25 propositions pour une dynamique de - TOUT METZ › wp-content › uploads › 2015 › 11 ›...
Transcript of 25 propositions pour une dynamique de - TOUT METZ › wp-content › uploads › 2015 › 11 ›...
1 Novembre 2015
2015
25 propositions
pour une dynamique de l’écosystème numérique
Un futur à construire avec l’Alsace, la
Champagne-Ardenne et les régions des
quatre pays frontaliers
DOCUMENT DE DOCUMENT DE
CONSEILS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
D’ALSACE, DE CHAMPAGNE-ARDENNE ET DE LORRAINE
CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL DE LORRAINE
2
3
Composition du groupe de travail
Président
Philippe Buron-Pilâtre
Membres
Elodie Boileau
Olivier Cayla
Gérard Claudel
Florence Damour
Raymond Frénot †
Michel Jubert
Gilbert Krausener
Patrick Meyer
Bernard Nicolle
Michael Poirot
Brigitte Renaut-Defontaine
Karl Tombre
Suivi et coordination
Jérémy Roques
Kévin Crotte-Brault
4
5
Sommaire
Préambule (p. 7)
Introduction (p. 17)
Première réflexion en direction du tourisme
Le futur Grand Est et la Grande Région élargie
Synthèse des propositions (p. 19)
Novembre 2015 : photographie de l’existant (p. 23)
Economie et emplois (p.24)
Les métropoles « French Tech » (p.28)
Réseaux et infrastructures fixes (p.31)
Réseaux mobiles (p.37)
Partie 1: L’essor d’un écosystème
entrepreneurial numérique (p.43)
Etat des lieux
Favoriser l’émergence des start-ups (p.48) Favoriser la création et la pérennisation des « petites entreprises »
Mettre en place une plateforme de services locaux aux petites entreprises numériques
Favoriser l’échange au sein de l’écosystème (p.51) Les associations de l’écosystème numérique
Les événements numériques
S’appuyer sur les spécialisations existantes (p.55) E-Santé et Silver Economy
Vallée Européenne des Matériaux et de l’Energie
LORnTECH
6
Partie 2: Formations au numérique (p.63)
Etat des lieux
Les formations aux métiers du numérique (p.68) Multiplier les places dans les formations du numérique
Faire de l’entreprenariat numérique un véritable débouché
Créer une lisibilité et une visibilité communes
Les compétences numériques pour tous (p.74) Former le professeur avant l’élève
Créer la transversalité du numérique de la maternelle à l’enseignement supérieur
Permettre une formation au numérique à tout âge
Les usages pédagogiques du numérique (p.79) Raccorder et équiper les lieux d’enseignement.
Favoriser l’engagement pédagogique des enseignants-chercheurs.
Structurer la stratégie et les outils du numérique.
Partie 3: Le financement des entreprises
numériques (p.87)
Etat des lieux
Le financement privé (p.92)
Réallouer l’épargne nationale
Attirer les Business Angels
Le financement participatif (p.95) Principe et modèle de financement
Le financement participatif local
Le financement public et les bourses French Tech (p.100) Créer une structure commune de fonds d’amorçage
Accélérer les start-ups avec les deux labels French Tech
Créer un interlocuteur commun des financements numériques
Conclusion (p. 105)
7
Préambule
POUR MIEUX APPREHENDER L’EVOLUTION DIGITALE DE LA SOCIETE
Digital, numérique ou I.T ? (R) évolution, mutation, transformation ! Difficile de
mettre tout le monde d’accord sur les définitions et les termes adaptés pour la période
que nous vivons depuis quelques décennies. Et de manière intense depuis 2 ans.
Si l’Académie Française préfère que l’on utilise le terme « numérique », la
globalisation planétaire d’Internet retient de plus en plus l’appellation anglo-saxonne
« digital » qui regroupe l’ensemble des équipements électroniques utilisant des
représentations binaires. Numérique ou digital, ces deux termes doivent être acceptés
comme des synonymes, sachant que « digital » est désormais plus couramment utilisé,
car il intègre aussi les utilisateurs et tous les dérivés. Quant aux Américains, ils
communiquent de plus en plus avec l’acronyme suivant : I.T (Information Technology –
Technologies de l’Information).
On doit aussi admettre que nous vivons une profonde période de mutation. Ce qui
nous ramène à l’époque de la Renaissance (100 ans) et à celle du Siècle des Lumières
(près de cinquante ans). Une lente révolution des esprits et des technologies qui
brusquement s’intensifie et qui conduit à des mutations profondes. Une définition sans
doute simpliste, mais qui a le mérite de mettre en exergue, que ce que nous vivons, n’est
que le résultat d’un profond changement, qui a débuté à la fin de la Seconde guerre
mondiale avec l’invention de l’informatique.
Il y a cinquante ans, on formait encore des bataillons de sténo dactylos car peu de
personnes savaient utiliser une machine à écrire, mécanique ou électrique. Qui
aujourd’hui n’est pas en capacité, même avec deux ou quatre doigts, d’écrire sur son
smartphone, sa tablette ou son ordinateur ?
Il y a seulement quinze ans, l’appareil photo utilisait l’argentique… les bonnes
vieilles pellicules de 12, 24 ou 36 poses. Et c’était tout un commerce de vendeurs de
matériels, de développeurs, de tirages noir et blanc et couleur, d’encadreurs qui vivaient
bien, à chaque coin de rue. En quelques années, le numérique a révolutionné ce secteur,
faisant disparaitre des milliers d’emplois et des formations qui avaient plus de cent ans
d’existence.
8
Une lente mutation qui s’est accélérée
Tout doucement cette mutation a pénétré notre vie sans que nous n’y prenions
réellement garde. Puis à partir de 2005, tout s’est rapidement emballé. Le téléphone
mobile (smartphone), sa généralisation, de même que l’ordinateur portable et la tablette
ont bouleversé notre quotidien. Oubliés le bug de l’an 2000 et surtout l’explosion de la
bulle financière liée aux nouvelles technologies. On lit, on regarde les infos, on fait ses
achats, on réserve ses vacances, on gère sa maison, on utilise sa mobilité comme un
bureau ambulant. Et seulement avec son smartphone.
Dans le même temps, la perception du temps qui s’écoule a été bouleversée. On
est passé, sans crier gare, du temps presque maitrisé, à l’immédiateté. Avec une
revendication planétaire d’un accès au progrès qui passe par l’Internet et la téléphonie
mobile.
Il nous a semblé utile dans ce préambule, non pas d’expliquer ce qu’est le
numérique (digital), nous n’aurions pas cette prétention, mais de rappeler que cette
mutation est venue avec l’utilisation d’une technique appelée Internet et de systèmes de
codage et de transmission qui permettent aujourd’hui de recevoir, image, son et texte à
grande vitesse. Un système inventé pour l’Armée américaine, utilisé par le monde
universitaire, au départ américain, puis très rapidement adopté par tous les pays.
Beaucoup des « rêves » des années 1960, en ce qui concerne l’anticipation sont
brusquement devenus possibles dans les domaines aussi variés que la santé, la
médecine, les relations sociales, l’entreprise, le transport, la robotique, la connaissance
et la formation.
Ce qui a été dans un premier temps associé uniquement à la filière informatique
est devenu transversal. Personne ne pourrait admettre aujourd’hui limiter la mutation
digitale de nos sociétés à la seule utilisation d’un smartphone.
De nombreux spécialistes émettent l’idée que l’intérêt du grand public s’est
néanmoins manifesté récemment avec le développement des smartphones et la
généralisation des objets connectés.
La généralisation des plans numériques
Mais aussi par la prise de conscience dans le monde entier que cette mutation
bouleverse nos vies et nos activités, en changeant notre vision du monde. Aux Etats-Unis
comme au sein des diverses composantes politiques de l’Europe, mais aussi dans chaque
pays, les décideurs ont rapidement adopté des plans numériques. A la fois dans le
domaine des réseaux, mais aussi des contenus, des usages.
9
Très vite la notion juridique, le respect de la vie privée, le stockage et l’ouverture
des données et la cyber-sécurité sont devenus des problématiques prégnantes. Qui sont
encore loin d’être maitrisées, d’autant que l’évolution du digital peut ressembler parfois
à un paquebot pris dans un ouragan.
En France, après de très nombreux rapports, plusieurs plans et lois ont été mis en
place. Une future grande loi est en préparation au ministère des Finances, dite loi Noé
(Nouvelles Opportunités Economiques) qui est annoncée comme pouvant donner à la
France tous les moyens de développement. Pour Emmanuel Macron « il s’agit d’une
bataille culturelle… Il va falloir repenser notre façon de produire, d’entreprendre et
d’innover », estime-t-il.
Qui pouvait encore imaginer, il y a dix ans, que ce qui apparaissait comme des
occupations dérisoires pour la génération Y (celles et ceux nés au milieu des années
1980), consommateurs de jeux vidéo, de consoles et bientôt de smartphones sur
lesquels ils pouvaient écouter musique, envoyer au-delà de 300 SMS par jour,
communiquer en permanence et en tous lieux, allait provoquer une mutation dans notre
société.
Et qu’elle allait donner naissance à de nouveaux conglomérats dont les
capitalisations boursières assemblées dépassent, en 2015, de 200 milliards celles des
entreprises du CAC40 (aux alentours de 1330 milliards d’euros). Alors qu’elles étaient
inférieures de 300 milliards il y a un an, selon Meta-Média. Ces sociétés que l’on connait
aujourd’hui sous l’acronyme « G.A.F.A – Google, Apple, Facebook et Amazon » auxquelles
on doit ajouter Microsoft, n’ont plus de clients, mais des utilisateurs. La création de
valeur ne repose plus sur des transactions, mais sur l’usage. Même si le consommateur
n’achète rien, le simple fait d’interagir avec la marque produit de la valeur.
Le système Internet, qui n’est qu’une technologie reliant des ordinateurs entre
eux à des serveurs, permettant de diffuser à des vitesses de plus en plus importantes du
son, de l’image et du texte numérisés, que ce soit par des liaisons filaires, satellitaires et
hertziennes (pour les plus connues) a généré rapidement ce que l’on connait sous
l’appellation web. Ce réseau informatique mondial accessible au grand public, selon
Wikipedia, sans centre névralgique, est composé de millions de réseaux, aussi bien
publics que privés, universitaires, commerciaux et gouvernementaux, eux-mêmes
regroupés depuis 2014 en 47.000 réseaux autonomes. L’information est transmise grâce
à un ensemble standardisé de protocoles de transfert de données qui permet
l’élaboration d’applications et de services variés comme le courrier électronique, la
messagerie instantanée et le web (world wide web).
Mais encore faut-il que les « tuyaux » existent et soient suffisamment déployés
pour répondre aux besoins des particuliers et des entreprises, notamment. Sans oublier
que la mobilité des individus est devenue la règle. La fibre optique semble être la
10
technique qui permet d’affronter l’augmentation des flux, alimentant des antennes relais
et complétant la couverture satellitaire.
Des quartiers numériques à FrenchTech
La France, longtemps à la traine, sur la base de différents rapports s’est lancée en
octobre 2014 dans une offensive tardive, mais avec vigueur. Ainsi ont été mis en place
un dispositif de quartiers numériques qui s’appuie sur les territoires pour engager
une démarche collective, coordonnée au niveau national, qui favorise l'animation, la
mise en réseau et le développement des différents écosystèmes numériques locaux ; de
proposer aux territoires de promouvoir, ensemble à l'international, les entreprises
du secteur, dans la perspective de renforcer l'attractivité économique de la France ; et
enfin de mobiliser le Programme des investissements d’avenir (PIA), avec un
financement dédié à ce dispositif.
Huit recommandations étaient proposées :
Mettre en réseau des « Quartiers numériques » d’excellence sur le territoire
Reconnaître Paris comme métropole numérique et vitrine internationale
Déployer l’ultra haut débit fixe et mobile dans les « Quartiers numériques »
Promouvoir une France créative, entrepreneuriale et innovante incarnée par les «
Tech Champions »
Déployer une identité unique pour accroître la visibilité internationale des «
Quartiers numériques »
Mettre l’initiative française en réseau avec plusieurs capitales numériques
Déployer un dispositif fiscal attractif pour amplifier l’investissement des business
angels
Mettre en oeuvre une gouvernance et un calendrier ambitieux
Mais très vite ces quartiers numériques sont devenus des « métropoles » French
Tech qui ont été labellisées en deux phases sur l’ensemble du territoire. La volonté est
toujours la même : faire éclore un écosystème numérique en France, mettre en valeur
des start-ups de premier plan (licornes), préparer la France aux enjeux du 21è siècle et
porter internationalement la volonté française de se positionner dans ce domaine..
La Lorraine a obtenu ce label en juin 2015 accompagnée par l’Alsace (pour la e-
santé). Une reconnaissance importante que l’on va devoir transformer pour la mettre à
l’échelle de la région Grand Est dès le 1er janvier 2016. Nous affirmons haut et fort qu’il
s’agit d’une priorité pour les politiques et les décideurs au regard de la transversalité du
digital. Le Grand Est doit être une « licorne » européenne, en associant ses
partenaires des quatre pays frontaliers.
11
Internet n’est pas que le web
Le croisement d’Internet et de la téléphonie mobile a permis cette explosion dans
le domaine de la communication d’autant que le téléphone est devenu en quelques mois,
appareil photos, caméras, enregistreur, ordinateur, moyen de paiement, etc. Un
bouleversement qui a, en priorité, affecté les médias. La planète est devenue un petit
jardin où chacun s’est mis à penser que tous ses écrits, ses photos, ses images allaient
être vus par 7 milliards d’individus. On peut désormais interpeller en temps réel même
les plus puissants, commenter, donner son avis. Et l’actualité a démontré la force des
réseaux sociaux et l’implication dans la démocratie participative.
Dans le même temps, la technologie Internet a heureusement été mise au service
de la médecine, du tourisme, de l’économie, de la formation, de la recherche, du
développement et de l’innovation dans tous les domaines. Sont arrivés des technologies
comme la réalité augmentée, la réalité virtuelle, l’imprimante 3D, la robotique, les
prototypes industriels, les objets connectés, l’intelligence artificielle. Mais aussi des
interrogations sont nées en matière de sécurité, de protection de la vie privée, de cyber
sécurité, de stockage et protection des données, de réglementations nationales, de
propriétés intellectuelle et industrielle, de piratage et surtout de diffusion des rumeurs.
Et enfin ce que l’on connait aujourd’hui sous l’appellation « ubérisation ».
Le marketing, la publicité, l’information, la communication, la commercialisation,
la consommation, la fabrication, ont débuté leur mutation avec une incroyable vitesse de
développement. Raillées par les corporations, la traditionnelle vente par
correspondance s’est transformée sous la pression avec des entreprises comme Amazon,
les fameuses « courses » du week-end, en commandes auprès de « drive ». Tous les
secteurs y passent : les taxis, les banques, la culture, le tourisme, bientôt les produits que
l’on va pouvoir réaliser à l’unité à partir de son ordinateur et d’une imprimante 3D.
Dans le domaine du web, au départ vitrine un peu figée (web 1.0), ce mastodonte
est devenu interactif et a rapidement donné naissance aux blogs, forums, applications et
bientôt aux réseaux sociaux. Loin est désormais le temps où un modem était nécessaire
pour se connecter à Internet. Aujourd’hui, nous sommes connectés en permanence à
Internet, pouvant accéder à des milliards de données (Big Data). Ce que Gilles Babinet,
ambassadeur français du numérique auprès des instances européennes, personnalité
reconnue dans le monde digital, définit « comme le pétrole du 21ème siècle ».
Selon les chiffres donnés par le magazine numérique « RSLN mag », nous passons
46 minutes par jour sur Facebook, il y a eu un milliard de smartphones vendus dans le
monde en 2013 (pour 100 millions en Afrique). Le réseau Internet est évalué à 1,5
million de kilomètres (4 fois la distance de la Terre à la Lune) pour relier, par mer ou sur
terre tous les territoires (sans compter les liaisons hertziennes et satellitaires).
12
Concernant l’énergie nécessaire pour faire « tourner » Internet, en 2007 la
consommation estimée en Europe par les data-centers et serveurs d’entreprises (avec le
refroidissement nécessaire) était de 56 terawattheures pour atteindre en 2020, 104
TWh (presque le double). Pour mieux appréhender les besoins énergétiques, cela
correspond à un quart de la production de l’ensemble des 58 réacteurs nucléaires
français en 2013.
En Inde, on estime à plus 55% la croissance de smartphones entre 2013 et 2014
(pour +23% dans le monde en 2014), expliquant notamment qu’en Inde comme en
Afrique, Internet va passer par le mobile.
Si la Corée du Sud se place en tête du classement mondial de vitesse de connexion
à Internet avec une vitesse de 23,6 Mb/s, la France ne se situe qu’au 44è rang avec une
vitesse moyenne de 7,5 MB/s. La vitesse moyenne mondiale a augmenté de 30% en
2015.
Une très grande dépendance
Et si Internet s’arrêtait pendant 24 heures dans le monde ? Sans pouvoir analyser
l’ensemble des répercussions humaines, techniques, politiques et autres, en faisant un
focus uniquement sur quelques données, ce serait 196 milliards d’emails qui ne
pourraient pas être envoyés, 12 milliards de vidéos qui ne seraient plus visionnées sur
Facebook et Youtube, 3 milliards de requêtes quotidiennes sur le moteur de recherche
Google qui seraient sans réponse et 500 millions de tweets qui ne seraient plus partagés
sur le réseau social.
Autant dire que notre dépendance est totale, à la merci d’une négligence
humaine, d’une action terroriste ou d’un problème technique, même si d’importants
garde-fous ont été mis en place. Et que les besoins en énergie vont être à prendre en
considération de manière plus pointue.
Au 31 décembre 2014, la France comptait 26 millions d’abonnements Internet
(haut et très haut débit), soit 80,7% des foyers français (22,5 millions de foyers) et 47
millions d’internautes. Et si l’on compte tous les lieux de connexions (y compris les
domiciles), 83% des Français sont des internautes.
Et sur cette population, on ne dénombre pas moins de 30 millions d’utilisateurs
actifs en France sur Facebook, 23 millions sur Youtube et 6 millions sur tweeter.
Difficile donc de ne pas admettre la prégnance d’Internet dans notre quotidien.
Mais au-delà des réseaux sociaux, de la communication, il faut aussi remarquer
que la quasi-totalité de « notre vie » dépend d’Internet. Le système bancaire, les villes,
13
l’énergie, l’alimentation, les entreprises de toutes tailles, bientôt l’expression de la
démocratie avec le vote, le transport. La liste complète est finalement ce qui constitue
notre vie au quotidien, de la naissance à la mort.
