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    Baciu Doina RI .202

    11 mars 2004-L'attentat de Madrid, Espagne

    192 tus et 1800 blesss : lattentat de Madrid est un traumatisme pour la socit espagnole, dautantque la polmique sur les auteurs rels de lattentat nest toujours pas close. Le 11 mars 2004 vers 7

    heures 40, dix bombes explosent dans quatre trains de banlieue en lespace de quelques minutes. Ladate semble choisie soigneusement, on est trois jours des lections gnrales, le Parti Populaire(droite) sortant de Jos-Maria Aznar en est favori. Les mdias et la majorit des espagnols ontimmdiatement suspect lETA, le groupe nationaliste basque, contre lequel Aznar a prn la manireforte. Mais les soupons de lopinion publique se retournent vers Al-Qada quand les premiresinformations filtrent de lenqute et quand des suspects marocains sont arrts, la veille de llection.Cette attaque pourrait tre une reprsaille la participation de lEspagne dans la guerre dIrak, mmesi les autopsies montrent quil ny a pas eu de kamikaze. Lenttement du gouvernement Aznar condamner lETA passe pour un calcul lectoral et le vote du 14 mars donne la victoire au PartiSocialiste de Jos Luis Zapatero. Trois semaines plus tard, le 3 avril, 7 suspects maghrbins sesuicident en faisant exploser leur appartement alors quils sont assigs par la police. Linstruction

    de lenqute dure plus de deux ans et en fvrier 2007 le procs de lattentat souvre. Le verdict estrendu en octobre 2007 : la Justice valide la thse de lattentat islamiste. Mais les commanditairesprsums de lattentat sont absouts, seul un prvenu est reconnu coupable davoir pos des bombesdans les trains, et la plupart des 29 inculps sont condamns pour leur appartenance des groupes

    jihadistes et non pour leur implication dans lattentat. Le jugement en appel confirme cette sentence enjuillet 2008.

    En Espagne cet attentat, dsign comme 11-M daprs sa date, est lobjet dune intensepolmique. La Justice espagnole ayant valid la thse de lattentat islamiste, on se doit de commencerpar exposer cette thse. Pourtant, aussi incroyable que cela paraisse, les preuves qui ltayent nersistent pas lanalyse. Et les agissements suspects de certains lments de lappareil policier

    montrent clairement une volont de sabotage de lenqute.La piste islamiste

    La thse de lattentat islamiste est la conclusion dune enqute qui sest dveloppe partir dedeux pistes. On va exposer le cheminement de cette investigation, en mettant en vidence les preuvesretenues par la Justice espagnole . La premire piste de linvestigation part dune bombe qui na pasexplos. Au total trois bombes dposes dans les trains avaient un dfaut et nont pas saut ce jour-l.On a ainsi rapidement su quelles taient dissimules dans des sacs de voyage ou des sacs dos. Lesdmineurs ont neutralis deux dentre elles par explosion contrle dans la matine du 11 mars, maisle troisime sac est pass inaperu et a t regroup avec les objets abandonns sur les lieux par lesvictimes. Ce nest quau moment o est fait linventaire de ces objets que le sac pig est dcouvert, au

    commissariat du quartier de Vallecas, dans la nuit du 11 au 12 mars. La bombe, connue comme sacde Vallecas , est compose de 10 kg de dynamite de type Goma 2 Eco , de mitraille, dundtonateur et dun tlphone portable qui devait la mettre feu avec la fonction rveil. Ce tlphonecontient une carte SIM dont lenqute auprs du rseau de vente permet de dterminer la route decommercialisation. Dans les jours qui suivent, des usagers du mtro tmoignent les avoir vu dans lestrains attaqus. Finalement la faiblesse des tmoignages conduira relcher 4 des 5 suspects au boutde quelques semaines. Zougam restera incarcr car les tmoignages son encontre sont plus solides.

    Lautre piste do est partie lenqute sont les rvlations de Rafa Zouhier, un petit trafiquant dedrogue marocain, indicateur de la Garde Civile. Quelques jours aprs lattentat, il fait part aux

    policiers, dans une conversation tlphonique enregistre, des forts soupons quil a sur un certain

    Jamal Ahmidan, alias El Chino. El Chino est aussi un petit trafiquant marocain, et Zouhier lavait misen contact avec une bande dAsturies (rgion du nord de lEspagne) souponne de divers trafics,notamment dexplosifs miniers. Lun des membres de cette bande, Emilio Trashorras, confirme la

    police quil a fourni des explosifs de type Goma 2 Eco El Chino, ce que corrobore un jeune gitan qui

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    a particip cette transaction. Dautre part il se trouve que certains membres de la bande dEl Chinotaient sur coute dans le cadre dune enqute sur un trafic de drogue.

    Les deux pistes de linvestigation mnent des acteurs compltement diffrents : dun ctZougam, et de lautre El Chino et sa bande. Aucun lien personnel nest trouv entre eux. Le lien estainsi fait entre Zougam et la bande dEl Chino. Le 3 avril en dbut daprs-midi, trois semaines aprslattentat, la police localise enfin la bande dEl Chino, dans un appartement de Lganes, en banlieueMadrilne

    Un certain nombre dindices secondaires viennent corroborer les conclusions de cette enqute.Parmi eux il faut voquer une fourgonnette Renault Kangoo car elle a t le premier lment important apparaitre dans linvestigation et elle a cristallis de nombreuses polmiques. Ce vhicule se trouvaitgar sur le parking de la station de mtro dAlcala, par laquelle sont passs tous les trains qui ontexplos. Un concierge du quartier a signal ds le matin du 11 mars quil avait vu trois individussuspects rder autour de cette Kangoo. Ils taient quasiment masqus par leurs charpes et leurs

    bonnets, et lun deux sest dirig vers la station de mtro avec un sac. En fin de matine, lafourgonnette est ouverte et inspecte. Deux chiens policiers dresss la dtection dexplosifs fouillentla Kangoo et ny trouvent rien de suspect. L-bas, aprs une nouvelle inspection on dcouvrira 7

    dtonateurs, un petit morceau de Goma 2 Eco emball sous un sige, et surtout une cassette audiocoranique, qui aura un impact dcisif sur lopinion publique espagnole. Le verdict du procs conclutque le but de ce commando terroriste tait dimposer par la violence la loi islamique en Europe, etquil sinspiredAl-Qada sans avoir de lien avec cette organisation.

    Les failles du verdict

    On vient dexposer toutes les preuves importantes sur lesquelles sappuie la thse de lattentatislamiste. La preuve matrielle centrale est une des bombes qui na pas explos le 11 mars : le sac deVallecas. Tout dabord cette bombe na pas explos parce quun cble du montage ntait toutsimplement pas connect. Le sac contient 640 grammes de vis et de clous faisant office de mitraille, or

    les autopsies ont rvl quaucune victime na t atteinte par des projectiles mtalliques. Et les deuxbombes neutralises le matin du 11 mars nen contenaient pas non plus selon les policiers qui les ontmanipules. Enfin les circonstances de lapparition du sac de Vallecas sont confuses.

    Lenqute auprs du rseau de commercialisation de tlphones a conclu que la carte SIMcontenue dans le sac de Vallecas avait t en vente dans la tlboutique de Zougam. Les cartes SIM

    passent gnralement par 3 ou 4 intermdiaires avant dtre vendues au consommateur dans unetlboutique. Or seuls les premiers intermdiaires font figurer sur leurs factures le numrodidentification de chaque carte SIM vendue, les suivants ne notent que le nombre total de cartesSIM. En loccurrence aucune facture ne prouve que la carte SIM incrimine ait t achete parZougam . Seul le tmoignage de son fournisseur, qui affirme se souvenir lui avoir vendu cette carte

    SIM particulire parmi des centaines dautres, permet darriver cette conclusion.Le fait de vendre une carte SIM ne rend pas le vendeur responsable de lusage, vent uellement

    dlictueux, quen fait son acheteur. Mais Zougam tait apparu en qualit de tmoin dans une enquteantrieure sur des terroristes islamistes. Il semble que ce fait ait t lunique argument motivant sonarrestation le 13 mars, puisquaucun tmoin ne la dcrit ou identifi cette date. Si on reconsidre lecomportement de Zougam jusqu cette arrestation, on saperoit quil aurait commis une sriedimprudences invraisemblables. Premirement il utilise une carte SIM en vente dans sa propretlboutique pour monter la bombe de Vallecas. Deuximement il laisse cette carte SIM dans letlphone alors quelle nest pas ncessaire pour utiliser la fonction rveil. Et troisimement il poursuitson activit normale jusqu son arrestation le 13 mars dans laprs-midi, alors que toute lEspagne saitdepuis le 12 mars au matin quune des bombes a t dmonte par la police. A partir de ce momentZougam doit forcment savoir que les enquteurs disposent dune carte SIM menant jusqu lui, et

    pourtant il ne cherche pas se cacher ni prendre la fuite.

