2012 - n°321 Pour une agriculture Jean-Yves Lyonnet...

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JUILLET-AOÛT 2012 - n°321 Édito Pour une agriculture paysanne intensive dans l'utilisation des ressources renouvelables L’environnement à toutes les sauces ? L’intensification agricole n’a cessé de dégrader l’en- vironnement. Avant, on ne le savait pas ou si peu ; c’était le progrès. De nos jours, le sujet est convenu et il faut mettre en avant sa bonne foi environnemen- tale. Après le sommet de Rio en 1992, le développe- ment et l’agriculture sont devenus « durables » avec la mise en place de mesurettes comme le recyclage des emballages plastiques. La distribution a inventé son concept marketing d’agriculture raisonnée où il suffit d’enregistrer ses pratiques. Le monde de la recherche a sa version pas très claire d’une agricul- ture « écologiquement intensive » ou d’une agricul- ture de « conservation » friande d’herbicides. Quant à l’agriculture biologique, son cahier des charges est tiré vers le bas. Il n’est pas pour autant question de discréditer les paysans qui s’engagent avec sincérité mais d’être lucides sur la capacité du système écono- mique libéral à récupérer les alternatives pour faire du « business vert ». Sur un plan politique, les bonnes intentions n’ont pas résisté au laxisme et à la démagogie : « l’envi- ronnement, ça commence à bien faire ». Les repré- sentants de la profession, obsédés par la course à la production et à la compétitivité mondiale, oscillent entre des discours lénifiants : « les agriculteurs sont les meilleurs gestionnaires de l’environnement et offrent aux consommateurs la meilleure protection » et des discours parfois intégristes. Les difficultés du commissaire européen Dacian Ciolos pour verdir la PAC à la marge en sont une illustration. Avec la raré- faction des matières premières et des énergies fos- siles, le modèle productiviste, destructeur d’emplois, a vécu même s’il poursuit sa fuite en avant (OGM, gaz de schiste, agrocarburants, usines à vache, etc.). Ce constat vaut aussi pour tous les choix de société. L’orientation vers une agriculture paysanne, auto- nome, économe et productive est inéluctable. Ce changement est d’abord politique et culturel. Pré- parer l’avenir et nous y sommes avec les prochaines élections Chambre d’agriculture, suppose de se gar- der de tout déni de réalité et aussi de catastrophisme. Jean-Yves Lyonnet, paysan à Balbigny Dossier pages 6-7-8 "En agriculture paysanne, l'autonomie passe par l'introduction des légumineuses et la valorisation des engrais de ferme" CHAMBRE D'AGRICULTURE MONTS DU FOREZ DE FERME EN FERME Élections : soyez inscrits sur les listes ! par E. Roy, page 5 Se battre pour un projet de territoire à long terme par B. Drevet-Odouard, page 2 Un beau bilan 2012 par M. Granjon et C. Massardier, page 9 ADDEAR Programme des formations 20012 page 10

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JUILLET-AOÛT 2012 - n°321

Édito Pour une agriculture paysanne intensive dans l'utilisation des ressources renouvelables

L’environnement à toutes les sauces ?L’intensification agricole n’a cessé de dégrader l’en-vironnement. Avant, on ne le savait pas ou si peu ; c’était le progrès. De nos jours, le sujet est convenu et il faut mettre en avant sa bonne foi environnemen-tale. Après le sommet de Rio en 1992, le développe-ment et l’agriculture sont devenus « durables » avec la mise en place de mesurettes comme le recyclage des emballages plastiques. La distribution a inventé son concept marketing d’agriculture raisonnée où il suffit d’enregistrer ses pratiques. Le monde de la recherche a sa version pas très claire d’une agricul-ture « écologiquement intensive » ou d’une agricul-ture de « conservation » friande d’herbicides. Quant à l’agriculture biologique, son cahier des charges est tiré vers le bas. Il n’est pas pour autant question de discréditer les paysans qui s’engagent avec sincérité mais d’être lucides sur la capacité du système écono-mique libéral à récupérer les alternatives pour faire du « business vert ».Sur un plan politique, les bonnes intentions n’ont pas résisté au laxisme et à la démagogie : « l’envi-ronnement, ça commence à bien faire ». Les repré-sentants de la profession, obsédés par la course à la production et à la compétitivité mondiale, oscillent entre des discours lénifiants : « les agriculteurs sont les meilleurs gestionnaires de l’environnement et offrent aux consommateurs la meilleure protection » et des discours parfois intégristes. Les difficultés du commissaire européen Dacian Ciolos pour verdir la PAC à la marge en sont une illustration. Avec la raré-faction des matières premières et des énergies fos-siles, le modèle productiviste, destructeur d’emplois, a vécu même s’il poursuit sa fuite en avant (OGM, gaz de schiste, agrocarburants, usines à vache, etc.). Ce constat vaut aussi pour tous les choix de société. L’orientation vers une agriculture paysanne, auto-nome, économe et productive est inéluctable. Ce changement est d’abord politique et culturel. Pré-parer l’avenir et nous y sommes avec les prochaines élections Chambre d’agriculture, suppose de se gar-der de tout déni de réalité et aussi de catastrophisme.

Jean-Yves Lyonnet, paysan à Balbigny

Dossier pages 6-7-8

"En agriculture paysanne, l'autonomie passe par l'introduction des légumineuses et la valorisation des engrais de ferme"

CHAMBRE D'AGRICULTURE MONTS DU FOREZ DE FERME EN FERME

Élections : soyez inscrits sur les listes !

par E. Roy, page 5

Se battre pour un projet de territoire à long terme

par B. Drevet-Odouard, page 2

Un beau bilan 2012

par M. Granjon et C. Massardier, page 9

ADDEAR

Programme des formations 20012

page 10

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321Solidarité Paysanne2

VIE DU SYNDICAT

BrèvesUn agriculteur bio sur

deux vend en circuit courtPlus d'une exploitation bio sur deux a pra-tiqué la vente en circuit court contre une sur cinq en conventionnel, en 2009-2010, selon l'analyse d'Agreste publiée le 14 juin. Marchés et vente de paniers arrivent en tête. Ils sont en moyenne plus jeunes et plus formés qu'en conventionnels : chez les moins de 40 ans, un agriculteur bio sur deux a un diplôme de l'enseignement supérieur général ou agricole en bio alors qu'ils sont moins d'un sur trois en conven-tionnel. Les exploitations bio génèrent, hors considération de revenus, plus d'emplois : ils représentent 5 % du temps de travail agricole en 2009-2010 alors qu'ils cultivent 3,5 % de la SAU.(Agrafil, 15 juin 2012)

Lobbying pour enfantsPassion Céréales, association de l’interprofession céréalière qui a pour objectif « de faire connaître au grand public les bienfaits des céréales et les produits qui en sont issus », vient de publier une série de supports pédagogiques à destination des écoles maternelles. Au programme : un autocollant « Very Important Paysan » ou encore un poster pour « découvrir les utilisations non alimentaires des céréales », telles que les agrocarburants… (Transrural initiatives, n°417, juin 2012)

Mensonge« Quand les mousquetaires s’engagent pour une pêche responsable, ce n’est pas un coup d’épée dans l’eau », annonçait en 2011 le groupe Les Mousquetaires-Intermarché. La publicité vantait des poissons d’eaux profondes pêchés au chalut de façon « éco-responsable ». Pour l’association pour la conservation marine Bloom, qui a porté plainte pour publicité mensongère à l’encontre du groupe : « Ecologiser des pois-sons capturés avec des engins équivalents à des bulldozers sous-marins, déployés sur des espèces et dans des milieux très vulnérables […] c’est aller trop loin ». (Transrural initiatives, n°417, juin 2012)

Le prix des forêts s’envole

Le prix des forêts a augmenté de 11 % en un an et de… 160 % en quinze ans.Les banques et les assurances sont de plus en plus présentes sur les propriétés de plus de cent hectares ; elles représentent 29 % des surfaces acquises en 2011. Globale-ment, le prix moyen varie de 6 000 euros dans le Bassin Parisien à 2 500 euros dans le Sud-Ouest. La hausse est largement liée à une défiance de la bourse et à une peur de la crise de l’euro, sans parler de l’incidence « compensation écologique » du commerce des droits carbone : ça peut payer… (Campagnes Solidaires, n°274, juin 2012)

Brèves sélectionnées par Gaby Rousset

La Confédération paysanne continue son travail de ter-rain sur les Monts du Forez Les militants de la Confédération paysanne multiplient les démarches auprès des élus et des administrations concernés par les problèmes de la coopérative des Monts du Forez.

