2011-Mexique-narcos-guerre

8/7/2019 2011-Mexique-narcos-guerre

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E S e Portfolio

hiStoirE & SocitS p.7tableau de bord G n s c n s g n s s

lv n c n

tat dES liEux dES conflitS p.17l s c n s p q s ns m n :

n pp ch c mp s p s 1945

Portfolio

C n s p q s ns m n ( nn s HiiK)

C mp s c n s :q q s p c ns m h g q s

a gh n s n (t net alii )

S n (d ) M x q (C s g )

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P g y / b v

ltat dES

SommairE

l t a t d E S c o n f l i t S

l E S g r a n d S d o S S i E r S d E d i p l o m a t i E n 1


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armES Et ExtEnSion dES guErrES p.39tableau de bord l m ch m m n ns m n p 40

la q s s h nn s ns s m m n s p 42

l l : n p ys a q o s ? p 46

l x ns n c n s m n - s s n s p 50

Portfolio

champS dE bataillE p.55f c s

Portfolio

CartoGraPHie S n, g c v p 58

l g c v S -S n p 59

CartoGraPHie l M sh k p 63

l c n gh n p gmc n - ns c nn

CartoGraPHie G c n n c c,c s C J z

l M x q s c s g :g s , g p ?

intErvEntion ou prvEntion ? p.f c s

CartoGraPHie l nj c n

afriCoM : n m s n v pp ch g

Portfolio

P n m n n p ss nc s f c s n a n

S mm s-n s n n ss s n v n

tableau de bord op ns m n n p xns m n

l p v n n : n v nj s g q XXis c

l es a e e

conflitS


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cartograpHie : guerre contre le narcotrafic, le caS de ciudad Juarez

CIUDAD JUAREZ

Dsert de Chihuahua

EL PASO

les cartels mexicains, le flau qui menace lamrique

Tijuana

La Paz

Rio Grande

Matamoros

Nuevo Laredo

Morelia

Chihuahua

Houston

El Paso

Monterrey

Mexico

GuadalajaraTepic

Los Angeles

Ciudad Juarez

Culiacan

San Diego

MEXIQUE

TATS UNIS

250 km Sources : DEA ; Atlas de l'Amrique latine,d. Autrement ; X. Raufer / Ralisation : CAPRI

- Premier bloc dit de la Federacion

- Deuxime blocCartel de Tijuana

Cartel de TijuanaCartel du Golfe

tats du Mexique les plus touchs parla corruption et la violence des cartels

Cartel de JuarezCartel de Sinaloa

Cartel du GolfeCartel de Juarez

Zone de plus de 800 km de longentirement contrle par lesLos Zetas (arme criminelle fondeen 1954 forte de 4 000 hommes)

Cartel de SinaloaCartel La Famille

Cartel de El Teo

Cartel Los ZetasCartel des frresBeltran Leyva

Capitale des principaux cartels mexicainset restructuration en deux grands groupesennemis dbut 2010 :

Prsence et in uence attestes des cartelsmexicains dans les villes des tats-Unis :

Violence et corruption

Villes tant dans le top 10 mondial desvilles les plus dangereuses au mondeen 2009 (victimes/habitants)

!

!!

Diplomatie H Sno 11 ( AREION/CAPRI)

ciudad juarez, picentre dela guerre du narcotrafic

Les Grands Dossiers de Diplomatie n 1 ( AREION/CAPRI)500 m

Le pont de Santa F sur le Rio Bravo, principal point depassage entre El Paso ( droite) et Ciudad Juarez( gauche). ( Frontpage)

Quartier Vincente Guerrero louest du centre-ville.( Google Street View)

Carrefour o de nombreux corps de femmesassassines ont t retrouvs. ( Google Street View)

Organisation spatiale et criminelle de Ciudad Juarez

Par arme feu Par strangulationPar traumatismePar arme blanche

Meurtres et disparitions de femmes Ciudad Juarez(plus de 3 500 femmes sont concernes entre

