Profiil 120

19
CULTURE - TENDANCES - LUXE 1.00 CHF OCTOBRE - NOVEMBRE 2012 120 1.- MODE : LE RETOUR D’ELSA SCHIAPARELLI SOCIÉTÉ : MICHELLE OBAMA VS ANN ROMNEY, LE MATCH DES FLOTUS ARCHITECTURE : NID COSY à SÃO PAULO PARFUMS DE STARS

description

Articles du magazine Profil numéro 120

Transcript of Profiil 120

Page 1: Profiil 120

— CULTURE - TENDANCES - LUXE — 1.00 CHF OCTOBRE - NOVEMBRE 2012

120

1�.-

MODE :le reTourD’elsa schIaParellI

SOCIéTé :mIchelle oBamaVs ann romney,le maTch Des floTus

ARCHITECTURE :nID cosyà sÃo Paulo

PARFUMSDESTARS

Page 2: Profiil 120

Image :Egales en beauté, 15 ans les séparent. Mais là où la moderne Michelle Obama semblait en 2008 défier les conventions, Ann Romney ras-sure. Blanche, traditionnelle, elle représente la majorité des votants. Mère au foyer, elle a sé-duit de nombreuses femmes. Multimillionnaire, elle agace. « Si elle a pu rester à la maison pour ses cinq fils, c'est surtout car elle n'a jamais eu besoin de travailler », précise Catherine Allgor. « Michelle Obama parle à un plus grand nombre. Elle a eu du succès parce qu'elle s'est donnée à l'école », poursuit-elle. Avec 65 % d'avis favo-rables, la première dame est plus populaire que son mari et qu'aucune autre « Flotus » avant elle.

Avantage : Michelle Obama

Parcours :Ann Romney, comme la majorité des électeurs, n'est pas diplômée d'un établissement de renom mais peut se targuer d'avoir obtenu une licence de français à l'Université mormone de l'Utah. Née dans une famille riche, elle a eu un accès facilité aux études. Elle a ensuite choisi d'aller à contre-courant de la femme libérée des années 1970 et de rester à la maison. Dix-huit fois grand-mère, elle incarne l'American Mummy dévouée. Michelle Obama, issue d'une famille pauvre de Chicago, a dû se battre pour arriver à intégrer les prestigieuses universités de Harvard et Prin-ceton. Avec son époux, elle a élevé deux filles tout en travaillant. Elle touche les femmes cumulant boulot et famille et incarne le rêve américain.

Avantage : Michelle Obama

VIe Personnelle :Ann Romney a eu un cancer du sein et se bat contre la sclérose en plaques. Sans jamais se plaindre. « Sauf que le sort d'une femme ma-lade mais riche n'émeut pas forcément dans un pays où des millions de personnes n'ont pas de couverture médicale », estime Catherine Allgor. Michelle Obama, sportive et en bonne santé, semble pouvoir affronter les charges d'une pre-mière dame avec plus de facilité.

Avantage : Michelle Obama

couPle :Ann Romney rencontre Mitt lorsqu'elle a 15 ans. Élevée dans une famille de classe supérieure et athée, l'adolescente affiche sa volonté en se convertissant au mormonisme de Mitt Romney, fils de gouverneur. A 19 ans, elle l'épouse. La stabilité de leur couple a permis aux sceptiques de mettre de côté leur appréhension face aux Mormons qui pratiquent parfois la polygamie. Michelle et Barack Obama sont ensemble depuis vingt-trois ans. Leur complicité et leurs gestes tendres fas-cinent. Sur le lieu de leur premier rendez-vous à Chicago trône une plaque commémorative.

Avantage : Michelle Obama

DIscours :Lors de la convention républicaine fin août, Ann Romney a annoncé qu'elle ne parlerait pas de politique mais a fini par s'épancher sur le sort des Américains confrontés à la crise. Pour Cathe-

rine Allgor, il s'agissait d'une grave erreur : « Elle n'a pas autorité pour parler de ces problèmes qu'elle n'a pas connus. » Contrairement à sa rivale, Michelle Obama, ex-brillante avocate, a entièrement rédigé le texte du discours qu'elle a prononcé avec assurance lors de la conven-tion démocrate. Comme elle n'a pas besoin de convaincre son camp, qui connaît son mari, elle peut se concentrer sur les indécis.