L es paysans des Monts du Forez subissent depuis plus d’un an les difficultés de

la fromagerie de Sauvain Forez Fourme. Après la mise en liqui-dation judiciaire en janvier, une solution d’urgence pour collecter le lait produit sur les fermes avait été trouvée dans un contrat avec une laiterie italienne Inalpi, contrat rompu début juin.Depuis, le lait est vendu au jour le jour sur le marché intérieur à un prix très en dessous des coûts de production, de l’ordre de 210 € la tonne. Pour rappel, en 2009, le très sérieux institut de l’élevage avait jugé une rémunération décente du travail de l’agriculteur avec un prix du lait autour de 380 € la tonne.

La Confédération paysanne sou-haite s’appuyer sur le tout nou-veau cahier des charges AOC1 de la Fourme, pour valoriser au mieux, avec une étiquette garantie locale et de qualité, le lait de la zone sous quelque forme que ce soit (brique, fourme, fromages frais, etc.). Des contacts ont été pris avec divers fromagers et distributeurs locaux, soucieux de cette crise et prêts à participer à une nouvelle dyna-mique.

Elle mobilise donc les soutiens des politiques et des administrations, qui avec le discours du nouveau gouvernement, ne peuvent qu’être à l’écoute des revendications quand celles-ci concernent l’em-ploi salarié et paysan au cœur d’un territoire difficile.

Les paysans de la Confédération paysanne de la Loire ont échangé avec le vice président chargé de l’agriculture au Conseil Régional, Mr Grégoire, et obtenu la connais-sance complète du dossier et de la progression des négociations avec les potentiels repreneurs.

Ils ont aussi travaillé avec Mme La Préfète et le directeur de la DDT2. Ils les ont alertés sur l’urgence des né-gociations -les paysans sont extrê-mement fragilisés financièrement et humainement-, pour exposer

leurs avancées et demander un soutien d’animation du territoire par l’Etat. Ils ont annoncé à cette occasion vouloir participer sous condition de lisibilité à la solidarité proposée en dernière minute, via la contribution volontaire sur le prix du lait. Lors d’une rencontre à la Chambre d’agriculture de la Loire, ils ont demandé à Mr Vial, président, le portage des négociations par la Chambre d’agriculture en toute transparence.Puis, c’est Mr le Ministre Stéphane Le Foll que des élus nationaux du syndicat paysan ont rencontré le 19 juillet dernier, avec entre autres le dossier forézien. Le Ministre est apparu soucieux du dossier et sen-sible à nos propositions.

La Confédération paysanne refuse de voir les Monts du Forez se vider de ses producteurs laitiers et de ses paysans en général. Elle poursuivra son travail pour aider à faire émer-ger un ou plusieurs projets écono-miques. La Confédération paysanne se bat pour un projet de territoire à long terme, une solidarité et un soutien humain pour leurs collè-gues du Forez.

Blandine Drevet-Odouard, paysanne à St Genest Malifaux

1 Appelation d'Origine Contrôlée2 Direction Départementale des Territoires

La Conf’ était présente• A la Commission Départemen-tale de la Consommation des Espaces Agricoles, le 3 juillet 2012.

• A la réunion de la section plénière de la CDOA, à la DDT de la Loire à St Etienne, le 5 juillet 2012.

• A la réunion de la section Eco-nomie-Structures de la CDOA, à la DDT de la Loire à St Etienne, le 19 juillet 2012.

• A la première réunion du co-mité de pilotage Dynamique des emplois agricoles sur le Pilat, à la Communauté de Communes des Monts du Pilat, le 23 juillet 2012.

• A une réunion FRPL, au sujet de la coop des Monts du Forez et les cotisations volontaires, le 24 juillet 2012.

• A une réunion d’information au sujet de la coop des Monts du Forez, à la Chambre d’agriculture de la Loire à Feurs, le 25 juillet 2012.

• A une réunion FMB, à Commu-nay (69), le 30 juillet 2012.

•  A une réunion téléphonique FRPL, le 2 août 2012.

La Conf’ a rencontré• Fabienne Buccio, Préfète de la Loire, au sujet de la coop des Monts du Forez, le 17 juillet 2012.

• La Chambre d’agriculture de la Loire et son président Ray-mond Vial, au sujet de la coop des Monts du Forez, le 19 juillet 2012.

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321 Solidarité Paysanne 3

VIE DU SYNDICAT

La ferme des 1 000 vaches verra-t-elle le jour ?C’est bien la question que beaucoup se posent après la manifestation qui a réuni 1000 personnes le samedi 23 juin à Amiens (80). Une délégation emmenée par l’association Novissen a été reçue par le Préfet qui n’aurait toujours pas pris sa décision. Mais de source sûre, l'usine à vaches ne pourra avoir la précieuse autorisation tant que son plan d'épandage ne sera pas bouclé.

L ’affaire semblait pourtant bien engagée pour notre entrepreneur Ramery qui au-

rait convaincu quelques décideurs autour de son projet complètement démesuré et totalement fou. Il faut dire que les promoteurs du projet auraient sillonné les campagnes environnantes pour proposer aux éleveurs laitiers de céder leurs quotas (et la possibilité d'épandre sur leurs surfaces) contre 2 000 € par mois jusqu'à la retraite, pro-position somme toute assez dif-ficile à refuser… La Conf' contrai-

rement au reste du monde agricole s’est dite, dès le départ, opposée à ce projet. Contrairement aux autres syndicats, nous avons régu-lièrement apporté notre soutien à l’association locale et alerté sur la dangerosité de laisser faire un pas de plus dans l’industrialisation de la production laitière et la nécessité de promouvoir, à l’inverse, le main-tien d'une production répartie sur tous les territoires dans des fermes à taille humaine garantes d’une production équilibrée et répondant aux enjeux d’emploi, d’environne-ment et de qualité d’une produc-tion liée au sol.

L’absence remarquée des autres syndicats nous semble normale pour la FNSEA1 qui a toujours soutenu de tels projets au détri-ment des paysans. Mais elle l’est moins pour les JA2. Leur absence nous étonne même franchement

car si demain cette ferme usine devait sortir de terre, elle aurait un impact catastrophique sur les ins-tallations de jeunes en production laitière. L’attitude de certains élus locaux qui ne prennent pas position mais aussi celle des socialistes qui voient dans ce projet une solution pour éviter la disparition de la pro-duction locale de lait nous sidère. De telles installations peuvent voir le jour maintenant à cause de

l’abandon des politiques publiques de gestion des quotas et de la mise en place des fameuses SCL3 qui, dans les faits, permettent à des pro-ducteurs de transférer leur quotas à des structures sociétaires sans participer à la production. C’était une dérive possible que nous avions dénoncée dès leur création.Mais la réponse la plus attendue est celle de notre fraîchement investi Ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll. Depuis sa prise de fonction, il suscite l'espoir d’un changement de méthode mais surtout de nouvelles orientations politiques pour l’avenir des pay-sans dans les prochains mois.

Antoine Jean, porte-parole régional

de la Conf’ Nord Pas-de-Calais 1 Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles2 Jeunes Agriculteurs3 Sociétés Civiles Laitières

La Conf’ a régulièrement alerté sur la dangerosité de laisser faire un pas de plus dans

l’industrialisation de la production laitière

TOUS au tribunal correctionnel de St Etienne le jeudi 4 octobre prochain à 13h30 pour sou-tenir les 9 paysans assignés par les OPA pour avoir déversé le « lait de la colère » le 21 septembre 2009 à la Cité de l’Agriculture de la Loire.

Contribution volontaire de solidarité : refusons que les producteurs seuls payent les pots cassés ! Vous avez reçu une demande pour une contribution volontaire de solidarité pour soutenir les producteurs en difficulté de collecte (coop des Monts du Forez).

La Confédération paysanne soutient l’idée d’une contribution volontaire, sans en créer une de plus sur nos payes de lait. En utilisant les fonds existants du CNIEL1, l’ensemble de la filière peut être solidaire. Pour rappel, le CNIEL est financé par les CVO2 payées par tous les producteurs sur les litres de lait vendus (pour 2/3 du budget), et par une participation des industriels coopératifs et privés (1/3).

Le CNIEL peut abonder sur des problèmes collectifs pour aider les producteurs. Nous en avons la confir-mation de la part des services de l’Etat.

Refusons que les producteurs seuls payent les pots cassés ! Refusez de payer la contribution volontaire ! Merci de diffuser cette démarche de la Conf’, solidaire des producteurs de la coop des Monts du Forez.1 Centre National Interprofessionnel de l'Économie Laitière2 Cotisations Volontaires Obligatoires

Nous devons trouver une so-lution pour sauver les pay-sans, d'autant que l'histoire qui se déroule dans le Forez semble se développer dans les quatre coins de France.

