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Simone VEIL Privés de notre identité dès notre arrivée ; à travers le numéro encore tatoué sur nos bras, nous n'étions plus que des stucks comme disaient nos gardiens, c'est-à-dire des morceaux.

Geneviève de GAULLE Nous sommes des « stucks » c’est – à dire des morceaux ; n’importe quelle surveillante et même les policières de camp, les chefs de baraque- détenues comme nous- peuvent impunément nous injurier, nous frapper, nous piétiner à terre, nous tuer, ça ne sera jamais qu’une vermine de moins

et nos évocations aussi seront des « stucks », parcellaires comme eux, comme le travail de la mémoire

OFF Le seul moyen d'évoquer l'indicible est le recours à l'art

SEMPRUN Mais peut-on raconter ? le pourra-t-on(…)Pourtant un doute me vient sur la possibilité de raconter Non pas que l’expérience vécue soit indicible Elle a été invivable, ce qui est tout autre chose (..) N’y parviendront que ceux qui sauront faire de leur témoignage un objet artistique, un espace de création. Ou de re création. (…)Raconter bien, ça veut dire de façon à être entendus. On n’y parviendra pas sans un peu d’artifice Comment raconter une vérité peu crédible, comment susciter l’imagination de l’inimaginable, si ce n’est en élaborant, en travaillant la réalité, en la mettant en perspective? Avec un peu d’artifice, donc. (…)

arrivée du chœur + bruit de galochesCHOEUR: CHANT des MARAIS

Loin vers l’infini s’étendentDes grands près marécageuxpas un seul oiseau ne chanteSur les arbres secs et creux

REFRAINO, terre de détresse

Où nous devons sans cessePiocher

Dans ce camp morne et sauvageentouré de murs de fer

Il nous semble vivre en cageAu milieu d’un grand désert

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REFRAINO, terre de détresse

Où nous devons sans cessePiocher

Jean FERRAT à la basse extrait de « Nuit et Brouillard »

Face à l’avancée des troupes alliées, Himmler décida d’évacuer les camps. Il voulait effacer les traces du processus d’extermination. les camps furent démantelés et évacués avec beaucoup de brutalité dans la confusion et le chaos. Les malades furent exécutés, les déportés amenés sur les routes, les trainards abattus 1/4furent abattus sur les routes. Ces « Marches de la mort » eurent lieu à différents moments.

Le premier camp « libéré » fut Drancy, c’était un camp de transit, qui passa aux mains du consul de Suède Raoul Nordling, lequel le confia à la croix rouge. Le 20 aout 1944 avant même la libération de Paris, il n’y avait plus un seul interné à Drancy.

Cependant comme beaucoup de camps, il conserva un temps sa fonction puisqu’y furent internés des hommes et des femmes suspectés d’avoir collaboré avec l’occupant

Pour les Alliés occidentaux comme pour les Soviétiques, la « libération » des camps n’a pas été planifiée. Elle intervient au gré des opérations militaires. Parler de « libération » est donc un abus de langage même si le soulagement des déportés, lorsqu’ils étaient en mesure d’apprécier les événements, fut immense. De plus lorsque les camps furent découverts, ils étaient le plus souvent déjà démantelés.

Janvier 1945, le complexe d’Auschwitz- Birkenau fut évacué. . Les derniers camps furent évacués en Avril-mai 1945 .Certains camps se sont soulevés de l’intérieur contre l’ignominie, certains ont été ouverts, d’autres libérés, et ce à des dates différentes Ainsi Buchenwald fut libéré le 11-04-1945 et de l’intérieur et par les alliés, mais Auschwitz après « la marche de la mort » qui avait en grande partie vidé le camp où ne restaient que des malades, fut découvert par les russes puis par les américains.

Jorge SEMPRUN Ils sont en face de moi, l’œil rond, et je me vois soudain dans ce regard d’effroi  (…) Ils me regardent, l’œil affolé, rempli d’horreur. (…)

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C’est de l’épouvante que je lis dans leurs yeux (…) c’est l’horreur dans mon regard que relève le leur, horrifié (…) Ils se sont avancés vers moi. Ils me regardent, effarés d’effroi. Ils n’avaient rien remarqué, pas entendu le silence. C’est moi qui les épouvante, rien d’autre (…) plus d’oiseau. La fumée du crématoire les a chassés. Jamais d’oiseaux dans cette foret(…) A voir le regard épouvanté, presque hostile, méfiant du moins des trois officiers (…) J’ai compris qu’ils avaient raison de s’effrayer (…) je n’avais pas vraiment survécu à la mort, (..) j’étais un revenant, en somme. Cela fait toujours peur les revenants