1993 et 2008)

Sources : A. Musset, lacitedesmortes.net,insightcrime.org, Revue de presse,Ralisation : CAPRI / Fond de carte : Google Maps

Rio Grande : frontire naturelle Mexique-tat

Prison de haute scurit de Ciudad Juarez

Point de passage entre le Mexiqueet les tats-Unis

US Bordel Patrol et milices citoyennes chargesde surveiller la frontire avec le Mexique

El Castillo : ancienne base du Cartel de Juarequi compterait plus d'un millier de membres

Centre-ville

Zone de concentration des principalesinfrastructures de la police (centre d'urgencegroupe d'intervention...)QG de la police municipale

Bureau de l'unit spciale contre les crimeset les disparitions des femmes

Institut mdico-lgal et morgue

Les Grands Dossiers de Diplomatie n 1Fvrier-Mars 201168


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Champs de bataille

analy

Depuis plusieurs annes, le Mexique a avantageusement remplacla Colombie pour faire la une des journaux quand on parle deviolence lie au trafic de drogue.

Par Alain Musset , directeudtudes lcole des hautudes en sciences socialelaboratoire GGH-Terres.

Le mexiq e et les artels de la drog e

G erre sale, g erre perd e ?

L a multiplication des massacres dans les villes duNord proches de la frontire, et en particulier Ciudad Jurez, ont focalis lattention des mdias

et suscit linquitude non seulement des milieux politiquesinternationaux mais aussi des investisseurs trangers quivoient dun mauvais il le pays se transformer en champ debataille ce qui nest jamais bon pour les affaires, surtoutquand presque 20 % de la richesse nationale est fonde surlexportation de produits manufacturs dont la productionse fait dans des usinesmaquiladoras situes au cur de largion la plus touche par le conflit actuel (les tats fronta-liers de Sonora, Chihuahua, Coahuila et Tamaulipas).

nar otrafi et pro ess s historiq eIl ne faut pourtant pas croire que cette violence est le rsul-

tat dun processus rcent : elle est ancre dans lhistoire duMexique o le narcotrafic fait presque partie de la culturelocale. Dj dans les annes 1970, des groupes musicauxcomme lesTigres del Norte avaient bas leur popularit sur

des chansons traditionnelles consacres aux exploits descontrebandiers et des trafiquants de drogue (lesnarcocor-ridos). Lun des plus clbres interprtes denarcocorridos,Chalino Sanchez, a t assassin en 1992 Culiacan, capitaledu Sinaloa et fief actuel dun des plus puissants barons de ladrogue, Joaquin Archivaldo Guzman Loera, surnomm ElChapo (le Petit) et identifi en 2009 comme le 973e hommele plus riche du monde par le magazineForbes. Paralllement la diffusion dun style musical li au narcotrafic, on a vuapparatre des saints ou des figures religieuses particuli-rement vnrs par les membres des cartels de la drogueet leurs familles comme en Colombie avec laVirgen de los Sicarios ou la Virgen de la Rosa mstica. Cest le cas de San Jess Malverde(dont le sanctuaire principal est situ Culia-can) ou de la Santa Muerte qui est aussi trs populaire chezles petits commerants du centre historique de Mexico.Cest dans les annes 1980 que le trafic de drogue est de-venu une activit proccupante pour le gouvernementmexicain. Jusqualors, les narcotrafiquants taient surtout

Photo ci-dessus :

Le 11 dcembre 2010,le bureau du procureurgnral met en place uncheck point le long de laroute qui rejoint LazaroCardenas Uruapan. Dan

ltat de Michoacan. Desmembres du cartel LaFamilla ont bloqu plusieroutes lors de heurtsentre narcotrafiquants etpolice fdrale. Cet tat dMexique, qui a vu natrele prsident Calderon quiy envoya 5 000 soldats en2005 pour lutter contrela drogue, symbolisedsormais lchec de cettpolitique. ( AFP Photo/Alfredo Estrella)