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321

VIE DU SYNDICAT

Solidarité Paysanne4

Aux tournesols, citoyens ! Inspection citoyenne et fauchage symbolique de tournesol muté.

C ’est le 14 juillet dernier que les Faucheurs Volon-taires et la Confédération

paysanne Rhône-Alpes ont appelé à une mobilisation citoyenne pour remettre sur la table la question des plantes mutées. Cet appel au débat avait d’ailleurs été bien lancé puisque deux jours avant, la FDSEA2 38 éditait un communiqué dénon-çant cette journée d’action, tout en développant une série d’argu-ments qui n’ont rien à envier à ceux de Pioneer et BASF, et sur lesquels nous reviendrons.

Cette « Route du TOURnesol » démarra à Auberives (38), à une dizaine de kms au Sud de Vienne. Environ 120 personnes avaient bravé les bouchons de la Vallée du Rhône pour s’y retrouver, sous l’œil « protecteur » de 40 gen-darmes. Plus à l’intérieur des terres iséroises, il y avait eu en 1997 le fauchage

du colza OGM à St Georges d’Espé-ranche et les procès des trois de St Georges, et en 2007 tout près d’ici les mobilisations contre les essais et les cultures de maïs OGM. Et puis en juillet 2011, le rassemble-ment citoyen de St Georges à Feyzin qui s’était terminé par un fauchage symbolique de tournesol OGM.

A remarquer que cette observation est plus difficile cette année car les herbicides de pré-levée ont été très efficaces grâce à l’humidité du sol au printemps dernier, et que la plupart des champs de tournesol conventionnel sont souvent très propres.

Deux parcelles semées avec ces variétés furent ainsi détectées, et les participants à cette inspection procédèrent à un arrachage sym-bolique d’un plant de tournesol qui fut ensuite emmené à un silo du groupe « la Dauphinoise » dont les grilles furent fleuries de fleurs OGM. Jean Vuillet (président de la Confé-dération paysanne Rhône-Alpes) rappela que plusieurs demandes de rencontre avaient été faites au président de la coopérative agri-cole dauphinoise, qu’elles étaient toujours lettre morte, et qu’il fau-dra envisager d’autres moyens pour connaître les intentions et projets de ce groupe qui se dit « coopé-ratif ». Par ailleurs, de nombreux paysans ont mis en place des cahiers des charges pour une alimentation sans OGM de leurs animaux, ajoute-t-il. Comment les garantir quand il n’y a pas de traçabilité ? Nos responsables politiques doivent se positionner. La Région Rhône-Alpes a prévu un débat à l’automne sur les plantes mutées. Les Faucheurs Volontaires

appellent le gouvernement à inter-venir pour que les plantes mutées bénéficient enfin d’une évaluation sanitaire et environnementale. C’est une urgence environnementale, so-ciale et de santé publique.Guy Germain (Conf’ 38) proposa de lancer un appel au boycott de l’huile de tournesol industrielle, seul moyen pour lui de résister à l’enva-hissement de ces variétés dans nos assiettes.

Le rassemblement se prolongea en-suite par un pique-nique convivial à Auberives. Il faudra sans doute encore de nombreuses mobilisa-tions pour faire reconnaître nos droits de paysans et de consom-mateurs à une agriculture et à une alimentation sans OGM.

Jean-Luc Juthier, paysan à Maclas

1 Organismes Génétiquement Modifiés2 Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles

Cette journée du 14 juillet se voulut d’abord pédagogique. Pourquoi ce tournesol qui colonise nos champs (30 à 50 % des surfaces de cette culture cette année) est un OGM1 ? Comment le reconnaître ? ■ Oui, ces variétés de tournesol obtenues par mutagénèse sont bien des OGM, et sont considérées comme telles par la directive européenne, sauf qu’elle les exclut de son champ d’application. Ce sont des semences et des plantes soumises en laboratoire à des mutations incitées. On trans-forme artificiellement leurs gènes en projetant des rayons X, des agents chimiques ou des pesticides. Et ces technologies de manipulation géné-tique qui les rendent résistantes à un herbicide font bien l’objet d’un bre-vet.■ Comment les reconnaître ? Il faut savoir d’abord que les variétés conventionnelles ne peuvent être désherbées chimiquement après la levée de la culture. Une variété tolérante mutée peut l’être jusqu’au stade deux à six feuilles en utilisant l’herbicide qui va avec. Si l’on trouve des adventices mortes au pied des tiges de tournesol, c’est qu’il y a eu un dés-herbage de post-levée, et qu’il s’agit bien d’un tournesol muté.

Les technologies de manipulation génétique par

mutagénèse qui rendent les plantes

résistantes à un herbicides sont bien

des OGM qui font l’objet d’un brevet

Ce tournesol OGM colonise nos champs :

30 à 50 % des surfaces cette année

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321 Solidarité Paysanne 5

VIE DU SYNDICAT

Elections Chambre d'agriculture : vérifiez rapidement votre inscription sur les listes électorales !

C omme pour tous les syn-dicats, les élections pro-fessionnelles sont un mo-

ment clef. Le résultat des élections donnera à une équipe la possibilité de :

■ peser sur l'orientation de l'agri-culture ■  définir les représentations dans les instances de décision locales et nationales■  bénéficier de financements pu-blics indispensables pour un travail efficace de terrain

La Conf’ de la Loire présentera des listes dans deux collèges : ■ celui des exploitants (21 titu-laires + 2 suppléants) ■ celui des retraitésVous avez jusqu'à fin septembre pour vérifier que vous et vos voisins sont bien inscrits sur les listes élec-torales de votre commune. Tous les installés avant le 25 novembre 2012 doivent être inscrits pour voter.

Malgré le changement de gou-

vernement, le scrutin départe-mental des élections Chambre reste un scrutin injuste puisque la proportionnelle intégrale deman-dée par la Conf’ nationale n’a pas été retenue. Le scrutin permettra donc, comme avant, à la liste arri-vée en tête de rafler la moitié des sièges+1 (11 sièges), seuls les 10 derniers sièges étant répartis à la proportionnelle (selon la méthode du plus fort reste et non plus de la plus forte moyenne).Nous pouvons juste nous réjouir du seuil de représentativité qui passe de 15 à 10 % et d'une meilleure parité (la liste doit être composée de 30 % de femmes).

La Conf' est le seul syndicat agri-cole français à défendre l'agri-culture paysanne : une agriculture à taille humaine, respectueuse des

hommes et de la terre, créatrice d'emplois, soucieuse du droit des peuples à la souveraineté alimen-taire. Il est important que la plura-lité des opinions s'exprime et que la diversité s'affiche.

Pour faire entendre sa voix, la Conf' a besoin du vote de chacun d'entre vous !

Elisabeth Roy

Les élections ont à nou-veau lieu par correspon-dance du 15 au 31 janvier 2013.

Cotisants solidaires, inscrivez-vous !La Conf’ incite fortement les cotisants solidaires à dé-poser des demandes d’inscription sur ces listes. En effet, le syndicat se bat pour la reconnaissance de ce statut agricole et notamment pour l’accès au droit de vote aux élections professionnelles. Et au regard des dernières élections politiques nationales, elle a bon espoir que cela aboutisse.

Un collectif travaille à la préparation de ces élections (bilan, projet de la Conf’, composition de la liste). Nous vous invitons le lundi 10 sep-tembre prochain à 20h30 au bureau à Feurs.

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Paysan fraîchement installé ravi d’avoir participé à l’AG de la Conf’ nationale

C e matin du 20 juin 2012, l'Assemblée Générale de la Conf’ nationale débute

avec, dans les esprits de beaucoup de militants, l'espoir lié au très récent changement du paysage politique français. L'arrivée au pou-voir de ces nouveaux dirigeants va certainement entraîner des échanges beaucoup plus faciles, mais la route sera encore longue et difficile.

Au lendemain de ces élections, la Conf’ doit se mobiliser pour pour-suivre ce changement au sein du monde agricole avec l'arrivée des

élections Chambre d'agriculture en janvier 2013 (ce fut le thème prin-cipal de cette AG). En effet, dans la plupart des départements, des listes se constituent pour s'opposer à la FN-SEA1 qui a la mainmise sur la quasi-totalité des Chambres d'agriculture.

