Eurotalia – 2019

STRASBOURG Grand Est (Alsace) – REPUBLIQUE FRANÇAISE

Drapeau et blason de la ville de Strasbourg, dits « d’argent à la bande de gueules ». Ils sont inspirés des armoiries des comtes-évêques qui régnaient sur la ville avant la

bataille de Hausbergen (1262), qui permit à la cité de devenir une Ville-Libre de l’empire.

Vue sur l’Ill depuis le centre-ville

Crédit photo : a french hetalian (novembre 2019)

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Strasbourg est une grande cité située au nord-est de la France, capitale de l’Alsace et frontalière de l’Allemagne via le Rhin ; c’est l’un des plus grandes villes du pays. Sa situation géographique fait d’elle un carrefour sur le fleuve, traversable en toute saison et point de passage fluvial entre la Suisse et les Pays-Bas. C’est dans cette ville que fut rédigé en 842 le premier texte officiel en deux langues vulgaires qui allaient devenir plus tard le français et l’allemand. Laissez-vous charmer par la Capitale de l’Europe.

SOMMAIRE _Point historique _Ne Pas Manquer _Strasbourg, une petite société à taille de ville _Strasbourg, une ville qui prospère _Strasbourg, une ville bicéphale _La Cathédrale, joyau de la cité _La Marseillaise, un hymne strasbourgeois _Le Quartier de la Petite France _Le plus vieux Marché de Noël de France

Point historique - 4 500 av. J.-C. : Premières traces d’occupation humaine - 12 av. J.-C. : fondation d’un camp romain, Argentoratum ou Argentorate. Ce nom signifie « forteresse sur l’Argenta », cette dernière étant l’ancien nom de l’Ill, la rivière qui traverse l’Alsace et se jette dans le Rhin à Strasbourg. 451 : les Huns envahissent et brûlent la ville, qui est ensuite reconstruite. C’est la fin de la domination romaine. 842 : Rédaction du Serment de Strasbourg, par lequel les petits-fils de Charlemagne Charles le Chauve et Louis le Germanique s’allient contre leur troisième frère Lothaire. 843 : Le Traité de Verdun qui partage l’empire franc de Charlemagne attribue Strasbourg à la Lotharingie. 870 : Le Traité de Meerssen partage la Lotharingie et attribue Strasbourg à la Francie Orientale (Germanie). 962 : Fondation du Saint-Empire Romain Germanique 1015 : Pose de la première pierre de la cathédrale. 1262 : Bataille de Hausbergen où les Strasbourgeois affrontent et vainquent l’évêque qui régnait de manière autoritaire sur la ville. La cité devient une ville-libre impériale et s’organise à la manière d’un petit Etat lié directement à l’empereur.

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Bataille de Hausbergen

Emile Schweitzer (1894) Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu’en 1870 (Adolphe Seyboth), p.

157 Strasbourg : Imprimerie alsacienne

Crédit photo : BNU Strasbourg

1349 : 2 000 habitants juifs sont arrêtés et brûlés lors d’un violent pogrom. 1388 : Construction du premier pont sur le Rhin 1434 : Arrivée à Strasbourg de Gutenberg, qui y reste dix ans. Il travaille à développer son invention qui révolutionne le monde occidentale : l’imprimerie. 1437 : Strasbourg obtient le droit de battre sa propre monnaie. 1439 : Achèvement de la construction de la cathédrale, à l’époque la plus haute d’Europe (142 m). Elle le reste jusqu’au XIXe siècle, alors dépassée par celles de Cologne et d’Ulm. 1482 : Strasbourg se dote de sa Constitution définitive, le Schwörbrief. 1514 : Visite d’Erasme de Rotterdam, qui loue la richesse et la démocratie de la république urbaine. 1538 : Calvin prêche la Réforme protestante à Strasbourg. 1559 : Le culte catholique est interdit à Strasbourg.