Telle une boussole, le monde se trouve partagé entre quatre points cardinaux :
l’appétence, la peur, le refus et l’attente. Des attitudes dictées par nos approches
personnelles de cette mutation. Une situation qui alimente peurs et incertitudes, plus
qu’enthousiasme et adhésion.
Car en face, les adeptes du principe de précaution rencontrent la disruption, la
transgression et le pervasif. Il faut donc trouver les mots, les phrases, l’espoir que suscite
cette évolution pour rassurer celles et ceux dont la résilience est mise à mal dans un
monde « en guerre ».
Dans le domaine de l’entreprise, c’est le phénomène start-up, véritable
locomotive de l’économie dominée par la Silicon Valley (Californie - Etats-Unis) qui a
modifié les comportements, notamment auprès d’un public jeune qui n’hésite plus à
entreprendre, à bousculer les vieux schémas d’organisation des sociétés. Même les plus
grandes entreprises sont à la merci de phénomènes « d’ubérisation ».
En matière de communication, le « storytelling » est devenu la norme. Raconter
une histoire, communiquer autrement, faire adhérer. On ne dit plus relations publiques,
mais relations publics (vers les…). Dans les domaines de la publicité, du commercial, du
marketing, de l’information, la possibilité de cibler sa communication vers des publics
différents est une course phénoménale pour interpréter les données numériques que
nous répandons à chaque instant, que l’on soit ou non sur des réseaux sociaux. Notre
manière de vivre est auscultée à la loupe, dans ce big data de métadonnées retranscrites
par des algorithmes
25 propositions pour le Grand Est
Le stockage des données (comme leur analyse) semble être la priorité comme la
mise en place de « tuyaux » de plus en plus gros pour transporter les données, très
rapidement. Pour l’heure la quasi-totalité des data centers est possédée par les Etats-
Unis, ce qui explique le souhait comme le Luxembourg de s’orienter sur le big data et les
data centers. Ne pas confier à une seule nation le soin de posséder la quasi-totalité des
données échangées dans le monde. Une position qui ne semble pas suivie par la France,
alors que notre principale richesse est notre capacité à innover. Et que nous confions
nos données à des tiers.
Parmi les technologies qui apparaissent et qui pourraient répondre à ces enjeux,
il est important de citer les « blockchains» (la chaîne des blocs). C’est un système de
stockage décentralisé et de protocoles qui permettent d’effectuer des échanges de
14
données avec vérification. Ce qui se rapproche du réseau pair à pair (peer to peer P2P)
qui est un réseau informatique proche du modèle client – serveur où chaque client est
aussi un serveur (un nœud). Il peut être centralisé ou décentralisé en servant au partage
de fichiers en pair à pair, au calcul distribué ou à la communication.
Un enjeu capital à l’heure où les Etats-Unis viennent également d’acquérir le
système bancaire Visa, possédant déjà Master Card, soit la quasi-totalité des échanges
par cartes bancaires.
A l’heure des futures grandes régions, des métropoles, l’enjeu est également
de réduire la fracture numérique territoriale, en même temps que celle humaine.
Ce sont les priorités que nous avons voulu aborder dans notre rapport : comment
former la population à la mutation de la société, comment financer cette
révolution et quels sont les atouts que la Région Grand Est au cœur de quatre pays
frontaliers.
L’EuroRégion tri-nationale (franco-germano-suisse) du Rhin supérieur qui réunit
l’Alsace, les Länders du Palatinat du Sud et du Pays de Bade ainsi que les cantons suisses
de Bâle-Ville et Bâle-Campagne, soit près de 6 millions d’habitants auxquels se rajoutent
la Grande Région avec ses 11,5 millions d’habitants (Lorraine, Communauté
germanophone de Belgique, Wallonie, Rhénanie-Palatinat, Sarre et Luxembourg). C’est
ensemble que nous devons opérer notre mutation.
Un enjeu majeur pour toutes les générations
« Internet est voué à disparaitre ». Ces propos ont été tenus au dernier Sommet de
Davos par Eric Schmidt, PDG de Google. Celui qui domine le monde des Internets prédit,
non la fin d’Internet, mais l’omniprésence qui le rendra invisible, devenant omniscient
(voire pervasif). Pour lui « il y aura tellement d’adresses IP, tellement d’appareils
connectés, de capteurs et d’objets avec lesquels on interagira que l’on ne se rendra plus
compte de la présence d’Internet qui sera autour et en nous ».
Big brother, fin de la sphère privée, sans doute, mais des progrès colossaux dans
les domaines de la santé et des technologies, sûrement. Et un monde à apprivoiser, de
nouveaux paradigmes à inventer. Et en plus une morale à redéfinir pour ne pas devenir
des esclaves d’une société ultra robotisée.
Sans compter que le digital invite à la démocratie participative, au débat et à
l’expression citoyenne. Mais qu’il peut être aussi au service de puissances ennemies.
Sommes-nous prêts à affronter cette mutation ? Nos formations sont-elles
adaptées à l’acquisition de compétences qui nous permettront de changer de secteur
d’activité ?
15
La peur de voir demain des robots dotés d’intelligence artificielle nous remplacer
est-elle acceptable ? Jusqu’où iront nos désirs d’immortalité avec les progrès dans les
domaines des biotechnologies, nanotechnologies, l’espoir de créer un cœur de
remplacement à partir d’une imprimante 3D, les applications qui se substitueront à nos
souhaits, nos désirs, nos envies, nos pleurs.
Serons-nous en capacité de résister à nos envies d’apprentis sorciers ?
Ce sont les enjeux auxquels notre territoire Grand Est au cœur de quatre pays
frontaliers, avec notamment ses 200.000 frontaliers français et 200.000 étudiants est
confronté dès aujourd’hui.
Car dans ce monde globalisé plus que jamais le collaboratif et le partage sont
indispensables pour faire face aux transitions de toute nature de ce 3ème millénaire et ce
21è siècle.
La multiplication des réseaux, la formation, le financement et le soutien aux
secteurs clés dans notre région nous sont apparus comme prioritaires. Ce sont les vingt
cinq premières propositions que nous formulons aux élus et décideurs.
16
17
Introduction
Il peut s’en passer des événements en un peu plus de 2500 jours ! Près de 60.000 heures ! Et si l’on parle en termes d’années, cela fait tout de suite une «éternité » : 7 ans. Le même gouffre qui existe entre un jeune « millénium » de 15 ans (né en 2000) et un autre de la « génération Y », né en 1993.
En 2009, le Conseil Economique Social et Environnemental de Lorraine a commencé à se pencher sur l’évolution numérique de la société que l’on pouvait déjà observer (et notamment dans notre région). Nous nous sommes, dans un premier temps, attachés à tenter de comprendre ce qui n’apparaissait encore que comme une « affaire de spécialistes ». Il existait en effet en Lorraine un véritable bouillonnement d’idées, de structures, d’hommes et de femmes qui agissaient dans ce domaine numérique, presque de manière souterraine, sans que nous sachions tout à fait ce qu’étaient leurs métiers.
Nous étions bien conscients que depuis la naissance de l’informatique en 1947, puis la très rapide généralisation des technologies, que l’on a longtemps appelées NTIC, un monde différent était en train de naître. Une prise de conscience partagée par beaucoup.
Les années 1999 et 2000 (avec le bug de l’an 2000 et la généralisation d’Internet) avaient déjà permis de comprendre que la prégnance de l’informatique pouvait modifier nos modes de vie et surtout la formation, le travail et les relations sur la planète. Première réflexion en direction du tourisme
Dans un premier temps, notre réflexion s’est portée sur le domaine du tourisme, secteur qui a été rapidement impacté par Internet, les réseaux sociaux numériques (RSN), le web et plus généralement l’e-commerce et l’e-mobile.
Lors de nos différents rapports sur le tourisme, nous avions insisté sur la nécessaire mutation vers le numérique. Nous avions même participé à la réflexion sur le schéma régional du développement de l’économie touristique, mis en place par le Conseil Régional de Lorraine, puis plaidé pour la mise en place d’un schéma régional numérique dans ce domaine.
Volontairement, nous avions axé notre premier rapport numérique (novembre 2013), sur les réseaux car le retard constaté nous semblait important à mettre en exergue afin que notre région ne décroche pas dans ce domaine après avoir été longtemps un précurseur (réseau universitaire Lothaire dès 1992).
Nous avions tenté une photographie de l’existant en préconisant certaines pistes, comme l’obligation, lors d’appels d’offres, d’intégrer la mise en place obligatoire de fourreaux supplémentaires pouvant servir ultérieurement à passer la fibre, réduisant pour l’avenir des frais importants de génie civil.
18
Nous savions qu’au-delà de la problématique des réseaux dominée par la fibre optique pour répondre à la cruelle montée en puissance des outils technologiques qui sont proposés aux consommateurs, avec d’autres moyens (hertziens, satellitaires et autres), nous ne pouvions faire l’impasse sur les usages, le contenu et tous les aspects générés par le développement d’Internet (sécurité, formation, financement, respect de la vie privée, fracture numérique technologique et humaine, etc.).
C’est ainsi que nous avons produit une note d’actualité afin de dégager les grands axes de l’évolution du numérique au moment où la Lorraine concourrait pour l’obtention d’un label FrenchTech avec la mobilisation du Sillon Lorrain autour de LorNtech. 25 propositions pour le futur Grand Est et la Grande Région élargie
Notre réflexion pour ce deuxième rapport a été dans un premier temps fixée sur le périmètre géographique lorrain. Puis avec l’avancée de la réforme de l’Etat sur les territoires, dénommée réforme territoriale, qui a suivi les lois MAPAM et NOTRe, nous avons souhaité proposer une vision globale de l’existant dans les régions Champagne-Ardenne et Alsace. Et dans la même logique, nous nous sommes penchés sur la Grande Région (Wallonie, Luxembourg, Communauté Germanophone de Belgique, Sarre et Rhénanie Palatinat). N’oubliant pas nos nouveaux voisins de la future région « Grand Est » que sont les cantons suisses et le Bade Wurtemberg. Car demain ce seront notamment plus de 200.000 travailleurs français qui iront travailler dans l’un des quatre pays : Allemagne, Luxembourg, Suisse et Belgique.
Le numérique (digital) se retrouve également dans la présentation du travail réalisé par la section prospective et le rapport sur l’innovation, réalisés par le CESER de Lorraine.
Nous abordons donc la mise en place de l’écosystème numérique, la formation et les financements nécessaires pour cette mutation qui va devenir de plus en plus prégnante dans nos vies. Mais nous n’en oublions pas l’extrême nécessité de déployer des réseaux adaptés à l’évolution des usages. Ainsi qu’il sera possible de le constater sur les cartes que nous produisons, les écarts entre certaines parties de notre territoire doivent être rattrapés, pour ne pas augmenter la fracture territoriale entre métropoles et zones moins denses.
Cette photographie de ce grand territoire européen s’accompagne de 25 propositions que nous livrons aux élus et à tous les acteurs. Nous ne nous plaçons pas en donneurs de leçons, même si parfois nous pointons quelques insuffisances regrettables, notamment dans le CPER. Notre souhait en tant que représentants de la société civile organisée est d’éclairer les décideurs et les élus sur ce qui pourrait être une opportunité majeure de développement dans une future région à construire.
C’est aussi pour ces raisons que nous avons consulté le plus largement possible les acteurs du numérique à travers trois tables rondes et que nous avons imaginé un questionnaire ouvert à toutes les catégories afin de recueillir le plus d’appréciations possibles.
C’est ce travail que nous vous proposons aujourd’hui. Un rapport qui est une page ouverte vers l’avenir que nous avons à construire ensemble.
19
Synthèse des propositions
1 Renforcer l’égalité des territoires
2 Lutter contre la fracture numérique
L’essor d’un écosystème entrepreneurial numérique
3
Mettre en avant l’écosystème des petites et très petites
entreprises, créatrices de nombreux emplois sur le
territoire.
4
Mettre en place une plateforme regroupant l’ensemble
des services nécessaires aux start-ups (financier,
communication, traduction…)
5
Rassembler les différentes associations sous le label
LORnTECH et utiliser chacune comme des structures
supports sur les territoires.
6
Créer un événement central sur l’entreprenariat et
l’économie numérique pour favoriser les contacts et
l’échange regroupant la majorité des associations
régionales.
7
Accompagner l’innovation et la création de projets
numériques dans la filière Silver Economie et dans l’E-
sante dans la région Grand est.
8
Accompagner l’innovation et la création de projets
numériques dans la spécialisation économique de la
Vallée Européenne des Matériaux, de l’Energie et des
procédés en Lorraine.
20
9
Favoriser l’envoi et la représentation, via FrenchTech, des
start-ups labellisées LORnTECH et MED-TECH lors des
grands évènements internationaux.
10
Continuer la mobilisation pour LORnTECH et accélérer
dans la mise en place des lieux, des accompagnements et
des financements.
Formations au numérique
11
Ouvrir une formation au développement de sites
internet et d’applications au sein du Service Militaire
Volontaire à Montigny-Lès-Metz.
12
Veiller à ouvrir les formations du numérique aux jeunes
étudiantes qui ont trop souvent tendance à considérer
ces formations comme réservées aux hommes.
13
Créer une bourse aux projets de création d’entreprises
numériques à destination des étudiants rassemblant
toutes les formations du numérique du Grand-Est.
14
Recenser, via le dispositif lorNtech, les formations du
numérique en Lorraine et les proposer à la labellisation
de la Grande Ecole du Numérique
15
Former les enseignants en formation initiale dans les
ESPE à la pédagogie et aux usages du numérique et
former les professeurs des mathématiques à
l’informatique.
21
16
Créer un « passeport numérique » qui suivrait la
formation numérique d’un élève de primaire jusqu’à
l’enseignement supérieur avec des paliers.
17
Raccorder en fibre Optique les sites scolaires de tous les
niveaux ainsi que tous les lieux de savoir (bibliothèques,
Musées…)
18
Créer un Wifi accessible à tous dans chaque lycée de la
région.
19
Créer un système d’échange scolaire transfrontalier via
les réseaux numériques au sein de la Grande Région afin
de favoriser l’apprentissage des langues et de la culture
du voisin
20
Sensibiliser à l’usage des différentes offres
d’hébergement de données et règlementer sur
l’obligation d’héberger les recherches publiques dans des
Data Center français et protégés.
21
Créer un ENT des écoles primaires dans la région Grand-
Est pour permettre à toutes les écoles d’avoir un
environnement numérique
Le financement des entreprises numériques
22
Créer un livret régional « Grand-Est » uniquement pour
le financement des start-ups et du numérique
22
23
Créer une plate-forme locale de crowdfunding sous le
label LORnTECH (possibilité de s’appuyer sur un acteur
national)
24
Créer une structure commune interrégionale voire
transfrontalière qui possède de véritables capacités
d’investissement en amorçage
25
Mettre en place un interlocuteur commun, disponible
dans les différents espaces totems LORnTECH et
MEDTECH, pour permettre d’identifier les instruments
financiers les plus pertinents pour chaque entreprise.
23
Novembre 2015 :
photographie de
l’existant
DOCUMENT DE
TRAVAIL
DOCUMENT DE
TRAVAIL
24
Economie et emplois Pour beaucoup, les nouvelles technologies sont parfois associées, non à la
création de richesses, mais à la destruction d’emplois. Si chaque révolution industrielle
s’accompagne de destructions d’emplois, tous les spécialistes s’accordent sur le fait que
le numérique doit créer plus de postes à long terme. Il ne faut pas opposer emploi et
technologie.
Depuis 1995, le secteur Internet est, selon l’OCDE, à l’origine de plus d’un
quart des créations nettes d’emplois. Depuis 2010, l’économie numérique a généré un
quart de la croissance de l’économie française. En 15 ans, ce sont 700 000 emplois qui
ont ainsi été créés dans le numérique en France.
La Lorraine est sous représentée
dans le nombre d’établissements du secteur.
L’économie numérique en Lorraine représente
1,3% des établissements français du
numérique alors que la Lorraine représente
2,9% des établissements tous domaines
confondus.
L’écosystème numérique de la Lorraine ne doit pas s’arrêter aux frontières
de celle-ci. Il doit intégrer la future région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine en
construction, mais également les régions et pays frontaliers.
Les données ci-après ne concernent que les sociétés travaillant dans
le domaine du numérique. De nombreuses autres entreprises créent des emplois dans
les usages du numérique sans l’avoir pour cœur de métier. C’est notamment le cas des
banques, des grands groupes de distribution d’énergie (E-Fluid, Cora Informatique ou la
Caisse d’Epargne par exemple).
Source : Urssaf, Emploi dans le
secteur privé en 2013
Code NAF : 26.11Z /26.12Z /26.20Z /26.30Z
/26.40Z /26.51Z /26.60Z /26.70Z /27.31Z /29.31Z
/33.13Z /46.51Z /46.52Z /47.41Z /47.42Z /47.43Z
/47.63Z /58.21Z /58.28A /58.29B /58.29C
/59.11A /59.11B /59.11C /59.12Z /59.13A
/59.13B /59.20Z /60.10Z /60.20A /60.20B /61.10Z
/61.20Z /61.30Z /61.90Z /62.01Z /62.02A /62.02B
/62.03Z /62.09Z /63.11Z /63.12Z /95.11Z /95.12Z
/95.21Z /95.22Z
L’économie numérique en Lorraine représente 1,3% des établissements français du numérique contre 2,9% des établissements tous domaines confondus.
25
L’économie numérique dans la Grande Région
L’écosystème numérique de la Lorraine ne doit pas s’arrêter à ses
frontières. Il doit intégrer la future région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine en
construction, mais également les régions et pays frontaliers. LorNtech a pris en compte
cet aspect frontalier en partenariat avec le Luxembourg et la
ville de Sarrebruck.
On dénombre au Luxembourg en 2012 : 4 ETI,
239 PME et 1515 TPE dans le domaine de l’information et la
communication. Le pays compte, à lui seul 42 entreprises du
numérique ayant un chiffre d’affaire supérieur à 42 millions
d’euros.
On dénombre aussi en 2012 : 1 ETI, 31 PME et
33 TPE à Sarrebruck.
Ces chiffres montrent les capacités de création
d’un écosystème transfrontalier de l’économie du numérique
et l’intérêt de regarder par-delà les frontières pour toutes les entreprises lorraines de ce
secteur
On prend ici en compte seulement la ville de Sarrebruck alors que les
chiffres du Luxembourg sont ceux du pays entier.