Lobe KLEIN On ne voit aucun homme. Seules des ombres en vêtements rayés 

Dans certains cas l’arrivée des alliés n’est pas synonyme de libération, seulement d’ouverture du camp :

Robert ANTELME Le 15 avril le camp (Bergen-Belsen ) est « libéré »Je suis sur la route, revenant de la fosse commune, quand j’entends une clameur sourde ; je vois assez loin une auto-mitrailleuse couronnée d’un officier avec un porte-voix (…) c’est un BRITISH J’ai du mal à y croire ; Enfin ! Je m’assieds, je me prends la tête dans les mains, j’ai envie de pleurer et de rire ? Je reste un bon moment puis je vais vers le devant du camp. Les détenus que je croise ont l’air indifférent à ce qui vient de se passer. Pour beaucoup d’entre eux, pour la plupart, il est trop tard. Je suis la foule qui visiblement cherche de la nourriture (…) Je trouve une paire de bottes à mon pied (…) Je retourne sur la route pour voir arriver une colonne de quelques British, arme sur l’épaule, officier en tête. Ils me paraissent tous énormes (…) J’offre mes services comme interprète. Mais l’officier me dit qu’il n’a besoin de personne. Il fait partie d’une unité combattante qui va bientôt nous quitter pour aller plus loin. Il ajoute « Vous n’allez pas sortir avant plusieurs semaines. Il nous faut le temps de nous organiser. Vous avez le typhus et nous ne voulons pas être responsables d’une épidémie. Nous n’avons qu’un auxiliaire médical pour 16 hommes et ce qu’il faut pour soigner les blessures mais pas les maladie (…) Il ajoute Montrez moi ce qu’il y a à voir. (…) J’emmène la patrouille jusqu’au bord de la fosse. Ils restent un instant pétrifiés puis se mettent à jurer. Certains se retournent et vomissent

Robert ANTELME Dans la majorité des cas l’heure de la libération n’a été ni joyeuse ni insouciante : pour la plupart, elle sonnait sur un fond tragique de destruction, de massacre et de souffrance. En ce moment où nous nous

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sentions redevenir des hommes, c’est-à-dire des êtres responsables, les soucis des humains étaient de retour : pour la famille dispersée ou disparue, pour la douleur universelle autour de nous, pour notre propre affaiblissement, qui nous paraissait incurable, définitif, pour la vie qu’il fallait recommencer au milieu des décombres et souvent seuls.

Robert ANTELME Comme les animaux, nous étions réduits au moment présent 

Robert ANTELME Je le répète : nous les survivants, ne sommes pas les vrais témoins (…) nous sommes ceux qui, grâce à la prévarication, l’habileté ou la chance, n’ont pas touché le fond. (…) Eux sont la règle, nous, l’exception. 

Robert ANTELME Dans les camps encore peuplés de détenus, les troupes alliés découvrent des centaines de milliers de déportés dans un état physique dramatique, subsistant au milieu de cadavres qui ne sont plus pris en charge. Si certains détenus parviennent à manifester leur reconnaissance envers leurs libérateurs, beaucoup vivent leur libération dans un état d’abattement et d’hébétude dû à l’épuisement des corps et des esprits.

Robert ANTELME /A Dachau/ Je n’ai pas pu sauter en bas aussitôt pour aller vers les soldats. Nous sommes presque seuls, le vieillard et moi, sur la travée. Les casques ronds ont glissé sur mes yeux. Lui n’a même rien vu. La libération est passée. » « Il n’y a pas grand-chose à leur dire, pensent peut-être les soldats. On les a libérés. On est leurs muscles et leurs fusils. Mais on n’a rien à dire. C’est effroyable, oui, vraiment!

Robert ANTELME Frightful, yes, frightful ! Oui, vraiment, effroyable. Quand le soldat dit cela à haute voix, il y en a qui essayent de lui raconter des choses. Le soldat, d’abord écoute, puis les types ne s’arrêtent plus : ils racontent, ils racontent, et bientôt le soldat n’écoute plus.

Pour certains, le seul moyen de communiquer reste l’allemand A la fin de « l’espèce humaine » Antelme échange ainsi avec un prisonnier russe, écoutons le :

(installation divan, chaise. Le psychanalyste est installé dans un fauteuil tournant le dos à son patient lui-même allongé sur un divan. La séance est déjà commencée)   : -Je me souviens d'une lumière. D'un petit feu follet qui dansait dans la pénombre du baraquement : un tison de cigarette. L'homme au bout de la

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lueur s'est rapproché de moi, a ôté la blonde qu'il avait dans la bouche et me l'a présentée. J'en ai tiré deux bouffées. Nous avons ensuite discuté, je m'en souviens comme si j'y étais encore, docteur. D'ailleurs quand je suis seul, il se dresse encore devant moi et tout recommence. Il m’adresse la parole en allemand. Il parle mal et après de longues hésitations. Je sais que nous sommes tous deux aussi gênés à l'idée de parler ainsi. 

