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Sortir du nucléaire www.sortirdunucleaire.fr n°34 | mars à mai 2007 | 3 Actualités du nucléaire et de ses alternatives Réseau “Sortir du nucléaire” | 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 | Tél : 04 78 28 29 22 MOBILISATION HISTORIQUE ! © P. Aussant

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Sortir du nucléaire

www.sortirdunucleaire.fr n°34 | mars à mai 2007 | 3€

Actualités du nucléaire et de ses alternatives

Æ

Réseau “Sortir du nucléaire” | 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 | Tél : 04 78 28 29 22

MOBILISATION HISTORIQUE !

©P.

Auss

ant

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Le 17 mars, nous étions 62 000 pour dire “Non à l’EPR” et à la relance du nucléaire.C’est une vraie leçon de démocratie donnéeà ceux qui nous imposent l’énergienucléaire.

Un sacré succès dans la droite ligne des plusgrandes mobilisations antinucléaires : 40000 à Rennes (du fait d’une plus procheproximité de l’EPR), 8000 à Lyon, 5000 àToulouse, 5000 à Strasbourg et 4000 à Lille.

Une belle réussite après les 30 000 manifes-tants de Cherbourg en avril 2006 qui témoi-gne une fois de plus du travail quotidien decentaines de militants locaux.

Ce succès est le vôtre !

L’ensemble des médias (presse, radios ettélés) a largement relayé notre message. Iln’est maintenant plus possible au futur pré-sident de la République d’ignorer notreappel à un avenir sans l’EPR. D’autant plusque 59% des Français se prononcent enfaveur d'une diminution du nucléaire enFrance (1).

Efficacité énergétique, économies d’éner-gies et énergies renouvelables sont les seu-les solutions acceptables pour l’avenir. Ellesne polluent pas, sont plus sûres et beau-coup plus créatrices d’emplois que lenucléaire !

Après le succès du 17 mars,transformons l’essai !

Suite au “débat public” bidon, les travauxdits “préliminaires” (fondations…) de l’EPRen Normandie ont démarré depuis l’été2006. Le 11 avril 2007, soit onze jours avant lepremier tour des Présidentielles, le gouver-nement a fait un passage en force en sortantle décret autorisant la construction de l’EPR.Le Réseau Sortir du nucléaire a immédiate-ment attaqué ce recours en justice auprèsdu Conseil d’Etat.

Rien n’est encore joué, les premiers travauxsur la partie nucléaire n’auront pas lieuavant décembre 2007 et EDF espère une miseen service du réacteur au mieux d’ici 2012.

Tout est encore possible :

ce qu’une politique a fait, une autre politi-que peut le défaire. Quels que soient nosfuturs gouvernants, nous empêcherons quel’EPR, ce projet coûteux, dangereux et inu-tile, condamne la France à l’impasse éner-gétique.

Nous mettrons tout en oeuvre pour qu’aulendemain de la prise de fonction du nou-veau Président ou de la nouvelle Présidentede la République - avant même les législa-tives - son gouvernement annule tous lesdécrets d’État et les arrêtés préfectoraux etinterrompe les travaux de l’EPR.

Nous pouvons gagner : continuons à nous mobiliser !

Didier ANGER

(1) Sondage européen Eurobaromètre defévrier 2007 réalisé dans les 27 états de

l'Union européenne et auprès de26 000 personnes.

ce succès est le vôtre !

Editorial

Vie des groupes

Les positions des candidats à la présidentielle

17 mars : à vous la parole

Une BD irremplaçable

En bref

Des doutes sur la sûreté

Brennilis : quel démantèlement ?

Maison passive sanschauffage !

Sauver l’Institut Belrad

Irradié jusqu’aux os

Contamination à l’uranium

Fribourg :L’enjeu environnemental

Eco quartiers

Diviser par deux sa consommation

Effet de serre et nucléaire

Le nucléaire dansles écoles

A lire absolument

Végétarisme et nucléaire

Résistance contre la centrale nucléaire du Blayais

Cancers et nucléaire

Sommaire Editorial :

17 mars P. 2

P. 3

P. 5

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P. 17

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P. 22

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Vie des groupes

Mobilisation pour les 50 ans de l’Europe. Un traitépeut en cacher un autre : le 25 mars 1957, jourmême de la signature du Traité de Rome, sans lamoindre consultation de la population, les diri-geants européens validaient un autre traité, tou-jours en vigueur aujourd'hui : Euratom.

Euratom sert à financer et promouvoir le nucléairedans l'Union européenne (et au-delà). Du coup,même les pays qui ont refusé l'atome sont obligésde consacrer de l’argent à cette énergie pourtant sidangereuse et polluante.

Aussi, le 23 mars 2007, des citoyens de différentspays européens ont remis à Andris Piebalgs,Commissaire européen chargé de l'Energie, plus de630 000 signatures demandant l'abrogation dutraité Euratom.

Cette remise de signatures était précédée d’unecyclo-marche (parcours en vélo et à pied) qui étaitpartie le 17 mars de Lille, après la manifestationcontre l'EPR.Le Réseau "Sortir du nucléaire" attire l'attention del'opinion sur le caractère fondamentalement anti-démocratique du traité Euratom :

- il a été décidé par quelques technocrates sans lamoindre consultation populaire, et ne comporteaucune date de fin de validité !

- il est contraire aux aspirations de 80% de la popu-lation européenne qui ne souhaite plus le moindreinvestissement dans le nucléaire, pour privilégierles économies d'énergie et le développement desénergies renouvelables.

630 000 signaturesdéposées à Bruxelles contre le traité "Euratom"

Action spectaculaired’occupation d’unpylône THT

Les 14 et 15 avril, quatre militants du Réseau Sortirdu nucléaire ont occupé pendant 40 h un pylônetrès haute tension (THT) près de la centralenucléaire de Flamanville (Manche) pour dénon-cer la construction du réacteur EPR sur ce site.

Munis de hamacs et de vivres, ils se sont accrochésà mi-hauteur d'un pylône relié à la centralenucléaire de Flamanville, à quelques mètres sousdes câbles transportant de l'électricité à 400.000volts. Les médias (TV, radio, presse) ont largementrelayé cette action remarquable.

Rejoignez le Groupe d’action non violente antinu-cléaire soutenu par le Réseau Sortir du nucléaire enprécisant votre motivation, vos suggestions et voscompétences (grimpeur...).

© Les Amis de la terre

© A. Correa

Ecrivez à :David Lami - 37, avenue de la Libération

76 370 Neuville Les Dieppe E-mail : [email protected]

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Depuis janvier 2007, le Réseau "Sortir du nucléaire" a mis sur pied un réseau d'interve-nants/conférenciers. Nous avons référencé plus de 200 personnes à travers la France,volontaires pour présenter un diaporama et animer des débats sur le thème “Nucléaire oualternatives, quelles énergies pour demain ?”.

En quatre mois, plus de 120 réunions-débats ont déjà eu lieu dans de nombreuses régions, et ce projetcontinue ! L'objectif est d'informer et porter nos propositions dans le plus grand nombre de communespossible, au moins jusqu'aux élections municipales et cantonales de mars 2008.Tout le monde peut organiser une réunion, de 3 à 300 personnes, grâce au "livret de l'organisateur" quiréunit conseils et liste des intervenants, à demander gratuitement. N'hésitez pas aussi à faire connaîtrece projet et remettre le livret de l'organisateur à d'autres personnes susceptibles d'organiser une ren-contre (café débat, soirée MJC, conférence scolaire, animation maison de retraite...).

Greenpeace met lapression sur le projetEPR qui tourne audésastre en FinlandeOlkiluoto, Finlande — Vers 8h30 le 4 avril2007, trois zodiacs ont quitté l'ArcticSunrise, le navire de Greenpeace à l'ancredepuis deux jours à quelques encablures duchantier de construction de l'EPR, sur lapéninsule d’Olkiluoto, au sud-est de laFinlande.

A leur bord, dix-sept activistes deGreenpeace. Malgré l'importantdéploiement des forces de l'ordre, ilsont réussi à se positionner devant lesgrilles du chantier et à déployer desbanderoles portant l'inscription« French nuclear disaster », pourdénoncer les innombrables problèmesde sûreté rencontrés sur ce chantier.

Depuis le lancement des travaux mi-2005, les problèmes se sont enchaînésjusqu'à faire prendre un an et demi deretard au chantier, en un an et demi detravaux. « Multiplication des problè-mes sur le chantier, défauts de fabri-

cation de pièces du réacteur, porosité des bétons etplus globalement de la violation régulière des pro-cédures de qualité et de sûreté... Le chantier deconstruction du premier réacteur nucléaire EPR esten train de tourner au désastre », dénonce FrédéricMarillier, chargé de la campagne Nucléaire deGreenpeace France, à bord de l'Arctic Sunrise.

Exemple emblématique de cette déroute : la che-mise en acier, sorte de peau intérieure du réacteurdestinée à le protéger et à le rendre étanche. Lafabrication de cette pièce cruciale a été confiée à

une compagnie allemande, qui a en réalité sous-traité cette tâche à une entreprise polonaise spécia-lisée dans les coques de navires mais n'ayant jamaistravaillé pour l'industrie nucléaire. « Cette usinepolonaise a utilisé des méthodes dépassées etincompatibles avec les critères de sûreté nucléaire,comme les soudures à la main. Résultat: la chemiseen acier ne répond pas aux normes de sûreté »,assure Frédéric Marillier. De plus, la première piècede cette chemise a été endommagée lors d'une tem-pête alors qu'elle était stockée sur le sited'Olkiluoto. C'est devant les éléments de la chemised'acier que les militants de Greenpeace ont pubrandir des banderoles dénonçant le « Frenchnuclear disaster ».

« Tous ces problèmes mettent en évidence l'incapa-cité de TVO mais surtout du fournisseur Areva àmener un tel chantier », analyse Frédéric Marillier.Actuellement, seul le problème de la qualité dubéton (premier problème révélé) a fait l'objet d'unrapport de l'autorité de sûreté finlandaise qui amontré du doigt la gestion du chantier par Areva etnotamment sa faible préoccupation de la culture desûreté.

« A l'été 2006, pas moins de 700 non-conformitésou violations des spécifications de qualité et desûreté avaient été détectées sans être correctementprises en charge par le système de contrôle qualité,révèle Frédéric Marillier. Le chantier de constructiondu premier réacteur EPR en Finlande nous donne unavant-goût de ce qui nous attend en France si legouvernement donne le feu vert au projet prévu àFlamanville. »

Alors que ce projet est contesté par l'opinion publi-que et remis en question par une grande majoritédes candidats à la présidentielle, Greenpeacedemande solennellement au gouvernement fran-çais de ne pas signer le décret d'autorisation de laconstruction de l'EPR actuellement sur les bureauxdes ministres.

Greenpeace

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Vie des groupes

© Greenpeace /Henna Tahvanainen

Déjà 120 soirées organisées : les réunions-débats continuent !

Pour tout savoir sur les réunions-débats, consulter lecalendrier des rencontresorganisées, ou connaître lesintervenants de votre région :

- consultez le sitehttp://reunionsdebats.

sortirdunucleaire.org/

- ou demandez à recevoir gratuitement le "livret de l'organisateur" enenvoyant un mail à[email protected]

Organisez des réunions-débats

Greenpeace met la pressionsur le projet EPR qui tourne au

désastre en Finlande

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Positions

Synthèse des positions des candidats à la présidentielle sur l’EPR et le nucléaire

Cette revue vous parviendra juste un peu avant ou juste un peu après le second tour des pré-sidentielles. Vous trouverez ci-dessous pour information les positions synthétiques des can-didats (qui ont été publiées - dès le mois de mars - dans leur intégralité sur le sitewww.stop-epr.org). Classement des candidats par ordre alphabétique :

François Bayrou (UDF) :“Nous ne pouvons nous priver du nucléaire. Nous devons poursuivre la réflexion surl’EPR, pour être certains que la mise en place de ce nouveau réacteur est la bonne solu-tion technologique”. “Les conditions du débat public sur l'EPR n'ont pas été satisfaisan-tes”, écrit-il.

Olivier Besancenot (LCR) :“Je souhaite engager l’arrêt immédiat du nucléaire militaire et la reconversion program-mée du nucléaire civil”. Il est résolument opposé à l’EPR.

José Bové (Mouvement Altermondialiste) :“Il revient aux citoyens de décider des énergies de demain, pas à l’industrie nucléaire.Si l’EPR est construit, il condamnera toute politique ambitieuse de maîtrise de l’énergieet de développement des énergies renouvelables.” Opposé à l’EPR, il préconise unmoratoire immédiat sur la construction de nouveaux réacteurs, suivi d’un “débat natio-nal sur la politique énergétique” tranché par un référendum.

Marie-George Buffet (Parti Communiste) :Favorable à “un nucléaire propre, sécurisé, durable et surtout 100% public”. Dans cecadre, je suis convaincue que l'EPR et les générateurs de la 4ème génération pour la fis-sion, ITER pour la fusion, pourront y contribuer.” Elle promet d’organiser un “débatcitoyen” sur le sujet, “tranché par un référendum”.

Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière) :“L’énergie atomique pollue moins que le charbon ou le pétrole mais elle est un dangersurtout pour l’avenir.” Sur l’EPR, elle a répondu qu’elle ne pouvait se prononcer de façon“aussi péremptoire et limitée sur le projet”.

Frédéric Nihous (CPNT) :Le candidat des chasseurs n’évoque pas de sortie du nucléaire. Son programme préco-nise la “pro-motion des énergies renouvelables de façon complémentaire à l’énergienucléaire”. Il est “pour le maintien de cette énergie propre qui nous garantit l'indépen-dance énergétique”. De même, il est favorable à la construction de l’EPR.

Ségolène Royal (Parti Socialiste) :“La décision de lancer l’EPR a été prise par le gouvernement actuel, dans des conditionsd’analyse et de débat contestables”. La candidate PS s’est engagée par écrit à “refairele débat sur la construction de l’EPR”.

Nicolas Sarkozy (UMP) :“Le parc de production nucléaire français est à mi-vie : il serait irresponsable vis-à-visdes générations futures de ne pas préparer son remplacement par des centrales plusperformantes”. Pour le candidat UMP, favorable à l’EPR, le nucléaire est clairement“l’énergie du futur”.

Dominique Voynet (Les Verts) : “Je propose une loi de sortie programmée du nucléaire et l’abandon des projets rui-neux et sans avenir (EPR et ITER)”. D. Voynet fixe la fermeture de toutes les centralesnucléaires au plus tard en 2030.

Voir les positions détaillées des candidats sur : http://www.stop-epr.org/spip.php?rubrique63

Forte participation à la

campagne STOP EPR :

600 000 cartes

« Soleil » ont été

envoyées aux candidats

à la présidentielle.

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Témoignages

Mobilisation historiquele 17 mars

Avec 62 000 manifestants dans toute laFrance, le Réseau “Sortir du nucléaire” sefélicite de cette mobilisation historiquepour un autre avenir énergétique. Le nou-veau président de la République doitentendre une grande majorité de l’opinionpublique qui ne veut pas de relance dunucléaire en France. Retrouvez toutes les photos, la revue depresse et les vidéos des 5 manifestations du17 mars (dont tous les journaux télévisés)sur le site : www.stop-epr.orgVous trouverez également sur ce site lebilan financier des manifestations et de lacampagne STOP EPR. Il manque encorequelques sous pour équilibrer le budget :merci pour votre générosité.

On peut se féliciter d'une telle réussite. En ce qui me concerneje suis un adhérent du Réseau depuis mes 16 ans environ (21ans aujourd'hui). On a organisé un départ en car de Savenay,commune de 6000 habitants. Le pari était risqué, on a réussi àremplir notre car de 53 personnes!! Il y avait de toutes lesgénérations, beaucoup d'anciens militants qui avaient luttécontre les projets de centrales du Pellerin puis du Carnet dansles années 80 et 90. A la fois, ils étaient déçus d'en être tou-jours au même point mais contents de voir qu'il y avait de larelève. En tous cas, tous les échos que j'ai eus sont très positifs, nousallons tenter de relancer le mouvement anti-nucléaire dans ce

coin de l'estuaire de la Loire. J'ai vraiment du mal à trouverdes critiques sur la manif et toute l'organisation. Tout lemonde m'a dit que c'était très bien organisé, le programmebien tenu, ambiance très conviviale.Je me suis rendu compte que l'on pouvait faire des chosesconcrètement pour agir sur notre avenir. A mon niveau j'ai faitce que j'ai pu et ça c'est vraiment une satisfaction de savoirque l'on sert à quelque chose! Que l'on se bat pour une causejuste, pour des milliers d'années, pour nos enfants.Bon courage à toi, le combat ne fait que commencer.

Emmanuel C. (Savenay)

La relève est assurée !

Bravo, Bravo et encore Bravopour ce fabuleux samedi

Anti-EPR...Grüny

Manifestation de Rennes - © N. Foureau

Manifestation de Strasbourg - © T. Pascale

Et maintenant, à vous la parole avec quelques-uns de vos nombreux témoignages. Merci chaleureusement de votre formidable mobilisation !

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Témoingnages

Merci d'être debout !Merci aux Toulousains du Comité antinucléaire tou-lousain, des Amis de la Terre, de Sortir du nucléaire31 qui se sont démultipliés, merci à tous ceux quiont donné de leur temps, de leur efficacité, de leurschansons, de leur sono, merci à ceux qui font leRéseau, merci à tous de créer cette journée de lutteet de fête.Merci par votre vitalité et votre insolence de faire unrempart actif contre le lobby nucléaire qui veut toutverrouiller une nouvelle fois.Continuez à interpeler les candidats, les médias. Ilfaut définitivement envoyer à la poubelle cenucléaire, symbole du monde qu'on rejette.Merci par vos pas joyeux, unis, inventifs d'impulser

le seul chemin à suivre, celui des alternatives, mul-tiples, au nucléaire et à l'effet de serre, alternativesqui mettent l'énergie au service des populations desNords et des Suds, qui préservent la Terre pour lesgénérations futures.Merci d'être déterminés et solidaires ; que nos pen-sées aillent vers Bandajevsky et Nesterenko qui fontface aux lobby, courageusement, aux côtés desliquidateurs et des 500 000 enfants malades quel'Europe de l'Euratom nie criminellement.

"Il n'est pas un seul mur qui soit infranchissableni le moindre fossé qui ne soit dans nos têtes,mais ne peut le passer que celui qui s'entête" (1)

Merci à tous d'être des entêtés...

(1) Citations de Y. Youlountas

Le retour des grandes manifestationsantinucléaires !Allez, je me laisse un peu aller, je suis archi content de cette superbe manifesta-tion de Lille dans une région peu réputée pour sa perméabilité aux thématiquesécologistes.Organisation impeccable (dixit les parisiens ... c’est tout dire !) et à mon tour delouer toutes et tous les militants bénévoles qui ont passé des heures, de l’intelli-gence, de la sueur, du téléphone, du stress, des complicités et de la joie dans laréalisation d’un grand projet collectif. Entente impeccable aussi entre des individus, des associations, des organisationsqui se croisent, se partagent, se critiquent des fois mais s’accordent sur l’essen-tiel : nos finalités communes. Mobilisation impeccable et historique, le retour de grandes mobilisations anti-nucléaires. Mais pas seulement : la nouveauté est notre capacité à démontrer,chiffres en mains, la nocivité de ce mode de production énergétique et guerrièreet ce que l’on peut faire aujourd’hui, concrètement pour en sortir.

On refait la fête quand ?Amitiés écologistes,

Bernard D. (Nord Pas de Calais)

Jamais vu une telle foule !Il y a des lustres que les rues de la capitale alsacienne n'avaient vuune telle foule de citoyens, militants et sympathisants de notregrande cause... Depuis les années 70 où le peuple alsacien s'étaitlevé contre la construction de Fessenheim, et dans les années 80quand les citoyens allemands juste en face occupaient un terrainjour et nuit s'opposant à la construction de la centrale de Wylljuste devant Freiburg et Mulhouse... Seule Fessenheim a étéconstruite...

Fessenheim doit être fermée, elle est non conforme aux règles desécurité en matière de risques sismiques (fréquents dans notrerégion), elle ne résisterait pas à la chute d'un avion, et n'est pas àl'abri d'une inondation en cas de rupture des digues d'un fleuvecapricieux qu'est le Rhin !!!

Le dôme en béton de Fessenheim ne protègerait en aucun cas lespopulations du Rhin supérieur (13 millions d'habitants du Nord auSud des trois frontières) en cas d'explosion d'hydrogène gazeux...

Notre région est à la pointe des énergies renouvelables (éolien,solaire, biomasse, géothermie...), il faut poursuivre notre combaten ce sens et mobiliser pour la fermeture de toutes nos centralesfrançaises par un moratoire comme l'on fait les Allemands... et quiespérons-le poursuivront ce programme..."

Guy C.

