À l’écoute de la Bible

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Àl’écoutedelaBibleHomélies,dimanchesetfêtes-AnnéeA

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MichelViot

Àl’écoutedelaBible

Homélies,dimanchesetfêtes

AnnéeA

ARTÈGE

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danssapremièreépître(11,27-30).Ilconclutauverset31:«Sinousnousexaminionsnous-mêmesnousneserionspasjugés.»«S’examiner»,ouivoilàl’urgenceavantd’examinerlesautres.C’est là la seule démarche qui peut nous faire descendre dansleseauxduJourdainpourconfessernospéchés,nonplusdevantJeanBaptiste,maisdevantleprêtre,ministredelapénitenceetde la réconciliation. Et croyez bien, lorsque j’exhorte à celaj’applique le « convertissez-vous » aussi bien aux prêtresconfesseurs parmi lesquels je me range qu’à ceux qui vont«descendredansleseauxduJourdain».

Reste le fait que se confesser sérieusement n’est pas unedémarche simple.Tout, ennotre civilisationambiante,nousendétourne et l’Église ne sait pas toujours trouver les mots quiconviendraient,autrementditceuxquimontrentquecetteactionestlibératriceetque,loind’êtreunehumiliation,elleapporteunplus spirituel rapprochant la créature de son créateur. Toutcroyant devrait donc ressentir ce besoin pour se rapprocher deDieu.

D’ailleurs, notrepassagede l’évangilenous leprouvebienpuisquemêmedespharisiensetdessadducéensseprésententaubaptêmedeJean.L’élitereligieusedupeuplejuifsemêledoncàla foule des pécheurs du commun pourrait-on dire, et tend àmontrerqu’elleaussiabesoinderepentir.Pourlecoupilssontaccueillispar JeanBaptisteà l’entréedecequipeut tenir lieud’église,c’est-à-direlesrivesduJourdain,etlesmotsd’accueiln’ont riende«sucré»puisqu’ils se font traiterd’engeancedevipèretentantdefuirlacolèreàvenir.

Etpourtantcespersonnagescomptentparmicequ’onfaitdemieuxcommereligieuxenIsraël,jel’aidit.Lespharisienssont

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des laïcs zélateurs de la loi, de son étude et de sa mise enpratique;lessadducéenssontdesprêtresissusdelasaintetribudeLévi, sesmembres sont consacrés au service du temple, lesplus privilégiés en tant que prêtres pouvant seuls présenter àDieulessacrificesrapprochantlepeupledesonSeigneur.

Onnenousditpasquelebaptêmeleurestrefusé,mais ilss’entendent publiquement reprocher d’être les plus inaptes àvenirainsiseprésenter.Pourquoi?Àcausedeleursfonctions?Nonpas!Maisàcausedel’orgueilspirituelqu’ilsentirentetquerésumel’expression:«NousavonsAbrahampourpère.»

Et nous touchons là au pire obstacle à la repentance, bienplus puissant que toutes lesmaladresses des confesseurs et lapeurquecelles-ciontpususciter.Chaqueépoqueasamanièrededire:«NousavonsAbrahampourpère.»Celasedéclinepartoutes les manifestations intérieures ou extérieures que l’onéprouvepourseconsidérercommequelqu’undetrèsbien:enseréférantàunancêtreglorieuxonfaitvaloiruneviequ’onestimesanstache,uneprofessionqu’onprétendexerceràmerveille,ouune foi exemplaire et chacun peut sans peine en continuer laliste.

Alors pourquoi la démarche publique de pénitence commedansnotretexte?Parceque,àcemoment-là,c’estlamode.Oui,c’estlamoded’attendreleMessieetdefairecommelamajoritépour bien démontrer qu’on est un bon croyant.Alors s’il fautpasserparunbaindepieds !Celane les engagepasplusqueceux qui clament un peu trop qu’ils sont de pauvres pécheursdans certains milieux où cela peut être la mode, mêmeaujourd’hui.

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Sic’estleprixàpayerpourêtredansledernier«carrédesjustes»,alorspourquoipas,dumomentqu’onestau-dessusdesautres!Aujourd’huiilfautêtrechrétiendebout,affranchid’unritualisme forcément humiliant et infantilisant. On peut à larigueuradmettrequ’entreDieuetsoi,ilyaquelquefoismotifsàdepetitesfâcheries,maisDieuestsibonetnoussiméritantsduseulfaitquenoussommesencorepratiquants.Onadmettraalorsl’idée de réconciliation, mais pas de pénitence. Les petitscachottiers au cœur empaillé d’orgueil ont toujours existé. Cequicomptepourl’Églisec’estdemontrerqu’ellen’estpasdupe.Elleaccueillecertestoutlemonde,maiselleavertitqu’auboutduchemin,aprèslavraieoulafausserepentance,onrencontreobligatoirement celuiqui sépare lebléde lapaillepourbrûlercettedernièredanslefeuquines’éteintpoint.

2.ElestleraccourcideElohimquisignifieDieuchezlesHébreux.

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l’abîmeettoutesaprofondeur.

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NuitdeNoël

Premièrelecture:Is9,1-6Deuxièmelecture:Ti2,11-14

Évangile:Lc2,1-14

Dans sa dédicace à Théophile, Luc, au début de sonévangile, (Lc 1,1-4) précise qu’après d’autres, il a voulu être« soigneusement informé de tout » pour écrire un « récitordonné»concernantJésus.

Très probablement faut-il voir dans les précisionshistoriquesdonnéesaudébutdenotrepassagedel’évangiledecettenuitdeNoël,unepremièreapplicationdesondésir.Maisilyaplus,carLucpasplusquelesautresévangélistes,n’avouluécrireuneviedeJésus,ausenshistoriquemoderne.L’évangile,quelqu’ensoit l’auteur, se rapprocheplutôtdugenre littérairedel’homélie.L’auteurneretientde lavieduChristquecequiest très important pour ceux auxquels il s’adresse. L’auteurappartient au monde grec et s’adresse à des chrétiens de cemilieu. Soucieux d’universalisme, il insiste sur la portéeuniverselle du salut donnée par Jésus qui, dès son ministèreterrestre,dépasselesfrontièresdupeuplejuif.SagénéalogiedeJésus remonte à Adam, tandis que celle de Matthieu necommencequ’àAbraham!

Ici la référence à Auguste et à Quirinius dépasse le détailhistorique. Il veut montrer au monde gréco-romain que Jésusn’estpasunmythe,ilappartientàl’histoiredeshommes,même

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si l’on peut discuter sur l’exactitude, à l’année près, durecensementdeQuirinius.Jenesauraistropvousconseillerdevous procurer le livre de Joseph Ratzinger – Benoît XVI surl’enfancedeJésusetparticulièrementde lire lechapitre3– lanaissance de Jésus àBethléem – où toutes lesmises au pointsontfaitessurcesquestions.

De toute cette affaire je retiens ceci : « Le contrasteAuguste/Jésus.»

Auguste,l’empereurromain,estenpleinegloire.Beaucoupvoient ou ont vu en lui le signe d’une ère nouvelle, comme lerappelled’ailleursBenoîtXVI.En27avant Jésus-Christ, troisans après son entrée en charge, le sénat de Rome décernera àceluiquis’appelaitOctave,letitred’Auguste,engrecsebastos,« l’adorable ». On le dit d’ascendance divine et une vieilleinscriptionluidonnemêmeletitredesôter,sauveur.EtBenoîtXVI de faire remarquer que dans la traduction grecque del’AncienTestament,cetitredesauveurn’estréservéqu’àDieu.

Aussisontjetéesdéjàlesbasesduculteimpérialquifinirapar être la cause de la persécution des chrétiens, à la fin duIer siècle.Car à samort,Auguste seraplacéau rangdesdieuxparlesénatromain,ceseral’apothéose.Enfin,notonsquecettepuissance impériale se manifeste ici sous le signe d’unrecensement,pratiqueplusquesuspectedansl’anciennereligionjuiveeticicarrémentsignededomination,carliéeaupaiementdel’impôtsymboledesoumissionàl’Empire.

Etc’estàcemomentqu’arrivedanslemondeunautresôter,un Sauveur non pas en pleine gloire aux yeux du mondepuisqu’ils’agitd’unnouveau-néemmaillotéetcouchédansune

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Dimanchedansl’OctavedelaNativitéFêtedelasainteFamille

Premièrelecture:Si3,2…14Deuxièmelecture:Col3,12-21

Évangile:Mt2,13…23

Ce n’est pas faire une lecture fondamentaliste de la Biblequedemontrerl’importancequelafamillerevêtpourl’homme,tantpourlevraibonheursurlaterrequedanssesrapportsavecDieu.Nous,chrétiens,nousdevrionssavoirque l’unnevapassans l’autre et que d’une manière générale, plus Dieu et saParolesontprésentsdanslasociétéhumaine,mieuxleschosesvont. Nos sociétés d’ancienne chrétienté le réapprennentaujourd’huiàleursdépends.

Les trois évangiles qui évoquent l’enfance de Jésus (saintJeanetsonprologueinclusmêmesisonapprocheestdifférentede celle des autres) nous montrent que même Dieu, pourl’incarnationdesonfils,a«joué»jusqu’auboutl’ordredelacréationendotantJésusd’unpèreetd’unemère.

Jésus n’a pas une apparence de corps comme les dieuxpaïensquise«déguisaient»enêtreshumains.JésusestlefruitdesentraillesdeMarieconçudel’EspritSaint.Voilàpourquoi,je ledisaupassage,estàproscrire l’expression«et Jésus tonenfantestbéni»danslesnouvellesversionsdenosnouveauxJevoussalueMarie.

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À l’époque des mères porteuses, cette expression estréductrice de la réalité de l’Incarnation et peut inciter à unamoindrissement néfaste de la piété mariale pour la nouvelleévangélisation.

Dans « l’enfance » telle qu’elle est racontée par saintMatthieu, il convient de remarquer que Joseph joue le rôleprimordial alorsqu’iln’estpas lepère selon la chair, cequi apermis il y apeude temps, àquelquesesprits tordus, lorsdespolémiquesautourdelaloiTaubira,delajustifierendisantqueJésusavaiteudeuxpères!

Nousnerappelonscetargumentquepourmontrerjusqu’oùpeut aller l’envie de transgression, en faisant grâce au lecteurdesexemplesdiversetvariésdel’utilisationdutexte.L’étalagedel’imbécillitéetlamauvaisefoinesontpasdemisedansunehomélie!

Retenonsplutôtque Josephaprès avoir acceptédeprendreMariechezluidonneunstatutofficielàJésus.Sanscela,pourla société, il n’aurait été qu’un bâtard ! Joseph, comme pèreofficiel,seraainsienmesuredel’éduquer.

Danslepassagedel’évangilequel’Églisenousproposedeméditerpourcettefête,nousn’ensommespasencorelà.

Joseph va jouer son rôle de père et de chef de famille ensauvant la vie de Jésus et deMarie samère. Et « l’annonce àJoseph»sepoursuitparl’intermédiairedel’angequis’adresseàluienvuedelaprotectiondeJésusetdeMarie.

Relevonstoutd’abordquenousrestonsbiendanslaréalité

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del’Incarnationetdesrèglesétabliesdecivilisationquiontfaitleurs preuves. Le père protège son enfant et sa femme grâce àDieu,maisilfauttoutdemêmeremarquer,honnêtetéobligeparrapportautextedesaintMatthieu,quenotrepassagereproduitparlelectionnaireometlesversets16à18quisontloind’êtreanodinspuisqu’ils’agitdumassacredesinnocents,unedizainedegarçonsn’ayantpaseulagrâced’unJosephprotecteuravertipar un ange deDieu, qui avaient à peu près l’âge de Jésus etqu’Hérodefaitmassacrer.

Or la mention de ce récit à cette place est importante.D’abordellerappellequelesalutdeDieuarrachebienàlamort.La grâce divine empêche que ne coule le sang de Jésus etd’autresmeurentàsaplace.Leurmortphysiquevapermettrelaprédication de la vie éternelle dont eux-mêmes bénéficierontquand celui qui a été miraculeusement épargné mourra à sontour sur la croix. Le salut au prix du sang, voilà un des sensprophétiques du massacre des innocents. Il annonce bienévidemmentlacroix.

Ensuitejerappellequelathéologiedecetteépoque,commenouslemontrelechapitre4duLivredelaSagesse(50ansavantJésus-Christ),neconsidéraitpluslalongueviecommeunsigneindubitable de la bénédiction deDieu.Une vie courte pouvaitaussi bien être un signe de grâce s’il faisait échapper à unedestinéemauvaise.Enfin,etc’estpeut-êtrelàleplusimportant,lamentiondel’Égypterenvoieàl’Exode.«D’Égyptej’aiappelémonfils»,rappellesaintMatthieuencitantleprophèteOsée.

La sortie d’Égypte, événement fondateur de la religiond’Israëlcommereligiondesalut,s’est faiteaussiaveceffusiondesang ; lamortdespremiersnésd’Égypte,dixièmeplaiequi

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veulentconnaîtreetadorer.

Deux enseignements sont à tirer de cela. La vérité esttoujours plus forte que le mensonge et finit toujours pars’imposer. Hérode, les scribes et les grands prêtres voulaientfairedisparaître Jésus etmêmepour les grandsprêtres, effacerjusqu’ausouvenirdesonenseignementenfaisant répandredesmensongessurlepourquoidutombeauvide(cf.Mt28,11-19).

Ehbien!ilscontribuentàsamanifestationauxpaïensenlesenvoyantàl’endroitexactoùl’enfantestné.Ilssefontainsilesauxiliaires de l’accomplissement de notre première lecture, lechapitre60duprophèteIsaïedontlafinestàrappeler:«Tousles gens de Saba viendront apportant l’or et l’encens enproclamantleslouangesduSeigneur»(6).

Etvoiciledeuxièmeenseignementannoncé.Lespiresanti-chrétienspeuventmalgréeuxfavoriserlerayonnementdelafoi,les ténèbresqu’ils répandent rendentplusvisibles les lumièresqu’ilsnepeuventocculter,etleursexcèsmêmesprovoquentdessursautssalutairesquifinissentparavoirraisond’eux.

Cequicomptepourunchrétien,commepourtoutchercheurde vérité, c’est de continuer sa marche, alors il retrouveratoujoursl’étoilequil’éclairera.

Puis c’est l’arrivée à Bethléem, et comme toujours saintMatthieu va à l’essentiel : les mages se prosternent et offrentl’or,l’encensetlamyrrhe.Laprosternationcommelescadeaux,quelquesoitlesensqu’onapuleurdonnerultérieurement,ontuneseulesignification.Et jevoudrais faire remarqueravantdela préciser ce qui est pourmoi plus qu’un détail. Joseph, qui

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tient le premier rôle dans l’évangile de l’enfance selon saintMatthieu, a subitement disparu au moment de l’adoration desMages : « En entrant dans la maison ils virent l’Enfant avecMariesamère.»Josephnereprendrasonpremierrôlequeparlasuite en obéissant à l’ange pour la fuite en Égypte.Marie estdoncassociéeseuleàsonfilspourcetteadoration.

Je voudrais là encore citer notre pape émérite : « Devantl’enfant royal, les Mages pratiquent la proschinesis, laprosternation, c’est-à-dire se prosternent devant lui, c’estl’hommagequ’onrendàunroiDieu.Àpartirdelàs’expliquentensuite les dons qu’offrent les mages. Ce ne sont pas descadeauxpratiquesquiàcemoment-làauraientpuêtreutilesàlasainte Famille. Les dons expriment la même chose que laproschinesis.Ilssontunereconnaissancedeladignitéroyaledeceluiauquelilssontofferts.Oretencenssontmentionnésaussien Isaïe 60,6 comme des dons d’hommage qui sont offerts auDieud’Israëldelapartdespeuples6.»

Trois enseignements sont à tirer qui nous serviront deconclusion:

1/Marie est liée à la reconnaissance de Jésus commeRoi/Dieu, comme je l’ai précisé lors de la solennité deMariemère deDieu,mais ici dans le cadre de la reconnaissance pardespaïens,lesenss’élargit.

L’évangélisation, qu’elle soit nouvelle en l’anciennechrétienté, ou qu’elle soit première en des lieux où lechristianismeatoujoursétéabsentoutrèspeuprésent,nepeutse faire sansMarie. C’est je pense ce que veut montrer saintMatthieu en insistant sur l’intimité plus grande entreMarie et

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Jésusqu’entreJosephetJésus.

2/Deuxièmement, devant Jésus et Marie, les Magescommencentparadorer.Laprosternationenestlesigneleplusimmédiatement clair, les cadeaux devraient l’être aussi, maisdans notre civilisation ils ne nous parlent plus de la mêmemanière. Nous avons lu que ce ne sont pas des « cadeauxpratiques»,autrementditcenesontpasdesaumônesdontJésusetMarie, qui comptaient parmi les pauvres, auraient pu avoirbesoin. Ce qui ne veut pas dire que lesMages n’ont pas faitd’aumône.MaisMatthieuneleditpas.

Le premier acte à accomplir devant le Christ est doncl’adoration.LecadeaudesMagespréfigurelevasedeparfumdegrandprixrépandusurJésus.Cen’estpasdugâchiscommel’alaissé entendre Judas en disant qu’on aurait pu le vendre etdonner l’argent aux pauvres. Non c’est une priorité donnée àl’adorationreligieuse,reconnaissantlaroyautédivineduChristet aussi un enseignement symbolique du moyen par lequel leChristyparviendra,samortetsarésurrection,lamyrrhe,etplustardleparfum,entrantdansleritedel’embaumement.

3/Enfin, troisième enseignement, cela ne conduit pas ànégligerlacharitéetlesactesqu’elledoitinspirervis-à-visdespluspauvres.Lacharitéchrétienneest simplement singulariséepar rapport aux autres formes d’amour du prochain ou desolidarité qui peuvent exister en dehors du christianisme. Lacharitéchrétienneprendsasourcedansl’adorationduChristetla vénération deMarie, et ne se revêt de puissance que si ellecomportel’annoncedel’Évangile.

Soyons donc d’abord des signes d’Épiphanie auprès des

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peine de la comprendre : « Si vous voulez vivre comme desjustes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faireremarquer. » L’essentiel est dans le « pour vous faireremarquer ». Ce qui est d’une actualité troublante pour notreépoque où ce qui est majoritaire ou prétendument tel estforcémentvrai.

Se faire remarquer pour toucher le maximum de gens estdonc une étape obligée. Qui joue ce jeu, est prêt à tout. Laplume,danstouslessensdecemot,etàtouslesusages,serviraà n’importe quelle condition, d’autant plus qu’en France leridiculenetueplusdepuislongtemps,cars’ilenétaitautrementletauxdemortalitéauraitsérieusementaugmenté.

L’aumône, c’est pour l’Ancien Testament comme pour leNouveau le souci du pauvre, le signe de la fraternité humaineentre tous ceuxqui reconnaissentDieu commePère.Retenonsaussique l’islamen faitunde sescinqpiliers.Etc’estcequifaitlagrandeurdelarichessequipeutêtreenvisagéecommeunebénédictiondivine,carelledonneàceluiquiladétient,pourvuqu’ilsoitfidèleàDieuetàsaloi,lapossibilitédevenirenaideàsesfrèresenhumanitésouslapaternitédeDieu.Ils’agitdoncde donner une partie de ce que l’on a en aumône, et d’unemanière plus moderne, cela peut être en créant du travail quipermettraauxautresdevivre.

Maisencore faut-il avoirdequoidonner.Cen’estpasunemalédictionqued’êtreriche,ouencoremoinsunetare;lafautedanscedomaineestd’idolâtrersa richesseetd’oublierqu’ellen’estjamaisunefinensoi.

Une certaine conception trop automatique de la justice

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distributive de Dieu avait pu faire croire cela à l’époque deJésus. D’où ces corrections, en témoigne l’histoire du jeunehomme riche. Cela ne remet pas en cause la richessebénédiction, mais justement puisqu’elle est bénédiction, Jésussecontentederappelerqu’elleest toujours liéeà l’observationdelaloidivinequiimpliquel’amouretlesouciduprochain.Sila richesse est un obstacle à l’observation de cette loi il fautl’abandonner,maisdanscecas-làseulement.

Jésus n’étant jamais ni un sectaire démagogue, ni unilluminé déconnecté des réalités de ce monde, eut donc desdisciplespauvresourichescommeZachée,Josephd’Arimathiequiluioffrirauntombeaudetoutebeauté!

Jésus n’enferme jamais les riches dans un jugement globald’indignité. En tant qu’homme, il n’avait pas les compétenceséconomiques d’aujourd’hui, mais il avait mieux : la sagesseélémentairepour laquelle ilestévidentqu’onn’enrichit jamaislespauvresenappauvrissantlesriches.

AuXXIe siècle, après toutceque l’humanitéavécucommetypes d’expériences économiques, particulièrement auXXesiècle,ilfautêtresotpourcroirecelaoufairesemblantd’ycroire.OrJésusétaitsage.

La prière ! Aujourd’hui le chrétien moyen pratiqueessentiellement la prière de demande, en particulier quand leschosesvontmal.Peupratiquentlaprièred’actiondegrâce,toutsimplement par exemple pour remercier Dieu d’être en bonnesanté,cequin’estpasunesituationnormaleévidente,selon lasciencemédicaleelle-mêmepournes’enréférerqu’àelle.

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Quant à la prière d’adoration, celle dans laquelle on nedemanderien,maisoùl’ons’efforcedefairesilenceetdefairele vide en soi, pour que l’Esprit deDieu emplisse votre cœur,celle-là est très peu pratiquée sauf chez les contemplatifs.Pourtant,c’estsurtoutautraversdecettedernièreformequelecœurpeuts’ouvriraupartage(l’aumône)etàlapénitence.

Reste enfin le jeûne ! Certainement la pratique la moinscomprisesurleplanreligieuxenOccidentpourlamajoritédeschrétiens,exceptionfaite,làencore,desreligieuxcontemplatifs.La société de consommation, dénoncée allégoriquement il y aplusieurs années par le film célèbre La Grande Bouffe, esttoujourslà.Etsil’onparledejeûne,c’estencoreliésij’osedireàlaconsommation…ducorps…parimageouautrement…!

Il s’agiten fait, toutsimplement,de régimes liésà lasantéou à l’esthétisme, au narcissisme, qui peut aussi s’ajouter aureste ! Le jeûne commemeilleure approche de Dieu n’est pasévidentpourlecroyantd’aujourd’hui.Etdefait,sil’obsessionde manger un beefsteak-frites obsède un chrétien le Vendredisaintaupointdel’empêcherdeprieretdelirelasainteÉcriture,je dirai au risque de choquer : qu’il mange, mais qu’il prieencoreplus!

Carcequicompte,etjereviensàlamiseengardepréalabledeJésus,c’estdedonner laprioritéà l’êtresur leparaître.Onn’inverse pas d’un seul coup lesmentalités, surtout quand onrame à contre-courant ! Convertissons les cœurs avant deconvertir les estomacs, et faisons aujourd’hui du jeûne, uneconséquence d’une démarche spirituelle qui donnera lapréférenceauxchosesd’en-hautàpartird’unedroiteprédicationdelaparoledeDieuetdeprièresdeplusenplussérieuses.

