1, 2, 3 nous irons aux bois

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Film court de 15 mn Philippe GUIHENEUC 16 juillet 1996

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Film court de 15 mn

Philippe GUIHENEUC

16 juillet 1996

1,2,3 nous irons aux bois 1/

Dans le bois de Vincennes, une transaction

louche échoue par la faute d’un étrange

personnage, mi-homme mi-bouffon. Deux

gangsters le capturent et le conduisent à leur

chef, un caïd à qui on ne la fait pas. Mais le

petit bonhomme a plus d’un tour dans son

sac...

Il s’agit d’un polar gris banlieue où Pinpin

Saperlipopette s’étale en tâche multicolore,

comme font les contes pour enfants dans leur

vie de béton. A l’heure où les histoires

s’endorment, les lutins se réveillent pour

danser une ronde qui tempête sous nos crânes.

Et après la pluie... l’herbe pousse.

1,2,3 nous irons aux bois 2/

SCENARIO

Plan 0

Ecran noir, avec ce texte en blanc:

Noir.

KORRIGAN, E: [koriga] n. Nain ou fée des légendes bretonnes, tantôt bienveillant, tantôt malveillant.

1,2,3 nous irons aux bois 3/

Plan 1.1

Une voiture en mauvais état roule à tombeaux ouverts sur un

chemin de terre dans un bois, tard dans la nuit.

Plan 1.2

Elle passe devant un panneau annonçant la sortie de

Vincennes, puis devant un panneau annonçant l’entrée dans

Paris.

Plan 1.3

Elle roule lentement dans une rue déserte, au coeur d’une cité

HLM.

Plan 1.4

Derrière le pare-brise, deux hommes. Le conducteur (Jo) est

grand, famélique, mal rasé, mal peigné. Il porte un costume

sombre rayé de gris, une chemise blanche froissée et une

cravate noire défaite. Il jette de fréquents coups d’oeil dans le

rétroviseur. Il ne sourit pas, et semble au contraire de

mauvaise humeur. Son passager (Moulhoud) est plus petit,

assez gros, presque chauve. Il transpire abondamment. Sa

respiration est sifflante. Il se passe un mouchoir sale sur le

visage pour éponger la sueur. Nerveux, il est agité de tics du

visage et des bras qui le rendent grotesque. Il parle en

bégayant.

MOULHOUD - Tttonio va pppas être con...con... content.

JO - Ta gueule, Moulhoud.

Silence. Moulhoud cherche l’approbation de Jo qui ne le

regarde pas.

MOULHOUD - De toutes faaaçons, ssc’est pas no...no...not’

faute. (Silence.) Hein, Jo?

JO - C’est ça.

MOULHOUD - (Rassuré.) Et puiiis on n’a pas pppé...

pé...perdu la came, alors... (Silence.) Et lui, là ddderrière (Il

désigne le coffre.), kèkèqu’est-ce qu’on va en fffaire?

(Silence.) Tu...tu...tu crois que Tonio va le bè...bè... va le

buter? (Silence.) Aaaprès tout, c’est de sa... sa... faute si

l’échange a foiré, nnn... nnn... non? Tttu crois pas?

JO - Ta gueule.

Silence.

MOULHOUD - T’as vu comme il lll... était déguisé? (Il rit.) Il

m’a aaa... aaa... fait peur, ce con. Les ban... les ban... les

bamboulas aussi yiii z’ont eu peur, sissississinon y se

ssseraient pas... aaa... débinés. Ca alors. (Silence.) Dis donc,

dddJo, tu crois pppas queusse... queusse... que c’est un flic,

qqquand même?

JO - (Furieux.) Bordel, tu vas la boucler, oui? Faut que je

réfléchisse à comment qu’on va expliquer ça à Tonio. Tu peux

comprendre qu’on est dans la mouise? Même toi tu peux le

piger! Merde!

Silence.

MOULHOUD - Eeexcuse, Jo. (Silence. Jo ne cesse de

regarder dans le rétroviseur. Derrière la voiture, deux phares

jaunes se rapprochent.) C’est juste que je... eueue comprends

pas. Cesse... cesse.. C’est sûrement pas un flic, deee toutes

façons il était pas... aaa sapé comme un fi... fil... flic, ça non.

(Silence.) Tonio vvva le faire parler. Aaaprès tout, c’est peut-

être un ban... ban... bamboulaaa déguisé?

JO - Merde, on est suivi.

MOULHOUD - (Il se retourne.) Hein?

Les tics de Moulhoud s’accentuent, tandis que Jo crispe les

poings sur le volant.

MOULHOUD - Pou pou pou Pourquoi que tu les sèmes pas?

JO - Parce que c’est p’t’êt les poulagas, et que j’tiens pas à me

faire coincer pour excès d’vitesse. Avec le gusse dans le coffre

et la came sur moi, c’est la pension complète à vie. (Les

phares se rapprochent. Il crie:) Calme-toi, Bon Dieu, tu vas

nous faire repérer!

MOULHOUD - Oui, dddJo.

Silence. Les phares sont maintenant juste derrière le véhicule.

On distingue une sirène au-dessus du toît.

JO - C’est les flics, bordel.