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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 325 (3) MODÈLES DE CROISSANCE DES ARBRES 5 Photo 1. Pied d’assamela (Pericopsis elata). Photo N. Bourland. Fousseni Fétéké 1 Jérôme Perin 1 Adeline Fayolle 1 Kasso Dainou 2 Nils Bourland 3 Yao Lambert Kouadio 4 Serge Jean Joel Moneye 5 Carlos-Claude Bekono 6 Mbona Yem Liboum 6 Jean-Louis Doucet 1 Philippe Lejeune 1 1 Université de Liège Gembloux Agro-Bio Tech Département BIOSE Passage des Déportés 2 5030 Gembloux Belgique 2 Nature Plus ASBL Rue Bourgmestre Gilisquet 57 1457 Walhain-Saint-Paul Belgique 3 Musée royal de l’Afrique centrale Service de biologie du bois 3080 Tervuren Belgique 4 Université Nangui Abrogoua Unité de formation et recherche des Sciences de la Nature 01 BP 4403 Abidjan Côte d’Ivoire 5 Université de Kinshasa ERAIFT BP 15173 République démocratique du Congo 6 Université de Dschang Faculté d’agronomie et des sciences agricoles (FASA) BP 96, Dschang Cameroun Modéliser la croissance de quatre essences pour améliorer la gestion forestière au Cameroun

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Bois et forêts des tropiques, 2015, n° 325 (3)

ModÈLes de CroissAnCe des ArBres 5

Photo 1.Pied d’assamela (Pericopsis elata).Photo N. Bourland.

Fousseni Fétéké1

Jérôme Perin1

Adeline Fayolle1

Kasso Dainou2

Nils Bourland3

Yao Lambert Kouadio4

Serge Jean Joel Moneye5

Carlos-Claude Bekono6

Mbona Yem Liboum6

Jean-Louis Doucet1

Philippe Lejeune1

1 Université de Liège Gembloux Agro-Bio Tech Département BIOSE Passage des Déportés 2 5030 Gembloux Belgique

2 Nature Plus ASBL Rue Bourgmestre Gilisquet 57 1457 Walhain-Saint-Paul Belgique

3 Musée royal de l’Afrique centrale Service de biologie du bois 3080 Tervuren Belgique

4 Université Nangui Abrogoua Unité de formation et recherche des Sciences de la Nature 01 BP 4403 Abidjan Côte d’Ivoire

5 Université de Kinshasa ERAIFT BP 15173 République démocratique du Congo

6 Université de Dschang Faculté d’agronomie et des sciences agricoles (FASA) BP 96, Dschang Cameroun

Modéliser la croissance de quatre essences pour améliorer

la gestion forestière au Cameroun

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Bois et forêts des tropiques, 2015, n° 325 (3)

trees’ GroWtH ModeL6F. Fétéké, J. Perin, A. Fayolle, K. Dainou, N. Bourland, Y. L. Kouadio, S. J. J. Moneye, C.-C. Bekono, M. Y. Liboum, J.-L. Doucet, P. Lejeune

résuMé

MODÉLISER LA CROISSANCE DE QUATRE ESSENCES POUR AMÉLIORER LA GESTION FORESTIÈRE AU CAMEROUN

En Afrique centrale, l’aménagement fores-tier repose sur une méthode de simulation de la production forestière peu précise, susceptible d’hypothéquer la durabilité de l’exploitation. L’objectif de cette étude est d’améliorer la prédiction de la crois-sance pour quatre essences commerciales importantes en Afrique centrale. Le dispo-sitif d’étude a été installé dans le Sud-Est du Cameroun et comporte 387 arbres : 136 assamela (Pericopsis elata), 54 moabi (Baillonella toxisperma), 124 sapelli (En-tandrophragma cylindricum), et 73 tali (Erythrophleum suaveolens). Le diamètre a été mesuré régulièrement entre 2009 et 2012. L’intensité de la compétition a été quantifiée à l’échelle d’une placette circu-laire de 20 m de rayon installée autour de chaque arbre focal. Les caractéristiques to-pographiques et hydrologiques ont été esti-mées à l’aide d’un système d’information géographique. La croissance a été modéli-sée en intégrant le diamètre des arbres et les conditions de croissance (indice de com-pétition et environnement local). Les valeurs d’accroissement utilisées actuellement au Cameroun ne sont pas différentes des va-leurs observées en forêt non perturbée par l’exploitation forestière pour l’assamela, le moabi et le tali, mais surestiment la crois-sance de 20 % pour le sapelli. Un modèle log-normal intégrant le diamètre des arbres et l’intensité de la compétition permet d’es-timer l’accroissement des quatre essences avec un coefficient de détermination (R2) va-riant de 0,092 pour l’assamela à 0,47 pour le moabi. Les variables topographiques et hydrologiques ne permettent pas d’amé-liorer significativement la qualité des pré-dictions. Ces modèles peuvent être utilisés pour prédire l’accroissement à partir des données d’inventaires forestiers d’aména-gement tels qu’ils sont réalisés en Afrique centrale, en vue d’améliorer la définition de paramètres de gestion tels que le dia-mètre minimum d’exploitation ou le taux de reconstitution pour les quatre essences étudiées.

Mots-clés : Pericopsis elata, Baillonella toxisperma, Entandrophragma cylindri-cum, Erythrophleum suaveolens, modèle de croissance, gestion forestière, prédiction, diamètre minimum d’exploitation, Cameroun.

AbstrACt

MODELLING GROWTH IN FOUR SPECIES TO IMPROVE FOREST MANAGEMENT IN CAMEROON

In Central Africa, forest planning relies on a method of forest production simulation that lacks precision and is liable to compromise logging sustainability. The aim of this study was to improve growth forecasts for four of the main commercial species in Central Africa. A survey was set up in south-eastern Cameroon, covering 387 trees: 136 Assame-la (Pericopsis elata), 54 Moabi (Baillonella toxisperma), 124 Sapelli (Entandrophragma cylindricum) and 73 Tali (Erythrophleum suaveolens). Their diameter was measured regularly from 2009 to 2012. Competition in-tensity was quantified on the scale of a cir-cular plot with a radius of 20m around each target tree. Topographic and hydrological characteristics were estimated with the aid of a geographic information system. Growth was modelled on the basis of tree diameter and growth conditions (competition index and local environment). The tree growth fig-ures currently used in Cameroon are identi-cal to those observed in forests undisturbed by logging in the case of Assamela, Moabi and Tali, but they overestimate the growth of Sapelli by 20%. A log-normal model in-corporating tree diameter and competition intensity produced growth estimations for the four species with a determination coef-ficient (R2) ranging from 0.092 for Assamela to 0.47 for Moabi. The topographic and hydrological variables did not significantly improve the quality of the forecasts. These models may be used to forecast growth on the basis of data from forest inventories as currently drawn up for planning purposes in Central Africa, in order to improve the defini-tion of management parameters for the four species studied, such as minimum logging diameters or regeneration rates.