« Le secteur du numérique luxembourgeois progresse à une telle vitesse que le pays ne pourra pas tout absorber » Frédéric Schnur, président de
Grand Est Numérique
0
50
100
150
200
250
300
Lorraine Luxembourg Sarrebruck
Nombre de PME en 2012
26
L’économie numérique dans la région « Grand Est »
L’économie du numérique dans la
Région Grand-Est représente 36 427
emplois dont une grande majorité sont
situés dans les agglomérations de
Strasbourg (10 434), Nancy (4227),
Mulhouse (4 110) et Metz (3 574). Ces
quatre agglomérations concentrent 61% des
emplois dans les entreprises du numérique.
La situation est plus difficile dans les
zones d’emploi plus rurales des Vosges, de la
Meuse et de la Champagne-Ardenne où
nettement moins d’emplois dans les
entreprises du numérique sont créés.
L’économie numérique accentue la
concentration de l’emploi dans les grandes
agglomérations et donc la métropolisation
de la région.
27
Les entreprises du numérique en Lorraine
La Lorraine compte 23 entreprises du secteur
numérique ayant un chiffre d’affaires supérieur à 5 millions
d’euros. Les plus importantes d’entre elles sont Pharmagest
interactive (601 employés), Efluid (75 employés), et Adista
(123 employés).
L’écosystème lorrain représente au total 1 887 TPE, 85
PME et 3 ETI dans le secteur ce qui regroupe plus de 10 000
emplois.
La majorité des entreprises de l’écosystème se situe
dans le Sillon Lorrain, initiateur de LorNtech, mais surtout
vivier de l’économie numérique de toute la région. Les acteurs
sont ainsi très polarisés autour des villes de Nancy et de Metz
alors que très peu sont présents en Meuse ou dans les Vosges.
Soutenue par le Pacte Lorraine, l’industrie du
numérique constitue aujourd’hui un axe fiable pour la
reconversion économique de la Lorraine et de toute la future
région Grand-Est.
Entreprises Chiffres d'affaire (2012, en
milliers d’euros)
PHARMAGEST INTERACTIVE 99 818
EFLUID 33 000
ADISTA 30 951
DISTRI DIGITAL PHOTO 30 942
MOSELLE TELECOM 25 000
1 ET 1 INTERNET 22 083
PARADIGME 16 246
DATASET 9 600
JCD COMMUNICATION 9 180
APPLICAM 8 000
Les 10 plus grandes entreprises du numérique en
Lorraine (en CA)
10 875 emplois
dans les
entreprises du
numérique en
Lorraine
23 entreprises
avec un chiffre
d’affaires supérieur
à 5 millions d’euros
+19% évolution
du nombre de TPE
du numérique
entre 2009 et 2011
28
Les métropoles « French Tech »
La « Mission French Tech » pilote l’initiative French Tech au sein du Ministère de
l’Economie, de l’Industrie et du Numérique avec comme partenaires principaux : le
ministère des affaires étrangères, la Caisse des Dépôts et Consignations, BpiFrance et la
Direction Générale des Entreprises.
Le rôle de la Mission est de coordonner sous la bannière French Tech les actions
des différents partenaires en faveur de la croissance des start-ups, faire émerger,
détecter et accompagner les projets. L’objectif est de faire de la France entière un vaste
accélérateur de start-ups. Quelques écosystèmes attractifs, « les « métropoles French
Tech », qui concentrent, les talents, la culture entrepreneuriale, les financements et les
formations, sont ainsi mis en avant.
Pour être labellisé, le territoire doit posséder un écosystème de start-ups
existant, des espaces et des infrastructures de réseaux performants, un projet ambitieux,
et des acteurs mobilisés.
Les métropoles labellisées en
retirent une reconnaissance
et une visibilité nationale,
mais aussi une mise en réseau
et une coordination entre les
métropoles. Les start-up
locales ont un accès facilité
aux offres de Bpifrance et
Ubifrance et un accès au lieu
de ralliement national de la
French Tech : la Halle
Freyssinet à Paris. La
promotion des Start-ups à
l’international est aussi
réalisée via French Tech.
La labellisation ne donne pas
lieu à une contrepartie
financière.
29
LORnTECH
La candidature du Sillon Lorrain (les villes d’Epinal-Metz-Nancy-Thionville
mais aussi Grand Nancy, Metz Métropole et le Conseil Régional de Lorraine) au label
Métropole French Tech a pour ambition de stimuler l’innovation, favoriser la création et
la croissance d’entreprises du numérique en Lorraine. Le Sillon Lorrain a reçu la
labélisation le 25 juin 2015.
Avec un déficit d’image dans le
domaine du numérique et dans l’innovation,
la Lorraine possède néanmoins de
nombreux points forts : une puissance
académique de près de 80 000 étudiants
dont 6 000 élèves ingénieurs, mais aussi
une force de recherche avec l’Inria, le Loria,
le CEA Tech, l’Institut Lafayette et l’Institut
Jean Lamour. Elle possède aussi des grandes
entreprises témoins de l’innovation locale :
ADISTA, Pharmagest Welcoop, Efluid,
Applicam…
La Lorraine est au cœur de
l’Europe. Même si cette situation
géographique est un avantage pour
l’ouverture vers les marchés étrangers, elle
a des inconvénients. Au sein de la Grande
Région, la concurrence est importante. Le
Luxembourg est un territoire attractif pour
les start-ups face auquel la Lorraine doit
réussir à exister. LORnTECH a pris cela en
compte dès le départ en associant le
Luxembourg et la ville de Sarrebruck à sa
démarche.
Quatre bâtiments totems
regroupant Fablab, espace de coworking,
tiers-lieu de créations sont déjà créés ou en
cours de création :
TCRM Blida à Metz
le Pôle Renaissance à Nancy
le centre d’affaires de la CCI
des Vosges à Epinal
le Pôle numérique à Thionville
Les objectifs « LORnTECH »
+100% d’emplois dans le numérique en
10 ans
+50% de PME Numériques
+100% du financement lorrain de
start-ups en 3 ans
30
MEDTECH
Au sein de la Région Alsace-
Champagne-Ardenne-Lorraine, l’Alsace a
également déposé une candidature au label
French Tech portée par le Pôle Métropolitain
Strasbourg-Mulhouse. Le 25 juin 2015 cette
candidature a reçu le label thématique MEDTECH
pour la qualité de son écosystème dans le
domaine du numérique et de la santé.
Le projet vise notamment à la
création d’un nouveau campus sur les
technologies médicales (TECHMED) d’une
trentaine d’hectares sur l’ancien site de l’hôpital
de Strasbourg. Le PH8, le Biocluster des Haras et
le futur Technoparc sont les trois lieux d’accueil
prévus pour les jeunes start-ups.
Ce projet est soutenu par le pôle de
compétitivité Alsace Biovalley, les hôpitaux
universitaires et l’université de Strasbourg.
Le Pôle métropolitain Strasbourg-Mulhouse avait posé sa candidature en
mettant aussi en avant ses avancés sur l’usine du futur principalement sur Mulhouse
(qui aurait pu être en lien avec la Lorraine) mais cette partie lui a été refusée.
La Champagne-Ardenne n’a déposé aucune candidature au titre des « Métropoles
French Tech »
Les objectifs « MEDTECH »
10 000 emplois créés en 10 ans
5 000 entreprises du tissu alsacien
« numérisées »
50 entreprises créées dans le secteur des
technologies médicales
30 start-up accélérées chaque année
10 nouveaux leaders internationaux en 10
ans dans la filière numérique
31
Réseaux et infrastructures fixes
Trois technologies filaires permettent de recevoir Internet à domicile.
L’ADSL est la plus répandue alors que la fibre et le câble (dans une moindre mesure),
sont considérés comme l’avenir pour le très haut débit.
La technique de communication numérique ADSL (Asymétric Digital
Subscriber Line ou ligne d’abonné numérique asymétrique) s’appuie sur le réseau
téléphonique traditionnel. Elle présente aujourd’hui deux inconvénients majeurs : elle
est « asymétrique », c’est-à-dire que les débits ascendants (de l’abonné vers le réseau)
sont nettement inférieurs aux débits descendants (du réseau vers l’abonné). Le temps
pour envoyer un fichier est donc plus long que le temps pour le recevoir. Le deuxième
défaut est son débit puisqu’il plafonne maximum à 25 mégabits par seconde dans le cas
d’une remise à niveau totale de la ligne. L’utilisateur doit souvent se contenter de débit
inférieur.
La fibre Optique permet d’atteindre des débits de 200Mbits/s voire
1Gbits/s par un fil de verre plus fin qu’un cheveu. Elle a aussi l’avantage d’avoir un débit
symétrique, même si les Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) ont tendance à plafonner
les débits. Les offres de fibre sont plus chères que les offres ADSL. De plus pour en
bénéficier, il faut être dans une zone desservie et que la fibre optique ait été déployée
dans les parties communes de l’immeuble. Alors qu’Orange, Free et SFR déploient la
FTTH « Fiber to the Home », tirant la fibre jusqu’au salon de l’abonné, Numéricâble se
contente de la FTTB « Fiber to the building », moins chère à déployer mais moins
performante.
Le câble coaxial, destiné à la télévision hertzienne constitue une alternative
à l’ADSL pour bénéficier d’offres incluant internet, téléphonie et télévision en très haut
débit. Ses performances sont meilleures que celles de l’ADSL, mais restent en deçà de
celles de la fibre. Généralement seules les grandes agglomérations sont couvertes par le
câble.
3 principaux types de réseaux filaires
ADSL sur cuivre: réseau téléphonique existant
Câble : modernisation du réseau de télévision
Fibre FttH : réseau spécifique de fibre optique jusqu’au logement
32
En France 9ème/22 régions
La stratégie numérique de la Commission Européenne a fixé pour l’Europe des
objectifs sur le très haut débit, à l'horizon 2020, l'éligibilité à des débits descendants supérieurs
à 30 Mbits/s pour tous et l'abonnement de la moitié (au moins) des ménages à des offres
proposant des débits descendants à 100 Mbits/s.
A la fin du second trimestre 2015, 44,3% des logements,
entreprises et services publics étaient couverts par un réseau très haut
débit, en France, soit une hausse de près de 10 points depuis le
quatrième trimestre 2013 (34,6%)
Ce nombre recouvre les offres à très haut débit sur des réseaux
en fibre optique jusqu'à l'abonné (FttH qui correspond à 4 739 000
foyers raccordés), les offres à très haut débit sur des réseaux avec une
partie terminale en câble coaxial et les offres à très haut débit sur le
réseau de cuivre
fondées sur la
technologie VDSL2.
Les régions les plus
urbaines sont, en
général, en France les
mieux équipées en haut
débit alors que les
régions plus rurales
comme la Bourgogne, le
Centre ou la
Champagne-Ardenne
sont les moins bien
équipées de France.
Néanmoins le Nord-
Pas-De-Calais, très
urbanisé, manque
encore d’aménagement
pour un réseau minimal
de qualité
Zones très denses Zones moins denses Total
Initiative privée 2 882 000 1 150 000 4 032 000
Initiative publique 221 000 486 000 707 000
Total 3 103 000 1 636 000 4 739 000
Nombre de prises FttH en juin 2015 selon l’Arcep
44,3% DU TERRITOIRE FRANÇAIS EST COUVERT PAR UN RESEAU TRES HAUT DEBIT CONTRE 40% DE LA LORRAINE
Source : Arcep 2014
33
Dans les régions frontalières 8ème/9 pays ou régions
L’état des lieux montre des situations très contrastées. D’une part,
certaines régions comme la Suisse, la Wallonie et le Luxembourg offrent un accès au très
haut débit à la quasi-totalité de leur population : c’est le fruit de politiques numériques
volontaristes menées depuis plus de 15 ans en faveur du Très Haut débit. Dans d’autres
régions comme la Champagne-Ardenne, la Lorraine, la Rhénanie-Palatinat et le Bade-
Wurtemberg, la majorité de la population n’a pas encore accès au très haut débit, ce qui
sera un problème pour les années à venir (notamment pour les secteurs les plus ruraux
qui peuvent ainsi perdre de leur attractivité).
Alors que la France dans son plan « France Très Haut Débit » se fixe comme
objectif de couvrir 100% du territoire en 2022, l’Allemagne a prévu récemment de
couvrir la totalité de son territoire en 2018 (ce qui nécessiterait tout de même un
investissement de 20 milliard d’euros selon le ministère de l’économie). Les premiers
plans « très haut débit » de la Suisse (2010), du Luxembourg (2011) et de la Belgique
(2010) ont plus de quinze ans, ce qui explique la qualité du réseau actuel.
Source : C.Bourcheix, C. Marchal,
Grande région digitale, février 2015
34
Dans la future région « grand-est » 2ème/3 régions
Part de logements et locaux professionnels par
classes de débit dans la région « grand-est »
Disposer d’une
couverture numérique
performante en tout point du
territoire constitue un enjeu
vital pour l’essor économique
et social de l’Alsace-
Champagne-Ardenne-Lorraine.
Malgré les efforts, encore
13,2% des foyers ne sont pas
éligibles à un débit de plus de
3Mbit/s (débit minimum qui
permet notamment le triple-
Play des différents
opérateurs). La situation est
hétérogène, alors que 34% des
foyers n’ont pas accès à ce
débit dans la Meuse, il ne reste
plus que 5% des foyers qui n’y
ont pas accès dans le Bas-Rhin.
Le déploiement de la
fibre optique, quant à lui,
dépend fortement du territoire
et de sa densité. Les
opérateurs privés ayant
privilégié les zones les plus
denses pour des raisons de
rentabilité. Les infrastructures
préexistantes sont aussi
importantes. Ainsi l’Alsace
(région la plus câblée de
France) peut utiliser ce réseau
afin d’y installer la fibre
optique sans travaux de génie
civil. Pour raccorder les 60%
de foyers qui ne le seront pas
par les opérateurs privés, un
investissement public de 1,327
milliard d’euros sera
nécessaire selon les différents
Scoran.
Source : Observatoire France THD
35
En Lorraine
La Stratégie de Cohérence Régionale sur l’Aménagement Numérique des
Territoires Lorrains (SCORAN) fait apparaitre un taux d’éligibilité à un service de haut
débit de qualité proche de la moyenne nationale. Mais dans la réalité, il existe une forte
disparité territoriale entre les départements dans l’équipement en réseaux filaires (60 %
en Meuse contre 69% en Lorraine en 2013). Les collectivités se sont alors tournées vers
un déploiement de technologie hertzienne (wifi max, WiMax, wifi).
La fibre optique à l’abonné (FttH) est disponible ou en cours de
déploiement pour 25% des logements lorrains. 22% réalisés par les déploiements des
opérateurs privés et seulement 3% par les déploiements menés par les initiatives
publiques. Les réseaux FttH se concentrent donc dans les zones fortement urbanisées
avec une réelle fracture territoriale (il n’existe pas de foyer accédant à la FttH en Meuse).
Le très haut débit professionnel (FttO) est disponible sur 88% des sites
professionnels du territoire lorrain.
Le taux de couverture des sites publics stratégiques reste très inégal avec
près de 60% de sites éligibles en Meurthe et Moselle et Moselle, mais seulement 30%
dans les Vosges et en Meuse.
Le débit de raccordement des foyers
dans la région Lorraine
Taux de raccordement FttH des foyers
par département
Source : Observatoire France THD
36
Proposition
1
Renforcer l’égalité des territoires
Le géographe Christophe Guilluy parle de fracture territoriale entre la « France
périphérique » et les centres. La métropolisation participe à l’attractivité, mais ne doit
pas accroitre les inégalités du territoire.
La politique publique d’aménagement numérique régionale doit donc s’efforcer
de corriger les tendances inégalitaires de l’aménagement des réseaux notamment par les
acteurs privés. Pour cela, des politiques dédiées et adaptées aux contraintes spécifiques
des territoires doivent être mises en place.
37
Réseaux mobiles Les infrastructures numériques sans fil sont la clé de voute du système de
développement actuel car les utilisateurs sont de plus en plus mobiles. Selon l’Insee, en
2012, 40% des personnes résidant en France ont surfé sur Internet en dehors de chez
elles via un ordinateur, une tablette ou un smartphone (contre 10%, 5 ans auparavant).
Et ces chiffres sont en constante progression.
C’est pourquoi il nous est apparu évident de faire le bilan des réseaux mobiles. Il a existé
ou existe plusieurs générations de réseaux sans fil.
La première génération de systèmes cellulaires (1G) reposait sur un
système de communications mobiles analogiques qui permettait le transport de données
entre les téléphones mobiles dès les années 1970. Elle a été remplacée dès l’apparition
des technologies numériques mobiles.
La deuxième génération de systèmes cellulaires (2G) utilise une
technologie numérique qui a été développée à la fin des années 1980. Ces systèmes
utilisent une technologie numérique pour le son et apportent une meilleure qualité et
une plus grande capacité à moindre coût.
La troisième génération de systèmes cellulaire (3G) permet des services de
communication plus rapides, notamment pour la voix, Internet et l’accès à des images de
n’importe quel endroit et à tout moment. La 3G a ouvert la voie à de nouvelles
applications et services comme le divertissement mobile ou la localisation des services
dès le début des années 2000.
La quatrième génération de systèmes cellulaires (4G) utilise notamment le
standard WIMAX (Worldwide Interoperability for Microwave Acces) qui est une
technologie permettant des connexions sans fil à haut débit sur de larges zones de
couverture.
La cinquième génération de systèmes cellulaires (5 G) est en essai depuis
quelques mois à Belfort alors que Huawei envisage de l’utiliser en Russie lors de la
coupe du monde 2018.
3 principaux types de réseaux mobiles existants
2G: Appel téléphonique de bonne qualité
3G : Accès à Internet et aux diverses applications
4G: Connexion aux réseaux sans fil à haut débit
38
En France 9ème/22 régions
Le taux de couverture de la population en 2G
et 3G en France est supérieur à 99% (comparable chez
tous les opérateurs) alors que la couverture 4G atteint
difficilement 72% des français et seulement 22% du
territoire pour le réseau le plus déployé : celui d’Orange.
On remarque des différences remarquables
au niveau de la couverture 4G entre la région parisienne
et le reste du territoire mais aussi entre les autres régions
denses (Nord-Pas-De-Calais, Alsace, Provence-Alpes-Côte-
d’Azur) et les régions les
moins denses du territoire
français (Limousin, Auvergne,
Franche-Comté).
Les taux de
couverture ci-dessous
expriment une couverture à
l’extérieur des bâtiments et en
tenant compte des
mutualisations entre les
opérateurs.
98% DES ZONES DENSES DU TERRITOIRE FRANÇAIS SONT COUVERTES PAR UN RESEAU 4G CONTRE 30% DES ZONES RURALES.
