1980-1981. - PDCNET.ORG · 2021. 1. 26. · une lettre du 6 janvier 1931 adressée a Alexander...

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1 AVA-PPOS Ce deuxieme fascicule propose au lecteur quelques expos faits par des participants au séminaire de phénoménologie organisé sous la direction de M. J. Taminiaux par le Centre d ' Etudes Phénoménologiques au premier quadrimestre de l'année académique 19P-1981. Sa division en deux parties correspond a l'organisation du séminaire qui comprend deux volets: d'une part l'étude approfondie d ' un texte qui releve de la phénoménologie, de l'autre dea aéances animéea par de jeunes cher- cheurs qui y soumettent a la discussion quelques aspects de leurs re- cherches en cours. Le texte étudié cette année était les Vorlesungen zur Phomenolo- gie des inneren Zeitbesstseins de Husserl dans la traduction d'Henri Dussort. Comme cette traduction avait été réalisée sur base de la pre- miere édition du texte et non sur l'édition critique, iI nous a semblé utile d'introduire le séminaire par quelques informations et éclair- cissements a ce sujet.

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    AVANT-PROPOS

    Ce deuxieme fascicule propose au lecteur quelques exposés faits

    par des participants au séminaire de phénoménologie organisé sous la

    direction de M. J. Taminiaux par le Centre d ' Etudes Phénoménologiques au premier quadrimestre de l'année académique 1980-1981. Sa division en deux parties correspond a l'organisation du séminaire qui comprend deux volets: d'une part l'étude approfondie d ' un texte qui releve de

    la phénoménologie, de l'autre dea aéances animéea par de jeunes cher

    cheurs qui y soumettent a la discussion quelques aspects de leurs recherches en cours.

    Le texte étudié cette année était les Vorlesungen zur Phanomenolo

    gie des inneren Zeitbewusstseins de Husserl dans la traduction d'Henri

    Dussort. Comme cette traduction avait été réalisée sur base de la pre

    miere édition du texte et non sur l'édition critique, iI nous a semblé

    utile d'introduire le séminaire par quelques informations et éclair

    cissements a ce sujet.

  • Présentat ion du t ext e des Zeitvorlesungen

    G érard Granel , qui s ' est chargé de préparer la publicat ion de

    Dussort , nous dit dans sa Préfac e : "Henri Dussort fut c onduit a donner une

    grande importanc e aux di fférenc es de t out e sort e qui apparaissent ent re les

    ' manuscrits d e bas e ' et l e t ext e d é f in i t i f établ i par E. St ein et publ i é

    par Hei degger" (1). E t de nous expl iquer la raison pour laquelle Dussort n ' a pu t enir c ompt e de c es "différenc es" dans la t raduct ion qui est sous

    nos yeux: en prem i er l i eu évidemment la mort prématurée - a l ' age de trent e

    quatre ans - d ' Henri Dussort , mai s l ' ad j ec t i f "prématuré" ne vise pas seule

    ment ic i l e t répas préco c e de ce jeune chercheur , iI c onc erne direct ement

    l' "affaire" (�) qui nous occupe . En e ffet , au moment - 1958-59 - ou Dussort se rendit aux Archives-Husserl de Louva in pour y étudier c es d i f fé

    renc es , pour y consulter donc les "manusc rits de bas e" , c 'est-a-dire les

    originaux husserl i ens , les r echerches y afférant en vue de l ' édition c ri t i que

    n ' en étai ent qu ' a un stade fort embryonnaire. Le t emps n ' était donc pas en

    c ore mur et sa mort l'a empeché de c onnait re , su ffisamment pour en t enir

    compt e , l es recherches effectuées aux Archives-Husserl par Rudol f Boehm.

    La t raduc t ion de Dussort se rapport e par c onséquent exclusivement au

    t ext e pub l i é par �lart in Heidegger dans le n euvieme volume du Jahrbuc h für

    Philosophie und phanomenologische Forschung (Ni emeyer , 1928 , pp. 367-498),

    dont cett e maison d ' édition avait publié un tiré-a-part qui vient d ' etre

    réédité (2) . Pour les raisons expl i quées c i-dessus on n'y peut donc déc eler

    aucun e t rac e de c es fameuses différenc es . Que c elles-c i soient vraiment

    important es , Husserl lui -meme nous semble l e con firmer , quand iI écrit dans

    une lettre du 6 janvier 1931 adressée a Alexander Pfander , qu ' il a eu

    (1) Edmund HUSSERL , Lesons pour une phénoménologie de la c onsc i enc e int ime du t emps. T raduit de l ' allemand par Henri DUSSORT . Préfac e de Gérard GRANEL (Epiméthée) , Paris , PUF , 1964, p. VIII.