Les Grands Dossiers de Diplomatie n 1

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Champs de bataille

Photo ci-contre :

Hillary Clinton, secrtairedtat la Dfense, parleavec le secrtaire laDfense Robert M. Gates etlamiral Mike Mullen, lorsdune runion sur lInitiativeMerida Mexico le 23 mars2010. ( USAF)

Photo ci-dessus :

Carte du Mexique.( Michal Baranski)

des contrebandiers dont la principalefonction tait de faire passer clandes-tinement aux tats-Unis la cocaneproduite en Colombie. Une sorte dac-

cord tacite entre les cartels locaux etles autorits fdrales (de fait, le PartiRvolutionnaire Institutionnel au pou-

voir) a permis de maintenirune certaine paix des bravestant que le business naffec-

tait que la socit nord-am-ricaine, de lautre ct du Rio

Bravo. Cependant, au cours de cettepriode, le pays a cess dtre princi-palement un espace de transit pour seconvertir en un lieu de production etde consommation. limage de leursmodles colombiens, les cartels mexi-cains se sont enrichis et renforcs. Lesplus importants dentre eux sont deve-nus de vritables entreprises transna-tionales protges par des milices etdes groupes paramilitaires comme lesNegros ou les Zetas qui nhsitent pas recruter parmi les membres de for-ces de lordre. Les chefs des Zetas sont

danciens soldats de larme mexicaine,en partie forms par des cadres nord-amricains lcole des Amriquesbase au Panam pour lutter contreles gurillas centramricaines. Ils ontstructur leurs units de manire hi-rarchique et sont dots dun excellentarmement, directement import destats-Unis. Anciennement au service ducartel du Golfe (mais aujourdhui auto-nomes), ils ont violemment combattules Negros, affilis au cartel des BeltranLeyva et dont la zone dinfluence, ini-tialement centre sur le Tamaulipas,sest progressivement tendue vers leNouveau Len et le Coahuila.Tous ces cartels, lorigine installsdans un tat ou dans une ville qui for-ment le cur de leur territoire, luttent

pour conserver ou largir leur espacevital et pour sapproprier des parts demarch dans un secteur de plus en pluscomptitif. Les plus violents font rgu-

lirement parler deux dans la pressemexicaine et internationale : ce sontles cartels du Golfe, de Jurez, desBeltran Leyva, du Sinaloa (dirig par El Chapo Guzman), de Culiacn, deTijuana (mieux connu sous le nom deCartel Arellano Flix ou CAF), ou celuidu Michoacn (La Familia), spcialisdans les mtamphtamines, qui tenddsormais ses tentacules vers les tatsde Morelos, du Guerrero et de Mexicoen marquant son territoire avec des ca-davres cribls de balles

u levier o o iq ee plei essorIl est difficile dvaluer la part quoc-

cupe le narcotrafic dans lconomie

mexicaine, mais tous les indices mon-trent que cest un secteur conomiqueen pleine croissance depuis une tren-taine dannes. Laugmentation de laproduction locale de cultures illicitespeut ainsi tre mesure en prenantcomme base la superficie des champsdtruits par la police et par larme :entre 1990 et 2006, on est pass de8 778 plus de 30 000 ha de chanvreet de 8 860 presque 17 000 ha dopia-cs. Avec une production de 38 tonnesdhrone en 2008, le Mexique est de-venu le troisime producteur mondial.Les revenus de ce trafic (valus plusde 20 milliards de dollars en 2008) ontgangren presque tous les secteursconomiques et politiques du pays,alimentant la violence et la corruption