Source : Arcep 2014
Couverture 4G de la population en 2014
39
Dans les régions frontalières 6ème/9 régions
Les infrastructures mobiles sont plus présentes dans les régions les plus
denses (Luxembourg, Cantons frontaliers suisses). Alors que la plupart des zones
urbaines disposent de la 4G avec au moins un opérateur, il est bon de rappeler qu’il
existe des zones blanches où aucun réseau mobile n’est disponible. La plus grande partie
de ces zones blanches se situe en France.
On remarque un retard de la France à la lecture de ces données de l’Arcep
de début 2014, alors que le Luxembourg et la Suisse paraissent bien en avance avec des
seuils proches d’une couverture totale de la population. Ce taux de couverture montre
un investissement plus précoce et plus important dans les réseaux mobiles
Sur le plan des réseaux mobiles, des problèmes persistent sur les
frontières, où les fréquences utilisées sont surchargées du fait de la superposition des
réseaux nationaux.
Source : C.Bourcheix, C. Marchal,
Grande région digitale, février 2014
40
Dans la future région « grand-est » 2ème/3 régions
Disposer d’une couverture numérique mobile performante en tout point du
territoire constitue un enjeu vital pour l’essor économique et social de l’Alsace-
Champagne-Ardenne-Lorraine. Malgré les efforts, seulement 67% de la population en
2014 est couverte par le réseau 4G du plus gros opérateur : Orange. La situation est
hétérogène : alors que 78% de la population est couverte en Alsace, il n’y a que 51% de
la population desservie en Champagne-Ardenne (41% en Haute-Marne).
Les opérateurs privés ayant privilégié les zones les plus denses pour des raisons
de rentabilité, le réseau 4 G n’est pas encore développé dans les zones rurales. Il reste
encore de nombreuses zones blanches (où l’accès à un réseau mobile est impossible)
surtout en Lorraine et en Champagne-Ardenne. Un plan national vise à les faire
disparaitre d’ici fin 2016.
La couverture 4G par Orange fin 2014 dans la région Grand-Est
Source : Arcep 2014
41
En Lorraine
Le territoire lorrain est couvert à 95,5% en 3G
desservant 99,15% de la population.
L’observatoire national des réseaux mobiles de
l’ARCEP fait apparaitre un taux de couverture de la Lorraine
en 4G de 63% contre 72% au plan national. Il existe dans les
faits une forte disparité territoriale entre départements en
matière de réseaux mobiles. Alors que 74% de la population
mosellane et 72% de la population meurthe-et-mosellane
sont couverts par la 4G, seulement 24% des meusiens et
37% des Vosgiens en bénéficient.
La Lorraine possède encore en 2014, 198
communes en zones blanches, c’est-à-dire sans accès au
réseau de téléphonie mobile, malgré les engagements de
2008 et de 2011du gouvernement de faire disparaitre ces
zones blanches sur la totalité du territoire national. Cela
correspond à 40 255 lorrains isolés, souvent dans des
communes très rurales.
Proposition
40 255 Lorrains
habitent en zones blanches
0,85% de la population
lorraine non-couverte par un
réseau 3G
4,4% de la surface de la
Lorraine non couverte par un
réseau 3G
42
Proposition
2
Lutter contre la fracture numérique
Le Parlement Européen a adopté, le 26 octobre 2015, la fin des frais d’itinérance
pour l’utilisation des téléphones mobiles à l’étranger dans l’UE, à l’horizon juin 2017. Au
vu de la différence de couverture en réseau 4G entre la France et les régions frontalières,
il parait utile de rattraper nos voisins européens en couverture mobile
La politique publique d’aménagement numérique régionale doit, dans un premier
temps, viser à couvrir au plus vite la totalité de la population en 3G pour permettre à
tous l’utilisation de la téléphonie mobile et de l’Internet mobile.
43
L’essor d’un écosystème entrepreneurial numérique
Partie 1
DOCUMENT DE
TRAVAIL
DOCUMENT DE
TRAVAIL
CONSEILS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
D’ALSACE, DE CHAMPAGNE-ARDENNE ET DE LORRAINE
44
Une table ronde ayant pour thème « les secteurs clés de
l’économie numérique» a eu lieu le 4 octobre 2015 en
présence de nombreux acteurs locaux :
Vincent Gross, délégué général au Pôle métropolitain du Sillon Lorrain
Fréderic Schnur, président de Grand Est Numérique (GEN), cofondateur de tout-Metz
Thierry Weizmann, fondateur de Dr Sport
Dave Lajoie, gérant et coassocié de Concept Store 3D.
Yvan Corsiglia, créateur et développeur de jeux vidéo
Emmanuel Brandenburger, directeur de Metz Métropole Développement
Arnaud Laprevote, chargé des partenariats à l’INRIA
45
Etat des lieux
Le numérique est aujourd’hui dans tous les discours,
que l’on parle de destructions ou de créations massives
d’emplois. Malgré ces omniprésences, ce secteur
représente aujourd’hui 27,74 millions d’euros dans le CPER
2015-2020 (Contrat de Plan Etat-Région). Ce qui
représente seulement 3,7% des 740 millions du CPER. La
plus grande partie de ce financement (86,6%) correspond à
l’aménagement des réseaux notamment le déploiement de la fibre optique dans les
zones rurales. Ce qui reste très nettement insuffisant. Il est aussi prévu 418 000 euros
pour résorber les zones blanches du réseau mobile.
Il ne reste que 11.3% du budget soit 3,14 millions consacrés au développement
des usages, services et contenus numériques, ce qui apparait comme un montant
négligeable au vu des enjeux.
Au-delà de ce manque de financement régional pour combler un retard européen
sur les questions de réseaux, mais aussi pour le développement des usages et de
l’économie numérique, la Lorraine possède des points forts comme la labellisation
Part du numérique dans le CPER 2015-2020 en Lorraine
Le numérique représente
seulement 3,7% des 740
millions d’euros du CPER
2015-2020
46
FrenchTech, mais aussi la présence d’un écosystème connecté par des associations
(Nancy Numérique, Grand Est Numérique) et une manifestation rassemblant plus de
800 acteurs de l’économie numérique lors de sa dernière édition en octobre 2015 :
GEN3. L’Alsace possède aussi ses associations du numérique : Rhenatic, très présente
lors de la labellisation « MED-TECH » mais aussi Alsace Digitale. Les associations du
numérique les plus importantes en Champagne-Ardenne sont « Numica » et « Marne
numérique ».
Au niveau de la région Grand-Est, la Lorraine est la mieux dotée en fonds France
THD qui vise à l’amélioration des réseaux alors que la Champagne-Ardenne n’est dotée
que de 18 millions. Au niveau du plan France THD les approches techniques et les
montages financiers ne sont pas homogènes et risquent d’accentuer les disparités.
Concernant l’entreprenariat des jeunes à la sortie des études : en Lorraine,
l’institut Mines-Telecom possède un fonds de 15 millions d’euros dédié au
développement des projets et idées des étudiants. Mais ce fonds n’est ouvert qu’aux
étudiants de Mines-Telecom. Le PEEL (Pôle Entreprenariat Etudiant de Lorraine)
propose, quant à lui des formations qui débouchent sur la création d’entreprise et a ainsi
participé à la création de 42 activités (entreprises et autoentreprises) entre 2011 et
2013.
L’écosystème numérique de la Lorraine ne doit pas s’arrêter aux frontières de
notre région. Il doit intégrer la future région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine à
partir du 1 janvier 2016, mais également la Sarre, la Rhénanie-Palatinat, le Bade-
Wurtemberg, la Suisse, la Wallonie et le Luxembourg (plus de 1 700 entreprises du
numérique dont 43 ont un chiffre d’affaires supérieur à 5 millions d’euros en 2012) au
sein d’un écosystème bien intégré.
Conseil régionaux Crédit France THD Crédit numérique dans le
CPER
Alsace 109 millions 9,01 millions
Champagne-Ardenne 18 millions 23,15 millions
Lorraine 125 millions 27,74 millions
47
Introduction
La puissance publique a un rôle à jouer dans
l’émergence d’un écosystème numérique. Qu'il s'agisse de
la Silicon Valley aux USA, de Berlin, on retrouve
généralement au départ une volonté publique très forte
de créer une économie autour du numérique.
Pour cela, deux facteurs jouent un rôle très important.
Tout d’abord, une culture marquée de l’entreprenariat est nécessaire afin de
faciliter la prise de risque.
Ensuite il faut une culture du partenariat. En effet, l’un des principaux facteurs de
création de valeur pour une entreprise se trouve dans sa capacité à échanger et à
coopérer avec son environnement.
En aidant à l’émergence de quelques filières, en créant des lieux ou des
évènements et de rencontres et en favorisant le décloisonnement, les pouvoirs publics
peuvent favoriser la libération des énergies et créer ainsi une dynamique.
Mais avant toute chose, la réussite d'un écosystème numérique est auto
réalisatrice : il faut atteindre un niveau de concentration minimal pour observer
l'expansion soudaine du milieu numérique. Ce niveau de concentration minimale semble
exister en Lorraine du moins la labellisation « métropole French Tech » du Sillon
Lorrain semble le laisser espérer.
Favoriser l’émergence des start-ups
Favoriser l’échange au sein de l’écosystème
S’appuyer sur les spécialisations existantes
La puissance publique a un
rôle à jouer dans
l’émergence d’un
écosystème numérique
48
Favoriser l’émergence des
start-ups
Sur la lancée de l’obtention du label French Tech, la Lorraine mais aussi la région
Grand Est doivent devenir un gisement de start-ups.
Les quatre lieux totems doivent
être vus comme des accélérateurs de
projets, des endroits où naitront peut-être,
des futures « licornes » mais aussi des
lieux où vont éclore des futures
entreprises.
Ces espaces de travail mis à
disposition permettent de faire évoluer
leurs projets. On y trouve de
l’hébergement, des espaces de coworking,
des porteurs de projets, des coaches, des
conseillers et des financeurs.
Il y a une « start-upisation » de la
vie économique, qui impose des modes
d’organisation différents. Il faut de la
simplicité, et de l’agilité et surtout dans ce
domaine : de la rapidité.
Les petites entreprises sont importantes dans le numérique car chacun peut créer une entreprises, voire une auto-entreprise, à partir de rien. Il est donc nécessaire de changer de vision et d’aider aussi les jeunes pousses de la région qui constitueront demain le ciment de l’écosystème.
Favoriser la création et la pérennisation des « petites entreprises »
Mettre en place une plateforme de services locaux aux petites
entreprises numériques
« Avec le Grand Nancy, nous avons
décidé de créer le Paddock qui est un
programme d’accélération de start-ups
et un espace d’animation dédié à
l’écosystème LORnTech. On est entrain
d’ouvrir à Paris des bureaux où les start-
ups auront un pied-à-terre pour recevoir
leurs clients. Les start-ups qui viennent
au Paddock paient un loyer, elles ont un
service d’accompagnement, des
formations sont organisées ainsi que des
recherches de financement »
Stéphane Thioly, directeur du Paddock
49
FAVORISER LA PRESENCE DE « PETITES ENTREPRISES »
De trop nombreux créateurs de start-ups partent à l’étranger. Près de 40%
d’entre eux choisissent la Suisse, les Etats-Unis ou le Royaume Uni. Le journal « La
Tribune » du 24 mars 2015 titrait « Start-ups : mieux vaut vivre aux Etats-Unis que
mourir en France ».
En France, de nombreuses OPA
absorbent les start-ups innovantes. Il est en
effet plus rentable pour les grands groupes
d’acheter des PME-PMI plutôt que de se
lancer dans la recherche ou de racheter des
brevets.
Il faut donc viser à favoriser la
création de multiples petites entreprises et à
les soutenir dans leur création et leur développement (notamment dans le financement
et l’amorçage qui sont difficiles à obtenir par les financements privés traditionnels) mais
il faut aussi viser à ce que ces entreprises ne meurent pas ou ne se fassent pas toujours
racheter par des grands groupes (le plus souvent étrangers).
Il est urgent de stabiliser l’existence des start-ups sur notre territoire qui
deviendront des entreprises innovantes mais durables.
La French Tech se veut un studio où start-ups seraient créées, accompagnées et
financées et lancées à la chaine. Il faut aussi créer les conditions pour que les start-ups
passent le cap des trois première années d’activité, ce que le rapport du CESE de la
République « les nouveaux rapports industrie/service à l’ère du numérique » appelle la
vallée de la mort. Il faut surmonter la phase de post amorçage pour permettre à tous les
créateurs de développer leurs entreprises sur le territoire.
Mettre en avant l’écosystème des petites et très
petites entreprises, créatrices de nombreux emplois
sur le territoire.
« Mille entreprises de 2 personnes valent
mieux qu’une entreprise de mille
personnes. On réduit les risques.
Fréderic Schnur, président de Grand Est Numérique
Proposition
3
50
METTRE EN PLACE UNE PLATEFORME DE SERVICES
LOCAUX AUX PETITES ENTREPRISES
Toutes les entreprises font aujourd’hui appel à des services externes,
même les plus importantes. Mais les plus petites start-ups ont aujourd’hui besoin de
nombreux services pour leur développement qu’elles sont dans l’incapacité de trouver
en interne en raison de leur taille. La majorité possède des capacités de développement
informatique en interne, mais peu possèdent par exemple des capacités de traduction.
Pourtant la dimension internationale est souvent nécessaire au développement des
start-ups.
Le choix d’externaliser dans les
grandes entreprises est un choix. Pour une start-up
c’est une nécessité. Autant faire participer
l’économie locale (donc proche) qui aura l’avantage
de pouvoir répondre rapidement aux demandes des
start-ups.
Pour permettre à ces start-ups de pouvoir se développer tout en utilisant
des services aux entreprises locales, une plateforme de services pourrait être
développée et être disponible dans tous les lieux totems et sur le site LORnTECH.
Mettre en place une plateforme regroupant
l’ensemble des services nécessaires aux start-ups
(financier, communication, traduction…)
La volonté d’externaliser
dans les grandes entreprises
est un choix ; pour une start-
up c’est une nécessité.
Proposition
4
51
Favoriser l’échange au sein de
l’écosystème
Les associations sont un bon moyen pour faire connaitre l’ensemble des
entreprises du numérique, de créer des opportunités pour toutes les entreprises
existantes (ETI ou PME), mais aussi auprès des étudiants qui souhaitent entreprendre.
Elles permettent aussi un lien entre ces différentes entreprises qui créent parfois
des échanges économiques favorable à l’économie locale.
Un programme riche d’animation de l’écosystème doit permettre de mettre en
avant les talents, les entrepreneurs et de pouvoir se renseigner sur la transition
numérique.
Pour aider à la création du lien entre les différentes parties de l’écosystème, les
évènements doivent être transversaux, mais certains peuvent avoir des dimensions
spécifiques comme les hackathons dédiés aux « talents de demain ».
Une animation de l’écosystème virtuel est aussi nécessaire. Le site web
LORnTECH ainsi que la présence du label sur les réseaux sociaux permettent à chaque
entreprise d’être visible, de connaitre les évènements proposés et de se lier avec
d’autres membres. A terme, cet outil pourrait comprendre un annuaire des entreprises
et de l’écosystème numérique dans la région.
Les associations de l’écosystème numérique
Les événements numériques
52
LES ASSOCIATIONS DE L’ECOSYSTEME NUMERIQUE
Les associations de l’écosystème numérique ont pour mission de promouvoir les
usages et les bénéfices des technologies numériques auprès des entreprises dans toute
la région. Certaines sont concentrées sur une agglomération comme Nancy Numérique,
d’autres couvrent un territoire plus large comme Grand Est Numérique.
Leurs objectifs sont divers : favoriser le développement de ses membres,
encourager les échanges et le business, promouvoir l’usage du numérique, favoriser les
échanges entre les entreprises et les universités, soutenir le développement économique
du Grand Est.
Les principales associations de la région Grand-Est sont :
Rhénatic qui représente une centaine de membres.
Grand Est Numérique et ses 94 membres dont l’emprise géographique
s’étend sur toute la lorraine, les régions limitrophes et sur le Grand-Duché
du Luxembourg
Nancy Numérique et ses 84 membres surtout présent dans
l’agglomération nancéenne
Marne Numérique structure portée par la CCI de Châlons-en-Champagne
Numica et ses 72 membres représentant le numérique en Champagne-
Ardenne.
On peut aussi citer : Aux frontières du pixel, la Poudrière, Club N-Tech,
Coworking Metz, Coworking Nancy, Espace Moselle numérique, Graoulab, Le fourneau
numérique, Lorraine Inside, et Tous branchés en Lorraine.
Rassembler les différentes associations sous le label
LORnTECH et utiliser chacune comme des structures
supports sur les territoires.
Proposition
5
53
Enfin beaucoup de ces associations souhaitent être un interlocuteur unique et
pertinent pour assurer la représentativité de la filière. Ce qui est parfois dommageable
et perd en efficacité et lisibilité.
De nombreuses associations sont donc présentes. Malheureusement, leurs
actions ne sont pas souvent coordonnées. On peut parfois assister à un émiettement de
l’action, mais aussi des subventions puisqu’elles fonctionnent en partie avec des
financements publics.
54
LES EVENEMENTS NUMERIQUES
Afin de stimuler la vie de l’écosystème numérique, il est important d’organiser
régulièrement des évènements où les différents acteurs peuvent se rencontrer et
échanger.
Les évènements sont ouverts à tous : formateurs, jeunes Start-ups, chercheurs,
dirigeants de grands groupes… Pour permettre à l’écosystème de se renouveler et d’être
connecté au reste de la vie économique.
De nombreux évènements sont déjà organisés en Lorraine : « Osez l’économie de
demain » organisé par la Poste, GEN 3 organisé par l’association du même nom (dont la
dernière édition a accueilli plus de 800 personnes), les hackathons, le Lorraine digital
Day organisé par Nancy Numérique, le Global Game Jam et les Rencontres Régionales du
Multimédia à Thionville.
L’animation des lieux totems est un objectif
central de LORnTECH qui y prévoit deux évènements
majeurs par an (le printemps du numérique et un
autre lors de la semaine européenne du numérique à
l’automne).
Créer un événement central sur l’entreprenariat et
l’économie numérique pour favoriser les contacts et
l’échange, regroupant les associations régionales.
L’animation des lieux
totems est notamment un
objectif central de LORnTECH
qui y prévoit deux
évènements majeurs par an
Proposition
6
55
S’appuyer sur les spécialisations et
projets existants
Le rapport « PME et innovation en Lorraine » adopté par le CESE de Lorraine le
13 novembre 2015 a démontré que le modèle de l’innovation est remis en cause par
l’économie numérique dans tous les domaines et notamment en Lorraine sur la VEME
(Vallée Européenne des Matériaux et de l’énergie) et la Silver économie.
