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102 Année 1901 En promulguant l'Année sainte de 1900, le pape Léon XIII exprimait le vœu que cette année jubilaire fut l'occasion de la conversion d'un grand nombre d'âmes, du renouvellement de la vie chrétienne et de la pacification des esprits et des peuples. Les chrétiens sont venus prier à Rome à ces intentions par centaines de mille. Ces grands dessins seront pendant l'année 1901 proposés aux prières de millions d'âmes, car si l'"Anno Santo" de 1900 est clos à Rome, une vieille tradition veut qu'il soit ensuite étendu pendant plusieurs mois au reste du monde afin de faire participer à ses supplica- tions, à ses indulgences et à ses grâces tous les fidèles qui n'auront pas pu se ren- dre à Rome. Et voilà pourquoi Mgr Guillois fait connaître à son Diocèse les conditions requises pour le gain de la précieuse Indulgence et demande aux pasteurs des paroisses d'organiser des retraites pour disposer leurs fidèles à s'assurer plus sûrement cette faveur. Cette retraite jubilaire fut prêchée dans la première se- maine de Novembre par M. l'abbé Masson, curé-doyen de Fay-le-Froid. Voici la relation parue dans la semaine Religieuse du 15 Novembre 1901: " Vieille connaissance, ami de vieille date! – Voilà pourquoi M. le curé Masson prêchait le jubilé aux Estables la semaine dernière. Il a voulu obligé M. le Curé de la paroisse en évangélisant ses ouailles. Dire que M. l'abbé Masson s'est mon- tré orateur: nul ne l'ignore. Il a été vraiment missionnaire: parole franche allant Année sainte Retraite jubilaire aux Estables

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Année 1901

En promulguant l'Année sainte de 1900, le pape Léon XIII exprimait le vœu

que cette année jubilaire

fut l'occasion de la

conversion d'un grand

nombre d'âmes, du

renouvellement de la vie

chrétienne et de la

pacification des esprits et

des peuples.

Les chrétiens sont venus

prier à Rome à ces

intentions par centaines de

mille.

Ces grands dessins seront

pendant l'année 1901 proposés aux prières de millions d'âmes, car si l'"Anno

Santo" de 1900 est clos à Rome, une vieille tradition veut qu'il soit ensuite étendu

pendant plusieurs mois au reste du monde afin de faire participer à ses supplica-

tions, à ses indulgences et à ses grâces tous les fidèles qui n'auront pas pu se ren-

dre à Rome.

Et voilà pourquoi Mgr Guillois fait connaître à son Diocèse les conditions requises

pour le gain de la précieuse Indulgence et demande aux pasteurs des paroisses

d'organiser des retraites pour disposer leurs fidèles à s'assurer plus sûrement

cette faveur.

Cette retraite jubilaire fut prêchée dans la première se-

maine de Novembre par M. l'abbé Masson, curé-doyen de Fay-le-Froid.

Voici la relation parue dans la semaine Religieuse du 15 Novembre 1901:

" Vieille connaissance, ami de vieille date! – Voilà pourquoi M. le curé Masson

prêchait le jubilé aux Estables la semaine dernière. Il a voulu obligé M. le Curé

de la paroisse en évangélisant ses ouailles. Dire que M. l'abbé Masson s'est mon-

tré orateur: nul ne l'ignore. Il a été vraiment missionnaire: parole franche allant

Année sainte –

Retraite jubilaire aux Estables –

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droit au but; parole chaude, pénétrant les cœurs;

parole simple et facile, distillant les vérités élevées et

les mettant à la portée de l'humble intelligence. Réel

talent d'aboutir à un sincère aveu des fautes, à de

ferventes et nombreuses communions, en un mot, de

bien conduire une retraite.

Les jeunes conscrits y ont trouvé des

conseils pleins d'actualité. Tout le monde a été

électrisé, amené à des résolutions pratiques qui

resteront efficaces, la grâce de Dieu aidant les bons désirs. Il s'est fait du

travail sérieux.

L'écho tout entier de l'auditoire, plusieurs fois même directement

exprimé, fut à la reconnaissance. M. le curé des Estables en a rendu au pré-

dicateur le témoignage public et nous tenons à la renouveler: merci.

Encore des chants; encore, le Dimanche, une procession jubilaire

après une assistance compacte aux Vêpres; encore un Chemin de Croix pour

les chères âmes du purgatoire et c'était la terminaison. Loué soit le Christ Jé-

sus!