Manifestation de Lyon - © H. Grimal

Manifestation de Toulouse© F. Cassard

Manifestation de Rennes - © J. M. Robert

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Témoignages

Pour une politique énergétiqueresponsableJ'ai entendu sur Radio France un message de ce genre "ce samedi , les antinu-cléaires ont défilé". Je pense qu'on pourrait répondre à ce genre de message: Lesgens qui défilent sont des Françaises et des Français, des parents, des membresd'associations, des actifs dans les entreprises, des jeunes et des retraités. Ilsréclament une politique énergétique responsable et non pas un bourrage decrâne et du chantage!

Une amie me disait au retour de la manifestation que dans des manuels scolai-res on présente le nucléaire comme une solution d'avenir en glissant vite sur lesproblèmes. Donc malgré des publicités infâmes d'EDF, des faux débats deconcertation, des expos peu médiatisées "visibles une semaine et situées aufond du couloir à droite", etc., des gens se bougent pour dire: ne nous refaîtespas le coup du progrès avec l'EPR qui coûte plus de 3 milliars d'euros alors queles questions de déchets, de risques et d'évaluation n'avancent pas ! Merci aux organisateurs,

Anne (Val d'Oise)

Choqués !Nous, un couple franco-allemand plus très jeune, avons été choqués, quandnous avons quitté le cortège des manifestants après l'arrêt Place de laRépublique, que les forces de l'ordre nous somment, aimablement mais ferme-ment, d'enlever immédiatement les badges, par ailleurs plutôt discrets, de nosvestes, avant de passer ce qu'on pourrait appeler le périmètre de sécurité - etd'être autorisés à nous mouvoir librement au centre-ville.Alors à quand l'interdiction de parler à haute voix dans le tram ou autre lieupublic d'une telle manifestation? A quand l'interdiction d'apposer des affiches sur les vitrines de nos magasins oudes autocollants sur nos voitures personnelles? De lire sur un banc public "Les silences de Tchernobyl" au risque qu'un passantquelconque nous dénonce comme portant atteinte à l'ordre établi?

Christiane et Siegfried Karg, Alexanderschanze 4, D-77652 Offenburg

PS. Si au nom de la démocratie vous étiez disposés à publier cette lettre, nousvous serions reconnaissants de bien vouloir nous faire parvenir d'éventuellesréactions de vos lecteurs et lectrices à l'adresse ci-dessus.

De 7 à 77 ans !Manif de Strasbourg très familiale,de 7 mois à 77 ans et bonneambiance. Dommage que la policenous ai maintenus sur la périphériedu centre-ville, où nous aurions eu un impact plussignificatif auprès de la popula-tion...Maintenons la pression.

Patrice D.(Vandœuvre lès Nancy 54500)

Manifestation de Lyon - © B. Accarel

Manifestation de Toulouse - © K. Cendrier

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Témoignages

Les choses avancent !En tout cas bravo pour l’organisation, le sérieux desdocuments.Les choses avancent, il faut continuer.

Bon courage,Cordialement,

Frédéric R. (29)

BRAVO pour le succèsdes manifs du 17 mars !

Bravo a Philippe, Stephane, et tous les autres !

Raymond Z.

Faible mobilisationau regard des enjeux !J’ai participé à la manif de Toulouse en provenancede Bordeaux où seulement deux bus soit 100 per-sonnes environ pour un département qui encompte plus d'un million.J'aurais beaucoup à dire sur l'origine de cette faiblemobilisation qui me parait très faible au regard desenjeux.Amicalement

Christian R. (33)

Bon relai des médias !Comme vous, j'ai noté avec satisfaction que les médias avaient bien relayé cetteaction du 17 mars en donnant des explications pour la compréhension par legrand public. J'étais à Lille, j'ai bien apprécié l'organisation.Bravo

Pierre-Emile G.

Une très grande réussite !Cette journée a été marquée par une très granderéussite et a montré la qualité du travail effectuédepuis de très nombreuses semaines. Souhaitons que la question du nucléaire soitabordée longtemps dans la campagne électo-rale actuelle, mais aussi dans la campagne pourles législatives qui commencera bientôt.

Encore merci pour la fraîcheur de cette manifes-tation.

Xavier D. S. (Toulouse)

Le plein d’énergie !Bravo et merci à toi et à tous les militant-e-s qui ont préparé cette manifes-tation.

Autant de monde qu'à Cherbourg le 15 avril dernier, peut-être plus ! Noussommes rentrés dans notre Cotentin avec plein d'énergie (renouvelable) pourcontinuer la lutte.Sincèrement, merci.

Christiane D.

Manifestation de Lyon - © Joel Pleyber

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Travail considérableet foin important !Je voudrais vous remercier chaleureusement pources moments. Cela confirme l'excellente producti-vité que l'on attribue aux Français : à très peu nom-breux, on a fait un travail considérable et un foinimportant. A une trentaine de bénévoles organisa-teurs, nous avons accueilli et coordonné 4000 per-sonnes sur la Prairie des Filtres et 6000 dans les ruesde Toulouse.

Vous avez du caractère, et le caractère, c'est lasolide trempe des facultés.

Une chose est certaine, nous pouvons gagner l'EPRmais une chose est encore plus sûre, ce n'est pasencore gagné ! Donc, la suite va être importante.

A bientôt

Frederic B. (Toulouse)

La vitalité des antinucléaires !J'étais à Toulouse et j'habite Leucate, entrePerpignan et Narbonne : que d'énergie humaineinvestie dans ces rassemblements !

Il y a des jours où l'on se sent moins isolé, et cesmanifestations démontrent la vitalité des antinucléaires.

La couverture des médias n'a pas été à la hauteur

des manifestations qui sont un succès de mobilisa-tion associative.

Sur Toulouse, manifestations qui ressemblent à unegrande mosaïque d'anti nucléaires mais avec desobjectifs différents : anarchistes, les Verts, et asso-ciations occitanes, décroissance, greenpeace, antiogm, anti capitaliste... ce qui permet de constaterqu'il est souhaitable de renforcer la composanteunitaire, à savoir les énergies nouvelles renouvela-bles contre le nucléaire.

Y aura-t-il de prochaines actions ? Contre l'EPR, jesouhaite que chacun reste mobilisé pour continuerà se défendre contre les agressions polluantes dunucléaire.Amicalement

Beriac

La révolution "Soleil"est en marche.Allons-nous aller enfin vers une économie solaire etnon plus fossile comme l'écrivait Hermann Scheeren 2001 ? Il ne reste plus qu'à continuer à mettre lesujet du nucléaire et des renouvelables dans ledébat présidentiel et législatif.

Chantal C.

Manifester chaque jour !Désolée, mais je n'ai pas pu participer à cette manifcomme je l'avais prévu, pour des raisons profes-sionnelles de dernière heure. Mais, je manifesterai àma façon, chaque jour de pluie, en utilisant le para-pluie que je vous ai acheté.

Liliane R.

Contrecarrer le lavagede cerveau d’EDF !J'étais à Lyon avec 8 à 10 000 personnes. Le tempsétait beau et les gens très sympas.

Seule surprise : j'ai été abordé par un passantfurieux me demandant comment je me chaufferaissans le nucléaire. Difficile d'engager la conversation dans ces condi-tions, mais cela signifie que nous devons travailler

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Témoignages

Manifestation de Rennes - © P. Aussant

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pour contrecarrer le lavage de cerveau d'EDF.

J'aurais souhaité qu'on parle des 800 000 à 1 000000 de liquidateurs de Tchernobyl qui y ont laisséleur peau lors de l'accident. Si cela était su, il estcertain que cela ébranlerait plus d'un partisan del'électricité nucléaire.

Bien cordialement.

Michel R.

Plein de jeunessuper motivés !Merci pour toute l’organisation. Impeccable à Lilleen tout cas où nous étions et où nous avons décou-vert plein de jeunes super motivés. Cela fait dubien.

On continue.

M. G., présidente du Grappe

De l’énergie !Bravo à vous pour votre ténacité et toute l'énergieque vous apportez à ce mouvement.Cordialement.

Anne G. (Paris)

Super moment !On a passé un super moment, festif et plein d'es-poir, toutes générations confondues, les collèguesallemands étaient là aussi, les militants de Bure etceux de Fessenheim. Merci à tous!

Pascale T.

Vivement le prochainrendez-vous militant !Allez, moi aussi je mets un petit mot, surtout pourféliciter tous les bénévoles qui se sont impliqués et

ont fait un super travail.C'était un plaisir de bosser avecvous tous.Pas mal de super souvenirscomme les tentes montées en uneheure par une troupe de lève-tôtmotivés, Patrick Topart en superchef acordéonniste, Gildas etPaulo-Serge à donf au microtoute l'après-midi, le pull oranged'Alain trop pratique pour letrouver dans la foule et cettebatucada qui a mis le sourire àtout le monde....Bref, vivement le prochain ren-dez-vous militant.

A bientôt

Sophie V.

Continuonsle combat !Manif de Rennes Rien de spécial à témoigner, sauf que nous étionsnombreux à avoir fait preuve d'imagination pournos tenues jaunes et festives, mais le lapin toutblanc était magnifique même s' il n' avait pas pujaunir au soleil.Je regrette qu'il y ait eu si peu de monde dans lesautres villes, mais il faut me comprendre, j'entamema 37ème année de manifs de diverses défenses del'environnement. En 1970, j' espérais un mondemeilleur que celui que nous avons et des citoyensplus militants et s'intéressant un peu plus au deve-nir de la planète qu'ils laisseront à leurs descen-dants.Satisfaction pour Rennes (et donc la région Ouest),on était encore pas mal de vieux militants à défileret les jeunes et les enfants étaient très nombreux àavoir pris la relève.Continuons le combat sur tout ce qui ne va pas.

Réjane D. B.

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Témoignages

On en redemande !Très bonne organisation du Réseau.

Pas de fioriture mais de l'efficacité, on en rede-mande...

Chantal N.

Manifestation de Lyon - © Jakez

Manifestation de Lyon - © Jakez

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TémoignagesRéjane D. B.

Dégoûtée le lendemain !Le lendemain de la manifestation de Lyon, où nousétions enchantés par le grand nombre des partici-pants et la bonne marche de la manifestation, c'esttrès décevant de ne plus rien entendre dans lesmédias (radio), sauf un vague topo payé très pro-bablement par Edf, expliquant, tout de suite aprèsl'annonce du nombre de manifestants par ville, quel'avènement de l'EPR est inéluctable, et que c'estque le début d'une longue série !Bel exemple d'une information impartiale !Je suis dégoûtée, aujourd'hui, alors que j'étais sienthousiaste hier encore.Amicalement,

Christine O.

Pub pour Fessenheimle dimanche !Dans le journal les Dernières Nouvelles d'Alsace dece dimanche relatant les manifs nationales contrel'Epr... "comme par hasard", il y a un supplément4 pages intitulées: "Centrale nucléaire deFessenheim depuis 30 ans la centrale produit votreélectricité en toute sûreté sans émission de gaz àeffet de serre" .

Sébastien L. P. d'Attac Strasbourg

Occitans et antinucléai-res : ensemble dansl’action !Cette mobiliation est une excellente chose.

Pour ma part, j'étais à Beziers à la manif pour l'oc-citan. Nous étions 20 000, ce qui est aussi une trèsbonne mobilisation. Pour notre part, nous avonsprésenté les manifs anti EPR et la manif pour l'occi-tan de manière complémentaire et non en opposi-tion. Nous avons fixé une nouvelle manif pour l'oc-citan en 2009. La date n'est pas encore totalementarrêtée. On se tiendra au courant.

@micalement

Philippe E.

Manifestation de Rennes - © D. Fourey

Manifestation de Lyon - © Jakez

Merci pour cette super manif.Ce n’est qu’un début, il faudra beaucoup d’Energie pour renverser lavapeur radioactive mais ensemble tout est possible !A bientôt

Michèle R.

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Témoignages

Les routiers sont sympas !

Nous étions à Rennes hier. Ce fut une journée formi-dable. Beaucoup de monde, sans incidents, bonenfant, bon accueil du public. Après la manif, noussommes allés dans un café, et des clients nous ontspontanément posé des questions. Même chosedans le métro. Puis sur une aire de repos, sur l'au-toroute, en rentrant à Tours, j'ai entendu uncamionneur qui se disait "agacé par ces c... quimanifestaient contre le nucléaire avant d'allerreprendre le volant de leur 4X4". Comme je ne mesentais pas du tout visée, j'ai engagé la conversa-tion. Un échange très intéressant, avec des person-nes qui, comme beaucoup d'entre nous, sont tout àfait d'accord pour agir, mais déplorent le coûtbeaucoup trop élevé des équipements en énergiesnouvelles. Finalement, les routiers sont sympas!

Bon courage à vous tous, (ou plutôt à nous tous!)

Y. et Jeanne J.

Syndicalistes orphelinsdans la manif !Merci pour l'excellente organisation, je reviendrai !Je suis syndicaliste à la CGT et nous étions beau-coup de syndicalistes orphelins dans cette manif.J'aimerais que nous sensibilisions les syndicats surcette question (le seul présent était la CNT). J'aiécris à ma fédération mais, comme à bien d'autresmissives, elle n'a pas répondu. Peut être qu'un tirgroupé.....Cordialement

Véronique B. (92)

Manifestation de Rennes - © Peuple Breton

Manifestation de Lyon - © P. Morel Manifestation de Rennes© Peuple Breton

Manifestation de Lyon - © T. Carrage

Belle et grande journée !C'est vrai ce fut une belle et grande journée à Rennes...Partis d'Angers à 10h... et retour à 21h bien passées... nous en avons pris plein les yeux et les oreilles. C'est un bonheur de voir toutes ces personnes mobilisées : du berceau... à un âge très avancé, avec unnombre impressionnant de jeunes et c'est tant mieux... vive l'avenir. Dommage les discours ont été parfois un peu difficile à entendre, mais les rencontres et les échanges valentquelques fois tous les discours du monde ! J'ai juste le regret de n'avoir pu emmener avec moi mes enfants car c'est dans des moments comme ceux-ci que le message est encore plus significatif pour eux !!! Vraiment nous espérons que les candidats à la présidentielle vont avoir entendu le message et reconsidé-rer ce projet et la politique de développement du nucléaire.

Elisabeth B.

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En bref

En brefAL GORE :je ne crois pas enl’option nucléaireAncien vice-président des Etats-Unis, Al Gore a tou-jours été préoccupé par l'environnement. Il est l'ac-teur et l'orateur d'un récent documentaire à succès,Une vérité qui dérange (An Inconvenient Truth), quimontre les effets dramatiques du réchauffementclimatique.

Considérez-vous l'énergie nucléaire comme unebonne solution de rechange à la consommationde combustibles fossiles ?

Je ne crois pas à cette option. Il est possible quel'énergie nucléaire soit de plus en plus employée,mais il faut que son utilisation reste minime. Cetteoption est compliquée, pour deux raisons. La pre-mière en est le coût, car cette technologie demeureonéreuse. La deuxième, et non la moindre, est lerisque que comporte l'énergie nucléaire. En autori-sant son emploi, on augmente considérablement lerisque de prolifération d'armes nucléaires. Les huitannées que j'ai passé à la Maison-Blanche m'ontmontré les dimensions de ce défi. Certains pays ontfait part de leur intention de se doter de la techno-logie nucléaire pour produire de l'énergie, alorsqu'ils étaient en fait intéressés par les armesnucléaires.

Source : LEXPRESS.fr - 19/12/2006

Allemagne :Une centrale photovol-taïque de 400000 m2 !Le groupe Juwi a obtenu le mois dernier le permis deconstruire pour la mise en place d’un projet pilote àBrandis, près de Leipzig (Saxe - Allemagne) : unecentrale photovoltaïque d’une puissance d’environ40 MW. Cela représente 400 000 m2 de panneauxcouvrant la moitié d’une surface de 220 hectares.Pour donner un ordre d’idée, la surface au sol de l-a centrale correspondra à environ 200 terrains defoot. De plus, par comparaison, la plus grande

centrale actuellement existante a une puissanced’environ 12 MW.Les travaux de cette centrale, située sur uneancienne base aérienne militaire, vont débuter souspeu et se poursuivre jusqu’en décembre 2009, enplusieurs tranches. L’investissement s’élève à 130millions d’euros. Au final, ce sont environ 40 mil-lions de kWh par an qui devraient être produits parces 550 000 modules photovoltaïques, correspon-dants aux besoins annuels de plus de 10 000 foyers.

Source : Enerpresse - 21/02/2007

Contre leréchauffement,l’Australie bannit lesampoules électriquesL’Australie, souvent critiquée pour n’avoir pas rati-fié le protocole de Kyoto, a annoncé le 20 févrierqu’elle allait remplacer d’ici 2010 les ampoules àincandescence par des fluorescentes plus économesen énergie. Revendiquant une première mondiale, au moins ence qui concerne une mesure nationale, le ministrede l’Environnement, MalcolmTurnbull, a assuré qu’interdire lesampoules traditionnelles «dans lemonde entier réduirait laconsommation d’électricité d’unmontant équivalent à 5 fois lesbesoins annuels de l’Australie».«Le réchauffement climatique estun défi à l’échelle de la planète.J’encourage les autres pays à sui-vre l’exemple de l’Australie et àadopter des produits plus écono-mes comme les ampoules fluores-centes», a ajouté le ministre. LePremier ministre conservateur,John Howard, fervent opposant auprotocole de Kyoto, a loué unedécision «réaliste», par opposi-tion aux «nombreuses proposi-tions trop alarmistes qui sontdans l’air».

Source : AFP - 30 janvier 2007 Manifestation de Rennes - © Chantal Cuisnier

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En bref

La Russie lance leconcours de beauté«nucléaire» MissAtome 2007Un appel a été lancé aux femmes travaillant dansles entreprises du secteur nucléaire de l'ex-URSSpour participer au concours de beauté Miss Atome2007, a indiqué la société russe Rosenergoatomchargée de l'exploitation des centrales nucléairesen Russie. «Il y a beaucoup de belles femmes dans le secteurnucléaire russe. Nous organisons de tels concoursdepuis 2004 et le nombre de candidates a été mul-tiplié par trois depuis. L'année dernière, ellesétaient 220», a indiqué à l'AFP un des organisa-teurs, Ilia Platonov, directeur du sitewww.nuclear.ru. Les candidates doivent avoir entre 18 et 35 ans, tra-vailler dans des entreprises et des instituts derecherches du secteur en Russie ou dans d'autrespays de l'ex-URSS ou faire leurs études dans les uni-versités spécialisées dans le nucléaire. Les «bombes nucléaires» doivent envoyer jusqu'au20 février leurs photos et leurs dossiers de candida-ture sur le site www.nuclear.ru consacré aux activi-tés du secteur. Les internautes devront ensuite voter pour désignertrois gagnantes qui seront décorées solennellementau siège de l'Agence fédérale russe de l'Energie ato-mique (Rosatom) à Moscou.

Les Européenspas favorablesau nucléaireSelon un sondage de la Commissioneuropéenne, les Européens sont trèsfavorables à l'énergie solaire (80%)tout comme les Français (86%). Lesrésultats sont également favorablesaux autres énergies renouvelables(éolien 71%, hydraulique 65%, biomasse 55%). Pour les énergiesconventionnelles, c'est le gaz quiarrive en tête avec 42% d'avis positifs,27% pour le pétrole et 26% pour lecharbon et 20% pour le nucléaire.

Enquête Eurobaromètre 2007 réali-sée dans les 27 Etats de l'Unioneuropéenne et auprès de 26 000personnes.

SanseverinoLe Swing du Président

Mon Président, je sais qu'tu l'saisMais j'te l'redis comme ça c'est fait...

(on peut s'parler !)Il faut à peu près cinquante ans

Pour bien refroidir complètementUn réacteur de taille moyenne

D'une bonne centraleGenre comme les tiennes...

(enfin les nôtres quoi !)

Si on stoppait le nucléaire ?

Si j'te dis ça, ce n'est pas pourFaire mon aigri ou des discours

Scientifiques, ni pointus, jamais,Car même toi tu t'endormiraisJe te propose un truc facile,

Et après je te laisse tranquille

Je sais qu'c'est dur mais tu peux le faire,Veux-tu stopper le nucléaire ?

Ce que tu devrais faire aussiAu congrès des Nations Unies

C'est dire modestement : les garsY'a plus aucune centrale chez moi...

(et hop ! balayés !)Au début, je croyais vraiment

Contenter quelques mécontents...(à force d'écouter tout le monde hein aussi euh...)

Mais j'ai trouvé ça fantastique !And I say "no bombes atomiques"

Babas cool en Birkenstock,Jeunes Allemandes non épilées

Contre Catholiques pratiquants,vendéens et jeunes curés ;

Marchands d'uranium, socialistes,humanistes convaincus,

Ex-fans de ZZ Top, anciens barbus

Ils hurlent tous... et l'armement ?Que va t'on faire de nos savants ?(ah bah oui, ça c'est un problème)Tu leur réponds : Vous êtes tarés et

vos centrales vont exploser(Cancers de la thyroïde !)

Et puis tu fais semblant de sortirEt tu les laisses réagir

(Regarde bien, regarde, regarde, regarde...)Tu seras étonné de les voir

Te courir après dans l'couloir

A part deux trois teigneux dangereux,Et 5 ou 6 mecs ennuyeux,

Manifestation de Lyon - © T. Carrage

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En bref

Beaucoup qui pensent déjà comme toiSe réveilleront et te diront :

L'électricité va manquerLà, c'est à toi de répliquer :

(Alors là, tu sors ton joker... tu...)(Tu vas dire vraiment tout c'que t'as !)

