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Le dossier du dimanche 2

Le de-s boat people Près de cent migrants se noient chaque semaine dans-la (jrande Bleue. «·sos Méditerranée» refuse cette fatalité. Nous avons passé douze jours à bord de l'Aquarius

Refuser la fatalité. Ne pas accep­ter que des hommes, des fem­mes, des enfants, des bébés,

continuent de se noyer en Méditer­ranée. Voilà l'ambition,simple, intime, des humanitaires de l'Aquarius, bateau affrété par l'ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières. Cette initiative citoyenne, franco-alle­mande, rejointe par l'Italie, a vu le jour il y a un peu plus d'un an. "' La situation reste absolument criti­que», s'alanne Sophie Beau,cofonda­trice du projet avec Klaus Vogel. « w priorité absolue de tous les Etats, de toutes les agences _et de toutes les ins­titutions européennes, doit être la pré­seroation de la vie humaine; des mil­lier.s de vies en dépendent. » Chaque semaine, en moyenne, près de cent migrants se noient en Médi­terranée. Bien plus l'été, propice aux départs, que l'hiver. L'année 2 016 a été la plus tragique, la plus meurtrière de cette crise migra­toire, avec 5079 morts. L'Aquarius, lui, peut se targuer d'avoir sauvé 15022 personnes. Hélas, ces statistiques, froides, ren­dent peu compte dela réalité de la si­tuation. Derrière ces chiffres, se ca­chent des vies, des familles. C'est pour·cela que Nice-Matin a sou­haité embarquer sur l'Aquarius. Pour mettre des noms sur les visages, et des mots sur les destins de ces boat

people du XXI• siècle.

3000 migrants envovés sur l'eau en moins de Z4h Notre quotidien a, depuis des an­nées, consacré de nombreux sujets à ces migrants qui errent en Europe, et que l'on retrouve à la frontière franco-italienne, à Menton. Nous avons voulu comprendre leur par­cours, Le bilan est terrible. Mare no­stnun, ii notre mer», est de\renue leur cimetière marin. Cet hiver, seul l'Aquarius se trouvait en Méditerra­née. Certes, les conditions météo hi­vernales sont moins propicês aux traversées de migrants, envoyés sur des engins de fortune par des pas-

seurs sans scrupule. Mais les dé-e parts continuent. La preuve : ils ont été 521 à se noyer entre le 1er janvier et le début mars. Et quand ils refusent de partir sur ces coquilles de noix, ils sont abattus sur la plage par les pas­seurs. Ce fut le cas de 22 d'entre eux, le 4 mars dernier, près de Tripoli. Ces migrants venus du Mali, de Gui­née, d'Erythrée, de Gambie, fuient la guerre, la dictature, l'État islami­que, la famine, la persécution. Cer­tains ont passé des années dans les geôles libyennes. C'est justement en face de la Llbye, carrefour des migra­tions, que patrouille l'Aquarius. C'est là que nous avons pu constater l'in­croyable réalité. Le week-end dernier, après une se­maine de tempête, les passeurs ont envoyé sur l'eau 3000 migrants en Il)Oins de 24 heures ! Lâchés avec, en tout et pour tout, dix heures d'autonomie en carbu­rant là où il faudrait plusieurs jç,urs pour rejoindre Lampedusa ou la Si­cile. Un aller simple pour la mort. Sans l'engagement de l'Aquarius, et de quelques autres ONG, le bilan se­rait plus catastroplùque.encore. Patrick Bar, ancien photographe de Nice-Matin et Var-matin, travaille dé­sormais pour SOS Méditerranée. Nous avons passé douze jours sur le bateau aux côtés de celui qui a cou­vert la crise des boat people en 1988 et 1989, en mer de Clùne . ... C'est fort de penser que ces personnes préfè.. rent prendre le risque de mourir plutôt que. de rester. Malgré ces trente an­nées d'écart avec le Viêt Nam, je vois beaucoup de similitudes. Dans les deux cas, ce sont les citoyens qui se mobilisent. Ces gens paient des fortu­

nes à des passeurs, sans aucune cer­titude d'y arriver.» Un voyage au bout de l'enfer.

Envoyé spédal sur l'Aquarius :

GRÉGORY LECLERC

Photos : PATRICK BAR/SOS MÉDITERRANÉE ,.

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Dimanche 26 mars 2017

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Un spectacle apocalyptique Comment, un jour, oublier leursregards hallucinés, perdus, apeurés ? Imaginez, dans une nuit noire, au milieu de la Médi­terranée, l'angoisse d'hommes,de femmes, d'enfants, ballottés sur·une coquille de noix. Sans boussoles, sans moyens de dé­tresse. hnagin� le soulagement.de voir les feux de l'Aquarius les arracher à la nuit et à unemort quasi certaine. hnaginez la terreur de ceux qui voient le ba­teau passer au loin, trop loin ...J'ai passé douze jours surl'Aquarius, de SOS Méditerra­née et de Médecins sans frontiè­res. Nous avons patrouillé aularge de Tripoli. Le premier sau­vetage, ce fut au bout de cinqjours de mer. Une heure trenteaprès, se levait une tempêtedantesque. Si on ne les avaitpas trouvés, ils seraient morts.Quatre-vingt-cinq migrants surl'un de ces misérables canots gonflables de fabrication chi­noise, achetés par les passeurs sur le site Internet Ali Baba. Desengins dont le fond est renforcéà la va-vite de planches de bois.Dépassent des clous, des· vis qui transpercent les pieds. Pour rendre le « commerce » plus lu­cratif, les passeurs peuvent en­tasser jusqu'à 200 personnes àbord. Le mélange gasoil et eaude mer dans lequel baignent lespassagers leur occasionned'horribles brûlures, dont la vuem'a simplement glacé. Le coup de tabac qui' a suivi ce« resèue » a été éprouvant 48 heures dans des vagues desix mètres et des vents de plusde 50 nœuds en rafale. Un cargoa coulé non loin de là, faisant sixdisparus.

faudm s'attendre à des départsde Libye •, avait prophétiséKlaus Merkle, patron de ceux,qu'à bord, on appelle les «SAR» pour Search and Rescue. Une équipe de sauveteurs consti­tuée de gens de mer très expé­rimentés.

11 La plus vasteopération de sauvetage Jamais menée"

Ce fut au-delà des prévisions. Le week-end dernier, au neu­vième jour de mer, nous avons·vécu la plus vaste opération de sauvetage jamais menée parl'Aquarius. En moins de 24 heu­res, 946 migrants sauvés. 21 heures, le samedi soir. Pre­mier rescue de vingt-cinq per­sonnes sur une· sorte de petit bateau de pêche bleu, en bois,de dix mètres. «les passeurs les construisent spécialement, expli­que Stéphane Broch, l'un des

SAR. Ces navires n'ont aucunéquilibre et chavirent au moindre mouvement de panique à bord.»