A partir de cette année a été établie dans la paroisse une pro-

cession solennelle en l'honneur de St Jean-François Régis, apôtre du Velay.

Sa fête est fixée le 16 Juin et la solennité en est

renvoyée au Dimanche suivant. La procession a

lieu ici après la grand'messe. Les confréries sont

invitées à y assister en costume.

Le célébrant porte la relique du saint et la

procession se dirige vers la Croix du Chalet,

tandis que les chantres et les chanteuses alternent

les litanies de Saints.

De retour à l'église la cérémonie se termine par le

salut solennel du Saint-Sacrement.

Procession de St Régis –

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Dans sa séance du 10 Mars 1901 le Conseil Municipal a nommé une Commission d’entente pour arriver à un résultat dans la question de l’orientation de la nouvelle église.

La Commission se composait comme suit : M.M. P. Verdier, architecte départemental P. Boussit, curé J.B.Chabanel, maire P.Testud, adjoint T. Michel, conseiller

La Commission s’est réunie le 11 Juillet 1901 aux Estables. La situa-tion bien étudiée, il fut convenu que l’architecte tracerait un croquis dirigeant l’édifice vers le Nord-Ouest, prenant le côté Est de l’ancien cimetière et une partie de la cour du presbytère. Et après examen de la Commission et des deux Conseils de fabrique et de la commune seraient dressés les plans défini-tifs.

Dans sa séance du 10 Avril 1901, le Conseil de Fabrique décide de faire graver le sceau de la paroisse.

Ce sceau dont l’empreinte est apposée ci-contre, est en caoutchouc, de forme ovale représentant en son centre l’effigie de St Philibert, abbé avec les attributs de sa dignité abbatiale : la crosse et la mitre et portant l’inscription circulaire suivante : “Paroisse de St Philibert-des-Estables-Diocèse du Puy”

A l’occasion du départ des reliques de St Philibert de Tournus, dans la nouvelle chasse le 19 Mai 1901, l’abbé Charre, chapelain d’Espaly obtint pour sa paroisse natale un fragment de côte. Ce don est dû à l’obligeance de M. l’abbé Curé, curé de St Philibert de Tournus. La relique fut placée dans un beau reliquaire en métal doré (voir ci-contre) et ranima le culte du saint Patron.

Commission d’entente pour le projet de l’église –

Sceau paroissial –

Relique de St Philibert –

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Dans sa séance du 3 Novembre 1901, le Conseil de Fabrique est d’avis qu’il serait nécessaire de faire, à la cure, les réparations signa-lées, ci-après, étant donné que le nouveau plan de l’église à cons-truire n’amènera pas la destruc-tion du presbytère. : 1° - Refaire certains planchers 2° - Plafonner les pièces situées derrière la salle à manger et la cuisine 3° - Etablir un plafond entre les solives de la salle à manger et pièce atte-nante 4° - Placer un cheneau sous le toit Nord extérieur 5° - Canaliser la fontaine pour alimenter la cure en eau potable.

A noter que la plupart de ces réparations furent exécutées à l’occasion de la construction de la nouvelle église.

… Année 1902…

Le 3 Février 1902, le Conseil de

Fabrique estime qu’il était du devoir du Bureau de rendre grâce

à Dieu et d’adresser un affectueux souvenir à l’heureuse protection de St Philibert. Ce pieux Abbé, notre Patron, sous le vocable duquel fut placé la chapelle primitive des Estables par les moines du Monastier, invoqué depuis plus d’un an pour l’affaire de l’église, tous les Dimanche à la messe princi-pale, nous a visiblement fait sentir sa puissante intercession. Le 23 Janvier 1902 le Conseil Municipal approuvait les plans et devis ; le Conseil de fa-brique délibérait sur le même sujet et dans le même sens, faisant appel au concours du gouvernement.

Réparations projetées à la cure –

Approbation du Projet de reconstruction de l’église –

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Tout le monde n’aura qu’à se louer de voir une église plus confortable remplacer l’ancien et disproportionné monument.

Détruire la vieille église ne sera pas, comme on l’a prétendu, faire œu-vre de vandalisme, mais bien accomplir une œuvre d’utilité publique. La vieille église en effet, sans cachet artistique se trouvait dans des conditions plus qu’ordinaires d’insuffisance, d’insalubrité et d’inconvenance : vérité rappelée à maintes reprises par le Bureau des Marguilliers et recon-nue par le Conseil lui-même dans ses délibérations du 4 Juillet 1897, 8 Jan-vier 1899 et 22 Avril 1900.