Les éoliennes, justementça fait du courant gratuitement

Pas de soucis, pas de calcaireAbandonnons le nucléaire

Fermons les centrales pour de bonPour nos enfants c'était pas bonEt perdons une fois pour toutes,La course à l'armement et touteLa terre nous criera : "Victoire"

On entrera dans l'histoire(A nous la gloire...)

Peace and Love, mon Président

L’Autorité Britanniquepour l’Energie Atomiquecondamnée à une amende de 208 200 euros pour déversement illé-gal de déchets radioactifs

L’Autorité britannique pour l’Energie Atomique(UKAEA) a été condamnée à une amende de 140 000livres (208 200 euros) par un tribunal écossais le 15février pour déversement illégal de déchetsradioactifs sur son site de Dounreay et pour avoirrejeté des fragments de combustible radioactifdans la mer. Le 6 février, l’UKAEA a reconnu quatrechefs d’inculpation au tribunal de grande instancede Wick, selon la législation de 1960 sur les substan-ces radioactives.

Ces activités illégales ont eu lieu entre 1963 et 1984.L’Agence écossaise de protection de l’environne-ment fut la première à porter ces actes à l’attentiondes services du Ministère Public. D’après l’Agence,l’enquête et l’évaluation précise des conséquencesenvironnementales de ces déversements ontdemandé beaucoup de temps.

Le directeur de la sécurité de l’Autorité britanniquepour l’Energie Atomique, John Crofts, a déclaré àl’issue du procès que l’UKAEA annoncerait en mai laméthode choisie pour récupérer les élémentsradioactifs dispersés autour de Dounreay. Selon lui,la consultation publique lancée par l'UKAEA, visantà choisir entre 11 méthodes possibles de nettoyage,s’achèvera le 23 février.

Source : Platts – Londres, 19 février 2007

Nucléaire :l’Irlande dit non...avec la Norvège,l’Islande et ’AutricheL’Irlande a rejoint trois pays d’Europe duNord dans leur lutte contre le nucléairecomme solution au réchauffement climati-que. Le groupe, qui comprend la Norvège,l’Islande et l’Autriche, a mis en garde contrela prolifération de centrales nucléaires avecce qu’elles comprennent comme risques decontamination. Plus précisément, le groupedemande à ce que la réouverture du sitenucléaire britannique de Thorp soit approu-vée par un rapport d’experts internationaux.Ce site avait été fermé il y a quelques annéessuite à la découverte d’une fuite de déchetsnucléaires. L’Angleterre a par ailleurs pro-posé la construction de nouvelles centralesdans le cadre de sa politique énergétique àlong terme. Pour ces quatre pays opposés, lenucléaire ne peut être présenté comme unesolution viable au réchauffement, les risquesrestant élevés. Le groupe se réunira de nou-veau à l’automne.

Source : www.lepetitjournal.comDublin - jeudi 29 mars 2007

Manifestation de Rennes - © Peuple Breton

Manifestation de Rennes© Drain-Huneau

Manifestation de Toulouse© S. Cosquéric

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En bref

Allemagne : pas deremise en question dela sortie du nucléaireLa chancelière allemande Angela Merkel a adresséune fin de non recevoir aux partisans de l'énergienucléaire. Elle leur a clairement signifié qu'elle nereviendrait pas sur la sortie du nucléaire décidée ily a neuf ans.

Le gouvernement social-démocrate de son prédé-cesseur Gerhard Schröder a décidé en 1998 la sortieprogressive du nucléaire, en accord à l'époque avecles producteurs d'électricité. L'industrie et la droiteallemandes poussent pourtant à revenir sur cettedécision, invoquant notamment la contribution dunucléaire dans la réduction des émissions de gaz àeffet de serre.Pour la chancelière néanmoins, "les objectifs (duprotocole) de Kyoto ne sont pas directementdépendants de l'énergie nucléaire, et ce n'est pascomme si on les ratait automatiquement en rédui-sant le nucléaire".Au sein de la grande coalition que dirige MmeMerkel, le parti social-démocrate (SPD) est ferme-ment opposé à un changement de cap sur la ques-tion et "n'a pas l'air de vouloir changer d'avis sur cesujet", selon elle.

Source : 3 janvier 2007SDA-ATS News Service - BERLIN

Une île des Canariesbientôt alimentée à100% en électricitérenouvelableEl Hierro, une petite île des Canaries de 278 kilomè-tres carrés et peuplée de 10.500 habitants sera pro-chainement alimentée entièrement en électricitégrâce à la combinaison d'éoliennes et d'hydroélec-tricité. Elle sera "la première île au monde alimen-tée à 100% par des énergies renouvelables", a assurémardi le gouvernement espagnol. Le système misen place comptera une centrale hydroélectrique ali-mentée par deux réservoirs, un parc éolien, un sys-tème de pompage. "La plus grande partie del'énergie injectée dans le réseau de distributionproviendra de la centrale hydroélectrique", d'unecapacité de 10 MW.Par ailleurs, "la majorité de l'énergie produite parles éoliennes servira a alimenter le système de pom-page" pour stocker l'eau dans un des deux réser-voirs, "sous forme d'énergie potentielle".L'excédent d'énergie éolienne servira à alimenterdeux usines de désalinisation d'eau de mer. Unecentrale conventionnelle, préexistante, fonction-nant au diesel, sera maintenue pour les cas d'ur-gence en cas de manque d'eau et de vent. "Par cesystème, nous parvenons à transformer une sourced'énergie intermittente en un approvisionnementcontrôlé et constant d'électricité", s'est réjoui leministère.

Le système représentera un investissement de 54,3millions d'euros étalé jusqu'en 2009 et permettrad'éviter l'émission des 18 700 tonnes de CO2 par anactuellement rejetées par la centrale thermiquelocale. L'Espagne est un des leaders européens del'énergie éolienne. Elle a enregistré lundi son recordde production éolienne: les forts vents qui ont souf-flé sur le pays ont permis aux moulins de fournir27% de la demande électrique du pays.

Source : www.lemoniteur-expert.com21 mars 2007

Manifestation de Lyon - © A. Lorenz

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Interview

"Ils commencent à

douter de la sûreté"

Annie Thébaud-Mony, sociologue à l'Inserm, vous êtes spécialiste des questionsde santé au travail. Y a-t-il une souffrance spécifique à l'industrie nucléaire ?

Le nucléaire est une industrie dangereuse pour ses travailleurs, notam-ment par le risque d'exposition aux radiations. Depuis vingt ans, ceproblème a été résolu par EDF grâce à la sous-traitance. L'ensemble destâches de maintenance des centrales est confié à des entreprises exté-rieures, qui fonctionnent selon le principe de la " gestion de l'emploi parla dose " : lorsqu'un travailleur arrive en limite de la dose de radioacti-vité admise, il doit être remplacé. Extrêmement pénible pour les sous-traitants eux-mêmes, cette organisation du travail a aussi des consé-quences négatives pour les salariés EDF. Elle entraîne des aléas auxquelsils doivent s'adapter continuellement, ce qui est contradictoire avec lemode de fonctionnement d'une centrale nucléaire, où tout doit être pro-grammé. D'où une série d'incertitudes qui pèsent lourd sur les salariés.Le tout dans une contrainte de temps de plus en plus forte, et avec lahantise permanente de la sûreté nucléaire.

"Un service public pour une énergie populaire", telle futlongtemps la devise d'EDF-GDF. Quel rôle joue la privati-sation survenue en 2004 dans le malaise actuel ?

Un rôle essentiel, mais bien antérieur à 2004. Dans les années 1980,l'idéologie de service public était très forte parmi les salariés dunucléaire. C'était la fierté même du parc français. Mais dès les années1990, dès que s'est affirmé le choix de la sous-traitance - donc d'undébut de privatisation -, les agents EDF ont commencé à exprimer leurmalaise. Ils supportaient mal de s'inscrire dans une logique de rentabi-lité, de diminution des coûts, de compétitivité. Et maintenant deconcurrence.

Comment, dans ce contexte, est vécue la gestion du risque ?

De façon très contradictoire. D'un côté, il y a toujours la représentation d'une industrie nucléaire sansfaille, celle qui leur fait dire, face aux accidents survenus à Three Mile Island ou à Tchernobyl : cela ne seproduira pas en France. De l'autre, il y a ce qu'ils vivent au quotidien, qui est une fragilisation de lasûreté. En ne contrôlant plus l'efficacité de la maintenance, les agents EDF ont été privés de cette rela-tion un peu organique à un service d'entretien, qui garantissait la mémoire du travail fait. Conséquence: même si c'est un point qu'ils sont réticents à aborder, ils commencent à douter de la sûreté des cen-trales. Pour beaucoup, le mal-être actuel provient du sentiment d'avoir été trompés. Et ils le saventmieux que d'autres : la progression du risque majeur est d'autant plus grande que l'on perd la maîtrisede la maintenance et la confiance en la production. Ce qui est d'autant plus inquiétant que nous figu-rons parmi les pays où la concentration de réacteurs nucléaires est la plus importante au monde.

Le Monde - 5 avril 2007

Manifestation de Rennes© Peuple Breton

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Déconstruction

Avant de construire le nouveau réacteur EPR,allons voir du côté des vieilles centrales commecelle de Brennilis, dans le Finistère : où en est ledémantèlement qui se voulait exemplaire,modèle exportable dans le monde entier ?

A ce jour, aucun démantèlement de niveau 3 n’a étéréalisé en France hormis celui de réacteur de recher-che qui génère des produits d’irradiation en quan-tité beaucoup plus faible qu’un réacteur de pro-duction. Pourtant le démantèlement du réacteur àeau lourde (EL-4) de Brennilis arrêté en 1985 s’avèreun vrai casse-tête et déjà un gouffre financier :482 millions d’euros. Au moins 33 ans à laconstruire et « déconstruire » pour un fonctionne-ment de 18 ans!

DECRET DECRIE

Le niveau 2 n’était pas achevé à Brennilis que ledécret pour un démantèlement complet est publiédiscrètement le 12 février 2006, sans enquêtepublique préalable.

Les associations « Sortir du nucléaire Cornouaille »(SNC) à Quimper et « Agir pour l’environnement etle développement durable » (AE2D) à Brest, partici-pant à l'observatoire du démantèlement depuis2005, ne comprennent pas une telle précipitation.Car, dans la lettre du 5 novembre 1999, EDF et leCEA ont confirmé « l’effet positif d’une attenteprolongée de décroissance radioactive sur ladosimétrie cumulée à laquelle seront soumis lesintervenants, à l’occasion des travaux de démantè-lement définitif » ; en clair, plus on attendra,moins on exposera le personnel qui devra travail-ler au démantèlement du bloc réacteur.

De plus, la mise en œuvre du « scénario immédiat »soulignait l’obligation de l’existence d’une ins-tallation pour accueillir les déchets FMA vie lon-gue et prévoyait donc la construction et la mise aupoint d’un site. Un délai de 15 années ne laissait unesolution opérationnelle au mieux qu’en 2020.

Aujourd'hui, attendre 50 ans pour moins exposerles travailleurs n’apparaît plus comme un motifsuffisant pour EDF ! Pourtant le dossier d’étuded’impact consulté en préfecture de Quimper, affi-che pour le bloc réacteur des millions de milliardsde Becquerels. EDF parle de « perte de mémoire del’installation » pour justifier sa hâte, motif bienmince au regard du risque accru pour la santé destravailleurs et de l’absence de solution pour lestockage des déchets.

Au vu de ces éléments -absence d’enquête publi-que, risque non justifié pour les travailleurs, loi surles déchets pas votée et absence de solution destockage-, le Réseau Sortir du Nucléaire par l’inter-médiaire de son avocat Benoist Busson, décide alorsde déposer un recours en annulation de ce décretpris à la hâte. Ce recours, déposé le 13 avril 2006n’a pas empêché EDF de continuer sa programma-tion de travaux : le démantèlement des échangeursqui relèvent pourtant du niveau 3 est prévu au3ème trimestre 2007.

UN MILIEU NATUREL CONTAMINE

En mars 2006, l’association SNC fait analyser par lelaboratoire de la CRIIRAD des plantes aquatiquesprélevées en aval de la centrale. L’analyse conclutau vu de l’activité du césium 137 et du cobalt 60détectés, à une contamination incontestable dueà la centrale. De plus, la présence d’une concen-tration anormalement élevée en actinium 227 trèsradiotoxique est mentionnée puis confirmée 3 moisplus tard.

En septembre 2006, la CRIIRAD et Sortir du NucléaireCornouaille demande au responsable du site lacomposition des rejets radioactifs liquides etgazeux de la centrale ainsi que la liste des radionu-cléides contenus dans les bétons de l’installation.En effet, l’hypothèse de l’activation neutroniquedu radium 226 présent dans les bétons de la cen-trale est une des hypothèses proposées par laCRIIRAD pour tenter d’expliquer la présence del’excès d’actinium 227. Deux mois après, EDFenvoie un courrier évasif qui ne répond pas auxdemandes précises.

Démantèlement de la centrale de Brennilis:

environnement et travailleurspayent le prix fort !

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Déconstruction

Fin novembre 2006, le laboratoire de l’ACRO, épaulépar le laboratoire du CEA (LSCE) admet lors de ladernière réunion de l’Observatoire, la présenced’actinium 227 après avoir eu connaissance desrésultats de la CRIIRAD. Pour en expliquer la pré-sence, ils avancent l’hypothèse d’infiltrationsd'eaux souterraines qui auraient la particularitéd'être riches en actinium 227 et se rencontreraient,ô coïncidence, sous le site de la centrale. Encore unpetit effort et bientôt, c'est la nappe phréatiquequi va contaminer la centrale toute propre deBrennilis ! Mais ne voulant pas trop s’aventurer, ils« décident de suspendre toute interprétation »,d’en faire un objet de recherche fondamentale etde poursuivre leurs investigations aux frais ducontribuable.

Les associations Sortir du nucléaire Cornouaille etAE2D s’insurgent contre une transparence bienopaque à la centrale de Brennilis et réclament deconfier l’étude radioécologique à un laboratoirecompétent et indépendant de toute influence dulobby nucléaire : celui de la CRIIRAD.

NOUS N’IRONS PAS PECHER LE BRO-CHET DANS LE LAC DE BRENNILIS

En novembre 2006, la préfecture du Finistère nousfait parvenir les arrêtés préfectoraux de 2002 et2005. Et avec stupeur, nous découvrons que l’arrêtéde 2005 autorise le rabattement de la nappephréatique non plus dans le ruisseau de l’Ellez,mais dans le lac de Brennilis, lac qui avait étépréservé (a priori) de tout rejet pendant l’acti-vité de la centrale.

Voici ce que Michel Marzin, ancien technicien de lacentrale de Brennilis, en pense : « pendant le fonc-tionnement de la centrale ce « sanctuaire » avaittoujours été respecté. Cela en dit long sur les dif-ficultés que rencontrent les démanteleurs (…).Les « rabattements » sont, en principe, destinés àempêcher que la nappe phréatique ne remontejusqu’aux zones potentiellement contaminées. Enfait cette technique permet de balayer la nappephréatique pour en diminuer l’activité après conta-mination, souvent avant les prélèvements, ce quiest une fraude que le Préfet favorise ».La contamination de la nappe a été reconnue dansle rapport officiel d’essai.

TRAVAILLEURS ENCORE PLUS EXPOSES

Quand les syndicats s’alarment des décès prématu-rés chez les personnes ayant travaillé sur les circuitstritiés lors de l’exploitation de la centrale et récla-ment qu’un bilan officiel soit publié, la directionrépond de façon évasive. Et pour cause ! Desanciens techniciens de la centrale viennent de fairele bilan eux-mêmes et ont constaté que « la moitiédes intervenants sur l’eau lourde sont décédésrapidement après leur mise à la retraite ».

Le démantèlement représente pour les travailleursbeaucoup plus de risques que l’exploitation carl’enveloppe de protection de béton autour de lacuve du réacteur doit être enlevée et la période dedécroissance de 50 ans n’est plus respectée. L’Etatreconnaît justement dans son mémoire, en réponseau recours, que « dans les parties les plusradioactives des installations, la présence del’homme n’est pas possible ».

Annie Thébaud-Mony, sociologue et auteure dulivre L’industrie nucléaire, sous-traitance et servi-tude nous écrivait en mars 2006 à propos des tra-vailleurs employés dans les démantèlements :« quant aux conditions du marché de l’emploi,avec le CNE, voire le CPE…, les exploitants ont làune « réserve » de main d’œuvre vierge de dose,corvéable à merci, idéale pour un tel travail ! ».

ET SI NOUS UNISSIONS NOS FORCES

En mars 2006 est paru également le décret autori-sant le démantèlement complet de Superphénix, etd'autres vont suivre : Chinon, Chooz et Bugey. Nousdevons tous être vigilants (tant pour la santé destravailleurs que celle des populations) dans cesopérations de démantèlement qu’EDF s’évertue àmontrer comme parfaitement maîtrisées. Nous proposons la création d'un réseaud'échange d'informations et de surveillance surles différents démantèlements en cours.

Pour le démantèlement de Brennilis, nous deman-dons :- l’arrêt d’urgence du chantier- son maintien sous surveillance tant qu’un bilancomplet de toutes les contaminations du site n’apas été établi contradictoirement.

Sortir du Nucléaire Cornouaille

La CRIIRAD propose de pour-

suivre l’étude avec une ana-

lyse critique de la documenta-

tion existante et la réalisation

de prélèvements et analyses

complémentaires dans l’envi-

ronnement de la centrale.

Afin de financer ce complé-ment d'étude, Sortir duNucléaire Cornouaille lanceune souscription jusqu’au 31mai

Contact : Sortir duNucléaire Cornouaille53 impasse de l’Odet29000 QUIMPER

courriel : sortirdunucleairecornouaille

@yahoo.fr

En savoir plus : http://sortirdunucleaire29.free.fr/

Et aussi http://www.criirad.org/

"Démantèlement de lacentrale nucléaire deBrennilis. Une transpa-rence bien opaque!”

OPERATION « VERITE sur la

CONTAMINATION àBRENNILIS »

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L’impact du logement sur l’environnement n’estpas négligeable, puisqu’on lui attribue un quartdes émissions de gaz à effet de serre et 38% del’énergie consommée en France. C’est surtout unsecteur où l’on peut réaliser d’énormes progrès àl’instar de celui des transports. Par ailleurs, l’aug-mentation prévue du coût de l’énergie risque demettre en difficulté de plus en plus de familleseuropéennes. Trois bonnes raisons donc, pourconstruire des logements à haute performanceénergétique, voire pourquoi pas, positifs en éner-gie. Car c’est techniquement possible !

La maison passive du standard allemandPassivhaus préconise une consommation de chauf-fage de moins de 15 kWh/(m2.an). En moyenne unemaison française consomme plus de 200kWh/(m2.an) pour le chauffage. La nouvelle régle-mentation thermique RT2005 fixe la consommationde chauffage des logements neufs à 85kWh/(m2.an), voilà qui nous laisse une belle margede progression.

Un peu de technique

La maison passive reprend les principes bioclimati-ques. Son architecture et son orientation favorisentles apports passifs solaires en hiver, protège desvents dominants (à 70 km/h, le vent double lesdéperditions énergétiques d’une maison) et des

surchauffes l’été (casquette, brise-soleil…). C’estaussi une maison sur-isolée, de sorte que le moin-dre apport si petit soit-il (cuisine, éclairage, élec-troménager, ordinateurs, hi-fi, TV…), devientsignificatif et rend inutile toute installation dechauffage supplémentaire. La première maison passive date de 1991, elle setrouve en Allemagne, à Darmstadt et a étéconstruite d’après les études du ProffesseurWolfgang Feist. Depuis, l’Allemagne a construitplus de 6000 habitations individuelles ou collecti-ves, ainsi que des bâtiments publics sur ce principeet espère atteindre les 20 000 en 2007. En 2011, unbâtiment neuf sur cinq sera passif en Allemagne !

Une architecture contemporaine

Les maisons passives sont compactes pour présen-ter le moins de surface de façade et limiter lesdéperditions. Leur forme contemporaine souventcubique est adoucie par une fréquente utilisationdu bois, excellant isolent (80% des maisons passi-ves sont en ossature bois) et de grandes baiesvitrées. D’autres matériaux sont aussi utiliséscomme la brique Monomur, ou la terre crue, dontles capacités d’inertie et de déphasage sont inté-ressantes à exploiter pour le stockage de l’énergiepassive issue des vitrages. Les ouvertures sont aussiimportantes pour leur apport en lumière naturellequi génère des économies d’éclairage.