Les migrants ne savent généra­lement pas nager. À 4 heures, dimanche dernier,nouveaux sauvetages. Peuaprès 6 heures, le jour se le­vant, le spectacle est apocalyp­tique. Devant nous, des points noirs à l'horizon. Autant d'em­bar�ations en déroute aprèsune nuit de mer. Des hommes, beaucoup de femmes, d'en­fants, des nourrissons. Neuf embarcations de boa.t pe<,ple au total. Nous sommes bien­tôt près de mille à bord. Au total, en cinq jours, 6000 mi­grants ont été récupérés par les gardes côtes italiens -et des ONG, selon I' Agence des Na­tions unies pour les r�fugiés(UNHCR).' Â bord de l'Aquarius, commechaque membre d'équipage, j'ai accueilli, rassuré, réchauffé, nourri. À la détresse ont suc­cédé des sourires d'enfants, desmains chaudement serrées.«Que Dieu vous béni$Se, vousnous avez sauvés la vie. » En ca­deau du ciel, une naissance, à

notre arrivée en Sicile : Mercy,3, 7 kg. Taiwo, l?a maman nigé­riane, et elle, se portent bien. Hélas, ce jeudi, deux enginspneumatiques ont été retrou­vés vides et dégonflés. Autour,cinq cadavres. Près de 250 per­sonnes pourraient avoir péridans ces naufrages. On ne con­naîtra vraisemblablement ja­mais, ni leur nombre, ni leursnoms. Morts invisibles d'un drame quiperdure en Méditerranée, dansle silence des nations.

Chiffres clé • 587 personnes ont déjàperdu la vie depuis le dé­but 2017, selon l'Agencedes Nations unies pour lesréfugiés (UNHCR). Sansprendre en compte le nau­frage de vendredi relatécH:ontre. 2016 reste l'an­née la plus tragique decette crise migratoire avec5 079 noyades recensées. Plus de 46 000 migrants sesont noyés en quinze ans.

• 181436 m;g,antsont été accueillis en Italie en 2016 (+18 % parrapport à 2015). Ils provenaient à 90 % descôtes libyennes.

• 15022 personnesont été secourues par l'Aquàrius depuis le 26 février 2016. Dont 10 693lune embarcation en détresse et 4 329 aprèsun transbordement.

•Après la mauvaise météo, il Ronan Loiseau, l"un des membres des Search and Rescue.

J!Aquarius, un bateau affréÎi pa, vos dons. . . . - . ' :. . . . ' ,. . � ,. . . ·: . . : . . . . . . ' ' .

L'Aquarius, 71 mètres, est un ancie1'l g�e allemand. D étaitchargé de servir de sentinelle aux pêcheurs de mer du Nord.•Nous avons, avant tout, besoin des dons du grand public maisaussi du soutien des méœnes, des entreprises, des fondati.ons et des pouvoirs publics car un jour en mer coûte 11 ()()() euros. C'est ' ·une immense chaine de solidarité cùoyenne. mais nous n avonsque trois mois de visibilité financière. Afin de poursuiv,e nOlle ac­tion de sauvetage, nous avons besoin de la mobilisation de fou.$.,explique Sophie Beau, cofondatrlce de SOS MéditerranéeCl>. 30 % des migrants sauvés par l'Aquarius le sont du fait de sa pro­pre surveillance dans la zone de rechen:hes. Le reste est signalé par le centre de coordination maritime (MRCC) basé à Rome. C'est par cet organisme que transitent tous les appels de dé­tresse des embarcations en difficulté en haute mer entre l'Jta-lie et la Libye. Le MRCC coordonne alors l'action des bateaux présents sur zone, dont l'Aquar:lus. Une fois pris en charge, les · . . .

. migr�ts sont ramenés en Sicile, où les attendentles autorités .. · pour principaux objectifs l'Allemagne ou l'Angleterre. Mais.Commence alor-s un parcours complexe, individualisé, en fonc� · très peu d'entre eux accompliront leur rêve d� terre promise ..

· Uon'des origines. Le but: détenniner s'ils sont éligibles au sta- · ' .. . . · ·· .. , ·

tut de réfugié. Certains réussiront à poursuivre leur pértple. avec m Four les� i1 suffit de se rèndre sur le site www.sosmeditenafr, .. ,.:.:.:\·;.<; :·,·;:/./-:�, •· .. ';'": .. � �\· ,: . .:,.'t· -('i··.{--,--t.

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Le dossier du dimanche

<< Ce drame .est intolérable >>À bord de l'Aquarius, témoignages de bénévoles de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières

,_. lizabeth. 69 ans, est un E concentré de douceur,de gentillesse, d'éner­

gie. Cette sage-femme du Massachusetts (USA), hu­manitaire de Médecins sans frontières (MSF), ne se voyait pas couler une re­traite paisible. Pour MSF, elle a ainsi bourlingué dans les camps au sud Soudan, Ni­geria, Zambie, Burundi, Ré­publique centrafricaine, no­tamment. «Monter à bord de /�quarius? Au début j'étaisterrorisée à l'idée de me re­trouver sur un bateau», s'amuse-t-elle._ Amarinée, elle y croise désormais des histoires souvent tragiques. .•Mon _premier sauvetageétait.à 7 heures du matin. Ilsétaient frigorifiés, mouillés.Ils priaient et remerciaientDieu de les avoir amenés ici.Cinq femmes se trouvaient àbord J'ai pleuré ensuite. Maisje mé suis dit que je faisaispartie d'une action qui leur permettait d'être en sécurité.»Dizabeth est traversée de sentiments puissants . ..-Cedrame est intolérable. Cha­cun d'entre nous devrait se demander ce qu'il peut faire, comment agir à son niveau. Beaucoup de femmes que je vois ont été violées dans leur propre pays, lors de leur voyage, et en Libye. Lors de ma dernière mission cl bord, une était enceinte, le résultat d'un viol de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Elle ne· voulait pas avoir ce bébé. »

Dizabeth retient lUle chose: « De manière assez incroya­ble, elles ne mettent pas le genou à terre, elles ne s'as-

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; <t:""-� que je récupérais des gens décédés, noyés au fond du bateau, dans un mètre d'eau.» Stéphane Broch, 33 ans, est l'un des sauveteurs de SOS Méditerranée. Un Breton né entre terre et mer. Un homme de la. marine mar­chande qui a travaillé en Antarctique sur la base Du-

'' Donner 1un ,sens,n

mont d'Urville, mais aussi en réinsertion sur les voi­liers de l'association du Père Jaouen. •Je cherchais èi don-

