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LA RÉVOLUTION FRANÇAISE IV - LA RÉPUBLIQUE DANS LA TOURMENTE - N°5 LA TERREUR - 1793-1794 guerre civile et dictature robespierrienne Que le glaive de la loi, planant avec une rapidité terrible sur la tête des conspirateurs, frappe de terreur leurs complices ! Que ces grands exemples anéantissent les séditions par la terreur qu’ils inspireront à tous les ennemis de la patrie ! 12 août 1793, Robespierre à la Convention - Ô Liberté, que de crimes commis en ton nom !... Mme Roland Le 8 novembre 1793 devant la guillotine I LA SITUATION DE CET ÉPISODE DANS LE CADRE DE LA RÉVOLUTION 1 - Un épisode central de l’histoire de la Révolution française et l’un des plus discuté 2 - La Terreur : une période, une politique, un régime ( 1 ) 3 - Une répression contre les «contre-révolutionnaires», mais qui touchera tous les bords politiques «révolutionnaires» 4 - Elle intervient alors que la République est proclamée et que la guerre est dans sa crise paroxystique 5 - Un mouvement parisien qui va gagner la France, variable suivant les régions 6 - La question du début de la Terreur, une instauration graduelle : du 2 juin 1793 au 28 juillet 1794 7 - Les différentes périodes de la Terreur permettent de mettre en évidence sa spécificité II LE DÉROULEMENT DES ÉVÉNEMENTS PREMIÈRE PARTIE : LES PREMISSES DE L’ÉTÉ 1792 - La désastreuse guerre avec l’Autriche et la Prusse depuis le 20 avril 1792 - Le 25 juillet, le Manifeste de Brunswick - Création de la commune insurrectionnelle le 10 août 1792, pouvoir radical autonome - La chute de la monarchie 10 août 1792 - Gouvernement transitoire de l’été 1792, dominé par Danton - Premières mesures d’exception pour faire face à la situation (la première Terreur pour certains) - Dès le 11 août 1792, la Commune insurrectionnelle de Paris et les sections forment les premiers comités de surveillance - Du 17 aout 1792 au 29 novembre 1792, mise en place d’un premier tribunal révolutionnaire - Du 2 au 6 septembre 1792, massacres de septembre organisés par Santerre, le comité de surveillance de la Commune de Paris et attisés par Marat - une préfiguration de la Terreur DEUXIÈME PARTIE : LE TEMPS DES MESURES D’EXCEPTION Sous la convention girondine (septembre 1792-juin 1793) - Le temps de la convention girondine : 20 septembre 1792 – 2 juin 1793 - La victoire de Valmy et les succès militaires de l’automne 1792 font baisser la tension - Le 2 octobre 1792, création du premier Comité de Sûreté Générale (CSG) - Premières oppositions entres «Montagnards» et «Girondins» - 20 novembre 1792, découverte de l’armoire de fer qui officialise la trahison royale et renforce les montagnards - Janvier 1793, remaniement du CSG, qui restera en l’état jusqu’en septembre 1793 - Exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793, qui provoque la grande coalition des rois - En réaction, la Convention décide le 24 février une nouvelle levée en masse de 300 000 hommes - Devant le manque de volontaire, la convention décide de procéder par tirage au sort Association ALDÉRAN © - Cycle 1507 3014 : “La Révolution française - IV : la République dans la tourmente” - 27/03/2014 - page 95 1 - En raison d’un problème d’enregistrement, 10 minutes de cours n’ont pu être entre enregistrées, qui correspondent au 2, 3, 4 et 5 du grand I. Dans cette partie, je définis la Terreur comme étant une période révolutionnaire caractérisée par une politique de peur, de suspicion et de délation généralisée, par des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires et des massacres de masse, perpétrées par un gouvernement tyrannique factieux issu du coup d’état du 2 juin 1793 qui suspendra toutes les libertés et protections individuelles, sans aucun respect pour les droits de l’Homme, qui reposera uniquement sur la force armée et la répression à mort à l'encontre de toute opposition politique sous couverts d’accusation d’être des «contre-révolutionnaires».

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LA RÉVOLUTION FRANÇAISE IV - LA RÉPUBLIQUE DANS LA TOURMENTE - N°5

LA TERREUR - 1793-1794guerre civile et dictature robespierrienne

Que le glaive de la loi, planant avec une rapidité terrible sur la tête des conspirateurs, frappe de terreur leurs complices !

Que ces grands exemples anéantissent les séditions par la terreur qu’ils inspireront à tous les ennemis de la patrie !

12 août 1793, Robespierre à la Convention

- Ô Liberté, que de crimes commis en ton nom !...Mme Roland

Le 8 novembre 1793 devant la guillotine

I LA SITUATION DE CET ÉPISODE DANS LE CADRE DE LA RÉVOLUTION

1 - Un épisode central de l’histoire de la Révolution française et l’un des plus discuté 2 - La Terreur : une période, une politique, un régime (1) 3 - Une répression contre les «contre-révolutionnaires», mais qui touchera tous les bords politiques «révolutionnaires» 4 - Elle intervient alors que la République est proclamée et que la guerre est dans sa crise paroxystique 5 - Un mouvement parisien qui va gagner la France, variable suivant les régions 6 - La question du début de la Terreur, une instauration graduelle : du 2 juin 1793 au 28 juillet 1794 7 - Les différentes périodes de la Terreur permettent de mettre en évidence sa spécificité

II LE DÉROULEMENT DES ÉVÉNEMENTS

PREMIÈRE PARTIE : LES PREMISSES DE L’ÉTÉ 1792

- La désastreuse guerre avec l’Autriche et la Prusse depuis le 20 avril 1792 - Le 25 juillet, le Manifeste de Brunswick - Création de la commune insurrectionnelle le 10 août 1792, pouvoir radical autonome - La chute de la monarchie 10 août 1792 - Gouvernement transitoire de l’été 1792, dominé par Danton - Premières mesures d’exception pour faire face à la situation (la première Terreur pour certains) - Dès le 11 août 1792, la Commune insurrectionnelle de Paris et les sections forment les premiers comités de surveillance - Du 17 aout 1792 au 29 novembre 1792, mise en place d’un premier tribunal révolutionnaire - Du 2 au 6 septembre 1792, massacres de septembre organisés par Santerre, le comité de surveillance de la Commune de Paris et attisés par Marat - une préfiguration de la Terreur

DEUXIÈME PARTIE : LE TEMPS DES MESURES D’EXCEPTIONSous la convention girondine (septembre 1792-juin 1793)

- Le temps de la convention girondine : 20 septembre 1792 – 2 juin 1793 - La victoire de Valmy et les succès militaires de l’automne 1792 font baisser la tension - Le 2 octobre 1792, création du premier Comité de Sûreté Générale (CSG) - Premières oppositions entres «Montagnards» et «Girondins» - 20 novembre 1792, découverte de l’armoire de fer qui officialise la trahison royale et renforce les montagnards - Janvier 1793, remaniement du CSG, qui restera en l’état jusqu’en septembre 1793 - Exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793, qui provoque la grande coalition des rois - En réaction, la Convention décide le 24 février une nouvelle levée en masse de 300 000 hommes - Devant le manque de volontaire, la convention décide de procéder par tirage au sort

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1 - En raison d’un problème d’enregistrement, 10 minutes de cours n’ont pu être entre enregistrées, qui correspondent au 2, 3, 4 et 5 du grand I. Dans cette partie, je définis la Terreur comme étant une période révolutionnaire caractérisée par une politique de peur, de suspicion et de délation généralisée, par des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires et des massacres de masse, perpétrées par un gouvernement tyrannique factieux issu du coup d’état du 2 juin 1793 qui suspendra toutes les libertés et protections individuelles, sans aucun respect pour les droits de l’Homme, qui reposera uniquement sur la force armée et la répression à mort à l'encontre de toute opposition politique sous couverts d’accusation d’être des «contre-révolutionnaires».

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- Ce qui entraîne de nombreux refus de conscription et des soulèvements ruraux - Le 19 mars 1793, début des guerres vendéennes et de la chouannerie avec la défaite de Pont-Charrault - Ces guerres intérieures servent d'argument aux Montagnards et aux Sans-culottes pour réclamer des mesures d'exception - En mars 1793, la Convention décide de l’envoi dans les départements de représentants, ils deviendront les agents de la terreur en province - Le 10 mars 1793, création du tribunal révolutionnaire (subordonné au CSG) - 12 mars, après l’échec de son offensive en Belgique, Dumouriez entre en conflit avec la Convention - Nouvelles défaites militaires de Dumouriez à Neerwinden le 18 mars et à Louvain le 21 mars - Le 19 mars 1793, la convention vote les premières lois d’exception contre les contre-révolutionnaires - Le 21 mars 1793, création des Comités de surveillance et des comités révolutionnaires, qui vont désormais assurer le contrôle politique total de la population - Le 28 mars 1793, adoption de «la loi des témoins» contre les émigrés arrêtés, qui pourront être immédiatement exécutés - Le 1er avril, les Comités de surveillance sont chargés de surveiller les étrangers, la xénophobie se généralise - Le 3 avril, après avoir livré la Belgique aux autrichiens, Dumourriez fait arrêter les représentants de la Convention et passe aux autrichiens - 6 avril 1793, création du Comité de Salut Public qui va devenir le véritable gouvernement du pays - Le 4 mai, la convention réagit aux pillages des boulangeries par une loi sur les prix - Avril - mai 1793, affrontement entre Girondins et les Montagnards/Sans culottes - Le 5 avril, les montagnards proposent l’exécution des députés qui avait proposés d’éviter la mort du roi - Le 13 avril, arrestation de Marat en raison de ses appels aux meurtres, mais libéré le 24 avril sous la pression des Sans-culottes - Le 3 mai 1793, sous la pression des «enragés» de Jacques Roux, la convention adopte un premier maximum sur les grains - 18 mai 1793, pour contrer les sections parisiennes, création par les girondins d'une commission extraordinaire, dite Commission des Douze - Le 24 mai, arrestation par la convention d’Hébert, sous la pression des sections, il sera libéré le 28 mai sous la pression des sans-culottes - Le 30 mai, 22 sections parisiennes ordonnent la cassation de la commission et la traduction de ses membres devant le tribunal révolutionnaire - 31 mai au 2 juin 1793, coup d’état des Montagnards sur la Convention, début de la chasse aux Girondins

TROISIÈME PARTIE : LA PRISE DU POUVOIR PAR LES TENANTS DE L’IDÉOLOGIE DE LA TERREUR

juin 1793-septembre 1793

- Le temps de la convention montagnarde (juin 1793-juillet 1793), sous contrôle du CSP - Dès le 5 juin 1793, début du la guerre «fédéraliste» qui durera jusqu’en décembre - La constitution de l’An I du 24 juin n’entrera jamais en vigueur, la décision du 10 octobre 1793 - Le 10 juillet 1793, exclusion de Danton du CSP - Le 13 juillet 1793 à Pacy-sur-Eure, les troupes fédéralistes normandes sont repoussées - Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday assassine Marat, renforçant la peur des complots de l’intérieur - En juillet 1793, reprise de l’offensive des coalisés, recul français sur tous les fronts - Difficultés croissantes d’approvisionnement et flambée des prix - Fin juillet 1793, publication de la Lettre Anglaise, preuve des complots de l’Angleterre - Le 26 juillet 1793, loi sur l’accaparement, à l’initiative de Collot d’Herbois qui punit de mort les accapareurs - Le 27 juillet 1793, entrée de Robespierre au Comité de Salut public et début de la convention robespierriste (27 juillet 1793-27 juillet 1794) - Le 27 juillet 1793, la convention vote la peine de mort contre les accapareurs - Le 1er août 1793, adoption des lois dite «d’anéantissement de la Vendée», demandées par Barère - Le 1er août 1793, décret d’arrestation des étrangers, qui deviendra la loi du 6 septembre contre les étrangers - Le 25 août, face à la menace d’invasion la Convention décrète une nouvelle levée en masse - Nouveaux massacres par les Sans-culottes les 4 et 5 septembre 1793

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QUATRIÈME PARTIE : INSTAURATION OFFICIELLE DE LA TERREUR - LA TERREUR LÉGALE