L’isolation

Là où nous mettons habituellement des épaisseursde 8 à 10 cm, il en faudra 30 cm pour les murs, 40cm en toiture et 20 cm au sol. Par contre, elle nesera pas posée à l’intérieur comme il est communde le faire en France, mais à l’extérieur des mursporteurs. C’est en effet l’isolation la plus efficacepour éviter les ponts thermiques, tenus responsa-bles de 20%, voire plus, des déperditions énergéti-ques d’une maison conventionnelle française. Cesont des points faibles dans l’isolation, situés auniveau des angles, des liaisons murs-planchers etmurs-toiture, avant-toits en saillie, balcons… paroù s’échappe toute la chaleur. L’enveloppe isolantecontribue à garder l'énergie qui s’est accumuléedans la journée dans les murs. En principe, le coef-

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Alternatives

Maison passive

sans chauffage !Vivre dans une maison confortable sans chauffage paraît une utopie. C’est pourtant proba-blement ce vers quoi tend l’habitat en Europe aujourd’hui, avec de nombreuses réalisationsde maisons passives en Allemagne, en Suisse, en Suède… mais aussi quelques-unes enconstruction en France !

Maison passive (Autriche).Architectes Magk. Doc. : Energieinstitut Vorarlberg

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Alternatives

ficient de transmission de chaleur U des murs nedoit pas excéder 0,15 W/(m2.K) voire0,10 W/(m2.K).

Portes et fenêtres parfaitement étanches

Autre grand point faible de nos constructions, lesouvertures doivent être particulièrement soignées.Les vitrages sont généralement triples et les châssisde fenêtre (de préférence en bois pour son éco-bilan) étudiés pour éviter toute fuite de calories. Onfavorise les grandes surfaces vitrées plutôt que lespetites fenêtres multiples, avec bien sûr une prédi-lection pour les ouvertures au sud, une quasiabsence au nord et à l’ouest (l’ouest participe auxsurchauffes estivales) et une présence réfléchie àl’est. Les dormants seront placés au milieu del’épaisseur du mur et non au ras de la façade et leurintégration dans le bâti fera l’objet d’attentionsparticulières. Ces vitrages performants permettentd’isoler la maison tout en laissant la chaleur dusoleil entrer l’hiver. Techniquement, on parle d’uncoefficient de transmission thermique inférieur à0,8 W/(m2.K) (voire 0,5) et de facteur solaire supé-rieur à 50% pour les vitres. La performance estaccrue si des volets sans persiennes occultent lesouvertures la nuit en hiver.

La ventilation

Qui dit parfaite étanchéité à l’air, dit ventilationobligatoire. Il faut renouveler l’air de l’habitation(les habitants dégagent du CO2 et de la vapeurd’eau), contrôler l’hygrométrie et évacuer les pol-lutions intérieures. On estime que les besoins en airfrais sont de 30 m3 par heure et par personne. Lelogement doit être équipé d’une ventilation méca-nique contrôlée (VMC) à double flux avec récupé-rateur de chaleur permettant de réutiliser au moins80% de la chaleur de l’air sortant. Il s’agit d’unepetite pompe à chaleur qui permet l’échange decalories sans que les flux ne se mélangent. Lesbesoins en chaleur sont en effet si faibles, que l’onpeut se permettre de chauffer le bâtiment par l’air.C’est pourquoi les « appareils compacts » couplant

VMC double flux, échangeur, chauffage et eauchaude sanitaire sont prisés dans les maisons pas-sives. Il en existe fonctionnant au gaz, d’autres sontbasés sur une pompe à chaleur. De tels appareils dehaute performance devraient être distribués enFrance en 2007. L’air neuf est insufflé dans les pièces de vie et leschambres, et l’air vicié extrait dans les cuisines,toilettes et salles de bain (l’air doit pouvoir passersous les portes intérieures). La VMC doit être éco-nome et consommer maximum 0,4 Wh/m3 d’airacheminé. L’installation supplémentaire d’un puitscanadien permet d’améliorer l'efficacité thermiquedu système de ventilation (l’air est préchauffé ourafraîchi en passant d’abord par un tuyau enterré à80 cm dans le sol, où la température varie peu). Lesystème permet de garantir un air sain (il est filtréà l’entrée) à condition d’être très régulièremententretenu. La pose de panneaux photovoltaïquesen toiture permet de les alimenter en courantsolaire via des batteries de stockage.

Solaire thermique et photovoltaïque

Le label PassivHaus impose une consommationinférieure à 120 kWh/(m2.an) en énergie primaire(une source d’énergie primaire est une formed’énergie disponible dans la nature avant toutetransformation), mais laisse les choix techniques àla discrétion du concepteur. Sachant que lesbesoins en chauffage sont très réduits, le chauffagede l’eau sanitaire devient l’un des principaux pos-tes de consommation. Le solaire thermique est trèsfréquemment utilisé et permet de couvrir de 40 à70% des besoins en eau chaude sanitaire. Le ballonpeut être relié au système de ventilation et pré-chauffé par l’air vicié. Le réseau de conduits doit

Le label Passivhaus est attri-bué après un test d’étanchéitéà l’air (Blower-Door-Test) quiconsiste à insuffler de l’air ensurpression à 50 Pa et d’enmesurer les déperditions.Celles-ci doivent être inférieu-res à 60% par heure. Un logi-ciel spécialisé (PHPP) permetde calculer les performancesthermiques de la maison à par-tir de données précises sur lamaison (localisation, orienta-tion, murs, assemblages…) etestime les consommationsd’énergie et de chauffage,ainsi que le nombre de jours àplus de 25° l’été. En fonctiondes résultats, le label est attri-bué.

Comment obtenir lelabel PassivHaus ?

Les panneaux en bois massif sont fréquemment utilisés pourles maisons passives. Doc. KLH

Une maison passive en cours de finition dans les Ardennes belges. Compacte et rationnelle, elle est en ossature bois.

www.passive-aventure.be

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être conçu le plus court possible et s'inclure aumaximum dans l'enveloppe. Une grande partie desbesoins électriques peuvent aussi être couverts pardu solaire photovoltaïque.

Habiter une maison passive

La maison étant parfaitement isolée, l’air entrantpréchauffé, les besoins sont limités à moins de 10W/ mÇ. Les calories générées par les habitants etleurs appareils suffisent à la chauffer, à conditiontoutefois de ne pas perturber le système par unemauvaise utilisation des fenêtres par exemple. Les

habitants doivent toutefois avoir un comportementet un équipement économe en eau et en énergie(classe A, pas de veille…).

Le coût d’une maison passive

On estime de 5 à 15% le surcoût engendré par la sur-isolation, les vitrages, les capteurs solaires et laventilation : des investissements amortis en unevingtaine d’années (l’inévitable augmentation ducoût de l’énergie rendra certainement l’amortisse-ment plus rapide). Par contre, une grande partie dece surcoût est compensée par l’absence d’installa-

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Alternatives

Le Passivhaus Institut deDarmstadt :www.passivhaus.com

IG Passivhaus Autriche :www.igpassivhaus.at

La maison passive :www.lamaisonpassive.fr

Passiefhuis Platform :www.passiefhuisplatform.be

Minergie :www.minergie.ch

Une maison passive à Nice :http://maison.passive.free.fr

Constructeur les Airelles :www.lesairelles.fr

Maison passive en Ardenne :http://passive-aventure.vivao.be

Le principe de la maison passive :www.lamaisonpassive.be

Sur le net @

Maison passive Hibernia 164 en Irlande de Scandinavian Homes Ltd. Galway, avec panneaux solaires pour eau chaudesolaire sur le toit sud. Doc : Lars Pettersson, Ireland, www.scanhome.ie

La situation du résidentiel en France. Source Effinergie/CSTB

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Alternatives

tion de chauffage, ce qui explique pourquoi il estplus intéressant financièrement de construire desmaisons passives que des maisons à haute perfor-mance énergétique (60 kWh/(m2.an) de pertesthermiques à compenser par un moyen actif dechauffage), qui nécessiteront quand même uneinstallation. En outre, ces bâtiments acquièrent uneplus-value grâce à leur très faible consommationd’énergie. En Allemagne, Suisse et Autriche, lesprojets labellisés Passivhaus ou Minergie P bénéfi-cient d’aides locales, nationales ou européennesqui réduisent encore les temps d’amortissement(crédits bancaires, primes). Des économies peu-vent être réalisées en travaillant à l’échelle d’unquartier ou d’un lotissement, comme les maisonsgroupées sans chauffage de Lindas, près deGöteborg, le quartier Vauban à Fribourg, le «villageécologique» Bedzed au sud de Londres…

Comment agir sur l’existant ?

Transformer une maison ou un immeuble existanten bâtiment passif est possible. Les principes sontles mêmes : sur-isolation par l’extérieur si possible,suppression des ponts thermiques, étanchéité àl’air, ventilation avec récupération de chaleur,fenêtres et appareils électroménager performants.Des projets de haute performance énergétique ontdéjà abouti à des consommations de 50kWh/m2/an en France, c’est un début !

Vers des bâtiments positifs ?

En combinant le concept des maisons passives, quiréduit au minimum la demande énergétique, et latoiture solaire à la japonaise, qui permet de trans-former le bâtiment en producteur d'énergie décen-tralisé, le bâtiment pourvoit alors à ses propresbesoins et restitue le surplus sur le réseau. C'est leconcept du bâtiment à énergie positive, ou bâti-ment « zéro énergie », autonome sur un bilanannuel (développé au japon, Nouvelle Zélande,Australie et Canada). On peut même imaginer quele bâtiment soit utilisé pour recharger la batteried’une voiture électrique ou l’inverse (concept duDream House de Toyota : la maison peut être ali-mentée par une Prius pendant 36h).

Un foisonnement d’initiatives

La difficulté est de repenser complètement noshabitudes de construction, tout en tenant comptedu climat de chacun. La Belgique développeactuellement son propre référentiel via l’associa-tion Passiefhuis-Platfoorm vzw. Le standard suissede haute performance énergétique Minergie a créédeux autres niveaux au-dessus du Standard (S) :MinergieP (proche de Passivhaus) et Minergie écoqui prend en compte d'autres critères environne-mentaux et sanitaires (gestion de l'eau, maté-riaux…) En 2005, une première réalisation passive aété réalisée en Irlande par la société ScandinavianHomes LTD, à partir d’un modèle préfabriqué en

Une maison Weberhaus chaufféeet climatisée naturellement. Elle est équipée de panneauxsolaires de nouvelle génération.

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Performance artistique

Minergie, standard Suisse de maison à haute performance énergétique,a créé le standard MinergieP pour la maison passive. Doc. Minergie

série en Suède. Le principe intéresse de plus en plusde pays et semble s’orienter vers la création d’unlabel unique européen, la suprématie allemande enla matière étant incontestée (cf. programme euro-péen Cepheus). Les Journées de la Maison Passivequi ont lieu chaque année en Allemagne attirent unpublic international et l’Autriche s’apprête à orga-niser la 11e Rencontre Internationale de la MaisonPassive en avril 2007 (voir encadré). Enfin, lesAméricains ne sont pas en reste avec les labellisa-tions « Energy Star » et « ZeroEnergyHome». En France, plusieurs projets de maisons passives oude haute performance énergétique ont été lancés.Certains dans le cadre du programme Prébat del’association Effinergie (conseils régionaux Alsace,Bourgogne, Franche-Comté, Languedoc-Roussillon,Rhône-Alpes, municipalités de Dunkerque, Lille,Besançon…), d’autres sous l’impulsion de laFondation Bâtiment et Energie qui finance des pro-jets de R&D sur la rénovation énergétique, mais onassiste aussi à un foisonnement d’initiatives privéeset publiques à forte dimension régionale. Avec sonimmeuble rennais Salvatierra, l’architecte Jean-

Yves Bariller s’est approché de la norme passive en2001. Certains constructeurs s’attèlent actuellementà la tâche comme Les Airelles qui construit deuxmaisons passives à Formerie (60). Enfin, des parti-culiers se lancent à Grenoble, Nice, Metz,Wittenheim, Bègles... A Toulouse, un bâtiment àénergie positive de 5000 m2 a été construit(Bureaux de la société Monné-Decroix). La maison passive sera au cœur de la thématique duprochain salon européen de Grenoble (19 au 22 avril2007, Alpexpo, en partenariat avec HabitatNaturel), avec un forum européen et une expositionde systèmes constructifs sur 1000 m2. On peutconsidérer que le mouvement est désormais amorcéen France !

Gwenola Doaré

Article paru dans Habitat Naturel n012. www.habitatnaturel.fr

Remerciements à E. Vekemans de lamaisonpassive.fr pour sa relecture attentive.

La maison passive,d’Adeline Guerriat,architecte(Bruxelles). Ce livre expose le principe de lamaison passive de façon claire,simple et concrète. Il s’adresseaux professionnels comme auxpassionnés. Edité par l'auteur,Thuin, septembre 2006, 162pages, 29,75 euros.(www.lamaisonpassive.be/livre2)

Sur le sitewww.lamaisonpassive.fr,vous trouverez dans les référen-ces la traduction en françaisdes cours Internet duPassivHaus Institut deDarmstadt sur la maison pas-sive.

A lire !

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21 ans après Tchernobyl

Sauver l'Institut BelradLes enfants cobayes de Tchernobyl.Le lobby nucléaire et la médecine officielleminimisent les effets de la catastrophe deTchernobyl sur la santé et condamnent desmillions de cobayes humains à expérimenterdans leur corps des pathologies nouvellessans les protéger.

Un scientifique de haute compétence a défié lemensonge dès les premières heures de l’accident. Ala tête d’une poignée de spécialistes dévoués il sebat pour sauver les enfants. Aujourd’hui, l’Institutde radioprotection des enfants qu’il a fondé, seulesource d’informations objectives sur leur contami-nation, risque de disparaître par manque de finan-cements. Nous devons le sauver.

En 1990, Vassili Nesterenko, Membre de l’Académiedes Sciences du Belarus, physicien de niveau inter-national, crée avec le soutien de Andrei Sakharovl’Institut indépendant de radioprotection «Belrad»pour venir en aide aux enfants des territoires tou-chés par les retombées radioactives de Tchernobyl.Dans les villages les plus contaminés du Belarus ilorganise 370 Centres locaux de contrôle radiologi-que (CLCR), où il forme à la radioprotection lesmédecins, les enseignants, les infirmières du lieu :il met gratuitement à la disposition des populationsdes zones contaminées les moyens de contrôler laradioactivité des produits alimentaires.

En 1994, l’Institut «Belrad», avec l’aide d’ONG occi-dentales, introduit des spectromètres pour rayon-nements humains (SRH). Ces fauteuils mobilesmesurent la radioactivité dans le corps humain etsont reliés à un ordinateur qui enregistre les rayon-nements gamma spécifiques des radionucléidesincorporés : le césium-137 soluble, le plus répandudans les sols des villages, des champs et des forêtscontaminés par Tchernobyl est présent dans lachaîne alimentaire. Les équipes mobiles atteignent,par petites routes, les villages et hameaux les plusreculés.

Nesterenko est le seul scientifique qui mesure sys-tématiquement la radioactivité artificielle interne.Ses mesures ont révélé des contaminations huit foisplus élevées que celles que publie le ministère de laSanté biélorusse, qui se contente de mesurer laradioactivité dans les sols et les produits alimentai-res et qui a tenté de le bloquer. Son activité étantlégale, il n’a pas réussi à le faire plier. En 12 ans, 284000 enfants ont été mesurés par «Belrad», parmilesquels seulement 10-15% ne nécessitaient pas deradioprotection obligatoire.

En 1996, Nesterenko adopte avec succès l'additifalimentaire à base de pectine de pommes, recom-mandé par le Ministère de la santé ukrainiencomme adsorbant du césium137 (Cs137). En un moisde traitement la charge en radionucléides de l'or-ganisme de l'enfant peut baisser de 60-70%.

UNE CONJONCTIONSCIENTIFIQUE EXCEPTIONNELLE Dans la même période, Nesterenko fait la connais-sance du professeur Youri Bandajevsky, qui effec-tue, depuis 1991, à l’Institut Médical de Gomel qu’ildirige, des recherches sur les pathologies nouvelleschez les habitants des territoires contaminés.Bandajevsky découvre que la fréquence et la gra-vité des altérations morphologiques et fonctionnel-les du cœur augmentent proportionnellement à laquantité de césium radioactif incorporé dans l’or-ganisme. La corrélation entre les faibles doses deradioactivité incorporée et la destruction des orga-nes vitaux est établie. Elle explique pourquoi auBélarus les enfants en bonne santé étaient 80% en1985 et seulement 20% en l’an 20001.

LA PUNITIONCes deux scientifiques allaient à l’encontre de laversion diffusée à l’échelle internationale par l’AIEA(Agence Internationale de l’Energie Atomique)depuis 1996, dix ans après la catastrophe, affirmantque l’accident de Tchernobyl avait provoqué entout 32 morts et 2000 cancers de la thyroïde chezl’enfant2. Bandajevsky, pour avoir diffusé publi-quement le résultat de ses recherches qui contes-taient ce bilan, a été mis en prison puis en reléga-tion, de 1999 à 2005. L’Institut Gomel dût changerd’orientation de recherches.

Nesterenko, qui a subi de fortes pressions, échappéà 2 attentats dans les années 90, fait l’objet d’uneautre stratégie : celle de l’étranglement par man-que de subsides. Dans un premier temps il a étésoutenu par la fondation américaine Mac Artur,jusqu’au moment où il y a eu rupture diplomatiqueentre les USA et le Bélarus, puis par le ministère del'Environnement et de la Sûreté nucléaired'Allemagne. Les ONG citoyennes, comme Enfantsde Tchernobyl Bélarus, servaient d'appoint, per-mettant d'embrasser un nombre plus grand d'en-fants à protéger.

LES INSTITUTIONSCOMPLICES DU CRIMEEn 2005 - 2006 Nesterenko a présenté un importantprojet au financement européen TACIS, qui a étéagréé par l'Europe mais bloqué par le ProgrammeCORE3. Le financement du projet de 5 ans qu'il avaiten cours avec l'Allemagne (en partenariat avecl'Institut Jülich), a été inopinément interrompu en

Appel à solidarité

© W. Tchertkoff

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21 ans après Tchernobyl

coïncidence avec le changement du gouvernementallemand : 92 000 euros du projet (sur 200 000 dutotal) sont restés inutilisés. Les mesures anthropo-gammamétriques et la prophylaxie à base de pec-tine des enfants de 35 villages, indiqués par Belradet Jülich comme prioritaires pour une radioprotec-tion urgente, ont dû être interrompues. Nesterenkoa écrit à Angela Merkel, mais n'a pas eu de réponse.

LA SOCIÉTÉ CIVILEAujourd’hui, l’Institut Belrad risque de fermer lesportes, il n’a de quoi survivre que jusqu’en avril2007, en tenant compte de la générosité qui arépondu à l’appel de Solange Fernex4 au momentde sa disparition. Face à cette précarité c’est auRéseau Sortir du nucléaire que nous adressons cettebouteille à la mer. La réponse au lobby nucléaire,qui souhaite la disparition de l’Institut « Belrad »,est d’une simplicité arithmétique. Il suffirait quechacun des 16 000 membres du Réseau envoie unefois par an, le 26 avril jour de Tchernobyl, un chè-que de 20 euros à l’association « Enfants deTchernobyl Bélarus », dont Vassili Nesterenko estco-fondateur et vice-président, pour permettre àson Institut de durer un an. « Belrad » a besoin de20 000 euros par mois pour continuer à travailler. 16000 x 20 euros – 18% d’impôts = 262 400 euros.Divisés par 12 = 21 850 euros5.Avec l’apport de chacun l’Institut Belrad seraitsauvé !

Nous savons que ce choix n’est pas facile, car leRéseau a lui-même besoin du soutien de ses adhé-rents. Mais nous pensons aussi que ce surplus degénérosité, ce geste concret de résistance de cha-que membre du réseau ne devrait pas diminuer sonengagement de base, mais constituer un motif demobilisation et de sens supplémentaire : il tient envie cet unique témoignage de vérité au cœur del'enfer invisible contre le mensonge atomiqueinternational. Et en adoptant « Belrad » vous adop-

tez tous les enfants qu’il peut protéger. Cette priseen charge par les peu nantis de la planète de laseule source d’information indépendante sur ledésastre sanitaire de Tchernobyl peut amplifier unesolidarité de plus en plus consciente des dangersdu nucléaire et renforcer la recherche scientifiqueindépendante.

Nous faisons appel à chacun de vous car vous êtes16 000, et votre acte de présence avec 20 euros unefois par an est immédiatement efficace.

Les fondations riches, qui restent inertes, finirontsans doute par nous rejoindre un jour, mais ellesn’auront pas l’honneur d’avoir agi au moment leplus fragile, ni d'avoir agi les premières.

Nous espérons que les blocages institutionnels quiempêchent l’Institut Belrad de bénéficier des fondseuropéens finiront pas être levés et que cet effortfinancier sera ponctuel.

Envoyer vos dons à « Enfants de Tchernobyl Bélarus »

20 rue Principale, 68480 Biederthal (France)Compte bancaire: 00029876060

Crédit Mutuel, 68220 Leymen, France

Président : Docteur Michel Fernex, Professeur émé-rite, Faculté de Médecine de Bâle, ex-membre deComités Directeurs de TDR (Programme spécial deRecherche pour les Maladies Tropicales), OMS.