A gauche, ÉHzabeth Ramlow, de Méeledns sans frontières, en haut à droite Nicola Stalla coordinateur opé­rationnel des sauveteurs, dessous, Stéphane Broch, sauveteur. (Photo Patrick Bar/SOS Méditerranée)

ner un sens à ma vie en ve­nant ici.» Sur l'un de ses pre­miers sauvetages, 722 per­sonnes avaient pris place sur un bateau en bois. Au cours de l'interview, il nous demande de quitter sa ca,s.guette d'humanitaire pour s'exprimer à titre person­nel: « C'est dérangeant devoir qu'une société civile doit porler secours, ci/ors que les Etats ont la capacité politi­que à changer ces choses . Cette situation est révol­tan te. » Comment chacun d'entre nous peut-il agir?..-Fa(re parler de ce qui se passe, aider notre associa­tion. ll faudrait que les hom­m� et les femmes politiques viennent voir. Ce ne sont pas des chiffres. lis oublient que ce sont des vies humaines. lis n'ont pas croisé leurs re­gards ! Et pourtant, cela pour­

rait être leurs enfants, leurs petits-€nfants, leurs parents.»

soient pas dans un coût lma-. ginez tout ce qui leur est ar­rivé: battues, violées, et elles sont toujours debout! Je n'ai jamais traversé d'épreuves aussi difficiles dans ma vie. 'En serais-je capable? Cette résilience est incroyable. • Nicola Stalla, 38 ans, est co­ordinateur opérationnel des SAR (Search and rescue), les sauveteurs en mer de SOS Méditerranée. Il réside non loin de Nice, à Imperia. C'est en écoutant la radio fran­çaise, pour perfectionner unfrançais qu'il parle pourtant très bien, qu'il a entendu pour la première fois évo-

quer la mission de l'Aqua­rius èt souhaité embarquer. Il a travaillé sur des catgos, où il a pu sauver un bateau en train de couler; il a aussi

sur ce qui se passe en Libye. C'est effrayant. Rs racontent la vie dans les centres de dé­tention, ils sont torturés pour les hommes, violées pour les

11 Les hommes tortunis, las femmes vlolâes »

vous ave:; parfois 500 per­sonnes et davantage. Les con­ditions sont horribles, tout spécialement dans les ponts inférieurs, là où se trouvent les moteurs. Les migrants peuvent littéralement suffo­qùer à cause des vapeurs de fuel. Rs n'ont pas d'air frais car le pont supérieur est plein de monde. Je me souviens d'un sauvetage avec plein de gens dans l'eau. li y avait un enfant de dix ans inconscient. Il a été sauvé par un mas­sage cardiaque sur l'Aqua­rius. Nous avons trouvé des personnes mortes à l'inté­rieur. C'était la première fois

été prof de voile à Imperia Il se souvient d'avoir été im­pressionné par le nombre de migrants, cent trente, de son premier sauvetage. Le deuxième choc que re­late Nicola, c'est le récit de leurs histoires . ., Notamment

femmes. Certains sont kid­nappés, des nmçons sont de­mandées aux familles. lis sont ensuite revendus à des passeurs et après plusièurs étapes, sont forcés de monter à bord E?n payant de nou­veau Sur lés bateaux en bois,

Questions à Sophie Beau, cofondatrice

<< Beau·coup de bateaux sans laisser de traces>>

Quel blan après un peu plus d'un an d'existence? Notre action de sauvetage qui s' intensifie et le nombre encore très important de victimes démontrent à quel point la situation reste critique. Cependant, la création de SOS Méditerranée a prouvé que l'inlassable répétition des naufrages en mer Méditerranée n'est pas une fatalité. Les citoyens peuvent agir de manière concrète pour y faire face.

Quelles sont vos motivations profondes? •

Une conviction simple: lorsque

quelqu'un est en danger de mort, il faut lui porter assistance. C'est un impératif moral avânt même d'être une obligation.légale. Ne pas tendre la main à celui qui se noie devant nos yeux, détourner le regard, ce serait nier le principe d'human�é qui fonde notre société.

Quelle situation en Libye? Une centaine de bénévoles s'attache à faire connaître à terre la situation en Méditerranée et le véritable système de traite négrière dans lequel se retrouvent piégés les migrants, cet « enferlibyen» dont nous partent tous les naufragés.

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Dimanche 26 mars 2017 5

<< Les animaux sont mieux traités »

J e cherche

. une vie meilleure en

Europe. » Souleyman, Gambien de 19 ans, rêve de liberté. Il a

passé six heures sur un bateâu pneumatique avant d'être sauvé par l'Aquarius. Il avait déjà essayé de traverser en décembre. «Nous étions restés trois jours à bord, pen­sant que nous allions tous mourir dans la tempête. On a pu regagner la côte. Mais, à l'arrivée, la police nous a emprisonnés. Dans les pri­sons de Tripoli, c'est terrible. Il y a peu à. manger, peu d'eau. Les Li­byens nous rackettaient. R faut payer pour sortir. »

,, .

Tous, peu ou prou, racontent une forme d'esclavage. C'est le cas d'un autre Souleyman, Malien celui-ci, de 28 ans. Il est arrivé en Libye, il y a dix ans . .. Au Mali, il y a la guerre, la famine. J'enseignais aux enfants, mais je voulais quitter le pays pour gagner de l'argent. Au début en Libye, ça allait Nous les noirs, on nous cantonne aux travaux du bâti­ment, même si on sait faire autn? chose. Mais après la guerre s'est installée.» Il raconte en français les arrestations arbitraires dans la rue, pour la couleur de peau;, «On nous fouille, on nous jette en prison. J'ai été enfermé dix fois. Et si personne ne peut payer pour te faire sortir, tu y meurs.» L'argent? .. ru appelles ton ami au pays, ta maman, ton père. Il faut que quelqu'un verse. Certains n'ont personne. Beaucoup crèvent en prison. Il y a de nom­breuses maladies gmves. ,.

De gauche à droite et de haut en bas: Cissé Yaya, Ivoirien de 39 ans qui a traversé en famille; Souleyman, 19 ans, Gambien; Souleyman, Malien de 28 ans, Sylla Hassane Djibrine, Guinéen de18 ans.