L’idéologie de la Terreur comme politique

- Instauration juridique de la Terreur le 5 septembre 1793, dirigée par Robespierre, Barère et Hébert - Le 5 septembre 1793, Jacques Roux, chef de file des «enragés» est arrêté, il se suicidera en prison le 10 février 1794 - Premières divisions entre Montagnards : entre Robespierre et les exaltés - 14 septembre 1793, réorganisation du CSG placé sous l’autorité de Vadier, qui jouera un rôle essentiel dans la Terreur - Décret du 17 septembre 1793 sur les suspects qui généralise la suspicion à l’égard des contre-révolutionnaires - Le 29 septembre 1793, loi du «maximum général» pour éviter l’augmentation des prix - Automne 1793, la campagne de déchristianisation des hébertistes et des enragés vise les prêtres - 1er octobre, la Convention vote de nouvelles lois pour la destruction de la Vendée à l’initiative de Barère - Le 9 octobre 1793, reprise de Lyon, début de la répression et des massacres par Collot d’Herbois et Fouché - Le 10 octobre 1793, la Convention décrète que le gouvernement sera «révolutionnaire» jusqu'à la Paix et que la Constitution sera suspendue jusqu’alors - Dès lors Robespierre va prendre l’ascendant sur les différents groupes politiques montagnards - Le 11 octobre 1793, la Commune de Paris adopte ses propres lois contre les suspects - Le 16 octobre 1793, exécution de Marie-Antoinette - En Vendée, répressions terribles par les troupes de la Convention et les représentants en mission comme Carrier à Nantes - Le 2 novembre 1793, suite à de nouvelles émeutes, extension de la loi sur le maximum à toutes les marchandises - Le 8 novembre 1793, décret sur le tutoiement obligatoire - Le 21 novembre 1793, Robespierre s’oppose aux plus radicaux de la déchristianisation et condamne l’athéisme comme contre-révolutionnaire - La loi du 4 décembre 1793 (loi du 14 frimaire an II), fait de la Convention le centre unique du pouvoir révolutionnaire et organise le gouvernement de la terreur - La Convention élargit les pouvoirs des Comités de surveillance révolutionnaire, qui passent sous le contrôle du CSP - Le 5 décembre, première publication du Vieux Cordeliers de Camille Desmoulins, porte-parole des «indulgents» - Le 6 décembre, Robespierre fait voter la liberté des cultes, s’opposant aux hébertistes - 25 décembre 1793, discours de Robespierre sur le gouvernement révolutionnaire - Fin décembre 1793, les armées de la révolution ont reconquis les territoires perdus et ont remportées des victoires décisives - Du 21 janvier 1794 au 17 mai 1794, massacres de masse des colonnes infernales de Turreau en Vendée - Le 5 février 1794, Robespierre présente la Terreur comme morale politique - Le CSP se divise sur la question des «sévérités nécessaires», entre Robespierre et les radicaux de la Terreur - Robespierre va s’efforcer de mettre fin aux «excès» des autres factions des Montagnards - Février 1794 : lois de ventôse an II proposées par Saint-Just sur la redistribution des biens confisqués - Le 24 mars 1794, liquidation des hébertistes par Robespierre, accusés de «complot avec l’étranger» - Le 1er avril 1794, suppression du conseil exécutif, remplacé le 20 avril par 12 commissions du CSP - Le 5 avril 1794, liquidation des dantonistes et indulgents - ce qui renforce encore la puissance du CSP - Robespierre exerce de fait une dictature, au nom de la vertu et de la terreur - Au printemps 1794, le CSP veut contrôler le CSG et limite ses fonctions - Robespierre continue à renforcer le pouvoir central du CSP - Le 17 avril 1794 (27 germinal an II), suppression des tribunaux populaires provinciaux et des commissions militaires

CINQUIÈME PARTIE : LA GRANDE TERREURJuin 1794 - 26 juillet 1794

- Alors que la situation semble désormais calmée, Robespierre va relancer une nouvelle terreur - Robespierre rappelle les représentants les plus radicaux, qui sont désormais menacés (Barras, Tallien, Fouché...) - 8 juin 1794, fête de l’Être Suprême, dont Robespierre semble le nouveau grand prêtre aux yeux des hébertistes

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- Le 10 juin 1794, la loi du 22 prairial an II organise la «Grande Terreur» - Le 15 juin, l’affaire Théot vise Robespierre, mais il réussit à désamorcer les accusations - Le 17 juin 1794 (29 prairial an II), exécution des condamnés du procès des «chemises rouges» - Le 24 juin 1794, la victoire militaire de Fleurus éloigne la peur de l’invasion - À la fin du printemps 1794, échec de la politique de Robespierre dans l’élimination des armées royalistes vendéennes et de la chouannerie - Robespierre ne paraît plus au CSP depuis fin juin, ce qui va permettre la constitution d’une opposition secrète - Le 5 juillet, mécontentement des Sans-culottes en raison de la loi du maximum des salaires - La centralisation du pouvoir par Robespierre et sa grande Terreur font que tous craignent désormais pour leur vie - Robespierre se sait menacé, malgré l’unité de façade que Saint-Just a obtenu le 4 Thermidor

SIXIÈME PARTIE : LA RÉACTION THERMIDORIENNE26 juillet 1794 - 8 mars 1795

- Le 8 Thermidor, il demande à la Convention une nouvelle punition des «traitres» et de nouvelles mesures, mais elle s’y oppose - Le coup d’état thermidorien du 9 et 10 thermidor 1794 met fin à la Terreur - Robespierre deviendra alors le seul responsable et bouc-émissaire de la Terreur, le début de sa légende noire - Début de la convention thermidorienne et démantèlement progressif des institutions de la Terreur - 8 mars 1795, retour à la Convention des Girondins survivants grâce à Marie-Joseph Chénier

III LES INSTITUTIONS DE LA TERREUR, L’APPAREIL D’ÉTAT DE LA TERREUR

1 - Le Comité de Sûreté Générale, la police de la Terreur 2 - Le Comité de Salut Public, le gouvernement de la Terreur 3 - Le Tribunal révolutionnaire, dont Quentin Fouquier-Tinville sera l’accusateur public 4 - Son extension au restant de la France avec les représentants en mission 5 - Les représentants du CSP dans les départements 6 - Les représentants aux armées, surveillants les généraux 7 - Les tribunaux révolutionnaires (en Province) 8 - Les Commissions militaires révolutionnaires, tribunaux militaires aux ordres des représentants en mission 9 - Les Comités de surveillance révolutionnaires 10 - Les Comités révolutionnaires locaux, relais du CSP qui vont contrôler le pays

IV PARTICULARITÉS DE CET ÉPISODE DANS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

1 - Lancée par Danton comme répression motivée en temps de guerre, elle deviendra un terrorisme d’état avec Robespierre 2 - Le glissement de réactions motivées à des exactions radicales, poussées par des considérations idéologiques 3 - Un outil d’oppression gouvernemental, appliquant un terrorisme d’état 4 - Un régime qui deviendra progressivement totalitaire 5 - Les factions de la Terreur : Marat, les robespierristes, les dantoniens, les «Exagérés» ou hébertistes, les «Enragés», les Sans-culottes 6 - Le rôle de Robespierre, tenant d’une Terreur modérée dans l’application (pas dans le principe) 7 - Longtemps expliquée par «la théorie des circonstances», cet argument ne paraît plus suffisant 8 - La Terreur n’a pas été la réponse provoquée par les violences des contre-révolutionnaires et la guerre 9 - La Terreur n’est pas plus l’aboutissement de 1789 qu’un dérapage, elle n’est pas consubstantielle à la Révolution 10 - Des raisons principalement idéologiques, voulues et planifiées 11 - Sa principale inspiration politique est Rousseau et le Contrat Social 12 - La Terreur n’est pas née de 1789, mais de la défaite des révolutionnaires de 1789 13 - Elle est rendue possible par la décomposition de l’état révolutionnaire légitime en 91-92, aboutissant à l’anarchie et à l’emprise des factions 14 - Une surenchère de violence, rendue nécessaire pour les factions au pouvoir ou voulant conquérir le pouvoir 15 - Un moyen de gouvernement pour maintenir le gouvernement révolutionnaire 16 - La Terreur va fabriquer une grande partie de ses adversaires pour pouvoir se perpétuer 17 - La Terreur n’a pas été imposée par les circonstances, mais des extrémistes ont profité des

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circonstances pour prendre le pouvoir et imposer leur politique 18 - La phase aiguë de la Terreur en 1794 intervient alors que les circonstances ne l’imposent plus 19 - Une autre politique était possible, sans compromettre la pérennité du régime républicain

V LES CONSÉQUENCES ET RÉPERCUTIONS

1 - Un terrible bilan humain : plus de 100 000 morts, 500 000 emprisonnés 2 - Le 9 thermidor, en renversant la Terreur, a sauvé la Révolution de son association avec la Terreur 3 - Elle sera la cause de la Terreur Blanche lors de la convention thermidorienne 4 - Elle expliquera une grand partie de la politique du Directoire et de l’Empire, pour éviter qu’elle ne se reproduise 5 - Elle désolidarisera beaucoup de sympathisants et révolutionnaires de la Révolution, en France et à l’étranger 6 - La Restauration, les catholiques et les royalistes réduiront la Révolution à la Terreur 7 - Au 19ème siècle, les historiens républicains défendront l’idée d’une nécessité historique 8 - La thèse de la justification historique des circonstances dominera jusqu’à la fin du 20ème siècle 9 - La Terreur et son interprétation consubtantialiste servira aux opposants à la Révolution et aux idéaux de 89 10 - Cette interprétation servira à discréditer le révolutionnarisme avec l’épouvantail de la Terreur

VI CONCLUSION

1 - La Terreur, premier régime politique totalitaire de l’ère moderne 2 - Évitons le Charybde et Scylla de la Terreur : la justification de la Terreur au nom de la Révolution et la condamnation de la Révolution au nom de la Terreur 3 - La Terreur, la question historiographique et politique la plus débattue de la Révolution française

ORA ET LABORA

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Document 1 : Symbole de la Terreur : la guillotine. Pendant toute cette période les exécutions vont se multiplier. La "sainte guillotine" récemment inventée (première exécution en avril 1792) favorise le massacre. Chez certains s’instaure un véritable culte ou tout au moins un goût avoué pour le spectacle offert par cette guillotine. Amar dira même à la Convention : "Allons au pied du grand autel voir célébrer la messe rouge". Affiche menaçant de la guillotine, par J.B. Louvion. La légende est la suivante :

«Le poignard des patriotes est la hache de la loi.Traites, regardez et tremblez, elle ne perdra sonactivité que quand vous aurez tous perdu la vie.»

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Document 2 : Les massacres de septembres 1792 préfigurent la Terreur. Du 2 au 6 septembre 1792, les prisons parisiennes sont investies par les Sans-culottes qui massacrent près de 1 300 détenus sur environ 3000 qui avaient été arrêtés depuis la fin du mois d’août. Les massacres de septembre 1792 constituent l’un des sommets de la violence révolutionnaire. Ils se sont déroulés dans un contexte de psychose collective provoquée par l’invasion austro-prussienne et par la crainte, entretenue par la presse, d’un retournement de situation en faveur des royalistes et de la monarchie. Des affiches invitent les patriotes à «purger la Nation avant de courir aux frontières». La reddition de la ville de Longwy, le 23 août, accroît la crainte d’une menace étrangère sur la capitale. L’Assemblée décrète l’enrôlement de 30 000 volontaires qui se porteront aux frontières du Nord et de l’Est. Elle charge la Commune d’effectuer des visites domiciliaires dans la nuit du 29 au 30 août, pour saisir les armes et arrêter les suspects. Le siège de Thionville et de Lille, la capitulation de Verdun, le 29 août, contribuent à renforcer la thèse du «complot des prisons» : dans une capitale désertée par les volontaires, les contre-révolutionnaires détenus s’évaderont, égorgeront les patriotes, libéreront Louis XVI pour, finalement, livrer la capitale aux Prussiens. Dans son journal L’Ami du Peuple, Marat appelle au massacre des ennemis de la Révolution. Dans L’Orateur du Peuple, Fréron dénonce l’inertie des autorités constituées – Assemblée législative, Conseil exécutif, Commune de Paris : «Quand la Loi est sourde et muette, les citoyens doivent agir avec transport.». Les massacres ont lieu en grande partie dans la prison de l’abbaye, dirigée par le terrible Maillard. La prison de l’Abbaye, ainsi nommée car elle a longtemps dépendu de l’abbaye. Le 2 septembre, au milieu de l’après-midi, des prisonniers arrêtés le 10 août sont transférés, sur l’ordre du Comité de surveillance créé par la Commune insurrectionnelle de Paris, à l’abbaye où les attend un groupe de Sans-culottes. Armés de gourdins, de haches, de sabres et de piques, ils sont mis à mort sans jugement. Au premier plan gisent les cadavres amoncelés. Visible à gauche, la Garde nationale laisse faire. Les victimes sont majoritairement des prêtres réfractaires et des aristocrates dont la figure la plus célèbre est la princesse de Lamballe, confidente de Marie-Antoinette. Les Sans-culottes n’ont tenu compte ni de la condition ni de l’âge ni du sexe des détenus qu’ils ont suppliciés. Impuissantes, les autorités ont laissé faire. Dans les jours qui suivent, Olympe de Gouges est la première à s’émouvoir de ces horreurs. Elle publie le pamphlet «La Fierté de l’Innocence», dans lequel elle stigmatise les massacres : «Le sang, même celui des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les révolutions.» Le Patriote français, de Brissot, est le seul journal à s’opposer à la thèse du complot et à condamner les exécutions sommaires.

Dessin à la plume anonyme, collection Rothschild du Musée du Louvre.

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Document 3 : La Terreur se caractérise par des peurs paranoïaques du complot de l’étranger et de la trahison des dirigeants ou des généraux de la République. Si une part importante de ces peurs était de nature idéologique et participait de la rhétorique «jacobine», ces peurs furent inspirées par des événements réels comme la trahison de Dumouriez le 3 avril 1793 ou bien la «Lettre anglaise» de juillet 1793.

Le 2 avril 1793, le général Dumouriez fit arrêter le ministre de la guerre Beumonville et les 4 commissaires de la Convention pour les livrer à l'ennemi comme prisonniers de guerre. Ils ne seront libérés qu’en 1797 lors du traité de Campo Formio. Son armée refusant de le suivre, le 3 avril 1793, il passe aux Autrichiens avec onze généraux et le duc de Chartres fils de Philippe-Egalité.

Début de la Lettre Anglaise publiée par la Convention nationale en juillet 1793. En confirmera l’opinion publique dans son sentiment des complots intérieurs contre-révolutionnaires, il donnait la preuve que le gouvernement de William Pitt entretenait des espions en France et y payait des agitateurs.

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Document 4 : L’organisation politique de la Terreur, les institutions principales de la Terreur. La Convention instaure un système de gouvernement très centralisé. Alors que depuis le 10 août 1792, les ministres siégeaient au Conseil exécutif provisoire, très vite, la réalité du pouvoir va passer entre les mains de deux comités : le Comité de Salut Public et le Comité de sûreté générale. Ensuite, les représentants en mission, les agents nationaux de district ou de commune, sous les ordres du CSP contrôlent et animent l'action des autorités locales, civiles ou militaires. Les comités de surveillances vont dépendre eux du Comité de sûreté générale. À noter aussi le rôle du Club des Jacobins, équivalent d’un parti désormais unique qui par le biais de centaines de sociétés affiliées en province surveille et contrôle l’action révolutionnaire.

