« Entre bien dans mes yeux · 2020. 6. 30. · cinéma ! Quentin Tarantino est bel et bien venu...

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« Entre bien dans mes yeuxpour que je me souvienne de toi ... »

Le célèbre poète Charles Baudelaire, tout comme son contemporainVictor Hugo au XIXème siècle, serait à mon sens devenu à notre épo-que un cinéaste, du moins un auteur d’histoires pour le cinéma, tantses oeuvres sont empreintes de sentiments et d’émotions. Il auraitadoré cela j’en suis sûr ...Ce numéro « Anniversaire » d’Emotions Magazine est, comme le veutla tradition, exclusivement consacrée à tous ces artistes du monde ducinéma, rencontrés lors de la 72ème édition du Festival de Cannes quivient d’avoir lieu et dont les oeuvres seront projetées prochainementdans les salles obscures. Un festival qui vient à peine de fermer sesportes, avec son lot de surprises et d’émotions en cascades, et des prixmérités, donnés par le président Alejandro González Iñárritu et son juryà une magnifique sélection. Tout le monde s’accordera à dire que l’an-née 2019 est un bon cru pour le cinéma mondial.Cette Palme d’Or tant convoitée a été donnée au sud Coréen BongJoon-Ho pour son surpenant film intitulé « Parasite », un vrai succès ensalle par la suite avec un public conquis par l’univers du cinéaste.Une autre surprise, tout aussi méritée, c’est le prix d’interprétationmasculine attribuée à Antonio Banderas pour son rôle dans le film dePedro Almodovar « Douleur et Gloire ». Sa remise du prix a été unebelle séquence émouvante, tout comme la palme d’Or d’honneurofferte à Alain Delon pour l’ensemble de sa carrière ...Sylvester Stallone, la légende du cinéma américain, est venu pour pré-senter les premières images de son prochain film dedié à l’iconiqueRambo. Un beau moment partagé avec lui lors d’une masterclassmémorable. Des films hors compétition également avec ClaudeLelouch et un biopic sur la vie sulfureuse d’Elton John, du grandcinéma ! Quentin Tarantino est bel et bien venu présenter son film «Once Upon a TIme in Hollywood » en sélection officielle, avec Brad Pitt,Leonardo DiCaprio et Margo Robbie, mais n’a pas remporté de prixcette année, sauf le prix de l’affection indéfectible du public, qui vautcertainement plus que l’Or d’un prix à Cannes !

Voilà donc de quoi réjouir tous les publics et lecteurs assidusd’Emotions Magazine depuis 9 ans maintenant !Je vous souhaite à présent une bonne lecture de ce nouveau numéro,épisode 55 ! JOYEUX ANNIVERSAIRE EMOTIONS MAGAZINE !!!

Charles Baudelaire

Jean-Luc Bouazdia, Directeur de la Publication.Jean-Luc Bouazdia, Directeur de la Publication.

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CC’est sous la présidence du cinéaste Alejandro González Iñárritu, que le jury du 72ème Festival de Cannes adécerné le 25 Mai dernier la Palme d'Or au film « Parasite » du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho. La tradi-tionnelle cérémonie de clôture a enfin fait toute la lumière sur le palmarès de la grande messe du cinéma inter-national et cette année encore, de nombreux prix ont été décernés, créant parfois la surprise. Cependant, il fautdire que dès sa projection, « Parasite » a fait l’unanimité, tant par les critiques que par le public. Ainsi, les favo-ris de la sélection officielle, Quentin Tarantino, Pedro Almodovar et Ken Loach, n'ont quant à eux rien reçu lorsde cette 72ème édition. De son côté, le cinéma français a brillé au palmarès. C'est le cas de la réalisatrice CélineSciamma qui a remporté le prix du scénario pour « Portrait de la jeune fille en feu » et de Ladj Ly, avec un prixdu jury mérité pour « Les Misérables ».Les films en compétition cette année ont ainsi permis aux festivaliers de retrouver de nombreuses stars inter-nationales sur le tapis rouge. Dès la soirée d’ouverture, le film « The Dead Don't Die » de Jim Jarmusch a réunisur le tapis rouge Bill Murray, Selena Gomez, Tilda Swinton et Adam Driver. Aussi, la soirée de présentation de« Once Upon A Time In Hollywood » de Quentin Tarantino, avec son casting 5 étoiles, a déchaîné les foules avecla venue de Brad Pitt, Leonardo DiCaprio et Margot Robbie ... ( Suite Page 8 )

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Mais la réputation du Festival de Cannes ne serait pascelle qu’elle est, sans cette « effervescence »constante lors de la venue des stars américaines. Maisplus généralement, tous les comédiens et réalisateursdes quatre coins de la planète sont là pour présenterleurs films sur la Croisette. Les stars francophones ontégalement fait le déplacement, comme Virginie Efira,Marion Cotillard, Iris Mittenaere ou encore VirginieLedoyen. Une belle édition 2019 pour le glamour et lestar-system !