. (Photo G. l. / P. B. Sos Méditerranées)

ments pour se diriger. Tout le monde, ou presque, vomissait à

bord. Nous étions dans W1 bateau en bois. Et, inch 'allah, vous êtes arrivés avec l'Aquarius. »

aux côtés de sa fille de 8 ans et de sa femme. Ils ont quitté la Côte d'Ivoire le 16 novembre exacte­ment. Ils ont ensuite, comme beaucoup,

Sa traversée de la Méditerranée a été réglée par un ami malien. «Ils sont venus nous cherr:her en camion frigorifique. Quand on a ouvert la porte, nous étions sur une plage. les JX1S$eurs étaient là, tous annés, organisés en chefs et en sous-chefs. Il raconte une traversée terrifiante. .. Je ne le souhaite à personne. Tu ne vois rien, il fait nuit On allait tout droit, au hasard, sans instru-

Son avenir? «C'est Dieu qui le connait. Je suis � fier d'avoir fuitout ça, la prison, Tripoli. Je suis loin de la guerre, de la famine, de la misère. Je pense que l'Europe c'est le continent le plus organisé, le plus aimé, le plus convoité, le plus riche, le plus expérimenté: Avec l'amour et le bon cœur des Euro­péens, je n'ai pas d'inquiétude. »

La violence libyenne, Cissé Yaya, un Ivoirien de 39 ans, l'a vécue,

été arbitrairement emprisonnés à leur arrivée en Libye. • Ils nous frrq> paient, nous maltraitaient sans rai­son. Il n '.Y a pas de loi. Deux hom­mes sont morts devant moi sous les

de SOS Méditerranée

disparaissent

Les moyens déployés en Méditerranée par Frontex et les ONCi sont�ils suffisants? Depuis la fin de l'opération Mare Nostrum dê la marine italienne, en novembre 2014, il n'y a plus de dispositif institutionnel dédié au sauvetage. Frontex n'a pas pour mandat le sauvetagê, mais la protection et la surveillance des frontières européennes. La force militaire EUNAVFORMED Sophia a pour objectif la lutte contre les passeurs. En vertu de l'obligation légale d'assistance à tout bateau en détresse, leurs navires sont amenés à faire des sauvetages, comme tout autre navire qui se trouve· sur zone. Mais ce n'est pas leur vocation. Depuis 2015, plusieurs ONG ont affrété des

bateaux de sauvetage, mais leurs opérations se concentrent autour de l'été, 6 mois par an. Seule SOS Méditerr�née intervient de manière continue ·sur son navire, l'Aquarius, avec son partenaire médical Médecins sans frontières, quelle que soit la saison. Lorsque nous étions seuls sur zone cet hiver, l'Aquarius a pu recevoir jusqu'à sept signalements de détresse quasi simultanés. Nos équipes se concentraient sur l'embarcation la plus proche, sans pouvoir venir en

, ail:le aux autres bateaux. Les moyens de sauvetage déployés sont très clairement insuffisants. En plus du lourd bilan humain connu (plus de sooo morts en Méditerranée en 2016), beaucoup de bateaux disparaissent sans laisser de traces.

coups donnés à la tête.» Sa femme, emprisonnée à part, avec sa fille, a elle aussi été battue. «Heureuse­ment, ils ne l'ont pas violée car elle était indisposée. Mais ils ont violé plusieurs femmes devant elle. • Ils devront donner 400000 francs CFA

. pour sortir, soit environ 600 euros. Des amis au pays ont payé pour eux. Leur traversée a été dantesque. Vers rrùnuit, le bateau s'est mis à prendre l'eau. «J'en avais jusqu'à la poitrine, je tenais ma fille en l'air pour ne pas qu'elle se noie. Ma femme m'a dit de faire quelque chose, d'enlever l'éau. Al01� j'ai con-

fié ma fille et j'ai déchiré mon tee­shirt pour écoper. On priait Dieu, il . y avait wte femme enceinte à bord, on avait.tous très peur. C'était la nuit, ça criait, ça pleurait, ça priait On a vu votn? baœau de loin. On ap­prochait, ·on lisait SOS sur l'avant . J'ai beaucoup pleuré. Ma fille tn?m­blait, elle avait froid.»À 18 ans, Sylla Hassane Djibrine, un Guinéen de Konakry, a quitté sa mère et ses frères et sœurs sans rien dire il y a six mois. Pour aider sa famille. Depuis, il a erré au Mali,

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à Bamako,. où il déchargeait des camions. Puis le Niger et l'Algérie avant la Libye. « Quand j'ai traversé le désert, nous avons été arrêtés et fruppés avec des tuyaux en plastique orange et des barres de fer. Même les animaux sont mieux traités ... À Tripoli, il travaille pour un bou­cher libyen. "'Les noirs n'ont au­cune existence humaine là-bas, on nous considère comme des escla­ves. » Sylla Hassane Djibrine dit préférer le risque de la mort en Méditerranée au traitement qu'il a subi en Libye. On sent chez ce jeune homme l'impossibilité du re­tour en arrière au pays, par honte· d'assumer un échec. De son voyage, il attend «/'accueil chaleu­reux des Européens. Qu'ils me.vien­nent en aide pouratteindre mes ob­jectifs. Je veux faire de bonnes étu­des pour avoir un avenir meilleur». J'écoute. Comme pour un grand oral, le gamin de 18 ans se tient assis droit devant moi, comme si tout son avenir dépendait de cet instant-là, concentré dans ces mots qu'il me livre. Mon cœur se serre.

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France/Monde nice-matin

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Tnamppromat da maintenir lecap Cadministration Trump tentait hier de présenter un visage combatif après l'échec cuisant de son projet emblématique

Hollande en Asie pour sa dernière tournée

réunira 170 entreprises innovantes sur les 700 entreprises françaises présentes dans la cité-Etat.

de réforme de la santé, jurant d'obtenir une nouvelle loi et de s'attaquer sans attendre à ses autres grandes promesses de cam�ne. « Obomacoœ va exploser et nous nous rossemblerons tous et construirons ensemble une superbe loide santé pour LE PEUPLE.

Ne vous inquiétez pas 1 », a tonné le président américain sur Twitter.

François Hollande entame aujourd'hui à Singa l'ultime tournée internationale de son quinquennat, qui le conduira en­

suite en Malaisie et en Indonésie. Après quel­que 230 voyages à travers le monde depuis 2012, le président français n'aura d'ici à la fin de son mandat, sauf surprise, qu'un seul autre engagement majeur à l'étranger: le sommet européen post-Brexit du 29 avril à Bruxelles. Cette tournée en Asie du sud-est, qui n'avait pas trouvé sa place plus tôt dans le quinquennat, marque donc le chant du cygne du président sortant sur la scène in­ternationale.

Forts enjeux économiques Hyperactif depuis quelques semaines sur le territoire national, qu'il sillonne en tout sens à un rythme effréné, François Hollande le sera aussi à cette occasion. En quatre jours, il enchaînera pas moins d'une quarantaine de discours, cérémonies protocolaires, entre­tiens, tables rondes .et autres forums.

Une première depuis 31 ans Autre enjeu central de cette tournéeila � fense, comme en témoignera la présence du ministre Jean-Yves Le Drian au côté de Fran­çois Hollande tout au long du périple, et tout particulièrement à Kuala Lumpur. La Malai­sie entretient en la matière des relations sui­vies. avec la France. Après l'acquisition de sous-marins de fabrication française au début des années 2000, elle est devenue le plus important client, hors OTAN,· de l'A400M, l'avion de transport militaire développé par Airbus. Et s'intéresse aussi au Rafale. En Indonésie enfin, où un président français ne s'était plus rendu depuis François Mitter­rand en 1986, une trentaine de contrats et d'accords de coopération devraient être conclus, dans des domaines aussi divers que le partenariat maritime, le soutien aux complexes touristiques, l'immobilier ou le dé­veloppement durable. Et s'il doit être ques­tio� du sort du Français Serge Atlaoui, con­damné à la peine capitale et toujours dans le couloir de la mort d'une geôle indonésienne, ce sera «dans la plus granile discrétion», selon l'entourage du chef de l'État.