Cependant le projet de reconstruction de l’église, après avoir été approuvé par la Commission départementale el 28 Mars 1902 ; après

avoir reçu l’avis favorable de MGR l’Evêque le 8 du mois d’Avril, a été transmis à Paris, d’où il fut retourné vers la fin mai pour insuffisance de fonds.

Il y avait, déclarait-on, trop de différence entre les 38.000 francs apportés par la commune des Estables et le montant du devis qui s’élevait à 64.000 francs, l’Etat ne laissant espérer qu’un secours de 9000 frs.

C’est alors que pour parer à cette difficulté le Conseil Municipal a voté le 8 Juin un emprunt de 10.000 francs.

Le Dossier est à nouveau transmis à Paris, mais il fut renvoyé en-core au mois d’Août avec demande de modification à apporter par l’architecte qu’imposait le Comité des édifices diocésains.

(Semaine Religieuse du 5 Septembre 1902) “Bonne nouvelle !” écrivait naguère à M. le curé des Estables, M.

l’abbé Charre, chapelain de St Joseph d’Espaly. “Je viens de recevoir enfin la précieuse relique de St Philibert avec l’authentique elle est considérable”– A Tournus en effet, l’année dernière au mois de mai, lors de la translation du

Difficultés financières –

Fête de St Philibert aux Estables –

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corps de St Philibert dans une nouvelle chasse, un

fragment de côte fut distrait et destiné à l'église des Esta-

bles qui est dédiée à ca Thaumaturge.

Dès Jeudi, 21 Août, jour de sa fête, le dépôt

inestimable est introduit dans le sanctuaire aux accents de

l'hymne “Iste confessor”, chanté par les voix puissantes

de jeunes lévites, qui trouvaient ainsi dans le délassement

d'une visite au Mézenc le bonheur de saluer à son arrivée le protecteur de nos

montagnes. Il fut placé sous un dais, préparé pour la circonstance, entouré

de nombreuses lumières, où il resterait pendant toute l'octave.

Déjà la journée durant, les pieux pèlerins, amenés encore par la

foire importante, ne cessèrent d'affluer auprès de la sainte relique, semblant

reprendre la direction d'autrefois vers St Philibert

des Estables.

La solennité extérieure était renvoyée au

Dimanche. Une longue pro- cession, la deuxième faite à

pareille époque de la précédente que je disais

préparatoire en l'honneur de l'illustre Patron,

déroula ses rangs au dehors de l'antique village.

La congrégation des Enfants de Marie, la

confrérie des Pénitentes, celle des Pénitents

rehaussaient de leurs bannières respectives

l'apparât de cette belle manifestation religieuse. Enfin s'avançait, portée par

4 Pénitents, dont deux étaient les neveux de M. Charre, la sainte relique dis-

posée sur un brancard, brillant de parure, escortée par quatre enfants de

chœur, qui tenaient eux-mêmes à la main des bouquets dûs à la riche flore de

la contrée. Les chantres faisaient retentir la vallée de l'invocation souvent ré-

pétée “Sancte Philiberte, ora pro nobis”

Suivit la grand'messe à laquelle M. le Curé donna

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le panégyrique de St Philibert, exposant à ses paroissiens les motifs

invincibles qu'ils avaient d'entourer leur insigne trésor de leurs plus

fervents hommages. “Soyez, s'est-il écrié en terminant, par vos vertus,

les images vivantes de St Philibert – Ainsi pratiquaient vos ancêtres;

suivez-les dans le chemin du ciel.”

M. le Curé ne pouvait manquer d'adresser sa respectueuse re-

connaissance à l'éminent Evêque d'Autun, “qui protégea de la garantie

de son autorité le don qui nous était offert.”

Il l'a fait au nom de tous. Il a exprimé ses remerciements à M.

l'Archiprêtre de

Tournus, “qui a bien

voulu se séparer

d'une parcelle

remarquable des

ossements de St

Philibert, qu'il

conserve avec tant de

soin et vénère avec

tant d'éclat. La

générosité du zélé archiprêtre n'a d'égal ici que son désir de voir

s'étendre l'honneur rendu au célèbre Thaumaturge”; à M. l'abbé

Charre, empêché d'assister à notre fête, “par l'heureuse entremise du-

quel nous avons obtenu de posséder le grand trésor; qui, au soucis de

toutes les démarches nécessaires pour aboutir, n'a pas craint d'ajouter

un sacrifice de son argent, car c'est bien à lui que nous devons ce ma-

gnifique reliquaire en bronze doré très massif, haut de 0m,55 cent.”