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Document 5 : Première grande figure de la montée de la terreur en 1792-1793, Danton fut éliminé en 1794 par Robespierre. Dès juin 1793, la machine de la Terreur se met en marche et le nombre de suspects arrêtés est considérable. Le nombre des condamnations à mort, à Paris, est d'abord relativement rare - une tous les deux jours jusqu'à l'automne 1793 - puis s'accélère progressivement passant à une centaine par mois jusqu'en germinal (mars 1794), 355 en floréal (avril 1794), 381 dans les 22 premiers jours de prairial (mai 1794) pour atteindre approximativement 1376 en 47 jours après la loi de prairial (soit une trentaine par jour), c’est la «grande terreur». Paradoxalement, sous cette Grande Terreur, certains terroristes notoires comme Barras, Fouché, Tallien ou Carrier sont rappelés à l'ordre. Ils dérangent Robespierre en discréditant la Révolution. L'Incorruptible fait voter le 8 mai 1794 un décret supprimant les tribunaux révolutionnaires de province de telle sorte que tous les prévenus de la République soient traduits devant un seul et même tribunal : le Tribunal révolutionnaire de Paris. La France connaissait l'extrême Terreur, avec une telle loi, supprimant les auditions des témoins et les plaidoiries, les débats allaient considérablement s'accélérer. On vit des erreurs de noms, des amalgames de personnes, des prisons entières vidées et conduites à l'échafaud. Le 9 thermidor, 45 personnes passeront encore sous la guillotine déplacée de la place de la Révolution à la place de la Bastille puis à celle de la barrière du Trône.

Portrait de Danton en 1792 d’après Constance Marie Charpentier (1767-1849).

- 16 octobre 1793 : Marie-Antoinette- 31 octobre 1793 : 21 chefs girondins.- 6 novembre 1793 : Philippe Egalité.- 8 novembre 1793 : Manon Roland - 12 novembre 1793: Bailly- 29 novembre : Barnave, suivi quelques temps après par Kersaint, Lebrun et par les

généraux Luckner, Custine, Biron ou Houchard.- 5 avril 1794 : Exécution de Danton et des principaux dantonistes (Fabre d’Eglantine,

Chabot et Basire, Hérault de Séchelles, etc.)- 14 avril : Exécutions de 19 "conspirateurs du Luxembourg", un amalgame de personnes

mêlant le Sans-culotte Chaumette, le général Dillon, l'épouse de Desmoulins et l'évêque défroqué Gobel.

- 22 avril : Malesherbes, Le Chapelier et Thouret.- 8 mai : Vingt-sept fermiers généraux dont Lavoisier sont exécutés.- 10 mai : Madame Elisabeth sœur de Louis XVI est guillotinée.

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Document 6 : Mandat d'arrêt de Danton et de ses amis par le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale du 30 mars 1794 (Archives Nationales, Paris). Ainsi commença l’élimination des «indulgents» et des dantonistes de Germinal an II. Carnot aurait dit en mettant sa signature : «Songez-y bien, une tête comme celle de Danton en entraîne beaucoup d’autres.» On relève les signatures de Vadier, Amar, Voulland, Le Bas, Lacoste, etc. Rühl fut le seul membre du Comité de sûreté générale à refuser de signer. Du côté du Comité de salut public, seul Lindet refuse de signer.

Le mandat indique : «Les Comités de Salut Public & de Sûreté Générale arrêtent que Danton, Lacroix (du département d'Eure et Loir), Camille Desmoulin & Philippeaux, tous membres de la Convention Nationale, seront arrêtés et conduits dans la maison du Luxembourg pour y être gardés séparément et au secret. Les représentants du peuple : Billaud-Varenne, Vadier, Carnot, Barère, Robespierre, Collot d'Herbois, Bayle, Lacoste, Prieur, Couthon, Amar, Dubarran, Lebas, Saint Just, Louis, Jagot, Voulland.»

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Document 7 : Le Comité de Salut Public fut l’institution emblématique de la Terreur. À partir de l'an II, le Comité de salut public est le véritable gouvernement de la France. Il siège dans l'ancien pavillon de Flore, rebaptisé pavillon de l'Égalité. Il était installé dans les appartements de la reine Marie-Antoinette, situés au rez-de-chaussée de la partie méridionale du Palais des Tuileries. Comme sur la gravure ci-dessous un simple ruban tricolore sépare ses membres des badauds que l'on voit ici au premier rang, mais les véritables séances avaient lieu la nuit, à huit-clos.

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Illustration contemporaine d’une séance du CSP avec Barere debout au centre et Saint-Just à gauche au premier plan. Photo d’après le film de Pierre Cardinal, «Saint-Just et la

force des choses», 1975, Antenne 2.

Premier comité - 6/4/1793 au 10/07/1793 - dominé par Danton

Du 6 avril 1793 jusqu'au 10 juillet 1793, la composition de ce comité de neuf membres, délibérant en secret, dominé par Georges Danton, comprenait, dans l'ordre de leur élection :

Bertrand Barère, député des Hautes-Pyrénées Jean-François Delmas, député de la Haute-Garonne Jean-Jacques Bréard, député de la Charente-Inférieure Pierre Joseph Cambon, député de l'Hérault Georges Jacques Danton, député de Paris Jean Antoine Debry, député de l'Aisne ; Tombé malade, il donna sa démission et fut remplacé par Robert Lindet, député de l’EureLouis-Bernard Guyton-Morveau, député de la Côte-d'Or Jean-Baptiste Treilhard, député de Seine-et-Oise Jean-François Delacroix, député d'Eure-et-Loir

Deuxième comité - le «Grand Comité» de salut public - 27/07/1793 au 27/07/1794

Le 27 juillet 1793, Maximilien de Robespierre y fit son entrée. De juillet 1793 – après le départ de Georges Danton – jusqu'à juillet 1794, les mêmes députés Montagnards à l'exception d'un seul furent constamment réélus. En septembre 1793, le comité comprit douze membres :

Maximilien de Robespierre, député de Paris ;Bertrand Barère, député des Hautes-Pyrénées ;Robert Lindet, député de l'Eure ;André Jeanbon Saint André, député du Lot ;Georges Couthon, député du Puy-de-Dôme ;Marie-Jean Hérault de Séchelles, député de Seine-et-Oise ;Pierre-Louis Prieur (dit Prieur de la Marne), député de la Marne ;Louis Antoine de Saint-Just, député de l'Aisne ;Lazare Nicolas Marguerite Carnot, député du Pas-de-Calais ;Claude-Antoine Prieur-Duvernois (dit Prieur de la Côte-d'Or), député de la Côte-d'Or ;Jacques Nicolas Billaud-Varenne, député de Paris ;Jean-Marie Collot d'Herbois, député de Paris. Jean-Marie Hérault de Séchelles, suspecté de haute trahison, fut éliminé et ne fut pas remplacé.

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Document 8 : Les membres du «Grand Comité de l’an II» sont élus au cours de l’été 1793. Il va exercer une dictature de fait jusqu’au 9 thermidor (27 juillet 1794), subordonnant tout aux exigences de la défense nationale et de contrôle du pouvoir : Barère, Lindet, Saint-Just, Couthon, Jean Bon Saint-André, Hérault de Séchelles, Prieur de la Marne, Carnot Prieur de la Côte-d’Or, Robespierre, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois. Seul Hérault de Séchelles, devenu suspect, sera arrêté en mars et exécuté en avril 1794. Barère fut omniprésent au CSP, dont il fut membre pendant 17 mois (un record de longévité en ces temps troublés).

Maximilien de Robespierre (1758-1794) Louis de Saint-Just (1767-1794)

Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1841) Couthon (1755-1794)

JeanBon Saint-André (1749-1813) Hérault de Séchelles (1759-1794)

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Jean-Marie Collot d'Herbois (1756-1819) Jacques Nicolas Billaud-Varenne (1756-1819)

Lazare Carnot (1753-1823) Jean-Baptiste Robert Lindet (1746-1825)

Pierre-Louis Prieur de la Marne (1756-1827) Prieur de la Côte-d’Or (1763-1832)

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Document 9 : Membres principaux du Comité de sûreté générale. Le nombre de membres du Comité varia beaucoup. Il compta un maximum de 30 membres lors de son organisation le 2 octobre 1792 et un minimum de 9 membres en septembre 1793. D'octobre 1793 à Thermidor an II (août 1794), il était composé de 12 membres, à savoir.

Jean-Pierre-André AmarJoseph-Nicolas Barbeau du Barran.Moyse BayleJacques-Louis David.Grégoire Jagot.Elie Lacoste.Louis-Charles de Lavicomterie.Philippe-François-Joseph Le Bas.Jean-Antoine Louis.Philippe Rühl.Marc Guillaume Alexis VadierJean-Henri Voulland.

Vadier commença sa carrière politique comme Jacques-Louis David. député du comté de Foix aux États généraux de 1789.

Jean-Pierre-André Amar

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Document 10 : Gravure représentant le tribunal révolutionnaire. L'accusateur public Fouquier-Tinville en grand inquisiteur fournit les victimes, il est la figure marquante du tribunal révolutionnaire, à ses cotés Herman puis Dumas président le tribunal, les jurés peu actifs sont présents uniquement pour livrer des têtes au bourreau.

Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire. Il sera guillotiné à son tour le 7 mai 1795. Après le 9 Thermidor il sera jugé par ses acolytes. Il aura droit à un véritable procès de 39 jours pendant lequel il se défendra adroitement, prétextant qu'il n'a fait qu'exécuter la loi. Il sera finalement guillotiné avec 15 autres membres du tribunal révolutionnaire le 7 mai 1795.

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Document 11 : Acte de condamnation à mort signé par Fouquier Tinville, accusateur public au comité de salut public pendant la Révolution française.

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Document 12 : Une autre institution de la Terreur furent les Comités de surveillance ou Comités révolutionnaires. Parmi les lois d’exception de la Terreur, la Convention décrète le 21 mars 1793 que chaque commune ou section aura à constituer un comité de surveillance révolutionnaire de douze membres pour identifier et surveiller les étrangers. Ils furent créés en réaction à la défaite de Neerwinden en Belgique. Chargés également des suspects à partir de septembre, ces comités composés de Sans culottes issus des clubs de Jacobins et des sociétés populaires jouent le rôle d’instruments de police politique. Ils sont bientôt placés dans l’unique dépendance du gouvernement révolutionnaire. Rémunérés sur des fonds attribués par le Comité de salut public, ils sont chargés «de l’application des lois révolutionnaires et des mesures de sûreté générale et de salut public», ce qui leur permet toutes les mesures arbitraires. Leur rôle consistait également à délivrer des certificats de civisme, dresser la liste des suspects, procéder à leur interrogatoire, les arrêter, les transmettre devant les tribunaux révolutionnaires. Ils constituent, du printemps 1793 à l’été 1794, des organes d’exception faisant partie du système de la Terreur. Plus de 20000 de ces comités furent créés dans toute la France, presque dans toutes les communes. Ils furent supprimés après le 9 thermidor.

Intérieur d’un comité révolutionnaire sous la Terreur. Eau-forte de C.N.Malapeau d’après un dessin d’Alexandre-Evariste Fragonard, fils du peintre Jean-Honoré Fragonard. Dans toutes les villes de France, les comités révolutionnaires comme celui qui est représenté ici surveillent et châtient les suspects. Cette famille ci-devant a été citée à comparaître, et son humilité n'attendrit pas le cœur des patriotes. Les comités seront les grands pourvoyeurs du Tribunal révolutionnaire. Il montre une vingtaine de jacobins, la pipe à la bouche, le verre à la main, armés de piques et de gourdins, procèdent à l’interrogatoire d’un jeune homme, d’une jeune femme et de leur petite fille au milieu des cris, des vociférations, de la fumée. Ils sont vêtus du costume des Sans-culottes et coiffés du bonnet rouge. Au mur pend l’oriflamme de la section, entre les tables des Droits de l’homme et les bustes de Marat et de Le Peletier. Derrière la table, les cartons d’archives empilés contiennent les interrogatoires et les dénonciations largement utilisés sous le régime de la Terreur. Au sol traînent des bouteilles cassées et des grabats en désordre.

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Document 13 : Gravure montrant un Comité révolutionnaire de section de Paris en 1793 (Paris en comptait 48). Par le décret du 21 mai, sanctionné par le roi le 27 juin 1790, l’Assemblée constituante créa 48 sections (divisions territoriales et administratives), pour remplacer les districts, mettant fin à la tutelle de l'État sur la commune de Paris. Bien que censées n'être que des circonscriptions électorales, elles jouèrent un rôle important dans la Révolution : s'impliquant fortement dans le débat politique, elles prenaient des décisions formelles, leur conférant ainsi un rôle d'autorité municipale. Chaque section comportait un comité civil, un comité révolutionnaire et une force armée.

Comité révolutionnaire de section parisienne de l'an II, d'après Jean-Baptiste Huet. (Bibliothèque nationale de France) Ce Comité de surveillance examine le certificat de civisme d'un citoyen. Dans l'atmosphère tendue de l'an II, le simple citoyen pouvait craindre le pire lorsqu'on le citait à comparaître devant les responsables de l'ordre public.