:- Franzose ?      

-Ja.  Il parle très doucement, en roulant un peu les "r". Je demande à mon tour -Rusky ? 

: -Ja. 

Sa voix me parait très jeune.   -Wie alt ? : 

-Achtzen. 

: Après un long silence, il me tend la cigarette et disparait dans le noir.

Beaucoup ne reviennent pas de captivité comme Desnos mort au camp de Terezin en juin 1945 après la libération du camp

Robert DESNOS J’ai rêvé tellement fort de toi,J’ai tellement marché, tellement parléTellement aimé ton ombre,Qu’il ne me reste plus rien de toi,Il me reste d’être l’ombre parmi les ombresD’être cent fois plus ombre que l’ombreD’être l’ombre qui viendra et reviendraDans ta vie ensoleillée.

Louis ARAGON Nul ne réveillera cette nuit les dormeurs Il n’y aura pas à courir les pieds nus dans la neige Il ne faudra pas se tenir les poings sur les hanches jusqu’au matin Ni marquer le pas le genou plié devant un gymnasiarque dément Nul ne réveillera cette nuit les dormeurs (…) Il y a dans ce monde nouveau tant de gensPour qui plus jamais ne sera naturelle la douceurIl y a dans ce monde ancien tant et tant de gens

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Jacques LUSSEYRAN Notre libération (de Buchenwald) par l’armée américaine, le 11avril, (…) ne fut pas une fête. Pour célébrer une fête il faut être impatient : nous n’étions plus impatients. Presque tous, nous avions atteint une zone froide de nous-mêmes. Pas le désespoir. Pas l’espoir non plus : une sorte de plainte intérieure, (…) tel est l’effet de l’épuisement et de la peur.Pourtant je me souviens de quelle façon le goût de vivre prit feu en nous de nouveau. Cela commença par le corps : les mains et les jambes qui eurent soudain le désir de s’étendre, d’agripper, de presser (…) et lorsque notre corps enfin connut entièrement la nouvelle, l’espoir jaillit dans nos têtes (…) il arriva même qu’il nous fît mal. Je connais des hommes qui en moururent.

Le 19 avril 1945, les 21.000 déportés rescapés de Buchenwald se réunissent sur la place d'appel du camp pour faire tous ensemble le serment à tous les camarades morts en déportation à Buchenwald, Dora, dans les kommandos, au cours des marches de la mort,que leur martyr ne sera jamais oublié, et qu'ensemble, jusqu'au bout, les survivants combattront les fléaux que sont pour l'humanité : le fascisme, l’antisémitisme, le racisme et la haine de l’autre.Ce serment, qui lie toujours les survivants de Buchenwald, Dora et leurs kommandos, a préfiguré de la Charte universelle des droits de l'Homme de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945

SERMENT de BUCHENWALD (devant le chœur en arc de cercle)

"Nous, les détenus de Buchenwald, nous sommes venus aujourd'hui pour honorer les 51.000 prisonniers assassinés à Buchenwald et dans les kommandos

51.000 des nôtres ont été fusillés, pendus, écrasés, frappés à mort, étouffés, noyés et tués par piqûres.

51.000 pères, frères, fils sont morts d'une mort pleine de souffrance, parce qu'ils ont lutté contre le régime des assassins fascistes.

51.000 mères, épouses et des centaines de milliers d'enfants accusent.

Nous, qui sommes restés en vie et qui sommes des témoins de la brutalité nazie, avons regardé avec une rage impuissante, la mort de nos camarades. Si quelque chose nous a aidé à survivre, c'était l'idée que le jour de la justice arriverait.

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AUJOURD'HUI, NOUS SOMMES LIBRES (…)nous jurons, sur ces lieux de crimes fascistes, devant le monde entier, que nous abandonnerons seulement la lutte quand le dernier des responsables sera condamné devant le tribunal de toutes les Nations.

NOTRE IDEAL EST LA CONSTRUCTION D'UN MONDE NOUVEAU DANS LA PAIX ET LA LIBERTE.

Nous le devons à nos camarades tués et à leurs familles. Levez vos mains et jurez pour démontrer que vous êtes prêts à la lutte".