Cette AG a aussi été l'occasion de revenir sur diverses actions menées par la Conf’ en 2011, comme la mo-bilisation à Notre-Dame-Des-Landes (des paysans menacés d'expulsion à cause du projet de construction d'un aéroport qui, après 28 jours de grève de la faim, ont obtenu une suspension

pendant deux ans des expropriations). Toujours concernant le foncier (un thème aussi important de cette AG) : suite à la mobilisation de décembre 2010 à Lyon pour les 50 ans de la SAFER2, la Conf’ à obtenu la trans-parence de la publicité foncière, outil important pour aider les Conf’ dépar-tementales à informer les porteurs de projets dans leur recherche de foncier. Enfin, le thème de l'installation a aussi été abordé. Aujourd'hui, les installations dites « atypiques » sont en passe de devenir majoritaires dans beaucoup de départements (installation sur des productions « marginales », modes de production ou projets agronomiques innovants, avec un projet économique qui sort des circuits habituels, etc.). Un travail important doit être mené à ce ni-veau car la politique d'installation actuelle n'a pas su donner un cadre et un statut à ces projets encore considérés comme « hors normes ».Voilà les sujets qui m'ont semblé

les plus importants à faire ressortir, même si beaucoup d'autres ont été abordés lors de cette journée.

En tant que paysan fraîchement ins-tallé (2010), j'ai beaucoup apprécié d'avoir pu participer à cette AG. Même si je connais depuis longtemps la Conf’ pour ses idées et ai participé à quelques manifs, je ne connaissais presque rien de l'organisation interne du syndicat. Cette journée m'a per-mis de comprendre une partie de son fonctionnement. Surtout, j'ai croi-sé un grand nombre de paysans : comme une grande famille (tout le monde semble se connaître !) qui s'investit énormément en temps et en énergie pour la Conf’, pour nos intérêts et donc notre avenir à tous… Et ça, c'est très motivant !

Guillaume Vialette, paysan à Burdignes

1 Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles2 Société d'Aménagement Foncier et d'Éta-blissement Rural

Les valeurs portées par la Conf’ pour ces élections sont basées sur quatre thèmes principaux :

■ un revenu pour tous les paysans■ des prix rémunérateurs■ une répartition plus juste des aides■ une politique agricole pour les petits et moyens paysansCe changement de politique est de plus en plus nécessaire au vu du der-nier recensement agricole qui affiche une diminution de 160 000 paysans au cours de ces 10 dernières années !

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321Solidarité Paysanne6

Des agricultures face à l'enjeu environnementalNous vous proposons des approches non exhaustives de l’agriculture autour de la quête environnementale. Elles replacent l’agronomie au cœur des raisonnements en utilisant de manière intensive les ressources naturelles renou-velables et locales, que ce soit en système conventionnel ou en agriculture biologique. Chacun a ses vertus, ses dérives et le choix de telle ou telle méthode est personnel. L’enjeu est de nourrir neuf milliards d’individus d’ici 2050 (dont la moitié seront des paysans) avec une nourriture de qualité et un environnement préservé, mais aussi de faire vivre dignement les paysans de leur travail au Nord comme au Sud. C’est une démarche politique, sociale et écologique. C’est le projet que porte la Conf’ avec l’agriculture paysanne.

L ’agriculture paysanne qui a germé sur ce terreau se re-trouve aujourd’hui confron-

tée à de nouvelles propositions dont l’AEI1. Après avoir été traités de doux rêveurs en parlant d’envi-ronnement, voici que nos idées font des émules. Il est intéressant pour notre syndicat de réfléchir autour de nouvelles approches et d’en soupeser les conséquences, les bénéfices et les insuffisances.

Alors que l’agriculture raisonnée ar-rive en fin de vie après un fiasco re-tentissant, malgré les moyens englou-tis, nous sommes en présence d’un nouveau concept : l’AEI. Marcel Griffon, ancien chercheur du CIRAD2 se retrouve depuis quelques années au cœur de ce projet. La présentation qu’il en fait est séduisante : utiliser aussi intensément que possible tous les facteurs gratuits mis à notre disposition par la nature, voila qui rappelle les propositions de Marc Dufumier.

Le constat est sans appel : il faut ima-giner un système de « dopage » natu-rel avec des systèmes d’association de plantes. Seul problème : le mélange de variétés n’est pas souvent accepté et l’ordre établi ne supporte que les variétés dûment inscrites au cata-logue.

Comment va se comporter la PAC3 si le champ associe plusieurs produc-

tions : herbe, fruits, volailles, etc. ? Pourtant la synergie entre cultures sera un élément clef dans l’agriculture de demain. Marcel Griffon constate aussi que la Beauce n’utilise que 35 % de sa capacité de photosynthèse. Le sol doit toujours avoir un couvert et produire de la matière.

L’AEI a le vent en poupe et les Chambres d’agriculture (particuliè-rement dans l’Ouest de la France) s’emparent du sujet. De gros spon-sors tels que John Deer, les grandes coop, etc. soutiennent cette idée mais il faut constater que seules 80 personnes adhèrent à l’AEI. Malheu-reusement cette fois encore, le vers est dans le fruit. Les récupérateurs de bonnes idées agissent, trans-forment, oublient les actifs et repensent un système adapté aux seules bonnes terres. L’aménage-ment du territoire, la répartition des productions, la désindustrialisation de l’agriculture, la mise en valeur de

toutes les terres attendront.

Après la certification Haute Valeur Environnementale qui pourrait porter un rude coup aux signes de qualité et tromper une nouvelle fois les consommateurs (si nous n’arrivons pas à l’arrêter ou à la réorienter), voici l’AEI qui tombe dans le système. Les questions de fond posées il y a 30 ans sur le type d’agriculture et des façons de produire qui respectent les hommes et la nature trouvent des réponses.

A nous d’être vigilants et impliqués pour que ces démarches amènent une agriculture productive sur tous les territoires en veillant à ce que de nouvelles dérives ne remplacent pas les anciennes.

André Bouchut, paysan à Grammond

1 Agriculture Ecologiquement Intensive2 Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement3 Politique Agricole Commune

Agriculture écologique et intensive : attention aux dérives ! Réfléchir autrement l’agriculture, imaginer des solutions aux impasses, penser l’agriculture dans les territoires, c’est l’ambition de la Confédération paysanne.

Après la certification Haute Valeur

Environnementale, voici l’AEI qui tombe dans le système

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321 Solidarité Paysanne 7

AGRICULTURE - ENVIRONNEMENT

Des agricultures face à l'enjeu environnementalNous vous proposons des approches non exhaustives de l’agriculture autour de la quête environnementale. Elles replacent l’agronomie au cœur des raisonnements en utilisant de manière intensive les ressources naturelles renou-velables et locales, que ce soit en système conventionnel ou en agriculture biologique. Chacun a ses vertus, ses dérives et le choix de telle ou telle méthode est personnel. L’enjeu est de nourrir neuf milliards d’individus d’ici 2050 (dont la moitié seront des paysans) avec une nourriture de qualité et un environnement préservé, mais aussi de faire vivre dignement les paysans de leur travail au Nord comme au Sud. C’est une démarche politique, sociale et écologique. C’est le projet que porte la Conf’ avec l’agriculture paysanne.

Une agriculture intensément écologique… !

L a crise économique que nous subissons n’est que la révélation d’un système politico-socio-économique libéral en déliquescence qui est en train de craquer de toute part et que seuls les pro-

fonds changements pourront sortir de l’impasse et du chaos. Partant de ce constat, 18 chercheurs, journalistes, militants ont imaginé comment ils pourraient impulser le changement s’ils devenaient ministres. Parmi eux, le professeur émérite en agriculture comparée Marc Dufumier, mondialement connu, milite pour une agriculture intensément écologique : paysanne, familiale, économe et autonome, basée sur des circuits courts où il défend plus une cause qu’un modèle.

Les reproches qui pourront être faits aux gestionnaires de la politique agricole des 50 dernières années ne manqueront pas pour avoir accom-pagné les paysans dans une impasse en totale contradiction avec l’inté-rêt général. La peur d’avoir investi dans une voie sans issue pour l’homme gagne du terrain chez un nombre croissant d’accompagnateurs du modèle dominant qui s’interrogent.

La remise en cause du mode agricole en place passe par une réorien-tation de l’agriculture vers d’autres systèmes de production où seules les ressources renouvelables pourront être utilisées de manière intensive (éolien, rayons solaires, carbone du sol, azote de l’air, biomasse, assolements pluriannuels au détriment de la monoculture, généralisation des légumi-neuses, usage intensif de l’emploi rural, etc.).

L’agriculture doit devenir plus respectueuse de l’environnement, garan-tissant la qualité sanitaire des produits, créatrice d’emplois, assurant un revenu décent aux paysans, tout en stoppant l’exode rural.

Une répartition différente des aides à l’agriculture : il ne s’agit pas d’une administration rigide de l’agriculture mais d’interdire lorsque c’est dange-reux, de taxer lorsque c’est coûteux en énergie fossile, et de rémunérer lorsque c’est favorable à la qualité, la santé, la biodiversité…

La changement passera par une politique de prix des produits agri-coles rémunérateurs, soutenant une agriculture artisanale et mettant en valeur les territoires. Il y a dans ces propositions de nombreuses convergences d’analyses et de propositions avec celles de l’agriculture paysanne que porte notre confé-dération.