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sanspourautantmépriserlavie.

Autre chose : Moïse était, comme Élie, arrivé à un stadeavancé de progression spirituelle, mais Moïse avait distancétellementsonentouragequecelui-cidutdétournerlesyeuxdelalumière. Pour Élie ce fut différent ; l’entourage était composépourainsidired’initiés,Éliséelesuccesseur,etunpeuplusloinles filsdeprophètesde Jéricho,quipurenteuxaussivoirÉliedans son char de feu. De même dans notre récit évangélique,Pierre,JacquesetJean,lesintimesdeJésus,sonttémoinsdelaTransfigurationalorsquelesautresapôtressontdemeurésdanslaplaine.Mieux :Pierre, Jacqueset Jeans’entendent interdiredeparlerdecettemanifestationquineseradivulguéequ’aprèslarésurrection.

De ce qui est arrivé lors des transfigurations de Moïse,d’Élie et de Jésus, nous pouvons déduire qu’il y a différentsdegrés de révélation adaptés au niveau d’évolution spirituelledescroyants.

LaperceptiondelaréalitédelaTransfigurationestdoncliéeaufaitd’êtreparvenuàunniveaud’évolutionspirituelleélevée.Etquandjeparled’undegrédeconnaissancedelarévélation,ilne s’agit pas uniquement de connaissances intellectuelles outhéologiques ; il s’agit – et je reviens là à mon propos surl’hommespirituel–deprogrèsdanslaconnaissancedel’amourdivin,del’agapèdontparle saintPaulauchapitre treizedesapremière épître auxCorinthiens ; et il faut remplir sonêtredecet amour-là, de cetagapè qui aimepour aimer, sans profit niintérêtd’aucunesorte;ouiilfautemplirsonespritetsonâmede cet amour-là pour que croisse l’homme spirituel afin depouvoirdiscerner chez lesplusavancésquenous, les lumières

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de la Transfiguration, et pourquoi pas afin de rayonner nous-mêmes.

Olivier Leroy dans son livre La splendeur corporelle dessaints9 raconte, entre autres, un récit de Transfiguration, celuiquiconcerneunsaintascètedeRussie,néen1759etmorten1833:ils’agitdesaintSéraphindeSarov.Jevouslisunextraitdu récit fait par le bénéficiaire de la vision, un dénomméMotovilov, et je précise que cette manifestation se produisitaprèsunentretiensurlaprièreetlapuissanceduSaint-Esprit:

«MonPère,ditMotovilov,aidez-moiafinque jepuissevouscomprendre.Le prenant par les épaules le saint lui dit doucement : nous sommes tousdeux en ce moment même dans l’Esprit ; pourquoi détournez-vous votreregard ? Je ne puis vous regardermonPère, votre figure est plus brillantequelesoleil.Cetteclartém’aveugle.Necraignezrienditlesaint,vous-mêmevousbrillezcommemoi,vousêtesaussidanslaplénitudedel’Espritetc’estpour cela que vous pouvez me voir tel que je suis en ce moment. Sepenchant vers lui il ajouta : remerciez le Seigneur de la grâce qu’il vousaccorde, j’ai prié Dieu dans mon cœur pour qu’il vous donne la visionmatérielle de la présence du Saint-Esprit dont il accorde la vue à sesserviteurs.»

Bien, dira-t-on, mais ces expériences mystiques sont-ellesnécessaires ? Tous les chrétiens doivent-ils obligatoirementpasser par elles ? Je ne répondrai pas directement à cettequestion;jediraisimplementquelerécitdelaTransfigurationexistedansl’Évangileetquecelan’estsansdoutepasgratuit.Jeferai remarquer ensuite en reprenant le cas des troistransfigurationsbibliquesdont j’aiparlé,Moïse,Élie et Jésus,quelescorpsdecespersonnagesnesontpasrestésautombeau.Pour Élie et Jésus les textes sont clairs, pourMoïse il s’agitd’unetraditionextra-biblique.

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Alorsjevousledemande,lefaitqu’iln’yaitpasdetombeauet qu’ils soient dès lors vivants auprès deDieu ne peut-il pasconstitueruneréponseàlaquestionquebeaucoupseposentsurletempsintermédiaireentrelemomentdelamortphysiqueetlejugement dernier ? Oui le degré d’évolution spirituelle d’unindividuneconditionnerait-ilpassonentréeimmédiatedansleRoyaume de Dieu ou son sommeil plus ou moins calme enattendantlarésurrectionfinale?Ainsis’expliqueraitl’apparentflou des textes du Nouveau Testament sur cette question del’après-mort. Il y aurait donc deux destinations pour ceux quiquittentcemonde,uneviedel’âmeauprèsdeDieuattendantlarésurrection des corps, et un séjour des morts plus ou moinstourmentétraduitparl’idéedupurgatoire.

Dans le premier cas, ce serait l’accès direct à la lumièredivine,etl’oncomprendalorsqueceuxquiétaientainsiprêtsàcette grande rencontre aient perçu et aient déjà irradié cettelumière de leur vivant.Dans de tels cas, le corps est rarementenlevé;Moïse,ÉlieetJésusétantdesexceptions.Mais il fauttout demême signaler d’autres phénomènes plus courants quel’enlèvementetquiattestentlarégénérationetlarédemptiondela matière, phénomène prolongeant la Transfiguration après lamort. Je veux parler des corps des saints qui, ayant ététransfigurés,nesedécomposentpasetvontmêmejusqu’àsentirbon.D’où l’expression«odeurdesainteté» ;ce fut lecasdesainte Thérèse d’Avila, je vous le rappelle, mais de tellesmanifestations ne se voient pas tous les jours ; de plus ellesn’ont pas lemonopolede l’indicationd’une arrivée immédiatede l’âme auprès de Dieu. Il est desmorts paisibles et surtoutpriantesquiconstituentaussidessignesévidentsdel’entréedel’âmedansleRoyaume.

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son crachat sur le sol. Cela peut nous paraître étrange commeméthode,mêmeen laissantdecôté laquestionhygiéniquequel’onneseposaitpasàl’époque.Jepensequepourcomprendreil faut toutsimplementsereporteraurécit leplusanciende lacréation en Genèse 2,4-7. Il est en effet nécessaire que l’eaumontedelaterrepourqu’avecdelaboue,Dieupuissecréeretfaçonner l’homme tel un potier avec un vase et que de sabouche, il lui insuffle l’haleinedevie.Lecrachatde Jésus estcette eau et cette haleine de vie qui va permettre la guérisonphysiqueparcequecetteboueaunepuissancespirituelle.C’estla création sans péché, donc sans mal et sans souffrance.L’aveugle ne va donc pas seulement retrouver la lumièrephysique, mais aussi la lumière divine qu’Adam reflétaitparfaitement avant la chute. Remarquons aussi que l’aveugleobéitauChristalorsqu’iln’apasencorerecouvrélavue.Ilvaàla fontaine pour se laver les yeux, comme Jésus le lui ademandé.

On peut légitimement placer à la suite de ces réflexionsbibliques, toute la problématique du handicap à la naissance,terreurdesparentsaujourd’hui.Jecomprendscetteterreurparceque j’ai eu une sœur handicapée du cœur dès sa naissance etmorteàseizeansetdemi.Jesaistoutlemalproduit,làoùcelan’apasétévécudanslafoi, toutcommelechagrin, làoùonacontinuéàprier.

On ne peut faire l’économie de l’examen de consciencedevant de telles morts, et avant d’accuser Dieu d’injustice, sedemanderparexemplecombiend’avortementsonafaitpratiqueravant cette naissance, combien d’adultères a-t-on commis, etc.Maisilsepeutfortbienquedeschosesdecettenaturen’aientjamaisétécommises!Alors?Ehbienilfautcroirequelagloire

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de Dieu a pu se manifester quand même dans une courte viegênéedanssonépanouissement.Rappelons-nousnotrepremièrelecture,Dieuseulvoitaucœur.Quedevieshumainesglorifiéesparlasociétéavectousleshonneursqu’ellesaitdispenserdansdepareilscas,nesontenfaitquedessépulcresblanchis,beauxàl’extérieuretpourtantremplisd’ossementspourris!

C’estpourquoijenevoispassansappréhensioncequel’onappelle les progrès des examens prénataux.On commence paréliminer les trisomiques, et d’autres suivront qui necorrespondrontpasàl’enfantattenduparlesparents.Onpourrapar exemple éliminer une fille si on voulait un garçon, ce quis’est faitenChine ; ilsontaujourd’huidegrosproblèmes,carleshommesnetrouventpasdefemmespoursemarier, ilsvontles chercher dans les pays voisins, au Viêt Nam par exemple.Uneautreconséquenceimportantedecettepolitiquedel’enfantuniquequi a conduit ànegarderque lesgarçons audétrimentdesfilles:uneviolenceépouvantabledanscertainsvillagesdanslesquelsneseretrouventplusquedeshommes.Ilss’entre-tuentetboiventplusquederaison,ilsnesontpascapablesderégulerseuls,leurviolence.Legouvernementchinois,devantcesgravesévénements,aintroduitdesfemmesdanscesvillagesd’hommesetaconstatélaquasi-disparitiondelaviolenceetdesbeuveries.

Onmet ainsi l’homme à la place deDieu pour décider dechosesquiledépassent,etced’autantplusfacilementquedansnotre société, la place est libre, on en a chassé Dieu depuislongtemps.

Maisrevenonsàcetaveugle,quigrâceauChristestdevenuun enfant de lumière dans tous les sensde cemot.D’abord ilvoit,etcelapersonneneleconteste.Cequiestdiscuté,c’estson

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identité, autrement dit le miracle, et voilà déjà que certainsvoyantsdeviennentaveuglesdevantlemiracledeJésus.Cetyped’aveuglement existe toujours. Même chez des gens qui sedisentchrétiens,certainsnecroientniauxmiracles,nid’ailleursqueJésussoitlefilsdeDieu.

Notre modernité a enfanté un royaume d’aveugles où lesborgnesnesontmêmeplusrois!Lesroissontaussieux-mêmesaveugles, conducteurs d’aveugles, incapables de comprendre lagrandeur du message chrétien et sa profonde véritéindispensable à l’humanité.Et Jésus traitera souvent d’ailleursles pharisiens d’aveugles et de conducteurs d’aveugles (cf.Mt23etsurtout15,14).

Et ici ces pharisiens vont nous donner un bel exemple deleuraveuglement,quiestd’unautregenrequeceluidesmasses.C’estunaveuglementconstruit, raisonnéet réfléchi.D’ailleurstouslespharisiensnesontpasdumêmeavissurlaconséquenceà tirer de cette guérison un jour de Sabbat. Si l’on se fie auxtextes législatifs juifs postérieurs au christianisme,mais ayantpourlaplupartdesracinesanciennes,onnepouvaitsoignerunjourdeSabbatqu’encasd’urgenceetdedangerdemort.Oricionn’étaitmanifestementpasdanscecas.L’hommeétaitaveugledepuis sa naissance, il aurait pu attendre quelques heures deplus, lafinduSabbat.Maisvoilà,pourJésus, toutesouffrancehumaineestuneurgenceetelledoit l’êtrepournous.Nousnesommesplusassezattentifsauxsouffrancesdesautres.Lesunsparcequ’ilsfonttropdechoses,mêmeparmileschrétiensetlesprêtres.Ilscourenttoutletemps,maisaprèsquoi?

D’autres parce qu’ils ne sont mus que par l’esprit deconsommation matérialiste dans lequel la souffrance humaine

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DimanchedesRameaux

Premièrelecture:Is50,4-7Deuxièmelecture:Ph2,6-11

Évangile:Mt21,1-11

ParmitouslesmomentsdelaviedeJésusaucoursdesquelsilnousestmontréentouréd’unefouleetdesesdisciples,celuidesonentréeàJérusalemadûêtreceluioùils’estsentileplusatrocementseul.

Oh ! je sais qu’une idée vient immédiatement à l’esprit enentendantcequejeviensdedire,et jel’exprimepourl’écartertoutdesuiteetdirepourquoijen’aipasparlédelamortsurlacroix.

LàaussiJésusétaitentouréd’unepartiedesesdisciplesetd’une grande foule, il souffrait, il allaitmourir.Mais d’autressouffraientaveclui,d’autreséprouvaientdelacompassionpourlui.L’undescrucifiésmanifestaitmêmedelafoiensonrègne.Dans sa souffrance Jésus n’était donc pas complètement seul.Une communion de prière s’était constituée autour de lui etmême une certaine compréhension de la vraie nature du règnequ’allaitinaugurerJésusdeNazareth,autraversdelaconfessionde foi de celui qu’on appellera « le bon larron » : « Jésus,souviens-toidemoiquandtuviendrascommeroi»(Lc23,42).Confession complétée ensuite par celle du centurion romainauprès de la croix : «Vraiment celui-ci était le fils deDieu »(Mt27,54).

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En revanche, si nous réfléchissons bien à la situation deJésusentrantàJérusalem,nousallonsvitecomprendrequ’ilestcomplètement seul. Rappelons d’abord que cette entrée àJérusalem est une entrée royale. Certes l’utilisation de l’ânecommemonturepeutindiquerunroihumbleetpacifique.Maisil ne faut pas exagérer cette humilité et cet aspect pacifique,surtoutdupointdevueduspectateurdelascènedesrameaux.

Eneffet,pourlagrandemajoritédesJuifs,leMessiepouvaitimposer l’humilité et la paix tout simplement parce qu’il étaittoutpuissantetvictorieux.Sonrègnedepaixcommençaitaprèsqu’il eut vaincu ses ennemis. Les symboles messianiques depaix ne doivent pas tromper. Pour la majorité des Juifs de cetemps, ils n’impliquaient pas la non-violence. Enfin signalonsque l’âne était lamonture des Pères d’Israël : les patriarches,dontlespremiersroisprirentlasuccession.

L’entréedeJésusàJérusalemestdoncuneentréeroyale,leverbe«crier»utilisépar lesévangélistesàproposdelafoule,apparaîtd’ailleurstoujoursdansdescasbienprécis.Lafouleeneffet crie ici comme crient les malheureux qui appellent leMessie à l’aide, comme crient aussi les démons quireconnaissent cemêmeMessie. Ce que crie la foule est aussisans équivoqueHosanna, ce qui signifie « donner le salut »,expressionvoisinedecelleadresséeauroiDavid:«Ausecoursmonroi!»(2S14,4).

Montésursonâne,Jésuss’avanceàn’enpasdouterverslepouvoir,etcelasuscite lacraintedesuns(lesgrandsprêtresetcertainspharisiens)etl’enthousiasmedesautres(lesdisciplesetl’ensembledelafoule).

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Seul Jésus sait qu’il n’en sera pas comme les uns lecraignent, et comme les autres l’espèrent. Seul il sait qu’il nesera pas roi selon l’ordre de ce monde, comme pourtant sonentréesemblelelaissersupposer.

Maisalorspourquoicetteentrée?Pourquoicesigneambiguquiallaitentretenirjusqu’auboutlemalentendumessianiqueausujetdeJésusdeNazareth?

Jerépondraiquecetteaffairedesrameauxestdumêmeordreque le baptême donné à Jésus par Jean Baptiste. Ce baptêmeétait un baptême de repentance dont Jésus n’avait nul besoin.Jean Baptiste avait même voulu s’y opposer.Mais Jésus avaitrépondu : « Laisse faire maintenant, c’est ainsi qu’il nousconvient d’accomplir toute justice » (Mt, 3,15). Jésus voulutainsi assumer sa nature humaine jusqu’au bout, jusqu’à selaisser croire pécheur, de même il a voulu aussi, en entrant àJérusalem, assumer son messianisme jusqu’au bout, jusqu’àlaissercroirequ’ilallaits’emparerdupouvoir,etparcetacteilnouait définitivement son sort. Ses ennemis de toujours, lesgrands prêtres, pouvaient dès lors compter sur tous ceux quicraignaient les fièvresmessianiques et les terribles représaillesromainesqu’ellespouvaiententraîner.

Ilestdoncbienseul,JésusdeNazareth,bienseulmalgrésesdisciples qui l’entourent et la foule qui l’acclame. Seul aussifaceàceuxquicomplotentdans l’ombre,etpréparentsamort.Seul ?Pas tout à fait cependant carSatan est là.Que sont eneffet les acclamations royales, « Hosanna au fils de David »,«BénisoitaunomduSeigneurceluiquivient»,ouiquesontces acclamations sinon les échos d’une proposition faite jadisparSatanàJésus:«Toutcela(touslesroyaumesdumondeavec

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Quecetamour,commecesparfumsetcesaromatesapportésparlessaintesfemmespourl’ensevelissementn’aientplusalorsleurdestinationfunéraire.Qu’ilsembaumentnotrevieetcellesde nos prochains par les paroles et par les actes que nousaccomplironsàlagloiredeDieuàlasuitedesdeuxMarie.

Sorties du tombeau, les deux Marie sont des femmestransformées,porteusesdelaBonneNouvelledelarésurrection,et à cause de cela gratifiées de la vision pleine et entière duressuscité.Orilpeutenêtredemêmepourtoutchrétienquivitsa foi et proclame la victoire du Ressuscité devenant ainsi untémoinvivantdelavictoiredelaviesurlamort.

Un chrétien est en effet baptisé, et ce baptême est unenouvelle naissance véritable, un arrachement au tombeau, unemarcheverslalumière,letoutrendupossibleparl’événementdePâques.Voilàpourquoi, compte tenude cequ’il représente, lebaptême était appelé par l’Église ancienne « l’initiationchrétienne », ce qui présuppose qu’il a conféré quelque chosed’unique,deparfaitetdecomplet.

Nous avons rappelé au début de cette méditation que lesgardesdu tombeauavaient étéparalyséset commeenchaînésàce même tombeau qu’ils gardaient, parce qu’ils incarnaient àl’égardduChristl’ironie,l’hostilitéetledoute.

Souvenons-nousalorsqueleshommesnaissentsemblablesàceux-là à l’égard du Christ, ennemis de Dieu justementcondamnables ; futurs soldats de sépulcre, esclaves des forcesdu mal. Le baptême les arrache à cet esclavage, d’où lesengagementsprisderenonceraupéché,àSatanetàsesœuvreset de vivre d’une vie nouvelle. Ainsi veut-on engager le futur

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baptisé sur la voie qu’a suivie le Christ et comme les saintesfemmes,às’éloignerdutombeau.

Ensuite il va falloir avancer. Les saintes femmes furentpoussées par la foi sur les paroles de l’ange, paroles quiconfirmaient tout l’enseignement de Jésus. Voilà pourquoi àchaque veillée pascale tous les chrétiens sont appelés àconfesser leur foi avec le symbole des apôtres sous forme deréponses aux questions du prêtre et ce, dans la suite durenouvellementdeleursvœuxdebaptême,qu’ilssont tenusdesuivretouteleurvie.

Le Christ en effet ne fait pas que rencontrer le baptisé, ilentreenlui;«Cen’estplusmoiquivis,c’estChristquivitenmoi»,écrivaitsaintPaul(Ga2,20).

Alors de quel droit, je le dis au passage en songeant àcertains comportements, refuserions-nous l’entrée du Christdansunpetitenfant?Aunomdequelleconceptiondu temps,de lamaturité humaine, du degré de perception de l’ineffable,assignerions-nous des limites à la grâce deDieu ?Voudrions-nousalorsnoustransformerensoldat,quiàdéfautdegarderleChristdansunsépulcre, lui interdiraitde rentrerdansunpetitenfant?Enfin,etlàencorejemepermetsdedemander,dequeldroit?Dequeldroitunchrétienquisesaitsortid’untombeaulaisserait la liberté à son enfant d’y rester ? Laisse-t-onquelqu’unlibredemangerdupoisonoudesenoyer?

L’amour commande de porter secours, aussi est-il naturelquel’amourdeparentschrétienslespousseàfairebaptiserleursenfants et à leur prêter leur voix pour toute une partie du ritebaptismal:lesengagementsetlaconfessiondelafoi.

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LeChristn’est-ilpasnotre intercesseur,etn’a-t-ilpasprisnotre voix pour accepter de mourir à notre place afin deconfesser une foi à laquelle aucun hommene croyait encore ?D’ailleursnepeut-onpassedemandersi lespetitsenfantsquiéprouventtrèstôttouslessentimentsdesadultes,dumoinsunecertaine psychologie moderne le soutient, ne sont pasaccessiblesàuneformedefoiàleurmesure.Etnoussavonsquele Christ a toujours su se mettre à la mesure des plus petits.Voilàpourquoil’Églisebaptiselesenfantstrèsjeunes.

Sortisdeseauxdubaptême,ilssontnésdenouveaucommeleChristest ressuscitéàPâquesetviteneux.Noussouvenantque le mot « Christ » qui traduit l’hébreuMashiah a donné«Messie»quiveutdireoint,lenouveaunébaptiséseraointdusaint chrême comme signe de sa participation auministère duChrist,commeprêtreprophèteetroiet,s’ilestadulte,confirméavec cette même huile pour recevoir la plénitude des dons del’EspritSaint.

Il faut toujours régulièrement revivre ces étapes del’initiation chrétienne pour se demander où l’on en est de sesrenonciationsaupéché, àSatanet à sesœuvres, ceque l’onafaitdelafoiquel’onareçue,etquelestledegrédesincéritédelaconfessiondecettemêmefoi.

Sommes-noustoujoursdignesduChristquenousportons?Ne tachons-nous pas trop souvent notre vêtement blanc,autrementditn’empêchons-nouspasl’Êtredelumièredecroîtreennous?EtcettelumièreduChristquenoussommeschargésdeporter,ne l’occultons-nouspas trop souvent ?Le toutnousconduisantàdevenirdesmembresdemoinsenmoinslégitimesdel’Église.

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possession de lui (cf. Jn 13,26-30) et que Thomas est absent.QuantàJudas,ilnereviendraplusparcequedéjàprobablementmort. Quel beau symbolisme : Thomas reviendra quant à lui,maisenn’ayantpasététémoindecetévénement,ilnecroirapasà l’apparitiondu ressuscité.La communion avec les apôtres etleurssuccesseursestdoncindispensablepourqu’existentetvivela foi au Ressuscité et ce qui en découle immédiatement, lepardon des péchés ou le refus du pardon, ce dernier élémentétantoubliéaujourd’huitropsouvent.

L’évêque,successeurdesapôtres,abienentendulepouvoirdedéléguer auprêtre ce sacrementdepénitence/réconciliation,maisilpeutleluiretireravectoutcequiestliéàlaprocéduredususpensadivinis,quipeutmêmeallerjusqu’àôterauprêtreledroitdecélébrertouslesactesdesonministère.

Si comme je l’écris dans mon livre La Révolutionchrétienne, le prêtre doit être le fer de lance de la nouvelleévangélisation11, il importe de s’en souvenir. On ne peut agirqu’en accord avec son évêque et en aucun cas se dresserpubliquement contre lui quand il s’est prononcé sur unequestiontouchantlafoietlesmœurs,mêmesipourlefaireiladûquitterleterraindelareligionpourceluidupolitique.