Elle fut presque interminable, soit après la messe,

soit après les Vêpres, la cérémonie du baisement de la relique en même

temps que les chanteuses exaltaient de leurs cantiques Saint Philibert.

Que Dieu soit glorifié dans ses saints! .

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… Année 1903…

Le 1er février 1903, le

Conseil de fabrique, vu le lettre de M. le Préfet en date du 23 Janvier 1903, se réunit en séance extraordinaire, pour délibérer sur le projet de reconstruction de l’église, retouché par M. l’Architecte conformément à la décision du Comité des édifices diocésains et paroissiaux (lettre ministérielle du 8 Août 1902)

En conséquence, les nouveaux plans examinés, le Conseil de Fabrique, considérant la nécessité et les avantages de cette reconstruction et constatant que le projet N° 2 peut répondre aux convenances de la population, du pays, de l’orientation et du même emplacement émet un avis favorable.

Mais au sujet de l’appoint à fournir pour faire face aux dépenses bien que réduites le plus possible par M. l’Architecte, il est acculé à rééditer ce qu’il a affirmé dans sa délibération du 23 Février 1902, à savoir : la pauvre-té de ses revenus et le dénuement de la région, malgré toute la bonne volonté de ses habitants ; comptant nécessairement sur la bienveillance du Gouvernement pour mener à bonne fin cette œuvre de première importance.

Dans sa séance du 19 Avril 1903, le Conseil de Fabri-que :

Vu le lettre de M. le Préfet en date du 25 Mars 1903 et la lettre y jointe de M. de la Brière, président de la Société artistique des Monuments de la vallée de la Loire, en date du 15 Mars 1903 ;

Après mûr examen des raisons de principe soulevées par la Société et de ses appréciations militant en faveur de la conservation de l’église actuelle à titre réel d’ancienneté ;

Face aux difficultés financières –

Face aux objections artistiques – Face aux objections artistiques – Face aux objections artistiques –

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Après étude réfléchie des moyens suggérés pour remédier au manque de solidité, à l’insalubrité et à l’exiguité de l’édifice.

Se rendant un compte exact de tous les obstacles et se trouvant tou-jours en face des mêmes arguments qui ont déterminé la reconstruction de l’église ;

Considérant que l’aggrandissement proposé au Midi, sans offrir la superficie commode et désirable, ne fait qu’aggraver l’enclavement de l’église que l’on veut éviter ; que par suite elle sera encore davantage privée de jour et de l’air, en devenant plus rapprochée des maisons voisines ;

Attendu qu’on ne saurait bien juger de l’insuffisance de l’église seu-lement par un usage local ;

Considérant que la société elle-même a varié dans sa manière de concevoir l’agrandissement de l’église, la dirigeant tantôt à l’Ouest, tantôt au Sud (Velay-Revue 16 Juin 1902) d’où il est à déduire une sorte d’impossibilité ;

Attendu qu’il faudrait avoir ressenti de près l’état d’humidité pour s’en faire une juste idée, et qu’un drainage ne suffirait pas à le corriger sans le complet dégagement de l’édifice ; qu’il est indispensable, sur nos monta-gnes, de prendre une aussi bonne place au soleil ;

Attendu que l’économie à réaliser en ces circonstances est discutable comparativement au résultat à obtenir en faveur du bien-être d’une popula-tion toute entière qui désire vivement la reconstruction de son église et en cons-tate chaque jour l’urgente nécessité ;

Attendu l’extrême difficulté de trouver un autre emplacement que ce-lui désigné dans le projet et qui a fait l’objet de longues et sérieuses recher-ches ;

Pour ces motifs ; Ne peut, il le dit à contre-cœur, se ranger au vœu de la Société, espère que

M. le Préfet voudra bien donner suite à l’exécution des travaux établis par M. l’Architecte.

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Une note émanant du Ministère de l’intérieur et des Cultes, Direction générale des Cultes, en date du 9 Avril 1903, transmise à M. le Maire par M. le Sénateur Charles Dupuis, annonce qu’il est accordé un secours de 9000 francs à la Commune des Estables pour

l’aider dans la dépense de reconstruction de son église. Ce secours est l’aboutissement des démarches pri-

vées faites par M. le Curé auprès des diverses notabilités politiques en faveur du projet.

A noter en particulier que le député M. Durand, les Conseillers Géné-raux de Fay, du Monastier, de St Julien-Chapteuil, d’Yssingeaux et de Monfaucon ont très bien voulu s’intéresser à l’œuvre de l’église.