Un nriWon de fidèles, selon les organisateurs, sont venus prier hier avec le pape Francois à Milan, un office durant lequel le souverain pontife a appelé à • accueillir les différences, à les lnttgrer avec respect et œotivité, et à œ1'brer la nouveauté qui vient des autres ». La messe, animée par 9 ooo choristes, s'est déroulée dans l'immense parc de Monza, à une vingtaine de kilomètres de la ville, sous un grand soleil et devant une foule de familles avec enfants, Jeunes et personnes plus AgB (Photo AFP)

I.e retrait de ce projét reste un échec cinglant pour Donald Trump, qui s'est personnellement impliqué dans des négociations haletantes sans parvenir à raUier un soutien suffisant dans ses propres rangs au Congrès.

De nombreux dirigeants d'entreprise, airisi que le secrétaire d'Etat à l'industrie Çhristo­phe Sirugue seront du voyage pour marquer l'intérêt que la France porte à cette région à fort potentiel. A Singapour, où le président franç1iÏS est attendu cet après-midi pour une visite d'un peu plus de 24 heures, un forum

La bataille pour la direction des sodallstes espagnols est lancée Le Parti socialiste espagnol, rongé par les divisions et ta concurrence de Podemos, prépare des primaires où rex­secrétaire général Pedro Sanchez tentera un retour. Premier acte aujourd'hui avec l'annonce officielle de la candidature de Susana Diaz, 42 ans, présidente de la région d'.A.ndalousie.

Lundi Il n'était pas mal, ce premier débat de la présidentielle, et les cinq protagonistes donnaient une image assez valorisante de la classe politique française, loin des descriptions horrifiées de ta presse étrangère. Chacun était dans son rôle et campait un archétype bien identifiable. Jean-Luc Mélenchon campait le tribun ouvriériste et communard, Benoît Hamon l'utopiste sympathi­que et bohème, François Fillon le bourgeois solide et compassé, Emmanuel Macron le jeune loup dynamique et séducteur, Marine Le Pen la femme du peuple véhémente ·et un tantinet vulgaire. Ils et elle ont déroulé leur logomachie quasiment sans accrocs notables. Hélas, tous ont la tête dans le guidon pour garder la tête du peloton ou ne pas se faire décrocher dans la montée, et pas un ne nous a dit quelle France et quelle Europe it voulait pour dans vingt ans. Dommage, tout cela manquait vraiment de souffle et de perspective.

Signé· .:_ R�selyne

Le regard de Roselyne Bachelot sur l'actualité

de blessés. Le chagrin et la solidarité sont unanimes. Paradoxalement, l'effondrement de l'État islamique rend beaucoup plus difficile la tâche de nos services de sécurité. Les spécialistes nous ont seriné pendant des années que le« loup solitaire » n'existait pas, que tous tes attentats ressortaient d'ordres précis et de réseaux élaborés. Les équipées meurtrières de Mohammed Merah ou Salah Abdeslam étaient là pour en témoigner. Tout cela vole en éclats. Aujourd'huî, les assassins sont souvent isolés, en rupture de société pour des faits de banditisme classique, sous l'emprise de psychotropes, c4écidant souvent au dernier moment de passer à l'acte dans un raptus suicidaire improvisé. Même leurs proches restent sidérés et incrédules devant un déchaînement que parfois rien ne laissait entrevoir. Le fanatisme s'est toujours appuyé sur la bêtise, la détresse affective, la fragilité psychique. On peut supposer alors que l'extinction du djihadisme n'est pas pour demain.

Mercredi .. Nos amis britanniques sont à leur ]eudt tour frappés par le terrorisme . Le débat organisé par France aveugle. Le bilan fait état de' Télévisions et baptisé l'Émission quatre morts dont Khalid Masood, · politique a réuni tous les outils l'attaquant au couteau et à la voiture , médiatiques mis en place pour bélier, ainsi que d'une cinquantaine ·• · faire du 1< buzz » avec la campagne

présidentielle. Le héros du jour était François Fillon. Dans le rôle, maintenant classique, de l'invité du monde du showbiz ou de la culture, nous avons eu droit à la romancière Christine Angot, dont l'intervention a tourné au naufrage personnel tant elle s'est ridiculisée dans une philippique hystérisée mais reprise en boucle

· · de froideur. Ne peuvent se sortirde ce pandémonium émotionnelque les candidats qui n'ont pasexercé le pouvoir, ne risquentpas d' être renvoyés à leur bilanet à leurs échecs et peuvent alorspromettre la lune· en toute impunité.François Fillon ne pouvait faireautrement que jouer l'impaviditéet le sang-froid, c'est sa nature et son histoire, sa force et sa faiblesse.

qu'il existait un cabinet noir, et, sur le plateau de LCI, Olivia Recasens effectue le même.piteux rétropédalage. . . · Il est regrettable de voir à cette occasion la trumpisation des es­prits gagner certains journalistes prompts à dénoncer par ailleurs ce qu'il est convenu d'appeler

· par tous tes réseaux sociaux.!:humoriste CharlineVa nhoenacker,dans un regrettable mélange

Vendredi'

la « post-vérité ». Donald Trump s'en est fait une spécialité. Il lance des accusations fausses ou non étayées, le mensonge infuse dans l'opinion puis, sommé d'apporter des preuves, Trump fait toujours la même réponse, sur le mode

des genres, a commis un billet

• supposé drôlequi ne laisse

. à la victime que le choix impossible

« Il est regrettable · : de voir la trumpisalion des esprits gagf!er certains joumœ.istes, prompts à dénoncer par ailleurs . · , .. · · . la "post-vérité"� »