Vice-président : Professeur Vassili Nesterenko,Directeur de l'Institut "Belrad", Docteur ès sciencestechniques, membre correspondant de l’Académiedes sciences de la République du Bélarus.

Wladimir TchertkoffSecrétaire général adjoint de l’association

NOTES :1 Déclaration du Président de l'Académie des sciences du Belarus, en décembre 1999, confirmée par leVice-ministre de la santé du Belarus à l'audition parlementaire sur les conséquences de la catastrophe deTchernobyl, en avril 2000.

2 Depuis le 5 septembre 2005, ce bilan a été révisé : 50 morts et 4 000 cancers de la thyroïde !

3 Pour en savoir davantage sur la politique de CORE et sur les intérêts français qu’il représente, voir lelivre de W.Tchertkoff, Le crime de Tchernobyl, Ed. Actes Sud. Les membres fondateurs du CEPN, promo-teur de CORE, s’appellent CEA, EDF, COGEMA (AREVA), IRSN.

4 Co-fondatrice et première Présidente de notre association.

5 Les impôts sur des versements étrangers sont moins lourds en passant par une association mixtefranco-biélorusse comme la nôtre. Il s’élèveraient à 40% en cas de don direct à l’Institut « Belrad ». Parcontre ces 18% peuvent être ultérieurement diminués si Nesterenko réussit à faire enregistrer un projetfinancé par l’association comme recherche scientifique auprès du Comité d’Etat pour la science et lesnouvelles technologies (CESNT). Ce qui augmente d’autant la possibilité d’aider d’autres enfants. Lesdons sont en partie déductibles de vos impôts, sur demande et en joignant une enveloppe timbrée, unreçu vous sera envoyé pour abattement fiscal de 66% à partir d'un don de 20 euros.

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Cobaye

Cinq ans après son service militaire, Lény a com-mencé à se casser la main en serrant un marteau.Puis c'est sa mâchoire qui s'est fendue, au coursd'un repas. Enfin, sa cheville. Double fracture mal-léolaire en marchant. Son pied s'est retrouvé dansle sens inverse de la marche. Tout simplement. Çal'a arrêté net mais, en même temps, c'est là que soncombat a commencé. C'était le 24 avril 2004.

Près des missiles nucléaires

Lény a vite compris. Entre 19 et 20 ans, il a passéquatorze mois sur le plateau d'Albion dans leVaucluse. Sergent dans les commandos, il surveil-lait 18 missiles nucléaires disposés en sous-sol. Dansun véhicule blindé, à pied ou depuis les tours decontrôle. À chaque intervention de maintenance, ilse plaçait devant l'ogive, chargée de plutonium.

La fierté de la France

De 1966 à 1996, Albion faisait la fierté de la France,le symbole de la dissuasion nucléaire. Un site reliépar le fameux téléphone rouge que Giscard,Mitterrand ou Chirac pouvait décrocher à toutmoment.Lény en est revenu. De tout. De l'armée, de l'Etat, del'administration. Lui qui courait 15 kilomètres parjour, ceinture noire de judo, ne sort plus de sonappartement du centre-ville de Pau. Sauf pour allerà la permanence de Médecins du monde pour sefaire soigner gratuitement ou à la Caisse d'alloca-

tions familiales pour « pleurer et réclamer de l'ar-gent ». Il vit avec 600 euros par mois, versés à titreexceptionnel pour de l'allocation adulte handicapéqui se termine en juin. Il n'a pas de Sécurité socialecar, avant d'arrêter de travailler, il était gérantd'une société. « J'ai droit à rien. Je me fais jeter departout. » Son cas est trop sensible. Il a juste sessoeurs et sa mère.

« J'ai quand même gagné »

Heureusement, son moral d'acier n'est pas encoreatteint. Sa thérapie, il la fait en combattant.Comme toujours. Il a d'abord dû se battre contre lesmédecins pour la reconnaissance d'une irradiationde ses os. Les plus honnêtes ont confirmé. Il aensuite porté plainte contre le ministère de laDéfense. Il attend toujours la suite judiciaire. Cesderniers jours : une éclaircie. Il a obtenu un docu-ment de l'armée qui révèle la présence de césium137 et de plutonium au plateau d'Albion.Du coup, le dossier repart. Le 28 mars dernier, laCRIIRAD, Commission de recherche et d'informationindépendantes sur la radioactivité, a demandé deplus amples informations. Les Verts Noël Mamère etYves Cochet ont alerté la presse. Lény compte surMartine Lignières-Cassou, « qui m'a beaucoupaidé » pour lui faire rencontrer Ségolène Royal.« Pour l'instant, elle n'a pas l'air pressée. Elle a sansdoute la pression du lobby nucléaire qui sévit aussichez les socialistes. »

Source : Sud-Ouest - 3 avril 2007

Irradié jusqu'aux osLény a du mal à se lever le matin. Il a souvent besoin de s'asseoir. Il mange peu. Il maigrit.Il est sourd. « Comme un petit vieux, alors que j'ai 35 ans. » Sur les tests densitométriques,ses os sont octogénaires. Nécrosés. Limite morts. Irradiés par le plutonium.

Plateau d'Albion

Le missile S2 dans les ateliers

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« Nous avons de très sérieuses raisons de penserque des Africains et des expatriés français ontcontracté des maladies seulement en raison desmanquements d’Areva » en matière de protectionde la santé et de l’environnement, a expliquéWilliam Bourdon, le président et fondateur de l’as-sociation Sherpa.

Le chanteur nigérien Abdallah Oumbadougou avaitexpliqué en novembre dernier à Afrik, lors d’uneinterview, qu’il envisageait de quitter sa villenatale, Arlit, à 250 Km au nord d’Agadez, parcequ’il craignait pour la santé de sa famille. Guizmo,son partenaire musical français dans le collectifDésert Rebel, lui avait parlé d’un reportage selonlequel l’exploitation des mines d’uranium d’Arlitpar Areva (ex Cogema) serait à l’origine d’une pol-lution de l’eau potable et de nombreux décès dansla région.

Diffusé sur la chaîne privée Canal +, en 2004, ilmontrait l’association de juristes internationauxSherpa et l’équipe de scientifiques de la Criirad(Commission de recherche et d’information indé-pendantes sur la radioactivité) lors de leur pre-mière mission, en 2003, sur la situation des travail-

leurs de l’ex-Cogema à Arlit. Une ville bâtie enplein désert, dans les années 1970, pour les besoinsde l’exploitation du précieux minerai, et qui atteintaujourd’hui 70 000 habitants.

Les résidus radioactifs « exposés à tousles vents »

Selon les associations accusatrices rasemblées mer-credi à Paris, Areva et ses filiales – Somaïr etCominak au Niger, la Comuf au Gabon – ont volon-tairement maintenu leurs employés dans la mécon-naissance des risques qu’ils encouraient à travaillerdans les mines. « Ce n’est qu’en 1986 qu’il y a euune timide sensibilisation », a expliquéAlmoustapha Alhacen, ouvrier dans les minesd’Arlit et président de l’association nigérienne deprotection de l’environnement Aghir N’Man.Fondée en 2000, c’est elle qui a sollicité la CRIIRADen 2003 pour évaluer la situation radiologique surle terrain. « On voyait nos camarades mourir sanscomprendre pourquoi », se souvient-il.

Après avoir échoué à faire interdire la mission

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International

Contaminationà l’uranium au

Niger et au Gabon :

Areva accusée

Scientifiques, juristes, médecins et victimes ontdressé le 4 avril un réquisitoire accablant sur lesactivités d’exploitation d’uranium de la sociétéfrançaise Areva au Niger et au Gabon. Jugée opa-que dans la gestion de l’information, l’exCogema est accusée d’avoir sciemment laissé sesemployés et les habitants des zones minièresqu’elle exploite exposés à d’importants taux decontamination radiologiques.

« On voyait nos camara-des mourir sans compren-

dre pourquoi »

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exploratoire à Arlit, le directeur de la Cominak vaparvenir à faire confisquer le matériel de mesuredes scientifiques à la douane de Niamey, selon lerapport des associations. Ces derniers parviendrontnéanmoins à conserver des instruments dont lesrelevés seront sans appel : « Le taux de contamina-tion de l’eau distribuée à la consommation dépasselargement les normes de l’OMS », assure BrunoChareyron, responsable de la CRIIRAD. Le labora-toire scientifique a également mesuré des pièces deferrailles fortement contaminées sur le marché de laville et constaté que les résidus radioactifs (5000000 Becquerels par kilogrammes) étaient entrepo-sés à l’air libre, « exposés à tous les ruissellementset tous les vents ».

Areva n’a pas de maladiesprofessionnelles

Areva a répondu aux contrôles de la CRIIRAD pardes mesures effectuées par ses experts et selon les-quels il y a une absence de contamination de l’eaudistribuée à Arlit, selon Bruno Chareyron, quiregrette cette stratégie de la négation pure. Le butd’Areva, accuse le rapport des associations, est derendre impossible l’établissement d’un lien de cau-salité entre l’exposition au rayonnement et lesmaladies développées qui pourraient lui coûtercher. C’est pourquoi la société garde secret les rap-ports d’enquête qu’elle effectue, comme celuiqu’elle a réalisé en 1986 à Mounana.

C’est dans cette ville que Jacqueline Gaudet a passé15 ans de sa vie. En 2005, elle a créé Mounana, l’as-sociation des anciens travailleurs expatriés du siteminier, « pour la simple et bonne raison qu’il y atrop de cancer chez les expatriés », a-t-elle expli-qué mercredi. Elle-même a perdu successivementson mari, son père et sa mère d’un cancer en l’es-pace de 10 ans après être rentrée en France. Arevalui a expliqué n’être pas concernée par la maladiede son père, mort d’un cancer du poumon lié à uneexposition au radon, car il était assuré pour cettemaladie par la Caisse de sécurité sociale gabonaise.Quant aux dossiers médicaux, elle n’y a pas accès.Dans ces circonstances, « c’est facile pour Areva dedire qu’elle n’a pas de maladie professionnelle », sedésole-t-elle.

« Le développement durableau cœur de la stratégie Areva »

Anticipant le battage médiatique préparé par lesassociations, Areva a annoncé le 16 mars dernier savolonté de créer un « Observatoire de la santéautour de ses sites miniers ». « Une avancée positiveà laquelle nous devons répondre avec toutes lesprécautions d’usage », estime le vice-président deSherpa. Quant à Almoustapha Alhacen : « J’avoueque je n’ai pas confiance en eux car ils sont spécia-listes en publicité », explique-t-il presque gêné.

Dans le communiqué annonçant sa proposition,Areva assure mettre « le développement durable aucœur de [sa] stratégie », de même qu’elle contribueà « répondre aux grands enjeux du XXIe siècle : lapréservation de la planète et la responsabilité vis-à-vis des générations futures. » Sherpa, qui a déjàpoussé Total à indemniser des ouvriers birmans, aprévenu qu’elle disposait de suffisamment d’élé-ments pour entamer « une ou des procédures » enjustice « longues et complexes » en France.

Saïd Aït-Hatritwww.afrik.com/

En savoir plus :

http://association.sherpa.free.frhttp://www.afrik.com/article8346.htmlhttp://www.criirad.org/

En savoir plus :

Almoustapha Alhacen de l’association Aghirin’man © CRIIRAD

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Fribourgl’enjeu environnemental

La gestion durable trouve à Fribourg une signification concrète. Cette ville est devenue unvéritable laboratoire des politiques de maîtrise de l’énergie.

Tout en s’inscrivant dans des paramètres économi-ques réalistes, les expériences en matière d’urba-nisme, de transport et d’habitat montrent objecti-vement qu’il existe des alternatives à la productiond’énergie électrique d’origine fossile et à l’asphyxiedes villes par l’automobile. Il est essentiel de com-prendre que le résultat ainsi obtenu est surtoutl’aboutissement de l’engagement d’une partie desFribourgeois qui ont un très haut niveau deconscience des enjeux environnementaux. Ils ont sudépasser le stade d’une simple opposition pourdevenir une force de réflexion et de propositionsintelligentes : une démarche participative motivéepar le choix délibéré d’être au quotidien acteur deses propres aspirations au changement.

Le contexte historique

Le Land du Bad Wurtemberg, région du sud-ouestde l’Allemagne a la particularité géographiqued’être transfrontalier. Dès le XIXème siècle, leshabitants du Südbaden auraient subi par « osmose» l’effet de la révolution française. Cette influence ainsufflé dans cette région une dynamique libéraleet de combat. En 1975, l’état fédéral allemand prendla décision d’implanter à 20 Km de Fribourg uneusine nucléaire de production d’énergie électriquedans le petit village viticole de Whyl. Toute larégion se mobilise derrière les paysans qui défen-dent leur ressource économique, les transfrontaliersalsaciens se mobilisent aussi et finalement le gou-vernement abolit la décision. Lors des débats quis’engagent, les opposants ont l’idée de proposer ledéveloppement d’une énergie alternative d’originesolaire qui semble adaptée à la région duSüdbaden. Des associations se créent, certainshabitants se « bricolent » des capteurs solaires indi-

viduels. La municipalité s’engage à son tour et édi-fie progressivement dans les années 1980 une plani-fication énergétique globale. On voit ainsi en 15 ansle développement de plus de 400 km de pistescyclables dans la ville, la mise en place d’un sys-tème de tri sélectif des déchets et la réalisationd’éco-logements avec des objectifs ambitieux.Deux quartiers en périphérie de Fribourg se déve-loppent sur la base d’habitat à basse consomma-tion, cogénération, récupération de l’eau de pluieet priorité absolue aux transports en commun, auxpiétons et aux cyclistes. Résultat, le déplacement envoiture évolue vers des solutions alternatives plusdouces. Pour ce qui concerne l’industrie et l’ensei-gnement, la mise en place d’un réseau de compé-tences interdisciplinaires sur le développement del’énergie d’origine solaire permet de réaliser lesinnovations techniques nécessaires pour deveniréconomiquement viables.

A Fribourg, la gestion durableest aussi un facteur de développementéconomique

En intégrant l’utilisation de l’énergie solaire dansles différents secteurs de la vie quotidienne, la villede Fribourg constitue un modèle exemplaire, unesource d’exemples et d’idées qui suscitent intérêt etattention à l’échelle internationale. Les objectifsfixés pour montrer une sortie possible de la produc-tion d’énergie électrique d’origine nucléaire,démontre qu’une réflexion sur l’exploitation rai-sonnée des ressources énergétiques et la protectiondu climat n’est pas une chimère. L’énergie solairefait partie intégrante du projet de société, elle est

Le Solar Info Center est un milieu interdisciplinaire propice à l’innovation et à la croissance qui héberge 40 entreprises. Leur objectif est de démontrer qu’uneréflexion raisonnée sur les ressources énergétiques n’est pas une utopie sous le prétexte d’être sans avenir économique.

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fortement plébiscitée par les habitants de la région.Nulle part ailleurs la concentration d’entreprises,de centres de recherche, d’institutions, d’associa-tions, d’artisans, d’experts et citoyens résolumentengagés en faveur de l’énergie solaire n’est aussiforte. De nouvelles techniques d’application del’énergie solaire sont sans cesse élaborées et mises àprofit pour le développement durable de la région,le Solar Info Center en est un exemple. Ce centre decompétences pour la technique et le marketing dela production des énergies renouvelables et l’utili-sation rationnelle de l’énergie, rassemble sous lemême toit un regroupement interdisciplinaire spé-cialisé dans les domaines de l’énergie : architectes,techniciens pour l’aménagement intérieur, conseil-lers en énergie, prestataires de services financiers etconseillers d’entreprises. S’il n’a pas coûté plus cherqu’un ouvrage classique, le bâtiment du Solar InfoCenter, propriété d’une compagnie d’assuranceconvaincue de l’intérêt d’un tel projet, présente laparticularité d’être à émission zéro de CO2. Il pro-duit aussi de l’énergie électrique d’origine solaire.Si les 40 entreprises qui y sont hébergées travaillentde façon autonome sur le plan économique, ellesbénéficient d’un environnement créatif orienté surl’innovation et la croissance.

Mobile : Une plate-forme intermodalepour améliorer la mobilité, une sorte deRoissy de la bicycletteEn zone urbaine, dans la majorité des cas, même sivous avez une farouche volonté d’utiliser votrebicyclette lors de vos déplacements, il est vraisem-

blable que vous soyez confrontés à des difficultésbien réelles pour une raison simple : les voies de cir-culation urbaine sont conçues pour répondre auxbesoins de déplacements en automobile. Le pro-blème se posait de cette façon à Fribourg.Paradoxalement, dans le pays des grosses cylin-drées et des autoroutes sans limitations de vitesse,la municipalité a mené une réflexion sur la mobilitéen milieu urbain. Aujourd’hui, le vélo a supplantél’automobile, ceci a été rendu possible par un choixvolontariste d’adapter l’espace de circulationurbaine au déplacement en bicyclette. Limitationsde vitesse à 30 Km/h, réduction des places de par-king et augmentation des tarifs pouvaient être desconditions nécessaires, mais pas suffisantes pourespérer que les cyclistes se réapproprient l’espaceurbain. Comme les voitures ont des espaces de sta-tionnement ou des stations services, il fallait inven-ter quelque chose de similaire et de confortable àl’intention des cyclistes. Le « Mobile », un bâtimentsymboliquement rond comme une roue, a été créé àcet effet. Cette centrale de service est la plaquetournante de la mobilité à Fribourg. Situé près de lagare avec un accès direct vers les quais du réseauferroviaire, les lignes de bus et de tramways, ilfavorise de façon intelligente l’utilisation desmoyens de transport appropriés. L’enveloppe dubâtiment est en Douglas, bois issu des forêts loca-les. Sur la toiture végétalisée, on a placé une cen-trale photovoltaïque qui produit chaque année2000 kWh. Cette plate-forme intermodale s’étendsur trois niveaux. Le rez-de-chaussée est consacré àun parking automobile pour les véhicules d’unecentrale de co-voiturage, le deuxième niveau abrite

Le bâtiment du Solar Info Centerest la propriété d’une compagnied’assurance. Son coût n’a pasdépassé celui d’une constructiontraditionnelle, cependant il a lasingularité d’être à émission zérode CO2 et de produire de l’énergieélectrique d’origine solaire.

Le concept du Mobile est une réponse remarquablement adaptée à l’amélioration de la mobilité en milieu urbain. Son efficacité est le résultat d’une réflexionaboutie et sans faille prenant en compte la globalité des critères susceptibles de répondre aux véritables attentes des habitants.

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Alternativesun parking gardé jour et nuit pour 1000 bicyclettes.Il vous en coûte 75 euros par an et on y trouve unestation service dédiée à l’entretien des vélos. Letroisième niveau est consacré à des services : ren-seignements et achat de billets de transport,bureaux de la centrale de co-voiturage et café avecterrasse « vélo ». L’exploitant du « mobile » est unesociété à but non lucratif. Pour financer cette opé-ration qui a coûté seulement 2 millions d’euros,plusieurs investisseurs se sont associés : la F.A.G,une centrale de co-voiturage (auto-partage) deFribourg, la B.U.N.D. une association pour la pro-tection de l’environnement, la V.A.B.E. une associa-tion pour l’encouragement au travail et aux activi-tés communales et le V.A.C.D. un club allemand destransports. Les employés sont essentiellement deschômeurs de longue durée qui peuvent ainsi réinté-grer la vie professionnelle après l’acquisition d’unenouvelle qualification. Il est force de constater quecette réalisation est au cœur des trois dimensionsdu développement durable, l’économie, le social etl’environnement.

Le Quartier Vauban : une urbanisationpensée avec les citoyens qui montre queles objectifs du développement durablesont applicables

Située au sud à 3 km du centre-ville de Fribourg,cette zone péri-urbaine accueillait une caserneconstruite en 1936 et occupée après la SecondeGuerre mondiale par les forces françaises station-nées en Allemagne (FFA). En 1992, suite à la chute dumur de Berlin, les militaires français libèrent cetespace. Les baraques sont alors occupées illégale-

ment par des populations marginales. En 1996,s'appuyant sur une démarche de développementdurable, la municipalité lance un projet de réhabi-litation du secteur Vauban. Dès les débuts de laplanification du projet, dépassant le cadre indiquépar la loi, la municipalité initie une démarche de «participation élargie ». Les candidats à la construc-tion et les architectes se réunissent dans des cerclesde travail coordonnés par le « Forum Vauban ».C’est en quelque sorte l’émergence d’un lobbyconstitué en association de citoyens pour populari-ser l’idée de quartier écologique et s’opposer àl’action de promoteurs privés « classiques ». LeForum qui est financièrement soutenu par la ville,dispose d'un bureau qui sert aussi de centre d'in-formation. Tout ce quartier, conçu en accord avecles futurs habitants, répond aux objectifs environ-nementaux et sociaux édictés par la municipalité.La liste des exemplarités est longue. Parmi les plusmarquantes, citons quelques exemples : la récupé-ration de l’eau de pluie pour les chasses d’eau destoilettes de l’école, l’électricité consommée par lequartier Vauban provient pour 65% de tous despanneaux solaires ainsi que de la centrale cogéné-ration à bois. Pour assurer la mixité sociale, les fon-dateurs ont imaginé différents modèles de finance-ment basés sur la solidarité de partenaires plusriches pour permettre aux personnes aux revenusplus modestes d'accéder à un logement. Les recom-mandations du groupe de travail « Cohabitationdes Seniors et des Jeunes » ont été prises en compte.