M. Meyer de Lapte, avec quelques amis, vit aux Estables le jour de l’inauguration du Chalet du Mézenc, afin de rencontrer M. le sénateur Char-les Dupuy et lui parler de l’église. C’est par ce dernier que fut accordée l’allocation de 9000 francs.

Toutefois, selon la teneur de la note allouant la somme sus-dite, il est stipulé que cette subvention de l’Etat pour la reconstruction de l’église, ne de-viendra effective qu’à condition que la Fabrique renonce à tout droit de pro-priété sur le nouvel immeuble à édifier.

La lettre de M. le Préfet du 20 Juin 1903 à M. le Maire dit textuelle-ment : “Le secours de 9000 frs sera mis à votre disposition, puisque vous m’avez

indiqué nettement que le nouvel édifice appartient bien à la Commune. Pour qu’il ne reste aucun doute sur ce dernier point, il importe que le Conseil de Fabrique déclare dans une délibération, ne reconnaître à

Secours accordé par le Gouvernement –

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la Fabrique aucun droit de propriété sur l’immeuble qui sera construit”. Après avis favorable de Mgr l’Evêque à qui a été transmise cette

proposition, le Conseil accepte les conditions demandées. Et les motifs de cette acceptation sont ainsi consignés :

1° - Ne pas priver la commune du secours de 9000 frs alloué par l’Etat. 2° - Ne pas détourner de l’emploi désigné les 38 000 frs (réduits effecti-vement à 35.000 frs) provenant de la vente des Communaux au régime des Eaux et Forêts, et par suite, ne pas supprimer l’occasion exception-nelle de rebâtir l’église paroissiale. 3° - S’en tenir à la sagesse de l’autorité Diocésaine, qui par lettre du 12 Août a donné, à ce sujet, un avis favorable.

C’est en 1900 que fut inauguré offi-ciellement le projet de construction du Chalet du Mézenc.

Un grand banquet eut lieu au Foiral, sous une tente, présidé par M. le Sénateur Charles Dupuy entouré du Préfet, des notabilités politiques du département, des membres du Conseil Municipal et du clergé des Estables.

Ce ne fut qu’en 1903 que le projet fut mis à exécution et que s’éleva le Chalet du Mézenc appelé : Chalet Schaffer, du nom

d’un généreux donateur sans doute. Voici les indications portées sur deux plaques apposées sur la façade :

Syndicat d’initiative du Velay – ————

Charles Dupuy, président d’honneur Charles Pélissier, président André Lamastre, Vidon Alirol F. Gimbert { vice-présidents F. Bonnet, E. Pitavy, { Baron Reynaud Auguste Canard, trésorier Joseph ......, rapporteur général Auguste Bégalion, secrétaire

——————————

Florentin Martin : architecte à Paris Avouac Joseph entrepreneur Vazeilles Régis surveillant des travaux Guigon surveillant adjoint

—— Chabanel maire des Estables Testud Pierre adjoint

—— Arcis Louis, P. Gérenton, Maurin Pierre, Avouac André, Eyraud Marcel. Louis Trintinhac, agent général

——————————

Chalet-Hôtel du Syndicat d’Initiative du Velay –

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Lorsque

les dernières

démarches eurent

été faites et le

secours obtenu ;

lorsque tout fut arrangé en parfait équilibre par M. l’Architecte (Lettre préfecto-

rale 20 Juin 1903) l’adjudication des travaux fut ordonnée et affichée le 20 sep-

tembre à l’effet d’être soumissionné le Dimanche 12 Octobre 1903.

Cependant une pétition était tramée, de connivence avec quelques forains,

par des propriétaires d’Alambre et des Infruits et trois ou quatre de la Commune

de Moudeyres indûment appelés (on compte 17 signatures) tendant à ce que le

prix de vente des communaux de l’Alambre soit réservé au profit de la section au-

trefois usufruitière des communaux, et qu’une Commission syndicale soit nommée

pour en déterminer l’emploi. C’est du reste l’information qui en était par la Préfec-

ture le 29 Octobre, suspendant du même coup l’adjudication déclarée en faveur de

M. Tournayre, entrepreneur au Monastier.

Malgré une contrepétition du 10 Novembre 1903, signée par les mêmes

protestataires revenus de leur première idée, à l’exception des citadins que des cor-

respondances intimes n’avaient pu ramener, la nomination d’une Commission syn-

dicale de cinq membres fut arrêtée au 20 Décembre par lettre préfectorale du 27

Novembre.