La polémique, comme le progrès, fait rage. François Hollande a-t-il ourdiles attaquescontreFrançois Fillon

entre le sourire du masochiste et la grimace du pisse-vinaigre. Puisqu'il faut des intervenants censés représenter« les vrais Français», le politique est confronté non seulement à des opposants professionnels ou techniciens, mais à des citoyens exaspérés. Ces personnes, tout à fait estimables, portent une argumentation chargée d'émotions et de souffrances bien réelles. Des personnels soignants débordés -dans d'autres émissions, onretrouvera des ouvriers licenciés,des agriculteurs désespérés, descommerçants ruinés - ont interpellésouvent de façon violente leurinterlocuteur. Là encore, il n'y aque de mauvaises réponses. Soitvous répliquez par la compassionet les promesses inconsidérées,vous êtes alors accusé de démagogie,ou par la raison et les engagementsprogrammatiques, vous êtes accusé

au moyend'un cabinet noir tapi dans les soupentes de l'Elyséé? Pour étayer son propos, le candidat de la droite s'est appuyé jeudi soir sur un livre Bienvenue place Beauvau (Robert Laffont) écrit par trois journalistes, Olivia Recasens, Didier Hassou� et Christophe Labbé. Immédiatement, François Hollande s'est fendu d'un démenti outré, repris par les dignitaires socialistes. Il était alors intéressant de parcourir cet ouvrage. Le moins qu'on puisse dire est que l'on est sidéré par l'empilement de ragots dététères, d'erreurs factuelles, d'amalgames douteux qui y sont rapportés. Tout effectivement est construit pour accréditer l'existence d'officines secrètes destinées à intoxiquer les médias et les juges, mais sans le moindre début de preuve. Pris la main dans le sac, Didièr Hassoux fait paraître un communiqué niant avoir soutenu

« Je n'ai pas dit que c'était vrai, mais je n'ai pas dit que c'était faux». Pour l'opinion publique, prête à accuser ses gouvernants de tous les crimes, le mal est fait. Pour un candidat, il vaut mieux, pour étayer des accusations - peut-être fondées -ne pas s'appuyer sur des sources aussi contrefaites, sinon le choc en retour sera terrible.

Samedi Triste 60" anniversaire pour le traité de Rome fondant les institutions politiques de l'Union européenne! Dire qu'au lendemain d'une guerre abominable, les Européens avaient décidé de s'unir et avaient réussi, sur un champ incommensurable

· de haines et de ruines humaineset matérielles, à construire

.. le plus grand ensemble mondial de prospérité et de démocratie ... Tous ces efforts sont menacés par la lâcheté et l'impéritie de ceux et de celles qui veulent détruire l'Union européenne pour dissimuler leurs ambitions, leurs lâchetés et leurs échecs. Nos adversaires ··· et nos concurrents se frottent les mains en la voyant molestée par ceux-là qui devraient la défendre. C'est vraiment trop bête .. :

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Cannes et région cannoise

Le lycée les Fauvettes ouvre des p�rtes L

ès journées portes ou­vertes, c'est bien. Maisquand ce sont les él�

ves eux-mêmes qui s'enchargent, · c'est encoremieux. «C'est plus vrai de parler d'élève à futur élève, c'est concret», confie Me­lissa, élève en 1re ASSP (Ac­compagnement soin et ser­vice à la personne). Depuis cinq ans, le lycéetechnologique .et profes­sionnel privé des Fauvet­tes, à Cannes, a choisi cetteformule pour sa matinée deportes ouvertes et ça fonc­tionne: « 70 élèves se sont inscrits (hier). Nous sommes en mars et je suis déjà à 180

inscriptions sur 220 places pour la rentrée prochaine»,précise le chef d'établisse­ment, Yannick Mongenot.Et ici, les élèves sont épa­nouis. « Quand on les voit en stage à 15 ou 16 ans s'oc­cuper·des personnes âgées, on est très impression­nés par leur maturité», sou­ligne Christelle Darchen,professeur de lettres etd'histoire-géographie. « Quand les élèves arrivent en seconde, elles sont cas­sées par le système scolaire, ici on leur apprend un mé­tier, mais on leur apprend surtout à avoir confiance en elle», ajoute Céline Wilhe­lem, professeur de biolo­gie-santé-environnement.«C'est en venant dans ce

lycée que j'ai appris à aimer/'école»,confie Théa, en 1reAS.5P. À voir les sourires sur

MOUGINS

Une élève explique à une future élève son métier.

·1es visages des élèves et lafierté dans le regard de leurprofesseur, on auraitpresqu'ènvie de reprendredes études.

Triés sur le volet Mais attention, la sélectionaux Fauvettes est rude. « On regarde . les dossiers scolai­res, si tout va bien, on ·prend l'élève. Si le niveau est faible mais que la candidate a de belles qualités humaines, on la reçoit en entretien et on

avise», précise la profes­seur de biologie-santé -envi­ronnement. Aux Fauvettes, les élèvesmajoritairement des. fillespeuvent sortir aveé un di­plôme allant du CAP petiteenfance au bac profession­nel ASSP. • Mais nous dis,»sons aussi de bac pro com­merce, vente, gestion admi­nistration ... », fait

remarquer le chef d'établis­sement. Dans le secteur médico-so-

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(Photo Gilles Traverso)

cial, les débouchés ne man­quent pas. Pour preuve, «certaines de mes élèves sont souvent recrutées avant le baccalauréat tellement les besoins sont pressants dans le secteur, mais j'insiste tou­jours auprès de leur recru­teur pour qu'elles passent leur examen. Le bac est in­dispensable à leur future évolution professionnelle»,conclut Yannick Mongenot.

KATHLEEN JUNION kjunion@nicematin.fr

Cart floral ce dimanche à l'Eco'Parc C'est fou ce qu'on peut ima­giner à partir d'élémentsvégéta� ou floraux ... Un festival de formes, decouleurs, riche et parfoissurprenant à découvrir de­puis hier à l'Eco-Parc. ll faut dire que les 150 participan­tes au concours d'art floralorganisé par L'Atelier d'ArtFloral de Mougins, ontbuché ferme, vendredi, pour l'ouverture d'un salon aussi printanier ·que rafraî­chissant.

Talent et cr6ativité Aujourd'hui dimanche,jusqu'à 17h30, le public estencore invité ( entrée libre)à découvrir ces œuvresd'art éphémères: sculptu­res végétales tantôt futuris­tes, enfermées dans desglobes suspendus, arbres

sortis de l'imaginaire, flot­tant dans l'air, ou bien œu­vres à l'architecture con­temporaine, aérées et épu­rées: Les artistes agissent ènduos ou en trios et vien­nent de Toulouse, de Nan­tes, de la région parisienne,ou même d'Italie. Elles ri­valisent de talent et de créa-

. tivité dans 7 catégories:classique, fleurs imposées,jardin du futur, sculpturevégétale, l'arbre imaginaire, le jardin durable et 'l'épou­vantail s'invite à la table dujardinier. Par ailleurs, le publicpourra découvrir bonsaï et raku des exposants ou en­core participer à un atelierd'initiation (20 euros).

I.V.

