaire, et dès lors l’enfance, peut-être, hante chez Perrault la défense et illustration des « Vérités » les « plus sacré(es) ». Si la religion tourne à l’ascèse du verbe (11), les jeux précieux rendent l’amour le plus galant, et même Versailles, plaisant, voire drôle (12), et, en matière politique, le moralisme prend les dehors les plus burlesques (13). [II] Il se confirme ainsi, toutefois, qu’une orientation moralisante structure l’ensemble de l’œuvre. C’est en tant qu’éducateur chrétien que Perrault dénonce certaines fables antiques et entreprend de puiser dans la tradition nationale (21). C’est en tant qu’honnête homme du siècle de Louis-le-Grand qu’il dénonce l’inconvenance de certaines œuvres antiques, dont l’adaptation doit obéir aux convenances de son

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temps (22). Mais comment, dès lors, peut-il infléchir de la sorte l’encomiastique vers le burlesque, et pourquoi ces discordances stylistiques dans des contes annoncés comme éducatifs ? (23)

— Trans. II-III. [II] Le discours de Perrault se révèle parfois fort peu « insinu(ant) », et pourtant son

œuvre ne se réduit pas à des « parabole(s) » idéologiques. Il affiche la nécessité d’une réforme chrétienne des « contes de vieilles » (21), proclame la supériorité de l’esthétique galante sur les excès tragiques transmis par l’antiquité, liés aux « erreurs du paganisme » (22). Mais la pompe, chez lui, glisse vers la farce, et l’histoire édifiante réclame esprit et distance (23). [III] Est-ce à dire que l’écriture des Contes déborde leur projet moral ? Toujours est-il qu’ici les fables enfantines ne rechignent guère faire miroiter désir et cruauté, suggérant, pour reprendre l’expression de Freud, « l’inquiétante étrangeté » du « plus commun » et du « plus familier » (31). L’élaboration morale, quant à elle, peut tendre à la résignation, ou mystérieusement disparaître dans le Labyrinthe « fabuleux » d’un art (32).

— Concl. III. L’éthique se disjoint mal de l’imaginaire. La liberté fantasmatique peut apparaître

comme le moyen d’une construction morale, puisque dans ses œuvres les moins assujetties aux canons académiques, Perrault montre la bestialité, le goût de la chair et du sang, pour avertir des dangers de l’amour et laisser espérer en une victoire des petits (31). Mais le discours moral lui-même autorise peu d’initiative individuelle, voire semble ne trouver sa voie qu’en une pluralité évasive (32).

— Conclusion. À travers ses contes les plus divers, Perrault cherche indéniablement à illustrer une morale.

Mais son parcours est accidenté, et la teneur de celle-ci demeure problématique. La liberté imaginaire permise par le genre du conte nous laisse des histoires à interpréter. Où réside leur « facilité », leur « effet » ? Elles permettent sans doute à la recherche d’une éthique de montrer son intensité, mais aussi, au fil des ans, sa complexité voire son nécessaire inachèvement.

En effet […] Quelle serait donc la « Vérité » des contes ? Ils nouent les exigences, sociales, d’un temps et

celles, intimes, d’un sujet. Si les Contes de ma mère l’Oye nous touchent encore d’avantage que La Métamorphose d’Orante, c’est peut-être parce que le suspens de leur interprétation ne tient pas à la seule politesse de l’honnête homme. L’étymologie, rappelle Benveniste, rapproche le « sacré » de l’interdit : sacer n’est pas sanctus. Or, la contradiction entre diverses morales, toutes également conventionnelles, entre un style classique et des images parfois brutales, suggère que le secret singulier de telles histoires tient à ce lien fragile de l’intime et du collectif : est-ce là « ce que nous avons de plus sacré » ?

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DM1 Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

Problématique : Dans quelle mesure les divers Contes de Charles Perrault, par le

recours à l’évidence d’un imaginaire, visent-ils à rendre plus accessibles et séduisantes

des vérités d’ordre moral et religieux ?

