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01 PB- PP B- BELGIE(N) - BELGIQUE 01099 Pro J - Publication Trimestrielle : septembre - octobre - novembre 2016 | Bureau de dépôt : 1099 Bruxelles | n o d’agrément : P 605078 Éditrice responsable : Julie Ben Lakhal - boulevard de l’Empereur 15 - 1000 Bruxelles ||| Autorisation de fermeture : 1099 BRUXELLES 1 / 1844 Écrit périodique 19

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PB- PP B-BELGIE(N) - BELGIQUE

01099

Pro J - Publication Trimestrielle : septembre - octobre - novembre 2016 | Bureau de dépôt : 1099 Bruxelles | no d’agrément : P 605078Éditrice responsable : Julie Ben Lakhal - boulevard de l’Empereur 15 - 1000 Bruxelles ||| Autorisation de fermeture : 1099 BRUXELLES 1 / 1844 Écrit périodique

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Fédération des jeunes socialistes et progressistes

Sommaire

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ÉditoCarlos Crespo — Julie Ben Lakhal

Confusionnisme 2.0 | 4. De l’imbécillité propagandiste admise pour analyse géopo-litique (le cas Meyssan à propos de la Syrie)Revue Zéro

Colombie : un regard sur les négociations de paixNicolàs Fernandez — ProJeuneS

Espagne : L’assaut du ciel reporté ?Carlos Crespo — ProJeuneS

Le mauvais usage : comment l’arbre orthographique cache la forêt des ruines grammaticalesAlain Detilleux — ProJeuneS

Des nouvelles du réseau d’échanges de savoirs « jeunesse » Les outils de l’intelligence collectiveProJeuneS

Rubrique | La Bidochonne du trimestre : Nadine MoranoCarlos Crespo — ProJeuneS

« Cherchons langage pour présenter le réel » :les mots du pouvoir et le pouvoir des motsPhiloCité

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ÉditorialComité de rédaction

La rentrée nous arrive avec son lot de débats convenus et de questionnements récurrents. Tous les enjeux liés à l’École sont abondamment mis en exergue et commentés. Bien sûr ces questions sont essentielles et il est légitime de se les poser, même si tout cela a un air de déjà-vu.

Eh bien, en cette année 2016, cela a presque fait du bien de voir ces reportages sur les enfants qui vont pour la première fois à l’école ou de lire ces articles relatifs aux vicissitudes politiques du Pacte d’excellence. En effet, cela a provoqué l’arrêt du débat sur le burkini !

Loin de vouloir le rouvrir ici, il est tout de même intéressant d’en saisir l’exemplarité. A priori, la tenue vestimentaire des vacanciers à la plage ne devrait pas passionner, outre mesure, les intellectuels, les journalistes, les politiques… Et pourtant cela a constitué le débat de l’été en France et dans une moindre mesure en Belgique.

Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’il est confortable de faire diversion lorsqu’on n’arrive pas à répondre aux attentes de la population. La crise devient perceptible, l’exclusion devient palpable et l’impossibilité des politiques à y répondre est criante. Dès lors, on en arrive à un soutien du Premier ministre aux maires côtiers, pour exclure les femmes en burkini des plages de l’Hexagone.

En Belgique, la présidente MR du sénat a emboîté le pas à la N-VA pour assurer de l’importance d’un débat sur la question. Après, la Justice française a tranché sur le fait que l’interdiction du burkini par les municipalités n’était pas fondée. En écho, la N-VA a admis l’impossibilité juridique de l’interdiction. Sage décision d’autant qu’aucune plainte n’avait été déposée en Belgique…

Ce qu’il faut retenir c’est que dans un contexte anxiogène pour la population, pour ce qui est de la menace réelle de la secte criminelle DAESH se revendiquant de l’Islam, tout ce qui peut jouer sur la peur de la majorité de la population vis-à-vis de la figure du « musulman » est exploité par des aventuriers politiques et journalistiques, qui veulent soit vendre du papier, soit flatter leur électorat.

Dans le présent magazine, partant du principe que les enjeux réels sont ailleurs, nous avons mis en exergue le racisme d’une Nadine Morano.

Notre volonté a été aussi de continuer à évoquer des dossiers sur lesquels nous travaillons depuis longtemps. Ainsi, nous continuons à vous informer, dans les pages qui suivent, sur le processus de paix en Colombie et sur l’issue politique en Espagne, en cohérence avec nos précédents numéros.

Nous vous souhaitons une bonne lecture de ce magazine et une bonne rentrée 2016.

Carlos Crespo — Secrétaire généralJulie Ben Lakhal — Présidente

09.2016

Rédacteur en chefAlain Detilleux

PrésidenteJulie Ben Lakhal

Secrétaire généralCarlos Crespo

Coordinateur de projetsNicolàs Fernandez

Chargée de formationsDelphine Gantois

____________

Coordination,Infographie et Mise en page

Alain Detilleux

Logistique et communicationFrancine Delfosse

SecrétariatMarielle Delbaere

____________

Rédaction de Pro JProJeuneS asbl

bd de l’Empereur 15|3 — 1000 Bruxelles

T. 02 513 99 62F. 02 502 49 47

[email protected]

mais aussi :facebook.com/projeunes

Les propos tenus dans les textes relèventde l’entière responsabilité de leurs auteurs.

Nous remercions sincèrement tous lesintervenants extérieurs qui ont

apporté leur contribution à ce numéro.La Rédaction

0706Confusionnisme 2.0

4. De l’imbécillité propagandiste admise pour analyse géopolitique (le cas Meyssan

à propos de la Syrie)Ce texte fait partie d’une série de réflexions critiques autour de l’analyse du phénomène confusionniste, sur Internet, et ses répercussions problématiques sur l’imagerie

collective et le débat public.

Zéro - revue de l’Occidorient

zero-sifr.be

Thierry Meyssan est un con(fusionniste), formé en rien, exclu de tout, auto-catapulté « consultant politique », entièrement soumis à la propagande poutino-assadienne et avant elle kadhafiste, proche du Hesbollah et de l’Iran dont il se fait notoirement le porte-voix permanent depuis la Syrie.1 Une sorte de « résident spécial » à défaut d’être l’envoyé de qui que ce soit (comme on dit dans la « presse dominante » (sic)).

Ce catho pratiquant jusqu’au séminaire, puis soudainement militant laïc, est le principal ani-mateur du Réseau Voltaire, site de propagande prétendument « alternatif » que beaucoup de naïfs persistent à relayer puérilement comme une source fiable et « indépendante » (on croit rêver, mais c’est bien l’idée, en fait) !

D’une manière générale, les confusionnistes se distinguent moins par la pertinence de leurs analyses géopolitiques, que par le ton pontifiant avec lequel ils se positionnent, en définitive, comme le miroir inversé des pro-pagandes américaine, israélienne, etc., dites synthétiquement « occidentales » et, pour faire plus machiavélique, « sionistes ».