Keywords: Pericopsis elata, Baillonella tox-isperma, Entandrophragma cylindricum, Erythrophleum suaveolens, growth model, forest management, forecast, minimum log-ging diameter, Cameroon.

rEsuMEN

MODELIZAR EL CRECIMIENTO DE CUATRO ESPECIES PARA MEJORAR EL MANEJO FORESTAL EN CAMERÚN

La ordenación forestal en África Central se basa en un método de simulación de la pro-ducción forestal poco preciso y que puede comprometer la sostenibilidad del aprove-chamiento. El objetivo de este estudio es mejorar la predicción del crecimiento de cuatro importantes especies comerciales de África Central. El diseño del estudio se esta-bleció en el sudeste de Camerún e incluye 387 árboles: 136 Assamela (Pericopsis ela-ta), 54 Moabi (Baillonella toxisperma), 124 Sapelli (Entandrophragma cylindricum) y 73 Tali (Erythrophleum suaveolens). Se midió regularmente el diámetro entre 2009 y 2012. Se cuantificó la intensidad de la competen-cia en una parcela circular de 20 m de radio trazada alrededor de cada árbol focal. Las características topográficas e hidrológicas se calcularon mediante un sistema de infor-mación geográfica. El crecimiento se mode-lizó integrando el diámetro de los árboles y las condiciones de crecimiento (índice de competencia y ambiente local). Los valores de incremento actualmente empleados en Camerún no son diferentes de los observa-dos en bosques no perturbados por el apro-vechamiento forestal en Assamela, Moabi y Tali, pero sobreestiman el crecimiento del Sapelli en un 20%. Un modelo lognor-mal que integra el diámetro de los árboles y la intensidad de la competencia permite evaluar el incremento de las cuatro espe-cies con un coeficiente de determinación (R2) que varía entre 0,092 para Assamela a 0,47 para Moabi. Las variables topográficas e hidrológicas no permiten mejorar signifi-cativamente la calidad de las predicciones. Estos modelos pueden utilizarse para pre-decir el incremento, basándose en los datos de inventarios forestales de ordenación que se realizan actualmente en África Central, con el objetivo de mejorar la definición de parámetros de manejo como el diámetro mínimo de aprovechamiento o la tasa de res-tauración de las cuatro especies estudiadas.

Palabras clave: Pericopsis elata, Baillonella toxisperma, Entandrophragma cylindricum, Erythrophleum suaveolens, modelo decre-cimiento, manejo forestal, predicción, diá-metro mínimo de aprovechamiento, Camerún.

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végétation des inseLBergs 21

Photo 1.Inselberg granitique.Photo E. Tindano, Sampelga.

Elycée Tindano1 Souleymane Ganaba2 Oumarou Sambare3 Adjima Thiombiano1

1 Université de Ouagadougou UFR/SVT, Laboratoire de biologie et écologie végétales BP 7021, Ouagadougou 03 Burkina Faso

2 Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) CREAF de Kamboinsé Département Productions forestières BP 7047, Ouagadougou 03 Burkina Faso

3 Institut des Sciences (IDS) BP 1757, Ouagadougou 03 Burkina Faso

La végétation des inselbergs du Sahel burkinabè

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inseLBerG VeGetAtion22 E. Tindano, S. Ganaba, O. Sambare, A. Thiombiano

réSumé

LA VÉGÉTATION DES INSELBERGS DU SAHEL BURKINABÈ

Les inselbergs sont des affleurements rocheux caractérisés par la précarité de leurs facteurs édaphiques et microcli-matiques. L’objectif de cette étude est de faire une étude comparative entre la végétation des inselbergs et celle des mi-lieux environnants. Les données ont été collectées dans des placeaux de 900 m2 pour la strate ligneuse et de 100 m2 pour la strate herbacée suivant un échantil-lonnage stratifié et aléatoire. Un total de 162 relevés a été réalisé. L’étude a per-mis d’inventorier 228 espèces végétales réparties dans 43 familles et 144 genres. Sur les inselbergs, 184 espèces ont été re-censées et sont réparties dans 136 genres et 36 familles. Seule l’espèce Cynanchum hastifolium a été recensée comme endé-mique stricte sur les inselbergs. Dans les milieux environnants des inselbergs, le cortège floristique est composé de 194 espèces réparties dans 40 familles et 127 genres. Le nombre moyen d’espèces par relevé est plus élevé dans les milieux environnants (23,53 ± 6,28) que dans les inselbergs (19,93 ± 4,83). La végétation des inselbergs (719,47 ± 337,27 pieds/ha) est moins dense que celle des milieux environnants (1 389,91 ± 674,79 pieds/ha). D’une part, l’impact anthropique plus prononcé dans les plaines environnantes et, d’autre part, les espèces reliques et la dominance de Pterocarpus lucens sur les inselbergs traduiraient le caractère refuge des inselbergs pour certaines espèces vé-gétales. La différence entre la végétation des inselbergs et celle des milieux envi-ronnants est liée aux facteurs édaphiques et anthropiques.

Mots-clés : inselbergs, phytosociologie, écologie, Burkina Faso.

abStract

SAHELIAN INSELBERG VEGETATION IN BURKINA FASO

Inselbergs are rocky outcrops charac-terised by the precarious nature of their edaphic and micro-climatic factors. The aim of this study was to compare the veg-etation on inselbergs with the vegetation in the surrounding plains. The data were collected from 900 m2 sampling plots in the woody stratum and 100 m2 plots in the herbaceous stratum, by means of random stratified sampling. We conducted a total of 162 surveys, from which we identified 228 plant species belonging to 43 families and 144 genera. On the inselbergs, identi-fied 184 species in 36 families and 136 genera. Cynanchum hastifolium was the only species identified as strictly endemic to the inselbergs. In the surrounding envi-ronment, the flora comprises 194 species belonging to 40 families and 127 genera. The average number of species identified per survey was higher in the areas sur-rounding the inselbergs (23.53 ± 6.28) than on the inselbergs themselves (19.93 ± 4.83). The vegetation on the inselbergs (719.47 ± 337.27 plants/ha) is not as dense as in the surrounding environment (1,389.91 ± 674.79 plants/ha). Given the more pronounced human impacts in the surrounding plains and the relic species and dominant Pterocarpus lucens on the inselbergs, these appear to have become a refuge habitat for certain plant species. The difference between the vegetation on the inselbergs and in the surrounding en-vironment is linked to both edaphic and anthropic factors.