J’enreviensàsaintAugustin;nousvivonsdansdeuxcités,celledeDieuetcelledeshommes,etcettedernièrepeutalleràl’encontredelavolontédivine.Ilestdudevoirdel’évêquedeledire.

Tous n’agissent pas toujours à l’unisson. Ce n’est ni aupeuplechrétien,niauxprêtresde les juger,chaquediocèseestdifférent et la grâce d’État (car l’épiscopat est un sacrement)

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confère le pouvoir de discernement à celui qui l’a reçu.L’Évêquen’adecomptesàrendrequ’àDieuetauPape.

Maiss’ilsreçoiventcedonencommundira-t-on,quefaites-vousdelacollégialité?L’Évêque,maîtrechezluinerisque-t-ilpasdeporteratteinteàl’unitédel’Église?Non,sionestfidèleà l’Écriture sainte et à la tradition constante de l’Églisecatholique.

Carsil’onneconsidèrequecetexte,lesmêmesapôtressonttousàégalitéetreçoiventenmêmetempsledonderemettreoudemaintenirlespéchés.

Maisonnepeutisolercepassage.Auchapitresuivantdecemême évangile, Pierre se voit à lui seul confier par Jésus lepouvoir de paître ses brebis, et ceci par trois fois. Dansl’évangileselonsaintMathieu,auchapitre16,Jésus lenommePierreà laplacedeSimonen lui indiquantclairementquesurlui il bâtira son Église. Et Jésus savait bien que cetteconstruction ne se ferait pas en une génération. La promessefaiteàPierreconcernedoncaussisessuccesseurs,etlatraditiona toujours évolué dans ce sens, à l’exception de deux trèsdouteux conciles, celui de Constance (1414-1418) et celui deBâle(1431-1449)quiessayèrentenvaindesoumettrelePapeauconcile.

Maintenant cette affaire est tranchée, tant parVatican I en1870 avec l’encyclique Pastor aeternum proclamantl’infaillibilitépontificalepourlesquestionstouchantàlafoietauxmœurs, et de ce fait,même la supériorité du Pape sur lesconciles, que par Vatican II qui maintient cette mêmeinfaillibilitéenlienaveclacollégialitédesÉvêques,sujetqu’on

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n’avaitpaseule tempsdetraiteren1870àcausedelaguerre.Reportez-vous pour cela à la constitution dogmatique surl’Église,LumenGentium,particulièrementauparagraphe22surlecollègeépiscopaletsonchef. Ildoityavoirdanscecollègepartage et écoute fraternelle, mais en dernier ressort c’esttoujours l’avis du pontife romain qui l’emporte. D’ailleurs,commepourtouslesautrestextesduConcile,PaulVIl’asignéle 21 novembre 1964 par ces mots : « Moi Paul, Évêque del’Églisecatholique(suiventlessignaturesdesPères).»

C’estdonclesuccesseurdePierreseulquiauthentifietouslesactesdumagistère,ycomprisdesconciles,parcequ’ilareçuduChristlui-mêmece«principatdelacharité»quiseulpermetdeconserverl’unitédanslavérité.

Pour conclure, je pense donc que si on obéissait plus auPape,sans feintesnidétours, lechristianismenes’enporteraitquemieuxparcequel’Églisecatholiqueseraitplusforte.

Je ne puis achever mon propos sans évoquer Thomas,d’autantplusquedansnotremonded’incrédulesonenparleàtortetàtravers,mêmechezles«analphabèteschrétiens»pourreprendre le qualificatif deBenoîtXVI. «Moi je suis commesaintThomas,jenecroisquecequejevois.»

Les politiques s’ymettent aussi, c’est dire… !Et ainsi onfait de Thomas l’apôtre de l’incrédulité alors qu’il est en faitl’apôtre des questions. C’est un homme qui cherche àcomprendrecommeentémoigneparexemplesoninterventionauchapitre14denotreévangilequandJésusdéclareàsesapôtres:«Quant au lieu où je vais vous en savez le chemin ! »AussiThomasa-t-il lecouragededéclarer,alorsquetoussontmuets

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sans unegrande édificationque l’onprend connaissancede lafaçon pleine de charité à l’issue de ces débats parfois trèsviolentsdontlespasteursontrésolulesdifficultéssoulevéesetaccordé le pardon à ces malheureux, jusqu’à ce qu’ils soientréconciliésaveceux-mêmesetlacommunautétoutentière.

Cela dit, Jésus n’y va pas de main morte, il est mêmeextrêmement dur au point que, dans un premier temps, lespharisiensnecomprennentpas.Illeurrediteneffetqu’ilssontfinalementdesaveuglesparcequ’ilsnevoientpaslaportedelabergerie,etilpréciseradansladeuxièmeparabolequ’ilestcetteporte.

Cependant, dans un premier temps, et dès la premièreparabole,ilévoqueceuxquipassentparunautreendroitquelaporte en les qualifiant de voleurs et de bandits. En quoi lespharisiens qui constituaient le parti le plus cultivé et le plusprochedeJésusméritaient-ilsdetellesqualifications?

Ennoussouvenantdel’affairedel’aveugle-néauquelnotretextefaitsuite,lespharisienssontainsidésignésparceque,sousprétexte de promouvoir la loi de Dieu en l’expliquant et enaidantleshommesàyobéir,ilsl’ontenfaitdérobée,oubliantsafinalitéqueJésussoulignerad’untraitsimple,maiséclatantdelumièrecéleste:amourdeDieuetamourduprochain.

Delaguérisondel’aveugle,ilsneretiennentqu’unechose:JésusavioléleSabbat.Peuleurimportequecesoitpourrendrelavueàunaveugle!Cequ’ilsfontainsi,c’estqu’ilsvolent laloideDieuenladétournantdesonbut:lebonheurdel’homme.D’unmêmemouvement ils volent aux hommes non seulementleur bonheur, mais en sus, comme des bandits, leur liberté.

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Laisserquelqu’undanssonhandicapàcaused’unritereligieuxou d’une idéologie, si vénérables soient-ils, ne traduit pas lerespect dû auCréateur et à ses créatures, et pour reprendre lasymbolique de notre texte, ce n’est pasmanifester de l’amourauxbrebis.

Danscettepremièreparabole,Jésusdénoncedonclepouvoirusurpéparlespharisiensennepassantpasparlabonneporteeten s’introduisantdans labergerieparescalade, c’est-à-direparces raisonnements spécieux dont les conclusions se durcissentenrèglementsauxquelsilsdonnentuneoriginedivine.EtJésus,en disant que les brebis ne suivent que le vrai berger parcequ’ellesconnaissent(cequiveutdire«aiment»)savoix,sous-entendque ceuxquiont escaladé lemurde l’enclosne serontpassuivis.

Les brebis chrétiennes aujourd’hui ont peu à craindre dechefs religieux qui agiraient comme les pharisiens. Les gravesproblèmesquel’Égliseadûaffronterontconduitàbeaucoupdesagesse, sespasteurs.De surcroît le siègedePierreest leplussûrgarantdelajustessedutondelavoixduPasteur.Lesbrebisspontanémentfuienttouteparolequinesonnepasàl’unisson.

Les nouveaux pharisiens sont plutôt à chercher du côté decertains politiques, aveuglés par des idéologies et assoiffés depouvoir. Ils sontmêmed’autant plus assoiffés qu’ils sont plusaveugles.Ilsvolentl’autoritéd’unDieuquilesgêne,etrognentde plus en plus sur les libertés des brebis, allant quelquefoisjusqu’à mépriser le droit pourtant imprescriptible de laconscience.L’article1erdenotreConstitutionde1958disposeque la France est une République laïque, etc. « qui respectetouteslescroyances».

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Deuxremarques:onparlefortheureusementdelaFranceetdelaRépubliquequiestlerégimevouluparlagrandemajoritéde ses citoyens. Alors pourquoi dans le discours politiqueoublie-t-ontropsouventlemot«France»auprofitdeceluide«République»,commesiavantcerégimeiln’yavaitrieneu,cequesous-entendaientd’ailleurslesrévolutionnairesde1792enparlantdel’anI.

Ensuiteonmêle,toutcommeàcetteépoque,laRépublique,la nation et le peuple pour en faire une sorte d’amalgameabstrait,concurrentdes religionsanciennesconsidéréescommedépassées pour s’autoriser à élaborer une nouvelle religiositévoiremêmeuneautremorale.Cesgens, comme lespharisiens,outrepassent leurpouvoir.N’obéissantpasà laconstitutiondupaysennerespectantpastouteslescroyances,ilssecomportenten véritables bandits de grand chemin tout à la fois del’ambitionouducultedel’homme!

Et,toutnaturellement,rienalorsnepourrasurgirdebondujudéo-christianisme comme d’ailleurs, tout comme pour lespharisiens rien ne pouvait sortir de bon d’un homme qui nesuivaitpasleSabbat.

Aujourd’hui en tombant du religieux au politique, lepharisaïsme demeure néanmoins par l’engagement partisan decertainschrétiensdansdesidéologiescontrairesàleurfoi.

Mais les pharisiens sont trop imbusde leur personnepourimaginer une seconde que Jésus les traite de voleurs et debandits.

Alors Jésus passe à un cran supérieur. Il se proclame lui-

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Nouveau Testament, on n’a prêché qu’un Jésus-copain ce quientraînera plus tard une autre appellation : « Dieu detendresse », remplaçant celle de « Dieu de miséricorde ». Etdanslafoulée,onauraoubliélejugement!

Or s’il est vrai que l’amour bannit la crainte vis-à-vis deDieu(cf.1Jn4,18),ilfautcomprendre«peur»,cequin’estpaslamême chose. Un chrétien ne doit pas avoir peur deDieu àcause de son baptême en Jésus-Christ,mais il doit le craindresouspeined’ignorer saintetéetpéchésans lesquels la religionest parfaitement inutile.C’est ce que ressentent d’unemanièreplusoumoinsconfusenoscontemporains en sedésintéressantd’uneÉglisequin’oseplusparlerdelacraintedeDieuetquineserendpascomptequesondiscoursestfatalementfausséquandelle se risque à parler de son amour, pour obéir à sescommandements.Etquandjeparlederisquer,jen’envisagequela relation entre amour de Dieu et obéissance à sescommandements.Parceques’ilnes’agitquedeparlerd’amourdivin, alors là on ne manque pas de voix pour décliner cettepensée dans toutes sortes de directions que je m’abstiens dequalifierparcharité.

Et j’en arrive tout naturellement à la promesse de Jésusprésentée sous forme d’une prière, d’où l’importance d’avoirrappelé lesversetsomis.Si Jésusnousdemandedeprier,c’estqu’il prie lui-même, et la prière ici mentionnée estparticulièrement importante puisqu’il s’agit de l’envoi dudéfenseur, appelé aussi « Paraclet » autrement dit de l’Esprit-Saint, désigné ici par le terme juridique d’avocat, c’est-à-direceluiquiparleàlaplacedel’accusépourledéfendre.

Icidoncl’Espritdevéritéestpromisauxapôtresencollège,

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cequiimpliqueencommunionavecPierreetsoussaprésidence.Et Jésus en profite une fois de plus pour opposer le monde,incapable de recevoir l’Esprit de vérité, à l’Église qui elle lereçoit pleinement dans sa hiérarchie et est ainsi la seulepuissancecapabledelecommuniquer.

Nous devrions donc tirer plus que nous le faisons lesconséquencespratiquesd’unteltexte.Enpremierlieuexpliqueraux fidèles que la hiérarchie dans l’Église n’est pas uneinventiondel’EmpereurConstantinouencoreunalignementsurles structures de la féodalité. Ces « perles » post-conciliaires,maisn’ayantaucunlienavecVaticanII,traînentencorenonpasseulementàcausedel’extrémismedevieuxfantômes,maisaussià cause de leurs disciples, pas très jeunes, mais encoresuffisammenttoxiquespourformerdevéritables«soviets»àlatête des paroisses, entretenant une sorte de lutte des classesopposant prêtres et laïcs, au nom de l’esprit deVatican II. Leprogrèsestqu’ilsparlentd’esprit,carJean-PaulIIetBenoîtXVIont fait en sorte qu’ils soient maintenant dans l’impossibilitéd’invoquer les textes saufà lesdécouper, etqu’enoutre ilsensoientréduitsàunesortedespiritisme,faisanttournerquelquesvieux guéridons des années 70 pour invoquer l’esprit duConcile!

Maislesplusintelligentsontcomprisquec’étaitdésormaisinsuffisant, et ils demandent un autre concile : Vatican III, endes termesquine laissentaucundoutesur leurappartenanceàl’hérésie conciliariste, voulant soumettre le Pape et la curie àuneassembléequi,jesuisprêtàleparier,demanderaàseréunirpériodiquementcomme le fit leconciledeConstanceen1415.Ensuite, cette fausse doctrine fut condamnée au Ve concile deLatran(1512-1517).

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Je l’ai dit et je le répète, les conciles de Vatican I et deVatican II sont clairs, l’autorité dans l’Église vient duPape etdesÉvêques, en communion avec lui. Parcequ’ils bénéficient,comme nous le rappelle ici notre texte, d’une assistanceparticulièrede l’Esprit devérité, ils sont gardésd’erreur.Et sidans les années 70, on a pu voir et entendre certainsÉvêquess’écartermanifestementdeladoctrinecatholique,c’estqu’ilsnesuivaient pas les enseignements pontificaux. La communionavec leSaint-Père est plus que jamais d’actualité.Et quand jediscommunion,j’inclusdanscemotadhésiondelapenséeetducœuràsonenseignementetàsapersonne.OnnepeutvraimentobéirauvicaireduChristquesionl’aime,toutcommeJésusledemande à ses apôtres pour pouvoir être fidèles à sescommandements.Notrepapeémériteaplusd’une fois souffertde ce manque d’amour. Il a prononcé quelquefois certainesphrases qui ne trompent pas. Il est allé même jusqu’à secomparerau«boucémissaire».Nuldoutequecelaaitjouéunrôledanssarenonciation!

Et pour achever de s’en convaincre il suffit d’avoir luquelques textesd’ecclésiastiquesparticulièrement louangeursàl’égard du pape François – jem’empresse de dire que je suisplusqu’heureuxdesonélection,sinonjenediraisrien–textesdont certains relèvent proprement de l’indécence, les fleursenvoyéesàFrançoisétantautantdepelletéesdeterredestinéesàenterrer Benoît, le premier prix toutes catégories revenant trèscertainementàHansKüng,publiédanssonjournalfavori,cequin’étonnerapersonnevule«talent»del’auteuretladiffusiondeson supportmédiatique. En bref, pour qui savait lire entre leslignes, ce pourquoi était complimenté le pape Françoisapparaissaitcommeétantexactementlecontrairedecequ’avaitfait et dit son prédécesseur, considérations que l’on pourrait

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SilafoiestundongratuitdeDieu,noussommesaussinouschrétiens,desdonsqueDieuafaitsàJésus.Nousfaisonspartie,pour reprendre encore les paroles de notre évangile, « deshommes que Dieu a pris dans ce monde pour les donner auChrist».

C’estcetteconscienced’avoirétéchoisisparDieuquidoitôterdenoscœurstoutepeuretproduireennoustoutcourage.

Revenons encore à la croix. L’intrépide saint Paul est alléjusqu’àécrireauxGalates:«AvecleChristjesuisuncrucifié,jevis,maiscen’estplusmoi,c’estleChristquivitenmoi»(Ga2,19).

Cette identification ne doit pas prêter à contresens. Nossouffrancesenelles-mêmes,toutcommecellesdePaul,nenousfontrienmériter,ellesnousassocientsimplementauprocessusdesanctificationvouluparDieuauxsouffrancesduChristquiseules sont méritoires. Mais comme Dieu ne veut pas noussauver sans nous, plus la communion s’amplifie avec son Filsunique, plus nous nous conformons à sa personne, plus nossouffrances commenosœuvres peuvent constituer desmérites.IlsviennentduChristets’emparentdenouspournousconduireàluietnousfairecommunierainsiàl’uniond’amourqu’estlasainteTrinité.

Ainsipeuts’éclairerundespassages lesplusdifficilesdesépîtres pauliniennes concernant ce qui « manque auxsouffrancesduChrist»(Col1,24).

Très prudemment, la TOB (Traduction Œcuménique de laBible)atraduitpar«détresse».

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AndréasDettwiller,professeuràGenève,aeneffetdémontréque le mot grec employé ici (thlipseis) ne désigne jamais lessouffrancesrédemptricesduChrist,maiscellesquesesdisciplesaurontàendureràcausedeleurfoi.

De plus, il donne une traduction littérale du verset quiélimine cette idée à la fois fausse et sacrilège, qu’il pourraitmanquer quelque chose aux souffrances/détresses de Jésus-Christ. «Et je remplis ce quimanque aux détresses duChristdansmachairpoursoncorpsquiestl’Église.»

Saint Paul conçoit donc son œuvre missionnaire et lesépreuvesqu’ilendurecommeunecontinuitédessouffrancesdelacroix, toutenemployant,nous l’avonssignalé,unautremotque celui qui est d’habitude utilisé pour les souffrancesrédemptricesduseulJésus.

Saint Augustin a étendu à tous les chrétiens cettecommunion aux souffrances du Seigneur au bénéfice del’Église,c’estainsiquefutcomprislerôledesmartyrspendantlespersécutionsromaines.Etc’estdanscesensaussiqu’ilfautcomprendre cette phrase de Pascal : « Jésus sera en agoniejusqu’àlafindumonde.»

Lemondequ’ilvoit etpour lequel il estmort etqu’il fautbien distinguer de « cemonde » chez saint Jean, est toujoursplein d’horreurs et d’abominations qui font souffrir l’amourqu’ilnousporte,commeleschrétiensquiveulentenvivre.

Queceuxqui souffrent sachentque Jésuspriepour euxetnonpourlemondedontilestquestionàlafindenotrepassage.Danscederniereneffet,nesontplusceuxvivantsoumortsqui

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ontétédonnésauChrist.LemondepourlequelleChristnepriepasestdonccemondeavecsonprince, lediable,qui luidicteses lois. Cela dit, tant que le Royaume de Dieu ne sera pascomplètementmanifesté,«cemonde»seradans«lemonde»etnousmenaceratoujours.Soyonssûrsqu’ilestcependantvaincupar la croix et qu’à notre tour nous ne pourrons en triompherqueparnotreattachementàcettemêmecroix.

15.MichelVIOT,Levraietlefaux,comprendrelapenséedeBenoîtXVI,éd.del’Œuvre,2009,p.171.

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avaient été mordus dans le désert, ce qui signifie : au pointd’être dignes de perdre notre santé, en tout ou en partie, desmembres de notre famille, notre situation, etc. ? Avouons, sinous sommes sincères avecnous-mêmes, quenous avons alorsdumalànous reconnaîtrepécheurs jusqu’àcepoint.Combiende fois n’entendons-nous pas dire, quand ce n’est pas nous-mêmesqui ledisons:«Moiquiai toutfaitpourcecioupourcela et voilà ce qui m’arrive, je ne l’ai tout de même pasmérité.»

Alors il faut aller au-delà de notre passage pour entendreJésus expliquer en quoi et comment il est jugement.ÉcoutonsJésus : « Le jugement le voici : la lumière est venue dans lemondeetleshommesontpréférél’obscuritéàlalumièreparceque leursœuvresétaientmauvaises.Eneffet,quiconque fait lemalhaitlalumièreetnevientpasàlalumièredecraintequesesœuvresnesoientdémasquées.Celuiquifait lavéritévientà lalumièrepourquesesœuvressoientmanifestées,ellesquiontétéaccompliesenDieu»(Jn3,19-21).

Croireàlacroixetlaregarder,c’estlaisserpénétrerensoilaloideDieuafinqu’elleéclairetoutenotrevie.Cetéclairageneserapastoujoursagréablecarilimpliquelaprisedeconsciencedetoutcequiétaitsoigneusementcachédepuislongtemps,maisilenestainsidecertainsexcellents remèdesquin’ensontpasmoinsamersetdifficilesàsupporter.

Cela dit ils peuvent guérir et nous redonner la vie en cemonde pour un temps. D’ailleurs, selon saint Jean, l’actionsalvatricedeDieun’estpasrepousséedansl’au-delà.C’estainsique tout l’être humain, corps, âme et esprit peut entrer encommunionavecDieuquineseréduitpasàuneunitéabstraite,

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maisàune trinité, signed’amourvivant,communiantàchaquecomposantedel’êtrehumain.Dansnosmomentsd’épreuve,desouffrance, de désespoir et même de doute, rappelons-noustoujoursquenousavonsétébaptisésaunomduPère,duFilsetdu Saint-Esprit et que par cet acte nous sommes entrés encommunionavecLaTrinitésainte.

Oui,nousavonsétébaptisés.Aussi,regarderversleChrist,serpent d’airain, en croyant en lui, procure une guérisonimmédiate.EtpourJeancommepourPaullebaptêmeconstituela pierre de fondation de cette guérison.C’est en effet un desgrandsthèmesdesépîtresdePaulqueceluidel’associationàlamort et à la résurrection du Christ par le baptême auquels’ajoutent ceux de la vie du chrétien cachés dans le Christ etl’êtreintérieurappeléàcroîtrejusqu’àlastatureduChrist.

Icinotrepassage,secondepartieduchapitre3del’évangiledeJean,conclut l’entretiendeJésusavecNicodèmetraitantdela nouvelle naissance qu’on pourrait plus justement traduire :«Naissanced’en-haut.»

C’estdoncdanslaperspectivebaptismalequ’ilestquestionde l’action bienfaisante du Christ, deuxième personne de LaTrinité,serpentd’airain.

Aussidevrions-nous souventnousdireetnous redire : j’aiété baptisé, j’ai tournémon regard vers leChrist, je le tournetoujoursversluietjesaisquelarésurrectionvitenmoi,jepeuxdonc connaître des défaites et déceptions, des désillusions, jepeuxvieillir,voirmêmemourirautourdemoi,perdremasanté,mourir à mon tour, je sais cependant qu’en moi vit pourl’éternitéunêtredelumièrequigranditchaquejouràlastature

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du Christ, et que, quand je fermerai les yeux, lui les garderaouverts en direction du Christ, son regard alors deviendra lemien.

Encette fête et enguisede conclusion, quelle autreprièrepourraitmieuxreprendrecesconsidérationsetlesporterencoreplushaut, que celleque labienheureuse sœurÉlisabethdeLaTrinitéaécrited’unseulmouvementle21novembre1904.