    Des passagers des trains attaqus viennent spontanment tmoigner sur des individus suspects vusle 11 mars dans les trains. Certains de ces tmoignages sont retenus contre Zougam et constituent la

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    seule preuve de son implication dans lattentat. Mais ici encore, cette preuve est incroyablement faibleau vu de la gravit des faits. Une premire faille vient de la diffusion dans les mdias de la photo deZougam, car elle empche les tmoignages de respecter une rgle fondamentale qui est que le souvenirne soit pas tre influenc par dautres images vues par la suite.

    Finalement le verdict rendu en octobre 2007 ne retient que trois tmoignages contre Zougam. Enappel, en juillet 2008, un de ces trois tmoignages est invalid par la cour car le tmoin avait dposdevant le juge dinstruction mais pas devant le tribunal, o il navait mme pas t convoqu. Celaavait empch la dfense de Zougam de linterroger alors quil pesait de nombreux doute s sur sesdclarations. Il ne reste donc que deux tmoignages accusant Zougam : deux amies roumaines quivoyageaient ensemble. La premire est venue tmoigner trois semaines aprs lattentat.

    Tous les autres poseurs de bombes supposs sont morts dans lexplosion de lappartement deLganes, trois semaines aprs lattentat, le 3 avril. Une consquence importante de leur disparition estque lenqute na pas reconstitu leurs rles exacts dans le scnario de lattentat, focalisant sonattention sur lesprvenus. Au vu des difficults pour maintenir le dossier daccusation contre Zougam,on peut penser que ce flou, en vitant toute confrontation avec la ralit, a paradoxalement bnfici qui soutenait la culpabilit de ces 7 suspects. Ainsi, lenqute sest principalement attache

    dmontrer que leur mort dans lappartement de Lganes est un suicide. Ce suicide aura mis envidence le caractre fanatique des suspects, et la dcouverte dans les dcombres de documents derevendication fera office daveu posthume de lattentat.Lenqute conclue au suicide collectif, mais lecaractre suicidaire de cette explosion nest pas aussi clairement tabli que laffirme le verdict. Avantlassaut du GEO et lexplosion, les habitants du voisinage ont entendu des coups de feu, des cris etmme des cantiques en arabe provenant de lappartement. Mais personne na pu voir clairement lessuspects. Largument dcisif pour soutenir la thse du suicide est le fait que les suspects auraientappel leurs proches pour leur dire adieu pendant le sige de lappartement.

    Le dernier lment important qui taye la thse de lattentat islamiste est la Renault Kangoo. Leverdict tablit que certains membres du commando terroriste, sans prciser lesquels, ont utilis cette

    fourgonnette pour se rendre la station de mtro avec leurs bombes. Dautre part le concierge qui aattir lattention de la police sur cette Kangoo dclare quil lui a sembl que les individus taient desEuropens de lEst. Et la guichetire de la station qui lun des individus a achet un billet affirmequil parlait sans accent tranger. Ici encore le comportement des suspects surprend : pourquoi attirerlattention en sadressant la guichetire avec le visage moiti masqu, au lieu dutiliser undistributeur automatique ? Pourquoi prendre le risque dutiliser un vhicule vol sans changer les

    plaques ? Et pourquoi les terroristes ont-ils abandonn ce vhicule ? Surtout si on sait quils ont laissdes dtonateurs, de lexplosif et des vtements lintrieur ? Daprs lacte dinculpation cesvtements contiennent lADN des suspects, mais le verdict ne retient pas cette preuve. La thse delattentat islamiste perd toute sa crdibilit devant tant de failles dans les preuves qui la soutiennent.Dautant quon ne les a pas toutes voques dans cet article, voir par exemple comment GerhardWisnewski montre lincohrence des diffrentes revendications islamistes de cet attentat dans sonouvrageLes Dessous du Terrorisme. En validant cette thse, la Justice espagnole a jug de manirestupfiante que ces failles ntaient pas significatives.

    Conclusion

    Au terme de cette analyse, nous pouvons affirmer que la dcision du Tribunal suprme rpond desexigences politiques et non la ralit. Des lments de lappareil dtat espagnol sont intervenus pourfalsifier des pices conviction et orienter lenqute sur une piste fabrique, celle des islamistes. Lesattentats ont t commis par une organisation militaire disposant de complicits dans lappareil dtat.LOTAN, dont le pass terroriste est tabli, avait le savoir-faire, les moyens logistiques et le mobile

    pour raliser cette opration. Elle devrait tre considre comme le suspect principal si une nouvelleenqute judiciaire devait tre entreprise.

    Mathieu Mique

    http://www.voltairenet.org/auteur124754.html?lang=frhttp://www.voltairenet.org/auteur124754.html?lang=frhttp://www.voltairenet.org/auteur124754.html?lang=fr
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    Lombre de la police

    Existe-t-il dautres lments qui permettraient soit de confirmer la thse de lattentat islamiste, soitdorienter lenqute dans une autre direction ? Le problme est que des pices fondamentales delinvestigation ont fait lobjet de ngligences pour le moins inquitantes. Tout dabord les wagons oles bombes ont explos ont t dtruits deux jours seulement aprs lattentat[28]. Quel besoin y avait-

    il de se dbarrasser si vite de la scne de crime ? En 2006 un mtro accident Valence a tconserv deux ans pour les besoins de lenqute. La Justice reconnait dans son verdict que denombreux doutes auraient pu tre levs si les wagons avaient t conservs plus longtemps [29].

    Parmi ces doutes, le plus important est celui qui concerne la nature de lexplosif. Lanalyse dessubstances chimiques dposes sur les objets proches des foyers dexplosion aurait du tre la donnefondamentale de lenqute. Or, on ne sait toujours pas avec certitude ce qui a explos dans les trains,comme le reconnait le verdict [30]. Voyons pourquoi lexplosif na pas pu tre dtermin. La premirengligence concerne le choix du service qui a ralis lexpertise des chantillons. Elle a t confie auxdmineurs, alors que leurs laboratoires ne disposent que de moyens rudimentaires pour analyser lesexplosifs. Selon la procdure habituelle cest la police scientifique qui aurait d faire ces analyses, ce

    pour quoi elle dispose de matriel beaucoup plus pointu. Les rsultats de lexpertise sont ainsi trsimprcis : le rapport remis au juge dinstruction conclut la prsence de composants gnriques dedynamite dans les chantillons. Il ne dsigne pas quel est le type de dynamite : Titadyne, Goma 2Eco, Goma 2 EC ? Plus surprenant : il ne donne pas la liste des composants chimiques qui ont ttrouvs. Devant un tel flou, le tribunal a enfin ordonn une nouvelle expertise louverture du procs,en 2007. Malheureusement cette expertise a d se baser sur les chantillons dj analyss, et non surde nouveaux prlvements dans les trains, ceux-ci ayant disparu. Les experts se sont plaints du trop

    petit nombre dchantillons conservs par la police, et des ngligences grossires qui les avaient altrslors des tests antrieurs [31]. Finalement leurs conclusions nclairent pas davantage sur le type delexplosif puisquelles font apparatre une liste de produits chimiques qui ne correspond aucunecomposition de dynamite [32]. la fin du procs, le tmoignage de la directrice du laboratoire des

    dmineurs tait trs attendu pour rpondre aux interrogations concernant le travail quelle avait renduen mars 2004. Mais elle a dclar quelle ne disposait plus des suppo rts de chromatographie o leslments chimiques apparaissent [33], ni mme des documents o elle les a nots pendant sonanalyse [34]. Par contre elle a provoqu la stupeur du tribunal en citant pour la premire fois la liste

    prcise des composants chimiques trouvs, et en expliquant quelle navait jamais donn cette liste carpersonne ne lui avait explicitement demand [35]. Limprcision du rapport danalyse avait cr unetelle polmique en Espagne pendant les 3 ans couls entre lattentat et son tmoignage que cetteexplication est grotesque. Quel crdit peut-on accorder cette liste quelle na donne quau bout detrois ans et qui correspond la composition de la Goma 2 Eco ?