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1570 : Premier Christkindelsmärik, le marché de Noël de Strasbourg, aujourd’hui le plus vieux de France et l’un des plus ancien d’Europe. 1618 : Début de la Guerre de Trente Ans 1632 : Strasbourg s’allie avec le roi Gustave-Adolphe de Suède contre les Habsbourg. 1648 : Fin de la Guerre de Trente-Ans et Traité de Westphalie : les terres habsbourgeoises en Alsace deviennent françaises. 1681 : Annexion de Strasbourg par le royaume de France. 1725 : Marie Leszczinska est mariée à Louis XV par procuration à Strasbourg. 1731-1742 : Construction du palais Rohan, sorte de petit Versailles de la capitale alsacienne, propriété du prince-évêque de Strasbourg nommé par Louis XIV. 1744 : Le roi Louis XV vient en visite à Strasbourg 1770 : Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche et fiancée au futur roi Louis XVI, échange ses habits pour une tenue française à Strasbourg. 21 juillet 1789 : Pillage de l’hôtel de ville par les révolutionnaires strasbourgeois. 1790 : La ville perd son statut particulier. 25 avril 1792 : Rouget de Lisle compose à Strasbourg le « Chant de guerre pour l’armée du Rhin », chant qui est plus tard repris par les Marseillais aux Tuileries et devient « La Marseillaise », hymne national actuel de la France. 20 septembre 1792 : François Christophe Kellermann, un militaire strasbourgeois de petite noblesse, vainc les troupes austro-prussiennes à la bataille de Valmy. La monarchie française est abolie le lendemain.

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La Bataille de Valmy, le 20 septembre 1792

Horace Vernet (1826) 175x287 cm

Huile sur toile National Gallery (Londres, Royaume-Uni)

Crédit photo : National Gallery

1793 : La cathédrale de Strasbourg est coiffée d’un bonnet phrygien géant et est rebaptisée « Temple de la Raison ». Elle échappe ainsi au mouvement anticlérical qui accompagne la Révolution et les nombreux pillages d’édifices religieux qui suivent. Jean-Baptiste Kléber, un autre militaire strasbourgeois, s’illustre au siège de Mayence. Dans les années qui suivent, il devient un héros de la Révolution et plus tard de l’armée napoléonienne. 1839 : Prolongement du canal Rhône-Rhin jusqu’à Strasbourg. 1840 : Inauguration des places Gutenberg et Kléber pour célébrer ces deux héros de Strasbourg, l’un pour avoir inventé l’imprimerie et le second pour ses hauts-faits militaires sous la Révolution et le Ier Empire. La ville de Mayence en Allemagne se réclame aussi de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg et lui avait déjà dédié une place en 1837. 10 mai 1871 : Traité de Francfort, l’Allemagne annexe l’Alsace-Moselle. 1897-1904 : Construction de la Neustadt, un nouveau quartier d’architecture allemande qui permet d’agrandir la ville. 1919 : Le Traité de Versailles rend Strasbourg à la France.

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1924 : Mise en place du droit local spécifique à l’Alsace-Lorraine qui a perduré jusqu’à nos jours. 1939 : Evacuation des Strasbourgeois en Dordogne, par peur d’une invasion allemande, qui survient un an plus tard. 2 mars 1941 : Le colonel Leclerc prononce le Serment de Koufra, il jure de reprendre Strasbourg à l’Allemagne. 1943-1945 : Bombardements de Strasbourg, plus de 1 000 civils décèdent. 23 novembre 1944 : Libération de Strasbourg 1949 : Strasbourg devient une des capitales européennes sur proposition du ministre britannique Ernest Bevin, et accueille notamment les institutions du Parlement européen, du Conseil de l’Europe, de l’Institut international des droits de l’homme.