    (2) Edmund HUSSERL , Vorl esungen zur Phanomenologie des inneren Zeit bewusstseins . Herausgegeben von �·.artin HEIDEGGER. 2. Auflage , Ti.ibingen , Ni emeyer , 1980. Les "corri genda" du Jahrbuc h y sont incorporés .

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    "c ent fois occasion de se plaindre par apres" ( 1 ) d ' avoir c onfié l ' édi-

    t ion de ses Zeitvorlesungen de lQ05 a Heidegger. - On peut c ert es interpré

    ter ce passage de manieres diverses sinon c ont radictoires - a situer tout es

    dans la relation énigmat i que Husserl-Heidegger . Pour notre part , nous pro

    posons la lecture suivant e : peu sat isfait de l ' élaborat ion par E. St ein de

    ses Zeitvorlesungen , Husserl, en en oonfiant l ' édit ion a Heidegger , avait

    espéré que ce dernier reprendrait et ret ravaillerait c ette premiere Ausar

    beitung. 11 a du déchant er en c onstatant que Heidegger avait repris prat i

    quement t elle quelle l ' élaboration d ' E. St ein ( nous le verrons par la suite).

    Nous sommes armés aujourd ' hui pour nous rendre compte de l'importanc e

    de c es di fférenc es: depuis 1966 exact ement , l'année de la parut ion de l ' édi

    t ion critique réalisée par Rudolf Boehm ( 2 ) . Ce derni er a doté c et t e édition

    d ' une vaste et exc ellent e introduct ion (3), et l'honnet et é intellectuelle nous oblige a signaler que la presque-totalité des informat ions qui vont

    suivre y ont été puisées. - Notre propos n ' est pas de répertorier c es di ffé

    renc es, mai s de faire voir leur origine , c ' est -a-dire de révéler l es c i rcon

    stanc es historiques qui ont eu pour effet d ' engendrer c es différenc es . Notre

    propos est par c onséquent de retrac er l ' histoire de ce dont l ' aboutisse

    ment est just ernent la publicat ion d e 1928.

    Comme tout e histoire , c elle-c i a un début , que nous situons vers

    1904 , mais également une préhistoire . Cette derniere se trouve documentée

    dans la premiere part i e des Erganzende Text e de l ' édit ion c ritique (4) et

    est const ituée par des manusc rits de t ravail et des not es c onc ernant la

    problémat ique de la consc i enc e du t emps. "Manuscrits de travail , not es"

    signi fient par eux-memes déja une c ertaine absenc e de c ohérence , un épar

    pillement . Nous ferons c oInc ider le début de l ' histoire avec le mom ent ou

    (1) "Was ich nachher zu bedauern genug AnlaB hatte". C ette lettre sera publiée sous peu avec quat re autres lettres de Husserl a Pfander dans un recueil intitul é Pfander-Studien , a paraitre dans l a col1ection Phaenomenologica.

    (2) Edmund HUSSERL , Zur Phanomenologie des inneren Zeitbewusstseins (1893-1917). Herausgegeben von Rudolf BOEHM ( Husserliana , Band X), La Haye , l-!art inus Ni j hoff , 1966 .

    (3) Id. , pp. XIII-XLIII. ( 4) Id. , pp . 137-186.

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    pour Husser1 , et donc pour nous aussi , jai11it la cOhérenc e , sous l�orme

    des notes écrites pour son c ours du s emestre d ' hiver de l ' année 1904-1905 , intitu1é Hauptstücke aus der Phanomeno1ogi e und Theorie der Erkenntnis.

    Ce c ours c omprenait quatre parti es: 1) De la perc eption; 2) De l ' attention ,

    de la visée spéc ifique et c . ; 3) Imagination et consc i enc e d'image; 4) Pour

    une ( Zur) phénoméno1ogie du temps. Ce n ' est que c ette derniere partie qui

    nous intéresse ici vu qu ' e11e correspond grosso modo 8. la premiere partie

    du texte qui est sous nos yeux (pp. 1-126 de la traduction de Dussort) (1).

