SECTION CSST À l’écoute!

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| Prévention au travail | Printemps 2000 | 3 Ce n’est pas le projet SETI 1 , mais c’est tout aussi important pour la CSST. Chaque semaine, du lundi au vendredi, à la grandeur du Québec, des oreilles attentives sont rivées à leur casque téléphonique pour écouter. Pour VOUS écouter. Et, d’une certaine manière, faire œuvre de prévention. En répondant à vos questions, les 108 préposés aux renseignements de la Commission espèrent vous donner satis- faction, neutraliser la frustration bien normale qu’on peut éprouver quand on est mal servi. Les sept conseillers et conseillères aux relations avec les clientèles accomplissent, pour leur part, un travail encore plus difficile, mais ô combien nécessaire, c’est-à-dire recevoir, traiter les plaintes et désamorcer chaque fois que possible les situations de crise, analyser les besoins exprimés, donner la chance à l’interlocutrice ou à l’interlocuteur de s’expliquer, revoir tous les aspects de son dossier pour s’assurer qu’elle ou il a été traité avec équité. La souffrance morale, le désespoir, l’agressivité que peut ressentir une personne persuadée qu’elle a été traitée injustement, que sa situation est sans issue, transforment la communication en une zone minée. Pour la déminer, il faut d’abord écouter, remplacer la méfiance par la confiance, prendre le temps d’expliquer, donner à l’autre le temps de comprendre. On ne vous en dévoile pas plus. Le dossier de ce numéro est très explicite et expose même le parcours de deux plaintes. Outre la section de la RECHERCHE à l’IRSST, nous vous proposons deux excellents profils d’entreprises : l’Aluminerie ABI, de Bécancour, et Molson. Sans oublier une entrevue avec Gilles Le Beau, directeur général de l’Association pour la santé et la sécurité du travail, secteur des affaires sociales (ASSTSAS), la toute première ASP, née avant même l’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité du travail. L’ASSTSAS porte bien ses 20 ans, et elle a de quoi être fière de sa croissance, comme aussi de son dernier pari, porté par un ambitieux slogan : « Des personnes et du travail, un monde à transformer ». Adopté, à l’unanimité. 1 Search for Extra-Terrestrial Intelligence (recherche scientifique d’intelligences extraterrestres). À l’écoute ! Printemps 2000 | Volume 13, n o 2 Le magazine Prévention au travail est publié par les directions des communications de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et de l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail (IRSST). Président du conseil d’administration et chef de la direction de la CSST, et président de l’IRSST Trefflé Lacombe SECTION CSST Directeur des communications Pierre Benoit Rédactrice en chef Monique Legault Faucher Adjointe à la rédactrice en chef Suzanne Labrecque Secrétaire de rédaction Nicole Rivard Collaborateurs Danielle Brouard, Suzanne Cohen, Bernard La Mothe, François Messier, Jean-Sébastien Noiseux, Claire Pouliot, Guy Sabourin, Marc Tison, Lyse Tremblay Révision Translatex communications + et Lucie Duhamel SECTION IRSST Directeur général de l’IRSST Jean Yves Savoie Directrice des communications Françoise Cloutier Rédactrice en chef Marjolaine Thibeault Collaborateurs Mario Bélisle, Gil Jacques, Isabelle Labarre, Bernard La Mothe, Danielle Massé, Nicole Ménard, Uriel Poitras, Claire Thivierge Direction artistique et production Jean Frenette Design Validation des photographies et des illustrations Claude Bariteau, Laurent Desbois, Suzanne Dion, Chantal Leclair, Yvon Papin, Luc Schreiber, Charles Taschereau Photo de la page couverture David Arky / Stone Impression Imprimerie Canada inc. Comptabilité Christian Léonard Distribution Serge Fradette, Lyse Tremblay Abonnements Abonnement Québec 525, rue Louis-Pasteur Boucherville (Québec) J4B 8E7 Tél. 1 877 221 7046 © CSST-IRSST 2000 La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnée et qu’un exemplaire nous en soit adressé : CSST Direction des communications 1199, rue De Bleury, 11 e étage C. P. 6056 Succursale Centre-ville Montréal (Québec) H3C 4E1 Tél. (514) 864-7974 Téléc. (514) 873-3991 Site Web : www.csst.qc.ca IRSST 505, boulevard de Maisonneuve Ouest Montréal (Québec) H3A 3C2 Tél. (514) 288-1551 Téléc. (514) 288-7636 Site Web : www.irsst.qc.ca Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec ISSN 0840 7355 Prévention au travail Mot de la rédaction Mise en garde Les photos publiées dans Prévention au travail sont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail. Cependant nos lectrices et lecteurs comprendront qu’il peut être difficile, pour des raisons techniques, de représenter la situation idéale.

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| Prévention au travail | Printemps 2000 | 3

Ce n’est pas le projet SETI1, mais c’est tout aussi important pour la

CSST. Chaque semaine, du lundi au vendredi, à la grandeur du

Québec, des oreilles attentives sont rivées à leur casque téléphonique

pour écouter. Pour VOUS écouter. Et, d’une certaine manière, faire

œuvre de prévention. En répondant à vos questions, les 108 préposés

aux renseignements de la Commission espèrent vous donner satis-

faction, neutraliser la frustration bien normale qu’on peut éprouver

quand on est mal servi.

Les sept conseillers et conseillères aux relations avec les clientèles

accomplissent, pour leur part, un travail encore plus difficile, mais

ô combien nécessaire, c’est-à-dire recevoir, traiter les plaintes et

désamorcer chaque fois que possible les situations de crise, analyser

les besoins exprimés, donner la chance à l’interlocutrice ou à

l’interlocuteur de s’expliquer, revoir tous les aspects de son dossier

pour s’assurer qu’elle ou il a été traité avec équité. La souffrance

morale, le désespoir, l’agressivité que peut ressentir une personne

persuadée qu’elle a été traitée injustement, que sa situation est

sans issue, transforment la communication en une zone minée. Pour

la déminer, il faut d’abord écouter, remplacer la méfiance par la

confiance, prendre le temps d’expliquer, donner à l’autre le temps de

comprendre. On ne vous en dévoile pas plus. Le dossier de ce numéro

est très explicite et expose même le parcours de deux plaintes.

Outre la section de la RECHERCHE à l’IRSST, nous vous proposons

deux excellents profils d’entreprises : l’Aluminerie ABI, de Bécancour,

et Molson. Sans oublier une entrevue avec Gilles Le Beau, directeur

général de l’Association pour la santé et la sécurité du travail,

secteur des affaires sociales (ASSTSAS), la toute première ASP, née

avant même l’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité du travail.

L’ASSTSAS porte bien ses 20 ans, et elle a de quoi être fière de sa

croissance, comme aussi de son dernier pari, porté par un ambitieux

slogan : « Des personnes et du travail, un monde à transformer ».

Adopté, à l’unanimité.

1 Search for Extra-Terrestrial Intelligence (recherche scientifique d’intelligences extraterrestres).

À l’écoute !

Printemps 2000 | Volume 13, no 2

Le magazine Prévention au travail est publié par les directions des communications de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et de l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail (IRSST).

Président du conseil d’administrationet chef de la direction de la CSST,et président de l’IRSSTTrefflé Lacombe

SECTION CSSTDirecteur des communicationsPierre Benoit

Rédactrice en chefMonique Legault Faucher

Adjointe à la rédactrice en chefSuzanne Labrecque

Secrétaire de rédactionNicole Rivard

CollaborateursDanielle Brouard, Suzanne Cohen, Bernard La Mothe, François Messier, Jean-Sébastien Noiseux, Claire Pouliot, Guy Sabourin, Marc Tison, Lyse Tremblay

RévisionTranslatex communications + et Lucie Duhamel

SECTION IRSSTDirecteur général de l’IRSSTJean Yves Savoie

Directrice des communications Françoise Cloutier

Rédactrice en chefMarjolaine Thibeault

CollaborateursMario Bélisle, Gil Jacques, Isabelle Labarre, Bernard La Mothe, Danielle Massé, Nicole Ménard,Uriel Poitras, Claire Thivierge

Direction artistique et productionJean Frenette Design

Validation des photographies et des illustrationsClaude Bariteau, Laurent Desbois, Suzanne Dion, Chantal Leclair, Yvon Papin, Luc Schreiber, Charles Taschereau

Photo de la page couvertureDavid Arky /Stone

ImpressionImprimerie Canada inc.

ComptabilitéChristian Léonard

DistributionSerge Fradette, Lyse Tremblay

AbonnementsAbonnement Québec525, rue Louis-PasteurBoucherville (Québec) J4B 8E7Tél. 1 877 221 7046

© CSST-IRSST 2000La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé :

CSSTDirection des communications1199, rue De Bleury, 11e étageC. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. (514) 864-7974Téléc. (514) 873-3991Site Web : www.csst.qc.ca

IRSST505, boulevard de Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. (514) 288-1551Téléc. (514) 288-7636Site Web : www.irsst.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecISSN 0840 7355

Préventionau travail

M o t d e l a r é d a c t i o n

Mise en gardeLes photos publiées dans Prévention au travailsont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail.Cependant nos lectrices et lecteurs comprendrontqu’il peut être difficile, pour des raisons techniques, de représenter la situation idéale.

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Délimitation d’un chantierde construction et identi-fication du maître d’œuvreDC 200-16155

Brochure, 21,75 cm x 28 cm 28 pages

Ce guide vise à répondre auxprincipales questions concer-nant l a dé l imi ta t ion d’unchantier de construction et l ’ident i f ica tion du maî t re d’œuvre. Il permet d’identi-fier celui qui est responsabled’assurer la santé, la sécurité et l’intégrité physique des tra-vailleurs sur le chantier.

Planification des mesuresd’urgence pour assurer lasécurité des travailleurs –Guide d’élaboration d’unplan de mesures d’urgenceà l’intention de l’industrieDC 200-16265

Brochure, 21,75 cm x 28 cm 84 pagesCe guide traite uniquement desmesures à prendre pour pro-téger les travailleurs. Il faitréférence à l’approche présen-tée dans la norme CAN/CSA-Z731-05 – Planification desmesures d’urgence pour l’idus-trie. Il s’adresse aux industriesqui utilisent ou transformentdes matières pouvant présenterdes risques particuliers en casd’incendie ou se répandre sousforme de gaz, de poussière oude brouillard toxiques dans lemilieu de travail de même quedans l’environnement.

Le commerce électroniqueProduits et servicesDC 100-334

Fiche, 22 cm x 29 cmCette fiche énumère les pro-duits et services du commerceélectronique (le Portrait del’employeur, le Portrait du tra -vailleur, le Relevé à la moyenneet à la grande entreprise et leTransfert de fichiers) ainsi queses services complémentaires(la messagerie électronique,l ’Avis de l’employeur et de -mande de remboursement , l’Attestation médicale , le guideet le simulateur de calcul del’indemnité de remplacementdu revenu).

Les souris dansent avec la Gestion branchéeDC 900-360

Dépliant avec pochette 17,75 cm x 22,75

Ce dépliant présente la Ges-tion branchée, le service de commerce électronique de la CSST, ainsi que les avantagesque procure ce réseau de type « extranet » pour la gestion dudossier de santé et de sécurité du travail d’une entreprise. Lapochette, qui constitue l’un desvolets du dépliant, contient unesérie de six fiches (DC 100-326à DC 100-331) expliquant cha-cun des produits et services offerts ainsi que deux fiches thématiques (DC 100-332 et333), l’une portant sur l’équi-pement et l’autre sur la tarifi-cation.

Le relevé à la moyenne et à la grande entrepriseoffert en un trio !DC 200-421 (français) et DC 200-421A (anglais)Brochure, 13,75 cm x 21 cm12 pages

S’adressant aux employeurs de la moyenne et de la grandeentreprise, cette brochure, com-munément appelée le Trio,présente trois documents conte-nant des données essentielles à la gestion d’un dossier desanté et de sécurité du travail :le Relevé des sommes impu-tées à votre dossier, le Tableaucumulatif des sommes versées et des sommes imputées et l’his-togramme intitulé Évolution des sommes imputées à votredossier.

Déclaration des salaires 1999-2000

Guide simplifiéDC 100-314-3 (français) et DC 100-314-3A (anglais)Brochure, 13,75 cm x 21 cm 28 pages

Guide détailléDC 200-415-4 (français) et DC 200-415-4A (anglais)Brochure, 13,75 cm x 21 cm 36 pagesCes brochures expliquent auxemployeurs comment remplir le formulaire Déclaration dessalaires 1999-2000 et fournitdes renseignements sur la pro-tection personnelle et la protec-tion des travailleurs bénévoles.On y trouve également le for-mulaire Demande de protectiondes travailleurs bénévoles 2000 .

Table des indemnités de remplacement du revenu – Janvier 2000DC 200-6230-8

Brochure, 13,5 cm x 17,5 cm40 pages On y présente, sous forme de tableaux, les différentes in-demnités de remplacement durevenu auxquelles a droit unetravailleuse ou un travailleurayant subi un accident du tra-vail ou ayant contracté unemaladie professionnelle. Lesindemnités sont calculées entenant compte du revenu brutde la personne et de sa situa-tion familiale.

Ne tombez pas dans ce piège – Faites la lumièresur les dangers des espaces closDC 100-1114-2

Dépliant , 21,5 cm x 9,5 cm3 volets

DC 900-973

Affiche, 60 cm x 46 cm Le dépliant et l’affiche signa-lent l’impact des accidents survenant dans les espaces clos, plus particulièrement dansle secteur de l’agriculture.

DC 300-414

Brochure, 15 cm x 24 cm30 pages Ce document passe en revue les principaux dangers présentsdans les espaces clos en agricul-ture, les circonstances qui sontsouvent à l’origine des accidentset les principales mesures deprévention à adopter.

Vous pouvez vous procurer cesdocuments au bureau de laCSST de votre région. O

Danielle Brouard et Lyse Tremblay

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Vient de paraître à la CSST

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C’est le printemps ! Partout, on en profite pour enjoliver l’environnement.Arbres le long des rues, fleurs et arbustes dans les parcs et les lieux publics…

À Montréal, notamment, les jardinières comme Myriam et Luce ne chôment pas ! Aujourd’hui, elles doivent planter une série d’arbres le long d’une rue.

Ayant commencé tôt, elles n’en sont pas à leur première… ni à leur dernière plantation. Toutefois, on ne donne pas cher de leur dos, si elles

continuent à travailler dans ces conditions ! Savez-vous pourquoi ? Si vous regardez attentivement, vous trouverez sans doute les erreurs

délibérément commises aux fins de cette mise en scène.

La plantation d’arbresPh

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Cherchez l’erreur

Simulation

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délimité une zone de sécurité autour de leur aire de travail.

Pendant les travaux, les deux jar-dinières portent des lunettes qui pro-tègent leurs yeux, non seulement despoussières, mais aussi des branches.

Le transport des outilsLes outils sont transportés dans unebrouette et ceux qui ne servent pas ysont rangés pendant toute la durée destravaux. C’est ce qu’on appelle « éli-miner le danger à la source »… et l’enlever du chemin !

Les corrections

Myriam et Luce ont toutes deux plu-sieurs années d’expérience dans leur do-maine. Habituées à travailler ensemble,elles savent comment s’y prendre pourplanter des arbres sans se blesser.

Pas question, en tout cas, de com-mencer le boulot sans leur équipementde protection individuelle : casque desécurité, bottes à embout d’acier et dossard réglementaire lorsque les tra-vaux ont lieu en bordure de la route. Sitel est le cas, elles auront également

Des méthodes de travail ergonomiquesPelleter sans se défaire la colonne ver-tébrale, c’est possible ! Tout d’abord,l’outil. La pelle doit être adaptée à latâche et à la taille de l’utilisateur.

Ensuite, un principe de base fortsimple : toujours se placer de façon àgarder le dos le plus droit possible.Luce et Myriam nous montrent com-ment.

Myriam enfonce la pelle en poussantavec le pied. Puis elle ramasse la terreen sollicitant les muscles de ses jambes,ce qui l’incite à moins fléchir le tronc.Elle évite de prendre une pelletée troplourde et, si nécessaire, elle utilise songenou comme point d’appui et lève lacharge avec la jambe.

Luce, elle, prend une position qui luipermet de rejeter la pelletée de terre devant elle, ou dans un angle appro-prié, sans torsion du tronc.

Luce et Myriam ont choisi le métierde jardinière parce qu’elles aiment travailler au grand air, et que l’effortphysique ne les rebute pas… Bien aucontraire. Penser ergonomie, c’est,selon elles, mettre toutes les chances de leur côté pour l’exercer encorelongtemps ! O

Claire Pouliot

Les erreurs

Luce transporte une charge d’outils bien trop lourde pour elle. Il y a certainement des façons de faire moins éprouvantes !

Myriam s’est attaquée à la terre à grands coups de pelle. Allez, hop! Flexiondu tronc et… torsion pour rejeter la pelletée derrière elle. Cette manière de forcer accroît les risques de blessures au dos, aux bras et aux épaules.

Des chaussures de sport, pas de casque de sécurité… Et la protection personnelle, alors ?

Des déchets, des outils coupants et un râteau à la renverse encombrent l’espace de travail et de circulation. Une chute avec ça ?

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Merci à nos colllaborateurs : Edgardo Zamorado,contremaître pour la Ville de Montréal, le Syn-dicat des cols bleus, tout spécialement RobertMorin, président, Gilles Lefebvre, représen-tant à la prévention et Robert Gabriel, repré-sentant syndical dans l’arrondissement de P o i n t e - a u x - T r e m b l e s ; à nos comédiennes : Luce Langlois et Myriam Videlle, jardinières à la Ville de Montréal.

Nos personnes-ressources : Yvon Papin, de laDirection de la prévention-inspection, ChantalLeclair, ergonome, et Alain Perreault, inspecteurà la Direction régionale d’Île-de-Montréal – 3,tous trois de la CSST.

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Par Suzanne Cohen

La personne,La personne,au cœur du travail

de la Direction des relations

avec les clientèles

au cœur du travail de la Direction

des relations avec les clientèles

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« A u co n t r a ir e ! s ’ e x-clame avec conviction Lise Tremblay,directrice de la DRC. Ici, nous voyonsles plaintes d’un œil très positif. Ellessont une occasion que nous donne leclient d’améliorer les services de laCommission. »

Même son de cloche chez les conseil-lers de cette direction, en contact di-rect avec les clients. Hélène Lavallée, conseillère à la DRC, explique : « Lesplaintes doivent être considérées commeun moyen qui nous permet de rendre le service de la CSST hors pair. Pournous, c’est une nouvelle attitude à acquérir, une approche d’écoute et d’ou-verture à adopter. »

Le personnel de la DRC compte notamment sept conseillers triés sur levolet. Ils sont tous empathiques et prêts à écouter sans juger. De plus, ilsdoivent avoir des aptitudes en rela-tion d’aide, connaître le régime de laCSST sur le bout de leurs doigts, etavoir beaucoup de ressources. Un cons-tat qui en étonnera peut-être : ils sontheureux de faire ce genre de travail.Lise Tremblay précise : « Il est indis-pensable que ces personnes aient unexcellent équilibre psychologique, carrecevoir des plaintes n’est pas tou-jours facile, sur le plan émotif. Lesconseillers ont souvent affaire à despersonnes qui acceptent difficilementles séquelles et les conséquences deleur lésion professionnelle, qui sont atterrées de ne plus pouvoir occuperleur emploi et qui éprouvent des dou-leurs chroniques ayant des répercus-sions négatives sur leur vie familiale et sociale. Elles sont, par conséquent,parfois déprimées, agressives et même,à l’occasion, suicidaires. »

Partir du clientAu fait, en quoi consiste le travail desconseillers auprès des clients ? LiseTremblay répond : « Le mandat de laDRC est de recevoir et de traiter les

plaintes en provenance, essentielle-ment, de travailleurs insatisfaits desréponses obtenues ou des positionsprises à leur égard par diverses unitésadministratives de la Commission.Ceux-ci se plaignent directement, defaçon verbale ou écrite, ou encore parl’intermédiaire d’un représentant, deleur député, voire de la ministre du Travail. Nous avons pour objectif denous assurer que tous reçoivent untraitement équitable, en d’autres mots,qu’il bénéficient de tous les services offerts par le régime de santé et desécurité du travail, compte tenu desparticularités de leur situation. Danstoutes nos interventions, nous veillonsà éviter les contradictions pouvant setraduire par un traitement des de-mandes qui varierait selon les clients et les conseillers.

« Plutôt que de partir de la loi, nouspartons du client, de ses besoins et deses attentes. Et nous cherchons com-ment nous pouvons donner suite à sesdemandes. Quand, par contre, sa plainteconcerne une position qui doit êtremaintenue, il devient primordial debien lui expliquer les motifs qui sous-tendent le point de vue de la CSST, et de lui indiquer, le cas échéant, les recours possibles. »

Hélène Lavallée, qui a une longueexpérience du traitement des plaintes,est bien placée pour témoigner : « Sou-vent, les gens ne comprennent pas du

Les plaintes ?L’occasion d’améliorer le service !

À la CSST, une des activités principales de la Direction des relations avec les clientèles (DRC), de la Vice-présidenceaux relations avec les clientèles et les partenaires (VPRCP),

est la gestion des plaintes. Voilà un mandat qui peut paraître, à première vue, bien ingrat…

Hélène Lavallée

Lise Tremblay

Page 7: SECTION CSST À l’écoute!

premier coup les explications qu’ils ont reçues. Il ne leur est pas toujoursfacile d’accepter le fait que leurs attentes n’étaient pas justifiées. Nousestimons indispensable de dissiper lemalaise en leur accordant le temps etl’attention nécessaires pour donnertoute l’information utile. »

Parfois, la demande a été refusée par la direction régionale parce que letravailleur n’a pas fourni tous les élé-ments permettant l’analyse de sond o s s i e r : la Commission n’avait doncpas en main tout ce dont elle avait besoin pour prendre une décision po-sitive. À ce sujet, Lise Tremblay fait remarquer que « de temps à autre, cer-taines personnes ont de la difficulté àformuler leur demande. Nous leur don-nons une deuxième chance de s’expli-quer et nous les aidons à cerner la causede leur insatisfaction. Nous essayonségalement de voir si elles ont raisond’être insatisfaites, et si leur dossier aurait pu être traité différemment » .Hélène Lavallée ajoute : « Dans notremétier, c’est une excellente qualité àexploiter que d’être curieux, et d’ap-prendre à poser les bonnes questions. »

Les conseillers qui traitent lesplaintes ne songent en aucun cas àremettre en question le travail de leurscollègues des autres directions. Il s’agitplutôt, pour eux, de revoir le dossieravec un regard neuf, avec un recul que ne permet pas toujours la pressiondu travail quotidien dans les direc-tions ayant procédé à leur évaluation

première. Ces conseillers voient, avanttout, à susciter la réflexion, à établir undialogue avec les unités administrativesvisées par la plainte, et à les aider àfaire valoir la créativité, individuelle etcollective, dans la recherche de solu-tions, en particulier quand un problèmesemble sans issue ou quand il s’agitd’un cas d’exception pour lequel iln’existe pas de solutions évidentes.

