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Fédération Syndicale Unitaire fenêtres sur . cours ( ) ( ) f e n ê t r e s sur . cours SNUipp Fédération Syndicale Unitaire HEBDOMADAIRE - 3 AVRIL 2006 - N°283 - ISSN 1241 - 0497 © Mira-Naja CPE grève unitaire le 4 avril EPS : au corps du projet Notre dossier Gens du voyage Quels bagages pour les enfants ? C. Graindorge Délinquant à 3 ans ? EPS : au corps du projet Notre dossier Gens du voyage Quels bagages pour les enfants ? C. Graindorge Délinquant à 3 ans ? CPE grève unitaire le 4 avril

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CPEgrève unitaire le 4 avril

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E d i tt 1, et 2, et 3 millions...Depuis deux mois, lamobilisationexceptionnelle des

étudiants, rejoints massivementpar les lycéens, rythmée par lesgrèves et manifestations dessalariés, ne cesse de s'amplifier.Pour atteindre un niveau record le 28 mars.Un raz de marée !Ce mouvement, dans l'unitésyndicale, majoritairementsoutenu par la population, seheurte au blocage d'un premierministre et d'un gouvernementqui refusent de retirer le CPE.Le CPE est le symbole de laprécarité érigée en principe, dela mise en cause des droits etdes décisions autoritaires.Et dire que c'est une loi pour « l'égalité des chances », censéerépondre à la « crise desbanlieues » de cet automne, quil'instaure ! Avec l'apprentissageà 14 ans et le contrat deresponsabilité parentale.Quand dans le même temps,pour l'école, les mesures pourles ZEP, la mise en place duPPRE et du socle communconsacrent le renoncement à laréussite de tous les élèves, oncomprend mieux l'implicationdes enseignants des écoles aucôté de la jeunesse. Pour sonavenir. Alors, en grève et enmanifestations, le 4 avril, 4 millions...

Guy Pourchet

( )( )fenêtressur . coursfenêtressur . cours

N° 283 3 avril 2006

CPE : mobilisation sansprécédentNÎMES : la scolarisationdes enfants du voyageLECTURE : les méandresdu ministre

EPS : AU CORPS DU PROJETComment enseignerl’EPS à l’école ? Aucœur d’un projet plusglobal

PORTRAIT : FlorenceSuire, signataire d'un appelcontre le b-a-baBORDEAUX :partenariat européen entreenseignants

CNE, CPE : les nouveaux contratsqui fragilisent le code du travailPLANNING FAMILIAL :50 ans de combatsINTERVIEW : CatherineGraindorge, pédopsychiatre, analysele rapport contesté de l'INSERM

Dossier

Métier

Réflexions

ActuE

Sont joints à ce numéro deux encarts publicitaires.

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Actu

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en CDI

Accès rapideet durable à

l’emploi

Ils ont unCDI

Ils sont auchômage

Non qualifiés

CAP ou BEP non diplômés, 2d ou 1er

CAP ou BEP

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Génération 2001 - Au bout de 3 ans de vie active

Champs : jeunes ayant quitté le système éducatif en 2001.Source : enquête « Génération 2001 » (interrogation du printemps 2004), Céreq 2005.

Plus leur niveau de formation est élevé, plus les jeunes quientrent sur le marché du travail accèdent aisément à unemploi. L'étude livrée par le Céreq en septembre 2005confirme que pour une même génération sortie du systèmeéducatif en 2001, la probabilité d'avoir connu plus d'un ande chômage au cours des trois premières années de vieactive est d'autant plus forte que le jeune est non seulementpeu qualifié mais aussi peu diplômé. Et ce d'autant que ladégradation de la conjoncture économique est importante.Outre cette permanence entre formation initiale et insertionprofessionnelle, l'étude explore également la manière dontces moins de 30 ans entrent dans le vie active. Ainsi, 71 %de ceux ci sont en CDI trois ans après la fin de leurs études. 79 % des diplômés de troisième cycle connaissent unetrajectoire qualifiée « d'accès rapide et durable » à l'emploicontre seulement 31 % des jeunes non qualifiés. Desconditions d'emploi plus nuancées que le tableau décrit parle premier ministre quand il justifie l'instauration du CPE. Il reste que tous les jeunes n'entrent pas sur le marché dutravail sous les mêmes auspices : d'où, au delà desévolutions de conjoncture, l'enjeu d'élever le niveau deformation pour tous.

L'île de la Réunion vit actuellement unevéritable crise sanitaire économique et so-ciale, conséquence directe du virus du chi-kungunya. Dans les écoles, le taux d'ab-sentéisme des enfants a augmenté de plusde 8 % selon le rectorat. Beaucoupd'élèves touchés par l'épidémie fréquen-tent la classe en pointillé, la maladie en-gendrant des rechutes chroniques sur plu-sieurs mois. Les enseignants ne sont pasépargnés. Et au problème de la maladies’ajoute celui de leur remplacement. Unréel suivi des effets de la maladie est né-cessaire. Après une prise de consciencetardive de l’ampleur de l’épidémie (212 000 victimes au 22 mars et 148décés), les autorités locales s'organisent.Une cellule de veille du rectorat a mis enplace un protocole de lutte biologiquecontre l'insecte dévastateur. Toutes les

Chikungunya : gérer les conséquences

Jeunes : la qualification, un plus pour l’emploi

trois semaines, dans chaque commune,pompiers et personnels communaux pro-cèdent à la démoustication des écoles. Undélai de 24 heures avec un nettoyage obli-gatoire pour réintégrer les lieux est àchaque fois nécessaire, ce qui n'est passans poser des problèmes d'organisationpour les écoles. L'efficacité de ce travaildépend également d'une bonne coordina-tion de l'éradication du moustique autourde l'école, sous la responsabilité des auto-rités préfectorales et de l'armée. La femel-le qui porte le virus a en effet un rayond'action de plus de 100 mètres. Le SNUippest intervenu auprès du ministère pour lamise en place de mesures en matière deprévention dans les écoles et d'accompa-gnement des enseignants et des élèves at-teints par le virus.Il demande que des outils pédagogiques

adaptés sensibilisent les élèves et que desdispositions soient prises afin que les en-seignants puissent assurer leur missiontout en faisant face aux effets de la pandé-mie qui pourrait s'étendre encore. Celle-cidoit alors être reconnue comme pathologiedonnant droit à un congé longue maladie.De plus, « les enseignants victimes de re-chutes régulières, doivent bénéficier d'unaménagement de leur service au momentde chaque crise n'ayant pas d'incidencesur leur droit à congé maladie » précise leSNUipp. Appel à dons du SNUipp-FSU, du SGEN-CFDT, de la JPA, de Solidarité laïque, duSE-UNSA et de la PEP. Les adresser à :Solidarité Laïque, 22 rue Corvisart, 75013Paris (www.solidarite-laique.asso.fr) ouvirés directement sur le compte CCP 909 00K 020 Paris).

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Actu

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Loi sur la recherche : votée mais rejetéec’est le nombre de manifestants, selonles organisateurs, qui ont défilé dans les250 manifestations contre le CPE qui sesont déroulées en France le 28 mars àl’appel unitaire des organisations syndi-cales étudiantes et lycéennes.

Que traduit ce mouvementde fond dans la jeunesse ?Le CPE est une déclarationde guerre à la jeunesse. Alorsque de nombreux jeunes ga-lèrent déjà, on nous proposeune généralisation de la pré-carité à tous les jeunes demoins de 26 ans. Face à cetteattaque, une riposte d’en-semble de la jeunesse s'estorganisée. Cette mobilisation traduit aussi le sentimentque la jeunesse est aujourd'hui maltraitée.L'école est passée de grand dessein nationalà celui de « goulet d'étranglement budgé-taire » et l'emploi, autrefois passage vers lemonde adulte, est devenu une « chance » àtel point qu'il faudrait en accepter toutes lesconditions, même les plus humiliantes.

Quelles sont les préoccupations de la jeu-nesse étudiante aujourd'hui qui explique-raient l’ampleur du mouvement ?La non-reconnaissance des diplômes sur lemarché du travail conduit les jeunes à ac-cepter des emplois de plus en plus précaires.

L’ascenseur social queconstituait l’école est enpanne : la conséquence estune marginalisation desjeunes peu ou pas qualifiésqui se retrouvent durable-ment exclus. Par conséquent,suivre des études n’est plusperçu par tout le mondecomme un moyen d’émanci-pation et d’insertion. Parmiles plus qualifiés, seule l’éli-

te a un avenir promis.

Pourrait-on faire des parallèles avec lacrise des banlieues ?Évidemment. Ma génération est plongéedans un univers d'une violence inouïe danslequel la peur du lendemain vient amputerle dynamisme naturel de l'âge. C'est, pour lajeunesse, la fin de l'insouciance. Les expres-sions de révolte de la jeunesse s'exprimentde manières différentes, parfois maladroite-ment et violemment. Mais toutes traduisentun profond malaise social.

Propos recueillis par Christelle Mauss

« Un profond malaise social de la jeunesse »

FSE : rendez-vous à AthènesLe prochain Forum social européen, ren-contre internationale rassemblant les orga-nisations et associations altermondialistes,auquel participe la FSU, se déroulera àAthènes du 4 au 7 mai prochains.Education, services publics, emploi desjeunes, lutte contre la précarité de l’emploiféminin, oppositions aux lois répressives(anti-terroristes, sur l’immigration, laconnexion des fichiers…), égalité desdroits, refus des politiques sécuritaires,stratégie du mouvement altermondialiste,constituent les principaux thèmes abordés.

www.esf-fse.fr

Le 28 février s’est achevée la procédureparlementaire d’urgence engagée par legouvernement pour son projet de loi de pro-grammation de la recherche. Le budget pu-blic de la recherche aug-mentera de 27 % d’ici à2010. Un « chiffre entrompe-l’œil », a estiméJacques Fossey, secrétairegénéral du SNCS-FSU,membre du collectifSauvons la recherche, car« il correspond à unehausse annuelle de l’ordrede 2 %, compensant à peine l’érosion mo-nétaire ». Pour atteindre les 3 % du PIBconsacrés à la recherche préconisés parl’Europe, il faudrait être dès à présent à 50milliards d’euros pour la dépense publiqueet privée de recherche, soit 15 milliards deplus que les budgets actuels, et atteindre 60

milliards d’euros en 2010, soit 5 milliardsde plus chaque année. En termes de recrute-ments, on est loin des objectifs fixés par leprocessus de Lisbonne… Il faudrait en créer

9000 par an dans le publicquand la loi en propose3000 pour 2006. Et enco-re, « ces emplois supplé-mentaires sont créés sousforme de CDD ce qui vaprincipalement conduire àcréer et à multiplier de laprécarité ». Les cher-cheurs contestent aussi le

pilotage de la recherche par l’AgenceNationale de la Recherche, qui va « surtoutmettre de l’argent dans des secteurs déjàconnus et à retombée immédiate, alors quec’est à l’échelle de la décennie que nous de-vons réfléchir ».

PM

Éducation pour tousen retard« Chaque enfant a besoin d'un ensei-gnant », c'est le thème de la semaine mon-diale d'action lancée par l'Internationale del'Education du 24 au 30 avril. Il s'agit derappeler aux gouvernements les objectifsdu Forum sur l'éducation de 2000, à sa-voir, assurer à l'horizon de 2015l'Education pour tous. Or le rapport mon-dial de suivi 2006 n'est guère rassurant surla réalisation des objectifs : encore 100millions d'enfants non scolarisés, desécoles non construites ou en très mauvaisétat... et surtout il manque au moins 15millions d'enseignants pour réaliser le mi-nimum en éducation primaire universelle. L'IE dénonce l'insuffisance des investisse-ments, en particulier le non respect par lesétats de leurs engagements, y compris surla plan financier. Elle rappelle les recom-mandations internationales d'avoir des en-seignants de qualité qui soient formés etreconnus, en particulier avec des salaireset des conditions de travail dignes.

Chacun peut participer à la campagne mondiale pourl'éducation sur le blog www.educationpourtous.org

Bruno Julliard,président de l’UNEF

2,7 millions

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Àl'heure où nous écrivons les organisa-tions syndicales du front anti-CPE (1)

viennent d'appeler étudiants, lycéens,salariés du public et du privé à une « nouvel-le journée d'actions interprofessionnelle d'ar-rêt de travail, de grèves et de manifestations 4avril ». Le SNUipp et la FSU appellent lespersonnels de l'éducation à faire massivementgrève ce jour là.« Sourd contre tous » titrait Libération aulendemain des manifestations du 28 mars. Lesappels au dialogue réitérés par le premier mi-nistre la veille et depuis auront du mal àconvaincre que les syndicats sont respon-sables de la situtation de blocage et à justifierl'obstination du gouvernement à vouloir pas-ser en force jusqu'au bout. « Maintenant ilfaut aller très vite pour la promulgation ».Miser sur une éventuelle usure du mouve-ment, resterait en tout état de cause un calculétroit qui pourrait tout au plus conduire le pre-mier ministre à une victoire à la Pirrhus. Ellene résoudrait bien entendu pas le problèmeposé, celui de l'emploi des jeunes et d'un ave-nir sans précarité.

« Historique », « Jamais vu », « Ras demarrée »... Les qualificafifs repris par lapresse au lendemain de la journée du 28 marsrivalisent comme à chaque fois que la mobili-sation de la rue atteint des sommets. Près de

trois millions de manifestants. Une nouvellepreuve de la détermination et de l'ampleurd'un mouvement que personne aujourd'hui neverrait s'arrêter sans obtenir « le retrait duC.P.E. ». Les enseignants des écoles ont faitgrève à 60 %, une mobilisation sans appelconfirmant, dans un contexte très largementunitaire, une implication croissante. Bien sûr,s'exprime le refus de voir la jeunesse condam-née à l'impasse d'un avenir sans emploi sicen'est précaire, mais au delà, les enseignants,les personnels de l'éducation rappellent parleur mobilisation, leur volonté d'une école quiconduise sans exclusion chacun à la réussite.Ils rappellent dans la continuité des actions

Amplifier la mobilisation :

grève le 4 avrilmenées depuis des mois maintenant leur refusd'une politique qui renonce à l'école pour ledroit à l'éducation pour tous, qui réduit drasti-quement les moyens budgétaires.Renoncement à une vraie relance des ZEP, ap-prentissage à 14 ans, avec la loi sur « l'égali-té des chances » les élèves les plus en diffi-culté scolaire seront encore plus les victimesd'un système éducatif qui renforcera la reléga-tion scolaire et sociale. Le SNUipp reven-dique dès la maternelle « une politique édu-cative qui permette à chaque jeune d'acquérirune fomation et une qualification de quali-té ». Lycéens, étudiants et enseignants et pluslargement encore les salariés se refusent à ac-cepter la vision d'une école qui consacre lapanne de l'ascenseur social. Reste qu'après le retrait du CPE, il sera indis-pensable de trouver les solutions pour l'em-ploi des jeunes, leur formation, la sécurisationde leur parcours sur le marché de l'emploi.