(Luis Donaldo Colosio, candidat duPRI llection prsidentielle de 1994, asans doute t assassin par les trafi-quants quil voulait combattre). Selon

une enqute commandite par le S-nat mexicain, 72 % des municipalitsmexicaines seraient infiltres par deshommes ou des femmes au servicedes narcotrafiquants et 8 % seraiententirement contrles par les cartels.Au cours des dernires annes, et no-tamment lors de loprationLimpieza ( Nettoyage ) lance en 2008, 3 200policiers fdraux (10 % des effectifstotaux) ont t destitus pour causede corruption. Lancien directeur dela lutte contre les narcotrafiquants(de 2006 2008), No Ramrez Man-dujano, a lui aussi t convaincu den-tente avec le cartel des Beltran Leyva.De la mme manire, plusieurs grandesbanques mexicaines ont t accuses

de laver de largent sale afin de linjec-ter dans lconomie lgale. Deux r-gions sont particulirement touchespar cette plaie : lOccident (centre deproduction de marijuana et dhrone)et la frontire Nord (zone de transitvers les tats-Unis).

Li itiative mridaAfin de lutter contre une activit qui

occuperait au moins 300 000 person-nes au Mexique (selon les estimationsde la Drug Enforcement Administration DEA ), les tats-Unis et le Mexiqueont pass des accords de cooprationportant sur des changes de renseigne-ments, la livraison de matriel militaireet lentranement des forces spcialescharges de dmanteler les rseaux

[Le Mexique] a cess dtre

principalement unespace de transit pour se convertir

en un lieu de production et deconsommation.


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de trafiquants. Des conseillers militaires nord-amricainsaccompagnent les units mexicaines et leur apprennent lemaniement du matriel sophistiqu fourni par la MaisonBlanche (armes modernes comme les hlicoptres Huey

UH-1H, outils de dtection, appareils lectroniques et infor-matiques). Cette coopration troite a permis la moderni-sation rapide de larme mexicaine. Elle a renforc les liensentre les tats-majors des deux pays et favoris la signature,en mars 1989, dune convention bilatrale sur le trafic dedrogue et dun trait dassistance juridique destin faciliterles procdures contre les trafiquants. En 2007, cette alliancecontre le crime organis a t renforce par la mise en u-vre de lInitiative Mrida, appele aussi Plan Mexique. Cetaccord, conclu au plus haut niveau par les prsidents Bush etCaldern, favorise la coopration bilatrale dans le domainede la lutte contre les cartels et engage financirement lestats-Unis mais exclut le dploiement de militaires nord-amricains sur le sol mexicain.

Loffe sive ar eDs son arrive au pouvoir (2006), et contrairement sesprdcesseurs, le prsident Felipe Caldern a dcid de lan-cer une vritable guerre contre les narcotrafiquants en mo-bilisant larme dans les sites les plus vulnrables, comme laville frontalire de Ciudad Jurez, o les luttes entre bandesrivales font chaque anne de nombreuses victimes (1 635 as-sassinats en 2008, 2 635 en 2009 et dj plus de 2 700 audbut du mois de dcembre 2010). Environ 50 000 hommeslourdement arms ont t envoys sur le terrain pour es-sayer de reprendre le contrle des villes, des quartiers oudes zones rurales qui taient tombs aux mains des cartels.

Au total, entre 2006 et 2010, cette guerre qui navoue pascompltement son nom aurait fait plus de 28 000 morts.Aux oprations coups-de-poing engages par les forces delordre, les groupes arms rpliquent par des assassinats,des prises dotage et des massacres destins frapper lopi-nion publique et la convaincre que la voie militaire choisiepar le gouvernement est une impasse sanglante. La pre-mire grande tuerie de ce genre date daot 2008 (12 cada-vres trouvs dcapits dans une hacienda yucatque prsde Mrida). Depuis, la liste na fait que sallonger, commesil sagissait pour les sicarios dentretenir une campagne deterreur non seulement contre leurs adversaires directs (ceuxqui appartiennent une autre bande) mais aussi contre ltatet contre lensemble de la socit mexicaine : 13 septembre2008 : 24 morts Ocoyacac (ltat de Mexico) ; 4 dcembre2008 : 13 personnes acheves dune balle dans la tte Coyo-titln (Sinaloa) ; 21 dcembre 2008 : sept militaires et un of-ficier de police dcapits prs de Chipalcingo (Guerrero) ; 13 juillet 2009 : 12 policiers torturs et tus par les hommes de

