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Expliciter est le journal de l’association GREX 2 Groupe de recherche sur l’explicitation n° 120 novembre 2018 1 Expliciter 120 Compte-rendu de l'Université d'été du GREX 2018 Régulation de l'action et hypothèse bicamérale Pierre Vermersch L'Université d’été du GREX 2018 s’est déroulée du vendredi 24 aout au mardi 28 à Saint Eble. 21 participants de toute la France. Travail intense et partagé. 1/ Le thème théorique de l'Université d’été : la régulation de l’action et l'hypothèse bicamérale 1 . Fondamentalement toute action finalisée et productive est régulée de multiples manières : par la décision d’agir en fonction des besoins, par le choix d’une coordination des rapports de moyens (outils, schème, étapes) à but. Mais plus précisément nous avons petit à petit, au fil des années, mis à jour l’importance à chaque instant des microdécisions dans le choix des critères, donc des sources d’informations sélectionnées, dans le débat intime lié au choix d’un engagement particulier, ou la décision d’un arrêt pour passer à la suite etc. Ce qui nous est apparu souvent c’est la présence d’une multiplicité d’agents (ou d’ego, de co-identité, de dissocié, je prends ces dénominations comme étant des synonymes) qui participent à la prise de décision de façon plus ou moins harmonieuse, plus ou moins efficace. Nous avons été amenés quelques fois à les personnaliser en leur demandant comment ils se nommaient, de façon à les questionner directement et pouvoir les adresser facilement sans faire de confusion avec le JE de A. L’étape actuelle est d’introduire en plus, la saisie plus fine et, je l'espère plus fonctionnelle encore, de ces modes de prise de décision, en distinguant ce qui relève du contrôle, du lâcher-prise, et bien sûr du contrôle du contrôle. Cette différentiation repose sur plusieurs motivations : théorique et pratique. 1-1 Une motivation théorique basée sur la prise en compte de l’hypothèse bicamérale 2 (différentiation fonctionnelle entre cerveau droit et cerveau gauche) qui semble particulièrement utile pour rendre compte de ces différences de mode de régulation, cf. le livre passionnant de McGilchrist sur ce thème (The master and his emissary : the divided brain and the making of the Western world, 2010), mais il y beaucoup d'autres ouvrages. Celui-ci est récent, et a été salué par tous les critiques de façon très positive. Je ne veux pas rentrer ici dans les détails de l'hypothèse bicamérale. En particulier, tout ce qui concerne les cas particuliers des gauchers, gauchers contrariés, ambidextres, et autres cas particuliers. L'idée fondamentale est que chaque hémisphère est spécialisé. Le cerveau gauche dans le domaine de la logique, du langage, de l'organisation temporelle, de l'abstraction, le tout permettant et privilégiant une fonction de contrôle. Quand, suite à un AVC par exemple, ce cerveau gauche s'arrête progressivement de fonctionner (cf. le beau livre autobiographique de la neurologue J. Bolte Taylor, Voyage au delà de mon cerveau), il s'en suit l'impossibilité d'organiser sa conduite, de structurer la temporalité, de saisir un numéro de téléphone, de s'exprimer de façon intelligible, etc. De l'autre coté, le cerveau droit, semble privilégier la dimension spatiale, imagée, la musique, la perception globale, intuitive. Mais les deux hémisphères sont fonctionnellement complémentaires. Ainsi, dans les exemples exploités lors de l'Université d'été, quand quelqu'un dit que "ça écrit tout seul, facilement", on peut le traduire qu'il a un fonctionnement plutôt cerveau droit dominant, réguler par un lâcher-prise. Mais il n'empêche, qu'il 1 Bi/caméral, veut dire composé de 2 instances en relation, bi comme deux, caméral comme chambre, comme le sénat et l'assemblée nationale par exemple. Jaynes a aussi utilisé ce terme pour sa propre recherche, mais le terme est générique et ne suppose pas de se référer à cet auteur quand on l'utilise. Bicaméral est aussi utilisé par exemple pour qualifier les alphabets composés de deux ensembles minuscules et majuscules.

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Compte-rendu de l'Université d'été du GREX 2018

Régulation de l'action et hypothèse bicamérale Pierre Vermersch

L'Université d’été du GREX 2018 s’est déroulée du vendredi 24 aout au mardi 28 à Saint Eble. 21 participants de toute la France. Travail intense et partagé. 1/ Le thème théorique de l'Université d’été : la régulation de l’action et l'hypothèse bicamérale1. Fondamentalement toute action finalisée et productive est régulée de multiples manières : par la décision d’agir en fonction des besoins, par le choix d’une coordination des rapports de moyens (outils, schème, étapes) à but. Mais plus précisément nous avons petit à petit, au fil des années, mis à jour l’importance à chaque instant des microdécisions dans le choix des critères, donc des sources d’informations sélectionnées, dans le débat intime lié au choix d’un engagement particulier, ou la décision d’un arrêt pour passer à la suite etc. Ce qui nous est apparu souvent c’est la présence d’une multiplicité d’agents (ou d’ego, de co-identité, de dissocié, je prends ces dénominations comme étant des synonymes) qui participent à la prise de décision de façon plus ou moins harmonieuse, plus ou moins efficace. Nous avons été amenés quelques fois à les personnaliser en leur demandant comment ils se nommaient, de façon à les questionner directement et pouvoir les adresser facilement sans faire de confusion avec le JE de A. L’étape actuelle est d’introduire en plus, la saisie plus fine et, je l'espère plus fonctionnelle encore, de ces modes de prise de décision, en distinguant ce qui relève du contrôle, du lâcher-prise, et bien sûr du contrôle du contrôle. Cette différentiation repose sur plusieurs motivations : théorique et pratique. 1-1 Une motivation théorique basée sur la prise en compte de l’hypothèse bicamérale2 (différentiation fonctionnelle entre cerveau droit et cerveau gauche) qui semble particulièrement utile pour rendre compte de ces différences de mode de régulation, cf. le livre passionnant de McGilchrist sur ce thème (The master and his emissary : the divided brain and the making of the Western world, 2010), mais il y beaucoup d'autres ouvrages. Celui-ci est récent, et a été salué par tous les critiques de façon très positive.

Je ne veux pas rentrer ici dans les détails de l'hypothèse bicamérale. En particulier, tout ce qui concerne les cas particuliers des gauchers, gauchers contrariés, ambidextres, et autres cas particuliers. L'idée fondamentale est que chaque hémisphère est spécialisé. Le cerveau gauche dans le domaine de la logique, du langage, de l'organisation temporelle, de l'abstraction, le tout permettant et privilégiant une fonction de contrôle. Quand, suite à un AVC par exemple, ce cerveau gauche s'arrête progressivement de fonctionner (cf. le beau livre autobiographique de la neurologue J. Bolte Taylor, Voyage au delà de mon cerveau), il s'en suit l'impossibilité d'organiser sa conduite, de structurer la temporalité, de saisir un numéro de téléphone, de s'exprimer de façon intelligible, etc. De l'autre coté, le cerveau droit, semble privilégier la dimension spatiale, imagée, la musique, la perception globale, intuitive. Mais les deux hémisphères sont fonctionnellement complémentaires. Ainsi, dans les exemples exploités lors de l'Université d'été, quand quelqu'un dit que "ça écrit tout seul, facilement", on peut le traduire qu'il a un fonctionnement plutôt cerveau droit dominant, réguler par un lâcher-prise. Mais il n'empêche, qu'il

1 Bi/caméral, veut dire composé de 2 instances en relation, bi comme deux, caméral comme chambre, comme le sénat et l'assemblée nationale par exemple. Jaynes a aussi utilisé ce terme pour sa propre recherche, mais le terme est générique et ne suppose pas de se référer à cet auteur quand on l'utilise. Bicaméral est aussi utilisé par exemple pour qualifier les alphabets composés de deux ensembles minuscules et majuscules.

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poursuit son travail en continuant à viser le même but, le même thème, et ce de façon continue ; qu'il utilise le langage de façon structurée, appropriée ; que sa main, ses doigts, ont une activité motrice organisée pour noter, autrement dit tout en étant dans une régulation plutôt de type cerveau droit, son cerveau gauche continue à assure ses fonctions, mais il est alors au service du lâcher-prise. Dans l'auto-explicitation, si la personne veut bien faire, s'applique, fait des efforts, elle développe alors de façon majoritaire un fonctionnement contrôlé (cerveau gauche) ce qui empêche le fonctionnement de lâcher-prise nécessité par l'accueil du résultat d'une intention éveillante, et l'accès à l'évocation du vécu passé. A ce moment, le cerveau gauche devient un obstacle. A moins, que la personne ait développé une fonction supplémentaire : le contrôle du contrôle. C'est à dire le contrôle que le cerveau gauche peut s'appliquer à lui-même. Il y a une modération, un accompagnement de la fonction de contrôle pour qu'elle ne soit pas un obstacle. On trouvera dans les résumés des groupes plusieurs exemples de contrôle de contrôle, c'est-à-dire de contrôle de soi, dans lesquels un agent supplémentaire s'exprime, accompagne, modère, crée une fluidité. Et précisément, en réponse souvent à des incidents, où l'écriture spontanée aurait pu s'arrêter. Il n’en reste pas moins qu’on peut avoir des doutes (j’en ai aussi) sur la nécessité, l’intérêt, de mobiliser l’hypothèse bicamérale. Cette hypothèse a très mauvaise réputation, la littérature critique sur son utilisation est tout aussi abondante que la présentation détaillée du fonctionnement bicaméral. Les pédagogues s’en étaient emparés il y a trente ans, en pensant -à tort- pouvoir classer les formés suivant ce critère, autrement dit en faire un type de personnalité. En revanche, il me semble aujourd'hui que l'on peut s’en servir pour repérer les types de régulation de l’action attaché à une tâche particulière. A la fois par l’analyse a priori de la tâche, pour déterminer dans quelle mesure elle suppose un mode de régulation plus qu’un autre. Et avec cette grille de repérage, analyser les pratiques effectives du sujet pour comprendre comment il articule les différents modes pour atteindre son but.

1-2 Des motivations pratiques fondées sur mon expérience de nombreuses activités dans lesquelles il est essentiel que A passe dans le mode cerveau droit, c'est-à-dire dans le mode du lâcher-prise. Ces expériences constituent une validation pragmatique essentielle à ma démarche. Parmi ces activités : a) Le guidage dans l'entretien d'explicitation. Ainsi, la pratique de l'entretien d’explicitation est basée sur la mobilisation de la mémoire d’évocation, ce qui ne peut se faire qu’en ouvrant un lâcher-prise pour permettre de laisser le passé revenir à l’actualité, et se redonner dans un sentiment plus ou moins vif de revécu. Tout effort (toute tentative d'activité de contrôle sur la remémoration) pour se souvenir est une source de blocage de l’accès au revécu. La phrase clef du début d’entretien (je vous propose, , , si vous en êtes d'accord , , , de prendre le temps , , , etc.) a pour but de viser un moment du passé par une intention éveillante, mais tout autant de guider l’interviewé vers un lâcher-prise consenti qui lui permet d’accueillir l’effet de cette intention. Il en sera ainsi pendant tout l’entretien, puisqu’il repose sur la possibilité d’accéder au vécu passé sur le mode de l’évocation. b) La pratique des exercices de travail avec soi, focusing, rêve éveillé dirigé, pnl. Mais nous avons eu l’occasion de faire de nombreux exercices ou à un moment nous mobilisons nécessairement le fonctionnement cerveau droit, c'est-à-dire le lâcher-prise. Ainsi dans la pratique du focusing, quand nous demandons à la personne de formuler sa question et de s’ouvrir à l’accueil de la réponse sensorielle, ou quand nous lui posons la question de "qu'est-ce que ça vous apprend ?". Chacune de ces réponses ne repose pas sur un processus de réflexion (mode cerveau gauche, contrôle de la pensée) mais sur un accueil de la réponse spontanée. De même, quand nous avons pratiqué des rêves éveillés dirigés, le moment où nous proposons de découvrir une maison ou un vieux sage ou toute autre scénario de rêve éveillé, la réponse ne peut venir que de l’accueil de la réponse incontrôlée à la suggestion faite. Pareil quand nous pratiquons -par exemple- l’exercice de PNL dit « Feldenkrais", et que l’on nous demande de regarder un problème comme s’il était de la couleur, de la forme et du mouvement, donc de façon non verbale, la réponse ne peut pas être le produit d’une réflexion (contrôle) mais l’accueil de ce qui répond en moi (à ma grande surprise souvent). Je vous laisse trouver d’autres exemples dans tous les exercices que nous eu l’occasion d’explorer. c) Le cas particulier de l'auto-explicitation. Mais il y a plus complexe ! En effet l'auto-explicitation est une activité complètement contradictoire du point de vue de la coordination entre contrôle et lâcher-prise. D’une part le lâcher-prise est incontournable pour aller en évocation d’un moment vécu passé (c’est notre base), d’autre part il me faut me guider moi-même pour écrire la suite des étapes, il me faut superviser la valeur descriptive de ce que j’écris, prendre des décisions sur le fait de laisser faire ou de revenir sur ce qui s’écrit. L'auto-

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explicitation est l’activité rêvée pour étudier la régulation de soi dans l’action puisqu’elle repose sur la rencontre directe et conflictuelle entre contrôle et lâcher-prise. Du coup, on se rend compte que dans tous les autres exercices que j’ai nommés, le contrôle est assuré par un B externe, un accompagnateur, et que A peut se laisser aller dans l’accueil de son monde intérieur parce que le contrôle a été délégué. Alors que dans l'auto-explicitation, le A et le B sont assurés par la même personne. Ce qui apparaît alors, c’est l’habilité à se réguler soi-même, c'est-à-dire à opérer un contrôle de contrôle. On en trouvera de nombreux exemples dans les comptes-rendus. d) Une nouvelle lecture des feedbacks dans le stage auto-explicitation (juillet 2018). Autre source de motivation à mobiliser l’hypothèse bicamérale : l’animation du dernier stage à l’auto-explicitation. J’avais alors en tête, toutes mes lectures de l’été sur cette hypothèse, et ce qui m’a sauté aux yeux pendant l’animation des feedbacks en grand groupes, c’est toutes les variantes de conflits entre cerveau gauche, dans toutes les variantes de vouloir bien faire, de contrôler, d’y arriver et donc de blocage et les stratégies cerveau droit, confiance dans ce qui va advenir, acceptation de ne pas savoir d’avance le résultat. De plus, dans la prise de parole, on peut faire une lecture remarquablement transparente du non verbal, suivant que c’est la main droite (cerveau gauche) ou la main gauche (cerveau droit) qui souligne, s’agite, oscille, sans compter les exemples où les deux mains s’agitent en même temps, en s’accompagnant d’un discours incompréhensible, interrompu, contradictoire, manifestant un conflit entre les deux modes de régulation. Étonnant ! Je n’avais jamais vu de façon aussi transparente la manifestation des modes de régulation, et cela m’a guidé avec clarté dans la conduite des feedbacks. e) Mobiliser délibérément le cerveau droit ! Depuis, j'ai lu et pratiqué avec étonnement de nombreuses techniques sollicitant de façon séparée l'écriture avec main droite et main gauche, démontrant une grande indépendance des deux modalités, et des réponses assez surprenantes quand on demande à la main correspondant au cerveau droit (main gauche pour la plupart) de répondre à une question. cf. Par exemple Donius, W. A. (2013). Révolutionner sa pensée : Découvrez une nouvelle façon de réfléchir et de libérer le génie en vous ! ou bien Capacchione, L. (1997). Le pouvoir de votre autre main : comment accéder à la sagesse de notre cerveau droit). Comme toujours pour moi, tout résultat relatif à la subjectivité doit pouvoir être explorer par soi-même, et reconnu dans sa propre expérience. C'est une forme de validation pragmatique qui est au cœur de ma démarche à long terme. Pour conclure. Le thème cette année portant sur la régulation de l'action, le but était de nous apprendre à repérer et à questionner toutes les formulations et la gestuelle mettant en évidence cette régulation, pour être capable de les questionner et de les faire décrire lors d’un entretien d’explicitation (puisque le but principal des Universités d’été est et à toujours été de chercher à pratiquer, perfectionner l'entretien d’explicitation et donc de préciser, d’étendre, de nuancer la description de la subjectivité agissante). Et le moyen, était de conduire un entretien d'explicitation sur une tâche particulièrement propice à révéler les différentes formes de régulation : l'auto-explicitation. On a donc toujours plusieurs buts, - un but de pratiquer et de s'exercer, et ce dans tous les rôles ; - un but d'approfondissement méthodologique et théorique : la régulation de l'action. - un but de connaissance, car le questionnement sur le vécu de l'auto-explicitation ne peut que nous aider à mieux comprendre cette pratique, suivant ainsi le principe de base qui nous a toujours guidé : faire l'explicitation de l'explicitation. 2/ Les deux temps de l'Université d'été : exercices préalables, travail d'exploration. 2-1 – Exercices préalables. Comme nous avons pris l’habitude de le faire depuis quelques années, les trois premières demi-journées ont été consacré à des exercices, à la fois pour s’entraîner et servir de matière première au travail d’exploration à venir dans la seconde partie de l'Université d’été. Ainsi, nous avons commencé par partager un exercice de résolution d’anagramme comme tâche prétexte afin de créer un vécu de référence V1 commun. Puis chacun de son coté a fait une auto-explicitation de la résolution de l’anagramme (ou de ce qu’il vécu s’il n’a pas fait le choix de résoudre le problème proposé) depuis la prise de décision de la faire ou pas, de la manière de s’attaquer au problème. Cette auto-explicitation avait vocation de créer un premier vécu d’explicitation de V1, donc de créer un V2. Cette auto-explicitation sera la cible principale de l’explicitation dans l'Université d’été.

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Dans un troisième temps, nous nous sommes mis par deux pour faire l'entretien d’explicitation de la même activité de résolution (second V2 sur le mode de l’entretien). De façon à comparer ce qu’apportait l'entretien d’explicitation de plus ou de différent au travail en auto-explicitation. Mais cette comparaison n'a pas été exploité. Pour finir ce premier temps, nous avons pratiqués un exercice de PNL dit de « l’alignement des niveaux logiques » de Dilts, visant le moment de la pratique de l'auto-explicitation pour prendre conscience de ce que nous engageons de nous-même dans cette pratique, pas seulement d’un point de vue pragmatique (contexte, actes, compétences) mais aussi du point de vue existentiel (croyances, identité, mission). 2-2 Travail d'exploration. Le samedi après-midi, était le début de l'Université d’été dans ses dimensions recherches et explorations nouvelles. Comme chaque année un nouveau thème est proposé. Cette année c'était le thème de la régulation de l'action appuyé pour la première fois sur l'hypothèse bicamérale. Puis nous nous sommes répartis (avec plus ou moins de facilité) en quatre petits groupes indépendants. Pendant deux jours et demi, quatre petits groupes se sont ainsi organisés de façon autonome (pour éviter de faire tous la même chose, et gagner en diversité de points de vue), entrecoupés régulièrement par des feedbacks en grand groupe pour faire connaître les démarches choisies par chacun, s’enrichir des idées de chacun, découvrir les difficultés rencontrées par les autres. La dernière demi journée, en matinée, a été principalement consacrée à la préparation d’un compte-rendu pour chaque petit groupe, et à un partage détaillé des programmes de travail que chacun a suivi, des résultats, observations, difficultés, nouveautés, manque, que chaque groupe a rencontré. Semaine passionnante. Échanges riches, ouverture pour des travaux d’écriture de comptes-rendus pour de futurs numéros de la revue Expliciter. Voici les compte-rendu des petits groupes Voyage vers l'inconscient organisationnel : une exploration de la régulation du potentiel au cours d’auto-explicitations Patrick Bertheuil, Marine Bonduelle, Elodie Lalo, Eric Maillard, Claire Llambrich Molines, Sandra Nogry Cette année, la proposition de Pierre était de travailler sur la description des actes en jeu dans une auto-explicitation et de documenter plus particulièrement les actes « réflexifs », les formes de contrôle que chacun exerce sur lui-même durant l’auto-explicitation. Suite à cette consigne nous avons choisi de documenter les mécanismes de régulation de l’activité d’auto-explicitation (AE). Dans ce but plusieurs entretiens et échanges informels « mine de rien » ont été menés d’abord avec Claire, puis avec Patrick et Eric. Avec Claire, un premier EdE classique a permis de faire émerger trois pôles égoïques qui entraient en jeu durant l’AE. Ils étaient chacun localisés dans un espace différent (espaces extra-corporels, devant elle, ou intra-corporel (sommet du crâne). Dans un premier temps, il semblait qu’un pôle corresponde à l’émergence de l’évocation (a), qu’un second pôle assure le rôle de questionnement (b), et un troisième pôle une fonction de régulation entre « a » et « b ». Suite à cet entretien, Claire a pu matérialiser ces différents pôles sous forme de schéma.

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Durant cet entretien nous avons également repéré différents indices verbaux ou non verbaux exprimant le contrôle, la régulation, le lâcher prise et le laisser venir qui nous ont été utiles ensuite. Un second entretien a été conduit en vue de comprendre quand et comment ces pôles égoïques apparaissaient, et comment ils interagissaient entre eux. Cette description nous a conduit à vouloir approfondir la compréhension des « communications » entre les pôles « a » et « b ». Grâce à un EdE « augmenté » durant lequel nous avons hybridé différentes techniques, comme dessiner sous forme de schéma sa description de son fonctionnement cognitif pendant l’Auto EdE, le changement de place pour se mettre en surplomb, et le mine de rien, nous avons abouti à une micro-description de ce qui se jouait dans cette interaction. Cet entretien a mis en lumière l’existence d’un flux entre a et b et de relations entre eux plus complexes que ce que laissaient entrevoir les entretiens précédents.

Lundi, un entretien avec Patrick a permis de mettre en évidence les différentes régulations en jeu dans son activité d’auto-explicitation : des régulations des positions de parole, des régulations des flux des émergences venant sans contrôle du potentiel. Ces régulations concernaient notamment ses croyances (pensées positives ou négatives, de l’affectif subjectif, et des souvenirs d’enfance). Patrick a décrit son expérience comme un flux régulé par sa main virtuelle qui ouvre ou ferme une porte suivant un mouvement d’oscillations, pour lui permettre de se concentrer sur ce qui va être écrit en Auto EdE en fonction de ce qui revient (cf. schéma 2).

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Une fois le schéma abouti, l’adoption d’une position en surplomb a conduit Patrick à découvrir son

schéma sous un nouveau point de vue. C’est sous cet angle que la présence d’une instance « superviseur » lui est apparue et lui a permis de compléter la description de son fonctionnement cognitif.

Suite à cet entretien, les échanges ont permis de caractériser différents facteurs de régulation du flux de réflexion qui émerge du potentiel et de l’écriture : le contexte joue un rôle important, le corps et le coeur également :

« « Mon cœur », ce muscle qui se dilate et se contracte plus ou moins vite, en fonction de ma main qui ouvre et ferme la porte et ce flux d'infos qui oscille et provoque de l'inspiration ou de la déconcentration en mettant de côté mes croyances. »

Un dernier entretien a été mené avec Eric. Cet entretien a mis en évidence l’importance de l’anté-début de l’AE, le choix du lieu où s’installer et du positionnement de la chaise a été primordial. Cette installation et l’activité d’auto-explicitation ont été facilitées par les AE menées les années précédentes, des schèmes s’y sont installés et se sont capitalisés faisant disparaitre les entraves précédemment présentes pour créer les conditions du possible. Cet entretien a par ailleurs mis en évidence différentes formes de régulation : des régulations conscientes et inconscientes, une apparition de posture d’interviewer puis d’interviewé, l’apparition d’un superviseur, puis d’un superviseur du superviseur. Concernant l’organisation de la recherche elle-même, Durant ces 2 jours et demi nous avons alterné des phases d’immersion (EdE, EdE augmenté, mine de rien) et de distanciation grâce à la lecture des verbatims, des schématisations des processus en jeu, et des échanges sur les catégories descriptives adéquates pour appréhender notre objet en se fondant sur des concepts de psychologie et d’analyse de l’activité. Voici quelques exemples de catégories descriptives qui nous ont aidés à conduire les entretiens et à comprendre les régulations :

- La temporalité des processus (succession, simultanéïté, synchronisation) - Les flux : qu’est-ce qui émerge ? sous quelle forme (mots, sensations, images, forces, etc.) ?

suivant quelle dynamique ? Ces flux sont parfois décrits par des métaphores ; il a par exemple été question de feu d’artifice, d’étoile filante.

- La localisation spatiale des pôles égoïques / des régulations

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- Les relations entre les pôles (adressage, nature des liens ; documentation des négociations/ des contractualisations entre pôles égoïques)

- Les différents actes de régulations Nous aimerions partager avec vous davantage sur les processus de régulation en jeu pour chacun et sur ces catégories descriptives, mais cela nécessiterait un article plus long. Si le temps le permet nous espérons pouvoir vous en dire plus dans un prochain numéro ! Compte-rendu du groupe composé de : Béatrice A, Catherine, Evelyne, Magali, Pierre. Samedi après-midi. Suite à la présentation en grand groupe du thème général, un petit groupe s'est progressivement constitué. Après un tour de table où chacun donne son point de vue et son envie d’être questionné ou intervieweur, nous décidons pour un premier tour que A sera Béatrice, et B Catherine. Se déroule alors un premier entretien d’une vingtaine de minutes, avant de faire un break pour débriefer. Ce qui ressort de ce premier temps c’est une grosse surprise, et un peu de confusion dans le cadrage de l’entretien. A a vécu un temps d’écriture où la caractéristique essentielle c’est que « la main qui écrit » est vécue comme autonome, et procède de façon fluide et continue, Béatrice déclare qu’elle ne fait rien, rien d’autre que de constater cet état. En effet, Béatrice laisse faire ce qui se fait pour ne pas gêner l'émergence de ce qui se donne à travers la fluidité de l'écriture. Sa conscience est témoin de ce fait en surplomb, Béatrice se sent dans une grande qualité de présence à elle-même en écrivant. En fait, plus tard, avec un peu de recul, nous comprenons que nous sommes devant un exemple où c’est le lâcher-prise qui domine, donc une expression directe du cerveau droit. Du coup, quoi questionner, une fois constaté ce fait ? Nous discutons, nous essayons un second entretien pour aller plus vers l'activité d’écriture, pour l'accompagner à décrire l'écriture du point de vue de ce qu'elle fait, du geste quand elle écrit " pour accéder à la structure temporelle de V1 et aux actes posés dans la description de V1 en V2. Mais ce n’est pas convainquant. En fait, A n'a pas cherché à faire l'anagramme, mais a négocié avec elle-même ce qu'elle faisait, avec des aspects contextuels assez complexes qui tendent facilement à prendre beaucoup de place. Plus que le déroulement d'une action en V1, domine la question du sens de l'expérience qui s'est invitée, de la manière de la vivre. Dans le second débriefing, nous aboutissons à la conclusion que nous aurions pu, nous aurions dû, questionner directement la main autonome, ou du moins lui demander si elle était d’accord pour être questionnée ou si elle était l’expression d’une co-identité autonome qui accepterait de dialoguer. C'est-à-dire nous mettre dans la position de travailler avec un dissocié, comme nous savons le faire. Avec l’idée clef, que dans tous les cas de figure, le fait d’écrire demande une forme de régulation à la fois pour le contenu et l’accomplissement moteur. Nous décidons de renvoyer cette troisième étape de questionnement à plus tard, mais nous n’aurons pas l’occasion de le faire. On a donc un ego qui écrit de façon fluide et facile, un témoin qui le constate. Finalement nous n'avons questionné ni l'un, ni l'autre. Probablement que le témoin nous aurait aiguillé vers le contrôle de contrôle ? En gros, pour ce premier tour, nous nous sommes laissés surprendre par le fait que A vivait une expérience d’écriture dominée par le lâcher-prise se rapportant à un vécu qui n'est pas simplement une résolution de problème bien délimité. Une pure régulation sur le mode du cerveau droit. Dimanche matin. La journée commence par un feedback en grand groupe. Après retour en petit groupe et discussion, nous décidons de privilégier la variété de A, et donc de passer à un nouvel entretien, Pierre sera le nouveau A, interviewé en deux fois, la première par Magali, puis après un long temps de réflexion en groupe par Catherine. - Le premier interview d’une durée d’une vingtaine de minutes, est assez rapidement clair sur le déroulement temporel de V1 et qui fait l’objet de l’écriture en V2 directement dans l’ordre où ça a été vécu ( se redonner un anagramme inconnu, le choisir selon certains critères, SEREINS, évaluer en même temps tout de suite son intérêt, sa difficulté, car il n’est pas de résolution immédiate, il est « obscur » donc pourra faire l’objet d’une résolution de problème, identifier rapidement ses propriétés de base (fréquence des consonnes et des voyelles), puis résolution par essai vocaux pour reconnaître le début d’un mot, en faisant chanter une consonne + une des voyelles, et une deuxième syllabe, faire ça d’abord

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avec s, puis avec n, puis finalement avec r pour obtenir instantanément le résultat, aller dans son fauteuil, ouvrir l’ordinateur, commencer à écrire en énumérant les étapes, tout ça très facilement. Lors du premier débriefing, ce qui apparaît c’est la facilité (trop) de rendre compte de l’écriture en auto-explicitation (V2). Du coup, il n’y a pas beaucoup de matériaux descriptifs sur le contrôle et le lâcher-prise ou le contrôle de contrôle, puisque tout se donne facilement et immédiatement, aussi bien pour le V1 que le déroulement de V2. Il apparait aussi que A procède d’une manière systématique dans l’auto-explicitation de la recherche d’anagramme en faisant se succéder une description de la manière dont il cherche et un commentaire du résultat obtenu. Il répète cela plusieurs fois. Le débriefing met cependant en valeur le fait qu’il y a certainement une évaluation de ce qui est écrit, une surveillance de la précision de la remémoration, et peut-être plus loin encore une expertise dans la pratique de l’exercice d'auto-explicitation qui sous tend la mise au travail. Des détails techniques supplémentaires reviennent aussi, qui n’ont pas été écrits lors de l'auto-explicitation, comme le changement de logiciel pour avoir une correction orthographique permanente (j'écris sur un portable), ou la lenteur du démarrage du premier logiciel qui avait été mis à jour la veille et du coup était lent à répondre pour la première réutilisation. Le second interview va faire apparaître tous les égos d’arrière-plan en mobilisant les positions dissociées spatialisées. ➔ Si je résume, ce qui domine dans ce travail c’est : ↳ la facilité, c’est bref, c’est facile, c’est très récent, donc j’écris facilement dans l’ordre du vécu, le contrôle de la qualité de la description au fur et à mesure, du coup il n’y a pas grand chose à décrire sous l’angle des modalités de contrôle. ↳ ce qui est intéressant c’est le travail sur un incident qui se détache de cette facilité et crée un travail de régulation qui peut être décrit. — En effet, une remarque sur ce qui s’est passé en V1 m’apparaît entre deux temps de description, un commentaire, genre "ah c’est comme ça que je fonctionne avec les mots », et je le note en V2 en sachant que ce n’est pas une description, mais que c’est intéressant pour moi, le premier entretien pointe cet incident, le second ira plus loin. ↳ dans le second entretien, il va y avoir un déploiement de ce moment (une idée que l’on va retrouver ensuite avec le A suivant, où, à nouveau, ce qui sera exploité sera un incident, alors que l’écriture se déroule avec facilité), ↳ mise à jour de la multiplicité des agents - L’expert, celui qui connaît bien l'auto-explicitation et sa pratique, qui écrit et supervise la qualité de l’écriture au fur et à mesure, - L’analyseur, qui repère une information intéressante supplémentaire à la description de V1 et la fait savoir par une forme de parole intérieure, ce qui est intéressant est nommé, (c’est vécu comme venant de l’extérieur, depuis la droite, à hauteur de la poitrine, comme un texte écrit/lu, sans voir les mots), - Le chien de chasse, celui qui est à la recherche permanente de ce qui peut être intéressant depuis toujours, et évalue tout de suite que ça mérite d’être retenu, et donc noté, Lundi Après discussion, Evelyne se propose comme A. Les quatre entretiens d’Evelyne - un premier entretien qui se laisse prendre par la description de l’état interne positif (15 ‘’) et où l’on met à jour que cet état interne se donne spontanément sans que A ait besoin de faire un effort. Du feedback régulateur il est décidé reprendre l’entretien pour recentrer vers la description de l’action. - Au cours du second entretien B rentre dans le détail du déroulé de l’écriture, et identifie un incident (une rupture momentanée dans la continuité de l’écriture), Evelyne rature un mot écrit d’une phrase en cours d’écriture, mais « elle » ne se laisse pas rentrer dans la réflexion et « elle » continue à écrire. Du temps de feedback pour évaluer la suite possible il est décidé de questionner l’incident « la rature » - un troisième entretien va détailler cet incident et faire apparaître la présence de trois agents, le premier qui écrit facilement et se laisse porter, le second qui réagit à la rature pour proposer une réflexion et qui aurait eu pour conséquence de rompre le flux de l’écriture, le et peut-être un troisième qui parle au second pour le tempérer, le calmer, l’éloigner et laisser se prolonger le flux. Le groupe débriefe sur comment continuer et se met d’accord pour un quatrième entretien. Un temps est pris sans A pour ne

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pas faire du « mine de rien », parler technique de questionnement sans fausser les choses et décider de quoi s’informer. L’intérêt est porté sur les interactions entre les différentes co identités. - le quatrième entretien met en évidence la relation entre les co-identités et où on découvre comment le second agent accepte de s’éloigner en sachant qu’il y a déjà quelqu’un qui s’occupe de ce qui se passe, qu’on n’a pas besoin de ses services et que son intervention risquerait de créer de la tension. Conclusions Importance de repérer les agents (avec la question « qui… ?" ou "qu'est ce qui? ») et demander à A de nommer l’agent de telle façon que chacun de ces agents puisse faire l’objet d’un questionnement direct ou indirect - via un dialogue interne à A - pour savoir ce que cet agent fait, comment il le fait. Le fait d’avoir identifié la présence d’un agent n’est qu’une étape pour mettre en place un interlocuteur, et le questionner directement sur ce qu’il fait, comment il module, intervient ou pas, négocie. C’est à ce moment que l’on peut vraiment apercevoir le contrôle de contrôle, dans l'effet des négociations entre égos. On a bien une régulation de soi Ceci étant nous ne sommes pas allés encore assez loin. Par exemple, pour les entretiens de Pierre, il aurait été intéressant pour chacune des co-identités de savoir plus précisément comment elles opéraient. Ainsi l'expert en auto-explicitation évalue au fur et à mesure la complétude, les propriétés descriptives (versus interprétatives, associatives ou autre commentaires) du langage, mais à quoi reconnaît-il que ce qui est écrit a bien ces propriétés ? à quel(s) moment (s) le fait-il ? a-t-il rencontré des conflits ? des doutes ? De la même façon, à quoi l'analyseur reconnaît qu'il y a quelque chose d'intéressant ? Quels sont ses critères ? Comment se manifeste-t-il ? Il est clair qu'à l'heure actuelle, le fait d'identifier une co-identité nous sature momentanément, et nous empêche de bien voir qu'il n'y a qu'une partie de l'information qui a été mise à jour, et qu'il faut encore y revenir pour décrire le fonctionnement précis de la co-identité en référence à son rôle. Dans le tout premier entretien, nous n’avons pas su faire de la main gauche de Béatrice un interlocuteur, ou de remonter de la main à l’agent qui la contrôlait pour en faire un interlocuteur qui nous décrive ce qu’il fait pour guider l’écriture dans un flux continu. Importance de créer les conditions pour dialoguer directement avec les co-identités À noter que, co-identité, agent, ego sont utilisés comme synonymes du/ des pôles égoïque du schéma ego ➔ acte ➔ objet. Le terme "ego" pointe vers la structure du schéma de base, le terme "agent" souligne, la propriété d'agentivité, de responsabilité, de source de cet ego, le terme "co-identité", rentre plutôt dans des considérations bien connues sur la multiplicité des parties de soi. Mais les trois sont tout à fait synonymes. Dans notre analyse actuelle, nous pouvons avoir une multiplicité d’egos en négociation, mais aussi un ego surplombant un autre ego pour moduler l’acte en cours. ➤ Au final, dans les trois cas nous nous sommes heurtés naïvement au fait que V2 n’avait pas présenté de difficultés propres à solliciter un questionnement détaillé immédiat. Probablement par exemple, si l'auto-explicitation avait porté sur un vécu plus ancien, l'articulation entre remémoration et écriture aurait été beaucoup plus présent. Dans les trois cas nous avons une écriture d'auto-explicitation qui se déroule de façon aisée. Pour deux des entretiens nous avons approfondis plutôt des incidents d’écriture (insertion d’un commentaire au sein de la description, ou bien réaction régulatrice après une rature). Dans ces deux cas, nous avons pu distinguer un contrôle de contrôle, c'est-à-dire la manifestation d’un agent qui intervient pour réguler le fonctionnement de l’agent qui écrivait et/ou le surgissement d’un agent potentiellement perturbateur. Des co-identités sont présentes et interagissent entre elles (négocient, discutent) lors de l’auto-explicitation pour permettre que l’acte se réalise. Le contrôle (et/ou le l’absence de contrôle) résulte-t-il du travail en système de ces co-identités ? Quel est le rôle du « superviseur » (« témoin », « analyseur ») dans ce système ? Pour finir, préparation de la présentation du travail du groupe pour le feedback général final.