Malheureusement aujourd’hui, les acteurs lorrains de l’innovation sont dédiés
principalement à l’innovation technologique industrielle, alors que tous les secteurs
d’activité innovent. Les investissements publics vont essentiellement vers des
plateformes technologiques sans se préoccuper de toutes les autres formes d’innovation
et notamment l’innovation numérique.
Selon le classement 2014 de Boston
Consulting Group, qui classe les 50 entreprises les
plus innovantes du monde, près de la moitié sont
dans le numérique, 8 dans la distribution et
seulement 15 de l’industrie traditionnelle.
Il faut que chaque secteur, chaque entreprise
propose des innovations de rupture. L’innovation est
plus qu’une évolution technologique d’un produit,
c’est une façon de repenser la fabrication, l’usage et la valeur ajoutée au client.
E-Santé et Silver Economie
Vallée Européenne des Matériaux et de l’Energie
LORnTECH
Selon le classement 2014
de Boston Consulting Group,
qui classe les 50 entreprises
les plus innovantes du
monde, près de la moitié
sont dans le numérique.
56
E-SANTE ET SILVER ECONOMIE
La Lorraine possède de véritables atouts dans le domaine de l’e-santé, qu’il faut
s’en doute relier à la silver économie en pleine croissance dans toute l’Europe.
L’hôpital Virtuel de Lorraine est à la pointe de la technologie sur la chirurgie
robotique à distance. Cette structure, unique en France, regroupe un centre de formation
et de recherche et une plateforme d’expérimentation.
En 2030, la France comptera sans doute 20 millions de personnes âgés de plus de
60 ans. En Lorraine, ils seront plus de 700 000, soit une augmentation de 200 000 par
rapport au 2010. Un tiers des Lorrains sera alors dans cette tranche d’âge. Le nombre de
personnes de plus de 80 ans aura doublé d’ici 2040.
Le Conseil régional de Lorraine a lancé le comité Stratégique de Filière Régionale
de la Silver économie et le cluster franco-allemand, le mercredi 7 octobre 2015.
L’objectif est de mettre en œuvre des actions concrètes pour développer un ensemble de
solutions innovantes permettant de prolonger l’autonomie des personnes âgées.
Taux d'évolution du nombre de personnes âgées de plus de 60 ans entre 2012 et 2040 dans la Grande Région
57
La multiplicité des domaines concernés nécessitent de faire collaborer
étroitement une grande diversité d’acteurs, qui n’ont pas l’habitude de travailler
ensemble : industriels, professionnels de la santé, services à la personne, aidants
familiaux, activités médico-sociales, etc...
Le numérique en fait partie intégrante et est incontournable.
Le PRESTES est associé à cette filière (Pôle de Ressources pour les technologies
de la Santé). Il s’agit d’une association d’entreprises spécialisées dans l’accompagnement
de nouveaux projets et la création de nouveaux produits. Les thématiques investies par
le PRESTES sont les TIC et les autres technologies du secteur de la E-santé.
Adaptation du logement, soins à distance, téléassistance, domotique, coordination
des intervenants. Ces domaines sont tous des secteurs d’innovations où le numérique a
et aura un rôle important à jouer.
En lien avec le label MEDTECH obtenu par l’Alsace, qui possède une véritable
expertise dans ce domaine, l’association « Alsace e-santé » regroupant les CH d’Alsace et
le Cluster franco-allemand sur la silver économie, il serait judicieux de mettre le
numérique au centre des innovations dans ce domaine.
Accompagner l’innovation et la création de projets
numériques dans la filière Silver Economie et dans
l’E-sante dans la région Grand est.
Proposition
7
58
VALLEE EUROPEENNE DES MATERIAUX ,DE L’ENERGIE ET
DES PROCEDES
La Lorraine possède un écosystème existant dans le champ des matériaux et de l’énergie, il s’agit d’un ensemble d’outils de recherche, d’industriels, de savoir-faire dans ce domaine. L’accent a donc été mis sur ces filières.
L’enquête INSEE CIS 2010 a néanmoins permis de mesurer que le pourcentage de
sociétés lorraines se déclarant innovantes est de 2 points inférieur à la moyenne
nationale. L’innovation est concentrée dans les entreprises appartenant aux secteurs du
commerce et de l’industrie. Sur les 3000 établissements innovants répertoriés en
Lorraine, seuls 118 établissements travaillent dans le secteur de l’information et de la
communication.
L’accent a été mis en Lorraine sur l’industrie et les activités techniques alors
qu’elles ne sont pas les plus grandes créatrices d’emplois aujourd’hui, contrairement au
numérique.
La majorité des innovations en Lorraine se fait dans le domaine technologique et
non dans l’innovation de services (comme la majorité des cas dans le numérique). La
plus grande partie des aides va vers les innovations technologiques industrielles alors
que tous les secteurs d’activités innovent.
L’innovation n’est plus seulement les domaines des ingénieurs, mais elle se fait
aussi dans le domaine du marketing, du design, et encore plus du service. Il faut aider
toutes les entreprises et notamment celle du secteur numérique et de la filière des
matériaux et de l’énergie.
59
L’exemple Efluid
Alors qu’UEM, Usine d’Electricité de Metz, a pour cœur de métier un service de production, de distribution et de fourniture d’électricité depuis 1901, elle a créé en 2013 : Efluid. Efluid est une solution complète et intégrée de gestion clientèle qui a été conçue pour répondre aux défis des entreprises de l’électricité, du gaz, de l’eau, du chauffage urbain… Elle permet de gérer les évolutions technologiques, règlementaires et commerciales de l’utilisateur. Lors de la création de la filiale Efluid, l’entreprise comptait 50 employés. Deux ans plus tard elle emploie 120 personnes. Efluid a aujourd’hui pour clients : ERDF, Electricité de Strasbourg, Gaz et Electricité de Grenoble… Le logiciel est conçu pour être traduit dans toutes les langues ce qui promet encore de nombreuses ouvertures de marché.
Accompagner l’innovation et la création de projets
numériques dans la spécialisation économique de la
Vallée Européenne des Matériaux, de l’Energie et des
procédés en Lorraine.
Proposition
8
60
LORNTECH ET MEDTECH
La mission French Tech vise à valoriser, en France, un réseau de quelques
écosystèmes attractifs « les « métropoles French Tech » qui concentrent, les talents, la
culture entrepreneuriale, les financements et les formations.
Pour être labellisé, le territoire doit posséder un écosystème de start-ups
existant, des espaces et des infrastructures de réseaux performants, un projet ambitieux,
et des acteurs mobilisés.
Les métropoles labellisées en retirent une reconnaissance et une visibilité
nationale, mais aussi une mise en réseau et une coordination entre les métropoles. Les
start-ups locales ont un accès facilité aux offres de Bpifrance et Ubifrance et un accès au
lieu de ralliement national de la French Tech : la Halle Freyssinet à Paris. La promotion
des Start-ups à l’international est aussi réalisée via French Tech.
La labellisation ne donne pas lieu à une contrepartie financière. Neammoins un
fonds commun de 200 millions d’euros est prévu pour financer des projets.
Les candidatures du Sillon Lorrain (les villes d’Epinal-Metz-Nancy-Thionville
mais aussi Grand Nancy, Metz Métropole et le Conseil Régional de Lorraine) ainsi que le
Pole métropolitain Strasbourg-Mulhouse ont été labellisés pour la qualité de leurs
écosystèmes.
Occurrences de « LORnTECH » sur les réseaux sociaux et les médias en ligne de novembre 2014 à novembre 2015
61
Ces deux labellisations reposent en partie sur des objectifs volontairement
très ambitieux notamment en terme d’emplois dans le numérique. Pour cela, l’effort doit
être poursuivi. On pourrait assister à un relâchement de mobilisation, suite à l’obtention
du label. Il ne faut pas que cela se traduise dans les faits. Un observatoire du numérique
au sein du Sillon Lorrain sera donc nécessaire.
Si Metz, Nancy et Epinal possèdent leurs lieux totems, la ville de Thionville
doit ouvrir le sien rapidement. Des financements pourraient être trouvés pour
l’animation de l’écosystème et l’aménagement des lieux, afin qu’ils ne soient pas des «
coquilles vides ». Une réflexion doit être mises en œuvre rapidement avec l’Alsace et la
Champagne-Ardenne.
La stratégie de long-terme de LORNTECH est à mettre en perspective avec le Pacte Lorraine et
quatres domaines d’applications majeures : les materiaux strategiques, l’efficience energetique, l’e-
santé et la silver economie », les technologies de l’information et de la communication
Continuer la mobilisation pour LORnTECH et
accélérer dans la mise en place des lieux, des
accompagnements et des financements.
Favoriser l’envoi et la représentation, via
FrenchTech, des start-ups labellisées LORnTECH et
MED-TECH lors des grands évènements
internationaux.
Proposition
9
Proposition
10
62
63
Formations au numérique
Partie 2
DOCUMENT DE DOCUMENT DE
CONSEILS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
D’ALSACE, DE CHAMPAGNE-ARDENNE ET DE LORRAINE
64
Une table ronde ayant pour thème « la formation au
numérique » a eu lieu le 29 avril 2015 en présence de
nombreux acteurs locaux :
Philippe Arnoult, conseiller en développement dans l’enseignement supérieur
professionnel au CNAM Lorraine
Muriel Boucher, directrice du développement régional EPITECH Nancy
Pascal Faure, délégué académique au numérique
Arnaud Laprevote, chargé des partenariats à l’INRIA
Jacques Lorentz, responsable du BTS système numérique option informatique et
réseaux au lycée Jean Zay de Jarny
Arnaud Mercier, responsable du master information et communication, spécialité
journalisme et médias numérique à l’Université de Lorraine
Brigitte Nominé, vice-présidente en charge de la politique numérique et des systèmes
d’information de l’Université de Lorraine
65
Etat des lieux
Les initiatives nationales que sont les UNT
(Universités Numériques Thématiques) et la
plateforme FUN (France Université Numérique)
proposent des contenus pédagogiques accessibles à
tous. La Lorraine, quant à elle, possède l’ENT Place
(Environnement Numérique de Travail) qui relie la
totalité des établissements scolaires du secondaire de
la région et le réseau Lothaire qui dessert l’ensemble
des sites d’enseignement supérieur lorrains.
La Lorraine, avec 49 formations, privées et
publiques possède aussi une forte densité de
formations dans le domaine du numérique. Elles ont
vocation de répondre à la nécessité de détecter et de
former sur le territoire les talents et les compétences
nécessaires aux entreprises. Mais aussi de développer l’esprit d’entreprendre chez les
étudiants. Le PEEL (Pôle Entrepreneuriat Etudiant de Lorraine) a ainsi participé à la
création de 42 activités (entreprises, autoentreprises..) entre 2011 et 2013. L’Institut
Mines-Telecom possède un fonds de 15 millions d’euros dédié au développement des
projets et idées de ses étudiants.
49 formations du
Numérique en Lorraine
189 037étudiants
dans la région Grand Est en
2013
66
Les formations existent dans différents domaines, que ce soit dans les infrastructures ou dans le développement d’applications, de sites Internet. Il existe aussi de nombreuses formations ayant une grande part de numérique comme notamment le master web-journalisme à Metz. Le CNAM propose quant à lui 6 formations en informatique.
Les deux Universités d’Alsace et ses douze grandes écoles d’ingénieurs ne sont pas en reste. Elles proposent des formations parfois uniques (notamment dans les infrastructures numériques et les objets connectés). Avec UHA 4.0, l’Université de Haute-Alsace propose un programme de développement des compétences numériques, unique en France, dans l’enseignement supérieur public.
En lien avec le Shadock, tiers-lieu de Strasbourg, l’Université propose un espace de coworking ouvert aux étudiant, et aux start-ups afin d’encourager les implantations de celles-ci sur le territoire alsacien.
Les formations sont moins nombreuses mais aussi variées en Champagne-Ardenne. L’Université de Reims-Champagne-Ardenne propose notamment 18 diplômes dans le domaine reparti sur les 4 niveaux du supérieur :
Type de Formations
DUT Licence Licence professionnelle
Master
Nombre de formations
4 1 7 6
Le Master Informatique dominante « administration et sécurité des réseaux » est
reconnue nationalement. En 2015, la formation est classée 5ème devant des formations d'écoles d'ingénieurs fortement cotées, comme les écoles Telecom Sud Paris ou Telecom Bretagne.
Nous notons que l’Alsace et la Champagne-Ardenne possèdent une université numérique contrairement à la Lorraine.
67
Introduction
En tant que pilier de notre société, il est impératif que notre système éducatif
fasse corps et intègre les enjeux de la métamorphose numérique pour préparer les
individus à la société, mais aussi permettre de détecter des talents dans le domaine.
Un certain nombre de mesures concrètes sont
en train de voir le jour en France. Comme
l’enseignement de l’informatique pour les élèves des
classes préparatoires aux grandes écoles
scientifiques, la généralisation de l’option ISN
(informatique et science du numérique) en terminale.
Les cours de programmation au collège dans le cadre
des cours de mathématiques et des mesures en
faveur de l’enseignement de l’informatique en
primaire, notamment via les nouvelles activités
périscolaires.
Doter les écoles de débit adéquat et de
matériel relève de deux enjeux : éducatif et citoyen,
car il s’agit de leur faire comprendre les usages de ces
nouvelles technologies mais il faut aussi faire en
sorte de donner l’envie à des élèves de se tourner
vers des formations professionnalisantes du
numérique.
Les enquêtes de l’OCDE révèlent surtout des compétences relativement faibles
des actifs, ce qui complique l’investissement dans le numérique, la mise en œuvre des
changements organisationnels qui lui sont liés et l’appropriation de ces technologies par
les salariés.
Les formations aux métiers du numérique
Les compétences numériques pour tous
Les usages pédagogiques du numérique
« Pour que l’école incarne le
numérique et en donne
l’experience aux élèves, il
faudra une métamorphose de la
société scolaire elle-même, et
des rôles de ses
administrations, de ses
décideurs, professeurs, parents
et élèves. »
Rapport ambition numérique du Conseil
national du numérique
68
Les formations aux métiers du
numérique
La France possède un vrai retard dans le domaine de la formation au numérique,
en dépit de la bonne réputation des formations françaises dans les mathématiques et
l’ingénierie. Les spécialistes TIC ne représentent que 2,8% de l’emploi, contre 3,5% en
Allemagne, 4,1% aux Etats-Unis et 6,1% en Finlande.
Avec les avancées technologiques, les besoins en recrutement sont de plus en
plus grands : 36 000 créations d'emplois sont prévues d'ici 2018 en France selon France
Stratégie.
En plus de ce retard, la France fait face à une fuite de ses spécialistes vers des
pays comme les Etats-Unis qui possèdent un écosystème mieux valorisé. Plus proche de
chez nous, ils vont vers le Luxembourg, pour des questions de revenus principalement.
Enfin un phénomène de concentration dans les plus grandes métropoles françaises
(notamment Paris) existe aussi.
Pour faire face à ce manque de jeunes
spécialistes du numérique, il faut notamment
multiplier les places dans les formations
spécialisées mais aussi mieux les valoriser en
créant une visibilité commune.
Enfin pour garder ces développeurs et
spécialistes du numérique fraîchement diplômés,
la mise en avant de l’écosystème entrepreneurial
local et les possibilités de développer une start-
up numérique dans la région doivent être
valorisées au sein des formations.
Multiplier les places dans les formations du numérique
Faire de l’entreprenariat numérique un véritable débouché
Créer une lisibilité et une visibilité communes
« Il ne faut pas seulement être
l’usine des ingenieurs du monde
entier mais permettre la
montée en gamme de
l’ensemble de l’ecosystème
local »
Axelle Lemaire, Conférence franco-allemande
sur le numérique, 27 octobre 2015
69
MULTIPLIER LES PLACES DANS LES FORMATIONS DU
NUMERIQUE
De plus en plus d’écoles forment à l’informatique pur comme EPITECH à Nancy,
Supinfo à Metz ou encore la toute nouvelle Belval WebForce3 au Luxembourg. Ce sont
des formations innovantes laissant une grande place à l’autonomie des étudiants. Ainsi
en quatrième et dernière année à Epitech, l’école donne l’occasion aux étudiants de
travailler pendant dix-huit mois par groupe pour monter un projet réel qui peut
déboucher sur la création d’une entreprise. Les cursus se veulent également très
proches des acteurs économiques régionaux.
Mais au vu des besoins et du manque
d’étudiants formés, les spécialistes du numérique
sont aussi souvent diplômés d’autres écoles,
d’ingénieur notamment.
Il existe aussi de nombreuses formations
universitaires qui ont une grande valeur dans la
région, même si elles font moins parler d’elles aussi
bien en BAC+2 comme les DUT du lycée
Charlemagne de Nancy, BAC+3 comme les licences professionnelles de l’IUT de Nancy
Brabois, BAC+5 comme le diplôme d’expertise d’EPITECH et BAC+8 comme l’école
doctorale d’informatique de l’université de Lorraine.
Malheureusement les cursus universitaires n’ont pas encore développé tous les
liens qu’ils devraient avoir avec les entreprises et les stages n’y sont souvent pas
obligatoires.
Mais au vu des besoins et
du manque d’étudiants formés,
les spécialistes du numérique
sont aussi souvent diplômés
d’autres écoles d’ingénieur
notamment.
Ouvrir une formation au développement de sites
internet et d’applications au sein du Service
Militaire Volontaire à Montigny-Lès-Metz.
Proposition
11
70
Des écoles mêlant le numérique à d’autres formations comme le master web
journalisme à Metz ou la Licence professionnelle sur le son et l’image numérique à l’IUT
de Saint-Dié-Des-Vosges, montrent bien le besoin de former des personnes qui
posséderont les fondamentaux du numérique, mais aussi des dimensions créatives. La
dimension médias est souvent présente dans les formations, car elles sont destinées à
accueillir les étudiants passionnés par la communication témoignant une motivation
particulière pour le numérique.
L’intérêt porté au numérique dans toutes les filières pourrait être valorisé avec la
création d’un Diplôme Universitaire, disponible dans toute la région Grand-Est,
accessible à partir du niveau master (dans tous les domaines).
L’un des problèmes de la plupart des écoles du numérique est qu’elles reçoivent encore assez peu de filles : les entreprises du numérique n’en recrutent qu’entre 10 et 15% de leurs effectifs chaque année.
Il faut sans doute sortir d’une formation 100% informatique pour attirer plus de filles.
Au titre de la formation, le Conseil Régional a prévu de mobiliser dès le premier
semestre 2016 une enveloppe budgétaire de 200 000 euros afin de soutenir les actions
expérimentales à destination des demandeurs d’emplois dans le cadre d’une offre de
services aux projets LorNtech.