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Document 14 : Certificat de civisme de la Commune de Menil-Saint-Denis de brumaire An II (nov. 1793) qui énumère les qualités du bon citoyen : «il a prêté son serment civique, a accepté la Constitution Républicaine, et a payé ses impositions ». Les certificats de civisme permettent aux citoyens ainsi confirmés de postuler à des fonctions de responsabilité. Ces documents, au format de poche, sortes de pièce d’identité, permettent aussi de circuler sans être inquiété. La mention manuscrite «payé ses impositions», laissant sans doute à l’appréciation de l’officier municipal de compléter cette définition du «bon» citoyen (Archives départementales des Yvelines).

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Document 15 : Les représentants en mission furent les agents du CSP et responsable d’une grande partie de la Terreur en province. Parmi eux, on peut citer : Joseph Fouché (à Lyon), Louis-Marie Stanislas Fréron (à Marseille), Jean-Lambert Tallien (à Bordeaux), Jean-Baptiste Carrier (à Nantes), Étienne Christophe Maignet, Jean-Marie Collot d'Herbois, Georges Couthon, Louis Antoine de Saint-Just, Philippe-François-Joseph Le Bas, René Levasseur, etc.

Portrait de Jean-Baptiste Carrier (1756-1794), il fut l’un des responsables des terribles massacres de Nantes. Au total, sur les 13 000 prisonniers détenus à Nantes, environ 10 000 furent tués (1 800 à 4 000 noyés, environ 2 000 fusillés et guillotinés et environ 3 000 morts du typhus ou autres maladies).

Le général Louis Marie Turreau de Garambouville (1756-1816) se rendit funestement célèbre par ses colonnes infernales dans la répression des vendéens.

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Document 16 : Décret du 17 septembre 1793 sur les suspects, qui généralise la suspicion de contre-révolutionnaire, proposée par Philippe-Antoine Merlin de Douai et Jean-Jacques-Régis de Cambacérès. L'exécution de cette loi, dont le contenu fut encore durci en 1794, et les arrestations furent confiées aux comités de surveillance et non aux autorités légales.

- Art. 1er. Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent dans le territoire de la République, et qui sont encore en liberté, seront mis en état d'arrestation.

- Art. 2. Sont réputés gens suspects : 1° ceux qui, soit par leur conduite, soit par leur relations, soit par leur propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie ou du fédéralisme, et ennemis de la liberté ; 2° ceux qui ne pourront pas justifier, de la manière prescrite par le décret du 21 Mars dernier, de leurs moyens d’exister et de l'acquit de leurs devoirs civiques ; 3° ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme ; 4° les fonctionnaires publics suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention nationale ou ses commissaires, et non réintégrés, notamment ceux qui ont été ou doivent être destitués en vertu du décret du 14 août dernier ; 5° ceux des ci-devants nobles, ensemble les maris, femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœurs, et agens d'émigrés, qui n'ont pas constamment manifesté leur attachement à la révolution ; 6° ceux qui ont émigré dans l'intervalle du 1er juillet 1789 à la publication du décret du 30 mars - 8 avril 1792, quoiqu'ils soient rentrés en France dans le délai fixé par ce décret, ou précédemment.

- Art. 3. Les comités de surveillance établis d'après le décret du 21 mars dernier, ou ceux qui leur ont été substitués, soit par les arrêtés des représentants du peuple envoyés par les armées et dans les départements, soit en vertu des décrets particuliers de la Convention nationale, sont chargés de dresser, chacun dans son arrondissement, la liste des gens suspects, de décerner contre eux les mandats d'arrêt, et de faire apposer les scellés sur leurs papiers. Les commandants de la force publique à qui seront remis ces mandats seront tenus de les mettre à exécution sur-le-champ, sous peine de destitution.

- Art. 4. Les membres du comité ne pourront ordonner l'arrestation d'aucun individu sans être au nombre de sept, et qu'à la majorité absolue des voix.

- Art. 5. Les individus arrêtés comme suspects seront d'abord conduits dans les maisons d’arrêts du lieu de leur détention ; à défaut de maisons d'arrêt, ils seront gardés à vue dans leurs demeures respectives.

- Art. 6. Dans la huitaine suivante, ils seront transférés dans les bâtiments nationaux que les administrations de département seront tenues, aussitôt après la réception du présent décret, de désigner et faire préparer à cet effet.

- Art. 7. Les détenus pourront faire transporter dans ces batimens les meubles qui leur seront d'une absolue nécessité ; ils y resteront gardés jusqu'à la paix.

- Art. 8. Les frais de garde seront à la charge des détenus, et seront répartis entre eux également : cette garde sera confiée de préférence aux pères de famille et aux parens des citoyens qui sont ou marcheront aux frontières. Le salaire en est fixé, par chaque homme de garde, à la valeur d'une journée et demie de travail.

- Art. 9. Les comités de surveillance enverront sans délai au comité de sûreté générale de la Convention nationale l'état des personnes qu’ils auront fait arrêter, avec les motifs de leur arrestation et les papiers qu'ils auront saisis sur elles comme gens suspects.

- 10. Les tribunaux civils et criminels pourront, s'il y a lieu, faire retenir en état d'arrestation et envoyer dans les maisons de détention ci-dessus énoncées, les prévenus de délits à l'égard desquels il sera déclaré n'y avoir pas lieu à accusation, ou qui seraient acquittés des accusations portées contre eux.

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Document 17 : Surenchérissant sur la Convention, le 11 octobre 1793, la Commune de Paris, qui possède sa propre force armée, adopte ses propres lois contre les suspects qui indiquent les caractères permettant de distinguer les suspects dont la fameuse disposition : «Ceux qui n'ayant rien fait contre la liberté, n'ont aussi rien fait pour elle», souvent attribué à tort à la loi des suspects de la Convention.

Caractères qui doivent distinguer les hommes suspects, et à qui on doit refuser le certificat de civisme

- 1 Ceux qui, dans les assemblées du peuple, arrêtent son énergie par des discours astucieux, des cris turbulents et des menaces.

- 2 Ceux qui, plus prudents, parlent mystérieusement des malheurs de la République, s'apitoyent sur le sort du peuple, et sont toujours prêts à répandre des mauvaises nouvelles avec une douleur affectée.

- 3 Ceux qui ont changé de conduite et de langage selon les événements; qui, muets sur les crimes des royalistes et des fédéralistes, déclament avec emphase contre les fautes légères des patriotes et affectent, pour paraître républicains, une austérité, une sévérité étudiées, et qui cèdent aussitôt qu'il s'agit d'un modéré ou d'un aristocrate.

- 4 Ceux qui plaignent les fermiers et les marchands avides contre lesquels la loi est obligée de prendre des mesures.

- 5 Ceux qui ayant toujours le mot de Liberté, République et Patrie sur les lèvres, fréquentent les ci-devant nobles, les prêtres contre-révolutionnaires, les aristocrates, les feuillants, les modérés, et s'intéressent à leur sort.

- 6 Ceux qui n'ont pris aucune part dans tout ce qui intéresse la révolution et qui, pour s'en disculper, font valoir le paiement de leurs contributions, leurs dons patriotiques, leur service de la garde-nationale par remplacement ou autrement, etc.

- 7 Ceux qui ont reçu avec indifférence la constitution républicaine et ont fait part de fausses craintes sur son établissement et sa durée.

- 8 Ceux qui n'ayant rien fait contre la liberté, n'ont aussi rien fait pour elle.

- 9 Ceux qui ne fréquentent pas leur section et donnent pour excuse qu'ils ne savent pas parler, ou que leurs affaires les en empêchent.

- 10 Ceux qui parlent avec mépris des autorités constituées, des signes de la loi, des sociétés populaires, des défenseurs de la liberté.

- 11 Ceux qui ont signé des pétitions contre-révolutionnaires, ou fréquenté des sociétés et clubs anti-civiques.

- 12 Les partisans de La Fayette et les assassins qui se sont transportés au Champ-de-Mars.

Le Conseil général, après avoir entendu la lecture des caractères qui distinguent les gens suspects, en approuve la rédaction, et considérant qu'il est du plus grand intérêt pour la République d'établir sur des bases fixes les motifs de rejet ou d'adoption pour les places,

Arrête l'impression, l'envoi aux quarante-huit sections et aux sociétés populaires des caractères distinctifs des gens suspects.

Signé : Lubin, vice-président, Dorat-Cubières, secrétaire, greffier-adjoint.Pour copie conforme : Coulombeau, secrétaire-greffier."

20 vendémiaire an II de la République française.Extrait du registre des délibérations du Conseil général.

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Document 18 : À propos de la constitution idéologique de la Terreur, voici quelques exemples chez Robespierre.

Que le glaive de la loi, planant avec une rapidité terrible sur la tête des conspirateurs, frappe de terreur leurs complices ! Que ces grands exemples anéantissent les séditions par la terreur qu’ils inspireront à tous les ennemis de la patrie !

Robespierre à la tribune de la ConventionLe 12 août 1793

Nous allons développer d'abord les principes et la nécessité du gouvernement révolutionnaire ; nous montrerons ensuite la cause qui tend à le paralyser dans sa naissance. La théorie du gouvernement révolutionnaire est aussi neuve que la révolution qui l'a amenée. Il ne faut pas la chercher dans les livres des écrivains politiques, qui n'ont point prévu cette révolution, ni dans les lois des tyrans, qui, contents d'abuser de leur puissance, s'occupent peu d'en rechercher la légitimité ; aussi ce mot n'est-il pour l'aristocratie qu'un sujet de terreur ou un texte de calomnie ; pour les tyrans, qu'un scandale ; pour bien des gens, qu'une énigme ; il faut l'expliquer à tous pour rallier au moins les bons citoyens aux principes de l'intérêt public. La fonction du gouvernement est de diriger les forces morales et physiques de la nation vers le but de son institution. Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République ; celui d'un gouvernement révolutionnaire est de la fonder. La révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis; la constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible. Le gouvernement révolutionnaire a besoin d'une activité extraordinaire, précisément parce qu'il est en guerre. Il est soumis à des règles moins uniformes et moins rigoureuses parce que les circonstances où il se trouve sont orageuses et mobiles, et surtout parce qu'il est forcé à déployer sans cesse des ressources nouvelles et rapides, pour des dangers nouveaux et pressants. Le gouvernement constitutionnel s'occupe principalement de la liberté civile ; et le gouvernement révolutionnaire, de la liberté publique. Sous le régime constitutionnel, il suffit presque de protéger les individus contre l'abus de la puissance publique ; sous le régime révolutionnaire, la puissance publique elle-même est obligée de se défendre contre toutes les factions qui l'attaquent. Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons citoyens toute la protection nationale; il ne doit aux ennemis du peuple que la mort.

RobespierreRapport du 25 décembre 1793

Il existe une conspiration contre la liberté publique, elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la Convention ; cette coalition a des complices dans le Comité de Sûreté générale ; des membres du Comité de Salut public entrent dans ce complot ; la coalition ainsi formée cherche à perdre les patriotes et la patrie.Quel est le remède à ce mal ? Punir les traîtres, épurer le Comité de Sûreté générale ; épurer le Comité de Salut public lui-même.Je suis fait pour combattre le crime non pour le gouverner.

Robespierre, Dernier discours du 26 juillet 1794

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Document 19 : Ce texte de Robespierre sur l’instauration de la Terreur au nom de la vertu est directement inspiré des thèses politiques et de l’état du Contrat Social de Rousseau. Dans les luttes de factions des Montagnards, il vise plus précisément comme «contre-révolutionnaires» à la fois les modérés (les «indulgents»), les dantoniens et les hébertistes qui seront d’ici quelques semaines arrêtés et envoyés à l’échafaud.

Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l’administration intérieure de la République

Prononcé à la Convention le 5 février 1794 - 17 pluviôse An II

Citoyens représentants du peuple,

Nous avons exposé, il y a quelque temps, les principes de notre politique extérieure : nous venons développer aujourd’hui les principes de notre politique intérieure.

Après avoir marché longtemps au hasard, & comme emportés par le mouvement des factions contraires, les représentants du peuple français ont enfin montré un caractère & un gouvernement. Un changement subi dans la fortune de la nation, annonça à l’Europe la régénération qui s’était opérée dans la représentation nationale. Mais, jusqu’au moment même où je parle, il faut convenir que nous avons été plutôt guidés, dans des circonstances si orageuses, par l’amour du bien & par le sentiment des besoins de la Patrie, que par une théorie exacte & des règles précises de conduite, que nous n’avions pas même le loisir de tracer.

Il est temps de marquer nettement le but de la Révolution, & le terme où nous voulons arriver ; il est temps de nous rendre compte à nous-mêmes, & des obstacles qui nous en éloignent encore, & des moyens que nous devons adopter pour l’atteindre : une idée simple & importante qui semble n’avoir jamais été aperçue. Eh ! Comment un gouvernement lâche & corrompu aurait-il osé la réaliser ? Un roi, un sénat orgueilleux, un César, un Cromwell, doivent avant tout couvrir leurs projets d’un voile religieux, transiger avec tous les vices, caresser tous les partis, écraser celui des gens de bien, opprimer ou tromper le peuple, pour arriver au but de leur perfide ambition. Si nous n’avions pas eu une plus grande tâche à remplir, s’il ne s’agissait ici que des intérêts d’une faction ou d’une aristocratie nouvelle, nous aurions pu croire comme certains écrivains, plus ignorants encore que pervers, que le plan de la Révolution était écrit en toutes lettres dans les livres de Tacite & de Machiavel, & chercher les devoirs des représentants du peuple dans l’histoire d’Auguste, de Tibère ou de Vespasien, ou même dans celle de certains législateurs français ; car, à quelques nuances près de perfidie ou de cruauté, tous les tyrans se ressemblent.