    Dans l ' introduction généra1e a ce c ours , Husser1 nous fait savoi r qu ' i 1

    avait eu au début l' intention d' étud i er l es actes cogni tifs "supéri eurs" ,

    la sphere de la théori e du jugement , poursuivant de la sorte c e qu ' i1 avait

    entamé dans les Recherches Logi ques . Lors de la préparation du c ours , iI

    s ' est rendu compte que c e travail nécessitait voire présupposait d'autres

    études , a savo ir c el1es des ac tes cognitifs de base (zuunterst li egend) t e1 s

    que l a perception , la sensation, la représentation d'image , la mémoration

    ( Erinnerung) etc . - Inc i t é a ces recherches par un cours de Brentano qu ' il

    avait suivi vers le milieu dea années 80 ii Vi enn e , .t qui était c onaacré

    surtout a une c omparaison dea représentations d ' imagination avec l es repré

    s entations de perc eption , Husserl ne les reprendra qu ' une dizaine d ' années

    apres pour - c omme iI l ' avoue lui-mem e - s ' y enliser , ne parvenant pas a

    dénouer l es nombreuses diffi cultés inhérentes ii cette prob1ématique , "les

    plus grandes de toute la phénoménologi e" peut-etre, a savoi r en premier

    1 i eu l es problemes d ' une phénoménologi e de l'intuition originaire du temps .

    Et , au l i eu de publier c e a quo i iI était parvenu dans ses rec herches , iI a

    préféré les taire (totschweigen) dans les Recherches Logiques. Ce n ' est que

    maintenant - en 1904-1905 - qu ' il se sent en mesure de présent er quelque

    c hose de p1us ou moins c ohérent en c ette matiere . (11 n ' est peut-etre pas

    inuti1e de soul igner au passage qu ' a c ette époque Husserl cite toujours en

    semble perc eption , imagination et temps. Le probleme de la c onstitution

    de l ' espac e ne sera abordé que quelques années plus tard, surtout dans la

    fameuse Ding-Vorlesung de 1907).

    ( 1) L ' établissement détaillé de la provenanc e des différentes parties du Haupttext se trouve aux pages 38g-39l de l ' édit ion c ritique.

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    Tandis que la préparat ion des trois premi eres part i es de son c ours -

    percept ion , att ent ion , imaginat ion - se ret rouve pratiquement t elle quelle

    aux Archives-Husserl avec une paginat ion cont inue de 1 a 125, iI n ' en va pas de meme pour la c onsc i enc e du t emps , la quat ri eme part i e donc. C ell e-c i

    recomrnenc e avec une page 1, mai s la paginat ion n'est pas cont inue puisqu ' on y trouve des feuilles intercalées , des ajout s , des not es et c. Par c onsé

    quent i l nous est impossible aujourd'hui de reconst ituer le t ext e prépa

    ratoire sur lequel Husserl s ' était basé en février 1905 pour donner son c ours .- Dans l'origi nal de la 4eme part i e , qui port e l e sigle F 1 6 aux

    Archives-Husserl , non seulement la pagination n ' est pas c ont inue , mais le

    t ext e lui -meme ne l ' est pas non plus , c e qui laisse supposer que Husserl

    n ' a pas eu le t emps , ou l ' occasion , ou la possibi lité de préparer c et t e

    part i e de l a meme faGon que les t rois premieres. De plus , Husserl a repris

    plusi eurs fois en mains la préparat ion de 1904-1905 soit pour y ajout er des feui llets ou des not es , soit pour en éliminer c ertains feui llet s , soit

    enfin pour les remplac er par d'autres plus élaborés.

    La derni ere élaboration de la 4eme part i e date probablement de 1911. C ' est c elle qui est conservée a Louvain sous le sigla F 1 6 et surt out , c ' est "le manuscrit qu e Mademoiselle St ein avait sous les yeux" ( not é par

    Husserl sur la c ouverture ) .