Le très convoité Prix d'interprétation féminine estrevenu à l'Anglo-Américaine Emily Beecham pour lepetit film indépendant « Little Joe » de JessicaHausner. Le film de la française Céline Sciamma, déjàrécompensé par la Queer Palm, n'a pas été oubliée dupalmarès. Son « Portrait de la jeune fille en feu » a eneffet reçu le premier prix pour les longs-métrages, celuidu scénario. Sur scène, la cinéaste a alors rendu hom-mage aux deux actrices de son film, Adèle Haenel etNoémie Merlant. « Elles ont passé la porte ... et j'ai vu lefutur ! », a-t-elle déclaré les larmes aux yeux, devant lesdeux jeunes femmes, présentes lors de la remise duprix.La Palme d'or du meilleur court-métrage a été remise à

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« La distance entre le Ciel et nous » du grec VasilisKekatos. La Caméra d'or, qui récompense le meil-leur premier long-métrage, toutes sélectionsconfondues, a été attribuée au guatémaltèqueCesar Diaz pour son film « Nuestras Madres ».

Le Grand prix, deuxième plus haute récompensedu palmarès, est revenu à « Atlantique », de laFranco-Sénégalaise Mati Diop, dont c'est le pre-mier long-métrage.Pour le prix du jury, deux films sont arrivés exaequo : « Les Misérables » du Français Ladj Ly,chronique policière qui se déroule à Montfermeil,et le film « Bacurau », des Brésiliens KleberMendonça Filho et Juliano Dornelles.Jean-Luc et Pierre Dardenne, dit « Les FrèresDardenne » sont des habitués de Cannes. Ils ontdéjà reçu deux fois la Palme, pour « Rosetta » en1999 et pour « L'Enfant » en 2005. Cette année ilsont reçu le prix de la mise en scène avec « Le jeuneAhmed ».Voilà donc cette année encore, un palmarès éclec-tique et justifié qui prouve une fois encore, que lecinéma demeure libre, créatif, intelligent et prolifi-que. C’est en soi, une très bonne nouvelle !

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CC’est la première fois qu'un réalisateur de nationalité sud-coréenne remporte la prestigieuse Palme d’Or. BongJoon-ho est devenu aujourd’hui le « chouchou » de la critique internationale avec cette récompense décernéele 25 Mai dernier. Il faut dire que son septième film intitulé « Parasite », a tout pour plaire à un large public,notamment en France où le cinéma asiatique réalise souvent de jolis scores, et les chiffres recensés ont démon-tré un démarrage foudroyant.L’histoire présente une famille sud-coréenne, les Ki-taek, dont les membres sont tous au chômage. Ils s’inté-ressent fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit a se faire recommanderpour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dontpersonne ne sortira véritablement indemne...Cela n’est pas sans rappeller le choix du jury en 2018, qui s’était porté sur « Une affaire de famille », du JaponaisKore-Eda, avec un sujet finalement assez proche, mais le coréen Bong Joon-ho, livre dans son long métrageune mise en scène dans un esprit plus grand public et jubilatoire dans la narration. ( Suite Page 14 )

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« Parasite » est tout d’abord un pur objet de miseen scène, tant Bong Joon-ho, possèdeaujourd’hui une maitrise formelle incontestable.Son film qui se déroule quasi exclusivement enhuis clos, c’est une tradition assez coréene appe-lée le « home movie ». Tout en gardant secrète latrame de l’intrigue très originale, Bong Joon-hoayant expressement demandé cette condition àCannes, nous pouvons néanmoins mettre enavant la maison d'architecte particulièrementcinématographique et qui s'avère fertile en rebon-dissements inattendus. On y voit à l’intérieurcohabiter des personnages manipulateurs et dessecrets enfouis dans les recoins des portes...