Keywords: inselbergs, phytosociology, ecology, Burkina Faso.

reSumen

VEGETACIÓN DE LOS INSELBERGS DEL SAHEL BURKINÉS

Los inselbergs son afloramientos roco-sos caracterizados por la precariedad de sus factores edáficos y microclimáticos. El objetivo de este estudio es realizar un estudio comparativo entre la vegetación de los inselbergs y la de los ambientes circundantes. Se recopilaron los datos en parcelas de 900 m2 para el estrato leñoso y de 100m2 para el estrato herbáceo si-guiendo un muestreo estratificado y alea-torio. Se realizaron 162 inventarios de ve-getación. El estudio permitió inventariar 228 especies vegetales repartidas en 43 familias y 144 géneros. En los inselbergs, se catalogaron 184 especies repartidas en 136 géneros y 36 familias. Sólo la es-pecie Cynanchum hastifolium se catalogó como endémica estricta en los inselbergs. En los ambientes circundantes de los in-selbergs, el cortejo florístico se compone de 194 especies repartidas en 40 familias y 127 géneros. El número promedio de es-pecies por inventario es más alto en los ambientes circundantes (23,53 ± 6,28) que en los inselbergs (19,93 ± 4,83). La vegetación de los inselbergs (719,47 ± 337,27 pies/ha) es menos densa que la de los ambientes circundantes (1 389,91 ± 674,79 pies/ha). El mayor impacto an-trópico en las llanuras circundantes, por una parte, y las especies relictas y la do-minancia de Pterocarpus lucens en los inselbergs, por otra, serían un reflejo del carácter de refugio que tienen los insel-bergs para algunas especies vegetales. La diferencia entre la vegetación de los inselbergs y la de los ambientes circun-dantes está ligada a factores edáficos y antrópicos.

Palabras clave: inselbergs, fitosociología, ecología, Burkina Faso.

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Photo 1.Cocoa agroforestry system “chakra” one of the most important traditional agricultural systems in the Sumaco Biosphere Reserve (SBR).Photograph O. Jadán, 2011.

Oswaldo Jadán1

Miguel Cifuentes2

Bolier Torres3, 4

Daniela selesi5

Dario Veintimilla6

Sven Günter2, 7

1 Universidad de CuencaCarrera de Ingeniería AgronómicaCampus YanuncayCuencaEcuador

2 CATIESede Central7170 CartagoTurrialba 30501Costa Rica

3 Universidad Estatal AmazónicaDepartment of Life SciencesKm 21/2 Vía NapoPuyo-PastazaEcuador

4 Institute of Forest ManagementCenter of Life and Food SciencesWeihenstephan Technische Universität MünchenFreisingGermany

5 Humboldt University of BerlínUnter den Linden 610099 BerlinGermany

6 Institute of SilvicultureTechnical University of MunichArcisstraße 2180333 MünchenGermany

7 Thünen-Institute of International Forestry and Forest EconomicsLeuschnerstraße 9121031 Hamburg-BergedorfGermany

Influence of tree cover on diversity, carbon

sequestration and productivity of cocoa systems

in the Ecuadorian Amazon

Bois et forêts des tropiques, 2015, n° 325 (3)

diversité, stoCK de CArBone et produCtivité des CACAoYÈres 35

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Bois et forêts des tropiques, 2015, n° 325 (3)

diVersitY, CArBon stoCK And CoCoA sYsteMs produCtiVitY36

RÉSUMÉ

INFLUENCE DU COUVERT FORESTIER SUR LA DIVERSITÉ, LES STOCKS DE CARBONE ET LA PRODUCTIVITÉ DES CACAOYÈRES DANS LA RÉGION AMAZONIENNE DE L’ÉQUATEUR

La production de cacao dans la région ama-zonienne de l’Équateur représente une source de revenus importante pour la popu-lation locale. Les systèmes de production de cacao varient entre forêt primaire enrichie, systèmes agroforestiers traditionnels et monoculture. Cette étude vise à évaluer la relation entre diversité spécifique, stocks de carbone, productivité agricole et utilisations potentielles des ressources forestières pour trois modes d’utilisation des terres dans la région amazonienne de l’Équateur : agrofo-resterie à dominante cacaoyère (AF Cacao), monoculture de cacao (Monoculture) et forêt primaire (FP). La connaissance et la quanti-fication des meilleurs compromis entre les différents services écosystémiques liés à la culture du cacao permettent de contri-buer à la conservation des forêts primaires et d’optimiser les revenus des populations locales. La richesse spécifique, la diver-sité bêta, les stocks de carbone (biomasse aérienne et souterraine, nécromasse et sols) et la production de cacao et de bois ont été déterminés pour chaque système de culture sur des parcelles de 1 600 m2 (n = 28). Nos résultats montrent que la diversité bêta, la richesse spécifique et les stocks de carbone sont significativement plus élevés dans les systèmes FP et AF Cacao, tandis que la pro-duction du cacao est 1,5 fois plus élevée en Monoculture que sur les parcelles en AF Cacao. Pour ces deux systèmes, la richesse spécifique, la diversité bêta et les stocks de carbone totaux sont corrélés négativement avec la productivité de cacao. Alors que nos résultats montrent que la monoculture de cacao est plus rentable pour les agriculteurs que l’AF Cacao, un système de rémunération monétaire de la déforestation évitée, basé sur les crédits carbone, pourrait représenter une stratégie viable pour encourager la mise en œuvre de systèmes AF Cacao, lesquels contribueraient aux efforts de conservation et d’atténuation des effets du changement climatique tout en permettant de maintenir une production commerciale de cacao dans la région.

Mots-clés : cacao, systèmes agroforestiers, forêts primaires, Chakra, monoculture, Sumaco, carbone.

ABSTRACT

INFLUENCE OF TREE COVER ON DIVERSITY, CARBON SEQUESTRATION AND PRODUCTIVITY OF COCOA SYSTEMS IN THE ECUADORIAN AMAZON

Cocoa production in the Ecuadorian Ama-zon is an important source of income for the local population. There is a wide variety of cocoa production systems, from enriched primary forests to traditional agroforestry systems and monoculture. This study asses-ses the relationship between tree diver-sity, carbon stocks, agricultural productivity and forest use potential under three land use systems in the Ecuadorian Amazon: cocoa-based agroforestry (Cocoa AFS), cocoa monoculture (Monoculture) and pri-mary forest (PF). Understanding and quan-tifying the tradeoffs between different eco-system services related to cocoa production systems can contribute to the conservation of primary forests and help to optimize income for local people. Species richness, beta-diversity, carbon stocks (above- and below-ground biomass, necromass and soil), and cocoa and timber production were determined for each system in 1,600 m2 study plots (n=28). The results show that beta diversity, species richness and carbon stocks were significantly higher in PF and Cocoa AFS, whereas cocoa production was 1.5 times higher in the Monoculture than in Cocoa AFS. In both cocoa systems, species richness, beta diversity and total C were negatively correlated with cocoa produc-tivity. Although our results show that co-coa monoculture was more profitable than Cocoa AFS for the farmers, a monetary pay-ment based on carbon credits for avoided deforestation could be a viable strategy to support the implementation of Cocoa AFS, which would help conservation efforts and climate change mitigation while sustaining commercial cocoa production in the area.