Dans le respectFait important : les unités adminis-tratives qui ont pris les décisions ini-tiales demeurent décisionnelles en tout

temps. Mm e Lavallée résume bien la situation : « Nous essayons de renouerle lien de confiance qui a pu s’effriterentre le client et l’unité visée. C’estcette dernière qui a le dernier mot, quifait preuve d’ouverture en prenant lapeine de revoir ses positions et de trouver de nouvelles solutions. C’estpourquoi nous nous faisons un pointd’honneur de valoriser son travailauprès de la clientèle. Le respect, unprincipe d’action primordial pour nous,s’étend donc autant aux individusqu’aux compétences décisionnelles. »

La conseillère poursuit : « Notre rôleconsiste donc non seulement à don-ner le meilleur service à la clientèle,mais aussi à préserver l’image de compétence et de professionnalisme de la CSST. » Et Lise Tremblay de conclure : « Les plaintes doivent égale-ment servir de baromètre. La sociétéchange. Toutes sortes de situations nouvelles, peu évidentes au moment oùla loi a été adoptée, comme la violenceau travail et le cumul des emplois, segénéralisent maintenant. Dans ce con-texte, la rétroaction prend toute son importance. Par conséquent, il nousfaut compiler les données relatives auxplaintes afin d’être en mesure de lesanalyser et de dégager des tendances.Cette démarche nous permettra d’êtreproactifs et de formuler des recom-mandations pour qu’à l’avenir, nouspuissions tenir compte de ces nouveauxphénomènes de société. » O

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Le cheminement de deux plaintes,de A à ZConcrètement, comment s’y prend-on, à la CSST, pourtraiter une plainte ? Les deux exemples que voici donnentun bon aperçu des démarches couramment entreprisespar les conseillers de la Direction des relations avec les clientèles (DRC) — Vice-présidence aux relationsavec les clientèles et les partenaires — en vue de trouverdes solutions à des situations a priori insolubles. Au-delà de la simplicité apparente de ces démarches, force est de reconnaître les exigences d’ouverture et les effortsinvestis pour garder le lien de confiance avec le client.

L’ hi st o ir e se passe en ré-gion. Un homme fai t une chute

dans l’entrepôt où il tra-vaille, en mettant

m a l e n c o n t r e u -sement le pieddans un t r ou. Il consulte, lajournée même,un orthopédiste.Ce dernier faitun premier diag-nostic de luxa-tion de la rotule,

et prescri t destraitements de phy-

siothérapie ainsi que le port d’une or-thèse. Grâce à cette orthèse, l’employépeut continuer à travailler.

Quelques semaines plus tard, le tra-vailleur informe la direction régionalede la CSST, celle dont il dépend, qu’ila subi une opération chirurgicale visantà réparer une déchirure du ligamentcroisé antérieur de son genou droit.Après avoir analysé la situation, laCSST, qui ne s’était pas encore pro-noncée sur l’admissibilité de sa de-mande d’indemnisation, la refuse.

Motif allégué : la chute, anodine, ne peut avoir

provoqué une te lledéchirure. Le travail-leur, soutenu par sonsyndicat, conteste ladécision à la révisionadministrative. Privéde revenus, déses-péré, il menace dese suicider.

Au secours !Inquiète, la mère du t r avai l leurs’adresse à un attaché politique et lui demande d’aider son fils.L’attaché communique avecune conseillère de la DRC etlui demande d’intervenir et de le tenir au courant de la suite des événements. Laconseillère l’informe qu’elleétudiera le dossier mais que,conformément à la Loi surl’accès aux documents desorganismes publics et sur laprotection des renseigne -ments personnels , il lui faudral’autorisation du travailleur avant de divulguer toute information concer-nant ce dossier.

La conseillère communique ensuiteavec le travailleur qui se montre par-ticulièrement agressif. Compte tenu des délais occasionnés par la situa-tion et du fait qu’il n’a plus de revenus,il lui annonce qu’il a l’intention d’allerraconter son histoire aux médias. Laconseillère prend le temps de l’écouterpendant plus d’une heure, et elle tentede désamorcer la crise. Comme le man-dat de la DRC est de s’assurer queles clients sont traités en touteéquité, la conseillère l’informequ’elle va faire une étude ap-profondie de son dossier. Ellel’informe que la DRC n’atoutefois pas de pouvoir déci-sionnel. Elle lui reconnaît ledroit de rendre son histoirepublique, mais elle lui faitremarquer que la Direc-tion des relations avec lesclientèles n’a pas terminé

l’étude de son dossier, puisqu’elle va le revoir. Enfin, elle le rassure et luipromet qu’il sera informé de la pro-gression des démarches.

Après plusieurs échanges avec la direction régionale et constatant quecette dernière n’est toujours pas convain-cue du bien-fondé de la demande d’in-demnisation, la conseillère suggère, pourdénouer l’impasse, de solliciter l’opi-nion d’un spécialiste du genou. Si l’avisdu médecin s’avérait favorable au client,la direction régionale serait d’accordpour revoir sa décision et pour fournirtoutes les explications nécessaires àl’employeur. La conseillère informe letravailleur des démarches en cours, etelle fait de même avec l’attaché poli-tique. Ce dernier, dans l’intervalle, lui

a fait parvenir une autorisation de divulgation de renseignementssignée par le travailleur.

Après un examen cliniquedu travailleur et une analyse dé-taillée du dossier, le médecinspécialiste en arrive à la conclu-sion qu’il est fort probable quela lésion ait été occasionnéepar la chute en question,même si celle-ci a pu paraître

anodine, à première vue. Ladécision est donc révisée, et la

demande d’indemnisation acceptée. La direction régionale en informe letravailleur et l’employeur, pendant quela conseillère transmet la nouvelle àl’attaché politique.

« Dites, pourquoi j’ai moins que Gaston ? »Un travailleur se plaint à la DRC parce que la CSST refuse de recon-naître son « invalidité », c’est le motqu’il emploie, à la suite d’un accidentdu travail survenu sept ans plus tôt.

Il affirme également ne pas com-prendre pourquoi ses indemnités

ne sont pas aussi élevées quecelles de certains de ses col-lègues qui travaillaient dans lemême secteur.

Au moment de l’accident,l’homme avait subi une bles-sure au dos. La lésion avaitcausé des séquelles perma-nentes assez importantes, né-cessitant une démarche deréadaptation, laquelle a abouti

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Clientèles autochtonesDaniel Carignan, responsable de cedossier, explique en quoi consiste sontravail : « Au même titre que mes ho-mologues d’autres ministères, je tra-vaille à favoriser une compréhensionmutuelle et un dialogue avec les com-munautés autochtones. À la CSST,cette clientèle est peu nombreuse.Ainsi, dans l’Enquête auprès des peu-ples autochtones de 1991, faite par Statistique Canada, 1165 personnes ont déclaré avoir reçu des indemnitéspour un accident du travail. On peutfacilement doubler ce nombre, puisque

à la détermination d’un emploi conve-nant à sa nouvelle situation (emploiconvenable). Depuis le printemps 1999,il recevait des indemnités correspon-dant à la différence entre son salaire au moment de l’accident, et celui qu’il aurait pu tirer de l’emploi conve-nable.

La conseillère informe le travail-leur qu’elle fera une analyse détaillée du dossier. Mais ni l’analyse ni leséchanges avec la direction régionale nefont ressortir d’élément permettant deconclure à l’incapacité de ce dernier à occuper un emploi. Elle téléphone au travailleur et lui explique clairementles raisons pour lesquelles la posi-tion de la CSST doit être maintenue.L’homme comprend, puis il revient à la charge sur un autre aspect de sondossier. Il se plaint à nouveau du montant de ses indemnités et du fait

qu’il a le sentiment de nepas être traité équita-

blement par rapport à ses confrères tra-vaillant dans le mêmesecteur.

Une vérification desa base salariale est effectuée. En scrutant

les différents docu-ments ayant servi aucalcul de la base sala-

riale, on constate que,sur le relevé des salaires fourni parl’employeur, ce dernier a déjà fait, de façon exceptionnelle, le calcul du« 90% du salaire net ». La conseillèrecompare ce calcul à celui de l’inter-venant en région, et elle s’aperçoit quece dernier a calculé 90% du salaire ap-paraissant sur le relevé de l’employeur,persuadé qu’il s’agissait du salaire brut, comme c’est habituellement le cas.Informée, la direction régionale dontdépend le travailleur rectifie la situation,et lui verse un montant rétroactif, enplus d’ajuster à la hausse l’indemnité réduite de remplacement du revenu àlaquelle il a droit.

Évidemment, les histoires ne se ter-minent pas toujours à la satisfaction totale du client ou de la cliente. Il arriveque, après une étude attentive du dossieret des revendications du travailleur oude la travailleuse, la décision doit êtremaintenue. Dans un tel cas, la DRC etla direction régionale s’assureront que la personne comprend pourquoi il nepeut en être autrement. O

plusieurs communautés n’ont pas par-ticipé à l’enquête et que le quart des autochtones du Québec vivent en de-hors des réserves. Ce qui représente unp o u r cent des demandes d’indemni-sation faites à la CSST. Ces personnestravaillent principalement dans les sec-teurs de l’exploitation forestière etminière, et dans ceux de la constructionet des services.

« Notre première initiative a consistéà cartographier les réserves indienneset à les situer par rapport aux 21 direc-tions régionales de la CSST, la majoritédes réserves étant situées dans les

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Une attention particulièreà des clientèles spécialesÀ l’instar d’autres ministères et organismes gouvernementaux,la CSST a la responsabilité d’accorder une attention particulière aux clientèles féminines, autochtones, ou issues de l’immigration,afin de s’assurer que celles-ci reçoivent des services équitables.Les trois dossiers appartiennent à la Direction des relations avec les clientèles (DRC) de la Vice-présidence aux relations avec les clientèles et les partenaires.

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Carmen Sabag-Vaillancourt,en pleine discussion avec

Jean-Marc Champoux,directeur général

de Préventex-Association paritaire du textile. De dos,

à gauche, Johanne Dubuc,secrétaire, et à droite, Claudia

Antoniecchia, stagiaire.

par des non-autochtones blancs, pourdes Blancs, et que nous avons de la difficulté quand vient le temps de lesappliquer à une réalité si complexe.

« Auparavant, les directions régio-nales étaient laissées à elles-mêmes en ce qui a trait aux relations avec lesautochtones. Aujourd’hui, elles ont l’oc-casion d’améliorer leur expertise grâceà des échanges portant sur les expé-riences de chacune. Mon rôle consiste à encourager ces échanges. »

Condition féminineCarmen Sabag-Vaillancourt, respon-sable de ce dossier à la DRC, donne un aperçu des actions de la CSST envue d’améliorer, sur les plans de lasanté et de la sécurité, la situation desfemmes en milieu de travail : « Il y aune volonté gouvernementale de re-connaître que les conditions de travaildes femmes sont caractérisées par uneréalité différente, et d’agir pour éli-miner les inégalités constatées.

« Les programmes de santé et desécurité ne répondent pas nécessai-rement aux besoins de celles qui ontdes emplois dans des secteurs tradi-tionnellement féminins comme les services sociaux, l’éducation et la coiffure, et qui sont plus souvent vic-times de maladies professionnelles que d’accidents.

« Les statistiques montrent que 8 5 % des femmes travaillent dans des secteurs d’emploi non réglementésen matière de santé et de sécurité du travail, et que 30 % sont au ser-vice d’entreprises comptant moins de20 employés, donc, non assujetties auxmécanismes de prévention prévus dansla Loi sur la santé et la sécurité du travail. Ces statistiques nous amènent

régions de l’Abitibi–Témiscamingue et de la Côte-Nord. L’exercice nous apermis de constater qu’une direc-tion régionale devait desservir plus de 25 communautés aux cultures différentes les unes des autres et différentes, aussi, de la nôtre. L’assu-rance, par exemple, ne fait pas néces-sairement partie du mode de vie de tous les autochtones. Dans ce contexte,il n’est pas facile de les convaincre de l’utilité des cotisations à la Com-mission. Et comment faire comprendreà ceux qui acceptent la notion d’assu-rance que les cotisations constituent une prime à payer et non une taxe ?Comment détermine-t-on les indem-nités à verser à un autochtone lorsqu’ilne paie pas d’impôt ? Il est évident,aussi, que nos lois ont été conçues

à constater qu’elles sont insuffisam-ment protégées dans l’exercice de leurmétier ou de leur profession.

« La CSST a par conséquent prisl’engagement auprès du gouvernementdu Québec (Plan d’action 1997-2000pour toutes les Québécoises) de contri-buer à l’élimination à la source des dangers pour la santé et la sécurité des travailleuses dans certains secteursd’activité. Pour ce faire, nous avonsélaboré divers projets concrets. Le pre-mier, réalisé en collaboration avecl’Association pour la santé et la sécu-rité du travail, secteur des affaires so-ciales (ASSTSAS), consiste en unecampagne de sensibilisation visant àfaire des centres de la petite enfance un milieu sain et sécuritaire pour lestravailleuses.

« Le deuxième projet, réalisé avec le concours de l’Association secto-rielle paritaire – Affaires municipales (APSAM), porte sur la prévention deslésions professionnelles dans les biblio-thèques, lésions attribuables aux mou-vements répétitifs dus à la manipulationdes livres.

« Quant aux trois autres projets, ilsvisent des secteurs d’activité non tradi-tionnels qu’il est possible de rendresécuritaires pour les femmes en fai-sant appel à de nouvelles méthodes de travail, lesquelles profitent aussi aux hommes : ce sont les secteurs de la mécanique automobile et du débos-selage (projet mené de concert avecl’ASP – Auto prévention), de la cons-truction, et des techniques ambu-lancières. Les études indiquent, parailleurs, que l’arrivée de femmes dansdes secteurs d’emploi traditionnelle-ment masculins facilite l’adoption deméthodes de travail sûres1.

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Le travail de Daniel Carignan ?Favoriser, au même titre que seshomologues d’autres ministères,une compréhension mutuelle et un dialogue avec les communautésa u t o c h t o n e s .

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« Quand tous ces projets auront étéréalisés, nous espérons constater unediminution du nombre de maladies pro-fessionnelles et d’accidents dans lesmilieux ciblés, et une prise en charge,par eux, du dossier de la santé et de lasécurité. »

En novembre 1999, dans le cadre ducolloque « Zoom sur les femmes et lesmétiers non traditionnels »2, tenu enmarge du 35e Mondial des métiers, Juliette P. Bailly, vice-présidente aux relations avec les clientèles et les partenaires à la CSST, a rappelé auxcongressistes que la contribution desfemmes a permis d’améliorer, et parfoisde façon remarquable, les conditions detravail de tout le monde, hommes etfemmes. Et le meilleur est à venir, si la bonne volonté de toutes les partiespersiste.

Clientèles issues de l’immigrationCarmen Sabag-Vaillancourt, égale-ment responsable de ce dossier, résume en quoi consistent les travaux de laCSST : « La Commission a élaboré un plan d’action pour offrir, en colla-boration avec les régions, des ser-vices adaptés aux besoins de clientèles cibles issues de l’immigration, dont lenombre ira en croissant au cours desprochaines années.

« Nous avons aussi préparé un ré-pertoire des organismes non gouverne-mentaux (ONG) d’aide à l’insertion àl’emploi des immigrants. Nous avonségalement mis en place un comité dontles membres proviennent de la CSST et de représentants de ces organismes.Ce comité a pour objectifs, d’une part,d’examiner les problèmes des travail-leurs issus de l’immigration dans uneoptique de santé et de sécurité au travail et, d’autre part, de cerner les besoins de la Commission et des orga-nismes en vue d’améliorer les servicesà ces clientèles, ainsi que les moyenspour répondre à leurs besoins.

« Nous avons de plus organisé unesession d’information sur le régime de santé et de sécurité du travail à l’intention des membres du comitéCSST-ONG. Et, depuis 1995, la Com-mission propose diverses activités dansle cadre de la Semaine québécoise dela citoyenneté. » O

Ils sont dispersés dans les21 directions régionales de la CSST etrivés du matin au soir à leur casquetéléphonique, ou en service à l’accueil.Ils accomplissent tous dans l’ombre un travail important, parfois délicat, qui ne souffre pas trente secondes d’inattention. Ils ont emmagasiné unemasse inouïe de renseignements sur les rouages de la Commission et lessept lois qu’elle est chargée de faire respecter. Ils se tiennent au courant de tous les changements susceptiblesd’avoir des répercussions sur l’admi-nistration du régime québécois de santéet de sécurité du travail : modificationsaux programmes sociaux, virement au-tomatique des prestations, émission derelevés d’impôts, modification de latarification, etc.

Toutes et tous ont aussi l’obligation,en tout temps, de faire preuve de cour-toisie, d’accessibilité, de réceptivité,d’empathie et de fiabilité dans l’exer-cice de leur fonction car, aux yeux dupublic, ils sont la CSST.

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Les préposés aux renseignements

Quelle expression pourrait le mieux rendre compte du travail des 108 préposés et préposées aux renseignements de la CSST qui répondent, chaque année, à plus de 2 500 000 appels ?À vous de cocher, après lecture…

1 Voir notre numéro spécial « Femmes au tra-vail ! », vol. 12, no 3, été 1999.

2 Deux reportages seront publiés sur ces événe-ments, dans notre numéro de l’été 2000.

Berthe Provencher a tissé un vasteréseau d’informateurs qui l’alimen-tent quotidiennement. À son tour, elle « nourrit » les préposés aux renseignements et leurs gestionnaires.

❏ Les as de la réponse

❏ Les diplomates du tout-savoir

❏ Les acrobates de l’information

Berthe Provencher, responsable dusoutien aux préposés aux renseigne-ments, à la DRC, décrit ainsi le travailde ces employés : « Ils sont là pourrépondre à une foule de questions trèsvariées et pour donner le maximumd’information, de façon à éviter les renvois d’appel vers d’autres interlo-cuteurs. Ce qui me fascine chez cesp r é p o s é s ? C’est leur détermination à bien servir la clientèle, la percep-tion qu’ils ont de leur rôle. On diraitpresque une vocation ! »

Information : un réseau « branché »Pour remplir leur rôle, les préposéspeuvent compter sur les services de laDRC, à la fois pour le volet informa-tion et pour celui de la formation. Il esten effet essentiel que ces personnespossèdent les bons renseignementspour fournir des réponses correctes auxclients. « Nous voulons, et c’est pour

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Formation : un gage de qualitéDepuis novembre 1999, les nouveauxpréposés aux renseignements suiventdes sessions de formation à la tâche enbonne et due forme d’une durée de cinqsemaines, dont trois de cours et deuxde stage. Ces sessions, conçues et ani-mées par Denise St-Amour et KatiaPaladin, portent autant sur les attitudesque sur les habiletés et les connais-sances à acquérir. L’utilisation des outils informatiques a été intégrée à la méthode d’apprentissage.

Au chapitre de l’acquisition des connaissances, des représentants dechacune des vice-présidences de laCSST détenant de l’information perti-nente pour répondre aux questions dupublic, font des présentations aux pré-posés en formation afin de les mettre aucourant de tous les détails nécessairesà l’exercice de leur fonction.

Avant la mise sur pied de ces ses-sions, les préposés procédaient par autoformation en se servant de modulesd’apprentissage sur papier mis à leurdisposition. La nouvelle façon de faireconstitue donc pour eux un importantpas en avant.

À la CSST comme ailleurs, on a prisconscience de l’importance de ces spé-cialistes. De plus en plus, on a le soucide les consulter car, qui mieux que les préposés connaît la réaction de lap o p u l a t i o n ? Qui, mieux qu’eux, peutapporter des suggestions d’améliorationpour rendre, par exemple, les formu-laires plus faciles à comprendre?

Une chose est sûre : à laCSST, les préposés aux ren-seignements continueront de vouloir être des as de laréponse, des diplomates dutout-savoir et… des acro-bates de l’information!

Alors, vous savez main-tenant où cocher? O

Suzanne Cohen

nous une préoccupation majeure, quenos clients — employeurs et travail-leurs — et nos partenaires reçoivent une information exacte, précise et cohé-rente », souligne Mme Provencher.

En décembre 1997, la DRC a misen place un réseau de transmission de l’information dynamique et « bran-c h é » dédié essentiellement aux pré-posés et à leurs gestionnaires. Et elle a trouvé des moyens efficaces d’ali-menter ces derniers de façon plus continue qu’avant. Les unités admi-nistratives de la CSST ont, par ailleurs,été sensibilisées et elles sont devenuesplus attentives aux besoins des pré-posés. Ainsi, Berthe Provencher estconstamment à l’affût. Elle a patiem-ment « tissé » un vaste réseau d’infor-mateurs qui la « nourrissent » de façonquotidienne. Elle fait le tri des rensei-gnements reçus, puis elle s’empresse,aussi rapidement que possible, detransmettre les plus pertinents aux pré-posés et, bien sûr, à leurs gestionnaires.« Parce qu’il est difficile, admet-elle,de détacher ces employés de leur postede travail afin qu’ils puissent assister àdes réunions d’information, car ils sonten première ligne et indispensables,

en tout temps, au bout du fil ». Pour-tant, il faut ce qu’il faut. Informationoblige! Et le canal « construit » pourfaire circuler l’information depuis les unités administratives jusqu’à la DRC et de la DRC jusqu’aux prépo-sés fonctionne bien.