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Compte-rendu du petit groupe

Marie-Hélène, Pénélope, Claudine, Joëlle, Maryse Les trois anciennes, Claudine, Joëlle, Maryse, avaient prévu de travailler ensemble pour poursuivre le travail commencé l’année dernière sur l’auto-explicitation. À partir du travail sur le protocole de Joëlle, dont la première partie a été publiée dans le numéro de juin d’Expliciter (Expliciter 119), nous avions constaté la difficulté de répondre à la question « Qu’est-ce que cela nous apprend sur les actes de l’auto-explicitation de Joëlle ce jour-là, à l’université d'été du GREX 2017 ? ». Ce que nous avions déjà relevé dans le protocole de Joëlle ne nous permettait pas de cerner la spécificité des actes de l’auto-explicitation par rapport à ceux d’un A accompagné par un B dans un entretien d’explicitation. D’où la question : comment se gère Joëlle dans cette auto-explicitation ? Avec une reprise de nos lectures des protocoles de Joëlle et de Claudine de 2017 et avec l’aide de Pierre, nous avons pu repérer beaucoup d'indications métacogntives (régulations diverses, contrôle, contrôle du contrôle, lâcher prise et accueil.) Nous étions donc en phase avec le thème de l'université d'été de cette année et nous pouvions continuer l’exploration commencée. Les choses ne se sont pas passées ainsi, nous avons dû nous adapter à une situation imprévue et reporter la suite du travail à l'après Saint Eble, ce qui nous a privées de la possibilité de travailler ensemble en direct sur les protocoles et de poursuivre nos explorations. Le travail à cinq s’est fait à partir de discussions préalables pour savoir ce que nous allions explorer et d’entretiens entrecoupés de phases de récapitulation, de reformulation, d'évaluation des résultats déjà acquis et d’entretiens indirects « mine de rien » pour aller chercher ce qui nous semblait manquer dans la récolte. Nous avons utilisé de façon fluide tous nos outils d'exploration, déplacements, mise en place de dissociés, Feldenkrais, travail sur des N3, en plus de fondamentaux de l'explicitation. Nous appelons "entretien" une série de séances de travail avec le même A. Nous avons fait quatre entretiens, avec Pénélope, Marie-Hélène, Claudine et Joëlle dont deux que nous avons repris plusieurs fois et deux d'un seul tenant. Entretien de Marie-Hélène Marie-Hélène est dans son auto-explicitation, elle écrit, elle lit ce qu'elle a écrit, un mot en particulier, il y a un petit doute sur la justesse de ce mot, cela vient de la chercheuse, elle se demande si cela pourrait être du reconstruit (contrôle), elle lâche (contrôle de contrôle) et ça valide, c'est-à-dire que ça se fait tout seul (accueil). Une description plus poussée nous permet de décrire le lâcher prise qui laisse la place à autre chose que le contrôle. Il vient une métaphore (N3, donc CD3) pour traduire "ce qui valide" : il y a une montée des lettres du mot vers la tête dans un faisceau (image des conduites forcées mais avec l'eau qui coule dans les deux sens). Ça va très très vite. Maintenue en prise avec un fort ralentissement, elle précise la description, elle est dans le tuyau, voit les lettres noires monter, puis se disperser et disparaître, se dissoudre dans le tout. En haut, c'est blanc, ça passe derrière sa tête, ça redescend sur sa droite, là c'est une couleur jaune/orange vive, c'est dense, lumineux. C'est de l'ordre du ressenti. Elle a déjà rencontré en méditation cette couleur vive qui lui donne une grande sérénité, une stabilité, une paix profonde. A ce moment là, une partie d'elle est prise dans un tout. Elle y est et accueille (donc CD). Pour Marie-Hélène qui écrit, le "je lâche" c'est "j'accueille". Notre hypothèse est que le doute sur la justesse du mot a déclenché des associations avec des situations vécues par Marie-Hélène où le mot en question prenait tout son sens, puis un raisonnement de type Binet4, et la conclusion que ce mot convenait. Il a été validé, à son insu, dans et par son inconscient. Dans ce cas, nous avons approfondi le lâcher prise dans l'auto-explicitation. On arrive à un N3 et au schème sous-jacent, entre "je lis le mot et je laisse faire". À l'articulation, il y a un contrôle du contrôle, quelque chose qui fait que ça fait lâcher, ça l'autorise à lâcher. Au début, y a trois trucs, un truc qui lui 3 CD : cerveau droit (globalité, intuition) ; CG cerveau gauche (détail, rationalité) en lien avec le cadre théorique propose par Pierre dans cette Université d'été 4 Maurel M., (2017), La perception est un raisonnement, Notes de lecture sur l'ouvrage La psychologie du raisonnement d’Alfred Binet, Expliciter n°113, pp. 48-59.

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dit laisse faire, un truc en arrière-plan qui demande si le mot donne du reconstruit ou pas et y a un truc qui valide et ce truc qui valide c'est du lâcher prise, suite à un contrôle du contrôle. Nous avons fait un "qui, et depuis quand ?" qui nous ont amenées à la description de la posture d'accueil. Avant le lâcher prise, contrôle du contrôle, puis lâcher prise, et le reste se fait à son insu dans le potentiel par le travail associatif avec des situations où le même mot est présent. "C'est OK". Entretien de Claudine Dans le cas de Claudine, nous avons questionné sur ce qui se passe pendant l'auto-explicitation au moment où "ça s'écrit". Nous avons identifié plusieurs entités, un A, un B, un témoin qui forme un système dont nous avons exploré les liens, et au moment où ça s'écrit, la trace, le papier et le crayon sont importants et forment un autre système. L'écriture se fait à des vitesses différentes selon ce qui se donne, informations du V1, informations et sensations du présent (écriture actuelle), avec un ralentissement au moment où B parle. Nous avons identifié un contrôle du contrôle. À préciser. Il y a là des contrôles de différents ordres, mais nous nous sommes arrêtées sur le lâcher prise du "ça s'écrit". Nous avons regardé comment s'organise l'attention, c'est l'attention qui permet de comprendre comment ça se passe. En fait A fonctionne, évoque et écrit, et il y a une focalisation sur le contact de la pointe du stylo sur la feuille, qui fait la trace, dans un mouvement régulier et continu qui ne s'arrête pas ; si ça s'arrête, tout s'en va. Quand ça fonctionne, il y a mise en évocation du A, les informations arrivent et passent directement de sa tête à l'écriture (comme pour le téléphone, immédiat, passage direct dans l'écriture), Elle se les dit et s’entend les dire, l'écriture est en marge, son attention est focalisée sur l'évocation et sur l'information qui arrive dans sa tête et passe par le petit système pointe du stylo, feuille, trace. Il y a un contrôle très léger de celle qui écrit, c'est-à-dire la chercheuse, parce qu'il y a une régulation pour que le mot soit écrit de façon à ce qu'elle puisse se relire, c'est très léger. Le contrôle du contrôle se met en place pour réguler, et le rendre aidant, au lieu d'être bloquant, et cela permet que le "ça s'écrit" se fasse. Entretien de Joëlle Avec Joëlle, nous n'avons fait qu'un seul Ede, d'un seul trait en fin de journée. Nous avons exploré comment Joëlle a fonctionné pour ne pas se mettre en auto-explicitation. Il s'agissait du deuxième temps d'auto-explicitation que Pierre nous avait proposé pendant la pré-Université. Joëlle exécute les premières opérations de l'auto-explicitation comme relire son premier texte. Elle constate qu'elle fait moins de fautes d'orthographe quand elle tape sans regarder. Elle tente d'introduire les données recueillies dans l'ede qui avait précédé avec Béatrice, mais n'y parvient pas. Elle y avait découvert le schème sous-jacent qu'elle cherchait. Du coup, elle n'avait plus de motivation à se remettre en recherche, elle pensait que Pierre nous avait donné cette tâche pour avoir encore un peu de temps avec son groupe, d'où une certaine colère. Le contrôle est donc très fort. Mais il va apparaître autre chose de plus important pour Joëlle. Tout est déclenché par une sensation corporelle. Joëlle laisse la place à l'écoute de cette sensation, un temps micro, dont elle n'avait pas conscience, qui dit "Là, tu arrêtes". Cela a été mis à jour dans l'entretien. C'est quelque chose qui est à la charnière entre tous les essais que Joëlle fait de manière consciente, et sa décision d'abandonner, il y a un moment où elle laisse la place à l'écoute de cette sensation qui se donne, qui émerge, et ce n'est pas du contrôle, ce n'est pas maîtrisé du tout. Cela permet le travail associatif dans le potentiel et le retour à un schème bien rodé qui laisse faire l'émergence de celle qui décide d'arrêter. Confiance, donc du côté de l'intuition, pas du rationnel. "Celle qui évalue et se respecte" prend conscience que ce n'est pas bien pour elle que de vouloir poursuivre cette tâche. Elle arrête la "bonne élève" qu'elle était au début. Puisqu'elle a trouvé le schème avec l'ede précédent, elle n'a pas de motivation et poursuivre n'a pas de sens pour elle. Celle-là est alignée, elle était en arrière plan mais prend le dessus et s'impose. Du coup, Joëlle n'a plus de colère et est tranquille avec le fait de s'arrêter. Avec cet exemple nous avons là, un fonctionnement du "contrôle avant", même si Joëlle avait commencé comme pour s'y mettre. En fait elle s'arrête avant de contacter son V1, objet de l'auto-explicitation. Avec celle qui a la valeur de respecter Joëlle, sommes-nous dans du contrôle du contrôle ? Le contrôle du contrôle lui laisse la place, ensuite il suffit d'accueillir sa décision (CD).

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Façon de lancer le "mine de rien" (entretien indirect), témoignage de Claudine : un mot sur les deux mines de rien du point de vue de mon vécu de A Maryse est mon B. Elle conduit l'entretien et à un moment donné : "Claudine je te propose de rester avec ça et nous allons discuter". Le "reste avec ça" a vraiment eu de l'effet sur moi. Je me suis immobilisée, ai tourné toute mon attention vers moi, sur l'état dans lequel je me trouvais pour le maintenir en l'état. Je n'ai pas regardé les autres, j'écoutais en restant connectée. Je me suis maintenue en prise tout en les écoutant. Et donc je laissais partir une réponse quand une question ou une remarque la déclenchait. J'ai trouvé cela complétement nouveau et efficace. J'étais là, présente (à moi-même) mais je n'étais pas dans le groupe qui discutait. Côté technique Claudine a fait une très belle invention dans l'entretien avec Marie-Hélène, elle a ralenti les lettres qui montaient très très vite. En le faisant elle a déplacé l'origine du contrôle dans l'ede, c'est B qui guide et B a négocié avec A pour reprendre la main, comme A n'a plus la main, A délègue son CG à quelqu'un d'autre. Se rappeler que toutes les techniques de guidage reposent sur le déplacement du CG à quelqu'un d'autre. Alors le CD peut s'ouvrir. Nous n'avons pas toujours su questionner les agent actifs pour connaître leur identité. Nous sommes restées au plus près de la réalisation des auto-explicitations et nous avons pu suivre d'assez près les relations du contrôle, du contrôle du contrôle et des divers lâcher-prise. Et par dessus tout, la diversité à chaque coin d'entretien avec toujours le même étonnement.Annexe au compte-rendu : témoignage de Claudine

L'écriture activée et activante quand "ça s'écrit, ça coule...".5

Claudine Comment se produit et se déroule cette écriture qui coule dans l'auto-explicitation ? Claudine affirme "ça s'écrit". Elle ne sait dire que le stylo glisse sur la feuille avec un certain rythme… Que les mots sont déjà là quand elle écrit… que ce qui s'écrit appelle la suite… etc… Là, elle voit le stylo courir… elle le sent dans ses doigts… elle se dit les choses, juste avant qu'elles ne s'écrivent. Elle perçoit les micros mouvements dans sa bouche, sa langue. Au tout début, lors de ses premières auto-explicitations, elle procédait en deux temps séparés. Un premier temps pour partir en évocation et laisser venir. Pour cela, les coudes sur la table elle mettait ses deux mains sur ses yeux pour faire le noir. Dès qu'elle avait des info, elle changeait de posture pour prendre son stylo et écrire. Une fois ces données là écrites, elle recommençait à faire le noir, etc. Et puis sans qu'elle ne s'en aperçoive, elle s'est mise à écrire en continu. Plus besoin de s'arrêter et de faire le noir. L'écriture la maintenait et les informations se suivaient. Elle a une façon de démarrer. Ce qu'elle écrit au début est assez flou et général, ce n'est pas grave, elle continue. Le rythme de l'écriture avec au bout des doigts, l'encre qui trace sur la feuille, que cela ne s'arrête pas ! C'est comme le mécanicien qui alimente sa machine (locomotive à vapeur). … Elle ne réfléchit pas, le stylo glisse sur la feuille, lui permettant de s'absorber, d'accéder à son V1 et d'entrer dans la description de celui-ci. Les informations qui lui arrivent s'écrivent… La chercheuse reste présente juste pour voir si ce qui s'écrit reste lisible. Sinon, A est dans un lâcher prise total, absorbée par l'arrivée des info qu'elle se dit et s'entend dire et qui s'écrivent avec un rythme régulier et constant (CD). Là, l'écriture est activée par l'arrivée des informations du V1. Elles se couchent sur le papier mais le temps (régulier) qu'il faut pour qu'elles s'écrivent, active la suite, ce que j'appelle l'écriture activante et donc les choses s'enchaînent à la vitesse de l'écriture. La chercheuse est tranquille. Elle sait que sa mémoire du vécu va fonctionner. Elle n'a pas peur de perdre des informations. Elle les prend comme elles viennent et quand il y en a beaucoup en même temps, elle les prend les unes après les autres sans inquiétude. Elle sait qu'avec cette écriture, avec le temps, elle va accéder à des couches plus profondes de son vécu. Il suffit juste qu'elle reste concentrée, zen. Ce que la trace lui permet en ne s'arrêtant pas. C'est pourquoi, elle écrit tout ce qui se présente sans réfléchir à ce qui se présente. Elle est dans une position d'accueil de tout ce qui lui vient. Elle écrit sans se poser de question. Elle est dans

5 Ce texte a commencé avec la mise au propre de mes notes de cette Université d'été 2018

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le flux et laisse venir comme ça vient. D'où un mélange d'informations du vécu V1, du vécu actuel de ce moment d'écriture, avec du méta qui se déclenche de par ce qui s'écrit, etc. En étant dans ce lâcher prise total rien qu'en relation avec elle-même et pour elle-même, elle se trouve dans une position de sérénité et d'authenticité extraordinaire. Le temps social est supendu. Le "ça s'écrit" ne renvoie pas à la main qui reste totalement hors du champ de conscience. Sa vision est focalisée sur le point de rencontre entre la pointe du stylo et le papier où se dépose la trace. C'est une écriture qui coule, sans heurt comme les lignes de boucles qu'elle faisait à l'école maternelle sur ces cahiers où les lettres venaient se mettre entre les lignes tracées à cet effet (2 lignes parallèles qui enserraient les petites lettres). Et dans cette régularité, il y a des temps plus forts, accélérés et des temps plus ralentis, mais de façon assez légère comme lorsque nous écrivions avec la plume en faisant des pleins et des déliés… Légère accélération avec un peu plus de poids en montant et légère décélération et moins de poids en descendant (là, c'est à nouveau l'écriture de la petite fille). C'est ce déroulement qui la maintient en contact avec elle-même donc en évocation et qui fait que les informations s'enchaînent, viennent sous la pointe du stylo. En arrière plan, il y a certainement les compétences de la chercheuse en explicitation qui s'activent de façon automatique. Je reviens sur le point de focalisation de sa vue car si je regarde comment s'organise son attention, elle est focalisée sur ce qui lui arrive dans sa tête et qu'elle se dit, car elle s'entend énoncer ce qui va s'écrire. Donc la focale de son attention est sur le vécu visé qu'elle revit en évocation (V1 ou vécu actuel). Et donc, le point de rencontre de la pointe du stylo sur le papier qui trace est en marge de son champ d'attention. Cela constitue une chaine bien huilée comprenant le vécu qu'elle revit, les info qu'elle s'entend dire et qui s'écrivent au bout de son stylo, courant régulièrement avec un certain rythme sur le papier. Tout est lié. Quand ça s'arrête, elle sort de l'évocation et devient réceptive soit à ce qu'elle vit là en V2 (son témoin) soit elle se tourne vers son B qui va la ré activer. Quand elle a été questionnée vers les "qui est celle qui…" et "depuis quand…" plusieurs expériences antérieures lui sont venues. - lui vient d'abord celle qui avait besoin d'écrire pendant une période difficile de sa vie où elle était seule à assumer le quotidien. L'écriture lui permettait soit de déverser sa colère soit d'aller chercher ce qui ne lui était pas connu mais actif dans son quotidien à certains moments et qui ne lui convenait pas6. Elle avait pris l'habitude, quand elle était affectée par un problème important, d'écrire comme si elle écrivait à une confidente bienveillante Elle savait se mettre dans les conditions d'une telle écriture, en s'isolant, en s'absorbant en elle-même. Elle savait aussi qu'il lui fallait couvrir un peu de papier pour accéder à elle-même, du moins à des couches pas facilement accessibles. Elle écrivait confiante, ne sachant pas ce qui allait venir mais elle faisait confiance. Ça, elle le savait, elle en avait une certitude. Ça allait venir, mais il fallait qu'elle persiste et que sortent d'abord toute une série de choses plus ou moins importantes. Elle savait aussi comment s'y prendre pour amorcer la pompe de ce que nous appelons aujourd'hui le processus d'émergence. Il suffisait qu'elle commence à écrire, peu importe quoi, mais écrire et petit à petit elle rentrait dans ce qui la préoccupait. Les lignes déjà griffonnées lui permettait de rentrer en elle, de lâcher prise et donc de laisser venir et elle écrivait tout ce qui lui venait. C'était une écriture personnelle, intime avec elle-même et que pour elle-même, donc peu importe ce qui s'écrivait. Personne ne le lirait. Du coup elle était complètement authentique et elle essayait d'écrire au plus juste de ce qu'elle éprouvait ou vivait. - Un autre type d'expériences plus anciennes où elle écrivait sur son vécu, lui est venu ensuite. C'était des écritures pendant des moments particuliers comme un voyage, une évasion de deux ou 3 jours pour de l'escalade, de la randonnée en montagne. ……. Elle décrivait tout simplement ce qu'elle avait vécu dans ces moments. Une façon de "mettre son plaisir, son bonheur en conserve". C'était une écriture qui coulait. Elle déposait sur le papier ces moments où elle vivait des choses exceptionnelles. Elle écrivait facilement. Le plaisir éprouvé dans ces moments se transférait à ces moments d'écriture. D'où son plaisir à écrire à la main et voir son stylo courir sur la feuille. Elle décrivait ce qu'elle vivait, ce qui s'offrait à

6 Par exemple quand sa fille aînée avait 8 ans à la naissance de sa petite sœur, elle s'était mise à avoir des tics. Rien n'y faisait, les tics s'intensifiaient et la petite vivait cela de plus en plus difficilement. Un soir, elle lui promet qu'elle en serait délivrée dans un délai d'un mois ! (Quelle intuition!) Et donc, elle s'est mise à écrire certains moments de relation avec sa fille. Les choses se sont couchées sur le papier et elle a accédé à une prise de conscience qui l'a bousculée. Elle s'est donnée des consignes précises et effectivement les tics de sa fille ont rapidement disparu.

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elle. En fait, avec le recul, elle n'était pas loin de l'auto explicitation, sauf qu'elle ignorait tout de l'explicitation, de la mémoire concrète etc. - une autre type d'expériences encore lui est venue de son enfance, à l'époque du collège. Elle se revoit dans sa chambre assise à un secrétaire (en bouleau) en train de faire ses devoirs. La porte est fermée, sa mère vient lui demander de mettre le couvert (ils étaient 7 avec 5 enfants dans un appartement assez petit dans un 3ème étage). Elle lui répond qu'elle n'a pas terminé. Là, écrire, c'est prolonger ce moment où elle est seule avec elle-même, tranquille. Donc écrire pour elle, c'est un moment où elle est seule, où elle peut s'isoler pour être en contact avec elle-même, sans contrainte extérieure et se laisser absorber complètement. Elle sait comment s'y prendre pour laisser venir et accéder à des couches profondes de son vécu. C'est un moment où elle vit sa vie intensément. Un moment où elle s'échappe, où le temps n'existe plus. Sous-groupe Armelle Balas-Chanel, Frédéric Borde, Sylvie Bousquet, Natalie Depraz et Béatrice Lorence. Compte-rendu de Frédéric. Déroulement Nous avons commencé par adopter la proposition de Pierre de rechercher les déterminations possibles de plusieurs types de contrôles. Nous avons été tentés par une discussion conceptuelle à propos du sens du mot « métacognition », mais nous avons résolu de privilégier le recueil de données et de n’élaborer conceptuellement qu’à partir de lui. Avec la méthode d’alternance entre des entretiens courts et des « mine de rien » (qui sont des « reprises indirectes »), il devient incertain de comptabiliser les entretiens effectués, car souvent, durant les discussions, des questions d’explicitation ont été posées directement aux A. La notion d’entretien devient floue, mais nous pouvons affirmer avec certitude que deux membres du sous-groupe se sont successivement proposés pour être A. Samedi après-midi, Armelle a accompagné Frédéric dans la description d’un moment de son écriture en auto-explicitation ayant eu lieu la veille dans l’université d’été. Frédéric a donné plusieurs éléments descriptifs, concernant les structures spatiale et temporelle de son expérience, mais avec une absence remarquable : rien ne lui revenait concernant le contenu de son écrit. Il a pu vérifier et rectifier ensuite sa description en la comparant au texte de son auto explicitation. Après l’identification de plusieurs exemples de contrôle dans ces matériaux, nous avons choisi de recueillir la description d’un second A et Béatrice s’est proposée. Nous avons recueilli et documenté en détail plusieurs moments de l’auto explicitation de Béatrice, qui nous ont apporté de nombreux thèmes de discussion. La suite de notre travail s’est partagée entre recueil de données, reprises indirectes, discussions et préparations des feed-back en grand groupe. Résultats A partir du recueil de données, et en nous appuyant particulièrement sur trois exemples, nous est apparue une possibilité de proposer une typologie de contrôles. A la réécoute des enregistrements pour préparer ce compte-rendu, j’ai constaté que les exemples issus des entretiens avec Béatrice ont fait l’objet d’une élaboration bien plus claire. Je présente quand même un résumé d’exemple issu de mes descriptions. Premier exemple Lors de son auto-explicitation (V2), Béatrice écrit sur sa feuille la question qu’elle s’adresse pour relancer son évocation du V1 : « Qu’est-ce qui se passe pour toi ? ». Dans cet acte, nous nous sommes accordés pour reconnaître la forme de contrôle méthodologique que toute personne souhaitant faire de l’auto explicitation doit, durant et après le stage de formation, aménager pour elle, sous une forme ou sous une autre. Nous avons attribué à ce type de contrôle la graphie « c ». Toujours dans ce moment spécifié de son auto explicitation, tout juste après, Béatrice se demande, puis écrit « Est-ce que cette question est pertinente ? ». Elle nous décrit, en V3, que celle qui pose cette question, qui interroge la valeur de sa relance, est « Celle qui s’est exposée », co-identité prenant sa source dans une séance de séminaire du GREX2, où Béatrice a reçu du groupe l’idée que la formulation des relances est importante. Nous avons reconnu dans cette interrogation à propos de sa relance une intervention de même structure que le contrôle précédemment évoqué, puisqu’il s’agit encore du traitement d’un problème d’ordre méthodologique, mais se situant cette fois en « contrôle du contrôle », en surplomb, en « méta contrôle ». Nous lui avons attribué la graphie « c2 ». Deuxième exemple

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Quand Béatrice écrit son auto-explicitation (V2), elle retrouve d’abord qu’en V1 elle a écrit le mot « trésorière » sur sa feuille, et aussi qu’une image de trésor lui est venue. Alors, en V2, elle ressent une hâte, qui lui crée une tension au niveau du diaphragme et qui prend « toute la place » ; cette hâte vient d’une co-identité que Béatrice nomme « celle qui craint de perdre la mémoire » et qui lance une injonction « il faut que j’imprime cette image ». Prenant toute la place, « celle qui craint de perdre la mémoire » ne permet pas à la relance suivante, sous forme de graine de question localisée dans la tête, de se développer en formulation, et de continuer l’auto explicitation. Béatrice écrit alors « Il faut que j’imprime cette image ». Dans cette priorité donnée à la conservation du souvenir, empêchant la formulation de relance, nous trouvons une autre occurrence de contrôle c2, qui assure la consignation, en interrompant, en surplomb, le contrôle c. Tout juste après, une énergie chaude localisée dans l’abdomen vient traverser l’espace du diaphragme en libérant sa tension, et vient alimenter la question, qui trouve alors une formulation « Est-ce qu’il y avait autre chose ? ». Ce mouvement énergétique ascendant, Béatrice l’associe à une co-identité qu’elle nomme « la vigoureuse ». En focalisant sur ce mouvement corporel interne, nous avons identifié le moment d’instauration de son schème : une séance de sophrologie dans laquelle Béatrice a travaillé sur le 3eme système. Dans ce mouvement de libération de tension et d’alimentation de la question d’abord empêchée, nous trouvons une occurrence de contrôle différent, sans mot, émergent du potentiel, auquel nous attribuons la graphie Cep. Troisième exemple Durant l’écriture de mon auto explicitation, je fais une pause pour relire les deux moments du V1 que je viens de décrire (contrôle c, méthodologique « de base »), et je me rends compte que l’un décrit plutôt le plan noétique et le second plutôt le plan noématique. Alors je prends conscience que cette réflexion pourra renseigner le V3, et je la note. J’identifie aujourd’hui ce geste d’analyse à un contrôle c2, qui se place en surplomb tout en empêchant la poursuite de l’auto explicitation. Puis, pendant l’écriture de cette réflexion théorique, un nouveau moment du V1 (ce que Pierre faisait, à ma droite, durant le V1) m’apparaît de lui-même. Je me trouve alors dans un conflit : il y a concurrence entre l’acte de continuer à noter ma réflexion et l’acte de prendre en compte ce nouvel arrivant… je veux les deux. Alors j’opère un « recul », qui me permet de maintenir en prise le fil thématique de ma réflexion, et de placer mentalement le nouvel arrivant dans l’espace (sur la chaise de Pierre), à un endroit où je pourrai le retrouver pour le consigner plus tard. Ce recul m’est permis par une posture, ancrée corporellement, que je nomme « pas bouger ! ». Je sais qu’il s’agit d’une posture apprise en méditation, et dont l’instauration est associée au souvenir d’un dojo Zen et d’un godo donnant cette consigne. A d’autre moments de mon auto explicitation, c’est aussi cette posture qui m’a permis de me réguler à chaque tentation d’arrêter : quand mon contrôle c méthodologique m’amenait à constater que les conditions matérielles n’étaient pas réunies (je n’avais pas mon ordinateur), mon contrôle Cep m’incitait à continuer pour participer à l’université d’été, substituant une finalité à une autre. Conclusion Par rapport à la proposition de Pierre, qui présentait deux niveaux : « contrôle » et « contrôle du contrôle », nous nous sommes déplacés. Nous avons estimé que les actes méthodologiques favorables posés lors de l’auto explicitation pouvaient déjà être perçus comme relevant d’un contrôle c, car il s’agit d’un ensemble d’actes mis en cohérence par une finalité. Pour qualifier un « contrôle » tel que Pierre le proposait, « trop bon élève qui bloque le flux », nous le retrouvons dans une position méta, c2, qui marque un temps d’arrêt pour vérifier que la règle est respectée. Nous avons pensé que la temporalité de ces contrôles correspond au « faire-face immédiat » de l’action propre à l’auto explicitation, avec des cycles cognitifs d’autant plus courts que les actes pertinents sont intégrés. Par contre, ce que nous avons nommé contrôle émergent du potentiel, Cep, nous apparaît comme existant sur un cycle temporel plus étendu, organisé par une finalité qui n’est plus dans l’immédiat, et permettant de maintenir un cadre à l’échelle d’une organisation d’ensemble (l’université d’été dans ce cas, peut-être même la recherche en première personne). Nous supposons que ce type de contrôle, apparaissant comme une posture régulatrice et contenante, remplit dans l’auto explicitation ces fonctions du B absent.

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Explicitation et auto-explicitation Relecture du protocole Joëlle 2017 avec la grille

bicamérale de la régulation de l’action Claudine Martinez, Joëlle Crozier, Maryse Maurel

Introduction Dans Expliciter 119 de mai dernier, nous avions présenté un article sur le protocole réalisé avec Joëlle lors de l’Université d’été de 2017. Nous avions choisi de traiter d’un N37 particulier et de l'accès à son sens ou N48. Nous avions annoncé ce deuxième article pour rendre compte des données recueillies et en extraire ce que nous avions appris sur l’auto-explicitation elle-même. L’an dernier, après la transcription de l’entretien, nous avions opéré plusieurs traitements : extraire des données utiles, mettre ensemble les données se rapportant à une même action, les hiérarchiser (analyse de la tâche), les remettre dans l’ordre chronologique de leur déroulement. Quand nous sommes passées à une organisation par catégories, nous avons constaté que les données que nous avions n’étaient pas très différentes de celle de l’explicitation en entretien duel. D’où une interrogation sur la spécificité de l’auto-explicitation qui a stoppé momentanément le travail en cours. Cet été, avant l’Université d’été 2018, nous avons travaillé avec Pierre sur cette spécificité. Il est apparu que nous avions traité nos données uniquement par rapport à ce que nous connaissions bien, à savoir l’entretien duel et les caractéristiques de l’explicitation. Or, l'auto-explicitation a la caractéristique dominante de réunir A et B en une seule et même personne, ce qui a pour conséquence que les obstacles ne relèvent que de cette personne. Cette remarque ouvre la possibilité de nouvelles catégories, celles qui permettent de décrire comment la personne se gère elle-même tout au long de son auto-explicitation. Pour accéder à l’évocation, s’y maintenir et laisser venir des informations pré-réfléchies, un certain nombre de conditions sont nécessaires et plusieurs rôles sont à assumer selon une dynamique particulière à chacun. Ces rôles, principalement celui du B (questionneur) et du A (questionné) s’enchaînent et surtout s’articulent avec des caractéristiques contradictoires. Le B se positionne dans une activité réfléchie, d’écoute interprétative du A9 c’est-à-dire bien en prise sur ce que dit et manifeste A. Il relève plus de l’activité rationnelle du cerveau gauche (CG). Le A lui, est dans une posture de lâcher prise et de laisser venir, donc une dynamique d’émergence qui relève plus du cerveau droit (CD)10. Comment la même personne peut-elle passer de l’un à l’autre, aussi rapidement en faisant que l’activité de chacun stimule celle de l’autre ? Que fait-elle pour y arriver ? Dans un premier temps, nous voulons vous livrer ce que nous avions retenu de ce protocole sur l’auto-explicitation de Joëlle avant l’université d’été 2018, puis, dans un deuxième temps, nous vous montrerons ce que nous avons relevé depuis cet été concernant la gestion de Joëlle par elle-même dans le protocole Joëlle 2017. Première partie : les informations retenues dans le protocole de Joëlle 2017 avant l’été 2018

• Des données sur les conditions de contexte, de sa disponibilité. • La négociation pour avoir son accord complet. • Le fonctionnement de B : il trouve les questions et A répond : ça s'écrit, ça s'enchaîne. Il n'attend pas

que A ait fini pour chercher la question suivante. Mais quand A est en action, il reste présent, l’écoute et la contient. Il est quelque part dans ses oreilles, dans sa tête, derrière. Il a la même énergie, la même présence, la même vigilance aux mots que dans un entretien d’explicitation classique où Joëlle est B.

7 Pour les diverses notations utilisées dans cet article, voir les définitions dans les notes de notre article cité dans la note suivante.8 Maurel M., Crozier J., Martinez C., (2018), Pratique de l’introspection indirecte. Accès à l’intelligibilité d’une expérience. Protocole de l’université d’été 2017, Expliciter n°119, pp. 22-38. 9 Vermersch P., (2018), Dimensions existentielles et cognitives de la subjectivité, conséquences méthodologiques, Expliciter 118, pp. 12-13. 10 Voir l’article de Pierre Compte-rendu de l'Université d'été du GREX 2018, Régulation de l'action et hypothèse bicamérale dans ce même numéro et voir les comptes-rendus des petits groupes de l’université d’été 2018.

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Il est attentif à la précision de la consigne pour contrôler les effets perlocutoires. Il active une dissociée, quand plus rien ne vient, celle qui vole.

• Le fonctionnement de A : A écoute, s'installe dans sa posture physique qui change légèrement (elle se redresse, ouvre au niveau du plexus). Elle regarde à l'intérieur d'elle. Elle est en évocation. Elle se la dit à elle-même, entend sa voix (l'écoute en même temps qu'elle l'écrit). Elle écoute dans ses oreilles, laisse venir (là, elle vit un micro temps d'effroi où il n'y a pas de voix). Elle attend que ça vienne (ses doigts sont arrêtés). Elle entend ce qui vient, le reçoit et le dit à celle qui va écrire. Quand deux moments se présentent, elle en choisit un.

• Les dissociées : Joëlle active une dissociée sur la proposition de B. Elle sait qu'elle est une source d'informations. Elle sait l’installer mentalement et en prend le temps. Elle se voit survoler la scène. Elle ouvre comme d'habitude (l'information passe par le ventre, arrive dans les doigts et se transforme en mots, “ça vient de très loin, du plus profond d'elle”) Elle connaît ce branchement (elle sait qu'il ne faut pas qu'elle le lâche, c'est comme si au lieu d'être branché sur une prise, il se branchait sur la prise des doigts, quand elle est branchée comme ça, plus rien d'autre n'existe, ni ne peut la distraire). Une fois que la dissociée a donné les informations, il lui faut atterrir (Le cordon ne transmet plus rien, le branchement se défait, le lien énergétique est mou).

• Les voix du A et du B : quand elle entend, c'est sa voix qu'elle entend. Elle est la même que celle qui parle habituellement. La voix du B n'est pas la même que celle du A. Celle du B est la même que celle de Joëlle quand elle accompagne en explicitation (avec la même bienveillance avec elle-même qu'avec un autre A, le ton, le rythme de voix).

• Le choix des mots, la mise en mots du vécu se traduit par l’écriture. Sans revenir sur le sens de l’activité des doigts de Joëlle, voici les données concernant son activité d’écriture : “celle qui écrit” : elle écrit sa consigne sans regarder :"je te propose…" ; elle lit sur l'écran après avoir écrit l’information qui lui est arrivée, la vérifie (la relit, regarde si elle n'a pas oublié de mots, si elle est bien posée) ; elle ne regarde pas ses doigts ; elle doit écrire vite ce que A vient de recevoir, pour que ça ne parte pas (Elle a peur de perdre l'information. Il y a urgence à écrire au fur et à mesure que ça vient.*elle bloque sa respiration, écrit vite et respire après, *elle a un témoin en elle qui est vigilant à ne pas couper le flux)". Quand elle s’installe dans la dissociée, elle n'écrit plus, (“ses doigts s'arrêtent, ses mains restent au-dessus du clavier”), elle écrit en "elle" pour désigner la dissociée ; elle jette un coup d'œil à certains moments sur ce qu'elle a écrit, voit que c'est plein de fautes, elle sent cet arrêt de ses doigts, alors, elle active "celle qui corrige les fautes de frappe" et A ne peut alors plus être présent.

Voilà, ce que nous avions retenu comme actions (sous-actions et opérations) de Joëlle avant de nous focaliser sur ce qu’elle a pu faire pour se gérer elle-même. Bien sûr, le questionnement de 2017, mené en V3 sur cette auto-explicitation, ne cherchait pas à faire décrire à Joëlle ses auto-régulations. Nous avons néanmoins voulu aller voir ce qui s’était donné spontanément. En relisant le protocole de Joëlle 2017 avec la grille d’analyse de Pierre, nous avons pu remarquer tout ce qui nous avait échappé dans les lectures de l’an dernier, à savoir tout ce qui nous renseigne sur l’activité métacognitive de Joëlle et sur les régulations qu’elle met en œuvre quand elle s’auto-explicite, régulations qui permettent de gérer, dans une auto-explicitation, le paradoxe de la présence simultanée chez la même personne d’egos qui ont des activités contradictoires : un ego, le B interne - en général - qui conduit et contrôle l’entretien, un autre ego, le A - en général -, qui est dans une posture d’accueil et de lâcher prise, sans oublier la présence d’au moins un autre ego, le témoin - en général - qui surveille, analyse, thématise, interprète ce qui est en train de se passer. Joëlle nous livre de nombreux indices de son activité métacognitive. Nous en relèverons quelques uns pour vous les présenter dans la deuxième partie en utilisant les catégories de la régulation élaborées pendant l’université d’été 2018 : contrôle, contrôle du contrôle, lâcher prise et accueil. Nous testons donc ici les nouvelles catégories travaillées pendant l’université d’été 2018 : - le contrôle qui relève de la logique, du langage, de l’activité rationnelle (CG), - le lâcher prise et l’accueil qui relève de la perception globale, de l’intuition (CD) - le contrôle du contrôle (CC). Le contrôle du contrôle est une expertise à développer volontairement si elle ne s’installe pas spontanément au cours de la pratique répétée de l’auto-explicitation. Quand le cerveau gauche devient un obstacle au lâcher prise nécessaire pour l’évocation et l’accueil des informations, il doit apprendre à se modérer lui-même pour passer de la fonction d’obstacle à celle de l’aide. S'il y a trop de contrôle,

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c'est bloquant pour le lâcher prise, il faut donc un contrôle discret et bienveillant au service de l'explicitation. Ces catégories prennent en compte, pour Pierre, la dialectique entre le cerveau droit et le cerveau gauche, distinction dont les formulations ont gêné très fort certaines personnes à Saint Eble - mais ceci est une autre histoire qui s’inscrit dans l’historique de ces concepts et dans l’utilisation qui en a été faite il y a quelques décennies -. Nous nous positionnons au-delà d'une conception dualiste, d'opposition, de conflit entre les deux cerveaux pour nous centrer sur leurs relations dialectiques. L'important se situe dans les rapports entre les deux dans ce qui est en train de se faire. Donc pour nous, dans l’auto-explicitation, le cerveau gauche est au service du cerveau droit. Quand ce n’est pas le cas, nous trouvons des obstacles au bon déroulement de l’auto-explicitation. Deuxième partie : l’activité métacognitive de Joëlle dans le protocole 2017 Nous sommes donc reparties à la pêche dans le protocole de Joëlle 2017, à la lumière de ce nouveau cadre théorique avec l’idée de repérer comment sont intervenues la partie contrôlante, la régulation de celle-ci et les articulations avec la partie plutôt sensible. Nous vous présentons quelques extraits que nous soumettons à la discussion du prochain séminaire. Cette première tentative est encore maladroite et nous comptons sur vous pour l’améliorer et préparer le futur. Rappelons que Joëlle décrit un V2 d’auto-explicitation : il y a eu le temps de l’exercice, V1, le temps de l’auto explicitation V2 ; l’entretien que nous menons et dont nous analysons ici quelques extraits est un V3 (protocole disponible sur le site du GREX). De plus, nous écrivons en retrait les relances citées, en écriture droite les éléments de notre analyse réfléchie, issus de notre travail à trois, et en italiques nos postgraphies personnelles. Nous distinguons trois temps de régulation dans une activité d’auto-explicitation11 : · Régulation avant : se préparer, gérer le “vouloir bien faire”. · Régulation pendant : lancer l'intention éveillante et surveiller ce qui se passe sans gêner, le tout avec bienveillance. · Régulation après : gérer les pauses et les relances de redémarrage 1/ La régulation avant la mise en évocation et la mise en écriture La première étape est pour Joëlle le choix des conditions préalables à son auto-explicitation et la mise en route. Elle choisit un endroit calme.