Keywords: cocoa, agroforestry systems, pri-mary forests, Chakra, monoculture, Sumaco, carbon.

RESUMEN

INFLUENCIA DE LA CUBIERTA FORESTAL EN LA DIVERSIDAD, ALMACENAMIENTO DE CARBONO Y PRODUCTIVIDAD DE SISTEMAS DE CACAO EN LA AMAZONÍA ECUATORIANA

La producción de cacao en la Amazonía ecuatoriana constituye una importante fuente de ingresos para la población local. Los sistemas de producción de cacao son variados y engloban bosques primarios enriquecidos, sistemas agroforestales tra-dicionales y monocultivos. El objetivo de este estudio es evaluar la relación entre diversidad específica, reservas de carbono, productividad agrícola y usos potenciales de los recursos forestales en tres sistemas de uso de la tierra de la Amazonía ecuatoria-na: agroforestería con predominio de cacao (AF Cacao), monocultivo de cacao (Mono-cultivo) y bosque primario (BP). La compren-sión y cuantificación de las compensaciones recíprocas entre los diferentes servicios ecosistémicos relacionados con el cultivo de cacao puede contribuir a la conservación de los bosques primarios y optimizar los ingre-sos de la población local. En cada sistema de cultivo, en parcelas de 1 600 m2 (n=28), se determinó la riqueza específica, diver-sidad beta, reservas de carbono (biomasa aérea y subterránea, necromasa y suelo) y la producción de cacao y madera. Nuestros resultados muestran que la diversidad beta, la riqueza específica y las reservas de car-bono son significativamente mayores en los sistemas BP y AF Cacao, mientras que la producción de cacao es 1.5 veces mayor en Monocultivo que en las parcelas AF Cacao. En estos dos sistemas, la riqueza específica, la diversidad beta y las reservas de carbono totales están negativamente correlaciona-das con la productividad de cacao. Aunque nuestros resultados muestran que el mono-cultivo de cacao es más rentable para los agricultores que la AF Cacao, se podría apli-car una retribución monetaria por defores-tación evitada basada en los bonos de car-bono. Esto podría ser una estrategia viable para favorecer la implantación de sistemas AF Cacao, que contribuirían a los esfuerzos de conservación y mitigación de los efectos del cambio climático, permitiendo al mismo tiempo mantener una producción comercial de cacao en la región.

Palabras clave: cacao, sistemas agro-forestales, bosques primarios, chacra, monocultivo, Sumaco, carbono.

O. Jadán, M. Cifuentes, B. Torres, D. Selesi, D. Veintimilla, S. Günter

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Photo 1.Aspect général d’un pistachier de l’Atlas aux environs de Sidi Bel Abbès (Nord-Ouest de l’Algérie).Photo M. Boudouaya.

Manel Boudouaya1

Hachemi Benhassaini2 Fatima Zohra Bendimered-Mouri2 Frédéric Mothe3 Meriem Fournier4

1 Université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie Laboratoire d’écodéveloppement des espaces Cité rectorat, route de Tlemcen BP 89 Sidi Bel Abbès 22000 Algérie

2 Université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie Laboratoire de biodiversité végétale : conservation et valorisation Cité rectorat, route de Tlemcen BP 89 Sidi Bel Abbès 22000 Algérie

3 INRA UMR 1092, LERFOB 54280 Champenoux France

4 AgroParisTech UMR 1092, LERFOB 54000 Nancy France

Évaluation de la durabilité naturelle du bois

de Pistacia atlantica Desf. du Nord de l’Algérie

Bois et forêts des tropiques, 2015, n° 325 (3)

durABiLitÉ du Bois de PISTACIA ATLANTICA 49

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Bois et forêts des tropiques, 2015, n° 325 (3)

durABiLitY of PISTACIA ATLANTICA tiMBer50

rÉsumÉ

ÉVALUATION DE LA DURABILITÉ NATURELLE DU BOIS DE PISTACIA ATLANTICA DESF. DU NORD DE L’ALGÉRIE

La connaissance de la durabilité naturelle du bois des essences des zones arides et semi-arides est nécessaire pour décider de leur exploitation future. Ceci permet-trait de réduire l’utilisation des produits de préservation. La présente recherche a pour but de contribuer à la valorisation qualitative du bois d’une espèce ligneuse répandue en Algérie mais très peu étu-diée. Il s’agit du pistachier de l’Atlas, Pistacia atlantica Desf. C’est un taxon vivace, rustique et endémique qui peut vivre plusieurs siècles en s’adaptant par-faitement aux conditions édaphiques et climatiques contraignantes de son habi-tat. La durabilité naturelle a été évaluée au moyen d’éprouvettes normalisées de bois d’aubier et de duramen d’arbres provenant de deux régions différentes du point de vue bioclimatique en Algérie nord-occidentale. Les tests ont été effec-tués conformément aux normes euro-péennes NE 113 (1996) et NE 350-1 (1994) qui permettent l’évaluation de la durabi-lité du bois contre l’attaque fongique. Les résultats obtenus sur la perte de masse font ressortir deux faits particulièrement intéressants : le duramen et l’aubier des arbres des deux provenances présentent la même durabilité et aucune différence significative n’a été observée entre les deux provenances pour le même type de bois. Ce bois se classe parmi les bois très durables.

Mots-clés : Pistacia atlantica Desf., aubier, durabilité naturelle, duramen, Algérie nord-occidentale.

AbstrAct

ASSESSING THE NATURAL DURABILITY OF NORTH ALGERIAN PISTACIA ATLANTICA DESF. TIMBER

Knowledge of the natural durability of wood from tree species in arid and semi-arid zones is essential before making any decision on future logging and to reduce the use of timber preservatives. This study aimed to contribute to the quality of timber production from a species which is widespread in Algeria but on which there are few studies, the Mt. Atlas mastic tree, Pistacia atlantica Desf. This is a vigorous, hardy endemic species that can live for several hundred years in the harsh climat-ic and soil conditions of its native habitat. The natural durability of its timber was assessed using standardised sapwood and heartwood samples from trees grow-ing in two different bioclimatic regions in north-western Algeria. The tests were conducted in accordance with the Euro-pean NE 113 (1996) and NE 350-1 (1994) standards for assessing timber resistance to fungal diseases. The results for mass loss brought two findings of considerable interest: the durability of the heartwood and sapwood from the two different provenances was virtually identical, and no significant differences were observed between the two provenances for the same type of wood. Pistacia atlantica Desf. timber may therefore be classified as very durable.