Jean-Claude Ker, paysan retraité à Feurs

Pour en savoir plus : Altergouvernement – Editions Le MuscadierFamine au Sud, Malbouffe au Nord – Editions du Nil

(article inspiré de l’article « Pour une agriculture intensément éco-logique » de Benoît Enouf – Transrural Initiatives n°416, mai 2012)

Comparaison des deux systèmesSystème intensif en 2000 Système bio en 2011

28 ha23 VL x 7050 = 162 150 l produitsinvestissements à faire pour mise aux normes silos60 000 € - 40 % subvention = 24 000 € (dépense effective : 36 000 €)annuité de 3 800 €

30 ha27 VL x 6520 = 176 040 l produitsinvestissements séchage en grange réalisé pour 35 UGB106 000 € - 20 % subvention - 15 900 € économie par auto-construction et 18 900 € par achat auto-chargeuse d’occasion (dépense effective : 50 000 €)annuité de 5 200 € (avec griffe qui sert aussi pour la distribution)

+ - + -investissement silo pas très lourd

■ 3800 l fuel ■  5 T ammonitrate = 15 000 l fuel■  12 T soja Brésil OGM = combien de pétrole ?■  utilisation produits phytos■  risque sanitaire à l’épandage, résidus dans les fourrages et la chaîne alimentaire■  45 €/UGB médicamentsérosion maïs et semis prairies l’été ■  parcelles éloignées et pentues mal valorisées pour la récolte

■ économie 1 800 l fuel avec ré-chauffeur solaire + économie 1 250 l ■ économie 5 T ammonitrate = 15 000 l fuel■  pas de produits phytos■ 25 €/UGB médicaments■ achat 6 T soja Italie ■ 6 T maïs plaine de Lyonseulement 2,5 ha labourés pour céréales■ parcelles éloignées et pentues : valorisées à 100 % avec récolte à l’auto-chargeuse

■ investissement lourd■ 2 000 KWh ventilo

→ possibilité de trouver en Rhône-Alpes mais acca-paré par les aliments volailles bio

Présentation de la ferme31 ha dont :

■ 11 ha de bonne terre des Monts du Lyonnais■ 17 ha séchants, peu profonds, plus ou moins pentus, plus ou moins la-bourables■ 2 ha à 60 km à 1 000 m d’altitude pour estiver 3 génisses pleines pen-dant 5 mois■  1 ha de lande verticale avec d’énormes rochers émergeants, en-tretenu par un âne

La ferme comporte 15 îlots dont :

■  1 de 8 ha autour des bâtiments assez plats où les vaches laitières partent seules à la pâture■ 5 autres îlots peu éloignés (séparés par des petites routes ou chemins) entre 200 et 700 m où les vaches peuvent être conduites à la pâture : pour 6,5 ha ■ 8 autres îlots entre 1,5 et 4 km pour 14,5 ha dont 8,5 labourables■ le dernier à 60 km

La bio est une agriculture productive En 2001, après de nombreuses années de réflexion collective avec le CEIPAL1 et l’ADDEAR2, l’ARDAB nous avons fait le pas : nous sommes passés d’un système intensif à un système bio malgré la réticence de la coop (Sodiaal) et de la Chambre d’agriculture qui étaient opposées à l’AB3 dans les Monts du Lyonnais pourtant classés zone vulnérable (70 molécules chimiques dans les eaux de la Coise, pas toutes d’origine agricole). 1 Centre d'Etudes Internationales Paysannes et d'Actions Locales2 Association Départementale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural3 Agriculture Biologique

Cette action est financée par :

ConclusionEn bio, la production par hectare est légèrement plus faible (5 878 l/ha contre 6 005 l/ha) mais avec beaucoup moins d’énergie fossile. Il faut beaucoup plus de techni-cité (10 ans de pratique bio) et la passion du métier.Pour une bonne productivité en bio, il faut des rotations

longues : 5 ans en prairies, mélange graminées-légumi-neuses – 2 à 3 ans cultures, et il faut des animaux pour le fumier sinon il faut des contrats échange herbe, céréales ou paille contre fumier.

Michel Poncet, paysan à Chazelles sur Lyon

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321Solidarité Paysanne8

SUITE DOSSIER

Pois, lupin, luzerne…

D ’abord, voici une brève présentation : je suis agri-culteur à St Cyr les Vignes

en zone de plaine sur 58 ha majori-tairement drainés et irrigués ; avec une production laitière (quota de 210 000 litres, en race prim’hols-tein) et vente de cultures (céréales à paille 15 ha et maïs 15 ha).

Depuis une vingtaine d’années environ, l’alimentation de mon troupeau laitier, basée majoritai-rement sur l’ensilage maïs et des correcteurs azotés du commerce

essentiellement composés de soja importé, ne me convient pas vrai-ment pour diverses raisons :■ cours très fluctuants■ problème des OGM1

■  incidence carbone vu les dis-tances de transport de ces produits

J’ai donc l’objectif de réduire voire de supprimer un jour le soja, et j’ai tenté plusieurs cultures pour produire des protéines sur mon exploitation. Je me suis donc d’abord intéressé au pois protéa-gineux mais cette culture est très exigeante en intrants et la récolte n’est pas toujours simple car il peut y avoir de fortes pertes par égrai-nage en cas de sur-maturité. J’ai donc abandonné cette culture !

Ensuite, pendant quelques an-nées, j’ai essayé le lupin. Cette culture est moins exigeante en intrants mais souffre du fait qu’aucun produit n’est homolo-gué donc il y a une grande difficulté de désherbage et un salissement des parcelles. La productivité était aussi son point faible car les semenciers

n’ont pas vraiment fait de sélec-tion sur cette plante étant donné les faibles volumes de semences à commercialiser.

Pour conclure, on voit qu’il existe des solutions pour aller vers des systèmes moins chimiques, moins polluants, sans pour autant deve-nir extensif. La luzerne en fait par-tie. Je ne vais pas pour autant dire que sa culture est simple, praticable partout et résoudra tous les pro-blèmes mais chacun peut réfléchir à intégrer cette plante dans son assolement sur quelques parcelles adaptées.

Pierre Blein, paysan à St Cyr les Vignes

1 Organismes Génétiquement Modifiés

Lupin blanc

Fenaison de luzerne

Je me suis donc intéressé à la luzerne que je qualifierais d’inté-ressante à plusieurs titres :

■ plante fourragère la plus riche en protéines■ très résistante à la sécheresse et très productive■ aliment doublement intéressant par sa richesse en protéines et sa fibro-sité (très complémentaire du maïs)■ au niveau de la culture : plante pluriannuelle donc amortissement des coûts d’implantation ■ peu exigeante en intrants : pas d’azote ■ très bon précédent cultural de par les reliquats azotés qu’elle laisse dans le sol et l’effet structurant de son imposant système racinaire ■ sur un plan environnemental : produite sur l’exploitation, c’est plutôt mieux que du soja qui change de continent

Cette action est financée par :

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321 Solidarité Paysanne 9

AGRICULTURE PAYSANNE

❚ Qu’il pleuve, qu’il vente, les fermes sont toujours accueillantes !

L es samedi 28 et dimanche 29 avril derniers, 62 fermes du Rhône et de la Loire ont

ouvert leurs portes dans le cadre de l’opération de Ferme en Ferme, or-ganisée par le CILDEA1 et les ADDEAR2 du Rhône et de la Loire.

27 300 visiteurs sont venus décou-vrir les métiers de l’agriculture, soit 442 visiteurs par ferme en moyenne contre 376 visiteurs en moyenne pour 2011. C’est une belle progression par rapport à l’année passée.

Cette onzième édition a vu apparaître deux petits nouveaux parmi les cir-cuits : le « Gier Pilatois » et le « Beau-jolais Vert et Pierres Dorées » qui ont rencontré un vif succès avec respecti-vement 2 829 visiteurs sur cinq fermes et 1 446 visiteurs sur quatre fermes.Les conditions météo parfois ex-trêmes, avec des vents violents no-

tamment pendant la nuit de samedi à dimanche, ont entraîné des chutes d’arbres, des coupures de courant… mais n’ont pas découragé ni les visi-teurs ni les paysans. Ces derniers ont su faire face grâce à leur « légen-daire » capacité d’adaptation : déga-gement des routes, activation des groupes électrogènes, traite à la main, réorganisation des visites des fermes, etc.

Au-delà d’une bonne fréquenta-tion, on se rend compte que cette opération est attendue par les consommateurs pour faire le plein

de bons produits. Le chiffre d’affaires global de ventes s’élève à 117 516 €, sur 53 fermes ayant vendu et fourni leurs chiffres, ce qui fait une moyenne à plus de 2 200 € par ferme (1 500 € en 2011).