Pour vivre dans ce quartier, 50% des habitants ontaccepté de renoncer officiellement à un véhicule,les autres ont acheté une place (18 000 euros) dansl’un des deux parkings périphériques. Dans le sec-teur sans auto, la plus grande partie du quartier, les

L’équipement des capteurs solaires du toit intelligent du parking Vauban a été financé par 10% des Fribourgeois conscientsdes enjeux environnementaux. Ils ont accepté de payer un supplément de1,7 cts par KWh à leur fournisseur d’électricité.

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Alternativesvoitures peuvent circuler occasionnellement mais lestationnement est interdit. Les habitants font leurscourses à pied, en vélo équipé d’une remorque ouont éventuellement recours à un service d’auto-partage.

Vauban est le quartier des « courtes distances ». Leshabitants peuvent facilement rejoindre à piedmagasins, jardin d'enfants, école, services divers...Les urbanistes considèrent comme « distance courte» un chemin de moins de 700 m. Pour rester agréa-ble cette distance ne doit pas dépasser 300 mètres.Du quartier Vauban, il faut moins de 15 minutes envélo pour se rendre au centre de Fribourg, mais onpeut également utiliser une des quatre lignes debus et bientôt le tramway. Ce qui est bien percepti-ble aux visiteurs du quartier Vauban, c’est la qua-lité de vie exceptionnelle qui concilie l’ambianceurbaine et vie familiale.

L’Héliotrope et le Solarsiedlung : Du pro-totype à la construction d’un quartier demaisons à énergie positive

Dans le quartier Vauban se trouve l’Héliotrope, unemaison prototype de recherche et d’études, quiproduit plus d’énergie qu’elle n’en consomme : Unemaison à « énergie positive ». Son concepteur l’hé-lio-architecte Rolf Disch l’habite depuis 1994, datede sa construction. Son objectif : exploiter la naturesans en consommer les ressources.Cette maison à ossature bois posée sur un socle de 9

m2 s’élève sur une hauteur d’une vingtaine demètres. Sa silhouette rappelle celle d’un moulin àvent. Mais comme l’Héliotrope (plante des régionschaudes et tempérées) dont elle a pris le nom, elletourne en direction du soleil ou s'en détourne selonles besoins. En construisant l’Héliotrope, Rolf Dischpoursuit plusieurs objectifs. Il veut essayer un

Particuliers ou collecti-vités, si vous souhaitezvisiter Fribourg autourdu thème de l’énergiesolaire et du développe-ment durable, vous pou-vez contacter FreiburgFutour : www.freiburg-futour.de Tél. : 0049 761 400 2640

L’urbanisation du quartier Vauban a échappé à la standardisation des formes architecturales. Les seules contraintes impo-sées étaient de tenir des objectifs en termes de performances énergétiques. Cela confirme que l’architecture durable ne

fait pas émerger un style en tant que tel.

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Alternatives

Fribourg en DVD :

« Les réalisations dudéveloppementdurable » une série deDVD réalisés par BenoîtThéau sur Bedzed (sudde Londres), Fribourg et,récemment sur Malmöen Suède.

Info sur :www.igapura.org/réalisations.htm Produit par IGAPURA etl'association 4D. Elle est diffusée parl'agence Comme VousVoulez (www.comvv.fr).

DVD !maximum de solutions afin de voir jusqu'où on peutaller aujourd'hui pour construire en respectant l'en-vironnement. La faisabilité du projet couvre desdomaines multiples, notamment l'aspect des maté-riaux, la construction, la forme, le cycle de l'eau, lecycle des matériaux, la gestion de l'énergie, la ges-tion des surfaces… L’autre objectif est de mettre àprofit les résultats de l’expérience de l’Héliotrope envue d’un projet plus ambitieux, la réalisation d’unquartier de maisons à énergie positive : leSolarsiedlung. L’héliotrope est un concentré de plusieurs systèmesécologiques. Un vide-ordures installé dans la cui-sine envoie les déchets biologiques dans une cuveoù sont collectées également les matières fécales.Outre l’avantage de retraiter sur place les déchetsbiologiques, cela permet de fabriquer son proprecompost. L'eau de pluie est utilisée pour la machineà laver le linge. Et comme l'eau de pluie est douce,la consommation de poudre à laver s’en trouveréduite. Pour Rolf Disch et Hanna Lehmann sa com-pagne, beaucoup de choses ne sont qu'affaire d'ha-bitude. Tout en expliquant le fonctionnement del’Héliotrope, Hanna prend un peu de temps pourexpliquer que, pour aboutir à ce concept, il a éténécessaire de dépasser l’image caricaturale desécologistes « façon Larzac », car il n’y a pas néces-sairement incompatibilité entre confort habituel,esthétisme et écologie.Le toit de l'Héliotrope n'abrite pas qu’une terrassejardin. Il reçoit également un voile solaire, la partiela plus visible de cet « iceberg écologique ». Cettevaste installation photovoltaïque mobile de 55 m2,produit cinq fois plus d'électricité que n’enconsomme la maison. L'excédent est réinjecté dansle réseau du fournisseur d'électricité de la ville. Labalustrade du balcon est aussi une petite centralesolaire thermique. L’eau destinée aux sanitaires etau chauffage circule dans les lamelles de cuivre destubes. Elle est chauffée par le soleil. Le chauffagedélivre la chaleur depuis le plafond où il est installéà l’instar du soleil qui rayonne également de hauten bas. La rotation de l'Héliotrope est pratiquementinsensible. L’ensemble tourne selon le bon vieuxprincipe de l'engrenage, mais piloté ici par lestechniques informatiques les plus modernes.

Le projet le plus ambitieux deRolf Disch

La réalisation d'un lotissement solaire à énergiepositive est aujourd’hui une réalité technique etéconomique. Le « Solarsiedlung » est la plus granderéalisation solaire en Europe. Rolf Disch est passéd’architecte avant-gardiste à promoteur, en s’assu-rant entre autres du concours financier d’un choco-latier bien connu en Allemagne, Alfred Ritter. C’estpeut-être cela l’économie soutenable : le mariagede l’habitat solaire et du chocolat?

En conclusion, force est de constater qu’avant de seposer en terme de moyens techniques ou économi-ques, la mise en application du développementdurable nécessite d’abord une véritable révolutiondes mentalités. Ce qui étonne le plus les Françaisqui visitent Fribourg, c’est cette démarche partici-pative qui se caractérise concrètement par un véri-table engagement citoyen, un comportementauquel nous ne sommes pas habitués. Pour preuve :oserait-on proposer aux usagers du réseau électri-que public de payer 1,7cts de plus le kWh électriquepour participer financièrement à la construction dutoit photovoltaïque d’un parking appartenant à laville ? La réponse des Fribourgeois est éloquentepuisque 10% des usagers ont fait le choix de contri-buer à cet effort financier, sans lequel ce projet et lacréation d’autres microcentrales n’auraient pas vule jour. Il est légitime de penser qu’il devient prioritaire deréfléchir sur les actions à mener individuellement etcollectivement afin d’élever le niveau de consciencedes citoyens au regard des enjeux environnemen-taux. C’est peut-être la condition nécessaire pourfaire le bond qui nous permettra de revenir auniveau d’autres pays européens.

Texte et photos : Christian LesageArticle paru dans Habitat Naturel n09 – juillet-août 2006

www.habitatnaturel.fr

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Lille va construire unéco-quartier

de 10 000 habitants

« Il nous faut un projet d’envergure, une figureurbaine emblématique de maîtrise d’ouvrage com-munautaire pour donner aux habitants une imagevivante de ce que représente une ville durable »,affirme Simone-Astrid Scharly, présidente de lacommission développement durable de LilleMétropole.

Les premières réalisations devraient être lancées dès2008, sur le site de l’Union, ancien épicentre del’industrie lilloise, à cheval sur les communes deRoubaix, Tourcoing et Wattrelos, secteur identifiécomme l’un des six « pôles d’excellence métropoli-tains » de la communauté urbaine, à proximité descentres-villes des trois municipalités, du canal deRoubaix, de la Voie rapide urbaine, du métro et duchemin de fer. « Le projet de l’Union présente plu-sieurs démarches exemplaires d’un urbanismedurable », souligne Simone-Astrid Scharly, «unesituation au cœur de la ville renouvelée, une proxi-mité des transports en commun, un important tra-vail de dépollution, une articulation avec le projetrequalification du canal de Roubaix et une prise encompte de la gestion des eaux pluviales et descibles HQE. »

Le choix de la HQE rend cependant le projet un peumoins séduisant que les grandes réalisations euro-péennes en la matière : il s’agit d’un cahier descharges qui n’offre aucune obligation de résultat.« La HQE ne propose aucun objectif chiffré pour laconsommation énergétique des bâtiments. C'estseulement une liste de bonnes intentions », déplorePhilippe Bovet, journaliste spécialisé dans les nou-velles énergies, président de l'association Ecozac,qui défend le projet d'un quartier éco responsable

dans le XIIIe arrondissement de Paris. Les exemplesde BedZED, à Londres ou du quartier Vauban, àFribourg, montrent pourtant qu’il est possible deconstruire des immeubles qui n’émettent pas degaz à effet de serre, et qui requièrent une faibleconsommation énergétique. En France, le bâtimentest la deuxième source d’émissions de CO2 (23%),après les transports, et le premier consommateurd’énergie, avec 46% de l’énergie consommée en2004, selon une étude de l’Ademe.

Consultation des associations et deshabitants

Le projet de Lille Métropole devrait donc tenterd’aller plus loin que la HQE pour rejoindre les villespionnières de l’innovation urbaine. Une exigencequi pourrait, comme à Paris, avec Ecozac, provenirdes associations et habitants : l’Agenda 21 de lacommunauté urbaine prévoit de les consulter dès laconception urbaine, afin de « mettre encohérence nouvelle forme urbaine etnouveau mode de vie ». L’éco-quartierlillois pourrait également bénéficier dela mise en œuvre d’un programme localde l’habitat (PLH) et de la Coopérationmétropolitaine (COMET), réunissantplusieurs structures intercommunalesdu Nord-Pas-de-Calais et de Belgique.

La dimension européenne du site del’Union sera mise en avant pour illustrerl’attractivité économique de la capitaledu Nord. « La métropole lilloise ne pou-vait pas être absente de cette géogra-phie européenne de l’innovationurbaine », juge Simone-Astrid Scharly.« La réalisation de l’éco-quartier estpositionnée comme un pôle d’excel-lence économique. Comme toutes lesréalisations de ce type en Europe, ilmobilisera de nouvelles filières, denouvelles compétences, de nouveauxmétiers par la création d’éco-entreprises. » Le pro-gramme vise le développement des activités autourde deux pôles, « l’image-culture-média », et « lesnouveaux textiles », en synergie avec les activitéstraditionnelles du secteur, le textile et la vente parcorrespondance.Parallèlement à la réalisation du quartier pilote, unecharte métropolitaine des éco-quartiers sera élabo-rée à partir de l’expérience de l’Union et des autresdémarches d’urbanisme durable de la communautéurbaine. Elle permettra d’affiner les critères requispour constituer un éco-quartier, et définira uneméthodologie de travail pour toutes les étapes(programmation, conception, réalisation, utilisa-tion et gestion). La charte servira ainsi de base à lalabellisation d’autres sites urbains écologiques.

Rafaël Baldos

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Après Stockholm, Malmö (Suède), Hanovre, Fribourg (Allemagne), la Randstad Holland (Pays-Bas) etLondres, Lille va créer un éco-quartier de 10 000 habitants. Cet espace de 80 hectares de haute qua-lité environnementale (HQE) tiendra compte des besoins en énergie, en espaces verts, en déplace-ments, de l’élimination des déchets, mais également de la mixité sociale. La démarche, encore inéditeen France, figure sur l’Agenda 21 de Lille Métropole Communauté urbaine.

Novethic' InfoL'information hebdoma-daire des acteurs del'économie responsable

Manifestation de Rennes

© P. Morvan

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Pluie récupérée, consommation d'électricité maî-trisée, énergie recyclée : le maire de Bazouges a convaincu d'autres élus.

L'une est en bois et en bottes de paille, l'autre enbois et en plumes de canard. Les premières maisonsdu lotissement écologique de Bazouges-sous-Hédésortent de terre et décoiffent les toits d'ardoise bre-tons de ce village de neuf cents habitants à unevingtaine de kilomètres de Rennes.

Les cuves de récupération d'eau de pluie viennentd'arriver, posées çà et là sur un terrain encore unpeu vague avant d'être enterrées par les futurs pro-priétaires. Au-delà de l'aspect «exotique» de cesconstructions, ce projet inattendu en ces terresagricoles dépasse les frontières de Bazouges. Dansla région, une dizaine de maires inconnus et têtusunissent leurs forces pour lancer des projets écolo-giques.Un couple de retraités venu à vélo arpente son ter-rain encore vierge. Ils ne sont pas écolos pour unsou mais n'ont pas eu le choix : s'ils voulaientconstruire à Bazouges, profiter du prix attractif duterrain, il leur fallait accepter les contraintes impo-sées par la municipalité pour obtenir leur permis deconstruire. Alors, à 70 ans, ils se mettent à la biobri-que, découvrent les capteurs solaires, le compos-teur... Aujourd'hui, tout est prêt pour démarrer lechantier, avec un seul bémol : la maison leur coû-tera plus cher que prévu, 186 000 euros. «Ils lesrécupéreront avec les économies d'énergie», lance

le maire, à l'enthousiasme inaltérable. Jean-Christophe Benis a gagné son pari. Toutes les par-celles de son lotissement - vingt-deux maisons pri-vées, dix logements en locatif réalisés par l'Opac -sont vendues ou en passe de l'être. Agriculteur etfils d'agriculteur, il a toujours refusé la moindresubvention et vit de sa petite exploitation de volail-les fermières. Sa force de conviction est venue àbout de tous les obstacles : «Aujourd'hui, on esttrop gourmands en énergie. Nous sommes là pourposer des actes, dans ce village il ne restait qu'uncafé. Notre richesse, c'est l'environnement.» Unprojet classique de lotissement avait été engagé parla précédente municipalité. Quand il devient mairedélégué - car Bazouges fait partie de communesassociées à Hédé -, Jean-Christophe Benis bloquetout : «Je voulais faire quelque chose de différent.»Il se heurte aux réticences de la DDE face à des sché-mas non habituels, à l'incompréhension du syndi-cat départemental de l'électricité parce qu'il veutespacer davantage les poteaux de l'éclairage publicpour économiser.Il lui faut convaincre les autres élus de l'associationde communes, dont certains se montrent scepti-ques : à six kilomètres de là, le maire délégué deSaint-Symphorien reconnaît qu'il n'aurait pas osé,qu'au début les habitants se moquaient de ces his-toires d'écolo, et beaucoup pensaient que la listedes contraintes serait dissuasive : parpaing, PVC,grillage vert... interdits ; eau chaude solaire, cuvede récupération d'eau de pluie... obligatoires. Ladémarche de Jean-Christophe Benis n'est pas isolée.Il travaille main dans la main avec Daniel Cueff, lemaire de Langouet, village tout proche de six centshabitants, très actif : une école qui produit la moi-tié de son électricité grâce à des panneaux photo-voltaïques, une cantine 100 % bio, un lotissementécologique en construction. «Nous sommes une dizaine de maires à avancerdans cette direction en Bretagne, nous sommes sol-licités sans arrêt par d'autres communes désireusesd'engager des projets comme les nôtres, aussi nousvenons de créer l'association Bretagne rurale etdéveloppement durable pour fédérer nos forces. Ilest important que les élus puissent parler à d'autresélus, car il leur faut convaincre leur conseil munici-pal.» Avant de s'engager bien armés sur un cheminplus vert mais moins facile.

Sylvie BrietLibération -6 novembre 2006

Alternatives

Aux portes de Rennes,

l'éco-villagequi fait école

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Manifestation de Rennes© A. Bray

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Economies

NOTES

1 le schéma (et la démarche)provient de l’associationNegawatt, qui regroupe desspécialistes de l’énergie.www.negawatt.org

2 Description de l’installation :

http://www.nord-nature.org/

fiches/fiche_e4.htm

3 Description de l’installation :

http://www.nord-nature.org/

fiches/fiche_e2.htm

Une petite histoire :Mon épouse et moi vivons dans une petite maisonde 1920 et depuis une dizaine d’années notreconsommation annuelle d’électricité a été diviséepar 2 alors que nos habitudes de vie n’ont pasbeaucoup changé.En préliminaire, il faut savoir que nous cuisinons augaz et que notre eau chaude sanitaire est montéeen température par un chauffe-eau solaire aidéd’une chaudière au fuel.

Au fur et à mesure qu’un objet consommant del’électricité est hors d’usage (et après l’avoir faitdurer le plus longtemps possible), nous le rempla-çons par un objet rendant le même service et beau-coup moins gourmand en électricité. C’est ainsi quepetit à petit nous avons remplacé toutes nosampoules à incandescence par des ampoules fluocompactes (au passage, nous avons essayé desampoules achetées en grandes surfaces et qui nevalent pas cher … et effectivement, elles ne valentrien !!)Nous avons supprimé les veilles en mettant enplace des réglettes de prises avec interrupteur pourla télé, l’ordinateur… Pour l’ordinateur, c’estl’unité centrale, l’écran, le chargeur d’accus del’unité centrale (c’est un portable), l’imprimantenoir et blanc, l’imprimante couleur, le chargeurd’accu de l’appareil photo numérique et enfin lalampe de bureau qui sont mis hors tension par uninterrupteur d’une barrette de prises (pratique-ment, il y a 2 barrettes en cascade). En plus deséconomies d’électricité, cela me fait gagner dutemps : pour arrêter l’ensemble, après avoir arrêtéles applications en cours, 3 clics gauche de ma sou-ris de portable et une bascule d’un interrupteur :tout s’arrête proprement et je suis sûr que tout esthors tension. Cela ne m’empêche pas, quand je tra-vaille sur l’ordinateur, de n’avoir qu’une seuleimprimante sous tension. J’ai en projet l’achatd’une barrette de prises avec protection contre lafoudre : ce sera le luxe absolu !

Lorsque le congélateur puis le réfrigérateur ont étéhors d’usage, nous les avons remplacés par desappareils de catégorie A (sur l’étiquette chez lemarchand) avec plusieurs étoiles. Ils sont très bienisolés et donc cela fait chuter les consommationsélectriques correspondantes. Il faut savoir que, misà part le « cumulus » électrique, c’est la productiondu froid qui consomme le plus d’électricité dansune maison. De plus, notre congélateur était dansun local non isolé où, l’été, la température était éle-vée : une super isolation du plafond nous gardemaintenant ce local au frais, même en été (celapermet, aussi, de conserver dans ce local des den-rées supportant mal la chaleur).Notre problème actuel : lorsque dans notre ballond’eau chaude nous avons 300 litres d’eau chauffée,seulement, au soleil à 600C (ce qui nous arriverégulièrement au nord de la France2) et que dans lelave-linge nous faisons une lessive à 600C, l’eau estamenée à cette température par de l’électricité.C’est frustrant… et stimulant pour la recherched’une solution satisfaisante pas encore trouvée.

Sur notre toiture nous avons 20m2 de panneauxphotovoltaïques3 qui nous produisent environ 1850kWh d’électricité par an. Encore quelques amélio-rations, et nous produirons autant d’électricité quece que nous consommons directement chez nous.

Demain chez vous :Ce que nous avons fait en 10 ans, vous pouvez, pardes achats, réaliser l’aspect matériel en unesemaine, mais ce serait dommage de consommerviolemment pour économiser de l’électricité alorsqu’une seule planète n’est déjà plus suffisante poursatisfaire nos soi-disant besoins !Commencer par installer et gérer des réglettes deprises avec interrupteur pour supprimer les veillessystématiquement est un bon début pas très coû-teux.En plus, un état d’esprit « économie d’énergies », laconnaissance de sa consommation électriqueannuelle et la connaissance des consommationsmoyennes d’électricité domestique par poste per-mettent de progresser dans les économies d’élec-tricité. Encore un détail : mon épouse et moi pouvonstémoigner que cette division de notre consomma-tion électrique par 2 n’affecte pas le bonheur.

Alain VaillantMail : [email protected]

Tel : 03.28.42.87.93

Diviser sa consommationdomestique d’électricité par 2

Pour sortir du nucléaire, le schéma « Négawatt »1 nous propose 3 pistes : sobriété, efficacité, renou-velables. Cet article propose d’emprunter les 2 premières pistes chez soi.

Tous les appareils électroména-gers comportent maintenant uneétiquette informant le consomma-teur sur leur consommationd’énergie (c’est une informationcontrôlée)

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Réchauffement climatique

Le nucléaire peut-il être la solution à

l’effet de serre ? Et les menaces climatiques peuvent-ellessoutenir un nucléaire en perte de vitesse ?