Pour nous, nous venons aujourd’hui mettre l’univers dans la confidence de vos secrets politiques, afin que tous les amis de la patrie puissent se rallier à la voix de la raison & de l’intérêt public ; afin que la nation française & ses représentants soient respectés dans tous les pays de l’univers où la connaissance de leurs véritables principes pourra parvenir ; afin que les intrigants qui cherchent toujours à remplacer d’autres intrigants, soient jugés par l’opinion publique, sur des règles sûres & faciles.

Il faut prendre de loin ses précautions pour remettre les destinées de la liberté dans les mains de la vérité qui est éternelle, plus que dans celle des hommes qui passent, de manière que si le gouvernement oublie les intérêts du peuple, ou qu’il retombe entre les mains des hommes corrompus, selon le cours naturel des choses, la lumière des principes reconnus éclaire ses trahisons, & que toute faction nouvelle trouve la mort dans la seule pensée du crime.

Heureux le peuple qui peut arriver à ce point ! Car, quelques nouveaux outrages qu’on lui prépare, quelles ressources ne présentent pas un ordre des choses où la raison publique est la garantie de la liberté !

Quel est le but où nous tendons ? La jouissance paisible de la liberté & de l’égalité ; le règne de cette justice éternelle, dont les lois ont été gravées, non sur le marbre ou sur la pierre, mais dans les coeurs de tous les hommes, même dans celui de l’esclave qui les oublie, & du tyran qui les nie.

Nous voulons substituer, dans notre pays, la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté

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à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole & misérable, c’est-à -dire, toutes les vertus & tous les miracles de la République, à tous les vices & à tous les ridicules de la monarchie.

Nous voulons, en un mot, remplir les vœux de la nature, accomplir les destins de l’humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la providence du long règne du crime & de la tyrannie. Que la France, jadis illustre parmi les pays esclaves, éclipsant la gloire de tous les peuples libres qui ont existé, devienne le modèle des nations, l’effroi des oppresseurs, la consolation des opprimés, l’ornement de l’univers, & qu’en scellant notre ouvrage de notre sang, nous puissions voir briller au moins l’aurore de la félicité universelle… Voilà notre ambition, voilà notre but.

Quelle nature de gouvernement peut réaliser ces prodiges ? Le seul gouvernement démocratique ou républicain : ces deux mots sont synonymes, malgré les abus du langage vulgaire ; car l’aristocratie n’est pas plus la république que la monarchie. La démocratie n’est pas un état où le peuple, continuellement assemblé, règle par lui-même toutes les affaires publiques, encore moins celui où cent mille fractions du peuple, par des mesures isolées, précipitées & contradictoires, décideraient du sort de la société entière : un tel gouvernement n’a jamais existé, & il ne pourrait exister que pour ramener le peuple au despotisme.

La démocratie est un état où le peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, & par des délégués tout ce qu’il ne peut faire lui-même.

C’est donc dans les principes du gouvernement démocratique que vous devez chercher les règles de votre conduite politique.

Mais, pour fonder & pour consolider parmi nous la démocratie, pour arriver au règne paisible des lois constitutionnelles, il faut terminer la guerre de la liberté contre la tyrannie, & traverser heureusement les orages de la Révolution : tel est le but du système révolutionnaire que vous avez régularisé. Vous devez donc encore régler votre conduite sur les circonstances orageuses où se trouve la République ; & le plan de votre administration doit être le résultat de l’esprit du gouvernement révolutionnaire, combiné avec les principes généraux de la démocratie.

Or, quel est le principe fondamental du gouvernement démocratique ou populaire, c’est-à -dire, le ressort essentiel qui le soutient & qui le fait mouvoir ? C’est la vertu ; je parle de la vertu publique qui opéra tant de prodiges dans la Grèce & dans Rome, & qui doit en produire de bien plus étonnant dans la France républicaine ; de cette vertu qui n’est autre chose que l’amour de la patrie & de ses lois.

Mais comme l’essence de la République ou de la démocratie est l’égalité, il s’ensuit que l’amour de la patrie embrasse nécessairement l’amour de l’égalité.

Il est vrai encore que ce sentiment sublime suppose la préférence de l’intérêt public à tous les intérêts particuliers ; d’où il résulte que l’amour de la patrie suppose encore ou produit toutes les vertus : car sont-elles autre chose que la force de l’âme qui rend capable de ces sacrifices ? & comment l’esclave de l’avarice & de l’ambition, par exemple, pourrait-il immoler son idole à la patrie ?

Non-seulement la vertu est l’âme de la démocratie ; mais elle ne peut exister que dans ce gouvernement. Dans la monarchie, je ne connais qu’un individu qui peut aimer la patrie, & qui, pour cela, n’a pas même besoin de vertu ; c’est le monarque. La raison en est que de tous les habitants de ses états, le monarque est le seul qui ait une patrie. N’est-il pas le souverain, au moins de fait ? N’est-il pas à la place du peuple ? Et qu’est-ce que la patrie, si ce n’est le pays où l’on est citoyen & membre du souverain ?

Par une conséquence du même principe, dans les états aristocratiques, le mot patrie ne signifie quelque chose que pour les familles patriciennes qui ont envahi la souveraineté.

Il n’est que la démocratie où l’État est véritablement la patrie de tous les individus qui le composent, & peut compter autant de défenseurs intéressés à sa cause qu’il renferme de citoyens. Voilà la source de la supériorité des peuples libres sur tous les

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autres. Si Athènes & Sparte ont triomphé des tyrans de l’Asie, & les Suisses, des tyrans de l’Espagne & de l’Autriche, il n’en faut point chercher d’autre cause.

Mais les Français sont le premier peuple du monde qui ait établi la véritable démocratie, en appelant tous les hommes à l’égalité & à la plénitude des droits du citoyen ; & c’est là, à mon avis, la véritable raison pour laquelle tous les tyrans ligués contre la République seront vaincus.Il est dès ce moment de grandes conséquences à tirer des principes que nous venons d’exposer.

Puisque l’âme de la République est la vertu, l’égalité, & que votre but est de fonder, de consolider la République, il s’ensuit que la première règle de votre conduite politique doit être de rapporter toutes vos opérations au maintien de l’égalité & au développement de la vertu ; car le premier soin du législateur doit être de fortifier le principe du gouvernement. Ainsi tout ce qui tend à exciter l’amour de la patrie, à purifier les mœurs, à élever les âmes, à diriger les passions du coeur humain vers l’intérêt public, doit être adopté ou établi par vous. Tout ce qui tend à les concentrer dans l’abjection du moi personnel, à réveiller l’engouement pour les petites choses & le mépris des grandes, doit être rejeté ou réprimé par vous. Dans le système de la Révolution française, ce qui est immoral est impolitique, ce qui est corrupteur est contre-révolutionnaire. La faiblesse, les vices, les préjugés, sont le chemin de la royauté. Entraînés trop souvent peut-être par le poids de nos anciennes habitudes, autant que par la pente insensible de la faiblesse humaine, vers les idées fausses & vers les sentiments pusillanimes, nous avons bien moins à nous défendre des excès d’énergie que des excès de faiblesse. Le plus grand écueil peut-être que nous avons à éviter n’est pas la ferveur du zèle, mais plutôt la lassitude du bien, & la peur de notre propre courage. Remontez donc sans cesse le ressort sacré du gouvernement républicain, au lieu de le laisser tomber. Je n’ai pas besoin de dire que je ne veux justifier ici aucun excès ; c’est à la sagesse du gouvernement à consulter les circonstances, à saisir les moments, à choisir les moyens ; car la manière de préparer les grandes choses est une partie essentielle du talent de les faire, comme la sagesse est elle-même une partie de la vertu.

Nous ne prétendons pas jeter la République française dans le moule de celle de Sparte ; nous ne voulons lui donner ni l’austérité, ni la corruption des cloîtres. Nous venons de vous présenter, dans toute sa pureté, le principe moral & politique du gouvernement populaire. Vous avez donc une boussole qui peut vous diriger au milieu des orages de toutes les passions, & du tourbillon des intrigues qui vous environnent. Vous avez la pierre de touche par laquelle vous pouvez essayer toutes vos lois, toutes les propositions qui vous sont faites. En les comparant sans cesse avec ce principe, vous pouvez désormais éviter l’écueil des grandes assemblées, le danger des surprises & des mesures précipitées, incohérentes & contradictoires. Vous pourrez donner à toutes vos opérations l’ensemble, l’unité, la sagesse & la dignité qui doivent annoncer les représentants du premier peuple du monde.

Ce ne sont pas les conséquences faciles du principe de la démocratie qu’il faut détailler, c’est ce principe simple & fécond qui mérite d’être lui-même développé.

La vertu républicaine peut-être considérée par rapport au peuple, & par rapport au gouvernement : elle est nécessaire dans l’un & dans l’autre. Quand le gouvernement seul en est privé, il reste une ressource dans celle du peuple ; mais, quand le peuple lui-même est corrompu, la liberté est déjà perdue.

Heureusement la vertu est naturelle au peuple, en dépit des préjugés aristocratiques. Une nation est vraiment corrompue, lorsqu’après avoir perdu, par degrés, son caractère & sa liberté, elle passe de la démocratie à l’aristocratie ou à la monarchie ; c’est la mort du corps politique, par la décrépitude. Lorsqu’après quatre cents ans de gloire, l’avarice a enfin chassé de Sparte les moeurs avec les lois de Lycurgue, Agis meurt en vain pour les rappeler. Demosthène a beau tonner contre Philippe, Philippe trouve dans les vices d’Athènes dégénérée des avocats plus éloquents que Demosthène. Il y a bien encore, dans Athènes, une population aussi nombreuse que du temps de Miltiade & d’Aristide ; mais il n’y a plus d’Athéniens. Qu’importe que Brutus ait tué le tyran ? La tyrannie vit encore dans les cœurs, & Rome n’existe plus que dans Brutus.

Mais, lorsque par des efforts prodigieux de courage & de raison, un peuple brise les chaînes du despotisme, pour en faire des trophées à la liberté ; lorsque par la force de son tempérament moral, il sort, en quelque sorte, des bras de la mort pour reprendre toute la vigueur de la jeunesse ; lorsque, tour-à -tour sensible & fier, intrépide & docile, il

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ne peut être arrêté ni par les remparts inexpugnables, ni par les armées innombrables des tyrans armés contre lui, & qu’il s’arrête lui-même devant l’image de la loi ; s’il ne s’élance pas rapidement à la hauteur de ses destinées, ce ne pourrait être que la faute de ceux qui le gouvernent.

D’ailleurs on peut dire, en un sens, que pour aimer la justice & l’égalité, le peuple n’a pas besoin d’une grande vertu ; il lui suffit de s’aimer lui-même.

Mais le magistrat est obligé d’immolé son intérêt à l’intérêt du peuple, & l’orgueil du pouvoir à l’égalité. Il faut que la loi parle surtout avec empire à celui qui en est l’organe. Il faut que le gouvernement pèse sur lui-même, pour tenir toutes ses parties en harmonie avec elle. S’il existe un corps représentatif, une autorité première, constituée par le peuple, c’est à elle de surveiller & de réprimer sans cesse tous les fonctionnaires publics. Mais qui la réprimera elle-même, sinon sa propre vertu ? Plus cette source de l’ordre public est élevée, plus elle doit être pure; il faut donc que le corps représentatif commence par soumettre dans son sein toutes les passions privées à la passion générale du bien public. Heureux les représentants, lorsque leur gloire & leur intérêt même les attachent, autant que leurs devoirs, à la cause de la liberté.

Déduisons de tout ceci une grande vérité ; c’est que le caractère du gouvernement populaire est d’être confiant dans le peuple, & sévère envers lui-même.

Ici se bornerait tout le développement de notre théorie, si vous n’aviez qu’à gouverner dans le calme le vaisseau de la République : mais la tempête gronde ; & l’état de la révolution où vous êtes vous impose une autre tâche.

Cette grande pureté des bases de la Révolution française, la sublimité même de son objet est précisément ce qui fait notre force & notre faiblesse ; notre force, parce qu’il nous donne l’ascendant de la vérité sur l’imposture, & les droits de l’intérêt public sur les intérêts privés ; notre faiblesse, parce qu’il rallie contre nous tous les hommes vicieux, tous ceux qui dans leurs cœurs méditaient de dépouiller le peuple, & tous ceux qui veulent l’avoir dépouillé impunément, & ceux qui ont repoussé la liberté comme une calamité personnelle, & ceux qui ont embrassé la révolution comme un métier & la République comme une proie : de-là la défection de tant d’hommes ambitieux ou cupides, qui, depuis le point du départ, nous ont abandonné sur la route, parce qu’ils n’avaient pas commencé le voyage pour arriver au même but. On dirait que les deux génies contraires que l’on a représentés se disputant l’empire de la nature, combattent dans cette grande époque de l’histoire humaine, pour fixer sans retour les destinées du monde, & que la France est le théâtre de cette lutte redoutable. Au dehors tous les tyrans vous cernent au dedans tous les amis de la tyrannie conspirent : ils conspireront jusqu’à ce que l’espérance ait été ravie au crime. Il faut étouffer les ennemis intérieurs & extérieurs de la République, ou périr avec elle ; or, dans cette situation, la première maxime de votre politique doit être qu’on conduit le peuple par la raison, & les ennemis du peuple par la terreur.

Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu & la terreur : la vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier, qu’une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressants besoins de la patrie.

On a dit que la terreur était le ressort du gouvernement despotique. Le vôtre ressemble-t-il donc au despotisme ? Oui, comme le glaive qui brille dans les mains des héros de la liberté, ressemble à celui dont les satellites de la tyrannie sont armés. Que le despote gouverne par la terreur ses sujets abrutis ; il a raison, comme despote : domptez par la terreur les ennemis de la liberté ; & vous aurez raison comme fondateurs de la République. Le gouvernement de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. La force n’est-elle faite que pour protéger le crime ? & n’est-ce pas pour frapper les têtes orgueilleuses que la foudre est destinée ?