Des actions expérimentales de formation et d’insertion à destination des
demandeurs d’emploi permettront de structurer une réponse cohérente du Sillon
Lorrain à l’appel à labellisation de la grande école du numérique initié par l’Etat,
notamment en ce qui concerne l’insertion des jeunes les plus éloignés de l’emploi au sein
de la nouvelle économie.
Veiller à ouvrir les formations du numérique aux
jeunes étudiantes qui ont trop souvent tendance à
considérer ces formations comme réservées aux
hommes.
Proposition
12
71
FAIRE DE L’ENTREPRENARIAT UN VERITABLE DEBOUCHE
La culture entrepreneuriale joue un rôle clef dans la multiplication des startups et
le succès d’un grand nombre d’entre elles. Or la France souffre d’un manque de
formations à l’entreprenariat. Susciter l’envie d’entreprendre des jeunes issus de
l’enseignement supérieur et faciliter leur passage à la création d’activité suppose d’offrir
à tous les étudiants au cours de leurs études la possibilité d’être formés à
l’entreprenariat et à l’innovation, et d’être accompagnés et aidés financièrement.
Par rapport aux Etats-Unis, la France souffre d’un handicap. Elle manque
d’investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension. Mais aussi de disposer de
fonds de dotation des grandes universités américaines, qui abondent massivement les
fonds de capital-risque américains.
En Lorraine, l’institut Mines-Telecom possède un fonds de 15 millions d’euros
dédié au développement des projets et idées des étudiants, mais ce fonds n’est ouvert
qu’aux étudiants de Mines-Telecom. Le PEEL (Pôle Entreprenariat Etudiant de Lorraine)
propose, quant à lui, des formations qui débouchent sur la création d’entreprise et a
ainsi participé à la création de 42 activités (entreprises et autoentreprises) entre 2011
et 2013.
Créer une bourse aux projets de création
d’entreprise numérique à destination des étudiants
rassemblant toutes les formations du numérique du
grand-est.
Proposition
13
72
CREER LISIBILITE ET VISIBILITE COMMUNES
Lors de la table ronde du 29 avril 2015, de nombreux acteurs se sont rendu
compte de la méconnaissance du tissu local des formations du numérique par les acteurs
eux-mêmes. Ce qui a tendance à créer une confusion chez les jeunes étudiants ou futurs
étudiants. Pour attirer plus d’étudiants, une coordination entre les formations est
nécessaire.
Pour cela, un projet national vise à labelliser les structures de formations du
numérique : la Grande Ecole du Numérique. Nul doute que la Lorraine et la région
Grand-Est doivent y prendre part.
Le gouvernement a annoncé en début d’année 2015, le projet de créer la « grande
école du numérique ». Elle n’est ni une école ni une formation précise, mais plutôt une
labellisation des structures de formation du numérique dans toute la France.
La Grande école du numérique est donc une structure nationale de coordination
entre des formations. Pour y prétendre les formations doivent former rapidement (entre
trois et vingt-quatre mois), ne pas réclamer de pré-requis académique, être reconnues
au Répertoire National de Certifications Professionnelles, même si elles peuvent être
portées par des établissements publics ou privés.
On peut noter qu’un grand nombre de
formations existantes aujourd’hui ne sont pas
reconnues au titre du Répertoire National de
Certifications Professionnelles. La structure
de la Grande Ecole du Numérique pourra
coordonner la certification des formations
existantes et les intégrer au système
européen de crédits ECTS.
Les trois voies principales de la
Grande Ecole du Numérique sont le design de
site web, la communication sur les réseaux
sociaux et le développement. Elles devront
permettre une insertion professionnelle
immédiate.
Une priorité est donnée aux jeunes des quartiers populaires ou en décrochage
social ou scolaire.
« On a tout en Lorraine (Start-Ups, étudiants, associations, formations, laboratoires de recherche) mais il faut organiser la porosité et augmenter les surfaces de contact entre ces acteurs. Le jour où on arrivera à se rassembler notre visibilité sera plus forte. »
Muriel Boucher, 29 avril 2015
73
En complément du dispositif, des modules de formation seront également mis en
ligne sur une plateforme internet, afin d‘élargir le périmètre des apprenants et de
fournir des ressources documentaires librement accessibles.
Recenser, via le dispositif lorNtech, les formations
du numérique en Lorraine et les proposer à la
labellisation de la Grande Ecole du Numérique.
Proposition
14
74
Les compétences numériques pour
tous
Lors de la conférence franco-allemande « innovation et transformation
numériques en Europe » du 27 octobre 2015, les ministres français et allemand
appelaient à la généralisation de l’enseignement d’un socle commun de compétences
numériques dans les programmes éducatifs de l’Europe entière, afin de s’assurer que
chacun maitrise les technologies numériques ( programmation, algorithme, analyse de
données, robotique, imprimerie 3d), mais aussi que chacun comprenne toutes les
dimensions de la révolution numérique et développe un esprit d’entreprenariat autour
de projets collaboratifs innovants.
Pour arriver à une éducation de tous aux enjeux du numérique, la formation des
enseignants est primordiale car l’enseignement dépend de la formation du corps
enseignant en grande partie, mais aussi faire en sorte que le numérique soit transversal
dans les programmes de la maternelle à l’enseignement supérieur et enfin permettre
une formation du numérique à tous les âges, notamment via les MOOCS qui permettent
facilement à tout le monde de se former.
Former le professeur avant l’élève
Créer la transversalité du numérique de la maternelle à
l’enseignement supérieur
Permettre une formation au numérique à tout âge
75
FORMER LE PROFESSEUR AVANT L’ELEVE
Il existe aujourd’hui un grand décalage entre les enfants nés avec l’informatique
et habitués à son usage quotidien et les professeurs qui ont parfois du mal. Certains
professeurs n’osent pas parler d’informatique même au plus jeune âge par peur d’être
dépassés.
Si certains enseignants ont su spontanément se saisir du potentiel du numérique
et ainsi l’inculquer aux élèves, d’autres doivent aujourd’hui s’engager dans une véritable
mutation culturelle et prendre conscience des multiples façons de tirer parti du
numérique sans en avoir peur.
Ces enseignants précurseurs pourraient former une équipe de professeurs
tournants dans les différents établissements pour former au numérique, les classes mais
aussi les autres professeurs.
Il faut insister sur le fait que la réussite d’un enseignement dépend en grande
partie de la formation du corps enseignant. A cet égard, le besoin de s’appuyer sur des
enseignants déjà en poste (via des formations sur le numérique), tout en faisant appel à
d’autres viviers potentiels (chercheurs, ingénieurs,) et le besoin de développer la
formation et le recrutement d’enseignants en informatique, de niveau master.
Pour les nouveaux professeurs, la formation initiale, au sein des ESPE devrait
comprendre une partie plus approfondie d’informatique mais surtout de pédagogie et
d’usages du numérique. Ainsi, une clarification des ressources librement utilisables sur
internet par les professeurs est nécessaire L’informatique devra être au programme lors
de la formation des professeurs de mathématiques qui sont aujourd’hui en charge de cet
enseignement au collège et lycée.
Former les enseignants en formation initiale dans
les ESPE à la pédagogie et aux usages du numérique
et former les professeurs de mathématique à
l’informatique.
Proposition
15
76
CREER LA TRANSVERSALITE DU NUMERIQUE DE LA
MATERNELLE A L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
L’information de tous les métiers est en cours branche par branche. Ainsi le
numérique a besoin d’une transversalité pour que tous les futurs actifs comprennent les
bases des outils numériques. Mais aussi car il est utile que chacun sache se servir du
numérique dans un but citoyen (tri d’information, sécurité mais aussi utilisation des
services publics en ligne).
Pour cela, le numérique doit être la base d’une transversalité des savoirs. Il y a
nécessité de bien comprendre en quoi le numérique influence de manière fondamentale
les jeunes générations en instillant une société du savoir qui valorise le partage et la
transversalité. Or, nos écoles fonctionnent encore beaucoup sur une verticalité des
contenus et ont du mal à y placer le numérique.
Aujourd’hui ce sont les professeurs de mathématiques qui enseignent le
numérique au collège. Demain cela doit être chaque professeur de quelques matières
que ce soit pour l’adapter à chaque domaine. Les écoles doivent s’engager dans une
culture encourageant beaucoup plus la perméabilité des savoirs entre eux. Le
numérique est une chance dans ce but.
La création d’un passeport du numérique qui suivrait la formation «
transversale » du numérique de l’élève évoluant au fur et à mesure des années
d’enseignement, de la maternelle à l’enseignement supérieur pourrait permettre de
doter cet enseignement d’une valeur unique pour tous et de la faire reconnaitre.
Une prime de transversalité vers le numérique pour les formations, les plus
avancées dans ce domaine a aussi été envisagée lors de la table ronde.
Créer un « passeport numérique » qui suivrait la
formation numérique d’un élève de primaire jusqu’à
l’enseignement supérieur avec des paliers.
Proposition
16
77
PERMETTRE UNE FORMATION AU NUMERIQUE A TOUT
AGE
La formation continue pourrait être la principale clé pour rompre avec la rupture
générationnelle sur le numérique. Ce marché est porteur malgré le fait que seulement
3 925 étudiants ont pu bénéficier de la validation des acquis de l’expérience à
l’université en 2013 (CNAM y compris). Ce chiffre (très faible) est en stagnation depuis
2007. La VAE passe de plus en plus par le numérique, d’abord parce qu’il est un enjeu
majeur dans toutes les entreprises et que tout le monde n’y est pas formé, mais aussi
parce qu’elle est de plus en plus faite à distance.
L’université de Lorraine a lancé en 2015, une formation continue à destination
des demandeurs d’emplois intitulée : « Administration systèmes et réseaux -
spécialisation cloud computing »
La VAE devrait pouvoir bénéficier de services dédiés dans chaque université qui
orienterait vers des formations au numérique.
Pour cela une plus grande reconnaissance des MOOC qui passerait par leur
inscription au Répertoire National des Certificats professionnels serait nécessaire
puisqu’elle donnerait alors le droit à des crédits ECT et donc à la délivrance d’un
diplôme.
Les données sur les utilisateurs de FUN permettent d’identifier qu’il existe un
public en formation continue pour les MOOC. Près de 63% des inscrits sont salariés.
Les inscrits sur FUN selon le Ministère de l’Education Nationale
78
De même 11% des inscrits sur cette plateforme sont des demandeurs d’emploi.
Former les demandeurs d’emploi au numérique permettrait pour certains de les
réorienter vers une filière créatrices d’emplois dans les années à venir.
La transition numérique des universités pourrait être réalisée par les ressources
que les établissements pourraient tirer de leurs activités de formation continue
notamment en ligne (MOOC et SPOC). Ainsi les universités, avec le CNAM et les écoles
d’ingénieurs, ont réalisé un chiffre d’affaire de 405 millions d’euros au titre de la
formation continue en 2012, dont 68% proviennent des entreprises.
Les universités du Grand-Est pourraient profiter de ce vivier pour créer des
formations continues du niveau licence et/ou master pour permettre aux professionnels
de se former dans le numérique, mais aussi pour permettre aux demandeurs d’emploi de
se reconvertir. Les ressources liées à cette activité pourraient servir à réaliser sa
transition numérique.
Il faut aussi considérer toutes les
formations non-diplômantes au numérique. En
effet, de nombreux développements de
compétences informelles (via des associations,
des programmes d’aides notamment vers les
séniors) aident à familiariser tous les publics aux
nouvelles technologies.
Enfin, il est nécessaire d’ajouter à ce constat celui de la sous-représentation
des femmes dans le domaine du numérique, due à leur quasi absence des formations
dans le domaine et notamment dans les écoles d’ingénieurs.
Une étude MARKESS international a montré en 2013 qu’on ne comptait que
28% de femmes dans l’économie du numérique en France. L’éducation à tous les âges
est un levier puissant pour en finir avec cette situation.
« Le numérique va de l’école à
la maison de retraite, les
technologies doivent devenir
une familiarité pour tous. »
Arnaud Mercier, 29 avril 2015
79
Les usages pédagogiques du
numérique
La pédagogie numérique est récente et n’est pas appliquée à tous les niveaux et
dans tous les établissements, mais elle bouleverse déjà le quotidien des enseignants et
des élèves.
Il est utile, avant tout, d’évoquer l’historique des usages du numérique dans
l’enseignement, en rappelant l’émergence du e-learning et les créations d’universités
numériques.
Depuis 5 ans, nous assistons à une
accélération très importante du numérique en
France avec l’apparition du phénomène MOOC.
Une initiative ambitieuse a été lancée en France,
il s’agit de France Université Numérique (FUN)
De nombreux projets sont conduits vers la
pédagogie numérique car il s’agit véritablement
d’une révolution. Tout en bouleversant les modes
d’apprentissage, la technologie doit être au
service de l’apprenant.
L’école est entrée dans l’ère numérique : les usages numériques scolaires
touchent désormais toute la communauté éducative. Les liens entre les enseignants,
l’équipe administrative, les parents et l’environnement extérieur se sont renforcés, y
compris pendant les temps périscolaires et extrascolaires.
Ce nouveau contexte pousse les écoles à se moderniser.
Raccorder et équiper les lieux d’enseignement.
Favoriser l’engagement pédagogique des enseignants-chercheurs.
Structurer la stratégie et les outils du numérique.
L’école est entrée dans l’ère
numérique : les usages
numériques scolaires touchent
désormais toute la
communauté éducative.
80
RACCORDER ET EQUIPER LES LIEUX D’ENSEIGNEMENT
Doter les écoles de débit adéquat et de
matériel relève de deux enjeux : éducatif, car il s’agit
d’apprendre aux enfants à utiliser les outils
numériques dès le plus jeune âge, mais aussi citoyen
car il s’agit de les rendre avisés et éclairés dans
l’usage de ces nouvelles technologies
Les besoins de chaque type d’établissement
ont été analysés dans une étude publiée par la caisse
des dépôts en mai 2015 en partenariat avec le
Ministère de l’Education Nationale, de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Les
lieux d’enseignements quelle que soit leur taille, sont
très consommateurs de débit.
Aujourd’hui les technologies de raccordement
assurent de bonnes conditions de travail aux
enseignants et aux élèves. Mais elles limitent certains
usages scolaires et périscolaires en croissance, que
seule la fibre optique permettra de libérer.
Alors que les offres commerciales en très haut
débit sont disponibles pour plus de 50% des écoles
primaires françaises, très peu d’entre elles
l’exploitent en réalité. La faiblesse des débits
disponibles dans le primaire limite les usages et
freine l’innovation des industriels du domaine.
Raccorder en fibre Optique les sites scolaires de
tous les niveaux ainsi que tous les lieux de savoir
(bibliothèques, Musées…)
Proposition
17
81
DE L’ECOLE AU LEARNING CENTER ?
Le ministère de l’éducation nationale prend
clairement position en faveur du numérique qui
sera, selon lui, bénéfique pour les savoirs et leur
transmission. L’adoption du numérique doit se
faire principalement par les lieux d’enseignement
sur lesquels bien des adaptations sont encore
nécessaires.
Outre le réseau de raccordement à la fibre
optique, les lieux d’enseignements ne sont pas
encore tous équipés en interne.
Seuls 3 lycées lorrains proposent un accès
libre pour les lycéens au Wi-fi, mais on peut aussi
prendre pour exemple ces salles de cours qui ne
comptent qu’une ou deux prises électriques pour
quelques dizaines d’étudiants donc dans un futur
proche l’arrivée de quelques dizaines d’ordinateurs
ou de tablettes qui auront besoin de source
d’énergie. Une adaptation des locaux de l’école est
nécessaire avant de créer de nouveaux lieux d’apprentissage.
Une fois cette adaptation faite, l’accès au savoir, pourra évoluer. Bruno
Devauchelle dans « Comment le numérique transforme les lieux de savoir » parle de
transformer les écoles en « maison de la connaissance », qui serait la traduction
française d’un Learning Center, un lieu physique avec une personnalisation et une
individualisation des accès aux savoirs. Un lieu où le cloisonnement disciplinaire n’existe
plus et où il existe un accompagnement au plus près des besoins de chacun.
La question du raccordement et de l’équipement numérique de l’école n’est pas
uniquement un problème technique et de coût, mais également un choix pour
l’amorçage d’un cercle vertueux pour l’usage du numérique dans l’école du 21eme siècle.
Proposition
2
50% des écoles
françaises sont éligibles à
une offre très haut débit.
3 lycées lorrains,
seulement, proposent un
accès wifi libre pour les
lycéens.
3 lycées lorrains, seulement, proposent un accès wifi libre pour les lycéens.
Créer un Wifi accessible à tous dans chaque lycée
de la région.
Proposition
18
82
FAVORISER L’ENGAGEMENT PEDAGOGIQUE DES
ENSEIGNANTS-CHERCHEURS
Dans le cadre scolaire, les usages et les services du numérique se multiplient.
Ainsi le rapport Le plurilinguisme… un jeu d’enfants ? du CESE de Lorraine (novembre
2015) met en avant la crèche Hola Baby de Terville qui propose à tous les enfants de
converser avec une crèche situé aux USA toutes les semaines. Ce système permet via une
simple connexion d’apprendre une langue mais aussi une culture à des enfants.
83
Ce système est adaptable au sein de la Grande Région, via les systèmes
d’échanges scolaires transfrontaliers qui permettraient ainsi aux élèves de partager une
culture sur plusieurs années plutôt que sur une semaine de rencontre.
Les usages possibles du numérique à l’école sont nombreux : soutien scolaire à
distance, visio-conférence, recherche sur le web, création et partage de vidéo, blog de
voyage scolaire, échange avec les parents, ateliers numériques, codage, œuvre d’art
virtuelle. Le numérique permet aussi aux établissements de créer des espaces
numériques de travail regroupant toute la communauté éducative, de surveiller les
locaux, de faire de la maintenance du matériel informatique à distance…
3 lycées lorrains, seulement, proposent un accès wifi libre pour les lycéens.
Créer un système d’échange scolaire transfrontalier
via les réseaux numériques au sein de la Grande
Région afin de favoriser l’apprentissage des langues
et de la culture du voisin
Proposition
19
84
Dans l’enseignement supérieur, le numérique est appréhendé plus facilement par
les enseignants, utilisant durant presque tous les cours, du matériel et des logiciels
informatique, mais aussi par les étudiants qui apportent lors des cours leur propre
matériel.
Nous pouvons néanmoins regretter, du fait du matériel souvent différent et non
compatible, l’impossibilité d’utiliser un logiciel sur tous les ordinateurs lors de
conférence ou de TD.