Les mentalités changent, et ceuxque l’on a pu considérer, à tort dans lepassé, comme des personnes chargéesde recevoir et de transmettre des mes-sages, jouent en réalité un rôle vital,complémentaire à celui des interve-nants responsables des dossiers : ilsrenseignent et ils guident les clients.

Au fil des ans, de nouveaux outilsont été mis à la disposition des pré-posés afin de leur permettre, précisé-ment, de mieux remplir leur rôle. Ainsi,grâce à une application informatique,ils ont maintenant accès à une versionsimplifiée du dossier des travailleurs et des employeurs, ce qui leur per-met de répondre rapidement à desquestions comme : « Est-ce que monchèque a été émis ? », « A v e z - v o u sbien reçu mes documents ? ». Bien sûr,ils répondent tous les jours à des ques-tions plus complexes sur, par exemple,la démarche à suivre pour faire une demande d’indemnisation à la CSST,sur les droits et les obligations des employeurs et des travailleurs, etc.

Toujours dans le but d’outiller lespréposés au maximum, on compteégalement préparer pour eux un outilinformatique de recherche d’infor-mation par mots-clés.

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● Information grand public▲ Information spécialisée■ Avec document ou guide

d’accompagnement

▲ ■ Danger! Espace closCote VC-000985— Durée 10 minutes

Au Québec, il survient en moyenne 10 décès par année aucours de travaux exécutés en espace clos. Des accidentsterribles qui auraient pu ne pas avoir lieu… C’est dans lebut d’informer et de sensibiliser les milieux de travail que l’Association paritaire pour la santé et la sécurité dutravail, secteur affaires municipales (APSAM) proposeune vidéo et deux fiches techniques : L’organisation dutravail et Travailler en espace clos.

Dans le documentaire, on assiste — au moyen de la fiction — à la mort foudroyante de deux travail-leurs. Causes du décès : manque de formation et d’information, absence d’équipements de protectionappropriés.

Les travaux en espace clos doivent toujours être soigneusement planifiés. Il doit aussi y avoircomplicité entre ceux qui planifient les travaux et ceux qui les exécutent.

Les documents, de facture soignée, ont été préparés par l’APSAM, en collaboration avecPréventex, l’Association sectorielle paritaire dusecteur construction, la CSST, et Développementdes ressources humaines Canada.

Santé et sécurité en images

● Best Signs StoryCote VC-001124— Durée 13 minutes

Ne vous laissez pas arrêter par le titreanglais de cette vidéo, elle est totale-ment muette ! Muette, d’accord, maisinfiniment éloquente.

Utilisant les techniques d’animation3-D, elle présente les principaux signeset symboles de santé et de sécuritéprésents en milieu de travail. Elle clari-fie leur signification, puis elle insistesur l’importance de bien les utiliser et,évidemment, de les respecter.

Ce document audiovisuel, sérieuse-ment drôle et drôlement efficace, peutservir d’initiation aux nouveaux travail-leurs ou rafraîchir les connaissancesdes plus expérimentés... tout en lesamusant. L’humour n’est-il pas unmoyen privilégié d’apprendre?

Best Signs Story est une copro-duction européenne de HSE (Grande-Bretagne), HVBG (Allemagne), INRS(France) et NBOSH (Suède).

● Dossier hygiène industrielle :l’éclairageCote VC-900733— Durée 12minutes

L’éclairage joue un rôle capital dans la sécurité et le confort d’un poste detravail. Partant du principe qu’il fautchoisir le bon éclairage en fonction dela tâche à accomplir, cette vidéo fait unrapide survol de la question : ce qu’estla lumière, comment la mesurer, quellesen sont les différentes sources (lampesincandescentes, fluorescentes ou à dé-charge au mercure ou au sodium).

Elle fait aussi le point sur les qua-lités et les faiblesses de chacune de ces sources, ainsi que sur leurs usagesrespectifs.

Produit en collaboration avec laCSST, des associations patronales etsyndicales, et des entreprises privées,notamment l’Association de santé etsécurité des pâtes et papiers du Québecinc., l’Association de santé et sécuritédes industries de la forêt du Québec inc.,le Centre patronal de santé et sécuritédu travail du Québec. Très éclairant, cedocument ! O

Suzanne Labrecque

Modalités d’emprunt àl’audiovidéothèque de la CSSTLes documents vidéo sont prêtés gratui-tement. Il suffit de remplir et de signerune demande d’emprunt. Toute personnepeut venir chercher et rapporter les vidéo-cassettes, pendant les heures de bureau— 8 h 30 à 16 h 30 —, du lundi au ven-dredi. Le visionnement peut se faire surplace, moyennant réservation de la salle(capacité de quatre personnes). L’au-diovidéothèque peut aussi expédier lesdocuments à l’emprunteur ; la CSST paieles frais d’expédition mais les frais de retour sont à la charge de l’emprunteur.

Pour obtenir un formulaire de de-mande, pour réserver la salle de visionne-ment ou emprunter une vidéocassette :

Téléc. (514) 873-6593

Tél. (514) 873-2494

1 888 873-3160

1199, rue De Bleury, 4e étage Montréal (Québec) H3B 3J1

Page 14: SECTION CSST À l’écoute!

11 avril et 14 juin 2000

Montréal (Québec)

Conduite préventive des chariots élévateurs

4 et 5 mai 2000

Montréal (Québec)

« Ergonomisez » vos postes de travail

5 avril 2000

Montréal (Québec)

26 avril 2000

Québec (Québec)

Les contraintes et le confort thermiques

5 avril 2000

Montréal (Québec)

26 avril 2000

Québec (Québec)

Alcool, drogues et gestion du risque :créer et appliquer une politique claire

19 avril 2000

Montréal (Québec)

10 mai 2000

Québec (Québec)

Toxicomanie en milieu de travail :outils de gestion pour les superviseurs

Renseignements :

Jocelyne GonthierCentre patronal de santé et sécurité du travail du QuébecBureau 1000500, rue Sherbrooke OuestMontréal (Québec) H3A 3C6Tél. (514) 842-8401Téléc. (514) 842-9375C o u r r i e l : [email protected] Web : www.centrepatronalsst.qc.ca

8, 9 et 10 mai 2000

Québec (Québec)

Cours intensifs de formationRenseignements :

Association des infirmières et infirmiersen santé du travail du Québec inc.C.P. 160, succursale DelorimierMontréal (Québec) H2H 2N6Tél. (514) 526-2733Téléc. (514) 528-6296

9 et 10 mai 2000

Montréal (Québec)

16 et 17 mai 2000

Québec (Québec)

Des personnes et du travail, un monde à transformerRenseignements :

Association pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires sociales (ASSTSAS)Bureau 9505100, rue Sherbrooke EstTél. (514) 253-68511 800 361-4528Téléc. (514) 253-1433Site Web : www.asstsas.qc.ca

19 au 21 mai 2000

Trois-Rivières (Québec)

Congrès de l’Ordre professionnel des physiothérapeutes du QuébecPleins feux sur nos compétencesRenseignements :

Yvon Legris Président du comité organisateur620, rue Sainte-GenevièveTrois-Rivières (Québec) G9A 3W7Tél. (819) 693-0041, poste 200Téléc. (819) 693-0045Courriel : [email protected]

24 au 26 mai 2000

Québec (Québec)

22e congrès de l’AQHSST

La prévention au troisièmemillénaire : l’action au quotidienRenseignements :

Céline LemieuxMinistère de la Santé et des Services sociauxDirection de la protection de la santépublique1075, chemin Sainte-FoyQuébec (Québec) G1S 2M1Téléc. (418) 528-2651C o u r r i e l : [email protected]

26 et 27 mai 2000

Longueuil (Québec)

La relation patient-médecinRenseignements :

Jocelyne LessardAssociation des médecins du travail du QuébecBureau 5051100, avenue BeaumontMont-Royal (Québec) H3P 3E5 Tél. (514) 344-1662Téléc. (514) 737-6431

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Agenda

7 et 8 juin 2000

Niagara Falls (Ontario)

Metalworking Machine SafetyPlanning-Action-PreventionConferenceRenseignements :

Fred A. Spiro, Manager, Industry RelationsIndustrial Accident Prevention Association(IAPA) et National Safety Council (NSC)Tél. (416) 506-0488, poste 4371 800 669-4939

6 au 9 juin 2000

Lille (France)

26e congrès national de médecine

du travailVers un nouveau siècle de travail et de santéRenseignements :

Daniel Furon, président du comité d’organisation1, avenue Oscar Lambret59037 Lille CedexTél. 03 20 44 55 94Téléc. 03 20 44 55 65Courriel : [email protected]

18 au 21 juin 2000

Bled (République de Slovénie)

Sécurité globale4

e Conférence internationale Sécuritéglobale, sécurité routière, sécurité du travailRenseignements :

Kristina AbrahamsbergTéléc. 00 386 61 3125 62Courriel : [email protected]

6 au 11 août 2000

Montréal (Québec)

Xe Symposium international de victimologie

Renseignements :

Xe Symposium international de victimologie – JPdLBureau 5001555, rue PeelMontréal (Québec) H3A 3L8Tél. (514) 287-1070Téléc. (514) 287-1248Courriel : [email protected] Web : www.victimology-2000.com

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le niveau de risque dans la fabricationde produits en métal font que les deuxsecteurs constituaient un terrain favo-rable pour une telle étude ». En effet,en 1996, la fabrication de produits enmétal se classait au troisième rang desindustries en matière d’incidence de lésions professionnelles, avec un tauxde 15,5%, alors qu’avec 4%, le sec-teur de l’habillement se situait dans la moyenne.

Dans le cours de cette étude, 223 pa-trons de petites entreprises québécoisesont été interviewés. Leurs réponses devaient aider les responsables de larecherche à :• décrire les perceptions qu’ont les pa-

trons et les travailleurs de la santé etde la sécurité dans leur entreprise ;

• décrire la façon dont la sécurité et laprévention sont prises en charge;

• cibler les problèmes de santé et desécurité particuliers aux petites en-treprises ainsi que décrire les liensentre la dynamique de la santé et de la sécurité du travail et certainescaractéristiques de l’organisation del’entreprise.

Au Québ e c , les petites en-treprises de 50 employés et moins regroupent 96,5% de tous les établis-sements et le tiers des emplois. En1993, on dénombrait dans ce groupe 5 2 650 lésions déclarées à la CSST. Peu de recherches en santé et en sécurité du travail y ayant été effec-tuées à ce jour, et les statistiques étant rares et souvent incomplètes,l’IRSST a voulu dresser un premierportrait des principales caractéristiqueset tendances en matière de perceptionet de prise en charge de la santé et dela sécurité du travail dans les petitsétablissements.

Les responsables Danièle Champoux,sociologue au Programme organisationdu travail de l’IRSST, et Jean-PierreBrun, professeur de management à l’Université Laval, ont ciblé les sec-teurs de la fabrication de produits enmétal et de l’habillement parce que, explique Danièle Champoux, « la forteconcentration de petites entreprises et

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Re c h e rc h eà l’IRS ST

Portrait des petites entreprises

Gestion de la santé et de la sécurité

dans une organisation

Gestion de la santé et de la sécurité

dans une organisation

Dans ce numéro

Gestion de la santé et de la sécurité

dans une organisationPortrait des petites entreprises

Substitution de solvantsSavoir conjuguer santé,

sécurité,efficacité etprotection de l’environnement

Comment s’organise la participation directe

des travailleurs à leur propre sécurité

Souris d’ordinateur et troubles musculo-

squelettiquesLe point sur les connaissancesscientifiques et sur les pratiques des ergonomes

Horaires de travail non conventionnels

Une démarche structuréefacilite l’ajustementdes valeurs d’exposition admissibles des travailleurs à des substances dangereuses

Boursier :Christian Larivière,Université de Montréal

L’instauration de mesuresobjectives pour une évaluationet un suivi adéquats

Nouvelles publications

Nouvelles recherches

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gérer la santé et la sécurité du travail etne parviennent pas à déterminer ce quipourrait les aider à faire davantage deprévention. Cependant, Mme Champouxet M. Brun tiennent à nuancer cesréponses puisque les patrons inter-viewés sont isolés et surchargés de tra-vail. Ils formulent l’hypothèse que cesdirigeants sous-estiment les risques dans leur entreprise et attribuent sou-vent les accidents aux travailleurs eux-mêmes parce qu’ils ne sont pas enmesure d’évaluer adéquatement la situa-tion ni de considérer l’effet de l’orga-nisation et des conditions de travail surla santé et la sécurité. Cela les conduitsouvent à adopter un style de gestionqui fait peu de place à la délégation de

responsabilités et à la participationdes employés.

Les lacunes en matière de priseen charge de la santé et de lasécurité du travail semblent doncassociées à un important manque

d’information et de connaissances.En effet, les patrons de petites entre-

prises n’utilisent pas les services des associations sectorielles et nefont pas partie de regroupements.Cependant, il est possible qued’autres facteurs, documentés

par des études européennes, i n -t e r v i e n n e n t : le manque d’incita-

tion économique à faire des activités de prévention, les caractéristiques degestion qui nuisent à la perception des coûts associés aux lacunes organisa-tionnelles et aux problèmes de sécurité,la sensibilisation réduite en raison du petit nombre d’accidents du travail et la difficulté à déterminer des solutionsaccessibles compte tenu des ressourceslimitées des entreprises.

Il convient cependant de nuancer ceportrait. Ainsi, la prise en charge de lasanté et de la sécurité du travail tend àêtre meilleure quand la taille des entre-prises augmente. En effet, la recherchea permis de cerner des facteurs déter-minants dans les plus grands établisse-ments de l’échantillon : la gestion desopérations et de la santé et de la sécu-rité du travail est davantage structurée,la délégation de responsabilités plus répandue et l’accès à des ressources hu-maines et financières facilité. D’autrepart, certaines dispositions de la Loi surla santé et la sécurité du travail s’ap-pliquent dans les entreprises de 20 em-ployés et plus ; celles-ci ont donc unmeilleur accès à l’ensemble des services

Le rôle prépondérant des patronsLes résultats de l’étude indiquent que laprise en charge de la santé et de la sécu-rité du travail dans les petites entreprisesrelève généralement des patrons. Ceux-ci se disent bien renseignés et générale-ment satisfaits de la situation dans leurétablissement. Une majorité d’entre euxdéclarent ne pas avoir de problèmes à

de la CSST. Malgré tout, des patronsd’entreprises de même taille peuventavoir des perceptions différentes quantau style de gestion, au partage des res-ponsabilités et aux activités de santé etde sécurité du travail. Dans certainsétablissements de moins de cinq tra-vailleurs, par exemple, où il n’existe pasde comité, la participation informelledes travailleurs à la reconnaissance des risques et à la surveillance des lieuxet des équipements est associée à larentabilité accrue des activités de pré-vention.

Intégrer la prévention à l’inspection et à l’entretienLes réponses des patrons indiquentégalement qu’un bon nombre des acti-vités requises pour assurer l’effic a c i t éde la production, telles que l’inspectiondes lieux et de l’équipement et, plusparticulièrement l’entretien de celui-ci, ont aussi un effet sur la préven-tion. Ce résultat suggère d’encouragerl’intégration des activités de préven-tion aux activités de production afin d’augmenter l’intérêt pour la prise en charge de la prévention dans les petites entreprises.

Certains obstacles à la préventionont été évoqués par les patrons, no-tamment leur difficulté à cerner lesproblèmes aussi bien que les solu-tions, ainsi que le peu de temps dontils disposent. Les responsables de la recherche suggèrent que faciliter l’accès des dirigeants à des réseauxd’affaire et de santé et de sécurité dutravail permettrait l’échange d’in-formation et de services adaptés aux contraintes des petites entreprises, cequi favoriserait l’amélioration des conditions de travail et de santé et de sécurité.

| Prévention au travail | Printemps 2000 |1 8

Point de départPlusieurs études concluent que le niveaude risque est plus élevé dans les petitesentreprises de moins de 50 travailleursque dans les plus grandes. Les petits établissements comptent pour plus de 95 % des entreprises du Québec et emploient 33 % de la main-d’œuvre. Pourtant, les cadresd’intervention et les moyens de pré ve nti on ne so nt pasadaptés à leur réalité. De plus,l’o rganisati on d u tra vail et celle de la santé et de la sécurité y ont j usqu’ à maintenant fait l’objet de peu de recherche.

ResponsablesDanièle Champoux1, du Pro-gramme organisation du travailde l’IRSST, et Jean-Pierre Brun2,de l’Université Laval.

PartenairesLes associations sectorielles paritairesFabrication de produits en métal et élec-triques et Habillement.

RésultatsL’étude dresse un premier portrait de laprise en cha rge de la santé et de la sécurité du travail dans les petits éta-blissements et établit des pistes qui per-mettront de mieux cibler leurs besoins,d’élaborer des stratégies de soutienadaptées et d’alimenter la recherche. Lesrésultats ont déjà été diffusés dans leréseau de la santé et de la sécurité du travail, notamment avec l’aide des asso-ciations sectorielles participantes.

Utilisateurs potentielsLes associations sectorielles paritaires, les gestionnaires et les employés des petites entreprises, la CSST, les CLSC et les chercheurs en santé et en sécu-rité du travail.

R e c h e r c h e à l’IRS ST

2

1

Page 17: SECTION CSST À l’écoute!

Un portrait fidèle de la réalitéSi les représentants des milieux étudiésont reconnu les profils d’entreprises quedécrit cette recherche exploratoire, lesrésultats ne peuvent pas être généralisésà tous les petits établissements, tiennentà préciser Mme Champoux et M. Brun.Le nombre de patrons interviewés et

le fait que les données obtenues n’ontpas été validées sur le terrain en limi-tent la portée.

Néanmoins, les conclusions de cepremier portrait de la prise en charge de la santé et de la sécurité du travaildans les petites entreprises du Québecconfirment l’utilité de recueillir une

information descriptive, complémen-taire aux estimations statistiques actuel-lement disponibles. Elles permettent,par ailleurs, d’alimenter et d’orienter larecherche et les interventions auprès de ces établissements.

Mm e Champoux et M. Brun tra-vaillent maintenant, en collaborationavec les associations sectorielles pari-taires et la CSST, à l’élaborationd’outils pour soutenir la prise en chargede la santé et de la sécurité du travail,lesquels seront mis à l’essai dans lespetites entreprises. O

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 1 9

Les petites entreprises étudiées en chiffreo La grande majorité (96,4 %) des entreprises de l’échantillon

sont autonomes et dans plus de la moitié des cas (54,7 %),le patron interviewé en est le seul propriétaire.

o Une très faible proportion des entreprises sont syndiquées(6,3%) ; les travailleurs n’ont pas facilement accès à des ressources pour améliorer leurs conditions de travail.

o Six entreprises sur 10 ne sont pas propriétaires de l’immeuble qu’elles occupent, ce qui complique lesdémarches d’amélioration de l’environnement de travail.

o Même si 80% des patrons se déclarent satisfaits de la situation économique de leur entreprise,ils doiventmanifestement travailler fort pour se maintenir à flot,leurcapacité financière étant souvent fragile;on estime qu’unepetite entreprise sur deux fait faillite dans les deux annéessuivant sa création.

o Seulement quatre patrons sur 10 sont membres d’unregroupement d’affaires.

L’image qui se dégage de la pratique des activités concorde avec ceque l’on connaît généralement dans le secteur de la fabrication deproduits en métal, c’est-à-dire des risques techniques très importantsassociés aux machines, aux outils et aux matériaux ainsi qu’au bruit.

Le secteur de l’habillement se caractérise pardes risques techniques moindres et davantageorganisationnels, liés à la sous-traitance, à laproduction à la chaîne et au travail répétitif.

Pour en savoir plusCHAMPOUX, D. et J.-P. BRUN. Priseen charge de la sécurité dans les petitesentreprises des secteurs de l’habillementet de la fabrication de produits en métal,Rapport R-226, 105 pages, 9$ ; RésuméRR-226, 20 pages, gratuit.

Page 18: SECTION CSST À l’écoute!

substances de remplacement parmi lesplus fréquemment utilisées à l’heure

a c t u e l l e : le d-limonène, les estersd’acides dicarboxyliques (DBE),et la N-méthyl-2-pyrrolidone( N M P ) .

Il s’agit en fait de bilans desconnaissances effectués dans

l’optique d’une approche globaleet intégrée du processus de substitu-tion. Chaque monographie présente

les propriétés physicochimiquesdes produits, leurs modalitésd’application, de même que leurniveau d’efficacité selon les uti-lisations prévues. Les chercheurs

abordent également la question de leur effet sur l’environnement et

déterminent leur potentiel de toxicitéau moyen de recherches sur leurs con-séquences sur la santé des travailleurset des animaux de laboratoire. Finale-ment, ils livrent un aperçu de diversesmesures de prévention et de la régle-mentation en vigueur dans certainspays. Ces recensions critiques portentsur l’ensemble des secteurs industrielset plus particulièrement sur ceux quifont un usage abondant de solvants :peintures, encres, adhésifs, décapantset dégraisseurs de métaux.

La démarche de MM. Bégin etGérin repose sur un double constat.D’une part, il n’existe que des don-nées fragmentaires sur les produits de substitution, lesquels, sous la pressiondu contexte législatif, sont de plus enplus utilisés. D’autre part, en dépit decette lacune, ces produits sont souventprésentés par leurs fabricants commeétant de bons substituts parce qu’ilsseraient, par exemple, biodégradableset non toxiques. S’ils sont effective-ment moins néfastes pour l’environ-nement, ils ne constituent pas unepanacée. Par conséquent, soutiennentles chercheurs, « il faut éviter que “ lasubstitution verte ” soit dommageable

En raison de l’adoption duProtocole de Montréal visant la protection de la couche d’ozone et de l’application de normes contre laformation de smog, l’industrie doitremplacer de nombreux solvants organiques par des produits moins nocifs pour l’environnement et pourles travailleurs. Or, pour faciliter cetteopération, il faut tenir compte de l’effi-cacité des substances de remplacementen fonction des techniques de produc-tion utilisées dans l’entreprise. C’estdans cet esprit que Michel Gérin etDenis Bégin, du département demédecine du travail et d’hygiène dumilieu de l’Université de Montréal,ont dressé l’inventaire et fait l’état des connaissances sur les produits de substitution. Ils ont par la suite publiétrois monographies qui traitent des

sur d’autres plans, comme celui de lasanté des travailleurs ».