24. J. et ça c'est important aussi pour moi, j'ai besoin de, de ne pas avoir de bruit, donc j'ai vraiment cherché un endroit calme où y avait pas de bruit parce que ça, je sais que ça va me parasiter s'il y a du bruit, je ne m'entends plus, je ne m'entends plus auto-expliciter quand y a du bruit

Pour le moment nous ne savons pas pourquoi elle a besoin de s’entendre auto-expliciter, mais elle nous dit que c’est important pour elle. Nous verrons plus loin pourquoi. Joëlle connaît sa manière de travailler en auto-explicitation, cela lui permet de réguler avant le début de l’auto-explicitation. Nous avons ici une information sur l’activité métacognitive de Joëlle dans l’ante début de l’auto-explicitation, c’est une régulation de type contrôle (CG). Ensuite, elle installe l’ordinateur, ouvre un fichier, le nomme, elle note rapidement les informations de son V1 qu’elle ne veut pas oublier (CG).

26. J. donc là, j'ai éprouvé le besoin, dans un premier temps, de noter très rapidement, comme j'avais été A (oui) et que j'avais choisi quelque chose qui était très très impliquant pour moi (oui) et que j'avais trouvé des informations fort intéressantes, j'avais déjà dans un premier temps besoin de noter toutes les informations qui étaient sorties, j'ai passé un moment à ça (d'accord) avant de faire l'auto-explicitation de ma posture de A

Cette prise de notes n’est pas pour Joëlle le début de l’auto-explicitation mais quelque chose qu’elle fait pour elle, pour ne pas perdre ce que lui avait apporté le V1. Elle est déjà dans une posture de “faire quelque chose pour elle” plutôt que “faire ce que Pierre a donné comme consigne”.

32. J. mais qui pour moi n'était pas l'exercice de Saint Eble, c'était pour moi que je l'écrivais parce que je ne voulais pas perdre toutes ces..., je savais qu'en plus on n'avait pas enregistré, qu'il y avait de jolies choses qui étaient sorties et je n'avais pas envie de les perdre.

11 Nous appelons ici “régulation” tout ce qui se réfère à la gestion d’une personne par elle-même. Le contrôle, le contrôle du contrôle et le lâcher prise sont donc des régulations.

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40. J. une fois que c'est posé, je suis tranquille (oui), je suis contente (oui), j'ai mes ressources (oui), euh et je peux commencer à faire l'exercice qui a été donné à tous les sous-groupes.

Joëlle peut donc commencer la tâche donnée par Pierre. 50. J. et je commence à essayer d'écrire la chronologie (oui) parce que la veille, ça avait été tellement simple d'écrire la chronologie et que j'avais l'impression que ça m'avait aidée, mais là déjà je sens un truc qui me dit "oh ça va me gonfler d'écrire la chronologie, je l'ai pas", c'est un espèce de fouillis dans ma tête

Arrêtons-nous sur ce moment de l’entretien qui est à la fois incomplet et intéressant. Joëlle commence à « essayer » d’écrire la chronologie et elle n’y arrive pas. Elle a fait ses deux colonnes dans le fichier (première colonne : chronologie, deuxième colonne : vécu) et déjà, il y a un “truc” qui lui dit que ça ne lui convient pas. Elle s’est mise en position de contrôler l’accès aux informations, influencée par sa facilité de la veille à le faire. Mais ce qu’elle a fait la veille ne fonctionne pas. Nous ne savons pas comment elle s’y prend pour essayer de commencer la chronologie, ni ce qui ne lui convient pas. Par la suite nous ne savons rien non plus du “fouillis” qui est dans sa tête, ni de ce qui a provoqué ce fouillis. Comment a-t-elle réussi à se mettre dans le fouillis ? Question de Maryse : le sais-tu maintenant Joëlle ? Postgraphie de Joëlle : je n’ai pas la chronologie ; à la place il y a un fouillis, des informations non rangées et surtout une sensation au niveau du plexus qui me donne l’intuition que c’est du côté de la colonne de droite que je dois aller. Ce qui est intéressant, c’est de constater que pendant une phase contrôlée (CG) son intuition l’alerte (« je sens un truc », « j’ai la sensation de ne pas l’avoir » « il y a des choses qui m’attirent dans la deuxième colonne ») ( CD) et va déclencher une régulation. Ces répliques nous donnent des informations sur l’activité métacognitive de Joëlle. Elle reproduit un savoir faire, faire deux colonnes et remplir la première pour y inscrire la chronologie ; ce savoir faire avait été productif la veille, mais là, il est inapproprié pour une raison que nous ne trouvons pas dans l’entretien. Ce qui avait été aidant la veille devient ce jour-là un élément de blocage, un savoir faire inapproprié. Nous pensons avoir un indice du changement de statut de ce savoir faire dans la réplique 32.J. citée plus haut quand Joëlle dit qu’elle est “contente” d’avoir noté les “jolies choses qui étaient sorties et qu’elle n’avait pas envie de les perdre”, ce qui peut laisser penser qu’elle a envie de suivre sa curiosité et de compléter son information personnelle plutôt que de suivre la consigne donnée par Pierre. Son mouvement va dans ce sens et l’éloigne de l’envie de faire la chronologie. Moment de bascule

52. J. oui, j'ai la sensation de pas l'avoir dans ma tête et en plus, ça ne m'intéresse pas quoi, j'ai vraiment pas envie de, il y a des choses qui m'attirent dans la deuxième colonne 54. .J. c'est conscient à ce moment-là

Nous sommes toujours dans l’ante début de l’accès à l’évocation Joëlle est attirée par des informations qu’elle a notées dans la deuxième colonne, celles du vécu, C’est peut-être ce qui explique aussi que la chronologie ne se donne pas parce que Joëlle est déjà focalisée sur quelque chose qui l’attire dans la deuxième colonne. En comparaison, la chronologie va la “gonfler”. Elle est consciente de son attrait pour un élément de la deuxième colonne. C’est le moment où elle va lâcher la consigne et sa posture de “bonne élève” pour faire ce qui lui plaît parce qu’elle sait entendre ce signal (de type N3) et lui faire confiance. Nous pouvons parler ici de contrôle du contrôle. Pour récapituler, le contrôle c’est ce que fait la “bonne élève” qui dit “je dois suivre la consigne”, le contrôle du contrôle c’est de percevoir l’alerte émise par ce quelque chose qui l’attire dans la deuxième colonne, l’accepter comme alerte et lâcher la consigne pour laisser la place à autre chose qui émergera. C’est ce qui permet ensuite le lâcher prise et l’accueil d’un autre ego “celle qui sait faire en auto-explicitation”.

56. J. ben là, je me dis "ben pourquoi tu suivrais bêtement la consigne d'écrire toutes ces étapes là, fais donc comme ça vient et puis on verra bien ce qui sort"

Une première idée lui vient, l’idée de s’autoriser à ne pas suivre la contrainte de suivre la consigne - que s’était donnée la “bonne élève” dont elle va parler ensuite - et à laisser faire comme ça vient.

58. J. et puis, donc je décide de me donner une relance pour choisir un moment Qui est ce “je” qui s’autorise à lâcher la consigne et à faire comme ça vient, c’est-à-dire à répondre à l’appel de la colonne de droite, qui décide d’abandonner la chronologie et de se donner une relance ? Est-ce le B interne qui fait un choix ? Question de Maryse : le sais-tu maintenant Joëlle ?

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Postgraphie de Joëlle : ce n’est pas le B interne, ce n’est pas une question de choix. Celle qui s’autorise à lâcher la consigne c’est plutôt “moi” qui sait qu’entre le fouillis et l’intuition (l’attirance vers la colonne de droite) c’est l’intuition qu’il faut suivre. Question de Maryse : et qui est-elle celle-là ? Postgraphie de Joëlle : c’est celle qui sait suivre son intuition. Elle sait qu’elle peut faire confiance à cette intuition et que ce qui va venir sera intéressant. La réponse de Joëlle dans la postgraphie précédente nous fait dire que Joëlle a identifié et connaît (CG) “celle qui sait suivre son intuition” et choisir de la suivre est une régulation (CC). Nous pensons qu’à cet endroit précis se situe le point de bascule, la frontière, entre le contrôle exercé par le contrôle de Joëlle depuis le début et le lâcher prise qui relève de sa part intuitive et à qui elle va laisser la place.

60. J. alors c'est comme si je laissais une entité pour en prendre une autre ou une partie de moi pour en activer une autre, je laisse la partie bonne élève celle qui a décidé de faire comme Pierre il a dit qu'il fallait faire et j'active celle qui sait, celle qui sait faire, celle qui sait des choses sur l'évocation, en fait c'est ça !

Cette relance nous paraît cruciale et confirme que nous sommes bien sur la frontière entre CG et CD pour Joëlle. Le “c’est comme” nous indique que Joëlle n’a pas les mots pour décrire ce qui se passe, elle nous livre un sentiment intellectuel plutôt que la description d’un faire ; Joëlle signifie néanmoins qu’un nouvel ego prend la main et occupe la place de l’ego “bonne élève” qui essayait sans succès et sans plaisir de suivre la consigne de Pierre. Un autre ego s’active. Comment ? Nous ne le savons pas, il est déjà le fruit du lâcher prise, sous l’effet du contrôle du contrôle. Nous faisons l’hypothèse que ce nouvel ego émerge, parce que Joëlle a écarté la “bonne élève” à son insu au début de l’auto-explicitation (en V2) et qu’elle perçoit sa présence et le décrit en entretien (V3). Le nouvel ego est bien connu de Joëlle, c’est “celle qui sait faire, celle qui sait des choses sur l'évocation”. Cet ego va déclencher le démarrage de “l’auto-évocation”. La question suivante posée par Claudine va permettre d’en savoir davantage sur comment Joëlle se gère elle-même.

61. C. alors tu l'actives (mm) comment tu fais là, juste à ce moment-là pour l'activer celle-là, pour sortir de l'autre et rentrer dans celle-là, qu'est-ce qu'il y a là qui fait que ça se passe ? 62. J. et ben, je, je (silence 10s), en fait je, je sais pas ce qui l'active (dis ce qui est seulement), voilà, euh en tout cas c'est comme une petite voix qui, qui me fait prendre une posture corporelle presque d'ouverture (ça change au niveau du corps là) et de laisser venir, et de laisser venir, de lâcher prise (mm) et puis il y a aussi d'autres choses que je sais depuis le stage d'auto-explicitation que j'ai fait depuis bien longtemps et que je fais tout le temps, y compris quand on a fait les didascalies dans les articles, etc., les commentaires, la la la, c'est, allez vas-y, tu écris sur ton ordinateur, et surtout tu écris la consigne que tu te donnes, voilà

Joëlle utilise une métaphore qui est un N3, elle dit “c’est comme une petite voix” pour décrire ce qui déclenche le lâcher prise qui se met en place et la posture corporelle qui va avec. Nous sommes au cœur du paradoxe de l’auto-explicitation. Joëlle nous dit qu’elle active “celle qui sait faire”. En fait, quand Joëlle active “celle qui sait faire”, elle n’est plus dans le contrôle, comme le verbe “activer” pourrait le laisser penser, elle est juste dans un contrôle du contrôle qui lui permet d’écarter la “bonne élève” et de laisser la place à celle qui sait comment faire habituellement pour auto-expliciter, sans besoin de guidage, sans que son activité se situe au niveau conscient. Ensuite émerge une conduite issue de l’expérience de Joëlle - un schème que Joëlle a installé au cours de son apprentissage de l’auto-explicitation -. C’est ce que désignent les mots “il y a d’autres choses”, parmi lesquelles figure le fait d’écrire la consigne qu’elle se donne. Les processus de la conduite d’auto-explicitation - que Joëlle a construits et améliorés tout au long de sa pratique de l’auto-explicitation depuis des années - sont disponibles pour elle, ils se déroulent sans elle, il suffit juste d’activer l’ego qui les pilote et le reste suit (schéma ego → acte → objet), c’est “celle qui sait faire” et qui saura accueillir ce qui va venir et en réguler le flux (CD) sous l’intention éveillante de celle qui sait que c’est productif et efficace (CC). Nous sommes bien sur la frontière entre CD et CG de Joëlle. Elle peut alors laisser faire et basculer ainsi du côté du CD, du lâcher prise et de toutes les compétences qui vont avec en auto-explicitation. La “petite voix” transmet manifestement un message. De qui ? du CD / du potentiel / de l’inconscient ? À discuter.

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Nous laissons inachevés les deux paragraphes qui suivent car Pierre s’impatiente et nous demande d’envoyer le fichier de l’article. Nous pourrons y revenir en séminaire si nous en avons le temps. 2/ La régulation pendant l’évocation Reprenons la fin de la réplique 62.J.

62. J. “et puis il y a aussi d'autres choses que je sais depuis le stage d'auto-explicitation que j'ai fait depuis bien longtemps et que je fais tout le temps, y compris quand on a fait les didascalies dans les articles, etc., les commentaires, la la la, c'est, allez vas-y, tu écris sur ton ordinateur, et surtout tu écris la consigne que tu te donnes, voilà !

Joëlle est en métacognition, elle sait ce qui favorise pour elle l’auto-explicitation, il faut tout écrire. Elle sait qu’elle doit tout écrire pour rester en évocation et entretenir le flux. Ce qu’elle ne connaissait pas avant d’être questionnée dans cet entretien, c’est le schème sous jacent qui guide l’organisation de sa conduite et qui sera mis à jour à la fin de l’entretien. Rappelons un extrait de ce qui a été présenté en juin 1018 :

Ce que nous avons trouvé, c'est l'importance et la fonctionnalité de "je m'isole" en référence aux situations d'enfance et d'adolescence où Joëlle avait la faculté de se mettre en évocation pour contacter son monde intérieur, et l'importance du mouvement alternatif des doigts qui lui permet de maintenir le lien avec le monde intérieur. Joëlle avait la croyance que l'écriture des relances jouait le même rôle que les relances dites par B dans un entretien d'explicitation, à savoir produire un effet perlocutoire. Elle vient de découvrir qu'il n'en est rien, que l'écriture des relances et de tout ce qui se passe pour elle, lui permet de bouger les doigts et d'activer le schème présent depuis l'enfance (deuxième schème), bouger les doigts pour entretenir la posture évocative et rester en contact avec son monde intérieur. Et pour lancer le processus d'évocation, elle doit s'isoler (premier schème). Maurel M., Crozier J., Martinez C., (2018), Pratique de l’introspection indirecte. Accès à l’intelligibilité d’une expérience. Protocole de l’université d’été 2017, Expliciter n°119, pp. 31-32.

Accepter de tout écrire en continu n’est possible que grâce à un laisser faire des doigts, un non contrôle de ceux-ci. Il y a donc bien l’apport du CG qui incite à écrire et l’apport du CD qui provoque le laisser faire des doigts sous l’effet de la connaissance qu’elle a tirée de son expérience (CC).

90. J. de surtout pas regarder mes doigts, d'écouter, d'écouter dans mes oreilles le son de la phrase et de laisser venir comme quand je laisse venir en entretien d'explicitation avec un B externe

Nous trouvons là l’explication de ce que Joëlle a dit dans la relance 24 : elle a besoin de s’entendre auto-expliciter, donc elle a besoin d’être dans un endroit calme et silencieux pour aller en auto-explicitation. Le contrôle voudrait regarder ce qu’écrivent les doigts mais le contrôle du contrôle veille à ce que cela ne se fasse pas, que la relance émise par B soit écoutée et que la posture du laisser venir puisse s’activer. La suite de l’entretien va mettre à jour en quoi l’écriture au clavier est “activante".

96. J. [les doigts] s'arrêtent (silence 8s), j'attends, ben j'attends pas longtemps parce que ça vient quasiment tout de suite 98. J. et il y a deux moments qui arrivent 100. J. je sais pas lesquels, mais je sais qu'il y a deux moments 101. C. et qu'est-ce que tu fais quand ces deux moments arrivent 102. J. et ben j'écris "il y a deux moments qui arrivent, le moment où machin, et le moment où machin" 106. J. alors en fait, y a euh (silence 10s) je parle, j'écris en même temps que je parle et à ce moment-là il y a, (très lentement) c'est comme si le fait d'écrire entretenait le processus de laisser venir des informations et voilà

Joëlle écrit les informations qui se présentent et en même temps, le temps et la régularité de l’écriture - qui ne s’interrompt pas - activent ce qui s’enchaîne avec ce qui vient juste de s’écrire. Le mouvement des doigts, entretenu par l’écriture de toutes les relances de B et de tout ce qui se passe en V2 accompagne et maintient Joëlle en évocation. Question de Maryse : Joëlle, tu es d’accord avec ce que je viens d’écrire ? Postgraphie de Joëlle : Oui, je précise: l’écriture actuelle (c’est-à-dire l’écriture de tout ce qui se passe en V2 comme : “il y a deux moments qui arrivent”) ne demande aucun effort et semble entretenir l’écriture sur le passé. C’est le CC qui veille à ce que ne soit pas interrompue cette écriture qui se fait toute seule. Pierre a distingué l'écriture actuelle sur ce qui se passe en V2 et qui ne demande pas d'effort, de l'écriture sur le passé qui nécessite toujours l'effort de se rapporter au passé. Il a émis l'hypothèse que "l'écriture actuelle enclenche l'écriture rétrospective, mélange d'écriture actuelle et d'écriture sur le passé".

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3/ La régulation après l’évocation Nous allons regarder comment Joëlle gère l’interruption du flux d’arrivée des informations évocatives.

116. J. j'avais déjà écrit un certain nombre de choses et puis, y a plus rien qui vient (oui) donc je me suis dit pas grave, tu actives celle qui vole

Une pause s’instaure dans le flux d’arrivée des informations (“ y a plus rien”). Le contrôle du contrôle évite le blocage, temporise (“pas grave”) Postgraphie de Maryse : non, je ne pense pas que ce soit du CC, je pense que là c’est du contrôle, c’est CG qui sait et du CD émerge l’idée d’utiliser la dissociée habituellement convoquée. C’est du savoir institutionnalisé au sein du GREX de faire appel à une dissociée quand il ne vient plus rien, c’est du travail de B de proposer et d’installer une dissociée. Par contre, une fois la dissociée installée, la transmission des données avec les cordons relève du CD. Postgraphie de Joëlle : oui “lorsqu’il n’y a plus rien” c’est comme en entretien duel, le B fait son travail de dédramatiser (“pas grave”) pour éviter le blocage puis de proposer une dissociée.12

120. J. "je te propose de laisser, de prendre le temps de laisser venir celle qui vole" et voilà, et, j'écris ça, et je prends le temps de l'installer

Le B qui sait faire, lance l’intention éveillante (“je te propose…”), l’écriture se poursuit pour maintenir le flux (lâcher prise du CD) et A prend le temps d’installer la dissociée (le contrôle du contrôle veille à ce que cela se fasse tranquillement) Remarque : Ce serait intéressant de regarder de près les régulations qui permettent d’installer “celle qui vole”. Il semble que l’installation d’une dissociée se situe sur la frontière. Nous vous proposons d’en discuter au prochain séminaire. Nous trouvons aussi dans le protocole Joëlle 2017 des informations sur la gestion de la peur de perdre les informations.

134. J. “et me vient aussi, comment dire, cette urgence à écrire comme si j'avais peur de perdre l'information qui est arrivée 136. J. c'est comme si y avait un arrêt de respiration là, qui bloquait quelque chose là, puis j'écris vite, après je re respire (OK) (silence 6s) et je crois que quand j'en suis à ce stade-là, euh, (silence 5s) je sais pas si je ne me suis pas posée la question "qu'est-ce qui est important pour elle à ce moment-là”

Postgraphie de Joëlle : Retrouvé après coup le 6 septembre : Des informations émergent, j’ai peur de les perdre, je bloque la respiration, je me dis "écris vite sinon tu vas tout perdre" et le flux s’arrête. Une pause s’instaure. Mon B passe en revue les couches de vécu possibles à questionner. Une idée de question lui vient. La peur de perdre les informations provoque un blocage rapide dans l’évocation. Le contrôle du contrôle intervient pour laisser la place à B. Une question émerge (CD ?) Postgraphie de Maryse : je ne sais pas catégoriser ça. Postgraphie de Joëlle : proposons le sous forme de question au séminaire. Postgraphie de Maryse : OK Nouvelle postgraphie de Joëlle : Le premier paragraphe “La Régulation avant la mise en évocation” me semble être valable pour les “3 régulations”, avant, pendant et après. À discuter. Conclusion Nous avons tenu à présenter ce texte dans ce numéro d’Expliciter pour poursuivre les réflexions et la recherche de cet été. C’est un texte inachevé. Son but est de lancer la discussion dans le séminaire. Certes, les compétences de A et de B sont indispensables pour faire une auto-explicitation. Mais qu’y a t-il de plus à apprendre ? Qu’est-ce qui diffère fondamentalement de l’explicitation en entretien duel où les rôles de A et B sont tenus par deux personnes différentes ? Sans la grille de lecture de l’hypothèse bicamérale que nous avons utilisée ici pour faire une nouvelle lecture du protocole Joëlle 2017, nous étions incapables de repérer les éléments qui nous informent sur la métacognition de Joëlle et sur ce qui lui permet de s’auto-expliciter, donc sur son expertise d’auto-explicitatrice. C’était dans le protocole et nous ne savions pas le lire. Cette grille de lecture peut donc 12 Nous laissons volontairement cet échange dans le texte pour vous donner un aperçu de la façon dont nous travaillons à trois sur le même texte. La plupart de nos postgraphies disparaissent ensuite, intégrées dans le texte ; elles ne subsistent qu’en cas de questions amenant de l’information qui n’était pas dans l’entretien, de désaccord ou comme ici, par manque de temps pour aller plus loin.

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nous aider à accroître notre expertise d’interprétation des protocoles et par suite de guidage en entretien comme en auto-explicitation13. Joëlle a des schèmes experts et elle sait comment faire, non pas pour les activer mais pour leur permettre de s’activer. Elle laisse la place par un contrôle du contrôle à l’émergence d’un ego qui entraîne avec lui tous les éléments de la flèche ego → acte → objet. Nous avons eu un contre-exemple avec Claudine en août 2017. Une relecture rapide et récente de ce protocole nous a permis de voir pourquoi Maryse, son B dans l’entretien, puis joëlle qui a pris la suite, n’ont pas pu la mettre en évocation de son activité de V2, c’est-à-dire de son auto-explicitation. La suite nous a montré qu’il y avait d’une part un manque de négociation avec toutes les parties de Claudine pour consentir à ce V3 (entretien sur l’auto-explicitation ou V2). Un premier blocage venait du contrat non renégocié ou mal renégocié en cours d’entretien. D’autre part un vécu antérieur la maintenait dans le fonctionnement d’un schème d’auto-explicitation14 . Elle n’en avait pas conscience, toutefois le contrôle qu’elle maintenait sur l’entretien empêchait tout effet perlocutoire des relances de B et, par suite, tout lâcher prise et toute émergence. Le contrôle du contrôle était totalement absent malgré toutes les stratégies expertes dont dispose Claudine. La relecture des protocoles, avec les lunettes modèle 2018, nous apprend qu’il est important, pour réussir une auto-explicitation :

• de prendre le temps de bien négocier avec soi même avant de commencer pour ne pas avoir d’obstacle lié à ce point en cours de route,

• de repérer la mise en action du contrôle (CG) pour identifier l’obstacle présent, • de cultiver le contrôle du contrôle avec sa bienveillance et toute sa fonctionnalité pour favoriser l’action

de lâcher prise et d’accueil du A. Certes, il est plus facile et plus confortable de n’avoir qu’à s’installer dans le rôle du A et d’être contenu, guidé, stimulé par un B externe auquel le A fait confiance. L’écriture est un vecteur très important, qu’elle soit sur papier ou sur un clavier. Sa vitesse et sa continuité peuvent permettre à A de s’absorber en lui-même (quand c’est le cas comme pour Claudine et Joëlle), de rester concentrée et de la maintenir dans un temps social suspendu. Cette écriture n’a rien à voir avec celle tant redoutée de personnes qui disent ne pas pouvoir écrire ! Pour réussir nos auto-explicitations, nous devons apprendre à nous réguler nous-mêmes, à repérer tous les fugaces qui peuvent engendrer un blocage (par exemple le saboteur qui suggère “tu ne sauras pas faire…”, “c’est impossible à faire”), les conflits CG - CD (par exemple entre “bon élève” qui veut bien faire et “bon grexien” qui se fait confiance), les alertes en forme de sentiment intellectuel (N3). Nous devons aussi apprendre à utiliser notre CG pour que son contrôle, au lieu de bloquer l’évocation et l’accueil, se colore positivement et se métamorphose en contrôle de contrôle qui sera bienveillant et saura écouter les alertes du CD, qui vérifiera aussi l’accord de tous les ego, et des valeurs qu’ils portent, qui enfin laissera la place au lâcher prise et à l’accueil du vécu passé, tout en régulant le processus d’écriture des informations accueillies. Rendez-vous à Paris le 9 novembre pour en parler ensemble.

13 Nous sommes convaincues, et plus que jamais après ce nouveau travail, que l’analyse de protocoles est un excellent moyen (le meilleur ?) pour améliorer notre pratique et préparer des relances à objectif ciblé. 14 Martinez C. (2017), D'une difficulté à l'identification d'un N3 et de son N4, Expliciter 116, pp. 42- 47.

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- Entretien d'explicitation sur le tableau de chiffres –

« La roulette du temps » Annette Meunier Rivet

Merci à Anita de m'avoir incitée à découvrir l'EDE, et à Philippe Péaud – d'une patience indéfectible. Souhaitant « concourir » pour une certification auprès du Grex2, voilà déjà cinq ans, j'avais mené un entretien d'explicitation auprès d'une de mes élèves, dans ma propre discipline, la philosophie, et réalisé son analyse. L'exercice demandé sur le tableau m'a apparemment pris beaucoup de temps… puisque me voici enfin à le présenter cinq ans plus tard. La réalité de ce temps écoulé ressemble à un voyage très aventureux, au pays des merveilles. Pourquoi une exploration tout à coup vers un autre « paysage » ? Parce que je me trouvais « limitée » dans la pratique de l'EDE auprès des dyslexiques et des autistes quasiment non verbaux. Comment les aider quand la verbalisation est précisément leur écueil ? De ce voyage, je suis revenue finalement plus armée pour analyser cet entretien mené aujourd'hui auprès d'une jeune collègue, nommée Laure pour cette analyse, ni dyslexique ni autistique, verbale, mais pas seulement… la richesse du non verbal est ici le terreau très fertile de sa verbalisation. Ce pays des merveilles, dont je reviens, est le pays de Ronald D. DAVIS où j'ai rencontré la pensée « en images », celles des dyslexiques et des autistes. Tel Ali Baba dans la caverne aux trésors, j'ai rempli toutes mes poches de ces nouvelles connaissances, je pratique la méthode DAVIS aujourd'hui, et au contact de personnes d'horizons, d'âges et de cognitions aussi divers que variés, j'ai pu rencontrer ces modes cognitifs multidimensionnels dont la richesse est souvent la source de leurs déboires dans des apprentissages conçus pour un seul mode, le linguiste séquentiel. L'approche Davis elle-même fondée sur les analyses de Piaget, et inspirée dans ses techniques d'aide par Carl R. Rogers, je me suis trouvée en pays de connaissances, mais elle présente aussi un mode d'approche phénoménologique de la pensée qui ressemble, par bien des aspects, à celui proposé par Pierre Vermersch. L'usage de la pâte à modeler chez Davis engage une véritable explicitation de la représentation intuitive personnelle des concepts fondamentaux de notre compréhension du monde (physique et humain). Il s'agit par là de mettre en évidence un concept, ou de le créer, afin de faciliter une programmation d'images mentales, que chaque pensée va générer à partir d'un modèle 3D concret fabriqué en pâte (donc prenant une existence concrète extérieure) – support de ses propres modes cognitifs (création d'une image mentale interne propre). J'y reviendrai un peu à la fin de cette analyse, pour tenter d'élaborer une mise en parallèle des deux approches, et comprendre en quoi elles sont complémentaires pour moi. L'entretien que j'ai mené ici m'a fait reconnaître un de ces modes multidimensionnels de cognition, ce qui m'a donné envie de vous le faire partager. Envie de l'analyser aussi car il m'a laissée par moments très perplexe. J'ai pratiqué plusieurs entretiens déjà sur le tableau de chiffres. Jamais je n'ai été satisfaite de mon questionnement et de sa finesse. Ironie du sort : j'entretiens une personne qui fait tout le travail, et ne me laisse pas beaucoup l'occasion d'intervenir, car elle connaît l'entretien d'explicitation, mais pas le tableau ; et elle sait ce qu'elle cherche : elle veut comprendre comment elle mémorise et, surtout, saisir de plus près ses propres modes cognitifs qu'elle sait déjà complexes. Il m'a resté la position de celui qui veille à récupérer l'information qui manque, au moment opportun, et qui doit conserver la tête hors de l'eau, de l'océan même dirais-je d'informations et de commentaires généreusement délivrés. Pour présenter l'ensemble : - l'entretien en sa totalité, « la roue du temps ». - Le tableau chronologique des énoncés descriptifs de A selon cinq catégories. - La suite chronologique des opérations : à la suite d'abord, puis disposée selon 8 phases que j'ai distinguées (incluant en dernier la restitution) - L'analyse des opérations de la pensée : autant de phases, autant de stratégies. - l'analyse de ma manière de mener l'entretien. - Une bibliographie très succincte. Annexe - Transcription de l'Entretien sur le Tableau de chiffres - Contrat et mise en évocation – élément de précognition ? - : 1B – si tu es d'accord je te propose de revenir sur une mémorisation d'un tableau de chiffres, que tu as faite, et euh je vais te demander de l'évoquer à partir du moment où je t'ai donné la consigne, jusqu'au moment de la restitution,

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en fait, par écrit, pour euh voir finalement comment tu t'y es prise pour mémoriser le tableau… 2A – d'accord 3B – OK ? 4A – Très bien, ça marche. 5B- Très bien. Alors...c'était quand ? 6A – alors c'était il y a quelques...quelques minutes sur euh sur l'îlot de la cuisine 7B – d'accord, tu es où ? 8A – alors je suis donc euh...( son regard décroche tout de suite) je suis installée euh autour de...enfin on est installé autour de l'îlot...euh sur un...tabouret haut..en en bois...dans mon...dans mon dos y a la fenêtre...à ma droite il y a la porte de la cuisine...en face de moi y a les plaques...de cuisson...à ma droite une chaise vide et puis autour on a l'angle...une chaise vide...et puis toi...voilà...donc on est à l'équerre en fait...positionnée en équerre…voilà, autour de l'îlot 9B – OK, très bien...ah...qu'est-ce qui te revient de ce moment ? 10A – alors...euh...donc...tu me donnes la consigne...il s'agit de mémoriser un tableau...et à un moment donné tu dis c'est un tableau de chiffres..donc euh...immédiatement je...visualise que euh il va y avoir une difficulté...enfin une difficulté...un...le chiffre va me demander euh...une...stratégie particulière...je le sais tout d'suite 11B – d'accord 12A – donc je commence à imaginer à quoi ça peut ressembler et effectivement je m'attends tout de suite à...quelque chose...un tableau très très grand avec des choses écrit en tout petit...à beaucoup beaucoup de lignes euh...enfin...à une espèce de...(rires de nous deux) voilà enfin jchch...donc j'imagine ça euh tout de suite je construis euh ...(rires)n, je construis une tâche...dans ma tête...je commence à me dire euh il va falloir euh...je ne sais pas comment je vais m'y prendre mais une alerte...une alerte...qui se met en place… 13B – d'accord, est-ce qu'il te revient de ce moment-là quelque chose de l'ordre d'une sensation de ...de couleur, de lumière...quelque chose qui...qui est présent ? 14A – 5s...alors non j'suis...c'est très abstrait...à partir du moment où tu dis« chiffres »...euh...mémorisation de chiffres, tu donnes la consigne...euh…j'chu presque plus un être humain...j'suis une machine, c'est très euh...c'est très euh...on va dire euh...j'existe presque dans la feuille de papier qu'je suis en train d'imaginer quoi...j'suis euh...c'est noir et blanc quoi...il y a plus de blanc que d'noir...j'vois une feuille de papier mais enfin...c'est presque pas une feuille de papier A4, j'suis dans la feuille enfin...j'suis en face mais euh...y a pas de bord...je c'est frontal….je suis en vis à vis de ... voilà...ce que je peux ressentir c'est ça c'est euh...un environnement très euh…..abstrait 15B – mm... d'accord (dis-je plus bas) 16A – ça va être mécanique 17B – ça va être mécanique….d'accord, et juste avant que je te donne la consigne, est-ce que tu as une sensation qui te revient ?...la luminosité...la température... 18A – mmf, c'est confortable en fait...euh j'me sens euh si c'est une sensation j'me sens euh...confortable euh très confortable...4s...j'essaie de me souvenir euh… 19B – prends le temps, simplement une couleur euh que tu ...que tu as repérée, la trousse qui est pas loin de toi... 20A – non ce serait plutôt blanc et marron, la couleur du...blanc et bois...comme chez moi en fait les couleurs de ma maison...mon plan de travail qui est couleur bois et euh… les rideaux...c'est ça...mes rideaux qui sont transparents et blancs en fait 21B – d'accord...d'accord, ok, très bien...alors je te donne la consigne...et là ça devient abstrait 22A – mm 23B – et après ? 24A – alors après donc euh… Premier déroulé chronologique : 25B – par quoi tu commences ? (elle a les mains toujours devant son visage, les doigts souvent sur les arcades sourcilières) 26A - ...alors tu (elle met les mains sur la table et explique avec les mains)...tu m'donnes cette feuille...et et elle glisse, elle vient se mettre un peu en en...par rapport à moi...si j'suis euh...dans mon dos...quand...dans ma position...la feuille elle se met à à ma main droite...euh...et en travers...donc j'vois tout d'suite que c'est du coup un tableau beaucoup moins compliqué euh...que c'que j'avais envisagé...euh...c'est pas noir et blanc mais euh...comme...je vois la...la feuille en fait c'est gris...gris clair...les chiffres sont gros, les cases sont grosses...euh...ça me paraît euh un peu plus accessible….euh… mais comme elle est de travers euh...je...je me dis euh….3s euh...euh ...je vais pas pouvoir la prendre comme ça...je me dis ça pose un problème donc je vais la mettre face à moi...mais déjà je...j'la...j'l'appréhende une première fois euh...euh… j'me fais une idée de l'exercice….quand il est de travers je sais qu'il faut qu'je le mette droit...devant moi 3s...donc je prends cette feuille euh je la glisse euh face à moi et ...j'essaie d'éviter euh…tous les parasites euh...j'essaie de me remettre exactement dans les mêmes conditions que j'avais visualisé ce tableau donc ...du coup euh...je repousse toutes les feuilles en dessous pour que ça fasse un carré bien euh...un carré bien carré (fait avec les mains) 27B – d'accord 28A – oui c'est ça je euh...je rassemble tout pour que ce soit tout bien euh...3s bien en face de moi...il faut que vraiment y ait aucun euh aucun parasite...4s 29B – ok, d'accord (dis-je tout bas) 30A – donc je recentre… 31B – ensuite, qu'est-ce que tu fais ? 32A - ...alors...je regarde ce tableau...6s j'le parcours...j'le parcours euh de la première case...3s...de la première case en haut à gauche...6s...euh...y a trois chiffres euh y a trois chiffres sur la ligne euh...la ligne du haut...euh...7s j'le je l….oui j'le balaye des yeux en fait...et donc euh...j'le balaye donc sur la première ligne