Vue du Parlement Européen à Strasbourg

Crédit photo : a french hetalian (février 2019)

Ne Pas Manquer : La cathédrale de Strasbourg

Le Marché de Noël

Le Musée alsacien

Le Musée historique de la ville de Strasbourg

Le Musée Tomi Ungerer

Le Palais Rohan

Le Parc de l’Orangerie

Le Parlement Européen et le quartier européen

La Place Gutenberg

La Place Kléber

Le Quartier de la Petite France

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Strasbourg, une petite société à taille de ville

Au Moyen-Âge, la ville d’empire était organisée à la manière un petit pays. La société s’agençait en différents corps de métiers appelés corporations, système qui perdura aussi en France jusqu’à la Révolution de 1789. Chaque bourgeois devait s’enregistrer dans l’une des vingt corporations ; les nobles formaient la vingt et unième. En 1349 est mis en place un système pérenne où la ville est dirigée par un échevin – localement appelé Ammestre – élu à l’année par suffrage indirect parmi les corporations bourgeoises et assisté par des Stettmestre élus parmi l’aristocratie strasbourgeoise. Le tout était supervisé par le Sénat, qui empêchait tout abus de pouvoir.

Cette organisation fut louée par le grand philosophe et humaniste Erasme lors de sa venue à Strasbourg en 1514. Cependant, le système était loin d’être une utopie démocratique : les bourgeois ne représentaient qu’un tiers de la population et payaient un impôt pour avoir le droit de vote. Etaient exclus de la société citoyenne les femmes, les manants (miséreux et domestiques) ainsi que les Juifs. Ces derniers furent par ailleurs sauvagement massacrés lors d’un pogrom dit « de la Saint-Valentin » le 14 février 1349, avant d’être exclus de la ville en 1388. Toute personne de confession juive ne pouvait pénétrer la cité que de jour et ne pouvait exercer que des métiers liés à l’usure, c’est-à-dire au prêt bancaire. D’autre part, les Ammestre se renouvelaient assez peu, on retrouvait régulièrement les même visages à la tête de la ville.

La vie sociale de Strasbourg est à son tour codifiée avec l’arrivée de la Réforme au XVIe siècle. Des lois somptuaires sont édictées, c’est-à-dire des lois qui règlementent la vie publique et privée, par exemple sur la façon de s’habiller, l’éducation des enfants, la domesticité, le déroulement des mariages et des enterrements, etc. Une personne qui n’appartenait pas à une classe sociale suffisamment élevée était ainsi interdite de porter certaines dentelles, rubans ou bijoux en or, même si elle en avait les moyens.

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Vue de la Place Gutenberg

Crédit photo : a french hetalian (novembre 2019)

Strasbourg, une ville qui prospère La cité est une ville-libre impériale depuis 1262. Elle obtient au fil des années les droits relatifs à son statut, c’est-à-dire de battre sa propre monnaie, de tenir son marché et d’être protégée par une enceinte militaire. Strasbourg avait acquis la souveraineté sur sa monnaie, qu’elle peut frapper dès 1437 et même produire ses propres florins d’or dès 1508 avec l’accord de l’empereur. Les foires peuvent s’installer à Strasbourg, tout d’abord à la Saint-Martin de 1336 à 1381 puis à l’occasion de la Saint-Jean. Sa position sur le Rhin lui offrait le monopole du trafic entre Francfort-sur-le-Main et Bâle et la ville ne se gênait pas pour taxer toutes les marchandises. Le commerce du vin et des céréales était particulièrement florissant, rejoint par celui du tabac au XVIIe siècle et les produits allaient et venaient dans l’Europe entière. L’Ancienne Douane servait d’entrepôt. Au XVIIIe siècle se développe une grande manufacture de faïencerie dirigée par Paul

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Hannong, qui concurrence la porcelaine de Sèvre. Les vermeils – objets en argent recouvert d’or, souvent des couverts – de Strasbourg sont aussi extrêmement réputés à cette époque. L’industrie automobile a aussi son mot à dire puisque c’est à Strasbourg qu’Emile Mathis, un ingénieur alsacien, fonde la marque Mathis qui connaît un essor notable dans l’Entre-deux-guerres, associé avec Ettore Bugatti. Il est l’un des plus grands constructeurs automobiles de France et concentre ses recherches sur la réduction du poids des véhicules pour réduire la consommation de carburant. Lors de l’invasion allemande de 1940, il émigre aux Etats-Unis et les plans qu’il emmène avec lui aident les Alliés à reprendre la ville de Strasbourg. Le conflit met cependant un terme à ses activités et Citroën rachète son entreprise en 1953.