main de laFamilia Michoacana en reprsailles contre larres-tation dun de ses chefs, Arnoldo Rueda ; 2 septembre 2009 :18 jeunes cribls de balles dans un centre de dsintoxicationde Ciudad Jurez ; 31 janvier 2010 : 16 morts lors dune fte

danniversaire Ciudad Jurez ; 11 juin 2010 : nouveau mas-sacre dans un centre de dsintoxication de Ciudad Jurez (19victimes) ; 24 aot 2010 : 72 migrants centramricains et br-siliens massacrs dans une ferme du Tamaulipas ; 22 octobre

2010 : 15 adolescents assassins au cours dune fte Ciudad Jurez ; 24 octobre 2010 : 13 morts dans un centre de dsin-toxication de Tijuana (Basse Californie du Nord)Dans le mme temps, larme a port des coups svres auxprincipaux cartels. En dcembre 2009, le chef des BeltranLeyva, Arturo (El Barbas), sest fait piger dans lune de sesluxueuses rsidences par 200 commandos de la Marine ap-puys par deux hlicoptres et par deux vhicules blinds.Malgr ces moyensa priori dmesurs, il a fallu aux forces delordre une heure et demie de combat acharn pour vaincrela rsistance de ses gardes du corps et russir labattre.Aprs lui, dautres barons de la drogue ont t tus ou arr-ts, tels Ignacio Coronel Villareal, un des chefs du cartel deSinaloa abattu par larme le 29 juillet 2010, ou bien EdgarValdez Villareal (la Barbie), leader de la milice desNegros,dtenu par la police fdrale le 30 aot de la mme anne.Moins de deux semaines plus tard, ctait le tour de SergioVillareal Barragn (El Grande), ancien officier de la police f-drale, dabord achet par le cartel de Jurez et ralli tardi-vement celui des Beltran Leyva.Malgr ces quelques coups dclat, la situation ne sest pasclaircie sur le front de la guerre contre les cartels de la dro-gue, au contraire. On a parfois accus le pouvoir en placedorchestrer et de planifier les arrestations de quelques nar-cos (en gnral des seconds couteaux) afin de manipulerles mdias et de sattirer les bonnes grces de Washington.Cest ainsi que Vicente Carrillo Leyva, neveu du chef du car-tel de Jurez, Vicente Carrillo Fuentes, a t arrt en avril2009, la veille dune visite de la ministre amricaine de la

Photo ci-dessus :

Ce clich du 28 fvrier 20

montre la ville de Ciudad Juarez (tat du Chihuahathtre de trs grandesviolences entre cartels etforces de lordre. La villeest tablie sur les rives duRio Bravo, face la villetexane dEl Paso. Elle futclasse en 2009 villela plus dangereuse aumonde avec 130 meurtrpour 100 000 habitants.( Frontpage)

Au total, entre 2006et 2010, cette guerre qui navoue pas compltement son nom aurait fait plus de

28 000 morts.


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Scurit intrieure, Janet Napolitano, qui venait au Mexiqueparler du trafic darmes entre les deux pays. Cet exploit des forces de lordre ne pouvait pas mieux tomber Pire en-core, de nombreuses reprises, les populations ont protest

contre les exactions commises par les soldats envoys pourles protger sans jamais russir faire baisser le niveau decriminalit. En avril 2010, ayant pris acte de linefficacit

de la troupe et des plaintes formules par les habitants, leprsident Caldern a ordonn le retrait des units bases Ciudad Jurez, ce qui a t clbr comme une victoire parles narcos. Mme les arrestations les plus spectaculaires ontpeu deffet : les quelques ttes qui sont tombes ont vitet remplaces par des lieutenants aux dents longues, ra-vis davoir loccasion de faire leurs preuves un niveau pluslev. En outre, quand un cartel saffaiblit, son territoire esttout de suite occup par un groupe concurrent qui profitede laubaine : le narcotrafic a horreur du vide. Cest ainsi queles pertes subies en 2010 par le cartel des Beltran Leyva ontsurtout profit son grand rival, le cartel de Sinaloa. Il fautenfin signaler que les capacits oprationnelles des princi-paux groupes arms nont pas t affectes de manire si-gnificative et que des milliers de sicarios, parfois trs jeunes,sont toujours sur le pied de guerre.