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de gauche à droite...et euh...et après je vois euh qu'il y a aussi trois chiffres à la verticale...4s...donc là là à ce moment là je...je sais que euh...je sais qu'c'est l'sens dans lequel j'vais...j'vais l'apprendre en fait instinctivement...instinctivement je pense que déjà presque la première ligne euh j'la...euh c'est pas que j'la connais mais euh...voilà j'la sens...j'la mmm...oui j'la sens j'sais pas comment dire...3s...euhhhh….y a toute cette partie là en bas euh...du coup euh les quat'e carrés là...les bas à gauche... à droite...oui oui...j'arrive pas à les...j'les vois pas en fait...ça floute...11s 33B - d'accord 34A - ...ça floute...y tombent enfin y…j'sais pas…. 35B – d'accord, ok.. 36A – donc là j'me dis ben y va y avoir encore un problème… 37B - oui 38A - avec ce carré là, avec ce pavé là...j'ai la sensation que la ligne du haut et alors la ligne du haut...ça va y aller tout seul...3s la ligne de gauche, verticale,...va falloir faire un effort...ça va être moins simple mais ça va y aller quand même...3s et je sais qu'cette partie en bas à...en bas à droite là (toujours montrée avec les mains)...euh ça va ça va s'mélanger...donc euh il faut qu'je trouve une technique...et une technique qu'il va falloir appliquer à l'ensemble en fait pour retrouver un fil...conducteur...8s 39B – d'accord, et ensuite qu'est-ce que tu fais ? 40A – ben du coup une fois qu'jai ce ...cette idée de enfin j'me dis euh...enfin y va falloir créer des liens entre les chiffres...passe que du coup si j'en ai un j'peux euh...en r'montant vers le euh… en r'montant...euh voilà...j'me dis faut qu'y soit liés ensemble...comme ça si à un moment donné euh...j'ai besoin d'en donner un… au hasard qui est...vers le bas...j'pourrai l'retrouver euh...en r'partant du... par forcément du début m'enfin...ah si !...enfin en raccrochant...voilà...y faut qu'ils soient y faut qu'ils soient liés...donc du coup à partir du moment où y faut qu'ils soient liés, donc je repars sur le premier...prmm...et là ça tombe bien c'est un douze...donc c'est un numéro facile...4s...donc j'me j'me dis j'vais les associer à quelque chose, donc euh...3s...j'vais les associer en...c'est pas forcément une histoire ça peut être des...enfin...je je je...je m'dis euh...ça fait comme une liste... »4 s...comme ils sont séparés en fait euh… euh...donc le 12 c'est facile...donc j'me dis bon ben 12 euh à chaque fois...j'me dis à quoi j'peux l'associer...donc 12 bon maman...donc facile (elle a les yeux ouverts sur la feuille qu'elle « voit » devant elle)...j'regarde à côté...j'me déplace à droite...9...bon au q bon j'me dis facile septembre c'est euh l'anniversaire de ma mère...très facile encore...à côté...hop là...non...c'est août...oh j'me suis... oui...3s...donc à côté oui c'est le 8 donc j'me dis 8 à quoi j'l'associe ?...et donc euh...le mois d'août – j'sais pas pourquoi j'ai pensé à ça passe qu...3s...à côté c'est 9….donc c'est le mois de septembre...et donc là euh je je rebifurque en diagonale vers la ligne verticale...c'est un 4 donc là c'est euh j'me dis ben c'est euh...à chaque fois j'me dis ben à quoi j'l'associe en fait ? Ben là c'est euh 4 c'est l'âge à Nathanaël...donc euh facile...et en dessous j'avais en dessous c'est un 7...là j'ai rien...rien qui vient sauf que fff...c'est un 7 ...euh le 7 euh... à chaque fois c'est un chiffre que j'aime bien euh ...c'est un chiffre que j'aime pas euh… qui est pas intéressant (rire)...j'le trouve beau visuellement mais pffeuuu..tsss'il il est vraiment très casse pied alors j'me dis mince ça va être compliqué ça c't'affaire...donc j'me dis bon ça marche pas ton truc ! (rires de nous deux)...alors j'y bon j'me dis j'vais déjà poser ça comme ça déjà ça c'est fait ! Donc j'ai pris j'ai j'ai...j'm'occupe toujours pas d'ce carré là ...qui m'pose problème...je m'en occupe pas…. j'les ai même pas lus les chiffres je les ai même pas lus...j'ai même pas...j'suis incapable….à ce moment là de l'exercice ppwoutt...je sais même pas si c'est des 30 des… rien du tout...3s...je je oui j'me dis j'vais déjà fixer ça...ça c'est fait...le premier et la...j'me dis c'est au moins ça de fait...donc euh...j'pousse ma feuille...je pousse ma feuille (dit-elle plus bas et en enfonçant davantage ses yeux dans ses mains)... 41B – comment tu fais pour fixer ça ?...4s... 42A – j'me dis faut qu'j'écri...enfin j'me dis oui...je ...j'ai besoin de le euh le fixer...donc de euh… de l'écrire...pour pas l'oublier...4s 43B – comment tu fais à ce moment-là ? 44A - ...alors là j'arrive pas à me souvenir mais je sais que je prends une autre feuille alors euh je me revois pas en train de le faire est-ce que, est-ce que je pousse la feuille vers le côté ?...j'arrive pas à voir quel côté j'mets'm...enfin peu importe...je je je j'oublie euh...à ce moment là j'oublie euh je sais pas où elle est pttt...cette feuille là avec le tableau j'sais pas où elle mais je me retrouve devant une feuille blanche et du coup je me euh...j'prends un crayon, le premier qui vient, y s'trouve que c'est un un vert et euh...gmmm….gmmm….je marque sur la feuille euh...je me dis qu'j'vais marquer sur la feuille le chemin que je prends...pour le r'trouver...5s...donc j'me dis qu'j'vais dessiner des flèches...pour savoir dans quel sens euh je vais...3s...et eu lieu de dessiner une flèche en fait j'écris la lettre m...c'est-à-dire le premier...la première lettre du mot auquel j'ai associé le mot 12...et en fait je me rends compte que j'ai écris « m a s »...et j'écris pas des chiffres en fait vu que j'suis en train de mémoriser plus des associations que des chiffres mais bon c'est pas grave...j'écris « m – flèche a – flèche s »..3s...et je sais qu'après j'pars en diagonale et du coup j'écris « n »...et j'me dis en dessous mince j'ai toujours rien pour le 7 ben tant pis j'écris 7...ben 7 c'est 7 voilà...et pis c'est tout...4s 45B – d'accord... 46A – euh... 47B – à quoi tu sais qu'il faut que tu partes en diagonale ?... 48A – 5s...ben parce que c'est dans c'sens là que çaaa...4s … c'est c'est le le premier c'est le premier parce que je sais que c'est le premier...3s...c'est ...la la première lecture que j'ai faite elle était dans ce sens là… , c'est-à-dire horizontal et paf ! Après j'suis revenue en diagonale vers le 4...vers vers la colonne de ...droite...et j'me sais que si j'ai pris ce chemin là...il est inscrit en fait...et que si je recrée quelque chose...un aut'e schéma...ça va tout êt'e

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confus donc...il faut rester sur laaa….faut qu'je reste sur maaa ma ligne intuitive...tant pis si c'est pas comme ça qu'y faut enfin...c'est comme ça qu'c'est v'nu donc je touche pas... 49B - d'accord 50A – voilà...donc...une fois qu'j'ai mis ça...j'me dis mince c'est des...c'est des lettres que j'ai écrit c'est pas des chiffres donc si je dois redessiner l'tableau j'vais redessiner des lettres et pas des chiffres...4s...donc j'me dis attention quand il va falloir refaire l'exercice...il faudra bien réfléchir à écrire des chiffres et pas des lettres...4s...et….une fois qu'c'est fait j'me dis bon j'me débrouillerai (voix qui baisse)...5s...j'me parle en fait hein ? (mains sur les yeux)...quasiment pendant tout l'exercice de mémorisation je me parle... 51B – d'accord… 52A – et….donc arrive ce carré là...maintenant faut s'attaquer – ça c'était la partie facile...arrive ce carré...alors j'regarde à côté du 4...du coup j'me dis ben j'suis dans l'ordre logique hein première ligne euh donc 4, à côté c'est 21, donc j'me dis faut qu'j'arrive à l'raccrocher parce que 21 pour moi ...c'est rien du tout...c'est...(bruit de langue) j'me dis ohh là là ça va ête compliqué c't'affaire….et en fait par rapport à la diagonale du 12 c'est inversé...alors j'me dis comme le 12 il est facile pour moi ben j'v...j'vais...j'l'associe du coup j'marque 21...et j'fais une flèche à double sens je vais tracer une flèche à double sens...euh...et j'prends une aut'e couleur car comme c'est pas le même chemin...ben j'le fais d'abord en vert et j'me dis non faudra d'abord que j'me souvienne que là c'est une procédure spéciale...donc je change de couleur...21 ce s'ra 12 inversé, et j'me dis enfin voilà je veux faire des étapes...humm...voilà...donc ça 21 c'est 12 inversé c'est facile…[elle ralentit le rythme de la parole à ce stade de l'entretien] à côté c'est un 6...pfffuuu encore un chiffre qui veut rien dire...donc je cherche à quel autre… quel autre élément déjà fixé...j'vais j'vais j'vais l'raccrocher donc par l'dessus c'est un 9 donc j'medis facile...du coup 6 c'est 9 inversé...voilà...6s...donc là j'en suis là...donc là j'fais une flèche aussi rose...passe que c'est aussi un euh...faudra que j'me souvienne que pour me rappeler d'celui-là faut qu'je euh….faut qu'je me raccroche à un autre...3s...et après j'descends….6s...et après j'descends c'est un 15...alors là c'est le jour d'anniversaire de Nathanaël donc là c'est facile...je sais qu'j'vais arriver à m'en souvenir...5s...donc c'ui-là je m'pttuut...j'me...ça me...ça me questionne pas ça….15 c'est 15 voilà... 53B - oui 54A – et après c'est 11 (mains en œillères sur les yeux)...4s et là là sur les deux derniers je change je change de stratégie passe que euh….5s...15, 11, 7 15 11,...ouais je je repars du premier...j'me dis 7 15 11 ça va bien, enfin ça fait une phrase qui va bien ensemble….6s...voilà donc à partir de ce moment là je considère que j'ai...que j'ai fait le tour de mon...de ma procédure...de ma stratégie… donc j'vais vérifier qu'elle fonctionne...en...en la refaisant…c'est-à-dire que j'vais enregistrer...enfin….je m'dis faut que j'la teste pour voir euh…euh...si ça s'enchaîne bien et si y a des accrocs (les yeux recouverts complètement par les mains)….y faut qu'je mette en place des...8s...j'me dis faut je….je vérifie...je regarde, je répète...6s...alors du coup j'prends...un crayon...j'prends un aut'e crayon….25s (forte respiration)...je sais pas pourquoi j'prends un aut'e crayon...pour qu'ce soit pas le mêmmm ...la même écriture que mon… que mon schéma...4s ...et donc j'essaie de voir… donc du coup euh..4s..euh.....et donc en fait quand j'commence à écrire avec ce crayon noir je je….3s...j'arrive pas à me souv'nir mais j'crois que j'me répète même pas les mots en fait...j'crois les chiffres y viennent tous seuls...12 8 9...4 21...6...et si...mumm….y...eu..;au moment où y a des blancs...c'est-à-dire euh...y a des choses qui s'enchaînent facilement… 12 8 9 4...ça ça vient vient tout seul...ddonc j je jl'es vois en fait j'les visualise sur la feuille...sur la feuille d'origine pas sur la...pas sur mon dessin ….sur la feuille d'origine... 55B – d'accord (dis-je très bas) 56A- 12 8 9 4...ouais...j'les vois bien...5s...et du coup j'vais donc…dans enfin dans la deuxième ligne...4 21...21 ça vient tout seul car c'est l'inversé de 12 alors...du coup y y….celui d'après...il est pas facile...mais du coup...au moment où je cherche à l'écrire...ça ça ça ça'm...ça m'prends un temps d'arrêt mais...je retrouve facilement passe que du coup je euh...j'ai mon...j'ai mon système de… de 9 inversé là...qui qui m'donne la réponse...4s...et pis en bas y a la y a la phrase euh...7 15 11 (dis très rapidement)...donc j'essaie...je me répète ça plusieurs fois y a plusieurs moments où ça bute...3s...j'le refais plusieurs fois...le...4s...en fait j'le récite en ligne..j'le refais plusieurs fois j'le récris plusieurs fois (la main gauche sur le yeux et l'autre main qui restitue les différents endroits d'écriture sur sa feuille)...jusqu'à c'que çaa...6s...jusqu'à c'que ce ce je bute plus en fait ...jusqu'à ce que ça s'enchaîne euh...4s...sans s'arrêter….5s...ou alors jusqu'à ce que à chaque fois qu'il y a un trou...la réponse arrive vite...ça m'demande pas trop de temps à...mm...à retrouver... 57B – d'accord... 58A – donc je je me souviens...plus j'avance dans la réécrit. ..passe que chaque fois qu'j'avance dans l'écrit...pour le réciter...5s...plus j'écris vite et plus j'les écris plus petits...c'est-à-dire euh...tuc tuc tuc tuc (elle fait mine de les poser vite sur le papier)… donc j'commence par là j'me souviens (toujours les yeux rivés sur son papier imaginaire)… j'commence par récrire à peu près à partir du milieu de le feuille...3s...j'descends...je tourne à droite….je remonte...une fois que j'suis ...voilà….là c'est bon...17s...[elle fait un serpentin avec le doigt -complètement dans son V1 – très ralentie] 59B – à quoi tu sais que c'est bon ? 60A - ...passe que ça vient vite...ça vient vite et je euh...c'est logique...c'est logique et c'est facile... 61B – comment c'est logique ? 62A -...4s… c'est logique passe que ça s'enchaîne...c'est euh...y a pas de euh...ça va ensemble...ça forme un...4s...ça forme un bloc... 63B - d'accord

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64A -...8s..ça forme une ligne ...c'est pas un bloc...c'est une ligne...enfin c'est euh...un serpentin...ça forme un serpentin... 65B – d'accord [elle est toujours « loin »] 66A –...16s...comme un collier de perles... dans l'genre… 1° ede restitution : 67B – d'accord, et à ce moment là j'ai récupéré les feuilles et je t'ai donné une feuille blanche 68A - mumm 69B - et là comment tu as fait ? 70A - ...7s...euh...4s...ben là c'est facile...j'ai...j'ai pris le crayon et pis euh...7s...j'ai récité dans ma tête…12 8 9 ... 4 21 6...hhss...oui...alors le 7 oui...et derrière là y a 7 15 11...voilà...donc j'lai ai écrit... 71B – tu écris les chiffres 72A – huumm...j'écris les chiffres...je… j'prends mon temps pour euh...bien les séparer euh...un espace régulier...à peu pr...approximativement ressemblant à euh...à euh mmm...à la feuille d'origine... 73B - d'accord 74A - ...4s...j'ai récité les chiffres euh...pas les moyens mnémotechniques enfin j'ai récité les chiffres...dans dans... dans l'ordre que ça v'nait...et à chaque fois qu' ...si y en a un qui vient pas...4s...je réfléchis...(tout bas :) j'étais là...8 9 [elle pointe du doigt dans l'espace] ...12 8 9 4...oui là ça ça...j'écris...facilement….11s...21 6 aussi et puis ….m..et..quand je rebascule sur la dernière ligne...j'me pose la question...5s..ouais 7 15 11 (tout bas)….j'ai des temps d'arrêt en fait...j'ai des temps d'arrêt pour vérifier...je vérifie que...5s...je vérifie c'que j'dois écrire….si j'me..ouais mm...avant d'écrire je vérifie...3s...par rapport à par rapport à ma logique...si je me trompe pas, si j'inverse pas euh… mumm mum...les moments où j'bute je je vérifie...15s... 75B – et comment tu le vérifies par rapport à ta logique ? 76A - ...je j je...j'essaie de me rappeler euh...j'essaie de me rappeler le moyen que j'ai utilisé pour l'enregistrer... 77B - d'accord 78A – et par exemple euh pour la ligne du bas...4s...c'est 7 15 11...donc le 7 j j'le vois...le 7 c'est un 7 écrit….enfin ça c'est un...chiffre….mais à côté c'est 15 11...mais là c'est du son mais enfin...c'est écrit quinze, q u i n z e,... et 11 c'est un son… ce il est pas écrit...ça fait chiffre-mot-son et en fait l'ensemble forme une….l'ensemble forme une phrase que j'entends...que j'entends ou que j'me dis...7 15 11...6s..79B – d'accord...80A – voilà. 81B – d'accord...et ensuite ? 82A – ben ensuite euh je re je relis ...c'est terminé...donc je fais les carrés pour euh ...pour terminer...6s...je réfléchis mais je crois pas que j'ai relu...non non c'était bon...83B - d'accord 84A – je savais que c'était bon, j'm'suis dit que c'est bon...c'est fait.85B - d'accord 86A – je me suis dit faut bien terminer...oui j'm'dis faut bien terminer donc j'vais faire...est-ce que j'fais les traits ou pas euh...euh...vu qu'il faut faire le tableau il faut redessin…enfin...il faut mémoriser les chiffres….j'essaie de me souvenir de la consigne...est-ce qu'on m'a demandé de redessiner le tableau….ou est-ce qu'on m'a de...j'me dis dans l'pi…. dans l'pire des cas quoi j'vais fais le tableau...comme ça au pire...si jamais c'était qu'les chiffres bon ben y sont déjà là...donc c'est pas grave...c'est bon...mais si la consigne c'était redessiner le tableau bon ben y sera fait aussi...donc j'fais le tableau pour que ça ait l'air fini 87B – d'accord...d'accord d'accord...très bien 88A – voilà. 89B – d'accord, ça va ? Pas trop fatiguée ? 90A – non !91B – bon je peux encore te poser des questions ?92A – oui vas-y ! 93B – alors je vais t'en poser encore parce qu'en fait euh j'ai rien fait ! 94A – oui ! (rires)..je récite tout moi ! Deuxième déroulé chronologique : 95B – c'est extra ! (rires) j'ai toutes les données...il m'en manque un petit peu...il m'en manque juste un petit peu...si tu veux bien j’aimerais bien revenir sur le tout début...où tu regardes le tableau... 96A - ...humm... 97B -...tu le parcours...tu le balayes des yeux...(je vais exagérément lentement et à voix basse) 98A -..hum hum... 99B -et euh...5s...j'aimerais bien que tu...reviennes tout doucement, tranquillement...sur...quand tu regardes le tableau...3s… comment tu le regardes ? 100A -...6s… alors… à ce moment-là...la première que je vois le tableau...il il est euh...il est devant moi...à ma droite...mais euh...la la feuille est pas euh en face de moi...elle est euh...3s...elle est sur l'côté, en haut…et elle est de travers... donc là j'commence à balayer le tableau à ce moment-là... 101B - d'accord 102A – et...donc du coup….mon mon...mon...4s… ça s'déplace en diagonale en fait...ça s'déplace de travers...mes yeux euh….euh...commence (tout bas)...alors...3s...j'vois les chiffres...y sont assez gros (modification de la voix : comme en suspend)….et c'est des chiffres je je j..euh...je commence par le premier là (plus bas)... 103B – tu vois des chiffres, y sont assez gros, est-ce que tu es attentive à autre chose en même temps ? 104A - ...12s...non...je regarde les chiffres...je je j'regarde les chiffres ettt...j'regarde le ohhh comment dire ? 105B – prends l'temps (dis-je tout bas) 106A - ...4s...j'regarde les chiffres mais je je je vois que les ...mmm...la feuille et les traits sont de travers...et...enfin...j'su déjà dans la feuille mais j'su j'su d'travers en fait alors mm... 107B - d'accord 108A – alors ça va ça me...à la fois j'me dis bon les chiffres sont gros et y sont faciles...parce que c'est des... je vois qu'il y a le 12...qu'est pas euh...qu'est pas trop compliqué ...et derrière y a des chiffres simples des chiffres sans ...c'est pas des 30 c'est pas des 40...c'est pas des 57 ...c'est des ...des chiffres simples...alors j'me dis bon euh...10s...ça m'pose un problème qu'ça soit d'travers en fait 109B - oui

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110A- ça m'pose une...5s… hum hum…c'est pas possible...j'peux pas cont ...en fait voilà : je lis cette première ligne...et j'me dis j'peux pas continuer comme ça...j'ai pas euh 111B – d'accord (j'essaie d'intervenir mais elle suit sa quête) 112A – j'me dis en fait j'su...ch che j'peux pas avancer plus dans l'exercice...avant d'avoir euh...parce qu'en fait j'me dis tiens j'su enfin...j'ai l'impression qu'j'suis déjà en train d'essayer de mémoriser les chiffres...mais comme j'suis déjà en train de mémoriser les chiffres mais qu'y sont pas dans le bon sens….ça ça va pas euh...ça va pas y aller... 113B- à quoi tu sais qu'ils sont pas dans le bon sens ? 114A -...11s… passe qu'y montent...5s...y montent et pis y y… y sont...y sont posés de travers...y sont y sont pas stables...y sont pas en face en plus...y sont sur l'côté... 115B - d'accord 116A- donc y...y s'en vont en fait...voilà...y s'en vont, y sont fuyants, y sont pas euh...y sont pas comme j'avais prévu euh...bien en face et bien droits 117B – d'accord...qu'est-ce que tu fais alors ? 118A – alors je ramène la feuille bien en face et bien droit...euh...bien calée euh...euh...bien calée dans l'axe...avec moi... 119B - d'accord 120A - ..mm...mm 121B- d'accord...et là qu'est-ce que tu fais ? 122A- ...4s...ch ch..là j'que...je fonce un peu comme euh...comme un aigle...(rires)...et je je oui je fais un piqué (avec appui de la voix et mouvement en avant) euh...sur le premier chiffre euh...12...la la première case...3s... 123B – comment tu fais un piqué ? 124A - ...euh...3s...je je ...je l'isole...4s...je je je y a plus rien d'autre autour que….euh c'e... 125B – tu l'isoles et tu fais autre chose en même temps ? 126A - ...12s….en même temps j'dois être en train de rassembler mes feuilles euh...3s...euh...ouaii euh...10s...j'étais en même temps en train de rassembler mes feuilles...donc vraiment de de resserrer... 127B - ...mm... 128A - ...de resserrer (dit avec insistance et mouvement des mains pour resserrer)...le champ...au maximum...mm...oui c'est ça...mm... 129B - d'accord 130A – css c'était le ...3s...le premier (insistance)...il fallait vraiment créer un...enfin... 131B – qu'est-ce que tu cherches à faire ? 132A - ...4s… je cherche à créer un re un point de repère ...un point de départ qui me permettra de...de tout accrocher derrière comme un...comme un espèce de piquet...une espèce de piquet qu'on plante euh...euh...et on va pouvoir euh...tirer une ficelle après...partir de là. ...donc il faut qu'celui-là soit très très stable... 133B – d'accord... 134A – 7s...donc j'me concentre un moment sur sur sur sur ce premier... 135B – oui... 136A -...mm... 137B - d'accord 138A – mmm mmm mmm… Prise de conscience de la roulette du temps - 139B – donc tu t'concentres un moment sur ce premier...comment tu te concentres ? 140A - 19s….j'lai observé et j'me parle...en même temps que j'l'observe j'me parle...3s...j'me parle...je cherche euh euh...3s...je cherche comment je fais euh...5s...j'me dis bon alors ça c'est 12 bon (voix à nouveau comme pour elle-même)...cool facile...12 euh bon...si j'dois trouver un moyen mnémotechnique euh… bon j'dis 12 euh maman c'est son anniversaire...et oui...et je vois en fait ...mm… j'utilise le …. je je je vois la roue des mois de l'année en fait...5s… la roue des mois de l'année...c'est un ...3s...c'est un espèce de de de cercle...dont j'me sers pour me souvenir où j'chuis dans le temps...de l'année...et en fait euh...5s...c'est pas un cercle c'est c'est...un disque...4s...et en fait quand quand l'année avance j'me déplace ...j'me déplace sur ce disque...alors...enfin j'me déplace sur ce disque...ou alors c'est...j...y a les deux positions...bon bref peu importe….3s...quand j'ai besoin de de d'anticiper un...un événement...j'le positionne sur ch'te sur ch'te roue donc elle est elle est face à moi...donc du coup ta ta ta ta (avec le doigt qui montre dans l'espace)...au moment où je je je regarde 12 là...j...oui...3s…. Oui...12...j'ai fait ça...ooui...12...j'me dis « maman »….4s...passe qu'elle est née le 12 septembre...donc 12 c'est elle...3s...et donc je je je vois ch'te euh...enfin je vois pas ma mère euh...je vois ch'te roue...et je positionne un...enfin c'est pas que je positionne c'est que je vois euh ...3s...je vois cette zone euh du mois de septembre...4s...qui n'a rien à voir d'ailleurs avec 12 bon...peu importe….3s...donc je sais que...mm c'est compliqué à expliquer...5s...quand je vois ce 12 en fait je..je...quand j'observe ce 12 là pendant un petit moment ...pour me concentrer dessus...3s...j'imagine cette roue...et la zone du mois de septembre...qui concerne ma mère en fait... 141B - d'accord 142A – donc euh...euh..voilà...et ça c'est quelque chose qui m'est très familier...cette zone là là...de la roulette... 143B - oui 144A – Je euh...4s...ss ss ss c'est une zone euh...c'est une euh...5s...euh...3s...c'est une zone euh...mm...où y a plein d'trucs y s'passe plein trucs mais ...ça va c'est...c'est stable...c'est enfin ça s'enchaîne bien enfin j'sais pas comment dire...c'est positif ou c'est...voilà….là je sais pas dire en fait... 145B - d'accord 146A -donc voilà en fait je je...ce 12 là je j'l'ai ...ouais... j'l'accroche comme ça 147B - d'accord 148A -et une fois qu'ça c'est fait après euh... ça va assez vite en fait ça... 149B - d'accord 150A -ça s'fait quasiment automatiquement...4s….euh d'accord ok mm...mm ... 151B – et donc 152A – et du coup j'passe à 8 à côté...je je me suis posée la question...en fin je j'interromps hein mais… 153B – oui oui II° remémoration de la restitution :

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154A – quand j'ai restitué j'me suis d'mandé effectivement 12 maman...et pourquoi j'étais passée à 8 – août...j'me dis mais...rien à voir quoi enfin...pourquoi j'suis passée sur un mois en fait...et effectivement c'est qu'j'ai accroché maman à euh...à c'te roue là qui posé..et du coup j'avais...pour moi c'était facile passe que 12...5s...12 j'l'ai accroché sur la roue : là...donc du coup pour aller sur celui d'à côté j'avais juste un un...j'avais juste à r'culer ma roulette...en fait...donc c'était juste à côte155B - d'accord 156A – en fait donc euh ...tac !..et après j'avais qu'à re-avancer pour aller...9 septembre en fait 157B – ah oui d'accord...donc ça fait un déplacement sur la roue 158A – oui...c'est ça ! Donc les 12 8 9… et c'est pour ça qu'à un moment donné j'ai fait 12 9 8 et non j'ai dit non...c'est 12 8 9 passe qu'effectivement c'est 12 et 9 y étaient positionnés au même endroit mais y fallait...y fallait...enfin y a un mouvement entre les deux...et j'l'ai accroché à cette roulette du temps euh......mmm….6s...j'suis capable de l'dessiner en fait...ça...j'le j'le vois très clairement 159B – d'accord Dessin de la roue et fonctions : 160A – c'est euh...5s...c'est une roue euh….ouais c'est c'est...(elle dessine)...c'est une roue euh..mais dans laquelle j'suis capable de me euh...d'être au-d'sus pour positionner queque chose… mais...mais j'peux aussi ête dedans...4s...comme si j'avance sur un...un plateau tournant là… 161B - d'accord 162A - donc effectivement quand je me euh…j'peux à la fois regarder euh...regarder la roulette et dire voilà...là c'est ma mère...là c'est le mois d'août...là c'est le mois de septembre...12, 8, 9...facile...ou être euh...ête être sur posée sur la roulette...et avancer et re...non je fais pas ça je...non je je le vois de loin...mm mm...163B - d'accord 164A – et ça...cett roulette...c'est queque chose que j'utilise tout l'temps...165B – tout l'temps 166A -oui...167B - d'accord 168A – donc c'est un outil….c'est quasiment quotidien...pour positionner les heures, les mois, les dates ...les rendez-vous les...la météo...les projets euh...169B - d'accord 170A – mm…171B – tous les jours, plusieurs fois par jour…172A – oui... 173B – tu avais conscience que tu l'avais utilisé là ?174A – pas du tout !...175B - d'accord 176A -...c'est quand tu m'as...quand tu m'demandes euh...euh...tu t'concentres...4s...comment tu fais pour mémoriser ce 12...je sais pas comment ça s'fait...ça m'est revenu...je euh je m'suis dis euh...enfin j'l'ai revu c'truc...j'ai vu c'te roue...j'l'ai mis là...mm...4s… sans réfléchir…. 177B -...mm oui parce que tu m'as dit à un moment donné là je sais instinctivement la première ligne, je la sens...178A - ...mm...179B -...et c'est ce qui m'a interpellée et et j'ai interrogé pour savoir comment tu avais fait puisque ça avait été fait très vite…. 180A -...oui ! Là c'est c'est c'est c'était très logique...très euh lo….enfin je la sens ça euh...j'la sens ça veut dire euh j'la récupère euh comme ça (elle claque des doigts)..181B -...c'est ça… 182A – c'est-à-dire euh...euh je je...j'ai absolument pas besoin de chercher...7s...183B -d'accord… et donc une fois que tu l'as...184A – mm...185B – tu passes à l'autre ligne… Troisième déroulé chronologique : 186A – ah oui !...alors j'suis arrivé au bout du 9 là...et donc là là j...là si on peut parler d'émotion ou de euh...là j'suis euh...hyper euh...ffuuu… hyper détendue au sens où j'me dis ben...même presque euh...satisfaite ! (rires)... 187B – c'est bien ! 188A -je me dis super cool !...et faut r'dé...donc du coup...tac ! Je r'descends….je sais qu'y faut que j'redescende euh...je sais pas pourquoi je sais mais je sais qu'y faut que j'redescende parce que c'est la première le premier balayage il s'est pass comme ça donc euh...je je m'dis faut qu'je reste dans cette ligne...bon y a un 4, je vois qu'y a un 4...4s...bon 4 effect...hum hein...ouais ok...d'accord euh...euh ffuumm (moitié rire)...y a un 4 et Nathanaël y va avoir 4 ans là dans..189B – oui 190A -et c'est positionné sur la roulette aussi…191B - d'accord 192A -...ça fait des semaines en fait que je...euh...enfin des semaines...oui ça euh...mm...193B – d'accord... 194A -...4s..oui oui….donc euh...y a y a un...en fait….8s… en fait j'utilise cette roulette...là...pour situer...je situe les chiffres….dans un ordre...sur cette roulette...195B – d'accord... 196A – c'est ça qu'je fais...au au moment où...ouais c'est ça c'est tout à fait ça (à voix basse)… au moment où j'regarde le chiffre...5s….je sais pas comment ça s'fait mais y a une association qui s'fait qu'ça s'positionne sur la roulette ou non… c'est-à-dire que 12...c'est toutd'suite positionné sur la roulette….8 c'est mis en mois d'août ppuuttt….voilà...ça c'était juste à coté….j'pense...9 y fallait juste revenir donc facile...au moment où j'redescends j'vois 4...4 ben j'me dis ça va être l'âge à nathanaël paf ! La roulette revient à son anniversaire c'est dans...c'est là là, c'est en ce moment là quasiment sur la roulette...et effectivement….fummm (amusée)...donc en fait tout ça là j'le fais très très vite...ça s'positionne tout seul….quand j'passe sur le euh...alors j'suis passée sur le 7 d'abord...4s..ouai...j'suis descendue j'crois...4s...j'suis descendue sur le 7 et là : ah ! (claquement de langue)...4s….alors...y a rien eu...la roulette n'est pas venue en fait….197B – d'accord... 198A - ...la roulette ne vient pas...et j'me dis effectivement...j'me dis effectivement y a bien quelqu'un qui doit être né euh...mais j'vois enfin ça prend du temps...enfin fin….ça m'coûte...le fait de faire l'effort de chercher euh...qui quoi quand pourquoi comment...oh ffouuu….tout d'suite ça me...le mouvement de recherche me prend

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du temps alors que c'était très facile...5s...et donc du coup j'me dis marque juste 7...passe que c'qui est facile pour moi d'me rapp'ler 7 c'est que c'est le 7 en fait...c'est-à-dire que le 7 est euh...mmmmm...le 7 est un chiffre que euh….5s...ppfffuuuu...j'sais pas comment dire….j'sais pas...y a un truc entre lui et moi...donc ça suffit en fait...pour qu'j'me dise euh...lui c'est bon j'vais m'en souvenir...c'est comme euh un meilleur ennemi ou euh mmm...je sais pas quoi...j'me dis si j'me souviens que lui euh...c'est lui euh...c'e...s...ça revient….donc j'me dis voilà je mets juste 7 passe que c'est ...ça ça va...pourquoi ça va venir tout seul ? (elle baisse la voix)...6s...je sais pas…. 199B -...et quand tu es au 4, tu vas au 7...à quoi tu sais que tu peux descendre au 7 ? 200A -..alors….6s... quand j'étais au 4 alors rapidement positionné enfin sur...je positionne rapidement sur euh...sur ma roulette….toujours euh en me parlant à moi-même...en fait bon voilà facile euh...bon voilà ben 4 c'est l'âge à Nathanaël bon (claquement de lèvres) ok super...7s...j'me d'mande si du coup dans ma tête j'enregistre pas la lettre N...oh si...mmm...je sais pas si je le fais à ce moment-là où si j'le fais après….faut que j'me r'concentre... 201B -...prends le temps (chuchoté) 202A-...15s...je vois le 4 (tout bas)...3s...non ça s'fait tout seul...euh ça….3s...Nathanaël...4s...en fait...4s...en même temps donc j'a j'a...en même temps que je regardais...12, 8, 9, ...4 ...en même temps j'me répétais euh ...maman août septembre Nathanaël, maman août septembre Nathanaël j'ai j'ai j'me suis dis plusieurs fois en fait ça...passe que pour chaque truc en même temps...4s...en fait...4s...au moment où j'regarde le chiffre...4s...y a la roulette qu'arrive et qui l'positionne euh...enfin y a l'association d'idées y a y a...le fait ou la personne...à qui j'associe le chiffre...qui vient donc bon...le 12 ma mère là… donc j...la roulette arrive donc je la visualise tac ! Je positionne...une fois qu'c'est positionné j'passe à côté...j'vois le chiffre 8...donc j'associe août...donc j'positionne sur ma roulette...donc du coup j'dis maman août...donc hein hein….j'passe à 9...donc j'dis septembre...4s...donc là tout s'enchaîne maman août septembre tac ! J'regarde c'est un 4 donc j'vais...ça va être l'âge de Nathanaël...donc du coup j...je positionne et là j'me répète : maman août septembre Nathanaël, maman août septembre Nathanaël...maman août sept...en fait y a ce...ce passage du 9 au 4 là qui faut qu'j'arrive à...à par râter...donc tac tac tac...(avec le doigt sur la table)...4s...et du coup...une fois qu'j'l'ai répété plusieurs fois...9s...alors .. j'descends….j'descends (hésitante)… j'descends (ferme). 203B – à quoi tu sais qu'il faut qu'tu descendes ? 204A- ...27s….alors j'su j'su..j'pense que j'suis capable de m'rapp'ler ce qu'j'me dis dans ma tête mais euh...4s...c'que c'que je ressens...5s...je sais qu'y faut pas q'j'aille à droite...je suis pas prête là pour faire ce carré là...des quatre là... 205B- d'accord 206A-...ça j'le garde pour la fin passe que c'est la partie la plus euh...6s...c'est la partie qui va êt'e la plus ppffuu...6s... 207B -...comment tu sais que tu n'es pas prête ? 208A – ...6s...nnn suu je ouais...ppnnn...alors...y m'semble que c'est passe que le le le carré y doit êt'e euh...posé en fait...enfin...une barre horizontale, une barre verticale pchuuu suis pas sûre de ça...je sais qu'j'suis pas prête (tout bas)...c'est ça n'me paraît pas logique...209B - d'accord 210A – voilà c'est ça euh… j'me dis euh...euh...3s...alors….c'est difficile de dire j'me dis ou je sais ou ...c'est plus de la...intuitivement...enfin...instinctivement ou… c'est mffuu...c'est d'la conviction mais c'est d'la conviction tellement profonde que c'est même pas que j'ai même pas à chercher à m'convaincre ou à raisonner en fait…. 211B – mm 212A -… c'est comme ça...213B – d'accord... 214A – ...c'est comme ça que je euh...c'est même pas qu'y faut faire...c'est même pas que j'dois faire...c'est comme ça qu'sss...c'est comme ça qu'ça s'fait...voilà... 215B -..hum hum.. 216A – que ça s'fait euh pas...pas de manière conventionnelle hein...c'est euh... 217B -oui oui 218A – que j'ai besoin... 219B – d'accord 220A - oouff… mais même encore c'est pas tout à fait juste...c'est comme ça qu'ça arrive… c'est comme ça qu'ça arrive en fait...c'est plus ça...c'est ça qui est juste….c'est-à-dire que...je laisse faire….le parcours de mon œil en fait...mon œil va de 4 vers le bas donc je je … je m'pose même pas la question...en fait 221B -..hum hum...d'accord 222A – y descend ? Y descend !...voilà….je euh… 3s… là j'suis plus du tout dans le raisonnement...quoi je euh...6s...je l… ouais….(soupir)...5s...en fait...quand j'ai parcouru le….quand j'ai parcouru le tru le premier tableau là quand il était encore euh...sur le côté là...(montre sur sa droite)...j'lai parcouru et j'ai vu qu'y avait c'te zone floue là...et j'ai j'ai j'ai enregistré le fait que...je faisais...horizontal...je r'venais...et je redescendais...et qu'y avait cette partie floue – j'ai enregistré un pré-parcours en fait... 223B – d'accord... 224A -...un un pré-parcourt qui s'est... voilà...je savais...à ce moment-là je sais qu'ce'st comme ça qu'ça va euh...que j'vais l'enregistrer... 225B- ok 226A-...donc du coup quand j'l'enregistre...je je je re-suis...227B- hum hum 228A-...mon pré-parcours...et en fait j j j'me souviens...me faire la réflexion...ah d'accord !...au moment où j'le balaye là et où y a c'te zone floue...j'me dis ah d'accord !...donc y va falloir...donc je mets en j j j oui je je...j'me fais la réflexion à moi-même en m'disant y va falloir que tu mémorises horizontal, vertical, et après tu f'ras le bloc là...5s...mm mm passe que j mm...mmpeu ah la la qu'est-ce que j'me dis à c'moment-