La substitution d’un produit par unautre n’est pas un processus simple etelle a de nombreux effets. Par exemple,une telle intervention peut entraîner un changement de procédé industriel etposer ainsi un défi technique. C’est lecas, par exemple, lorsqu’il s’agit de dé-caper une pièce de métal en projetantdes particules d’amidon plutôt qu’enutilisant un solvant. En outre, certainessubstances de remplacement étantmoins volatiles que les solvants tradi-tionnels, il faut alors prévoir des étapesadditionnelles, soit un rinçage et unséchage. Par ailleurs, ce n’est pas parcequ’un produit est naturel, comme le d-limonène, fait à base de pelures d’agrumes, qu’il est nécessairement inoffensif. Le d-limonène oxyde est considéré comme un sensibilisant de lapeau. Des coûts sont donc associés àtous ces changements, sans compterque les produits de remplacement eux-mêmes, du moins le d-limonène, lesDBE et la NMP, sont généralementplus coûteux que les solvants.

Une approche globalePour agir de façon efficace et sécuri-taire, il convient donc d’adopter uneapproche globale. « Quand il est ques-tion de substitution de solvants, il fautchanger de paradigme », disent les res-ponsables de la recherche. Ils suggèrentde procéder à une analyse de substi-tution qui tiendrait compte à la fois durespect de l’environnement, de la santédes travailleurs, des coûts, de la fai-sabilité technique ainsi que des aspectshumains et organisationnels de l’en-treprise.

En ce domaine, il n’y a pas de solu-tions toute faite et chaque situation doit être étudiée de manière concrète. Iln’y a pas non plus de produit de rem-placement idéal. Chaque changement

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Point de départUne étude réalisée en 1995 a démontré le peu d’information dont disposent lesentreprises en matière de substitu-tion de solvants, alors qu’ellesdoivent procéder à des rem-placements en raison du con-texte législatif visant la protec-tion de l’environnement.

ResponsablesMichel Gérin1 et Denis Bégin2, d udépartement de médecine dutravail et d’hygiène du milieude l’Université de Montréal.

RésultatsLa publication de monographiessur certains produits utilisables enremplacement de solvants.

Utilisateurs potentielsLes hygiénistes industriels ainsi que les spécialistes en santé et en sécurité du travail et en environnement.

R e c h e r c h e à l’IRS ST

2

1

Substitution Savoir conjuguer santé, sécurité, efficacité

et protection de l’environnement

Substitution

Page 19: SECTION CSST À l’écoute!

est le fruit d’un compromis. C’estpourquoi les monographies publiéesguideront les spécialistes de l’hygiènedu travail et de l’environnement dansleurs choix. Elles intéresseront aussi lesintervenants du réseau de la santépublique ainsi que les fabricants et lesgrandes entreprises qui disposent desressources nécessaires pour modifierleurs procédés.

Des lacunes subsistentSi de telles publications représententune avancée certaine en ce qui a trait à la substitution des solvants, il reste

néanmoins d’autres aspects de la ques-tion à explorer. Certaines substancesoffertes sur le marché n’ont fait l’objetque de tests de toxicité limités. Dansd’autres cas, les recherches se contre-disent. MM. Bégin et Gérin croientqu’il serait également très pertinentd’évaluer systématiquement les diverséquipements de protection utilisés parles travailleurs. À ce propos, ils recom-mandent la prudence tant que la situa-tion ne sera pas mieux documentée.

La publication de ces ouvrages cor-respond à la deuxième phase d’un tra-vail entrepris en 1992 et financé parl’IRSST, lequel a commencé par uneétude exhaustive de l’état de la situa-tion. Entre temps, en collaboration avecdes entreprises et d’autres intervenants,MM. Gérin et Bégin participent à desprocessus d’analyse de substitution. O

Danielle Massé

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 2 1

de solvants

S’ils sont effectivement souvent moinsnéfastes pour l’environnement, les

produits de substitution ne constituent pas une panacée. Il faut donc éviter qu’ilssoient dommageables sur d’autres plans,comme celui de la santé des travailleurs.

de solvants

Pour en savoir plusGÉRIN, M., D. BÉGIN, J. GOUPIL, R. GARNEAU et S. SACKS. Substitutiondes solvants en milieu de travail : élabo -ration d’un outil pour l’intervention,Rapport R-098, 375 pages, 25$.

BÉGIN, D. et M. GÉRIN. La substitutiondes solvants par les esters d’acides dicar -boxyliques (dbe) : Adipate diméthylique,Glutarate diméthylique, Succinate dimé-thylique, Rapport B-056, 42 pages, 6$.

BÉGIN, D. et M. GÉRIN. La substitutiondes solvants par le d-limonène, RapportB-057, 38 pages, 6$.

BÉGIN, D. et M. GÉRIN. La substitutiondes solvants par la N-méthyl-2-pyrrolidone,Rapport B-058, 60 pages, 6$.

Trois vedettes du remplacementBien que propulsées à l’avant-scènepar les besoins pour de nouveauxsolvants, les substances traitées dans les monographies ne sont pas vraiment de « nouvelles » molécules.Le d-limonène, extrait de pelures d’agrumes, est depuis longtemps utilisé comme aromatisant et la NMPest largement répandue dans l’indus-trie chimique et pétrochimique.Quant aux DBE, il s’agit en fait d’unmélange de trois substances, récupé-rées lors de la fabrication du nylon.

Ces produits sont utilisés commesolvants, soit surtout comme nettoyants ou décapants. Ils seressemblent par leur faible volatilitéet leur peu de répercussions surl’environnement. En milieu de travail, des normes et des moyens de protection sont recommandéspour éviter leurs effets potentiels surla peau (d-limonène, NMP), la vision(DBE) ou le fœtus (NMP).

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selon qu’il permet ou non au travailleurde participer à sa propre sécurité.

Les chercheurs voulaient mieux connaître les facteurs organisation-nels et psychosociaux qui favorisent la participation directe des travailleurs à la prévention, soit en appliquant des règles de sécurité, soit en suggérant desaméliorations, ou encore en participantactivement à leur comité de santé et desécurité paritaire. Cette étude, conduiteauprès de 1 375 personnes syndiquéesde 9 établissements industriels où l’onconstate des niveaux de risques variés,fait suite à une recherche précédente,réalisée en 1997 par la même équipe,sur les formes, l’efficacité et les déter-minants de la participation des tra-vailleurs à la prévention des accidentsdu travail.

L’étude fait ressortir que plus les tra-vailleurs se sentent consultés et écoutés,plus ils ont envie de participer à leursécurité. Dans le cas contraire, ils sereplient sur leurs propres règles et nientles risques potentiels. L’observationvaut également pour les relations inter-personnelles. Lorsqu’ils « se tiennent »entre eux et forment une équipe de tra-vail forte, ils sont plus susceptibles dedévelopper des stratégies de sécuritécommunes, qu’elles soient officielles ounon, et de participer au comité de santéet de sécurité de l’entreprise.

En fait, selon les chercheurs, les fac-teurs qui favorisent les comportementsde santé et de sécurité auraient prin-cipalement trait à l’évaluation que les travailleurs font, individuellement et collectivement, de leurs relations avecles gestionnaires. Lorsqu’ils se sententécoutés, respectés et surtout consultéspour l’élaboration de solutions à desproblèmes, ils sont plus enclins à par-ticiper. Ainsi, les résultats de l’étudemontrent que leur rapport aux règles desanté et de sécurité prescrites est avanttout social. Alors que, bien souvent, ces

Q u ’ e st - ce qui motive les travail-leurs à s’occuper eux-mêmes de leurpropre sécurité? Comment en arrivent-ils à user de prudence, à proposer desaméliorations aux conditions de sécu-rité, à participer au comité de santé et de sécurité de leur entreprise? Plu-sieurs facteurs interviennent, parti-culièrement le type de rapports qu’ilsentretiennent entre eux et avec leurssupérieurs. Selon une étude du Groupede recherche sur les aspects sociaux de la prévention (GRASP), dirigée par Marcel Simard et Marie-Claire Carpentier-Roy, le climat de travails’avère un important déclencheur descomportements sécuritaires ou à risque,

règles sont présentées d’un point de vue plutôt technique et utilitaire, cesont les rapports sociaux entre la direc-tion et les travailleurs qui sont les plusdéterminants.

Les auteurs ont établi trois catégoriesde participation directe : • les comportements de prudence, qui

consistent à appliquer des règles desanté et de sécurité prescrites par l’or-ganisation, comme le port d’équipe-ment de protection individuelle ;

• les comportements d’initiative, parlesquels les travailleurs manifestentleur désir d’accroître la santé et lasécurité en rapportant les situationsdangereuses ou en faisant des sugges-tions d’améliorations, par exemple ;

• les comportements d’appui au comitéde santé et de sécurité paritaire.

PrudenceDans le cas des comportements de prudence, M. Simard et son équipe ontconstaté que les travailleurs sont in-fluencés davantage par les pratiquesconcrètes de la direction que par sondiscours. « Ils respectent leur part ducontrat dans la mesure où ils perçoiventque leur employeur fait de même. » Lasituation dans une usine de produits du tabac illustre bien cette synergie. On y trouve des contremaîtres qui « écoutent et agissent » en fonction desdemandes et des suggestions des tra-vailleurs, lesquels sont regroupés dansdes équipes de travail fortes, qui s’en-gagent aussi au chapitre des règles de prudence. C’est tout le contrairedans une usine de produits en métal oùles contremaîtres sont perçus comme n’apportant aucun soutien, pas plus que les gestionnaires supérieurs. Lestravailleurs ont même l’impression que l’on pratique le « diviser pourrégner », avec le résultat que chacun« fait sa petite sécurité » en contour-nant les règles prescrites.

| Prévention au travail | Printemps 2000 |2 2

Point de départL’étude visait à cerner les mécanismespar lesquels les travailleurs en viennent àobserver d’emblée des règles de sécurité,à prendre des initiatives en ce sens et àparticiper activement au comité de santéet de sécurité de leur entreprise.

ResponsablesMarcel Simard, Marie-Claire Carpentier-Roy, Alain Marchand et François Ouellet,du Groupe de recherche sur les aspectssociaux de la prévention en santé et ensécurité du travail (GRASP) de l’Univer-sité de Montréal.

RésultatsL’étude fait ressortir que plus les travail-leurs se sentent consultés et écoutés,plus ils ont envie de participer à l’orga-nisation de leur sécurité. Dans le cas contraire, ils se replient sur leurs propresrègles.

Utilisateurs potentielsLes responsables de la santé et de la sécurité du travail dans les entreprises,principalement les entreprises manu-facturières, qui pourront mieux orienterleurs efforts pour améliorer la partici-pation des travailleurs à l’organisation de la santé et de la sécurité, notammentau sein des comités paritaires.

R e c h e r c h e à l’IRS ST

Comment s’organisela participation directe la participation directe

Comment s’organise

à leur propre sécurité

Page 21: SECTION CSST À l’écoute!

Paradoxalement, plus les travailleursconsidèrent qu’ils sont exposés à desdangers importants, moins ils ap-pliquent les règles prescrites, parti-culièrement si les superviseurs ne les écoutent pas, car ils considèrentalors que ces règles sont souvent ina-déquates.

Initiatives sécuritairesLe cas d’une usine de coulée d’alu-minium, où il existe un groupe uni de14 travailleurs, illustre bien l’influencedu dialogue et de la confiance du su-perviseur sur les initiatives en matièrede sécurité. « Quand il y a un problèmeou quelque chose à modifier, on nousconsulte », disent les travailleurs qui sesentent encouragés à proposer desaméliorations ou des changements,puisque les gestionnaires en tiennentcompte. Dans certains cas, ils prennentl’initiative de s’écarter des règles offi-cielles et de celles de la convention collective, en changeant par exemple le calendrier d’affectation parce qu’undes leurs n’est pas en forme et qu’ilpourrait faire courir des risques à sescollègues.

C’est tout le contraire qui se passedans une usine de fabrication de pro-duits minéraux non métalliques, où lestravailleurs estiment que leur expé-rience n’est pas reconnue. « On demandeet on suggère des choses pour améliorerla situation mais c’est toujours l’ingé-nieur qui a le dernier mot; ce qu’on ditn’a pas de valeur! » Résultat, les tra-vailleurs se replient sur eux-mêmes et

fonctionnent de façon individualiste sur le plan de la santé et de la sécuritédu travail.

Appui au comité de santé et de sécuritéEncore là , l’étude démontre que, pour avoir recours au comité de santé et de sécurité et pour y participer, les travailleurs ont besoin de sentir, d’une part, que leurs relations avec lesgestionnaires sont ouvertes et respec-tueuses et d’autre part, que les gestion-naires sont crédibles en ce qui a traitaux questions de santé et de sécurité.La visibilité accordée aux actions ducomité, sa parité réelle, la participationactive des superviseurs et des travail-leurs sont autant de conditions qui incitent les travailleurs à s’engager.

Des leçons à tirerCes constats amènent l ’équipe àsoumettre quatre recommandationsgénérales :• Les travailleurs sont surtout sensibles

aux pratiques concrètes de gestion de la prévention et aux pratiques de supervision. Il faut les convaincre, de façon concrète, du sérieux des efforts de l’entreprise pour assumerses propres responsabilités.

• La direction devrait viser la stabilitédes affectations et promouvoir unstyle de supervision qui favorise lerenforcement des équipes de travail,de l’entraide entre les travailleurs etdu partage du savoir-faire.

• Au lieu de simplement informer les travailleurs des risques, l’inter-venant-expert (infirmière, préven-tionniste, hygiéniste, etc.) devraitchercher à communiquer avec euxpour qu’ils s’expriment sur leur expérience personnelle en regard des risques en question.

• Les membres du comité de santé et de sécurité doivent favoriser un fonctionnement paritaire, interagirrégulièrement avec les travailleurspour rester informés des problèmesde santé et de sécurité qui les préoc-cupent, organiser le travail du comitéde manière à s’assurer de la partici-pation de cadres et de travailleursnon membres et surtout, demeurervisibles sur les lieux de travail. O

Uriel Poitras

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 2 3

des travailleurs

Pour en savoir plusSIMARD, M., M.-C. CARPENTIER-ROY, A. MARCHAND et F. OUELLET.Processus organisationnels et psychoso-ciaux favorisant la participation des travailleurs en santé et en sécurité du travail , Rapport R-211, 40 pages, 5$.

des travailleurs

Page 22: SECTION CSST À l’écoute!

L’invasion de la sourisDepuis le début des années 90, le trioordinateur-écran-clavier est en effetperturbé par une intruse : la souris.Déjà connue de la minorité de tra-vailleurs qui utilisaient les ordinateursMacintosh, cette interface a envahi les milieux de travail dans la foulée de l’implantation massive de l’envi-ronnement Windows. Désormais, laplupart des fonctions avancées deslogiciels passent par une souris.

Même si sa manipulation requiertune force physique minime , le s contraintes liées à son utilisation sont nombreuses : emplacement trop éloigné qui force à tendre le bras et recours à un très grand niveau de pré-cision (pointage) du curseur. Plusieursutilisateurs lui attribuent d’ailleursleurs malaises et le développement de lésions musculo-squelettiques auxmembres supérieurs.

Des conséquences à comprendreDémunis devant cette situation, de nombreux intervenants en santé et ensécurité du travail ont demandé àl’IRSST plus d’informations pratiquessur les conditions d’utilisation d’unesouris. En 1997, un groupe de discus-sion sur la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) associés à la bureautique a pointé le sujet dudoigt. Ce groupe, qui se composait depersonnes provenant du milieu du tra-vail, d’associations sectorielles pari-taires, d’universités et de la CSST, ainsique d’ergonomes et de concepteurs, aalors exprimé le besoin d’en savoir davantage sur les moyens à prendrepour reconnaître et prévenir les TMS attribuables à l’utilisation d’une souris.

De nom b r e u x p r o b l è m e sphysiques sont associés au travail àl’écran : le phénomène est connu et faitl’objet de recherches et d’efforts deprévention depuis plusieurs annéesdéjà. Les conditions optimales du tra-vail à l’écran à l’aide d’un clavier sontainsi de mieux en mieux définies, no-tamment pour ce qui touche les pos-tures et l’aménagement des postes. Desdéveloppements récents, dont l’usagecroissant d’interfaces de pointage, onttoutefois fait surgir de nouveaux défis,pour lesquels il existe encore peu de solutions.

Pour répondre à ce besoin, l’IRSSTa procédé à une revue de la littéra-ture scientifique sur la question, qu’il acomplétée par la cueillette d’avis d’ex-perts. L’objectif : approfondir le sujeten colligeant le savoir des chercheurs à l’échelle internationale et celui desexperts intervenant dans les milieux detravail du Québec. L’étude a été menéepar deux ergonomes, Cécile Collinge,du Programme sécurité-ergonomie del’IRSST, et Audrey Lalumière, de lafirme Services-conseils en ergonomieet en réadaptation.

Ce que nous apprend la littérature scientifiqueLa littérature scientifique cerne plu-sieurs facteurs de risque liés à l’utili-sation d’une souris : l’aménagement duposte de travail, la conception de l’in-terface même, son utilisation intensive,les contraintes organisationnelles et psy-chosociales. Ces facteurs demeurenttoutefois mal définis, ce qui contribuepeu à élaborer des solutions concrètes.« La littérature sur ce sujet demeure trèsfragmentaire et certains résultats sontmême contradictoires, l’ensemble desconnaissances étant encore bien incom-plet », confirme Cécile Collinge.

| Prévention au travail | Printemps 2000 |2 4

Point de départL’expression de besoins d’information sur les troubles musculo-squelettiques(TMS) associés à la souris d’ordinateur,notamment par un groupe de discussionréunissant des représentants du milieudu travail et des intervenants.

ResponsablesAudrey Lalumière, Services-conseils en ergonomie et en réadaptation, et CécileCollinge, du Programme sécurité-ergo-nomie de l’IRSST.

RésultatsUne analyse de l’état des connaissancesscientifiques et de la pratique.

Utilisateurs potentielsLes intervenants et les chercheurs, en vuede soutenir leurs actions et de définir desavenues de recherche.

R e c h e r c h e à l’IRS ST

Le point sur les connaissances scientifiques et sur les pratiques des ergonomes

Souris d’ordinateurSouris d’ordinateurSouris d’ordinateuret troubles

Page 23: SECTION CSST À l’écoute!

Les aspects les mieux documentéscomprennent d’une part l’aménagementdes postes de travail, en particulier lepositionnement de la souris et l’éva-luation des supports, et d’autre part, lescontraintes organisationnelles, commela variété des tâches, les pauses et laformation. En contrepartie, la préva-lance des TMS chez les utilisateurs desouris s’avère peu documentée et il est difficile de cerner les meilleuresconditions de l’emploi de celle-ci. Lesconnaissances sur les conséquencesphysiques et l’utilisation d’interfacescomme la souris sont limitées, et lesrecommandations qui circulent à ce sujet ne semblent pas soutenues par un nombre suffisant d’études solides.Quant aux comparaisons des diversesinterfaces de pointage, elles mettentsurtout l’accent sur le rendement de l’utilisateur.

D’un point de vue global , un nombre croissant d’auteurs insistent sur l’importance de ne pas se limiter à l’amélioration de la conception decomposantes physiques de la situationde travail, comme la souris, et de faireplus de place à celle des conditions organisationnelles et psychosociales.

Ce que disent les experts« La littérature énonce de grandsprincipes, comme l’appui du membresupérieur, constate Cécile Collinge,mais peu ou pas de recommandationsconcrètes en regard de situations pré-cises ou de tâches spécifiques. Le té-moignage d’experts qui interviennentdans les milieux de travail au Québecfait clairement ressortir les lacunes surce plan. »

Les commentaires de ces experts ontété recueillis à l’aide d’un questionnairetransmis à des membres de l’Associa-tion canadienne d’ergonomie, à des intervenants d’associations sectoriellesparitaires et à des universitaires. Lestrois quarts des 65 personnes sollicitéesont répondu. Ce qui en ressort ? Engénéral, ces experts privilégient l’amé-nagement physique des postes de tra-vail, et ils s’appuient sur la littératurescientifique pour le faire. Dans le cours

de leurs interventions, ils sont appelés à considérer le détail des interactionsavec une souris. De plus, les mandatsqu’ils reçoivent ne les amènent pas àformuler des recommandations touchantla conception ou le choix d’interfaces etde logiciels. De même, ils peuvent rare-ment intervenir dans l’organisation dutravail et les facteurs psychosociaux,même s’ils en reconnaissent l’impor-tance. Enfin, ils réalisent de nombreusesactivités de formation d’utilisateurs etdéplorent que la pauvreté de la littéra-ture ne leur apporte que peu de soutiendans ce domaine.

Une synthèse des recommandationsLe rapport produit par l’IRSST inclutun tableau synthèse des recommanda-tions provenant tant de la littératureque des experts, en précisant le niveaude certitude acquis en regard de cha-cune de ces recommandations et laclientèle à laquelle elle s’adresse : utilisateurs de micro-informatique ; gestionnaires et préventionnistes ;acheteurs, aménagistes et designers ;concepteurs de logiciels et d’équi-pements informatiques. O

Nicole Ménard

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 2 5

Dans la documentation colligée, lesaspects les mieux documentés ont trait à l’aménagement des postes de travail,

en particulier le positionnement de la souris et l’évaluation des supports, et

d’autre part, les contraintes organisa-tionnelles, comme la variété des tâches,

les pauses et la formation.

musculo-squelettiques

Pour en savoir plusLALUMIÈRE, Audrey et CécileCOLLINGE. Revue de littérature et avisd’experts sur les troubles musculo-squelettiques associés à la souris d’ordinateur, Rapport R-220, 62 pages,6,42$.

Page 24: SECTION CSST À l’écoute!