    Assistant e d e Husserl a Fribourg d e 1916 a 1918, Edi t h St ein était c hargée , comme t ous les assi stant s du maitre , de met tre de l'ordre dans

    ses manusc rits et d'en préparer c ertains pour la publicat i on (Ausarbeitung) ,

    un t ravail qui , t héori quement du moins , devait se limiter a un exerc i c e de

    style. Ainsi el le s ' était oc cupée d ' abord des Ideen II et 111, ensuit e du remani ement ( Umarbei tung) de la sixieme Recherche Logique et , a part ir de

    juillet 1917, de la c onsc i enc e du t emps . Et c ' est du résultat de c ette derni ere Ausarbeitung que Hei degger disposait pour sa publicat ion de 1928, encore qu ' i l ne disposait probablement pas de la version manusc rit e d ' Edith

    Stein , mais d ' un e c opie dac tylographiée réalisée par 1udwig 1andgrebe qui

    y a ajouté un Index rerum. II est plus que probable que Hei degger n'a plus

    ri en c hangé a c e t t e copie dac tylographiée , exc ept ion fai t e de quelques correct ions de style.

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    Mais revenons un instant a Edith Stein, car le probleme est a peu

    pres identique a celui de Erfahrung und Urteil (élaboré par Ludwig Land

    grebe): guid de Husserl, guid d'Edith Stein dans le texte qui est devant nos yeux?

    Dans une notice nécrologique consacrée a Henri Dussort, P.47. Schuhl

    nous relate que celui-ci se préparait a fournir la démonstration de ce

    "que le texte avait été profondément altéré par les

    disciples que le maitre avait chargés de le publier, et cela au point d'en

    déformer entierement la pensée" (1). - Pour tempérer sinon infirmer ce point

    de vue relativement catégorique et violent (mais la critique historique

    ne doit-elle pas s'appliquer plutot du coté de M. Schuhl que du coté de

    H. Dussort?), nous ferons appel a deux témoignages. Le premier est une ré

    ponse directe aux accusations formulées ci-avant: il émane de Roman Ingar

    den qui, compagnon d'études et ami d'Edith Stein, a préféré a toute polé

    mique possible laisser parler cette derniere en publiant - en extraits -

    les let t res qu'e11e lui avait adressées a 1'époque OU elle t ravai1lait a

    l'élaboration des Zeitvorlesungen (2). Deux renseignements au moins en

    doivent etre retenus: 1) una premiere Ausarbeitung avait été réa1isée par

    Husserl lui-meme, et 2) Husserl a suivi d'assez pres l'élaboration d'Edith

    Stein. C'est ainsi que par exemple en septembre 1917, ils ont travaillé

    ensemble ce texte pendant trois jours a Bernau.- Le second témoignage est

    celui de Rudolf Boehm qui, pour avoir travaillé "en contact régulier" avec

    Henri Dussort, nOU5 semble le mieux placé pour "juger" les affirmations de

    M. Schuhl (3). II ne peut etre question d'une déformation entiere de la

    pensée husserlienne, et ceci en dépit de divergences parfois importantes.

    De plus, l'étude critique du manuscrit F 1 6 lui donne la certitude que

    Husserl a comparé le manuscrit d'Edith Stein avec sa propre élaboration,

    mais on ne saura jamais aquel point et avec quel soin.

    (1) in Revue Philo50Ehigue de la France et de l'Etranger, 1960, nO 4, p. 571.

    (2) Roman INGARDEN, Edith Stein on her activities as an assistant of Edmund Husserl. (Extracts from the Letters of Edith Stein with a Commentary and Introductory Remarks), in PhilosoEhy and Phenomenological Research XXIII, nO 2 (1962), pp. 155-175.

    (3) HU X, 0E. cit., pp. XXIX-XXX (au bas de la page).

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    L'élaboration d'Edith Stein - et donc la publication de 1928 et la

    traduction de Dussort - comprenait deux parties. Nous parlerons d'abord de

    la seconde: les additifs et les compléments qui datent pour la plupart pro

    bablement de 1910-1917, et non de 1905-1910 comme le croyait Stein. Meme

    encore au temps de la préparation de l'édition critique par Boehm, aucune

    critique historique ne pouvait etre faite sur ces additifs et compléments,

    pour la bonne raison que Louvain ne possédait l'original husserlien que pour

    la Xeme Beilage. Aujourd'hui on en possede beaucoup plus - certainement plus

    que la moitié, nous a-t-on révélé de bonne source - grace aux "manuscrits

    de Bernau" qu'Eugen Fink - chargé par Husserl de les élaborer en vue d'une

    publication - a légués entretemps aux Archives-Husserl. Bien que l'étude

    critique de ces manuscrits ne soit pas encore achevée, un premier survol

    permet de supposer que ces Beilagen sont des transcriptions assez fideles

    des originaux husserliens.