(main sur le cœur) «   Nous jurons   »

Jean FERRAT à la basse extrait de «   Nuit et Brouillard   »

D’après Pierre ASSOULINE Il y eut de nombreux déplacements en masse de population avec, chaque fois des risques d’épidémie, de contagions, des problèmes sanitaires, des problèmes d’intendance… Les juifs revenant de captivité à Babylone furent environ 50 000Au retour de la première croisade on compta environ 200 000 pèlerinsFin XIX° siècle on compta environ 1 million/an d’immigrants aux Etats UnisEn 1871, à la fin de la guerre il y eut 500 000 prisonniers rapatriésLors du retour des camps on compta environ 15 millions de rapatriés

Il fallait préparer le retour parce qu’il n’était pas imaginable de passer directement du camp de concentration à chez soi

Le rapatriement se fait en fonction des disponibilités des moyens de transport, le plus souvent le train, plus rarement l’avion. Certains regagnent la France par leurs propres moyens.Les déportés qui reviennent sont mêlés aux prisonniers de guerre et aux requis du STO.

L’accueil en France est plutôt chaleureux pour les premiers rentrés, mais il devient plus normalisé par la suite. Sur cette photographie de Gaulle accueille des déportées pour la 1° et la dernière fois

Tobias SCHIFF (… ) Je m’en souviens parfaitement La nouvelle de la fin de la guerre s’est répandueles gens se sont mis à chanter et à danserils s’embrassaient

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ils embrassaient les soldatsje me tenais sous un porche un peu en retraitadossé à une porteje regardais ces scènes et

j’ai vu le fossé qui nous séparait

je ne pouvais pas prendre part à cette joie populairela fin de la guerre c’était magnifiquemas la fin de la guerre pour moi c’était la libération après 33 mois dans les camps

j’avais comme un secretma captivitédont je ne pouvais presque pas parler

Helie de SAINT MARC La plupart des anciens déportés ont beaucoup de difficultés à raconter leur voyage dans la planète concentrationnaire. Pour ma part les souvenirs, pourtant multiples, sont fondus dans une sorte de brouillard opaque et terrifiant. Il m’est physiquement impossible de parler de cette période. A peine ai-je pu l’évoquer 30 ans après…° On n’ouvre pas le tiroir de la mémoire impunément. L’humiliation n’est soluble dans rien : elle ne s’apaise jamais. La déportation a continué en chacun son travail de destruction bien après 1945

Charlotte DELBO Et je suis revenueAinsi vous ne saviez pas,vous,qu 'on revient de là-bas

On revient de là-baset même de plus loin. Je reviens d'un autre mondedans ce mondeque je n'avais pas quittéet je ne saislequel est vraidites-moi suis-je revenuede l'autre monde ?Pour moi

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je suis encore là-baset je meurs là-baschaque jour un peu plus je remeursla mort de tous ceux qui sont mortset je ne sais plus lequel est vraide ce monde-làde l'autre monde là-basmaintenantje ne sais plusquand je rêveet quandje ne rêve pas. [...] J'ai parlé avec la mortalorsje sais comme trop de choses apprises étaient vaines mais je l'ai su au prix de souffrances si grandes que je me demandes 'il valait la peine. [...]Je suis revenue d'entre les mortset j'ai cruque cela me donnait le droitde parler aux autreset quand je me suis retrouvée en face d'euxje n 'ai rien eu à leur direparce que j'avais apprislà-basqu 'on ne peut pas parler aux autres. 

A Paris il y a eu plusieurs centres d’accueil : la Gare d (Orsay, la caserne de Reuilly, la piscine Molitor, le Vel d’Hiv’, les cinémas Gaumont Palace et Rex, et, bien sur le Lutetia

D’après Pierre ASSOULINE Quand les rescapés arrivaient à Paris, la singularité absolue des déportés, nous devions parler de rapatriés, pas de déportés, par rapport aux autres revenants devint aveuglante 

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Au début les rapatriés qu’ils soient arrivés en chemin de fer ou en avion étaient d’abord dirigés vers la gare d’Orsay. Mais très vite il fut décidé que les déportés seraient envoyés directement à Lutetia

comme on aurait dit à Cabourg, et beaucoup de même disaient « à Lutetia »

et les grands malades dans les hôpitaux (…)

Beaucoup de circulations. Les récitants s’entrecroisent par binômes on regarde les photos, et on se fige, tous hochent la tête de manière négative. SANS PARLER A peine débarqués de la plateforme de l’autobus qui les amenait de la gare du Nord, de la gare de l’Est ou de l’aéroport du Bourget, les déportés étaient assaillis par des gens qui brandissaient des photos et hurlaient des noms ».

Ils avaient quitté une foule pour en retrouver une autre.

Encore hagards du voyage, ultime étape de l’interminable pérégrination (…) Le teint terreux et le visage osseux (…) ils flottaient dans leurs vêtements, lesquels flottaient dans l’espace et ils flottaient dans la foule, si affaiblis qu’ils se laissaient envelopper et porter par la vague. Ils rentraient d’une autre planète dans un pays méconnaissable.