« Pour éviter l'enlisement du pays dans unecrise profonde, l'intersyndicale demande auprésident de la république d'utiliser ses préro-gatives constitutionnelles pour que le CPEsoit retiré ». En application de l'article 10 dela constitution, il pourrait en effet demanderau parlement une nouvelle délibération de laloi égalité des chances excluant notammentl'article 8 relatif au contrat première em-bauche. A cette heure, le premier ministre reste sourdet « les orgainsations syndicales sont déter-minées à amplifier la mobilisation » pour leretrait du CPE. Le 4 avril doit être plus fortencore.

Gilles Sarrotte

(1) UNEF, CE, UNL, FIDL, CFDT, CFE, CGC, CFTC,CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA

Mobilisation étudiante au plus fortL' ampleur des manifestations du 28 doit bien sûr aux participations inégalées des sa-lariés du public et du privé et sans doute aussi à la permanence d'une mobilisationdes étudiants et des lycéens qui connaissait ce jour là un nouveau pic. Le Ministèredonnait le nombre de 69 universités mobilisées ou bloquées sur 84. Débutée il y a septsemaines, c'est progressivement que s'est forgée la mobilisation étudiante jusqu'à at-teindre l'ampleur et la détermination qu'on lui connait aujourd'hui. Elle doit au tra-vail patient, mais essentiel, d'argumentation et de conviction réalisé par les organisa-tions syndicales et les jeunes auprès des étudiants et, sans conteste celui de la coordi-nation qui a su rassembler. Autant de solidarités qui battent en brèche les à priori ra-pides sur l'individualisme des jeunes. Les présidents d'université qui ont bien perçula cohésion et la détermination des jeunes réclament de manière insistante, à l'ap-proche des examens, un déblocage de la situation de la part du gouvernement.

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ira/

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Actu

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d’études et d’actions auprès des tsiganes,gestionnaire d’aires d’accueil), l’autre dos-sier prioritaire est celui de la scolarisation. Laquestion n’est pas simple, car elle ne s’inscrit

pas dans la culture orale des tsi-ganes et, leur vie nomade néces-site des dispositifs adaptés com-meles classes CLIN. Les textespréconisent la mise en place decoordinations départementales. « Quand les divers intervenantsde l’éducation nationale, les col-lectivités, les travailleurs sociauxtravaillent ensemble, alors çamarche », remarque Denis

Klump, président de l’AREAT. Au niveauacadémique, l’Education nationale a mis enplace les CASNAV (Centres académiquespour la scolarisation de nouveaux arrivants etenfants du voyage) lieux ressource pour lesenseignants, d’expertise pour les respon-sables des collectivités et de médiation pourl’ensemble des partenaires.Nîmes, avec ses 145 000 habitants, possèdeune aire, celle de Canteperdrix dans le quar-tier de Saint Césaire (43 emplacements).

300 000 tsiganes viventen France, dont deux

tiers de nomades ou desemi-sédentaires.

La question des aires de stationnement

aménagées n’est pas leur seul problème.

Il y a aussi celui de la scolarisation

des enfants.

e 15 mai, le maire d’Ensisheim(6700 habitants) dans le Haut-Rhin, comparaîtra devant le tribu-nal correctionnel de Strasbourg. Le11 janvier, il avait ordonné à quatre

agents municipaux, eux aussi poursuivis, demettre le feu aux 14 caravanes d’un campe-ment de nomades. Ce fait divers qui a choquébien des esprits, vient émailler l’histoire desrapports conflictuels existant entre nombrede communes et les « gens du voyage ».La France abrite environ 300 000 tsiganesfrançais (gitans, manouches, romanichels ouroms). Un tiers environ mène une vie noma-de. Leurs déplacements sont motivés par desimpératifs économiques. Ils sont forains,vendent des produits manufacturés sur lesmarchés ou au porte-à-porte, pro-posent leurs services pour destravaux agricoles. Mais « l’évo-lution des technologies, des sys-tèmes de distribution ont faittomber en désuétude certaines deces activités », note la directioninterministérielle de la Ville.Cette évolution a fragilisé leursactivités familiales tradition-nelles, précarisés les revenus.C’est pourquoi le deuxième tiersne voyage presque plus. Les gens se sont « semi-sédentarisés » et vivent de petitsboulots : élagage, jardinage, travaux di-vers… Les derniers 100 000 sont « sédenta-risés », tout en habitant pour la plupart encaravane.

Le principal problème des gens du voyageest celui du stationnement (lire ci-contre).Mais pour l’AREAT (Association régionale

Quels bagagespour les enfants

du voyage ?

Les familles ontconscience de

l’importance du « lire-écrire-

compter » dansleur pratique

professionnelle.

L

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Page 8: () ( )sur cours - SNUipp.frAnnecy F3 5p cft Pâques 15au22/04 250€ juil août 370€ ttc T.04.50.45.79.29 Arcachon mobil home 6p 350/538€/sem mars à sept T.05.56.60.06.39 34 Montp

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Dans le Gard, le schéma départemental est àl’étude, « mais, note Marie-ChantalBarbusse adjointe déléguée aux affaires so-ciales, peu de maires sont enthousiastes ».Du fait de la sectorisation, les enfants de pas-sage sont scolarisés dans deux écoles duquartier, dont le groupe scolaire du Mas deRoman. Sur 245 élèves, l’école élémentaireaccueille 23 enfants du voyage. ElisabethJust, la directrice, note que leur intégrationest variable selon leur mode de vie. Les no-mades, dont les parents sont la plupart dutemps forains, sont les plus assidus. Les fa-milles ont conscience de l’importance dulire-écrire-compter dans leur pratique profes-sionnelle. En revanche, la poursuite desétudes au-delà du CM2 se fait le plus souventpar l’intermédiaire du CNED, la difficulté descolariser des élèves itinérants au collègeétant bien plus grande que pour le primaire.

C’est chez les tsiganes semi-sédentaires ousédentaires que l’institution rencontre lesplus grosses difficultés. « Il y a un décalageculturel avec l'école notamment en raison dedifficultés langagières », note la directrice.

Aires d’accueil, une commune sur vingt selon l’Areat

Depuis 1990, la loi exige la création d’aires d’accueil dans les communes de plus de 5 000 habitants, condition obligée pour que les maires puissent faire jouer leur pouvoirde police sur les occupations illicites. En 2000, le législateur a donné deux ans aux pré-fets et présidents de conseils généraux pour élaborer des plans départementaux. En 2002,il a conditionné le versement d’aides financières aux communes, à la réalisation des tra-vaux sous deux ans, délai prolongé de deux années supplémentaires en 2004. En 2006,le risque encouru par les villes ne se mettant pas en conformité est d’être privées desaides publiques à l’aménagement des aires… Par la suite, le Préfet « devra » en princi-pe se substituer aux communes défaillantes. Les services du ministère de la ville ne four-nissent pas de statistiques quant au nombre d’aires d’accueil. Denis Klump, président del’AREAT, estime que seulement une commune sur vingt remplit ses obligations. Les no-mades ne peuvent séjourner plus de 2 fois 2 mois par an sur une même aire d’accueil.

Certains élèvesviennent deuxfois par an àl’école du Masde Roman deNîmes. Chaqueannée ilsfréquententjusqu’à unedizained’établissementsdans diversesvilles du pays.

Certains relèvent de l’enseignement spéciali-sé, mais leur insertion dans ces dispositifss’avèrent plus que difficiles du fait de leurvie nomade.

Elisabeth et son équipe ont inscrit l’accueildes enfants du voyage au cœur du projetd’école.Un livret scolaire a été conçu poureux. Des passerelles ont été mises en placeentre GS et CP et entre CP et CE1. Les élèvesqui ont de graves lacunes peuvent revenir auCP le matin pour l’acquisition des compé-tences de base, et retourner dans leur classel’après-midi. L’école bénéficie d’une priseen charge par le RASED et de l’interventiond’un enseignant CRI (Cours de rattrapage in-tégré) à raison de deux demies journées parsemaine. C’est vers les élèves du cycle 2 « qu’il convient de faire porter le plus groseffort pour tenter de prévenir les décro-chages ». A la maternelle voisine le problè-me se pose différemment. L’école n’est pasobligatoire. Jean-Noël Bouet, le directeur,note un fort absentéisme. « Comment faireprendre conscience aux familles de l’impor-tance d’une fréquentation régulière de l’éco-le ? » s’interroge-t-il. Aujourd’hui, l’AREAT estime que 90 % desenfants du voyage sont scolarisés dans unétablissement ou par le CNED. « Les fa-milles sont confrontées à la nécessité de sa-voir lire du fait des nombreuses démarchesadministratives auxquelles elles ont à ac-complir ». Sur l’aire de Saint-Césaire, en find’après-midi, Catherine Winaud, JohnnyNaveri et leurs 4 enfants sont réunis dans lacaravane. « Moi, je ne sais ni lire ni écrire,confie Johnny. Je ne voudrais pas qu’il enaille de même pour mes enfants ».

Christelle Mauss

Soumis à laTH

A compter du 1er

janvier 2007, lesgens du voyageseront assujettisà la taxe d’habi-tation : 25 eurospar mètre carré.Diverses asso-ciations deman-dent son retrait.D’autres esti-ment que ce quiva dans le sensd’une intégra-tion des tsiganesdans le droitcommun est bé-néfique. Deplus, le fait depayer la TH de-vrait leur per-mettre d’avoiraccès aux allo-cations loge-ment qu’ils nepeuvent perce-voir.

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Actu

Un projet de note de service, daté du7 mars, sert actuellement à préparerpour la rentrée 2006 le dispositif

« réseau ambition réussite », concernant249 collèges et 1700 écoles, et notamment « les opérations de gestion des ressourceshumaines ». Les moyens en enseignantssupplémentaires accordés à ce dispositif secomposent de 1000 postes du premier et dusecond degré. Ils proviennent d’un redé-ploiement issu de la suppression d’unedemi-heure pour l’ensemble des classes de5e et de 4e. Ces 1000 postes sont des postes « à profil »implantés au collège, ouverts aux ensei-gnants du 1er et du 2d degré. Recrutés en de-hors de tout barème, ces enseignants conser-veront une « charge d’enseignement »d’au moins un mi-temps. Pour le reste, leursmissions principales seront « la continuitédes parcours des élèves entre l’école et lecollège », « l’accompagnement et la stabi-lisation des équipes », « la coordinationdes activités des assistants pédagogi-ques »…Selon leur mission, les professeursretenus pourront exercer à l’école ou au col-lège.Leurs carrières seront valorisées, essentiel-lement par un accès facilité à la hors classeet des priorités de mouvement, de détache-ment ou de formation à l’issue de cinq an-nées d’exercice. Cette valorisation, en l’ab-sence de contingent spécifique, se fera auxdépens des autres personnels et prend lecontre-pied des attentes des personnels quiportent essentiellement sur une améliorationdes conditions d’exercice. Le SNUipp s'op-pose au caractère dérogatoire de ces me-sures qui introduiront des transformationsprofondes dans le fonctionnement desécoles et la gestion des postes et des per-sonnels.La préparation du recrutement des ensei-gnants du dispositif « ambition réussite »est actuellement en cours. Le projet de cir-culaire prévoit la mise en place de comités

Nouveaux réseaux pour l’éducation prioritaire : ni ambition, ni réussite !

exécutifs constitués du principal et du direc-teur d’école. Leur rôle est notamment « d’identifier des missions à confier auxpersonnels supplémentaires », d’évaluer etde mettre fin à la mission. Ces prérogativesexorbitantes dépassent les responsabilitésdu directeur. Quelle place pour les ensei-gnants ? Quel devenir pour les conseils dezone et les comités de pilotage ? Pourtant, àParis, les comités exécutifs de chaque ré-seau se sont déjà réunis pour élaborer lesfiches de postes des enseignants supplémen-taires. L’ensemble des 17 fiches de postesprofilées par les chefs d’établissement pourle département est d’ores et déjà établi. Parailleurs, les quatre collèges parisiens classés« ambition réussite » ont vu leur dotationhoraire globale (DHG) se réduire, de 30 à108 heures selon les établissements, lors dela carte scolaire de cette année. Les ensei-gnants supplémentaires ne compenserontdonc même pas cette baisse de moyens.Si le projet est essentiellement centré sur lecollège, la note de service consacrée spéci-fiquement au premier degré indique que lesécoles « ambition réussite » seront priori-taires pour l’attribution de remplaçants encas d’absence des enseignants, l’affectationde brigades ZIL et l’intervention du Rased.Faute de moyens supplémentaires dégagés,ces priorités se feront au détriment desautres écoles.Au vu des modalités et de la logique d’en-semble des décisions ministérielles pourl’éducation prioritaire, le SNUipp contestesur le fond la notion de « réseau ambitionréussite » et soutient les directeurs d'écoleet les équipes de ZEP qui refuseront de par-ticiper aux comités exécutifs des réseaux.Avec la FSU, il exige les moyens pourabaisser les effectifs par classe, développerla scolarisation des enfants de moins detrois ans et le travail en équipe afin d'assu-rer la nécessaire relance des ZEP et la réus-site de tous les élèves.

Arnaud Malaisé

La note de service sur le dispositif « ambition réussite » détaillant les modalitésde mise en place de la nouvelle politique d’éducation prioritaire n’est qu’à l’étatde projet, ce qui n’empêche pas l’administration de la mettre en œuvre dans denombreux départements !