mises e s e a abresEn attendant que le gouvernement se lasse, et afin de

mieux frapper les esprits, les narcotrafiquants nhsitentpas multiplier les mises en scne macabres et abandon-ner sur place des cadavres abominablement torturs : corpsdbits en morceaux, curs arrachs, ttes tranches, par-ties gnitales coupes et enfonces dans la bouche des vic-times Et la terreur porte ses fruits : depuis le dbut de laguerre dclare par Felipe Caldern, la ville de Ciudad Jurezse vide de ses habitants. Selon une tude ralise par lUni-versit autonome de Jurez (UAJ), et largement relaye dansla presse locale et nationale, lagglomration compterait en-viron 33 000 logements abandonns par leurs occupants endcembre 2010. La violence a provoqu un vritable exode

dans cette mtropole de 1,3 million dhabitants o avaientafflu des migrants de tout le pays pour travailler dans lin-dustrie maquiladora, mais qui prfrent dsormais rentrerchez eux pour chapper aux rglements de compte et aux

massacres perptrs par les sicarios.co l sio Jusqu prsent, les dirigeants des cartels de la drogue nontpas encore dcid de passer la vitesse suprieure et de mul-tiplier les attentats aveugles qui frapperaient la populationdes grandes villes dans ses activits quotidiennes, commecela arrive presque tous les jours en Irak, au Pakistan ou enAfghanistan. Pour basculer dans lhorreur la plus totale, illeur manque peut-tre une idologie Les promesses dune

Apocalypse prvue pour le 21 dcembre 2012, sur la foi duneprophtie maya mal interprte, pourraient fournir assez deraisons certains narcos pour faire plonger dans le mmebain de sang Saint Jean de Patmos et San Jesus Malverde,avec la bndiction de la Vierge Marie et de la Santa Muerte.Comme aurait pu lcrire W.B. Yeats sil avait regard les ac-tualits dUnivisin ou de TVAzteca : Srement quelque rvlation se prpare ;Srement le retour est proche []Quelle bte brutale lheure o le destin lappelle,Avance lourdement pour natre Ciudad Jurez ?

Alain Musset

Photo ci-dessus :

Cuernavaca, ces soldatsde la Marine mexicainegardent lentre du

complexe rsidentiel ole chef du cartel BeltranLeyva, Arturo Beltran Leyva,a t abattu par les Forcesarmes le 17 dcembre2009. Lorsquils ont abattuce cad de la droguemexicain surnomm le patron des patrons , lesmilitaires ont trouv touteune panoplie damulettes,de mdaillons et dimagesreligieuses qui montrentbien quel point le risqueest rel de voir basculerles narcos dans la fivre

de lApocalypse. ( AFPPhoto/Luis Acosta)

On a parfois accus le pouvoir en place dorchestrer et de planifier les arrestationsde quelques narcos (en gnral des seconds couteaux) afin de

manipuler les mdias et de sattirer les bonnes grces de

Washington.

Du mme auteur Gopolitique des Amriques2e dition actualise et augmente.Sous la direction dAlain Musset.Paris, Nathan, collection Nouveauxcontinents , 2009, 381 p.

Ciudad, Sociedad, Justicia :un enfoque espacial y culturalSous la direction Alain Musset, Mar del Plata,EUDEM, 2010, 489 p.

Le MexiquePUF, coll. Que sais-je ? , 2010 (2e dition), 128 p.


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