Au-delà du lien social, ces journées sont donc le signe du rôle moteur de cette agriculture locale sur le développement des territoires ru-raux. Mais en doutait-on encore ?Rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles aventures avec on l’espère une météo moins dé-chaînée !

Martial Granjon, animateur de l’ADDEAR de la Loire

1 Centre d’Initiatives Locales pour le Déve-loppement de l’Emploi et des Activités2 Associations Départementales pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural

Les agriculteurs sont une fois de plus ravis de la fréquentation et des échanges : ■ « Beaucoup de personnes sont venues d’un peu partout, les gens étaient très intéressés ». « Super opération cette année encore, malgré les péripéties. Nous y trouvons réellement notre compte en matière d'animation du territoire et au niveau humain ».■ « On a eu 300 visiteurs sur le week-end, c'est beaucoup pour une ferme sans animaux. Pour nous qui nous sommes tout juste installés, ça permet de nous faire connaître auprès de consommateurs et de rencontrer d'autres agriculteurs. Il y a une super dynamique locale ».

27 300 visiteurs sont venus découvrir les

métiers de l’agriculture

❚ 800 personnes venues visiter notre ferme les 28 et 29 avril 2012

E n fin d’année 2011, Martial, consciencieux et sympathique animateur de l’ADDEAR de la

Loire, nous contactait pour savoir si nous voulions participer à l’opération De Ferme en Ferme pour le printemps 2012.

Depuis un an, notre fille s’est ins-tallée avec nous et transforme une partie du lait en fromages et yaourts. C’était l’occasion de com-muniquer sur l’installation d’une fille et sur la transformation et la vente directe. Nous avons d’abord effectué trois journées de formation avec la présence de Martial, et atten-tion, si on enlève le traditionnel café d’accueil, le fameux casse-croûte paysan et les fous rires, nous avons dû travailler très dur pour tenter de mettre au point une méthode sans faille pour que tout se passe bien le week-end du 28 avril.

Nous avons dû trouver une phrase courte mais percutante pour pré-senter notre ferme, organiser le sens de la visite, nous accorder

avec les exploitations voisines pour organiser le fléchage, et nous avons fini par une mise en situation sur le terrain pour tester notre façon de nous exprimer face au public…Une quinzaine de jours avant, une conférence de presse était organisée sur chaque circuit. Ce fut encore un moment très agréable aussi bien sur le point des contacts avec les élus et la presse que sur la dégustation de

nos excellents produits.

Puis le 28 avril est arrivé ! Bien sûr, nous étions à peine prêts. Heureu-sement le samedi matin a été plus calme, on a pu prendre du temps pour expliquer notre façon de tra-vailler mais surtout de finir les der-niers réglages. Après un repas rapide, l’après-midi s’est enchaîné très vite, les voitures arrivaient les unes der-rière les autres. Nous étions trois pour faire la visite, un à l’accueil, et une per-sonne pour organiser le parking, compter les visiteurs et regarder la provenance des véhicules, deux personnes étaient à la dégustation et à la vente. Le dimanche, les visiteurs sont arri-vés un peu tard à cause de la pluie et du vent de la nuit mais ils sont ve-nus sans discontinuité. Très vite, nos mises au point des jours précédents se sont avérées inopérationnelles. Nous avons du réorganiser le sens de la vi-site, changer le lieu de dégustation à cause du vent violent et surtout gérer

le nombre très important de visiteurs. Nous avons eu environ 800 per-sonnes sur les deux jours. Nous avons apprécié les voisins, les ex-ploitants locaux venus nous sou-tenir, les familles qui venaient remettre un pied dans leurs souve-nirs et faire goûter « le bon lait » à leurs enfants et tous ces échanges que l’on a pu avoir à travers les questions des enfants comme des adultes. Les visiteurs ont bien circulé dans les fermes voisines.

Nous étions très fatigués le dimanche soir mais très contents de notre week-end, surpris et heureux de constater que les citadins portent encore autant d’attention au monde agricole. C’est toujours agréable de revoir les visi-teurs sur les marchés et s’entendre dire : « Quand on y a goûté, on ne peut plus sans passer ! ». Ce week-end là, nous avons tous bien discuté et même les vaches n’avaient pas leur langue dans leur poche…

Chrystelle Massardier, paysanne à Marlhes

Sur la ferme de Marie-Thérèse et Jean-Yves Mouton à Châteauneuf

Même les vaches n’avaient pas leur langue dans leur poche…

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321

DIVERS

Solidarité Paysanne10

L’ADDEAR1 de la Loire vous propose diverses formations pour cette fin d’année. Parcourez le programme des formations et contactez-nous !

L’ADDEAR 42 : une fin d’année riche en formations

L’ADDEAR, c’est aussi :

Un CAFE INSTALLATIONLe 25 septembre 2012

Venez échanger autour de la création d’activité : vos points de blocage et vos motivations !

Lieu à proximité de Feurs à préciser

Informations et inscriptionsADDEAR de la Loire

Martial, Delphine et Claire

4 bis rue Philibert Mottin 42 110 Feurs

04-77-26-45-51 ou [email protected]

www.jeminstallepaysan.org

Cotisation annuelle : 10 €

Frais de formation proportionnels

à l’éligibilité au Vivéa - droits Vivéa

« Construire sa stratégie de recherche de foncier » 2 jours pour maîtriser les rouages du foncier : SAFER, CDOA, autori-

sations d’exploiter, statut du fermage, etc.

1 journée pour explorer les différentes formes d’accès collectif au

foncier.

■ Intervenant : Delphine Gavend, juriste au CAJ²

Infos pratiques : Les 5 et 19 octobre et 7 décembre. Lieu : locaux de l’ADDEAR 42 à Feurs.

« Utilisation de l’homéopathie en apiculture : suite » 1 journée pour confronter ses pratiques et réaliser des observations

de terrain.

■ Intervenant : Dr Pierre Froment (GIE Zone Verte), vétérinaire homéopathe.

Infos pratiques : Le 9 octobre. Lieu : à préciser en fonction des visites de terrain.

« De l’Idée au Projet »6 journées pour mûrir son projet afin de passer de l’idée à la construc-

tion de son projet :

■ faire le point sur mes motivations, mes compétences

■ identifier les étapes de mon projet■ évaluer les impacts de mon projet sur ma vie personnelle, ma vie professionnelle

■ m’organiser pour mener à bien mon projet

■ Intervenantes : Brigitte Chizelle d’Autrement Dit, Claire Leroy et Delphine Guilhot

Infos pratiques : Les 19 et 26 novembre, 3, 10, 17 et 21 décembre. Lieu : locaux de l’ADDEAR

42 à Feurs.

« Demain, je m’associe ! » 2 jours pour faire le point, se poser les bonnes questions et se donner

toutes les chances de travailler à plusieurs

■  Intervenant : Dominique Lataste, psychosociologue et formateur à Autre-

ment Dit.

Infos pratiques : Les 17 octobre et 2 novembre. Lieu : locaux de l’ADDEAR 42 à Feurs.

« Valoriser au mieux les fourrages et concentrés de

ferme » 2 jours pour adapter et faire profiter au mieux ses ruminants de leur

ration et ainsi être au plus autonome.

■ Intervenant : Dr Pierre Froment (GIE Zone Verte), vétérinaire nutritionniste

Infos pratiques : Les 23 octobre et 28 novembre. Lieu : à préciser en fonction des visites de terrain.

« Observer ses ovins pour une alimentation maîtrisée »2,5 journées pour mieux suivre la nutrition et éviter les erreurs (mé-

thode OBSALIM, observation de symptômes rapides, rythme de dis-

tribution des aliments, etc.)

■ Intervenant : Dr Pierre Froment (GIE Zone Verte), vétérinaire nutritionniste

Infos pratiques : Les 13 novembre et 29 novembre. Lieu : à préciser en fonction des visites de terrain.

« Quel Statut pour mon projet ? » Cotisant solidaire ? Agriculteur ? En individuel ?

En GAEC ? Réel ? Forfait ?1 journée pour maîtriser les différents statuts : social, juridique, fiscal

■ Intervenant : Un juriste en droit rural

Infos pratiques : Date à préciser. Lieu : locaux de l’ADDEAR 42 à Feurs. Avec le soutien financier de :

« Accompagner les porteurs de projet » 1 journée pour se préparer à devenir accompagnateur de por-

teurs de projet à l’ADDEAR

Infos pratiques : Date à définir. Lieu : locaux de l’ADDEAR 42 à Feurs.