Ce que les regards racontaient était irracontable

Dès les premiers retours on dut bien convenir que la souffrance de tous les rapatriés ne formait pas un bloc. Les prisonniers de guerre, les requis du STO étaient des hommes, les déportés des morts vivants, et il y avait des hommes, des femmes des enfants.Même à en juger par les tampons apposés au bas de leurs papiers deux catégories de rapatriés se distinguaient nettement : les déportés politiques et les déportés raciaux

Alors que les actualités cinématographiques les amalgamaient

D’après Pierre ASSOULINE Mais la réalité n’était pas celle des actualités, les uns

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étaient auréolés du prestige de la Résistance, les autres marqués du sceau de la souffrance.

On n’avait pas pensé à graver un tampon pour les déportés dotés de la double qualité

Le Lutetia était le seul palace parisien où l’on pouvait voir marcher des cadavres.

Le monde qui les attendait n’était pas celui qu’ils avaient quitté.

Au 15 Juillet 1945, 124 000 juifs étaient toujours dans les camps (Dachau, Bergen-Belsen, Buchenwald, … ) Des enfants, des femmes étaient parmi eux. Et désormais le ministre français de l’Intérieur refusait de délivrer des papiers aux déportés étrangers arrivés en France sans autorisation. Les contrevenants devaient être recherchés et internés dans des camps spéciaux dits de « rassemblement », dans la Nièvre, la Dordogne, avant d’être rapatriés dans leur pays d’origine.

Certains déportés, on espère leur retour mais on redoute leur arrivée

Les autorités françaises n’encouragent pas les révélations sur les camps. Alors que la guerre n’est pas achevée, il faut, pense-t-on se garder de toute nouvelle alarmiste qui mettrait en péril le sort des déportés encore aux mains de l’ennemi et qui provoquerait l’affolement des familles. On tente d’empêcher certaines publications, d’endiguer les informations. Un climat de censure larvée et d’auto censure règne

J P SARTRE La France entière se réjouit ou fraternise dans les rues, les luttes sociales semblent provisoirement oubliées : les journaux consacrent des colonnes entières aux prisonniers de guerre, aux déportés. Va-t-on parler des juifs ? Va-t-on saluer le retour parmi nous de ces rescapés ? Va-t-on donner une pensée à ceux qui sont morts dans les chambres à gaz de Lublin ? Pas un mot, pas une ligne dans les quotidiens.

Les verrous sautent après la capitulation de l’Allemagne, les images affluent mais on ne donne toujours pas à comprendre la spécificité de l’univers concentrationnaire et déportés politiques et raciaux ne sont pas distingués Les survivants pour beaucoup reviennent dans un monde qui leur est étranger. La réinsertion n'est pas la même pour tous.

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Henri Borlant dans « Merci d’avoir survécu » raconte, au retour de déportation avoir réussi à force de démarches, d’obstination et de travail acharné à reprendre ses études. Il conclut En deux ans et demi je suis passé du certificat d’études à la faculté Tous n’ont pas eu les mêmes opportunités. Jeune rescapée, elle aussi, Ida Grinspan dut à son retour être soignée. Elle précise :

VIDEO E+ F / IDA GRINSPAN, au collège CARNOT le 12-11-2014

Jean FERRAT au violon extrait de «   Nuit et Brouillard   »

La libération du complexe d’Auschwitz, puis des camps de l’Ouest, est un choc dont rendent compte la presse écrite et les actualités cinématographiques en diffusant rapidement les premiers témoignages et les premières images pour préparer les procès des responsables nazis. Parallèlement, est mise en évidence l’ampleur de l’extermination des juifs d’Europe, même si, dans un premier temps, toutes les victimes des crimes nazis sont prises en compte dans leur globalité.

Jorge SEMPRUN Les actualités projetées ce jour là (…) revenaient sur la découverte des camps de concentration nazis par les armées alliées. (…) Les images avaient été filmées dans différents camps libérés par l’avance des alliés (…) à Bergen-Belsen, à Mauthausen, à Dachau. Il y en avait aussi de Buchenwald, que je reconnaissaisOu plutôt dont je savais de façon certaine qu’elles provenaient de Buchenwald, sans être certain de les reconnaître. Ou plutôt : sans avoir la certitude de les avoir vues moi-même. (…) Ou plutôt je les avais vécues. C’est la différence entre le vu te le vécu qui était troublante (…) Les images tout en montrant l’horreur, la déchéance physique, le travail de la mort, étaient muettes. Pas seulement par ce que tournées (…) sans prise de son directe. Muettes surtout parce qu’elles ne disaient rien de précis sur la réalité montrée, parce qu’elles n’en laissaient entendre que des bribes, des messages confus (…) Il aurait fallu commenter les images, pour les déchiffrer (…) et ce commentaire pour s’approcher le plus près possible de la vérité vécue aurait dû être prononcé par des survivants eux-mêmes : les revenants de cette longue absence.