Les lignes argumentaires sont à peu près toujours les mêmes (pas seulement chez Meyssan, mais il est le plus caricatural) :

1. tout ce qui advient dans le monde relève de complots successifs et des effets im-muables et parfaitement anticipés, sur des décennies, de ceux qui les ont conçus ;

2. tout complot est « occidental » (entendez : émane des USA via la CIA et l’OTAN) ;

3. tout complot occidental (c’est un pléo-nasme, ici) tient à la fois de l’omnipotence (puisqu’il modèle littéralement le monde) et de l’amateurisme le plus crasse (puisqu’il produit risiblement toujours l’inverse de ce qu’envisageaient ses concepteurs, à la grande satisfaction des « analystes » confusionnistes) ;

4. de même, tout complot occidental est par définition « occulte », quoique « limpide », puisque tous les confusionnistes (et eux seuls) y voient comme à travers du cristal de roche ;

1| Source Wikipédia — fr.wikipedia.org/wiki/Thierry_Meyssan

5. toute intervention des USA via l’OTAN ne sert que la cause d’Israël ou du pétrole, du gaz, etc. ;

6. Israël a une mainmise totale sur l’administration US, via des conseillers « juifs » à la Maison Blanche et, de même, sur toutes les chancelleries du monde, via le Mossad ;

7. du coup, même les ennemis héréditaires d’Israël sont de facto à sa solde, comme l’Arabie saoudite, le Qatar, etc. ;

8. tout vaut mieux que les USA, mais tout y ramène immanquablement (s’ils n’existaient pas, les confu-sionnistes les inventeraient, sans doute) ;

9. toute dictature abattue par les USA était « jus tement » un paradis social avant son renversement par les USA (la Libye et l’Irak, par exemple), où la parole était libre, pluraliste sous parti unique et où tout était gratuit ;

10. les peuples (arabes) ont droit à leur autodétermina-tion, mais paradoxalement aucune révolution n’est jamais de leur fait – il s’agit toujours d’un complot de la CIA, pour renverser un paradis sociopolitique local, pour de strictes considérations économico-énergétiques ou pour soutenir Israël ;

11. la Russie (Poutine) est le seul recours possible, le seul rempart démocratique à « l’Empire » (régime totalitaire basé sur le capitalisme économique et l’impérialisme militaire, contrairement à la Russie, donc) ;

12. Vladimir Poutine, alternativement président de la Fédération de Russie et président du gouvernement, depuis 2000, formé en son temps par l’ex-KGB so-viétique, tient des discours humanistes exemplaires devant l’ONU, que l’on peut croire sur parole, lui qui ignore tout de la langue de bois et de la manipulation d’État ;

13. de là, tout ce qu’entreprend la Russie est dénué de tout sous-entendu hégémonique et ne relève que d’une pensée, pacifiste et démocratique, soutenant la juste cause des peuples opprimés ;

14. de là, les interventions militaires en Ukraine (contre les néonazis) et en Syrie (contre les djihadistes, dont l’EI) ne sont que des recours légitimes à la force, pour préserver la « civilisation » face à la « barbarie » (sans jamais faire de dégâts collatéraux), très loin des préoccupations géostratégiques des ports de Sébastopol (Crimée, mer Noire) ou de Tartous (Syrie, mer Méditerranée).

La situation syrienne offre à Meyssan et autres confu-sionnistes (le plus souvent issus de l’extrême droite souverainiste et antisémite), l’occasion de faire du « sim-plisme alambiqué » sur une situation dont la complexité

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n’a cessé de grandir, au seul détriment du peuple syrien, dont la parole n’intéresse personne, pas davantage que la (sur) vie.

Ainsi, cet extrait d’un article, prétendument érudit de Meyssan, paru au mois de mai 2015 sur le Réseau Voltaire, à propos de l’avancée des rebelles syriens autour des forces régulières syriennes à Lattaquié (port désormais défendu par la Russie et d’où partent ses raids aériens) – la grille de lecture est tragicomique, au regard des éléments évoqués ci-dessus (c’est nous qui qui soulignons) :« Les déplacements de population, en quatre ans de conflit, sont les plus importants dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est logique puisqu’il ne s’agit ni d’une guerre civile, ni d’une guerre entre États, mais d’une guerre entre la civilisation et la barbarie : d’un côté la République arabe syrienne qui traite à égalité tous ses citoyens et sert l’Intérêt général, de l’autre des fanatiques qui réduisent en esclavage ou tuent tous ceux qui ne pensent pas comme eux.Dès lors, la population a voté avec ses pieds. Elle a exprimé son choix en se déplaçant : les Syriens favo-rables à la République se sont regroupés à Damas et à Lattaquié, les fanatiques favorables aux jihadistes sont restés dans les territoires que ces derniers ont conquis, et tous ceux qui ne pouvaient pas choisir leur lieu de résidence se sont enfuis à l’étranger. On notera que personne n’a observé d’exode des territoires républicains vers ceux des jihadistes. »2

Thierry Meyssan animant son émission de « réinformation », à la télé-vision officielle syrienne.

Au-delà du ronron pseudo-spécialisé dont Meyssan est coutumier (comme ses clones soraliens), le parti pris pro-Assad crève les yeux, tout autant que la propagande de guerre qui le nourrit, comme elle abreuve toute la fachos-

2| Meyssan T., Le mythe de la chute de Lattaquié, Réseau Voltaire, 8 mai 2015 : voltairenet.org/article187523.html

phère confusionniste, par ricochet. Le texte indique d’ailleurs avoir pour source le journal « al-Watan »… édité à Damas, fief du régime syrien (où habite et d’où diffuse également Meyssan). C.Q.F.D.

Thierry Meyssan a ceci de comparable aux autres confusionnistes, leur prétendue « indé-pendance » de chiens sans laisse, qui toujours réagissent à la voix de leur maître, dont ils ne s’éloignent jamais de la gamelle promise, au-delà des aboiements de principe.

Comme « alternative » aux larbins de la presse dite « dominante » (la presse confusionniste est juste une autre « presse dominante », mais concurrente — le refrain « civilisation contre barbarie » est éloquent et digne de TF1, sans parler des réfugiés « uniquement enfuis des territoires tenus par Daech »), il faudra sans doute chercher mieux et plus loin, nonobs-tant l’abandon d’une trop grande facilité intellectuelle, pour les internautes en quête de « Vérité », mais manquant cruellement de connaissances et d’arguments pertinents, au-delà des slogans revanchards ânonnés sans aucun recul critique.

Alain Van HaverbekeZéro – revue de l’Occidorient

10.2015

Syrie - Vue d’Alep depuis la citadelle, avant la guerre

1110Colombie :

un regard sur les négociations de paix

Deux ans après notre visite en Colombie dans le cadre du projet : « Éducation, une arme pour la paix »1, pour lequel nous avons réalisé, entre autres, des ateliers vidéo avec de jeunes ayant vécu les dynamiques du conflit armé2, ProJeuneS continue à suivre les transforma-tions et les changements sociopolitiques de ce pays, qui essaye de sortir, non sans diffi-cultés, d’un long et complexe conflit social et armé, qui dure depuis plus d’un demi-siècle, et qui a laissé derrière lui un très lourd bilan d’exclusions et de violences systématiques.

Cependant, de bonnes nouvelles nous arrivent de La Havane (Cuba), où se tient depuis 2012, la table des négociations entre le gou ver-nement colombien et la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie — Armée du peuple (FARC-EP), qui cherchent à mettre fin au conflit armé, à travers la conclu-sion d’un accord de paix.