Cette commission fut favorable à la construction de l’église. Toutefois,

une protestation contre l’élection syndicale d’Alambre fut déposée à la Préfecture,

signifiée par lettre du greffier du Conseil de Préfecture et expédiée le 29 Décembre

1903. La protestation s’élevait

contre l’admission au vote du

village des Estables. Mais cette

admission fut légitimée par la

Préfecture., basée sur la

jouissance immémoriale et

continue par le bourg des

Estables, du paccage d’Alambre.

Difficultés locales –

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Et le pauvre pasteur de la paroisse, M. l’abbé Boussit, témoin de tant de disputes autour de l’œuvre à accomplir, ajoute à la chronique des faits ces réflexions personnelles suivantes :

Ainsi autour de cette pauvre église des Estables, il se fait beaucoup de vacarme, dont les bons Moines eux-mêmes seraient fort surpris vraiment, s’ils ne dormaient depuis longtemps le sommeil de la mort.

Dans les revues périodiques nous avons été gratifiés de paroles aigre-douces mêlées à des erreurs d’appréciation comme celle-ci : mention de trois colonnettes tronquées au chœur, alors que deux seulement sont suppri-

mées. L’avant-chœur ne fut jamais que de quatre colonnes n’offrant rien de trop remarquable, si l’on en juge par celles qui subsistent encore. On a parlé de peintures anciennes, alors que les quelques vestiges apparents ne datent que de 20 ans sous le pastorat de M. Delolme. Qu’est-ce encore que la riche pierre consacrée ?

On a voulu mentionner probablement le soubassement de l’autel moderne. On reproche encore au clergé d’être insouciant de ses gloires ?. Il ne les renie jamais, et qui cherche à les lui ravir ?

Si l’on se reporte à la construction primitive, toute simple, toute ré-duite de l’église, le chœur ne mesurait que 3m, 60 sur 4 m, il apparaît de toute évidence que les Religieux n’avaient en vue que d’établir un oratoire pour leurs rares métayers de l’époque et pour un pays désert qui ne devait apparemment comprendre que des fermes éparses, et que par suite la cons-truction de cette église se fit dans l’intention des Moines sans préoccupation de cachet artistique à donner à l’édifice.

Il y eut de plus le bouleversement de la Révolution. Et encore dans le cours des âges, à deux ou trois reprises, même au XIXe siècle, le petit mo-nument fut allongé et élargi en rapport avec les nécessités nouvelles et les modiques ressources, car à ces époques tous les frais étaient à la charge de l’Eglise, à tel point que ces recollages et replatrages successifs en ont fait une construction genre cave !

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C’est donc pour un monceau de vieilles pierres sans ornements que l’on dispute, parce que l’ensemble est conforme à l’aspect sévère pour ne pas dire, sauvage de la région !

Qu’on dise qu’il y a certains matériaux à conserver et à utiliser pour la nouvelle église, rien de mieux. Mais il n’en reste pas moins que la démolition de cette vieille bâtisse s’impose. Pourquoi ce qui est réclamé ailleurs n’est-il pas permis ici ? à sa-voir réaliser des projets utiles et pratiques. Il ne faudrait pas cependant que sous couvert de protection artistique on ne se laissât conduire que par des sen-timents d’égoïsme et de parti-pris.

La querelle soulevée au point de vue artistique avait si peu de base qu’il y a lieu de retenir ici l’aveu du “Journal des Débâts” (22 Janvier 1904) sous la signature de A.H : “C’est que l’édifice ne présentait pas un intérêt ar-chéologique, mais il est bâti de la même pierre dont sont construites les pau-vres maisons qui l’entourent.”

Donc tombe d’elle-même l’accusation lancée aux constructeurs de la nouvelle église d’être des destructeurs à outrance !

Dans la nuit du 12 au 13 Décembre 1903 une rafale de vent du midi a soulevé et renversé sur la toiture le couron-nement du clocher, fait d’une lourde lame de plomb, laissant celle-ci suspen-due néanmoins comme une menace permanence à la sûreté publique.

Cet accident est dû à la trop libre carrière donnée aux bourrasques australes, de pénétrer dans l’édifice par les baies dépourvues d’abat-sons, étant donné que les deux cloches occupent les baies ouvertes, et de s’engouffrer en tourbillons à travers les planches de faîte à claire-voie

Découronnement du vieux clocher par l’ouragan –