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là ?...3s...pourquoi j'me dis ça ? (tout bas)...10s..j'me dis qu'j'vais en avoir besoin...6s...j'me dis qu'j'vais en avoir besoin (tout bas)...5s...oui alors ppffuu...quand j'fais ce balayage là et qu'la feuille est toujours tordue là...j'suis pas en train de mémoriser les chiffres, j'suis en train d'regarder...6s….j'les je fais c'balayage là...6s...et au moment où enfin une fois qu'jai fini c'balayage j'me dis...alors...tiens tu viens déjà ppffuu...je m'su...j'ai du m'faire la réflexion...6s...de comment j'avais parcouru l'truc...9s...à cause de cette zone floue...enfin...le..le fait que je je euh...le fait qu'ce soit pas clair pour moi...3s...fait que j'me euh...j'me dis qu'j'vais avoir besoin d'm'appuyer sur queque chose de de stable...229B- mm.. 230A-...c'est ça…et ça j'le savais avant même de commencer l'exercice...et du coup quand j'fais ce premier balayage...j'me rends que c'est...que...4s..j'me rends compte que cette partie horizontale et verticale...sont pour moi stables et que css, cette partie floue là...donc j'me dis du coup ah tiens là donc tu vois comment t'as fait là c'est ça qui va stabiliser le...le...c'est ça qui va stabiliser le le la mémorisation...donc faut faut ppffuu...y faudra faire comme ça...ou enfin j'me j'me euh 231B – hum hum 232A-j'm'enregistre une pré-procédure en m'disant euh...en ayant la sensation qu'la stabilité va venir de là...233B- d'accord….234A- donc du coup effectivement quand je passe du 4 au 7….ça je je j'me pose même pas la question en fait 235B- oui...hum hum...236A- c'est c'que j'avais dit...237B- oui 238A- donc j'le fais...239B- d'accord...7s...d'accord...6s...240A- (amusement de sa part)...241B- super… (rires)...ça va toujours ?242A- oui oui oui !...et ouuuu ! 243B- c'est queque chose ! 244A- c'est rigolo hein ? 245B- c'est impressionnant ! ... c'est impressionnant...tu penses qu'on peut aller vers euh la dernière étape et qui 246A- oui oui oui...247B- et qui est cette partie là 248A- ben là c'est tout compliqué par contre hein !? 249B- là c'est compliqué hein, oui oui…quoique tu as déjà donné énormément de choses... 250A- mais je euh...c'est à la fois compliqué et à la fois euh...5s...euh...à la fois euh...mmm...à la fois j'avais tellement une logique euh...qui s'enroulait toute seule enfin qui...qui filait toute seule...sur ma sur ma sur ma zone fixe...que du coup euh….je savais qu'c'était une zone de repli en fait... 251B- oui 252A- donc euh...effectivement alors...y aurait eu...ça aurait été plus grand en fait...(claquement de langue)...j'aurais p'tête pas fait ...je sais pas mais euh...là ça allait tellement vite pour ce premier truc...que du coup derrière j'me dis oh y en a quatre de plus euh...enfin ppffuu ça me paraissait pas une quantité suf..mmm..ouais j j'ai du évalué la quantité à un moment donné.. 253B- oui 254A- la quantité d'informations… 255B- hum hum probablement… 256A- à à à retenir peut-être effectivement euh...peut-être sur ce balayage là…je pense pour euh évaluer la stabilité euh.. 257B- hum hum peut-être oui...est-ce que j'peux juste fumer une cigarette et faire ne très courte pause ? 258A- bien sûr ! Pause… elle recommence à se mettre toute seule en évocation sur la roulette, tout en fumant, je note : « - je me positionne sur la roulette….d'abord je vois de face… je visualise devant : le segment devant que je positionne, elle vient sous mes pieds...je bascule dedans… il est plus ou moins courbe, pris sur un mois ou une période de l'année...au moment où je suis sur le segment, je le redécoupe et ça devient une ligne….je bascule du dessin à le vivre...je fais cette bascule en permanence de l'image à mon positionnement personnel…. » (elle dit tout cela en regardant devant elle dans « le vide ») donc je reprends au vol l'enregistrement ! Dessin de la roulette du temps : 258A bis – (débit très ralenti)...et au moment où j'chui ... au moment où j'chui sur ce segment courbe...j'le redécoupe et là ça devient une ligne (voix comme un peu suspendu dans une représentation)...8s...ah oui alors (amusée) ça d'vient une ligne mais ça...en fait je bascule de euh...je bascule du dessin à le vivre en fait….4s...et j'fais c'te bascule en permanence...pour passer de la... 259B- d'accord 260A-...de l'image….à mon positionnement personnel à cette image… 261B – d'accord… 262A – et tout'suite...et en fait c'est c'est c'est je vois l'image...euh ouiais c'est très facile à….(elle se lève et revient s'asseoir à côté de moi comme au début de l'entretien) j'peux plus te l'dessiner que l'expliquer passe que c'est pas facile...il faut juste une une feuille (elle se saisit d'une feuille et d'un feutre)...ça ça ça c'est assez rigolo de...j'avais déjà réfléchi à ça mais pas avec autant de finesse...c'est euh...comme un ...c'est euh il est comme ça en fait c'est c'est un disque...là c'est creux hein... 263B - oui 264A -et là c'est plein...donc euh là c'est janvier...euh hrrum hrrum...là c'est février...c'est comme ça enfin...y a une zone de vacances...c'est pas si gros hein...là c'est comme ça...euh...(elle aspire entre ses lèvres)….5s...alors c'est marrant parce que...là du coup c'est pas (amusée)...là j'sais pas y a un truc qui fait que...là c'est droit en fait...265B – hum hum 266A - là c'est juillet...et ça vient là...août c'est un peu en diagonale...là y a là y a la Toussaint comme ça là….voilà….et là ça fait comme ça...donc là ma mère elle est là là sur c...sur ce segment là...ça c'est les vacances mais en fait c'est pas si long...alors c'est marrant passe qu'en fait elles s'arrêtent là mais en fait elles sont comme ça...c'est pour ça qu'j'te dis qu'c'est un peu flou c'est pas euh...donc je visualise...on m'dit voilà tiens euh...12 juillet...j'sais pas un anniversaire le 12 juillet...paf ! Je vois ça ...touc ! Je j'le mets...et au moment où j'le met du

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coup...je visualise queque chose (elle est en train de le faire)...alors juillet...si j'visualise juillet j'vais êtes dans c'te courbe là...(elle pointe sur le dessin)...donc j'vais l'positionner...à peu près vers là...6s...(léger soupir) ….et en fait après du coup j'suis dedans...là c'est moi enfin ce que je ressens en fait...267B – humm humm 268A – donc je je vois c'te courbe...donc je mets un truc là...3s...et à c'moment laà...alors ça c'est quand….c'est quand j'anticipe….269B - d'accord 270A – pour planifier…et c'est différent...quand le moment arrive (elle est comme suspendue à sa représentation)...quand je pense...à c'qu'est planifié...du coup d'abord jeee vvvois...4s...alors j'vois toujours la la c….c'est marrant passe que ça ça s'perturbe...passe que j'vois en ligne et...et après j'vois en...j'vois en chemin...j'bascule en fait entre...j'bascule entre des des des schémas de principes et des schémas dans le enfin...j'fais tout l'tmps c'te bascule enfin je...positionne là..et après par rapport à ...c'te ligne elle devient un chemin et...et je mets dedans...271B - d'accord 272A – et j'fais ça pour les jours, les mois, les...les années, les semaines...273B – ah d'accord... 274A – je pense à ma semaine...je pense à ma semaine comme ça comme un a comme un a… comment on va dire...un agenda quoi… j'vois c'te truc...donc on est dimanche donc euh j'vois c'truc donc j'me dis tiens euh donc vendredi à 9 heures y a Annette donc je visualise ça comme ça….et au moment où….tout d'suite ça s'enchaîne par….ça devient un chemin...donc là j'suis toujours lundi et je sais que là vendredi euh là voilà comme ça...et en fait on va euh avancer comme un jeu de l'oie en fait...275B – d'accord….276A – sur des cases 277B – d'accord ouais ouais ouais... 278A – c'est vraiment ça y a toujours je fais...ça s'enchaîne...ça s'enchaîne toujours comme cà et donc euh...donc euh euh...voilà...donc ça c'est un outil c'est pas précis...et plus après on va dans l'précis...par exemple euh...si j'pense à ma journée...donc effectivement j'vais penser à c'te à c'te route voilà donc euh...donc là euh tout ça c'est passé là et donc nous on est à peu près là...on est presqu'au bord du y va y avoir un bloc...le déjeuner...nous on est là….on s'en rapproche en fait..279B – ...oui 280A – et pis après je je...5s...si j'réfléchis à tout c'que j'ai à faire après….euh...4s...ouais (elle claque des doigts)...c'est c'est un perpétuel allez-retour en fait entre euh le dessin et le chemin...le dessin le chemin le dessin le chemin le….et du coup ça se réajuste en permanence 281B – d'accord, ok...(je respire pour intervenir mais sans y arriver) 282A – c'est-à-dire que ce qui est dessiné sur le dessin...283B -humm 284A – se met sur le chemin… 285B- humm…oui oui oui d'accord 286A- et ça bascule sans arrêt comme ça 287B- d'accord ok... 288A- donc effectivement je l'utilise quasiment euh heure par heure 289B- heure par heure...290A-humm… 291B- et ça se sent parce que dans tout ce que tu as dit euh y a toujours à la fois ce qui est euh...le mouvement donc le kinesthésique et le visuel donc...y a y a effectivement un dialogue permanent entre les deux, il y a aussi l'auditif mais euh….c'est évident que...ça se sent dans ce que tu dis...ça le confirme complètement quoi... 292A- humm...hum hum (affirmative)...donc effectivement quand je suis sur des calendriers qui sont, qui ont pas c'te forme faut qu'je transforme absolument dans mon...le Google agenda que j'partage avec euh que j'partage avec J., le papa de mon fils euh...comme c'est un dessin ça va...mais faut qu'le faut qu'le fqut qu'le recontacte en permanence...tout...d..j'y vais régulièrement...pour pour euh repositionner les choses sur euh..293B- repositionner 294A- ouais 295B- d'accord 296A- passe que je ne veux enregistrer que les choses qui sont sur le dessin proches de moi...c'est-à-dire que j'suis incapable de...je sais qu'y a des...des p'tits points qui sont positionnés sur l'agenda de la semaine prochaine... 297B-hum hum 298A- donc je je j'ai une visualisation mais j'accroche pas le mot qu'y a sur le p'tit point...donc du coup je sais qu'il va falloir que j'y aille...quelques jours avant ou quelques...humm...voilà...donc il y a des alertes évidemment de temps en temps passe que sinon comme j'y pense pas tout le temps...(rires) 299B- c'est sûr que... 300A- voilà 301B- d'accord

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302A -donc oui c'est très difficile de mémoriser euh...les heures, les dates euh les... 303B- et oui et oui 304A- les… 305B- oui 306A – oui !...si j'recontacte pas mon dessin r égulièrement euh...comme mon outil prioritaire il est très flou... 307B-humm...oui...oui oui 308A- c'est euh...voilà 309B- d'accord 310A- l'heure de départ de l'école c'est pareil ça…(rires) tout est très euh ...bon et en même temps euh ...ben voilà 311B-oui et en même temps c'est fonctionnel hein 312A- oui oui oui mais...effectivement il y a toujours un un un battement..tu vois...c'est jamais euh...eeuh...c'est pas rigide quoi...c'est... 313B- oui oui c'est vivant 314A- oui c'est très mouvant... 315B- exactement 316A- c'est très mouvant...donc les heures sont mouvantes euh...tout tout est...mouvant passe qu'en plus tu t'déplaces tout l'temps euh….317B- oui 318A- c'est...euh...voilà...tout ça pour mémoriser euh 9 chiffres ! 319B- ça va loin ! (rires)...c'est ça ! IV° déroulé chronologique : 320A- et donc effectivement les chiffres, dans l'exercice, qui pouvaient pas être accrochés sur ce… 321B- alors voilà (ah me dis-je nous allons revenir à la suite) 322A- sur ce truc, y étaient forcément raccrochés par un…par un moyen logique 323B- c'est ça 324A- c'est-à-dire que quand j'étais arrivée au 7 et que je je je pouvais pas le raccrocher alors que j'aurais très bien pu le raccrocher en fait à juillet...mais euh...ppuutttt...(claquememet des doigts)...non j'sais pas pourquoi je….c'est pas v'nu...ça s'est pas imposé donc du coup j'ai pas...euh... 325B- humm 326A- euh...il fallait qu'ça puisse….y fallait qu'c..et ouais…hum...pour euh...pour mémoriser y fallait qu'ça s'accroche sans...sans passage en force.. 327B- oui c'est ça, c'est ça 328A- y fallait qu'ça s'accroche d'une manière euh...tout à fait euh...euh...spontanée même si ça pouvait paraître alambiqué c'était pas grave….y fallait qu'ça puisse être accroché de manière confortable très confortable, donc du coup effectivement quand je suis passée au 7 euh...voilà...pffut... celle-là euh… et pareil pour 21, comme il était à la diagonale de 12 (mouvement d'inversion par sa main gauche) et qu'c'est l'inverse...j'me suis dit oh c'est un peu compliqué c't'affaire, et j'me suis dit oui c'est compliqué mais j'vais m'en souvenir 329B- oui 330A- je savais qu'je m'en souviendrai 331B- d'accord 332A- parce que je savais que le 12 était posé avec stabilité et que enfin...je je sais pas c'est v'nu euh...c'est v'nu de manière très confortable...21 c'était l'inverse de 12 alors du coup ça marchait 333B- humm humm 334A- et en plus comme c'était à la diagonale c'était encore plus facile de s'en souvenir... 335B- alors comment c'était plus facile de s'en souvenir...comment c'est plus facile de s'en souvenir parce qu'il était à la diagonale ? (j'augmente le ton de ma voix pour le seconde phrase pour retrouver le présent) 336A-...3s...ben passe que euh...passe que c'est comme si faisait un...le fait d'être en diagonale y...y...y...9s...pa par rapport à leur placement respectifs en fait... 3s...y mm...5s...pour me souv'nir de c'21….11s...(elle reprend sa respiration)...pour me souv'nir de c'21 j'avais choisi de de de de l'raccrocher à un élément de ma structure porteuse là...3s...(claquement de bouche)...enfin...j'essaie de...vraiment… de retrouver ce que j'me suis dis en fait...passe que j'ai pas mis longtemps c'est pareil pour le 21 c ss c'était très facile quoi...4s...j'ai tout d'suite regardé 12 et je me suis dit euh...y y y euh...il est renversé euh...6s...et comme je savais que 12 euh je savais exactement euh...où est-ce qu'il était dans le euh...10s...euh ça je sais pas si (tout bas pour elle-même) si j'vais y arriver là 337B- tu dis c'est facile il est renversé...338A- mmm….5s 339B- comment tu sais qu'il est renversé ? 340A- ...15s….alors...d dé déjà c'est exactement les deux mêmes chiffres...y a un 2 y a un 1...mais y sont pas dans l'même ordre...4s...y sont pas dans l'même ordre donc c'est comme si on...aahh c'est marrant car c'est absolument pas logique mais...pour moi c'est très très très logique… c'est comme si y ...5s 341B – ils sont pas dans le même ordre alors qu'est-ce que tu fais ? 342A-...3s beh j'le r'tourne comme une crêpe...27s...en fait css css ...je sais même pas euh...c'est qu'en fait y vont ensemble...(elle se râcle la gorge)...y y y y vont ensemble euh...8s...voilà c'esss c'est assez bizarre passe que à la fois y vont ensemble...j'arrive pas à r'trouver dans quel sens….originellement...comment y s'sont imbriqués passe que...(grande respiration)...6s….je j'les voyais positionnés...5s...j'les voyais positionnés alors non pas côte à côte mais euh euh en en en diagonale...6s...c'est comme si c'était presque la même case en fait...j'me suis dit j'me suis

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dit c'est la même...mmm...j'me suis dit c'est la même mais...4s... (elle respire) j'me suis dit c'est la même mais inversée...j'me suis exactement dit ça….6s...et j'me suis dit du c… pour m'en souvenir...4s...y faut que j'les raccroche...donc du coup j'avais mon crayon vert...4s….j'ai tracé (dit fortement)... un...une flèche du 21 vers ce 12 là...4s et en fait oui mais j'me ss oui mais enfin...et j'me suis dit oui mais ce trait vert ne va pas...4...passe que c'est une exception….c'est pas la même logique que les autres...3...(souffle : elle est amusée)...donc j'ai pris un crayon rose...pour me souvenir que... y avait un….une manipulation mentale à faire...y avait une une...une quoi ?...(elle parle, inaudible, pour elle-même)...que c'était un mouvement ...passe que les autres en fait j'avais fait des flèches...c'était des mouvements euh...c'était un mouvement linéaire...alors que là quand j'arrivais sur ce 21...3s...(elle s'agite un peu)...y mmm (elle souffle)...y avait une culbute (elle fait un mouvement avec son poignet) enfin c'était pas… c'était un mouvement linéaire mais...mais pas euh...comment dire euh... 343B- comment tu fais quand tu fais ce mouvement avec ton poignet ? (je demande tout bas et reproduit le mouvement) 344A-...y...345B- comment tu fais ? 346A- ...y s'enroule en fait...y s'retourne...3s...en fait il était censé se euh...3s… en fait (tout fort) : le 12 était censé descendre (elle détache bien ses mots) dans la case...4s..et se retourn...enfin...se se retourner...effectivement c'était pas un mouvement linéaire simple...y avait une complexité dans le euhhhh...y avait un phénomène en fait….un événement...c'est-à-dire que les aut'euh...12, 8, 9, 4, 7...bon ben là...ça allait tout seul...quand on arrive à 21...y fallait aller chercher le 12...le ramener...et le retourner...c'est-à-dire c'est le 12 inversé...donc du coup p- pour euh me souv'nir qu'il y avait cette manipulation à faire...la flèche verte ne suffisait pas...passe que sinon y aurait fallu aller le chercher à l'identique ça ne ça ne ça n'allait pas donc euh...fallait matérialiser leeuh...j'ai pris un crayon rose là pour matérialiser le euh...4s...(claquement de bouche)...6s...je cherche comment j'voulais le..euh...j'arrive pas à m'souv'nir...comment j'voulais l'retourner….passe que c'est pas euh (tout bas)...si c'était comme une crêpe y s'rait pas dans l'bon sens...j'ai du m'faire c'te réflexion d'ailleurs à un moment donné...11s...donc j'me suis dit ça marche pas...j'me suis dit faut souv'nir « inversé »...j'ai du m'souvenir « inversé », le mot « inversé »...6s...j'pense que ouais mmm….dans ma tête j'l'ai retourné ..(elle souffle)...suis pas sûre...10s...je fais le 7 là….je l'dessine du coup...j'écris 7...avec le crayon vert...je fais une grande jambe (elle fait le mouvement), très longue...ah ben j'me dis comme ça en plus j'm'en souviendrai...que j'l'avais dessiné comme ça...4s...je remon...alors...je regarde la feuille..je vois 21...4s...clac !...y s'associe tout d'suite au 12...passe qu'y a une proximité deeuhhh...6s...là j'me fais la réflexion qu'c'est facile...j'me dis « ah c'est facile ! »... 347B-...juste avant... que tu te fais cette réflexion...qu'est-ce tu fais ? (lentement dit et bas) 348A- 5s...(tout bas:) je regarde...voici le 21….10s...j'me dis c'est les mêmes chiffres je me je me….mon mon mon mon regard bascule se rapporte tout d'suite au 12….revient sur l'21 et ouais j'ai fait plusieurs fois l'aller-retour...avec mes yeux...12-21, 12-21, 12-21 ouais...et j'ai...plusieurs fois...et j'me suis dit (tout bas:) c'est les mêmes...3s...j'me suis dit c'est les mêmes….j'me demande s'il fallait pas juste les tourner….oui c'est comme ça qu'il fallait les tourner...fallait l'enrouler sur lui-même en fait (croise et décroise bras gauche/bras droit)….8s..il fallait descendre le 12 dans la case et l'enrouler sur enfin le euh… faire que le 2 y passe devant et du coup le le le 1 y euh...tac ! Y glisse derrière...7s...donc y avait deux mouvements à faire c'est pour ça qu'j'ai pris deux couleurs...c'est parce que c'était pas une suite lo enfin euh...5s...c'était un c'était une….une une suite plus complexe...fallait qu'j'me souvienne qu'avait euh...une opération euh...3s...une opération particulière... 349B- mmm 350A- voilà...351B-d'accord 352A-mmmmmmm…. 353B-...ok...6s... 354A- donc là c'est pareil ça n'a pas mis euh 355B- ça n'a pas mis beaucoup de temps... 356A-...non c'était aussi rapide aussi... 357B- d'accord...9s...et après ? 358A- donc après j'ai glissé vers le 9... 359B- comment tu as glissé ? 360A- ..euhhh ...j j j j j'l'ai rg'ardé à côté enfin je…je m'suis déplac...enfin...ma tête oui ma tête a du se déplacer un peu…. 361B- d'accord 362A-...3s...euh...c'est pas un neuf c'est un 6 d'ailleurs..et euh...j'ai dit « ah mince ! Encore un autre ! »….ça commençait à m'énerver qu'ce soit que des chiffres qu'y...qu'y n'aillent pas quoi !...ppffffouuuu (fort) j'ai dit encore un...bon j'ai dit bon c'est pas grave...beh c'est sûr (amusée - rires) j'me suis vraiment dit ça !... « ah ! Zut ! (gros soupir)...encore un compliqué bon alors...c'est pas grave...alors j'ai bien trouvé deux aut'es trucs sur les deux précédents….ça va y aller….donc...5s...he j'ai j'ai j'ai du avoir un p'tit temps d'arrêt je pense là...6s…où je sais pas c'qu'y font mes yeux là y cherchent...un point d'accroche...5s...je je j'm'souviens pas exactement c'que j'ai fait là 363B- d'accord (rassurante) 364A- là j'ai d ppffuu ouais là j'étais dans le « ohhh »….et au moment où je regarde le 9...alors est-ce que j'l'ai r'gardé tout d'suite ou est-ce que euh je sais pas….passe que quand j'ai vu le 9...qu'était juste au-d'ssus...j'ai p'tete essayé d'aut'es combinaisons j'crois...entre temps...j' suis pas sûre...3s...au moment où j'arrive sur le 9 là... qu'est juste au-d'ssus ah ben j'dis facile c'est pareil que 21 précédemment donc...ça faisait deux fois la même...la même….enfin j'me suis dit « ah cool ! »...ça faisait deux fois d'suite la même opération à faire...euh côte à côte en plus y étaient côte à côte du coup ça allait bien...y fallait pas aller les chercher au même endroit mais c'était le même principe donc ça marchait, donc si je savais ...passe que je savais que j'm'en rapell'rai bien pour 21...donc si j'm'en rapp'llai bien pour l'un ça m'servais de point d'appui pour l'autre en fait...3s...donc du coup ben oui 6 ben 9

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inversé donc ben là c'était facile y se euh...y euh… y s'renversait sur lui-même donc du coup ça c'était simple...donc du coup j'ai effectivement pris ma flèche euh rose là….j'me suis dit ah encore un aut'mouvement euh….d'ailleurs là j'ai même pas du faire le vert...j'me demande si j'ai pas directement dessiné au rose...j'en sais rien...j'crois pas… voilà...donc là ça allait vite en fait..très très vite... 365B- et après ? 366A-..alors du coup je reviens à la ligne du d'ssous...(respire)….8s… euh….là j je je j'pense j'ai un temps où...j'me dis « oh pppfffououou » (souffle fort)...(rires)...passe que j'me dis là ça commence à...sssss euhhhh...ça commence à d'venir un peu coton quand même l'affaire !….7s..alors en plus j'suis sur la ligne où ça commence par un 7...et c'est un chiffre ppffuuu...5s...j'vois...alors ...autant j'me dis 15….5s...facile c'est l'anniversaire à Nathanaël...mais comme il est né en 2012 j'ai toujours un doute en fait...c'est un chiffre que j'arrive pas bien à euh...L'anniversaire de Nathanaël c'est un euh 15 mai c'est un chiffre qui m'inquiète...j je j'ai toujours peur de l'oublier ou de le mélanger quand on d'mande quel jour il est..je je...là au moment où j'regarde 15 j'me dis « tiens c'est l'anniversaire à Nathanaël » et j'me fais ce p'tit monologue intérieur...en m'disant « ah oui mais si tu l'accroches à c'chiffre vu qu'tu t'trouv...vu qu't'as toujours peur de t'enfin...j'me dis pas « vu que »..j'me dis « ah mince j'ai toujours peur de...j'me demande si c'est bien judicieux de euh...de l'accrocher à ça...tout ça euh...passe que euh y a des confusions, est-ce que j'vais pas l'mélanger à 12...2012...et j'me dis « mais non tu vas t'en souv'nir euh...y suffira juste que tu refasses enfin...quand on te pose la question tu retrouves facilement la date donc tu la retrouveras ...donc euh...ça va y aller »… donc là j'me pose pas plus de questions sur le 15...et quand j'bascule sur le 11 j'me dis « ah mince ! C'est lui qui va m'en c'est lui qui va m'embêter ! »...3s...passe que j'me dis y y...y va m'apporter d'la confusion...4s..alors du coup...pour mémoriser c'te ligne...je sais pas comment ça...ppttoutt...j'sais pas...j'me récite 7, 15, 11 enfin...10s...mmmm….mmmje sais pas c'qui s'passe là… (perturbation d'une sonnerie de téléphone)….je… (elle voit voir qui appelle et revient)...donc euh là je sais pas trop...mmmm...20s...je je r'garde un moment...15, 11...oui j'ai du faire 15,11, 15, 11..j'ai du m'le répéter plusieurs fois dans ma tête..15 -11..passe que m oui...mm...je me suis dit y sont proches...et pis 15 – 11 ça allait bien au niveau du son...5s... »15-11 15-11 » oui j'ai fait ça j'pense… et après j'ai fait 7 – 15 – 11, 7-15-11...je j'ai répété….et au moment où je répétais...alors le 7 se mettait comme un 7...5s...15 s'écrivait en en chiffres enfin en en lettres plutôt « quinze »...enfin dans une euh...police de caractères genre times...un peu classique, avec un empattement enfin...une écriture euh….c'est écrit comme écrit dans un livre là 367B-..mm...oui 368A- c'est pas écrit à la main….c'est écrit comme dans un livre... 369B- d'accord 370A-...et à côté c'est un son...c'est pas écrit c'est … c'est comme la continuité en fait...au moment où au moment où on lit 15 -11..ça ça ça ça va a a ça glisse ça va avec...enfin oui ça…. 371B- oui 372A- j'sais pas c'est...15 -11 c'est comme euh « rendez-vous »..ça fait un mot euh...un mot qui s'd enfin euh...pas un mot mais euh j'sais pas comment on dit euh...hein c'est...si j'ai 15 j'ai 11 derrière...voilà c'est euh...enfin.. 373B – d'accord 374A- ça allait ensemble...voilà donc j'ai fait ça...4s… 375B- d'accord...[je la sens fatiguée]euh...63mn...est-ce que euh..oui il y aurait une question complémentaire qui pourrait être posée mais j'suis pas sûre que ce soit...qu'ce soit utile….je pense même que ça l'est pas du tout...je pense qu'on a quand même euh 376A- le détail ! 377B- toutes les informations ! (elle rit) ...en n'ayant pas travaillé beaucoup !….juste un tout p'tit peu…dis donc c'est..c'est impressionnant ! 378A- ben c'est qu'c'est euh...(elle prend ses feuilles qui étaient retournées)//Là tu vois j'me souviens pas d'ça (elle me montre la flèche rose entre 21 et 11)...5s.. 379B- il y a eu cette étape effectivement… 380A – oui...12s...mais c'est qu'jai du chercher euh qu j'pense qu'j'ai...une hypothèse que j'ai pas ret'nue… 381B- peut-être mmm 382A- ...oui j'm'en souviens maintenant...ça c'est une hypothèse que j'ai pas ret'nue..j'ai dit « non ça va pas aller »...5s passe qu'à c'moment à c'moment là où j'ai fait ça...j'm'n souviens d'ça...où j'ai écrit Nathanaël donc là j'ai hésité- tout ça...j'ai vu 11...donc là effectivement quand j'te dis ouais...y s'est passé queque chose ça m'a embêté, j'ai vu qu'ça n'irait pas euh...euh...que ça allait m'poser problème euh...6s..je savais qu'c'était en l'mettant en rapport avec le avec le 15...que non seulement y arriveraient à à...y m'permettraient de s'retrouver mutuellement en fait...et effectivement j'ai env passe que la première hypothèse j'me euh oui...mm..j'me souviens d'ça enfin j'me souviens je euh...et là à c'moment là à c'moment donné où j'trace ça et où ça n'va pas j j'ai lâché mon schéma en fait...et là j'chu rentré dans du...dans du son...et dans….pour mémoriser cette dernière ligne...oui c'est ça : tout mon p'tit parcours en fait y fonctionnait bien jusqu'à 6...4s...y rebasculait bien vers le milieu là 15...4s ..et 15 là y fallait qu'j'le mette en rapport avec les deux aut's pour m'assurer qu'ça allait bien là donc y fallait qu'cette lig qu'cette dernière ligne fonctionne… 383B- mmm...d'accord… 384A- donc en fait quand j'me l'récitais...j'me j'me récitais 12, 8, 9...4, 21, 6...7,15,11...c'est-à-dire que j'repassais pas par mon pied d'sept en fait...il était englobé par..sur la dernière ligne… 385B- d'accord… oui, effectivement 386A- donc j'ai change d'stratégie euh...à la dernière minute en fait…. 387B- d'accord…et le « S » ? 388A- c'est septembre…

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Commentaires hors enregistrement : « Je ne dois pas avoir à un seul moment donné un seul doute. Le 7 je savais que ça allait me perturber avec l'autre stratégie : dès que j'ai ma logique rien ne doit venir introduire une confusion, quelque chose peut se rajouter mais ne doit pas venir comme un parasite. Dès qu'une chose surgit je vérifie de quelle nature elle est (son ou autre chose) et je contrôle : soit elle a une correspondance existante, de proximité ou pas, comment elle va pouvoir s'y imbriquer...en croisant...dès fois il faut combiner...il y a une création au moment où le 7 il surgit, il m'embête, je lui crée une identité...une raison d'être….une histoire… pas au sens de récit...une existence qui fait que je ne peux pas avoir de doute, ou si j'ai un doute la réponse existe dans les éléments présents… je crée des passages... »

Restitution du tableau, ci-dessus. Mémorisation du tableau, ci-contre

ANALYSE DES ENONCES DESCRIPTIFS DE A - Tableau chronologique des énoncés descriptifs de A selon cinq catégories :

Prise d'information Décision Opération Remémoration Débat intime 14 - j'existe presque dans la feuille de papier ...c'est noir et blanc quoi...il y a plus de blanc que d'noir...j'vois une feuille de papier ...c'est presque pas une feuille de papier A4, j'suis dans la feuille ...j'suis en face mais...y a pas de bord...je suis en vis à vis 26- j'vois tout d'suite que c'est du coup un tableau beaucoup moins compliqué euh...que c'que j'avais envisagé 228- où y a c'te zone floue 100 - il est devant moi...à ma droite...mais euh...la la feuille est pas euh en face de moi...elle est euh...3s...elle est sur l'côté, en haut… 102 - j'vois les chiffres...y sont assez gros 108 - je vois qu'il y a le 12 32 - y a trois chiffres euh y a trois chiffres sur la ligne euh...la ligne du haut... je vois euh qu'il y a aussi trois chiffres à la verticale...

26-j'l'appréhende une première fois… 26- j'me fais une idée de l'exercice… 100 - j'commence à balayer le tableau 32 - je regarde ce tableau... j'le parcours… 104 - je regarde les chiffres...je je j'regarde les chiffres ...j'regarde le… 106 - j'regarde les chiffres 32- j'le balaye des yeux en fait...et donc euh...j'le balaye

222 - ouais….(soupir)...5s...en fait...quand j'ai parcouru le….quand j'ai parcouru le tru le premier tableau là quand il était encore euh...sur le côté là...(montre sur sa droite)...j'lai parcouru et j'ai vu qu'y avait c'te zone floue là...et j'ai j'ai j'ai enregistré le fait que...je faisais...horizontal...je r'venais...et je redescendais...et qu'y avait cette partie floue – j'ai enregistré un pré-parcours en fait… 228- j'me souviens...me faire la réflexion...ah d'accord ! 230- j'me rends compte que cette partie horizontale et verticale...sont pour moi stables et que css, cette partie floue là..

228- j'me dis ah d'accord ! 228- j'me fais la réflexion à moi-même en m'disant y va falloir que tu mémorises horizontal, vertical, et après tu f'ras le bloc là 36 - là j'me dis ben y va y avoir encore un problème… 228- à cause de cette zone floue... pas clair pour moi...j'me dis qu'j'vais avoir besoin d'm'appuyer sur queque chose de de stable... 38 - j'me dis faut qu'y soit liés ensemble 108 - à la fois j'me dis bon les chiffres sont gros et y sont faciles 230- j'me dis du coup ah tiens là donc tu vois comment t'as

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32 - je sais que...je sais qu'c'est l'sens dans lequel j'vais...j'vais l'apprendre en fait instinctivement 32- la première ligne ...voilà j'la sens oui j'la sens 38 - j'ai la sensation que la ligne du haut ...ça va y aller tout seul... je sais qu'cette partie ...en bas à droite là... ça va s'mélanger 100- et elle est de travers... 106 - je vois que les ...la feuille et les traits sont de travers...et...enfin… j'su déjà dans la feuille mais j'su j'su d'travers en fait 114 - y montent...y montent et pis y sont...y sont posés de travers...y sont y sont pas stables...y sont pas en face en plus...y sont sur l'côté. 116 - y s'en vont en fait...voilà...y s'en vont, y sont fuyants 26 - je sais qu'il faut qu'je le mette droit...devant moi 146 - ce 12 là

26- j'essaie d'éviter euh…tous les para-sites...j'essaie de me remettre exactement dans les mêmes conditions que j'avais visualisé ce tableau 26 - donc je vais la mettre face à moi… 26- pour que ce soit tout bien en face de moi… 132 - je cherche à créer un re un point de repère...il faut qu'celui-là soit très très stable... 126 – resserrer… 128 - resserrer (dit avec insistance et mouvement des mains pour resserrer)...le champ...au maximum...oui c'est ça

donc sur la première ligne de gauche à droite.. 110 - je lis cette première ligne... 26- je prends cette feuille… 30- je recentre 26-je la glisse face à moi... 26 - je repousse toutes les feuilles en dessous 26-je rassemble tout 118 - je ramène la feuille bien en face et bien droit. 40 - je repars sur le premier. 122 - je fonce 122 - je fais un piqué ...sur le premier chiffre euh...12...la la première case 124 - je l'isole 134 - j'me concentre 140 - je regarde 12 140 - j'lai observé et j'me parle. 140 - j'observe ce 12 là 140 - j'utilise 140 - j'imagine cette roue… 202 - je la visualise 140 - je positionne 202 - tac ! Je positionne... 146 - j'l'accroche comme ça

140 - et oui...et je vois en fait 140 - oui...3s…. Oui...12...j'ai fait ça...ooui...12... 140 - je vois ch'te euh....je vois ch'te roue… 202 - au moment où j'regarde le chiffre...4s...y a la roulette qu'arrive 140 - je vois la roue des mois de l'année e fait...5s… la roue des mois de l'année...c'est un ...3s...c'est un espèce de de de cercle...dont j'me sers pour me souvenir où j'chuis dans le temps...de l'année 196 - c'est ça qu'je fais...au au moment où...ouais c'est ça c'est tout à fait ça … au moment où j'regarde le chiffre….je sais pas comment ça s'fait mais y a une association qui s'fait qu'ça s'positionne sur la roulette ou non… c'est-à-dire que 12...c'est toutd'suite positionné sur la roulette… 196 - 8 c'est mis en mois d'août

fait là c'est ça qui va stabiliser le...le...c'est ça qui va stabiliser le le la mémorisation... 108 - j'me dis bon euh...10s...ça m'pose un problème qu'ça soit d'travers en fait 110 - et j'me dis j'peux pas continuer comme ça 112 - j'me dis en fait j'su...ch che j'peux pas avancer plus dans l'exercice...avant d'avoir euh...parce qu'en fait j'me dis tiens j'su enfin...j'ai l'impression qu'j'suis déjà en train d'essayer de mémoriser les chiffres...mais comme j'suis déjà en train de mémoriser les chiffres mais qu'y sont pas dans le bon sens… 26 - je me dis...je vais pas pouvoir la prendre comme ça...je me dis ça pose un problème 40 - j'me dis j'vais les associer à quelque chose 40 - je m'dis euh...ça fait comme une liste… 40 - j'me dis bon ben 12 ...j'me dis à quoi j'peux l'associer. 140 - j'me dis « maman » 140 - j'me dis bon alors ça c'est 12 bon ...cool facile...bon j'dis 12

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202 - j'vois le chiffre 8... 188 - je sais qu'y faut que j'redescende euh...je sais pas pourquoi je sais mais je sais qu'y faut que j'redescende parce que c'est la première le premier balayage il s'est pass comme ça 204 - je sais qu'y faut pas q'j'aille à droite...je suis pas prête là pour faire ce carré là...des quatre là... 210- intuitivement... instinctivement ou…c'est d'la conviction mais c'est d'la conviction tellement profonde que ... j'ai même pas à chercher à m'convaincre ou à raisonner en fait…. 212- c'est comme ça 202- c'est un 4 52 - ..je sais qu'j'vais arriver à m'en souvenir.. 40- et en dessous j'avais en dessous c'est un 7 198 - le mouvement de recherche me prend du temps alors que c'était très facile…

48 - faut qu'je reste sur maaa ma ligne intuitive 198 - pour qu'j'me dise euh...lui c'est bon j'vais m'en souvenir... 198 - marque juste 7.. 40 - j'ai besoin de le euh le

40 - j'regarde à côté... 152 - j'passe à 8 à côté 202 - j'passe à côté… 202- j'associe août 202- j'positionne sur ma roulette 40 - j'me déplace à droite 202- j'passe à 9... 188 - tac ! Je r'descends 202- j'descends 40 - je rebifurque en diagonale vers la ligne verticale 202 - J'regarde 200 - je positionne rapidement sur euh...sur ma roulette 202- je positionne 202 - j'me répète 202 - j'me suis dis plusieurs fois en fait ça 196 - j'suis descendue sur le 7 202- j'descends… j'descends … j'descends (ferme). 196 - j'suis passée sur le 7 40 - j'pousse ma feuille...je pousse ma feuille

ppuuttt….voilà...ça c'était juste à coté… 140 - enfin c'est pas que je positionne c'est que je vois euh ...3s...je vois cette zone euh du mois de septembre 196- ...9 y fallait juste revenir donc facile 202- là tout s'enchaîne maman août septembre tac ! 52 - le jour d'anniversaire de Nathanaël donc là c'est facile 190 - et c'est positionné sur la roulette aussi… 196 -c'est ça qu'je fais...au au moment où...ouais c'est ça c'est tout à fait ça (à voix basse)… au moment où j'regarde le chiffre...au moment où j'redescends j'vois 4...4 ben j'me dis ça va être l'âge à nathanaël paf ! La roulette revient à son anniversaire c'est dans...c'est là là, c'est en ce moment là quasiment sur la roulette… 202 - je vois le 4 (tout bas)...3s...non ça s'fait tout seul...euh ça….3s...Nathanaël...4s...en fait...4s...en même temps donc j'a j'a...en même temps que je regardais...12, 8, 9, ...4 ...en même temps j'me répétais euh ...maman août septembre Nathanaël, maman août septembre Nathanaël 196 - y a rien eu...la roulette n'est pas venue en fait 198 - ...la roulette ne vient pas 198 - ça m'coûte... faire l'effort de chercher 44 - je me retrouve devant une feuille blanche 50 - j'me parle en fait hein ?...quasiment pendant tout l'exercice de mémorisation je me parle…52 - je cherche à quel autre…

40 - j'me dis 8 à quoi j'l'associe ? … le mois d'août 202- j'dis maman août 202- j'dis septembre 40 - j'me dis facile septembre c'est euh l'anniversaire de ma mère 188 - je je m'dis faut qu'je reste dans cette ligne 188 - bon 4 effect...hum hein...ouais ok...d'accord euh...euh ffuumm ...y a un 4 et Nathanaël y va avoir 4 ans là dans.. 40 - j'me dis ben là c'est euh 4 c'est l'âge à Nathanaël...donc euh facile. 200 - en fait bon voilà facile euh...bon voilà ben 4 c'est l'âge à Nathanaël bon ...ok super 196- ah ! 40 - j'me dis mince ça va être compliqué ça c't'affaire... j'me dis bon ça marche pas ton truc ! 40 - ...alors j'y bon j'me dis j'vais déjà poser ça 40 - oui j'me dis j'vais déjà fixer ça...ça c'est fait...le premier et la...j'me dis c'est au moins ça de fait… 198- j'me dis effective-ment y a bien quel-qu'un qui doit être