Le 23 juin dernier, les négociateurs ont signé un accord sur deux des sous-points faisant partie d’un des sept points de l’agenda général, ceci portant sur la méthodologie concernant la fin du conflit et la construction de la paix. La signature de ces deux sous-points représenta alors un grand avancement dans le cadre des négociations, car ils abordent, d’une part, l’application d’un cessez-le-feu bilatéral, et d’autre part, l’abandon (par les FARC-EP) de l’utilisation des armes.Cette signature signifie, dans un premier temps, l’arrêt des hostilités entre les deux belligérants, ce qui influe directement sur la réalité des Colombiens et principalement ceux du monde rural, les plus touchés par le conflit armé. Ceci, ouvrant une phase historique dans laquelle les paysans ne se trouvent plus sous la menace des bombes ni du feu croisé des combats.

Par ailleurs, l’application du cessez-le-feu bila-téral, qui est en cours, vise à faciliter la mise en

1| Voir notre reportage complet, texte et photos, dans le Pro J no 11, septembre 2014 (archive PDF) : projeunes.be/pjs_PDF/ProJ_revue/ProJ_11_web.pdf

2| educolumbia.wordpress.com

place des mécanismes méthodologiques et logistiques, vers la mise en place progressive du processus d’aban-don et de dépôt des armes par les FARC-EP.

La mise en application du cessez-le-feu bilatéral, prévoit un suivi et une vérification — de la part des observateurs du gouvernement colombien et des membres des FARC-EP —, ainsi que l’accompagnement par une commission de l’ONU, composée principalement d’observateurs de pays membres de la Communauté des États Latino-américains et des Caraïbes (CELAC), qui joueront un rôle de contrôle en vue du respect des accords3.

Pour la mise en place du processus d’abandon et de remise des armes des FARC-EP, la participation de ces mêmes observateurs est prévue afin d’accompagner et de vérifier l’ensemble de la procédure. En ce sens, il a été accordé également, pour l’application de cette partie du processus, l’utilisation temporaire d’une série de zones rurales de regroupement (31 hameaux au total), destinés à accueillir les membres des FARC-EP avec l’ensemble de leur armement, une fois l’accord général pour la fin du conflit définitivement signé et ratifié, après tous les mécanismes choisis de contreseing.

Ainsi, l’accord final de négociations permettra, et cela pour une durée totale de 180 jours, l’abandon progressif de leur armement par les FARC-EP, déposés dans de conteneurs destinés à cet effet, à l’intérieur des zones transitoires de regroupement, avec un suivi permanent de l’ONU en tant qu’organe chargé de récupérer les armes4.En raison de cela, la vérification technique des zones transitoires de regroupement qui seront mises en place, après l’accord final, a été réalisée avec succès par les observateurs qui ont été accompagnés également par des représentants politiques de différentes régions (maires, élus départementaux), ainsi que par la Croix Rouge internationale, selon un communiqué officiel publié le 12 août dans la ville de Villavicencio5.

De même, d’autres éléments, dans le cadre de l’agenda général de négociations, font envisager une évolution positive des accords, comme l’avancement sur la créa-tion de la « Juridiction spéciale pour la paix », destinée à faire respecter les droits des victimes du conflit, et à empêcher un climat d’impunité autour des accords de

3| pazfarc-ep.org/comunicadosfarccuba/item/3518-hacia-una-nueva-jurisdiccion-para-la-paz-de-colombia.html

4| Ibid.

5| m e s a d e c o n v e r s a c i o n e s . c o m . c o / c o m u n i c a d o s /comunicado-89-villavicencio-agosto-12-de-2016-0

1312

paix6, ainsi que l’accord sur la feuille de route pour la sortie de mineurs faisant partie des FARC-EP7, entre autres points accordés.

Cependant, malgré les avancements obtenus à la table de négociation et l’implication d’un large secteur de la société civile colombienne, qui se mobilise activement pour défendre le processus de paix depuis son origine, une frange de la société colombienne, représentée prin-cipalement par l’extrême droite, s’oppose fermement à la continuité des pourparlers.Or, si la nécessité d’arriver à stopper un conflit armé ayant fait plus de 218 094 morts8 et environ 6,9 millions de déplacés internes9 (la Colombie est le premier pays au monde ayant le plus grand nombre de déplacés internes, avant la Syrie et l’Irak), nous paraît une évidence, en réalité, ceux qui ont réussi à tirer un profit économique et politique de la guerre, ont d’énormes intérêts à sa perpétuation.Car, à travers des dynamiques du conflit armé, des nou-velles élites locales, ainsi que de groupes transnationaux ont bénéficié, grâce à l’accaparement illégal des terres, du fleurissement du secteur agraire exportateur, lié prin-cipalement à l’exploitation du palmier à huile, ainsi qu’à

6| mesadeconversaciones.com.co/comunicados/comunicado-conjunto-88-la-habana-cuba-12-de-agosto-de-2016

7| pazfarc-ep.org/comunicadosconjuntosfarcsantoscuba/item/3437-comunicado-conjunto-70.html

8| centrodememoriahistorica.gov.co/micrositios/informeGeneral/estadisticas.html

9| UNHCR — The UN Refugee Agency, Global Trends, Forced displacement in 2015

des cultures destinées au narcotrafic, voire le secteur de l’extraction minière10.

De ce fait, l’objectif visant à réussir le proces-sus de paix en Colombie, ne doit pas être lu uniquement comme la nécessité de finir avec le conflit frontal entre l’État et les FARC-EP, mais comme une possibilité de reconfigurer stratégiquement le rôle de l’État dans le mo-dèle actuel de production de richesses, qui a servi à alimenter directement et indirectement le conflit.Cependant, cela ne serait possible qu’au tra-vers d’une véritable ouverture démocratique, où la participation politique de l’opposition et de mouvements sociaux ne serait pas crimina-lisée, comme cela a été le cas jusqu’ici.

Toutefois, le mercredi 24 août dernier, les porte-parole du gouvernement et des FARC-EP ont annoncé publiquement la signature de « l’accord final, intégral et définitif »11, qui ratifie tous les points qui ont été traités dans l’agenda de négociations et qui met fin à un conflit vieux de plus d’un demi-siècle.

En ce sens, cette excellente nouvelle permet-trait alors de mettre en œuvre la dernière phase du processus de paix, qui consiste en la mise en place d’un référendum12, prévu pour le 2 octobre prochain, où les Colombiens seront appelés aux urnes afin d’avaliser, ou non, par leur vote, la signature des accords de paix.

En bref, le mécanisme référendaire sera la phase déterminante, à travers laquelle, les Colombiens devront choisir, entre le « SI », qui permettrait de confirmer et d’appliquer postérieurement les accords signés entre les deux parties, ou le « NON », qui mettrait fin aux cinq années de négociations et conduirait à la poursuite du conflit armé, entre le gouver-nement et les FARC-EP.

10| Estrada, J., « Acumulación capitalista, dominación de clase y rebelión armada. Elementos para una interpretación histórica del conflicto social y armado » dans, Conflicto social y rebelión armada en Colombia. Ensayos criticos, Bogotà, Gentes del comun, 2015, p. 266.

11| mesadeconversaciones.com.co/comunicados/comunicado-conjunto-93-la-habana-cuba-24-de-agosto-de-2016

12| corteconstitucional.gov.co/relatoria/2016/c-379-16.htm

En raison de cela, depuis la Belgique nous soutenons le « SI » pour la paix en Colombie, car nous estimons que ce processus de paix est le seul moyen de mettre fin au conflit armé, ainsi qu’un mécanisme fondamental, visant à la construction d’un nouveau projet dans ce pays.