Keywords: Pistacia atlantica Desf., sap-wood, natural durability, heartwood, north-western Algeria.

resumeN

EVALUACIÓN DE LA DURABILIDAD NATURAL DE LA MADERA DE PISTACIA ATLANTICA DESF. DEL NORTE DE ARGELIA

Es necesario conocer la durabilidad na-tural de la madera de especies de zonas áridas y semiáridas para determinar su futuro aprovechamiento. Esto permitiría reducir el uso de productos protectores. El objetivo de esta investigación es contri-buir a la mejora cualitativa de la madera de una especie leñosa común en Argelia pero muy poco estudiada. Se trata del almácigo, Pistacia atlantica Desf., una planta vivaz, resistente y endémica ca-paz de vivir varios siglos adaptándose perfectamente a las severas condiciones edáficas y climáticas de su hábitat. La du-rabilidad natural se evaluó mediante pro-betas normalizadas de albura y duramen de árboles procedentes de dos regiones bioclimáticas distintas del noroeste de Argelia. Las pruebas se efectuaron se-gún las normas europeas NE 113 (1996) y NE 350-1 (1994) que permiten evaluar la durabilidad de la madera frente a un ata-que fúngico. De los resultados de pérdida de masa obtenidos se desprenden dos hechos particularmente interesantes: el duramen y la albura de los árboles de las dos procedencias muestran la misma durabilidad y no se observa ninguna di-ferencia significativa en el mismo tipo de madera entre ambas procedencias. Esta madera alcanza la categoría de altamente resistente.

Palabras clave: Pistacia atlantica Desf., albura, durabilidad natural, duramen, noroeste de Argelia.

M. Boudouaya, H. Benhassaini, F. Z. Bendimered-Mouri, F. Mothe, M. Fournier

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Photo 1.Chênes afarès, forêt d’Akfadou, Béjaïa.Photo W. Derbal.

Wassila Derbal1 Abdellatif Zerizer1 Jean Gérard2 Daniel Guibal2

1 Université M’Hamed Bougara Faculté des Sciences de l’Ingénieur Unité de recherche Matériaux, procédés et environnement (UR-MPE) Équipe de Mécanique des matériaux fibreux 35000 Boumerdès Algérie

2 CIRAD UR Biomasse, bois, énergie, bioproduits (BioWooEB) TA B-114/16 73 rue J.-F. Breton 34398 Montpellier Cedex 5 France

Caractérisation d’aboutages à entures multiples

pour trois essences d’Algérie

Bois et forêts des tropiques, 2015, n° 325 (3)

Bois aBoutés en algérie 59

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finGer-Jointed Wood in ALGeriA60

résumé

CARACTÉRISATION D’ABOUTAGES À ENTURES MULTIPLES POUR TROIS ESSENCES D’ALGÉRIE

Le pin d’Alep, Pinus halepensis, le chêne zéen, Quercus canariensis, et le chêne afa-rès, Quercus afares, sont trois essences parmi les plus abondantes en Algérie. Leur utilisation est cependant limitée par la pré-sence de défauts dans le bois et par leur nervosité. Les techniques de reconstitution par collage, notamment l’aboutage, per-mettent de s’affranchir de ces problèmes par la fabrication de produits purgés de défauts et beaucoup plus stables que les bois massifs. Pour ces trois essences, le comportement des bois a été étudié en déterminant comparativement sur bois massifs et sur bois aboutés la masse volu-mique, le module d’élasticité longitudinal, le module de cisaillement transverse et la contrainte de rupture en flexion. Les essais ont montré que, pour les trois essences, les bois massifs et les bois aboutés ont des rigidités équivalentes. Les résistances en flexion des bois aboutés sont toujours inférieures à celles des bois massifs du fait de la qualité très variable des aboutages : séchage hétérogène des bois, profilage imprécis des entures, défaut de pression de serrage lors du collage. Malgré cela, les valeurs caractéristiques obtenues pour la contrainte de rupture en flexion sont glo-balement conformes aux préconisations de la norme-référence. Les résultats de l’étude montrent que l’application indus-trielle de la technique de l’aboutage est envisageable pour ce type d’essences peu utilisées, sous réserve d’être mise en œuvre dans le respect des règles de l’art. L’entreprise algérienne Transbois, en charge de la transformation des bois et de la fabrication des éprouvettes aboutées pour l’étude, va poursuivre les travaux en-gagés en passant à un stade de fabrication préindustrielle.

Mots-clés : aboutage à entures multiples, chêne afarès, chêne zéen, pin d’Alep, pro-priétés mécaniques, Algérie.

AbstrACt

CHARACTERISATION OF FINGER JOINTS IN THREE ALGERIAN TIMBER SPECIES

The Aleppo pine (Pinus halepensis) and two Algerian oaks (Quercus canariensis and Quercus afares) are among Algeria’s most abundant tree species. However, their uses are limited by defects in the wood and by its grain direction. These problems can be overcome by jointing and bonding techniques, such as finger-jointing in particular, to manufacture high quality wood products that are far more stable than solid wood. We ana-lysed the suitability of the three species for finger-jointing by comparing the bulk density, longitudinal elasticity modulus, transverse shear modulus and bend-ing strength of solid and finger-jointed wood. The tests showed equivalent rigid-ity between the three species in solid and finger-jointed wood respectively. Bend-ing strength in finger-jointed wood was always lower than in solid wood because of the highly variable quality of the joints (unevenly dried wood, lack of precision in joint profiles, insufficient pressure during bonding). Despite this, the characteris-tic values obtained for bending strength complied overall with benchmark rec-ommendations. The results of our study show that industrial applications of the finger-jointing technique could be consid-ered for these under-used species, pro-vided that proper practice is observed in its implementation. The Algerian timber processing company Transbois, which was responsible for manufacturing the finger-jointed samples for the study, is to pursue the work undertaken by launching a pre-industrial manufacturing process.

Keywords: Quercus canariensis, Quercus afares, Aleppo pine, mechanical proper-ties, Algeria.

resumen

CARACTERIZACIÓN DE EMPALMES POR ENTALLADURAS MÚLTIPLES DE TRES ESPECIES DE ARGELIA

El pino carrasco, Pinus halepensis, el quejigo andaluz, Quercus canariensis y Quercus afares son tres de las especies más abundantes en Argelia. Sin embargo, su uso se ve limitado por la presencia de defectos en la madera y su nerviosismo. Las técnicas de reconstitución por enco-lado, especialmente por empalme, permi-ten superar dichos inconvenientes, rea-lizando productos sin defectos y mucho más estables que los de madera maciza. Se estudió la adecuación de la madera de estas especies para el empalme compa-rando, en maderas macizas y empalma-das, la densidad, el módulo de elasticidad longitudinal, el módulo de elasticidad transversal y el esfuerzo de ruptura en fle-xión. Las pruebas mostraron que las ma-deras macizas y empalmadas de las tres especies tienen una rigidez equivalente. Las resistencias a flexión de las maderas empalmadas son siempre inferiores a las de la madera maciza debido a la gran irre-gularidad en la calidad de los empalmes: secado desigual de la madera, perfilado impreciso de entalladuras, presión de apriete inadecuada en el encolado. Pese a ello, los valores característicos logrados en esfuerzo de ruptura en flexión corres-ponden globalmente a las recomendacio-nes de la norma referenciada. Los resulta-dos del estudio ponen de manifiesto que la técnica de empalme es viable en estas especies poco empleadas, siempre que se lleve a cabo de forma profesional. La empresa argelina Transbois, encargada de la transformación de las maderas y de la fabricación de probetas empalmadas para el estudio, continuará con las inves-tigaciones ya iniciadas pasando a una fase de fabricación preindustrial.