    Au sujet de lexplosif, il faut ajouter les doutes provoqus par la dclaration du chef des dmineurs qui

    a supervis les oprations le 11 mars. En voyant les dgts provoqus par les bombes, il a dclar queles dchirures des structures des wagons taient caractristiques dexplosifs de haute puissance, detype militaire, et non de dynamite [36]. Rappelons que certains explosifs militaires ne laissent pas detraces chimiques sur le lieu de lexplosion, ce qui les rend difficilement dtectables. Une autre sourcede doute est lemplacement des bombes qui a t reconstitu dans lacte dinculpation[37]. Selon cedocument la plupart des sacs contenant 10 kg dexplosif ntaient pas du tout dissimuls: par exempledpos entre deux siges se faisant face prs de la fentre, ou poss sur le porte-bagage, ou dposs cot de la poubelle, ou encore dpos sous un strapontin (qui devait pourtant tre repli). Seule une

    bombe tait cache sous un sige non-pliable. Pourquoi les terroristes nont-ils pas mieux dissimul lessacs ? Et pourquoi des sacs si lourds, dposs en des endroits si visibles , nont-ils pas attir lattentiondes voyageurs ? Pour rpondre ces questions certains journalistes mettent lhypothse de bombes de

    tailles beaucoup plus rduites, charges dexplosifs de haute puissance et non de dynamite[38]. LaGoma 2 Eco qui a t retrouve dans la Kangoo, dans le sac de Vallecas et dans lappartement deLganes ne constitue pas une preuve de ce qui a explos dans les wagons. Les soupons qui psent surces pices font plutt penser des leurres destins dtourner lattention de la scne de crime: les

    http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb28http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb29http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb30http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb30http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb31http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb31http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb32http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb33http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb34http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb35http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb35http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb36http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb37http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb38http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb38http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb37http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb36http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb35http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb34http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb33http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb32http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb31http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb30http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb29http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb28
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    trains. Dernier exemple de ngligence, les enregistrements des conversations entre les patrouilles depolice auraient permis de tirer au clair lpisode de la course-poursuite Lganes. Mais quand le jugedinstruction les a sollicits, la police a rpondu quelles navaient pas t conserves[39].

    Plus grave que les ngligences, il y a de forts soupons de falsification sur plusieurs pices delenqute. Nous avons dj voqu le sac de Vallecas, la Kangoo et les appels dadieu des suicids Lganes. Mais il existe dautres lments dont la falsification est devenue tellement vidente quilsnont pas ts retenus dans le verdict, comme par exemple les conversationstlphoniques de RabeiOsman, un gyptien qui rsidait en Italie. La police italienne a enregistr et traduit ses conversations en2004, et dans lune delles il se serait attribu lorganisation de lattentat. Au procs, de nouvellestraductions sollicites par la dfense ont fait apparatre que les phrases o il revendique lattentat ont

    purement et simplement t inventes par les traducteurs italiens [40]. La Justice a d labsoudre detout lien avec lattentat, alors quil avait t prsent comme le cerveau du groupe terroriste. Le verdictne dsigne donc pas de commanditaire de lattentat, dclenchant lindignation des associations devictimes, qui ont fait appel.

    Mais la falsification la plus notoire de lenqute est une Skoda Fabia que la police trouv prs de lastation de mtro dAlcala, 20 mtres de lemplacement de la Kangoo. Cette dcouverte ne se fait que

    le 13 juin 2004, soit trois mois aprs lattentat. Ce deuxime vhicule permet de renforcer la thse des7 ou 8 terroristes arrivant en voiture Alcala, et il contient des traces dADN dun des morts deLganes. Cependant de nombreux observateurs doutent quun vhicule stationn si prs de la Kangooait pu passer inaperu pendant trois mois, dautant que son immatriculation ne figure pas dans lesrelevs effectus le 11 mars. Cette preuve reste donc dans le flou jusquen juin 2005, quand la policeapporte au juge dinstruction le tmoignage dun prisonnier chilien. Celui-ci affirme quil a vol laSkoda puis quil la vendue lun des morts de Lganes en octobre 2003. Mais la preuve est denouveau discrdite en mars 2006, quand un journaliste dEl Mundoretrouve le tmoignage dungardien dun quartier de Madrid o la Skoda a t abandonne en novembre 2003. Selon lui, levhicule tait rest en stationnement gnant pendant trois semaines et avait reu de nombreusescontraventions, puis il avait disparu. En vrifiant ce tmoignage dans les fichiers des contraventions, ilest apparu que le vhicule tait impliqu dans plusieurs dlits, comme des vols larrach. Ces dlitsont t commis entre septembre et octobre 2003, priode o le vhicule est suppos tre en possessiondu Chilien. Or la police, comme le Chilien, avait jusque-l totalement occult ces faits au jugedinstruction. En voulant interroger de nouveau le prisonnier sud-amricain, le juge a appris quil avaitt extrad vers le Chili sans quon lavertisse. toutes ces contradictions sajoutent lincohrence ducomportement des terroristes. Pour aller commettre lun des pires attentats jamais vu en Europe, ilsauraient ainsi utilis une voiture vole, implique dans des dlits, laisse un temps labandon,verbalises plusieurs fois, et nauraient mme pas chang la plaque dimmatriculation. Le tribunalnavait pas dautre choix que dcarter la Skoda des preuves tayant le verdict[41]. Dautre partlADN retrouv dans cette pice probablement falsifie jette le doute sur les traces dADN trouves

    dans plusieurs vtements si opportunment laisss par les suspects dans cette affaire.Citons enfin quelques cas de soupons de falsification de tmoignages. Emilio Trashorras a affirmque la police lui avait demand dinventer lpisode dans lequel il fournit des expl osifs ElChino [42]. Il pensait quil bnficierait du statut de tmoin protg et quil ne serait pas inquit parla Justice. Pour sa part le tmoin Hassan Serroukh a dclar au juge dinstruction que sa dpositiondevant la police avait t falsifie. Cette dposition dcrivait Zougam comme un religieux fanatique,alors que Serroukh affirme ne lavoir jamais mentionn [43].

    Ngligences, soupons de falsification : les agissements suspects de la part dlments policiers sontnombreux dans lenqute qui a suivi lattentat. Mais la suspicion augmente encore quand on examinela prparation de lattentat tel que la prsente le verdict. Deux acteurs cls de lattentat sont indicateurs

    des forces de scurit [44]. Le premier, Zouhier, a mis en contact le commando terroriste avec untrafiquant dexplosifs. Lenqute a rvl que le garde civil qui le contrle la appel les deux jours

    prcdents lattentat. Le second, Trashorras, est ce mme trafiquant dexplosif. Il a eu desconversations tlphonique avec son rfrent policier la veille, le lendemain et le surlendemain du jour

    http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb39http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb40http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb40http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb41http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb41http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb42http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb42http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb43http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb44http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb44http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb43http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb42http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb41http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb40http://www.voltairenet.org/article162436.html#nb39
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    o il aurait fournit lexplosif El Chino. Mais ce policier assure que Trashorras ne lui a rien dit cesujet. Dautre part, les tlphones portables utiliss dans les bombes ont t dbloqus dans unetlboutique qui appartient un policier dorigine syrienne, Maussili Kalaji[45].