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Les armées alliées, choquées de leurs découvertes obligèrent les populations allemandes à visiter les camps de concentration proches de chez eux Puis les journalistes vinrent aussi.

Les mois qui suivirent la libération furent décisifs pour la construction des premières strates d’une mémoire de la déportation. (…)L’information contribua à restituer ce qu’avait été le « choc » de la découverte des camps, à indigner et à susciter de la compassion à l’égard des déportés. Elle ne permit guère d’appréhender la diversité de conditions des uns et des autres. (…) À Paris, au Grand Palais, en juin 1945, « Crimes hitlériens » pris le relais d’une précédente exposition qui avait été consacrée aux prisonniers et STO.

Puis vient le temps des procès, des grands procès

La justice contribua également à la mise en place de jalons mémoriels. En août 1945, les alliés s’accordèrent sur le principe d'un tribunal international militaire pour juger trois types de crimes : les crimes contre la paix, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité.Les crimes contre l’humanité furent une innovation juridique importante

Article 1° : LA COURIl est crée une Cour pénale internationale en tant qu’institution permanente, qui peut exercer sa compétence à l’égard des personnes pour les crimes les plus graves ayant une portée internationale (…) Elle est complémentaire des juridictions pénales nationales Article 5 CRIMES RELEVANT DE LA COMPETENCE DE LA COUR(…) La compétence de la Cour est limitée aux crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale (…) La Cour a compétence à l’égard des crimes suivants :- Le crime de génocide- Les crimes contre l’Humanité- Les crimes de guerre- Le crime d’agression (…)

Le procès de Nuremberg, du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, fut une nouvelle occasion de revenir, dans les médias, sur les crimes perpétrés par les nazis et sur l’univers concentrationnaire. Plusieurs procès ont lieu aussi pour juger les responsables des camps.

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Il y aura d’autres procès, plus tard dont le procès d’ Eichmann à Jérusalem lorsqu’il fut retrouvé en Argentine… et, en France l’affaire et le procès Papon :

Primo LEVI Mais « les vérités qui dérangent rencontrent un chemin difficile »

Peu à peu la France qui se reconstruit veut oublier, deux lois d'amnistie furent votées en 1951 et 1953 tandis que de multiples problèmes se posaient aux survivants, écoutons ces deux amies qui parlent tout en buvant un ersatz de caféInstallation table, chaises , tasses, cafetière, bouquet

- Et depuis la libération, que devenez-vous ?  Je sais que vous avez toujours un  travail dans une maison de confection,  mais avez vous eu des nouvelles de votre David?

- Non, aucune et L'Etat ne donne toujours pas d'actes de décès, je ne peux donc pas toucher de pensions non plus. On m'a renvoyé toutes mes lettres … On m'a donné quelque chose me disant qu'il a disparu. Mais je sais bien qu'il a disparu moi ! Je vis avec sa disparition gravée en moi !  ! Pourquoi ne pas me dire qu’il est mort ? Car il est mort j’en suis sûre.  Aucun homme  de son convoi n’est revenu. . Pourquoi ne pas répondre à mes questions ? Pourquoi ne pas me dire qu'il est mort ?!  Du coup je ne peux pas m'empêcher d'espérer … Pourquoi ne puis-je pas avoir un papier officiel ? Pourquoi n'ai-je pas le droit d'être sûre?   Pourquoi ne puis-je pas m'habiller en noir ? Pourquoi n'ai-je pas le droit de pleurer ?   De faire mon deuil et de toucher enfin une pension-C’est vrai que ce doit être dur pour vous, entre l’espoir et le désespoir…  heureusement que vous avez pu conserver votre place !- J'attends tous les jours le courrier, je vais régulièrement faire la queue dans les ministères… mais rien !  Je n'ai rien reçu. J'ai l'impression d'être ignorée. C’est comme si David n’avait jamais existé.  Pas de preuves, pas de certificat, et pas de certificat pas de pension, on tourne en rond sans espoir et l’argent se fait rare. 