Lors de la table ronde du 29
avril, un problème de données est
paru important aux yeux de tous
les participants. En effet, les
travaux des chercheurs lorrains,
comme la plupart des travaux des
universités dans la France entière
sont hébergés sur des serveurs
étrangers (gratuits et plus
pratiques). De nombreux
chercheurs utilisent notamment
Google Drive pour conserver leurs
travaux : or les conditions
d’utilisation de Google stipulent
clairement que le moteur de
recherche en possède par
l’utilisation de ce service, les droits
de modification et de publication.
Un projet de cloud protégé
est en cours au sein de l’Université
de Lorraine qui permettrait de
protéger les données et les
recherches produites par
l’Université de Lorraine.
3 lycées lorrains, seulement, proposent un accès wifi libre pour les lycéens.
Sensibiliser à l’usage des différentes offres
d’hébergement de données et règlementer sur
l’obligation d’héberger les recherches publiques
dans des Data Center français et protégés.
« Lorsque vous importez, soumettez,
stockez, envoyez ou recevez des contenus, à
ou à travers nos Services, vous accordez à
Google (et à toute personne travaillant
avec Google) une licence, dans le monde
entier, d'utilisation, d'hébergement, de
stockage, de reproduction, de modification,
de création d'œuvres dérivées (des
traductions, des adaptations ou d'autres
modifications destinées à améliorer le
fonctionnement de vos contenus par le
biais de nos Services), de communication,
de publication, de représentation publique,
d'affichage public ou de distribution
publique desdits contenus. »
Conditions d’utilisation de Google
Proposition
20
85
STRUCTURER LA STRATEGIE ET LES OUTILS DU
NUMERIQUE
Il est important qu’une stratégie pour l’école numérique soit mise en place au
sein de toute la région Grand Est. Tout d’abord une stratégie de construction des réseaux
doit permettre une égalité d’accès à tous les niveaux (primaire, secondaire, supérieur),
mais aussi dans les contenus pédagogiques pour permettre l’émulation.
Certains établissement ont déjà mis en place des utilisations pédagogiques du
numérique, ils pourraient servir de modèle pour les autres afin de prendre le meilleur
des outils pédagogiques offerts par la numérique.
Ainsi il existe un ENT (un Espace Numérique de Travail) pour les collèges-lycées,
mais aussi pour l’université. Il serait opportun de créer une structure semblable pour les
écoles primaires de la région Grand Est.
Un Espace Numérique de Travail est un ensemble de services numériques mis à
disposition de la communauté éducative (enseignants, élèves, personnels administratifs,
responsables légaux de l’élève). Parmi les services numériques proposés, on distingue
les services de gestion (cahier de texte, gestion des bulletins scolaire, réservation de
salle, espace de stockage, agenda..), les services de communication (messagerie
électronique, forum de discussion, visioconférence..), les services de mise à disposition
des ressources numériques (ressources mises à disposition par l’enseignant pour les
cours ou l’aide au devoir).
Créer un ENT des écoles primaires dans la région
Grand-Est pour permettre à toutes les écoles
d’avoir un environnement numérique
Proposition
21
86
87
Le financement des entreprises numériques
Partie 3
DOCUMENT DE DOCUMENT DE
CONSEILS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
D’ALSACE, DE CHAMPAGNE-ARDENNE ET DE LORRAINE
88
Une table ronde ayant pour thème « les financements aux
entreprises numériques» a eu lieu le 22 juin 2015 en
présence de nombreux acteurs locaux :
Joël Berger, directeur général de C2IM
Florent Defay, cofondateur de Findspire
Arnaud Ferraro, directeur et cofondateur de Hubin
Vincent Gross, délégué général au Pôle métropolitain du Sillon Lorrain
Benoit Mercier, président du directoire de la Caisse d'Épargne Lorraine Champagne-
Ardenne
Hervé Obed, président de l’ILP
Michel Onfray, chef du département pépinière a CEEI Synergie
Guillaume Pliszczak, cofondateur de Zenlabs
Fréderic Schnur, président de Grand Est Numérique (GEN), cofondateur de tout-Metz
Luc Thevenot, senior manager à PWC
89
Etat des lieux
Les programmes nationaux d’aide ou de financement auxquels peuvent prétendre
les entreprises numériques sont nombreux : les investissements d’avenir, le Crédit
d’Impôt Recherche, la Jeune Entreprise Innovante, Oséo…
Selon la chambre de commerce et d’industrie de
Lorraine, les investissements d’amorçage en Lorraine sont
encore très faibles (160 000 euros en 2012). L’AFIC
(Association Française des Investisseurs pour la
Croissance) ne recense, quant à elle, aucune opération
significative. Cette quasi absence de financement
d’amorçage est un enjeu majeur qui doit être pris en
considération dans toute la région.
Les montants en capital développement pour la
région sont plus conséquents (9 millions en 2012).
Quelques exemples marquants ont montré l’investissement
en Lorraine. Inotrem, entreprise de biotechnologie, a levé
18 millions d’euros en 2014 et récemment Findspire,
plateforme communautaire artistique, a levé 1 million
d’euros en avril 2015.
Le Conseil Régional, via l’ILP-SADEPAR et le Fonds
Venture Numérique, s’est engagé à injecter 7 millions
d’euros dans les entreprises du numérique (ce qui
correspond tout de même à près de 15% des fonds de l’ILP-
SADEPAR)
Ce fonds se placera uniquement en co-
investissement avec des acteurs privés, qui interviendront
à minimum 30% pour des investissements entre 200 000
euros et 1 millions d’euros.
7 millions de Fonds
Venture Numérique en
euros
1 million levé par
Findspire en avril 2015 en
euros
18 millions levés
par Inotrem en 2014 en
euros
1,4 million financé
par le fonds Venture sur
les 5 premiers mois de
2015 en euros
90
Le CEA Tech et le Conseil Régional de Lorraine ont lancé un appel à projets de 2
millions d’euros auprès des entreprises pour l’usine du futur ainsi qu’une plateforme
dans les locaux de PSA Trémery qui sont aussi des investissement potentiels dans les
entreprises du numérique auprès d’acteurs plus importants dans le monde industriel.
LORnTECH s’appuie sur des outils de financement variés tel que les banques,
l’ILP Sadepar, des réseaux de business angels comme YEAST, le FLM, l’institut Mines
Telecom, Pôle Capital…
Le numérique aujourd’hui a besoin d’une multitude de sources de financement
pour répondre à sa complexité, malheureusement cette multiplicité a aussi tendance à
rendre le financement des jeunes pousses plus difficile et moins lisible.
Les levées de fonds les plus importantes en Lorraine entre 2012 et 2015 (en milliers
d’euros)
91
Introduction
L’impact de la crise économique sur le financement de l’économie réelle et l’apparition de nouveaux modes de financements alternatifs et notamment participatif modifient en profondeur les manières dont toutes les entreprises conçoivent leur développement.
Pour permettre le développement du secteur numérique, il est essentiel d’assurer la diversité des modes de financements accessibles aux entrepreneurs. La transformation numérique, implique également de développer des modes de financements adaptés aux caractéristiques des projets et innovations numériques.
En effet ce financement ne possède pas du tout les mêmes caractéristiques que ce soit au niveau du risque, de la rentabilité ou de la durée.
Le financement privé
Le financement participatif
Le financement public et les bourses French Tech
« Il n’y a pas d’expert, pas
d’oreilles sur les risques
spécifiques au numérique, ce
monde nouveau qui sort de nos
grilles de lecture et de
financement »
Benoit Mercier, Président du directoire de
la Caisse d'Épargne Lorraine Champagne-
Ardenne
« On parle à des gens qui ne
comprennent rien à ce qu’on fait, le
probleme est là »
Florent Defay, cofondateur de Findspire
92
Le financement privé
Le numérique n’est pas un secteur économique et ne se réduit pas à une filière
industrielle.
Ainsi, le financement des « entreprises numériques » ne peut pas relever d’un
seul instrument, mais d’une palette d’outils répondant aux différentes entreprises et à
leurs modèles économiques : Il n’y a rien en commun entre BlaBlacar, entreprise de
services, et Free, opérateur d’infrastructures.
Les entreprises du numérique rencontrent les mêmes difficultés que les autres :
manque de fonds propres, difficulté à croitre, mais en plus elles font face à une difficulté
d’accès au financement bancaire car elles ne correspondent pas aux codes actuels de
financement. En effet, les banques ne trouvent pas les actifs matériels à mettre en face
des prêts.
Réallouer l’épargne nationale
Attirer les Business Angels
93
REALLOUER L’EPARGNE
Le Plan d’Epargne en Action (PEA) à destination des PME mis en place en 2014
favorise la redirection de l’épargne des ménages vers le financement des PME. Il
représente en 2014 un fonds de 1.4 milliard
d’euros, ce qui n’est pas négligeable. Malgré ce
bilan positif, l’épargne des français est encore peu
mobilisée pour le développement des petites et
moyennes entreprises. Et encore moins dans les
entreprises du numérique, jugées à risque.
Il faut amplifier la mise en place de ce
produit (plan d’épargne à destination des
entreprises du numérique) pour encourager
davantage d’investisseurs vers ce mécanisme et
orienter les investissements vers les entreprises
locales.
Ce livret régional a existé par le passé et a été proposé par la Caisse d’Epargne
Lorraine-Champagne. Il a permis de disposer de 40 millions de fonds uniquement en
Lorraine pour les start-ups du numérique selon Benoit Mercier, Président du directoire
de la Caisse d'Épargne Lorraine Champagne-Ardenne.
Créer un livret régional « Grand-Est » uniquement
pour le financement des start-ups et du numérique
« On va réactiver un livret
régional qui avait permis de
collecter 40 millions d’euros
vers le numérique en Lorraine »
Benoit Mercier, Président du directoire de
la Caisse d'Épargne Lorraine Champagne-
Ardenne
Proposition
22
94
ATTIRER LES BUSINESS ANGELS
Un business angel est une personne qui investit un certain pourcentage de son
patrimoine dans de nouvelles entreprises à risques en espérant une rentabilité
supérieure à celle offerte par les banques ou le marché boursier. Les « anges
investisseurs » viennent occuper un créneau moyen entre les capitaux apportés par
l’environnement familial et les investisseurs de capital risque, qui investissent rarement
en dessous de 1 millions d’euros.
Les business angels investissent leurs propres capitaux, les fonds d’une
entreprise ou d’un trust. Outre leurs fonds, ils peuvent aussi apporter leur expertise.
Les 4500 business angels français ont misé, en 2012, 40 millions d’euros sur les
jeunes pousses innovantes, soit un investissement moyen de 10 000 euros. Ce chiffre est
à relativiser car si certains investissements s’élèvent à plusieurs centaines de milliers
d’euros d’autres n’en investissent qu’un millier.
Ce n’est donc pas la bonne source pour trouver des montants au-dessus de
200 000 euros.
L’association principale des business angels est « France Angels » qui rassemble
82 réseaux, dont un lorrain. Elle regroupe des centaines de business angels qui
investissent chaque année dans plus de 320 entreprises.
Les business angels s’attendent à un minimum pour investir : un plan d’affaire
solide, un investissement de la part de l’entrepreneur (pour montrer l’exemple). En
retour, ils attendent bien entendu une part de l’entreprise et parfois certains souhaitent
prendre part aux décisions de l’entreprise (présence au conseil d’administration).
Une plus forte présence des business angels serait favorable à l’environnement
local numérique. Ainsi un annuaire des business angels lorrains serait nécessaire ainsi
que l’invitation de chacun à toutes les manifestations où les start-ups sont présentes afin
de créer des zones de contact.
95
Le financement participatif
À l’heure d’une crise économique durable et d’une contraction des
investissements des Business Angel (tant en nombre de projets financés que dans les
montants investis), les petits porteurs de projets sont de plus en plus nombreux à se
tourner vers une solution alternative qui peut s’avérer être une alternative sérieuse à la
recherche de fonds privés et bancaires. Le financement participatif (ou financement par
la foule, de l’anglais Crowdfunding), connaît un essor fulgurant dans les milieux
artistiques et numériques.
Il faut néanmoins regarder
objectivement les financements
participatifs qui ne représentent que 133
millions d’euros au premier semestre 2015
face au 2 000 milliards d’euros de prêt
accordés aux ménages et aux entreprises
sur la même période. De même les crédits
accordés par ces acteurs nouveaux n’ont
pas vocation à atteindre les volumes des
banques
Principe et modèle de financement
Le financement participatif local
Le financement participatif ne
représente aujourd’hui que 0,06%
des financements privés des
entreprises face au 2 000
milliards que représentent les
prêts bancaires
96
PRINCIPES ET MODELES DE FINANCEMENT
Le financement participatif est un mécanisme de financement de projets
permettant de collecter des sommes souvent petites, d’un très grand nombre de
personnes. Il s’agit d’offrir à chaque membre d’une communauté d’investir une somme
quelconque, qui cumulée à celle des autres membres, permet de financer un projet que
le porteur seul ne peut pas financer.
Contrairement au système bancaire, le financement participatif ne vise pas
que le profit, mais aussi le soutien à un projet, même si parfois la recherche de profit est
aussi le motif d’engagement des « investisseurs ».
L’idée n’est pas neuve, mais internet et les médias sociaux ont donné une
ampleur internationale au phénomène.
Une étude menée par CrowdSourcing.org montre qu’il existait, en avril 2012, plus
de 450 plateformes de financement participatif (estimés à 536 en décembre 2012) pour
5 milliards de dollars investis en 2013. Ce serait plus d’un million de campagnes qui
auraient ainsi été financées, dont 654 000 en Europe, principal marché pour le
crowdfunding.
La France est, toujours selon Crowdsourcing.org, le quatrième pays au monde en
nombre de plateformes offrant des services de financement participatif (28 plateformes
en 2012), loin derrière les États-Unis (191 en 2012) mais le chiffre ne cesse de
progresser.
Il existe cinq modèles de financement participatif : le don, la prévente, la
coproduction, le prêt et la prise de participation.
Non seulement le financement participatif est né d’Internet, mais il sert dans bien
des cas à financer des entreprises du numérique par de la prévente qui permet de
limiter les frais de lancement de production, mais aussi le prêt ou la prise de
participation.
97
La loi Macron participe aussi aux mouvements de Crowdsourcing, mais aussi de
prêts entre acteurs en permettant, sous réserve de conditions particulières, à une
entreprise d’accorder un prêt sur deux ans à une autre entreprise.
Les plateformes de financement participatif en France
Source : Agence Aquitaine
du Numérique
98
LE FINANCEMENT PARTICIPATIF LOCAL
Une plateforme de financement participatif pour les projets locaux vise à aider les
jeunes créateurs de la région. La majorité des jeunes lorrains amorcent le lancement de
leurs services innovants avec une problématique de financement.
De plus en plus de créateurs dans le
numérique se tournent vers le financement
participatif après avoir essuyé des refus dans
les banques. Il peut être en effet une
alternative sérieuse.
Un nouvel outil, local, serait utile pour
mieux répondre aux besoins de
développements des projets du territoire que
LORnTECH et MEDTECH accompagnent et
plus largement sur tous les projets de la
région Grand-Est. Les premiers à avoir mis en
place ce genre d’initiative sont l’Aquitaine et
l’Auberge Numérique. Depuis 3 mois,
l’Auberge Numérique, incubateur bordelais
créé en 2010 en accord avec l’Agence
Régionale pour le Développement du Numérique en Aquitaine, a lancé une plateforme
baptisée Aquitaine Start-up. Aujourd’hui 9 projets y sont présents et plus de 60 000
euros y ont été récoltés.
Créer une plate-forme locale de crowdfunding sous
le label LORnTECH (possibilité de s’appuyer sur un
acteur national)
Depuis 3 mois, L’auberge
numérique, incubateur bordelais
crée en 2010 en accord avec
l’agence régionale pour le
développement du numérique en
Aquitaine, a lancé une plateforme
baptisée Aquitaine Start-up.
Aujourd’hui 9 projets y sont
présents et plus de 60 000 euros y
ont été récoltés.
Proposition
23
99
Une plateforme locale proposerait donc à tous les porteurs de projet de la région
Grand-Est de déposer leur demande pour collecter leurs fonds. Le don devra être
privilégié, car c’est la solution la plus simple à mettre en place avant de permettre toutes
les formes de financements participatifs : don, prêt, prise de participation au capital.
La plateforme peut servir aussi à mobiliser la communauté autour de soi et créer
ainsi des ambassadeurs de la future entreprise dans la région, mais aussi à développer
sa clientèle et sa notoriété.
L’intérêt d’une plateforme régionale plutôt que nationale permet de faire
émerger une communauté plus visible qui se trouverait perdue au milieu de la multitude
de projets proposés dans les plateformes existantes au niveau national.
100
Le financement public et les
bourses French Tech
L’économie des nouvelles technologies est un levier essentiel de la croissance du
pays et de la région.
L’activité de recherche et développement dans le domaine occupe un grand
nombre de salariés et ils incarnent le potentiel créatif de la France.
Compte tenu du contexte des finances publiques, les aides de l’Etat et des
collectivités locales peuvent et doivent soutenir cette économie. La France a une
capacité d’action méconnue et sous-exploitée à toutes les échelles.
De nombreuses entreprises en Lorraine ont le droit au Crédit d’Impôts Recherche
(CIR), mais aussi au statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI) très répandu. Mais il y a
un large panel d’autres mécanismes de soutien à l’innovation, nationaux et régionaux.
Pour répondre à cette attente en matière de compréhension et de facilitateur, des
financements publics comme privés, et en tant que soutien à l’écosystème numérique, il
serait intéressant de pallier le manque en fonds d’amorçage, de créer un guichet
commun de financement et d’utiliser les labels de métropoles French Tech comme de
vrais accélérateurs.
Créer une structure commune de fonds d’amorçage
Accélérer les start-ups avec les deux labels French Tech
Créer un interlocuteur commun des financements numériques
101
CREER UNE STRUCTURE COMMUNE DE FONDS
D’AMORÇAGE
La groupe ILP a annoncé, au moment de la candidature LORnTECH, la création
avec le Conseil Régional de Lorraine d’un Fonds de Capital Risque dédié au Numérique.
Ce fonds vise à prendre en charge la demande croissante d’investissement dans le
numérique en Lorraine au niveau de l’amorçage.
Pour démarrer ce fonds a été doté de
7millions d’euros, apportés par la région
Lorraine, via la filiale Venture de l’ILP.
Ce fonds se placera uniquement en co-
investissement avec des acteurs privés, qui
interviendront à minimum 30% pour des
investissements entre 200 000 euros et 1
million d’euros.