    Quelle concidence que tous ces collaborateurs des terroristes soient lis la police. Mais surtoutquelle chance quaucun ne les ait dnoncs avant leur crime. Le sort aura galement souri auxterroristes concernant la surveillance dont ils faisaient lobjet par la police. Daprs sa d ocumentation,depuis janvier 2003 la police surveillait troitement un groupe islamiste comprenant plusieursterroristes qui mourront Lganes. Au total ce groupe est soumis des filatures pendant 81 journesrgulirement rparties entre janvier 2003 et fvrier 2004. Cette surveillance semble sintensifier dansla premire quinzaine de fvrier 2004, mais elle sarrte brusquement le 17 fvrier, soit 11 jours avantlopration de rcupration des explosifs, et 24 jours avant lattentat[46]. La mme chance bnficiera deux complices du commando terroriste qui taient sur coute tlphonique dans le cadre duneenqute sur un trafic de drogue. Ces coutes sont soudainement leves le 12 mars, le lendemain delattentat[47]. Donnons un dernier exemple o la police apparat en filigrane derrire les terroristes.Aprs lexplosion de lappartement de Lganes, des documents concernant lETA ont t trouvs

    parmi les dcombres. On a appris quils provenaient en fait de lappartement voisin, partiellement

    dtruit. Ce logement tait occup par un policier qui, concidence encore, se ddiait la lutte anti-terroriste [48].

    Tous ces agissements suspects avant et aprs lattentat, conjugus la faiblesse vidente de la pisteislamiste, laissent penser que les vritables coupables sont couverts par des lments de lappareildtat. Il faut cependant bien noter que seule une rouverture de lenqute permettra de savoir si cessoupons sont fonds. En rvlant des tmoignages qui battent en brche la version officielle et enabsolvant les commanditaires prsums, le procs na fait que confirmer lextrme fragilit de la thsede lattentat islamiste.

    Au demeurant, dans le contexte politique, le tribunal na pas cherch tablir prcisment les faits. Ildevait confirmer que les accusations de Jos-Maria Aznar lencontre dETA taient sans fondement,

    ainsi que lavait dj tranch le plus vaste des jurys populaires, le corps lectoral. Il devait galementconfirmer que les accusations des no-conservateurs lencontre dAl-Qada taient, elles aussi, sansfondement, ce quavait dj tranch le nouveau gouvernement de Jos-Luis Zapatero. Le tribunal a

    point que les premiers indices avaient t falsifis pour accuser calomnieusement lorganisationbasque ETA, mais il na pas voulu ensavoir plus sur les manipulations auxquelles certains lmentspoliciers se sont adonns. Sans surprise, il a choisi de sen tenir lhypothse quon lui prsentait etqui tait la seule capable de rtablir le calme dans la socit : celle de la responsabilit islamiste sanslien avec al-Qada.

    Tout porte croire que la version officielle de lattentat du 11 mars 2004 Madrid, selon laquelle ilsagirait dun attentat islamiste sans lien avec Al-Qada, est une mystification [1]. Se pose alors la

    question des vritables coupables. Une enqute srieuse devrait adopter une dmarche systmatique :dresser la liste exhaustive des pistes, puis suivre chacune delles en cherchant indices et mobiles.Lobjet de cet article est dexaminer lune de ces hypothses : celle dune opration monte sous fauxdrapeau par des services secrets atlantistes. Avant cela, prsentons brivement lensemble des pistesqui devraient tre explores si lenqute tait rouverte.

    Le grand public connat gnralement deux hypothses sur les auteurs de lattentat : Al Qaeda,incrimin par le discours dominant, et ETA, que Jos Maria Aznar aurait accus pour justifier de sa

    politique basque. Les journalistes espagnols ont explor au moins quatre autres pistes, portant sur desservices secrets qui auraient mont lopration sous faux drapeaux. Les six hypothses sont donc lessuivantes :

    1. Des islamistes : Cest la thse retenue par tous les mdias dominants, lexception de quelquesuns en Espagne commeEl Mundo. En franais, le principal livre disponible au sujet de lattentat La

    Manipulation : Madrid, 11 marsreprend ce point de vue [2]. Notons que son auteur, Jean Chalvidant,est membre du comit ditorial de la revue no-conservatriceLe Meilleur des mondes[3],

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    explicitement cre en lien avec la Foundation for the Defense of Democracies [4]pour servir de porte-voix aux no-conservateurs en France et contrer linfluence du Rseau Voltaire et de ses amis[5].Malgr toutes les incohrences quon a exposes dans larticle prcdent, cette thse a t entrine parla Justice. Il faut souligner quil existe un dcalage sur deux points importants entre les conclusions dela Justice et lide gnralement admise dans lopinion publique. Premirement le commando na pasde lien avec Al Qaeda [6]. Et deuximement lattentat na pas t commis en reprsailles la

    participation de lEspagne linvasion de lIrak, puisque les prparatifs lui sont antrieurs.2. ETA : Aprs 30 ans de terrorisme et plusieurs centaines de victimes, lorganisation

    indpendantiste basque tait donne moribonde suite des annes de coups de filets policiers. Elle estcependant apparue comme le coupable habituel et tait condamne en une des quotidiens et des

    journaux tlviss, avant que les lments pointant vers un attentat islamiste ne prennent le pas surcette piste. Larrive au pouvoir de Jos Luis Zapatero, plus favorable lautonomie des provincesespagnoles, aurait pu tre lobjectif delattentat.

    3. Les services secrets marocains : La majorit des inculps ont la nationalit marocaine. Or lesrelations hispano-marocaines ont connu plusieurs pisodes dextrme tension, le dernier en date tantla dispute de la souverainet de llot Persil en 2002, qui a impliqu les troupes des deux cts. La

    chute dAznar au profit de Zapatero, jug plus conciliant et opportunment brouill avec les tats -Unis, aurait bnfici au Maroc.

    4. Un secteur des services secrets espagnols proche des socialistes : La premire consquencespectaculaire de lattentat a t laccession au pouvoir de Zapatero, alors que les sondages le donnaientlargement battu. La suspicion qui a entour la manire dont tait mene lenqute pousse certains

    journalistes penser que le plus haut personnage de ltat est derrire ce crime (bien quil nait pris sesfonctions que 5 semaines aprs lattentat). Cest vers cette thse hautement subversive que penche demi-mot Luis del Pino, qui est lune des rfrences de linvestigation journalistique sur cet attentat,avec le journaliste dEl MundoFernando Mugica [7].

    5. Des services secrets opposs la coalition des volontaires intervenue en Irak : La secondeconsquence spectaculaire des attentats est le retrait des troupes espagnoles dIrak, promesse deZapatero lors dune lection quil ne sattendait vraisemblablement pas gagner. Or ce retrait apparatcomme un revers pour la coalition des volontaires , mme si on verra quil est plus symboliquequeffectif. Certains investigateurs suspectent donc les puissances opposes cette coalition soushgmonie tats-unienne, comme la vieille Europe franco-allemande, la Russie ou la Chine [8].

    6. Des services secrets partisans de la guerre au terrorisme : Ils auraient bnfici du soutiendun secteur de lappareil dtat espagnol, au moins au moment dorienter lenqute dans une autredirection. Cest sur cette thse, galement dfendue par le journaliste B runo Cardeosa [9], que nousallons nous centrer dans la suite de cet article, en commenant par exposer les indices qui relient

    lattentat aux tats-Unis, dont le gouvernement tait le principal promoteur de la doctrine de guerreau terrorisme .

    Les faits : limplication dun service secret militaire

    Le sac de Vallecas et les empreintes dans la Kangoo : des pices conviction, falsifies par deslments de lappareil dtat, qui suggrent un lien outre-Atlantique

    Un premier lien entre lattentat et les tats-Unis apparat fin mars 2004 avec une mystrieuse photo dela bombe du sac de Vallecas. Cest le seul clich connu ce jour de la pice centrale de lenqute,objet de tant de controverse. Dans la nuit du 11 au 12 mars 2004 un agent de la police scientifiquestait rendu sur les lieux o les dmineurs dsactivaient la bombe de Vallecas, afin den raliser unreportage photographique conformment la procdure. La bombe ntant pas encore neutralise, ilresta distance, confia son appareil un dmineur et aperut plusieurs flashs. Une fois lengindsactiv il tenta de sen approcher avecson appareil mais son grand tonnement les dmineurs lui

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    en barrrent laccs. Puis un haut fonctionnaire de la police lui demanda de leur remettre la pellicule,dont on na depuis plus aucune trace[10].