— I. L’inflexion de la grandeur

+ 1) Pompe et vérité

. a> Poésie officielle

. b> Poésie religieuse

+ 2) Les jeux du monde

. a> Paraboles précieuses

. b> Apologues versaillais

+ 3) L’imaginaire polémique

. a> Burlesque politique

. b> Rigorisme burlesque

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— II. Un projet apologétique + 1) Moralisme et modernité

. a> De l’immoralité des fables antiques

. b> Un prêche conservateur

+ 2) Les contes et les mœurs

. a> Alceste contre Iphigénie

. b> Miroirs conemporains

+ 3) Ambivalences d’un style

. a> Opéra-bouffe

. b> Le double langage des chefs-d’œuvre

— III. Une morale évasive

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+ 1) Les scènes d’avant les mots

. a> Désir

. b> Crauté

+ 2) Impossibles leçons ?

. a> Édifier au plus bas

. b> Déductions abyssales

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DM1 Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

Problématique : Dans quelle mesure les divers Contes de Charles Perrault, par le recours à l’évidence d’un imaginaire, visent-ils à rendre plus accessibles et séduisantes des vérités d’ordre moral et religieux ?

— I. L’inflexion de la grandeur + 1) Pompe et vérité . a> Poésie officielle . b> Poésie religieuse + 2) Les jeux du monde . a> Paraboles précieuses . b> Apologues versaillais + 3) L’imaginaire polémique . a> Burlesque politique . b> Rigorisme burlesque — II. Un projet apologétique + 1) Moralisme et modernité . a> De l’immoralité des fables antiques . b> Un éducateur chrétien + 2) Les contes et les mœurs . a> Alceste contre Iphigénie . b> Miroirs contemporains + 3) Ambivalences d’un style . a> Opéra-bouffe . b> Le double langage des chefs-d’œuvre — III. Une morale évasive + 1) Les scènes d’avant les mots . a> Désir . b> Cruauté + 2) Impossibles leçons ? . a> Édifier au plus bas . b> Déductions abyssales

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DS2

Charles Perrault (1728-1703) Contes

1641-1701

« Le conte demande […] de consentir ponctuellement à une illusion dont on n’est pas

dupe, de jouer à être ce lecteur qu’on n’est pas, tout comme le conteur n’est pas

l’auteur de l’histoire qu’il rapporte, ni même un simple narrateur. La saveur du texte

tient à ce double décalage […] »

Dans quelle mesure ces considérations de Marc Escola, dans son commentaire des

Contes de Charles Perrault (« Foliothèque » » n° 131, octobre 2005), vous semblent-elles

pouvoir éclairer la lecture de l’ensemble des textes réunis par Marc Soriano ?

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DS2 Charles Perrault (1728-1703)

Contes

1641-1701

« Le conte demande […] de consentir ponctuellement à une illusion dont on n’est pas

dupe, de jouer à être ce lecteur qu’on n’est pas, tout comme le conteur n’est pas

l’auteur de l’histoire qu’il rapporte, ni même un simple narrateur. La saveur du texte

tient à ce double décalage […] »

— Intro

+ Attaque :

+ Analyse :

+ Pbmatique :

Dans quelle mesure les Contes de Perrault réunis par Marc Soriano visent-ils un plaisir

d’écriture et de lecture qui relève avant tout d’un exercice de lucidité ?

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— I. Des contes sans illusion : une autorité morale

+ 1) Foi et dénuement

. a> Consentir au merveilleux chrétien

. b> Griselidis ou la vraisemblance du sacrifice

+ 2) Un moralisme moderne ?

. a> De l’inconvenance antique (à la propagande absolutiste)

. b> Un projet pédagogique

. c> Le conte et l’opéra : le choix du plaisir

— II. Jouer à croire : une morale mondaine

+ 1) L’abstraction allégorique

. a> La fable détournée : mythe et burlesque

. b> La fable sublimée : l’esprit précieux

+ 2) Le jeu du conte

. a> Jouer la morale : autorité et complicité

. b> Polyphonies narratives

. c> Vraisemblance et merveilleux

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— III. Derrière le miroir : saveurs de l’illusion

+ 1) Plaisirs de l’invraisemblance

. a> Le rire : satire et burlesque

. b> La merveille : le romanesque galant

+ 2) Sens des silences

. a> La constellation gémellaire

. b> Devenir soi : le tragique en abyme