MUSIQUE EXODUS

-Ma pauvre,  Moi je reçois du courrier, de ma cousine celle qui est partie en Israël.  Elle veut que je vienne. Je ne sais pas quoi en penser.   Mon fils ne voit pas pourquoi partir mais moi, j'aimerais fuir … Je ne veux plus vivre ici. Je sais que c'est un de mes voisins qui a dénoncé Samuel.   Un voisin ! Je lui

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ai forcément parlé un jour. J'ai dû lui dire bonjour. Je lui ai peut-être tenu la porte. Il a tué mon mari, car c’est comme s’il l’avait tué  lui –même,  alors que je lui ai tenu la porte … Je voudrais  m'en aller,  rejoindre ma cousine. Mais c'est loin Israël … Elle dit que c’est le pays de mes ancêtres mais je ne sais même pas le trouver sur une carte. D'ailleurs mes ancêtres n'étaient pas "là-bas". Mes ancêtres ont défendu la France … Ils en sont même morts  …  Et puis si je partais, ca ferait trop plaisir aux gens d'ici. Ces gens que j'aimais bien avant ...

Vivre même est difficile

Angoisses et pulsions sont récurrentes, la vie se fait à l’aune du camp.

Primo LEVI Je suis à table avec ma famille, ou avec des amis, au travail ou dans une campagne verte; dans un climat paisible et détendu, apparemment dépourvu de tension et de peine; et pourtant, j'éprouve une angoisse ténue et profonde, la sensation précise d'une menace qui pèse sur moi. De fait, au fur et à mesure que se déroule le rêve, peu à peu ou brutalement, et chaque fois d'une façon différente, tout s'écroule, tout se défait autour de moi, décor et gens, et mon angoisse se fait plus intense et plus précise. Puis c'est le chaos; je suis au centre d'un néant grisâtre et trouble, et soudain je sais ce que tout cela signifie, et je sais aussi que je l'ai toujours su: je suis à nouveau dans le Camp et rien n'était vrai que le Camp. Le reste, la famille, la nature en fleur, le foyer, n'était qu'une brève vacance, une illusion des sens, un rêve. Le rêve intérieur, le rêve de paix, est fini, et dans le rêve extérieur, qui se poursuit et me glace, j'entends résonner une voix que je connais bien. Elle ne prononce qu'un mot, un seul, sans rien d'autoritaire, un mot bref et bas; l'ordre qui accompagnait l'aube à Auschwitz, un mot étranger, attendu et redouté: debout,

Les survivants ont du mal à parler, on ne les écoute pas pu très peu, et peu à peu le silence s'installe :

Après la découverte l'écoute, vient le silence

Alain RESNAIS FERRAT au violon extrait de « Nuit et Brouillard » puis en 1955 le film d’Alain Resnais. L’initiative en revient au Réseau du Souvenir qui réunit des « figures «de la Résistance et de la Déportation. Ce film doit privilégier la figure du déporté-résistant. Le tournage commence en septembre 1955 à Auschwitz puis à Majdanek. Certains plans et l’accès à certaines archives sont refusés.

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J CAYROL (…) Quand les alliés ouvrent les portes…Toutes les portes…Les déportés regardent sans comprendre.Sont-ils délivrés?La vie quotidienne va-t-elle les reconnaître?Je ne suis pas responsable dit le kapo.Je ne suis pas responsable dit l’officier.Je ne suis pas responsable.Alors qui est responsable?Au moment où je vous parle, L’eau froide des marais et des ruines remplit le creux des charniers.Une eau froide et opaque comme notre mauvaise mémoire.(…)

Le film est également connu pour avoir dû faire face à la censure française qui cherche à estomper les responsabilités de l'État français en matière de déportation. En 1956, la commission de censure exige en effet que soit supprimée du film une photographie d'archives pourtant authentique sur laquelle on peut voir un gendarme français Cet artifice, volontairement visible, a depuis été ôté et l'image a retrouvé son intégrité

Dans ce silence qui s’est installé certains continuent tels Serge Klarsfeld qui contribue largement à la constitution des listes des noms des déportés de France

En 1964, une loi est votée déclarant imprescriptibles les crimes contre l’humanité. Elle permettra l’organisation ultérieure de grands procès dans le contexte d’un réveil de la mémoire de la ShoahLa remise en question du mythe d’une France presque entièrement résistante sera la condition du réveil d’une mémoire de la Shoah.

Premier outil mémoriel, le CDJC, Centre de documentation juive contemporaine, est créé dans la clandestinité au mois d’avril 1943 à Grenoble, notamment pour conserver des preuves, dans la perspective d’une indemnisation des victimes de spoliation.

En 1961, le Concours national de la résistance et de la déportation (CNRD) vise à perpétuer la mémoire de la résistance et de la déportation parmi les jeunes générations

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Mais cependant le terrain est propice à l'oubli et les négationnistes s'expriment d'autant plus fortement.