Nicolàs FernandezCoordinateur de projets

08.2016

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À l’heure d’écrire ces lignes, des négociations sont menées à Madrid, en vue de former un nouveau gouvernement. Deux partis sont aujourd’hui autour de la table, il s’agit du Parti Populaire et de Ciudadanos. Lors des élections de juin dernier, ils ont obtenu res-pectivement 123 et 40 sièges à Las cortes (parlement espagnol). Il est important de préciser que le nombre de députés est de 350 et qu’il faut totaliser 176 sièges pour avoir une majorité. Avec leurs 163 parlementaires, le PP et Ciudadanos ne peuvent à eux seuls garantir l’investiture de Marianno Rajoy qui espère tou-jours rempiler. Dès lors, ils misent sur certaines absences ou abstentions le jour du vote. Pour les aider, ils ont la majorité des médias et des leaders d’opinions espagnols qui, pour des raisons idéologiques, verraient d’un bon œil la mise en place d’un gouvernement composé des conservateurs et des libéraux.

Et la gauche dans tout ça ? Une pression maximale est mise sur le PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol) pour que tout ou partie de ses députés s’abstienne. Alors qu’un échec de Rajoy comme formateur ouvrirait la porte à ce que le roi charge Pedro Sanchez, jeune leader du PSOE, de former un gouvernement alternatif — des dirigeants historiques « socia-listes » comme Felipe Gonzalez, ancien chef de gouvernement espagnol, pressent le PSOE de soutenir un nouveau gouvernement Rajoy !

L’émergence de Podemos dans le paysage politique espagnol a suscité un espoir réel au sein des progressistes espagnols. Dans la foulée des Indignés qui occupèrent différentes places du pays pour demander un change-ment politique, le parti de Pablo Iglesias s’est profilé dans une logique de rupture avec le système politique espagnol, caractérisé par le bipartisme, soit l’alternance PP-PSOE.

Podemos obtint une percée intéressante aux élections de décembre 2015 (ProJeuneS était présent à Madrid, nous avions couvert les élections pour cette revue)1. Intellectuel érudit, Iglesias puise ses références dans l’histoire du mouvement ouvrier. Ainsi, paraphrasant Karl Marx lorsqu’il évoquait l’épopée de la Commune de Paris, Iglesias promettait aux sympathisants de Podemos « l’assaut du Ciel », allégorie de la conquête du pouvoir.

1| Voir Pro J no 17.

Espagne : l’assaut du ciel reporté ?

Cette posture maximaliste a justifié son refus de soutenir Pedro Sanchez, qui avait commis l’erreur de négocier préalablement un accord avec Ciudadanos, lors de la dernière législature. L’échec de Sanchez à former un gouvernement, il y a quelques mois, après celui de Rajoy, précipita un retour aux urnes en juin dernier. Lors de ce scrutin, le score de Podemos fut décevant. Bien qu’ils se soient associés, dans une volonté de rechercher un minimum d’unité de la gauche, en cartel avec les postcommunistes d’Izquierda Unida, l’alliage « Unidos Podemos » stagna aux dernières élections avec le même nombre de siège, alors que le PP augmentait et le PSOE reculait. L’assaut du ciel n’était plus à l’ordre du jour.

Le PP reste donc le premier parti, alors que nombre de ses dirigeants sont mis en examens pour corruption. Il faut bien dire que les divisions de la gauche, entre le PSOE et Podemos durant la courte législature précédente, n’ont sans doute pas favorisé la mobilisation contre la droite. À cela vient s’ajouter le fait qu’une certaine presse n’a pas hésité à assimiler Podemos avec Cuba et le Venezuela, dans une optique de préservation des intérêts des élites économiques qui ne voient pas d’un bon œil un gouver-nement incluant Podemos.

Le fait est qu’une majorité d’Espagnols est peu enthou-siaste à l’idée de retourner voter, pour la troisième fois en un an, en cas d’échec des négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement. Cela pourra également favoriser la mise en place d’un gouvernement PP-Ciudadanos, car la pression sur les autres partis pour qu’ils s’abstiennent est d’autant plus forte.

Malgré le formidable élan autour du mouvement des Indignés et l’émergence d’une offre politique alternative, la perspective de l’avènement prochain d’un gouverne-ment progressiste semble fort compromise. La gauche espagnole devra faire preuve de patience pour déloger la droite du pouvoir, même lorsque celle-ci s’est fortement illustrée par un niveau invraisemblable de corruption en plus de ses atteintes aux libertés fondamentales. Car, comme le disait Gramsci, il est des périodes historiques ou « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».

Dans tous les cas nous continuerons, au niveau de ProJeuneS, à suivre de près ce qui se passe en Espagne et à promouvoir le débat sur la politique espagnole, comme nous l’avons fait encore récemment lors d’une conférence-débat au Pianofabriek2 à Saint-Gilles. À cette occasion, nous avons pu discuter avec les jeunes

2| Voir l’affiche de l’événement, page 33.

1716

intéressés autour d’une vidéo3 que nous avions tournée lorsque nous nous sommes rendus à Madrid, lors des élections générales de décembre 2015.

Carlos CrespoSecrétaire général

08.2016

3| Le documentaire vidéo réalisé à Madrid, à l’occasion des élections générales, en décembre 2015, est visible sur notre chaîne YouTube, via notre blog : espelec2015.blogspot.be Le retour de la démocratie ?

Projection / Débat23 juin - 19 heures

Marc Botenga | PTB

David Cordonnier | PS

Hugo Périlleux Sanchez | ECOLO

Centre culturel PIANOFABRIEK

rue du Fort 35 - 1060 Bruxelles

INTERVENANTS LIEU SOUTIENSORGANISATION

Affiche de la projection-débat, au Pianofabriek

Dernier meeting de Podemos, avant la soirée des élections

1918

Il est notable que les prétendues fautes d’orthographe — que maintes réformes pré-tendent résoudre s’agissant des difficultés de la langue française, avec l’insuccès patent que l’on sait, puisque le niveau général ne cesse de baisser —, relèvent avant tout d’un défaut de « sens ».

Au sens fort, les gens ne savent plus ce qu’ils disent et n’en sont simplement pas investis, dans une ère qu’on leur vend magiquement comme celle de la « communication » (sans propos) et de la « liberté » (libérale, mais non libertaire).

La guerre sans merci ouverte entre les autopro-clamés chasseurs orthographiques, qui tirent à vue comme des snipers, et les prétendus libertaires lexicaux, qui n’aligneraient pas deux mots sans faute pour des raisons de « rupture délibérée avec les conventions bourgeoises », fait rage (significativement sur le Web).

Entre ces deux extrêmes, le jean-foutre tout-venant (qui ne sait légitimement plus trop où commence et où s’arrête la dernière réforme en date de l’Académie), écrit un français de plus en plus rachitique, au demeurant très mal inspiré par la paupérisation notoire de sa langue parlée, en retrouvant, à la faveur des chats et des posts impulsifs, les vertus d’une prose écrite avec les pieds — à défaut de se servir encore de ces derniers pour marcher jusqu’à la bibliothèque la plus proche.

En un mot comme en cent, ce qui manque, ce ne sont pas des règles claires ni des concours de dictées ou encore des croisades contre le « langage SMS » (dont on sait qu’il est avant tout circonstanciel, nonobstant les qualités de langagières de l’utilisateur), mais que les gens qui émettent des sons avec leur bouche puissent être « compris » dans la langue qu’ils entendent parler.