Cette prière est exposée dans la chapelle de la Vierge del’égliseSaint-MicheldeDijondont la religieuseaété,avecsafamille,paroissienneavantd’entrerauCarmel.Elleestencadréeetplacéeavechonneur surunmur toutprèsdes reliquesde labienheureuse, déposées dans un creux ménagé dans une desparoisdelachapelleannexeattenante:

«ÔmonDieu,Trinitéquej’adore,aidez-moiàm’oublierentièrementpourm’établir envous, immobile et paisible comme si déjàmonâmeétait dansl’éternité.Queriennepuissetroublermapaix,nimefairesortirdevous,ômon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans laprofondeur de votreMystère. Pacifiezmon âme, faites-en votre ciel, votredemeureaiméeetlelieudevotrerepos.Quejenevousylaissejamaisseul,maisque jesois là toutentière, toutéveilléeenmafoi, toutadorante, toutelivréeàvotreActioncréatrice.

ÔmonChrist aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pourvotre cœur ; je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer…jusqu’àenmourir!MaisjesensmonimpuissanceetjeVousdemandedemerevêtirdeVous-même,d’identifiermonâmeàtouslesmouvementsdevotreÂme;demesubmerger,dem’envahir,deVoussubstitueràmoi,afinquemavie ne soit qu’un rayonnement de votre Vie. Venez en moi commeAdorateur,commeRéparateuretcommeSauveur.

ÔVerbeéternel,paroledemonDieu,jeveuxpassermavieàVousécouter,je veux me faire tout enseignable afin d’apprendre tout de Vous ; puis, à

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Comme l’écrit à juste titre le père Ladame dans l’ouvragequej’aidéjàcitépourmentionnerlesdeuxrévélationsduChristàMarguerite-Marie : «Les libertins duXVIIIe siècle ont ri desconversations duSauveur et de la sainte, et les jansénistes lesonttrouvéesindécentes21.»Commeriraientd’ailleursaussibonnombredenoscontemporains,ycomprishélasdescatholiques.

IlfautalorsleurrépondreavecsaintBernard,commel’écrittoujours le Père Ladame : « Dieu aime avec d’autant plus devéhémence, que l’amour n’est pas quelque chose qu’il a,maisquelque chose qu’il est. Heureuse l’âme que le Seigneurtrouvera occupée à l’attendre ! Il ne passera pas auprès d’ellesans s’arrêter, sans lui parler, et ses paroles seront d’amour,parolesd’amant22.»

Et comme par hasard ce texte de l’Abbé de Clairvaux, sibien nommé le « docteur melliflue23 », est extrait de soncommentaireduCantiquedescantiques!Lelangageamoureuxest un mode d’expression qui lui est familier tout comme aumystique, comme sainte Thérèse d’Avila et sainteMarguerite-Marie.

Parcequel’amourconstituelanaturemêmedeDieu,lecœurqui saigne sur la croix est certes un reproche adressé à toutel’humanitéà laquelleestdemandée réparationparune foiplusvivante. Mais il est lui-même source de foi et de réparationpuisquedeluicoulent l’eauet lesang: l’eaudubaptêmeet lesang de l’Eucharistie. C’est ce qu’exprime en termes fortsl’extraitdel’évangiledeJeandel’anciennemesseetquimefaitlepréféreraupassagedesaintMatthieu.Celaditcetteidéen’estpaspourautantabsentedecedernier.Lelienquinousunitau

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Christ dans le baptême constitue un joug facile à porter parrapportàtouslesautresliensquipeuventnousattacherici-bas.Etlefardeauquienrésulteestd’autantpluslégerqu’onreprenddes forces dans l’Eucharistie, à partir de ce qui a été reçu aubaptême.

Encoreunmotpour revenir sur l’originalitéde ladévotionduSacré-Cœur:l’idéederéparation.

Nousavonsévoquélafoi,maisilfautpréciser.Ils’agitdelafoienlapuissancerédemptricedelaPassionduChristetdoncde laparticipationduchrétienauxsouffrancesduChrist.Pourévitertoutdéviationnismenousrappelons,commenousavonseudéjàl’occasiondelefaire,lamanièredontilfautcomprendrecequ’écrit saint Paul auxColossiens au chapitre 1 verset 24 (telque traduit par la professeur Andreas Dettwiller) : « Et jeremplis ce quimanque aux détresses du Christ dansma chairpoursoncorpsquiestl’Église.»

Croireen la rédemptionpar laPassion,porter le jouget lefardeau du Christ, son imitation, fait participer à sessouffrances,nonpasdanslesensoùellesseraient incomplètesen lui Jésus,maisoùelles lesontennous.C’estdanscesensque sainte Marguerite-Marie écrivait d’ailleurs à une de sesnovices:«L’amourrendratoutfacile.Maisvousn’aimerezceluique l’amoura faitmourirpourvousqu’autantquevoussaurezsouffrirensilenceetlepréféreràlacréature24.»

Mais la dévotion du Sacré-Cœur n’est pas une affaire decouventnidesseulsmystiques,c’estl’affairedetoutel’Église.Dès1765lepapeClémentXIIIattribueraunemessepropreàlafêteduSacré-CœuretPieIXen1856l’étendraàtoutel’Église.

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C’estdanscetespritquePaulVIpréciseraen1965,ennommantexplicitement sainte Marguerite-Marie, que par elle, Jésusdemandaalors instammentque« tous leshommesrivalisentdeferveur unanime pour honorer son cœur blessé d’amour pournous et pour réparer de toute manière les injures qu’on luiadresse25».

Comme les injures continueront et risquent fort des’amplifier,faisonsaussinôtreplusquejamaiscettedévotionauSacré-Cœur qui, comme le rappelait le pape Pie XI, est unesynthèsedetoutelareligion.

19.QuasPrimas,finduparagraphe17.

20.JeanLADAME,LasaintedeParay,Marguerite-Marie,éd.Résiac,2007,p.124.

21.Op.cité,p.365.

22.Op.cité,p.365et366.

23.GaetanoRACITI,ocso,CollectaneaCisterciensia72(2010)214-232,LemessagespiritueldesaintBernard:«[…]letitrede“Docteurmelliflue”(Doctormellifluus).Lemotaétésouventpris,spécialementàpartirduXVesiècle,commedésignantledocteur“auxparolesquiontlasuavitédumiel”.Unetelleédulcorationn’estpastoutàfaituncontresens,maiscertainementunsenspiège.Danssonacceptionpremièreetvéritable,letitrede“Docteurmelliflue”reconnaîtenBernardunmaîtredansl’artd’extrairecemiel,quiestlesensspirituel,àpartirdelaciredelalettredestextesscripturaireset

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secret»(Mt1,19).

Les commentateurs se sont posédemultiples questionsdugenre:était-ilvraimentjustedecouvrirlecrimed’adultère?Ouencore:est-iljustedenepaspardonneretd’userainsidudroitdedivorceenabandonnantunefemmeenceinte,mêmepeut-êtrecoupable ? Est-il juste de ne pas discerner l’œuvre deDieu ?Etc.

Bien qu’apocryphe, le protévangile de Jacques, dont s’esttrèscertainementinspiréel’Églisecatholiquepourdévelopperàjustetitre(etnoninventer)samariologie,donneàcesujetuneréponse intéressanteparcequ’elle fait reposer la« justice»deJosephsurl’amourdelajusticedivine.Jecite.Constatantl’étatdeMarieletextedit:

«Et Joseph remplide frayeur, se tintcoi,et il sedemandaitcequ’ildevaitfaired’elle.“Sijegardelesecretsursafaute,sedisait-il,jecontreviendraiàla loiduSeigneur.Mais si je ladénonceaux filsd’Israëletquesonenfantvienned’unange,cedontj’aibienpeur,alorsjelivreàlapeinecapitaleunsang innocent.Que ferais-je d’elle ? Je la répudierai en secret”. La nuit lesurprit dans ses réflexions et voici qu’un ange du Seigneur lui apparut ensongedisant : “Ne t’inquiètepas àproposde cet enfant.Cequi est en ellevientdel’Esprit-Saint,ellet’enfanteraunfilsauqueltudonneraslenomdeJésus.Carilsauverasonpeupledesespéchés”.

JosephseréveillaetglorifialeDieud’Israëlquiluiavaitdonnésagrâce,etilgardalajeunefille.»

Àpartir de cemoment-là Josephnous est décrit comme ledéfenseurdeMarieetdesapureté,mêmeaurisquedesaproprevie.

Là encore Joseph nous est proposé commemodèle, car sa

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justice repose sur l’amour, l’amour de Dieu qui l’empêched’acceptercequeleDécalogueconsidéraitcommeuncrime,etl’amour du prochain qui lui fait craindre de verser un sanginnocent. Il choisit alors le secret, peu glorieux certes,mais ôcombiencharitable.Pourunchrétienà l’exempledeJoseph, lacharitédoit toujourspasseravant lagloire :glorificationdesapersonne,oudesesidées.Etlàencorec’estlaconvictiondelaréalité de la puissance divine qui dépasse tout, qui nous feraimiter Joseph, gardien du rédempteur, gardien de la source dupardon.

« Que ce soit pour nous un devoir d’honorer Saint Joseph, qui peut endouter que le Fils de Dieu a voulu l’honorer du nom de père ?… C’estencore le nom que lui donna la divine Mère, poursuit saint Alphonse deLiguori. Quel ange, ou quel saint, dit saint Basile, a jamais mérité d’êtreappelépèreduFilsdeDieu?NouspouvonsdoncbienappliqueràJosephcequeditsaintPaul : ilaétéautantau-dessusdesanges,qu’ilareçuunnomplusexcellentquele leur.Parcenomdepère,JosephaétéplushonorédeDieu,quetouslespatriarches,lesprophètes,lesapôtres,lespontifes;ilsonttouslenomdeserviteurs.Josephceluidepère»(SaintAlphonsedeLiguori.SermonpourlafêtedesaintJoseph).

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2edimanchedutempsordinaire

Premièrelecture:Is49,3…6Deuxièmelecture:1Co1,1-3

Évangile:Jn1,29-34

Jean le Baptiste nous apparaît dans le quatrième évangilecomme le premier à rendre témoignage à Jésus. Il le fait aulendemaind’unediscussionavecdesprêtres,des lévitesetdespharisiens, venus l’interroger à propos de son baptême. Non,dit-il,iln’estpasleChrist,maisleChristvavenir.Aussiajoute-t-il:«Ilvientaprèsmoietjenesuismêmepasdignededénouerla lanièrede sa sandale.»Etdans le textequenous avons lu,JeanBaptistereprendsonproposaprèsuneprécisioncapitale:«C’estdeluiquej’aidit:derrièremoivientunhommequiasaplacedevantmoicaravantmoiilétait.»

«AucommencementétaitleVerbe»,telssontlespremiersmots de l’évangile selon saint Jean. Ils éclairent bien letémoignage de Jean-Baptiste. Jésus a beau semanifester aprèslui,ilestavantluiparcequeVerbedeDieu.Auchapitre8,notreévangélisteva encoreplus loin, jouant sur le tempsdesverbespour affirmer cette idée en faisant dire à Jésus : « Avantqu’Abrahamfût,jesuis.»

PourJean-Baptiste,pournotreévangéliste, ilestdoncbienclairqueleMessien’estpasseulementunprophète.IlestDieu,VerbedeDieu,ilestdetouteéternitéetdecefaitprécèdetoutprophète.

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conversion,l’imminenceduRoyaumeetdujugementdeDieu,ila été fort et conquérant et ce dans desmoments très difficilescommeparexempleauxépoquescorrespondantauxpontificatsdesbienheureuxPieIXetsaintPieXàlafinduXIXeetaudébutduXXesiècle,etensuitelacontinuitémagistérielleaétéassuméeàRomejusqu’ànosjours.

Certains vont réagir : « Vous êtes un nostalgique d’uncatholicismedupasséautantobscurantisteque triomphaliste.»Jen’aipas le temps iciderépondreàcelaetdefaireuncoursd’histoire purificateur des mémoires, qui serait pourtant biennécessaire.Maisjeveuxbienadmettrequejesuisunadmirateurd’uncatholicismesûrde sa foi, confianten sonmagistère,quigéraitdeséglisespleinesetn’avaitpaslatristemined’unsyndicdefaillite.

Jesouhaitedoncqueleschrétiensneprennentpasleurpartidevivreenpost-chrétienté,commeunepetiteminorité,n’osantplusriendire,quiseratoutjustebonneàêtreparquéedanslesantichambresdescampsdelamortspirituelle.Souvenons-nousdel’histoirerécentedesJuifsdeFrance.DrancyetPithiviersnefurent que des escales pour la shoah (l’anéantissement). Jésusest allé dans le pays de l’ombre pour porter la lumière et nonpour se fondre dans les ténèbres. Mieux, il y a appelé sespremiersdisciples,pasforcémentparmilesplushumblesetlesplussimplets.Toutrabbidevaitexercerunmétiermanuel.Jésusétaitcharpentier,Paulétaitréparateurdetentesetdevoiluresdebateaux. Pourquoi alors veut-on absolument, dans un certainchristianisme, que ces quatre premiers apôtres aient étéincultes ? Pour faire pauvre et humble, comme la laideurliturgique, vêtement, musique, paroles, décors, etc. après lesannées soixante-dix ? Le style débraillé a tenté de nous en

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convaincre.Onavulerésultat!

On pouvait être pêcheur et instruit en théologie, nous enavonsaumoinslaquasi-certitudepourJean,auteuroucoauteurduquatrièmeévangile.Etdeplusilétaitconnudugrandprêtrepuisqu’il peut se permettre de faire entrer Pierre dans sademeure(Jn18,15).

Aussiallons-nousavoir lapreuve làencorede lahardiessedeJésus,hardiesseliéeauxallusionsd’IsaïerapportéesparsaintMatthieu.L’ombre de lamort était le symbole de l’occupationpaïenne, Jésus veut en délivrer, nous l’avons relevé. Et bienparadoxalement, pour appeler ses premiers disciples, Jésusn’hésite pas à creuser et à amplifier l’image de l’ombre de lamortenleurdisantàeux,quipêchaientaufilet,qu’illesferaitpêcheursd’hommes.

En entendant cela, nous pensons simplement à une simpletransposition imagée de la pêche aux poissons, à la belle etbonnepêchemissionnairedeshommes,ramenésetconvertisauRoyaumedeDieu.Ilyaduvrai,maisc’estunsérieuxraccourcidû à notre manque de culture biblique. D’après l’AncienTestament, l’imagedu filet aquelquechosede trèsnégatif.Letexte le plus clair et qui sans doute s’impose ici, est celuid’Habacuc au chapitre premier. Il y est question du peuplechaldéen, successeur des Assyriens, pour oppresser Israëlcomme instrument de la vengeance de Dieu sur son peuplerebelle. Et je cite le prophète s’adressant à Dieu sur cettevengeance : « Tu fais désormais les hommes à l’image despoissonsdelamer,deceuxquigrouillentsansmaître:celui-làles tire tous à l’hameçon, il lesdragueau filet, les ramasse auchalut.Alorsilestjoyeux,ilexulte…alorsvidera-t-ilsonfilet

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pour encore assassiner des nations, sans trêve ni pitié ? » (Ha1,14,15,17).

IlyafortàparierquenosquatreappelésconnaissaientcetteprophétieoutoutdumoinsquesaintMatthieulepense.C’estcequi donnedu sel (sans jeudemot) à cette imagedu filet.CarJésus réussit ce tourde forced’attirer à son service sesquatrepremiersapôtresavecuneimageaussirepoussante!Maisvoilà,elleestévoquéeparlui,etc’estcequichangetout.Endevenantpêcheurs d’hommes, sur la parole du Christ, les disciplesreçoivent certes le filet de Jésus qui a la vertu sanctificatriced’attirerauRoyaumedeDieu,maisquineperdrienducaractèrepeu engageant du filet d’Habacuc. Répondre à la vocation deDieu,c’estassumer la responsabilitéde jeter le filet comme levoyait Habacuc et comme le voit Jésus ! Ce filet on le reçoitd’abord sur sa propre personne, et la sainteté de l’appel doitalors faire ressentir son indignitéet sonpéché.Etquandon lejette à son tour, il doit produire lemêmeeffet, annoncépar lerésuméde la prédication de Jésus : «Convertissez-vous car leRoyaumedescieuxestproche.»

Jésusnerassemblaitdoncpasavecdelamoussedecouleurdecertainessoiréesbranchéestelquepourrait le laisserpenserlediscourschrétiensur leDieude tendressequia remplacé leDieudemiséricorde,mais avecun filet solidemailléde justesjugementsetdepardons.

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C’estcecombat-làqu’ilfautpoursuivreaujourd’huipournepasperdrenotresaveuretêtrelumièredumondefaceauxalliésduprincedesténèbresquilegouvernent.

Le seul courage chrétien face au monde d’aujourd’hui estcelui de dire « non », le reste n’est que diplomatiemondaineassaisonnéedeselavarié!

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6edimanchedutempsordinaire

Premièrelecture:Si15,15-20Deuxièmelecture:1Co2,6-10

Évangile:Mt5,17-37

Malgré les premiers versets denotre passagedans lesquelsJésus se garde contre une fausse interprétation concernant savenue, beaucoup de chrétiens d’hier et d’aujourd’hui sonttombés dans le piège. Jésus aurait rompu avec l’AncienTestament au nom de l’amour du prochain et d’un libéralismeavant la lettre. Et bien évidemment l’Église l’aurait trahi eninstituant un nouveau légalisme qui n’aurait rien à envier enduretéàceluidelaloideMoïse!

Notonsqu’auIIesiècle,Marcion,exégèteromain,avaitàpeuprès énoncé ces idées sans attendre l’empereur Constantin etl’Édit deMilan de 313 (nous fêtons son 1 700e anniversaire),qui allaitmarquer la fin des persécutions contre les chrétiens.Début des infidélités ou commencement d’une nouvelle ère ?Tout dépendde la façondont vous vous laissez influencer parlesmédias,oudelafaçondontvousvousengardez.

Aucoursdesonministèreterrestre,Jésusaapportéquelqueschangementsdansl’applicationduSabbatetdansladistinctiondupuretdel’impur,changementsquiluiontvalul’accusationdeneplussuivrelespréceptesdel’Écrituresainteappeléslaloietlesprophètes.

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Sionajouteàcelal’attitudedesaintPaulsurlacirconcisionetcequ’iladitetécritàcesujetavantquesaintMatthieun’aitécritsonévangile,oncomprendquenotrenarrateurinsistesurlafidélité de Jésus à la loi et aux prophètes. Jésus n’est ni untraître,niundémagoguelibéral.Encontestantcertainesformesde légalisme, Jésus n’entend pas trahir le judaïsme, pas plusqu’aprèsluisaintPauln’aprétendulefaire.Ilveutsimplementlepurifier au traversde sonmessianismeafinqu’il soit plus àmêmed’accomplircequeDieuademandéàAbraham:«Formerun peuple saint pour attirer toutes les familles de la terre afinqu’ellessoientbéniesenlui»(Gn12,3).

Il ne s’agit donc pas de supprimer ou d’amoindrir certainscommandements de Dieu comme cela est rappelé au début denotre passage,mais au contraire demieux les respecter en lesapprofondissant quitte à modifier leur mode d’application. Etcelavaaboutirenfaitàuneexigenceplusgrandeparcequeplusspirituelle,devantêtremieuxacceptéeau-delàdesfrontièresdupeuple juif. Jésusmise au fond sur la conceptionuniversalistede la sagesse telle qu’elle est développée dans la littératuresapientialedesonpeuple.Lapremièrelectured’aujourd’huiestonnepeutplusclaireàcesujet:BenSiracévoquelavieetlamort, proposées comme choix à chaque homme à propos del’obéissance aux commandements. On ne saurait être plusuniversaliste puisque la vie et la mort regardent tout homme.Saint Paul demêmeparle de sagesse auxCorinthiens, dont lacommunauté est à majorité pagano-chrétienne. Autantd’illustrationsscripturairesdurapportdelaraisonetdelafoi,sibienmis en évidence par l’Écriture sainte tout comme par lesPères de l’Église, si magistralement rappelé par notre papeémériteBenoîtXVI.

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8edimanchedutempsordinaire

Premièrelecture:Is49,14-15Deuxièmelecture:1Co4,1-5

Évangile:Mt6,24-34

Ce passage du sermon sur la montagne sur l’argent et lessoucis, fait, certainement, partie des textes qui ont donné lieuaux plus grands contresens et générés par là un très grandnombredestupidités.

Commençonsparl’argentquioccuperad’ailleursl’essentielde notre réflexion puisque la question des soucis lui estsubordonnée, commenous leverrons, et ce, bienque Jésus endise beaucoup plus sur le sujet. Il est relativement bref surl’argentparcequedansplusieursendroitsdecetévangileselonsaint Matthieu, comme d’ailleurs aussi dans d’autres, cettequestion est abordée. Ceux qui en ont fait une lecture rapidediront, et même pire prêcheront, que Jésus a condamné lesrichesses comme obstacle au salut.Cela semble être le cas icicomme plus loin au chapitre 19 versets 26-30 dans la célèbrehistoiredujeunehommeriche.Etd’accentueralorsl’amitiédeJésus pour le pauvre en grossissant la réprobation du Christpour les richesses. Et l’on croit alors le succès garanti, d’unepartparcequ’ilyamoinsderichesquedepauvresetquemêmeparmi les riches, surtout s’ils sont de culture catholique, raressont ceux qui se reconnaissent comme tels, culpabilisés qu’ilssontparlejugementnégatifqu’onprêteàJésussurtouteformederichesseencemonde.

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Aussi, pour commencer à balayer devant notre porte, il neserapas inutiled’écouter lespropos lesplusdursà l’encontredes riches, excellent moyen en somme de se dédouaner etd’acquériruneauréoleàbasprix.

Quantàrecevoirl’auréoledelapauvretéous’enapprocherpar le social, certains s’imaginent que le temps des soldes estpermanent!

Enfaitlesadeptesdu«Pluspauvrequemoitumeurs»ontoubliédeuxchosescapitales.L’une,quenousavonsdéjàrelevéeà propos du sermon sur la montagne, mais qu’il fautconstamment rappeler : Jésus ne supprime rien dumessage del’Ancien Testament, il en corrige simplement les exagérationsqui poussent au contresens dans sa réception. Or l’AncienTestament,dansde trèsnombreux textes, faitde la richesseence monde une bénédiction de Dieu et ce d’autant plus quejusqu’auIIesiècleavantnotreèreiln’envisagerapasdevieaprèslamort.SiDieuadoncàrécompenser,ildoitlefairedèscettevie. Ainsi Abraham, le béni de Dieu par excellence, sera trèsriche et verra s’accroître ses richesses au fur et à mesurequ’augmenteront sesbénédictions.Et il y ad’autres exemples.MêmelelivredelaSagesse,rédigéàpeuprèsen50avantJésus-Christ,quicroitouvertementàlavieéternelle,nedédaignepaspour autant la richesse. Il fait parler Salomon qui place larecherchedelarichesseencemondecommeundesfruitsdelasagesse envoyée par Dieu (cf. Sg 8,9 et 10). Le luxe n’estreproché que lorsqu’il favorise l’idolâtrie ou en est laconséquence.Salomonest critiquépour ses femmes étrangèresauxquelles il laisse pratiquer leur idolâtrie sur la terre sacréed’Israël,allant jusqu’àyparticiper lui-mêmedanssavieillesse,mais pas pour l’opulence de son harem, signe extérieur de

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richesse!