    En ce mois de mars 2004 aucune photo de la bombe de Vallecas ntait donc parue. Ce flou taitrenforc par les explications contradictoires avances par les mdias sur la non explosion de la bombe.On a dit que les terroristes avaient oubli dactiver la carte SIM, puis quils staient tromps en

    programmant lexplosion 7 heures 30 du soir et non du matin, ou encore que la puissance lectriquefournie par le tlphone tait insuffisante pour la dclencher, versions toutes dmenties par la suite.Lexplication la plus rocambolesque tait celle qui tait alors avance pour larrestation de JamalZougam, le seul poseur de bombe suppos qui ait t incarcr. La coque du tlphone aurait tbrche et la petite pice de plastique manquante aurait t retrouve chez lui. Concernant lacomposition de la bombe, la majorit des mdias parlait alors dun modle Triumph de Motorola etnon dun Trium de Mitsubishi [11], que retiendra finalement la version officielle.

    Le 30 mars la chane de tlvision tats-unienne ABC News diffusa la seule photo de la bombe connue ce jour, reprise par tous les mdias espagnols sans remise en question. Elle venait combler le videcaus par la disparition de la pellicule de la police scientifique, et redonna de la crdibilit cette

    preuve gagne par le flou. Mais le clich pose de nouvelles questions qui nont toujours pas trouv de

    rponses. Qui a pris cette photo ? Dans quelles circonstances ? Et pourquoi est-elle apparue aux tats-Unis, loin des mdias espagnols qui suivaient laffaire troitement? Intrigu, Luis del Pino interrogeales correspondants dABC en Espagne, qui on attribuait le clich, mais ils nirent en tre les auteurset ignoraient comment la direction amricaine de la chane se ltait procur[12].

    Le 6 mai 2004 les regards se tournent nouveau vers les tats-Unis quandNewsweekrvle quunavocat tats-unien, Brandon Mayfield, a t arrt dans ltat dOregon quelques jours plus tt. Sesempreintes digitales ont t trouves sur lemballage des dtonateurs dcouverts dans la Kangoo queles terroristes sont censs avoir utilis. Tout au long du mois de mai, et face aux doutes affichs parleNew York Times, lhebdomadaire mentionnera des sources policires assurant de la fiabilit de la

    preuve. Ainsi le 17 mai, Un haut responsable du contre-terrorisme US dit Newsweekque

    lidentification de lempreinte est irrfutable [13]. Le FBI avait identifi lempreinte peu aprslattentat et avait alors mis Mayfield sous surveillance. Cest la crainte de fuites dans la presse quiaurait forc procder une arrestation discrte. Mais coup de thtre le 20 mai, la police espagnoleannonce quelle a de son ct identifi lempreinte comme celle dOuhnane Daoud, un Algrienrsidant en Espagne. Les autorits US prennent acte et le jour mme Mayfield est relch, avec, faitrare, les excuses publiques du FBI, puis une indemnisation. Quant Daoud, il est toujours en fuite ce

    jour, ce qui empche dvaluer la fiabilit de son identification.

    Force est de remarquer lopportunit de lidentification de Daoud, pass inaperu pendant les 2 moissuivant lattentat, mais qui est identifi dans les semaines suivant larrestation de Mayfield. Le profil de ce dernier veille galement la suspicion. Avocat discret et sans grande activit, converti lislam,

    il avait dfendu dans une affaire de droit familial un tats-unien accus par la suite de terrorisme. Maiscest son lien avec larme US qui attire le plus lattention: Mayfield est officier de rserve aprs avoir

    pass 8 ans sous les drapeaux dont une anne dans une unit de renseignement [14].

    Les deux indices quon a voqus portent sur les deux principales preuves matrielles du dossier: lesac de Vallecas et la Kangoo. Avant de poursuivre notre investigation, ouvrons une parenthse pourapporter quelques lments de rflexion ce qui peut apparatre comme une contradiction. Nous avonsvu quel point les pices de lenqute sont bancales: sac de Vallecas, Kangoo, mais aussitmoignages, donnes tlphoniques, etc. Lobservateur est forcment tonn du fait que des

    protagonistes quel quils soientpuissent faire preuve dun tel amateurisme au moment defabriquer de fausses pistes. Plusieurs investigateurs, dont Luis del Pino [15], ont propos lexplication

    suivante ce paradoxe : le sac de Vallecas et autres preuves auraient t fabriques prcipitamment car on avait prvu que lenqute se base sur les deux bombes non exploses qui ont t trouves dansles trains ce matin-l. On aurait dlibrment mont ces deux bombes de manire dfectueuse, et on leur aurait fait porter des indices soigneusement choisis. Ceux-ci devaient permettre la policede btir une enqute dapparence solide. Mais de manire inattendue les deux engins ont explos au

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    cours de la procdure de dsactivation des dmineurs, dtruisant les indices quon y aurait mis.Pour parer cet imprvu on aurait du improviser les pices que nous connaissons, do leurimperfection. Le sac de Vallecas apparat ainsi dans un commissariat lintrieur dun lot deffets

    personnels pourtant pralablement fouills, et qui aurait d se trouver la morgue comme tout lesautres lots. Dans le mme temps des lments accusant les islamistes apparaissent dans la Kangoo unefois quelle a t transporte au commissariat, alors que les fouilles sur place ny avaient rien dtect.

    Cette hypothse des deux bombes-leurres est confirme par les tmoignages au procs desdmineurs qui ont neutralis lune delles. Ils ont dcouvert lengin sur le quai et non dans le train. Etmme si un policier municipal a tmoign avoir trouv ce sac dans un wagon et lavoir transport cetendroit, il est improbable quelle ait t laisse sans surveillance et que les dmineurs laient redcouverte l. Surtout, laspect intact du sac contenant la bombe les a fait douter quil puisse

    provenir du train, car tous les objets qui sortaient des wagons portaient des traces dues aux chocs, lafume, etc. [16]Ces lments suggrent que ce sac a t plac sur le quai peu aprs les explosions, etnon quil se trouvait dans le train comme les autres bombes. Lapparente contradiction entre lecaractre bancal des pices de lenqute et limplication dun service secret trouve, avec cettehypothse, une explication possible.

    Lactivation et la nature des explosifs: amateurisme ou matriel militaire ?

    Poursuivons notre analyse, ajoutons deux lments qui confirment que lattentat a t luvre duneorganisation de type militaire et non dune bande de dlinquants. Premirement les 10 bombes ontvraisemblablement t actives distance par des systmes de radiocommande, et nont pas t

    programmes lavance avec la fonction rveil de tlphones portables comme le soutient la versionofficielle. En effet 3 trains ont explos alors quils taient larrt dans les stations dAtocha, El Pozoet Santa Eugenia, le quatrime explosant en dehors dAtocha o il attendait le dpart du premier train. moins dy voir une extraordinaire concidence, on peut en conclure que les terroristes voulaient queles bombes sautent dans les gares. Or ce rsultat est extrmement difficile obtenir en programmant lavance lheure dactivation. Dabord parce que les tlphones portables supposment utiliss ne

    permettent pas un rglage fin de lhorloge et du rveil : on peut rgler les minutes mais pas lessecondes. Et ensuite parce que les trains de banlieue ne sont pas rigoureusement ponctuels. Enloccurrence certains trains taient en retard ce jour-l, celui dEl Pozo avait par exemple une pairede minutes de retard selon la dposition de son conducteur [17]. Les explosions nont donc pas t

    programmes lavance mais dclenches en direct . Les moyens de radio transmission que celaimplique suggrent une opration sophistique, hors de porte de la bande de petits dlinquantsdsigne par la version officielle. Ceci tant, pourquoi voulait-on que les trains explosent dans lesstations ? La raison pourrait tre quils soient plus facilement et discrtement accessibles, ce quicorroborerait lhypothse des deux bombes-leurres introduites aprs les explosions.