Quand on confond systématiquement « sa » et « ça » (ou « s’est », « c’est », « ces », « ses », voire « sait » !), on ne fait pas une faute d’ortho-graphe, on démontre son incapacité quasi autistique à cerner sa propre personnalité et les limites symboliques de celle-ci (donc de celle des autres), ainsi que son incompétence à dépasser le stade phonétique du langage pour s’exprimer, bon an, mal an.

Ôter la cédille au c devant le a, au prétexte fallacieux de « simplification », ne changera dès lors rien lors de la prochaine « réforme », car là n’est foncièrement pas la question.

Pour apprendre durablement une règle, il faut la comprendre et pour l’appliquer valablement, il faut l’avoir intégrée dans sa signification.

Prétendre que le problème actuel de l’usage erroné du français est dû à un manque d’orthographe, c’est juste oublier que l’essentiel des fautes commises l’est par défaut de compréhension ou de connaissances de la grammaire et de la conjugaison — soit, à une incapacité à structurer un discours argumenté et ordonné, comme de le (et se) situer dans le temps et dans l’espace, en tant qu’individu dont le propos est essentiellement abscons, sans un minimum de préoccupations syntaxiques.

Expliquer durant des heures à quoi tient l’accord du par-ticipe passé, à quelqu’un qui n’a aucune notion précise de ce qu’est un « infinitif » ou un « passé composé », qu’il confond de manière systématique dans leurs terminai-sons, est juste vain, d’autant qu’il y a peu de chances qu’il conceptualise, par ailleurs, ce qu’est proprement un « complément d’objet direct », si tant est qu’il ait intégré la notion même de « sujet », au sens grammatical, dans une phrase.

Par exemple, pour bon nombre de gens, les formes verbales telles que « dîner », « dîné » ou « dînez », sont pratiquement identiques et ils les utilisent, sinon de ma-nière tout à fait aléatoire, du moins en vertu de « règles » le plus souvent fantaisistes, absorbées par l’usage mimétique d’une langue essentiellement phonétique (on n’ose dire « parlée »), vaguement traduite en caractères, à l’occasion d’un post expéditif sur les réseaux sociaux.

Dans mon exemple, s’ajoute encore à leur confusion, le fait que « dîner » n’est pas nécessairement un verbe, mais aussi un nom commun. À l’usage, on constate que la forme erronée « j’ai dîner », n’est pas une faute de conjugaison (le passé composé est net), ni d’orthographe (le mot est correctement écrit), mais une substantivation outrancière du participe passé — sous-entendu : « j’ai [fait un] dîner ».

Encore une fois, le problème n’est pas « orthogra-phique », mais relève des règles de la conjugaison et de la grammaire, donc de la syntaxe — soit du sens ce que l’on dit et écrit.

Comment faire comprendre à quelqu’un qu’un mot donné finit en « é » ou en « er », s’il n’a pas intégré

Le mauvais usage : comment l’arbre orthographique cache la

forêt des ruines grammaticales

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de règle de grammaire qui lui permette de distin-guer un verbe d’un nom, voire, et c’est plus grave, de considérer la nature fondamentalement diffé-rente de ces deux types de mots et ce qui en justifie l’usage, au sein d’une phrase et dans un propos ? Là où l’on touche plus profondément à la signification, c’est quand on constate que les verbes, quand ils sont accordés, le sont au gré de la proximité physique du pronom personnel (« on va vous emmenez ») ou du surinvestissement de son rôle vis-à-vis du verbe, mais toujours contre toute logique grammaticale.

Ainsi, le désormais fameux « vous allé dînez », conjugue (si j’ose dire) la sensation du participe passé (comme si on avait affaire à un passé composé, alors qu’on est face à un présent indiquant une action progressive vers un futur proche — excusez du peu) et l’hypertrophie du verbe par rapport au pronom personnel, auquel il serait irrémédiablement lié.

Les noms ne sont d’ailleurs pas épargnés par ces glisse-ments, puisqu’il est de plus en plus fréquent qu’ils soient mis au pluriel à l’instar des verbes (et réciproquement), donc, en étant affublés des terminaisons propres à la conjugaison de ces derniers.

L’exemple type relève là encore d’une méconnaissance totale du complément d’objet direct et de son rôle par rapport au sujet, puisque la « règle de proximité phy-sique » (que j’évoquais plus haut) joue ici à plein.

Exemple : « Il me les donnent », le verbe s’accordant visiblement avec « les », qui est le pluriel le plus proche du verbe, strico sensu. Notez qu’au-delà de la variante « Il me les donnes », on trouve les mêmes fantaisies sémantiques et règles tacites, à propos du féminin, les « e » finaux fleurissant de façon aussi surprenante et irrépressible que des plantes sauvages dans un environ-nement entièrement bétonné. Pas certain pour autant que la poésie s’en sorte aussi bien, relativement à cette métaphore bucolique.

Dans le même ordre d’idées, combien de noms se parent désormais d’une terminaison verbale en -ent ou s’accordent (verbalement toujours) en fonction des personnes à qui on les adresse ?

Ainsi du mythique « Bienvenu ! » qui n’a décemment plus droit à son « e » final — surtout si on l’adresse à un homme —, et qui le dispute assez équitablement au « Bienvenus ! » dûment adressé à un groupe, dans la même logique d’accord tacite avec le sujet (mais, entendu ici dans le sens de la personne à qui l’on fait abstraitement

référence et non pas comme un constituant privilégié de la forme grammaticale).

À l’avenant, les parents (de plus en plus) pauvres de la langue sont désormais les ac-cents. Graves, aigus et a fortiori circonflexes, sont rangés au rayon des vieilleries superfé-tatoires (dans certains cas, par l’Académie elle-même, par mesure de « simplification ») ou utilisés, là encore, de manière tout à fait fantaisiste, au-delà de tout rapport phonétique et de toute nécessité de compréhension.

Ainsi, « ou » et « où », de même que « la » et « là » ne se distinguent plus que rarement, quand la préposition « à » a pratiquement dis-paru des phrases, au profit d’un « a » qui n’a même pas valeur d’auxiliaire, dans la plupart des esprits de ce temps.

La distinction, entre l’à prépositionnel et la troisième personne du singulier du verbe avoir, a pourtant une vertu essentielle s’agissant d’accorder correctement un participe passé, en indiquant a priori si c’est même un participe passé auquel on a affaire. Mais, sans distinguer entre une préposition et un verbe conjugué, comment comprendre la différence limpide de sens qu’il y a entre la forme « à dîner » et « a dîné » ?

La faute, que l’on ne manque dès lors pas de rencontrer en toute occasion, en pareil cas, n’est une fois de plus pas due à un défaut de mémoire concernant l’apprentissage lacunaire et ardu de l’orthographe, mais bien plus pro-fondément à un défaut de sens logique, qui obstrue la capacité même à fixer les règles élémentaires de la grammaire et de la conju-gaison, puisqu’aucun socle rationnel solide n’existe pour y édifier les principes élémen-taires de la langue et de sa syntaxe.

Cela, aucune réforme simplificatrice de l’orthographe (il y en a déjà eu deux, sans effet notable, que du contraire), ou la stig-matisation des modes communicationnels contemporains (SMS, Twitter, etc.) n’aideront à le résoudre, car on vise le symptôme, au lieu de traiter le problème de fond.