Le fonds cible des sociétés localisées en Lorraine, à fort levier technologique ou
d’innovation. La stratégie se focalise sur les secteurs d’Internet et média, logiciel et
application, e-commerce et services et systèmes mobiles. Il peut néanmoins se
positionner sur tout projet créateur de valeur dans le numérique.
Le fonds Venture avait déjà investi 1.4 millions d’euros dans les entreprises du
numérique locales au bout de 5 mois d’existence, notamment dans Findspire.
Ce fonds ne suffira pas, un véritable fonds mieux doté et pour cela incluant des
participations interrégionales voire transfrontalières devrait être créé pour avoir un
impact fort sur l’amorçage des start-ups.
« Le fonds venture numérique a
investi 1.4 millions au bout de 5
mois d’existence. »
Hervé Obed, président du comité
d’investissement de l’ILP
Créer une structure commune interrégionale voire
transfrontalière qui possède de véritables capacités
d’investissement en amorçage
Proposition
24
102
ACCELERER LES START-UPS AVEC LES DEUX LABELS
FRENCH TECH
Les accélérateurs sont là pour aider avant tout à la
mise des produits sur le marché, contribuant à la
croissance rapide des start-ups.
De nombreux accélérateurs sont présents dans la
démarche LORnTECH. La coordination entre ces acteurs
sera essentielle ainsi que le pouvoir de les fédérer autour
du projet.
Les partenaires financiers de LORnTECH dont les
banques, mais aussi des clubs d’investisseurs et de
business angels (YEAST) ont pour but de travailler en
commun notamment sur les fonds d’amorçage et de
capital-risque dans le but de faire prospérer cette bulle
d’innovation numérique.
LORnTECH s’est engagé à mettre en place
des outils d’information sur les instruments financiers
auprès des entreprises pour permettre d’identifier les
instruments financiers les plus pertinents et de faciliter
l’accès à ces outils.
Ces accélérateurs seront aidés dans cette
démarche puisque LORnTECH et MEDTECH leur
facilitent l’accès à un fonds de 200 millions d’euros au
niveau national destiné à abonder les financements des
accélérateurs au sein des métropoles french Tech.
Les partenaires
financiers de LORnTECH
Ader investissement
BNP Paribas
BPI Lorraine
Banque Populaire d’Alsace, Lorraine,
Champagne-Ardenne
Caisse d’épargne
CCIO2Bilan
Crédit Agricole
FLM
ILP SADEPAR
Institut Mines-Telecom
Pole capital
Réseau Entreprendre en lorraine
YEAST
103
METTRE EN PLACE UN INTERLOCUTEUR COMMUN DES
FINANCEMENTS NUMERIQUES
Créer un interlocuteur commun au sein
des lieux totem aussi bien LORnTECH que
MEDTECH permettrait aux entreprises de
rendre plus aisées leurs démarches de
financement. Cet interlocuteur devrait
regrouper les démarches publiques, privées et
participatives.
Ainsi, chaque start-up aurait accès en un même lieu au fonds d’amorçage (avec
des possibilités de co-financement entre les acteurs, mais aussi aux business angels,
crowdfunding, financements entre entreprises…).
Ce système aurait aussi l’avantage de permettre à tous les acteurs du financement
d’être présents dans le domaine du numérique
alors que certaines sont aujourd’hui trop petites
pour pouvoir avoir une personne compétente
dans ce domaine, comme l’a fait remarquer
Florian Defay, co-fondateur de Findspire lors de
la table ronde du 22 juin 2015 : « On parle à des
gens qui ne comprennent rien à ce qu’on fait, le
probleme est là ».
Cet interlocuteur devrait être au plus
proche des créateurs et porteurs de projets donc
le plus logique serait de créer un guichet unique de financement dans chaque lieu totem.
« Il faut un guichet unique de
financement pour les porteurs
de projets »
Fréderic Schnur, président de Grand Est
Numérique
Mettre en place un interlocuteur commun,
disponible dans les différents espaces totems
LORnTECH et MEDTECH, pour permettre d’identifier
les instruments financiers les plus pertinents pour
chaque entreprise.
« Ils viennent nous voir pour
demander 100 000 euros mais
la stratégie et le plan de
developpement n’est pas
étayé. »
Luc Thevenot, Senior manager à PWC
Proposition
25
104
105
Conclusion
Avant 2020, soit dans quatre ans, les citoyens de tous les pays européens exigeront de recevoir sur leur mobile, sur leur lieu de travail, dans la rue, chez eux, un accès à plus de 100 Megabits.
Au-delà de ce « besoin » de très haut débit, la 3D, la réalité augmentée, l’e-santé, les attentes des seniors +, l’e-commerce, le big data, l’open data, les data centers, la sécurité, l’e-réputation, le respect de la vie privée, les contenus, les applications, les smart cities, l’usine du futur, la voiture sans chauffeur, le cloud computing et « l’ubérisation » de la société seront sans nul doute des termes qui feront notre quotidien.
Ce qui nous a semblé primordial pour un développement harmonieux des futurs territoires et pour lutter contre la fracture numérique qui peut rejeter toute une partie de la population, ce sont les points abordés dans ce rapport : la formation de la naissance à la fin de vie, le financement de cette mutation et le soutien aux secteurs prometteurs pour permettre à la Lorraine, le Grand Est et la Grande Région élargie de se battre à armes égales avec la concurrence violente d’autres régions du monde.
Sans oublier le nécessaire développement des réseaux pour faire face à l’évolution des usages et des technologies, notamment dans le domaine de l’économie.
Tous les secteurs sont impactés, il n’est plus possible d’en douter. On peut toujours dire, c’était mieux avant et regretter l’époque où l’on prenait le temps et l’on ne passait pas deux heures par jour à lire ses mails, à être dérangé en permanence par un téléphone qui est devenu l’outil quasiment indispensable. On peut aussi dénoncer ce déploiement de technologies, de robots, d’applications.
On peut ! Mais surtout on doit ne pas assister impuissants à cette (r) évolution. Il faut savoir encadrer, modifier les mentalités, ne laisser personne sur le « bas de la route », former et réfléchir à de nouveaux cadres juridiques notamment, pour permettre à chacun de se servir de ces nouvelles technologies pour améliorer son existence et non pour l’asservir. Il y a urgence à comprendre que le monde a changé
Il serait sans doute plus sage d’admettre la transformation du monde et de préparer un avenir maitrisé et humain. Quant aux financements considérables qui sont obligatoires, à l’heure des réductions drastiques que l’on connait, il va falloir néanmoins savoir imaginer les priorités. La transformation numérique de la société en est une.
Et de la même façon qu’il n’est pas possible d’immobiliser des sommes colossales pour réparer les ponts qui peuvent s’écrouler, les coûts des conflits qu’il faut mener pour des raisons géostratégiques, pourtant lorsque les événements se produisent, on est bien obligé de financer, il en va de même pour le numérique.
106
C’est une nécessité pour une société du 21è siècle et du 3è millénaire, d’autant
que cette mutation va s’accompagner pour la décennie à venir de destructions d’emplois qui n’auront rien à voir avec celles que nous connaissons. A titre d’exemple, dans le secteur bancaire, nous pouvons connaitre les mêmes situations que celles connues au début des années 2000 dans le secteur de la photographie, lorsque nous sommes passés de l’argentique au numérique. Payer avec son téléphone, ne plus aller dans son agence bancaire etc. Ce sont plus de 20% d’agences qui vont fermer dans les années à venir.
Tout n’est pas noir dans le futur qui s’annonce. Nouveaux métiers, télétravail, nouveaux modes d’organisation, dans les domaines de la e-santé, des mobilités, de la connaissance, de la sécurité, mais aussi de l’habitat, de la consommation, des objets connectés, de la communication, de la culture, des médias, etc. Des secteurs entiers vont connaitre des mutations profondes. Il faut s’y préparer ; le numérique n’est pas uniquement technologique, il induit des transformations sociales.
Les estimations des spécialistes annoncent la création de millions d’emplois dans le secteur digital pour les 20 ans à venir. Pour le ministère du travail américain 67% des enfants nés en 2000 exerceront un métier qui n’existe pas encore ou qui sera profondément modifié. Le digital impacte l’ensemble de notre quotidien et de nos activités. Nous pouvons encore choisir notre avenir.
Nous sommes convaincus qu’il s’agit de l’avenir de la région Grand Est au cœur de quatre pays frontaliers qui nous entourent.
CONSEILS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
D’ALSACE, DE CHAMPAGNE-ARDENNE ET DE LORRAINE
107
Bibliographie
et
Annexes
DOCUMENT DE
TRAVAIL
DOCUMENT DE
TRAVAIL
108
109
Bibliographie
Rapports d’informations
CESE, « Les données numériques : un enjeu d’éducation et de citoyenneté », janvier
2015, avis rapporté par M. Eric PERES.
CESE, « Innovation technologique et performance industrielle globale : l’exemple de
l’impression 3D », mars 2015, avis rapporté par Mme Renée INGELAERE.
Conseil Régional de Lorraine, « Stratégie de Cohérence Régionale sur l’Aménagement
Numérique des Territoires Lorrains », janvier 2015.
Conseil Régional de Lorraine, « Schéma numérique du tourisme en Lorraine», 2013.
Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Projet de loi Noé (Nouvelles
Opportunités Economique), octobre 2015.
LORnTECH, « Dossier de candidature du Pôle métropolitain européen du Sillon Lorrain
au Label French Tech », 22 mai 2015
Philippe Lemoine, Rapport au gouvernement sur la nouvelle grammaire du succès- la
transformation numérique de l’économie française, 2014.
Collectif sous la présidence de Buron-Pilâtre P. et le suivi Moitrot R. 2013. Rapport sur la
lorraine numérique : constats, enjeux et opportunités. Conseil Economique Social et
Environnemental de Lorrai2014, ne. 150 p.
Collectif sous la présidence de Krausener G. et le suivi de Hein V. 2013. Rapport sur la
situation économique social et environnementale de la Lorraine en 2013. Conseil
Economique Social et Environnemental de Lorraine. 263 p.
CESE, Rapport annuel sur l’Etat de la France en 2014 rapporté par Hélène Favel, 2014.
CESE, « La pédagogie numérique : un défi pour l’enseignement supérieur », février 2015,
avis rapporté par M. Azwaw DJEBARA et Mme Danielle DUBRAC.
Collectif sous la présidence de Buron-Pilâtre P. et le suivi Moitrot R. 2013. Rapport sur la
lorraine numérique : constats, enjeux et opportunités. Conseil Economique Social et
Environnemental de Lorraine. 150 p.
Methamem Raouchen, « Note critique sur les indicateurs de la fracture numérique »,
Réseaux 5/ 2004 (n° 127-128), p. 211-229
110
Collectif sous la présidence de Pascal Hurel, Le commerce numérique en basse
Normandie, Conseil Economique Social et Environnemental de Basse Normandie, 98 p.
Collectif sous la présidence de Renée Ingelaere, 2015, Innovations technologiques et
performance industrielle globale, Conseil Economique, Social et Environnemental, Les
éditions du journal officiel, Paris, 118 p.
Collectif, Institut Montaigne, Big Data et Objets connectés, faire de la France un champion
de la révolution numérique, 2015, 217 p.
Nicolas Colin et Henri Verdier, L’âge de la multitude, entreprendre et gouverner après la
révolution numérique, Armand Colin 2012.
Collectif sous la présidence de Bruno Duchemin, Révolution numérique et évolutions des
mobilités individuelles et collectives (transport de personnes), 2015, Conseil Economique,
Social et Environnemental, les éditions du journal officiel, 198 p.
Conseil Régional d’Alsace, « Stratégie de Cohérence Régionale sur l’Aménagement
Numérique des Territoires Alsaciens », décembre 2010.
Conseil Régional de Champagne-Ardenne, « Stratégie de Cohérence Régionale sur
l’Aménagement Numérique des Territoires de la région Champagne-Ardenne », juin
2011.
Collectif, Grande Région Digitale : la révolution numérique est en marche, février 2015,
Université de Lorraine.
Nicolas Colin, La richesse des nations après la révolution numérique, 2015, Terra Nova,
98p.
Jean-François Laplume, Le Financement participatif, une alternative à la levée de fonds
traditionnelle, 2013, Agence Aquitaine Numérique.
Conseil National du Numérique, Innovation et transformation numérique en Europe,
2015.
Article de presse
Marc Andreessen, « Why Software is Eating the world », The Wall Street Journal, 20 août
2011.
ACAL: « le Grand Est connecte ses frontières », Correspondances Lorraine, 2 novembre
2015.
111
Essais
Jeremy Rifkin, La nouvelle société du coût marginal zéro : L’internet des objets,
l’émergence des communaux collaboratifs, Les liens qui libe rent, 2014, 510 p.
Jeremy Rifkin, La troisième révolution industrielle : Comment le pouvoir latéral va
transformer l'énergie, l'économie et le monde, Les liens qui libe rent, 2012, 380 p.
Tim Kane, The importance of startups in job creation and job destruction, kauffman
foundation, septembre 2010
112
Annexe 1
Lettre du Mission du Groupe de travail
Pour l’émergence d’un écosystème numérique en lorraine Internet est sans doute l’innovation la plus importante du 20è siècle, en impactant le quotidien de chacun des individus, des entreprises, des collectivités et institutions et plus profondément les relations, les modes de pensées et d’agir. Au-delà de l’information prégnante et de sa rapidité de diffusion, ce sont notamment la sécurité, l’intégrité, les méthodes de travail, de conception, de création et de transactions qui se trouvent bousculées, tous secteurs confondus. Le bouleversement digital dans un monde globalisé (que d’aucuns appellent révolution numérique) s’inscrit dans les phénomènes profonds connus depuis la Renaissance, le siècle des Lumières et la révolution industrielle. Le philosophe Michel Serres dans «Petite Poucette »1 souligne que « pour la première fois de l’histoire, on peut entendre la voix de tous ». Des propos qui sont rejoints par ceux de Jean Viard (La France dans le monde qui vient : la grande métamorphose) « la révolution informatique bouscule à une vitesse fulgurante les liens entre les hommes. Le chambardement de notre condition humaine déjà en cours avec l’allongement de la vie et la réunification planétaire a été accéléré, réorganisé par la révolution informatique qui crée une société collaborative horizontale, instable, éphémère, en lieu et place de sociétés concurrentes et de nations organisées verticalement autour de leurs Etats »2. Pour la première fois un ministre du Numérique et une Secrétaire d’Etat ! La France longtemps décriée pour son retard tente de combler ses lacunes, reconnaissant que le numérique est le pivot de la croissance de demain. C’est ce que l’on connait notamment sous le vocable « French Tech ». Au-delà de cet engagement fort pour le développement, le rayonnement et l’attractivité des écosystèmes de startups français, "la French Tech" rassemble entrepreneurs, développeurs, designers, investisseurs, bloggeurs, grands groupes, laboratoires de recherche, grandes écoles, universités, associations, organismes de promotion, collectivités publiques… Il faut en effet renforcer la croissance et le rayonnement des startups et des écosystèmes numériques avec l’objectif en quelques années, que des milliers de startups s’épanouissent en France, s’imposent sur la scène internationale, et passent
1 Michel Serres « Petite Poucette » Editions Le Pommier 03/2012
2 Jean Viard « La France dans le monde qui vient » Editions de l’Aube 11/2013
113
de quelques milliers de salariés à plusieurs dizaines de milliers. Ainsi s’exprime la volonté des initiateurs de French Tech. Mais ce n’est qu’une partie des actions programmées en France. Nous vivons simultanément plusieurs métamorphoses radicales dont nous ne savons pas pour l’instant penser les différents cycles, ni allier les forces et les dangers. La montée en puissance de l’Internet mobile, le Big Data, l’Internet des objets, c'est-à-dire la connexion directe au réseau d’objets de tous genres (voitures, accessoires, appareils électroménagers, …) communiquant entre eux avec une infrastructure globale ou la poursuite de processus collaboratifs inédits entre internautes sont, par exemple, des tendances de fond. Le numérique impacte tous les secteurs, établit de nouveaux enjeux, appelle des financements différents, suscite des besoins importants en matière de techniques et créé une nouvelle économie. Notamment les moins de trente ans qui représentent 36,3% de la population française (23.227.662 personnes). Si la question des infrastructures reste prégnante (la concertation au plan régional et les actions de montées en débit avancent), il est aussi nécessaire de se concentrer sur les services, contenus, usages et activités liés au numérique, que l’on peut développer en Lorraine. Quelle place pour la Lorraine ? Dans son premier rapport sur l’économie numérique, présenté en septembre 2013, à l’instar d’autres régions, le CESER de Lorraine a présenté une photographie de l’existant, notamment sur les réseaux et infrastructures. Il convient aujourd’hui d’approfondir les questions qui étaient apparues au cours de ce rapport. Notamment dans la mise en place d’une démarche propre à favoriser l’émergence d’un écosystème propre à la Lorraine, tenant compte de sa proximité avec le Luxembourg, la Sarre et la Wallonie. La problématique étant vaste, la réflexion sera seulement organisée autour de trois enjeux qui semblent judicieux d’examiner notamment dans le cadre de l’obtention espérée du label French Tech porté par le Sillon lorrain (Thionville, Metz, Nancy, Epinal, le Conseil Régional de Lorraine, Metz Métropole et Grand Nancy) sous le vocable Lorntech.
La formation à tous les niveaux (dès l’enfance, tout au long de la vie, formation supérieure et spécialisée)
L’accompagnement financier et technologique des entreprises œuvrant dans le numérique ou voulant utiliser le numérique comme un outil de transformation et de développement de leur activité (y compris l’amorçage, les projets et startups).
114
L’inventaire des secteurs clés (existants ou à développer) en Lorraine qu’il conviendrait d’encourager dans le domaine des innovations digitales.
Méthode : Audition des acteurs importants dans l’éco système (Chambres consulaires, fonds d’investissements, banques, BPI, Pôle Métropolitain du Sillon lorrain, Université, enseignement supérieur, laboratoires de recherches, Conseil Régional de Lorraine, CA2M, CUGN, départements 54, 57, 55 et 88, institutions et collectivités, Grande Région, Arts, Urbanisme, Pôles, Clusters, associations de promotion du numérique, acteurs de la société civile, organisée ou non, acteurs indépendants, entreprises, structures de formation…). Membres pressentis : Philippe Buron Pilâtre, Brigitte Renaut-Defontaine, Patrick Meyer, Elodie Boileau, Michael Poirot, Gilbert Krausener, Raymond Frenot, Michel Jubert, Gérard Claudel, Karl Tombre, Florence Damour et Bernard Nicolle. Type de communication : Communication en avril 2015 – Rapport en fin d’année.
115
Annexe 2
Annuaire des formations numériques en Lorraine
116