Face aux menaces que nous fait courir le réchauffement climatique, chaque lobby de l’industrie de l’énergie chercheà pousser ses avantages. Celui du nucléaire veut croire être particulièrement privilégié et espère une relance impor-tante en popularisant deux idées fortes : « Le nucléaire ne contribue pas à l’effet de serre », et « le progrès scientifi-que peut permettre au nucléaire de devenir une énergie renouvelable ».

En France nous sommes particulièrementconcernés puisque nous disposons de lamultinationale du nucléaire Areva, et quenous sommes le pays au monde le plusnucléarisé par tête d’habitant (à peu près80% de l’électricité est nucléaire). Autantdire qu’une propagande intense aconvaincu une majorité d’habitants qu’onne peut pas se passer du nucléaire, et quele poids des budgets publicitaires interditaux grands médias de remettre en cause leschoix énergétiques. Mais qu’en est-il de lasituation du nucléaire mondial ? De sesavantages ? Et surtout de ses risques ?

La crise du nucléaire en France et dans lemonde.Le cas de la France est unique, mais en faitl’électricité dans les pays développés n’estque de 16% d’origine nucléaire, et si onramène le nucléaire à l’ensemble de l’éner-gie consommée dans le monde, on s’aper-çoit que le nucléaire ne représente que 2 à3%, autant dire pas grand chose, et beau-coup moins que les énergies renouvelables(14%) contrairement à ce qu’on nous faitdonc croire. La Chine qui lance un appeld’offre pour 4 réacteurs ambitionne depasser de 2 à 4% d’électricité nucléaire en2030, c’est dérisoire.Ainsi, malgré les efforts de notre industrienationale, le nucléaire est plutôt sur ledéclin, et la crise touche ses infrastructu-res. Il souffre d’une crise de légitimité(désinformation de la population, risquede catastrophe depuis Tchernobyl, prolifé-ration militaire à partir du nucléaire civil,menaces terroristes, gestion non résoluedes déchets, coûts considérables cachés etpris en charge jusque là par les états, etc.).Crise aussi du vieillissement des 440 réac-teurs. Il faudrait en démarrer 80 dans les 10ans (seuls 31 sont engagés), 200 dans les 10ans suivants, pour conserver la part mon-diale actuelle du nucléaire.

Pour assurer sa survie, le nucléaire veut seprésenter comme la seule alternative à l’ef-fet de serre, pouvant devenir renouvelableà terme en réutilisant le plutonium générédans les centrales avec tous les risques quecela implique. Mais quelle crédibilité peutavoir cette prétention alors que les déchetsradioactifs de très longue vie (240 000 anspour le plutonium) s’accumulent sanssolution crédible, et que les risques d’acci-dent et de terrorisme s’accroissent avec lamultiplication des installations.

Le nucléaire peut-il être une réponse cré-dible à l’effet de serre ?L’exemple de la France permet d’en douter.En effet pour développer le nucléaire il afallu,- Imposer un usage intensif de l’électricitédans l’habitat et le tertiaire à travers lechauffage électrique et la climatisation, aupoint de rendre notre pays plus fragile quenos voisins en cas de canicule ou de vaguede froid. Cela a été le cas au cours de l’été99, et on a vu cet hiver la France importerde l’électricité de l’Allemagne, où il faisait

encore plus froid, et qui est engagée dansla sortie du nucléaire. Notre pays nucléa-risé à outrance a montré ainsi sa plusgrande fragilité. - Cette fragilité s’est traduite cet automnepar la grande panne d’électricité qui a tou-ché plusieurs millions de foyer, à la suited’une panne du réseau allemand. En effet,la France, suréquipée en production de« base » a du mal à assurer les pointes etdoit pour cela importer de l’électricité,d’Allemagne en particulier, à qui on achèteplus d’électricité qu’on lui en vend. Leréseau allemand tombant en panne nepouvait plus nous fournir à l’heure depointe, provoquant l’effondrement d’unepartie du réseau français.- Se priver de toute politique de maîtrise etd’économie d’énergie, ce qui fait que laFrance est l’un des pays d’Europe qui émetle plus de gaz à effet de serre. Et qui man-que d’une politique des transports cohé-rente.- Neutraliser tout effort de développementdes énergies renouvelables susceptibles deconcurrencer à terme le nucléaire. Nous

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Réchauffement climatique

prenons ainsi du retard dans ce domaine100 fois plus développé en Allemagne (dèsmaintenant plus de 10% de son électricitéest produite par le solaire et l’éolien) auDanemark ou ailleurs, ce qui nous pénalisecommercialement et en emplois potentiels,sachant que l’économie d’énergie et lesénergies nouvelles sont bien plus créatricesd’emplois que la production centraliséed’électricité.- Promotion de la consommation d’éner-gie, voire gaspillage, fragilité face auxpointes climatiques, retard dans les activi-tés de maîtrise d’énergie – que ce soit dansles systèmes à haut rendement, les maté-riels efficaces, les énergies renouvelables,voilà ce qui caractérise la France, modèlemondial du nucléaire.

On peut donc douter de l’utilité dunucléaire – lui même grand consommateurd’énergie- pour combattre la dérive clima-tique. Multiplier le nombre de réacteursdans le monde de 400 à 4000 ne changeraitpas grand chose, mais accroîtrait considé-rablement les risques de catastrophes(n’oublions pas que fin juillet, un réacteursuédois considéré comme l’un des plus sûrsest passé à quelques minutes d’une catas-trophe qui aurait pu toucher toute une par-tie de l’Europe), favoriserait le nucléairemilitaire, et multiplierait les déchetsradioactifs ingérables à léguer pour desmillénaires aux générations futures.C’est toute une politique de l’énergie qu’ilfaut revoir, avec en premier celle des trans-ports, et la lutte pour l’économie d’énergiedans tous les domaines, mais spécialement

dans le domestique et le tertiaire.

Ainsi malgré les menaces climatiques nouscontinuons à annoncer qu’il est indispen-sable de sortir du nucléaire. Reprenons ce qu’exprimait récemmentHubert Reeves qui a été longtemps favora-ble au nucléaire civil :

« On n'a plus le temps du nucléaire »(Voir encart).

Nous apprenons aussi qu’au Canada, legouvernement fédéral ne prévoit pas decrédit pour la réfection des centralesnucléaires car elles ne contribuent pas à ladiminution de l’effet de serre en vertu duprotocole de Kyoto.Et que penser des sommes considérablesque la France et l’Europe s’apprêtent àengager dans le projet ITER, destiné àreproduire - avec tous les risques etdéchets (tritium en particulier) qu’on ima-gine - la fusion nucléaire qui se produitdans le soleil, alors qu’on ne fait pas grandchose pour utiliser l’énergie solaire quinous arrive gratuitement et proprement!Que penser aussi du blocage de l’éolienrevendiqué par des « écologistes » adeptesdu « pas dans mon jardin ».

C'est le dérèglement climatique qui s'at-taque au nucléaire, démultipliant les ris-ques et les problèmes : au cours de la tem-pête de décembre 1999, la centralenucléaire du Blayais (Gironde) a été grave-ment inondée, frôlant la catastrophe.Pendant la canicule 2003, EDF a dû arrêter

de nombreux réacteurs - et même arroserceux de Fessenheim (Alsace) – du fait duréchauffement des eaux des fleuves, et laFrance n'a évité la pénurie qu'en importantmassivement de l'électricité à un coûtexorbitant. Quelques jours à peine après les défaillancede la France nucléaire à répondre auxpointes de consommation de cet hiver der-nier, c'est à nouveau le spectre de la séche-resse qui menace : avant que les autrescentrales nucléaires ne soient touchées, ilapparaît déjà que celle de Civaux (Vienne)va être sous peu en difficulté du fait de labaisse du niveau de l'eau dans la Vienne.Il faut s'attendre à des canicules et desexcès climatiques de plus en plus fréquentset intenses, provoquant la neutralisationdes réacteurs nucléaires ! Et quel serait l’ef-fet d’un Tsunami dans l’Atlantique ou laManche sur les réacteurs côtiers ?Pour sauver la planète du réchauffementclimatique, et simultanément du nucléaire,les solutions sont connues : une réductionmassive de la consommation énergétiquedes pays riches, et un développementmaximal partout sur la planète des techni-ques d'efficacité énergétique et des éner-gies renouvelables. Non, le nucléaire n’est pas la solution àl’effet de serre, même si le lobby l’espère,et nous n’avons pas à choisir entre la pestenucléaire et le choléra réchauffement.

Pierre PéguinE-mail : [email protected]

Hubert Reeves, astrophysicien : “ Elledépendra pour beaucoup de notre capacitéà développer rapidement les énergiesrenouvelables.”

- De toutes les menaces qui pèsent sur notre pla-nète, laquelle vous paraît la plus inquiétante ?- Celle de l'énergie. Parce qu'en extrapolant lesinformations qu'on reçoit régulièrement des paysasiatiques comme la Chine et l'Inde, on épui-sera nos ressources en gaz et en pétrole plustôt que prévu. On en aura fini avec le pétroledans 50 ans maximum. Or on n'a plus le tempsdu nucléaire. La technique utiliséeaujourd'hui, celle des neutrons lents, verra sesréserves s'épuiser dans 50 ans également. Lessurgénérateurs utilisant les neutrons rapidesne seront pas prêts avant un siècle. Et la tech-nique de fusion contrôlée du type ITER ne serapas au point avant cinquante voire cent ans.De toute manière le nucléaire est une mau-vaise solution car il revient à hypothéquerl'avenir. A nous l'énergie, à nos enfants les

déchets... L'attitude de la France est à courtevue : le gouvernement dépense dix fois pluspour le développement du nucléaire que dansles énergies propres.

- Pourquoi les énergies renouvelables ont-ellestant de difficultés à s'imposer ?- Tout simplement parce qu'elles sont considé-rées comme non rentables. Pendant long-temps, on nous a dit que le solaire et l'éolienétaient peu productifs. Pourtant au Danemark,ce sont 10 à 20 % de l'énergie qui sont d'ori-gine éolienne. La quantité de vent au Québecsuffirait à fournir tout le continent nord-améri-cain en énergie. Mais il faut faire vite. Laquantité d'énergie actuellement consomméeest l'équivalent de 10 000 réacteurs nucléai-res. D'ici 2050, ça va doubler et à ce train-là,ce sont 20 millions d'éoliennes qui serontnécessaires. Si on ne s'y met pas tout desuite...- Tout est une question de prix du kWh. La géo-thermie par exemple, sauf à habiter en

Islande, est chère car il faut creuser très loin.Les courants marins, le photovoltaïque sontdes énergies plus coûteuses que le pétrolemais à plus ou moins long terme, cela va s'in-verser. Un jour, la demande en pétrole serasupérieure à l'offre et les prix vont grimper. Ilsera alors plus économique de développerd'autres énergies.

- Ne faudra-t-il pas avant tout réduire notreconsommation ?- Il est bien évident que si les Chinois dépen-saient autant que nous, c'est l'équivalent de100 000 réacteurs nucléaires qu'il faudraitpour faire face. Un Américain consomme10kW, là où un Européen en consomme 5 etoù un ou deux suffisent pour vivre convenable-ment. Commençons effectivement par diviserpar 10 et par 5 ces habitudes de consomma-tion.

Source : Les Dernières Nouvelles d'Alsace12 mars 2005.

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Climat

Un rapport dénonce lapromotion du nucléaire

La promotion de l'énergie nucléaire comme solution au réchauffement climatique est peujudicieuse et pourrait aboutir à des conséquences extrêmement dangereuses, a prévenu unorganisme indépendant de réflexion sur les questions de sécurité internationale.

L'énergie nucléaire émet peu de gaz à effets deserre, notamment de dioxyde de carbone, princi-paux responsables du réchauffement climatique.Dans un rapport intitulé "Energie sûre, nucléairecivil, sécurité et réchauffement climatique",l'Oxford Research Group affirme cependant quel'uranium nécessaire à ce processus n'est pas dispo-nible en quantité suffisante sur la planète et que lespuissances nucléaires seront donc tentées de retrai-ter du combustible nucléaire pour obtenir du plu-tonium."Une multiplication des activités de retraitement etle commerce international de matériau à usagemilitaire qui en résulterait augmenteraient les occa-sions pour les Etats, les organisations criminelles etles terroristes d'acquérir du matériau à usage mili-taire", souligne ce rapport.

Dans une préface à ce document, l'ancien ministreallemand de l'Environnement et de la Sécuriténucléaire Jürgen Trittin écrit que le développementde l'énergie nucléaire conduira automatiquement àune prolifération menaçant la sécurité internatio-nale.

"L'une des pires idées, largement répandue dans ledébat international, est l'appel en faveur d'undéveloppement de l'énergie nucléaire commemoyen de préservation du climat", écrit Trittin.

Risques incontrôlables

"Cette recommandation est un exemple parfait delutte contre un risque par le biais d'un risqueencore plus élevé. Les risques liés à la proliférationet au terrorisme nucléaire aussi bien par des Etatsque par des acteurs non étatiques sont tout simple-ment incontrôlables", ajoute-t-il.Outre cet aspect, l'extraction et la purification del'uranium contribuent à l'émission de dioxyde decarbone dans l'atmosphère, même si les centralesnucléaires en émettent peu elles-mêmes, et il fau-drait construire des milliers de réacteurs pour obte-nir un effet significatif sur le changement climati-que, relève l'Oxford Research Group.

L'énergie nucléaire fournit environ 80% de l'électri-cité consommée en France et de nombreux paysdans le monde paraissent tentés de suivre cetexemple. Les détracteurs du nucléaire affirment queles énergies renouvelables comme l'éolien, le solaireou l'hydraulique sont moins polluantes, notam-ment au regard du danger posé à très long termepar les déchets nucléaires, et moins risquées enterme de sécurité.

Le lobby nucléaire rejette ces arguments et assurequ'aucune énergie renouvelable n'a la capacité deproduction du nucléaire.Seuls quelques pays, notamment la France, laGrande-Bretagne et le Japon, retraitent actuelle-ment du combustible nucléaire. Une explosion de lademande d'énergie nucléaire pourrait cependantentraîner un brusque développement de ces activi-tés dans le monde et déborder les procédures decontrôle, prévient le rapport de l'Oxford ResearchGroup.

Parallèlement, le réchauffement climatique risquede provoquer des inondations, des famines et d'au-tres perturbations favorisant l'instabilitépolitiquedans les zones les plus vulnérables. "L'énergienucléaire ne peut pas apporter une contributionimportante à la réduction mondiale des émissionsde dioxyde de carbone, tandis que ses effets surl'insécurité mondiale et les risques de conflitscatastrophiques et de terrorisme sont parfaitementconnus", conclut ce rapport.

Source : Londres, 26 mars 2007 - ReutersCent

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Réchauffement climatique

Est-il possible, d'ici à 2050, de diviser parquatre les émissions françaises de gaz à effetde serre ? La réponse est oui. Est-ce que c'estfacile ? La réponse est clairement non. Toutest dit dans cet avis exprimé par le grouped'experts chargé par le gouvernement d'uneétude sur une réduction drastique des émis-sions françaises.

Ce rapport supervisé par l'économiste Christian deBoissieu, président du Conseil d'analyse économi-que découle de l'engagement, annoncé en 2003par le premier ministre Jean-Pierre Raffarin, etconfirmé par Jacques Chirac en 2005, de diviser parquatre les émissions polluantes en moins d'undemi-siècle.

Pourquoi ce chiffre ? Parce que, si l'on veut limiterle réchauffement de la planète à 2°C, il faudra limi-ter la concentration atmosphérique de dioxyde decarbone (CO2) à 450 ppm (parties par million).Pour y parvenir, l'humanité doit plafonner sesémissions annuelles de carbone à 4 milliards detonnes, soit 0,6 t pour chacun des 6 milliards d'hu-mains de la planète.

Comme les pays les moins riches vont, en se déve-loppant, atteindre progressivement ce niveau, lespays industrialisés doivent réduire substantielle-ment leurs rejets. La France devait ainsi passer de140 millions de tonnes à 38 millions.

Peut-on attendre 2040 pour s'engager en espérantque des technologies seront alors disponibles pouropérer cette réduction ? Certainement pas.L'accroissement de l'effet de serre est un phéno-mène cumulatif. "Plus nous agirons tard, écriventles rapporteurs, plus il sera difficile de revenir à unniveau d'émissions absorbable par la biosphère,plus les concentrations atmosphériques seront éle-vées et plus les effets perturbateurs seront impor-tants".

S'il est indispensable de poursuivre et d'accentuerles recherches dans de nombreux secteurs techno-logiques pour réduire l'effet de serre, les expertspréviennent que l'on ne peut se reposer sur ellesseules. De même, il apparaît que le nucléaire, lesolaire et l'éolien ne sont pas la solution à tous nosmaux.

"L'énergie nucléaire en Europe représente 6 % del'énergie finale, 2 % dans le monde, 17 % en France.Au vu de ces pourcentages, il n'apparaît pas justi-fié, pour bâtir une stratégie climat, de centrer ledébat sur l'énergie nucléaire."

Quant aux "énergies renouvelables (soleil, éolien-nes) si souvent mises en avant, (elles) ne consti-tueront pas la panacée et la solution à tous lesproblèmes". En revanche, la biomasse, et notam-ment la filière bois, semble présenter un potentieltrès important.

Enfin, on ne peut se reposer sur les seules forces dumarché. Il n'est pas certain que le prix du pétrolemontera assez rapidement pour orienter différem-ment le système énergétique, et des substitutscomme le charbon ou les schistes bitumineux, trèspolluants, pourraient se voir privilégiés par lesindustriels.

L'accent doit être mis sur "la maîtrise de lademande d'énergie". C'est là que les actions àmener sont "à la fois très nombreuses, souvent peuonéreuses, et disponibles relativement rapide-ment". Aussi faut-il agir prioritairement sur letransport et le bâtiment qui sont responsables deplus de la moitié des émissions françaises.

L'adaptation de l'habitat à ces nouvelles conditionsreprésente d'ailleurs un "marché de plusieurs cen-taines de milliards d'euros d'ici à 2050". Quant autransport, il faut agir sur la motorisation des voitu-res, en instaurant une vignette écologique et enlançant un marché du carbone entre constructeurs.

L'enjeu est énorme. Mais, insistent les rapporteurs,"la lutte contre les changements climatiques impli-que une transformation de l'économie et de lasociété mondiales".

Reste à convaincre les citoyens de cette politique.Leur comportement est sans aucun doute "la ques-tion la plus délicate à traiter dans les scénarios dedemande d'énergie".

Hervé Kempf

Source : LE MONDE | 09.10.06

Un rapport estime que la Francepeut diviser par quatre sesémissions de gaz à effet de serre

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" Peu importe que l'un ou l'autre ait étéjusqu'ici innocent, il devient coupable s'il n'ou-vre pas les yeux à ceux qui ne voient pasencore, et s'il ne hurle pas ce qu'il a compris àceux qui ne comprennent pas encore. La fauten'est pas à rechercher dans le passé mais dansle présent et l'avenir. Les assassins potentielsne sont pas les seuls coupables, nous aussi lesmorts en puissance nous le sommes." écrivaitGunther Anders, philosophe Allemand, en 1956,révulsé par le peu de réaction face à la course àl'armement nucléaire.

J'ai choisi le nucléaire comme sujet d'étude à unmémoire de maîtrise en science de l'éducationintitulé « Education à l’environnement, la ques-tion du nucléaire ». Ce mémoire s'appuie surdes auteurs tels que Gunther Anders, HannahArendt, Albert Jacquard... Il y a également huitentretiens avec des enseignants sur la place dunucléaire dans leur enseignement.

Voici la conclusion de ce mémoire :

Chaque fission c'est la voie vers la mort

Il aura fallu qu’on arrive à défaire l’œuvre deDieu c’est-à-dire la matière.Défaire le monde, défaire ce qui était là avantnous on ne l’a jamais fait. Qui nous a fait pro-gresser au point de nous assassiner ?

citation de Marguerite Duras

La radioactivité est un phénomène naturel dedécomposition qui, activé artificiellement faitpeser une grave menace sur le vivant.

Son utilisation est le résultat d’une combinai-son entre positivisme scientiste et volonté depuissance.

L’enthousiasme européen après les explosionsdes bombes d’Hiroshima et de Nagasaki estretombé, cependant la menace n’a fait queprogresser.

La brève histoire du nucléaire dément sanscesse les prédictions de ses débuts :- En 1974, on prévoyait que pour l’an 2000, ilfaudrait 200 réacteurs et 50 surgénérateurspour assurer les besoins d’électricité en France.- En 1969, les normes de sécurité pour les sitesde stockage étaient mille fois supérieures auxnormes actuelles.

Il est désormais interdit de se débarrasser desfûts de déchets radioactifs en les jetant dansl’océan.

L’optimisme des promoteurs de l’atome est sanscesse démenti par la réalité.

L’expérimentation nucléaire dépasse les expéri-mentateurs et les expérimentés, mais est syno-nyme de pouvoir pour les expérimentateurs.