Palabras clave: empalme por entalla-duras múltiples, Quercus afares, que-jigo andaluz, pino carrasco, propiedades mecánicas, Argelia.

W. Derbal, A. Zerizer, J. Gérard, D. Guibal

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PTEROCARPUS ERINACEUS 71

Photo 1.Pied de Pterocarpus erinaceus.Photo H. Rabiou, 2014.

Habou Rabiou1

Abdoulaye Diouf2

Babou André Bationo3

Kossi Novigno Segla4

Kossi Adjonou4

Adzo Dzifa Kokutse4

Raoufou Radji4

Kouami Kokou4

Ali Mahamane1, 5

Mahamane Saadou5

1 Université de Diffa Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) BP 78, Diffa Niger

2 Université de Maradi Faculté des Sciences du sol et de la télédétection BP 465, Maradi Niger

3 Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) 04 BP 8645 Ouagadougou 04 Burkina Faso

4 Université de Lomé Faculté des Sciences Laboratoire de botanique et écologie végétale BP 1515, Lomé Togo

5 Université Abdou Moumouni Faculté des Sciences et Techniques Laboratoire Garba Mounkaila Département de Biologie BP 10662, Niamey Niger

Structure des peuplements naturels

de Pterocarpus erinaceus Poir. dans le domaine soudanien, au Niger et au Burkina Faso

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PTEROCARPUS ERINACEUS72H. Rabiou, B. A. Bationo, K. N. Segla, A. Diouf, A. Mahamane, K. Adjonou, K. Kokou, A. D. Kokutse, M. Saadou

RÉSUMÉ

STRUCTURE DES PEUPLEMENTS NATURELS DE PTEROCARPUS ERINA-CEUS POIR. DANS LE DOMAINE SOUDA-NIEN, AU NIGER ET AU BURKINA FASO

Pterocarpus erinaceus Poir. est une espèce endémique des zones sahélo-soudanienne et soudano-guinéenne, recherchée pour son bois, son fourrage et son intérêt médi-cinal. Ces usages se traduisent par une mu-tilation répétée des individus, entraînant une dégradation sensible des peuplements naturels. Les structures démographiques de P. erinaceus selon les zones pédoclima-tiques et l’effet des principales variables environnementales et de l’intensité d’ex-ploitation sur ses effectifs ont été évalués au Niger et au Burkina Faso. Des mesures dendrométriques (diamètre, hauteur to-tale, hauteur du fût, diamètres perpen-diculaires du houppier) sur les individus d’un diamètre supérieur ou égal à 5 cm à 1,30 m du sol ont été effectuées dans huit forêts. Dans chacune, les mesures ont été conduites selon deux transects perpendi-culaires. La densité de P. erina-ceus augmente de manière significative (P < 0,003) de la zone sahélo-soudanienne à la zone soudano-guinéenne : 1,2 ± 0,7 pied/ha dans la zone sahélo-soudanienne ; 2,6 ± 2,2 pieds/ha dans la zone nord-sou-danienne ; 6,1 ± 4,6 pieds/ha dans la zone sud-soudanienne ; 15,0 ± 1,1 pieds/ha dans la zone soudano-guinéenne. L’analyse des structures en diamètre et en hauteur révèle une augmentation de la fréquence des indi-vidus jeunes suivant le gradient pluviomé-trique. Par contre, l’intensité de l’exploita-tion est plus élevée dans les zones les moins arrosées, où l’espèce s’avère menacée.

Mots-clés : Pterocarpus erinaceus Poir., caractéristiques dendrométriques, struc-ture du peuplement, pédoclimat, Burkina Faso, Niger, zone sahélienne, zone souda-nienne.

ABSTRACT

STRUCTURE OF NATURAL PTEROCAR-PUS ERINACEUS POIR. POPULATIONS IN THE SUDANIAN DOMAIN IN NIGER AND BURKINA FASO

Pterocarpus erinaceus Poir. is endemic to the Sahelo-Sudanian and Sudano-Guin-ean zones and much sought after for its wood, fodder and medicinal properties. As a result, individual trees are repea-tedly mutilated, which is causing serious damage to the natural tree stands. This study assessed the population structure of P. erinaceus in the different pedoclimat-ic zones and the effects on tree numbers of the main environmental variables and intensity of use in Niger and Burkina Faso. Individual trees with a diameter of 5 cm or more were measured (diameter, total height, height of the bole, perpendicular diameters of the crown) at a height of 1.30 m above the ground in eigth forest forma-tions. In each, the dendrometric measure-ments were made along two perpendicu-lar transects. The density of P. erinaceus increases significantly (P < 0.003) from the Sahelo-Sudanian to the Sudano-Guin-ean zone: 1.2 ± 0.7 stems/ha in the Sah-elo-Sudanian zone; 2.6 ± 2.2 stems/ha in the northern Sudanian zone; 6.1 ± 4.6 stems/ha in the southern Sudanian zone and 15.0 ± 1.1 stems/ha in the Sudano-Guinean zone. Our analysis of the stands by diameter and height shows an increas-ing frequency of young individuals along the pluviometric gradient. However, use intensity is greatest in the driest zones, where the species is under threat.

Keywords: Pterocarpus erinaceus Poir., dendrometric characteristics, population structure, pedoclimate, Burkina Faso, Niger, Sahelian zone, Sudanian zone.

RESUMEN

ESTRUCTURA DE LOS RODALES NATU-RALES DE PTEROCARPUS ERINACEUS POIR. EN EL DOMINIO SUDANÉS, EN NÍGER Y BURKINA FASO

Pterocarpus erinaceus Poir. es una es-pecie endémica de las zonas climáticas saheliano-sudanesa y sudano-guineana, apreciada por su madera, forraje e interés medicinal. Dichos usos conllevan una reiterada mutilación de los individuos, provocando una sensible degradación de los rodales naturales. Se evaluaron las estructuras demográficas de P. erinaceus en Níger y Burkina Faso según las zonas edafoclimáticas, el efecto de las princi-pales variables ambientales y la intensi-dad de la explotación de su población. Se efectuaron mediciones dendrométricas (diámetro, altura total, altura de fuste y diámetros perpendiculares de la copa) en 8 bosques, en individuos de diámet-ro superior o igual a 5 cm a 1.30 m del suelo. En cada bosque, las mediciones se realizaron siguiendo dos transectos perpendiculares. La densidad de P. eri-naceus se incrementa de modo signifi-cativo (P < 0,003) de la zona saheliano-sudanesa a la sudano-guineana: 1.2 ± 0.7 pies/ha en la zona saheliano-sudanesa; 2.6 ± 2.2 pies/ha en la zona norsudanesa; 6.1 ± 4.6 pies/ha en la zona sursudanesa y 15.0 ± 1.1 pies/ha en la zona sudano-guineana. El análisis de las estructuras en diámetro y altura refleja un aumento de la frecuencia de individuos jóvenes a lo largo del gradiente pluviométrico. La intensidad de explotación, sin embargo, es mayor en las zonas con menos lluvias, allí donde esta especie está amenazada.