Le modèle Torpedo Mathis 5CV type P produite en 1925

Musée historique de Strasbourg Crédit photo : a french hetalian

L’invention de l’imprimerie par Gutenberg fait aussi de Strasbourg un centre culturel important. En plus des textes religieux sont publiées des traductions des auteurs latins ainsi que des satires telles La Nef des fous du poète strasbourgeois Sébastien Brant (1494). L’université de Strasbourg devient prestigieuse. En 1808, elle est la plus complète de province avec cinq départements : Droit, Lettres, Médecine, Sciences et Théologie protestante. Dans ses heures les plus sombres, le professeur et membre de l’Ahnenerbe August Hirt mène en 1942 de sombres expériences sur 87 Juifs ukrainiens dans le but de récupérer des squelettes. La bibliothèque nationale universitaire est la plus complète de France en termes de quantité d’ouvrages après celle de Paris. D’un point de vue militaire enfin, Strasbourg savait se défendre et attaquer. Chaque bourgeois était appelé à servir au sein de sa corporation, à ses frais. En 1333 par exemple, le comte de Geroldseck, un parent de l’évêque dont les Strasbourgeois s’étaient débarrassés en 1262, avait commencé à piller tous les navires qui descendaient le Rhin depuis son château de la Schwanau près de Gerstheim. La cité décida d’agir et se coalisa avec d’autres villes : Bâle, Berne, Colmar, Fribourg,

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Mulhouse, Zurich, etc. Ils mirent en place un siège autour du château de leur ennemi et utilisèrent une arme chimique : les fosses d’aisance des villages alentours furent vidées de leurs contenus et l’on catapulta le tout par-dessus les murailles. Les réserves de nourriture et l’eau du puits ennemies furent contaminées et les assiégés durent capituler. Le sport était aussi un moyen de diplomatie : de grands concours de tir à l’arc étaient organisés, comme en 1576 avec Zurich, ainsi que des joutes nautiques. Les clefs de la ville revêtaient une symbolique particulière. On les remettait aux personnages les plus importants qui venaient à Strasbourg : Napoléon Ier en 1806, Charles X en 1829, Napoléon III en 1852 et Raymond Poincaré en 1918, pour ne citer qu’eux.

Strasbourg, une ville bicéphale La Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui oppose catholiques et protestants d’Europe vient remettre en cause l’indépendance de Strasbourg. Tiraillée entre le royaume de France et le Saint-Empire, elle choisit tout d’abord la neutralité mais la situation ne dure pas. En 1632, le cardinal de Richelieu s’arrange pour que la ville s’allie avec le roi protestant de Suède pour bouter les Habsbourg catholiques hors d’Alsace et ces derniers territoires échoient finalement à la France qui s’assure ainsi des territoires le long du Rhin. La Guerre de Hollande (1672-1679) et celle de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) dégradent les relations entre la ville-libre et Louis XIV, qui décide de prendre la cité. Le 27 septembre 1681, 30 000 hommes entourent la ville et prennent le pont du Rhin. Il n’y a aucune effusion de sang, le Sénat de Strasbourg vote la capitulation et la ville est annexée par la France. Elle peut garder nombre de ses libertés : elle conserve sa Constitution, son université, ses privilèges économiques, judiciaires et financiers ainsi que le culte protestant. Elle devient néanmoins une ville de garnison où, durant tout le XVIIIe siècle restent stationnés 10 000 soldats. Les vœux du roi sont transmis au Sénat et ont implicitement intérêt à être respectés. L’assimilation française se fait progressive, la ville n’émet plus sa propre monnaie dès 1716. Vauban s’attaque aussi à moderniser et fortifier la cité qui devient la plus grande place forte d’Europe.