Par l’ampleur de la menace qu’elle fait pesersur tous, elle fait régner la terreur.

L’idéologie précède la terreur.

« Une des différences fondamentales entre lesdictateurs modernes et toutes les autres tyran-nies d’autrefois est que la terreur ne sert plus àexterminer et à épouvanter les adversaires maisà gouverner les masses dociles ».

Il est difficile de parler sereinement de cettetechnoscience car l’électricité est indispensableà nos activités et il y a amalgame entre électri-cité, nucléaire, indépendance de la France, élitescientifique et autorité de l’Etat.

« Poursuivre la recherche intense de la sécuritéalors même que se multiplient les conditionstechnologiques et institutionnelles de sonimpossibilité, telle est la contradiction àlaquelle sont confrontés les individus ». La privatisation d’EDF, si elle est peu rassurantedu point vue de la sécurité et de l’accès àl’énergie pour tous, permettra peut-être derelâcher le lien entre autorité de l’Etat et exploi-tation de l’atome pour produire de l’électricité,et permettre au débat de pénétrer dans les ins-titutions.

« Le principe de précaution, clé de voûte dudéveloppement dit « durable » est étroitementlié à la perspective qu’auront les générationsfutures de pouvoir satisfaire leur besoin. Ainsiles risques de dégâts irréparables d’originetechnoscientifiques dans l’écosystème relan-cent incessamment les exhortations à penser àl’avenir, à la précaution alors qu’à l’évidenceles menaces en question n’appartiennent plus àl’avenir mais bien au passé. »

Il est temps que tous les Français arrivent àregarder la situation d’exception du toutnucléaire en face et que ce ne soit plus le champréservé des scientifiques et des politiques.L’école ne peut être ni responsable ni indiffé-rente à cette technologie qui signe l’obsoles-cence de l’homme. Elle doit se situer entre leserreurs passées et les menaces présentes etfutures.

Ne pas informer les jeunes constitue une formede trahison, favorise la démission en laissantl’élite des experts décider à la place de tous, ce

qui est contraire aux principes républicains etde formation du citoyen.

Ne pas parler du nucléaire dans les program-mes et laisser les promoteurs de l’atome infor-mer les élèves, c’est participer à la transmissiond’une idéologie qui est contraire au principe deneutralité sur lequel s’appuie l’école. Celle-cidevrait permette à ceux qui condamnentl’atome de pénétrer dans l’école au même titreque ceux qui en font la promotion.

Il est temps de mener une réflexion sur la façond’informer les jeunes. De montrer qu’il y ad’autres moyens de produire de l’électricité, des’ouvrir aux expériences pédagogiques d’éner-gie propre qui existent dans les établissementsscolaires européens. Ne plus laisser ce secteurdans l’ombre et donner de l’espoir aux jeunesen leur montrant qu’il est possible de construireun monde plus sûr pour demain.

Il y a urgence à entreprendre une telle démar-che, mais on ne peut espérer une générationspontanée d’enseignants capables de synthéti-ser la question complexe de l’énergie et del’écologie. Cette réflexion doit être d’abordmenée à l’université et dans les instituts de for-mation des enseignants.

« Agir déclenche une série de conséquences.Celui qui agit se conduit en être responsablelorsqu’il accepte de supporter personnelle-ment le poids de ces conséquences. Sa respon-sabilité est tout autant engagée lorsqu’il alaissé faire, sans agir directement : qu’on l’ac-cepte ou non, et sauf cas pathologique, chacunsait en quoi consiste le geste qu’il fait et l’ob-jectif de ce geste. En revanche, il n’est guèrepossible de savoir l’ensemble des événementsqui seront, de proche en proche, déclenchés parce geste. « Je n’ai pas voulu cela » disent sou-vent ceux qui ont provoqué des catastrophespar manque de lucidité. Mais c’est justementdans ce manque de lucidité que réside leurcrime. » Albert Jacquard(Petite philosophie à l’usage des non philoso-phes)

Véronique [email protected]

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Education

Comment l’écoleparle-t-elle du nucléaire ?

Le nucléaire omniprésent dans notre société pose la question de notre responsabilité individuelle, même si nous subis-sons une situation que nous n'avons pas choisie. Il nous plonge dans une tanatoculture, c'est-à-dire une culture demort. Qui est coupable ?

Vous pouvez commander le mémoire intégral« Education à l’environnement, la question dunucléaire » à : Véronique Marchandier 7, rue de la Poultière - 35500 VitréCoût 10 euros pour frais de photocopie etd'envoi. Chèque à l’ordre de “Véronique Marchandier”.

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A lire

L’autonomie énergétiqueUne nouvelle politique pour les énergies renouvelables

La question de l'énergie est centrale pour remédier au réchauffement climatique etempêcher les guerres causées par notre dépendance aux ressources étrangères.Mais comment agir en faveur d'une véritable autosuffisance énergétique ?Hermann Scheer, député allemand et prix Nobel alternatif de 1999, expose ici denombreuses idées et révèle les véritables enjeux de cette question.Si l'on veut que le changement vers une autonomie énergétique s'opère d'unefaçon maîtrisée (sans nouvelles guerres, sans vagues de chômage dans certainssecteurs) nous ne devons pas perdre de temps, car le jour où les énergies fossilesviendront à manquer et où le nucléaire ne pourra plus cacher sa face dangereuseet coûteuse, des conflits énergétiques violents risquent d'éclater. Ainsi une politi-que en faveur de l'autosuffisance énergétique n'est-elle pas aussi une action enfaveur de la paix ?Un essai fondamental, qui enrichit les débats énergétiques actuels, écrit par unhomme politique qui défend, à travers le monde, toutes les énergies renouvelables.

Livre de 270 pages (Ed. Actes Sud) : 25 euros (port compris) à commander au Réseau Sortir du nucléaire.

Maîtriser la consommationd'énergie

En réaction au système en place, fondé sur l’hégé-monie des sources d’énergie et l’élimination dessolutions alternatives, la démonstration qu’unestratégie d’efficacité énergétique peut être dou-blement gagnante, sur le plan économique etenvironnemental.

Docteur en sciences et en économie de l’énergie,Bernard Laponche a été, notamment, directeurgénéral de l’Agence française pour la maîtrise del’énergie (AFME). Il est aujourd'hui consultantinternational en politique énergétique.

Livre petit format de 127 pages (Ed. Le Pommier) : 9,50 euros (port compris).

Ces deux ouvrages sontà commander au RéseauSortir du nucléaire :9, rue Dumenge 69317Lyon Cedex 04 (chèqueà l’ordre de « Sortir dunucléaire »).

Vous pouvez aussi lescommander dans notreboutique en ligne :http://boutique.sortirdunucleaire.org/

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Azote, alors !Ceux qui ont en tête l’image bucolique de trou-peaux paissant à l’ombre de grands arbres doiventmettre à jour leurs données. En France, l’élevage estindustrialisé à 90 % et les animaux sont nourris àbase d’une production agricole intensive (tour-teaux, céréales, etc.) soutenue par des engrais quin’ont rien de naturel : 52 % de tous les fertilisantschimiques azotés utilisés par l’agriculture françaisesont ainsi employés « au service » des seuls ani-maux. Ces fertilisants sont fabriqués par des indus-tries polluantes et grandes consommatrices d’éner-gie : ce sont environ 15 milliards de kWh qui sontnécessaires pour les produire.

Quelle énergie, le bœuf…La France entretient un cheptel d’environ 20 mil-lions de bovins. La production d’aliments pour cesanimaux, le parc de machines nécessaires et les ins-tallations agricoles génèrent une importantedépense énergétique dont le seul poste « électri-cité » peut être estimé à 1 milliard de kWh. Toutesénergies confondues, la production par les fermesd’élevage du 1,6 millions de tonnes de viandebovine produite en France en 2004 aura nécessitél’équivalent de 22 milliards de kWh. Sans oublier 2autres milliards pour la transformation en produitsconsommables. Avec une telle surchauffe, on com-prend mieux que la viande soit « rouge »…

Une incidence directeCes quelques chiffres montrent l’ampleur du posteénergétique « animal », même si l’évaluation

exacte de la dépense énergétique totale de l’éle-vage en France reste à faire. Toute la dépense n’estpas de nature électrique, mais chacun sait que pluson aura besoin d’énergie, plus le nucléaire prendrade l’importance. Officiellement, en 2005, la Francea produit 430 milliards de kWh d’électricité d’ori-gine nucléaire, soit environ 7,5 milliards par cen-trale (sur la base de 58 centrales). En simplementadditionnant les chiffres donnés ci-dessus (40 mil-liards, qui ne regroupent donc qu’une partie de laréalité), on aboutit à l’équivalent de production deplus de 5 centrales… On sait que pour satisfaire une demande qui necesse de croître, la production nationale d’électri-cité a été multipliée par 3 depuis trente ans. Le typed’alimentation choisi a sa part de responsabilitédans cette augmentation. Entretenir un cheptel deplus de 300 millions d’animaux d’élevage etconsommer près de 90 kg de viandes (toutes caté-gories confondues) par personne et par an necontribue guère à faire baisser la facture énergéti-que.

Et les à côtés ?Une attitude écologique doit être globale souspeine d’être inefficace. On ne peut oublier parexemple que 35 à 40 % du méthane généré par lesactivités humaines provient du bétail. A l’émission,le méthane est 62 fois plus puissant que le gaz car-bonique en termes d’effet de serre. Mais il perd sacapacité de réchauffement plus rapidement. C’estpourquoi on pourrait stabiliser la concentrationatmosphérique du méthane d’origine humaine enréduisant seulement de 10 % les émissions. Et il suf-firait pour ça de diminuer d’1/4 à 1/3 sa consomma-tion de viande (car l’élevage serait réduit d’autant,évidemment).

Oui, mais, alors…Faudra-t-il devenir végétarien ? Il n’y a pas depanacée pour sauver le monde ; il est juste néces-saire d’adopter une attitude logique consistant àfaire des gestes allant tous dans le même sens.Réduire sa consommation de viande, le plus possi-ble, est un de ces gestes qui participent à diminuernotre empreinte écologique, à réduire nos gaspilla-ges énergétiques, et à construire un monde pluspropre. Ce n’est pas anodin.

André Méry – Alliance Végétarienne www.vegetarisme.fr - [email protected]

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Végétariens

Veaux, vaches,cochons, couvée…

Perrette avait dû leur dire adieu, et nous aussi, nous ferions bien de les oublier un peu, cespauvres bêtes. En effet, nous aurions moins de nucléaire si nous mangions moins de viande.Si, si, c’est mathématique ! Démonstration.

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Résistance

Stéphane Lhomme etJean-Michel Tastet

injustement condamnés àBordeaux

L'association Tchernoblaye lance un appel à soutien financier

L'association Tchernoblaye a exprimé son écœurementaprès les condamnations, mercredi 21 mars, de StéphaneLhomme et Jean-Michel Tastet par le tribunal correctionnelde Bordeaux, malgré de nombreux soutiens dont ceux deJosé Bové et Noël Mamère ainsi que d'Olivier Besancenot parcourrier.

Le 27 octobre 2006, du fait de l’inertie du Parquet de Bordeaux quirefuse depuis 2003 d’instruire une plainte déposée contre la centralenucléaire du Blayais en Gironde (*), l’association Tcherblaye a orga-nisée une action de protestation symbolique et pacifique. Deux mili-tants ont ainsi tenté d’occuper un échafaudage dans la cour inté-rieure du Palais de Justice de Bordeaux. Ils sont passés en procès le 21mars 2007 et ont été condamnés à des amendes avec sursis, alorsqu’ils protestaient contre un déni de justice.

Stéphane Lhomme a décidé de faire appel d'un jugement incompré-hensible : les supposées "victimes" (un magistrat et un officier depolice) n'étaient ni parties civiles, ni présentes à l'audience, ni mêmereprésentées par un avocat. C'est la peur du ridicule qui explique cesabsences, tant les accusations portées contre Stéphane Lhomme sontcontradictoires et abracadabrantes. Dans sa déposition, le "procu-reur acrobate" prétend même avoir voulu descendre par une échelleà laquelle montait le "policier volant" : avaient-ils l'intention de secroiser au milieu de l'échelle, à 15 mètres de hauteur ? Ce scénariodélirant a pourtant réussi à convaincre le tribunal qui a condamnéStéphane Lhomme à une amende de 1000 euros avec sursis.

Jean-Michel Tastet, arrêté de façon plus que "ferme" par plusieurs policiers, au pied du fameux échafau-dage, a lui aussi été condamné et doit payer 900 euros de dommages et intérêts. Accusé par deux poli-ciers, qui sont donc assermentés et se sont constitués parties civiles, Jean-Michel n'avait aucune chanced'échapper à la condamnation et risquait fort de voir la peine alourdie en seconde instance. Il ne fait doncpas appel, mais l'association Tchernoblaye dénonce le fait que, une fois de plus, un militant est condamnépour avoir "brutalisé" les nombreux policiers qui se sont jetés sur lui…

Tchernoblaye lance une souscription pour couvrir les frais de ces diverses procédures (**). L'associationappelle les citoyens à la solidarité, tant sur le plan financier que sur le terrain : un rassemblement seraorganisé lors du procès en appel. Il s'agira, bien sûr, de demander la légitime relaxe pour StéphaneLhomme, mais aussi d'exiger que le Parquet de Bordeaux fasse enfin preuve de courage et de responsabi-lité en annonçant enfin, avec 3 ans et demi de retard, un procès contre la centrale nucléaire du Blayais.

Tchernoblaye - http://tchernoblaye.free.fr

(*) Pendant 5 mois et demi, en2003, la centrale nucléaire duBlayais a fonctionné sans lesautorisations nécessaires. Il s'agitd'un grave délit, puni de deuxans de prison et de lourdes amen-des. Encore faut-il qu'il y ait unprocès.

(**) Chèques à l'ordre deTchernoblaye, à envoyer àTchernoblaye, C/o cinéma Utopia,5 place Camille Jullian,33000 Bordeaux

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On trouve la réponse auprès de Jacqueline Clavel,chercheuse dans ce même institut de recherche ;dans un interview de mai 20051, elle déclare : «L’effet du tabac ou de l’alcool masque celui desfacteurs environnementaux ». De même dans lePlan Cancers 2003-2007 voulu par Jacques Chirac,on peut lire : « Les principaux facteurs de risquefavorisant l’apparition de cancers sont le tabac,l’hygiène alimentaire et l’excès d’alcool ».

Le choix d’une population qui ne révèlepas les problèmes

La conséquence de ce constat, général dans lemilieu médical et scientifique (je l’ai vérifié lorsd’un colloque international à l’Unesco le 9 novem-bre 20062), est que les études sur la répartitiongéographique des cancers en France ne portent quesur une population : les enfants de moins de 15 ans,parce qu’il seraient à l’abri des effets directs del’alcool et du tabac. C’est le cas, par exemple, de lacélèbre étude sur les cancers autour de La Haguepar le Pr Viel de la faculté de Besançon, publiée en

Angleterre en 1993, reprise et infirmée en 2001 parles instances officielles françaises3. De même,l’étude Inserm-IRSN3 sur les cancers autour des ins-tallations nucléaires en France entre 90 et 98, portesur les cas nouveaux observés (incidences) de leu-cémies et de lymphomes chez les enfants de moinsde 15 ans4. Aucun des 65 sites n’indique de diffé-rence significative entre cas observés et cas atten-dus. Aussi, lors du colloque de novembre àl’Unesco, le Dr Belpomme, évoquant ces travaux, a-t-il rejeté ma demande d’inclure le plutoniumparmi les « CMR » (cancérigènes, mutagènes, oureprotoxiques). Or dans les « chiffres du cancers »publiés dans le programme du Plan Cancer 2003-2007, les nouveaux cas de cancers en 2000 enFrance sont au nombre de 6 243 pour les leucémiesà tous âges, et des 41 845 pour les cancers du seinchez les femmes, de 40 209 pour ceux de la prostatechez les hommes, de 36257 pour ceux du colon-rec-tum et de 27 743 pour ceux du poumon. Ces chiffresméritent-ils qu’on s’y arrête ?

Mme Jacqueline Clavel, dans l’interview citée, dit :« il faut donc mettre en place des études systéma-tiques pour rechercher un excès de risque localiséautour des sites suspectés ». Cela a été fait dansseulement 12 départements à ce jour.Dans la Manche, qui inclut les « installationsnucléaires du Nord Cotentin », le Centre de laHague, principalement, un Registre des Cancers aété réalisé en 1994 par une enquête auprès desmédecins, biologistes, pharmaciens et infirmièresdu département. Un dépliant est diffusé5 ; il portesur tous les types de cancers, par communes, inci-dences et morts, selon les âges et les sexes, sur lapériode 1994-2001. Les résultats montrent un excèsde cas significatifs de cancers de l’estomac et dupoumon autour de La Hague. Les cas de leucémie etde lymphomes sont peu nombreux. Le Registre dela Manche a été homologué par le Comité Nationaldes Cancers en 1997. La difficulté de la procédurevolontariste de création d’une association dans lemilieu médical explique peut-être le faible nombrede registres, on peut le regretter.

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Santé

CANCERS :L’OUBLI DES VRAIES

QUESTIONS?Dans l’Ecologiste no21 de décembre 2006, à propos de l’enquête EN3N de l’Inserm auprès de100 000 femmes en France, il est remarqué qu’aucune question ne porte sur la qualité de leurenvironnement. Pourquoi ?

Manifestation de Lille© Jean Didier

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Santé

1 Le Concours Médical du 25-5-2005.2 « Environnement et santédurable » organisé parl’ARTAC, présidée par le DrBelpomme, cancérologue.3 Institut de Recherche sur laSûreté Nucléaire. 4 Incidence des leucémies del’enfant aux alentours dessites nucléaires français entre1990 et 1998, BEH n°4/20065 Association pour un Registredes Cancers en Manche, ARKM,BP208, 50102 Cherbourg-Cedex.6 Interview de JacquesRépussard, directeur de l’IRSN,pour la Revue Pétrole et Gaz ,juillet 2006.

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Pour des enquêtes cancersautour des centrales

La Fédération Régionale de Protection de la Naturedans la Drôme (Frapna 26), que je représente dansla Commission Locale d’Information du Tricastin(CIGEET, Commission d’Information sur les GrandsEquipements Energétiques du Tricastin), m’achargé de déposer une demande d’enquête-can-cers autour de Pierrelatte à l’occasion de l’EnquêtePublique sur la nouvelle usine d’enrichissement del’uranium. Il n’y a aucun registre de cancers dansles quatre départements qui entourent Pierrelatte :la Drôme, L’Ardèche, le Gard, le Vaucluse. Un regis-tre est cependant en cours d’élaboration dans leGard. Aussi, pour une telle enquête, nous ne dispo-sons que du registre des déclarations de décès, parcommune, centralisées par l’Inserm ( Cepic DC). Unprojet d’étude va être déposé en janvier 2007auprès de la Cigeet.La proposition a été retenue et approuvée par lesCommissaires Enquêteurs dans leur rapport remisau Préfet de la Drôme le 4 septembre 2006. Suiteaux remarques des DDASS de la Drôme du Vaucluseet du Gard, la Commission d’Enquête a recom-mandé de « compléter l’évaluation des risquessanitaires afin de disposer d’une étude complète,sans ambiguïté méthodologique, et compréhensiblepar le public ». Elle a recommandé « la créationd’un Registre des Cancers dans le département de

la Drôme, comme il en existe dans d’autres dépar-tements de France ». En effet, la Commission rap-pelle que « compte tenu des effets psychologiqueset politiques désastreux engendrés par une com-munication insuffisante sur l’accident de TCHER-NOBYL et sur ses conséquences sanitaires, la miseen place d’une information transparente autourdes grands sites nucléaires est désormais néces-saire. Cela passe aussi par la mise en place auniveau local d’un dispositif de veille sanitaire, dontles travaux doivent pouvoir être rendus publics. »La procédure de démocratie participative queconstitue l’Enquête Publique serait-elle enfin entrain d’évoluer vers plus d’objectivité et d’efficacité? D’autres initiatives comme celle du Registre desCancers de la Manche, vont-elle enfin voir le jour ?Les Commissions Locales d’Information (CLI), inscri-tes dans la loi française depuis juillet 2006, vont-elles susciter des enquêtes sur les cancers autourdes sites nucléaires, alors que la nocivité des faiblesdoses de radioactivité est à l’étude ? A Tchernobyl,20 ans après la catastrophe, des enfants meurentpar la consommation des produits de la terrecontaminée pour des siècles.

Jean-Pierre Morichaud,représentant la Frapna- Drôme

auprès de la Commission Locale d’Informationdu Tricastin (CIGEET).

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Sortir du nucléaire n°34 – Mars 2007 – Abonnement pour un an : 12 euros.Directeur de publication : Patrice BouveretRédacteur en chef : Philippe BrousseMaquette : Audrey Corrénoz et Sabine LiCPPAP : 0608 G 83296 – ISSN : 1276-342 X – Tirage : 19 500 exemplaires.Imprimé par Brailly (69) sur papier 100 % recyclé (sauf couverture). Retrouvez toute l’actualité sur : www.sortirdunucleaire.fr

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