Avantage : Michelle Obama

cuIsIne :Les candidates au titre de Flotus doivent s'af-fronter lors d'un concours un brin ringard de cookies organisé depuis 1992 par le magazine Family Circle. Depuis sa création et la victoire d'Hillary Clinton aux fourneaux, celle dont la recette est plébiscitée est ensuite toujours de-venue première dame. A une exception près : Michelle Obama en 2008! Elle s'est rattrappée en 2012 avec ses cookies au chocolats noir et blanc: elle a battu par 287 votes de lectrices les biscuits sertis de M&M's d'Ann Romney. Jugés trop gras ( un comble pour le chantre de la nutri-tion équilibrée ), ceux de Michelle étaient toute-fois plus savoureux et moins chers à réaliser que ceux de la riche Ann.

Avantage : Michelle Obama

— SOCIéTé —

our la première fois, elle était noire, jeune et osait des tenues dévoi-lant ses bras musclés. C'était en 2008 : la brillante avocate Michelle Obama accédait au rang de First Lady avec dans ses bagages

un vent de renouveau que jamais la Maison Blanche n'avait expérimenté depuis qu'Eleanor Roosevelt avait posé les bases du métier, redécoré plus tard par une certaine Jackie Onassis. En 2012, Michelle Obama est à nou-veau sur tous les fronts pour soutenir la candidature de son époux Barack à la présidentielle du 6 novembre. Car les épouses aident à façonner l'opi-

nion des électeurs : « Le rôle de l'épouse est important aux Etats-Unis, où l'on vote selon son parti mais aussi en fonction d'un problème de société et de la personnalité des candidats. On veut savoir s'ils pourront nous proté-ger. Pour convaincre, l'épouse ne doit pas parler de politique mais dévoiler le genre d'homme qu'est son mari », explique Catherine Allgor, professeur d'histoire à l'Université de Riverside de Californie et spécialiste de l'his-toire des premières dames. A ce jeu, Michelle Obama, 48 ans, excelle. La républicaine Ann Romney, 63 ans, peut-elle encore lui ravir la vedette ?

042

TEXTE Michaela Marquez

Michelle Obama et Ann Romney sont en lice pour le poste de « Flotus », comme on surnomme tendrement la First Lady

of the United States. Et leur rôle dans la campagne présidentielle est loin d’être anecdotique.

Infos : Catherine Allgor, "The Queen of America : Mary Cutts's Life of Dolley Madison" ( 2012, University of Virginia Press ).

Page 3: Profiil 120

043 — ROMNEY OBAMA —

AnA ROMnE YMiChELLE ObAMA

L A GAGnAnTE

© T

hier

ry R

atea

u

© D

ukas

« Ann Romney est une femme charmante mais Michelle Obama est une pro », conclut Catherine Allgor. « Mais l'enjeu concerne surtout la classe qu'elles représentent. » Le combat semble inégal

tant Mitt Romney est perçu comme déconnecté de la réalité des Américains. « Son épouse a beaucoup de boulot pour tenter de l'humaniser », rit le professeur. Assurément l'embarras causé en

septembre par la diffusion d'une vidéo montrant le républicain parler des 47 % d'électeurs démo-crates qui « se considèrent comme des victimes » a encore compliqué la mission d'Ann Romney. —

Page 4: Profiil 120

— PARFUMS —

En 10 ans, les parfums de célébrités ont été multipliés par six aux Etats-Unis. Dernière arrivée, Lady Gaga a placé

la barre très haut. Et devrait détrôner Elizabeth Taylor, dont le parfum détient le record de ventes.

TEXTE Michaela Márquez

046

01

Page 5: Profiil 120

047 — DE STARS —

'odeur de « sang et de sperme » que promettait Lady Gaga pour son pre-mier parfum ? Ou plutôt les fruits et

les fleurs du Wonderstruck de Taylor Swift ? Et pourquoi pas l'élégance du NYC de Sarah Jessica Parker ? Qu'importent les préférences. Dans l'univers des parfums de stars, le critère motivant l'achat est rarement l'odeur, mais bien le nom sur le flacon. Les parfumeurs l'ont compris et enchaînent les contrats avec les célébrités depuis que Glow, la fragrance de Jennifer Lopez, a battu tous leurs espoirs de recettes en 2002. Résultat : si en Europe le phé-nomène est modéré, aux Etats-Unis, en une décennie, les parfums de stars se sont multi-pliés par six, rapportant 1,2 milliard de francs aux fabricants ! Cette année, au pays de l'Oncle Sam, les fragrances de vedettes ont représenté cinq des dix meilleures ventes en parfume-ries, souligne Perfumer & Flavorist Magazine.