Grippe aviaire :principe deprécautionToutes les écoles ont été destinataires, le22 février, d'une note ministérielletransmise par les inspections académiquesdont l'objet est « de prévenir les risquesde propagation du virus de la grippeaviaire », sans prévoir de délai dans letemps pour la suppression du dispositif.L'épizootie apparue en France, il y aquelques semaines sur des volatilessauvages et d'élevage semble avoir faitréagir très rapidement l'Éducationnationale. Le texte demande entre autre « d'informer les élèves de s'abstenir demanipuler un oiseau trouvé mort ». En casde contact direct, l'élève doit se laver lesmains avec soin, et les parents en serontinformés. Il est également rappelé que « lerisque de transmission de la maladie d'unoiseau à l'homme, est exceptionnel etnécessite plus qu'un contact ponctuel » .D'une manière générale, il est demandé àtous les enseignants « de ne pas procéderà des élevages d'oiseaux à but éducatif »et d'éviter toute activité en extérieur denature à mettre les élèves en contact directavec des volatiles.Dans ce contexte, de nombreuses classesnature ont été annulées et des sortiesscolaires suspendues comme dans lesBouches-du-Rhône, aux abords des plansd'eau de Fos sur Mer, après la découverted'un cygne porteur du virus H5N1.Certaines fermes pédagogiques ont dûd'ailleurs se débarrasser de leurs volatileset proposer de nouvelles activitéscomplémentaires. C'est le cas par exemple,du site du Conquet, dans le Finistère où ledomaine accueille chaque année 6 000 à 8 000 scolaires. Les assiettes de certainescantines scolaires sont aussi l'objetd'attentions particulières. Ainsi, face auxinquiétudes des parents, le maire deGroslay dans le Val d'Oise a suspendu dansun premier temps la consommation devolaille dans les restaurants des quatreécoles de la ville avant de la réintroduiresous la pression du préfet.

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ActuFormation continue : le coup de gelRestrictions budgétaires, gestion des moyens à flux tendus,la formation continue (FC) poursuit sa période de vachesmaigres. Les cartes scolaires s'achèvent dans lesdépartements avec leur lot de fermetures de postes deremplaçants quand se mulitiplient par ailleurs les décisionsd'amputation des budgets de fonctionnement de la FC. Les moyens de remplacement tout d'abord. Les mesures decarte scolaire confirment la tendance à la diminution et à lasuppression des contingents spécifiques de remplaçants de laF.C, communément appelés « brigades de formation ».Disparue à cette rentrée dans la Drôme (23 T.R), amputée de 60 % dans l'Aisne (carte scolaire 2006). Et leplus souvent détournée comme actuellement dans le Gers,l'Yonne où respectivement 53 et 50 % des effectifs sontutilisés au remplacement des maîtres absents, etc... Là où lesbrigades FC n'existent pas, les T.R affectés au remplacementdes maîtres en stage sont rappelés pour le remplacement d'unmaître malade, des stages sont supprimés, le plus souventdurant l'hiver ou les taux d'absence pour maladieconnaissent un pic. C'est actuellement le cas dans le Doubs,le Bas-Rhin. L'enseignant est souvent contraint en bout decourse de renoncer à se former. Du fait de la baisse sensible des moyens de remplacement(TR), la formation continue bénéficie maintenant pourl’essentiel des moyens de la formation initiale : les PE2quand ils sont en stage. Les baisses enregistrées du nombrede recrutement en IUFM réduisent d'autant les possibilités.C'est vrai depuis septembre dernier dans le Rhône, la Loire,le Morbihan, et les Landes. De ce point de vue, la baisse de13 % des recrutements de P.E par concours externe aubudget 2006 aura des conséquences douloureuses à trèscourt terme.Restent les budgets : indemnisation des déplacements desstagiaires, moyens de fonctionnement des stages... Ils fontactuellement l'objet de coupes et leur remise en question encours d'exercice à les effets les plus radicaux sur laformation continue. Arriérés parfois importants,anticipations sur budget interdites, mise en place de la loiorganique relative aux lois de finances (LOLF), crainte dedépasser les budgets alloués, prévisions en deçà, lesInspecteurs d'académie engagent dans plusieursdépartements des économies drastiques. Baisse de 30 % descrédits dans les Hauts-de-Seine, 20 % de baisse dans laDrôme pour la deuxième année consécutive où ne subsisteplus que la formation institutionnelle (Stages directeurs,langues vivantes, stages longs AIS), 18 % dans l'Indre et 50 % dans la Nièvre. En Côte D'or, l'I.A. vient d'annoncerl'étalement du budget sur 13 mois au lieu de l'année civile.Résultat les frais de déplacement sont supprimés pour lespetits stages, réduits de moitié pour les stages longs à partirde la rentrée des congés de printemps... Dans l'Aisne ladiminution des budgets conduit à supprimer l'interventiondes maîtres formateurs dans la F.C.Que deviennent dans ce contexte la qualité de l’offre et laréponse aux besoins de formation ?

Réadaptation et réemploi : ça va changerUn projet de décret concernant les enseignants en ruptureprofessionnelle pour raisons médicales est actuellement à l'étude auministère. Les dispositifs de réadaptation et de réemploi seraienttransformés en postes adaptés de courte durée (affectation pour uneannée renouvelable trois ans) et de longue durée (affectation pourquatre ans avec possibilité de renouvellement selon certainessituations). Au départ, l'intention du ministère est de modifier unsystème qui n'absorbe toujours pas le contingent d'enseignants enincapacité temporaire ou définitive d'enseigner. Actuellement, le CNEDréserve 200 postes à ces personnels, quantité largement insuffisantepuisque 400 enseignants se retrouvent chaque année dans une situationinstable sur des supports aménagés par les inspections académiques.Rien ne dit pour autant que la situation sera améliorée avec le nouveaudispositif. Ce dernier qui pour l’instant ne prévoit pas de création depostes, passerait par une gestion déconcentrée et non plus nationale.Enfin, et c'est un aspect positif, une adaptation du poste par allégementde service serait désormais possible répondant aux besoins despersonnels en situation de maladies longues ou chroniques. Pour l'heure, le SNUipp estime que trop de zones d'ombre persistent etqu'il faut éviter toute précipitation. Le syndicat est intervenu et aobtenu que la gestion des dispositifs reste inchangée pour cette annéescolaire. Il a insisté sur la nécessité d'un travail de prévention par lamise en place d'une médecine du travail, de solutions d'adaptation, d'unsuivi et d'un accompagnement des personnels concernés. Il aégalement demandé des garanties en terme de moyens de postesproposés.La prochaine CAPN de mai devra apporter des réponses précises surtous ces points avant une entrée en vigueur du nouveau dispositif à larentrée 2006.

«L’école doit former des esprits libres, des gens

capables de comprendre toutes les réalités sociales »Simone Gaboriau, magistrat,

ancienne présidente du syndicat de la magistrature

05Hautes-Alpes

Retour de l'inspection individuelleSans aucune concertation, ni évaluation,

l'IA des Hautes Alpes a décidé d'abandonner ledispositif d'inspection et d'accompagnement des

équipes mis en place depuis 6 ans. Ce dernier nonsanctionné par une note avait pour objectif de tracer des pistes de formation pour les écoles.

Le SNUipp, le SGEN et SUD lancent une pétition pour que l'IA sursoit à sa décision

avec la volonté de pérenniser une réelle évaluation formative des enseignants.

Les organisations seront reçues en audience le 5 Avril.

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La montagne aurait-elle accouchéd'une souris ? Après plusieurs moisd'une polémique lancée sur les mé-

thodes de lecture àgrand fracas média-tique, Gilles deRobien a fini par en-tendre raison : la mé-thode syllabiquen'est pas la voie ma-gique qui permettoute seule d'ap-prendre à lire. Cetteévidence est trèsclairement spécifiéedans le projet de mo-dification des pro-grammes présentédevant le CSE le 21mars. Celui-ci censéharmoniser les textesdes programmesavec la circulaire du3 janvier sur l'apprentissage de la lecture,n'écarte aucune approche et rappelle l'im-portance de l'identification des mots liée àleur signification (lire ci-dessous). Les mul-tiples interventions sur le sujet qui dénon-çaient le discours simplificateur du ministreont fini par porter leurs fruits. Des signa-taires de l'appel « apprentissage de la lec-ture : assez de polémique, des réponses sé-rieuses », parents, enseignants et mouve-ments pédagogiques, en passant par lescontributions des chercheurs, des scienti-fiques, des professionnels et des formateurs,les réactions ont été nombreuses. Dernière en date, le 9 mars, lors d'un sémi-naire sur l'apprentissage de la lecture orga-nisé par le ministère, des universitaires onttrès nettement recentré le débat : « Si lesméthodes qui prétendent se passer de l'ef-fort de déchiffrage sont unanimement pros-crites, le recours exclusif au b.a.ba est luiaussi jugé inefficace » a rappelé Jean-Emile Gombert, universitaire et spécialistede la lecture. Et de dénoncer sous les ap-plaudissements nourris de la salle « les sim-plifications excessives et les tentations dejeter l'opprobre sur les pratiques et les ma-nuels ». Même les scientifiques, dont les

Lecture : le ministre recule tout en jetant le trouble

travaux ont souvent servi d'alibi à la poli-tique du ministre, ont également profité decette journée pour livrer de précieuses mises

au point. StanilasDehaene, professeurau Collège deFrance a expliquéque les neuros-ciences ne sont pasen l'état actuel ca-pables de déterminerles meilleures mé-thodes, contraire-ment aux affirma-tions du ministre. Il reste qu'aujour-d'hui, après le reculde ce dernier,d'autres enjeux sontpointés. Au niveauprofessionnel, toutd'abord, avec un be-soin en formation

continue qui prenne en compte les élémentsde la recherche et qui permette aux ensei-gnants de croiser et enrichir leurs pratiques.

Cette exigence renvoie à la nécessité de dé-velopper le travail en équipe pour partagerles difficultés et interrogations et traiter demanière collective les problèmes d'appren-tissage.Ensuite, le ministre a largement jeté letrouble dans la nécessaire relation deconfiance entre enseignants et parents. Sesrécentes déclarations publiques sur le réta-blissement de la méthode syllabique entre-tiennent la confusion et le doute dans l'espritde l'opinion publique. Son double langagecontinue.Pour le SNUipp, il y a nécessité d'accompa-gner les enseignants et d'informer les pa-rents de la réalité des pratiques dans lesécoles afin qu'il n'y ait pas de remise encause des choix des maîtres et des maî-tresses quant à la méthode utilisée pour l'ap-prentissage de la lecture. Ce à quoi il vas’employer. Il en va de la reconnaissance dumétier et des choix professionnels des en-seignants comme du maintien de la confian-ce des parents.

Sébastien Sihr

Le point sur le projet de modification des programmes

Au final, le projet proposé par le ministère marque plusieurs évolutions, par rapport à sesdéclarations et à la première version de modification, signe de son recul : Les programmes n’indiquent plus de méthodes à suivre. L'existence de deux types d'ap-proches complémentaires, « analyse de mots entiers en plus petites unités référées à cesconnaissances déjà acquises et synthèse à partir des constituants » est rétablie.Le rôle de la maternelle et celui du CE1 sont précisés, rétablissant implicitement ainsi lanotion de cycle.La nécessaire conjugaison du travail de lecture et d'écriture est rappelée. En revanche, le ministère reconnaît la nécessité d'assurer « un entraînement systéma-tique à la relation entre graphèmes et phonèmes » tout en « développant le plus vitepossible l'automatisation de la reconnaissance de l'image orthographique des mots ».L'accès au sens n'est également pas oublié par l'acquisition d'un « lexique pour com-prendre le propos des textes ».Ce texte a été soumis au vote consultatif du CSE le 21 mars dernier. Les organisationssiégeant dont le SNUipp se sont prononcées contre à une forte majorité (23 voix contre9) dans le but de dénoncer la démarche employée par le ministre à l'opposé de celle quiavait prévalu pour l'élaboration des programmes de 2002. Sans évaluation scientifiquedu travail concernant l'apprentissage de la lecture « nous vous demandons de surseoir àtoute modification des programmes » ont-elles conclu.

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Marie-Jo Royon, enseignante quiparticipe au projet du tour de l'Isè-re à vélo, le dit sans détour : l'ac-

tivité sportive est le coeur du projet. Lesprogrammes de 2002 ont confirmé cettefaçon de concevoir l'enseignement de l'édu-cation physique et sportive. Il ne s'agit plusde cocher dans l'emploi du temps les heuresprévues pour l'EPS, mais de concevoir unprojet de classe qui englobe l'EPS, voiremême qui tourne autour d'une activité phy-sique. En reliant les classes participantesdans un grand tour du département à vélo,les enseignants de l'Isère entendent dévelop-per la citoyenneté et construiredes pratiques relationnellesentre classes (voir page 16).Sans pour autant noyer l'EPSdans une globalité où l'enfantne percevrait plus les diffé-rences entre les enseigne-ments.Le projet de classe de Françoi-se Rayon dans la Manche nediffère pas dans l'intentionnali-té. Là encore les enfants depetite section construisent unedanse sur un sujet extrait d'unlivre, travaillé par eux et visantà un spectacle au terme du « module d'ap-prentissage danse ». Françoise insiste surl'importance de cette « création collec-tive ».

On ne dispose pas d'enquête nationale sur lafaçon dont est enseigné l'EPS dans l'en-semble des classes de France, hormis Parisqui dispose d'un statut particulier avec unprofesseur mis à disposition par la ville enélémentaire. On sait en revanche que l'ho-raire d'enseignement n'est pas respecté.

D'après une étude du ministère datant de2003, la durée moyenne de l'enseignementest de 2h12 minutes et un tiers des ensei-gnants y consacrent moins de deux heures,alors que les programmes en prévoient trois.Ce qui n'en fait cependant pas, loin de là, lamatière la moins enseignée.En fait, l'idée d'enseigner l'EPS au sein d'unprojet plus général renvoie tout simplementà l'idée que le corps n'est pas que du phy-sique (voir page 18). Georges Vigarelloparle d'une « notion de globalité de la per-sonne humaine où le bien-être corporelrépond à des critères psychologiques, phy-

siologiques, esthétiques, sani-taires... ». Cette notion estdésormais largement partagée,alors que la pratique sportiveétait il y a un siècle l'apanagedes catégories les plus aiséesde la société.