Amos,lepluscritiquedesprophètesdel’AncienTestamentcontre les riches, ne prononce son oracle très dur contre lesfemmes riches de Samarie en les qualifiant de « vaches deBasan»qu’aprèsavoirannoncéladestructiondesmaisonsquiétaientdécoréesdesculpturesen ivoire représentantdes idoles(Am3,15).Etsadénonciationdelacourseauxbénéficespardesmarchandsestclairementprésentéecommelaconséquenced’unméprisdelaloideDieu(Am8,4-9).

AussiJésusveut-iléclairerlanotiondelarétributiondivine.Demêmequelasouffrancen’estpastoujoursunepunitiond’unpéché(déjàdansl’AncienTestamentavecJob),Jésuslerappelledansl’histoiredel’aveugle-né(Jn9,1-3),demêmel’argentn’estpasnonplusautomatiquementlesignedebénédictiondeDieu.Lecroirec’estimaginerdétenirtoutpouvoirensonnomcommeles commerçants dénoncés par Amos, autrement dit : placerl’argentà laplacedeDieu.Etc’estcela,uniquementcela,quiest dénoncé. Le texte original est d’ailleurs sans ambiguïtépuisqu’il utilise le nom de Mammon pour désigner l’argent,vocabulairequivadanslesensd’uneconceptiondivinisantedel’argent. La conclusion en forme de comparaison le prouve :«Aucunhommenepeutservirdeuxmaîtres[…]vousnepouvezserviràlafoisDieuetl’argent.»

L’argentn’estdoncplus lagarantie absoluede laprésenced’une grâce de Dieu et peut donc constituer un piège pourl’homme, et un piège redoutable au point de remplacer Dieudanssavie.

Nous avons connu ou nous connaissons des gens qui ne

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unpeu,c’estpossible,maisjepensequ’iln’yapasquecela.Laprovocationetl’humournoirconstituaientsouventunemanièred’enseigner, des prophètes de l’Ancien Testament quin’hésitaientpasàchoquerpourmarquerlesesprits.Maisquandonconnaîtunpeulesparticularitésdupremierévangile,onestobligéd’yvoirdavantage.

Jerelèveraideuxparticularités:lapremièreestqueJésusestenvoyéd’abordpourconvertir tout lepeuplejuif.Aussi,mêmesiunJuifavaitperduledroitdepratiquerpleinementsareligiondu fait de l’exercice d’unmétier considéré comme honteux etimmoral, il devait pouvoir être atteint par la puissantetransformationdel’appelduChrist,etc’estcequisepasseici.L’évangélisteappelledéjà«dondeDieu»celuiquivarecevoirl’appel. Parce qu’il va entendre la voix du Seigneur, Lévi nes’appelle plus Lévi, il est déjà Matthieu. Il se donne à JésuscommeJésussedonneàlui.

Etcecinousamènedevantlemystèredelagrâce.Celuioucelle qui va répondre oui à son Seigneur est déjà préparé ettransformé, et pour ce dernier verbe, je vous renvoie àl’importance du nom dans la pensée juive, qui fait que lechangement de nom change l’être en lui donnant un destinnouveau. Les exemples dans l’Ancien Testament ne manquentpas!Lagrâcedivinevientdoncenl’hommeavantmêmequ’ilneréponde. Ainsi la bienheureuse Vierge Marie est-elle saluéecomme«pleinedegrâce»avantmêmequ’ellenerépondeouiàl’archange. Dieu nous aime avant même que nous leconnaissionsetl’aimions.

Voilà qui devrait nous rendre toujours joyeux nous quicroyons, nous qui sommes baptisés et qui, en plus du nom

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humainquiestlenôtre,portonsennouslebeaunomdeJésus.Ainsi, quand Dieu nous regarde il ne voit pas seulement nospéchésquil’emportenttoujourssurnosbonnesœuvres.QuandDieunousregardeilvoitsonfils,sidumoinsnousnelerenionspas, autrement dit si nous l’écoutons ensemble, c’est-à-dire enÉglise, là où sa parole retentit dans toute sa puissance et savérité.Etsi toutcelan’apasencoreétéressentiparcertainsjeleur dis, comme ambassadeur du Christ, ne regardez pas lepassé, ne regardez pas en arrière car vous risqueriez, telle lafemme de Loth, de vous transformer en statue de sel ! Vivezl’aujourd’huideDieuetleslendemainsqu’ilpromet.Quelsquesoient votre passé et les noms qui peuvent y être accolés, nepensez qu’à une chose : aujourd’hui vous êtes Matthieu,autrementdit«dondeDieu»,unhommeouunefemmeàquiJésusadit«suis-moi».

J’enarriveàladeuxièmecaractéristiquedel’évangileselonsaintMatthieu.SoninsistancesurlatoutepuissancedeDieuetsurlaforcedesonappel,jediraismêmelamarquequeproduittoujourssonappel, trèsexactementcommel’AncienTestamentlaprésente.

Ceuxqui ont étudié Jonas enont unbel exemple. Jonas aentenduunappeldeDieusemblableàceluideMatthieu.Maiscontrairementà lui,dansunpremier temps il fuitcetappel. Jen’ai pas le temps ici de reprendre toutes les significations decettefuite.Jen’enretiensqu’unaspect.Malgrésafuite,malgréson refus d’obéir àDieu qui l’appelle, il joue quandmême etmalgré lui son rôledeprophète.Unexemple :grâceà lui touslesmatelotsdubateausurlequelilsetrouveseconvertissentauDieud’Israël.Celadit,toutenjouantcerôle,Jonasn’estguèreheureux car il ne lui arrive que des malheurs à cause de son

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premierrefusd’écouterDieu.Ilnefaitpasbonjouerlessourdsdevant la parole du Seigneur. Posons-nous alors, plus souventquenousne le faisons, la questiondenotre surdité spirituellequandilnousarrivedescatastrophes.Etcomprenez-moibien,jene dis pas que les souffrances que nous pouvons subirconstituenttoujoursunchâtimentdeDieu.Non,lessouffranceshumaines ne sont pas toutes des punitions divines loin de là.Mais quelques-unes le sont. Comme tout chrétien, je doiscombattre contre la souffrance.Onmedira alorsque Jésus l’aacceptéecertes,maisnonsans larmesetsansexprimer ledésirqu’elle passe loin de lui.Voilà pourquoi en toute vérité, et cepourvouséviterquelquessouffrances,jesuismodeste,jenedispastoutes;jemedoisdedirequequelquefoisnouspouvonsenêtreresponsablesdanslesdomainesdelasantéoudesrapportsavec autrui, pour ne prendre que deux exemples sans oublierbiensûrlesoffensesàlaloideDieu,quecelui-cipeutpunir!

Mais cela dit, et en songeant un instant à nos plus grospéchés, avouons que Dieu est surtout un Dieu d’amour.Qu’aurions-nous en effet subi si le Seigneur nous avaitabandonnés aux conséquences de nos fautes ? Le Christ avéritablementpayépournous.Demêmequ’aumomentoùLéviallait êtreappelé, il étaitdéjàMatthieu«dondeDieu»,noussommesparnotrebaptêmefrèresduChristetfilsdeDieu.Nousvivonsdelagrâcerédemptrice,d’unDieuquinousappelleàlesuivreetnousdonneenmêmetempslaforcedemarcherderrièrelui. CommeMatthieu, ouvrons-lui notremaison, autrement ditnotrecœur,etcommecemêmeMatthieu,invitons-end’autresàpartagercettefraternitéd’amour.Commelui,necraignonspasle« qu’en dira-t-on ». De tout temps il y a eu et il y aura desgrincheuxetdesgrincheusespoursalir toutcequ’ilsvoientetinterpréter de travers les meilleures intentions. Quand on

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prévenir tout enthousiasmepopulairequi aurait pu fairedéviersonauditoiresurlavéritablenaturedesamission,d’oùl’ordreaussi de ne parler qu’aux Juifs dans un premier temps, afind’accomplirlesÉcrituresquilesconcernentetleurdonnentunepriorité.Enfindevoilerencorel’aspectglorieuxdumessianismequidevaitrassemblerlesnations.

2/La deuxième raison du secret entourant la mission dupremier typeest, jepense,denaturepédagogiquevis-à-visdesapôtres. Quand je parle de secret, j’y inclus cette interdictionpureetsimplededirequeJésusestleMessieetj’ycomprendsl’ordreden’allerenparlerqu’auxJuifsseulement.Jerestedoncdanslecadredelamissionrestreinte.

Voyons d’abord le secret absolu, que Jésus garde parexempleenparlantauxfoulesenparabolesetennedonnantdesexplicationsqu’auxseulsapôtres.

Qu’est-cequecelasignifie?Celaveutdire,jepense,qu’unevérité spirituelle, pour être correctement reçue, doit êtreintériorisée et que cela demande du temps, du silence, unecertainematuration.Etcequiétaitvraiàl’époqueduChrist ledemeure à notre époque.Ainsi, pour faire nôtre une parole deDieu, nous avons besoin de temps, de silence, de réflexion.Pourquoi?

ParcequelaparoledeDieuatoujoursunedoublefonction;elle accuse et elle console. Aussi faut-il que l’homme qui estsaisi par elle ait le temps de faire le tour de ses accusationscomme de ses consolations. Sinon… eh bien comme dans laparaboledusemeur,ilestcommeleterrainquireçoitlaParoleaumilieudesépinesoucommel’endroitpierreux.LaParolene

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pourrapascroîtreenlui,étoufféepardesagentsextérieurs,maisaussi faute de racine. Et bien évidemment, tout témoignage àrendreàcetteParoleseraimpossible.

Ensuite quand le temps du secret, du silence est passé,quandonafaitletourdesaccusationsetdesconsolationsdelaParole, alors on peut aller vers les autres. Mais d’abord pasn’importequelsautres.Jésusavaitd’abordenvoyésesdisciplesvers lesJuifset j’aidonnécommemotif, l’accomplissementdel’Écriture.Jepensequ’ilyadavantageetilfautreveniràcetteidéedepédagogiequej’aidéjàévoquée.

LesapôtresdoiventeneffetavoirconsciencequeleMessiequi les envoie est celui qui a été annoncé par les prophètes,autrementditquel’Évangileestdanslacontinuitédelafoijuiveet son accomplissement. D’où la nécessité d’une premièreévangélisation dans le milieu qui les a vus naître sous formed’unapprofondissementdeleursconnaissancesreligieuses.

Je pense que cette recommandation du secret trouveaujourd’hui son application non pas dans la nécessité deconvertir les Juifs comme à l’époque de Jésus, question quenous ne pouvons traiter ici parce qu’elle nécessiterait unehomélie par elle-même,mais dans ce que nous appellerions laréévangélisationdeschrétiens.Celaneveutpasdirequ’ilfautsedésintéresser des autres humains. Tous ont besoin de seconvertirauChristpourêtresauvés,carc’estleseulchemindusalut. Mais nous ne sommes pas juges des formes que doitrevêtircetteconversion.EndehorsdesJuifsilestclairquec’estparleretouràl’Église,toutenlaissantsubsisterlemystèrequeconstitue le salutdeceuxquiont servi Jésus sans le savoirenfaisant du bien à ceux qui souffraient, tel que cela est décrit

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danslaparaboledujugementdernier(cf.Mt25,31-46).Maisence qui concerne les Juifs, nousmaintenons que lemystère estencoreplusgranden fonctiondecequesaintPaulaécrit auxRomains, tant au chapitre 9 qu’à la fin du chapitre 11 auquelnousvousrenvoyons.

Mais ces précisions étant données, à partir dumoment oùnouscroyonsquel’évangélisationn’estpasundomaineréservéaux douze apôtres et à leurs successeurs, mais qu’il concernetoutlepeupledesbaptisés,ilestnécessaire,comptetenudesonignorance,deréapprendreaupeuplechrétiencequ’estsafoi.Ildoit redécouvrir la Bible et ce qu’enseigne la tradition del’Église. Il est juste etmême très important de dire que la foichrétienne est la rencontre de l’homme et du Christ. Cela nediminue en rien le rôle d’intermédiaire de l’Église, mais, aucontraire,renforcesafonctionenl’obligeantàêtreclairequantàsonmessage.

Le bienheureux Jean-Paul II en a été conscient puisqu’il aété à l’origine du Catéchisme de l’Église Catholique paru en1992, reformulé dans les admirables résumés de Benoît XVIdans le Catéchisme Abrégé dit Compendium et dans le trèsrécentYoucatdistribuéauxjeuneslorsdesJMJdeMadrid.

Mais ces textes ont-ils eu le retentissement qu’ilsméritaient?A-t-on,commeBenoîtXVIledemandaitdès2011dansPortaFidei pour l’année de la foi 2012-2013, célébré levingtième anniversaire du Catéchisme de l’Église Catholiquecomme«contributiontrèsimportanteàl’œuvrederenouveaudetoute la vie ecclésiale voulue et mise en application par ledeuxièmeConcileduVatican»commel’écrivaitlebienheureuxJeanPaulIIdanssaconstitutionapostoliquedu11octobre1992

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des Apôtres qui compte pourtant sans doute parmi les plusdifficilesàcomprendreduNouveauTestament.

Jen’airiencontrelalectiodivina,lavraie,j’entendsparlàcelle que peuvent se permettre, dans la prière certes, ceux quiconnaissent les languessacréesetontquelquesexpériencesducommentaire biblique.Et ce sont à n’en pas douter des sages,parce qu’ils savent que sans l’Esprit Saint ils ne peuventcomprendre la parole de Dieu, et ils sont aussi savants parcequ’ilsontapprisleslanguessacréesetsesontdonnélapeinedelire leurs prédécesseurs dans le périlleux exercice ducommentairebiblique.

Toutes ces constatations nous ramènent au début de notretexte. Pourquoi cette action de grâce de Jésus qui sembleopposerlessagesetlessavantsauxtout-petits?

Pouressayerdecomprendre,ilnefautpasseprécipitersurune interprétation littéraliste fondée sur le sens moderne depareillesexpressions.

Un autre texte de saintMatthieu peut nous éclairer, aprèsque Jésus et Pierre eurent payé l’impôt du temple, ce qui aamenéJésusàs’exprimersur lagrandeuret lapuissanceencemonde pour arriver à une comparaison, les autres disciples luiposent la question : « Qui donc est le plus grand dans leRoyaumedescieux?»(Mt18,1).Jésusappellealorsunenfantet invite ses disciples à changer en devenant comme lui,ajoutant : « Celui-là donc qui se fera petit comme cet enfant,voilàleplusgranddansleRoyaumedescieux»(Mt18,3).

IlestclairqueJésusnelouepasicijenesaisquellepureté

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enfantineimaginaireetimpensablepourleNouveauTestament.

L’enfantestappelé,ilvientetsetrouvecommedépendantaumilieud’adultes.C’estàcesdeuxtitresqu’ildoitêtreprispourexemple;obéissanceetdépendance.

Devenir comme un enfant, se faire tout petit devant lesréalités du Royaume, ici la voix et la présence de Jésus, ouautres manifestations de même nature, voilà ce à quoi Jésusappelletousleshommes,qu’ilssoientinstruitsoupas,pauvresou riches, puissants en cemonde ou non, ils doivent être toutpetits, ne pas pour autant oublier leur instruction s’ils en ontune,ousedispenserd’enacquérirunes’ilsn’enpossèdentpas,et je pourrais reprendre mes exemples précédents en lesdéveloppantdanslemêmesens.

Non,cequiestdemandéàl’hommec’estd’écouterDieu,dese sentir dépendant de lui, d’attendre tout de lui, ce qui nesignifie pas s’infantiliser comme il semblerait que le veuillentcertainsprédicateursseloncequebeaucoupmedisent.

Lesautrestextesévangéliquessurlespetitsenfants,commeMatthieu 19,13-15, sont à comprendre dans lemême sens quenousvenonsd’exposer,etjerappellequelepassagedeMatthieu18surlaquestionduplusgrands’achèvepar:«Quiaccueilleenmonnomunenfantcommecelui-làm’accueillemoi-même»(Mt18,5).

Jésusestdoncalléjusqu’àsecomparerlui-mêmeàunenfantà cause de sa disponibilité et de son obéissance vis-à-vis duPère.Etcen’estpasunhasardsil’extraitdel’évangiledujourest l’undeceux,chezMatthieu,oùJésusinsiste leplussursa

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proximité vis-à-vis du Père (les deux autres étant 21,37 et24,36).

Jepenseutileégalementdesereporteràl’AncienTestament,siprésentàl’espritdeMatthieu,etaulivredeDaniel,familieràtoutelalittératurechrétienne.

Pourexpliquerl’énigmedesonsongedelastatue(Dn2),leroi deBabylone,Nabuchodonosor, fait appel aux sages et auxsavantsdesonpeupleenmatièred’oniromancie,c’est-à-dire laconnaissancedel’avenirparlessonges.

Ceux-cineconsultantqueleursavoir,serévèlentincapablesd’expliquer quoi que ce soit et s’attirent la colère du roi quiordonnedefairepérir«touslessagesdeBabylone»(Dn2,12).

OrparmicessagesilyavaittroisJuifsexilés,quid’ailleursn’avaient pas été consultés bien que le roi les ait trouvés plussages que d’autres au cours d’un épisode précédent (Dn 1,19-21).

Et il n’est pas inintéressant de préciser que cette sagesseétaitliéeàl’observancedesloisalimentairesrituellesdupeuplejuif.Maisvoilà,ilsétaientétrangersetonavait«oublié»delesconsulter.

C’est pourtantDaniel qui suspend l’ordre demassacrer endemandantundélaiauroipourinterprétersonsonge,etl’ayantobtenu il va prier avec ses deux autres compagnons Juifs,demandant grâce à Dieu pour lui et les autres sages deBabylone,pourtantpaïens.

Il reçoit alors par révélation l’explication de la vision et

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commeaveclaparaboledusemeur,placésdevantlaquestiondelatoutepuissancedeDieu,etnousallonstrouverdesréponsesanalogues.Demêmequecen’étaitpasundéfautdepuissancedelaparoledivinequifaisaitquecertainsnel’écoutaientpasetqu’il fallait chercher ailleurs les causes de ce refus, dans lesqualitésdifférentesdesterrainsreprésentantdescœursendurcis,de même ici ce n’est pas Dieu qui a semé l’ivraie, mais unennemi « le mauvais ». Soit dira-t-on, mais pourquoi cettelibertéluia-t-elleétélaissée?

Disons tout de suite que nous touchons là encore auproblèmedumal,quimêmeautraversdesécritsbibliquesgardeune grande part de mystère et que bien évidemment nous neprétendonspasiciélucider.

Ilfautsimplementrappelercertainesconceptionsbibliques.Lerécitmythiquede ladésobéissanced’Adametd’Èveapourprincipal but de nous expliquer l’origine du mal dans unecréation divine parfaite, œuvre de Dieu. La perfection de lacréationexigeantlalibertédel’hommequinousenestprésentécomme le roienGenèse1.Chaque« journée»decréationestconcluepar:«Dieuvitquecelaétaitbon.»Cellequiconcernelacréationdel’hommeausixièmejourpar:«Dieuvitquecelaétaittrèsbon.»Voilàdoncl’hommequalifiécommelacréaturela plus importante de Dieu et je devrais préciser aujourd’hui«l’humain»carenGenèse1l’hommeetlafemmesontcréésenmêmetempsetc’estcommecouple,autrementditpourlaBiblecomme union de deux parties de l’humanité de sexe différent,qualifiésd’imagedeDieu.Imagecertes,maispasDieu.D’oùuninterditque«l’humain»nedoitpastransgresserpourlimitersapuissanceetl’empêcherainsid’êtreDieului-même.

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Là est l’origine de la souffrance, de lamort et dumal engénéral.Lemaln’aaucunepréexistenceetiln’estpasdivin.LaBible exclut donc tout dualisme métaphysique. Mais ce maln’en est pas pour autant créé par Dieu : il provient de larésistance de l’homme aux ordres de Dieu, comme mauvaisexercicedudondelalibertédonnéàunecréature.L’ennemiquivientpendantlanuit,«pendantquelesgensdormaient»précisenotre texte, sans faire mention d’un quelconque sommeil dumaître,apparaîtcomme lesymbolede la faiblessehumaine.Lesommeil dans laBible est un signe ambivalent.C’est celui deJacob qui lui permet, en s’anéantissant, de recevoir unerévélationdivine(Gn28,10-19)aveclavisiondel’échellegarnied’angesmontantsetdescendants,indiquantlaprésencedeDieu,d’oùlenomdeBetheldonnéaulieuoùdormaitetarêvéJacob.Bethel signifiant maison de Dieu, mais c’est aussi un signed’affaiblissementquipeutserévélermortel,jepenseausommeilde Sissera, un ennemi d’Israël, qui pendant ce sommeil se fitenfoncer un piquet dans la tempe (Jg 4,17-22), et on peut yajouter que malgré eux les apôtres, tout en dormant,participèrent tous à la trahison de Judas et au reniement dePierre.

Beaucoup de textes duNouveauTestament insistent sur lavigilancede l’hommepour éviter les pièges dumal et pour nepasêtresurprisparl’arrivéedujourduSeigneur.

Celadit,lesserviteursdumaîtreduchampontbeauavoireuunmomentdefaiblesseenlaissantl’ennemisemerl’ivraie,ilsserachètentenquelquesorteensignalantaumaîtresaprésence.Etilsvontjusqu’àlemettreencausequantàl’existencedel’ivraie,maissansleluidire,trèsexactementcommenousmettonsDieuencausequandnousvoyonsdansnotrefamille,dansnotrepays,

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dansnosparoissesetdansl’Église,quelquechosequiressembleàdelamauvaiseherbe.

Oui Seigneur, toi qui es bon et tout puissant, tu n’auraisdoncpassufairequedebonnessemailles?

D’où vient donc la présence autour de nous de toutes cesnuisances que je laisse à chacun le soin de qualifier selon lasituationoùilsetrouve?

Voyez-vous c’est la formule interrogative qui insinue undouteetpar làmêmemetDieuencause.Laréponsedumaîtreestonnepeutplusclaire:c’estailleursqu’ilfautchercher,etildésignel’ennemi.Etjenepuism’empêcherdepenserqueJésusendisantcelaàuncertainnombredeparoissiensdenotretempsse sentirait ridicule, comme tous les prêtres qui osent encoreparlerdudiable–etj’ensaisquelquechose.

MaismaintenantjenemesensplusseulcarnousavonsunPape qui n’hésite pas à en parler fréquemment. Et le diablen’aime pas que l’on parle de lui, d’où l’inévitable questionconcernantceuxquin’enparlentjamais:souhaitent-ilsluifaireplaisir etpourquoi ?Ouont-ilsdesdéficiences théologiques?Quant à ceux qui ont l’effronterie de dire que noscontemporains ne comprennent plus ce langage, on peut leurretournerlaquestion:reçoivent-ilsmieuxleursmessagessocio-humanitaires complètement désacralisés, purifiés de touteallusionauxangesetaudémon,etoùlacroixn’estfinalementqu’undénidejusticesupplémentaireprovoquéparlesrichesaudétrimentdespauvres?