Aujourd'hui, une personnalité grand public a forcément au moins un parfum à son nom. Ri-hanna, P. Diddy, Céline Dion, Antonio Banderas, Beyoncé ou Justin Bieber, ils ont tous succom-bé à cette mode. Katy Perry, Kim Kardashian ou Jessica Simpson aussi. Et la tendance s'est accélérée dernièrement tant ce commerce, que se partagent principalement Coty, Elizabeth Arden et Avon, est lucratif. Normal : à condition que la star joue le jeu de la promotion, le suc-cès est garanti. Parce que le parfum crée un lien exceptionnel entre l'idole et son fan, qui voudra l'acquérir, même si l'odeur lui déplaît. Et parce que les vedettes comptent leurs fans, et donc les acheteurs potentiels, par millions. Quant aux frais de marketing, ils sont relativement bas : la célébrité est sa propre égérie et chacune de ses apparitions lui procure une bien meilleure publi-cité qu'une onéreuse campagne.

Taylor rIchIssImeMême si la pionnière, Elizabeth Taylor, fait

figure d'exception, la fragrance de vedette vise un acheteur relativement jeune. Mais vingt-et-un ans après le lancement de son White Dia-monds, jus de star le plus vendu de l'histoire, et plus d'un an après la disparition de l'actrice aux yeux d'améthyste, White Diamonds, ainsi que ses deux autres parfums, Passion et Passion for

Men, lancés à la fin des années 80, rapportent encore des millions de francs à ses héritiers. A la mort de la star, son patrimoine, estimé à un milliard, résultait d'ailleurs principalement de la vente de ses fragrances !

L'emballement pour White Diamonds, lancé par Elizabeth Arden en 1991, peut surprendre : à l'époque, Liz qui venait d'épouser Larry Fortensky, ouvrier du bâtiment, est une dame de 59 ans au look kitsch, entaché de cures de désintoxication. Pas vraiment le profil type pour séduire une jeune clientèle, mais plutôt ceux qui ont grandi avec sa carrière. Ceux pour qui l'aura de l'ex-enfant star devenue « Cléopâtre » n'a jamais faibli. Son par-cours, sa beauté encore intacte, sa forte person-nalité, son extravagance, son goût des diamants, ses huit mariages et son amour passionnel pour Richard Burton : White Diamonds offrait tout cela dans son flacon serti de brillants. Un morceau de légende à emporter chez soi. Sans compter que l'eau de parfum, élaborée par les plus fins nez et, fait rare, par Liz Taylor en personne, sentait bon. Très vite, elle a réussi à s'imposer en parfumerie et à se débarrasser de son étiquette « people. » En 2010, un an avant la mort d'Elizabeth Taylor, White Diamonds s'était encore vendu pour 50,5 millions de francs aux Etats-Unis, ce qui en faisait pour la 19e année consécutive le parfum de star le plus vendu, selon Euromonitor International. A titre de comparaison, la même année, Beyoncé n'engrangeait « que » 19,6 millions aux États-Unis avec sa fragrance Heat dont la publicité, censu-rée en Grande-Bretagne, avait pourtant créé le buzz. La fragrance de la jeune chanteuse était alors suivie de celles de P. Diddy, Sarah Jessica Parker, Jessica Simpson et Gwen Stefani, qui avaient rapporté 16,8 millions chacune. En 2012, White Diamonds reste au top des parfums people et se classe même 45e des ventes tous parfums confondus, rapporte l'institut d'études de marché NPD Group.

gare à gagaLancé en grande pompe en septembre,

Fame ( Célébrité ) de Lady Gaga devrait vite ternir l'éclat des White Diamonds de Liz Taylor. Avec ses 30 millions de suiveurs sur Twitter et 53 millions d'amis sur Facebook, la New New-Yorkaise de 26 ans est la célébrité la plus >>>

Du sang, du sperme et du scandale. Pour son premier parfum, Lady Gaga n’a pas tenu sa promesse et est restée dans la norme.