    Deuximement tout porte croire que les bombes taient charges dexplosifs militaires, qui

    coupent , et non de dynamite minire, qui mord , comme on la montr dans larticle prcdent.Dans lexplication quil a donne au juge dinstruction, le chef des dmineurs de Madrid voque mmelexplosif militaire C4[18]. On rappellera au passage que cest ce type dexplosif que la police allemande avait intercept sur des agents tats-uniens qui tentaient de lintroduire discrtement ausommet du G8 de juin 2007 [19].

    La matrice de lopration est donc bien militaire, comme le confirma Salvador Ortega, pionnier de lapolice scientifique en Espagne, interview par Bruno Cardeosa quelques jours aprs lattentat.Interrog sur les aspects non lucides par lenqute en cours, il rpondit quil manquait certainsauteurs matriels et la tte pensante. Parce que derrire ces faits, des lments trs sophistiqus ont

    particip, qui taient sans doute sous la direction de quelquun des services de renseignement et

    militaire. Parce quen plus a a t une opration trs coteuse [20].CMX 2004 : simulation ou couverture de lOTAN?

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    Ayant dmontr que des lments non-identifis de lappareil dtat ont falsifi des pices conviction pour orienter lenqute sur une fausse piste et couvrir une opration de type militaire, il estlgitime denvisager que les attentats de Madrid aient pu tre commis par un service secret militaire.

    Daprs lancien officier de renseignement de lUS Army Eric H. May [21], la faon la plus simplede faire un attentat sous faux drapeau est dorganiser un exercice militaire simulant exactementlattentat que lon veut commettre [22]. Or, comme lors des attentats du 11 septembre 2001 auxtats-Unis et ceux du 7 juillet 2005 Londres, les attentats de Madrid ont concid avec unesimulation dattaque terroriste[23]. Du 4 au 10 mars 2004, lOTAN ralisait son exercice de gestionde crise annuel, intitul CMX 2004 [24], et au matin du 11 mars de vraies bombes explosaient Madrid.

    Le scnario mis au point cette anne-l par lAlliance atlantique tait justement une vaste attaqueterroriste dAl Qaeda travers les pays occidentaux. En Espagne, la prsidence du gouvernement, leministre de la Dfense et le CNI (les services secrets) ont pris part lexercice. On ne sait cependant

    pas sil incluait des manuvres dans la capitale espagnole car les donnes qui sy rapportent sontconfidentielles. Dans une des rares vocations de cette simulation dans la presse, El Mundocrit : Lasimilitude du scnario labor par lOTAN avec les vnements survenus Madrid fait froid dans le

    dos, et elle a impressionn les diplomates, militaires et services de renseignements qui ont particip lexercice peine quelques heures plus tt [25]. Les dtails de CMX 2004 tant classs, on ne saitmalheureusement pas o sarrte cette similitude.

    Le dpart prcipit dune importante quipe de la CIA

    Une autre concidence troublante est lescale en Espagne dun des avions clandestins de la CIA. Cesavions ont depuis t rendus clbres suite au scandale des enlvements et des prisons secrtes enEurope, utiliss dans le cadre du programme tat-unien des restitutions extraordinaires [26]. LeBoeing 737 immatricul N313P atterrit le 9 mars 2004 laroport de Palma, sur lle espagnole deMajorque, et en repart le 12 mars, lendemain de lattentat[27]. Cet appareil est le plus gros utilis pour

    ces vols secrets, et le principal avion cit dans le rapport du Conseil de lEurope de 2006. Palma y estpour sa part dcrite comme une plate-forme charnire de la CIA dans le programme desrestitutions [28]

    Prims pour leur enqute sur ces vols de la CIA, des journalistes du quotidien localEl Diario deMallorcafurent reus sur les ondes de la Cadena SER, la radio la plus coute dEspagne. En guise deconclusion linterview ils lancrent: Le 11 mars 2004 le Boeing 737 de la CIA tait Palma. Lelendemain il est partit prcipitamment parce quil a modifi son horaire de dcollage. Il avait annoncse rendre en Sude mais il est all Bagdad [29]. quoi tait d ce dcollage prcipit, seulementquelques heures aprs lpisode de la dcouverte du fameux sac de Vallecas? Outre cette hte, cest la

    prsence mme de lavion en territoire espagnol au moment de lattentat qui attire lattention. Selon la

    commission du Parlement Europen sur les vols de la CIA, 125 vols secrets de lagence tats -uniennese sont poss sur un aroport espagnol de 2001 2005 [30](soit une priode denviron 1500 jours).Ces escales tant gnralement dun ou deux jours[31], la simultanit des deux vnements constitueune concidence qui mrite dtre note.

    LOTAN, un suspect aux lourds antcdents

    Dans un pays qui, depuis son retour la dmocratie, a connu plusieurs tentatives de coups dtatmilitaires, il nest pas envisageable que les forces nostalgiques du franquisme aient pu mener bienune opration comme les attentats de Madrid sans tre immdiatement dmasques. Il est par contre

    possible quun service secret militaire tranger ait pu ourdir cette opration, et au besoin recruter dupersonnel dans cette mouvance espagnole toujours sensible au mythe de la Reconqute.

    Un rappel historique est ici indispensable. Comme dans toute lEurope Occidentale, une structuresecrte chapeaute par lOTAN est implante en Espagne depuis laprs-guerre [32], alors mme quen

    http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb21http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb22http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb23http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb24http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb25http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb26http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb27http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb28http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb29http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb30http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb30http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb31http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb32http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb32http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb32http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb31http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb30http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb29http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb28http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb27http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb26http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb25http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb24http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb23http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb22http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb21
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    raison de son rgime politique, cet tat na rejoint lAlliance atlantique quen 1982. Dans un ouvragede rfrence,Les Armes secrtes de lOTAN[33], lhistorien suisse Daniele Ganser dcrit ces rseaux,qualifis destay-behind(cest dire pouvant tre activs en arrire de la ligne de front lors duneoccupation ennemie) et connus sous le nom gnrique de lunit italienne Gladio(le Glaive). Il tablitnotamment comment ils ont commis des attentats terroristes sous faux drapeaux dans le cadre de la stratgie de la tension . Lobjectif tait de justifier un renforcement de lappareil scuritaire et

    dempcher laccession par la voie dmocratique des communistes au pouvoir en suscitant la peur des rouges . LEspagne jouait un rle crucial dans le recrutement des agents du Gladio , et leurservait galement de refuge. Elle abrita par exemple Stefano Delle Chiaie, le plus connu desterroristes membres des armes secrtes qui combattirent le communisme en Europe et dans le monde

    pendant la Guerre froide , son actif un bon millier dopration sanglantes, dont environ 50assassinats . Le rseau agissait contre les militants communistes et anarchistes, notamment parmiles mineurs des Asturies et les nationalistes catalans et basques (on retrouve ici le milieu des minesAsturiennes auquel appartient Emilio Trashorras, le principal tmoin charge contre El Chino et sa

    bande, et par ailleurs indicateur de la police). Lhomme de confiance de Franco, lamiral CarreroBlanco, grand architecte des services secrets, tait son officier de liaison avec la CIA , et lappareilde renseignement lun des meilleurs allis de la CIA en Europe [34].

    Bien quils aient t conus pour encadrer la Rsistance lors dune invasion sovitique, rien ne permetde penser que les rseauxstay-behindont t dmantels depuis leffondrementdu bloc de lEst. Lecommandement US en Europe (EuCom) et lOTAN maintiennent par ailleurs en Espagne la basenavale et de renseignement de Rota et la base arienne de Moron. Enfin, le commandement Sud delOTAN tait en train dinstaller le quartier gnral de ses troupes terrestres Madrid au moment desattentats [35].