D’autres parents pauvres, constamment dénigrés, sont les traits d’union, qui n’ont plus que rarement voix au chapitre dans les formes

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interrogatives erronées telles que « veux tu dîner ? ». Ce phénomène s’amplifiant à mesure que l’opprobre acadé-mique réformiste frappe ces petits liens typographiques, dans les mots composés devenus depuis, assez lourde-ment, « piquenique » ou « hautparleur »1, pour ne citer qu’eux et même si les réformes successives de l’ortho-graphe ne sont pas l’objet principal du présent propos.

Un dernier exemple frappant, parmi tant d’autres, finira de convaincre de la profondeur du problème et de l’absence totale de « situation » (de point de vue) dans laquelle se trouvent désormais une bonne part des usa-gers francophones, quand ils écrivent et donc quand ils parlent leur langue.

Il s’agit de la confusion faite entre « je dînerais » et « je dînerai », soit, au-delà des apparences anecdotiques de l’oubli d’un « s », d’une méprise complète entre le subjonctif et le futur simple.

Ainsi, d’où estime-t-on parler (où et comment se situe-t-on ?) et vers quoi prétend-on se projeter, quand on ne distingue même pas la supposition (hypothèse) de l’affirmation (certitude) dans un discours ?

Comment conçoit-on l’enchaînement des causalités qui définit le temps, si l’on est de facto incapable de construire une phrase qui exprime la certitude d’une ac-tion, la détermination d’une intention, voire l’affirmation d’une volonté concrète par une projection dans l’avenir, a contrario d’une spéculation soumise, par définition, à tous les aléas ?

En d’autres mots, de quel libre arbitre peut se targuer, au quotidien, l’usage médiocre d’une langue, certes difficile, dont d’aucuns se vantent aujourd’hui d’user au nom d’une très anachronique « liberté », qui ne prétend s’embarrasser d’aucune espèce de responsabilité ni même d’une quelconque vision tant soit peu détournée d’eux-mêmes, en vue de donner du sens à tout échange avec d’autres ?Cette méconnaissance presque revendiquée de la langue, au travers d’articles cancanant régulièrement, avec une complaisance opportune, contre l’élitisme désuet du bon usage quelque peu sclérosé de l’orthographe, à la lettre près, qui s’opposerait mécaniquement à une sorte de créativité vernaculaire prolixe, traduit bel et bien l’état d’un esprit contemporain, borné de toutes parts par l’inconséquence qui sourd de ses phonèmes agglutinés,

1| Dans une prochaine réforme, sans doute, ce mot sera encore simplifié en « hauparleur », car on ne s’expliquera pas la difficulté d’un « tp » aphone, au beau milieu du mot, et ainsi de suite. Ou, quand la maniaquerie simplificatrice crée de nouvelles aberrations lexicales en cascade, au prétexte de les résoudre.

dont il ne goûte ni la rigueur à les prononcer ni la nécessité à les investir d’un sens particulier, avant de les écrire.

Car, en dernière analyse, on ne peut définiti-vement pas espérer lire ce que quelqu’un se contente de dire, mais seulement ce qu’il a pensé.

Alain DetilleuxRédacteur en chef

07.2016

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Des nouvelles duRéseau d’échanges de savoirs « jeunesse »

Comme on vous l’annonçait dans le précédent Pro J, ProJeuneS a créé un réseau d’échanges de savoirs.

Le principe ? Chaque participant apporte sa contribution (ex. : une formation, un atelier, un prêt de salle, un covoiturage…) et reçoit, en échange, l’accès à toutes les autres formations/ateliers proposés par les membres du réseau.Le réseau est ouvert à tous : jeunes, travailleurs du milieu associatif, bénévoles… et tous ceux qui souhaitent apporter leurs compétences/découvrir des compétences utiles auprès d’un public jeune et/ou pour les mis-sions des travailleurs du secteur.

À travers ce projet, ProJeuneS travaille à construire une société basée sur des principes d’égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de progrès social. Elle contribue, par divers moyens et services, au développement des actions de ses membres dans une perspective d’émancipation sociale et d’éducation permanente.

L’activité du réseau s’étendra de septembre à décembre 2016. Il proposera à ses membres les activités suivantes :

sensibilisation au travail décent (jeu de plateau à destination des jeunes) ;

gestion de conflits et gestion d’émotions ;

faire de la permaculture avec les jeunes (en deux volets) ;

découverte d’un jeu de rôles (dès 16 ans) « Bienvenue à Mécaville » (Réflexion autour du thème du « bonheur ») ;

initiation à l’écriture de dossiers de demandes de subsides ;

prise de parole en public et estime de soi ;

le décrochage scolaire ;

bases de la Programmation Neuro-linguistique ;

réflexion autour du thème « les discours de haine en ligne ».

En 2017, un nouveau réseau d’échanges sera créé. Il sera ouvert à tous.Vous pouvez d’ores et déjà vous y inscrire : [email protected]

Les outils de l’intelligence collective

Formation aux outils d’intelligence collective, à la dynamique participative et à la sociocratie

Dispensée par Évelyne Dodeur, asbl Collectif

Quand ?

8/11, 15/11, 22/11/2016

Où ?

Gîte d’Étape — Auberge de Jeunesse Jacques BrelRue de la Sablonnière, 301000 Bruxelles

Objectifs ?

Développer la conscience collective du groupe comment fonctionnons-nous ? Qu’est-ce qui est efficace/confortable ou non ?)

Développer l’intelligence collective du groupe et sa créativité.

Développer l’intelligence émotionnelle des individus et du collectif (quelles sont les émotions qui nous traversent et que pouvons-nous en faire ?)

Infos pratiques

Cette formation est gratuite pour tous les travailleurs du secteur de la jeunesse.Contactez Delphine Gantois ([email protected]) pour vous y inscrire.

Cette formation est organisée avec le concours du Fonds 4S — CP 329 et avec le soutien de la Communauté française.

2726 La Bidochonne du trimestre

Pour chaque numéro, tous les trimestres, Pro J élit désormais son « Bidochon du trimestre », soit, le responsable politique ou la personnalité publique qui aura mérité cette distinction par ses déclarations dignes du Café du commerce, dans l’exercice de

ses fonctions.

Cela fait maintenant plusieurs fois que le magazine Pro J dispose d’une rubrique dite du « Bidochon » du trimestre. Il s’agit d’épingler une personnalité dont le propos rappelle celui du célèbre personnage popularisé par Binet. Plusieurs hommes et femmes (dans ce cas, on célèbre la Bidochonne du trimestre !) politique de différents partis, belges ou français ont été « honorés » dans cette revue. Il y a une personne qui mérite particulièrement cette distinction pour l’ensemble de sa carrière : il s’agit de Nadine Morano. Ancienne ministre du gouvernement Fillon sous la présidence de Nicolas, elle s’est surtout distinguée par des prises de position polémiques… pour le dire poliment.

Récemment, elle a fait une très subtile analogie entre une « femme voilée intégralement » (en fait dans la photo dont il est fait mention, dans un débat initié par un des proches de Nadine Morano, le visage de la personne concernée n’est pas couvert, contrairement au reste de son corps) sur une plage, et les nazis. Les derniers résistants ou vétérans de la Seconde guerre ainsi que les rescapés des camps de la mort ont dû particulièrement apprécier la comparaison !

Mais il serait injuste de réduire les performances de Nadine à cette énième saillie outrancière. Sans prétendre à l’exhaustivité, ce qui serait très compliqué vu son intense production, voici quelques-unes de ses perles.