Yvan Moulin, professeur àl'Iufm de Grenoble, va plusloin encore lorsqu'il affirme,parlant des projets ministérielset du socle commun : « On faitfausse route, ce sont plutôttoutes les disciplines de l'école

qui devraient être sommées de contribuerau travail sur le langage ». D'où la notionde projet , qui implique, comme le sport, demener à plusieurs une activité socialementconstructrice. Didier Delignières, profes-seur à l'URF Staps de Montpellier précise :« Le sportif appartient à un collectif animépar un projet : gagner un championnat,faire une ascension, un spectacle, participerà une compétition... ». Et ce projet, en don-nant un sens à l'activité de l'élève, l'invite às'inscrire dans une dynamique « essentielle

Comment enseignerl’EPS à l’école ?

Au cœur d’un projetplus global qui incitel’enfant à réussir ce

qu’il entreprend, battreun record, coopérer

pour réaliser un exploit.La preuve par l’Isère et

la Manche où des moyens importants

sont mis en œuvre pour des projets

d’ampleur.

Dossier réalisé parMichelle FrémontPhilippe Hermant

Jacques MucchielliGilles Sarrotte

Dossier

L'idée d'enseignerl'EPS au sein d'unprojet plus général

renvoie toutsimplement à l'idéeque le corps n'est

pas que duphysique.

EPS : au corps du projet

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de la pratique sportive » : réussir ce qu'ilentreprend, battre un record, coopérer pourréaliser un exploit. C'est ainsi que l’écoleaccompagne l’enfant dans l’acquisition descompétences nécessaires vers le plaisir de laperformance. C’est ainsi que l'école accom-pagne l'enfant dans ses efforts vers lesapprentisages indispensables.

Reste le problème, majeur, de la formationdes enseignants. Une étude de l'Iufm deBordeaux menée auprès des sortants d'Iufm,est à cet égard révélatrice. Elle nousapprend que les enseignants formés avecune dominante en EPS prennent plus etmieux en charge cet enseignement. Ellenous dit aussi que le travail en dominante nesuffit pas pour mutualiser les pratiques.Lorsque certains Iufm prévoient des plansde formation en EPS qui ne dépassent pasles trente heures annuelles, la formation apeu de chances de renforcer l'expertisenécessaire du futur enseignant.Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'Isère etla Manche ont développé les projets vélo et

danse. Dans l'Isère, les enseignants del'Usep, les conseillers pédagogiques, laligue de l'enseignement, l'aide des parentsqui ont suivi une formation spécifique et leconseil général ont permis à 66 écoles de

participer cette année. Dans la Manche,l’implication des dix conseillers pédago-giques d'EPS et un module de formation desenseignants ont permis le projet. On n'a riensans rien.

Tous les garçons et les filles

Même si les femmes sont plus nombreuses aujourd'hui à avoir une activité physique 48 %contre 9 % en 1968, une étude (Inserm Équipe Santé des adolescents, 1998) a montré chezles jeunes une pratique moindre chez les filles que chez les garçons, d'autant plus réduiteque l'on se rapproche des milieux défavorisés (32 % filles en Zep contre 51 % en non Zep).« Des freins d'ordre religieux et financier (...) s'ajoutent aux freins traditionnels à la pra-tique féminine et à l'inadaptation de l'offre sportive ». De fait les pratiques sociales entre-tiennent les divisions sexuées des activités d'EPS. Pour Alain Hébrard, inspecteur généralEPS, « les acteurs de l'EPS ont du mal à se départir d'exigences et de procédures d'en-seignement qui sont masculines » *. Les activités doivent donc être pensées de façonmixte et les critères d'évaluation devraient porter moins sur les performances que sur l'ac-quisition de compétences. Le BO n°10 du 10-11-2000, intitulé « De la mixité à l'égalité »insiste : « A l'école se joue autre chose que l'acquisition des seules connaissances. Le res-pect de l'autre, essentiel à une égalité authentique et concrète entre les sexes, reste àconquérir ».

* Cahiers pédagogiques n°441

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Dossier

Moins de 2 mois, voilà le tempsqu’il reste aux élèves de CM2 del’école de Vinay pour préparer la

première étape de leur participation àl’édition 2006 de Vélo citoyen. En effet, le9 mai, ils enfourcheront leurs vélos et re-joindront Vourey à 30 kilomètres de Vinay.« Chaque classe participante, elles sont66 cette année, se rend à vélo vers uneautre classe et lui présente un travail surun thème de citoyenneté. Une chaîne seforme de jour en jour pour constituer untour de l’Isère » précise Franck Presumeyresponsable de l’USEP 38. Ce projet mis en œuvre à l’échelle dépar-tementale par la ligue de l’enseignement,l’USEP et soutenu par l’inspection acadé-mique et le conseil général allie le sport àla citoyenneté. Marie-Jo Royon, l’ensei-gnante de la classe définit d’ailleurs levélo citoyen comme « une grande aventu-re qui fait à la fois appel à l’effort sportifet à l’effort de citoyenneté ».Alors pour mettre tout en place, on s’acti-ve dans la classe de Marie Jo. Après dis-cussions et débats, différents ateliers sontmis en place. De la vérification des vélos,à l’élaboration de l’itinéraire en passantpar la conception des parcours d’entraîne-ment ou la réflexion du message citoyen,tout va être détaillé et suivi jusqu’au mo-ment du départ par les enfants. Bien en-tendu Marie-Jo va orchestrer le travail desenfants, aidée à la fois par les parents « pour les sorties d’entraînement en si-tuation », mais aussi par Pierre, retraité etmordu du cyclisme qui va apporter son ex-périence.En cette première journée de mise en placedu projet, la classe a éclaté. Pierre est avecles élèves en charge de la vérification desvélos. Installés sous le garage à vélos del’école, ils passent en revue les différentscomposants d’un VTT. Comme le noteTitouan « avant de commencer dansquelques jours à vérifier les vélos desautres, on prépare une fiche technique

pour que tous connaissent les termes pré-cis ». Parallèlement les autres s’activent àd’autres tâches. Pierre et Loïc, penchés surleurs cartes testent les différents itinérairespossibles en ayant soin, selon Steven, troi-sième responsable du groupe, « d’éviterles endroits où ça monte trop et les natio-nales où ça roule trop ». Entre ceux char-gés de la sécurité routière, de l’accueil dela classe qui leur rendra visite et terminerale tour de l’Isère le 20 juin — ah ! quelledifficulté d’équilibrer des repas quand onsouhaite manger à la fois de la pizza, de laquiche et des gâteaux — la réflexion et lesdiscussions fusent. Dans la BCD, l’atmo-sphère est un peu plus calme, Anaïs lit lapremière proposition de message citoyenque son groupe va présenter à l’ensemblede la classe « Même si une personne n’estpas pareille que nous, il faut l’accepter etl’aider. Imaginez que vous êtes cette per-sonne et que personne ne vous aide ». Sielle est retenue, elle servira de base à lapièce de théâtre, l’exposition ou la chan-son qui sera offerte à la classe de Vourey.À la base du projet, il y a l’EPS et il vaprendre une place importante dans et hors

de la classe. « On ne fait pas 30 kilo-mètres comme cela, sans entraînements,sans développer les compétences cyclistesdes élèves » insiste Marie-Jo qui rappelleque l’activité sportive est le moteur duprojet. Alors, chaque matin, un parcoursdifférent va être mis en place dans la courpour, précise Amel, « apprendre à slalo-mer, à manœuvrer son vélo, à s’arrê-ter… ». Des sorties vont également ryth-mer le mois d’avril. Avec les parentsagréés pour l’activité, pendant le tempsscolaire mais aussi le mercredi après-mididans le cadre de l’USEP. Pierre qui aécumé à vélo les petites routes de l’Isèreconnaît lui, les petits coins propices à l’en-traînement des élèves. De la petite routeexclusivement réservée aux cyclistes à lanouvelle zone industrielle qui présentel’avantage d’avoir « à la fois des ronds-points, des cédez-le-passage ou des " stops " avec une circulation réduite ». Àl’idée de cette préparation, une idée germedans la tête des élèves de Marie-Jo « Et sion revenait de Vourey à vélo et pas par lebus comme prévu ? » Chiche !

Par l’exploit sportif, les élèves de l’école de Vinay, en Isère, participent à la rencontreet au débat citoyen dans le cadre du tour de l’Isère à vélo.

Tour de l’Isère à vélo

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Les maternelles dansent dans la Manche

Dans le cadre d’un projet départementald’APSA, 270 classes participent à un projet « danse » qui mobilise même les tout-petits.Reportage à Bréhal.

Àl'école maternelle Jean Monnet deBréhal (Manche), dans sa classede petite section, Françoise Rayon

a conçu et mis en œuvre un module d'ap-prentissage « Danse », proposé parl'équipe des conseillers pédagogiquesd'EPS : un succès assuré pour ce projet dé-partemental d'activités physiques, spor-tives et artistiques (APSA) qui concerneaujourd'hui 270 classes, avec, au fil desannées, une grande fidélisation deséquipes.En lien avec les objectifs du projet d'éco-le dédiés cette année à la solidarité et àl'entraide – la démarche est interdiscipli-naire -, Françoise Rayon a choisi commepoint de départ le récit tiré du livre « Lesbons amis » (Albums du Père Castor).Après avoir travaillé dès janvier sur letexte pour bien le comprendre, les petitsont été mis par la suite en situation de fu-turs danseurs. Ils ont été invités à faire

toutes sortes d'exploration pour trouverdes réponses corporelles adaptées. Les 25élèves se sont pris au jeu en élaborant les 3étapes de leur danse, symbolisées aujour-d'hui sur un grand panneau qu'ils « reli-sent » avant les répétitions. Ce travail demise en danse n'est pas évident. « Il esttrès difficile pour des petits de se départirdes gestes de la vie courante, ils cherchentà mimer les situations », constateFrançoise. Aujourd'hui la danse a pris forme et ils'agit de s'entraîner pour « peaufiner »gestuelle et mouvements dans un en-semble collectif. Les enchaînements sontmaintenant mémorisés. Ce sont les der-nières répétitions : « Il neige tant et tant...Qu'il fait froid ! », les moutons, chevauxet lapins tremblent de la tête aux pieds, ilsont faim. Sur une musique saccadée, lesenfants secouent les mains, tapotent despieds, remuent la tête... Les animaux trou-vent sous la neige de quoi manger : les en-fants se baissent et se redressent en se frot-tant le ventre. Enfin les animaux rassasiésdonnent à manger à ceux qui n'ont rien: lesenfants en ronde passent de l'un à l'autre de

grandes carottes en carton... Quand lamusique s'arrête, tous les « boutsde chou » de 2 à 3 ans se retour-nent dans la même direction pour

saluer en s'inclinant bien bas. Vientensuite un travail d'entraînement

corporel. Quelques enfants, seulsou par deux, montrent comment ils

font les tremblements. Françoise in-terroge : « est-ce que l'on voit qu'ilstremblent ? Tremblent-ils de la têteaux pieds ? Que ressentent les ani-maux ? Oui, ils sont tristes ». Pour

que les élèves sentent la spécificité decette activité de danse, Françoise est atten-tive à choisir des mots qui sollicitent l'ima-ginaire, et surtout elle évite le vocabulairetechnique comme celui de la GRS (gym-nastique rythmique et sportive). Quand la musique reprend, ensemble ontente de faire « trembler » toutes les par-ties du corps « de la tête aux pieds ». Il ne reste plus qu'une semaine avant la re-présentation à Montmartin. Les danseurs yprésenteront bientôt leur chorégraphie etseront aussi des spectateurs avertis desproductions des autres classes. Pour Philippe Delamarre, conseiller péda-gogique, plus les enfants sont jeunes, plusl'enseignant a un rôle d'aide et de proposi-tion en fonction de ce que les enfants peu-vent faire. « Par le biais de consignes, onleur permet de s'éloigner petit à petit duréel, de la simple reproduction et de secentrer plus sur l'évocation ». Mais tout ceci implique de la formation etdes accompagnements dans les écoles : parchance, le département bénéficie encorede l'investissement de 10 conseillers péda-gogiques d'EPS. Françoise participe au projet depuis longtemps parce que dit-elle : « c'est l'EPS que j'aurai aimé fairequand j'étais à l'école ». Elle aspire à uneformation sur la danse pour les tout petits.Elle constate que « plus tard dans les plusgrandes classes, les enfants s'en souvien-nent encore ». En effet c'est aussi une ex-périence de création collective exception-nelle où « chacun a sa partie à jouer »,comme le rappelle Philippe.

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Dossier

«L'idée du corps qui s'impose àl'époque moderne est résolumentnovatrice, concourant à forger une

notion de globalité de la personne humaineoù le bien-être corporel répond à des critèrespsychologiques, physiologiques, esthétiques,sanitaires... » le constat actuel de GeorgesVigarello (1) conclut temporellement une his-toire du corps et de ses représentations tou-jours en mouvement. On peut remonter loin

en arrière, « les pratiques corporellessont indissociables des classes socialesqui les pratiquent ». La sociologie despratiques sportives se poursuit au fil dutemps « mais devient beaucoup plus sub-tile ». Si force et adresse étaient les réfé-rences dans la tradition, le champ descompétences physiques s'est progressive-ment étendu : vitesse, résistance, habileté,

coordination... Moins cloisonnées, lespratiques sportives restent marquées

sociologiquement. Les prati-quants des sportséquestres ou de l'escrimene sont pas ceux de laboxe ou du football...« La grande idée

contemporaine est que lesujet peut se transformer

s'il pratique une activité phy-sique ». Cette conception ap-

paraît au carrefour de troisgrands courants de penséerappelle G. Vigarello. Toutd'abord on peut repousser ses

limites, en travaillant sur soi,la pratique physique concourt à

l'équilibre psychologique. « L'état hygiénique, ensuite,quand la IIIème république se doted'un projet démocratique » :protection des populations, ac-croissement de l'efficacité (sol-dats, ouvriers...), généralisation

de la scolarisation. Démocratie etprogrès enfin, émerge ici l'idée d'un

individu qui échapperait à son appar-tenance sociale dans un contexte

d'évolution du monde du travail, de l'appari-tion des loisirs et de l'avènement de la compé-tition.Au début du XXe siècle « apparaît la notiontotalement nouvelle d'entraînement physi-que » accompagnée des premiers descriptifsd'exercices et tableaux d'entraînement...L'attention est portée sur l'activité corporelleindividuelle. Le « discours pédagogique àvisée populaire » se développe tout au longdu XXe siècle, avec de 1970 à 1990 la multi-plication des magazines de santé, entre incita-tion à se prendre en charge et recherche de sonéquilibre global.