La nature impose à tout être physique & moral la loi de pourvoir à sa conservation ; le crime égorge l’innocence pour régner, & l’innocence se débat de toutes ses forces dans les mains du crime. Que la tyrannie règne un seul jour, le lendemain il ne restera plus un patriote. Jusqu’à quand la fureur des despotes sera-t-elle appelée justice, & la justice du peuple, barbarie ou rébellion ? Comme on est tendre pour les oppresseurs, & inexorables

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pour les opprimés ! Rien de plus naturel : quiconque ne hait point le crime, ne peut aimer la vertu.

Il faut cependant que l’un ou l’autre succombe. Indulgence pour les royalistes, s’écrient certaines gens. Grâce pour les scélérats ! Non : grâce pour l’innocence, grâce pour les faibles, grâce pour les malheureux, grâce pour l’humanité !

La protection sociale n’est due qu’aux citoyens paisibles : il n’y a de citoyens dans la République que les républicains. Les royalistes, les conspirateurs ne sont, pour elle, que des étrangers, ou plutôt des ennemis. Cette guerre terrible que soutient la liberté contre la tyrannie, n’est-elle pas indivisible ? Les ennemis du dedans ne sont-ils pas les alliés des ennemis du dehors ? les assassins qui déchirent la patrie dans l’intérieur ; les intrigants qui achètent les consciences des mandataires du peuple ; les traîtres qui les vendent ; les libellistes mercenaires soudoyés pour déshonorer la cause du peuple, pour tuer la vertu publique, pour attiser le feu des discordes civile, & pour préparer la contre-révolution politique par la contre-révolution morale ; tous ces gens-là sont-ils moins coupables ou moins dangereux que les tyrans qu’ils servent ? Tous ceux qui interposent leur douceur parricide entre ces scélérats & le glaive vengeur de la justice nationale, ressemblent à ceux qui se jetteraient entre les satellites des tyrans & les baïonnettes de nos soldats ; tous les élans de leur fausse sensibilité ne me paraissent que des soupirs échappés vers l’Angleterre & vers l’Autriche.

Eh ! Pour qui donc s’attendriraient-ils ? Serait-ce pour deux cent mille héros, l’élite de la nation, moissonnés par le fer des ennemis de la liberté, ou par les poignards des assassins royaux ou fédéralistes ? Non, ce n’étaient que des plébéiens, des patriotes ; pour avoir droit à leur tendre intérêt, il faut être au moins la veuve d’un général qui a trahi vingt fois la patrie ; pour obtenir leur indulgence, il faut presque prouver qu’on a fait immoler dix mille Français, comme un général romain, pour obtenir le triomphe, devait avoir tué, je crois, dix mille ennemis. On entend de sang-froid le récit des horreurs commises par les tyrans contre les défenseurs de la liberté ; nos femmes horriblement mutilées ; nos enfants massacrés sur le sein de leurs mères ; nos prisonniers expiant dans d’horribles tourments leur héroïsme touchant & sublime ; on appelle une horrible boucherie la punition trop lente de quelques monstres engraissés du plus pur sang de la patrie.

On souffre, avec patience, la misère des citoyennes généreuses qui ont sacrifié à la plus belle des causes leurs frères, leurs enfants, leurs époux ; mais on prodigue les plus généreuses consolations aux femmes des conspirateurs ; il est reçu qu’elles peuvent impunément séduire la justice, plaider contre la liberté la cause de leurs proches & de leurs complices ; on en a fait presqu’une corporation privilégiée, créancière & pensionnaire du peuple.

Avec quelle bonhomie nous sommes encore la dupe des mots ! Comme l’aristocratie & le modérantisme nous gouvernent encore par les maximes meurtrières qu’ils nous ont données !

L’aristocratie se défend mieux par ses intrigues, que le patriotisme par ses services. On veut gouverner les révolutions par les arguties du palais ; on traite les conspirations contre la république comme les procès des particuliers. La tyrannie tue, & la liberté plaide ; & le code fait par les conspirateurs eux-mêmes, est la loi par laquelle on les juge.

Quand il s’agit du salut de la patrie, le témoignage de l’univers ne peut suppléer à la preuve testimoniale, ni l’évidence même à la preuve littérale.

La lenteur des jugements équivaut à l’impunité, l’incertitude de la peine encourage tous les coupables : & cependant on se plaint de la sévérité de la justice ; on se plaint de la détention des ennemis de la République. On chercher ses exemples dans l’histoire des tyrans, parce qu’on ne veut pas les choisir dans celle des peuples, ni les puiser dans le génie de la liberté menacée. À Rome, quand le consul découvrit la conjuration, & l’étouffa au même instant par la mort des complices de Catilina, il fut accusé d’avoir violé les formes, par qui ? par l’ambitieux César qui voulait grossir son parti de la horde des conjurés, par les Pisons, les Clodius, & tous les mauvais citoyens qui redoutaient pour eux-mêmes la vertu d’un vrai Romain & la sévérité des lois.Punir les oppresseurs de l’humanité, c’est clémence ; leur pardonner, c’est barbarie. La rigueur des tyrans n’a pour principe que la rigueur : celle du gouvernement républicain part de la bienfaisance.

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Aussi, malheur à celui qui oserait diriger vers le peuple la terreur qui ne doit approcher que de ses ennemis ! Malheur à celui qui, confondant les erreurs inévitables du civisme avec les erreurs calculées de la perfidie, ou avec les attentats des conspirateurs, abandonne l’intrigant dangereux, pour poursuivre le citoyen paisible ! Périsse le scélérat qui ose abuser du nom sacré de la liberté, ou des armes redoutables qu’elle lui a confiées, pour porter le deuil ou la mort dans le coeur des patriotes ! Cet abus a existé, on ne peut en douter. Il a été exagéré, sans doute, par l’aristocratie : mais existât-il dans toute la république qu’un seul homme vertueux persécuté par les ennemis de la liberté, le devoir du gouvernement serait de la rechercher avec inquiétude, & de le venger avec éclat.

Mais faut-il conclure de ces persécutions suscitées aux patriotes par le zèle hypocrite des contre-révolutionnaires, qu’il faut rendre la liberté aux contre-révolutionnaires, & renoncer à la sévérité ? Ces nouveaux crimes de l’aristocratie ne font qu’en démontrer la nécessité. Que prouve l’audace de nos ennemis, sinon la faiblesse avec laquelle ils ont été poursuivis ? Elle est due, en grande partie, à la doctrine qu’on a prêchée dans ces derniers temps, pour les rassurer. Si vous pouviez écouter ces conseils, vos ennemis parviendraient à leur but, & recevraient de vos propres mains le prix du dernier de leurs forfaits.

Qu’il y aurait de légèreté à regarder quelques victoires remportées par le patriotisme, comme la fin de tous nos dangers. Jetez un coup d’oeil sur notre véritable situation : vous sentirez que la vigilance & l’énergie vous sont plus nécessaires que jamais. Une sourde malveillance contrarie partout les opérations du gouvernement : la fatale influence des cours étrangères, pour être plus cachée, n’en est ni moins active, ni moins funeste. On sent que le crime intimidé n’a fait que couvrir sa marche avec plus d’adresse.

Les ennemis intérieurs du peuple français se sont divisés en deux factions, comme en deux corps d’armée. Elles marchent sous des bannières de différentes couleurs & par des routes diverses : mais elles marchent au même but ; ce but est la désorganisation du gouvernement populaire, la ruine de la Convention, c’est-à -dire, le triomphe de la tyrannie. L’une de ces deux factions nous pousse à la faiblesse, l’autre aux excès. L’une veut changer la liberté en bacchante, l’autre en prostituée.

Des intrigants subalternes, souvent même de bons citoyens abusés, se rangent dans l’un ou l’autre parti : mais les chefs appartiennent à la cause des rois ou de l’aristocratie, & se réunissent toujours contre les patriotes. Les fripons, lors même qu’ils se font la guerre, se haïssent bien moins qu’ils ne détestent les gens de bien. La patrie est leur proie ; ils se battent pour la partager : mais ils se liguent contre ceux qui la défendent.

On a donné aux uns le nom de modérés ; il y a peut-être plus d’esprit que de justesse dans la dénomination d’ultra-révolutionnaire, par laquelle on a désigné les autres. Cette dénomination, qui ne peut s’appliquer dans aucun cas aux hommes de bonne foi que le zèle & l’ignorance peuvent emporter au-delà de la saine politique de la révolution, ne caractérise pas exactement les hommes perfides que la tyrannie soudoie pour corrompre, par des applications fausses ou funestes, les principes sacrés de notre Révolution.

Le faux révolutionnaire est peut-être plus souvent encore en-deçà qu’au-delà de la Révolution : il est modéré, il est fou de patriotisme, selon les circonstances. On arrête dans les comités prussiens, anglais, autrichiens, moscovites même, ce qu’il pensera le lendemain. Il s’oppose aux mesures énergiques, & les exagère quand il n’a pu les empêcher : sévère pour l’innocence, mais indulgent pour le crime : accusant même les coupables qui ne sont point assez riches pour acheter son silence, ni assez importants pour mériter son zèle ; mais se gardant bien de jamais se compromettre au point de défendre la vertu calomniée : découvrant quelquefois des complots découverts, arrachant le masque à des traîtres démasqués & même décapités ; mais prônant les traîtres vivants & encore accrédités : toujours empressé à caresser l’opinion du moment, & non moins attentif à ne jamais l’éclairer, & surtout à ne jamais la heurter : toujours prêt à adopter les mesures hardies, pourvu qu’elles aient beaucoup d’inconvénients : calomniant celles qui ne présentent que des avantages, ou bien y ajoutant tous les amendements qui peuvent les rendre nuisibles : disant la vérité avec économie, & tout autant qu’il faut pour acquérir le droit de mentir impunément : distillant le bien goutte-à -goutte, & versant le mal par torrents : plein de feu pour les grandes résolutions qui ne signifient rien ; plus qu’indifférent pour celles qui peuvent honorer la cause du peuple & sauver la patrie : donnant beaucoup aux formes du patriotisme ; très-attaché, comme les dévots dont il se

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déclare l’ennemi, aux pratiques extérieures, il aimerait mieux user cent bonnets rouges que de faire une bonne action.

Quelle différence trouvez-vous entre ces gens-là & vos modérés ? Ce sont des serviteurs employés par le même maître, ou, si vous voulez, des complices qui feignent de se brouiller pour mieux cacher leurs crimes. Jugez-les, non par la différence du langage, mais par l’identité des résultats. Celui qui attaque la Convention nationale par des discours insensés, & celui qui la trompe pour la compromettre, ne sont-ils pas d’accord ? Celui qui, par d’injustes rigueurs, force le patriotisme à trembler pour lui-même, invoque l’amnistie en faveur de l’aristocratie & de la trahison. Tel appelait la France à la conquête du monde, qui n’avait d’autre but que d’appeler les tyrans à la conquête de la France. L’étranger hypocrite qui, depuis cinq années, proclame Paris la capitale du globe, ne faisait que traduire, dans un autre jargon, les anathèmes des vils fédéralistes qui vouaient Paris à la destruction. Prêcher l’athéisme n’est qu’une manière d’absoudre la superstition & d’accuser la philosophie ; & la guerre déclarée à la divinité, n’est qu’une diversion en faveur de la royauté.

Quelle autre méthode reste-t-il de combattre la liberté ?

Ira-t-on, à l’exemple des premiers champions de l’aristocratie, vanter les douceurs de la servitude & les bienfaits de la monarchie, le génie surnaturel & les vertus incomparables des rois.

Ira-t-on proclamer la vanité des droits de l’homme & des principes de la justice éternelle ?

Ira-t-on exhumer la noblesse & le clergé, ou réclamer les droits imprescriptibles de la haute bourgeoisie à leur double succession ?

Non. Il est bien plus commode de prendre le masque du patriotisme pour défigurer, par d’insolentes parodies, le drame sublime de la Révolution, pour compromettre la cause de la liberté par une modération hypocrite, ou par des extravagances étudiées.

Aussi l’aristocratie se constitue en sociétés populaires ; l’orgueil contre-révolutionnaire cache, sous des haillons, ses complots & ses poignards ; le fanatisme brise ses propres autels ; le royalisme chante les victoires de la République ; la noblesse, accablée de souvenirs, embrasse tendrement l’égalité pour l’étouffer ; la tyrannie, teinte du sang des défenseurs de la liberté, répand des fleurs sur leur tombeau. Si tous les coeurs ne sont pas changés, combien de visages sont masqués ! Combien de traîtres ne se mêlent de nos affaires que pour les ruiner !

Voulez-vous les mettre à l’épreuve, demandez-leur, au lieu de serment & de déclaration, des services réels ?

Faut-il agir ? Ils pérorent. Faut-il délibérer ? Ils veulent commencer par agir. Les temps sont-ils paisibles ? Ils s’opposeront à tout changement utile. Sont-ils orageux ? Ils parleront de tout réformer, pour bouleverser tout. Voulez-vous contenir les séditieux ? Ils vous rappellent la clémence de César. Voulez-vous arracher les patriotes à la persécution ? Ils vous proposent pour modèle la fermeté de Brutus ; ils découvrent qu’un tel a été noble, lorsqu’il sert la république ; ils ne s’en souviennent plus dès qu’il la trahit. La paix est-elle utile ? Ils vous étalent les palmes de la victoire. La guerre est-elle nécessaire ? Ils vantent les douceurs de la paix. Faut-il défendre le territoire ? Ils veulent aller châtier les tyrans au-delà des monts & des mers. Faut-il reprendre nos forteresses ? Ils veulent prendre d’assaut les églises & escalader le ciel. Ils oublient les Autrichiens pour faire la guerre aux dévotes. Faut-il appuyer notre cause de la fidélité de nos alliés ? Ils déclameront contre tous les gouvernements du monde, & vous proposeront de mettre en état d’accusation le grand Mogol lui-même. Le peuple va-t-il au Capitole rendre grâce de ses victoires ? Ils entonnent des chants lugubres sur nos revers passés. S’agit-il d’en remporter de nouvelles ? Ils sèment, au milieu de nous, les haines, les divisions, les persécutions & le découragement. Faut-il réaliser la souveraineté du peuple & concentrer sa force par un gouvernement ferme & respecté ? Ils trouvent que les principes du gouvernement blessent la souveraineté du peuple. Faut-il réclamer les droits du peuple opprimé par le gouvernement ? Ils ne parlent que du respect pour les lois, & de l’obéissance due aux autorités constituées.