Rens: 06'60.85.48.90. Création originale: un arbre imaginaire. (P.hoto I.V.)

nice-matin

Dimanche 26 mars 2017

CANNES (compagnie May B, c• Téné, C• CCDance

Spectacle « Rêver projection, C• Boukson), pour Grandir» concert de clôture par le Aujourd'hui à 15 h 30 au Trio Sabou). théâtre Croisette, hôtel Entrée 15€. Marriott, plus de 100 t Stage de danse afro-

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jeunes danseurs en formation à l'ESOCM

contemporaine samedi 1er

et dimanche 2 avril (70€). 1 Rosella Hightower Rer,s et réservations: partageront la scène dans cie.tene@gmail:com le spectacle « Rêver pour grandir». Un florilège

LE CANNET-d'extraits du célèbre ballet « Casse-Noisette» de ROCHEVlllE Marius Petipa. Tarifs: 20€, 12€ enfants. ElteSemoun Infos et réservations par à La Palastre mail Elie Semoun est de retour contact@cannesdance.fr sur scène avec son ou au 04.93.94.79.84. nouveau spectacle «A

partager! » Fabrice la Festival patronne du spa, Xavier Les Deux Tenas ['handicapé moteur et Implanté à Cannes depuis dragueur, Oussama Ben l'année 2013, ce festival Dubois jihadiste débutant, réunit le.s jeunes artistes de Mapi Cougar gourmande deux continents : l'Afrique et épanouie, Jean-Louis le et l'Europe, dans un nouvel élu d'une mai rie dialogue culturel (danse, fasciste, un pervers ravi des musique et arts plastiques). « rapports humains J en ,. Les pays représentés pour Thaïlande et bien d'autres cette 5 e édition sontla nouveaux monstres France, la Côte d'Ivoire, le inventés par Elie Semoun. Burkina Faso, le Gabon et Le samedi 15 avril à 20 h à les États-Unis. . la Palestre. Au programme: Tarif: à partir de 30€ t Exposition des Rens.04.93 .46.48.88. photographies de Nathalie Sternalski, jusqu'au lAROQUEI IE� dimanche 2 avril à la médiathèque Noailles SUR-SIAGNE (entrée gratuite). t Spectacles du vendredi 31 Marchés du terroir mars à 20 ·h à laMJC Deux marchés sont Picaud court-métrage suivi or-ganisés chaque semaine de 3 pièces - Le mercredi matin auchorégraphiques des village.compagnies Bakhus, Karol - Le samedi matin, place

. et lnaba. Pallanca.Entrée: 15€. Ils accueillent dest Spectacles du samedi 1"' exposants locaux.avril à la MJC Picaud : 1 9 h repas (10€), 20 h concert La famille Campana vend auS5i sa d'ouverture d'Eric Mori production en direct à la ferme (chemin suivi de 4 pièces de la Levade) le jeudi soir de 17 h 30 à chorégraphiques 20 h.

� ;) ;) 17°

16°

10°

...... i4,_. 11heures

URGENCES

Samu/Smur: 15. . SOS médecins: 0825005004 (24 h/24). Allô médecin de garde:0810850505 (24 h/24). H6pltal: 04.93.69.70.00. Urgences: 04,93.69.71.50. Maisons médicales: - Hôpital: de 20 h à minuit, tél 04,93.69.70.00. - Méridien: de 8 à 22 h (93,av. du Dr-Picaud), 0493. 9049.22.

MANDEUEUMédecin de garde: DrGiacobbi-aujourd'hui de 8 h

· à 20 h. Tel: 04.93.49.13.14. oG.07.57;53.81.

SÉCURITÉHôtel de poHœ: 0493.06.22.22.Police secours: 17.Police municipale:08oo117118 (n° vert).Pompiers: 18 ou 04 .9348.78.00.Gendarmerie:04.93.68.01.01.

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Ivan Akimov, fondateur de l'association slovaque Kesaj T chavé « Quand ori n'a rien, il ne reste que la culture »En 2000, Ivan Akimov a créé une association bap­tisée Kesaj Tchavé, autre­ment dit « les enfants de la fêe». Lui, s'est penché sur le berceau de jeunes Roms vivant dans la plus grande pauvreté et l'ex-· clusion sociale en Slova­quie. Hier, il était l'invité d'honneur de l'association CCFD-Terre·solidaire CI) en l'église Saint-Marc.

Keasaj Tchavé, c'eJt quoi ? C'est une assocjation qui s'engage en Slovaquie. C'est une troupe de

musique et de danse d'enfants et d'adolescents. Nous venons souvent en France, nous avons, par exemple, été sur la scène de ['Olympia. Depuis 2003, la structure s'est professionnalisée et nous avons créé des écoles, des lycées en Slovaquie, En 20161 nous avons pu compter nos premiers bacheliers.

Le moteur de votre structure: l' éducation? Absolument. C'est

essentiel d' avoir des compétences pour gérer sa vie citoyenne. Accéder à l'instruction, dans uh bidonville, cela n'a pas de sens. Quand on n'a rien, il ne reste q�e la culture!

Votre venue à Nice? l'.id_ée est de rencontrer nos partenaires et d'échanger.

S.L1. Le comité catholique contre la faim etpour le développement-Terre Solidaire,reconn·u d'utilité publique en 1984 estmobilisé contre la faim dans le mondeet agit pour lutter contre la pauvreté.

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Responsable: Régine Meunier· Contact: rmeunier@nicematin.fr

Dtmanche 26 mars 2017

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Toulon : Marius André, l'ouvrier de l'-'rsenal,. devient député

Le 23 avril 1848, ia France vote. L'élection est histori­que. Tous les hommes du

pays vont pouvoir s'exprimer. Le suffrage universel masculin, qui avait été proposé à la Révolution en 1792, puis ·aboli à la Restaura­tion en 1815, a été rétabli de ma­nière définitive le 5 mars 1848. Pour les femmes, il faudra atten­dre 1945!

les plus controversés concerne le droit du travail.

Le suffrage universel masculin est l'une des grandes réformes de la Deuxième République, instaurée lé 24 février précédent, après l'ab­dication du roi Louis-Philippe. Comment les hommes vont-ils voter? Sauront-ils seulement le faire? L'électorat est constitué àux troi�uarts d'une population ru­r�e, bien éloignée des choses de­la politique et des dogmes de la République, attachée à la parole des propriétaires terriens et du clergé. Le vote a lieu le jour de Pâques. Beaucoup d'électeurs se rendent aux urnes à la sortie de la messe; derrière leur curé! La par­ticipation est massive.

Faut-il l'inscrire dans la Constitu­tion? Certains ténors de l'Assein­blée, comme Adolphe Thiers, pré­tendent qu'on ne peut écrire dans la .Constitution une promesse qu'on ne pourra tenir. Ils propo­sent de remplacer la notion de droit du travail par celle de droit à wie assistance en cas de chô­mage. Tout le monde attend la po­sition de Marius André. Voilà que monte à la tribune, courageux comme pàs deux, l'ex-ouvrier de !'Arsenal toulonnais.

Marius André va rappeler à la tribune son passé d'ouvrier.

aucun paysan et à peine une dizaine d'ouvriers.