« Réaliser un diagnostic Agriculture Paysanne

sur ma ferme »3 journées pour faire un diagnostic Agriculture Paysanne en

collectif et ainsi pouvoir communiquer sur ma démarche et sur

ma ferme.

Infos pratiques : Dates et lieu à préciser.

« Comment produire des farines alimentaires à

la ferme ? »2 journées pour maîtriser la meunerie de la moisson à la farine

(aspects techniques, réglementaires, stockage, etc.).

■ Intervenant(s) : Thierry Boscato et/ou Jean-Marc Perrigot (association DINOS)

Infos pratiques : Dates et lieu à préciser.

« Se former à la phytothérapie et l’aromathéra-

pie en élevage »2 journées pour apprendre à soigner ses animaux par les

plantes, les huiles essentielles et les hydrolats.

Infos pratiques : Dates et lieu à préciser.

« Savoir apprécier une installation et la qualité

de farines d’une meunerie à la ferme »1 journée optimiser le fonctionnement de sa meunerie.

■ Intervenant(s) : Thierry Boscato et/ou Jean-Marc Perrigot (association DINOS)

Infos pratiques : Date et lieux à préciser.

« Distribuer des graines germées dans l’alimen-

tation animale »2 jours pour maîtriser les intérêts et la mise en œuvre de cette

technique qui enrichit les céréales.

■ Intervenant : à préciser et témoignages d’expériences

Infos pratiques : Dates à définir. Lieu : locaux de l’ADDEAR 42 à Feurs.

1 Association Départementale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural

2 Comité d’Action Juridique

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321 Solidarité Paysanne 11

Je m’abonne à Solidarité PaysanneÀ retourner : 4 bis, rue Ph. Mottin - 42 110 FEURS

M., Mme, Melle : .................................................. Adresse : ............................................................1 an > abonnement normal : 28 ............................................................1 an > abonnement de soutien : à partir de 30 1 an > abonnement petit budget (étudiants, chômeurs) : 14 €

Chèque à l’ordre de : Éditions et Diffusions Paysannes

INFOS PRATIQUES

Directeur de publication : Jean-Yves Lyonnet.Chargé de communication : A-L. [email protected]é de rédaction : Jean-Claude Ker, Gaby Rousset.Commission paritaire 1212G85597N°ISSN : 0760 - 5692Édité par les Éditions et Diffusions Paysannes.Impression, création, Imprimerie ISP 42210 Montrond-les-Bains 04 77 94 50 08e-mail : [email protected]

La meilleure façon de nous soutenir : abonnez-vous!

AGENDA■ Le 21 septembre 2012 de 9h00 à 12h30, à la salle de l'Assemblée du Conseil Régional Rhône-Alpes à Lyon, débat « Plantes mutées : une innovation pour qui ? pour quoi ? » organisé par Rés’OGM Info et la Région Rhône-Alpes. La mutagenèse, c’est quoi ? Les innovations variétales sur tournesols pour lutter contre l’ambroisie. Lut-ter contre l’ambroisie : l’expérience d’un agriculteur bio en zone concernée par l’ambroisie. Les questions éthiques que posent ces choix techniques.

Inscriptions au plus tard le 14 septembre 2012 à : [email protected]

■ Le 21 septembre 2012 dès 19h30, à Grigny (69) soirée de présentation de « Secrets des Champs », nouveau film de Réso’OGM. Ce documentaire illustre la manière dont les plantes s’associent, coopèrent, commu-niquent avec leur environnement vivant. Les recherches scientifiques et paysannes se complètent pour ouvrir des perspectives de pratiques agricoles innovantes.

Présence à indiquer au 04 75 40 85 11 – [email protected]

■  Du 24 au 28 septembre 2012, stage d'auto-construction d'éolienne Piggott proposé par Héliose, à Chalmazel. Ce stage comportera un peu de théorie (aéro-dynamique, électrique, mécanique de l’éolienne), beaucoup de pratique et l’installation de l’éolienne. Stage dispensé

par l’association Tripalium et la société Ti’éole. Les stagiaires construiront une éolienne de 3,6 m de diamètre.

Coût de 380 € (repas de midi compris) – entre 10 et 15 par-ticipants – gîte gratuit sur place.

Informations et inscriptions obligatoires au plus vite : 04 77 31 61 16 – [email protected]

■ Le 29 septembre 2012 de 14h30 à 23h, à la salle des fête de Boën, 3ème Forum Social Local en Forez : « Un autre monde est possible ! ». Et si on changeait tout ? Imaginons, partageons, résistons. Conférence gesti-culée, échanges, repas, concert, buvette en continu.

Entrée libre, participation aux frais souhaitée.

Contact : UVA Forez – 04 77 96 09 43. Forum Social Mondial : www.forumsocialmundial.org

■ Le 2 octobre 2012 dès 10h, journée de restitution du projet Agriculture Durable de Moyenne Montagne à VetAgroSup à Lempdes (63). Matin : présentation des actions du projet ADMM, stratégies des exploitations de moyenne montagne. Après-midi : présentation des outils de diffusion du réseau ADMM, ateliers (autonomie alimentaire, biodiversité, diversification), questions et discussions.

Contact : FNCIVAM : 01 44 88 98 58 - [email protected]

■ Le 14 octobre de 8h30 à 17h00, atelier fabrication de pain au « Au Vieux Four » à Chambost-Longes-saigne au profit de l’association Eza Assamala. Cette journée permettra de partager toutes les étapes de la fa-brication d’un pain au levain. Chaque participant repartira avec environ 1 kg de pain, et s’il le souhaite, un morceau de levain.

PAF : 22 € par personne (à régler sur place). Stage limité à 12 personnes. Repas partagé.

Renseignements et inscriptions au plus vite : Alain Caddoux – 09 50 09 11 78 – 06 51 56 29 58 [email protected].

■ Le 25 octobre 2012 de 9h30 à 16h30, à la MFR de Tartaras, journée « Initiatives collectives en agri-culture ». Journée qui entend vous donner la possibilité de vous rencontrer, d'échanger sur vos expériences et attentes. But : mieux connaître les initiatives mises en place dans la région, avec de nombreux témoignages de porteurs de projet, et des discussions et échanges autour de ces témoi-gnages.

Repas partagé. Inscriptions avant le 15 octobre 2012 à : FR CIVAM Rhône-Alpes – CFPPA Le Valentin 26500 Bourg-les-Valence ou [email protected]

Etudiante en BTS ACSE, sensible aux revendications et à l'éthique de la Conf’, recherche un maître d'apprentissage de préférence en production végétale (ma-raîchage, petits fruits, plants, plantes médi-cinales) et sur la Haute-Loire, l’Ouest-Loire ou le Nord-Ardèche. Contact : Manon Mouret Les Balayes 43430 Champclause [email protected]

Couple de futurs jeunes installés en vaches laitières sur la ferme familiale re-cherche, remplacement en CDD ou stage rémunéré dans une ferme, de préférence en bio ou en biodynamie. Expériences va-riées acquises, autonomie sur de nombreux secteurs, disposés et prêts à intervenir sur des domaines variés (élevage, maraîchage, arboriculture, etc.).Contact : Fanny Maillard et Mathis Baumann 06 79 07 47 19 [email protected]

Futur maraîcher cherche 5-6 ha de terres irriguées ou irrigables (étang, retenue, etc.) à l'achat, avec ou sans bâtiment, + 2-3 ha de prairie/bois, sec-teur Montbrison, Montrond et moitié nord plaine du Forez, pour installation en 2012. Etudie toute proposition.

Contact : Thierry Chanelière 06 86 98 51 33 - [email protected]

Recherche un maître d’apprentissage afin de débuter en septembre une licence professionnelle agriculture biologique : conseil et développement. Souhait de trou-ver un producteur de fruits en conversion ou ayant un projet de développement de son exploitation (création d’un magasin bio, etc.)Contact : 06 82 70 31 06 [email protected]

Recherche ferme, contrat de profession-nalisation, élevage laitier, en Franche-Comté, Bourgogne, Ain, ou Mayenne. En BPREA polyculture élevage, dès septembre 2012, en contrat de professionnalisation, je suis à la recherche d'une ferme en élevage bovins laitiers, conduite en AB et prati-quant la transformation fromagère et de produits laitiers, susceptible de m'accueillir pendant deux ans en alternance. Je suis prête à m'adapter à toutes propositions différant de ma demande. Le contrat de professionnalisation bénéficie de nom-breuses aides financières.Contact : Amandine Goy – 06 20 38 11 92 [email protected]

ANNONCES

� FDCUMA – BANC D’ESSAI TRACTEUR : DES TOURNÉES DANS LA LOIRELes charges de mécanisation sur une exploitation agricole représentent en moyenne le 2ème poste de charge et 50 % de ces charges sont dues à la traction.