Ils ont trouvé un expédient admirable pour seconder les efforts du gouvernement républicain : c’est de le désorganiser, de le dégrader complètement, de faire la guerre aux patriotes qui ont concouru à nos succès.

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Cherchez-vous les moyens d’approvisionner vos armées ? Vous occupez-vous d’arracher à l’avarice & à la peur les subsistances qu’elles resserrent ? Ils gémissent patriotiquement sur la misère publique & annoncent la famine. Le désir de prévenir le mal est toujours pour eux un motif de l’augmenter. Dans le Nord, on a tué les poules, & on nous a privés des oeufs, sous le prétexte que les poules mangent du grain. Dans le Midi il a été question de détruire les mûriers & les orangers, sous le prétexte que la soie est un objet de luxe, & les oranges une superfluité.

Vous ne pourriez jamais imaginer certains excès commis par des contre-révolutionnaires hypocrites, pour flétrir la cause de la Révolution. Croiriez-vous que dans les pays où la superstition a exercé le plus d’empire, non contents de surcharger les opérations relatives au culte, de toutes les formes qui pouvaient les rendre odieuses, on a répandu la terreur parmi le peuple, en semant le bruit qu’on allait tuer tous les enfants au-dessous de dix ans & tous les vieillards au-dessus de soixante-dix ans ? Que ce bruit a été répandu particulièrement dans la ci-devant Bretagne, & dans les départements du Rhin & de la Moselle ? C’est un crime imputé au ci-devant accusateur public du tribunal criminel de Strasbourg. Les folies tyranniques de cet homme rendent vraisemblable tout ce que l’on raconte de Caligula & d’Héliogabale ; mais on ne peut y ajouter foi, même à la vue des preuves. Il poussait le délire jusqu’à mettre les femmes en réquisition pour son usage : on assure même qu’il a employé cette méthode pour se marier. D’où est sorti tout-à -coup cet essaim d’étrangers, de prêtres, de nobles, d’intrigants de toute espèce, qui au même instant s’est répandu sur la surface de la République, pour exécuter, au nom de la philosophie, un plan de contre-révolution, qui n’a pu être arrêté que par la force de la raison publique ? Exécrable conception, digne du génie des cours étrangères liguées contre la Liberté, & de la corruption de tous les ennemis intérieurs de la République !

C’est ainsi qu’aux miracles continuels opérés par la vertu d’un grand peuple, l’intrigue mêle toujours la bassesse de ses trames criminelles, bassesse commandée par les tyrans, & dont ils font ensuite la matière de leurs ridicules manifestes, pour retenir les peuples ignorants dans la fange de l’opprobre & dans les chaînes de la servitude.

Eh ! que font à la liberté les forfaits de ses ennemis ? Le soleil, voilé par un nuage passager, en est-il moins l’astre qui anime la nature ? L’écume impure que l’Océan repousse sur ses rivages le rend-elle moins imposant ?

Dans des mains perfides, tous les remèdes à nos maux deviennent des poisons ; tout ce que vous pouvez faire, tout ce que vous pouvez dire, ils le tourneront contre vous ; même les vérités que nous venons de développer.

Ainsi, par exemple, après avoir disséminé partout les germes de la guerre civile, par l’attaque violente contre les préjugés religieux, ils chercheront à armer le fanatisme & l’aristocratie des mesures même que la saine politique vous a prescrite en faveur de la liberté des cultes. Si vous aviez laissé un libre cours à la conspiration, elle aurait produit, tôt ou tard, une réaction terrible & universelle ; si vous l’arrêtez, ils chercheront encore à en tirer parti, en persuadant que vous protégez les prêtres & les modérés.

Il ne faudra pas même vous étonner si les auteurs de ce système sont les prêtres qui auront le plus hardiment confessé leur charlatanisme.

Si les patriotes, emportés par un zèle pur, mais irréfléchi, ont été quelque part les dupes de leurs intrigues, ils rejetteront tout le blâme sur les patriotes ; car le premier point de leur doctrine machiavélique est de perdre la République, en perdant les Républicains, comme un subjugue un pays en détruisant l’armée qui le défend. On peut apprécier par-là un de leurs principes favoris, qui est qu’il faut compter pour rien les hommes ; maxime d’origine royale, qui veut dire qu’il faut leur abandonner tous les amis de la Liberté.

Il est à remarquer que la destinée des hommes qui ne cherchent que le bien public, est d’être les victimes de ceux qui se cherchent eux-mêmes, ce qui vient de deux causes ; la première, que les intrigants attaquent avec les vices de l’ancien régime ; la seconde, que les patriotes ne se défendent qu’avec les vertus du nouveau.

Une telle situation intérieure doit vous paraître digne de toute votre attention, surtout si vous réfléchissez que vous avec en même temps les tyrans de l’Europe à combattre, douze cent mille homme sous les armes à entretenir, & que le gouvernement est obligé de réparer continuellement, à force d’énergie & de vigilance, tous les maux que la multitude innombrable de nos ennemis nous a préparés pendant le cours de cinq ans.

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Quel est le remède de tous ces maux ? Nous n’en connaissons point d’autre que le développement de ce ressort général de la République, la vertu.

La démocratie périt par deux excès, l’aristocratie de ceux qui gouvernent, ou le mépris du peuple pour les autorités qu’il a lui-même établies ; mépris qui fait que chaque coterie, que chaque individu attire à lui la puissance publique, & ramène le peuple, par l’excès de désordre, à l’anéantissement, ou au pouvoir d’un seul.

La double tâche des modérés & des faux révolutionnaires est de nous ballotter perpétuellement entre ces deux écueils.

Mais les représentants du peuple peuvent les éviter tous deux ; car le gouvernement est toujours le maître d’être juste & sage ; & quand il a ce caractère, il est sûr de la confiance du peuple.

Il est bien vrai que le but de tous nos ennemis est de dissoudre la Convention : il est vrai que le tyran de la Grande-Bretagne & ses alliés promettent à leur parlement & à leurs sujets de vous ôter votre énergie & la confiance publique qu’elle vous a méritée ; que c’est là la première instruction de tous leurs commissaires.

Mais c’est une vérité qui doit être regardée comme triviale en politique, qu’un grand corps investi de la confiance d’un grand peuple ne peut se perdre par lui-même ; vos ennemis ne l’ignorent pas : ainsi vous ne doutez pas qu’ils s’appliquent surtout à réveiller au milieu de vous toutes les passions qui peuvent seconder leurs sinistres desseins.

Que peuvent-ils contre la représentation nationale, s’ils ne parviennent à lui surprendre des actes impolitiques qui puissent fournir des prétextes à leurs criminelles déclamations ? Ils doivent donc désirer nécessairement d’avoir deux espèces d’agents, les uns qui chercheront à la dégrader par leurs discours, les autres, dans son sein même, qui s’efforceront de la tromper, pour compromettre sa gloire & les intérêts de la République.

Pour l’attaquer avec succès, il était utile de commencer la guerre contre les représentants dans les départemens, qui avaient justifié votre confiance, & contre le Comité se salut public ; aussi ont-ils été attaqués par des hommes qui semblent se combattre entre eux.

Que pouvaient-ils faire de mieux que de paralyser le gouvernement de la Convention, & d’en briser tous les ressorts, dans le moment qui doit décider du sort de la République & des tyrans ?

Loin de nous l’idée qu’il existe encore au milieu de nous un seul homme assez lâche pour vouloir servir la cause des tyrans ! Mais plus loin de nous encore le crime, qui ne nous serait point pardonné, de tromper la Convention nationale, & de trahir le peuple français par un coupable silence ! Car il y a cela d’heureux pour un peuple libre, que la vérité, qui est le fléau des despotes, est toujours sa force & son salut. Or il est vrai qu’il existe encore pour notre liberté un danger, le seul danger sérieux peut-être qui lui reste à courir : ce danger est un plan qui a existé, de rallier tous les ennemis de la République, en ressuscitant l’esprit de parti ; de persécuter les patriotes, de décourager, de perdre les agents fidèles du gouvernement républicain, de faire manquer les parties les plus essentielles du service public. On a voulu tromper la Convention sur les hommes & sur les choses ; on a voulu lui donner le change sur les causes des abus qu’on exagère, afin de les rendre irrémédiables ; on s’est étudié à la remplir de fausses terreurs, pour l’égarer ou pour la paralyser ; on cherche à la diviser ; on a chercher à diviser surtout les représentants envoyés dans les départemens, & le Comité de salut public ;on a voulu induire les premiers à contrarier les mesures de l’autorité centrale, pour amener le désordre & la confusion ; on a voulu les aigrir à leur retour, pour les rendre, à leur insu, les instruments d’une cabale. Les étrangers mettent à profit toutes les passions particulières, & jusqu’au patriotisme abusé.

On avait d’abord pris le parti d’aller droit au but, en calomniant le Comité de salut public ; on se flattait alors hautement qu’il succomberait sous le poids de ses pénibles fonctions. La victoire & la fortune du peuple français l’ont défendu. Depuis cette époque, on a pris le parti de le louer en le paralysant & en détruisant le fruit de ses travaux. Toutes ces déclamations vagues contre des agents nécessaire du Comité, tous les projets de désorganisation, déguisés sous le nom de réformes, déjà rejetés par la Convention, & reproduits aujourd’hui avec une affectation étrange ; cet empressement à prôner des intrigues que le Comité de salut public a dû éloigner ; cette terreur inspirée aux bons citoyens, cette indulgence dont on flatte les conspirateurs, tout ce système d’imposture & d’intrigue, dont le principal auteur est un homme que vous avez repoussé de votre sein,

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est dirigé contre la Convention nationale, & tend à réaliser les voeux de tous les ennemis de la France.

C’est depuis l’époque où ce système a été annoncé dans les libelles, & réalisé par des actes publics, que l’aristocratie & le royalisme ont commencé à relever une tête insolente, que le patriotisme a été de nouveau persécuté dans une partie de la République, que l’autorité nationale a éprouvé une résistance dont les intrigants commençaient à perdre l’habitude. Au reste, ces attaques indirectes n’eussent-elles d’autre inconvénient que de partager l’attention & l’énergie de ceux qui ont à porter le fardeau immense dont vous les avez chargés, & de les distraire trop souvent des grandes mesures de salut public, pour s’occuper de déjouer des intrigues dangereuses ; elles pourraient encore être considérées comme une diversion utile à nos ennemis.

Mais, rassurons-nous ; c’est ici le sanctuaire de la vérité ; c’est ici que résident les fondateurs de la République, les vengeurs de l’humanité & les destructeurs de tyrans. Ici, pour détruire un abus, il suffit de l’indiquer. Il nous suffit d’appeler, au nom de la patrie, des conseils de l’amour-propre ou de la faiblesse des individus, à la vertu & à la gloire de la Convention nationale.

Nous provoquons sur tous les objets de ses inquiétudes, & surtout ce qui peut influer sur la marche de la Révolution, une discussion solennelle ; nous la conjurons de ne pas permettre qu’aucun intérêt particulier & caché puisse usurper ici l’ascendant de la volonté générale de l’Assemblée, & la puissance indestructible de la raison.

Nous nous bornerons aujourd’hui à vous proposer de consacrer, par votre approbation formelle, les vérités morales & politiques sur lesquelles doivent être fondées votre administration intérieure & la stabilité de la République, comme vous avez déjà consacré les principes de votre conduite envers les peuples étrangers : par-là vous rallierez tous les bons citoyens, vous ôterez l’espérance aux conspirateurs ; vous assurerez votre marche, & vous confondrez les intrigues & les calomnies des rois ; vous honorerez votre cause & votre caractère aux yeux de tous les peuples.

Donnez au peuple français ce nouveau gage de votre zèle pour protéger le patriotisme, de votre justice inflexible pour les coupables, & de votre dévouement à la cause du peuple. Ordonnez que les principes de morale politique que nous venons de développer seront proclamés, en votre nom, au dedans & au dehors de la République.

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Document 20 : Mais Robespierre fut loin d’être le seul. Exemples chez d’autres «terroristes».

Qu'on place la terreur à l'ordre du jour, c'est le seul moyen de donner l'éveil au peuple et de le forcer à se sauver lui-même.

Royer, le 30 août 1793 au Club des Jacobins

Vous m'aviez envoyé dans les départements du Loiret et du Cher ; je n'avais pas des instructions particulières du Comité de salut public ; mais j'ai pensé que je devais me conduire révolutionnairement. J'ai mis partout la terreur à l'ordre du jour, j'ai taxé les riches et les aristocrates.

Député Laplanchele 19 octobre 1793 à la Convention

La terreur est à l'ordre du jour sur cette frontière ; les tribunaux révolutionnaires et militaires rivalisent de sévérité contre les égoïstes et les conspirateurs ; tous les riches contre-révolutionnaires et fanatiques des villes et des campagnes sont arrêtés par nos ordres.