Le 1er août dernier, la députée évoque sur les ondes de RMC « l’invasion arabo-musulmane ». Il y a moins d’un an dans l’émission On n’est pas couché, elle s’est illustrée en assenant que la France est « un pays de race blanche ». Voulant sans doute à sa manière anticiper les critiques pour racisme qu’elle pourrait essuyer, elle confie en 2012 sur une émission sur France 5 que : « Je ne suis pas raciste, j’ai des amis arabes, dont ma meilleure amie qui est tchadienne, et donc plus noire qu’une Arabe ».

On a également eu droit ces dernières années à : « La Gare du Nord, c’est l’Afrique » ; « Je vais vous dire hein, on dit : ‘Ils quittent leur pays, ils fuient la guerre.’ Heureusement qu’on n’a pas fait pareil, nous, en 39-45 ou en 14 ! » ; « Joseph Macé-Scaron (journaliste à Marianne, N.D.L.R.) est au journalisme ce qu’un rat est au caniveau… ça pue, c’est laid, encore que le rat lui est intelligent » ; « Le problème d’image d’Eva Joly ne vient pas que de son accent, c’est aussi physique. On sent du coup qu’il n’y a pas de communicant derrière. Contrairement à Ségolène Royal qui, en 2007, est allée jusqu’à la médecine esthétique et la correction den-taire » ; « Ce que je veux du jeune musulman, quand il est Français, c’est qu’il aime son pays, c’est qu’il trouve un travail, c’est qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers ».

Pour conclure, nous pouvons relever que la bonne nouvelle est qu’il y a encore une justice en ce bas monde. En effet, Guy Bedos a été relaxé lors du procès que Nadine Morano lui a intenté, car l’humoriste l’avait traitée de « conne » !À n’en pas douter, une victoire du droit… et de la vérité !

Si vous avez des suggestions pour le trimestre à venir, n’hésitez pas à nous les envoyer par courriel à :[email protected]

Carlos CrespoSecrétaire général

08.2016

2928« Cherchons langage pour

présenter le réel » :les mots du pouvoir et le pouvoir des motsQue veulent dire : « re-designer les services publics », « restructurer » une entreprise ou « remercier » quelqu’un ? On parle de « maîtrise des flux migratoires », de « transfert de populations » ou de « frappe chirurgicale » pour atténuer des faits graves, mais on parle

aussi de « prise d’otage » des usagers ou de « grogne syndicale », pour disqualifierdes acteurs sociaux et aggraver des faits bénins.

Quelles réalités sont ainsi adoucies, tandis que d’autres sont dramatisées par le choix des mots ? Que nomment ces mots, ou à l’inverse que laissent-ils dans l’ombre ? Quelles lectures implicites de notre réalité sociale distillent-ils ? Avec quels effets en termes

d’émancipation ou au contraire d’assujettissement de nos désirset de nos aspirations légitimes ?

PhiloCité

philocite.be

« Tout doux ! Tout doux… »

Le langage n’est pas neutre, il fait exister le réel et le connote, le présentant tantôt sous des angles arrangeants ou séduisants, tantôt sous des atours répulsifs ou menaçants. Selon que vous nommez votre partenaire de vie « bébé », « princesse », « Herr Kaporal » ou « ma biche », vous ne dites pas tout à fait la même chose. Et pourtant vous parlez bien de la même personne. C’est tout aussi clair quand on parle d’une « Rolls », d’un « gamos » ou d’une « caisse », d’un « char » ou d’une « tire ». Il en va de même du langage des médias. Et de celui du monde politique au sein et à partir duquel, avec l’aide de spécialistes en communication et de think tanks, peuvent être mises en circulation des conceptions idéologiques qui rendent toute contestation bien plus difficile.

Ainsi, lorsqu’un jeune afro-américain en fuite se fait abattre d’une balle dans le dos par un policier blanc, on ne parlera pas d’un meurtre racial, encore moins de « racisme d’État », il s’agira plutôt d’une « bavure » malencontreuse et individuelle. La police cogne lourdement sur des manifestants : elle assure une « opé-ration de maintien de l’ordre ». Une entreprise organise un licenciement collectif : c’est un « dégraissage », ou mieux : un « plan de sau-vegarde » ou d'« ajustement » de l’emploi.Le droit du travail, la protection sociale et les services publics sont démantelés, on parle de « réforme », de « modernisation », de « nou-velle gouvernance » ou d’« assouplissement », toutes choses évidemment nécessaires, jus-tifiées et souhaitables. L’injustice sociale est réduite à un « malaise » ou à un « mal-être ». Les quartiers populaires sont rebaptisés « quartiers sensibles » ou « zones de non-droit » et les révoltes deviennent des « vio-lences urbaines » justiciables d’un trai tement strictement policier et non sociopolitique.Dans les entreprises, on masque désormais les rapports hiérarchiques en appelant les subordonnés des « collègues » ou des « col-laborateurs » ; les DRH des nouvelles sociétés que l’on qualifie de « libérées » deviennent des « directeurs du bonheur ». On n’oppose plus les « patrons » aux « ouvriers » et encore moins aux « prolétaires », mais on en appelle au « dialogue social » entre « partenaires sociaux ».

Grâce à ces euphémisations, l’inégalité et l’injustice tendent à être gommées, la violence des puissants est effacée, la vision en termes de lutte sociale est érodée et la responsabilité des classes dirigeantes, du même coup, dissipée.

« Au fou ! À l’assassin ! »

À cet estompement de l’effet des rapports de domina-tion s’oppose, comme en miroir, une hyperbolisation de la violence des dominés. Cela permet, d’une part, de disqualifier leur parole et le plus souvent leurs actes, et, d’autre part, de donner à l’oppression le visage plus acceptable de la légitime défense et de la raison.

Ainsi les grévistes qui s’opposent aux « réformes » sont décrits à l’aide de termes pathologiques : on parle à leur sujet d’« épidémie », de « fièvre », de « sauvagerie » et de « crispation », de « refus du dialogue social » ou de la « concertation », comme s’ils étaient des gamins immatures et boudeurs ne sachant pas ce qui est bon pour eux. Ils sont également volontiers criminalisés : la grève devient une « prise d’otages », brûler des pneus à l’entrée d’un zoning industriel sème le « chaos », les « débordements » de manif qui se traduisent par de la casse de vitrines, de distributeurs de banques ou de voitures deviennent des « actes de terrorisme », un coup de poing asséné à un chef de police dans l’exercice de sa fonction devient une « tentative de meurtre » et un DRH, dont la chemise a été déchirée par des pères de famille en furie apprenant leur licenciement collectif, est présenté comme la victime d’un « lynchage » populaire scandaleux.

« Oh regarde, un exclu… »

Mais ce n’est pas que par euphémisation ou hyperboli-sation que les mots façonnent notre lecture du réel. Ils opèrent aussi par déplacement du regard, par exemple, générant une torsion, un renversement du point de vue, au bénéfice du pouvoir, politique ou économique.

Ainsi, lentement mais sûrement, s’est insinuée l’idée, par médias interposés, que les travailleurs belges et leur famille bénéficieraient de trop gros salaires, et ce dans un pays qui prétend au juste partage entre tous de la croissance, au cœur d’une économie porteuse de pro-grès et d’émancipation. Ceux-ci sont présentés comme un « handicap salarial » pour le pays, qu’il faut d’urgence corriger. Pourtant, une augmentation de salaire ne consti-tuerait-elle pas plutôt le retour partiel dans la poche des salariés de la valeur économique qu’ils ont produite par leur propre travail ? Par comparaison ou déduction impli-cite, on nous fait ainsi considérer que de bas salaires, comme dans les ex-pays de l’Est, constituent de « bons »

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salaires puisque « compétitifs », par conséquent positifs pour l’économie de leur pays, donc supposément pour la population tout entière. Étrange paradoxe.