Alorslàoui,commeledisaitlepapeFrançois,l’Églisen’est

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aillent!

«Qu’ilsaillentdoncdanslesvillages,acheteràmanger.»Ilsontde la sollicitude ces apôtresdira-t-on ?Oui, le conseil estbonetutileàconditiond’avoirdel’argent,etdecelalesapôtresnesepréoccupentpascarcequicomptec’estquecesgenss’enaillent au plus vite pour qu’à eux treize ils puissent mangertranquillementleurscinqpainsd’orgeetleursdeuxpoissons.

Combien de fois avons-nous des réactions dumême genredevant ceux qui sont dans le besoin ? L’idolâtrie de notreconfort nous ôte d’emblée l’envie de partager, d’espérer l’aidedeDieu-même,etnousvoulonsrenvoyerlaquestionàd’autres.Avectoutesortedebonsarguments:jenegagnepasassezoujepaie assez d’impôts pour que l’État s’en occupe, etc. Chacunconnaîtlasuite,jeneveuxpasvousfaireperdrevotretempsourisquerdevousdonnerdemauvaisespensées!

«Ilsn’ontpasbesoindes’enaller,donnez-leurvous-mêmesàmanger»,ordonneJésusà sesapôtrescommeànous-mêmesaujourd’hui.Et lepremiermiraclearrive, lesapôtresavouentàJésus qu’ils ont bien autre chose, autrement dit que l’endroitn’est pas aussi désertique que cela en matière d’alimentation.Certescen’estpasgrand-chose,maisc’esttoutdemêmeunpeu,etc’estcepeuquelesapôtresamènentàleurmaître.

EtlepeuquipasseparlesmainsdeJésusdevientabondant,toutcommel’eauordinairequiservaitauxablutionsdesJuifsàCana, parce que grâce à des mains humaines, elle obéit à laparoledeJésus,devenantunvindélicieux.

EnnourrissantunefouleàlasuitedeMoïse,Jésusapparaît

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commelenouveauMoïseenfaisantcollaborerdeshommes,lesapôtres, en chassant les démons de l’égoïsme de leur cœurcomme il avait chassé les démons de ceux qu’il avait guérisauparavant.MaisJésusfaitencoremieuxqueMoïse.Ceuxquiavaient mangé la manne au désert sont morts, comme lerappellera Jésus au chapitre 6 de l’évangile de saint Jean, lesapôtresenrevanche,deparleurconversionàl’amourduChrist,deviendrontlesintermédiairesdelapuissancedeviequ’estcettenourriture terrestre, alors symboleprophétiquede lanourriturespirituelle,dupaindeviequidonnera lavieéternelle,paindeviequeJésusidentifieraàsachair,cequelescaillestombantducielaveclamannepourraientenquelquesorteannoncerdéjà.

Unmotencoresurcettequestiondupain.Audébutdesonévangile, saint Matthieu nous avait aussi montré Jésus ensituation de fabriquer du pain.C’est la première tentation destrois : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierresdeviennentdespains»(Mt4,3).Maisc’estaucoursd’unjeûnequ’ilpratique,queJésussevoitproposercelaparletentateur.Etdefaitilauraitpulefaire.Maisletentateurluidemandeceladefaçon à ce qu’il pense d’abord à lui, à ce qu’il préfère sonégoïsmeà laprièresoutenuepar le jeûne.EtdanscecasJésusrépond : «Cen’est pas seulementdepainque l’hommevivra,mais de toute Parole sortant de la bouche de Dieu. » Jésusn’auraitpaseu lacruautédefairecettedéclarationàunefouleaffamée. Et quelquefois je vous avoue que je me demande sil’Église, peu consciente de la gravité de l’extension de lapauvreté, ne serait pas tentée de penser de même, à défautd’avoir le courage de le dire. Comment espérer en effet deschangementsallantdans le sensde la solidaritéhumaineetducombat contre la pauvreté, d’hommes politiques qui nerespectentpas laviehumaine,quidansbiendescasne savent

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mêmepluscequelemot«humain»signifie?Onabeaucoupparlé de diaconie ces temps-ci et on continuera fortheureusement à le faire ! Puissent ces paroles transformerbeaucoupdepierresenpains,ens’étendantbiensurlesensdecesdeuxsubstances!

Maiscelaneseferaqu’avecunplusdansledomainedelafoi,etcelanousramèneauxpremiersquestionnementsdudébutde cettehomélie sur lamultiplicationdespains elle-même.Enquoi le fait que Jésus ait réellementmultiplié les pains et lespoissonsferaitdutortàcequenousvenonsd’exposer,surtoutsionveutbiensedonnerlapeinedes’informersurcequel’onpeut savoir aujourd’hui de sûr, scientifiquement parlant, enmatière de témoignage contrôlé sur ce qu’ont accompli uncertainnombrede saints aunomduChrist.Etpourquoidonc,ces derniers ayant accompli ce type de miracles, le Christ nel’aurait-il pas fait lui qui est vrai homme et vrai Dieu ? Et jelaisse ici laparoleà Jean-ChristianPetitfils,car sesproposnepeuventqu’inciteràplusdefoietconduireàlaprière,pourquenousayonsplusdecourageetaussiplusd’audacepourmarchersur le cheminde lamultiplicationde l’amouretde lapriseencomptedesvraisbesoinsdeshommes.Aprèsavoir rappeléquela réforme du pape Benoît XIV (milieu du XVIIIe siècle) avaitconsidérablement durci les conditions de reconnaissance demiraclesenmatièredecanonisation,notreauteurécrit:

«Desmultiplicationsdefarine,debléetdepainsontsurvenuesaucouventdelaPuyeenPoitouen1825et1827sousl’égidedudirecteurspiritueldelacommunautédesFillesdelaCroix,saintAndréHubertFournet;àArsvers1830oùaprèslepassageducélèbrecuréJean-MarieVianney,laboulangèreJeanne-MarieChanays’aperçutquelegrenierjusqu’alorsvideétaittellementpleindegrainsqu’onavaitdumalàenouvrir laporte.Peuaprèsunautremiracle est constaté : celui d’une multiplication de la pâte dans le pétrin.

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Parlonsaussidesilence-épreuve,commeceluideDieudansle célèbre poèmede Job, deDieu qui semble rester sourd auxdemandes répétéesd’explicationdeJobsur ses souffrances. Jeparled’épreuvesurtoutpourlafindulivreenprose.Maréponseest plus discutable et plus complexe pour la fin du poème envers et je pense que le silence deDieu n’est pas une épreuve,maisplutôtunrefusd’explication,unesortedeleçonqueDieudonneàceuxquicroientqu’il leurdoitquelquechose,àceuxqui se croient justes etpensentne rienmériterdemal, commeJobpendanttouteunepartiedupoème.

Enfin ilya lesilence-patiencedeDieuquichercheà fairemiséricorde;leretardduchâtimentdeSodomeetdeGomorrheetleretarddelaparousie,c’est-à-direl’arrivéeduRoyaume.Ilyaunpeudetoutceladansnotretexte.Jésusn’estpascomplicedesesdisciplesquiveulentvoircettefemmedisparaître,commeil n’est l’allié d’aucune de nos discriminations. Il est Dieu, ilveut que chacun aille jusqu’au bout de son idée pour que lavéritésoitmanifestéeetquelajusticepuissealorsparaîtresoussadoubleformedepunitionoudepardon,oulesdeuxàlafois.

MaisDieuagit toujoursaprès lesilence.Pensonsaugrandsilence d’avant la création dans la tradition juive. Après lesilencedeJésus,lafemmeseheurteàdeuxparoles:

1/La première est une déclaration dont elle devraitlogiquementdéduirequeJésusnepeutrienpourellepuisqu’ellenefaitpaspartiedesbrebisdelamaisond’Israël.Ellepourraitdoncs’enallersurcesimpleconstatd’incompatibilité.Ceseraitsansrisquepersonnelpourelle,sinonpoursademandepoursafille,maiscommodeentoutcaspourtouslesautres.

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Ce genre de départ devant certains énoncés religieux quiforcentàprendredesrisquessioninsiste,n’est-cepasaufondl’attitudedebeaucoupdevantdesrèglesoudesloisdivinesquisemblent les rejeter. Et ce genre de fait n’existe-t-il pas aussijusquedans l’Église elle-même lorsque l’onn’osepas exposersa vérité à la lumière de la révélation qui passe en tout ou enpartieparlejugementdel’Église.Maisilpourraitaussiyavoirune attitude agressive de la part de la femme : Jésus fait ducommunautarismereligieux,ilfaitl’apologiedughetto!Quellehorreur devant l’égalité républicaine dont on aime tant parleraujourd’hui. Eh bien la femme ne proteste pas, elle ne va pasameuter des excités contre Jésus et les siens. Elle dithumblement:«Seigneurviensàmonsecours.»

Contrairement à ce qui s’est passé dans notre texte dedimanche dernier, Pierre avec les mêmes paroles avait étéimmédiatement exaucé.Cela dit Pierre était connu de Jésus etdesautres,ettousvoyaientsonnaufrage.Jésusbienévidemmentsait ce qu’il y a dans le cœur de cette femme, mais pas lestémoins.

2/D’oùuneautreparoleassezagressivecelle-là,à la limitemême de l’injure, qui aurait pu encourager cette femme à fuirdéfinitivementou à revenir avecun autregroupede« femen»parexemple,sicelaavaitexistéà l’époque!Quelle leçonveutencoredonnerJésus?

Seméfierdelafaussehumilité,sicourantedanslesmilieuxreligieuxqu’elleendevientunréflexe.Etjepuisvousdirequedans l’Église, les laïcs et les ministres sacrés sont dans unetotaleégalitéfraternelle!

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La femme va accepter de faire partie de ces petits chiens,mieuxellevareprendrel’imagedeJésusetladévelopperd’unemanièreprophétique.Carilfautbiens’entendresurcetteaffairedemiettesqui tombentde la tabledesmaîtres.Làencore ilnefautpastrop«presser»lesimages,commeonpresseuncitron.Celaneveutpasdirequelespaïensn’aurontquedesmiettesdusalut, autrement dit qu’ils ne goûteront pas la plénitude de cesalut,carceseraitcontraireàtoutl’ÉvangileetàsaintPaul,

Ce surquoinotre attentionest attirée, c’est sur le fait queles maîtres laissent tomber de leur table la nourriture, toutcomme les Juifs ont laissé l’Évangile à la porte de leursynagogue.

Chassés par les Juifs hostiles au Christ, les missionnaireschrétienssesonttournésverslespaïens.Ilsontétérejetésdelatabledupeupleélu,lesmaîtres,pourtomberapparemmentplusbassurlespoussièrespaïennes.

Ainsilafemmeestressortievainqueurdececombatspirituelavec le Christ, combat qu’il faut savoir accepter pour allerjusqu’auboutde sonamourduprochainetaussiet surtoutdesonhumilitédevantDieu.

Lutherauraquelquesphrasespercutantesenparlantdu jeusérieuxqueJésusjoueaveclaCananéenne,etjelecite:«C’estunvéritablebordelpourlafoiquandDieusemontreautrementquequandilselaisseprêcher.GrâceetÉvangilesontprêchesetmaintenant il se montre comme un ennemi. Cela implique ungrandartquedelaisserDieuêtrevéridique.»Maisencorefaut-il être parvenus aumême degré d’humilité devantDieu que laCananéenne pour sentir, comme le disait Calvin à son sujet :

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bien-aimé qui restent au pied de la croix, nimêmePierre qui,aveccedisciple,courra lepremierautombeauannoncécommevideparMarieMadeleine.

Mais nous n’en sommes pas là ! Nous nous trouvons aupointdedépartducheminquivaconduireausaintdoute,avecune justification du secret imposé par Jésus. Et c’est encorePierrequivaêtre lehérosdecepassage,aveccettefois-ciuneparole duChrist qui semble contredire celle sur laquelle nousnoussommeslonguementarrêtésdimanchedernier.

Pourlapremièrefoiseneffetdansl’évangile,Jésusannoncesa Passion, ses souffrances et sa mort. Et cela, dans lesdifférents partis ou groupements juifs de cette époque, étaitimpensablepourleMessie.

Précisons de plus, mais je pense qu’on ne le rappellerajamais assez : le serviteur souffrant décrit par le second Isaïedans leschapitres40à55nedésignaitpas leMessie,maisunprophète persécuté, peut-être d’ailleurs l’auteur lui-même. Sonretranchementdelaterredesvivants(Is55,3)nesignifiepaslamort. Il faut le comprendre au sens d’Ezéchiel (Ez 37) et desLamentations (Lm3,52-57)où lamortestévoquéecommeunesimple image puisque ceux qui en sont atteints reviventfinalement, les ossements desséchés, comme dans la prophétied’Ezéchiel.

À cette époque en effet, il n’y avait pas de foi en larésurrection.AinsileserviteurduSeigneurpouvaitallerjusqu’àparaîtrecommemort, ilnel’étaitpasréellementcommeleseraJésus. Et ce n’est qu’après la résurrection du Christ que lespremiers chrétiens appliqueront à Jésus cette prophétie d’Isaïe

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sur le serviteur souffrant, en particulier le quatrième chant (Is52,13à53,12).

C’est pourquoi en son nom, comme en celui des autresdisciples,PierrepeutdireàJésusquiparleainsidesonavenirsinistre : «Dieu t’engardeSeigneur, celane t’arriverapas ! »Pour lui Jésus connaît unmoment de déprime, tout comme legrand prophète Élie qui, après avoir vaincu les prophètes deBaal, s’enfuit au désert devant les menaces de Jézabel etdemandelamort.

Pierre veut donc remonter le moral de son maître, sonintentionestbonnec’estcertain,ilagitparamourduprochain.

Réponse de Jésus : « Passe derrière moi Satan, tu es unobstacle surma route, tes pensées ne sont pas celles deDieu,maiscellesdeshommes.»

Cetteréponseestunedouchefroideetd’autantplusglacéequ’elleestbrutale :d’heureuxPierre tombeaurangdeSatan ;desujetderévélationduPère,ilrétrogradeàn’êtreplusqueleporte-parole de la chair et du sang de l’humanité coupée desmystèresdeDieu.Derocfondateurd’ÉgliseildevientobstacleàlamissiondeJésus!

Mais Jésus ne le chasse pas pour autant ; il le fait passerderrièrelui.AinsiPierre,quiavaitétépeudetempsauparavantélevé presque au même rang que le maître, doit réintégrer legroupe des disciples. Il doit réaliser que malgré sa belleconfessionde foi, il sait qu’il ne sait rien et qu’il doit encoreapprendre.

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Au-delà du malentendu sur le messianisme, c’est toutel’attitude de l’homme devant certains mystères déroutants deDieuquiest icivisée.Toutparticulièrement lasouffranceet lamort.ScandaleusespourleMessieàl’époquedePierre,elleslesonttoutautantàtouteslesépoquesetdansbiendescas.

Combiende foiseneffetceuxquiappartiennentaumondesansDieu,commeaussidescroyantsdenotreÉglisedurementéprouvés, nous demandent comment nous pouvons continuer àcroire en un Dieu tout puissant et bon, alors que surviennenttant de souffrances et de morts qui nous apparaissent commeinjustesetquipeut-êtreeffectivementlesont?

Jedis«peut-être»,carnousautreshumainsnevoyonsquel’apparence des choses. Dans des personnes comme dans desgroupes,Dieupeutpunirdescrimesquenousignorons,etqueceux qui sont victimes de souffrance se gardent bien de dire.Quand on confesse dans des lieux baignés par la souffrancecommelesont lesprisonset leshôpitaux,endroitsoùpouruncroyantdiretoutelavéritéhorsdetoutesanctionhumainepeutapparaîtrecommeunultimeactedelibertémanifestantqu’onestencore un homme, on voit certains envers de décors quiempêchentde tropvite accuserDieud’injustice.Voilàpour cequiestcaché.

Maisnejouonspaslesautruches!Etmontonsuncranplushautàceluidescommunautés.L’Europesouffreencemoment,etcen’estsansdoutepasfini!Voulantresterdansmondomainequi est d’abord spirituel, je vous demande de faire un simpleconstat. Regardez le chemin parcouru entre un des grandsmoments fondateurs de la reconstruction de l’UnionEuropéenne,letraitéd’amitiéfranco-allemandsignéparCharles

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24edimanchedutempsordinaire

Premièrelecture:Si27,30-28,7Deuxièmelecture:Rm14,7-9Évangile:Mt18,21-35

Saint Matthieu poursuit la question du péché évoquéedimanchedernieravecunequestiondePierresurlafauteentrefrèresetnonplussurlepéchéengénéral,danslacommunauté.

Ici,ils’agittrèsprécisémentd’unchrétienquiafaitdutortàunautrechrétien.Etonrelèveraqu’enposantsaquestionsurlenombrede foisqu’il fautpardonner,Pierreessaiede semettreenvaleurdevantsonmaître,etpeut-êtreaussidevantlesautresdisciples.

Ilavanceeneffetlenombredeseptfoisalorsquelesrabbisde son temps conseillaient quatre fois. La réponse de Jésus,comme la parabole qui la suit et qui l’illustre donnent toutesdeuxdansunedémesurebiensûrcalculée.

Pierre qui croyait être un héros de lamiséricorde, avec saproposition, se voit assommé et je dirai même aplati par lenombre que lui indique Jésus. Soixante-dix fois sept fois ouencore, autre traduction possible, soixante-dix-sept fois septfois. Et ceux qui entendirent cela, le moment d’étonnementpassé,nepurentquesongeraucélèbrepassagedeGenèse4,lechant de Lamek, descendant de Caïn, qui fonde sa proprepuissance sur la démultiplication du mal engendré par la

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vengeancetribaleetprivée,quandiln’yapointdejugesquinesoient partie : «Oui j’ai tué un homme pourma blessure, unenfant pour une meurtrissure. Oui Caïn sera vengé sept fois,maisLameksoixante-dix-septfois»(Gn4,23bà24).

Arrêtons-nousuninstantsurcepremierélémentderéponse.Le nombre lui-même, par son énormité, signifie simplementqu’ilfauttoujourspardonner.Letextegrecquiesticitraduitesteneffetpenséenaraméen,langueparléeparJésusetqui,commel’hébreu, ignore les abstractions. Il faut toujours du concret.Ainsi quarante voudra dire « long », et soixante-dix fois septfois«toujours»!

Àlasinistrecomptabilitédestorts,qu’onsefaitl’uncontrel’autre pour se donner bonne conscience le jour où l’on sevengera,Jésusopposelaforcesouverainedupardon;qu’est-cequeseptdevantsoixante-dix-septfoissept?Sil’onyréfléchitbien en étant honnête avec soi-même, avouons que pareilleexigenceestdifficile.

Dans le texte précédent, nous relevions déjà la difficultéqu’ilyavaitd’allertrouverseulàseulunfrèrequiavaitpéchéetce,pasforcémentcontresoi.Iciils’agitd’unpéchécontresoietilfauttoujourspardonner.Jen’aiconnupersonne,àcommencerparmoi-même, qui a réussi pareille prouesse !On peut certesavecletempsetlaprière,sionestchrétien,finirparpardonner.Maiscelapeutêtrelongparcequ’ilfautarriveràcombinerdeuxdémarches qui ne sont pas évidentes : détacher l’offenseur desonoffenseetrécapitulerlenombred’offensesqu’onluiapeut-être aussi faites en y ajoutant, pour faire bonne mesure, lesoffensesfaitesàDieu.

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Voilàpourquoi,jeledisaupassage,l’examendeconsciencejournalier,aveclaprièredusoir,n’estpasunepratiquerelevantde je ne sais quelle vieille bigoterie, comme le recours à laconfession,pourvuqu’onvienneycherchervraiment lepardonde Dieu et non pas un allégement de la conscience pourretourner en courant plus rapidement à ses péchés familiers !Certainsneseconfessentpasassez,d’autrestropsouvent!Lespénitents comme les confesseurs (qui sont aussidespénitents)ontleurpartderesponsabilitédanslesdeuxcas.C’estpourquoiune nouvelle évangélisation n’est possible que par laredécouvertedelanotiondepéchéetcequienestlasource:lepéchéorigineldontilestdebontondeneplusparler,pasplusdansleshoméliesquedanslescatéchismes.Etqu’onneviennepasmedirequelecatéchismedel’Églisecatholiquede1992enparle avec grande pertinence. Nous sommes censés le fêter enmêmetempsqueleConcileVaticanIIpuisqu’ilaeuvingtansen2012!Car je répondraialorsquesicetexcellentcatéchismeaconnu un beau succès d’édition, comme aussi son résumé deBenoîtXVI,iln’estpasreçudansnoscommunautéscommeilledevrait,etilestplusqueprobablequelepointprécisévoquéici,lepéchéoriginel,yestpourquelquechose!

Quedespetitsbébésnaissentcommeêtrescorrompus,celaapparaît monstrueux aux oreilles catholiques, même les plushabituées à lamesse.Mais si les discours qu’on y entend, serésumentaupassageenbouclede« tout lemonde il estbeau,tout le monde il est gentil, nous irons tous au paradis »,saupoudréd’unpeudeJésus-Christ,oncomprendlesdifficultésdes chrétiens à affronter la réalité du mal au point que biensouvent,quandl’affrontementestlà,onyperdsouventlafoi!

Certeslesprêtresnesontpasd’aborddesannonciateursdu

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26edimanchedutempsordinaire

Premièrelecture:Ez18,25-28Deuxièmelecture:Ph2,1-11Évangile:Mt21,28-32

Jésus s’adresse ici à ses pires ennemis avec sa question.Jamaisparmileschefsdesprêtresetlesanciensilnecompterala moindre sympathie, et encore moins de disciples, mêmecachés.Laquestionseposeseulementpour ledisciplequi faitentrer Pierre dans la maison du grand prêtre Hanne, selonl’évangiledeJeanquinousprécisequ’ilétaitconnude lui (Jn18,16).

Deplus,sivouslisezcequiprécèdenotrepassage,l’entréemessianique de Jésus à Jérusalem, les rameaux, les vendeurschassés du temple, la malédiction d’un figuier sans fruitssymbolede lavie sans foi, ledilemmedans lequel ilplace lesgrands prêtres et les anciens pour qu’il leur réponde à unequestion tout en leur posant celle que nous méditons avec laparabole des deux fils, vous pouvez imaginer aisément quel’ensemble n’a pu que leur déplaire. Jésus interroge donc desgensqu’ilvientdemécontentergravementaumoinstroisfois.

Jepenseutiledeprécisermaintenantunpeuplus lanaturede ce mécontentement, parce qu’il éclaire singulièrementl’évangiledujour.

L’entrée à Jérusalem justifie la crainte du grand prêtre en

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exercice,Caïphe,gendred’Hanne,quiavaitréponduàceuxquis’inquiétaientdelapopularitédeJésus:«C’estvotreavantagequ’un seul homme meure pour le peuple et que la nation nepérissepastoutentière»(Jn11,50).