Le corps, c’est pas que du physique !

L’EPS semble avoir peu d’importance dansla formation des enseignants ?Pour la formation initiale, l’analyse du ca-hier des charges précédent ayant montré lepeu de performances au niveau du langage,la solution retenue a été d’augmenter forte-ment les heures de français au détriment des« petites disciplines » absentes du soclecommun comme l’EPS. On fait fausse route,ce sont plutôt toutes les disciplines de l’éco-le qui devraient être sommées de contribuerau travail sur le langage. En formation continue, l’EPS disparaît aussides plans de formation au profit d’une infla-tion de stages sur la lecture, le langage,… etsur des intitulés non disciplinaires.

Il faut donc augmenter les horaires en for-mation initiale ?Il n’est pas nécessaire d’avoir une inflationhoraire mais il faut un vécu minimal, des ex-périences personnelles. Avec des volumes endessous de 30 à 40 heures le travail n’est passérieux. Dans certains IUFM les plans deformation en EPS ne dépassent pas 15heures… Il existe différentes stratégies pourformer les enseignants. Le cours en est une,mais on peut aussi faire vivre des expé-riences concrètes, observer des enfants en si-tuation, discuter avec les collègues du ter-rain. Malheureusement, on se dirige plusvers le cours magistral fait par de brillantsuniversitaires, moins coûteux. Étudiera-t-onun jour les activités gymniques à l’école en2 heures de cours dans un amphi ?

Depuis 3 ans, certains PE sortent desIUFM avec une dominante en EPS.Quelles sont les incidences sur le terrain ?Nos dominantes sont de plus en plus dirigéesvers des aspects interdisciplinaires : EPS etéducation à l’environnement, EPS et éduca-tion à la santé, EPS et arts. Elles intègrentdes gens d’autres horizons disciplinaires ouinstitutionnels. Ce qui se joue avec les domi-nantes, c’est la formation de personnes res-sources en EPS dans les écoles, c’est-à-diredes enseignants qui vont aider à la mise enplace de l’EPS, qui vont aider le directeur,qui vont favoriser les échanges de services sibesoin est, qui vont faire valoir les exigencesde l’EPS à l’école aux municipalités dans ledébat sur les contenus enseignés par les in-tervenants municipaux… Le peu de donnéesdisponibles tendent à montrer que ce dispo-sitif provoque une augmentation du tempsconsacré à l’EPS et une relation aux interve-nants extérieurs tenant moins de la « sous-traitance » et plus du partenariat.

YvanMoulinProfesseur àl’IUFM deGrenoble

L'école suit de près ces évolutions, ses objec-tifs déclinent toujours les thèmes des capaci-tés physiques, psychiques, morales, de l'hy-giène, de la santé, de l'harmonie. Personne nesongerait plus aujourd'hui à présenter la gym-nastique de maintien comme un des fonda-mentaux de la pratique sportive. On s'intéres-se maintenant « aux voies individuelles d'ac-cès à la pratique, en fonction de la personna-lité, des appétences... » en même temps quel'E.P.S concourt à présent à l'éducation à lasanté et éduque à l'environnement...

(1) Georges Vigarello, Université paris V, directeurd'études à l'École des hautes études en sciences sociales.

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« La compétence s’exprime par l’atteinte d’uncertain niveau de performance »

Pourquoi parlez-vous de « militer pour unedémocratisation des loisirs physiques et spor-tifs » ?Dans l'évolution de nos sociétés, le tempslibre prend une part de plus en plus impor-tante. Il participe pleinement de l’épanouis-sement personnel et du bien-être psycholo-gique. À ce titre les loisirs physiques et spor-tifs, plus largement les pratiques artistiques,sportives basées sur la convivialité, le plaisir,la compétition ou l’aventure, concourent àl'insertion dans la vie. Démocratiser ces loi-sirs c'est donner le droit à tous d'accéder à ceséquilibres de vie.Les inégalités économiques et d'éducationexistent, pénétrer dans cette sphère des loisirsphysiques et sportifs n’est pas spontané.L’école a un rôle de démocratisation en ap-prenant dès le plus jeune âge que c’est pos-sible, agréable et essentiel. Il s'inscrit pluslargement dans l’éducation à la santé contrel'obésité, le tabagisme, etc...

Qu'est-ce que cela implique pour l'E.P.S àl'école primaire ?La mission essentielle de l’EPS à l’école estd'inciter les jeunes à pratiquer tout au long deleur vie. L’éducation physique doit être uneéducation sportive. Or ça fait plus d’un siècleque l’on pense l’éducation physique en secentrant sur le corps et la motricité. Surtout àl'école primaire où l'on a considéré que l'EPSdevait être une éducation motrice de basepermettant par la suite de passer à des chosesplus sérieuses. Une éducation sportive peut etdoit commencer très tôt. Les écoles munici-pales de sport ne s'y trompent pas en organi-sant une initiation sportive précoce, dès l'âgedu primaire. Ceci pose évidemment le pro-blème de l'unicité et de la polyvalence dumaître qui peut ne pas avoir les compétencespour encadrer une telle formation au sein desa classe.

Pourquoi insistez-vous sur la notion de pro-jet ?D’une manière générale, le sport se fait à plu-sieurs, c’est un phénomène de groupe avecquelque chose d’essentiel pour la construc-

tion du tissu social : l’identité que donne legroupe. Le sportif appartient à un collectifanimé par un projet : gagner un championnat,faire une ascension, un spectacle, participer àune compétition... Si apprendre de nouvelles habiletés et denouvelles techniques est essentiel, ça neprend pleinement son sens, pour les enfants,qu'au service d’un projet collectif. Ils s'ins-crivent dans cette dynamique essentielle dela pratique sportive : « je veux réussir, battreun record, gagner, faire un exploit... ».

Pourquoi vouloir faire accéder les élèves àla compétence et à la performance ?On ne pratique pas parce qu’on doit pratiquerou parce qu’il y a des règles de bonneconduite, « ne pas fumer, bien manger, pra-tiquer des activités sportives », mais parcequ’on y éprouve du plaisir. La source princi-pale de ce plaisir est le sentiment de maîtrisedes situations. On adhère à une pratique si on

trouve le moyen d’exprimer une compétenceparticulière, ce qui donne une identité : jesuis danseur, grimpeur, footballeur... L’accèsà la compétence au sein de l’école est le mo-teur principal de la motivation à pratiquerplus tard. Un enfant qui a vu la nécessité dedevenir compétent pour réaliser un projet vavivre une démarche et un plaisir essentiels :je ne savais pas faire, je suis devenu compé-tent et je suis fier de ce que j’ai appris. Lacompétence s’exprime par l’atteinte d’uncertain niveau de performance.

Performance et réussite de tous vont-ils depair ?À la différence d'un club, l’école est là pourfaire vivre ce plaisir de la réussite et de lacompétence à tous les élèves. Que ce soit unecompétition, un spectacle, cette réussite né-cessite pour l'élève d'avoir pris part à son ni-veau à des projets, d'avoir eu le sentiment dejouer une part essentielle dans le résultatfinal. Toute réussite, tout accès à la compétencedans n’importe quelle discipline, participe àla réussite globale de l’élève. L' E.P.S peutêtre un marche-pied pour les élèves qui vi-vent un échec dramatique dans leur cursusparce que le sport peut jouir d’une représen-tation plus favorable à leurs yeux. Mais lesport et l’éducation nécessitent de faire desefforts et de travailler pour réussir. Qu’est-ceque l’école a à apprendre d'autre que cela ?

Quelles conclusions pour l'activité et la for-mation de l'enseignant ?L’accès à la compétence par la réalisation ef-fective de projets ambitieux qui vont trans-former le mode de vie des élèves, approfon-dir leur expérience demande du temps, deconcevoir des cycles suffisamment longs.L'enseignant doit avoir une connaissance del'activité qui permette d'en comprendre lesens et les émotions, de lire et traduire lecomportement de l'élève pour lui permettred'apprendre. Plus que la connaissance detechniques, les apprentissages en E.P.S relè-vent de l'intuition, la perception, le réflexe etse construisent dans la pratique.

Entretien avecDidier Delignières

Le sport se fait à plusieurs, avecquelque chose d’essentiel pour laconstruction du tissu social : l’iden-tité que donne le groupe.

Didier Delignières, professeur à l’UFR STAPS de l’université Montpellier I, explique les enjeux de l’en-seignement d’EPS aujourd’hui.

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Métier

Le concours organisé cetteannée par le SNUipp, laBNF, France 5, Le monde del'éducation et La ligue del'enseignement a rencontréun succès sans précédentdans les écoles. Près de 1000productions, d'une qualitéexceptionnelle ont été ren-voyées par les classes participantes au concours « Bestiaires etmaxi-monstres ». Des centaines de courriers d'enseignants sontparvenus, confirmant l'intérêt suscité par le concours auprès deleurs élèves, et le cœur mis à l'ouvrage pour le réaliser. La sé-lection va en être d'autant plus ardue compte tenu de la multi-plicité et de l'originalité des travaux fournis par les classes pouraboutir à des bestiaires époustouflants. Le jury se réunit le 5 avril pour effectuer la difficile sélection, et les résultats serontproclamés sur le site du SNUipp dès le 6 avril (http://snuipp.fr).La classe gagnante bénéficiera d'une classe transplantée sur lethème du Moyen-âge offerte par la ligue de l'enseignement, ladeuxième d'un appareil photo numérique et les deux suivantesde plusieurs albums et livres.

50 élèves de CM2 de l'école Jean Goueslard de Fleury surOrne ont participé à la campagne « Si on se la jouaitfraternel » initiée par la ligue de l'enseignement dans lecadre de la semaine contre le racisme. A cette occasion,cette année, en lien avec l'exposition Anne Frank hébergéeau mémorial de Caen qu'ils visiteront en avril, les élèves ontrédigé chacun sur une carte postale leurs arguments contrele racisme et l'antisémitisme. Chaque carte postale, qui anécessité un travail rédactionnel d'argumentation, a étépostée sans connaître le destinataire, tiré au sort dansl'annuaire du département.

antiracisme

« Les jeux dans la cour sont une manière de contractua-

liser les relations. Par exemple, les compétitions réglées vont

remplacer les bagarres. C’est une société organisée avec des

tricheurs punis, un respect de la parole donnée. »Patrick Rayou,

chercheur en Sciences de l’éducation

Carte postale à destinataire inconnu

Toutes les écoles de cycle II de quatre groupes scolaires de la ZEP deLa Roche-sur-Yon en Vendée ont mené une recherche ethnographique

sur les jeux pratiqués autrefois dansles cours de récréation. « Au dé-part, explique Giselle Goishon, en-seignante, coordinatrice de la ZEP,il s'agissait à la fois de mieux arti-culer la liaison Grande section-CPet de renforcer le lien avec les fa-milles ». Très vite alors, autour de recherchesdans le quartier, de rencontres avecles parents et grands parents, lesélèves ont recensé tous les jeux del'enfance d'autrefois, traditionnels,calmes, d'adresse ou encore chan-tés. Un travail exploité par la suite àl'aide de mallettes de jeux et delivres dans le domaine de la maîtri-se de la langue par des travaux

d'écriture des règles du jeu mais aussi en EPS. Le site internet de laZEP (1) propose d'ailleurs toutes les pistes d'exploitation possibles. Ceprojet a reçu le prix de l'innovation éducative décerné par la Ligue del'Enseignement.

(1) http//wwwecoles.ville-larochesuryon.fr/zep (rubrique : échanges)

Jeux de rencontres - Rencontres des jeux

innovation éducative

Former l’enfant spectateur àpartir d’un travail pédagogiquesur et autour du cinéma entemps scolaire, voilà bien l'am-bition du dispositif école et ci-néma. Dans la Nièvre, depuis5 ans, ce projet est coordonnéconjointement par l’inspectionacadémique et l’association lo-cale Sceni Qua Non qui animeles pré-projections à destina-tion des enseignants en propo-sant des pistes d'exploitationen français, informatique oumême arts visuels. Ainsi, denombreuses classes du départe-ment explorent les univers cul-turels qui mènent du cinéma àla littérature en passant par les

arts. Avec le souci de mieux ac-compagner les enseignants par-ticipant au projet, Ronald Blinenseignant et chargé de mis-sion à l'action culturelle a lancéun site internet (1) dans le but demutualiser les pratiques et ex-périences dans un départementfortement rural. Les ensei-gnants peuvent venir chercherdes éléments sur un film, solli-citer une aide, discuter, propo-ser, donner en somme encoreplus de vie à leurs projets ciné-ma.

h t t p : / / w e b p u b l i c . a c -dijon.fr/ia/nievre/cinema

Des projets qui tournent…

école et cinéma concours Bestiaires et maxi-monstres

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Florence Suire, institutrice en CP

PortraitFlorence Suire estune des signatairesde la tribune intitu-lée : « D’autresméthodes que leb.a.-ba ».

La volonté ministérielle de modifier les pro-grammes sur la lecture, en imposant le dé-chiffrage en début de CP, a été le déclencheur

de la tribune intitulée « D’autres méthodes que leb.a.-ba » publiée le 10 mars dans le journal LeMonde. Tribune co-signée par dix enseignants dontFlorence Suire qui est institutrice depuis 14 ans enCP et en CE1 à l’école du Boulingrin à Vauréal dansle Val d’Oise. Ce texte, Florence le voit comme un apport com-plémentaire de « la voix du terrain » aux côtés desécrits et pétitions émanant de chercheurs, de mou-vements pédagogiques et de syndicats. Il a aussipermis aux « autres instits, qui ne pratiquent pas ledéchiffrage en début d’année, de se rendre comptequ’ils ne sont pas seuls dans ce cas ».Florence utilise une méthode analytique qui se basesur l’écriture de textes par les enfants à partir de re-cherches sur des textes de référence et permet untravail sur la segmentation des mots par analogie.Elle travaille donc le code dès le départ mais parl’écrit, « il faut rentrer tout de suite dans la com-plexité de la langue française, pour construire l’ap-prentissage de la lecture ». Ces pratiques, n’en déplaise au discours ministériel,font que ses élèves savent lire au mois de juin. Cetteannée lors des évaluations CE2, les élèves qui ontappris à lire avec Florence en CP ont obtenu 93,2 %à la reconnaissance de mots.« Le souci dans le b.a.-ba, ce n’est pas le a, c’est le b ». Cette méthode peut être « difficile pourl’enfant, notamment lors de la correspondanceentre l’oral et l’écrit ». En effet « ce n’est pas tantavec les voyelles que cette correspondance est diffi-cile mais avec les consonnes ». De plus, son ensei-gnement précoce « incite l’enfant à écrire le mot telqu’il l’entend comme jé fé un cado à ma sœur ».Mais surtout Florence ne comprend pas ce contre-pied ministériel aux pratiques pédagogiques. « Lessituations problèmes, la construction des apprentis-sages sont au cœur des actes éducatifs. Mais pourle principe alphabétique, avec une systématisationdu b.a.-ba dès le début du CP, on ne parlerait plusdu tout de découverte et d’appropriation ».