Clefs de la ville de Strasbourg

Musée historique de Strasbourg Crédit photo : a french hetalian

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Louis XIV devant Strasbourg

Adam van der Meulen (1682-1685) Huile sur toile

Musée historique de Strasbourg Crédit photo : a french hetalian

Après la guerre franco-prussienne de 1870 et le traité de Francfort du 10 mai 1871, après que la ville ait subie la plus importante pluie de feu de l’époque, le nouvel empire allemand annexe une partie de l’Alsace et la Moselle et Strasbourg devient la capitale du Reichsland Elsass-Lothringen ou Terre d’empire d’Alsace-Lorraine. La ville est agrandie, on organise un concours d’urbanisme qui aboutit à la construction en face de la très française place Broglie de gros bâtiments imposants dans un style allemand, la Neustadt. Le chancelier Bismarck nomme l’un de ses rivaux, Edwin von Manteuffel, pour diriger le nouveau territoire ; il l’écarte ainsi du pouvoir. Pendant cette période, les Alsaciens sont très divisés. Les Autonomistes pro-allemands s’opposent aux Protestataires pro-français et la situation est très tendue. Jean Schlumberger (1819-1909), un industriel de Mulhouse, symbolise à lui-seul le mouvement autonomiste, à tel point qu’il est anobli par Guillaume II en 1895. Après la Première Guerre mondiale, Strasbourg et tout le Reichsland redeviennent français, et les habitants subissent d’importants problèmes d’adaptation, car la France a bien changé en cinquante ans. De ce fait est mis en place en 1924 un droit local qui fait encore aujourd’hui la spécificité des départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin : protection sociale différente, religion enseignée à l’école, statut de fonctionnaire des prêtres et pasteurs, etc.

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Pendant la Seconde Guerre mondiale, Strasbourg redevient une nouvelle fois allemande. Le régime de Vichy encourage les Alsaciens réfugiés en Dordogne à rentrer chez eux. La place Kléber est renommée Karl Roos, du nom d’un célèbre autonomiste fusillé par les Français en février 1940. Le culte catholique est interdit dans la cathédrale, les noms et prénoms de tout un chacun sont germanisés et les livres français, marxistes, juifs, … sont proscrits. La capitale alsacienne est pourtant un symbole pour les Alliés. En témoigne le Serment de Koufra, prononcé par le colonel Philippe Leclerc en 1941 en Libye : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». Il entre lui-même dans la ville en novembre 1944 et la ville revient définitivement dans le giron français après 1945. S’ensuit enfin la paix et la construction européenne qui fait de Strasbourg l’une des capitales de l’Europe. La fontaine de Janus, œuvre du grand illustrateur alsacien Tomi Ungerer, fut inaugurée en 1988 entre les places Broglie et République pour célébrer les deux mille ans de Strasbourg et témoigner de son double visage franco-allemand.

Edwin von Manteuffel (1809-1885

Max Schüler (1883) Huile sur toile

Musée historique de Strasbourg Crédit photo : a french hetalian

Guillaume II (1859-1941) Buste en marbre

Musée historique de Strasbourg Crédit photo : a french hetalian

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La Cathédrale, joyau de la cité

En 1015, l’évêque Werner, soutenu par l’empereur Henri II, décide de faire bâtir une cathédrale pour doter la ville d’un édifice religieux important. Il faut pourtant des siècles pour terminer la construction qui s’achève en 1439. Notre-Dame de Strasbourg est alors l’édifice le plus haut de la Chrétienté avec ses 142 mètres et le reste jusqu’au XIXe siècle, quand des flèches encore plus hautes (Cologne, Ulm, Rouen) apparaissent avec le mouvement néo-gothique. Qualifiée de « prodige du gigantesque et du délicat » par Victor Hugo, il faut gravir cent soixante marches pour arriver en haut. Bâtie à l’aide d’un ingénieux système de roues et de treuils qui permet de monter efficacement les matériaux, une seule flèche est achevée, faute d’argent et de motivation, d’où cette flèche unique qui couronne encore la place de la cathédrale aujourd’hui. Sa façade est un chef-d’œuvre de l’art gothique, notamment par son immense rosace. Le jeu de lumière rendu par le grès des Vosges, entre l’ocre et le rose, lui donne un charme particulier. De nombreuses sculptures parsèment aussi l’intérieur, tels le Pilier des Anges ou celui du Jugement Dernier. Ses vitraux comptent parmi les mieux conservés du pays, il s’agit du plus grand ensemble après celui de Chartres ; on y découvre par exemple un cycle qui représente les empereurs du Saint-Empire Romain Germanique. L’éclairage de nuit est aussi une merveille à regarder, il met vraiment le bâtiment en valeur.