    Il est noter que les services secrets de la Navy et de lAir Force, respectivement le NCIS et lOSI, ontjoui pendant la priode qui nous intresse dune tonnante libert daction en territoire espagnol. Enavril 2002 Jos Maria Aznar et George W. Bush rformaient la convention bilatrale de dfense entreleurs deux pays. Cet accord lgalisa pour la premire fois la prsence en Espagne de ces deux servicessecrets tats-uniens, dots galement de prrogatives policires. La rdaction dlibrment confuse dutexte leur donna une grande marge de manuvre: les autorits comptentes des deux pays devronttablir les normes rgulatrices sur les agissements en Espagne du NCIS et de lOSI . En fvrier 2006 laffaire Pimienta mit en vidence labsence de normes rgulatrices. Le NCIS avait enlev enterritoire espagnol Federico Pimienta, dserteur des Marines, sans le moindre contrle de la part desautorits policires ou judiciaires espagnoles. Cest seulement suite la polmique engendre par ceviol flagrant de la souverainet espagnole que seront rdiges des normes telles que laccrditation

    pralable des membres du NCIS et de lOSI par les autorits espagnoles et la communicationpralable aux autorits espagnoles de toute opration [36].

    La recherche du mobile

    Dans la cas o lAlliance atlantique serait implique dans des attentats comme ceux de Madrid, ladcision stratgique de recourir laction secrte aurait d tre avalise par le Comit de coordinationdes Allis dans un but prcis. La conception tactique de chaque opration, y compris celle de Madrid,aurait pu tre prise par les seuls tats-Unis et Royaume-Uni, sans en rfrer aux Allis.

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    Le gnral James L. Jones tait le suprme commandeur de lOTAN en 2004. Il est aujourdhui

    conseiller de Scurit nationale du prsident des tats-Unis.OTAN

    En dautres termes, si les responsables des services secrets allis avaient donn leur accord pour unemise en scne de la guerre au terrorisme , le gnral James Jones (SACEUR) [37], lambassadeur

    Nicholas Burns (USA) [38]et lambassadeur Peter Ricketts (UK)[39]auraient pu dcider linsu dugouvernement espagnol de frapper Madrid, ventuellement en requrant des lments de lappareildtat espagnol pour raliser lopration.

    La dcision de recourir au terrorisme aurait d tre lie la stratgie gnrale de lAlliance et non pas des intrts politiciens, mme si des intrts politiciens immdiats auraient pu fausser lvaluation dela pertinence dune opration particulire. De ce point de vue, cest une erreur que dinterprter uneimplication des services secrets atlantiques en fonction des lections lgislatives espagnoles ou dellection prsidentielle tats-unienne. Larbre cache la fort.

    LAlliance sinterdit dintervenir dans la vie politique des tats membres ds lors que les comptiteurssont tous atlantistes (Parti populaire et socialiste espagnols, Parti rpublicain et dmocrate tats-uniens). Sa vision est beaucoup plus large. De plus, il est erron de considrer comme ngatifs pourlAlliance la perte du pouvoir en Espagne par le Parti populaire (dont Aznar navait pas souhait

    briguer une nouvelle candidature) et le retrait des troupes espagnoles dIrak. En effet, le gouvernementsocialiste est un partenaire privilgi pour les travaillistes au pouvoir au Royaume-Uni. Une semaineaprs son lection, Zapatero dclarait que sa priorit absolue tait la lutte contre le terrorisme .Dautre part le contingent espagnol en Irak ntait que le neuvime en terme deffectif: 1 300

    hommes, soit moins d1%de lensemble des troupes. En outre, son retrait a t compens par unengagement accru en Afghanistan.

    De nombreux auteurs espagnols se sont interrogs sur les raisons qui ont pouss les terroristes, quelsquils soient, agir lors des lections lgislatives. Ils ont mit en vidence comment les ractions des

    protagonistes locaux ont t guides par leurs intrts propres. Cependant, cela ne nous renseigne passur lintention des terroristes. Dans le cas o lopration aurait t commandite par lOTAN, lecontexte lectoral permettait de renforcer la thorie du clash des civilisations : des musulmans sanslien avec Al-Qaeda veulent dtruire la dmocratie et les institutions occidentales. Cest prcismentcette version qui a t retenue par la Justice espagnole propos des attentats de Madrid comme par laJustice britannique propos des attentats de Londres [40].

    Si la dcision de mettre en scne un terrorisme islamique a t prise par le Comit de coordination desAllis, elle aurait pu tre mise en uvre les 15 et 20 novembre 2003 Istanbul, le 11 mars 2004 Madrid et le 7 juillet 2005 Londres [41]. Pour tre valide, notre hypothse devrait pouvoir rendrecompte de lensemble de ces crimes.

    http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb37http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb37http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb38http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb38http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb39http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb39http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb40http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb41http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb41http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb40http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb39http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb38http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb37
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    Les objectifs de lOTAN dans cette priode, taient-ils susceptibles de motiver une telle intervention ?

    En 2004, lAlliance atlantique est en pleine rorganisation. Dun ct, elle semble en expansion: ellesapprte accueillir de nouveaux membres; elle est engage stabiliser le Kosovo ; elle assure lascurit de navigation en Mditerrane et au large de la Corne de lAfrique; elle sest dploye enAfghanistan et commence le faire en Irak ; elle met sur pied une Force dintervention rapide, capablede dfendre ses intrts nimporte o dans le monde. De lautre, elle traverse une grave crise : alorsquen 2001, pour la premire fois de son histoire, ses membres ont offert leur assistance un des leursvictime, selon eux, dune agression trangre, elle sest dchire sur le mme thme en 2003. LaFrance et la Belgique ont ni que lIrak reprsentait une menace terroriste pour les tats -Unis, tandisque la Turquie a interdit aux tats-Unis dutiliser son espace arien et les bases OTAN de Turquie

    pour attaquer lIrak.

    En pleine croissance lAlliance est menace dclatement. Ses membres dsunis sengagent lacarte en Irak. Le seul moyen de souder les rangs est dinitier de nouvelles actions communes dans la guerre au terrorisme .

    Le renforcement du contre-terrorisme chez les Allis

    Pour le quotidien franais {Le Monde}, les attentats de Madrid dmontrent quAl -Qaedamenace lEurope. Le journal dcline son mot dordre du 11 septembre 2001 sous le titre Noussommes tous des Madrilnes (dition du 13 mars 2005).

    En premier lieu, lAlliance durcit son contrle des populations en tendant en Europe les dispositionsde lUSA Patriot Act. Le sociologue Jean-Claude Paye dcrit de la manire suivante la raction delUnion europenne au 11-Mars, dans le chapitre dintroduction de son ouvrageLa Fin de lEtat dedroit:

    loccasion des attentats du 11 mars 2004 en Espagne, on a vu apparatre sur nos crans detlvision un ensemble de spcialistes du terrorisme construire un amalgame entre Al-Qaeda, IETA et

    divers rfugis politiques, faisant du terrorisme un terme gnrique devant se substituer lensembledes situations concrtes.Une des mesures unanimement rclame, pour conjurer ce pril multiforme, fut la mise en placeimmdiate du mandat darrt europen. Le mandat darrt europen permet une remise quasiautomatique, par un tat membre, dune personne demande par une autorit judiciaire dun autre tatmembre. Par rapport aux procdures dextradition ce mandat supprime tous les contrles politiques et

    judiciaires portant sur le fond et la lgalit de la requte, ainsi que les recours possibles contre celle-ci.La demande est ainsi inconditionnellement satisfaite et lgitime par les autres pays, quelle que soit salgalit ou sa conformit aux principes dun tat de droit. Le mandat devait entrer en vigueur le

    premier janvier 2004. Adopte au niveau de lUnion Europenne et dj intgre dans la plupart deslgislations nationales, cette mesure peinait cependant se mettre en place. Une des premires

    consquences des attentats du 11 Mars est la fin des dernires rsistances lutilisation de cetteprocdure ainsi que le renforcement des mesures incontrlables, prises dans le cadre de la cooprationjudiciaire et policire entre les pays europens. On peut ainsi craindre une acclration du processus desuspension des garanties constitutionnelles, mis en place au lendemain du 11 Septembre.