Arnaud Malaisé

Le Sceren vient de publier deux fi-chiers pédagogiques intitulés « àtable tout le monde ! », faisant lelien entre l’alimentation, la cultureet la santé. Un premier fichier re-couvre les classes de maternelle auCE1, et le second du CE2 à la 5e.Chaque module d’activités établitun lien entre l’origine des aliments,leur transformation, la place desaliments dans les différentes ap-proches culturelles. Ce travailamène à développer une prise deconscience des comportements ali-mentaires et rappelle l’importanced’une alimentation équilibrée pourla santé de chacun. Ces fichiers,

composés de présentation surchaque thématique, de fiches photocopiables et de tests d’évaluation,proposent une approche transversa-le et pluridisciplinaire de l’alimen-tation, tout en intégrant les détermi-nants socio-éducatifs et culturels.Ce document est édité par le CRDPde Montpellier.

À commander sur le site du CNDP :http://www.cndp.fr/spinoo/cndp/frame.asp?Requete=%E0+table+tout+le+monde%A0%21

Fichier pédagogique

alimentation

Les Souffleurs forment un groupe d’intervention poétique qui réunit descomédiens, des plasticiens, des auteurs, des lecteurs publics, desréalisateurs et des comédiens. La plupart du temps, sollicités par unenseignant de l’école, ils s’invitent dans les classes dans des irruptionspoétiques brèves et fulgurantes et surprennent élèves et enseignants, ensoufflant dans les oreilles des élèves et des professeurs le répertoireclassique de Prévert, Hugo, Ponge ou Du Bellay.Leurs interventions restent toujours un mystère. Ce qui les intéresse,c’est la résonance des textes dans l’esprit de chacun et rien d’autre.

www.les-souffleurs.fr

les souf f leurs ou… …L’art du chuchotement poétique en milieu scolaire

Maquette 32 pages 30/03/06 11:02 Page 21

Page 20: () ( )sur cours - SNUipp.frAnnecy F3 5p cft Pâques 15au22/04 250€ juil août 370€ ttc T.04.50.45.79.29 Arcachon mobil home 6p 350/538€/sem mars à sept T.05.56.60.06.39 34 Montp

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Métier

Laurence, Gwendoline et Martine ontété rapidement séduites par l'idée devoyager, bien sûr, mais aussi par les

multiples facettes d'un projet Coménius. « Evaluer pour améliorer l'école maternel-le », initié en novembre 2004 par les ensei-gnant(e)s de l'école maternelle Nyens, dansle quartier de la Bastide à Bordeaux est unprojet à dimension européenne prévu pour 3 ans. « Personnellement je n'imaginais pasque cela existait pour l'école, encore moinspour l'école maternelle », reconnaît Martine. L'aide d'Hervé, enseignant, initiateur du pro-jet, a été précieuse. L'enthousiasme était de lapartie : l'école a rejoint un groupe compre-nant l'Irlande du nord, la Lituanie, lePortugal, la Turquie, Chypre et l'Italie. Chacun des pays partenaires décline le thème« Evaluer pour améliorer l'école maternel-le » en fonction des besoins des écoles.L'école Nyens, classée en Zep, dont les bâti-ments sont en reconstruction, est pour l'ins-tant « délocalisée » dans un groupe scolaire

voisin. « On ne voitdonc pas ou peu les fa-milles. C'est cet axe quenous avons choisi d'étu-dier afin d'apporter dessolutions », expliqueMartine. Depuis plus d'un an lesenseignants européens se

sont rencontrés. La langue de travail est l'an-glais, inégalement maîtrisée dans l'équipe.Les cours, 6 heures par semaine pendant 5mois, sont financés par Coménius. Laconfrontation à d'autres systèmes scolairespermet de découvrir diverses pratiques. A la rentrée 2005, l'équipe a amélioré la com-munication pour accroître l'implication desfamilles : plaquette d'information pour lesnouveaux parents en petite section, planningannuel adressé à toutes les familles (projets,manifestations culturelles, conseil d'école...),rencontre individuelle avec les parents enjanvier, circulation du cahier de vie et possi-bilités de retour des familles. Les modalités,orales et/ou écrites, ont aussi été étudiées.L'évaluation a mesuré les effets sur lesélèves, tant au plan des compétences que duplaisir de venir à l'école et de la confiance. Lecoordinateur avait fourni une grille d'évalua-tion de la communication très utile. Le ni-veau d'aboutissement des projets est variableselon les pays et tous les ans l'équipe doit re-mettre des compte-rendus pédagogiques etfinanciers.

d'origine : jolis momentsd'émotion !Cette année, le projet va évo-luer. « Nous abordons la mé-diation entre élèves – enmoyenne et grande section -pour la gestion des conflits àpartir du projet de la Zep qui s'appelle “ Vers le

Pacifique ” », explique Hervé. Il s'agit d'ap-prendre aux élèves à réguler leur comporte-ment, leurs émotions. L'équipe continuel'aventure. « Ce qui est fort, c'est que pourcomprendre les choix, on est obligé de ren-trer dans la culture de l'autre, dans sa viemême », conclut Laurence. Du coup l'actua-lité parle plus : la Turquie par rapport àChypre, l'Irlande du Nord, mais aussi lePortugal dont la politique scolaire a provo-qué une forte ghettoïsation des populationsnoires du Cap Vert ou du Mozambique. Enabsorbant tous ces événements, cette réalité,ils ont le sentiment d'être européens.

Michelle Frémont

Laurence et Martine sont déjàallées en Irlande, en Turquie,sur le temps scolaire et l'été, auPortugal. Elles ont apporté desobjets qui parlent de leurécole, des cahiers pour mon-trer aux enfants ce que lesélèves français apprennent.Des chants communs circulentaussi. Au retour, la valise est pleine de gâ-teaux locaux, de costumes folkloriques, d'ob-jets, d'albums, de photos et de séquences fil-mées de la Turquie qui ont passionné lesclasses. En octobre, les partenaires européens se sontinvités à Bordeaux pour, entre autre, partici-per à la classe. L'accueil par les élèves, les fa-milles et toute l'équipe de l'école, avec lesAtsem, s'est fait en chansons autour d'unetable remplie de gâteaux. Lors des activités,les enfants s'essayaient dans les différenteslangues tout en prenant concrètement la me-sure qu'il existe « un ailleurs qu'ici ».Certains enfants ont aussi découvert desadultes qui parlent la langue de leur pays

Martine, une des ensei-gnantes« En Irlande, nous avonsdécouvert l'existence d'unesalle des parents, à côté dela salle des maîtres, danslaquelle les parents se re-laient pour assurer uneprésence continue ».

Laurence, directrice del’école« Ce projet nous sertvraiment, cela alimen-te notre réflexion,sinon on aurait tra-vaillé autrement »

« Evaluer pour améliorer l'école maternelle », tel est l'intitulé duprojet à dimension européenne, initié en novembre 2004 par les en-seignant(e)s de l'école maternelle Nyens, dans le quartier de laBastide à Bordeaux, classé en Zep.

Enseigner enEurope

Enseigner enEurope

Maquette 32 pages 30/03/06 11:02 Page 22

Page 21: () ( )sur cours - SNUipp.frAnnecy F3 5p cft Pâques 15au22/04 250€ juil août 370€ ttc T.04.50.45.79.29 Arcachon mobil home 6p 350/538€/sem mars à sept T.05.56.60.06.39 34 Montp

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Socrates, Coménius, quels sontleurs rôles ?Socrates est l'outil dont les étatseuropéens se sont dotés en matiè-re d'éducation avec une agencenationale dans chaque pays parti-cipant à l'UE. Depuis 10 ans, l'ac-tion Coménius pour l'enseigne-ment scolaire vise le développe-ment de la coopération entre lesécoles européennes (échanges, as-sistants) ainsi que la formationinitiale et continue des ensei-gnants.

De quelle nature sont les parte-nariats ?Il y a d'abord des partenariats fon-dés sur un thème disciplinaire oupluridisciplinaire (l'eau, lesplantes européennes, les oiseauxmigrateurs, les jeux anciens, lesmarelles...). Un deuxième type departenariats, dits « de développe-ment scolaire », concerne des ré-flexions axées sur la vie scolaire,le pilotage, ou bien sur des com-paraisons entre les apprentissages(lecture, langues en primaire...). Les projets doivent s'insérer dansles programmes et /ou la réflexiondes équipes pédagogiques. Leséquipes échangent par internet etlors de rencontres dans les pays

partenaires. Les élèves sont asso-ciés le plus possible et sensibilisésaux cultures des pays.

Quels types d'aides sont proposésaux enseignants ?A côté des sites européens * et desagences, la direction académiquedes relations internationales et dela coopération (DARIC) apporteson aide à toutes les étapes duprojet. Voyages et séjours sontpris en charge aussi bien que lesactivités et les productions avecles élèves.

Quelle est la place des écolesdans ces projets ?Le 2d degré qui représente 46,2 %de la population scolaire, constitue73 % des projets. Le 1er degré estsous-représenté avec 26 % des pro-jets alors qu'il représente 53,8 %des élèves en France. L'Agencedoit mieux faire connaître les pos-sibilités de Coménius. De plus,l'essentiel de ce qui est entreprispar les enseignants et leurs élèvesne se voit pas. C'est pourquoi nouscherchons à mettre en place un siteoù les réalisations pourront êtremontrées.

* www. Education.gouv.fr/int/coopsscol.htm

L'accueil par les élèves,les familles et toutel'équipe de l'école, avecles Atsem, despartenaires européens,venus à Bordeaux, s'estfait en chansons autourd'une table remplie degâteaux.

Christelle Amette,agence Socrates-Leonardo da Vinci à Bordeaux

ETUDES

Des partenariats scolaires pour seconnaître et échanger au sein de l'Europe

En ligne

Sur les bâtiments

Construction et architecture scolaireUn « Programme pour la construction et l'équipementde l'éducation » a été lancé au niveau mondial parl'OCDE (organisation du commerce et du développementéconomique). Analyses, recherches et expériences sontici rassemblées pour étudier ce quiau niveau de la construction sco-laire favorise l'éducation. Ces pré-occupations sont diversement ap-préciées entre les pays développés,plus orientés sur la sécurité et la qualité environnementa-le des bâtiments, et les pays en voie de développement,soumis à la nécessité de construire des écoles pour per-mettre l'accès à l'éducation pour tous.www.oecd.org

Observatoire national de la sécurité des établissementsscolaires et d'enseignement supérieur (ONS)Ce site donne un panorama complet concernant les acci-dents, la sécurité, la santéet l'hygiène. Il proposeaussi des rapports annuelsconcernant l'éducation na-tionale. Un espace propo-se des liens avec les textesréglementaires dans tousles domaines : l'amiante,le plomb, le radon, leséquipements sportifs, les risques majeurs ou encore lebruit...www.education.gouv.fr/syst/ons

Mise aux normes et accessibilité pour les élèves en si-tuation de handicapLa loi du 11 février 2005 concernant les personnes han-dicapées commence à produire ses effets dans la mise enoeuvre progressive des décrets d'appli-cation. Les questions d'accessibilitémais aussi de sécurité ne vont man-quer. Les établissements scolaires etles collectivités devront se conformerà de nouvelles exigences. Secrétariat d'Etat aux personnes handicapées http://www.handicap.gouv.frDélégation ministérielle à l'accessibilitéhttp://www.equipement.gouv.frMinistère de l'Education nationalehttp://www.education.gouv.fr/han-discol/

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Page 22: () ( )sur cours - SNUipp.frAnnecy F3 5p cft Pâques 15au22/04 250€ juil août 370€ ttc T.04.50.45.79.29 Arcachon mobil home 6p 350/538€/sem mars à sept T.05.56.60.06.39 34 Montp

mêmes. Il ne resta plus que Bör et Elmer…qu’une bonne tempête de neige raya de laterre. Depuis, les survivants revenus aupays vivre en bonne harmonie…

Petit-Gris (A) Elzbieta – Pastel (10,5 & 5,5 euros) Cycle 2Quand il était petit, Petit-gris et toute la fa-mille attrapèrent la pauvreté… Des chas-seurs arrivèrent presque aussitôt —Donnez-nous vos papiers ! — Ils n’enavaient pas. Alors les chasseurs déclarè-rent — Pas de papiers, pas de maison !— Et c’est ainsi que Petit Gris et ses pa-rents errèrent sur les routes, jusqu’à se re-trouver en pleine mer, sur une île précairede branchages, toujours poursuivis par leschasseurs — Pas de papiers, pas de mai-son ? Délit de fuite. Tous en prison. Nul

ne donnerait cher deleur vie… Mais Petit-Gris — et Elzbietaqui est un peu ma-gique — a trouvél’éponge à effacer lesennemis. Plus dechasseurs. La famille

vogue maintenant doucement vers unAilleurs, peut-être meilleur ! Mais ledébat interprétatif est ouvert !