Une démarche structurée facilite l’ajustement

des valeurs d’exposition admissibles

des travailleurs

à des substances

dangereuses

L’ é ta b li s s e m en t d enormes d’exposition des travailleurs à des substances dangereuses, tout particulièrement les valeurs d’expo-sition admissibles (VEA), a largementcontribué à la prévention des mala-dies professionnelles. Cependant, ladétermination de ces normes se basesur un horaire de travail conventionnelde huit heures par jour, cinq jours par semaine. Afin d’assurer un même

niveau de protection à tous les travail-leurs québécois, l’IRSST a man-

daté un groupe de toxicologuespour proposer une méthode d’ajustement des VEA à un horaire de travail non conven-

tionnel. Le choix de la catégoried’ajustement s’est faite en tenant

compte des effets t o x i c o l o g i q u e sretenus pour l’établissement de la

norme en vigueur. Les résultatsdes travaux ont permis d’établirune catégorie d’ajustement pourchacune des substances nom-

mées dans l’Annexe A du Règle -ment sur la qualité du milieu de

travail (RQMT) (voir tableau 1) et faitl’objet de la publication d’un guide(voir « Pour en savoir plus »).

Une démarche nécessaire ?Dans le cas de plusieurs substanceschimiques, un équilibre s’établit entrel’accumulation dans l’organisme durantla présence en milieu de travail et sonélimination durant l’absence du travail— cette période étant présumée sansexposition —, jusqu’à l’atteinte d’unniveau d’assimilation maximal. Lavaleur limite d’exposition moyennepondérée (VEMP), applicable aux travailleurs exposés à ces substances durant des horaires non conventionnels,

doit donc être modifiée pour s’assurerque le niveau d’assimilation dans l’or-ganisme n’excède pas celui qu’atteintun travailleur soumis à des horairesconventionnels. À l’opposé, tout moded’exposition ou toute action toxiqued’une substance qui n’est pas relié à unprocessus d’accumulation ne nécessitepas d’ajustement de la VEMP (voircatégorie I du tableau 1).

C’était le point de départ du groupede travail, qui a pris comme référencele modèle de l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA).Afin de guider les hygiénistes, respon-sables de tels ajustements, le groupe detoxicologues propose une démarchestructurée et une méthode de calculpour l’ajustement des valeurs d’exposi-tion, et il définit les conditions dans lesquelles celui-ci doit être fait. Afin de faciliter la compréhension des uti-lisateurs, le guide fournit aussi des exemples d’applications.

Un outil appelé à évoluerCe sont les efforts consentis parl’IRSST depuis plusieurs années poursoutenir le travail des hygiénistes et favoriser la même protection à tous les travailleurs québécois qui ont menéà cette démarche d’expertise et à uneremise en question de l’ensemble dudossier de l’ajustement des valeurs d’exposition admissibles. Si le guidequi en est issu constitue un bon outilpour les hygiénistes, le sujet est tou-jours en évolution. La mise en appli-cation de l’ajustement des valeursd’exposition admissibles vise à faireavancer ce dossier. « Elle nous permet-tra d’échanger avec nos partenaires duréseau de la santé et de la sécurité dutravail et nous pourrons mieux nousadapter aux observations qu’ils font surle terrain », précise un des auteurs,Daniel Drolet. O

| Prévention au travail | Printemps 2000 |2 6

Point de départUne demande du comité technique pari-taire de l’Annexe A du Règlement sur la qualité du milieu de travail ( R Q M T )pour étudier l’ajustement des valeursd’exposition admissibles des tra-vailleurs qui ont des horairesnon conventionnels.

ResponsablesGuy Perrault1, de la Direction des opérations, et Daniel Drolet2,du Programme hygiène et toxico-logie de l’IRSST.

PartenairesJules Brodeur, Robert Tardif etAdolf Vyskocil, de l’Universitéde Montréal ; les membres ducomité technique de l’Annexe Adu RQMT et de nombreux intervenantsdu réseau québécois de la santé et de la sécurité du travail.

RésultatsUne démarche structurée qui proposeune méthode d’ajustement des valeursd’exposition admissibles afin d’assurerun même niveau de protection à tous les travailleurs, qu’ils aient un horaireconventionnel ou non.

UtilisateursLes intervenants en santé et en sécuritédu travail.

R e c h e r c h e à l’IRS ST

2

1

Horaires de travailnon conventionnels

Page 25: SECTION CSST À l’écoute!

Tableau 2*, catégorie IIIAjustement de la VEMP selon la durée moyenne

d’exposition en heures par semaine

À partir du cycle de travail, établir la durée moyenne d’expositionen heures par semaine sur la base du cycle répétitif

Tableau 2*, catégorie IIAjustement de la VEMP

selon la durée du quart de travail

Tableau 2*, catégorie IIAjustement de la VEMP

selon la durée de chaque quart de travail respectivement

Durée constante d’un jour à l’autreDurée variable

Aucun ajustement

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 2 7

Démarche d’ajustementdes valeurs d’exposition moyenne pondérée (VEMP)

Pour en savoir plusDIRECTION DES OPÉRATIONS. Guided’ajustement des valeurs d’exposition admissibles (VEA) pour les horaires de travail non c o n v e n t i o n n e l s, Guide tech-nique T-21, 25 pages, 5$ .Aussi vendu en version anglaise : A GuideTo The Adjustment Of Permissible Expo -sure Limits (PELs) For Non-TraditionalWork Schedules .

BRODEUR J., A. VYSKOCIL, R. TARDIF, G. PERRAULT, D. DROLET,G. TRUCHON et F. LEMAY. Ajustementdes valeurs d’exposition admissibles pourdes horaires de travail non convention-nels, Rapport R-168, 32 pages, 5$.

LAPARÉ S., R. TARDIF et J. BRODEUR.Ajustement des valeurs d’exposition ad -missibles pour des horaires de travail nonconventionnels, Annexe 1 : Contributionde la modélisation toxicocinétique,Annexe RA1-168, 68 pages, 7$.

BRODEUR J., A. VYSKOCIL, R. TARDIF, G. PERRAULT, D. DROLET,G. TRUCHON et F. LEMAY. Ajustementdes valeurs d’exposition admissibles pourdes horaires de travail non convention -nels, Annexe 2 : Fiches d’ajustement dessubstances du RQMT, Annexe RA2-168, 668 pages,35$.

BRODEUR, J., K. KRISHNAN et R. GOYAL. Analyse critique portantsur la conversion des valeurs limitestolérables dans l’air (TLV) et des valeurslimites tolérables dans les milieux biologiques (BLV) en vue de les adapter à des horaires de travail non convention -nels, Rapport R-070, 45 pages,5,35$.

Classification de l’ajustement

Substances réglementées par une valeur plafond

Substances irritantes ou malodorantes

Substances asphyxiantes simples, substances présentant unrisque pour la sécurité ou un très faible risque pour la santé, dontla demi-vie est inférieure à 4 heures. Limitations technologiques

Substances qui produisent des effets suivant une exposition de courte durée

Substances qui produisent des effets suivant une exposition de longue durée

Substances qui produisent des effets suivant une exposition aussi bien de courte que de longue durée

Catégorie

d’ajustement

I-a

I-b

I-c

II

III

IV

Type d’ajustement

Aucun ajustement

Ajustement quotidien

Ajustement hebdomadaire

Ajustement quotidien ou hebdomadaire

Lorsque la catégorie le requiert, les VEA sont ajustées soit sur la base de l’exposition quotidienne (catégorie II), soit sur celle de l’exposition hebdomadaire (catégorie III). Dans le cas des substances de catégorie IV, il est nécessaire d’effectuer les deux calculs et de retenir le facteur d’ajustement le moins élevé.

Tableau 1 : Les quatre catégories d’ajustement des VEMP

Établissement de la catégorie d’ajustement à l’annexe II

I

Durée en heures des quarts de travail

Tableau 2*, catégorie IVF

4selon la durée des quarts de travail

en heures par jour et la durée moyenne des semaines de travail en heures par semaine

II

Établissement du cycle répétitif de travailIII

IV

Identification de la substance

* Correspond auTableau 2 duGuide « Facteurd’ajustement(FA) pour leshoraires non-conventionnelsselon la duréedes quarts de travail et ladurée moyennedes semaines de travail ».

Page 26: SECTION CSST À l’écoute!

la coordination entre certains muscleset différents segments de la colonnevertébrale était altérée chez des pa-tients ayant une déficience lombaire,comparativement à des sujets sains.

Ses études postdoctorales em-pruntent une autre direction : l’évalua-tion de la force et de l’endurance desmuscles du dos. La personne souffrantde maux de dos a tendance à limiter ses efforts afin d’éviter la douleur. Unetelle attitude, qui entraîne une détério-ration progressive des qualités muscu-laires des extenseurs de la colonne, estsusceptible de perpétuer le problème.Une étude électromyographique descaractéristiques de l’activation desmuscles du dos pendant des efforts progressifs et soutenus permettrait d’évaluer de manière objective les qualités musculaires en question.

Pour ce faire, Christian Larivièreutilisera un dynamomètre conçu pourmesurer et contrôler les efforts de lamusculature du dos. C’est DenisGravel, professeur à l’École de réadap-tation et spécialiste de la dynamo-métrie, qui a mis cet appareil au point.Une fois le protocole de mesure testéauprès de sujets sains, le dynamo-mètre sera transporté à la cliniquePrévicap, affiliée à l’Hôpital Charles-Lemoyne où, grâce à la collaborationde Dr Patrick Loisel, il sera utilisé auprès d’un échantillon de sujets lombalgiques, dans le contexte d’unerecherche également financée parl’IRSST. Il s’agira, par la suite, d’en

C ’ e st à l’issue de ses études de 1e r cycle en éducation physique queChristian Larivière, un passionné de biomécanique, a rencontré DenisGagnon. Alors jeune professeur au département d’éducation physique et sportive de l’Université de Sher-brooke, celui-ci l’a mis sur la piste desmaux de dos. Depuis, en maîtrise puisau doctorat, Christian Larivière a cher-ché à comprendre différentes facettesde ce problème. Il poursuit actuelle-ment sa démarche au niveau postdoc-toral, grâce au programme de boursesde l’IRSST. Son projet : élaborer unprotocole de mesures biomécaniquespour l’évaluation des patients atteintsde maux de dos chroniques pendant leprocessus de réadaptation.

Christian Larivière affirme avoiréprouvé un intérêt immédiat pour laquestion des maux de dos. Dans lecours de sa maîtrise, il a cherché àmieux comprendre les relations entrecette affection et la manutention decharges en validant un modèle bio-mécanique d’évaluation de l’effort.Au doctorat, il a cherché à savoir si

faire un outil clinique qui, en évaluantl ’ e f ficacité des interventions thérapeu-tiques, permettra le suivi de patients en phase de réadaptation. Ces travauxse déroulent sous la supervision deBertrand A. Arsenault, professeur àl’École de réadaptation de l’Universitéde Montréal.

Au sein d’une équipe multidis-ciplinaire composée de chercheursémérites dans leurs domaines respec-tifs, Christian Larivière a la chanced’approfondir les réflexions amor-cées au cours des étapes précédentes.« Mon rôle, dit-il, est de tirer le meilleur de l’ensemble de ces com-pétences et de profiter de ces diversesexpertises pour développer une visiong l o b a l e . »

Lorsque ce projet sera terminé, ilcompte s’attaquer à une applicationclinique de l’instrument de mesure quien résultera. Il a également l’intentiond’explorer des pistes de recherche découlant de sa thèse de doctorat. O

Danielle Massé

Christian Larivière,Centre de recherche de l’Institutde réadaptation de Montréal,Université de Montréal

Boursier

Le programme de bourses de l’IRSSTChristian Larivière, est un des étudiants bénéficiant du programme de bourses de l’IRSST. Celui-ci vise à former des chercheurs en santé et en sécurité du travail au Québec.

Pour obtenir des informations sur le programme de bourses de l’IRSST, on peut téléphoner au (514) 288-1551 ;ou écrire à [email protected].

L’instauration de mesures objectives pour une évaluation et un suivi adéquats

Boursier

| Prévention au travail | Printemps 2000 |2 8

R e c h e r c h e à l’IRS ST

Christian Larivière,Centre de recherche de l’Institutde réadaptation de Montréal,Université de Montréal

Page 27: SECTION CSST À l’écoute!

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 2 9

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internet de l’IRSST.

Évolution des indicateursde lésions professionnellesindemnisées par secteurd’activité, Québec, 1986-1996HÉBERT, François, Rapport

R-215, 83 pages + annexes, 10$.

Tous les cinq ans, l’IRSSTfournit un portrait détaillé desindicateurs de lésions profes-sionnelles indemnisées par la CSST ainsi que de leursniveaux de fréquence et degravité par industrie et par pro-fession. La pertinence et l’ori-ginalité de cette étude résidentdans la production de sérieschronologiques d’indicateursqui permettent de confirmer oud’infirmer l’émergence de ten-dances.

En plus de présenter, pourl’ensemble des industries, desséries chronologiques sur lenombre de salariés, de lésionsprofessionnelles et d’indica-teurs propres aux accidents dutravail et aux maladies pro-fessionnelles, cette recherchecompare la situation entre deuxpériodes : 1987-1988 et 1991-1993, une période marquée par une baisse importante deslésions indemnisées par laCSST. Cette information per-mettra d’orienter de futures activités de recherche et les interventions en milieu de travail.

Seuil minimal d’émissiond’oxyde de carbone enrapport avec l’émission des oxydes d’azote dansles gaz d’échappement de véhicules au propaneROBERGE, Brigitte, Rapport

R-218, 23 pages, 4,50$.

L’utilisation de véhicules aupropane, tels que les chariotsélévateurs, constitue une dessources importantes d’exposi-tion à l’oxyde de carbone, leCO, un asphyxiant inodore, in-colore, insipide et non irritant.Afin de réduire l’exposition destravailleurs, l’IRSST a recom-mandé une concentration deCO inférieure à 1 % dans lesgaz d’échappement. Toutefois,cet abaissement n’a pas permisde réduction significative danstoutes les situations. Une dimi-nution sous 0,3 % des émis-sions a, quant à elle, démontrél’émergence d’oxydes d’azote(NOx).

L’étude suggère une con-centration maximale de l’é-mission de CO dans les gazd’échappement sans entraî-ner l’augmentation des concen-trations des NOx. Commel’évolution du CO, du NO et du N O2 var ie en fonct ion durégime du moteur et des ajus-tements de la carburat ion (richesse du mélange), l’IRSSTrecommande donc de recourir à un programme d’entretienpréventif des chariots et de pro-céder à la ventilation généraledes aires de travail.

Évaluation de l’efficacitéde l’électrocoagulation des rameaux postérieursdans le traitement desaffections vertébrales lom-baires par étude contrôléeavec randomisationLECLAIRE, Richard, Luc FORTIN

et al., Rapport R-216,

34 pages, 5,35$.

On ignorait jusqu’à mainte-nant quelle était l’efficacité de l’électrocoagulation desrameaux postérieurs des nerfsspinaux, une technique pour-tant utilisée depuis 25 ans dansle traitement des lombalgies.Cette recherche visait doncd’abord à déterminer l’effica-cité de ce traitement dans la réduction de la douleur et del’invalidité des travailleurs,puis ses répercussions sur lamobilité et la force musculairelombaire ainsi que sur le retourau travail.

Les résultats démontrentque ce type de traitement occupe une place restreinte dans l’arsenal thérapeutiqueactuel, l’électrocoagulation desrameaux postérieurs n’ayantdémontré aucun effet mesu-rable sur l’incapacité fonc-tionnelle lombaire. Ce constatdevrait néanmoins amener lesmédecins à cibler les maladespouvant bénéficier de l’élec-trocoagulation puisque lesanalyses d’interaction du trai-tement avec diverses variables,telles que l’âge, le sexe, lacharge d’enfants et les acti-vités physiques, ont démontréun effet potentiel chez cer-tains sujets.

Conception d’un nouveauprotecteur individuel anti-bruit « ouvert »L’ESPÉRANCE, André et Bruno

PAILLARD, Rapport R-217,

32 pages, 5,35$.

Deux chercheurs de l’Uni-versité de Sherbrooke ont mis au point un prototype de la-boratoire de casque antibruit actif qui, comme les écouteursd’un baladeur, présente uneforme ouverte. Cette percéetechnologique permett ra à bon nombre de travailleurs deretrouver un confort acoustiquependant leurs activités profes-sionnelles sans pour autant sepriver de communication avecl’extérieur.

Bien que l’on trouve déjàdes casques antibruit actifs sur le marché, ils présentent des inconvénients importants. Relativement lourds et incon-fortables, ils réduisent tous les signaux sonores sans distinction.Le casque actif Feedforward aprécisément été mis au pointpour pallier ces limitations.Léger, il permet de n’atténuerque les bruits nuisibles, cesderniers se trouvant corrélés ausignal de référence dont il dis-pose. Il n’empêche donc pas letravailleur d’entendre les autressignaux sonores (conversations,alarmes, etc.). La prochaineétape de recherche consis-tera à concevoir un prototype industriel du casque en vue d’en faire l’essai en milieu de travail. O

Isabelle Labarre

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Page 28: SECTION CSST À l’écoute!

| Prévention au travail | Printemps 2000 |3 0

R e c h e r c h e à l’IRS ST

Réadaptation

Étude de l’efficacité d’unprogramme d’intervention en réadaptation professionnelle(98-006)

Dans le cours d’une longue collaboration avec les conseil-lers en réadaptation de la Com-m iss ion de l a s anté e t de la sécurité du travail (CSST), les chercheurs ont élaboré un modèle d’intervention rigou-reux et systématique, visant à mieux outiller ces professionelsface à des cas complexes et delongue durée. Le projet vise àévaluer l’efficacité de ce modèledans le contexte des activités de la CSST. Y participeront 40 conseillers de la Commis-sion et 80 travailleurs souffrantde lésions professionnelles : 20 conseillers appliqueront lenouveau modèle d’interventionà 40 personnes, tandis que, pen-dant la même période de temps,les 20 autres conseillers sui-vront, avec 40 autres personnes,la procédure actuellement envigueur. Le nouveau modèle devrait permettre une amélio-ration significative de la réadap-tation et se traduire par un tauxde satisfaction plus élevé chezles travailleurs concernés.Responsables : ConradLecomte, Université deMontréal; Réginald Savard,Université de Sherbrooke

Accidents

Les indicateurs de lésionsen santé et en sécurité du travail : analyse par secteur d’activitééconomique et parprofession en 1996(097-081)

Les indicateurs de lésions, cons-truits à partir des données surles lésions professionnelles dela CSST et des données surl’emploi du recensement cana-dien effectué tous les cinq anspar Statistique Canada, four-nissent aux gestionnaires de la

prévention et de la recherche,ainsi qu’aux chercheurs en santé et en sécurité du travail,des mesures statistiquement significatives du taux de fré-quence des lésions, de la duréemoyenne et médiane d’indem-nisation et de la proportion detravailleurs absents quotidien-nement. Dans le cadre d’une activité de recherche, des sériesd’indicateurs seront produitespar secteur d’activité et par profession. Elles permettront de distinguer les maladies et les accidents professionnels. Le portrait par secteur fournira les renseignements en fonction de trois catégories : travailleursmanuels, non manuels et mixtes.

Produits depuis maintenant15 ans, les indicateurs de lé-sions servent notamment àétablir la pertinence et la prio-rité d’intervenir ou d’effectuerdes recherches dans des indus-tries et auprès de professionsqui connaissent un risque élevéde lésions professionnelles.Responsables : FrançoisHébert, Patrice Duguay et Paul Massicotte, IRSST

Développement d’une grille pour l’auto-diagnostic des risques à la santé et la sécurité du travail dans les petitesentreprises de l’habille-ment et de la fabricationde produits en métal(097-084)

Les petites entreprises (50 em-ployés et moins) créent le plusgrand nombre d’emplois, no-tamment au Québec, mais ellessont généralement mal équipéeset manquent de ressources pouraméliorer la santé et la sécuritédu travail. Pour pallier cette la-cune, certains pays européensont adopté, apparemment avecsuccès, l’utilisation de grillesd’autodiagnostic des risques. Ils’agit d’une démarche partici-pative, intégrée à la production,qui doit être réalisée volontaire-ment et de façon autonome dansl’entreprise. Cette démarcheguide l’entreprise depuis l’iden-tification des risques jusqu’à

l’implantation et le suivi des solutions de prévention.

Les chercheurs proposent de dresser un bilan critique des diverses approches ayant re-cours aux grilles d’autodiagnos-tic des risques, afin d’identifierle modèle le plus pertinent. Surcette base, ils élaboreront, encollaboration avec des représen-tants des milieux de travail et duréseau de la prévention, deuxgrilles d’autodiagnostic respec-tivement adaptées aux secteursde l’habillement et de la fabri-cation des produits en métal.Ces deux grilles seront aussivalidées en entreprise.Responsables : Jean-PierreBrun, Université Laval; DanièleChampoux, IRSST

Représentations socialesde la santé et de la sécuritédu travail et impact du mode de gestion deschangements technolo-giques et organisationnelssur la santé et la sécuritédu travail(099-007)

Les conceptions différentesqu’employeurs et travailleurs sefont de la santé et de la sécu-rité du travail, et plus précisé-ment de la nature des risques,des causes des lésions, des so-lutions à apporter, de la gestionde la prévention, des respon-sabilités et de la participationdes divers acteurs, influ e n c e n tleurs attitudes et comporte-ments respectifs, et déterminentla possibilité de développer une véritable culture de laprévention et de la SST en mi-lieu de travail. Cette variabledevient particulièrement im-portante lorsque l’entreprise se trouve en situation de chan-gement t echnologique ou or ga ni s a t io nn e l . D an s l a perspective d’une recherche àvenir qui comparera, pour plusieurs secteurs industriels,les caractéristiques du mode degestion des changements tech-nologiques et organisationnelsles plus susceptibles de mini-miser leurs effets négatifs sur lasanté et la sécurité du travail, ilapparaît donc crucial de tenircompte de ces représentationssociales de la SST. L’étude

préliminaire vise, d’une part, àétablir le plan d’échantillon-nage et le bassin d’entreprisesd’où sera tiré l’échantillon decette recherche et, d’autre part,à créer des instruments de cueil-lette et d’analyse de donnéessur les représentations sociales,qui seront utilisés pendant cetteactivité.Responsables : Denis Harrison,Université du Québec à Hull ;Camille Legendre, Universitéde Montréal

Enjeux de santé et de sécurité du travail dans la transmission et la construction des savoirsprofessionnels : le cas d’un programme de compagnonnage en entreprises chez lesusineurs et les cuisiniers(099-016)

Les travailleurs expérimentéssont victimes de moins d’acci-dents que leurs collègues plusjeunes. Ce fait confirme quel’apprentissage d’un métier estun long processus, alliant for-mation formelle et pratique, au cours duquel le travailleur apprend progressivement àdévelopper des stratégies effi-caces en matière de santé et de sécurité du travail. L’étude exploratoire, réalisée dans lecadre d’un programme de com-pagnonnage d’Emploi-Québecchez les usineurs et les cuisi-niers (deux métiers à risque),cherchera à identifier les fac-teurs, notamment organisa-tionnels, favorisant ou faisantobstacle à la transmission dessavoirs professionnels, afin demieux comprendre les effets de cette transmission sur lasanté et la sécurité du travail.Des associations sectoriellesparitaires, l’Association desmanufacturiers, Emploi-Québecet plusieurs milieux de travailparticiperont à cette étude sus-ceptible d’avoir d’importantesre tombées, notamment enmatière de formation profes-sionnelle et de prévention.Responsables : Esther Cloutier,IRSST; Solange Lefebvre et Céline Chatigny, Université de Montréal

Nouvelles recherchesNouvelles recherches

Page 29: SECTION CSST À l’écoute!