La fragance White Diamonds, parfum qui a constitué une des importantes sources de revenus d'Elizabeth Taylor.

01 :

02 :

02

Page 6: Profiil 120

— FOCUS — 066

01

© J

ean

Paul

Gau

ltier

Elsa Schiaparelli chez elle en 1947.

Page 7: Profiil 120

067 — COUTURIèRE —

out a commencé cette année au Metropolitan Museum of Art de New York. Du 10 mai au 19 août, le musée

– « The Met » pour les initiés – réunissait deux grandes dames de la mode, toutes deux ita-liennes et issues de périodes différentes : Miuc-cia Prada et Elsa Schiaparelli, « Schiap » pour les intimes. « Schiaparelli et Prada, conversa-tions impossibles » mettait en perspective les univers à priori diamétralement opposés des deux femmes en confrontant leurs créations. Parallèlement, le réalisateur australien Baz Luhrmann ( « Moulin Rouge », « Australia », « Gatsby le Magnifique », dont la sortie est prévue en 2013 ) a filmé une conversation ima-ginaire entre les deux personnalités, chacune installée au bout d’une grande table. L’expo-sition a connu un écho retentissant, car elle coïncidait avec l’annonce du retour de la griffe d’Elsa Schiaparelli. Oui, elle, l’unique. L’extra-vagante, l’amie et la muse des artistes. Décé-dée à Paris à l’âge de 83 ans le 13 novembre 1973, elle n’a pas toujours été comprise avec sa mode de son vivant, certainement trop en avance sur son temps. Pour elle, le terme avant-garde prend tout son sens. Sans conces-sion, elle avait mis la clé sous la porte de sa boutique Place Vendôme en 1954, ne parve-nant pas à s’adapter aux changements sur-venus dans la mode après la deuxième guerre mondiale. Mais trente-neuf ans après sa dis-parition, son nom ne cesse de scintiller en « rose shocking » – la couleur qu’elle a inven-tée – au firmament des noms qui ont contri-bué à rendre la mode du XXe siècle fabuleuse.

un challenge VerTIgIneuxLe rêve de ses nombreux admirateurs pour-

rait bien se concrétiser en 2012 : Diego della Valle, le patron de Tod’s, annonçait en mai le retour de la marque avec l’ouverture d’une bou-tique au n°21 de la place Vendôme, son ancienne adresse. Le grand frisson. Le businessman qui avait racheté les droits de la marque en 2006 le sait, il n’a pas le droit à l’erreur. Le challenge est colossal et écorner la réputation de la couturière serait un crime de lèse-majesté qu’il ne peut pas se permettre. Aussi, dans sa stratégie de com-munication, il a bien pris soin de maintenir le suspense tout entier. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le nom du directeur artistique n’est toujours pas dévoilé. Sans être confirmé, le nom de Jean Paul Gaultier circule depuis quelques temps. Farida Khelfa, une des mannequins fé-tiches du couturier parisien, sera l’ambassadrice de la maison. Pour l’instant, seul le site Internet officiel de la marque retrace la carrière d’Elsa Schiaparelli sous forme d’une gazette d’époque.

« ceTTe arTIsTe ITalIenne quI faIT Des VêTemenTs »

Avant tout le monde, la couturière avait dé-cidé de faire de la mode comme on crée de l’art. A son propos, sa rivale Gabrielle Chanel disait: «cette artiste italienne qui fait des vêtements». L’ironie de Chanel se transformait en compli-ment à son égard. Aujourd’hui, la rencontre de la mode et de l’art est recherchée. Mais autre-fois, cette vision était considérée comme ou-trancière, en tout cas dans les milieux des arts. Dans le cas de Schiaparelli, l’attachement >>>

‘ A LA DIFFéRENCE DES SES CONCURRENTES

GABRIELLE CHANEL ET MADELEINE VIONNET, ELLEA RAPIDEMENT MULTIPLIé

les collaBoraTIonsAVEC DES ARTISTES

SURRéALISTES ’

2012 marque la relance de la griffe de l’extravagante couturière italo-égyptienne Elsa Schiaparelli. Chronique d’un grand frisson

annoncé et retour sur la trajectoire unique d’une des plus grandes dames de la mode du XXe siècle.