On n’aime pas les chats (A) F. David, G.Alibeu – Sarbacane (14,90 euros) Cycle 2Album en hauteur aux illustrationsétranges : quelques éléments découpéscollés sur un fond de contreplaqué : per-sonnages à la plume que peu de chose nedistingue — ici des poils de moustache, làun bec — cubes noirs de maisons percésd’yeux malveillants, ici et là des poissonsmorts… Dans cet univers dur, la grâce

souriante d’un enfant chat. Seulement voilà : « C’était un chat qu’onn’aimait pas. Ni sa couleur,ni son odeur, ni son pelage,ni… Nous, on n’aime pasles chats, voilà, c’estcomme ça, ça ne s’expliquepas. » D’humiliations enbrimades, l’enfant chat affamé sera chassé.Par chance, il rejoint un pays où des êtresdifférents ont l’air de vivre en harmonie !Quant aux gens à bec, les voilà débarras-sés. Heureux ? Pas pour longtemps, car ày regarder de près, le cousin Igor ne res-semble-t-il pas à un chat ? Fable d’actua-lité : l’exclusion, ça n’arrive pas qu’auxautres.

Le petit marchand des rues (A) A. Lago –Rue du monde (12 euros) Dès 7 ans Voici un album brésilien très fort, véritableréquisitoire contre une société qui produit

misère et exclusion.Pas de texte, mais desimages hallucinéesaux couleurs vio-lentes. Un enfant, à lapeau verte de mar-tien, un de ces gossesdes rues frères de « la petite fille aux

allumettes », affronte dans l’embouteilla-ge d’un carrefour toutes les violences.Cerné par les voitures, il essaie de vendretrois fruits dans une boîte. Mais derrièreles vitres, ce ne sont que faces cramoisiesdéformées par la haine, doigts crochus re-pliés sur un sac à main, molosses gueuleouverte, mère apeurée… Lorsqu’unhomme enfin, tend la main vers le fruitrouge, c’est pour le lui voler, et lorsquel’enfant affamé se résigne à manger lefruit jaune, il se le fait chiper par unchien… Il chaparde alors un paquet surune banquette arrière… pour y découvrirune boîte semblable à la première, avectrois fruits. On aperçoit au coin de la pagel’automobiliste du début. Et la lutte sansfin pour la survie se répète… Album dur etnécessaire, osons le faire découvrir auxjeunes lecteurs.

Marie-Claire Plume

Retrouvez sur le site d’autres ouvrages pour tous lesâges sur « L’exclusion » :http://www.snuipp.fr/enseignants/frameressources.html : (Livres de jeunesse : Exclusions)

Quatre petits coins de rien du tout (A) J. Ruillier – Bilboquet (12 euros) Cycle 1Comme dans « Petit Bleu Petit jaune »,

des formes géomé-triques évoluent sur destoiles colorées. Imagesabstraites pour conteraux petits l’histoired’un petit Carré bleuqui joue dans la couravec ses copains lesRonds. Quand la

cloche sonne, tout le monde rentre dans lamaison. Tous, sauf Carré bleu. Commentles rejoindre, la porte est ronde ! Il a beaus’allonger, se transformer, rien n’y fait, ilne sera jamais rond ! Mais les autres nel’abandonnent pas, chacun cherche, jus-qu’à trouver une solution qui lui permettred’avoir sa place dans la maison. Un albumtendre sur la solidarité contre l'exclusion.

La saison des bannis (A) Stibane Pastel(11,5 euros) Cycle 2« Depuis toujours, dans la grande forêt,les petits rongeurs vivaient en bonne en-tente ». Mais un jour, des nuées apparu-rent. Puis la pluie, puis la neige... Onn’avait jamais vu ça. La faim, la peur

s’installèrent. « Il y aforcément un coupa-ble ! » souffla Elmer, lasouris grise. Bör le ratprit le commandementet désigna un boucémissaire. Il bannitd’abord la musaraigne

— personne ne protesta — Puis ce furentles mulots, puis les souris — personne nes’opposa — enfin, les musaraignes. Lestrois derniers rongeurs partirent d’eux-

De l’exclusionLittérature de jeunesse

C’était la semaine contre le racisme. Mais il y a mille et un prétextesà l’exclusion : couleur de peau, religion, ethnie, sexe, âge, handi-cap, pauvreté... Lutter contre toutes formes d’exclusion, c’est peut-être les dénoncer, contribuer à créer un monde plus solidaire et sansdoute apprendre dès le plus jeune âge, le respect de l’autre dans sadifférence et sa richesse. Voici quelques titres pour les cadets.

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Métier

Maquette 32 pages 30/03/06 11:02 Page 24

Page 23: () ( )sur cours - SNUipp.frAnnecy F3 5p cft Pâques 15au22/04 250€ juil août 370€ ttc T.04.50.45.79.29 Arcachon mobil home 6p 350/538€/sem mars à sept T.05.56.60.06.39 34 Montp

de collègues ayant unequalification en languerégionale ou une faibleancienneté dans le dé-partement. Ces interdic-tions ont été levées par-tiellement.

Les cotisations autitre de la retraiteadditionnelle de lafonction publique(RAFP), mise en œuvreà compter du 1er janvier2005, sont prélevéesmensuellement pour lesprimes et indemnitésversées par l’Éducationnationale et annuelle-ment pour celles verséespar les autres em-ployeurs, comme lescollectivités territorialesdans le cadre des can-tines et études. Ce prélè-vement annuel est ac-tuellement en cours derégularisation, les ensei-gnants percevant desprimes et indemnitéshors éducation nationale

Les permutationsnationales de 2006ont vu une baisse sen-sible des possibilités demutations, le nombre decandidats était de 15 873et 40,20 % ont obtenusatisfaction contre 42,74 % l’an passé. Demême, 57,33 % des de-mandes pour rapproche-ment de conjoints ont étésatisfaites contre 60 %l'an passé.Cette baisse est due à ladiminution du nombrede postes disponibles, 40départements sont excé-dentaires. La mise enplace de la LOLF, parl'absence de souplesse,et le départ différé à laretraite de nombreuxpersonnels, suite à la ré-forme de 2003, ont en-gendré cette situation.Les délégués du SNUippsont intervenus pourlever l’interdiction departiciper par lesInspecteurs d’académie

doivent recevoir un avisde régularisation. En ab-sence de cette régulari-sation, ces primes et in-demnités ne seront pasprises en compte pour laretraite additionnelle.

La liste des princi-pales fêtes reli-gieuses des différentesconfessions donnantdroit à des autorisationsd’absence pour l’année2006 établie par la circu-laire n°2106 du 14/11/05de la Fonction publiqueest la suivante :Fêtes arméniennes :lundi 24 avril (commé-moration du 24 avril)Fête bouddhiste : same-di 13 mai (fête du Vesak–jour de bouddha)Fêtes juives : samedi 23et dimanche 24 sep-tembre (Roch Hachana –jour de l’An) et lundi 2octobre (Yom Kippour –jour du grand pardon)Fêtes musulmanes :

Ayant obtenu satisfaction à ma demande de permutation informatisée, ai-jeencore la possibilité de l’annuler ?Une demande d’annulation de permutation, après avoir eu connaissance des résul-tats, peut être sollicitée. Il faut établir cette demande, en la motivant, auprès del’Inspecteur de l’académie d’origine ainsi qu’auprès de l’Inspecteur de l’académied’accueil. Ces demandes sont soumises aux deux CAPD pour avis. Si les deuxInspecteurs d’académie émettent un avis favorable, la permutation est annulée.

J’ai obtenu simultanément mon départ en stage CAPA-SH et ma permutationinformatisée, partirai-je en stage dans mon nouveau département ?En cas d’obtention simultanée d’une permutation et d’un départ en stage CAPA-SH ou d’un congé formation, le congé ou le stage sont annulés. La décision peutêtre cependant modulée selon les départements.

Je n’ai pas obtenu satisfaction à ma demande de permutation, quelles dé-marches dois-je suivre ?Il faut faire une demande d’exeat (autorisation de sortie) auprès de l’IA du dé-partement d’exercice, accompagnée d’une demande d’inéat (autorisation d’en-trée) adressée à l’IA du département demandé. Ces demandes doivent obligatoi-rement transiter par voie hiérarchique. Elles seront examinées en CAPD courantjuin. Pour des informations complémentaires, prenez contact avec votre sectiondépartementale du SNUipp.

Quest ions / Réponses

B.O n°9 du 2 mars 2006 - Santé scolaire, pré-cautions avec la grippe aviaireB.O n°10 du 9 mars 2006 - Scolarisation desélèves handicapés, parcours de formation desélèves présentant un handicapB.O n°11 du 16 mars 2006 - Actions éducativesen faveur de la langue française - année 2006B.O n°12 du 23 mars 2006 - Candidatures à unposte dans les écoles européennes - rentrée 2006

Métier infos servicesinfos services

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mardi 11 avril (AlMawlid Annabawi -Lanaissance du Prophète)et mardi 24 octobre (AïdEl Fitr - fin duRamadan)

La date limite dedépôt de la déclara-tion d’impôts sur lerevenu est fixée actuel-lement au 30 mai 2006 àminuit. Cette déclarationcomporte quelques nou-veautés cette année :- Elle sera pré-rempliepour les salaires et traite-

ments. - Les salaires versés auxétudiants ou lycéensâgés de 21 au plus au 1er

janvier 2005 pour uneactivité exercée pendantles congés scolaires ouuniversitaires ne sontpas imposables dans lalimite de 2434 euros(1217 x 2).- La cotisation syndicalede l’année 2005 ouvredroit à une réductiond’impôts égale à 66 %de son montant.

TAUX DES PRESTATIONS INDIVIDUELLES INTERMINIS-TÉRIELLES D’ACTION SOCIALE AU 1ER JANVIER 2006(CIRCULAIRE FP/4 N°2112 DU 17 JANVIER 2006)

Enfants handicapés

Chèque vacances

Célibataire avec 16 878 € de RFR

Couple marié avec 2 enfants et 26 932 € de RFR

10 % de bonification

20 % de bonification

Ils reposent sur une épargne préalable du bénéficiaire majoréed’une participation de l’employeur modulée de 10 à 25 % enfonction du revenu fiscal de référence (RFR). Exemples :

Le dossier est disponible auprès de sa section mutualiste.

Pour une étude de vos droits au versement de ces avantages fi-nanciers, adressez-vous au service gestionnaire des prestationssociales de votre académie.

Allocation aux parents d’enfantshandicapés de moins de 20 ans

Allocation pour les enfants infirmespoursuivants des études ou unapprentissage entre 20 et 27 ans

Séjours en centre de vacances spécialisés

Séjour d’enfants handicapés de moins de 20 ans en maisons ou villages familiaux devacances et en gîtes de France

139,21 €/mois

110,14 €/mois

18,22 €/jour

6,28 €/jour

Maquette 32 pages 30/03/06 11:02 Page 26

Page 24: () ( )sur cours - SNUipp.frAnnecy F3 5p cft Pâques 15au22/04 250€ juil août 370€ ttc T.04.50.45.79.29 Arcachon mobil home 6p 350/538€/sem mars à sept T.05.56.60.06.39 34 Montp

L’assouplissementdes règles du droitdu travail est-elle la

solution pour lutter contreun chômage de masse per-sistant depuis les années1990 ? Les contrats nou-velles embauches (CNE) et contrat premiè-re embauche (CPE) s’inscrivent en toute lo-gique dans ce postulat que porte à bout debras le premier ministre.Ainsi, l’instauration d’une période d’essaide deux ans assortie d’une autorisation delicenciement non justifiée, dans les deuxcontrats, ouvre une brèche dans un code dutravail jugé trop rigide et même trop protec-teur pour les salariés par les partisans de laflexibilité, code qui serait de l’aveu mêmedu patronat « préjudiciable à l’embauche età l’emploi ». L’initiative gouvernementalepuise son argumentaire chez nos voisinscomme en Grande-Bretagne, où la quasi ab-sence de réglementation serait, à l’origined’un taux de chômage deux fois moinsélevé qu’en France (4,5 % contre 9,6 %).Une récente enquête de l'OCDE décrit ef-fectivement une réelle coupure des formesd’emploi entre stables et précaires dans lemarché du travail. Ceci étant, elle se gardebien de conclure à un impact réel de la flexi-bilité sur la création d’emplois.Et pour cause, « cette stratégie est ineffica-ce pour réduire durablement le chômage »,expliquent Pierre Cahuc, économiste, àl'Université de Paris I et Stéphane Carcillo,économiste et chercheur au CNRS qui onteux mesuré l’effet attendu par ces nouveauxcontrats. Dans une maquette du marché dutravail français, leur estimation est sansappel : « un contrat de type CNE, CPEn’apporte pas grand-chose, environ la créa-tion de 70 000 emplois. Certes poursuiventles deux économistes, 70 000 emplois, cen’est pas rien pour une mesure qui ne coûterien aux finances publiques » mais encore,

faudrait-il ouvrir ce type de contrat à l’en-semble du secteur marchand pour obtenirseulement une petite baisse d'un 1/2 pointdu taux de chômage. Pas de quoi résorber enprofondeur un chômage structurel de masse.Plus encore, l’analyse montre que les de-mandeurs d’emploi subissent le coût duCPE et du CNE « l’augmentation de l’in-stabilité des emplois devrait nuire à leurbien être », puisqu'en parallèle aucune ré-flexion n'est menée sur des parcours profes-sionnels sécurisés comme dans le fameuxmodèle danois (chômage à 5 %).En fait, ces nouveaux contrats ne changentrien au fonctionnement réel du marché. 70 % des embauches en entreprises se fontdéjà sous forme de contrat à durée détermi-née. « Dès lors, argumentent les deux éco-nomistes, ces contrats n'apportent que desavantages marginaux par rapport au CDD ». On peut donc s'attendre, à un im-pact faible sur l'emploi. D'autant qu'auxnouvelles embauches sécrétées par cescontrats correspondent de nouveaux licen-ciements qui ne sont plus à motiver et pou-vant se faire du jour au lendemain. A l'évi-dence, cette forme de flexibilité ne se fondesur aucune légitimité économique et risquemême de jouer sur la conjoncture. Enfin,l'effet psychologique sur ces salariés de plusen plus précaires risque d'avoir des consé-quences contraires à l'objectif recherché.Et pourtant, toutes les études montrent que,lorsque la croissance est là, l'emploi redé-marre, le chômage se réduit, le tout au bé-néfice, en premier lieu des plus jeunes.

Sébastien Sihr

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Réflexions

CNE, CPE : économiquement inefficace ?

CNE, CPE : économiquementinefficace ?

L e u r a v i s

Philippe Martin, professeur à Paris Iet chercheur au Ceras-CNRS« Le gouvernement annonce près de300 000 embauches en CNE depuis 6mois et conclut à l'efficacité de sa ré-forme. C'est oublier qu'une embauchen'est pas l'équivalent d'un emploi créé.Les embauches en CNE viennent enpartie se substituer à celles qui en l'ab-sence de CNE, auraient eu lieu de toutefaçon en CDD ou CDI ».