L’année 1527 a marqué un tournant historique pour la cathédrale puisque l’avènement de la Réforme fait d’elle un temple protestant. C’est à cette époque que fut construit l’un de ses trésors : une grande horloge astronomique, l’une des sept merveilles du monde germanique de l’époque. Elle fonctionne encore aujourd’hui et réalise un tour par an, même lors des années bissextiles. Le mécanisme demande toutefois beaucoup d’entretien. Un autre joyau de la cathédrale est son orgue dit « en nid d’hirondelle », car il est suspendu entre deux piliers. Autrefois à pédale, il est aujourd’hui actionné par un moteur électrique, ce qui ne l’empêche pas d’être le plus vieux du monde (au niveau de sa partie inférieure).

Véritable emblème de la ville, elle a une place à part dans le cœur des Strasbourgeois et est l’un des premiers endroits visités par les touristes qui découvrent la ville. Elle attire chaque année quatre millions de visiteurs, c’est la deuxième cathédrale la plus visitée de France après Notre-Dame de Paris. Strasbourg est connue pour son œcuménisme, c’est-à-dire que de nombreuses religieux y coexistent en paix, du fait de son histoire qui l’a faite passer plusieurs fois du catholicisme au protestantisme, de la présence d’une importante communauté juive et bien entendu du droit local qui fait des ministres du culte des fonctionnaires. Il flotte une aura de spiritualité dans la cathédrale que tout le monde peut apprécier, croyant ou non.

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Vue de la cathédrale de face et de profil

Crédit photo : a french hetalian (novembre 2019)

La Marseillaise, un hymne français strasbourgeois Contrairement à ce que son nom semble indiquer, l’hymne de la France vient bien du nord du pays et a été écrit à Strasbourg-même. Rouget de Lisle, un officier jurassien en poste dans la cité alsacienne, compose le « Chant de Guerre pour l’Armée du Rhin » dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 dans la maison du maire Dietrich – ce dernier avait organisé un concours pour imaginer un chant qui galvaniserait les troupes. Il fait suite à la déclaration de guerre de la France à l’Autriche intervenue quelques jours plus tôt. Capitaine du génie militaire, il défendait le maintien d’une monarchie constitutionnelle. Rouget de Lisle est aussi un journaliste – il écrit de nombreux articles pour La Feuille de Strasbourg – et un compositeur qui rencontre un petit succès dans la cité. L’homme semble donc tout trouvé pour créer un chant guerrier qui pourrait exalter les troupes. Il trouverait son inspiration dans des affiches révolutionnaires collées sur les murs de la cité, mais aussi chez Boileau et Eschyle. Certains avancent même que la musique serait inspirée du Concerto pour piano n°25 de Mozart, ce qui est ironique pour un chant à l’origine tourné contre les Autrichiens. En août 1792, les Marseillais qui participent à l’insurrection des Tuileries reprennent ce chant devenu fameux et il devient chant national le 14 juillet 1795. Après une période où « La Marseillaise » est boudée par la Restauration, elle réapparaît à la Révolution de Juillet de 1830, où le célèbre compositeur Hector Berlioz lui dédie une version musicale encore en cours aujourd’hui. Connue dans le monde entier, on la retrouve même dans l’Ouverture de 1812 de Tchaïkovski. Elle est définitivement

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adoptée comme hymne national par la IIIe République en 1887, hymne réaffirmé par les Constitutions de 1946 et 1958. Extrait (premier couplet et refrain) : Allons enfants de la Patrie, Le jour de gloire est arrivé ! Contre nous de la tyrannie, L'étendard sanglant est levé, (bis) Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras Égorger vos fils, vos compagnes ! Aux armes, citoyens, Formez vos bataillons, Marchons, marchons ! Qu'un sang impur Abreuve nos sillons !