    De la premiere partie, du Haupttext, nous avons déja dit que le manu

    scrit de base en était la préparation écrite de la quatrieme partie du

    cours de 1904-1905. Nous avons déja signalé également que Husserl lui-meme

    avait prOfondément remanié cette liasse F 1 6 soit en en retirant des feuil

    les jugées insatisfaisantes soit en y ajoutant des analyses plus élaborées.

    De son coté maintenant, Edith Stein, en préparant la liasse pour la publi

    cation, y a apporté des remaniements substantiels: c'est ainsi que plus de

    la moitié de la préparation écrite a été laissée de coté, des passages im

    portants parfois, des analyses entieres, et parfois seulement quelques

    phrases ou des bouts de phrases. De plUB, el1e a profondément changé l'ordre

    du manuscrit. Enfin, - et ceci est l'exercice de style que nous visions

    plus haut -, elle a elle-meme rédigé quelques passages, surtout pour relier

    différents textes husserliens et leur donner ainsi une forme "publiable".-

    11 nous faut signaler que dans le texte qui est sous nos yeux iI ne reste

    que tres peu de matériaux de 1904-1905, iI Y en a beaucoup plus des années

    1907 a 1911 et meme des manuscrits de 1917, mais ceci ne doit pas etre

    attribué a Edith Stein: c'est Husserl lui-meme qui a complété la prépara

    tion de 1904 par des textes postérieurs.

    Pour teminer, coupons court a une rumeur selon laquel1e ce serait

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    Heidegger qui aurait prat iquement "imposé" c et t e publicat ion en 1928 a

    Husserl. Rien n'est moins vrai. En vacanc es ñ Todtnauberg en 1926, Heideg

    ger rend visit e a Husserl et lui montre le manusc rit prat iquement achevé

    de Sein und Zeit , qu'il avait l'int ention de lui dédier. A c e t t e occ asion

    Husserl lui parle de son propre manusc rit sur le t emps et lui demande s'il

    veut bien se charger de sa public at ion. Heidegger acc ept e tout en faisant

    remarquer qu'il n'aurait le t emps de s'en oc cuper qu'a la fin de l'anné e

    1927 v u que jusqu'a c e moment , i I était seul a représent er (vert ret en) la

    philosophie a l'univers it é de Marbourg.- I I est c ertain que, pour les

    soins de la publication , Husserl ne lui a pas soumis le rnanuscrit qui port e

    aujourd'hui l e sigle F 1 6, et iI est probabl e qu'il ne lui soumit pas

    l'élaboration manuscrit e de St ein, mais bien la copie de Landgrebe. C'est

    a c e t t e c opie que Heidegger apporta quelques petit es correc tions de style

    avant de la c onfier a Ni emeyer pour le Jahrbuch.

    En guise de conc lusion nous pouvons dire que Husserl a suivi d'assez

    pres l'Ausarbeitung d'Edith St ein et qu'il a c ertainement autoris é sa pu

    blic ation. Comme preuve nous suffit le fait qu'il s'y réfere régulierement

    par apres, par exempl e dans Logique formelle et logique t ransc endantale ,

    pUbliée dans le volume X du Jahrbuch (p. ex . au bas de la page 146). II est donc sc ientifiquement justifiable de t ravailler sur la traduc t ion de

    Dussort, dont la qualit é int rinseque n'a jamais été mise en dout e . Mais

    pour un t ravail scientifiquement plus approfondi, iI faudra se t ourner vers

    l es originaux qui sont reproduit s dans l'édition c ritique de Rudolf Boehm ,

    ou apparaissent c lairement t ous les remani ement s apport és par Edith St ein

    pour les besoins de la public ation.

    H einz Leonardy.

    Chef de travaux au

    Centre d'Etudes Phénoménologiques

    Chemin d'Arist ot e , l

    B - 1348 Louvain-Ia-Neuve