Et voici l’inquiétude à laquelle répondait Caïphe : « Cethomme [Jésus] opère beaucoup de signes. Si nous le laissonscontinuer,touscroirontenlui,lesRomainsinterviendrontetilsdétruirontetnotresaintlieuetnotrenation»(Jn11,48).

L’entrée royale de Jésus à Jérusalem ne peut donc que lesavoir encore plus fortement agacés. Le fait d’avoir chassé lesmarchandsdutemplelesavaitscandalisés(cf.lesversets12à17de ce même chapitre 21) car si l’on y réfléchit bien, Jésusempêchait le fonctionnement normal du temple qui, pour lessacrifices d’animaux, exigeait la présence de vendeurs et dechangeurs.Àtitred’exemple,unJuifhabitantRomen’allaitpasfairelevoyageaveclebœufqu’ilvoulaitsacrifier;ilfallaitbienl’acheter sur place. Et de plus les grands prêtres et leurssubordonnéspercevaientdestaxesextrêmementimportantessurce commerce. Aussi dans la foulée, le figuier stérile, maudit,pouvait très bien les représenter. Quant à la question posée àJésusparcesmêmesgrandsprêtressurl’originedesonautorité,dont Jésus conditionne la réponse par une autre questionconcernantl’originedubaptêmedeJean,elleclôtlabouchedesgrands prêtres qui n’osent pas répondre « du ciel » ou « deshommes»,depeurdesecontredire,carilsn’ontpascruàJeancommecela sera rappeléà la findenotre texte,oualorsde sefairelapiderparlepeuplequi,lui,croyaitàl’originedivinedubaptêmedeJean.

À ce stade, s’impose une première constatation : La

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persistance dans l’hostilité au Christ, dans l’incrédulité à sonégard, alors qu’on a reçu tous les éléments nécessaires pourcroire en lui, et même des avertissements quant au refus decroire, comme la malédiction du figuier stérile, pour prendrel’exemple dans ce passage de l’évangile selon saintMatthieu.Tout cela accroît l’aveuglement et annonce la pire descondamnations.L’incrédulitéhostilevis-à-visduChristsepaieauprixfort.Elleestreprésentéedansl’AncienTestamentparlecœurendurcidupharaondevantlaparoledeMoïse,etcelas’estterminédanslesangetdanslamort.DemêmequeMoïseavaitété prévenu de l’endurcissement du pharaon, Jésus lisant dansles pensées, est conscient du degré d’endurcissement de sesinterlocuteurs,etenfindecompteauraittrèsbienpulesquitteret prendre le parti de se taire après leur silence confusconcernantJeanBaptiste.C’esttrèsexactementcequefontceuxquidans l’Égliseaujourd’huibaissent lesbrasdevant les anti-chrétiensde toutpoil.Etparticulièrement faceàceuxquisontaupouvoir. Sont-ils finalement secrètement d’accord avec eux,avec les nuances qui s’imposent, pour pouvoir encore seregarderdanslaglaceouont-ilspeur?

Quellequ’ensoitlaraison,ilss’inclinentetsetaisentalorsqu’ilfaudraitallerjusqu’aubout,commeJésusavecsaparabole,questionquivaamenerunecondamnationsansappel.Àmoinsquecertainsdansl’Églisepensent,àl’inversedeJésus,qu’onnedoitpluscondamnerpersonneaunomdelatrèssaintecharité?

Dans ces conditions, qu’on m’explique pourquoiaujourd’huil’Églisecontinue,àjustetitre,depunirdelapeined’excommunication latae sententiae, c’est-à-dire ipso facto oudu fait même, ceux qui pratiquent des avortements ou ycoopèrentetneprononceraitpaslamêmepeinecontreceuxqui

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venirauxnoces,àladifférencedeLuc.

Àlasuitedeladémarchedespremiersserviteurs,Matthieuditsimplementquelesconviésnevoulaientpasvenir.Aprèslasecondedémarche,lesconviésvontvaqueràleursoccupations,ou deviennent assassins. Le refus de venir aux noces est doncprésentécommeunrefusdeprincipequinesediscutepas,ninesejustifie.C’estunrefusfondamental,unrefusdefondquineserèglequeparlaguerreetlaviolence.

PourMatthieu, ce refus était caractéristique de ce que j’aiappelé le nouveau judaïsme, père du judaïsmemoderne. Et cen’est pas trahir ce message évangélique particulier que del’appliquer au judaïsme d’aujourd’hui. Je pense surtout auxmilieux juifs très pratiquants qui ont gardé malheureusementvis-à-vis du christianisme une méfiance, voire une oppositiontotale.Onpeut l’expliquer,et je lesais,maiscelaest.Celanetransparaît pas, bien sûr, dans les déclarations publiques.D’autant plus que le christianisme, dans son discours officield’aujourd’huin’ariend’effarouchant.Ilnesembleplusvouloirconvertir personne : tout le monde est beau, gentil et biencommeilest.

Mais quand d’aventure se posent des problèmes deconversiondanslesensjuif-chrétien(raresilestvrai,maisj’enaiconnu), alorsonvoit rapidementnaître l’hostilitédontnousparlelaparaboledufestindenoces.

Cependantn’épiloguonspassurcetaspectdeschoses,bienqu’il existe, il est suffisamment rare pour que nous ne nous yattardions trop. Il me semble plus intéressant en revanche deréfléchirsuruneautreformederefusfondamentaldel’Évangile

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autrement plus redoutable aujourd’hui que celui de certainsJuifs.

Jeveuxparlerdurefusdeschrétiensdits«sociologiques»qui rejointen fait le refusdenotresociété,decettesociétédudébutduXXIesièclecaractériséeentreautresparunassemblagesouvent curieux de matérialisme désabusé et de spiritualismedébridé, qui vis-à-vis de l’Église tourne vite à l’indifférencequandcen’estpasàl’hostilité.

Quand l’Église se trouvedansune situationdifficile, il estdes indifférences meurtrières. Et ces indifférences on ne lesjustifiemêmepas,toutcommedanslaparabole.Onlesexpliquecomme des évidences. À l’occasion d’un service funèbre parexemple, où comme par miracle on aura trouvé le temps derencontrerunprêtre,ondiraquelaviemoderneavectoutessescontraintes empêche de s’intéresser à l’Église. Et nousretrouvons là les nécessités du travail des champs et ducommercementionnédansnotreparabole.Commes’ilétaitplusdifficiled’êtrechrétienencedébutdeXXIesièclequ’àuneautreépoque.C’estlàuneabsurdité!

Même si hélas quelquefois, certains propos officielschrétiens le laissent croire. Et ceci m’amène au refus de lasociété, ce monde laïcisé auquel certaines voix dans l’Égliseprêtentquelquefoisuneinfluencequ’iln’apas.Celadit,ilfautbien reconnaître que depuis leXVIIIe siècle, on fait la chasse àDieuetquecettechassen’apasmalréussigrâceàlacomplicité,labêtise,etaussilalâchetédenombredechrétiens.

On a d’abord chassé Dieu des consciences, des élitesintellectuelles, en opposant la science et la connaissance, à

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l’obscurantismedelareligion,puisonachasséDieudesécoleset des tribunaux, préparant ainsi les masses à devenirindifférentesouathées,cequ’ellessontaujourd’hui.Etcommeaucunesociéténepeutvivresansculte,mêmesicettesociétéseprétend laïque, on a érigé le culte de l’homme, mais pas den’importequelhomme,pasceluidel’homosapiens,plutôtceluidel’homoeconomicus,l’hommedeladéclarationdesdroitsdel’homme de 1789 qui place en avant pour l’homme le critèred’utilitéàsessemblables.

C’est là la base du libéralisme absolu ou encore ducapitalismesauvageaveclesconséquencesquel’onconnaît.

Nos contemporains auraient-ils l’estomac tellementtourmentépar lesaffresde laviematérielle :manqued’argent,désird’enavoirplus,peurdelavieillesse,affectionscontrariées,chômage,etc.,qu’ilsn’auraientplusfaimdeviespirituelleetnepourraientplusquesedétournerdufestindenoces.

Commecesgenssetrouventenmajoritéetnousenminorité,nous ne pouvons qu’être influencés par cette attitude. LesÉglisesmanquentdevraisspirituels.Voilàpourquoi il faudraitpeut-être que des contemplatifs religieux et religieusesquittassent pour un temps, je dis bien pour un temps, leurcontemplationpouraiderleschrétiensquiviventdanslemondeàavoirunpeuplusfaimdeschosesdeDieu,etparlàmêmelesaider aussi à mieux affronter le refus obstiné de ce que j’aiappelé les chrétiens sociologiques, ainsique les attaquesde lasociété laïquequiaujourd’huise fontdeplusenplus fortesetdeplusenplusfréquentes.

Deux remarques encore sur cette parabole portant sur les

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rendreàCésarcequiestàCésar,àDieucequiestàDieu,neseradoncjamaisunfanatiqueenmatièrepolitique.ServantDieud’abord,etattendantl’irruptiondujourduRoyaumeéterneldeDieu, il ne sera jamais l’esclave de forces passagères ou desidéologies. Quand cela apparaîtra difficile, il saura faireconfiance à la providence divine. La foi donne toujours l’aidenécessaire et nous permet toujours, comme à Jésus-Christ, derendreauxsuccesseursdespharisiensquestionneurslamonnaiedeleurpièce.

44.PierreBonnard,L’évangileselonsaintMatthieu,éd.DelachauxetNiestlé,Neufchâtel,1963,p.322.

45.LesJuifsavaientledroitd’utiliserdesmonnaiessanseffigiedeCésar,maispaspourpayerl’impôt.

46.GirolamoSavonaroleestnéàFerrareenseptembre1452.Frèredominicain,ilfutréformateurdesmœurs,maisn’ajamaisremisencauseledogme.CélèbrepoursonBûcherdesVanitéssurlequeldenombreusesœuvresd’artetlivresontdisparu,ilfutbrûléenmai1498àFlorencedurantlapapautéd’AlexandreVIBorgia.

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30edimanchedutempsordinaire

Premièrelecture:Ex22,20-26Deuxièmelecture:1Tm1,5-10

Évangile:Mt22,34-40

En lisant le texteque l’Églisepropose aujourd’hui à notreméditation,onseraitfacilementtentédecroirequeJésusinnoveenparlantdel’amourduprochain.Enfaitiln’évoquelàquedesidées connues de la piété juive. Le « connu » sur l’amour deDieu est emprunté au Deutéronome entre autres et celui quiconcerne le prochain auLévitique, chapitre 9 verset 18 que jevous lis intégralement : « Tu ne te vengeras point et tu negarderaspointde rancunecontre lesenfantsde tonpeuple.Tuaimerastonprochaincommetoi-même.Jesuisl’Éternel.»

L’originalité de Jésus n’est donc pas à chercher dansl’évocation de l’amour du prochain ni bien sûr dans celle del’amourdeDieu,maisbienplutôtdanslerapprochementdecesdeuxcommandements.Jésusn’hésitepaseneffetàlesqualifierde semblables. Il nous faudra revenir sur cette question desimilitude.

Restons-enpourl’instantaurapprochementlui-même.Jésusl’opère pour répondre à une question, question piège bien sûrcommetoutescellesqui luisontposéesdans lechapitre22del’évangileselonsaintMatthieu.

Questioncouranteaussienmilieurabbiniquequecellequi

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concernait le plus grand commandement.En règle générale lesrabbins considéraient que tous les commandements étaientd’égaleimportance:«Quelecommandementlégertesoitaussicherquelecommandementgrave»,préciseleurcommentaireduDeutéronomequiajouteensuite:«Siontransgresse“tuaimerastonprochaincommetoi-même”,onfinirapartransgresser“tunetevengeraspas”,“tunehaïraspas”,jusqu’àl’effusiondesang.»

Parcequetoutétaitimportantdanslaloi,toutétaitprécisé,développé,multipliémême.Aussilatraditionsynagogaleavait-elle dénombré dans la loi : 613 commandements positifs, 365interdictionset248autresprescriptions47!

On comprend dans ces conditions que la nécessité degrandes synthèses et de lignes directrices se soit fait sentir etqu’un esprit scrupuleux placé devant cette forêt d’ordres,d’interdits, de conseils, ait éprouvé lebesoinde savoir cequi,danstoutcela,étaitleplusimportant.

Placerenavantl’amourdeDieuestonnepeutpluslogiquedanslecadredustrictmonothéismedelareligiond’Israël.Maiscen’estpas trèsoriginal et le légalisme juifneprétendait riend’autre que traduire et exprimer un amour exclusif pourDieu.Le lienavec l’amourduprochainesten revancheduplushautintérêtcar ilporteen lui,dans sonprincipemême, lecorrectifindispensable qui empêche de sombrer dans le légalismeinhumaindecertainspharisiens.Celienentre l’amourdeDieuetduprochainrappelleeneffetlavaleurduprochain,lavaleurdel’hommeenunmot.L’hommeeneffetétaitcrééàl’imagedeDieu pour dominer la création terrestre. Sa vocation est derégner, non d’être esclave. Et le péché n’abolit pas cettevocation,toutaupluslacontrarie-t-elle.

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32edimanchedutempsordinaire

Premièrelecture:Sg6,12-16Deuxièmelecture:1Tm4,13-18

Évangile:Mt2,51-13

Cedébutduchapitre25del’évangileselonsaintMatthieu,commelesversetsquileprécèdentetquilesuivent, inviteàlavigilance dans l’attente du jour du Seigneur. Et pour notreparabole,laconclusionestonnepeutplusexplicite:«Veillezdonccarvousnesaveznilejour,nil’heure.»

Celadit,sivousavezlacuriositédelirecequiprécèdenotrepassage, ainsi que la suite, cela constituera une excellentepréparation aux messes des deux prochains dimanches, vousverrez que chaque parabole décrit des attitudes humainesdifférentes devant cette vigilance que le Christ nous demanded’avoir. Ici nous allons en découvrir une à partir de l’exempledesdix jeunes fillesquiestproposéànotre réflexion,paruneformule utilisant un raccourci propre à Matthieu et que vousretrouverezauchapitre13avecd’autresparabolesduRoyaume.

« Le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunesfilles » ne signifie pas en effet que leRoyaume ressemblera àdix jeunes filles, mais qu’à l’apparition il en ira des hommescommedesdixjeunesfilles.Cesdernièresreprésenteraientdonctoute l’humanité attendant le Royaume qui va se manifesterd’une manière imminente. Les dix représenteraient toutel’humanitéai-jedit?Cen’estpassisûrsionregardeletextede

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plusprès.Onnousditeneffetqu’ellesprirentleurslampespouraller à la rencontre de l’époux. Il s’agit par conséquent d’unehumanitéquiareçudeuxordres:celuid’allerattendrel’épouxetdesemunirdelampes.Sionsongeaucadredelascène,enl’occurrence palestinienne, les jeunes filles en question fontpartie des intimes de l’époux et de l’épouse et attendent pourfairecortège.Quandjedis«attendent», ilsemblebienque leretarddel’épouxdanscegenredenocessoitunusageconnu.Ilcorrespondrait aux ultimes négociations des familles sur lecontrat demariage,marchandage à l’oriental destiné àmontrerqu’onavaitdelaconsidérationlesunspourlesautresetquelafiancée,qu’onfinissaitparcéderauprixfort,étaitréellementdegrandevaleur.

Mais toutcelapouvaitprendredutemps.D’oùl’utilitédeslampessilanuitarrivait.Toutesceschoses,lesdixjeunesfilleslesavent,etvoilàpourquoijenepuisdirequ’ellesreprésententtoute l’humanité. Car à aucunmoment de son histoire passée,commevraisemblablementdansl’avenir,toutel’humanitén’aétéouneseraprêteàalleràlarencontredel’époux.Autrementdit,jamais l’humanité tout entière n’a eu ou n’aura consciencequ’elledoitsepréparerauretourduChristquitardeàvenir.

Comptetenudecequenousavonsévoquéausujetdesdixjeunes filles, dix vierges dans le texte grec, ce qu’elles saventcommeaussicequ’ellesfont,comptetenudusymbolismedelavierge dans l’antiquité, ainsi que de son rôle par rapport ausacré,jepensequ’ilfautvoirdanslesdixviergesunefiguredel’Église,autrementditdeschrétiensetdeschrétiennes,desgensquisaventqueleChristvaveniretquil’attendent.

Cette parabole nous concerne donc très directement, elle

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s’adresseàcellesetàceuxquiontété,commec’estnotrecas,initiés aux mystères chrétiens. D’entrée de jeu, le texte nousoblige à faire un constat peu agréable et à prendre conscienced’une réalité bien connue pourtant de ceux qui ont quelqueslumièressurlanotiond’initiation.

Il y a l’initiation virtuelle ou formelle qui correspond à laréceptionde signesextérieurs, l’accomplissementdegestes,desymboles,laprononciationdesparoles.

Ilyal’initiationréelle,autrementditlaproductiond’effetspositifsdansl’individuparl’initiationvirtuelle:progrèsdanslaconnaissance religieuse et dans la piété, accomplissementd’œuvresdecharité,etc.

Or l’initiationvirtuelleouformelleneproduitpas toujoursl’initiationréelle.

Non pas queDieu soit infidèle et qu’il fasse dépendre denos bonnes intentions l’efficacité des sacrements chrétiens. Sitel était le cas, ceux-ci ne seraient jamais efficaces. Pourcomprendre ce décalage entre initiation formelle et initiationréelle,ilfautsereporteràl’attitudegénéraleduDieudelaBibledans ses signes d’alliance. Dieu demeure toujourssouverainementlibred’aimerquiilveut,libreaussidepunirlepéchéhumaincommeill’entend,quantàl’hommeilaunlibrearbitrecertain,comportanttoutdemêmebiendesrestrictionsàcausedupéchéoriginel.

Très concrètement, quand je baptiseunpetit enfant je suisabsolument certain qu’au moment où je prononce les parolesrituelles du baptême en versant l’eau sur sa tête, cet enfant va

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Et vous avez remarqué que dans sa réponse, si le maître,Dieu,reprendmotpourmotl’illustrationdesatoutepuissancefaiteparsonmauvaisserviteur:«Tumoissonnesoùtun’aspassemé[…]»,iln’acceptepaslaqualificationd’«hommedur».Ilne la reprend pas dans son propos ce qui veut dire qu’il larejette, et la remplace par une autre qualification, celle qu’ilappliqueàsonserviteur:«Serviteurmauvaisetparesseux.»Ilaenfoui ce queDieu lui avait donné, comme l’humanité qui seveutmoderneetdeprogrèsenterrecequeDieuapuluidonnerdeplusprécieux,quidonnesonsensàlavieenlafaisantsortirdecetteabsurditétotalequ’estlaviesansDieu.

JamesAnderson,pasteurpresbytérien(calviniste)écrivaiten1723danslapremièreéditiondesesConstitutionsquiallaientservir de base à la franc-maçonnerie anglaise, qu’unmaçon nedevait être«niunathée stupideniun libertin irréligieux»,etce,faceaux«Lumières»naissantes.Etdefait,ilyavaitdéjààLondres des groupes philosophiques athées et des clubs desflammesdel’enfer!

Il faut redire aujourd’hui que l’athéisme est frappé d’unecertaine stupidité et qu’il est raisonnable de croire, si l’on neveut pas faire partie du cortège lugubre de ceux qui ne saventqu’enfouir les talents qui viennent deDieu. Si j’ai employé àdessein ce mot de lugubre, c’est parce que ces gensappartiennent au cimetière, qu’ils l’ont fourni largement,particulièrement au XXe siècle ! En France, qui fut jadis filleaînéede l’Église, et qui l’est encore, n’endéplaise à ceuxquivoudraient effacer sa vocation et son titre, on a même eul’audacededésaffecterl’égliseSainte-GenevièvepourenfairelePanthéon républicainoùne reposent pas quedes gensdont lamémoire soit recommandable ; sanctuaire désacralisé qui

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pourrait devenir – suprême aberration – la cathédrale de lanouvellereligionrépublicainedontrêventcertains.

Tout ne sera alors pas dit. Comme dans la parabole, lederniermotappartientauMaître,àDieu,àsonjugement.Sera-t-ilencemonde,sera-t-ilaprèslepassagedecemondeàl’autre?Nous ne pouvons le dire. La seule certitude est celle dujugementpar lequel l’enfouisseur et tous ses complicesquinepossèdent en fait rien se verront même enlever ce qu’ils ont,c’est-à-direeux-mêmes.Cequiresterad’euxneleurserviraplusqu’àpleureretàgrincerdesdentspourl’éternité.

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34edimanchedutempsordinaireLeChristRoidel’univers

Premièrelecture:Ez34,11…17Deuxièmelecture:1Co15,20…8

Évangile:Mt25,31-46

Cette fête du dimanche du Christ Roi marque la fin del’année liturgique. Comme dans les deux dimanches quiprécèdent,l’Églisenousinviteàméditersurlafindestemps,lejugement dernier. Nous le faisons aujourd’hui avec la fin duchapitre 25 de l’évangile selon saint Matthieu, comme l’ontvoululesliturgiesd’aprèsVaticanII.

Danslaparaboledesdixjeunesfillescommedanscelledestalents, l’évangile évoquait surtout le jugement du peuple deDieu,peupledelarévélation.Ils’agissaitdoncenpremierlieudes Juifs et des chrétiens qui, par leurs textes sacrés, saventqu’unMessiedoitvenirétablirlerègnedeDieuetqu’ilyaurades comptes à rendre lors d’un jugement, ce qui implique unecertainevigilanceetdeveilleràpossédersuffisammentd’huilepourallerjusqu’àlasalledesnoces,ouencoredebienprendregardeàfairefructifierleoulestalentsqueDieunousaconfiés.

Icidansnotre texte leschosessontdifférentes. Je relèveraideuxindices:

– Premièrement, quand Jésus dit que le fils de l’hommesiégera sur son trônedegloire, il ajoute :«Toutes lesnations

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C’est pourquoi Marie elle aussi souffrira comme fille deSionetcommemère,c’estpourquoinousaussinoussouffronsetnousdevonsnouspréparerpeut-êtreàsouffrirbeaucouppluspour le Christ, signe éternel de contradiction parce quedestructeurdesmasquesdetouteimposture!

NouspouvonspleureravecMariesinoussavonscroireavecMarie, et pour cela, la prendre avec nous comme le disciplebien-aimé.NoussuivronsalorslesconseilsdesaintBernarddeClairvaux dans un célèbre poème : « Dans les dangers, lesangoisses,lesdoutes,penseàMarie,invoqueMarie.»

Alorsnouspourronsvoirceluiqu’ilsont«transpercé»au-delàdenossouffrances,découvrirenluilalumièredusalut,telSiméon,etêtreprêtsàtoutmomentàpartircommelui,enpaix.

49.JosephRATZINGER–BENOÎTXVI,L’enfancedeJésus,éd.FlammarionParis2012,p.116.

50.Op.cité,p.117.

51.Op.cité,p.118.

52.Is42,6et49,6.