Les Républicains sont suspendqs à ses lèvres. Ils ont alors la sur­prise de l'entendre dire : (( Messieurs, je ne votemi pas pourqu'on exige de la République le tru­vail comme un droit en .pi.-

Le discours du Toulonnais va susciter des réactions contrastées au sein de l�semblée : huées à gauche, vivats à droite. (Photos DR)

Paris pendant huit mois sans pou­==-rrouver de truvail. Je me suis

sa carrière politique. Il_ ne sera ja­mais réélu. En ce qui concerne le droit au travail, il figura dans la Constitution de 1848, sous cette formule vague: « la Républiquedoit protéger le citoyen dans saper­sonne, sa famille, sa religion, sa propriété, son travail. Elle doit as­surer l'existence des citoyens né­cessiteux en leur procurant du tra­vail dans les limites de ses ressour­ces ». Quant à Claude Pelletier, ilémigra aux États-Unis, où il de­vint millionnaire à la tête d'un commerce des fleurs ...

Parmi ces ouvriers, se trouve un mécanicien de !'Arsenal de Tou­lon. li n'est pas ·peu fier de se re­trouver là, Marius André! Il est né en 1808, à la Bastide, près de Flayosc, dans le Var! Toute la France ouvrière l'observe.

Le droit au travail fait polémique

un pat. etbien sa viei assure� mentà·: semeni blée. �, droite.] fier de� à la tril

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arçon boucher, marchand de ·, commis marchand de vins,!ier, COTTlf)O$iteur(sicQ ... Heu­ment, j'avais ma sœur qui>oyait de temps en temps duet quelques pièces de cinq. .. Ainsi, quand on vient delire qu'il y a des ouvriers quint du truvai

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quand ils veu-On compte plus de 84 % de vo­

tants. Mais, sur les huit cen_ts élus, principalement issus de la bour­geoisie et la noblesse,. il y a qu�l­que trois cents monarchistes, pas plus d'une centaine de Républi­cains purs et durs,

Le 2 novembre 1848, il va partici­per à un débat historique sur le texte de la Constitution de la nou­velle République. L'un des articles

son groupe, l:Iaude Pelletier, élu dans le Rhône, qui prend la pa­role: «Messieurs, j'ai été ouvrierdouze ans à Paris, je suis resté à

·-· .. , F vous apporte le témoignageque ce n'est pas vrai ! ... »La position de Marius André, re-: layée dans la France entière·, le fait traiter de traître. Elle mit fin à ANDRt PEVREGNE

1-,---� -----·�-----��-----Le zo man Q06, • pieux et lafa ntp»h fondent la Confrérie des Nnttents 11.ancs, 9ftldaHtant ainsi INr wWDUUlt

dwâtlan et..., vololtté. porter .......... démunit . La Confrérie des Pénitents Bfana . plus waisemblablemen le fait de ( de Nke; baptisée ainsi en raison saint Bonaventure, théologien italien ! de la couleur de la cape portée (1221-1274 fondatéur des Tiers Ordres, ! par ses membres, est la plus andeMe · qui permettaient à des duétiens, association niçoise encore en activité. d'approcher de rétat retfgieux,1 Elle est née de la volonté de laies aisés, sans y entrer à proprement parler.

désireux cfinstitutionnalis leurs actions de piété et d�mer leur foi sans rentrer dans les ordres. Au-delà de sa vocation originelle de pratiquer des dévotiom religieuses. la confrérie est également engagée dans l'assistance aux malades et aux déshérités. Leurs ressources proviennent des cotisations de confrèrest d'aumé>nes etdelegstestamentatres. l'origine de la Confrérie des Pénitents Blancs est très controversée. Son nom officiel a variê avec les époques. De « Sancta Crucis » du XV-siècle au XVJie siècle, elle devient « Societas Gonfatonis », ou • Compagnie de la Vénérable

( Ardriconfrérie du Cionfalon ». sous le titre de la Sainte-C� aux XVII- et XVtlte siècles. Attribuée par certërins historiens

1 à Ranieri, un dominicain italien qui ; prônait la pratique de la flagellatton,( par d'autres à UR chanoine de la f Basilique Saint-Vital de Rome, elle est

Une vocatlan ......... trêsrftou,euse· La vocation hospitalière est commune à toutes les confrériés de lab, mais cele des Pénitents Blancs s'est particulière-­ment impliquée dans cette fonction de 1594 à 1633. où etle a assuré la gestion de l'hôpital communal niçois Samt-Ekri (aujourd'hui Saint-Roch).Puis, le 17 mal 1632, elle fonde son propre établissement hospitalier et fixe des règles de fonctionnement. Le premier lwpttal de la Sainte Croix ouvre

· en 1636 au s. rue François Zanin -aujourd'hui siège de la Confrérie. Lespénitents étaient très présents lors despériodes d'épidémies: la peste (1347�1353; 1405-1406; 1544 et 1631, oia Nicea été très éprouvée), choléra (1735 et1764), ainsi que le typhus (d'octobre1799 à mars 18ooi Ils participaientalors à t'amstance aux malades et auxenterrements des Indigents. Le site

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La caooule. qui n'est p(us portée de nos Jeurs_ assurait un anonymat parfait pour les enterrements et les cér6monies qui se déroutaient en ûhors de la chapelle de la confrérie. Le site se vfstte tous les mardis, de 15 h à 17 h.

(Photos e Archkonfrérie des Pénitents Blancs. Dessin de bure(, 1584) étant devenu trop petit, les Pénitents Blancs achètent en 1849 un terrain route de Turin • actuelle rue de la République - alors en pleine campagne. lis y construisent un hôpital qui fonctionnera jusqu'en 1973. Détruit, puis reconstruit en 1996, r.Archkonfrérie y gère toujours une uèche et des locaux à vocatton sociale. D'autre part, après avotr été hébergés dans différentes chapelles, BOtamment chez les

Sainte-Croix, elle est consacrée solennel­lement le 1• mai 1767, Elle est classée monument historique depuis 1987, Le rôle charitable de la confrérie demeure aujourd'hui encore très important à Nice. EUe est régie par des statuts et dirigée par un bureau hiérarchisé, com­p0$é (fofffciers, dont le renouvellement a lieu. par élection ou cooptation IQrs de la Semame Sainte, qui précède Pâques. .

NEUY NUSSBAUM

Dominkains et les Augustins; ils vont Sollfœs : Robert Matthey, Les confréries de Pérnten/3,

s'installer dans leur propre chapelle en un dr«min de vie. Les pénitents dans le Comté de Niœ, 1761. Sise rue Saint-Josèph, dans le archives dépa,tementales. Slte des Pénitents Blancs de Niœ. Vieux-Nice, sous le nom de la Ll!5 épi<Mmies dans les Alpes-Maritimes, par Edmond Rossi.

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