Sécurité des outils,

des machines et des

procédés industriels

Méthode intégrée de percement et d’aménagement de cheminées de mine(098-090)

Le percement et l’aménagementdes cheminées de mines sontdes opérations réalisées en terrain non consolidé, ce qui expose les travailleurs à desrisques d’accidents graves dus à des chutes de roches. Afin de réduire ce risque, la recherchevise à élaborer une nouvelleméthode d’aménagement descheminées de mine et, ulti-mement, à vérifier la faisabi-lité d’un système intégré, danslequel les travailleurs accom-pliront, à partir d’une plate-forme, leurs tâches de forage, de pose de boulons sur lesparois et de grillage pour lesoutènement des parois de lacheminée. Le design de ce nou-veau système résultera d’uneanalyse mécanique et d’uneanalyse ergonomique permet-tant de prévenir les maux de doset les lésions attribuables auxtâches répétitives chez les tra-vailleurs utilisant cette méthode.La fabrication d’un prototypepermettra de procéder à une validation mécanique de la performance du système sur leterrain, ainsi qu’à une valida-tion ergonomique mesurant laréponse des travailleurs.Responsable : Jacques Ouellet,Université McGill

Préparation d’un guide de conception sur lesdispositifs de verrouillageassociés aux machinesdangereuses(099-003)

Les professionnels régulière-ment appelés à participer à laconception et à l’installation dedispositifs de verrouillage asso-ciés aux protecteurs sur les ma-chines dangereuses ne disposentque d’un très petit nombre dedocuments en français, dont au-cun n’est vraiment adapté auxbesoins des entreprises québé-coises. Pour pallier cette lacune,

la recherche vise à élaborer unguide technique, à partir de ladocumentation disponible, denotes prises au cours des inter-ventions et de situations vécues.Ce guide exposera des pro-blèmes typiques présentant différents niveaux de risque et,pour chacun d’entre eux, sélec-tionnera des solutions illustréespar des dessins, des photos etdes schémas de câblage. Uncomité aviseur issu des milieuxindustriels évaluera le contenuet la présentation de ce guidedestiné aux ingénieurs et auxfirmes qui conçoivent, modi-fient ou mettent en œuvre dessystèmes de commande de ma-chines automatisées utilisées auQuébec.R e s p o n s a b l e s : Yves Beauchamp,École de technologiesupérieure; Gilles Bouchard,FACCE+; Joseph-Jean Paqueset Réal Bourbonnière, IRSST

Développement dumatériel pédagogique duprogramme de transfertdes compétences issu du projet de recherche surl’intégration de la sécuritélors de la conception des équipements et dessystèmes dans le secteurdes pâtes et papier(099-017)

Il existe, au Québec, peu de règles et de standards de concep-tion permettant d’assurer queles équipements et les procé-dés utilisés dans le secteur despâtes et papier présentent unniveau de sécurité satisfaisant.L’hétérogénéité des méthodesde conception, l’absence d’in-tégration des éléments de sécu-rité lors de la conception, la très faible disponibilité d’outilsde conception tenant compte de la sécurité et les difficultés de communication entre lesgroupes concernés sont autantde facteurs sur lesquels il fau-drait agir pour accroître la sécurité dans ce secteur in-dustriel qui emploie quelque 25000 travailleurs.

Dans cette optique, l’acti-vité de recherche consistera à produire un matériel péda-gogique inédit, sous forme detextes, de schémas, de dessins,

de photos, de vidéos, d’acé-tates, d’affiches et de diaposi-tives, qui servira à l’applicationdu programme de formation sur l’intégration de la sécurité àla conception des systèmes deproduction dans le secteur despâtes et papier.R e s p o n s a b l e s : René Benoît,I R S S T ; Gilles Bouchard, FACCE+ ;François Gauthier, Universitédu Québec à Trois-Rivières ;Jacques Tardif, Université de Sherbrooke; RaymondBélanger et Réal Bourbonnière,IRSST; Patrick Doucet, FACCE+ ;Joseph-Jean Paques, IRSST

Substances

chimiques et

agents biologiques

Effets des pics de concen-tration sur la neurotoxicité du styrène dans l’industriede plastique renforcé defibre de verre – Phase 1(098-015)

Jusqu’à présent, les études sur la neurotoxicité du styrèneétaient basées sur des moyen-nes pondérées de concentra-tions. Or, dans l’industrie duplastique renforcé de fibre deverre, les variations de concen-tration du styrène sont carac-térisées par des pics. Il appa-raît donc important de vérifiersi les effets neurotoxiques dustyrène sont liés à ces pics deconcentration. Cette vérifica-tion se fera, d’une part, par l’étude de tels effets chez desvolontaires exposés à des con-centrations stables et variablesde styrène dans des chambresd’inhalation. D’autre part, desmesures visant à caractériser letype d’exposition au styrène(concentrations moyennes etpics) seront effectuées dans diverses usines du Québec. S’ilappert que les pics de concen-tration jouent un rôle impor-tant dans l’apparition des effetsneurotoxiques, les chercheursformuleront une recommanda-tion sur l’utilisation de la valeurd’exposition moyenne pondé-rée sur huit heures ou de lavaleur d’exposition de courtedurée, dans la surveillance del’exposition des travailleurs austyrène.

R e s p o n s a b l e s : Adolf Vyskocil etGaétan Carrier, Université deMontréal; Jean-Pierre Farant,Université McGill; MichelGérin, Université de Montréal ;Bernadette Ska, Institutuniversitaire de gériatrie de Montréal; Robert Tardif,Université de Montréal; AliceTurcot, Direction régionale desanté publique; Claude Viau,Université de Montréal

Proposition et validationde critères de détermina-tion de délais de réentréepour les pesticides utilisésen agriculture maraîchère.Phase 2 : Déterminationdes délais et rédactiond’un guide de prévention(098-034)

Attendre un certain temps avant de revenir travailler surun site traité aux pesticidesconstitue probablement le meil-leur moyen d’éviter aux travail-leurs agricoles les expositionspotentiellement dangereuses àces produits. Mais, en agricul-ture maraîchère au Québec, iln’existait jusqu’à présent au-cun critère permettant de déter-miner la durée des délais deréentrée sur les sites traités.Dans une première phase, cer-tains critères, basés sur la toxi-cité de pesticides représentatifs,ont été validés. La secondephase vise à proposer des dé-lais de réentrée pour tous lespesticides qui pourraient êtreutilisés en agriculture maraî-chère. Une liste exhaustive despesticides utilisés sera dressée,de concert avec les intervenantsconcernés. Les indices de toxi-cité de chacun de ces pesticidesseront établis, à partir des basesde données toxicologiques etdes textes réglementaires, etdes délais de réentrée serontdéterminés selon des critèresretenus lors de la phase 1.L’ensemble sera présenté dansun guide de prévention vulga-risé et diffusé auprès des tra-vailleurs concernés.R e s p o n s a b l e s : Onil Samuel,Louis Saint-Laurent et Jean-Philippe Weber, Centre de toxicologie du Québec O

B e r n a rd La Mothe

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 3 1

Page 30: SECTION CSST À l’écoute!

F r a n ço i s et Mathieu vivent ensemble depuis trois ans. Pour eux etleurs proches, ils forment un couple.L’un et l’autre s’affichent et se pré-sentent comme conjoints. Les deuxhommes mènent une vie paisible. Tousles matins, après le déjeuner, ils se quittent et chacun se rend à son travail.

Le 16 juin 1999, coup de théâtre.François est victime d’un accident dutravail, et il meurt pendant son trans-port à l’hôpital.

Fou de douleur, désespéré, Mathieune sait plus que faire. Marie, avocate etamie du couple, lui vient en aide.

Une semaine après les funérailles, la jeune femme estime le moment venu de lui parler de ses droits. Elle lui explique qu’une nouvelle loi vientd’entrer en vigueur, qui modifie la notion de conjoint dans la législationdu Québec, afin d’englober celle deconjoint de même sexe1.

Cette nouveauté législative a no-tamment pour conséquence d’élargirl’accessibilité au régime d’indemni-sation au conjoint de même sexe,en modifiant la définition de conjointprévue à l’article 2 de la Loi sur les accidents du travail et les maladiesprofessionnelles (LATMP)2.

« L’article 2 de la LATMP se litdorénavant comme suit :« c o n j o i n t » : la personne qui, à la date du décès du travailleur ;1° est mariée au travailleur et coha-

bite avec lui; ou2° vit maritalement avec le travailleur,

qu’elle soit de sexe différent ou demême sexe, et :a) réside avec lui depuis au moins

trois ans ou depuis un an si unenfant est né ou à naître de leurunion; et

b) est publiquement représentéecomme son conjoint. »

Marie mentionne à Mathieu que laloi n’a pas d’effet rétroactif. Autrementdit, il n’aurait pas eu droit, à titre deconjoint survivant, aux indemnités versées aux personnes à charge ou auxindemnités de décès prévues par laLATMP, s i François était décédé avant le 16 juin 1999.

Par conséquent, Mathieu pourraitéventuellement recevoir une indemnitépour les frais funéraires, une autre pourles dépenses immédiates causées par ledécès de son conjoint, une indemnitépour une période de un à trois ans égaleà 55 % de l’indemnité de remplace-ment du revenu à laquelle François aurait eu droit, à la date de son décès,ainsi qu’un montant forfaitaire d’aumoins 75 7 1 5 $ et d’au plus trois foisson revenu brut annuel d’emploi aumoment de sa mort3. O

Jean-Sébastien Noiseux

| Prévention au travail | Printemps 2000 |3 2

Conjoints de même sexe

Droits et obligations

1 Loi 32 modifiant diverses dispositions concer-nant les conjoints de fait , sanctionnée le 16 juin 1999.

2 L.R.Q., chapitre A-3.001. Il est à noter que de semblables modifications ont été apportées à la Loi sur les accidents du travail (L.R.Q.,chapitre A-3).

3 Chiffres pour l’année 1999.

Page 31: SECTION CSST À l’écoute!

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 3 3

Compact !« Transporter des objets volumineuxest-il plus fatigant pour le dos que de transporter des objets compacts ?Bien sûr que oui, répondrez-vous. Maissavez-vous pourquoi? Les objets volu-mineux rendent la manutention diffi-cile, parce qu’ils vous obligent à tendreles bras vers l’avant. Ce faisant, vousdéplacez votre centre de gravité et vousobligez votre dos à fournir plus d’ef-forts. Par contre, en transportant desobjets compacts, vous gardez vos brasrapprochés de votre corps et vous exi-gez moins de votre dos. De plus, ensoulevant des objets compacts, vousrisquez moins de perdre l’équilibre.

« Parmi les objets que vous manu-tentionnez régulièrement, s’il y en adont le format ou le volume pourraitêtre réduit pour en faciliter la manu-tention, n’hésitez pas à appeler les fabricants et à leur faire part des pro-blèmes que vous cause la manuten-tion de ce genre d’objets. Vous doutezde l’efficacité de votre démarche ? Essayez, vous verrez bien! »

Prévenir aussi, bulletin d’information de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur de la construction, vol. 14, no

3,octobre 1999, p. 4.

Où est le truc ?« […] Le concept est relativement simple. Le professeur Jean-Pierre Brun,du Département de management del’Université Laval, part du principe que la plupart des gens n’ont pas d’accident la plupart du temps. C’estdonc qu’ils doivent savoir faire deschoses pour les éviter. Comment s’yp r e n n e n t - i l s ? Les travailleurs ont-ilsdes trucs qu’ils peuvent enseigner auxautres pour les aider à éviter les acci-d e n t s ? Dans la majorité des cas, laréponse à cette question est indis-cutablement OUI. Alors il s’agit derechercher activement ces trucs, cessavoir-faire de prudence, et de les

Jour après jour, mois aprèsmois, le souci de la préventiondes accidents du travail et desmaladies professionnelles se répand au Québec. Dans cettechronique destinée à diffuserl’information, Prévention autravail vous propose de courtsextraits d’articles et de repor-tages, aussi variés que possible,publiés par ses partenaires dans des revues, magazinesou bulletins de liaison.

Le paritarisme au labo« Par la force des choses, l’Associationpour la santé et la sécurité du travail,secteur affaires sociales (ASSTSAS) a été appelée à se constituer en vérita-ble laboratoire du paritarisme dans sonpropre secteur. Les orientations et lesprogrammes de l’association sont obli-gatoirement issus de consensus pari-taires entre les diverses associationspatronales et syndicales membres.

« Il ressort de l’expérience paritairedes attitudes nouvelles, imprégnées deconfiance et de respect mutuel, entreautres. Ces comportements nouveauxse sont développés au fil des pro-jets menés par l’ASSTSAS avec diverspartenaires, utilisateurs, fabricants,fournisseurs et responsables de la pré-vention dans les établissements pour ne nommer que ceux-là.

« Le paritarisme ne fait pas qu’im-prégner les modes de fonctionnementinterne de l’ASSTSAS. Il teinte égale-ment les interventions réalisées auprèsde ses clients. […] L’approche paritairea fait des petits. L’exercice de réso-lutions de problèmes s’effectue davan-tage le plus près possible de leur lieud’occurrence, c’est-à-dire dans les uni-tés et dans les services mêmes. La décentralisation pousse un cran plusloin l’application du paritarisme. »

Objectif Prévention, revue d’informationde l’Association pour la santé et la sécuritédu travail, secteur affaires sociales(ASSTSAS), vol. 22, no

4, 1999, p. 2.

propager le plus possible. Ces savoir-faire peuvent être intégrés aux ins-pections de sécurité, aux réunions desécurité, aux méthodes ISO, en sommeà la structure de prévention ou de qua-lité déjà existante dans l’entreprise. Ilne s’agit pas d’un énième programmequi vient se superposer aux autres déjà en place pour alourdir la tâche de la prévention. Il s’agit d’une autre approche positive qu’il est possibled’implanter conjointement et qui esttrès valorisante pour les personnes donton met les habiletés en évidence. »

Travail et santé, revue francophone pour la santé du travail et de l’environnement,vol. 15, no

3, septembre 1999, p. 41.

Pattes blanches« Rien n’oblige un carrossier ou un mécanicien à avoir des mains gercées,crevassées ou noircies ! Une bonne hygiène aide à conserver ses mains enbon état. Selon les travaux, porter desgants en nitrile, en néoprène ou en cuir,ou appliquer une crème protectrice. Selaver les mains et les avant-bras avantchaque pause, aux repas et à la fin dela journée. Utiliser un savon à based’eau, avec émollient, à pH neutre et sans abrasif. Mouiller les mains et les avant-bras, savonner et brosser aubesoin pour nettoyer les ongles et lesendroits difficiles. Bien rincer. Séchersoigneusement les mains et appliquerune crème hydratante pour éviter ger-çures et fendillements. »

Auto Prévention, revue de l’Associationsectorielle services automobiles, vol. 13, no

4, décembre 1999, p. 23. O

Lu pour vous

Page 32: SECTION CSST À l’écoute!

| Prévention au travail | Printemps 2000 |3 4

Aluminerie ABI,

de Bécancour

En face de Trois-Rivières, toutprès du fleuve, s’élève l’Aluminerie deBécancour inc. (ABI), immense boîtemétallique entourée de dépendances.Dans les salles de cuves, une gigan-tesque alchimie se réalise tous les jours par la transmutation du mineraien aluminium. Les opérations large-ment automatisées ont peu de choses en commun avec le travail héroïque despotmen (cuvistes). Ceux-ci travaillaientau milieu des émanations, à des tem-pératures qui auraient fait passer lesforêts amazoniennes pour des havres de fraîcheur. Mais alors que le cœur del ’ u s i n e vomit impérialement ses cou-lées argentées à intervalle fixe, milleouvriers s’activent pour le nourrir etl’entretenir. Mille petites opérations,mille petits risques. Trois d’entre ellesont reçu une attention particulière.

Quand c’est pas ton tourDenis Gélinas s’est toujours méfié dumandrin de son tour. Sur cet outil, lemandrin est l’élément le plus impres-s i o n n a n t : c’est un énorme disque métallique qui tourne à haute vitesse en serrant entre ses quatre mors la pièce à usiner. Depuis les débuts del’ère industrielle, il a été la cause

d’innombrables accidents : pièce usinéequi s’arrache de ses griffes, mécani-cien qui le touche par mégarde… Aussi,les tours numériques modernes sont-ils maintenant munis d’un capot qu’on rabat pendant l’usinage de la pièce.

Certaines opérations ne peuventtoutefois se faire qu’à capot relevé.C’était le cas, en ce matin de juillet1997, alors que Denis Gélinas limait unarbre conique. L’opération est simple :il suffit d’appliquer la lime contre lapièce en rotation rapide. Connaissantles risques, il a pris garde de se tenir à distance respectueuse du mandrin.Mais le danger est venu d’où il ne l’attendait pas. Penché sur son ouvrage,il n’a pas vu que la manche de sa salopette frottait contre l’arbre coni-que encore rugueux. Les aspérités ontagrippé le tissu et la manche s’est enroulée sur le cône comme un fil autour d’une bobine. En une fraction de seconde, Denis Gélinas s’est trouvé inexorablement attiré vers la machine.Il n’a pu rejoindre la manette permet-tant de désembrayer l’appareil, car elle est située sur le chariot porte-outil— gros bloc coulissant qui supportel’outil de coupe — lequel avait étépoussé à l’extrémité du tour pour dé-gager la pièce à limer. « J’étais sûr queje perdrais une partie de mon bras »,raconte-t-il d’une voix calme. D’unetraction vigoureuse, il a réussi à s’ar-racher au piège. Non sans de sérieuseséraflures au bras, six côtes fracturées etune oreille passée à la râpe. Sa chemiseet une bonne partie de sa salopette sontrestées enroulées autour de l’arbre.

La gravité de l’accident nécessiteune enquête en bonne et due forme. Le comité paritaire crée un groupe detravail chargé de déterminer la sourcedu problème et d’y apporter des solu-tions. On attaque sur deux flancs. Première offensive, les vêtements.Comment concilier les impératifs desécurité à proximité des pièces en mou-vement avec le besoin de protéger lesavant-bras contre les copeaux brû-lants? « On a étudié toutes les solutionspossibles, on a discuté entre nous. Ce

qui a été catégorique, c’est l’interdic-tion de porter un sarrau ou une salo-p e t t e », indique Denis Foucreault,coordonnateur au service de santé et de sécurité au travail.

La salopette enlevée, restait la che-mise. Devait-on privilégier la manchelongue ajustée au poignet ou la manchec o u r t e ? Jugement de Salomon, on achoisi de faire confectionner des che-mises spéciales munies de deux bou-tons à la manche au lieu d’un seul. Le technicien peut ainsi remonter sesmanches plus haut sur les avant-bras,pour réduire les risques qu’un pan duvêtement soit happé par une machine-outil. On a également modifié le rè-glement qui obligeait le technicien à porter des manches longues. « C’est àla discrétion du travailleur, expliqueGeorges Frigon, lui-même technicienen mécanique. Le gars de métier est lemieux placé pour prendre la décision. »

Deuxième offensive, modifier la machine elle-même. Que faire pour larendre plus sûre? « Le comité s’est en-tendu sur les objectifs, explique GuyMorin, responsable de la santé et de lasécurité à l’entretien. Dans cette pers-pective, les travailleurs se sont rendusvisiter différents ateliers d’usinage. »Mais il n’existait rien de satisfaisant sur le marché. « Ils ont alors proposédifférentes solutions, poursuit-il. À partir de leurs recommandations sur la sécurité physique, Nelson Dufour,contremaître de l’atelier central, adonné une suite au projet. » La solutiona consisté à installer un frein d’urgencequi interrompt la rotation du mandrin.Il s’agit d’une pédale courant sur toutela longueur du tour, que le mécani-cien peut rejoindre rapidement quelleque soit sa position. On voulait que la pédale de frein serve aux opérationscourantes, afin que son utilisation de-vienne un automatisme. Le frein devaitdonc interrompre la rotation du man-drin, sans pour autant arrêter le mo-teur électrique. Si le mécanicien doit le relancer chaque fois qu’il appuie surla pédale de frein, il la délaissera au profit de la manette d’embrayage.

Trois co u rtes histo i res de sécu ri t éQuand on produit

de l’aluminium à la tonne,la sécurité n’est pas prise

à la légère. Mais la grandeproduction ne doit pas

pour autant faire oublier les petites opérations

périphériques. Chez ABI,on a apporté des

améliorations ingénieuses qui ont accru la sécurité de

trois pièces de machineriecommunes à beaucoup

d’entreprises.

Aluminerie ABI,

de Bécancour

Page 33: SECTION CSST À l’écoute!

Il fallait donc coupler la pédale defrein à un embrayage électrique, plusefficace et rapide que l’embrayage mécanique du tour. L’électricien AndréMcNicoll a été chargé de réaliser laprouesse technique : « J’ai dû m’yreprendre à quelques fois pour réus-sir », admet-il avec modestie.