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SolennitédesaintJeanBaptiste

Premièrelecture:Is49,1-6Deuxièmelecture:Ac13,22-26

Évangile:Lc1,57…80

Nousavionsrelevélorsdelaprécédentehomélieuncertainnombre de signes annonciateurs de la fin de la prêtrise del’anciennealliance.Celanesignifiepaslafindelaprêtriseensoi,mais l’annonced’unenouvelle formedeprêtriseenracinéedanslapersonneetl’œuvremêmedeJésus.Pourquoicerappel?Toutsimplementpourêtresûrd’avoirétébiencomprisetqu’onne se serve pas de mes propos pour contester le caractèresacerdotal du ministère de la nouvelle alliance, mais aussi etsurtout parce que le texte de ce jour explique parfaitement lamutationquivas’opéreretcequ’ellesignifie.

L’évangiledelaveilledecettesolennitérapportaitlerécitdelavisitedeMarieàÉlisabethquiprécède lepassagequenousméditonsaujourd’hui.Ilfauts’yreporterpourcomprendredansceluidecejour,laraisonpourlaquellesesvoisinsetsesparentsconsidéraient comme unemiséricorde le fait qu’aumoment dedonner un nom à l’enfant, elle avança celui de Jean, et non,comme son entourage s’y attendait selon l’usage, celui deZacharie.SonaccordsurcenomdeJeanaveclepèrejusque-làmuet etmême sourd, apparaît selon une note de la traductionœcuméniquedelaBible,commeinspiré.«C’estunsigne.»

Commençons par examiner le cas d’Élisabeth. Elle est de

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famille sacerdotale comme sonmari. Elle est juste comme lui,qualité fondamentale dans l’ancienne alliance, et pourtant elleest stérile, ce qui correspond à une situation honteuse àl’époque,conséquencepeut-êtred’unchâtiment.Voilàpourquoile jour où elle accouche d’un fils, ses voisins et amisconsidèrentqu’elleaétélesujetd’unemiséricordecar,comptetenu de son âge avancé, elle avait caché sa grossesse pendantcinqmois(cf.Lc1,24).

Pour Zacharie, il faut relever que c’est dans le temple, aumomentoùilaccomplitsonofficedeprêtreenoffrantl’encensàla prière du soir, qu’il reçoit de l’ange la révélation de laprochaine grossesse de sa femme. Cet ange, c’est Gabriel,l’annonciateur des nouvelles de salut, le même qui viendravisiterMariedanssamaisondeNazareth.Etd’emblées’imposelecontrasteentrecevieuxprêtre,hommejusteetbercédanslesÉcrituresetlasimplejeunefilleMarie.

Il fait des objections – signes d’incrédulité – sanctionnéesaussitôt par unmutisme alors queMarie, elle, n’interroge quesur le comment elle va être enceinte puisqu’elle est vierge. Etsanspeut-êtretoutcomprendre,ellerépondàl’ange:«QuetoutsepasseselontaParole.»

Point n’est besoin d’avoir fait de longues études pourcomprendre toute la portée de ce premier contraste.Une toutejeune fille choisie pour être l’unique coopératrice pourl’incarnationetlanaissanceduMessie,ensaitplussurlatoutepuissancedeDieuqu’unvieuxprêtre plein d’expérience et desurcroîtqualifiédejuste!

EnfinZacharieétait«encondition»pourêtreattentifàce

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deMontmartre,Paris.

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LaTransfigurationduSeigneur

Premièrelecture:Dn7,9…14Deuxièmelecture:2P1,16-19

Évangile:Mt17,1-9

Nousavonsdéjàrencontrécetextependantlecarême.Ilesttrès riche, car il s’ouvre à plusieurs interprétations qui nes’excluentpasforcément.C’estpourquoiilvautlapeined’êtreméditéànouveaupendantletempsordinaire(le6août).

Pendant le temps du carême, cette manifestation glorieusepréparait lesdisciplesàcroirequeJésusressusciteraitaprèssaPassion. Voici ce que dit en effet la préface du deuxièmedimanche de carême : « Après avoir prédit sa mort à sesdisciples, il les mena sur la montagne sainte. En présence deMoïse et du prophèteÉlie, il leur amanifesté sa splendeur, ilnousrévélaitainsiquesapassionleconduiraitàlagloiredesarésurrection.»

Lapréfacedelafêtedecejourreprendàpeuprèslamêmeidée en ajoutant, après le rappel que le corps de Jésus étaitsemblableaunôtre:«IllaissaittransparaîtreensachairlaclartédontresplendiralecorpsdesonÉglise.»

C’estdoncsurnotresortfutur,ànousmembresdel’Église,quelaliturgiedecejourentendnousfaireréfléchir.

Voyons tout d’abord dans quel cadre saintMatthieu placel’épisodedelaTransfiguration,cequipourcetévangélisteaune

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certaine importance puisqu’il ne suit pas d’abord un ordrechronologique, mais classe ses sujets par thèmes. Ici il estpréciséaudébutduchapitre17:«Sixjoursaprès»,cequelelectionnaire a négligé de mentionner et c’est bien dommage,parcequecedétailfaitjustementpartiedesrichessesdesensdenotre texte dont je parlais au début de cette homélie. Pour lesannées liturgiques qui suivent, B avec l’évangile de Marc, Cavecl’évangiledeLuc,mêmeoublidulectionnaire.

Matthieuparlecependantde«sixjoursaprès»,toutcommeMarcetLucdehuit.Danslestroiscas,cenombredejoursfaitlelienaveclaconfessiondePierreetestprécédéparuneparoleassez mystérieuse de Jésus sur laquelle je reviendrai en find’homélie.

Mais surtout, et c’est leplus important, laTransfiguration,parcerappeldunombredejours,estmiseenrapportaveclafêtejuive dite des Tentes, Soukkot, fête très joyeuse quicommémorait le séjour d’Israël au désert après la sortied’Égypte, enmême temps que le don de la loi àMoïse.Cettefête suivait, à cinq jours près le jour du grand pardon, YomKippour.

Commejel’aifaitpourd’autreshomélies,jerecommandedelire les pages54 que notre pape émérite consacre à laTransfiguration, où il évoque ces questions de dates et desdifférentes interprétations proposées. Cela est du plus hautintérêtcarcelles-cines’excluentpasl’unel’autresionconnaîtbien la pensée sémitique qui, à partir d’un seul récit, pouvaitsuggérer une très grande quantité de réflexions et d’opinionsmêmequelquefoisopposées,voireparexempleleTalmud.

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Lacroixglorieuse

Premièrelecture:Nb21,4-9Deuxièmelecture:Ph2,6-11

Évangile:Jn3,13-17

La croix est d’abord un instrument de supplice, et dans lecadredelalégislationromaine,ellerenvoieàlapireformedesmisesàmort,car lescondamnésmettaientdesheuresàmourirpar asphyxie avec en plus le fouet et les clous. Au risque desurprendrecertains,jerenvoieàlaPassiondeMelGibson,filmquiatrèsbienmontrél’horreurdecetteformedepeinedemort,œuvre que j’ai pourtant entendudécrier à l’époque, aussi bienpar les antichrétiens que par toutes sortes de catholiques quicommeparhasard,necroyaientniaujugementdeDieu,niàlapunitiondespéchésdansl’au-delà.

Jerappellecelanonparespritdepolémique,maisparsoucidepédagogie.Sieneffetonn’estpasconscientdel’horreurqueconstitue la croix, on ne peut saisir le titre comme le sensparadoxaldecettefête.

Enquoi eneffetunepotenceouuneguillotinepourraient-elles être glorieuses ? Ces instruments donnent pourtant unemortrapide!Ilfautdoncbienêtrepersuadéquelacroixestensoiaffreuse, etd’ailleurs lesRomainsen législateurs logiques,n’appliquaientcesupplicequ’auxcrimeslesplusgraves:ceuxqui touchaient à la structure du corps social, c’est-à-dire àl’époque la révolte des esclaves ou bien toute insurrection qui

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mettaitenpérillasoliditédel’État.C’estl’explicationquel’onpeutdonnerautitulus,c’est-à-direàl’écriteauquePoncePilateavaitfaitafficherenhautdelacroixafinquetoutpassantpûtlelire–etcelaentroislangues–«INRI»:JésusleNazaréen,roides Juifs. C’est selon saint Jean (19,19) le motif de sacondamnation.

L’évangile du jour nous rapporte la fin de l’entretien deJésusavecNicodèmeetenvisagelacroixd’unetoutautrefaçon.IlclôteneffetcedialoguesurlaquestiondelafoienlamissiondeJésus.Àsoninterlocuteurquin’apasl’airdecomprendrelanouvelle naissance selon l’Esprit, Jésus laisse clairemententendrequeluiseulpeut l’expliquerparcequ’ilvientduciel.Mais son enseignement ne pourra être reçu que lorsqu’ilentamera son chemin de retour vers le ciel, quand il sera« élevé ». Et le bois de la croix est alors clairement évoquécomme également le contexte de mort est rappelé parrapprochement avec l’épisode des serpents brûlants, racontédans leLivre desNombres. Je n’y reviens pas, car je l’ai déjàabordépardeuxfoisaucoursd’homéliesprécédentes57.

Mais«lacroix»évoquéeparlaperchedeMoïsenefaitpasd’abord penser à lamort puisqu’elle ne porte pas en effet unserpent venimeux,mais un serpent d’airainqui guérissait ceuxquiétantmordusetpromisàlamort,regardaientverslui.Jésusnous invite à suivre cet exemple en le regardant sur la croix,commejadislesJuifsregardaientleserpentd’airain.Àlasuitede Nicodème, nous sommes invités à contempler le Christ encroix, pour découvrir sa vraie gloire et comprendre qu’il veutnouslafairepartager.Etcetteinvitationestpressantebienquecela n’apparaisse malheureusement pas dans ce qu’on nous adonnéà lire,parcequ’une foisdeplusavecce lectionnaire, la

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coupureaétéfaitetroptôt.Etqu’onneviennepasinvoquerlaquestion de temps. Il fallait simplement poursuivre avec les 4versetssuivants18à21.

Je l’ai déjà signalé, d’une manière générale il est trèsdifficiledecouper l’évangileselonsaintJean.Parexemple,onlit tout le récitde l’aveugle-néouonne litpas ! Icidemême.J’admets à la rigueur qu’on puisse couper en deux l’entretienavecNicodèmeetn’examinerqueladeuxièmepartiepuisqu’ellene commence qu’au verset 13.Mais nous l’avons vu, dans cecas-là on est obligé de rappeler les quelques versets quiprécèdentimmédiatement,sinononnesaisitrien.

En revanche, je trouve absurde l’arrêt au verset 17.Car cequinousestditaprèsn’estpasanodinpuisqu’iléclairetoutelaréflexion sur l’aspect glorieux de la croix auquel l’Église aconsacréunefête.Voiciledébutduverset18:«Quicroitenluin’estpasjugé,maisquinecroitpasestdéjàjugé,parcequ’iln’apas cru au nomduFils unique deDieu. »Et la suite reprendcette admirable méditation que conduit saint Jean dans leprologue de l’évangile par l’opposition de la lumière auxténèbres,dontilnedétachejamaisnisonattentionnisoncœur.

Nous pouvons donc constater une fois de plus que ce quidirige les coupures des textes de ce lectionnaire est d’ordreidéologique.Onveutici,commeonl’afaitailleurs,affaibliretmêmejusqu’àescamoterl’idéedejugement.Danscettemoderneprédication chrétienne qui se veut ouverte au monde pourrassemblerdesfoules–etonvoitavecquelrésultat–, ilsuffitde rassembler n’importe qui n’importe comment et d’annoncerquetousserontsauvéssansl’ombred’unjugement.

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Touslesfidèlesdéfunts

Premièrelecture:Ez47,1-12Deuxièmelecture:1Co3,9…17

Évangile:Jn2,13-22

En ce jour de commémoration de tous les fidèles défuntspour lesquels l’Église nous invite à prier, pour ceux qui ontsouffert ou souffrent le deuil,mais aussi et surtout pour ceuxqui nous ont quittés, il est important que nous réfléchissionsbien à la portée du texte de l’évangile de Jean que nousméditons.

Cepassageeneffet,intègreledésarroietladouleurdansleprocessusquimèneàlafoienJésus-Christ,puisquefinalementJésus triomphe et Thomas sera convaincu de la véracité de larésurrection.C’est pourquoi les homélies, comme les attitudesquiseréfèrentàlamaisonduPèredanscequej’appelleraiunejoiecrispéedecommande,ponctuéedenombreuxalleluiaouderéférencesaubonDieu,selon l’éducationfont fide ladouleurhumaine et ne sont pas très évangéliques. Appelersystématiquement un service funèbre un service d’action degrâce,demeurepourmoiambigu!

Les paroles désincarnées qu’on y prononce traduisentsouvent un incommensurable orgueil qui suppose connue lamaison du Père, comme la mort naturellement acceptée. Or,mêmesinoussommeslesplusfermesetlesplusconvaincusdeschrétiens,ilyatoujoursquelquechoseennous,etenparticulier

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devantcertainesmorts,quinousfaitnousrévolteretnousposerdesquestionssurlamaisonduPère.

« Seigneur, nous ne savonsmême pas où tu vas, commentpourrions-noussavoirlechemin?»

Reconnaissons humblement que cette question estquelquefois nôtre ; même si nous en modifions les termes,l’espritdedésarroidemeure.Ouireconnaissonscela,parcequeportantlefardeaudecedésarroifaceàlamort,faceàlamaisondu Père, nous pourrons être plus proches des autres, enparticulier de ceux qui croient peu ou pas du tout. Nouspourrons alors aussi recevoir pleinement, comme uneconsolation,laréponsedeJésus,réponsequiagiradanstoutesaforce parce qu’elle sera seule à retentir à nos oreilles, notredésarroiayantéliminétouteslesfaussesréponsesdumonde.

Et quelle est cette réponse de Jésus : « Moi je suis lechemin,lavérité,lavie,personnenevaauPèresanspasserparmoi.»

Retenons tout d’abord de cette réponse le côtéintransigeant :personnenevaauPèrequepar laChrist.Ainsitrouvons-nous une confirmation de la réalité trinitaire dans lelienindissolublequiexisteentrecequefont lePèreet leFils.Mais, et ceci est capital pour le sujet qui nous préoccupeprésentement, nous trouvons une réponse au désarroi et à ladouleur humaine face au chemin vers la maison du Père. Laréponse c’est Jésus, autrement dit ce qu’il a vécu dans sa vieterrestre,danssonagonie,danssamort,danssarésurrection.

Savieterrestre:toutyestobéissanceàlaloiduPère,àla

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loideDieuSeigneurdel’univers.Obéissancetotaleetcomplète,aussi éloignée de la casuistique que du fanatisme intolérant,péchantcontrel’amourduprochain.Traductiondanslesfaits :autraversd’unexemple,etl’onpourraitenciterd’autres,Jésuscondamne l’adultère, mais sauve une femme adultère de lalapidationenluidemandantdenepluspécher.

Vivre et comprendre cela sans se dépêcher, par paresse ouparvice,d’en tireruneconclusionarrangeante, c’estdéjà faireunpasverslamaisonduPère.

L’agonie:àGethsémaniJésussaitpleureretvivrel’angoissede la mort dans la solitude manifestée par le sommeil de sesamis,puisparlatrahisondel’unetparlafuitedesautres,etcesanssombrerdanslarévolteoudanslarancœur,nimêmedansce qui aurait été philosophiquement acceptable, quelquesparolesamèressurlafragilitédesamitiésdecemonde.

Ne nous y trompons pas, l’annonce à Pierre de son futurreniement ne correspond pas à un débordement d’amertume,mais tout simplement à une volonté de rabaisser l’orgueil deceluiqu’ilavaitinstituécommepremierparmilesapôtres,etquidufaitdecetteprimauté incontestable,enavait tirésansdoutedesconclusionsdémesuréesparrapportàsesforces.

AllonsmaintenantauprétoiredePilate.Devantunjugementdont ilconnaît l’aboutissement, inique,Jésusreconnaîtdansleprocurateur romain l’autorité légitime de fait et a finalement,devantlemagistratpaïenétrangeràsonpeuple,uneattitudeplusrespectueuse que devant le grand prêtre Caïphe. Et il y auraitlieude réfléchir longuement sur cettedifférence,mais cen’estpasnotreproposd’aujourd’hui.

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Salomonetquicommuniqualesavoir-faireauxdifférentscorpsdemétiers. Force, inspirée par la foi en Dieu qui déplace lesmontagnes et qui, en la circonstance, a pu faire bouger desmontagnesdepierres.Beautéparcequegrâceàl’emprisedelasagesse,grâceausoutiendelaforcedonnéeparlafoi,labeautéapusortirdesmainshumainesetdelamatièreinforme.

Sansêtreforcémentappelésàconstruiredeséglises,sachonsque dans tous les domaines de la vie, nous avons à édifiercommechrétiens,unchantierdumêmetype.Ayonsdoncl’espritdes constructeurs de cathédrales pour construire des couples,des familles, éduquer nos enfants. Et continuons à nousaccrocheraussi,ouij’oseledire,àlaconstructiond’unesociétécivile plus juste et surtout plus intelligente, plus humaine etouverteàtous,avecdesdirigeantsquel’onpuisserespectersansêtrenécessairementtoujoursd’accordaveceux.

Ceuxqui ont commencé à construireNotre-DamedeParissavaient qu’ils ne verraient pas la fin de leur ouvrage… Ils sesont quand même mis au travail. Alors, allons-y, le Seigneurembauchejusqu’àlaonzièmeheure.

58.26edimanchedutempsordinaire.

59.MonseigneurPierreJOUNEL,Misseldudimanche,éd.Mame-Desclée,Paris2001,p.323.

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ImmaculéeConceptiondelaViergeMarie

Premièrelecture:Gn3,9…20Deuxièmelecture:Ep1,3-12

Évangile:Lc1,26-38

Lechoix faitpar l’Églisedecetévangilede l’annonciationpour célébrer l’Immaculée Conception de la Vierge Marie estdéjà lourd de sens. Il indique clairement la volonté de lier cemystère de la naissance de la Vierge à celle du Christ.L’anciennemesseavaitfaitlemêmechoix,maiscommepremièrelectureelleavaitchoisilechapitre8dulivredesProverbes.J’encitequelquesversets:«LeSeigneurm’aengendrée,prémicesdeses activités, prélude à ses œuvres anciennes (Pr 8,22) […]quand il affermit les cieuxmoi j’étais là, et quand il grava uncerclefaceàl’abîme(Pr8,27)[…]jefusmaîtred’œuvreàsoncôté(Pr8,30a).»

Cequeditl’auteurdelasagesseincrééedeDieu,ilauraitpuledireaussidelaParole.Orpourl’unecommepourl’autre,latraditionchrétiennea rassemblé leuractivitédans l’incarnationdelaParole-SagesseenJésusdeNazarethparl’intermédiairedeMarie. Et l’Église verra elle aussi, par voie de conséquence,l’incarnation de la sagesse en Marie. Et nous retrouvons làencorelelienaveclanaissancedeJésus.

La première lecture de la messe de Paul VI est certesdifférente,maisabordelaquestionautrementaveclalecturedeGenèse 3,9-20 : la désobéissance d’Adam et Ève que le

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christianisme interprétera, par saint Paul interposé, comme lepéchéoriginel,récitquisetermineparcequel’Égliseaappeléle protévangile, protos « premier », eu aggelion « BonneNouvelle»,nomdonnéàGenèse3,15:«Je[Dieu]mettraiunehostilitéentretoi[leserpent]etlafemme,entretonlignageetlesien,ilt’écraseralatêteettoitul’atteindrasautalon.»

Danslafemme,l’ÉglisecatholiqueavuaussiMariemèredeJésus, associée au Messie dans la tâche du salut del’humanité60.

Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) l’avaitadmirablementdéveloppédanssapremièrehomélieàlalouangedelaViergeMère:

«Ildit:l’angeGabrielfutenvoyéàlaVierge[…]tellequel’apôtreladécrit,sainte d’esprit et de corps (saint Bernard utilise ici un autremot latin queceluidesaintJérômedanslaVulgatepourtraduire«esprit»,lemotmensenlatin qui désigne la plus haute faculté de l’âme permettant l’union avecDieu)61.Ellen’apasétédécouvertetoutàcoupniparhasard,maischoisiedetouteéternité[…]quandDieuditauserpent“j’établiraiuneinimitiéentretoiet la femme”,quidonc tesemble-t-ila-t-ilprédit?Et tuhésitesencore,pensant que ce n’est pas de Marie qu’il a parlé ? Écoute la suite “ellet’écrasera la tête”. À qui cette victoire fut-elle réservée sinon à Marie ?Aucundoute,c’estellequiaécrasélatêtevenimeuse[…]62.»

Marie a donc été choisie de toute éternité. Lemessage duprotévangilemanifestepourBernardqu’elleestdansl’espritduSeigneurdèslacréationdumonde,danslecontenudeGenèse3et dans la Sagesse (Pr 8) comme l’exprime la tradition del’Église. Pourquoi ce choix de Marie ? Cela appartient aumystèredelaprédestinationdesélus.MaisBernardlèveuncoindu voile, utile pour ne pas commettre de contresens sur

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34edimanchedutempsordinaireLeChristRoidel’universPremièrelecture:Ez34,11…17Deuxièmelecture:1Co15,20…8Évangile:Mt25,31-46

PrésentationduSeigneurautemplePremièrelecture:Ml3,1-4Deuxièmelecture:He2,14-18Évangile:Lc2,22-40

SolennitédesaintJeanBaptistePremièrelecture:Is49,1-6Deuxièmelecture:Ac13,22-26Évangile:Lc1,57…80

SolennitésaintPierreetsaintPaulPremièrelecture:Ac12,1-11Deuxièmelecture:2Tm4,6…18Évangile:Mt16,13-19

LaTransfigurationduSeigneurPremièrelecture:Dn7,9…14Deuxièmelecture:2P1,16-19Évangile:Mt17,1-9

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AssomptiondelaViergeMariePremièrelecture:Ap11,9…12,10Deuxièmelecture:1Co15,20-27Évangile:Lc1,39-56

LacroixglorieusePremièrelecture:Nb21,4-9Deuxièmelecture:Ph2,6-11Évangile:Jn3,13-17

SolennitédetouslessaintsPremièrelecture:Ap7,2…14Deuxièmelecture:1Jn3,1-3Évangile:Mt5,1-12

TouslesfidèlesdéfuntsPremièrelecture:Ez47,1-12Deuxièmelecture:1Co3,9…17Évangile:Jn2,13-22

AnniversairedeladédicaceduLatranPremièrelecture:Ez47,1…12Deuxièmelecture:1Co3,9…17Évangile:Jn2,13-22

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ImmaculéeConceptiondelaViergeMariePremièrelecture:Gn3,9…20Deuxièmelecture:Ep1,3-12Évangile:Lc1,26-38

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Achevéd’imprimerparPulsio75018Paris

enoctobre2013

Dépôtlégal:octobre2013

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