TEXTE alexandre lanz

Aquarelle datant de l'époque de la première boutique de Schiaparelli, Pour Le Sport, ouverte à Paris à la fin des années 20

Page 8: Profiil 120

>>> à l’art remonte à l’enfance. Une passion qui lui a peut-être même sauvé la vie lorsque celle-ci lui paraissait trop injuste. Petite fille issue d’une famille romaine en vue, elle était excentrique. Contrairement à sa sœur aînée, son visage n’était pas classique. Sa maman lui répétait sans cesse de prendre soin d’elle en vantant la beauté de sa sœur aînée. Un jour, pour conjurer le mauvais sort, elle s’était recouverte le visage de terre et de graines, jusque dans les oreilles et dans la bouche. Ainsi pensait-elle transformer sa frimousse ingrate en un beau visage fleuri. En vain. Les fleurs n’ont jamais poussé, mais la petite fille était sauvée par son imagination. Ses déboires et son vocation de devenir actrice ont finalement poussé ses parents à l’envoyer dans un couvent en Suisse à l’adolescence. Après une grève de la faim, elle mit le cap sur Londres où elle épousa le comte William de Wendt de Ker-lor. Son unique fille Maria Luisa Yvonne Radha de Wendt de Kerlor, surnommée « Gogo », vit le jour en 1919. Après son divorce, Schiap fit son entrée dans le Tout-Paris en 1922. Ses amis s’ap-pelaient Pablo Picasso, Erik Satie et Raoul Dufy. De ses années new-yorkaises, elle avait gardé contact avec ses amis Marcel Duchamp et Man Ray. L’art était déjà sa raison de vivre.

la réVélaTIon chez Paul PoIreTSon destin a basculé le jour où elle rencon-

tra le couturier Paul Poiret, dont elle admirait le travail. Pendant que son amie essayait des robes, Schiaparelli s’admirait dans le manteau ample qu’elle avait enfilé. Elle n’avait pas vu le couturier s’approcher d’elle : « Pourquoi ne l’achetez-vous pas, mademoiselle ? On jurerait qu’il a été fait pour vous. » Ce fut le début d’une forte amitié forte et surtout, la révélation de sa passion pour la mode. Instinctivement, elle mit de côté la peinture et la sculpture pour se lan-cer dans le dessin de vêtement. Gabrielle Cha-nel l’avait compris, les femmes de l’après-guerre recherchait le confort et se mettaient au sport. C’était le début de la silhouette de la garçonne. La première collection sport de Schiaparelli

remporta un succès immédiat. Son ascension fut fulgurante, ponctuée de hauts vertigineux et de bas abyssaux. Mais qu’importe, depuis sa plus tendre enfance, elle était autant accoutumée aux succès nimbés de scandales qu’aux traver-sées du désert. Mais elle ne se laissait jamais abattre.

les enfanTs TerrIBlesA la différence de ses concurrentes Gabrielle

Chanel et Madeleine Vionnet dans les années 30, elle a rapidement multiplié les collabora-tions avec des artistes surréalistes. Sa vision de la mode était donc plus artistique qu’intellec-tuelle ou uniquement commerciale. Aujourd’hui, son travail avec Jean Cocteau, Salvador Dalí et Alberto Giacometti fait partie de l’histoire de la mode. La complicité qu’elle partageait avec Cocteau a donné naissance aux pièces les plus lyriques griffées Schiaparelli, comme ces longs manteaux de soirée en jersey de soie, au dos desquels le brodeur Lesage donnait vie aux motifs dessinés par le poète français. Sa colla-boration avec Salvador Dalí fut autant délirante que fructueuse. La robe « Homard » de 1937 est devenue leur création commune la plus célèbre après avoir été vue portée par Wallis Simpson dans les pages de Vogue. Elle avait l’habitude de dire : « Quand les temps sont difficiles, la mode est toujours outrancière ». Souhaitons à son successeur d’appliquer la formule avec le même panache ! —

Affiches publicitaires pour les collants Schiaparelli, stockings et sa gamme de soins et maquillage.

Farida Khelfa, photographiée ici par Christophe Roué, est la nouvelle ambassadrice de la marque.