Palabras clave: Pterocarpus erinaceus Poir., características dendrométricas, estructura del rodal, edafoclima, Burkina Faso, Níger, zone saheliana, zona sudanesa.

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Analyse réalisée par :

Christophe Voreux

AgroParisTech Nancy

Corédacteur en chef de la Revue forestière française

La gestion durable des forêts tropicales. De l’analyse critique du concept à l’évaluation environnementale

des dispositifs de gestion

M. Leroy, G. Derroire, J. VenDé, T. Leménager

FRANCE, AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT, COLLECTION « À SAVOIR », NO 18, MAI 2013. 236 P.

Disponible gratuitement en téléchargement sur www.afd.fr

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AnAlyse d’ouvrAge / Book AnAlysis 85

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contre les effets dommageables de la pollution (et notam-ment de la pollution atmosphérique), des incendies, des insectes ravageurs et des maladies, afin de conserver inté-gralement tout ce qui en fait le prix. »

Enfin, la définition sans doute la plus connue est celle adoptée par la Conférence ministérielle sur la protection des forêts en Europe, en 1993 :

« La gestion durable des forêts signifie la gestion et l’utili-sation des forêts et des terrains boisés d’une manière et à une intensité telles qu’elles maintiennent leur diversité biolo-gique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, les fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes aux niveaux local, national et mondial, et qu’elles ne causent pas de préjudices à d’autres écosystèmes. »

La suite du livre se recentre sur les forêts tropicales. Héri-tant au départ des pratiques passées, le concept de gestion durable des forêts s’est peu à peu institutionnalisé d’un point de vue réglementaire, y compris dans les pays tropicaux, sous l’influence de négociations et d’instances internatio-nales. La deuxième partie présente les différentes façons dont la GDF a été traduite en instruments juridiques (traités, codes, lois, décrets…) pendant et après une phase intense de débats internationaux sur les forêts et l’élaboration de plans forestiers nationaux. La base de données FAOLEX a été uti-lisée à cette fin : c’est une base de données législatives infor-matisée proposée par le bureau juridique de la FAO, complète et à jour, qui représente la plus importante collection électro-nique de lois et de règlements nationaux, ainsi que de traités internationaux, portant sur l’alimentation, l’agriculture et les ressources naturelles renouvelables. Cinquante-six pays ou régions (dont la Guyane) ont été soumis à l’analyse de leur corpus juridique forestier, avec cependant un travail moins poussé pour dix-sept pays en raison de l’insuffisante connais-sance par les auteurs des langues utilisées. Il a été tenu compte des différents systèmes juridiques de l’aire étudiée – droit codifié ; droit jurisprudentiel ou common law ; droit musulman ; droit coutumier ; bijuridisme –, ce qui nécessite une grande précaution. (Une erreur de traduction relevée p. 61, ligne 15 : lire richesse et non santé.) Les faits majeurs qui ressortent sur 1987-2010 sont les suivants : la généralisa-tion des aménagements forestiers, la sécurisation des condi-tions d’octroi de concessions, la promotion de la participa-tion des citoyens, le soutien fiscal accru à l’exploitation et la meilleure définition des forêts hors production (aires natu-relles protégées, forêts sacrées, etc.). Une meilleure applica-tion des outils juridiques a aussi été en vue, en particulier dans les programmes de lutte contre le commerce du bois récolté illégalement.

Parallèlement à ce travail réglementaire, le concept de GDF a peu à peu été traduit en divers dispositifs de gestion qui, aujourd’hui encore, sont en évolution. En sciences de la gestion, on appelle dispositif de gestion un assemblage de règles de coordination (donc de jeux d’acteurs) et d’outils de gestion (donc de formalités techniques). La troisième partie aborde les dispositifs de gestion déployés au titre de la GDF dans les mêmes cinquante-six pays tropicaux. Trois catégo-ries d’enjeux sont utilisées par les auteurs dans leur analyse de l’existant : 1o améliorer l’exploitation forestière, avec

Depuis 1990, la gestion durable des forêts (GDF) s’est progressivement instituée comme le cadre conceptuel en matière de gestion des forêts. Elle est souvent présentée, notamment en zone tropicale, comme seule capable de répondre efficacement à l’urgence environnementale actuelle. Toutefois, peu de travaux ont cherché à dresser un bilan de la façon dont la GDF a effectivement pris en charge les enjeux environnementaux par les multiples dispositifs mis en œuvre depuis plus de deux décennies. L’état actuel des forêts tropicales, ainsi que le rythme – qualifié par la FAO d’« alarmant » – de leur déforestation et de leur dégra-dation, fondent pourtant la légitimité de cette étude.

Sur la base d’une approche théorique en sciences de ges-tion, d’une méthodologie rigoureuse s’appuyant sur des ana-lyses bibliographiques et lexicométriques de plus de deux mille cinq cents références et sur une quarantaine d’entre-tiens semi-directifs menés auprès d’acteurs clés, cet ouvrage constitue une analyse éclairante et originale sur la GDF et sa prise en charge des enjeux environnementaux dans les forêts tropicales.

Le public visé par ce livre n’étant pas forcément forestier, les auteurs ont bien pris soin de définir leur méthode de travail ainsi que certaines notions comme la sylviculture, le rendement soutenu, l’aménagement forestier. On regrettera toutefois que les explications apportées soient parfois assor-ties de commentaires peu objectifs, tel celui-ci :

« Cette démarche [la recherche du rendement soutenu] soutient donc le fait que les écosystèmes forestiers peuvent être gérés comme n’importe quelle autre entreprise indus-trielle, et que la nature peut être modelée pour s’adapter au paradigme d’industrialisation et de commercialisation. »

N’importe quelle autre ! C’est vraiment exagéré.Le concept de gestion durable des forêts s’est répandu

en même temps que celui de développement durable au début des années 1990. Trois définitions majeures, mais différentes, de la gestion durable des forêts sont citées, et il est peut-être utile de les mentionner ici.