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48 - j'me sais que si j'ai pris ce chemin là...il est inscrit en fait… 346- je vois 21 348- voici le 21 52 - car comme c'est pas le même chemin... 52- à côté c'est un 6 362- c'est pas un neuf c'est un 6 d'ailleurs 364- le 9 là... qu'est juste au-

fixer...donc de euh… de l'écrire...pour pas l'oublier... 38 - il faut qu'je trouve une technique... pour retrouver un fil...conducteur. 342 - pour me souvenir que... y avait une manipulation mentale à faire 348- y avait deux mouvements à faire c'est pour ça qu'j'ai pris deux couleurs... 346- pour matérialiser

40 - j'ai pris 44 - j'prends un crayon 44 - je marque sur la feuille 44 - j'écris la lettre m…j'écris « m – flèche a – flèche s » 44- j'pars en diagonale 44 - j'écris « n » 44 - j'écris 7 346- j'écris 7 avec le crayon vert 346- je fais le 7 là 346- je l'dessine 346- je fais une grande jambe 346- je remon… 346-je regarde la feuille 348 - je regarde 52 - j'regarde à côté du 4… 336 - j'ai tout d'suite regardé 12 52 - j'l'associe du coup 342 - j'le r'tourne comme une crêpe 52 - j'marque 21 342- j'ai tracé une flèche du 21 vers ce 12 là 52 - j'fais une flèche à double sens 52 - j'le fais d'abord en vert 52 - j'prends une aut'e couleur 52 - je change de couleur. 342 - j'ai pris un crayon rose 346- j'ai pris un crayon rose là 52 - j'fais une flèche aussi rose 358- j'ai glissé vers le 9… 360- j'l'ai rg'ardé à côté

quel autre élément déjà fixé...j'vais j'vais j'vais l'raccrocher donc …. 48 - la première lecture que j'ai faite elle était dans ce sens là… , c'est-à-dire horizontal et paf ! Après j'suis revenue en diagonale vers le 4...vers vers la colonne de ...droite.. 348- mon regard bascule se rapporte tout d'suite au 12….revient sur l'21 342 - j'les voyais positionnés alors non pas côte à côte mais en diagonale 348- et ouais j'ai fait plusieurs fois l'aller-retour...avec mes yeux...12-21, 12-21, 12-21 ouais 348- oui c'est comme ça qu'il fallait les tourner...fallait l'enrouler sur lui-même en fait (avec le geste de la main de droite à gauche) 342 - c'était un mouvement ...passe que les autres en fait j'avais fait des flèches...c'était des mouvements euh...c'était un mouvement linéaire...alors que là quand j'arrivais sur ce 21...3s...(elle s'agite un peu)...y avait une culbute

né... 198 - j'me dis marque juste 7… 198 - j'me dis si j'me souviens que lui euh...c'est lui 198 - j'me dis voilà je mets juste 7 42 - j'me dis faut qu'j'écri...enfin j'me dis oui 44- je me dis qu'j'vais marquer sur la feuille le chemin que je prends...pour le r'trouver...donc j'me dis qu'j'vais dessiner des flèches… 50 - j'me dis mince c'est des...c'est des lettres que j'ai écrit c'est pas des chiffres 50 - j'me dis attention quand il va falloir refaire l'exercice 50 - j'me dis bon j'me débrouillerai 44 - et j'me dis en dessous mince j'ai toujours rien pour le 7 ben tant pis 346- ah ben j'me dis comme ça en plus j'm'en souviendrai 52 - du coup j'me dis ... j'me dis faut qu'j'arrive à l'raccrocher... j'me dis ohh là là ça va ête compliqué c't'affaire… alors j'me dis…. 346- j'me dis « ah c'est facile ! »... 348- j'me dis c'est les mêmes chiffres 348-et j'me suis dit (tout bas:) c'est les mêmes...3s...j'me suis dit c'est les mêmes….j'me demande s'il fallait pas juste les tourner… 336- et je me suis dit euh...il est renversé 342 - j'me suis dit c'est la même mais inversée...j'me suis exactement dit ça 342 - et j'me suis dit du c… pour m'en souvenir...4s...y faut que j'les raccroche 342 - j'me suis dit oui mais ce trait vert ne va pas 346 - donc j'me suis dit ça marche pas… 346- j'me suis dit faut souv'nir « inversé » 52 - j'me dis non faudra d'abord que j'me souvienne que là c'est une procédure spéciale 52 - j'me dis enfin voilà je peux faire des étapes 52 - j'medis facile. 362- j'ai dit « ah mince ! 362- j'ai dit encore un...bon j'ai dit bon c'est pas grave...beh c'est sûr (amusée - rires) j'me suis vraiment dit ça !... « ah ! Zut ! (gros soupir)...encore un compliqué bon alors...c'est pas grave...alors j'ai bien trouvé

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d'ssus 52- c'est un 15 366- j'vois

52- faudra que j'me souvienne 366- alors du coup...pour mémoriser c'te ligne 54 - à partir de ce moment là je considère que j'ai...que j'ai

364- j'ai effectivement pris ma flèche euh rose 52- j'fais une flèche aussi rose 366- je reviens à la ligne du d'ssous 52- j'descends 366- j'regarde 15 366- j'bascule sur le 11 54- je change je change de stratégie 54- je repars du premier 366- j'me récite 7, 15, 11 366- j'ai répété 56 - je me répète ça plusieurs fois 56 - j'le récite en ligne.. 54 - j'prends...un crayon...j'prends un aut'e crayon

366- j'suis sur la ligne où ça commence par un 7 366- là j'me pose pas plus de questions sur le 15 78 - donc le 7 j j'le vois...le 7 c'est un 7 écrit….enfin ça c'est un...chiffre….mais à côté c'est 15 11...mais là c'est du son mais enfin...c'est écrit quinze, q u i n z e,... et 11 c'est un son… ce il est pas écrit...ça fait chiffre-mot-son et en fait l'ensemble forme une….l'ensemble forme une phrase que j'entends...que j'entends ou que j'me dis...7 15 11... 366- et au moment où je répétais...alors le 7 se mettait comme un 7...5s...15 s'écrivait en en chiffres enfin en en lettres plutôt « quinze »...enfin dans une euh...police de caractères genre times...un peu classique, avec un empattement enfin...une écriture euh….c'est écrit comme écrit dans un livre là 368- c'est pas écrit à la main….c'est écrit comme dans un livre… 370- et à côté c'est un son...c'est pas écrit

deux aut'es trucs sur les deux précédents….ça va y aller 52- par l'dessus c'est un 9 donc j'medis facile...du coup 6 c'est 9 inversé. 364-ah ben j'dis facile c'est pareil que 21 précédemment donc...ça faisait deux fois la même....enfin j'me suis dit « ah cool ! 364-j'me suis dit ah encore un aut'mouvement 366- j'me dis « oh pppfffououou » 366- et c'est un chiffre ppffuuu 366-j'me dis 15….5s...facile c'est l'anniversaire à N 366-j'me dis « tiens c'est l'anniversaire à Nathanaël » 366- en m'disant « ah oui mais si tu l'accroches à c'chiffre vu qu'tu t'trouv...vu qu't'as toujours peur de t'enfin...j'me dis pas « vu que »..j'me dis « ah mince j'ai toujours peur de...j'me demande si c'est bien judicieux de euh...de l'accrocher à ça...tout ça euh...passe que euh y a des confusions, est-ce que j'vais pas l'mélanger à 12...2012...et j'me dis « mais non tu vas t'en souv'nir euh...y suffira juste que tu refasses enfin...quand on te pose la question tu retrouves facilement la date donc tu la retrouveras ...donc euh...ça va y aller 366-j'me dis « ah mince ! C'est lui qui va m'en c'est lui qui va m'embêter ! »...3s...passe que j'me dis y y...y va m'apporter d'la confusion… 366- je me suis dit y sont proches...et pis 15 – 11 ça allait bien au niveau du son 54 - j'me dis 7 15 11 ça va bien, enfin ça fait une phrase qui va bien ensemble 54 - je m'dis faut que j'la teste 54- .j'me dis faut je...je vérifie...

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60 - ça vient vite...ça vient vite je euh...c'est logique...c'est logique et c'est facile...

fait le tour de mon...de ma procédure...de ma stratégie… donc j'vais vérifier qu'elle fonctionne...en...en la refaisant… 54 - pour qu'ce soit pas le mêmmm ...la même écriture que mon… que mon schéma...4s ...et donc j'essaie de voir 56 - donc j'essaie... 56 -jusqu'à c'que ce ce je bute plus en fait ...jusqu'à ce que ça s'enchaîne ...sans s'arrêter….ou alors jusqu'à ce que à chaque fois qu'il y a un trou...la réponse arrive vite...ça m'demande pas trop de temps ...à retrouver...

54 - j'commence à écrire avec ce crayon noir 56 - j'le refais plusieurs fois...j'le refais plusieurs fois j'le récris plusieurs fois...

54- ça vient vient tout seul...ddonc j je jl'es vois en fait j'les visualise sur la feuille...sur la feuille d'origine 56 - ouais...j'les vois bien… 56 - au moment où je cherche à l'écrire...ça ça ça ça'm...ça m'prends un temps d'arrêt mais...je retrouve facilement passe que du coup je euh...j'ai mon...j'ai mon système de… de 9 inversé là...qui qui m'donne la réponse. 58 - je me souviens...plus j'avance dans la réécrit. ..passe que chaque fois qu'j'avance dans l'écrit...pour le réciter...5s...plus j'écris vite et plus j'les écris plus petits...c'est-à-dire euh...tuc tuc tuc tuc … donc j'commence par là j'me souviens … j'commence par récrire à peu près à partir du milieu de la feuille...j'descends...je tourne à droite….je remonte...une fois que j'suis ...voilà….là c'est bon

Suite chronologique des actions : Début : - j'appréhende une première fois - je me fais une idée de l'exercice - je commence à balayer le tableau - je regarde le tableau - je le parcours - je regarde les chiffres - je balaye des yeux la première ligne de gauche à droite - je lis cette ligne - je prends cette feuille - je recentre - je la glisse face à moi-même - je repousse toutes les feuilles en dessous - je rassemble tout - je ramène la feuille bien en face et bien droit - je repars sur le premier - je fonce - je fais un piqué sur le premier chiffre 12 - je l'isole - je me concentre - je regarde 12 - je l'ai observé - je me parle - j'utilise la roue - j'imagine cette roue - je la visualise - je positionne - j'accroche (le 12) - je regarde à côté - je passe à 8 - j'associe - je positionne sur ma roulette - je me déplace à droite - je passe à 9 - je (re)descends - je rebifurque en diagonale vers la ligne verticale - je regarde - je positionne sur ma roulette - je me répète - je me suis dit plusieurs fois - je descends - je suis passée sur le 7

- je pousse ma feuille - je prends un crayon - je marque sur la feuille - j'écris « m flèche a flèche s » - je pars en diagonale - j'écris « n » - j'écris 7 avec le crayon vert - je dessine - je fais une grande jambe - je remonte - je regarde la feuille - je regarde à côté du 4 - j'ai tout de suite regardé 12 - je l'associe - je le retourne - je marque 21 - j'ai tracé une flèche du 21 vers ce 12 - je fais une flèche à double sens - je le fais d'abord en vert - je prends une autre couleur - je change de couleur - j'ai pris un crayon rose - je fais une flèche rose - j'ai glissé vers le 9 (6) - je l'ai regardé à côté - j'ai pris ma flèche rose - j'ai fait une flèche rose - je reviens à la ligne du dessous - je descends - je regarde 15 - je bascule sur le 11 - je change de stratégie - je repars du premier - je me récite - j'ai répété plusieurs fois - je le récite en ligne - je prends un autre crayon noir - je commence à écrire avec ce crayon - je le refais plusieurs fois - je le récris plusieurs fois Fin -

Suite chronologique selon les différentes phases : 1° phase - Repérage préliminaire : I - j'appréhende une première fois

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1 - je me fais une idée de l'exercice - je commence à balayer le tableau - je regarde le tableau - je le parcours 2 - je regarde les chiffres - je balaye des yeux la première ligne de gauche à droite - je lis cette ligne II - je prends cette feuille - je recentre - je la glisse face à moi-même - je repousse toutes les feuilles en dessous - je rassemble tout - je ramène la feuille bien en face et bien droit 2° phase – Stabilisation et convocation d'une stratégie visuo-kinesthésio-temporelle : I - je repars sur le premier 1 - je fonce 2 - je fais un piqué sur le premier chiffre 12 3 - je l'isole 4 - je me concentre II - je regarde 12 1 - je l'ai observé 2 - je me parle III - j'utilise la roue 1 - j'imagine cette roue - je la visualise 2 - je positionne - j'accroche (le 12) 3° phase – Application de cette première stratégie : I - je regarde à côté 1 - je passe à 8 2 - j'associe - je positionne sur ma roulette II - je me déplace à droite - je passe à 9 III - je (re)descends 1 - je rebifurque en diagonale vers la ligne verticale 2 - je regarde 3 - je positionne sur ma roulette 4 - je me répète - je me suis dit plusieurs fois 4° phase – Rencontre d'une exception - changement de stratégie – le dessin : I - je descends - je suis passée sur le 7 II - je pousse ma feuille III - je prends un crayon IV - je marque sur la feuille 1 - j'écris « m flèche a flèche s » 2 - je pars en diagonale 3 - j'écris « n » 4 - j'écris 7 avec le crayon vert - je dessine - je fais une grande jambe 5° phase – Suite de la nouvelle stratégie associée à une stratégie kinesthésique (proprioceptive) : I - je remonte II - je regarde la feuille III - je regarde à côté du 4 IV - j'ai tout de suite regardé 12 1 - je l'associe - je le retourne - je marque 21 - j'ai tracé une flèche du 21 vers ce 12 - je fais une flèche à double sens - je le fais d'abord en vert - je prends une autre couleur - je change de couleur - j'ai pris un crayon rose - je fais une flèche rose V - j'ai glissé vers le 9 (6) 1 - je l'ai regardé à côté 2 - j'ai pris ma flèche rose - j'ai fait une flèche rose 6° phase – Nouvelle stratégie – visuo-auditive : I - je reviens à la ligne du dessous - je descends II - je regarde 15 III - je bascule sur le 11

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IV - je change de stratégie 1 - je repars du premier 2 - je me récite - j'ai répété plusieurs fois - je le récite en ligne 7° phase – Vérification par l'écriture : - je prends un autre crayon noir 1 - je commence à écrire avec ce crayon 2 - je le refais plusieurs fois - je le récris plusieurs fois 8° phase – Restitution : - j'ai pris le crayon - j'ai récité dans ma tête - j'ai récité les chiffres, pas les moyens mnémotechniques - j'écris les chiffres - je rebascule sur la dernière ligne - je me pose la question - je vérifie ce que je dois écrire - j'essaie de me rappeler le moyen que j'ai utilisé pour l'enregistrer - je vois le 7 écrit - à côté c'est écrit quinze et 11 c'est un son – l'ensemble forme une phrase que j'entends ou que je me dis. - je relis - j'essaie de me souvenir de la consigne. Analyse des opérations physiques et mentales pour la pensée qui mémorise, selon chaque phase : 1° phase - Repérage préliminaire : Il y a toute une démarche préliminaire de repérage de la « situation » et de ce qu'il va en découler : I - j'appréhende une première fois 1 - je me fais une idée de l'exercice - je commence à balayer le tableau - je regarde le tableau - je le parcours

Première phase de correction de ce qui avait été imaginé à propos du tableau (26- « un tableau beaucoup moins compliqué »), mais aussi de repérage sur la procédure générale à suivre face à ce qui apparaît d'emblée comme une région problématique (228 « zone floue », 188 « je sais qu'y faut pas q'j'aille à droite….je suis pas prête pour faire ce carré-là », 210 « intuitivement…. » « instinctivement...c'est d'la conviction », 212 « c'est comme ça »). a) Il y a donc une croyance qui, d'emblée, va déterminer l'organisation géographique de la mémorisation ; liée à une visualisation « floue » de la zone. b) Cette croyance génère un pré-parcours (222 « j'ai enregistré un pré-parcours ») : une nécessité de mémoriser d'abord horizontalement, puis verticalement (228 « il va falloir que tu mémorises »). c) Il y a une visualisation géographique de la zone à éviter, mais aussi du tableau : où il est par rapport à A (100 « il est devant moi...à ma droite...sur l'côté, en haut »). d) Mais il y a peut-être aussi une appréhension proprioceptive et/ou kinesthésique, en tous cas somesthésique : la suite laisse à penser que la toute première prise d'information (isolée en 14 -« j'existe presque dans la feuille de papier ...c'est presque pas une feuille de papier A4, j'suis dans la feuille ...j'suis en face mais...y a pas de bord...je suis en vis à vis ») pourrait faire écho à la procédure de la roulette du temps, et d'une forte sensation physique d'un changement de lieu corporel. Confirmé par le besoin de stabilité énoncé plus tard (228- « à cause de cette zone floue... pas clair pour moi...j'me dis qu'j'vais avoir besoin d'm'appuyer sur queque chose de de stable... »). Il s'agit d'un positionnement mental particulier , comme un corps mental qui rejoint la feuille ; ce qui sera explicité au moment de la pause, après la prise de conscience de l'usage de la « roulette du temps ». 2 - je regarde les chiffres - je balaye des yeux la première ligne de gauche à droite - je lis cette ligne

Première tentative pour commencer le parcours, qui observe un problème de placement : a) Visualisation des chiffres et de leur déploiement géographique (102 - « j'vois les chiffres...y sont assez gros » 32 - y a trois chiffres euh y a trois chiffres sur la ligne euh...la ligne du haut...je vois euh qu'il y a aussi trois chiffres à la verticale... ») b) Étayage par la croyance (32 - je sais que...je sais qu'c'est l'sens dans lequel j'vais...j'vais l'apprendre en fait instinctivement ») c) Confirmation d'avoir trouvé de la stabilité (230- « j'me rends compte que cette partie horizontale et verticale...sont pour moi stables » - 230- « j'me dis du coup ah tiens là donc tu vois comment t'as fait là c'est ça qui va stabiliser le...le...c'est ça qui va stabiliser le le la mémorisation... »), par une sensation que je suppose proprioceptive compte-tenu de la suite (32- la première ligne ...voilà j'la sens oui j'la sens »). d) Proprioception confirmée par un problème de placement : la feuille est de travers et donc A s'éprouve aussi de travers ; il y a comme un va-et-vient entre la position de la feuille et la position du corps de A (100- « et elle est de travers... » 106 - « je vois que les ...la feuille et les traits sont de travers...et...enfin…j'su déjà dans la feuille

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mais j'su j'su d'travers en fait » ; 112 - « j'me dis en fait j'su...ch che j'peux pas avancer plus dans l'exercice...mais comme j'suis déjà en train de mémoriser les chiffres mais qu'y sont pas dans le bon sens… »). e) Ce problème génère à nouveau de l'instabilité, attribuée cette fois aux chiffres, et qui semble visuelle (114 - « y montent...y montent et pis y sont...y sont posés de travers...y sont y sont pas stables...y sont pas en face en plus...y sont sur l'côté. »116 - « y s'en vont en fait...voilà...y s'en vont, y sont fuyants ») II - je prends cette feuille - je recentre - je la glisse face à moi-même - je repousse toutes les feuilles en dessous - je rassemble tout - je ramène la feuille bien en face et bien droit

a) Prise de décision pour pouvoir commencer à mémoriser de façon satisfaisante : A veut retrouver sa première visualisation qui correspond à son premier pré-parcours, et où il semble qu'elle ait vu le tableau bien en face (26- « j'essaie d'éviter euh…tous les para-sites...j'essaie de me remettre exactement dans les mêmes conditions que j'avais visualisé ce tableau...donc je vais la mettre face à moi… pour que ce soit tout bien en face de moi… »). b) Cette prise de décision repose sur une croyance elle aussi : recentrer est une condition nécessaire à la mémorisation du tableau selon « les mêmes conditions » dans lesquelles a été visualisé le tableau (26 - « je sais qu'il faut qu'je le mette droit...devant moi ») ; conditions que je soupçonne complexes, et la suite va le montrer. 2° phase – Stabilisation et convocation d'une stratégie visuo-kinesthésio-temporelle : Cette seconde phase met en évidence la source de la stabilité recherchée et la complexité de la procédure utilisée par A pour mémoriser à partir d'un « point fixe ». I - je repars sur le premier 1 - je fonce 2 - je fais un piqué sur le premier chiffre 12 3 - je l'isole 4 - je me concentre

a) Il y a tout d'abord décision de rechercher d'un point de repère « très très » stable (132 - « je cherche à créer un re un point de repère...il faut qu'celui-là soit très très stable... »). La stabilité présumée est déjà enregistrée comme étant sur la première ligne horizontale, puis la première colonne verticale, tout le vocabulaire qui évoque l'action est alors celui d'un corps qui va très vite (« fonce ») et qui se jette (« je fais un piqué ») sur la source potentielle de stabilité : le 12 (« le premier chiffre 12 »). b) La procédure consiste alors à ne plus voir que ce premier chiffre, comme un zoom qui ferait disparaître le reste du tableau (126 –« resserrer », 128 - resserrer (dit avec insistance et mouvement des mains pour resserrer)...le champ...au maximum...oui c'est ça ») - là encore ne sommes-nous pas dans un projeté mental qui n'est pas seulement visuel mais aussi kinesthésique ?, afin de l'associer à quelque chose (40 - j'me dis j'vais les associer à quelque chose »). II - je regarde 12 1 - je l'ai observé 2 - je me parle III - j'utilise la roue 1 - j'imagine cette roue - je la visualise 2 - je positionne - j'accroche (le 12)

II et III révèlent deux temps : l'observation du 12 afin de l'associer, l'intervention de la roue. a) L'observation est (toujours) accompagnée d'un débat intime qui se questionne ici sur l'objet auquel associer le premier chiffre (40 - «j'me dis bon ben 12 ...j'me dis à quoi j'peux l'associer. » 146 - « ce 12 là »). b) L'association se fait alors avec l' « apparition » de la roue du temps : mode tout à la fois spatial et temporel de repérage, qui convoque aussi le kinesthésique (202 - « au moment où j'regarde le chiffre...4s...y a la roulette qu'arrive », 140 - « je vois la roue des mois de l'année e fait...5s… la roue des mois de l'année...c'est un espèce de cercle...dont j'me sers pour me souvenir où j'chuis dans le temps...de l'année », 196 - « c'est ça qu'je fais...au au moment où...ouais c'est ça c'est tout à fait ça … au moment où j'regarde le chiffre….je sais pas comment ça s'fait mais y a une association qui s'fait qu'ça s'positionne sur la roulette ou non… c'est-à-dire que 12...c'est toutd'suite positionné sur la roulette… ») . A ce moment de l'entretien je ne sais pas encore ce qui se produit mais il est clair que l'association consiste à « positionner » sur une roue représentant les mois de l'année le chiffre à mémoriser, et il « représente » « maman », une date qui concerne A personnellement (140 - »j'me dis « maman », 140 - »j'me dis bon alors ça c'est 12 bon ...cool facile... »). c) L'association est finalisée par une parole intérieure qui la répète (140 - »j'me dis « maman »). 3° phase – Application de cette première stratégie : Cette troisième phase va consister à conserver cette stratégie de « la roue du temps », qui « fonctionne » pour la suite des chiffres qui font comme une liste (40 - je m'dis euh...ça fait comme une liste…).

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I - je regarde à côté 1 - je passe à 8 2 - j'associe - je positionne sur ma roulette

Pour le chiffre 8 la procédure est la même : a) regarder le chiffre (202 - « j'vois le chiffre 8... »), b) se demander à quoi l'associer (40 - « j'me dis 8 à quoi j'l'associe ? … le mois d'août »), c) le positionner sur la roulette (196 - « 8 c'est mis en mois d'août ppuuttt »),7 d) fixer cette suite par la parole intérieure (202- « j'dis maman août »). II - je me déplace à droite - je passe à 9

a) Le prochain chiffre est associé sans difficulté à une date qui concerne A personnellement (40 - « j'me dis facile septembre c'est euh l'anniversaire de ma mère »), toujours à l'aide de cette roulette, mais là une indication supplémentaire est donnée : tout se passe comme si A n'agissait pas mais voyait passivement une zone qui correspond à septembre (140 - « enfin c'est pas que je positionne c'est que je vois euh ...3s...je vois cette zone euh du mois de septembre ») ; peut-être que cette précision, « ce n'est pas que je positionne c'est que je vois » provient du « déplacement » de la pensée vers la zone en question où elle se trouve lorsqu'elle associe (?). b) Toujours le même procédé de finalisation de la mémorisation par la répétition des mots par la parole intérieure, - du dernier chiffre enregistré d'abord (202- « j'dis septembre »), - puis de la première ligne en son entier ( 202- « là tout s'enchaîne maman août septembre tac ! »). III - je (re)descends 1 - je rebifurque en diagonale vers la ligne verticale

La première ligne mémorisée, la suite va se poursuivre sur la première colonne à gauche où A va « aller », menée par deux principes déterminants : a) Le pré-parcours doit être respecté dans l'ordre premier qu'il a suivi – c'est de l'ordre d'une croyance (188 - « je sais qu'y faut que j'redescende euh...je sais pas pourquoi je sais mais je sais qu'y faut que j'redescende parce que c'est la première le premier balayage il s'est pass comme ça »), b) La croyance qu'elle n'est pas prête pour le carré des quatre chiffres en bas à droite (204 - « je sais qu'y faut pas q'j'aille à droite...je suis pas prête là pour faire ce carré là...des quatre là... » ; 210- « intuitivement...instinctivement ou…c'est d'la conviction mais c'est d'la conviction tellement profonde que ... j'ai même pas à chercher à m'convaincre ou à raisonner en fait… », 212- « c'est comme ça » ), et va susciter une stratégie d'évitement. c) La croyance génère une décision de fermeté (48 - « faut qu'je reste sur maaa ma ligne intuitive »), d) Renforcée par le débat intime (188 - « je je m'dis faut qu'je reste dans cette ligne »). 2 - je regarde 3 - je positionne sur ma roulette

Le chiffre qui suit dans ce parcours est le 4 (202- « c'est un 4 ») : a) L'assurance de s'en souvenir est donnée puisqu'il correspond à une date qui concerne A personnellement encore une fois (52 - « je sais qu'j'vais arriver à m'en souvenir.. », 52 - « le jour d'anniversaire de Nathanaël donc là c'est facile »). b) La roulette est de nouveau utilisée (190 - « et c'est positionné sur la roulette aussi… »), et la remémoration et le débat intime le confirment (196 - »c'est ça qu'je fais...au au moment où...ouais c'est ça c'est tout à fait ça (à voix basse)… au moment où j'regarde le chiffre...au moment où j'redescends j'vois 4...4 ben j'me dis ça va être l'âge à nathanaël paf ! La roulette revient à son anniversaire c'est dans...c'est là là, c'est en ce moment là quasiment sur la roulette… ») 4 - je me répète - je me suis dit plusieurs fois

La mémorisation se fait toujours par une répétition par la parole intérieure qui reprend séquentiellement la suite des chiffres et les entend pour soi (202 - « je vois le 4 (tout bas)...3s...non ça s'fait tout seul...euh ça….3s...Nathanaël...4s...en fait...4s...en même temps donc j'a j'a...en même temps que je regardais...12, 8, 9, ...4 ...en même temps j'me répétais euh ...maman août septembre Nathanaël, maman août septembre Nathanaël »). 4° phase – Rencontre d'une exception - changement de stratégie – le dessin : La suite de la mémorisation va connaître un changement de stratégie car le chiffre qui suit selon le pré-parcours séquentiel choisi ne trouve pas de correspondance dans la roulette du temps. I - je descends - je suis passée sur le 7

a) Ce chiffre ne trouve aucun écho en A pour une date qui la concernerait personnellement (40- « et en dessous j'avais en dessous c'est un 7 »),

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b) Il y a un mouvement pénible de recherche qui informe A d'une modification : l'indicateur « facilité » n'opère plus (198 - « le mouvement de recherche me prend du temps alors que c'était très facile... », 198 - « ça m'coûte... faire l'effort de chercher »), c) De fait la procédure de la roulette ne s'enclenche pas (196 - « y a rien eu...la roulette n'est pas venue en fait », 198 - « ...la roulette ne vient pas »), d) Constat par le débat intime que A ne peut pas poursuivre son procédé (196- « ah ! », 40 - « j'me dis mince ça va être compliqué ça c't'affaire... j'me dis bon ça marche pas ton truc ! » ). II - je pousse ma feuille

Cela amène A à : a) continuer de chercher une association (52 - « je cherche à quel autre… quel autre élément déjà fixé...j'vais j'vais j'vais l'raccrocher », 198- « j'me dis effective-ment y a bien quel-qu'un qui doit être né... »), b) mettre de côté la feuille avec le tableau, ce qui découvre une feuille blanche qui était au-dessous (44 - « je me retrouve devant une feuille blanche »), c) et à décider de chercher un autre moyen de mémoriser - « fixer » - ce chiffre orphelin (198 - « pour qu'j'me dise euh...lui c'est bon j'vais m'en souvenir... », 40 - « j'ai besoin de le euh le fixer...donc de euh… de l'écrire...pour pas l'oublier... »), d) trouver donc, dans un débat intime permanent (50 - « j'me parle en fait hein ?...quasiment pendant tout l'exercice de mémorisation je me parle… »), l'idée de juste le « marquer » le 7 (198 - « marque juste 7... », 40 - « ...alors j'y bon j'me dis j'vais déjà poser ça », 40 - « oui j'me dis j'vais déjà fixer ça...ça c'est fait...le premier et la...j'me dis c'est au moins ça de fait… », 198 - « j'me dis marque juste 7… », 198 - « j'me dis si j'me souviens que lui euh...c'est lui », 198 - « j'me dis voilà je mets juste 7 »). III - je prends un crayon IV - je marque sur la feuille 1 - j'écris « m flèche a flèche s » 2 - je pars en diagonale 3 - j'écris « n »

Cette nouvelle procédure est soutenue par : a) La croyance qui fait toujours son office de guide : si A persévère dans cette séquence, bien qu'elle y rencontre une difficulté, c'est le pré-parcours qui guide, et qui a « inscrit » cette séquence (48 - « j 'me sais que si j'ai pris ce chemin là...il est inscrit en fait… »). Cette inscription dirige l'ordre de la suite (48 - « la première lecture que j'ai faite elle était dans ce sens là… , c'est-à-dire horizontal et paf ! Après j'suis revenue en diagonale vers le 4...vers vers la colonne de ...droite.. » : colonne de « droite » qui est celle de gauche (mais de quel point de vue mental l'aborde A ?). b) la décision de trouver un fil conducteur pour retrouver le chiffre 7 (38 - « il faut qu'je trouve une technique... pour retrouver un fil...conducteur. », 44- « je me dis qu'j'vais marquer sur la feuille le chemin que je prends...pour le r'trouver... »), c) Le choix de faire du lien en dessinant des flèches (44- « ..donc j'me dis qu'j'vais dessiner des flèches… ») qui relient les quatre premiers chiffres déjà mémorisés, d) Le constat que les flèches relient des lettres et non des chiffres (50 - « j'me dis mince c'est des...c'est des lettres que j'ai écrit c'est pas des chiffres ») e) La mise en garde intime par rapport à cette prise de conscience que les chiffres sont inscrits par le truchement de lettres (50 - « j'me dis attention quand il va falloir refaire l'exercice »), f) une croyance dans ses propres ressources ( 50 - « j'me dis bon j'me débrouillerai »). 4 - j'écris 7 avec le crayon vert - je dessine - je fais une grande jambe

a) L'attention va alors se diriger sur le 7 et constater qu'il n'est toujours pas associé (4 - « et j'me dis en dessous mince j'ai toujours rien pour le 7 ben tant pis »). b) L'idée vient alors de le « dessiner » en lui faisant une grande jambe pour s'en souvenir, et utiliser ainsi à la fois le visuel et le kinesthésique (346- « ah ben j'me dis comme ça en plus j'm'en souviendrai »). 5° phase – Suite de la nouvelle stratégie associée à une stratégie kinesthésique (proprioceptive ?) : La suite de la mémorisation va associer à la procédure une nouvelle stratégie kinesthésique qui va pouvoir fonctionner sur deux chiffres : le 21 et le 6. I - je remonte II - je regarde la feuille III - je regarde à côté du 4 IV - j'ai tout de suite regardé 12

A va aborder le fameux carré mais n'y fait pas allusion dans sa globalité, et elle va procéder à des déplacements géographiques sur la feuille, en isolant le chiffre à aborder : a) Il y a d'abord un déplacement, à partir du 4, vers le premier chiffre en haut à gauche de ce carré (346- « je vois 21 », 348- « voici le 21 ») qui visualise le chiffre de façon isolée,

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b) débat intime (52 - « j'me dis faut qu'j'arrive à l'raccrocher... j'me dis ohh là là ça va ête compliqué c't'affaire… »), c) puis attention portée sur le 12 (348- « mon regard bascule se rapporte tout d'suite au 12 »), d) puis mouvement de va-et-vient entre le 12 et le 21 (348- « mon regard bascule se rapporte tout d'suite au 12….revient sur l'21 », 342 - « j'les voyais positionnés alors non pas côte à côte mais en diagonale », 348- « et ouais j'ai fait plusieurs fois l'aller-retour...avec mes yeux...12-21, 12-21, 12-21 ouais » ). 1 - je l'associe - je le retourne - je marque 21 - j'ai tracé une flèche du 21 vers ce 12 - je fais une flèche à double sens - je le fais d'abord en vert - je prends une autre couleur - je change de couleur - j'ai pris un crayon rose - je fais une flèche rose

A va utiliser une procédure d'association en complétant le schéma déjà tracé pour faire du lien et mémoriser, introduisant une couleur différente pour visualiser un mouvement entre deux chiffres qui sont les mêmes pour A : a) A associe le 21 par un débat intime pour lequel il est évident tout à coup que le 12 et le 21 sont les mêmes chiffres (348- j'me dis c'est les mêmes chiffres, 348-et j'me suis dit (tout bas:) c'est les mêmes...3s...j'me suis dit c'est les mêmes…), pas placés de la même façon l'un par rapport à l'autre ( 336- et je me suis dit euh...il est renversé, 342 - j'me suis dit c'est la même mais inversée...j'me suis exactement dit ça). b) A prend la décision de « retourner » le 12 pour en fair un 21 ( 348-.j'me demande s'il fallait pas juste les tourner…, 348- oui c'est comme ça qu'il fallait les tourner ). c) A effectue alors « une manipulation mentale », quelque chose qui est bien de l'ordre du mouvement mentalement effectué comme avec le corps, « une culbute » (342 - ... y avait une manipulation mentale à faire, 342 - j'le r'tourne comme une crêpe, 348- ...fallait l'enrouler sur lui-même en fait (avec le geste de la main de droite à gauche), 348- y avait deux mouvements à faire, 342 - c'était un mouvement ...passe que les autres en fait j'avais fait des flèches...c'était des mouvements euh...c'était un mouvement linéaire...alors que là quand j'arrivais sur ce 21...3s...(elle s'agite un peu)...y avait une culbute ). d) Décision à nouveau de mémoriser avec l'aide du schéma tracé et coloré à compléter (342 - et j'me suis dit du c… pour m'en souvenir...4s...y faut que j'les raccroche, 346- pour matérialiser ). e) Le 21 est inscrit en vert puis relié au 12 par un trait en vert, et non pas une flèche comme le pense d'abord A qui corrige d'elle-même, et qui a interrompu son tracé de flèche à cause de la couleur qui ne lui convient pas pour mémoriser ( 342- j'ai tracé une flèche du 21 vers ce 12 là, 342 - j'me suis dit oui mais ce trait vert ne va pas, 346 - donc j'me suis dit ça marche pas…, 346- j'me suis dit faut souv'nir « inversé », 52 - j'me dis non faudra d'abord que j'me souvienne que là c'est une procédure spéciale). f) Prise de décision d'introduire une flèche à double sens et d'une autre couleur ( 342 - pour me souvenir que... y avait une manipulation mentale à faire). g) Tracé d'une flèche rose à double sens (348- y avait deux mouvements à faire c'est pour ça qu'j'ai pris deux couleurs…, 52 - car comme c'est pas le même chemin…). h) retour d'une stabilité dans la mémorisation prononcée par débat intime qui sécurise ( 52 - j'me dis enfin voilà je peux faire des étapes, 52 - j'medis facile.), et l'indicateur « facilité » est retrouvé. V - j'ai glissé vers le 9 (6) 1 - je l'ai regardé à côté 2 - j'ai pris ma flèche rose - j'ai fait une flèche rose

Cette procédure de « manipulation mentale » va s'opérer à nouveau avec le chiffre suivant et semble correspondre à une manipulation que A fait même hors mémorisation, losqu'elle qu'elle l'évoque : le 9 est un 6 (inversé, non plus de gauche à droite mis de haut en bas) : a) Déplacement mental ( 358- j'ai glissé vers), qui correspondrait peut-être à un mouvement mental en 3D ? b) Nouvelle instabilité à la vue d'un nouveau chiffre, d'abord isolé lui aussi (52- à côté c'est un 6), qui donne lieu à un débat intime ( 362- j'ai dit « ah mince !, 362- j'ai dit encore un...bon j'ai dit bon c'est pas grave...beh c'est sûr (amusée - rires) j'me suis vraiment dit ça !... « ah ! Zut ! (gros soupir)...encore un compliqué bon alors...c'est pas grave...alors j'ai bien trouvé deux aut'es trucs sur les deux précédents….ça va y aller) c) Visualisation de la proximité du 9 et du 6 « à côté » (362- c'est pas un neuf c'est un 6 d'ailleurs, 364- le 9 là... qu'est juste au-d'ssus). d) Poursuite du débat intime qui va décider la même procédure d'inversion (52- par l'dessus c'est un 9 donc j'medis facile...du coup 6 c'est 9 inversé., 364-ah ben j'dis facile c'est pareil que 21 précédemment donc...ça faisait deux fois la même....enfin j'me suis dit « ah cool ! , 364-j'me suis dit ah encore un aut'mouvement, 52- faudra que j'me souvienne ). 6° phase – Nouvelle stratégie – visuo-auditive :

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Dernière ligne à mémoriser pour A qui changer à nouveau de stratégie sur une ligne qui est comme isolée du reste du tableau, mais qui va trouver un lien intrinsèque nouveau. I - je reviens à la ligne du dessous - je descends II - je regarde 15 III - je bascule sur le 11 IV - je change de stratégie 1 - je repars du premier 2 - je me récite - j'ai répété plusieurs fois - je le récite en ligne

a) A déplace son attention ou « se déplace » (?) sur la ligne « du dessous », la dernière du tableau ( 366- j'suis sur la ligne où ça commence par un 7), et l'attention se porte à nouveau sur un chiffre isolé, le 15 ( 52- c'est un 15, 366- j'vois). b) Nouveau débat intime face au chiffre qui, cette fois, touche A personnellement, et de façon émotionnellement chargée, rendant risquée une association ( 366- j'me dis « oh pppfffououou », 366- et c'est un chiffre ppffuuu, 366-j'me dis 15….5s...facile c'est l'anniversaire à N, 366-j'me dis « tiens c'est l'anniversaire à Nathanaël »,366- en m'disant « ah oui mais si tu l'accroches à c'chiffre), et donne lieu cette à une recherche de réassurance personnelle dans ses propres ressources (366- vu qu'tu t'trouv...vu qu't'as toujours peur de t'enfin...j'me dis pas « vu que »..j'me dis « ah mince j'ai toujours peur de...j'me demande si c'est bien judicieux de euh...de l'accrocher à ça...tout ça euh...passe que euh y a des confusions, est-ce que j'vais pas l'mélanger à 12...2012...et j'me dis « mais non tu vas t'en souv'nir euh...y suffira juste que tu refasses enfin...quand on te pose la question tu retrouves facilement la date donc tu la retrouveras ...donc euh...ça va y aller, 366- là j'me pose pas plus de questions sur le 15). c) Nouveau mouvement intime de « bascule » sur le 11 et constat qu'il y a risque de confusion (366-j'me dis « ah mince ! C'est lui qui va m'en c'est lui qui va m'embêter ! »...3s...passe que j'me dis y y...y va m'apporter d'la confusion…) . d) Décision de changer à nouveau de stratégie pour être sûre de la mémoriser ( 366- alors du coup...pour mémoriser c'te ligne). e) Mise en place d'une sorte de lecture de la ligne, composant la visualisation d'un chiffre (qui a été dessiné), d'un mot écrit en lettres d'imprimerie et l'audition d'un son en final, le tout formant une « phrase » entendue ( 78 - donc le 7 j j'le vois...le 7 c'est un 7 écrit….enfin ça c'est un...chiffre….mais à côté c'est 15 11...mais là c'est du son mais enfin...c'est écrit quinze, q u i n z e,... et 11 c'est un son… ce il est pas écrit...ça fait chiffre-mot-son et en fait l'ensemble forme une….l'ensemble forme une phrase que j'entends...que j'entends ou que j'me dis...7 15 11…, 366- et au moment où je répétais...alors le 7 se mettait comme un 7...5s...15 s'écrivait en en chiffres enfin en en lettres plutôt « quinze »...enfin dans une euh...police de caractères genre times...un peu classique, avec un empattement enfin...une écriture euh….c'est écrit comme écrit dans un livre là, 368- c'est pas écrit à la main….c'est écrit, comme dans un livre…, 370- et à côté c'est un son...c'est pas écrit ; 366- je me suis dit y sont proches...et pis 15 – 11 ça allait bien au niveau du son, 54 - j'me dis 7 15 11 ça va bien, enfin ça fait une phrase qui va bien ensemble). f) Répétition de cette phrase, auditivement, par la récitation ( 366- j'me récite 7, 15, 11, 366- j'ai répété, 56 - je me répète ça plusieurs fois, 56 - j'le récite en ligne..). 7° phase – Vérification par l'écriture : A effectue alors une dernière procédure de vérification de sa mémorisation. - je prends un autre crayon noir 1 - je commence à écrire avec ce crayon 2 - je le refais plusieurs fois - je le récris plusieurs fois

a) Prise de décision de A qui estime avoir « fait le tour de sa procédure », elle-même composée donc de plusieurs stratégie, et veut vérifier sa fonctionalité ( 54 - à partir de ce moment là je considère que j'ai...que j'ai fait le tour de mon...de ma procédure...de ma stratégie… donc j'vais vérifier qu'elle fonctionne...en...en la refaisant…, 54 - je m'dis faut que j'la teste, 54- .j'me dis faut je...je vérifie…). b) Prise en main d'un crayon d'une autre couleur que celui du schéma ayant servi à soutenir les stratégies : décision de discerner le schéma personnel et la récriture du tableau( 54 - pour qu'ce soit pas le mêmmm ...la même écriture que mon… que mon schéma..). c) Réécriture du tableau plusieurs fois, dans l'espace de la feuille où est déjà inscrit le schéma personnel, en suivant un chemin spatial qui commence au milieu, se poursuit vers la gauche en bas, puis à droite en bas, puis au milieu en bas, puis à droite en remontant en remontant le long du bord droit de la feuille. Le tableau reproduit devient de plus en plus petit ( 58 - je me souviens...plus j'avance dans la réécrit. ..passe que chaque fois qu'j'avance dans l'écrit...pour le réciter...5s...plus j'écris vite et plus j'les écris plus petits...c'est-à-dire euh...tuc tuc tuc tuc … donc j'commence par là j'me souviens … j'commence par récrire à peu près à partir du milieu de la feuille...j'descends...je tourne à droite….je remonte...une fois que j'suis ...voilà….là c'est bon).