03 :04 :

05 :

‘AVEC ELLE LE TERME aVanT- garDe PREND TOUT SON SENS.’

— FOCUS — 068

03

04

Page 9: Profiil 120

069 — COUTURIèRE —

05

Page 10: Profiil 120

096 — SHOOTING —

vendanges

olfacTIVes

01

Immersion chez des rois de l’épicure. Tout comme les parfumeurs, ils créent des trésors. Qu’ils soient gustatifs ou olfactifs, ces trésors

sont précieux, uniques. Rencontre enivrante entre deux mondes qui se ressemblent plus qu’on ne le croit.

TEXTE béatrice fichot - PHOTOS jean-paul cattin - ASSISTANT saMuel butzer

Page 11: Profiil 120

097 — PARFUMS —

D …L I C ES

Dans un bain de lumière où se mèlent la puissance et le caractère d’une terre minérale à de mys-tèrieuses fragrances charnelles et fraîches, une al-chimie intense se créer. Une alchimie dont découle un jus fruité et audacieux…Domaine : Louis Fonjallaz « Les Gradins »

01 :02 :03 :

Angel Les Parfums de Cuir, 30 ml, 84 fr., Thierry Mugler Zen Secret bloom, 50 ml, 106 fr., ShiseidoSantal Majuscule, 50 ml, 157 fr., Serge Lutens

02

03

Page 12: Profiil 120

098 — SHOOTING —

La richesse d’une identité, la subtilité florale et pierreuse, une chaleur ressentie jusqu’au confin de cette terre. Puis le bouquet intense, magnétique, des saveurs épicées et subtiles qui, comme s’il dansait, flotte dans l’air de façon légère. Domaine : Simon Vogel « Tastegrain »

04 :05 :06 :

J’adore L’Absolu, 50 ml., 153 fr., DiorSpecial Edition, 100 ml., 225 fr., Aqua Di Parma Special Valentina Assoluto, 50 ml., 121 fr., Valentino

04

05

CAR ACTèRE

Page 13: Profiil 120

099 — PARFUMS —

06

Page 14: Profiil 120

0100 — SHOOTING —

07

Page 15: Profiil 120

0101 — PARFUMS —

Quand la terre fertile empreinte de notes fruitées rencontre la sensualité et la délicatesse des fleurs, rien n’est plus pareil. Des notes pétillantes et légères indiquent un désir de féminité et laissent dans leur sillage une ôde à la dégustation et au rêve…Domaine : Mélanie Weber « Les blonnaises »

07 :08 :09 :

Madly Kenzo, 50ml, 100 fr., Kenzoburberry body Eau de Toilette, 85ml, 95 fr., burberry Echanted, 50 ml, 103 fr., Chopard

0908

se duc tion

Page 16: Profiil 120

102 — SHOOTING —

10

Sur une terre grasse et argileuse se traîne cette amertume, qui fougueusement vient rejoindre un embrun précieux, aux notes safranées, orientales. Un sillage de désir pour des jus qui jouent avec l’addiction.Domaine : beat bujard « La Combe »

10 :11 :

Oud ispahan, 125 ml, 250 fr., Christian DiorMon Jasmin noir L’Elixir, 50 ml, 142 fr., bulgari

puissance

Page 17: Profiil 120

103 — PARFUMS —

11

Page 18: Profiil 120

104 — SHOOTING —

12

Page 19: Profiil 120

105 — PARFUMS —

Il n'y a pas que les femmes qui aiment sentir bon, les hommes sont de plus en plus nombreux à aimer le parfum, sans rougir. La force de l’essence mascu-line est contenue dans ces flacons. Les fragrances, comme les vins de caractère, dégagent toute la sen-sualité que les femmes aiment humer dans le sillage des mâles.Domaine : beat bujard « La Combe »

12 :13 :14 :

A*Men Les Parfums de Cuir, 100 ml, 84 fr., Thierry MuglerKokorico by night, 50 ml, 84 fr., Jean Paul GaultierDéclaration d'un soir, elle & lui, 100 ml, 103 fr., Cartier

13

14reMercieMentsMÉLANIE WEBER, www.mw-vins.chLOUIS FONJALLAz, www.fonjallaz.chSIMON VOGEL, www.croix-duplex.chBEAT BUJARD, www.bujard.ch

et pour lui