Laurent Hénart, député UMP, rappor-teur du projet de loi sur l'égalité deschances « En matière d'emploi, le CPE répondau moins à deux obstacles : il lève desfreins à l'embauche qui se font sur lespossibilités de création à chaque dixiè-me de croissance. De plus, il orienteplus d'emplois vers les 16-25 ans ».

Thomas Piketty, économiste« Anticipant la précarité, le salarié in-vestit moins (professionnellement), ettout le monde est perdant. C'est pour-quoi il est dans l'intérêt du salarié et del'employeur, et de l'efficacité écono-mique en général, de réglementer stric-tement les contrats de travail, et notam-ment les conditions de licenciement ».

Michel Godet, professeur au conser-vatoire des arts et métiers (CNAM) « Le CPE est une mauvaise idée. Car ilva précariser les jeunes qui s'insèrentsans trop de difficultés sur le marchédu travail et ne résoudra pas les pro-blèmes d'accès à l'emploi des non-di-plômés et sur-diplômés. Il faut s'atta-quer aux deux extrêmes. Il faudrait lut-ter contre l'échec scolaire et repenser laquestion de l'orientation professionnel-le des jeunes, car certaines filières sontdes impasses » .

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Né en 1956, sous le nom de « Maternité heureuse », son objectifétait de légaliser le droit à la contra-

ception et de lutter contre les avortementsclandestins. À partir de 1961, le MFPF a ou-vert ses premiers centres, dans l'illégalité. En1973, il décidera même de pratiquer des in-terruptions de grossesse jusqu'à ce qu'en 1975la loi Weill autorise l'avortement et légalise ledroit à la contraception.Maintenant établi par la loi, ce droit à une ma-ternité choisie et à la liberté des femmes dedisposer de leur corps ne cesse d'être contestéde manière indirecte: mauvaise information,conditions d'accès difficiles àla contraception et à l'IVG,remboursements insuffisants,réticences du corps médical(y compris pour reconnaîtrel'interruption médicale degrossesse). Il a fallu obtenir ledroit au remboursement(1983) et résister aux actionscommandos contre les centresIVG dans les années 90... « Rien n'est jamais acquis »a alerté Maïté Albagly, prési-dente de l'association.Aujourd'hui les objectifs dumouvement l'impliquent deplus en plus au niveau international commelors de la IVème conférence des femmes àPékin en 1995 ou pour le soutien aux reven-dications des femmes en Irlande ou enPologne, avec, à terme, l'objectif de faire évo-luer les textes législatifs européens. Le MFPForganise aussi des formations pour les per-sonnels médicaux, sociaux et de l'enseigne-ment en Europe comme en Afrique ou mêmeen Asie dans le cadre de l'IPPF, la plus impor-tante ONG mondiale en matière de planifica-tion familiale. Au fil du temps, le MFPF a élargi ses inter-ventions à toutes les violences faites auxfemmes (viols, abus sexuels, harcèlement,violences conjugales, prostitution...), en parti-culier aux plus fragilisées, comme les femmesimmigrées confrontées de plus aux mutila-

tions sexuelles, mariages forcés... Reconnumouvement d'éducation populaire depuis1971, le MFPF se déclarera aussi mouvementféministe en 1983. Le « Planning fami-lial », c'est avant tout un « lieu de paroleconcernant la sexualité et les relations amou-reuses afin que chacun-e, hommes et femmes,jeunes et adultes, les vivent dans le partage,le respect et le plaisir » (1). Il n'y a pas de sujettabou, secret et anonymat sont garantis. Desanimateurs et animatrices formés à l'écoute etau conseil conjugal et familial, accueillenttout un chacun dans les 70 antennes départe-mentales ou centres de planification: s'infor-

mer sur la sexualité, la contra-ception, les maladies sexuelle-ment transmissibles, parler detoutes les formes de violences,

Le Mouvement français pour le planning familial (MFPF) qui vient de fêter ses cinquante ans a encore de nombreux combats devant lui.

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Réflexions

prendre une décision d'avortement et déculpa-biliser, obtenir la pilule du lendemain (depuis1988)...Faire évoluer les mentalités passe inévitable-ment par l'éducation. C'est pourquoi le MFPFse met à disposition des écoles et établisse-ments scolaires pour l'éducation sexuelle (2).Les militant-e-s s'attachent à une formationqui ne traite pas que la reproduction et la pré-vention des maladies comme c'est souvent lecas. Il s'agit d'aborder réellement tout ce quitouche à la vie amoureuse et sexuelle, à lamixité, aux normes et valeurs morales commeà l'évolution des mœurs.

Michelle Frémont(1) http://planning-familial.org(2) BO n°9 du 27-02-2003 sur l'éducation sexuelle àl'école primaire, au collège et au lycée.

50 Planning familial : années pour le droit des femmes à être respectées

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En 2002, « Le nouvel Hollywood », de PeterBiskind, racontait l’histoire secrète du ciné-ma américain des années 70. Ce nouveaulivre raconte les années 90.La méthode est la même : descentaines d’entretiens, deconfidences, de bruits decouloir, de fonds de tiroir etsouvent de fonds de pou-belles aboutissent à six centspages d’un incroyable récit.Méthode incontestable sur leplan scientifique : il est diffi-cile de comprendre l’histoiredu cinéma sans savoir qu’onpeut s’y écharper, s’y humi-lier, s’y haïr à tous les étages.Et qu’à la fin, les films sontlà, parfois sublimes, sans queles spectateurs soupçonnent les remuglesdans les coulisses. Il y a trop d’argent, tropd’orgueil, trop de soif de puissance pour queles choses se passent dans la douceur. C’estdonc une nouvelle fois un livre cruel et pas-sionnant. Mais, si on peut oser le paradoxe,c’est un livre à la fois passionnant et en-nuyeux. D’abord parce que les héros ne sont

plus aussi brillants que Scorsese ouCoppola, comme dans le livre précédent. Ens’attachant à l’histoire des frères Weinstein

et au festival de Sundance,Biskind répète indéfinimentdes scènes d’une violence in-croyable. Répétition fascinan-te qui aboutit à un traité demorale à l’envers qui fait ré-fléchir sur l’art et la significa-tion du mot « honnêteté »dans ce monde si étrange.Biskind fait l’histoire du ciné-ma “ indépendant ” en mon-trant à quel point indépendantne veut pas dire « sympa-thique ». Travailler loin desgrands studios n’est pas uncertificat de pureté. Il n’insis-

te pas beaucoup, c’est vrai, sur ceux qui ontsu rester à l’écart, comme Woody Allen, JimJarmusch ou Tim Burton. Et il accentue unpeu trop l’aspect infernal de son récit. Maisson livre est incontournable.

René Marx

Sexe, Mensonges et Hollywood, Le Cherche-Midi, 21 €

Cinéma Sexe, mensonges et Hollywood

Musique Anniversaire

2 avrilNon à l'immigration jetable.Contre le projet de loi CESEDA surl'immigration, se tiennent des concertset des stands place de la République àParis de 13h à 19h.www.contreimmigrationjetable.org

5 avrilRencontre-débat sur le thème « Violence scolaire : quelles solu-tions ? »organisée par la maison des enseignantsà Parishttp://lamaisondesenseignants.cominscriptions: [email protected]

5 avrilColloque « Accompagnement à lascolarité : quels enjeux et quelles pra-tiques ? »organisé par les CEMEA à Lannion(Côtes d'Armor).Programme sur www.cemea.asso.frRens et inscr: CEMEA Bretagne 02 9890 10 78

10 et 11 avrilPremières assises nationales de la pro-tection de l'enfance à Angersprogramme: http://www.odas.netRens: Florence Barbier 01 53 10 24 [email protected]

1er maiFête du travailManifestations dans toutes les grandesvilles de France. Contact SNUipp pour le lieu et l'horaire

5 et 6 maiColloque des Francas « Action éduca-tive locale et service public »à Clermont-Ferrandprog: http://www.francas.asso.fr

17 maiColloque « La finalité de l'école »à Paris (Institut de France - Fondationdel Duca, 10 rue Alfred de Vigny,(Paris, 17ème) de 9h à 17h.www.lire-ecrire.org

L’ a g e n d a

puis les an-nées 60. Lepremier volu-me concernele cinémaafricain fran-cophone de1975 à 2005.

LaureGandebeuf

Les 20 ans de Label Bleu le mardi 28 mars 2006 àAmiens et le mardi 25 avril à la Cigale à Paris.AfricaVision : Anthologie musicale du cinéma africainBuda MusiqueCompilation 20 ans Label Bleu

Label Bleu fête ses 20 ans et pour l’occa-sion sort une compilation de ses artistesphares. Magic Malik, Stefano Bollani,Julien Lourau, Fred Poulet, Nano, Le trioRomano-Sclavis-Texier, Piers Faccini,Vincent Segal, Rokia Traore, Bojan Z,Duoud et quelques autres. De jolies flâne-ries musicales en perspective, histoire depiocher les perles rares dans ce Label fidèleet audacieux à la fois. Deux concerts vien-dront célébrer cet événement.Avec AfricaVision, Buda musique sort lapremière collection consacrée aux musiquesdes films d’Afrique. Cette anthologie en 10CD présente les musiques originales desfilms tournés en Afrique subsaharienne de-

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D’après l’analyse de l’INSERM, il semblepossible de déterminer chez les enfants detrois ans de futurs comportements délin-quants ou déviants. Qu’en pensez-vous ?Ce n’est pas parce qu’un enfant a éventuel-lement des vrais troubles des conduites,c’est-à-dire qu’il est énervé, qu’il fait descolères, qu’il ne se rend pas compte qu’ilfait mal à l’autre que forcément il sera dé-linquant. Il peut avoir des difficultés rela-tionnelles, rentrer dans un échec scolaireparce qu’il est rejeté par les autres mais cen’est pas une prédestination par rapport auxcomportements délinquants. La difficulté del’analyse INSERM c’est que dans la façondont sont présentés les travaux on passeraitde la prévention à une situation de prédic-tion.

Quels sont les risques de cette analyse ?En premier lieu, déterminer des facteurs derisques très forts chez un petit, c’est mettresur lui un système de prédiagnostic et arri-ver à ce que l’on appelle l’effet pygmalion.C’est-à-dire qu’il finisse par se conformer àce qu’on attend de lui. Autre point, dire à des parents que leur en-fant a le risque de devenir délinquant plustard va forcément changer leur regard surleur enfant et sûrement pas de manière posi-tive.

Quelles sont les différences entre un en-fant colérique, agressif et un enfant ris-quant de dévier ?Les troubles de conduite, ce sont des symp-tômes qui sont répétés, des agressionscontre les autres sans aucun sentiment deculpabilité. Cette répétition des faits faitpenser que ces enfants ont des difficultésdans la relation à l’autre. Mais à 3 ans,même s’ils ont des vrais troubles desconduites, la seule chose que l’on peut dire,c’est « attention, cet enfant est en risque dene pas aller bien dans sa relation », maissurtout pas, « il va devenir forcément délin-quant ». Lui mettre cette étiquette, c’est ou-blier qu’il y a derrière ses agissements unepsychopathologie non univoque, liée à desdifficultés de nature différente chez beau-coup d’enfants, même s’ils arrivent à pré-

senter un « symptôme troubles desconduites » identique dans sa forme. Alorsrepérer les enfants à problèmes le plus tôtpossible, oui bien sûr, mais sans leur mettreune étiquette réductrice extrêmement in-quiétante pour tout le monde notammentpour leurs parents.

L’analyse de l’INSERM semble éloignéede l’approche française des troubles desconduites ?Les recommandations qui terminent l’ana-lyse INSERM sont très empreintes d’uneculture anglo-saxonne en termes de pro-grammes d’éducation, de rééducation, dethérapies cognitives ou comportementales.Elles sont différentes de l’approche globalede l’enfant qui s’inscrit dans un regard psy-cho-dynamique plus français, à travers la-quelle nous essayons de prendre en comptedes aspects beaucoup plus larges dans la re-lation enfant – famille, et notamment lafaçon dont les parents se situent intérieure-ment par rapport à leur enfant.

Par ailleurs, l’expertise ne prend pas bien encompte ce qui est fait à l’heure actuelle enFrance. En effet, les enfants atteints detroubles des conduites sont très souvent re-pérés à l’école et envoyés dans les CentresMédico Psychologiques qui proposent desdispositifs multidimensionnels de soin,multifactoriels dans l’approche. Nous y or-ganisons des groupes de jeu dramatique, desateliers d’écriture pour les plus grands, dupsychodrame, des ateliers autour de la vidéoou du théâtre. Tout cela peut aider l’enfant àcomprendre ce qui se passe en lui quand ilest violent. Parallèlement, nous rencontronsles familles. C’est dur et injuste d’entendre dire qu’on nefait rien pour ces enfants. C’est vrai que surle plan du champ sanitaire, les moyens man-quent. Il faut sans doute que le plan de santémentale qui soulignait ces manques demoyens soit appliqué plutôt que de chercherà calquer en France une organisation dessoins qui ne lui correspond pas et ne prendpas compte ce qui existe déjà.

L’expertise de l’INSERM met égalementen avant l’utilisation des médicamentspour les jeunes enfants.Là encore le médicament n’est présenté quepar rapport aux symptômes. La solutionn’est pas de donner un médicament quandles thérapies proposées par la plupart desétudes anglo-saxonnes et qui se réduisent àdes rééducations cognitivo comportemen-tales échouent.En France, il existe des entretiens familiaux,non sous-tendus par des actions rééduca-tives, mais qui cherchent à comprendre avecles parents le sens profond et particulier dece qui se passe dans leur relation. C’est plusefficace et en général on a moins besoin demédicaments. Prescrire un médicament, cen’est pas dans l’idée de guérir une « mala-die » mais c’est une aide à un momentdonné par rapport à une situation donnée,dans une prise en charge thérapeutique glo-bale, et non pas en dernier recours.

Propos recueillis par Philippe Hermant

Réflexions

Catherine Graindorge,chef de service de

pédopsychiatrie et professeurde l’Université Paris XI

« Repérer les enfants à problème sans coller d’étiquette »

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