Quatre mois après l’accident, le tourest prêt et fonctionne comme prévu. Labonne nouvelle s’est répandue, l’alu-minerie Reynolds, de Baie-Comeau,s’est même enquise du système. Lestechniciens sont satisfaits et rassurés,mais ils conservent une saine prudence,comme l’observe Nelson Dufour :« C’est un métier dangereux. Il ne fautpas arriver endormi le matin ! »

Élévateur hydraulique :comment soulever le problèmeDans une industrie lourde, les véhiculesle sont aussi. Soumis à rude épreuve,ils doivent recevoir un entretien rigou-reux. La vaste salle d’entretien mé-canique d’ABI est équipée de troispuissants élévateurs hydrauliques capa-bles de soulever jusqu’à 12 tonnes. Lescommandes des valves sont placées

dans une trappe ménagée dans leplancher de béton et fermée par unelourde plaque d’acier.

Les manœuvres sont complexes.Chaque élévateur est constitué d’uncylindre hydraulique frontal et d’undouble cylindre à l’arrière, indépen-dants l’un de l’autre. Le cylindre fron-tal peut se déplacer légèrement d’avanten arrière, pour s’ajuster à la configu-ration du véhicule. Chacun doit d’abordêtre doucement activé pour qu’il vienneen contact avec ce dernier. Les cylin-dres sont ensuite déployés simultané-ment pour soulever la charge.

Il s’ensuit ce curieux paradoxe : lemécanicien est obligé de s’accroupir etde plonger les deux mains dans unefosse pour maîtriser une charge quis’élève du sol. « On était des contor-s i o n n i s t e s ! », résume le mécanicienRichard Dallaire. « Les contrôlesétaient au sol, tout près du véhicule,ajoute son collègue René Cyrenne. Si le véhicule avait basculé, il aurait pu nous tomber sur le dos. »

Il y avait, en outre, le risque moinsdramatique, mais néanmoins désa-gréable, de voir la plaque de fermeturese rabattre sur un pied. Divers maux dedos et des pieds endoloris témoignentde l’incongruité du dispositif, qui avait été assidûment dénoncé depuis de nombreuses années, selon YvesBeaulieu, représentant syndical aucomité paritaire.

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 3 5

Une longue pédale rouge, accessible sur lalongueur du tour, permet de stopper rapidementle mandrin. Grâce à l’ajout d’un embrayage électrique, le moteur peut continuer à tourner,prêt pour une nouvelle manœuvre.

Accroupi, lesmains plongées

dans la fosse, le mécanicien

devait actionner les contrôles

hydrauliques enn’ayant qu’une

vue partielle de la charge,

dont il se trouvait d a n g e r e u s e m e n t

p r o c h e .

Page 34: SECTION CSST À l’écoute!

Une fois le feu vert accordé par ladirection, un groupe de travail mul-tidisciplinaire a été formé. Son ani-mation a été assurée par Guy Morin, responsable de la santé et de la sécuritéà l’entretien. La première démarche aconsisté en une quête de matériel stan-dard, qui s’est révélée vaine. On s’estensuite informé auprès de propriétairesd’élévateurs semblables, aux prisesavec les mêmes problèmes. Certainsavaient trouvé des solutions-maison,mais on n’a rien relevé qui satisfaisaitvéritablement aux exigences de l’en-treprise. Nécessité faisant loi, les membres du groupe ont alors cerné lesvéritables besoins et se sont attaqués à la recherche d’une solution parfai-tement adaptée.

Il fallait commencer par redresserl’utilisateur lui-même. Plutôt qu’unpanneau de contrôle fixe, on a optépour une télécommande semblable àcelles qui dirigent les ponts roulants.Le mécanicien peut ainsi se déplacer pour adopter l’angle de vision le plus approprié, tout en se tenant à dis-tance respectueuse du mastodonte enlévitation. La télécommande devait

être reliée par un câble électrique à la trappe qui cache les valves hy-drauliques. Alors qu’André McNcoll prenait charge des circuits électriques,Denis Saint-Arneault, technicien enmécanique hydraulique, habitué à travailler sous pression, s’est occupédes questions hydrauliques. Il a mis en place des valves autobloquantes qui remplacent les anciens loquets de sécurité si difficiles à manipuler, au fond de la trappe.

Après neuf mois de réunions bi-mensuelles, le premier prototype étaitachevé. Pourquoi tant de temps ? Il a fallu peaufiner chaque détail. Lalongueur du câble, par exemple. Il devait être assez long pour ne pas restreindre les mouvements et les déplacements, sans interférer pour autant avec les autres éléments de l’atelier. Après de longues discussions,le consensus s’est finalement établi à3,65 mètres (12 pi). À titre de bilan,René Cyrenne note : « Ce qu’il fautretenir, c’est la totale satisfaction desutilisateurs. » Comme quoi la foi dansle travail d’équipe permet de souleverdes montagnes !

Un chariot-élévateur atteintde nouveaux sommetsIl est toujours impressionnant de voirmanœuvrer les caristes. Ils parcourentdes allées étroites avec assurance etprécision, virent sur un mouchoir depoche et s’arrêtent pile en face de l’étagère en même temps qu’ils hissentleur charge. Le poste de conduite esthérissé de quatre leviers de manœuvrehydrauliques qui contrôlent l’inclinai-son du mât, la levée ou la descente dela fourche, etc. Véritable organiste surquatre roues, le cariste doit en outrecomposer avec un trio de pédales. Aupied droit se trouvent l’accélérateur etle frein, qui servent au déplacement du véhicule. Le pied gauche a pourtâche unique, mais capitale, de mani-puler la pédale d’approche. Quand lechariot arrive à proximité de la plate-forme ou de l’étagère où il doit déposersa cargaison, cette pédale permet defreiner le véhicule tout en débrayant le moteur afin qu’il concentre sa puis-sance à la levée hydraulique de lacharge. Simultanément, le pied droitenfonce l’accélérateur pour que le mo-teur fournisse l’effort nécessaire.

Gaston Bouchard (nom fictif) est unde ces virtuoses. Ces dernières années,une maladie affectant sa jambe gauchel’a empêché de conduire son chariot-élévateur. Il a pu être affecté à destâches de bureau, mais il y était mal-heureux. Un fauteuil de bureau estbeaucoup plus statique qu’un siège deconducteur.

« À un moment, on s’est dit qu’ilfallait aller plus loin que ça, expliqueChristian Guérette, responsable de lasanté et de la sécurité à la fonderie. On a alors formé un groupe d’inter-vention, pour voir comment on pourraitretourner Gaston dans son milieu detravail. » L’équipe était constituée deson prédécesseur Martin Bérubé, dureprésentant syndical Yves Beaulieu,d’ingénieurs, de mécaniciens de l’ate-lier central et, bien sûr, du principal intéressé, Gaston Bouchard. Il n’y avait d’autres solutions que de modi-fier le chariot-élévateur : « La difficultéconsistait à trouver comment actionnerla pédale d’approche sans se servir dupied gauche. Les gens du comité sesont penchés là-dessus. »

Puisque le pied gauche n’était pasdisponible, il fallait donc se servir dupied droit. « Pour éviter que Gaston aità croiser la jambe droite pour toucher

| Prévention au travail | Printemps 2000 |3 6

Quelques boutons permettent maintenant de déplacer le cylindre frontal, d’amener en appui les cylindres avant et arrière, puis d’exécuter la levée simultanée, et l’équilibrage se fait automatiquement. Le tout sur une seule télécommande !

Page 35: SECTION CSST À l’écoute!

réaliser. « Finalement, claironne iro-niquement M. Guérette, on a trouvé lesystème idéal. Comme il est habituel de manipuler les leviers hydrauliques,on y a ajouté deux petits leviers qui servent chacun d’accélérateur. »

Au moment de déplacer une charge,Gaston Bouchard lève ou abaisse lelevier hydraulique correspondant à lamanœuvre, tout en actionnant celui des deux leviers d’accélération qui yest accolé. « On peut saisir les deux àla fois, commente-t-il. On finit paradopter une façon de travailler. » « Çaa l’air simple, comme ça, mais on a travaillé fort pour y arriver », conclutSylvain Veillette, le mécanicien qui afait la majeure partie du travail de conception. Il lui a notamment falluajuster la course des leviers d’accéléra-tion pour qu’elle corresponde à celledes leviers hydrauliques, et que lesdeux manœuvres soient parfaitementsynchronisées. Pour éviter que lesautres utilisateurs s’empêtrent dans lapelote de leviers, on a prévu des em-bouts dévissables aux deux leviers

d’accélération. Gaston Bouchard lesenlève quand il quitte son véhicule.

Les modifications, qui ont été réa-lisées sur un chariot dont ABI était propriétaire, ont été validées par le service d’ingénierie de la compagnie.L’autre chariot du secteur où travailleGaston Bouchard était en location. Ona donc demandé au loueur d’y apporterles mêmes changements, ce qu’il a accepté après explications détaillées.« Voilà un bel exemple d’adaptation deposte de travail, conclut Luc Schreiber, inspecteur à la Direction régionaleMauricie – Centre du Québec de laCSST. Ça montre qu’il est possible d’yparvenir, que ce soit à la suite d’un accident du travail ou d’un autre pro-blème spécifiq u e . » Pour sa part, GastonBouchard est satisfait. Il est enfin re-tourné derrière le volant de son engin,qu’il pilote avec toute sa mæstria d’an-tan. « Tu le regardes travailler, constateChristian Guérette, et tu ne vois pas dedifférence avec les autres. » O

Marc Ti s o n

| Prévention au travail | Printemps 2000 | 3 7

La main droite a remplacé le piedgauche. Deuxleviers d’accélé-ration amoviblesont été ajoutésentre les leviers de commandehydraulique. On allège ainsi la tâche du pieddroit pour yajouter les fonc-tions du piedgauche. Les pro-blèmes existentpour être résolus !

la pédale d’approche sur la gauche, ona simplement synchronisé la pédale defrein et la pédale d’approche en ajou-tant un câble. Quand on se sert du frein standard, on actionne en mêmetemps la pédale d’approche. L’utilisa-teur normal ne voit pas la différence.En appuyant sur la pédale de frein, ilfreine et il débraie en même temps, cequi ne change rien pour lui », expliqueChristian Guérette.

Mais pour lever une charge, GastonBouchard ne peut pas enfoncer cettepédale de frein-approche, et appuyer simultanément sur l’accélérateur pourfaire grimper le régime du moteur.Comment résoudre ce dilemme? On ad’abord songé à mettre un accélérateurau volant, sur une commande ressem-blant à une poignée de frein de bicy-clette. Les mouvements du volantrendaient sa manipulation difficile, surtout dans les virages. La poignée aété ensuite installée sur un des quatreleviers de manœuvre du tableau debord. Encore une fois, certaines opé-rations complexes étaient difficiles à

Page 36: SECTION CSST À l’écoute!

Avant

La rén ovat i o n du vieilimmeuble Simpson’s, rue Sainte-Catherine Ouest à Montréal, où s’estlogé depuis peu le magasin Simons,nous montre que la culture de laprévention fait peu à peu son entréechez les concepteurs de projets. Lesarchitectes de la firme Desnoyers-Mercure et associés, responsables duchantier, ont suggéré au nouveau pro-priétaire, Industrielle Alliance, de coif-fer le bâtiment d’une jolie corniche.L’idée a d’abord été refusée pour desraisons d’ordre financier. Le proprié-taire voulait plutôt investir dans l’ins-tallation d’un système sécuritaire pourlaver les vitres. « Nous lui avons alorsproposé d’intégrer le dispositif de sé-curité à la corniche, et il a accepté »,explique Jozef Zorko, un des archi-tectes du projet. « Nous avons doncréussi à joindre l’utile à l’agréable »,ajoute Jean-Yves LeSieur, autre archi-tecte participant.

Quand on lève les yeux depuis larue, on aperçoit à peine le rail qui courtsous la corniche, puisqu’il se trouveparfaitement de niveau avec le revête-ment de zinc. Les échafaudages volantsdes laveurs de vitres peuvent désor-mais être accrochés en toute sécurité à de robustes anneaux coulissant sur ce rail, lui-même solidement boulonné

à la structure d’acier de la corniche en porte-à-faux. « Ce dispositif est à la fois très simple, très sûr, et parfai-tement esthétique », se réjouissent à l’unisson Suzanne Dion, conseillère à la Direction de la prévention-inspec-tion de la CSST et architecte, Laurent Desbois, conseiller à la même direc-

tion, ingénieur et spécialiste en pré-vention des chutes, et Josée Ouellet, inspectrice du chantier, de la Directionrégionale Île-de-Montréal – 1. Il suffi-sait d’y penser au bon moment et, pourle faire, d’en avoir entendu parler ! O

Guy Sabourin

Combiner le sécuritaireà l’agréable

Les anneaux, coulissant sur le rail,permettent d’accrocher leséchafaudages pour le lavage des vitres, le calfeutrage, la maçonnerie,etc. Esthétique, pratique et sûr !

Après

| Prévention au travail | Printemps 2000 |3 8

Prévention des chutes de hauteur

Page 37: SECTION CSST À l’écoute!

Le cycle de réfrigération utilise ceprincipe. À l’aide de compresseurs, on comprime l’ammoniac à haute pression, puis on l’achemine vers un condenseur. Grâce à des ventila-teurs installés sur le toit de l’usine, le condenseur libère dans l’atmosphère la chaleur contenue dans l’ammoniac,ce qui le fait passer à l’état liquide. Cet ammoniac désormais liquide estconservé dans un réservoir sous pres-sion. Par des canalisations, on l’ache-mine vers un évaporateur, lequelconstitue en fait l’organe de réfrigé-ration. La soupape, à l’entrée de l’éva-porateur, induit une chute de pressionqui permet à l’ammoniac de retournerà l’état gazeux. Il regagne la chaleurcorrespondant à ce nouvel état en za-soutirant celle de son environnement,qui se trouve ainsi à refroidir. Le gazréchauffé est ensuite conduit au com-presseur du départ pour un nouveau

cycle. Le tout fonctionne en circuitfermé. Tant qu’il n’y a pas de fuite, il n’ya pas besoin de nouvel ammoniac dansle système. C’est un cycle perpétuel !

Utile,mais dangereuxTout irait pour le mieux dans le meilleurdes mondes si l’ammoniac ne représen-tait pas un sérieux danger pour la santé.Son facteur d’expansion élevé consti-tue une large part du problème. Ainsi,lorsqu’il est libéré à une température de25 °C, un seul litre d’ammoniac liquideà -34 °C suffit à produire un volume de979 litres de gaz. Dans une pièce de98 m3 (6 m sur 6 m avec un plafond à2,7 m), cela correspond à une concen-tration approximative de 10000 partiespar million (ppm).

Or, lors d’une exposition de 30 mi-nutes à une concentration de 300 ppm,on observe déjà une irritation des yeux et des voies respiratoires, des brûlures

| Prévention au travail | Printemps 2000 |4 0

MolsonDans de nombreux secteurs

industriels, et particulièrement

en alimentation, les systèmes

de réfrigération fonctionnent à

l’ammoniac, un gaz toxique. Il revenait

peut-être à Molson, la plus vieille

brasserie d’Amérique

du Nord, de

prendre l’initiative

de la sécurité et

de la prévention.

1 Chlorofluorocarbones

Les accidents reliés à l’ammoniacEntre 1991 et 1995, on a relevé au Québec 60 accidents reliés à l’ammoniac. Ils ont entraîné des lésions professionnelles et donné lieu à une indemnisation des travailleurs. Plus de 30% d’entre eux appartenaient au secteur des alimentset boissons, 13% à l’industrie chimique et à la fabrication de produits minérauxnon métalliques, et 13% au secteur commercial. oSource : Systèmes de réfrigération fonctionnant à l’ammoniac — Mesures de prévention, CSST.

Quand l’ammoniaclaisse un froid

Ah ! Une bonne bière fraîche, dansune chope dégoulinante de conden-sation, symbole immémorial de la finde la journée de travail! Curieusement,une température basse est aussi impor-tante durant la fabrication de la bièrequ’elle est appréciée au moment de laconsommation. Dans les salles d’entre-posage du houblon et durant la filtra-tion, il faut maintenir une températurede -1 °C à 3 °C.

Pour atteindre ce résultat, les bras-series, comme beaucoup d’industries,utilisent l’ammoniac. Ce gaz est cinq à six fois plus efficace que les CFC1

— marque de commerce « Fréon » —,qui ont connu une sombre notoriété en raison des dommages qu’ils causentà la couche d’ozone.

L’ammoniac est un composé chi-mique à base d’azote et d’hydrogène— formule moléculaire NH3, pour les nostalgiques des cours de chimie.Gazeux à la pression atmosphériquede la pièce, il présente l’avantaged’absorber une g rande quanti té de chaleur lorsqu’il passe de l’état liquide à l’état gazeux. C’est cette caractéristique qui le rend si utile enréfrigération. Comme on le sait peut-être, l’évaporation et la condensation — le passage de l’état liquide à l’étatgazeux et inversement — se produi-sent à une température plus basse àmesure que la pression diminue. Àl’inverse, si on comprime un gaz, cechangement d’état se produit à unetempérature plus élevée.

Page 38: SECTION CSST À l’écoute!

chimiques sur les régions cutanées exposées, ainsi que des ulcérations et unœdème des muqueuses nasales. Une expo-sition à une concentration de 10000 ppmentraîne la mort en quelques minutes.

Évidemment, face à ces faits trou-blants, une lancinante question sep o s e : pour diminuer les risques, faudra-t-il en venir à réduire la con-sommation de bière ? Heureusement,Molson est un leader en matière deprévention et de mesures de sécuritédans l’utilisation industrielle de l’am-moniac en réfrigération. À telle en-seigne que Richard Morin, chef de lacentrale thermique et maître d’œuvredu programme de prévention et desécurité relatif à l’ammoniac, participeà la formation technique des inspec-teurs de la CSST.

Un programme d’entretien fouilléLe long du Saint-Laurent, à Montréal,l’usine Molson est une juxtapositioncompacte d’une vingtaine de bâti-ments récents et anciens, séparés parde petites cours intérieures ou d’é-troites voies d’accès. Au milieu ducomplexe, alors que flottent, au gré duvent, les effluves à la fois sucrées etâcres de la macération du houblon, onpeut voir, sur un mur extérieur, unesérie de conduits colorés qui grimpenten parallèle jusqu’au toit. Ils pénètrent

dans un grand boîtier argenté où vrom-bissent d’énormes ventilateurs. C’estle condenseur qui refroidit l’ammo-niac sous pression pour le liquéfier.Toute l’usine est ainsi parcourue deplusieurs kilomètres de tuyaux, iden-tifiés par couleur en fonction de cequ’ils convoient. Sur un réseau decette ampleur, les risques de rupturene sont pas négligeables.

« Avec un bon programme d’en-tretien préventif, on peut réduire lesrisques, affirme M. Morin. Chez Molson, on fait des inspections régu-lières des opérations et du matériel à une fréquence préétablie. Un pro-gramme d’entretien informatisé in-dique quel appareil doit être inspectépar notre équipe d’entretien. » Molsona mis au point à cet égard ses propres exigences, qui surpassent certains usagesreconnus. C’est ainsi que les soupapesde sécurité sont changées ou certifiéestous les cinq ans.

Lorsque des travaux sont néces-saires, ils doivent être exécutés par destechniciens en réfrigération spéciale-ment formés, préalablement munisd’un permis correspondant à la tâche.« On a mis par écrit, à l’intention desutilisateurs en salle de machines et desmembres de l’équipe d’entretien, unbon nombre de procédés, qu’ils appli-quaient déjà depuis de nombreuses

années, relève Richard Morin. Pour queles manœuvres se fassent de façon stan-dardisée, ces procédés sont réunis dansun cahier, ce qui est également trèsutile pour la formation des nouveauxemployés. » Pour toute intervention, lesmécaniciens ont en main un schéma ducircuit avec les valves bien identifiées.Tout le réseau est soigneusement tenuà jour sur dessin.

De solides mesures de protectionDans un corridor de l’usine, un gros re-froidisseur est couché contre le mur.C’est un échangeur de chaleur, où lesconduits d’ammoniac refroidissent unliquide caloporteur, qui ira à son tourrefroidir un autre élément. On éviteainsi qu’une fuite d’ammoniac, mêmeinfinitésimale, vienne contaminer leproduit. L’échangeur de chaleur et sestubulures sont protégés par un solidegarde fabriqué en tuyau d’acier de 15 cm de diamètre, fixé au sol et peinten jaune vif. Une affiche annonceclairement le danger. Les chariots quicirculent à proximité ne risquent doncpas de heurter et de percer un conduit.Les mêmes précautions sont prisespartout dans l’usine.

« De façon ponctuelle, raconte M. Morin, nous faisons une analyse de risques de notre système d’am-moniac, dans ses moindres détails opérationnels. On fait le tour de nos installations, de notre tuyauterie, de nos supports de tuyauterie, etc. On vérifie si tout est bien identifié. On regarde même sous l’isolation pour voir si la tuyauterie n’est pas corro-dée. Avec cette analyse de risques, faite par des experts, on voit l’usinesous un autre angle. Par exemple, on a ajouté des gardes supplémentairespour accroître la sécurité dans des en-droits jugés à risque. »

Savoir détecter un problèmeDans la chambre froide où est entre-posé le houblon, le mur est parcourud’un serpentin couvert de givre, danslequel circule de l’ammoniac. Au

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Normand Hallé, mécanicien de machines fixes, procède à la lecture des données d’un compresseur. À l’aide de cet appareil, l’ammoniac est comprimé à haute pression, puis acheminé vers un condenseur.

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plafond voûté, on observe un petitboîtier connecté à un câble électrique.Il s’agit d’un détecteur d’ammoniac.S’il arrivait que la concentration am-biante dépasse 35 ppm, une valve à activation électrique couperait automa-tiquement l’arrivée de l’ammoniac et,simultanément, la fuite serait signalée

au centre de contrôle. Après confirma-tion de la fuite, une alarme entraîneraitl’évacuation du secteur.

Un petit tube transparent monte lelong d’une colonne pour débouchersous la sonde du détecteur. On peut yintroduire de l’ammoniac afin de véri-fier si le détecteur fonctionne normale-ment. « Chaque mois, assure RichardMorin, il y a une simulation sur chaquedétecteur et, deux fois par an, on fait unevérification de la calibration. » Tous lessecteurs où circulent des conduits d’am-moniac sont ainsi équipés.