C'est de ce contexte que la parole va resurgir, parce que le temps a permis de la libérer, parce qu'il faut rétablir les faits, parce qu'il faut transmettre. Certains peignent

ZORAN MUSIC«  Je n’ose pas le dire, je ne devrais pas le dire, mais pour un peintre c’était d’une beauté incroyable. C’était beau parce qu’on a senti toute cette douleur en dedans, tout ce que ces gens ont souffert. Je voulais faire quelque chose de précis car celui qui est mort comme ça a souffert jusqu’à la dernière seconde (.. ;) J’ai dessiné tout ça parce que j’étais peintre, c’était une nécessité intérieure »

réussissent à retourner sur les lieux de déportations, témoignent, vont dans les écoles… et au collège Carnot

Des séries télévisée sont tournées : comme « Holaucaust » en 1978 sur la NBC et En France, en 1979 sur Antenne 2

puis en 1985- 86 sort le film "Shoah » de Jacques Lanzmann

Des monuments sont érigés , ( montrer les décors en fond de scène) certes au Père Lachaise le monument à la mémoire des déportés victimes du camp d'Auschwitz _ Birkenau fut inauguré en Juin 1949 comme celui à la mémoire de Neuengamme, mais les autres furent beaucoup plus tardifs, par exemple mais celui à la mémoire de Ravensbrück le fut en 1955, celui à la mémoire de Mauthausen en 1958, celui à la mémoire de Buchenwald-Dora le fut en 1964, celui à la mémoire de Dachau en 1985, celui à la mémoire de Bergen-Belsen le fut en 1994, celui à la mémoire du Struthof en 2004

A Paris le Mémorial de la Shoah ouvre en 2005…

La parole est libérée, on parle de Mémoire, de devoir de mémoire,

Mais d'aucuns trouvent que l'on en parle trop

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Pourtant rien ne doit banaliser les faits qui ne peuvent s'oublier

Tobias SCHIFF (…) Depuis 40 ans je n’ai jamais éteint la lumière la nuit dans ma chambreface à moi quand je suis couchéj’ai une radio (…)en main j’ai un livreje me réveille avec le livre sur la poitrine

parce que si j’éteins la lumièreje suis là-bas tout de suitedans les campstout de suite le noir c’est le camp

le noir c’est la mort des autreset en partie la mienne

le noir m’empêche de dormir (…)la période entre le moment de la libération et aujourd’hui se raccourcitces années dans les camps sont de plus en plus prochesj’ose presque dire que j’y suis de nouveauc’est comme ça (…)

une part de moi est toujours là-baset avec le temps cette part s’agranditc’est ainsi même quand je me tais

je vais dans les écoles, (…)je dis avec Elis Wiesel« celui qui écoute un témoin devient lui-même témoin »et je n’ai jamais éteint la lumière la nuit dans ma chambre

GIACOMETTI – SEMPRUN à St Paul de Vence Jorge SEMPRUN Jamais plus tard, toute une vie plus tard, même sous le soleil de St Paul de Vence (…) jamais je ne pourrais contempler les figures de Giacometti sans me souvenir de ces étranges promeneurs de Buchenwald

chant des Marais Mais un jour dans notre vie

Le printemps refleurira

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Libre enfin, ô ma patrieJe dirai tu es à moi

REFRAINO, terre d’allégresse

Où nous pourrons sans cesseAimer

Les élèves passent, s’entrecroisent et en ôtent les chasubles qu’ils entassent en vrac

Canada et BOLTANSKI au premier plan le tas de chasubles

retour sur scène :

Outre les différents auteurs cités auxquels nous souhaitions rendre hommage, nous remercions David Rousset,Christophe COGNETJean Claude GRUMBERGLe Mémorial de la ShoahLa revue « HISTOIRE »L’I.N.A.Le Collège CARNOTEt la mairie du XVII°

WIESEL Répétons-le oublier les morts, c’est les nier une deuxième fois. C’est nier la vie qu’ils ont vécue, l’espérance qui les portait, la foi qui les animait » « Qu’est ce qui est pire que l’oubli ? De même qu’il existe des crimes contre l’Humanité, il existe de crimes contre l’oubli. »

Jacques CHIRAC lors de l’inauguration du centre européen du résistant déporté au Struthof le 03-11-2005 Dans le recueillement et l’émotion, je suis venu rappeler que la mémoire sera toujours plus forte que l’oubli. (…) Souvenez-vous toujours, n’oubliez jamais les victimes des temps les plus sombres de l’histoire des hommes ! Restez toujours vigilants, sachez résister et vous engager quand l’essentiel est en jeu. Car rien n’est jamais acquis. Opposez toujours la rigueur de la loi à ceux qui prétendent nier l’horreur de ce qui s’est passé. Combattez sans relâche ceux qui prônent, en France, et dans le Monde, la haine, le racisme, l’antisémitisme

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et l’intolérance. C’est votre honneur et votre devoir, en hommage aux victimes et au nom de l’avenir 

MARC PETIT Musique Clavier+ violon + guitare : « Bella ciao »

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