Rouget de Lisle chantant la Marseillaise pour la première fois

Isidore Pils (1849) Huile sur toile

Musée historique de Strasbourg Crédit photo : Musée historique de Strasbourg

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Le Quartier de la Petite France

Avec son charme bucolique indéniable, ce quartier situé au sud-ouest de la Grande Île, à proximité de la gare et du centre-ville est l’endroit le plus touristique et visité de la capitale alsacienne. Avec ses nombreux canaux, elle permet à Strasbourg de rejoindre la liste des villes souvent comparées à Venise. Il s’agit de l’ancien quartier des meuniers, pêcheurs et tanneurs, qui a été classé en 1988 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Son nom lui vient de son histoire : un hôpital se tenait auparavant dans le quartier et il accueillait les soldats français qui propageaient une maladie vénérienne, la syphilis ou « mal français ».

Cinq bras de la rivière se séparent aux Ponts Couverts, qui surplombent le paysage avec leurs quatre tours. Le quartier très bien conservé avec de nombreuses maisons anciennes aux façades colorées. La place Benjamin Zix par exemple offre un espace calme et ombragé de platanes avec de pittoresques maisons à colombage du XVIe siècle. Le barrage Vauban construit sous Louis XIV par le maréchal éponyme constituait une défense supplémentaire à la plus grande place forte d’Europe : une fois les vannes fermées, l’eau ne passait plus et se déversait dans les champs environnants, embourbant les ennemis et les affaiblissant considérablement.

Vue sur l’Ill dans le quartier de la Petite France

Crédit photo : a french hetalian (novembre 2019)

Le plus vieux Marché de Noël de France

Tradition germanique, le marché de Noël de Strasbourg trouve son origine en 1570, où un marché dédié à Saint Nicolas (Klausenmärik) est annulé suite à la critique véhémente d’un pasteur protestant. La cité rhénane, alors un grand centre de la Réforme mais dominée par la classe bourgeoise qui a grand intérêt à maintenir la foire, décide de déplacer ce marché aux six jours avant Noël. Il devient le Marché de l’Enfant Jésus (Christkindelsmärik) et la tradition s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui. Il est l’un des plus vieux d’Europe, le plus ancien de France et rassemble chaque année deux

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millions de visiteurs, qu’ils soient Alsaciens ou étrangers. On y rencontre des Américains, des Japonais, des Autrichiens, en bref des gens du monde entier ! Sa durée est passée à cinq semaines au milieu du XIXe siècle et il débute désormais à la mi-novembre. La société de consommation lui donne même un second souffle après quelques essoufflements au XXe siècle. En 1986, le marché de Noël de Kaysersberg est reconstitué, avant ses homologues alsaciens dont Strasbourg qui fleurissent encore plus et gagnent en popularité au-delà de la région. Mais le marché ne s’est quasiment jamais arrêté, même pendant l’Occupation. En 1992, Jean-Jacques Gsell, adjoint au maire, réorganise le marché de Noël et imagine cette succession de quatorze petits villages sur les différentes places de la Grande Île, faisant de Strasbourg la capitale de Noël.

Des centaines de personnes travaillent ensemble pour permettre la

manifestation de cette convivialité toute alsacienne. L’esprit de Noël, bien que gagné par un côté touristique, a su protéger son origine artisanale et se promener parmi les chalets en bois est une expérience onirique et chaleureuse. Le Carré d’Or attire notamment les visiteurs par ses illuminations. Le marché de Noël propose des produits traditionnels : des décorations de tout type, des ouvrages artisanaux à l’instar des poteries en grès de Betschdorf, ainsi que nombres de spécialités comme les bredele, de petits gâteaux de Noël alsaciens, le pain d’épices, la choucroute, les tartes flambées, sans oublier le vin chaud ! A consommer avec modération bien sûr ~ La ville possède aussi une caractéristique unique : cité tournée vers l’ouverture et le partage, elle accueille chaque année sur la place Gutenberg un pays qui présente ses traditions de Noël et ses produits typiques. L’invité de 2017 était par exemple l’Islande, suivi par la Finlande et le Liban les deux années qui suivirent.