De même, la lente mais effective substitution de l’expres-sion « charges sociales » ou « charges salariales », pesant sur les entreprises, à celle de « cotisations sociales », as-surant une socialisation de prestations essentielles pour le bien-être collectif (retraite, remboursement des soins médicaux, chômage, etc.), n’est bien sûr pas neutre. D’une lecture en termes de mutualisation, de solidarité, organisée à l’échelle d’un pays, on passe ainsi à une lecture néolibérale qui promeut le recours à des assu-rances privées et individuelles. Autre bel exemple : le « in/out », « inséré/exclu ». Depuis le début de ce millénaire et l’avènement de l’État social Actif, s’est substituée à une vision qui dénonçait des rapports sociaux verticaux, faits de domination et d’oppression où le « bas de l’échelle » ne pouvait que difficilement être tenu pour responsable de sa situation, une représentation horizontale où, au contraire, il appartient à celui qui est « out » de se donner les moyens de rentrer dans le cercle vertueux des « in ».

Ce n’est évidemment pas que dans le domaine de l’économie qu’opèrent ces stratégies communication-nelles. Les attentats terroristes récents, l’obsession de la « radicalisation » potentielle des jeunes musulmans, tout comme, il y a dix ou vingt ans, la gestion par le pouvoir des émeutes de banlieues, ont constitué autant de champs d’exercice de la manipulation langagière tout aussi dignes d’intérêt. Ainsi lorsque François Hollande et Manuel Valls déclarent solennellement dans les heures qui suivent les attentats du Bataclan et alentours que « la France est en guerre », ils extraient d’une chaîne causale longue de plusieurs années d’histoire, l’é vé-nement tragique qui vient de se produire, ôtant ainsi à la politique internationale et diplomatique française toute responsabilité dans les attentats et leurs conséquences.

Décrypter pour résister

Ce pouvoir des mots dans et sur la perception de la réalité appelle la nécessité d’un inlassable travail de déconstruction critique. Travail susceptible, au mieux, d’informer des actions politiques de résistance dans les termes mêmes de ceux qui les organisent, et d’ouvrir la possibilité que se pensent des alternatives « dans les propres mots » de ceux qui les conçoivent, donc à partir de leurs propres lectures de ce qui leur arrive et de ce à quoi ils aspirent. L’acquisition de réflexes critiques peut aussi permettre, a minima, de se protéger des effets de manipulation dont le langage est porteur lorsqu’il se met, sans le dire, au service d’une vision unilatérale du monde portée, bien souvent, par des moyens institutionnels et techniques sans commune mesure.

C’est pourquoi PhiloCité® propose des jour-nées à la fois théoriques et ludiques de dé-cryptage des mots du pouvoir, dans la lignée des ateliers de désintoxication à la langue de bois de Franck Lepage. Vous pouvez trouver sur notre site une étude plus complète de ces divers mécanismes (autodéfense intellectuelle) ainsi qu’une rubrique L’abécédaire des mots du pouvoir, qui prolonge un travail critique qui, en réalité, est bien loin d’être nouveau1, mais qui demande un renouvellement constant étant donné la créativité des « producteurs de la langue du pouvoir ».

Intéressé-e ?

N’hésitez pas à nous contacter pour prolonger ce travail avec nous :[email protected]

Poursuivre par quelques lectures ?

alaluf M., Contre la pensée molle. Dictionnaire du prêt-à-penser, t. II, Bruxelles, Couleur libre, coll. L’autre économie, 2014.

BaillargEon n., Petit cours d’autodéfense intel-lectuelle, Québec, Lux Éditeur, 2005.

Bloy l., L’Exégèse des lieux communs (1902-1913), rééd., Paris, U.G.E., 1983.

ButlEr J., Le pouvoir des mots/Politique du performatif, trad. C. Nordmann, Édition Amsterdam, 2004.

ChoMsky n., De la propagande. Entretiens avec David Barsamian, Paris, Fayard, coll. 10/18, 2002.

ChoMsky n. et hErMan E., La fabrication du consentement : De la propagande médiatique en démocratie, Édition Agone, 2008.

durand P. (Éd.), Les nouveaux mots du pouvoir. Abécédaire critique, Bruxelles, Éditions Aden, 2007.

1| Ce travail existe en effet depuis plus d’un siècle avec le Dictionnaire des idées reçues, de Gustave Flaubert et l’Exégèse des nouveaux lieux communs, de Jacques Ellul, lequel fait lui-même suite à l’Exégèse des lieux communs, 1902-1913, de Léon Bloy.

Ellul J., Exégèse des nouveaux lieux communs (1966), rééd., Paris, La Table ronde, 2004.fayE J.-P., Langages totalitaires, Paris, Hermann, 1972.

fayE J.-P., Le langage meurtrier, Paris, Hermann, 1996.

grEnouillEt C. Et VuillErMot-fEBVEt C., , La langue du management et de l’économie à̀l’ère néolibérale / Formes sociales et litté-raires, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2015.

hazan É., LQR : La propagande du quotidien, Paris, Raison d’agir éditions, 2006.

klEMPErEr V., Lingua Tertii Imperii, LTI, La langue du IIIe Reich, Paris, Albin Michel, 1996.

orwEll g., « La politique et la langue an-glaise », in Tels étaient nos plaisirs et autres essais.1944-1949, Ivrea, 2005.

thirion n., « Discours de haine et police du langage », Dissensus, n° 3 (février 2010).

tissot s. Et tEVEnian P., Les mots sont impor-tants, Édition Libertalia, 2010.

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Le présent ouvrage est le fruit de 6 ans (2008-2014) de collaboration éditoriale entre deux associations — ProJeuneS (Fédération des organisations de jeunesse socialistes et progressistes) et le cePPecs (Collège européen de philosophie politique de l’Éducation, de la Culture et de la subjectivité) —, au sein de la revue Pro J (anciennement Résolument jeunes).

Il est constitué d’une trentaine de textes qui tentent autant de cerner les difficultés que rencontrent les jeunes d’aujourd’hui pour entrer dans la vie, que celles que rencontrent les parents, enseignants et professionnels de la jeunesse pour les y aider. Ceci, tout en interrogeant les lignes de force de la société contemporaine et les rapports éminemment complexes que tout individu entretient avec elle, entre la mutation profonde de la sphère individuelle et intime de chacun(e), et la (re)définition du rapport à l’Autre, comme partie du tout social.Découpé en quatre chapitres, cet ouvrage l’est aussi en deux parties : les trois premiers chapitres développant strictement les questions liées à l’apprentissage, à l’éducation et à la transmission ; le quatrième et dernier chapitre ouvrant un cadre plus large et traitant de la nécessaire refondation du Socialisme, comme vecteur historique d’émancipation sociale.- - - - -

L’ouvrage peut être obtenu gratuitement, sur simple demande, auprès de ProJeuneS, en version papier (313 pages) ou être téléchargé aux formats PDF ou ePub, sur notre site Web :

projeunes.be/02_activites.php?id=269

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