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d) En même temps que la réécriture, visualisation du tableau d'origine ( 54- ça vient vient tout seul...donc j je jl'es vois en fait j'les visualise sur la feuille...sur la feuille d'origine, 56 - ouais...j'les vois bien…). e) Fin de la procédure de vérification quand les chiffres reviennent vite, et que l'indicateur « facile » permet de savoir que A peut s'en arrêter là ( 56 -jusqu'à c'que ce ce je bute plus en fait ...jusqu'à ce que ça s'enchaîne ...sans s'arrêter….ou alors jusqu'à ce que à chaque fois qu'il y a un trou...la réponse arrive vite...ça m'demande pas trop de temps ...à retrouver…, 60 - ça vient vite...ça vient vite et je euh...c'est logique...c'est logique et c'est facile…). 8° Phase - Procédure de restitution - - j'ai pris le crayon - j'ai récité dans ma tête - j'ai récité les chiffres, pas les moyens mnémotechniques - j'écris les chiffres - je rebascule sur la dernière ligne - je me pose la question - je vérifie ce que je dois écrire - j'essaie de me rappeler le moyen que j'ai utilisé pour l'enregistrer - je vois le 7 écrit - à côté c'est écrit quinze et 11 c'est un son – l'ensemble forme une phrase que j'entends ou que je me dis. - je relis - j'essaie de me souvenir de la consigne.

La restitution va mettre en évidence les modes comme hiérarchisés : a) D'abord réciter : retrouver auditivement la suite des chiffres, sans les moyens mnémotechniques b) les écrire, dans l'ordre linéaire de la première ligne, puis la deuxième, puis la troisième (ce que j'ai pu observer et noter au moment de la restitution écrite) c) une hésitation sur le premier chiffre de la dernière ligne (7), du cooup recherche de la stratégie support et visualisation du 7 d) visualisation à nouveau du quinze, puis audition du son onze, et de la phrase entière reconstituée e) relecture (probablement avec voix entendue) f) souvenir de la consigne pour restituer tout le tableau avec son cadre (tracé avec les lignes horizontales d'abord, puis les verticales ensuite de gauche à droite). Je déduis de tout cela que A est préférentiellement sur un mode auditif, mais que celui-ci est directement en prise avec le kinesthésique, et proprioceptif au sens où A évoque très souvent par son vocabulaire des positionnements du corps qui laissent penser à une perception de mouvements mentaux qui sont empruntés aux mouvements du corps, et peut-être bien éprouvés comme tels par moments (342 c'était un mouvement linéaire...alors que là quand j'arrivais sur ce 21...3s...(elle s'agite un peu)...y avait une culbute / 348- mon regard bascule / 40 - je rebifurque en diagonale vers la ligne verticale). Ce qui sera confirmé par sa descritpion de la roue du temps dans laquelle est se délocalise avec son corps imaginaire. En ce sens elle « est » ou évolue mentalement dans un espace 3D ; ce qui est cohérent avec l'espace nécessaire à tout mouvement : l'espace 3D pré-existe à tout mouvement réellement effectué ou bien seulement mentalement esquissé. Enfin s'ajoute l'usage du visuel qui est lui plutôt en 2D, avec le dessin et la couleur – mais toujours sous-tendu par le mouvement qui est un mode opératoire fondamental. Analyse de ma manière de mener l'entretien - L'induction de l'évocation s'annonçait très facile car Laure décroche tout de suite son regard de la pièce où nous menons l'entretien , mais c'était chez elle, donc elle connaissait parfaitement le lieu et pouvait s'y situer sans difficultés, en fermant les yeux et en indiquant des doigts ce qu'elle évoquait. Cependant, au moment où je lui demande « qu'est-ce qui te revient de ce moment-là ? », c'est ce qu'elle a imaginé de l'épreuve qui revient en force, le fait qu'il s'agisse d'un tableau de « chiffres » ayant provoqué une vive émotion. Insistant alors par ma demande sur la recherche d'une sensation, de « quelque chose qui est présent », Laure retrouve une sensation très intime, très « flottante », très « abstraite » dit-elle, qu'elle a du mal à décrire : - « j'chu presque plus un être humain...j'suis une machine, c'est très euh...c'est très euh...on va dire euh...j'existe presque dans la feuille de papier qu'je suis en train d'imaginer quoi...j'suis euh...c'est noir et blanc quoi...il y a plus de blanc que d'noir...j'vois une feuille de papier mais enfin...c'est presque pas une feuille de papier A4, j'suis dans la feuille enfin...j'suis en face mais euh...y a pas de bord...je c'est frontal….je suis en vis à vis de ... voilà...ce que je peux ressentir c'est ça c'est euh...un environnement très euh…..abstrait ». J'ai isolé ce passage au tout début dans le tableau de la suite chronologique des opérations, car je pense qu'on est bien au départ, dans la sensation, et une sensation « primordiale », sous-jacente. Mais il me semble aussi que c'est symptomatique d'une capacité de se projeter dans un espace, celui de la feuille, qui engendre comme une annulation des frontières entre la feuille et la pensée : le corps de la pensée évolue dans l'espace de la feuille. J'emploie « le corps de la pensée » pour désigner une pensée qui n'est pas comme un observateur extérieur à ce qu'il étudie, un regard « désincarné », mais qui au contraire utilise tous ses sens, et le sens du mouvement comme du déplacement en 3D pour identifier ce qu'il y a

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à observer. C'est ce qui peut aussi provoquer cette sensation « flottante » ou une impression d'abstraction, où les perceptions mentales ne sont plus vraiment orientées : l'orientation étant « un état du cerveau dans lequel les perceptions mentales sont en accord avec les faits réels et les conditions réelles de l'environnement » (page 44) dit Ron Davis. Cela correspond-il alors à de la désorientation ou bien à une non-orientation pontuelle ? La désorientation est l'opposé de l'orientation – ce qui n'est pas le cas ici à mon sens. Mais la non orientation « peut être un état de pure conscience sensorielle, exister seulement dans l'instant, pleinement ressentir, entendre, voir tout ce qui se passe » dit Davis (page 45). Et cet état est fugace. Il laisse place à une pensée qui utilise toutes les modalités sensorielles – ou presque, pour identifier puis mémoriser. Nous allons le voir dans la suite. Laure, toutefois, insiste sur le fait que sa mémorisation va être « mécanique » (16A), donc j'insiste moi aussi sur le pont sensoriel pour être sûre que nous n'allions pas trop vite : je sens déjà que c'est sa tendance. Je comprendrai, seulement en faisant l'analyse de cet entretien, que « mécanique » renvoie à un pré-parcours qu'elle a visualisé et qui est sa feuille de route à respecter coûte que coûte, d'où l'idée de « mécanique ». Elle revient alors sur les couleurs de la pièce. Et là, moi, perturbée par l'information précédente sur le noir et blanc de la feuille, je reviens sur l'idée « c'est abstrait » qui a pour effet de ne rien enclencher, si ce n'est un silence que je comprends contre-productif, alors je lance sans attendre le premier déroulé chronologique, ce qui fonctionne bien, elle y est. L'évocation va être de grande qualité même si elle fait un certain nombre de commentaires, ils ponctuent en quelque sorte une recherche personnelle en cours. Les indicateurs de cela : - les yeux la plupart du temps fermés et/ou osbtrués par les mains hyper mobiles, - les mains sont le plus souvent paumes sur les joues et doigts sur les yeux ; - les doigts caressent les lèvres et les joues, font beaucoup de mouvements autour de la sphère du visage, effectuant des mouvements et des tapotements légers ; - par moments les yeux sont découverts mais ils sont fixés sur un tableau virtuel qui est devant elle ; - la parole se fait hâchée, entrecoupée et ralentit beaucoup, elle accélère de nouveau quand elle commente mais ralentit sitôt qu'elle recherche l'action ; - et je dirais enfin la fatigue à la fin de l'entretien où Laure veut aller jusqu'au bout mais il est évident qu'elle y a mis une énergie énorme et qu'elle est à la limite de l'état second. Sur la conduite de l'entretien je ne m'attendais pas à ce que Laure parte si vite et si profondément dans l'explicitation, et je me suis trouvée devant un dilemme : entrer moi aussi assez vite dans l'approfondissement et probablement rater des étapes, ou bien la laisser aller dans son explicitation mais ne pas avoir du coup le déroulé chronologique entier. Alors j'ai choisi de questionner ponctuellement pour récupérer des informations, pour mieux visualiser – moi - les étapes qu'elle choisissait d'expliciter (25B à 94A), et de revenir ensuite sur ce qui me manquerait avec son accord, quitte à rebalayer l'ensemble (95B à 153B, puis 186A à 238A, puis 320A à 374A); ce qui s'est finalement produit et donne lieu à quatre déroulés chronologiques en évocation. Lors d'une pause, elle m'a expliqué comment fonctionnait sa « roue du temps », outil qui n'est pas nouveau pour elle, mais elle n'a pas pris conscience lors du premier déroulé chronologique qu'elle l'avait utilisée. J'ai reproduit le début de l'explication puis l'enregistrement que j'ai relancé en cours, pour avoir le maximum d'informations. J'aurais pu choisir de suivre un questionnement plus serré, plus « académique », mais deux choses m'ont freinée : le débit de paroles, paroles qui ne sont pas de simples commentaires mais un dialogue avec elle-même que j'ai « senti » être nécessaire à la quête d'informations, et par là même donc l'abondance d'informations. Avec le recul je pense que le débit faisait partie du moyen d'évocation et d'explicitation, car c'est un de ses modes fondamentaux de cognition : le débat intime est toujours actif. Ce qui m'a manqué c'est de l'identifier, lui, comme tel – débat intime - plus tôt. J'aurais peut-être eu alors l'idée de m'appuyer davantage sur lui pour proposer des relances, et ne pas laisser mon A diriger presque tout seul l'entretien. Cela dit, Laure, dans une problématique personnelle qui l'amène à un comportement « sécuritaire », c'est-à-dire de mise en sécurité d'elle-même face à une adversité toujours présumée chez elle, sa volonté de diriger est apparue là, malgré la confiance qu'elle m'a entièrement témoignée. N'était-ce pas alors à moi de lui assurer plus de sécurité encore en menant plus fermement l'entretien, et en entrant en dialogue avec ce débat intime ? Par exemple, lorsqu'elle me dit : en 36A – « donc là j'me dis ben y va y avoir encore un problème… », j'aurais très bien pu lui demander : « et quand tu te dis ben y va y avoir un problème, à quoi tu sais qu'il va y en avoir un ? »... Parce que du coup je la laisse chercher toute seule, au lieu de m'offrir en appui. Elle aurait pu expliciter probablement plus vite, et en se fatiguant moins, l'obstacle du carré en bas à

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droite, et peut-être aussi me donner à ce propos des informations qui me manquent : qu'est-ce qui était rédhibitoire dans ce « carré-là » ? J'y reviens un peu plus loin dans cette analyse. En même temps, ce dialogue intérieur est une intimité qu'il faut savoir ne pas briser. Quand Laure part dans un long dialogue, comme en 40A, je la laisse filer, mais je choisis d'intervenir au moment où elle cherche à s'enfoncer davantage dans la façon dont elle a fixé le 7, pour l'aider : 41B – comment tu fais pour fixer ça ? Et 43B – comment tu fais à ce moment-là ? Et là elle est repartie toute seule sur une sorte de narration du chemin parcouru, mais vécu à nouveau. Après une pause, reprise de l'entretien et nous entamons ce que j'ai nommé le deuxième déroulé chronologique. Là, prise de décision de ma part : il va falloir diriger davantage pour être sûre de ne pas louper quelque chose. Mes interventions sont alors fréquentes et n'attendent pas A en quelque sorte, je ralentis volontairement mon phrasé et baisse la voix au maximum pour l'accompagner dans l'évocation, et reste attachée aux questions qui vont bien : - 97B -...tu le parcours...tu le balayes des yeux...(je vais exagérément lentement et à voix basse) / - 99B -et euh...5s...j'aimerais bien que tu...reviennes tout doucement, tranquillement...sur...quand tu regardes le tableau...3s… comment tu le regardes ? / - 103B – tu vois des chiffres, y sont assez gros, est-ce que tu es attentive à autre chose en même temps ? / - 105B – prends l'temps (dis-je tout bas) / - 113B- à quoi tu sais qu'ils sont pas dans le bon sens ? / - 117B – d'accord...qu'est-ce que tu fais alors ? / - 121B- d'accord...et là qu'est-ce que tu fais ? / - 123B – comment tu fais un piqué ? / - 125B – tu l'isoles et tu fais autre chose en même temps ? / - 131B – qu'est-ce que tu cherches à faire ? / - 139B – donc tu t'concentres un moment sur ce premier...comment tu te concentres ? - Et là j'obtiens comme par magie (et non, je sais bien que Pierre Vermersch a élaboré un format de questions aux effets perlocutoires notoires maintenant au Grex !) : prise de conscience de la roulette du temps. - 176A - « c'est quand tu m'as...quand tu m'demandes euh...euh...tu t'concentres...4s...comment tu fais pour mémoriser ce 12...je sais pas comment ça s'fait...ça m'est revenu...je euh je m'suis dis euh...enfin j'l'ai revu c'truc...j'ai vu c'te roue...j'l'ai mis là...mm...4s… sans réfléchir…. » Là j'ai su diriger en douceur mais fermement et c'est ce qui permet cette prise de conscience. Laure évoque alors un « outil » de repérage temporel, une sorte d'agenda en 3D qu'elle utilise quasiment quotidiennement, et elle cherche spontanément à m'en faire un dessin et une explication. J'y reconnais, pour ma part, un fonctionnement déjà rencontré chez des personnes qui ont une pensée multidimensionnelle et surtout 3D, ayant une capacité à, mentalement, se délocaliser dans l'espace pour appréhender ce qui les touchent personnellement, ou être en mesure d'identifier de façon sereine ou « stable » ce qui est présenté. C'est ce qui explique probablement en partie ses descriptions étonnantes où : - elle se confond avec la feuille :14A – ...j'existe presque dans la feuille de papier qu'je suis en train d'imaginer quoi...c'est presque pas une feuille de papier A4, j'suis dans la feuille enfin...j'suis en face mais euh...y a pas de bord...je c'est frontal….je suis en vis à vis de ... voilà...ce que je peux ressentir c'est ça c'est euh...un environnement très euh…..abstrait - elle se sent de travers quand c'est la feuille qui l'est : 106A - ...4s...j'regarde les chiffres mais je je je vois que les ...mmm...la feuille et les traits sont de travers...et...enfin...j'su déjà dans la feuille mais j'su j'su d'travers en fait alors mm… - elle recherche une stabilité : 114A -...11s… passe qu'y montent...5s...y montent et pis y y… y sont...y sont posés de travers...y sont y sont pas stables...y sont pas en face en plus...y sont sur l'côté…/ 228A .le fait qu'ce soit pas clair pour moi...3s...fait que j'me euh...j'me dis qu'j'vais avoir besoin d'm'appuyer sur queque chose de de stable… / 132A - je cherche à créer un re un point de repère ...un point de départ qui me permettra de...de tout accrocher derrière comme un...comme un espèce de piquet...une espèce de piquet qu'on plante euh...euh...et on va pouvoir euh...tirer une ficelle après...partir de là. ...donc il faut qu'celui-là soit très très stable… - la roue des mois de l'année – la roulette du temps- représente comme un espace stable pour elle, où se « déplacer » dans le temps , observable en surplomb mais aussi pour se positionner dedans : 140A - « quand l'année avance j'me déplace ...j'me déplace sur ce disque… »/ 258A bis – (débit très ralenti)... »et au moment où j'chui ... au moment où j'chui sur ce segment courbe...j'le redécoupe et là ça devient une ligne (voix comme un peu suspendu dans une représentation)...8s...ah oui alors (amusée) ça d'vient une ligne mais ça...en fait je bascule de euh...je bascule du dessin à le vivre en fait… »

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- enfin elle pourrait peut-être bien faire partie des « dissociés », et il y aurait à explorer quand elle dit juste en passant : 26A- tu m'donnes cette feuille...et et elle glisse, elle vient se mettre un peu en en...par rapport à moi...si j'suis euh...dans mon dos...quand...dans ma position...la feuille elle se met à à ma main droite...euh...et en travers... Autre chose que j'aurais aimé questionner, ce sont toutes les interjections, fort nombreuses, pour explorer davantage le non-dit, tels que : - 140A – ta ta ta / - 156A – 188A – 202A – tac ! / - 196A – et paf !...et là ah ! / - 346A – clac ! (qui correspond à l'inversion 12-21). Certaines, comme la dernière citée, exprime clairement une opération, mais d'autres renvoient peut-être à des opérations plus fines non mises en évidence. En même temps Laure utilise beaucoup le mouvement, aussi bien mental que corporel, et les mains ont beaucoup travaillé pendant l'entretien, donc je suppose que tout cela correspond à l'expression de ces divers mouvements. Ce que j'ai « oublié » de questionner, à mon sens, c'est le pré-parcours. Il repose sur une croyance, mais je n'ai pas trouvé le moyen d'aller questionner ce qui l'a verrouillée. A l'évidence le tableau s'est découpé pour Laure entre deux zones : l'une parcourable, formant une ligne supérieure et une colonne de gauche qui encadrent le tout, et l'autre, une zone impénétrable immédiatement, floue, à tenir à distance. Et cela reste un mystère ici : quelle croyance est ici à l’œuvre. Je n'ai pas su questionner sur ce pré-parcours qui, pourtant, intéressait A : - 224A - « un un pré-parcourt qui s'est... voilà...je savais...à ce moment-là je sais qu'ce'st comme ça qu'ça va euh...que j'vais l'enregistrer... - 225B- ok - 226A-...donc du coup quand j'l'enregistre...je je je re-suis... - 227B- hum hum - 228A-...mon pré-parcours...et en fait j j j'me souviens...me faire la réflexion...ah d'accord !...au moment où j'le balaye là et où y a c'te zone floue...j'me dis ah d'accord !...donc y va falloir...donc je mets en j j j oui je je...j'me fais la réflexion à moi-même en m'disant y va falloir que tu mémorises horizontal, vertical, et après tu f'ras le bloc là...5s...mm mm passe que j mm...mmpeu ah la la qu'est-ce que j'me dis à c'moment-là ?...3s...pourquoi j'me dis ça ? (tout bas)...10s..j'me dis qu'j'vais en avoir besoin...6s...j'me dis qu'j'vais en avoir besoin (tout bas)...5s...oui alors ppffuu...quand j'fais ce balayage là et qu'la feuille est toujours tordue là...j'suis pas en train de mémoriser les chiffres, j'suis en train d'regarder...6s….j'les je fais c'balayage là...6s...et au moment où enfin une fois qu'jai fini c'balayage j'me dis...alors...tiens tu viens déjà ppffuu...je m'su...j'ai du m'faire la réflexion...6s...de comment j'avais parcouru l'truc...9s...à cause de cette zone floue...enfin...le..le fait que je je euh...le fait qu'ce soit pas clair pour moi...3s...fait que j'me euh...j'me dis qu'j'vais avoir besoin d'm'appuyer sur queque chose de de stable... - 229B- mm... - 230A-...c'est ça…et ça j'le savais avant même de commencer l'exercice...et du coup quand j'fais ce premier balayage...j'me rends que c'est...que...4s..j'me rends compte que cette partie horizontale et verticale...sont pour moi stables et que css, cette partie floue là...donc j'me dis du coup ah tiens là donc tu vois comment t'as fait là c'est ça qui va stabiliser le...le...c'est ça qui va stabiliser le le la mémorisation...donc faut faut ppffuu...y faudra faire comme ça...ou enfin j'me j'me euh - 231B – hum hum - 232A-j'm'enregistre une pré-procédure en m'disant euh...en ayant la sensation qu'la stabilité va venir de là... - 233B- d'accord…. » Il est évident que A cherche, et qu'à ce moment-là je suis tellement perplexe que je ne trouve pas le moyen de rebondir. J'étais sous l'idée étonnante de la roulette du temps, et un peu sidérée. Cela n'a pas empêché d'avoir une explicitation des nombreux modes cognitifs mis en œuvre pour la mémorisation, mais l'impulsion de départ qui pose l'ordre de mémorisation me manque. Je suppose un principe d'identification rapide des chiffres et de leur correspondance avec l'agenda personnel, qui rend les chiffres significatifs plus clairs, et les chiffres non significatifs flous. Mais cela reste à l'état de supposition. Un certain nombre de manques donc dans cet entretien, de moments où j'aurais pu mener la barque plus fermement. En même temps, quand je vois le nombre d'heures que j'ai passées à en faire l'analyse pour extraire les véritables informations que je n'ai pas, sur le coup, toutes saisies, bien loin de là, je me dis que je n'ai pas si mal mené l'entretien que cela, car il regorge de données, et donne un paysage assez précis des stratégies multiples utilisées par A – qui m'a bien aidée dans la moisson.

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La façon dont j'ai mené l'entretien, j'y pense, me ressemble : intervenir peu, voir pas assez, pour ne pas déranger, mais finalement revenir à ce qui me paraît essentiel discrètement… et repartir sans forcément avoir toutes les informations car j'ai en poche un truc étonnant (la roue du temps), qui me laisse passer à côté d'un autre truc étonnant (la croyance du pré-parcours), parce que j'ai toujours apprécié d'avoir quelque chose en reste à penser… plutôt qu'à connaître : j'aime l'interprétation ! Mon point fort est une grande capacité d'empathie qui me permet de suivre pas à pas, et de ne pas troubler l'évocation de A, et d'accueillir mentalement des éléments de représentation que je ne cherche pas alors à interpréter… Pour reprendre à mon compte ce que Carl R. Rogers estime capital : « il est toujours extrêmement enrichissant pour moi de pouvoir accepter une autre personne » (page 18, voir tout le passage de 14 à 24) - j'ajoute – dans toutes les dimensions de sa faculté de se représenter. Mais il me faut juste réussir à garder mon attention plus « dissociée » de ce pas à pas, pour lui conférer un guidage plus ajusté encore. L'empathie peut accueillir le mode affectif de l'autre et sa visée, mais ne doit pas, en l'occurrence, gêner l'exploration de l'attention « flottante » qui a promis de le guider. Et ce que rappelle Pierre Vermersch me paraît fondamental : « L'objectif de l'entretien d'explicitation est bien de mettre à jour des informations descriptives d'une granularité aussi fine que nécessaire, de façon à rendre cette élucidation possible. Mais cette élucidation ne repose pas uniquement sur la seule technique de questionnement. Elle repose aussi sur l'habileté de l'intervieweur à repérer ce qu'il est judicieux de faire détailler. Cette habileté sera fonction de la multiplicité de ses repères théoriques, de sa maîtrise de l'analyse de la tâche, de sa capacité diagnostique » (p.178). Conclusion et précision - L'entretien d'explicitation est un outil extraordinaire, et l'analyse de l'entretien aussi, ils nous font faire des pas de géants vers nous-mêmes. Je dirais que d'avoir commencé par cette formation en Entretien d'Explicitation, pour poursuivre chez Davis, puis « revenir » vers la puissance de cette analyse technique, conjugue deux modes d'accès au cognitif des plus complémentaires. L'un, par un format de questions dont l'enjeu est la verbalisation, tout en veillant à tenir compte, pour le succès même de cette verbalisation, du non verbal en actes corporels et mentaux. L'autre, dans sa proposition de remédier à des difficultés d'apprentissages (son but premier), par un « format » de modélisations 3D qui deviennent le substrat de l'exercice du non verbal, en vue d'aider à la verbalisation des concepts fondamentaux de notre connaissance. Chez Davis, on ne cherche pas à expliciter le mode cognitif pour une prise de conscience de ses propres actes, on cherche à expliciter des représentations sur lesquelles tout mode cognitif va pouvoir s'exercer et construire une connaissance. En effet, comme Davis s'adresse à des personnes autistes et/ou dyslexiques, il s'adresse à un public qui n'arrive pas vraiment à verbaliser : difficilement, peu ou pas du tout (comme c'était le cas de Ron Davis lui-même, enfant autiste Kanner et dyslexique). Son approche consiste finalement à obtenir un réfléchissement du contenu d'un concept de vie fondamental, ou de ce qu'on peut appeler une loi physique, mentale ou bien relationnelle. Cela afin de sortir de la confusion où la pensée, surtout autistique, se trouve et se perd… Cette pensée, habituellement non verbale, en images, donc sans mots liés aux représentations, est doublée d'une perception déformée (intensifiée ou bien lacunaire) de la réalité. Lorsqu'elle se trouve confrontée à une situation confuse (par sa perception), elle a tendance à accentuer le travail de l'imagination (1) pour identifier ce que sa perception ne lui donne pas clairement. Elle déforme alors celle-ci encore davantage. Et c'est pourquoi elle ne parvient pas à construire les connaissances communes. Au fond, il lui manque, et souvent très tôt dans la petite enfance, des contenus de connaissance. Davis propose alors ces contenus en les co-construisant avec la personne/l'enfant, en lui donnant l'occasion d'effectuer un véritable « réfléchissement » à travers la modélisation 3D en pâte à modeler. « La mise en œuvre de l'acte réfléchissant permet de rendre conscient (donc de faire exister pour la conceptualisation) des informations préréfléchies, des aspects de la conduite du sujet qu'il a effectivement vécus sans pour autant les avoir conscientisés et donc se les être appropriés » dit Vermersch (p.184). La personne qui a un vécu « parcellaire », ou même qui n'a pas vécu certaines expériences de vie car elle était trop confuse dans sa perception, peut, avec l'aide d'une autre, (re)faire l'expérience (impératif de cette approche : le concret de l'expérience vécue) et la modéliser pour effectuer un réfléchissement, s'approprier alors ses expériences, et les lier entre elles. Davis part de l'observation que les enfants autistes n'ont pas pleinement atteint l'individuation. Et c'est ce qui fait manquer tout réfléchissement du vécu car le moi de l'enfant, non individué, « est tout et rien à la fois »,

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donc il ne peut pas y avoir de liens entre des parties qu'il ne distingue pas, ni entre elles, ni de lui-même, son moi n'étant pas encore une réalité à part entière pour lui. C'est pourquoi toute l'approche Davis repose sur, tout d'abord, l'individualisation (à l'aide d'outils mentaux pour permettre à l'attention de s'orienter et de percevoir correctement à nouveau – que je n'expliciterai pas ici), puis sur la possibilité seulement alors de vivre une expérience, puis sur la nécessité d'opérer (avec la modélisation) un réfléchissement qui permet de s'approprier les concepts fondamentaux dont l'individu a besoin pour vivre pleinement. La personne dyslexique bénéficie de cette approche quand elle subit parfois de telles désorientations qu'elle déforme elle aussi sa perception, et « loupe » quelque leçon de vie. Voici précisé, en partie, le rapport intuitivement subodoré, depuis le début de mes pérégrinations, entre Vermersch et Davis… une histoire de « réfléchissement »… à modéliser ? (1) J'entends par imagination ici le mode cognitif qui représente un objet ou une situation sous son propre mode visuel (2D ou 3D), auditif (musical), kinésthésique (mouvement et proprioception), synesthésique (diverses sensations données ensemble, usage de la couleur pour le sens), systémique (construction de réseaux 3D de toutes sortes), etc. Bibliographie - Pierre Vermersch, L'entretien d'explicitation, Editions ESF 1994. Carl R. Rogers, Le développement de la personne, Editions Dunod 1998. Ron D. Davis, Le don de dyslexie, Le don d'apprendre, Editions Desclée de Brouwer, L'autisme et les graines du changement, Editions ITV 2015. 2 - le fait que ces associations peuvent être mobilisées de plusieurs manières : D'un simple outil précisant les niveaux de description du vécu, nous basculons dans une théorie générale du fonctionnement cognitif, dans une perspective plus claire sur la création.

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REFLEX 17 mars 2018

Comme un prolongement de cette matinée… Présenté par Patricia Rottement, animatrice de Reflex.

Auteurs : Christine Lacaque, Claude Lassalzéde, Muriel Thibaut, Anne Flye Sainte Marie et Marie-Hélène Durand

Reflex, le réseau des formateurs lorrains pour l'entretien d'explicitation est un réseau informel fondé en 2005 à l’initiative d’Anne Flye Sainte Marie et Catherine Bochet. Plusieurs fois par an, Reflex organise à Nancy des regroupements d'une demi-journée. Que l’on soit débutant, expert, en recherche ou curieux, ces réunions permettent de s’entraîner, de découvrir de nouvelles techniques, d'échanger sur les usages de l'entretien d'explicitation dans des univers professionnels variés : l'enseignement, la formation, la VAE, le bilan de compétences, l'analyse des pratiques, la recherche universitaire, le développement et le transfert des compétences...L’atelier donne également l'occasion de se tenir informé des avancées du GREX, des sujets de recherche qu'il explore, des publications d'articles ou de livres utiles aux praticiens. L’atelier de Nancy s’inspire de l’atelier du GREX à Paris, animé par Claudine Martinez et Marine Bonduelle, jusque dans l’écriture de cet article.15 Plusieurs participants ont répondu à l’invitation à partager leur expérience, voici leurs textes. L’intention : …nous pourrions écrire quelques lignes, sur nos vécus de ce matin. Si vous en avez envie, préparez-vous…Quand vous serez prêt et installé….laisser revenir un moment de cette matinée, un moment ….et peut-être un moment de ce moment….ce qui vient, comme ça vient. Laissez-vous l’écrire comme il vous vient. Quelque chose que vous avez envie de partager avec les autres participants. Nos textes resteront à Reflex, ou partiront vers la revue Expliciter, pourquoi pas… Christine Lacaque Après une semaine bien remplie je suis contente le vendredi 16 au soir de savoir que le lendemain je vais aller retrouver Patricia et d’autres personnes pour une réunion REFLEX. Nous n’avons pas eu l’occasion de nous retrouver depuis mai !!! Savoir que nous allons partager ensemble et avec d’autres un moment singulier efface la fatigue de la semaine. J’espère retrouver Claude, Catherine, Anne, Sarah, Nadine, Géraldine, Paola et Denis dont j’avais pris en note les prénoms.De plus j’ai une collègue, Marie-Hélène, très intéressée par les techniques d’explicitation qui sera présente. Je suis super contente de sa venue car depuis notre 1re rencontre il y a maintenant environ 9 ans (Je crois ?! Que le temps passe vite !) Nous avons toujours maintenu un contact professionnel qui nous a conduits non seulement à travailler ensemble mais surtout à partager les mêmes valeurs. Il y a des amitiés professionnelles que l’on a plaisir à vivre ouvertement! Samedi je me lève vers 7h pour reprendre en lecture mes notes sur l’entretien d’explicitation et celles prise lors de notre dernière réunion. Puis, je commence à réfléchir : quand ai-je utilisé cette technique pour la derrière fois?Je l’avoue même si j’ai été formée en mars et avril 2015 je me sens encore novice sur la pratique. Certes en sortant de cette formation initiale, imprégnée, j’ai immédiatement utilisé ou plutôt essayé de l’adapter à la formation aux gestes et soins d’urgence (3 jours d’une durée de 21h sur les urgences vitales, les urgences potentielles et les plans de secours et risques collectifs).Lors de mises en situation professionnelles simulées sur des prises en charge de patient pour le feed-back je questionne l’élève: « je voudrais revenir au moment où tu es entré dans la salle ……….. » « Quand tu es entré dans la salle qu’est-ce que tu as vu? » « Quand tu as regardé le patient qu’est-ce que tu as observé? » « Qu’as-tu fait précisément ? » « Qu’est-ce que tu as entendu ? » « À quoi tu as pensé ? » « Et qu’est-ce que tu as-fait ? » « Que fais-tu précisément à ce moment-là ? » « Qu’est-ce qui t’a fait penser à cela ? » « A priori est-ce que cette idée te paraissait pertinente ? » « Et quand tu vois où entend… (Reformulation si erreur) qu’est-ce que tu devais faire ? »Cela permet de reprendre rapidement les différentes étapes de la prise en charge et en partant de l’étape initiale (intuitive) de reprendre les indices choisis par l’élève pour agir, de comprendre les éventuelles erreurs afin de les corriger et de réajuster (autoévaluation par l’élève et évaluation pour le formateur).Dans les enseignements pratiques en formation au Diplôme d’Etat ambulancier je reprends cette même technique et pour conclure le feed-back et quitter l’entretien d’explicitation je pose les questions suivantes: « comment analyses-tu ta prestation d’un point de vue critique ? » « Que faut-il renforcer ? » « Que faut-il que tu modifies ? » Formaliser par écrit la technique d’explicitation que j’ai adaptée à mon quotidien 15 Lire les témoignages réunis par Claudine : Martinez C. (2017), Une journée de l'atelier Grex sur Paris, Expliciter n°114, p.18-19 ; Martinez C., (2018), Echos de l'atelier de février 2018, Expliciter n° 118, p. 35-39.