Pour l’Organisation internationale des bois tropicaux, en 1992, la gestion durable des forêts, c’est

« la gestion de forêts permanentes en vue d’objectifs clai-rement définis concernant la production soutenue de biens et services désirés sans porter atteinte à leur valeur intrinsèque ni compromettre leur productivité future et sans susciter d’effets indésirables sur l’environnement physique et social ».

Les Nations unies ont, quant à elles, adopté à Rio de Janeiro, en 1992, la déclaration suivante, faisant autorité mais non juridiquement contraignante :

« Les ressources forestières et les terrains boisés devraient être gérés sur une base durable afin de répondre aux besoins sociaux, économiques, écologiques, culturels, spirituels, des générations actuelles et futures. Ces besoins concernent les produits et services que peut fournir la forêt tels que le bois et les produits à base de bois, l’eau, de la nourriture, du fourrage, des produits médicinaux, des com-bustibles, un abri, la création d’emplois, un lieu de détente, un habitat pour la faune sauvage, une source de diversité dans le paysage, le rôle de puits et de réservoir de carbone et bien d’autres produits tirés de la forêt. Des mesures appro-priées devraient être prises en vue de protéger les forêts

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cœur des enjeux des écosystèmes forestiers tropicaux, et qu’ils aient été mis en avant depuis plus de vingt ans.

Au plan social, l’analyse note le caractère fort incertain de l’apport de la gestion participative, avec des exemples très contrastés de réussites significatives et d’échecs manifestes.

Outre ces conclusions, il a été constaté qu’un nombre important de publications sont consacrées à l’évaluation environnementale et aux enjeux de sa mise en œuvre dans des régions aux écosystèmes remarquables, tels que les forêts tropicales. Toutefois, l’application de cette démarche aux activités forestières à proprement parler n’a pour l’ins-tant suscité qu’un intérêt limité, ce qui laisse penser que les dispositifs de gestion déjà existants seraient considérés par les acteurs comme déjà durables, ne requérant pas la mise en œuvre d’une démarche évaluative environnementale. De plus, le problème est très souvent ramené à un problème de gouvernance du secteur forestier, et non à un problème de nature des dispositifs de gestion proposés ou de niveau de performance environnementale. Très peu de mesures sont donc prises pour vérifier que, en ce qui concerne ces enjeux, la gestion durable des forêts l’est en effet.

Pour conclure – la conclusion du livre en est en fait un très bon résumé –, les tensions semblent se maintenir à ce jour entre une gestion des forêts tropicales avant tout cen-trée sur l’exploitation forestière et un secteur de la conserva-tion de la nature qui continue à être perçu comme pouvant bloquer le développement de cette filière. Dans un tel contexte, la prise en charge des enjeux environnementaux paraît traitée de façon marginale au regard des enjeux qui y sont attachés.

L’insuffisance des processus d’évaluation environnemen-tale en matière de GDF est soulignée, et cela bien que cer-tains outils de la GDF incluent le suivi d’indicateurs de ges-tion, mais de façon partielle et insuffisamment précise. Il existe pourtant deux moyens à la disposition des respon-sables forestiers : l’étude d’impact environnemental et l’éva-luation environnementale stratégique. L’efficacité de la GDF pourrait aussi être améliorée par une meilleure articulation des connaissances du secteur forestier et du secteur de la conservation et par un dialogue intersectoriel systématique entre le secteur forestier et le reste des secteurs exerçant une pression sur les forêts (agriculture, mines, gaz, pétrole, infrastructures). Les auteurs estiment peu réaliste de croire que le secteur forestier tropical pourra à lui seul assurer une gestion forestière véritablement durable.

Au final, l’ouvrage est important par l’originalité du sujet traité et la qualité avec laquelle les auteurs mènent leur ana-lyse et en exposent les fruits. Il stimule la réflexion en la nour-rissant de constats documentés. Les étudiants forestiers de niveau master ou ingénieur, les chercheurs en sciences poli-tiques, de l’homme et de la société, et surtout les responsables forestiers, politiques et associatifs en tireront tous profit.

l’aménagement forestier, la certification forestière et l’exploi-tation à faible impact ; 2o valoriser le carbone stocké en forêt, avec les crédits carbone, volontaires ou reliés au protocole de Kyoto, et REDD+ ; 3o accroître la participation des popula-tions locales, avec la gestion conjointe des forêts, la fores-terie communautaire, les forêts communales et encore d’autres formes de gestion participative. Dans tout cela, on relève que l’État se borne à assurer l’encadrement juridique des dispositifs qu’il promeut, mais que son rôle d’appui tech-nique s’est effacé : les activités se déroulent souvent dans un cadre contractuel entre partenaires. La conclusion de cette partie, un peu difficile à suivre dans son exposé resserré, souligne que les dispositifs de gestion ont tendance à être utilisés concomitamment plutôt que seuls (à s’hybrider) par les acteurs de la gestion des forêts tropicales : ceci ne semble pas anormal dans la mesure où la GDF vise essentiellement à satisfaire simultanément des attentes variées des hommes vis-à-vis des forêts.

La quatrième partie traite de la prise en compte de l’envi-ronnement dans la GDF. Le corpus analysé par lexicométrie consiste en 1 361 textes scientifiques sur ce sujet. L’intérêt est d’abord majoritairement porté sur la déforestation dans les études. Celle-ci cède la place vers 1994 à la biodiversité, qui elle-même commence à s’effacer à partir de 2002 devant le changement climatique. (Ce résultat intéressant d’un chan-gement du thème dominant au cours du temps aurait mérité d’être étayé numériquement.) Le rapprochement avec les résultats de la partie 3 indique que, contrairement au carbone, la biodiversité n’a pas bénéficié d’un dispositif de gestion pour sa promotion au sein de la GDF, alors même qu’au plan scientifique elle était au centre des études : cette asymétrie interroge.

L’évaluation des politiques forestières et des dispositifs de gestion qui se réclament de la GDF au regard de la conser-vation de la biodiversité est menée avec soin par les auteurs. Si quelques améliorations ont été constatées dans les outils juridiques forestiers des pays tropicaux, des critiques sont néanmoins formulées sur la capacité réelle de ces dispositifs juridiques à répondre effectivement aux enjeux environne-mentaux.

Les dispositifs de gestion constituent les principales réponses opérationnelles apportées par la GDF face à la crise environnementale forestière observée. Or c’est la dimension économique (et prioritairement, la rentabilité de l’exploita-tion forestière) qui demeure leur enjeu central. Ils sont globa-lement déployés en cherchant à intégrer les « contraintes » environnementales et sociales à l’économie du secteur fores-tier, et non l’inverse.

Il apparaît également que, dans la littérature, la GDF aborde la conservation de la biodiversité surtout en termes de conservation du couvert forestier et de certaines espèces commercialisables. Au fond, la biodiversité reste « l’oubliée » de la GDF, bien que les problèmes de biodiversité soient au