Le citoyen Milhaudreprésentant auprès de l'armée du Rhin à Strasbourg, le 6 novembre 1793

Si les tyrans se font précéder de la terreur, cette terreur ne frappe jamais que sur le peuple. Au contraire, dans une république naissante, quand la marche de la révolution force le législateur de mettre la terreur à l'ordre du jour, c'est pour venger la nation de ses ennemis ; et l'échafaud, qui naguère était le partage du misérable et du faible, est enfin devenu ce qu'il doit être : le tombeau des traîtres, des intrigants, des ambitieux et des rois.

Billaud-Varenne, membre du Comité de salut public Rapport du 18 novembre 1793 sur le gouvernement révolutionnaire

Document 21 : Parmi les victimes de la Terreur, une cible privilégiée : les émigrés et les aristocrates, réellement contre-révolutionnaires ou simplement suspects.

Supplice de neuf émigrés en octobre 1793.

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Document 22 : Liste des généraux de la Révolution guillotinés pendant la Terreur à l’exemple du Général Custine ci-dessous. Son attachement à la discipline, son indépendance à l’égard de la Convention, ses défaites en Rhénanie et la prise de Condé-sur-Escaut par les Autrichiens le rendent suspect. La chute des Girondins, sa dénonciation de Jacques-René Hébert sur des pièces produites par le secrétaire général du ministère de la Guerre, François-Nicolas Vincent, ses relations avec le commandement austro-prussien, entraînent sa convocation à Paris et son arrestation, le 22 juillet 1793. Traduit devant le Tribunal révolutionnaire, son procès est raccourci sur les menaces de Hébert et de Robespierre, il est condamné et guillotiné le 28 août 1793.

1793

Gaspard Jean-Baptiste Brunet, guillotiné en 1793Claude Antoine Capon de Château-Thierry (général de brigade), guillotiné en 1793Antoine Nicolas Collier, comte de La Marlière (général de division), guillotiné en 1793Adam Philippe de Custine, baron de Sarreck (général de division), guillotiné en 1793Philippe Devaux de Vautray (général de brigade), guillotiné en 1793Sébastien Charles Hubert de Gestas, marquis de Lespéroux (général de brigade), guillotiné en 1793Jean Nicolas Houchard, (général de division), guillotiné en 1793Augustin Joseph Isambert (général de brigade), fusillé en 1793Charles Louis Joseph de L'Escuyer, marquis d'Hagnicourt (général de brigade), guillotiné en 1793Joseph de Miaczynski (général de brigade), guillotiné en 1793Louis Philippe Joseph duc d'Orléans, dit Philippe-Égalité (général de division), guillotiné en 1793Albert Marie de Romé (général de brigade), guillotiné en 1793Philippe François Rouxel de Blanchelande (général de brigade), guillotiné en 1793Armand Louis de Gontaut-Biron (1747-1793), général de division, guillotiné en 1793

1794

Alexandre François Marie de Beauharnais (général de division), guillotiné en 1794Jean Michel Beysser (général de brigade), guillotiné en 1794Gilles Dominique Jean-Marie de Boisgelin de Kerdu (général de brigade), guillotiné en 1794Servais Beaudouin Boulanger (général de brigade), guillotiné en 1794Charles André Buchold (général de brigade), guillotiné en 1794Claude Souchon de Chameron (général de brigade), guillotiné en 1794Jean Nestor de Chancel (général de division), guillotiné en 1794Anne Emmanuel de Crussol d'Ambroise (général de division), guillotiné en 1794Jean-Baptiste Davaine (général de brigade), guillotiné en 1794Louis Pierre François Delattre (général de brigade), guillotiné en 1794Antoine Auguste Desherbiers de Létanduère (général de brigade), guillotiné en 1794Arthur de Dillon (général de brigade), guillotiné en 1794Jean Donadieu (général de brigade), guillotiné en 1794Jean-Jacques Dortoman (général de brigade), guillotiné en 1794Antoine Duret (général de brigade), guillotiné en 1794

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Louis-Charlesde Flers, (général de division), guillotiné en 1794Jean Philippe Gignious de Bernède (général de brigade), guillotiné en 1794Louis Marthe de Gouy, marquis d'Arsy (général de brigade), guillotiné en 1794Charles Grangier de La Ferrière (général de brigade), guillotiné en 1794François Hanriot (général de division), guillotiné en 1794Jean Louis de La Roque (général de brigade), guillotiné en 1794Michel de Laumur (général de brigade), guillotiné en 1794Louis Jean-Baptiste de Lavalette (général de brigade), guillotiné en 1794Nicolas Luckner (maréchal de France), guillotiné en 1794Louis de Marcé (général de division), guillotiné en 1794Jacques O'Moran (général de division), guillotiné en 1794Pierre Quétineau (général de brigade), guillotiné en 1794Charles Philippe Ronsin (général de division), guillotiné en 1794Camille de Rossi (général de division), guillotiné en 1794François Charles Vireau de Sombreuil (général de division), guillotiné en 1794Jean Thomas Ward (général de brigade), guillotiné en 1794François-Joseph Westermann (général de brigade), guillotiné en 1794

Document 23 : Exemple de massacres de la Terreur en province.

Fusillades de Nantes en 1793 (aquarelle réalisée par un témoin).

Noyades de Nantes sous la terreur sont un épisode de la Terreur qui a eu lieu entre novembre 1793 et février 1794 à Nantes. Des milliers de personnes, suspects aux yeux des Montagnards, notamment les prêtres réfractaires, ont été noyées dans la Loire sur

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ordre de Jean-Baptiste Carrier. Des milliers d'hommes, de vieillards, de femmes, d’enfants moururent ainsi dans ce que Carrier appelait la «baignoire nationale». Le tableau ci-dessus représente la troisième noyade, dite du Bouffay, elle a coûté la vie à cent vingt-neuf détenus, dans la nuit du 14-15 décembre 1793 (24-25 frimaire an II).

La répression de l’insurrection fédéraliste de Lyon ordonnée par Fouché et Collot d'Herbois fit plus de 6000 morts en une journée par le canon chargé à mitraille et furent

jetés dans le Rhône.

Document 24 : Autres victimes de la Terreur : les Montagnards, eux-mêmes le plus souvent partisans de la Terreur. Cette véritable épuration politique interviendra alors que la montagne venait de triompher de ces ennemis intérieurs et extérieurs. Regroupement de personnalités d'origines et d'aspirations différentes elles n'étaient soudées que par son hostilité à la Gironde.

La marmite épuratoire des Jacobins, 1794. Armé d'une écumoire le cuisinier Robespierre coiffé d'un bonnet phrygien, examine à la loupe Anarcharsist Cloots tandis que Chaumette,

Page, Hébert, Danton et Desmoulins sont dans la marmite.

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Document 25 : L’exécution de Robespierre le 28 juillet 1794 par le bourreau Sanson sur la Place de la Révolution (la Concorde aujourd’hui) marque la fin de la Grande Terreur. La gravure ci-dessous montre son exécution avec 14 autres co-accusés, sous l’accusation d’être des «conspirateurs contre la liberté et l'égalité» (dont Saint-Just, Hanriot, Dumas, Fleuriot, Robespierre le jeune...)

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Document 26 : Aux yeux de l’étranger, notamment en Angleterre, la Terreur deviendra le symbole de la Révolution, faisant oublier les Droits de l’homme, l’abolition des privilèges, les États généraux, la liberté de la presse, la constitution, l’émancipation des juifs, l’abolition de l’esclavage, les réformes scolaires, le système métrique...

Le ruban au-dessus de la guillotine indique «No God ! No Religion ! No King ! No Constitution !»Les deux personnages sont des caricatures des Sans-culottes et des Tricoteuses

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POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS

Cycle I - La montée des tensions

1 - Qu’est-ce qu’une révolution ? 1507 3011-012 - Introduction générale à la Révolution française, la décade révolutionnaire 1507 3011-023 - La Révolution française, enjeux philosophiques et enjeux politiques 1507 3011-034 - Les structures de l’Ancien Régime 1507 3011-045 - Le couple royal, personnification du régime 1507 3011-056 - L’évolution des mentalités, les conséquences des Lumières 1507 3011-067 - La guerre d’indépendance américaine et ses influences sur la Révolution française 1507 3011-078 - L'état de la France à la veille de la Révolution française 1507 3011-089 - Le système fiscal de l'Ancien Régime 1507 3011-0910 - 1774-1788, l'impasse constitutionnelle 1507 3011-1011 - La crise du royaume et la journée des tuiles de 1788 1507 3011-11

Cycle II - 1789, année révolutionnaire

1 - Les cahiers de doléances, radioscopie du royaume 1507 3012-012 - Les États généraux, l’éveil politique du peuple 1507 3012-023 - Le serment du jeu de Paume 1507 3012-034 - L'Assemblée constituante, nature et œuvre 1507 3012-045 - La prise de la Bastille 1507 3012-056 - La grande peur de l’été 1789 1507 3012-067 - La nuit du 4 août 1789, l’abolition des privilèges 1507 3012-078 - Le 26 août 1789, le vote de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen 1507 3012-089 - Les journées d'octobre, le retour du roi à Paris 1507 3012-0910 - Journaux et gazettes, le rôle de la presse dans la Révolution française 1507 3012-10

Cycle III - L’organisation de la nouvelle France

1 - La nationalisation des biens du clergé 1507 3013-012 - La constitution civile du clergé 1507 3013-023 - La création des départements et des communes 1507 3013-034 - Le 14 juillet 1790, fête de la Fédération 1507 3013-045 - L'émancipation des juifs, le 28 septembre 1791 1507 3013-056 - L'invention du système métrique 1507 3013-067 - Le 3 septembre 1791 : l’espoir d’une monarchie constitutionnelle 1507 3013-078 - L’adoption de la guillotine et la réforme du système pénal 1507 3013-089 - La chute de la monarchie, le 10 août 1792 et l’exécution de Louis XVI 1507 3013-0910 - L’internationale révolutionnaire de la Révolution française 1507 3013-10

Cycle IV - La république dans la tourmente

1 - La naissance de la Première République 1507 3014-012 - La convention nationale, nature et oeuvre 1507 3014-023 - La France en guerre contre l'Europe des rois 1507 3014-034 - La naissance de la Marseillaise 1507 3014-045 - La terreur : 1793-1794, guerre civile et dictature robespierrienne 1507 3014-056 - 1794, l'affaiblissement du pouvoir de la Convention et le retour de la contre-révolution 1507 3014-067 - Le calendrier révolutionnaire et la déchristianisation 1507 3014-078 - Les cultes révolutionnaires 1507 3014-089 - La révolution et les savants, la révolution et la science 1507 3014-0910 - La Révolution française et la laïcité, la première laïcité française 1507 3014-1011 - Les femmes dans la Révolution française 1507 3014-11

Livres généraux sur ce sujet

- Dictionnaire critique de la Révolution française, sous la direction de François Furet et Mona Ozouf, Flammarion, 2009

- Dictionnaire historique de la Révolution française, sous la direction d’Albert Soboul (1989), PUF, 2005

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Page 43: 2 - Livret - La république dans la tourmente

- La Révolution française, François Furet, Denis Richet, Hachette Littératures, 1999- Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred

Fierro, Robert Laffont, coll. «Bouquins», 1998

Sur l’histoire de la Terreur

- Les guerres de Vendée, Émile Gabory, Robert Laffont, 2009- La République jacobine : Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire 1792-1794, Roger Dupuy, Seuil,

2005- Les colonnes infernales, Louis-Marie Clénet, Perrin, coll. «Vérités et Légendes», 1993- Comment sortir de la Terreur : Thermidor et la Révolution, Bronisław Baczko, Gallimard, 1989- La conjuration du 9 Thermidor, Gérard Walter, Gallimard, 1974

Livres sur les institutions de la Terreur

- Gouverner, administrer révolutionnairement : le Comité de salut public (6 avril 1793-4 brumaire an IV), Raphaël Matta Duvignau, L'Harmattan, Coll. «Logiques juridiques», 2013

- Missionnaires de la République. Les représentants du peuple en mission (1793-1795), Michel Biard, Éditions du CTHS, 2002

- Justice et politique : la Terreur dans la Révolution française, Germain Sicard, Presses de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1997

- Dictionnaire des membres du comité de salut public ; dictionnaire analytique biographique et comparé des 62 membres du Comité de salut public, Bernard Gainot, Tallandier, 1990.

- Le gouvernement de la Terreur. L'année du comité de Salut public, Robert Palmer, Armand Colin, 1989- Le Comité de salut public (1793-1795), Marc Bouloiseau, PUF, 1968

Livres sur la politique de la Terreur

- Les politiques de la Terreur, Michel Biard (dir.), Société des études robespierristes et Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008

- Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national, Jean-Clément Martin, Seuil, 2006- La politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire (1789-1794), Patrice Gueniffey, Gallimard,

collection "TEL", 2003- La liberté ou la mort. Essai sur la terreur et le terrorisme. Sophie Wahnich, La Fabrique Éditions, 2003- La guillotine et l’imaginaire de la Terreur, Daniel Arasse, Flammarion, 1987

Sur les événements alimentants la Terreur

- Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, Olivier Blanc, Albin Michel, 1989- La Corruption sous la Terreur, Paris, Robert Laffont, 1992

Sur les victimes de la Terreur

- La dernière lettre. Prisons et condamnés de la Révolution, Olivier Blanc, préface de Michel Vovelle, Hachette, 1986

Sur l’historiographie de la révolution française

- Pour ou contre la Révolution française, Antoine de Baecque (sous la dir.), Bayard, 2002

Association ALDÉRAN © - Cycle 1507 3014 : “La Révolution française - IV : la République dans la tourmente” - 27/03/2014 - page 137