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professionnel me permet d’échanger avec vous sur mes pratiques professionnelles. Je me suis inspirée non seulement des techniques développées avec Patricia mais aussi des interventions du Dr Thierry PELACCIA sur la motivation des étudiants et sur son ouvrage « Comment (mieux) former les étudiants en médecine et en sciences de la santé paru aux éditions de Boeck Supérieur ( dans la collection - Guides pratiques- Former et se former).Mais revenons à ma question initiale : quand ai-je utilisé cette technique pour la derrière fois? C’est lors du suivi individuel de formation avec un élève il y a maintenant 6 mois (pour information nos élèves sont des adultes en formation). Rapidement celui-ci au décours de notre échange évoque des difficultés dans la mémorisation des connaissances « je n’y arrive pas » avec des résultats sur les évaluations en dessous de la moyenne. J’ai utilisé à un moment donné la technique d’explicitation mais de manière informelle. Je n’ai donc pas utilisé la phrase « je te propose, si tu en es d’accord…. » mais plutôt par la reformulation « quand tu révises tes cours le soir (phrase de reformulation) tu es où ? » « Comment es-tu installé ? » « Es-tu seul dans cette pièce? » etc. Ce qui a permis de mettre en exergue par la mise en mots les conditions de travail : assis à la table de la salle à manger, ses enfants jouant dans la maison ou regardant la télévision (celle-ci à quelques mètres de lui), sa femme dans la cuisine ou une autre pièce qui parfois lui demande quelque chose…….. Au bout de quelques minutes il me regarde avec un visage étonné et me dit « comment je peux apprendre dans ces conditions ? » Et de trouver une solution plus confortable « je suis du matin » et de renchérir « il suffit que je me lève plus tôt quand tout le monde dort encore. Je serai au calme » Le résultat fut positif puisque dans les quelques semaines qui suivirent les résultats aux évaluations (1/semaine) furent au-dessus ou égale à 12 et l’élève spontanément est venu me remercier d’avoir pu l’aider à prendre conscience de cette situation.Voilà dans quel état d’esprit je suis lorsque je prends le chemin de la fac à pied : est-ce que je conduis les élèves dans un processus de démarche réflexive pertinente ? Je suis dans cette réflexion quand mon regard se porte sur la devanture de la boulangerie de mon quartier «au fait, la dernière fois il y avait du café et gâteaux, je n’ai rien à apporter, zut ! Zut ! Zut ! Il faudra que je demande qu’à la prochaine réunion cette information soit rappelée !!! » Or, j’ai découvert lundi en regardant ma boîte mail à mon travail (j’étais absente depuis mardi dernier) que cela avait été rappelé : la loose comme disent les jeun’s !!!! Arrivée près de l’entrée de la fac je suis interpellé par Marie-Hélène qui m’attendait au chaud dans sa voiture garée en face de l’entrée et chemin faisant nous cherchons la salle : aucune de nous n’a fait attention à l’info dans les mails précédents !!! Oups !!! Nous croisons une personne avec un café à la main, qui nous dit « vous venez pour la réunion REFLEX ? C’est la salle 5 ». Merci beaucoup Marie-Laure pour ton aide précieuse. Et nous voilà entrant dans la salle : revoir Patricia, Paola, Anne, puis Claude, Catherine, et voir des têtes nouvelles me fait chaud au cœur : se rencontrer pour partager un moment « unique » (je le considère ainsi) me réchauffe même sans boire un café d’autant que la température extérieure est basse (7°c je crois me souvenir).Puis Patricia nous amène au 1er exercice : Je me greffe à un groupe où je retrouve Catherine avec qui j’avais déjà eu l’occasion de m’exercer (je suis contente d’apprendre qu’elle a réussi brillamment son master !!) et Nadine pour une évocation sur un moment agréable entre le diner d’hier et ce matin au petit déjeuner. Anne me rappelle de faire attention à ma voix qui porte : je suis habituée sans micro à parler en salle de cours à une cinquantaine d’élèves avec une voix grave (+ une perte d’audition) !!!! Je la remercie de me le rappeler.Qui est A, qui est B et qui est C, nous choisissons nos rôles : J’exprime alors en tant que B le besoin d’utiliser ma fiche de questionnement (où je retrouve quelques notes complémentaires) afin d’amener A à entrer en évocation et de revivifier ce moment particulier. Intérieurement je ne me sens pas à l’aise je regarde parfois la feuille et rapidement je m’en détache. Parfois je vois C prendre brièvement quelques notes tout en poursuivant mon écoute. Nous sommes alors emmenés par un retour en arrière, sur une attention centrée sur A qui lui permet de revivre son moment singulier et subjectif, connaitre sa manière d’agir, de réagir. C’est un lâcher prise tel un cadeau partagé entre 3 personnes où la confiance est de mise et où tout ce qui nous entoure disparait. C me recentre sur une de mes questions où j’utilise « tu as pensé à quoi….. » et où A décroche, et d’instinct, je reviens sur « qu’est-ce que tu entends à ce moment-là ? » et ramène A dans l’évocation. Le visage de A est très expressif : observer la profondeur de son regard, son attitude corporelle, ses mouvements de mains permettent d’identifier son introspection : c’est magique !!!Puis après un court moment nous repartons sur un 2ème exercice. Nous nous retrouvons dans notre petit coin et nous nous questionnons et c’est après concertation que je me positionne en A. C’est au tour de C de prendre le rôle de B et à A de prendre le rôle de C. Retrouver une situation que j’ai surmontée et réussie : B m’y emmène avec douceur et reviennent dans mon corps les mêmes sensations ressenties lors de ce moment particulier : frissons, crispation du ventre, mais aussi le

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fait d’être pleinement avec ce que je dois faire « présenter mon travail de recherche face à un jury et d’autres personnes ». Essayer de retrouver ce moment je ne le peux car je n’ai aucun souvenir de ma présentation entre le moment où j’ai commencé et où j’ai entendu un jury présent à mes côtés demander à l’assemblée à lire le travail et de citer mon nom, de revivre ce moment fort me permets alors de distinguer clairement le fait que pour ma présentation future je désire la vivre avec la même intensité et surtout avec la même passion : c’est ce qui ressortira de notre trio avant de rejoindre le groupe pour le débriefing. Merci à toi Nadine pour avoir pu m’aider à me mettre vraiment en perspective. Patricia a évoqué l’effet miroir de cet exercice c’est tout à fait ce que j’ai pu vivre et de permettre inconsciemment de clôturer l’entretien : là encore c’est magique !Puis arrive le débriefing de nos 2 expériences. Ce tour de table permet à chacun d’évoquer son positionnement et son expérience. Je prends conscience de nouveau de l’ampleur de la pratique réflexive. La connaissance de soi en action, dans l’action, et pour l’action. Quelle richesse de partager un à un notre vécu mais il faut s’arrêter car il est déjà 12h20. C’est trop court : j’aurais aimé continuer mais voilà certains ont de la route à faire, un WE de repos, des obligations personnelles…. Bref le temps s’est arrêté pendant ces 3 heures passées et nous allons retrouver le monde extérieur. J’ai un sentiment de bien-être en partant de la salle 5 avec Marie-Hélène mais je suis triste que nous nous quittions : j’étais si bien !!! Heureusement nous allons nous revoir prochainement puisqu’une date est déjà fixée pour mai! Avec Marie-Hélène nous prenons le temps encore de parler devant la fac de ce moment unique et fabuleux mais aussi d’autres choses mais devant les lèvres cyanosées de Marie nous décidons de nous quitter. Nous pourrons nous revoir sur notre lieu de travail puisque nous travaillons au même endroit. Je retourne chez moi à pied, légère et ravie de cette journée. Merci à toutes et tous pour cette matinée et surtout à très bientôt.

Christine mercredi 21 mars 2018 Claude Lassalzède Quand vous serez prêt et installé….laisser revenir un moment de cette matinée, un moment... et peut-être un moment de ce moment… ce qui vient, comme ça vient. Laissez-vous l’écrire comme il vous vient. Quelque chose que vous avez envie de partager avec les autres participants... Patricia.

Tranche de vie, expérience et questions à emporter En cherchant le groupe Chouette, je vais retrouver Patricia et Anne. Patricia qui a été ma formatrice pour le stage de base en novembre 2014 / janvier 2015. Patricia qui m'a encore accompagné dans mes errances, mes interrogations et projets à foison qui se bousculaient dans ma tête alors que je découvrais des perspectives d'investissement et de développement personnel en même temps que la richesse de l'explicitation. Patricia qui a encore été ma formatrice pour le stage niveau 2 sur la pratique réflexive en octobre 2016, stage mémorable en émotions, illuminations, dénouages et autres démêlages... Et Anne, qui a été ma formatrice au MASTER Ingénierie de la Formation de Formateurs (IFF) en 2013/2014 et par qui tout a débuté somme toute ! Elle était encore maitre de conférence et formatrice en pleine activité à l'Université de Nancy. Elle avait en charge le groupe d'entrainement à l'analyse de situations éducatives (GEASE) qui se déroulaient sur l'année entière et aussi le module "Entretien". Quelle découverte, ce module ! Et quel soulagement ! Voilà enfin quelqu'un qui proposait un outil d'écoute et de décryptage des propos de l'autre : non pas d'écoute et de décryptage du discours du formateur ou du professeur, non ! Mais d'écoute du formé... Ça change la donne ! Et j'avais besoin d'être écouté. Et j'avais besoin d'apprendre à écouter mieux. C'est Anne qui m'a donné le virus. Il est hors de question que j'en guérisse. Patricia et Anne que j'ai croisées depuis, à chaque réunion du réseau de formateurs lorrains à l'explicitation (Réflex). Toujours là, toujours fidèles à contaminer qui avait la bonne idée de s'approcher. Et toujours du plaisir à travailler à leurs côtés, accompagné par leur sourire et leur passion.Chouette donc ! Encore quelques bons moments en perspective. Combien serons-nous, cette fois-ci ? En entrant en A05 Bonjour ! Nous vous cherchions en A118 ! Oui, mes fondamentaux m'ont dirigé droit en A118 à l'étage... mais vous êtes là.Fichtre, que nous sommes nombreux ! Onze avec Sarah et moi : une vraie épidémie ! Oh mais c'est Muriel qui arrive ! Douze malades ! Ils ont l'air bien portants ces patients, pour revenir bénévolement un samedi matin glacial à la fac ! Et non, je n'ai rien de plus à proposer que ce que tu proposes, Patricia : un tour de chauffe et une fertilisation croisée déjà pratiquée. Chouette encore : j'ai pu apprécier et j'en redemande. Alors allons-y. Bonjour Marie-Hélène, bonjour Marie-Laure... En chemin sur place

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Me voici B. Patricia a parlé de fondamentaux tout-à-l’heure. S'appuyer sur les fondamentaux, oui bien sûr. En voici trois qui m'interrogent : 1/ l'ante-début : une invite à choisir son rôle, son tour, une prière à s'asseoir en coin, un soin à sourire et à parler d'une voix feutrée, ralentir mes gestes et mon débit de paroles... Non qu'il s'agisse là d'une contrainte pénible que la situation impose. Ni que je me force à tenir un rôle de composition, avec tenue d'un masque qui frise l'hypocrisie. Comme j'en avais un peu le sentiment dans mes premières tentatives, lorsque j'apprenais... Non, non ! C'est avec plaisir et bonheur que je le fais. J'ai envie de le faire, et j'ai envie de faire la connaissance de ces deux personnes. Elles me font confiance ! Elles m'ont tout de suite accordé leur confiance ! Je leur ai donné ma confiance aussi : confiance qu'elles veuillent bien me laisser les accompagner. Confiance qu'elles m'aident à les aider. Comment avons-nous fait, elles et moi, pour comprendre que nous pouvions nous faire confiance mutuellement ? La confiance se lit-elle sur le visage ? Se décrète-t-elle ? Se choisit-on ? 2/ le contrat d'attelage : Marie-Hélène, je te propose, si tu en es d'accord, de laisser revenir à ta mémoire un moment agréable de la journée d'hier. Prends ton temps. Lorsque tu l'as, dis-le moi, fais-moi signe. Il y a quatre ans, je jugeais cette formule toute faite proprement ridicule. Une récitation d'écolier ! Qu'il faut apprendre par cœur ! Une formule magique de conte de fée ! Comme si on se préparait à jeter un sort... Et puis quoi encore ? Il ne manquerait plus que la baguette... Sauf que, oui, grâce à cette entame, à cette ouverture du dialogue, grâce aux effets perlocutoires de ces mots, le sort est jeté, et celui-là n'est pas un hasard. Les mots ont été pesés, choisis, mûrement réfléchis, diversement éprouvés, empiriquement testés16. Et ça marche, comme par magie. Mais ce n'est pas de la magie : car la formule convoque davantage l'accueil de l'autre et de ses mots, la confiance en l'autre, la conviction d'une rencontre bienveillante de soi et le lâcher-prise. Ce qui est magique en revanche, c'est l'immensité du pouvoir d'évocation et du potentiel de prise de conscience que cette entame libère. La magie se reconnait-elle dans une formule ? Quels autres paramètres encore prendre en compte pour faciliter l'évocation ? 3/ la clôture : Merci ! Voilà ce que j'ai dit. Quoi dire d'autre ? Je me suis plusieurs fois posé la question sans trouver autre chose à dire. Merci pour ce partage et pour cette aventure. Merci de m'avoir accordé ta confiance. Car comment clore un entretien ? Pour cela faut-il encore savoir quand l'entretien est fini... Qui sait et à quoi sait-on qu'un entretien est fini ? Bien sûr, nous repenserons aux précisions données par Pierre : tout dépend de l'objectif : « aider l'intervieweur a s'informer, aider l'élève à s'auto-informer, lui apprendre à s'auto-informer » (Vermersch, 2006, p. 27) 17 . Je n'ai pas encore trouvé dans les évocations des interviewés que j'ai pu accompagner de moment précis où, soudainement, A ou B pourrait reconnaître la fin de l'entretien. C'est toujours un continuum, une trajectoire qui se poursuit aussi loin que nos forces peuvent nous porter. Nous pouvons toujours aller plus profond, être plus précis, explorer d'autres moments et trouver davantage de pépites, toutes aussi belles les unes que les autres. Peut-être ma pratique est-elle encore trop peu développée pour atteindre les confins de l'intelligibilité que je n'ai pas su approcher d'assez près 18. Qui décide ce qui est important dans l'évocation ? Peut-on aider l'interviewé à reconnaître ce qui est important pour lui ? Comment décider de mettre un terme à l'entretien ? En sortant de A05 Je suis content de cette matinée. J'ai l'impression d'avoir su accompagner Marie-Hélène et Marie-Laure : elles ont envie de revenir. Ça y est, c'est sûr, elles sont contaminées. Et puis, j'ai de nouveau des tas de questions sans réponses assurées et des pistes à explorer. Du grain à moudre. Des entretiens à mener. 16 Autour des effets perlocutoires. Table des matières et origines des textes rassemblés. 1 - Approche des effets des relances. Vermersch, P. et al, 2003, Expliciter, 49, 1-30. 2 - Commentaires exploratoires sur des exemples de relances/répliques. Vermersch, P., 2003, Expliciter, 51, 22-24. 3 -Exemple d'utilisation du schéma d'analyse des effets des relances. Vermersch, P. 2004, Expliciter,55, 27-30. 4 - Ma participation à l'exercice d'analyse d'une unité de relances. Martinez, C., 2004, Expliciter, 55, 38-40. 5 Nouvel exemple d'analyse inférentielle des relances. Maurel, M., 2004, Expliciter, 55, 12-15.6 - Approche des effets perlocutoires : 1- Différentes causalités perlocutoires : demander, convaincre, induire. Vermersch, P., 2007, Expliciter, 71, 1-23. 7 – Le contrat d'attelage. Cazemajou, A., 2018, Expliciter, 117, 1-7. 17 Vermersch, P. (2006). L' entretien d'explicitation. Nouvelle édition enrichie d'un glossaire (5è éd.). Issy-les-Moulineaux : ESF Éditeur. 18 Au-delà des limites de l’introspection descriptive : l’inconscient organisationnel et les lois d'association. Vermersch, P., 2017, Expliciter, 114, 1-17.

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Comme B et aussi comme A. Des auto-explicitations sans doute aussi. Yes ! Merci à vous toutes que j'ai croisées dans ce groupe. Et au plaisir de partager notre microbe. Claude, le 18/03/2018. Muriel Thibaut C’est samedi, je me force et je me lève la première. C’est bizarre cette impression de seul au monde, tout le monde dort. Même sentiment sur l’autoroute, je suis seule sur la route et je roule sur l’A31 à la vitesse autorisée. Une vitesse possible qui est réservée à ceux qui se lèvent le samedi. Bonne surprise à la fac, la barrière est ouverte, et j’ai le numéro de la salle que Patricia m’a renvoyé. Je suis émue de venir et j’ai un peu d’appréhension car voilà trop longtemps que je n’ai pas rejoint le groupe …et malgré tout les facilités du matin, je suis la dernière !Je repère des visages connus, les sourires d’accueil me mettent dans l’ambiance et j’y suis.Nous avons fait deux temps d’entretien d’explicitation. La mise en jambe m’a permis de me poser dans les exercices, et ce temps de mise en évocation d’un moment agréable d’un matin où je me suis levée tôt renforce …..le plaisir d’être là.Le deuxième temps d’entretien d’explicitation sur une situation problème à partir d’une situation ressource fur plus longue, plus intense. Nous l’avons fait à deux voix, me permettant de ne pas paniquer quand le choix, la mise en évocation de la situation ressources vécue est difficile, complexe et très émouvant pour l’interviewé.Je retiens surtout de cette matinée la nécessité de lenteur, de rythme à accepter tant pour A que pour B. J’avais commencé la journée en me dépêchant,… en arrivant en retard et je repars avec l’expérience de la lenteur. Ce fut une matinée marquante comme il peut m’arriver d’en vivre quelquefois……Notre vécu est à portée de mémoire, mon vécu est un réservoir immense d’expériences mais il faut lui laisser prendre les voies et les chemins de l’évocation et pas l’autoroute ! Anne Flye Sainte Marie Samedi 17 … arrivée à la fac avec Paola … En sortant de la voiture, je lui pose la question « As-tu noté le numéro de la salle ? » « Ah, non ! »… je me suis alors revue en train de lire la réponse de la secrétaire de l’UFR à mon mail de réservation de la salle… le re-vécu de ce moment m’a aussitôt fait retrouver : « ah, mais oui, c’est l’A05… »Un petit détour par le bureau de l’appariteur… trois ans et demi après, celui qui est de service ce samedi matin, je le connais bien et c’est sympa de retrouver des personnes connues ! Ce sera le seul, car samedi matin, faut pas rêver, je ne risque pas de rencontrer beaucoup de collègues !Entrée dans la salle, Patricia est déjà là … et Marie-Laure aussi, à moins qu’elle ne soit arrivée juste après nous… En tout cas me revient notre échange, elle est dos au mur, contre les fenêtres, et elle nous dit qu’elle a essayé de nous envoyer un mail pour covoiturer. Loupé ! Le mail du soir n’est arrivé qu’au petit matin… Ce sera pour une autre fois…Arrivent progressivement les participantes et, après quelques minutes d’errance dans les couloirs de la fac, Claude, le participant, … en voilà encore un qui ne lit pas ses mails jusqu’au bout et s’est trompé de salle !Patricia ouvre la séance : « Nous sommes douze » dit-elle. Ah bon, me dis-je, je croyais qu’on était onze… Je ne dois pas être bien réveillée… Des visages familiers et d’autres que je ne connais pas… Le réseau évolue, c’est bien, de nouvelles personnes arrivent à chaque séance. Dans le même temps où je découvre ces nouveaux visages, je ressens quelque chose d’assez familial dans ce groupe… comme si, sans nous connaitre forcément très bien, nous étions réuni.e.s de façon sous-jacente par une intuition partagée.Je suis contente d’être là, comme à chaque séance Reflex, je me sens un peu comme une passeuse de ce que j’ai pu découvrir depuis des années dans l’EDE…Ensuite, il y a le premier temps de travail en trio : la salle s’efface, je n’entends plus le groupe d’à côté, le moment présent s’éclipse … tant je suis centrée sur le vécu de A et sur ce qui se passe du côté de B… Dans l’échange qui suit l’entretien, je ressens entre nous de la bienveillance mais aussi quelque chose d’assez léger, d’assez détendu…Suit l’exercice consacré à une situation qui pose question, situation qui va être éclairée par l’explicitation d’une situation réussie ou d’une situation positive… Je deviens B et face à ce qui est évoqué par A, ça y est, je ne suis plus dans un exercice… il me revient le ressenti de densité qui m’habite à ce moment-là, je le sens au creux de mon ventre, je me pose sur mes deux pieds, ce n’est pas le moment de lâcher, juste être là et accueillir ce qui vient, le porter avec la personne qui me fait confiance…A a besoin à ce moment précis de se centrer sur ce qui se joue pour elle, de dénouer ce qui reste confus dans son paysage intérieur, dans ses ressentis intimes … Alors nous voyageons ensemble, je me sens à ce moment-là un peu comme un filet de sécurité, comme le bastingage sur un bateau, être là avec mes questions qui ramènent A sur ce qui est solide, sur ce qui en elle tient bon, dans ce qu’elle a vécu hier et qu’elle peut re-connaître au cœur de ce qu’elle vit aujourd’hui…A un moment de l’entretien, je ressens que, peut-être, je risque d’orienter le travail dans une direction qui ne serait pas celle de l’intention de A… Je

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prends alors le temps de vérifier avec A ce qu’elle a besoin de revisiter, et une fois que nous nous sommes accordées, impression que, ça y est, nous sommes vraiment dans le même bateau… je me sens plus fluide à l’intérieur, même si ça reste dense… ça va, je prends ma place de co-pilote, car je sais maintenant que la pilote reste sur le pont et qu’elle a les cartes en main… juste le besoin pour elle à ce moment-là que je l’aide à relire les cartes…Arrive ensuite les deux temps de débriefing, à trois d’abord, moment important pour rester dans l’entretien écoulé tout en en sortant… comme un sas vers le temps de grand groupe, puis vers le retour aux réalités du WE….Du moment de retour en grand groupe sur le vécu de chaque trio, me revient une impression assez plaisante. Comme si chacun se sentait bien et l’exprimait, alors que je me dis intérieurement que quelquefois ça se passe moins bien dans les trios, que quelquefois l’accordage ne s’est pas établi.... Là, j’ai l’impression que ça a bien fonctionné… du coup je suis contente pour nous, pour Patricia, pour l’EDE. Apparemment l’envie de revenir est là, nous prenons une date avant de nous séparer… Anne Le 21 mars 2018 Marie Hélène Durand Mon intérêt pour l’entretien d’explicitation ne date pas d’hier…Il y a 3 ans déjà j’ai demandé à ma collègue Soraya de partager avec moi sa découverte de l’entretien d’explicitation faite lors de son année de Master. Partageant le même bureau, j’ai pu être le témoin (observateur) d’une expérience qu’elle a conduite auprès d’un étudiant infirmier en difficulté dans sa formation. Cette manière de se centrer sur l’étudiant, de développer une écoute « réelle » et une authentique recherche de compréhension du vécu de l’étudiant fût une sorte de « révélation » pour moi. L’envie était née…Fin 2017, j’ai échangé avec Christine sur son expérience suite à la formation suivie avec Patricia. Son intérêt, et même plutôt sa passion ont fait renaître en moi « l’envie ». Ainsi Christine me proposa de l’accompagner ce « fameux 17 mars ».J’arrive à la fac des lettres et, bonheur, je trouve immédiatement une place de stationnement devant l’entrée. Je suis en avance et m’apprête à attendre Christine qui arrive en même temps que moi. Des sentiments opposés s’entremêlent : je suis à la fois heureuse … et inquiète. Je ne suis pas formée et même si j’ai lu un certain nombre d’articles, « je n’y connais rien »… et je ne connais personne, sauf… Christine. L’accueil de Patricia est chaleureux, tout le monde est souriant et manifestement « a plaisir à se retrouver ». Le stress qui m’habite diminue progressivement. Après une brève présentation de chacun, « çà y est… le sérieux commence ». Patricia nous explique les consignes et nous formons les trios. Je ne sais pas réellement vers qui me diriger…, je ne connais personne hormis Christine et Anne qui a été une de mes formatrices au Master en 2011/2012. Je me dirige vers Marie-Laure et Claude, pourquoi eux ?? Je ne saurais le dire… je me suis probablement inconsciemment sentie « invitée » par eux. Je leur exprime rapidement ma gêne à endosser une autre posture que celle de A ou C du fait de mon inexpérience. Nous débutons le premier exercice : je suis A et l’idée du moment à évoquer me vient assez rapidement, « je suis prête ». Claude me regarde « droit dans les yeux » et « me propose de laisser revenir à la mémoire un moment agréable de la veille ». Je me laisse porter, voire même « bercer » par la lenteur du débit de son élocution et je ne peux que me laisser conduire, en toute confiance, là où il va m’emmener : dans les tréfonds de mes souvenirs. Je me surprends moi-même à évoquer des détails m’aillant totalement échappé la veille. Nous terminons l’exercice par un débriefing : je suis comme « vidée »…Nous passons ensuite au second exercice pour lequel je suis en posture d’observatrice. Je suis immédiatement impressionnée par la concentration de Claude, par sa capacité d’écoute et reformulation. Je suis à la fois « captivée » mais également concentrée sur mon rôle de « C ». Claude « embarque » Marie-Laure dans les dédales de sa mémoire et, tout naturellement, celle-ci progresse pas à pas dans ses souvenirs et surtout dans « l’explicitation». Une fois l’exercice terminé et après avoir rétroagi, nous échangeons avec Claude autour de notions « plus conceptuelles ». Je suis alors convaincue !! J’ai envie d’en savoir plus, de comprendre, d’apprendre, donc de me former.La matinée s’achève par un débriefing en grand groupe. Je me rends compte de la richesse partagée au sein de chaque sous-groupe et surtout de l’authenticité de chacun. La parole n’est pas forcée, elle est libre et spontanée. Je ressens un réel climat de confiance. C’est certain, le 2 Juin je serai présente. Marie-Hélène. Avril 2018

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Action, activité, inconscient : réponse à des questions. Pierre Vermersch

Quelle est votre approche du concept d'action ? « Le concept d’action semble essentiel à l'entretien d’explicitation, mais n’y a-t-il pas un besoin de mieux le définir ? Par exemple, n'y a-t-il pas une différence fondamentale entre les actions matérielles et la pensée ? En effet, l'entretien d'explicitation est conçu pour décrire finement le déroulement d'une action, par exemple de la réalisation d'un exercice ou d'un travail. On peut définir l'action par son type de résultat. Et là, il est évident qu'entre l'effet d'un coup de marteau (action corporelle, donc matérielle) et la pensée d'un coup de marteau, il y a une différence certaine. Et si l'on réserve le terme d'action à ce qui produit des effets matériels, alors la pensée ne serait pas une action, et l'on devrait s'interdire de parler comme je le fais "d'action mentale". Mais si l'on change de critère, le résultat est tout autre. Si au lieu de partir du type de résultat de l'action, je pars de son début, alors ce qui domine c'est que l'essence d'une action est d'être portée par une intention en réponse à un besoin. Une action est finalisée par le résultat à atteindre. De ce point de vue que l'action soit mentale, corporelle, expressive, ne fait pas la différence, la logique profonde qui la sous-tend est le projet, la visée du résultat, le besoin de l'atteindre. De plus, à vouloir définir l'action par son type de résultat, on risque d'ignorer ou de minimiser le fait que toute action matérielle est précédée, accompagnée, corrigée, par des actions mentales. Une action matérielle qui n'est pas cognitivement conçue et contrôlée est un automatisme, un mouvement du corps, et ne mérite pas l'appellation d'action. A cela se rajoute, la difficulté de situer les actions expressives, portées par le langage ou le corps, ordre, consignes, gestes impératifs de s'arrêter ou de venir, de pointer, etc. Classées par le résultat, elles ne sont pas des actions au sens matériel, mais pourtant elles agissent sur le monde. Classées par l'intention, elles sont bien des actions, portées par des intentions, des buts. Il faut enfin préciser que les actions mentales sont à la fois des formes finalisées de pensées (calculer, juger, raisonner, imaginer, se souvenir etc.) mais aussi toutes les formes de prise d'information (lire, écouter, voir, sentir, ressentir). La plupart des actions sont des coordinations permanentes entre actes de prise d'information permettant l'orientation, l'anticipation, l'organisation et la réalisation d'un acte de transformation mental, si-gnitif, corporel, suivi d'une évaluation, de correction, de prise de décision quant à la suite ...Si l'on prend du recul, on peut voir qu'en philosophie ce qui a toujours dominé dans les théories de l'action c'est la prise en compte de la dimension intentionnelle. C'est ce qui a fait que les principales thématisasions portent sur la volonté, le libre arbitre ; ou sur la justesse de la prise de décision, c'est-à-dire la dimension morale, éthique, du choix d'une action. La philosophie de l'action ne s'est jamais intéressée au déroulé, aux problèmes de réalisation d'une action. L'autre facette des théories de l'action, concerne la dimension constructiviste, interactionniste de la connais-sance. Comme l'a montré l'œuvre de Piaget reprise sous de nombreuses formes, ou plus récemment l'œuvre de Sloterdijk, la connaissance n'est ni imprimée sur nous par le monde, ni prédéterminées en nous, mais résulte de l'exercice permanent entre le sujet et le monde, par la réponse à ses besoins sollicitant sans cesse de nouvelles actions. Vous n’employez pas les termes d’activité, ni d’inconscient, quel est le sens de ce choix ? ➔ Action plutôt qu'activité. Préférer le spécifié. J'ai toujours utilisé le concept d'action sans en faire une théorie. Le concept "d'activité" me parait globalisant, soit il désigne le fait général d'être actif plutôt qu'inerte, soit il désigne un champ de pratique en général, "l'activité sportive", "l'activité de réflexion". Il fait aussi référence à toute une histoire philosophique, bien résumée par les publications de Y. Schwartz et qui ne m'apporte rien par rapport à mes intérêts. En utilisant le concept d'action, je ne fais pas non plus référence aux "théories de l'action", qui traditionnellement ont toujours été une discussion relative à l'éthique, à la prise de décision morale, en amont de l'agir, donc ne s'occupant jamais du déroulement effectif de l'action. Le plus simple, pour comprendre mon usage du concept d'action, est de rentrer dans la logique des polars, dans le style Holmes ou Agatha Christie. Un crime a été commis, et toute la logique de l'enquête est de reconstruire étape par étape la cohérence du chrono qui permet de rendre intelligible le résultat dans tous ses détails. Dans mon travail, le concept d'action désigne toujours quelque chose qui a déjà eu lieu, je me situe toujours a posteriori, contrairement aux théories philosophiques de l'action. Est une action ce qui a produit un résultat, à travers une succession d'étapes ordonnées pour l'atteindre, à l'aide des moyens

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adéquats pour y parvenir. Toute action a eu un début, un déroulement, un résultat final. Par exemple, un élève a fait un exercice, un professionnel a accomplit une tache, un sportif a fait une passe, un texte a été lu. L'explicitation cherchera à rendre explicite le déroulement de ce ils ont fait, (à supposer que l'on ait une raison de vouloir le décrire et le connaître en détail). Rendre explicite, c'est sortir du vague, du général, de l'implicite, et pouvoir saisir l'intelligibilité de l'engendrement du résultat. En reconstruire, a posteriori, la causalité. Tout effet à une cause, tout résultat est le produit de la mise en œuvre de moyens qui causent cet effet. Dans mon langage l'action désigne toujours un moment qui a été vécu par un sujet. Le vécu n'est jamais vécu en général, il se vit dans un moment. Et chaque action a été vécue dans un moment et un seul. Arguer du fait qu'une action se répète, pour la considérer comme une activité, "commencer par régler la machine", semble plein de bon sens, en même temps c'est quitter le vécu, pour aller vers une classe de vécu, c'est-à-dire une abstraction. Chaque jour le réglage de la machine pose ses propres problèmes qu'il faut diagnostiquer et résoudre. Il faut bien comprendre que ce qui vient spontanément quand on demande à une personne ce qu'elle a fait, ce sont des commentaires, des jugements, des généralités. Pratiquer l'explicitation c'est toujours guider la personne vers une action singulière. Mais de plus, c'est la condition pour mettre en œuvre la mémoire d'évocation, c'est-à-dire de la mémoire spécifique du vécu qui se constitue en permanence inconsciemment. Cette mémoire est toujours liée au vécu, et son activation est une des conditions essentielles pour produire de l'explicitation détaillée. L'aide à l'explicitation ne vise jamais l'activité, il vise toujours un déroulement d'action spécifiée. ➔ L'inconscient organisationnel normal et pas l'inconscient conçu comme refoulé. Le concept d'inconscient est inévitable, il est nécessaire pour rendre compte du fonctionnement général de la personne. Ce qui m'a toujours gêné, c'est que son sens le plus courant est lié à l'œuvre de Freud (en fait, on a presque totalement oublié les innombrables conceptions philosophiques et psychologiques de l'inconscient qui l'ont précédé). Et cet auteur mobilise essentiellement une conception de l'inconscient comme produit du refoulement. Or c'est faux, au sens de partiel, car l'activité inconsciente est normale, permanente, elle sous-tend toutes les activités à tous les moments. Il est raisonnable de penser que certaines informations puissent être censurées ou refoulées, et quand on travaille dans le domaine du soin, c'est ce que l'on rencontre facilement. Mais ce n'est qu'une toute petite partie de l'activité inconsciente. Pour ma part je préfère parler d'inconscient organisationnel. C'est-à-dire qu'à tout instant, par le seul fait de vivre, s'opère une mémorisation passive inconsciente de ce que je vis. Si par exemple, j'apprends quelque chose par cœur (une récitation) au bout d'un moment par l'exercice volontaire et la répétition, je mémorise cette récitation. Ça c'est la mémoire volontaire. Mais sans le savoir, dans le même temps il se mémorise en moi tous les moments vécus d'apprentissage de cette récitation. Mémoire involontaire du vécu qui se fait passivement, c'est-à-dire sans que ma conscience réfléchie s'en occupe. Et cette mémoire du vécu dont je n'ai pas conscience, est active en permanence, et peut être éveillée, à la grande surprise de ma conscience réfléchie qui ne sait pas que cela s'est déposé en moi. L'explicitation est basée sur l'éveil de cette mémoire inconsciente, cette mémoire normale du vécu. Cette mémorisation a pour conséquence passionnante qu'elle est la clef de l'organisation des organes de la cognition, c'est-à-dire "des schèmes". En ce sens on pourrait dire que Piaget est un des plus grands psychologues de l'inconscient ! Il a montré comment, sans en avoir aucune conscience réfléchie, le bébé, l'enfant, l'adolescent, l'adulte, construisent des invariants, des schèmes opératoires, qui sont l'outillage permanent de la réponse au monde. Cet inconscient organisationnel, est sans cesse sollicité par chaque moment présent sur le mode de l'éveil associatif, sans que la conscience réfléchie le sache. C'est ce qui permet de comprendre tous les phénomènes bien connus depuis le début du 20ème siècle, dès que l'on a utilisé l'introspection en psychologie : comme les sentiments intellectuels (par exemple, l'impression de savoir que l'on sait, sans pour autant savoir quoi), les émergences (le fait qu'une réponse vous apparaisse d'un coup sans que vous sachiez d'où ça vienne, sans y avoir réfléchi) et bien d'autres exemples habituels dans la vie de tous les jours. Ces émergences, ces sentiments intellectuels, sont la manifestation de l'inconscient organisationnel, la partie de moi qui détecte, identifie dans la situation présente, l'information qui éveille une réponse, un schème organisateur. Ce qui est passionnant, c'est que lorsqu'en entretien d'explicitation on est en présence d'une telle réponse, on ne peut pas faire la description directe de sa production, puisqu'elle est le produit du fonctionnement de mon inconscient organisationnel et que par définition je n'y ai pas d'accès direct. En revanche, on

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peut y accéder assez facilement, en lançant une intention éveillante, qui par association va rendre présente la situation passée qui a créée cette réponse, et qui par inférence (comparaison entre présent et passé) permet d'en comprendre l'organisation, le schème. On a ainsi mis à jour, la limite indépassable de l'introspection descriptive, elle ne peut décrire le fonctionnement de l'inconscient organisationnel. Mais on sait qu'il est possible d'accéder au schème organisateur et rendre ainsi l'action intelligible. Pour conclure ce point, je me sers beaucoup du concept d'inconscient, mais dans un cadre piagétien. ============================================================================

S é m i n a i r e Vendredi 9 novembre 2018 10 h à 17h 30

FIAP Jean Monnet 30 rue Cabanis 75014

A t e l i e r d e p r a t i q u e s

Samedi 10 novembre, à la Maison de la Vie As-sociative & Citoyenne du 15 ème arrondisse-ment, 22 rue de la Saïda – 75015 Paris, de 10h00 à 16h30. S’inscrire auprès de Marine Bon-duelle : [email protected]

So m m a i r e n° 120 1-4 Compte-rendu de l'Université d'été du GREX 2018. Régulation de l'action et hypothèse bicamérale. Pierre Vermersch Compte rendu des petits groupes 4-7 Voyage vers l'inconscient organisationnel : une exploration de la régulation du potentiel au cours d’auto-explicitations. Patrick Bertheuil, Marine Bonduelle, Elodie Lalo, Eric Maillard, Claire Llambrich Molines, Sandra Nogry 7-9 Groupe : Béatrice A, Catherine, Evelyne, Magali, Pierre. 10-12 Groupe Marie-Hélène, Pénélope, Claudine, Joëlle, Maryse. 12-14 L'écriture activée et activante quand "ça s'écrit, ça coule...". Claudine. 14-15 Groupe Armelle Balas-Chanel, Frédéric Borde, Sylvie Bousquet, Natalie Depraz et Béatrice Lorence. Compte-rendu de Frédéric. 16-23 Explicitation et auto-explicitation. Relecture du protocole Joëlle 2017 avec la grille bicamérale de la régulation de l’action. Claudine Martinez, Joëlle Crozier, Maryse Maurel 24-55 Entretien d'explicitation sur le tableau de chiffres. « La roulette du temps », Annette Meunier Rivet

56- 61 REFLEX 17 mars 2018, Comme un prolongement de cette matinée…Présenté par Patricia Rottement, animatrice de Reflex. Auteurs : Christine Lacaque, Claude Lassalzéde, Muriel Thibaut, Anne Flye Sainte Marie et Marie-Hélène Durand 62-64 Action, activité, inconscient : réponse à des questions. Pierre Vermersch

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A g e n d a 2 0 1 9

Dépôt des textes pour le n°121 le 7 janvier au plus tard !

1 février, séminaire et 2 : atelier de pratique. 29 mars : séminaire et 30 : atelier de pratique. 14 juin : séminaire et 15 : journée pédagogique. Université d'été de l'association. du dimanche 25 août, 9h00 au jeudi 29 août, 14h00 : 15 novembre : séminaire, 16: atelier de pratique.

E x p l i c i t e r Journal du GREX 2

Groupe de Recherche sur l’Explicitation 2 Association loi de 1901

9 r u e S a i n t A m a n d

7 5 0 1 5 P a r i s 0 1 4 3 7 9 4 7 0 5

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Directeur de la publication P. Vermersch N° d’ISSN 1621-8256