Plus de la moitié de l’énergie consom-mée par une ferme française est ab-sorbée par la traction, jusqu’à 65-70 % dans les exploitations d’élevage ou spécialisées en céréales. Il est donc du plus grand intérêt de pouvoir se renseigner avec précision sur « l’état de santé » des tracteurs utilisés.

L’association Top Moteur Sud-Est possède un banc de diagnostic itiné-rant mis en œuvre sur l’ensemble des départements de Rhône-Alpes. Les journées se dérouleront en novembre

et décembre 2012, selon les inscrip-tions.

Chaque diagnostic est facturé 130 € HT et les intérêts sont multiples :■  diagnostic possible pour tous les tracteurs de 65 à 350 Cv■ vérification de la puissance du trac-teur ■  mesure de la puissance maxi en fonction du régime moteur■ mesure de la consommation spéci-fique■ mesure du couple et de la réserve de couple en fonction du régimeInformations et inscriptions au plus vite : FDCUMA 42 – Vanessa Grangier – 04 77 92 12 22 – [email protected]

Cruiser

La Conf’ considère que l'interdiction du Cruiser OSR (sur colza) va dans le bon sens, mais que le Ministre Stéphane Le Foll ne peut s'en tenir là : ce sont tous les insecticides systémiques de la famille des néonicotinoïdes et phényl-pyrazoles (Gaucho, Régent, Cruiser, etc.) qui sont en cause et doivent être interdits.La Conf’ demande au Ministre de défendre l'intérêt public : santé1 et environne-ment. Pour cela, il faut s'affranchir du lobby de l'agrochimie très prégnant dans les instances administratives et politiques en charge de l'agriculture !1 Le thiamétoxam, matière active du Cruiser, est classé cancérigène probable et perturbateur endocrinien

potentiel aux Etats-Unis et Canada, mais pas en Europe, en France le Cruiser OSR était sans classification

toxicologique (ANSES dossier 2010-1392).

JUILLET-AOÛT 2012 - n° 321Solidarité Paysanne12

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Cet article est co-financé par :

AGRICULTURE PAYSANNE ❘ DES FEMMES, DES HOMMES, DES FERMES…

La ferme de Martine et Jean-François

en images

Données TECHNICO-ÉCONOMIQUES

Exploitation individuelle à 1,7 UTHJean-François : chef d'exploitation à 1 UTHMartine : conjointe collaboratrice à 0,7 UTH38,43 ha dont 12 en propriétéAu forfait

Ovins inscrits à l'UPRA Rava■ 197 brebis Ravas + 8 béliers■ 40 agnelles de

renouvellement ■ vente 140 agneaux de boucherie de l'Adret ■ vente de 102 agnelles Ravas/Ile-de-France■ 100 agneaux nés en décembre en stock■ 1 tunnel bergerie de 400 m2

■ 1 hangar de stockage du fourrage■ pâture foin sur 37 ha

Volailles fermières en vente directe ■ 1 300 poulets de chair ■ 150 pintades■ 50 chapons

■ 1 poulailler en dur■ 2 tunnels■ 1,43 ha de parcours■ 1 tuerie et installations techniques agrées DSV

■ marchés par semaine ■ 1 voiture attelée d'une banque réfrigérée

L'aventure d'une petite ferme à plusieurs actifs

Martine, 57 ans et Jean-François, 51 ans ont commencé leur vie profes-sionnelle comme salariés dans une bergerie. Ils s'installent en 1982 avec 350 brebis Grivettes et 40 veaux de boucherie à St Priest la Roche. Suite à la crise ovine, en 1985 ils se mettent à traire une vingtaine de brebis, puis en 1989 des chèvres. En 1993, ils quittent leur première ferme pour s'associer avec Françoise à la ferme des Crêts à Neaux (plateau de Neulise), délais-sant leurs brebis Grivettes pour des brebis Ravas. Ils démarrent un atelier volailles fermières jusqu'à 6 000 en vente directe afin de dégager trois salaires. Les volailles ont un grand parcours ombragé et verdoyant. Trois ans après, les associés vendent leurs 35 chèvres pour se concentrer sur la volaille, en reconvertissant la froma-gerie en abattoir régional. En 2008, lorsque Françoise quitte le GAEC1, le couple diminue les volailles et aug-mente le troupeau de 25 brebis.

La passion de l'éleveur-sélectionneur

« Les brebis élevées à la ferme sont des pures races Ravas, rustiques et résistantes qui valorisent bien les terrains pauvres (genêts et ronces). Elles défrichent comme des chèvres », affirme Jean-François. Leur sélection le passionne même si elle demande de la manipulation : brebis à trier par lots pour les saillies et trois agnelages dans l'année (il faut identifier la mère et les agneaux après chaque mise bas, sélectionner les reproducteurs).La rusticité des brebis implique très peu d'intervention vétérinaire, les frais sont très bas : 2,84 € par tête. Une coprologie2 est réalisée en fonc-tion de leur état sanitaire pour déter-miner si elles ont besoin d'un dépara-sitage. Le troupeau est logé sur une aire paillée assainie à la bactériolite dans un tunnel accolé à la grange.

Les agnelles catégorie F1 vendues pour le renouvellement proviennent des brebis Ravas inscrites à l'UPRA3 et d'un bélier Ile-de-France élite qui amène de la conformation. Ces agnelles ne sont pas vendues en

rapport avec le nombre d'heures de travail fourni : 120 € à cinq mois. Le bonheur de Jean-François est la satisfaction des clients éleveurs. En comparaison, les agneaux de l'Adret sont vendus pour la boucherie 90 € à quatre mois.

Autonomes en alimentation à 70 %

Le sol est sableux, très léger, à fleur de roche, séchant et conduit en bio. Les prairies naturelles sont divisées en petites parcelles autour du siège d'exploitation, elles sont munies d'un point d'eau et bordées de haies. Le compost épandu favorise le déve-loppement de légumineuses et la bio-diversité végétale de la prairie. En fer-tilisation, l’autonomie est totale.

Les moutons pâturent puis se nour-rissent en foin et regain produits sur l'exploitation. Seul le concentré est acheté sans OGM4, ni issu de mutagé-nèse. Le tourteau de soja a été rem-placé par du tourteau de colza, moins onéreux.

Transmissibilité

Maison d'habitation, grange, tuerie appartiennent à Françoise. Elles sont accolées à son habitation, ce ne sera donc pas transmissible. Par contre, à sa retraite, Jean-François cèdera le troupeau, le foncier, les tunnels et le matériel.

La passion d'être berger a été trans-mise à leur fils Benjamin, qui fut meil-leur berger de France aux ovinpiades 2012. Après obtention du BTS PA5, il

rentre en licence-pro conseil en éle-vage ovins et aide de temps en temps son père. Ensemble, ils apportent cer-tains soins aux brebis.Benjamin souhaiterait s'installer dans quelques années.

Je produis, je transforme, je vends

« Localement, nous nous sommes beaucoup investis à l'école, à la Chambre, à la CUMA6. Nous laissons la place aux jeunes ». Martine est encore vice-présidente du CDDPF7 de la Loire. Les liens directs avec les consommateurs motivent le couple à poursuivre ses efforts de qualité, tout en s'ouvrant à d'autres milieux. Martine s'occupe des volailles, de la comptabilité et du marché. Elle aspire à travailler moins, et à se libérer du temps pour marcher avec des amis et visiter enfants et petits-enfants, dont une fille au Québec.

Cette année 2011 est fragilisée par la sécheresse, le revenu disponible ne couvre pas les prélèvements privés. En parallèle, l'année 2010 correspond à une année moyenne où nous remar-quons une bonne efficacité écono-mique de 50 %.

Elisabeth Roy1 Groupement Agricole d’Exploitation en Commun2 Analyse des crottes des animaux3 Unité nationale de sélection et de Promotion de la RAce4 Organismes Génétiquement Modifiés5 Productions Animales6 Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole7 Comité de Développement Départemental des Produits Fermiers

Martine et Jean-François Piot

Martine et Jean-François Piot, bien avancés dans la démarche d'Agriculture Paysanne

2010 2011Chiffre d'affaires : 75 503 € 74 470 €EBE : 37 910 € 21 168 €EBE/CA : 50 % 28 %Revenu disponible : 32 950 € 16 205 €Prélèvements privés : 21 000 € 21 000 €

2011Subventions : 21 073 € DPU : 36 pour 7 120 € ICHN/PCO : 10 411 €PHAE : 2 761 €UPRA : 781 €

Qualité 85%Travail

avec la

nature 91%Autonomie 69%

Transmissibilité 63%Dévelop

pe-

men

t local

69%

Répartitio

n 98%

Marguerite issue du diagnostic Agriculture Paysanne