Vue du marché de Noël avec le sapin Place Kléber, la Place de la Cathédrale et la Place Broglie

Photograph credit: a french hetalian (December 2019)

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Sources :

Archives de la ville et de l’eurométropole de Strasbourg (no date) Les symboles de Strasbourg. Strasbourg cedex : Archives de la ville et de l’eurométropole de Strasbourg [online]. Disponible à : https://archives.strasbourg.eu/n/les-symboles-de-strasbourg/n:285 [Consulté le 13 octobre 2019] (français)

Cityzeum (no date) Petite France – Strasbourg. Avignon : cityzeum.com [online]. Disponible à : https://www.cityzeum.com/petite-france-strasbourg [Consulté le 30 novembre 2019] (français)

CROUVEZIER, F., (2018) Il était une fois Strasbourg : retour dans les passés marquants de notre ville. Strasbourg : Pokaa.fr [online]. Disponible à : https://pokaa.fr/2018/10/21/il-etait-une-fois-strasbourg-retour-dans-les-passes-marquants-de-notre-ville/ [Consulté le 02 novembre 2019] (français)

Invité Pokaa (2018) Il était une fois… les origines du marché de Noël de Strasbourg. Strasbourg : Pokaa.fr [online]. Disponible à : https://pokaa.fr/2018/11/23/il-etait-une-fois-les-origines-du-marche-de-noel-de-strasbourg/ [Consulté le 30 novembre 2019] (français)

Jds (2019) Quartier de la Petite France – Strasbourg. Mulhouse : jds.fr [online]. Disponible à : https://www.jds.fr/strasbourg/quartier-remarquable/quartier-de-la-petite-france-7641_L [Consulté le 30 novembre 2019] (français)

Musée alsacien de Strasbourg

Musée historique de la ville de Strasbourg.

Musées de la ville de Strasbourg (2019) Rouget de Lisle chantant la Marseillaise pour la première fois. Strasbourg : musees.strasbourg.eu [online]. Disponible à : https://www.musees.strasbourg.eu/oeuvre-du-musee-historique/-/entity/id/220286 [Consulté le 30 novembre 2019] (français)

Office du tourisme de Strasbourg et de sa région (2019) La Petite France. Strasbourg : visitstrasbourg.fr [online]. Disponible à : https://www.visitstrasbourg.fr/decouvrir-strasbourg/les-incontournables/la-petite-france/ [Consulté le 30 novembre 2019] (français)

Office de tourisme de Strasbourg et de sa région (2019) Le marché de Noël – Une success story de 1570 à nos jours. Strasbourg : noel.strasbourg.eu [online]. Disponible à : https://noel.strasbourg.eu/le-marche-de-noel-une-success-story-de-1570-a-nos-jours [Consulté le 30 novembre 2019] (français)

Eurotalia – 2019

Site de la Présidence de la République (no date) La Marseillaise de Rouget de Lisle. Paris : elysee.fr [online]. Disponible à : https://www.elysee.fr/la-presidence/la-marseillaise-de-rouget-de-lisle [Consulté le 29 novembre 2019] (français)

Visites privées (2016) La cathédrale de Strasbourg – Visites privées. YouTube : Visites privées [online]. Disponible à : https://www.youtube.com/watch?v=gwFub_7BcOE [Consulté le 25 octobre 2019] (français)

Visites privées (2017) La Marseillaise – Visites privées. YouTube : Visites privées [online]. Disponible à : https://www.youtube.com/watch?v=k7XlLfp6shI [Consulté le 29 novembre 2019] (français)

Visites privées (2016) Le marché de Noël – Visites privées. YouTube : Visites privées [online]. Disponible à : https://www.youtube.com/watch?v=aFK6Ma548Hk [Consulté le 30 novembre 2019] (français)

Visites privées (2016) Le palais Rohan – Visites privées. YouTube : Visites privées [online]. Disponible à : https://www.youtube.com/watch?v=UOXWmSjvzKQ [Consulté le 30 novembre 2019] (français)