Des interventions concertéesDans la bruyante salle des machines,les énormes compresseurs sont héris-sés de tuyaux de calibres variés, quivont se croiser au plafond pour ensuite filer dans toutes les directions. C’est le centre vital du système de réfrigération.Dans un coin de la salle se trouve lecentre de contrôle, cagibi métalliquepercé de hublots oblongs, où veille enpermanence un surveillant entouréd’écrans cathodiques. Si une fuite seproduit, le système informatique en indique immédiatement l’endroit.

Au moment de notre courte visite,comme pour démontrer l’efficacité des mesures de sécurité, le surveillantreçoit un appel radio. On signale unepetite fuite potentielle : une pièce d’étoupe dégage une légère odeurd’ammoniac. L’interlocuteur demandedes masques pour pouvoir corriger leproblème en toute sécurité.

Il ne s’agissait que d’un incident ordinaire, mais pour le cas où il faudraitaffronter un problème d’envergure,Molson a entraîné sa propre brigaded’intervention, composée de 30 per-sonnes. En outre, 19 techniciens de lacentrale thermique peuvent revêtir descombinaisons spéciales, parfaitementhermétiques, ininflammables et résis-tantes au mélange eau-ammoniac,éminemment corrosif. La brigade d’in-tervention est en communication étroiteavec le Service de prévention des in-cendies de Montréal (SPIM). « On amis au point avec ce service public un plan d’attaque personnalisé qui va dans tous les détails, relate DianePion, associée à la santé-sécurité chez Molson. Ils connaissent nos bâtiments,

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Grâce à des ventilateurs installés surle toit de l’usine, le condenseur libèredans l’atmosphère la chaleur contenue dans l’ammoniac, ce quifait passer le gaz à l’état liquide. Par la suite, il est conservé dans un réservoir sous pression.

Par des canalisations, l’ammoniac liquide est acheminé vers un

évaporateur, lequel constitue en fait l’organe de réfrigération. La soupape,

à l’entrée de l’évaporateur, induit une chute de pression qui permet

à l’ammoniac de retourner à l’étatgazeux. Guy Laforest, mécanicien

de machines fixes, ferme les vannes.

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nos accès et nos produits. Ils savent àquoi s’attendre avant d’intervenir. Nousavons également un programme de formation commun avec le SPIM pouravoir la même stratégie lors d’unemanœuvre. »

Depuis cinq ans, l’exercice d’in-cendie annuel se double d’un exerciced’alerte de fuite d’ammoniac, pourlequel tout le personnel concerné a reçuune formation. On fournit aussi aux entrepreneurs de l’extérieur un télé-avertisseur d’urgence. Sur les murs descorridors de l’usine, des affiches in-diquent les codes que les téléavertis-seurs afficheront en cas d’évacuation.« Pour éviter toute ambiguïté, ajouteDiane Pion, on a ajouté des alarmesavec un timbre sonore différent de celuide l’incendie, installées dans les partiesde l’usine où circule de l’ammoniac. »

Au bénéfice de tousCe programme est le fruit des effortsconcertés des employés et de la direc-tion, et il bénéficie à tous, y compris àla population en général, comme lesouligne André Dutremble, responsablede la santé-sécurité du syndicat localdes Teamsters : « Nous autres, les tra-vailleurs à l’intérieur, on s’assure avecl’employeur d’un bon programme de prévention et d’un bon niveau de parité. En assurant notre sécurité, on assure en même temps celle des gensde l’extérieur. Notre sécurité s’estbeaucoup améliorée et le syndicat le dit ouvertement. On est content de voir quel’employeur soit partie prenante. » O

Marc Ti s o n

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Un guide de prévention pour les systèmes de réfrigération fonctionnant à l’ammoniacÀ la suite d’une fuite d’ammoniac ayant coûté la vie à un travailleur et blesséune vingtaine de personnes dans une usine de traitement des viandes, en1997, le coroner Paul G. Dionne avait demandé la formation d’un comité d’experts pour le conseiller. L’essentiel des recommandations du comité aété regroupé dans le guide Systèmes de réfrigération fonctionnant à l ’ a m m o n i a c — Mesures de prévention, préparé par la CSST, en collabora-tion avec la Régie du bâtiment, la Direction de la santé publique de Montréal-Centre et le Service de prévention des incendies de Montréal. Luc Ménard, conseiller à la Direction de la prévention-inspection de la CSST, chimiste de formation et hygiéniste industriel, était responsable de la rédaction. « Le guide a été validé par l’ensemble des membres ducomité, ainsi que par des responsables de l’extérieur, comme l’Associationdes mécaniciens de machines fixes du Québec et la Corporation des entre-prises de traitement de l’air et du froid », explique-t-il.

Outre des sections très complètes sur l’ammoniac et les systèmes deréfrigération, le guide contient un programme de prévention en cinq points.Identifié par l’acronyme FRIGO, il porte sur la Formation, le Respect de la réglementation, l’Inspection des installations, la Gestion préventive et l’Organisation des mesures de protection de la santé et de la sécurité.

L’information, très bien organisée, est à la fois fouillée et vulgarisée. « La grille d’ins-pection des systèmes fonctionnant à l ’ammoniac, qui a demandé untemps considérable, est très appré-ciée des gens du milieu », souligne Luc Ménard. Cette grille établit la liste des éléments à vérifier dans uneinstallation de réfrigération, en y asso-ciant les règlements et les normes quis’appliquent.

Le guide est distribué gratuitement. La Commission scola ire Marguerite-Bourgeoys l’utilise comme document pédagogique du cours de réfrigération. En somme, un document chaleureuse-ment accueilli. O

L’échangeur de chaleur et ses tubulures sont protégéspar un solide garde-corps en tuyau d’acier de 15 cm de diamètre, fixé au sol et peint en jaune vif. Uneaffiche annonce clairementle danger. Les chariots circulant à proximité nerisquent donc pas de heurteret de percer un conduit.

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Super mèche pour candidat boutefeu !Devenir boutefeu n’est pas une mince tâche. L’examen écrit, exigé par le Code desécurité pour les travaux de constructionet que fait passer la Commission de la cons-truction du Québec (CCQ), doit être réussiavec 80% (note minimale).

Afin d’aider les candidats, le Centre d’éla-boration des moyens d’enseignement duQuébec (CEMEQ) a publié, en collaborationavec la CSST, le guide pédagogique Contextelégal de l’occupation de boutefeu. Ce manuel d’auto-apprentissage, espère-t-on, permettra de mieux connaîtreet comprendre l’ensemble des exigences en matière d’explosifs.

Selon le comité de coordination CSST-CCQ, plusieurséchecs s’expliquent par une méconnaissance des lois et règlements visant cette activité professionnelle com-plexe et à haut risque. L’explication ? Il est très ardu voire impossible, pour les candidats, de trouver l’ensemble des lois, tant fédérales que provinciales, applicables aux explosifs. Or, l’examen comporte précisément de nom-breuses questions sur la connaissance des exigences régle-mentaires indispensables à l’exercice de ce métier.

Contexte légal de l’occupation de boutefeu, véritablemine de renseignements pour le candidat, compte quatrec h a p i t r e s : le premier décrit sommairement ce vaste contexte juridique ainsi que les étapes à franchir pour devenir boutefeu. Le second traite de généralités liées àl’acquisition, la possession, l’usage et la manutention desexplosifs tandis que le troisième couvre la réglementationtouchant l’exercice quotidien du métier deboutefeu : transport, entrepo-sage, principa-les tâches tellesque le forage, lechargement destrous de mine, lamise à feu, etc. F i n a l e m e n t , l edern ier ch ap it repropose une acti-v it é d e s y n th è s e permettant d’éva-luer la compréhen-sion du contenu.

On pe ut ac hete rle guide au pr ix de1 5 , 5 6 $ , a u p r è s d u CEMEQ, tél. (819) 822-6886. O F M

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En raccourci

« Harnaisez-moi pas ! »Si on vous demandait de revêtir un kimono ou une armure, il y a de fortes chances que vous vousperdiez dans les plis et les replis du tissu ou les tubulures du métal. Normal. Tout s’apprend. Y com-pris l’art d’enfiler un harnais de sécurité. Pour leprouver, Laurent Desbois, conseiller à la Direction de la prévention-inspection de la CSST et ingénieur,a mis au point un petit numéro surprise dont il aréservé la primeur aux inspecteurs en construction de la Commission, réunis à Montréal dans le cadred’un récent colloque auquel participaient près de 120 personnes.

Tout comme l’aurait fait un magicien ou un hyp-nologue, il a invité cinq courageux spectateurs, choi-sis au hasard dans la salle, à prendre place à ses côtés.Non, il ne les a pas changés en lapins de garenne.Non, il ne leur a pas demandé de chanter Le tempsdes cathédrales avec la voix d’Esméralda. Il les atout simplement priés d’enfiler, aussi rapidementqu’ils en étaient capables, un harnais de sécurité.

R é s u l t a t ? Au bout de quelques minutes, aucunn’avait réussi. Mais les efforts désespérés des candi-dats pour mater la chose, leurs contorsions fréné-tiques et leur mine dépitée, digne de n’importe quelleémission du genre Vidéo en folie, ont bien amusél’assemblée. Alors, avec le sourire énigmatique dumagicien qui réserve encore une surprise au fond deson chapeau, Laurent Desbois a demandé à l’inspec-trice Carol-Ann Griffin de venir le rejoindre à sontour et… d’enfiler un harnais. Surprise! Elle a réussien 29 secondes à peine. Le secret de sa victoire éclair? Une petite formation de cinq minutes avecnul autre que le maître incontesté du harnais, Laurent Desbois. Eh oui, tout s’apprend! Y comprisle choix approprié des équipements de protection.Vous avez sûrement saisi que pour être correcte-ment protégé contre les chutes de hauteur, rien neremplace le harnais de sécurité.

Alors, si jamais une personne se plaint devant vousqu’il est long et difficile d’enfiler un harnais de sécu-rité, et que c’est une fâcheuse perte de temps, voussaurez qu’elle parle… à travers son chapeau ! O M L F

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Diplôme d’études supérieures en intervention ergonomique et en santé et sécurité du travail (UQAM)Vous voulez savoir comment analyser un poste de travail pour en réduire les contraintes musculo-squelettiques? L’Univer-sité du Québec à Montréal propose undiplôme d’études supérieures en interventionergonomique en santé et en sécurité du travail, comprenant 30 crédits, aux titulairesd’un baccalauréat dans une discipline perti-nente. Les professeurs sont des ergonomesdont la renommée internationale s’appuie sur une grande expérience d’intervention. Le programme se déroule sur une période d’un an à temps plein, mais il peut êtreadapté à un horaire à temps partiel. Aux sixcours de base s’ajoute un stage de six mois enmilieu de travail. Pour plus de renseignements,communiquer avec Mme Dominique Trahan au (514) 987-6567. Date limite d’inscription : le 15 mai 2000. O M C R

Recycler ses connaissances… sur la prévention dans les centres de triLe recyclage, c’est excellent pour l’environnement, tout le monde enconviendra. Mais qu’en est-il des risques auxquels sont exposés les travailleurs de la quarantaine de centres de tri du Québec? La ficheLa prévention des risques à la santé et à la sécurité du travail dansles centres de tri de matières recyclables vient justement faire le pointsur le sujet. Agréable à consulter et présenté sous la forme pratiqued’un dépliant plastifié de six volets, le document rappelle les risquesbiologiques, chimiques, physiques et ergonomiques présents dans ces lieuxde travail, mais surtout il met l’accent sur la gestion de la prévention deces risques. « Les centres de tri sont récents, et il est très satisfaisant depouvoir répondre rapidement au besoin d’information manifesté par ceuxqui y travaillent », commente Pierre Bouliane, conseiller à l’AssociationSectorielle Transport Entreposage (ASTE).

Le dépliant est le fruit d’une exemplaire collaboration entre l’ASTE,l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail (IRSST), l’Associationparitaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales(APSAM) et Ergo Norme inc. Il s’inscrit dans la foulée des travaux financéspar l’Institut et réalisés par Jacques Lavoie, du Programme soutien analytique de l’IRSST, et de SergeGuertin, d’Ergo Norme. Les deux chercheurs ont publié, en 1999, l’étude Évaluation des risques à lasanté et à la sécurité du travail dans les centres de tri de matières recyclables1

Fichtre! Grâce à cette fiche, les travailleurs et les employeurs des centres de tri auront l’heure juste.On peut l’obtenir à l’ASTE, au prix de 2$, plus taxes. Tél. (514) 955-0454 ou 1800361-8906. Elle estégalement distribuée sans frais, en format non plastifié, par les autres organismes collaborateurs, y comprispar la Direction des communications de l’IRSST, tél. (514) 288-1551. L’APSAM, pour sa part, l’offregratuitement à la clientèle du milieu municipal, tél. (514) 849-8373 ou 1 800 465-1754. O M L F

1 Prévention au travail, Automne 1999, vol. 12, no 4.

Xe Symposium internationalde victimologie

L’événement se déroulera au Palais des congrès de Montréal, du 6 au 11 août 2000, sous le patronage de l’Association québécoisePlaidoyer-Victimes et de la Société mondiale de victimologie. Prèsde 45 pays seront représentés. L’occasion sera belle pour tous lespraticiens et les chercheurs travaillant dans ce domaine. Plus de 111 ateliers sont prévus, de même que des séances de formation et desvisites professionnelles. Vous voulez en savoir davantage? Visitez lesite Web du symposium : www.victimology-2000.com. O M L F

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Prévention au travail OL’ASSTSAS est née avant mêmel’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Commentexpliquez-vous ça ?

Gilles Le Beau O Même si je n’é-tais pas là alors, je sais qu’un groupe « santé et sécurité du travail » existaitdéjà au sein de l’Association des hôpi-taux du Québec (AHQ), l’associationpatronale du secteur. Celle-ci s’est entendue avec les syndicats pour créerla première ASP, et cela reflète la sensibilisation, déjà très forte, à cetteépoque, du secteur des affaires socialesà la prévention des accidents et desmaladies du travail.

PT O Un des premiers problèmes quevous avez cerné a été celui des mauxde dos. Comment a-t-il évolué ?

GLB O Depuis dix ans, le nombre total de lésions indemnisées est passéde 20 000 à 12 000 environ par an ;celles au dos ont diminué dans la même proportion et ont chuté de 9500à 5000 par an. Cette tendance se véri-fie, notamment dans les établisse-ments de soins de courte durée, maiselle est beaucoup moins claire dans les centres d’hébergement de soins delongue durée (CHSLD), où l’on connaîtune augmentation du nombre d’heures de soins et un accroissement de la clientèle, sans hausse correspondantede budgets et de personnel. Il y a eu moins d’investissements dans lesCHSLD, ne serait-ce qu’en matièred’équipements de levage, pour aider lepersonnel à transférer les patients defaçon sécuritaire.

PT O Les appareils de levage, lits électriques, lève-personnes sur rail auplafond, etc., ont-il permis de réduireles maux de dos de vos travailleurs ?

GLB O Au cours des sept dernières an-nées, les résultats ont été majeurs : leQuébec est, dans l’ensemble du mondeindustrialisé, une des régions où l’on ale plus investi dans ce type d’équipe-ment. On prévoit même l’utilisation detels appareils dans de nombreux projetsde rénovation. Cela constitue un pas de géant vers notre objectif, qui estd’éliminer tout soulèvement manuel de patients par le personnel. Des études decas menées dans quelques établisse-ments montrent clairement qu’il est possible d’atteindre zéro accident lorsdes transferts avec des appareils conçusau Québec, soit dit en passant, par de petites entreprises qui exportent aujour-d’hui leurs produits à l’étranger.

PT O Le choc du sida a-t-il incité le milieu de la santé à se doter demoyens de prévention plus efficaces ?

GLB O C’est vrai que, face à cettemenace, notre secteur n’a pas eu d’autrechoix que de réagir, de réviser ses politiques, ses façons de faire, ses outils. La première mesure a consisté àse doter de protocoles stricts dans lescas de piqûre par aiguille. Mais le pro-blème n’est pas totalement résolu : lesrecherches nous indiquent que beau-coup d’infections par piqûre d’aiguillene sont pas rapportées. Et, au-delà dusida, d’autres maladies nous mena-cent : on assiste, par exemple, à une recrudescence de la tuberculose. Dansla prévention des infections en milieude travail, comme pour les maux dedos, les améliorations les plus intéres-santes dépendent des équipements deprotection : aujourd’hui, tous les éta-blissements de santé ont des boîtes oùl’on jette seringues et aiguilles après usage, ce qui évite les manipulationsdangereuses. Il existe aussi sur lemarché, depuis peu, des seringues per-mettant d’éliminer presque totalementles risques de piqûres accidentelles.

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« Des personnes et du travail,un monde à transformer »

Un objectif à long terme pour l’ASSTSAS :

À l’occasion du 20e anniversairede la toute première associa-

tion sectorielle paritaire (ASP),Prévention au travail

a fait, avec Gilles Le Beau,directeur général de

l’Association pour la santé et la sécurité du travail, secteur

affaires sociales (ASSTSAS),un tour d’horizon des problèmes de santé et

de sécurité auxquels sontconfrontés les travailleurs

et travailleuses de ce milieu.En 20 ans, des progrès

substantiels ont été réalisés.Mais de nouveaux défis

surgissent, alourdis par leschangements profonds qu’a

connus le secteur de la santé etdes services sociaux, depuisquelques années. L’ASSTSAS

maintient toutefois le cap sur un objectif ambitieux :

transformer le monde du travail.

Perspectives

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PT O Les conditions actuelles de travail affectent-elles le moral des travailleurs et des travailleusesde la santé ?

G L B O Actuellement, notre secteur est en pleine période d’ajustement.Prenez les fusions d’établissements : cen’est pas simple ! Les cas de fusionsréussies, dans le secteur public ou dansle privé, il n’y en a pas tant que ça! Àl’ASSTSAS, nous recevons de plus enplus de demandes pour aider les éta-blissements à se transformer, à se re-grouper, à fusionner. Dans ces périodesde perturbation, on constate une haussede l’absentéisme, une baisse de la pro-ductivité, et c’est tout à fait normal.Pour travailler dans le secteur de lasanté, il faut aimer ça, et ces travail-leurs et travailleuses sont généralementdes gens motivés, dévoués. Mais, avectous les changements des dernières années, on constate que beaucoup d’entre eux ne sont plus prêts à s’in-vestir aussi totalement qu’avant. Plu-sieurs prennent une certaine distancepar rapport à leur travail.

PT O Que faites-vous en matière de gestion des facteurs de stress ?

G L B O J’ai l’impression qu’on vitactuellement, à l’égard du stress, lemême débat qu’on a eu, il y a 15 ou 20 ans, à propos des maux de dos. Onse demande si c’est seulement dû autravail ou si c’est à cause des activitésextra-professionnelles, des caractéris-tiques individuelles, etc. Selon nous, lestress est dû à un ensemble de facteurs

combinés… Cela dit, il faut bien cons-tater que, dans notre secteur, la contri-bution du travail lui-même au stress des travailleurs a augmenté. Il faut seposer la question : quelles que soient lesraisons profondes à l’origine du stress,le milieu de travail est-il en mesured’accueillir et de soutenir ces personnesde façon à les rendre fonctionnelles leplus rapidement possible ou, au con-traire, va-t-il aggraver leur situation ?L’ASSTSAS n’a pas pour mission dechercher à départager ce qui est social,familial, individuel ou professionneldans le stress, mais nous pensons que le milieu de travail doit prendre les dispositions nécessaires pour réduireles facteurs de stress chez les tra-vailleurs. À ce propos, nous avons degrandes attentes à l’égard de l’IRSST,qui devrait faire davantage de re-cherches pour nous aider à prévenir les situations auxquelles le secteur faitface. Actuellement, ce dont les éta-blissements de santé ont le plus besoin,c’est de soutien en matière de santépsychologique. Ça fait déjà cinq ansque l’ASSTSAS investit dans ce do-maine, mais ce n’est pas suffisant.

PT O Votre thème, pour vos 20 ans,« Des personnes et du travail, unmonde à transformer » est-il réalistecompte tenu de la situation actuelledans le secteur de la santé ?

GLB O Il est l’aboutissement de 20 ansde travail en prévention et de discus-sions à tous les paliers de l’ASSTSAS,tout particulièrement au sein de notreconseil d’administration. Nous l’avonschoisi dans la perspective de la pro-chaine décennie. Les périodes de bou-leversement sont propices à l’amorcede transformations en profondeur, etnotre choix montre que nous sommesconvaincus qu’il faut tirer parti de lasituation actuelle pour opérer une trans-formation en profondeur du monde dutravail. Il faut remettre les personnes aucentre de nos préoccupations, redéfinirles relations des personnes avec leurtravail de façon à y intégrer, le plus naturellement possible, la prévention.Voilà le défi qui attend toutes les orga-nisations au cours de la prochaine décennie. O

B e r n a rd La Mothe

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« Il faut remettre lespersonnes au centre de nos préoccupa-tions, redéfinir leurs relations avec le travail de façon à y intégrer, le plusnaturellement pos-sible, la prévention. »

Elles sont pour l’instant plus coû-teuses que les seringues convention-nelles, mais, d’ici quelques années, cetobstacle va disparaître.

PT O Les agressions à l’égard dupersonnel hospitalier sont-elles plusfréquentes qu’avant, ou est-ce plutôtqu’on en parle plus ouvertement,aujourd’hui ?

G L B O Les établissements de santé, où se côtoient parfois des milliers de personnes, sont comme des villages. Ony observe les mêmes tendances quedans la société en général. Il y a, detoute évidence, une sous-déclarationdes cas de violence, mais on assisteaussi à une augmentation réelle de cescas, par exemple dans les CHSLD, chez la clientèle atteinte de déficienceintellectuelle. Pour contrer cette ten-dance, nous avons, au cours des trois ouquatre dernières années, préparé avecdes neuropsychologues, un programmede prévention des comportementsagressifs et perturbateurs. Il permet deréduire substantiellement ces types decomportements chez la clientèle âgéedes CHSLD. Ce programme, qui in-téresse d’ailleurs nos cousins français,nous oblige à revoir complètement nosfaçons de travailler. Nous avons aussiconçu, en partenariat avec des éta-blissements psychiatriques, un nouveauprogramme de formation (OMEGA)pour faire face aux situations de crisedans ces milieux. Il sera adapté etajusté, afin d’être utilisé dans diverscontextes de travail, comme celui dessoins à domicile et des centres jeunesse.