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    Les premires mesures envisages portent sur le renforcement de la coopration policire et judiciaire.Une "capacit de renseignement" aura pour fonction danalyser les renseignements fournis par lesservices secrets et les polices des tats membres. Il sagit galement dadopter des lgislations

    permettant aux enquteurs de plusieurs pays de travailler en quipes communes et de ratifier uneconvention dentraide judiciaire en matire pnale. Il est galement prvu de favoriser les changes dedonnes : empreintes digitales et relevs biomtriques. Le Conseil des chefs dtat et de gouvernement

    veut galement aboutir avant 2005 la mise en place de passeports et de cartes didentit contenantdes donnes telles que la photographie de liris de lil et les empreintes digitales. Les transporteursariens seraient galement dans lobligation de communiquer aux autorits douanires et policireseuropennes un ensemble dinformations sur leurs passagers. Cette mesure tait dj en cours, au

    bnfice des autorits amricaines pour les vols transatlantiques.Ces diffrentes mesures, tels les passeports ou cartes didentit avec puce lectronique contenant desdonnes biomtriques, sont en discussion depuis longtemps. Les attentats sont simplement uneoccasion de surmonter les rsistances de telles mesures liberticides. Si lon se rfre aux attentats deMadrid, lefficacit de ces dispositions est largement alatoire, puisque les personnes arrtes taientinstalles en Espagne depuis longtemps et ne traversaient pas les frontires. Elles ne pouvaient trerepres par de tels moyens. Par contre, ces dispositions sont parfaitement adquates une gestion

    policire des populations. Lorganisation Statewatch a montr que, sur les 57 mesures prvues par leConseil des chefs dEtat et de gouvernement des 25 et 26 mars 2004, 27 propositions nont rien ou trs

    peu voir avec le terrorisme. Elles ont pour objet dassurer la surveillance, non de groupes dtermins,mais de lensemble des populations travers le contrledes communications [42].

    Jean-Claude Paye montre que ce contrle des populations se fait au profit dinstitutions des tatsmembres de lUnion europenne, mais aussi des tats-Unis. Le dveloppement de la cooprationtransatlantique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dvoile le caractre organique du droit

    pnal dans la formation de la structure impriale. LUnion europenne se place sous lhgmonieamricaine en ce qui concerne lorganisation du contrle des populations. Quant aux tats -Unis, leursexigences portent plutt sur la capacit de leurs institutions policires ou judiciaires de contourner les

    structures formelles des pouvoirs excutifs et judiciaires europens [43]Lextension de la guerre au terrorisme en Afrique

    Le gnral Jones, suprme commandeur de lOTAN et par ailleurs patron des forces tats -uniennes enEurope (EuCom), sattle crer un commandement ad hoc des forces tats-uniennes pour lAfrique(AfriCom). Pour justifier ce dploiement qui inquite les Africains, il ne cesse de dnoncer le prilterroriste sur ce continent. Ce mme argumentaire servira engager lOTAN en Afrique. On observeraque, dans cette perspective, ltrange dcision du Tribunal suprme dattribuer les attentats de Madrid des terroristes islamistes sans lien avec Al Qaeda fait laffaire, puisque ces islamistes sont originairesdAfrique du Nord.

    Lors de sa tourne africaine de juillet 2003, le prsident Bush prvient : Nous ne laisserons pas lesterroristes menacer les peuples africains, ni utiliser lAfrique comme base pour menacer lemonde [44]. Les responsables amricains multiplient les dclarations assurant de limplantation dAlQaeda dans le dsert du Sahel, discours mis en doute par de nombreux observateurs. Dbut mars 2004cest le commandant en chef adjoint des forces armes US en Europe (Eucom, qui supervise alorsaussi lAfrique) qui avertit: des membres dAl Qaeda tentent de stablir dans la partie Nord delAfrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan lorsque lestalibans taient au pouvoir. Ils ont besoin dun endroit stable pour squiper, sorganiser et recruter denouveaux membres [45].

    Les 23 et 24 mars 2004, linitiative des tats-Unis, une runion sans prcdent des chefs dtats-

    majors de huit pays nord-africains et du Royaume-Uni a lieu au sige de lEuCom Stuttgart. cettepoque tous les regards sont tourns vers lAfrique du Nord et notamment le Maroc, o le GICM(groupe islamique combattant marocain) est suspect dtre derrire lattentat de Madrid. Il est dcidde lancer le TSCTP (trans-saharian counterterrorism partnership), ambitieux plan de formation desarmes africaines la lutte anti-terroriste par les tats-Unis [46]. Ces plans dentranement permettent

    http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb42http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb43http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb44http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb45http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb46http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb46http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb46http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb45http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb44http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb43http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb42
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    ces derniers de mettre le pied sur le sol africain en encadrant discrtement les armes locales. Lechoix de cette stratgie de dploiement rpond un besoin de faire baisser les pertes militairesengendres par les invasions en Afghanistan et en Irak.

    Lattentat de Madrid tait arriv point nomm pour que Washington et Londres imposent le TSCTPaux huit pays africains. Il avait cr un climat dincertitude, d notamment une rumeur qui annonaitle prochain dbarquement de larme US dans le Nord de lAfrique, linstar des invasionsdAfghanistan et dIrak. Cette rumeur, qui savrerait fausse, tait entretenue par plusieurs journauxespagnols, algriens et marocains [47]. Limportant quotidien espagnolLa Razoncrivait par exemplele 21 mars 2004 : Des units des forces spciales tats-uniennes et des troupes militarises de la CIAsont attendues dans les prochains jours dans la rgion du Sahel (Sahara Nord). Elles participeront la

    plus grande opration antiterroriste mene par les tats-Unis depuis la guerre dIrak. On prvoit queles combats durent plusieurs semaines. Les armes des pays de la zone, qui ont dj accept douvri rleur espace arien lUS Air Force, participeront aux combats sous commandement amricain () Ledbut de lopration militaire, dcid la suite des attentats de Madrid le 11 mars pourrait concideravec (...) le 26 mars prochain [48]. Cette rumeur de dbarquement a des airs de manuvredintoxication visant forcer la main aux dirigeants africains concernant le TSCTP. Larrive de

    formateurs militaires tats-uniens et britanniques pouvait en effet apparaitre leurs yeux comme unmoindre mal, en comparaison dun dbarquement de larme US dans leurs pays.

    Quoi quil en soit, lOTAN en tant que telle na pas souhait simpliquer dans le TSCTP. Les tatsmembres nont consentis envoyer des troupes en Afrique qu partir de 2005, en appui auxoprations de lUnion africaine au Soudan et en Somalie. Lattentat de Madrid, prsent comme une

    punition dAznar pour son implication dans la guerre dIrak (ce qui fut dmenti longtemps aprs par laJustice), a permis dintgrer indirectement le conflit irakien dans la guerre contre le terrorisme dansla continuation logique du discours mensonger du secrtaire dtat US Colin Powell au conseil descurit des Nations Unies [49]. La vague de grands attentats islamiques en Europe sest quant elleinterrompue avec lopration avorte de Barcelone, en janvier 2008[50].

    Conclusion

    Au terme de cette analyse, nous pouvons affirmer que la dcision du Tribunal suprme rpond desexigences politiques et non la ralit. Des lments de lappareil dtat espagnol sont intervenus pourfalsifier des pices conviction et orienter lenqute sur une piste fabrique, celle des islamistes. Lesattentats ont t commis par une organisation militaire disposant de complicits dans lappareil dtat.LOTAN, dont le pass terroriste est tabli,avait le savoir-faire, les moyens logistiques et le mobile

    pour raliser cette opration. Elle devrait tre considre comme le suspect principal si une nouvelleenqute judiciaire devait tre entreprise.

    Mathieu Mique

    http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb47http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb47http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb48http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb48http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb49http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb50http://www.voltairenet.org/auteur124754.html?lang=frhttp://www.voltairenet.org/auteur124754.html?lang=frhttp://www.voltairenet.org/auteur124754.html?lang=frhttp://www.voltairenet.org/article162639.html#nb50http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb49http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb48http://www.voltairenet.org/article162639.html#nb47