« Parasite » débute donc comme une comédie ita-lienne dans le style de « Affreux, sales etméchants », mais va très vite virer à la satire bour-goeise proche des films d'Henri-Georges Clouzotou même de Claude Chabrol, deux cinéastes quele sud-coréen avoue adorer ...Mais ici, il s’agit d’ une version bien plus trash etpunchy ...Bong Joon-ho fait rapidement basculer son filmvers des contrées plus obscures, avec un plaisir

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machiavélique et la maestria visuelle qu’il a éprouvéau fil de ses films. Bong Joon-ho démontre avec sonfilm, sa maitrise de la mise en scène. Il propose ainsiun curieux mélange de bouffonnerie et de métaphorepolitique, et personne ne sera épargné dans ce siréjouissant jeu de massacre, avec d’un côté lesriches, ectoplasmes autosatisfaits par leur proprevacuité et les pauvres, escros sales et méchants sontrenvoyés dos à dos.Très manichéen comme vision première, mais trèsludique finalement, parfois même à la limite du burles-que, pour ne pas dire du ridicule. « Parasite » se veutcomme un jeu de pistes extrêmement bien ficelé etconstitue une œuvre personnelle, unique, qui ne res-semble à aucune autre.

Le thème de son film de moeurs est finalement assezproche de l’univers de Bong Joon-ho et de son désirpremier de faire du cinéma. En effet, après avoir finises études en sociologie à l'université Yonsei, il réa-lise un court métrage intitulé « White Man », aveclequel il gagne un prix au Shin-young Youth MovieFestival en 1995. La même année, il sort de la KoreanAcademy of Film Arts où il réalise « Incoherence »,une comédie noire critiquant la société coréenne.

Lors de la projection de son film à Cannes cetteannée, le cinéaste est donc très vite devenu grandfavori et grand lauréat. Bong Joon-ho a prononcé unvibrant discours lorsqu'il a reçu sa Palme d'or lors dela cérémonie de clôture du 72e Festival de Cannes :« Je suis très inspiré par le cinéma français. Et je doisbeaucoup à Clouzot et Chabrol, a expliqué en préambulele cinéaste. Parasite a été une aventure particulière.J’étais un enfant passionné de cinéma, c’est pour cela queje suis devenu cinéaste. Je suis le premier étonné à tou-cher ce prix ».Si la Corée du Sud est souvent représentée par desfilms au Festival de Cannes, c'est la première foisqu'un film de ce pays remporte la prestigieuse Palmed'Or, mais ce n’est qu’un début ...Le festival de Munich a annoncé, quelques heuresseulement après l'annonce de la Palme d'or, que leréalisateur sud-coréen aurait droit à sa propre rétros-pective lors de l'événement allemand du début del’été. Les festivaliers pourront ainsi découvrir ses pré-cédents films parmi lesquels « Snowpiercer » , « Okja» mais aussi « Memories of Murder » et « The Host ». Le festival du film international de Munich a lieu du 27Juin au 6 Juillet cette année. De quoi ravir tous lescinéphiles !

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CCe fut l’une des belles surprises de cette édition 2019 du Festival de Cannes. Antonio Banderas a reçu le prixd’interprétation tant convoité, de quoi ravir les fans du comédien, et donner du baume au coeur à PedroAlmodóvar qui repart une nouvelle fois bredouille. Jusqu’à ce jour, Antonio Banderas n’avait pas été gâté,même dans son pays : aucun prix, ni de récompense pour lui, à part un Goya d’honneur décerné en Espagneen 2015. Âgé de 58 ans, et avec à son crédit plus de 70 films, ce magestueux prix d’interprétation vient donccouronner une riche et ecclectique carrière, avec ce rôle, celui de sa vie. Dans « Douleur et gloire », l’acteurespagnol est donc le double de Pedro Almodóvar, un réalisateur madrilène à succès vieillissant, hypocondria-que, qui a perdu l’inspiration. En incarnant de manière phénoménale le double de son mentor dans « Douleuret Gloire », le comédien démontre toute la palette de son talent et de ses émotions.Dirigé de main de maître, Antonio Banderas est phénoménal comme jamais, alternant entre la sobriété et l’exu-bérance, à peine reconnaissable par moments, tant le mimétisme est grand avec le metteur en scène, ce quilaisse imaginer qu’il s’est totalement livré à Pedro Almodovar sur le tournage. Il le confirmait il y a quelquesjours dans nos colonnes : « J’ai compris que je devais aborder ce projet de manière très humble. Je devais tuerAntonio Banderas et me présenter sur le plateau comme si j’étais pratiquement nu. ».

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Une longue histoire unit Banderas à Almodovar,c’est même ce dernier qui lui a offert son premierrôle, au début des années 80 avec « Le Labyrinthedes passions ». Quarante années plus tard, lecomédien boucle la boucle avec cette huitième col-laboration avec Pedro Almodovar. Un trophée sym-bolique à plus d'un titre, puisqu'il s'agit du plusimportant de sa carrière, et qu'il le reçoit pour unlong métrage dans lequel il incarne ... son metteuren scène ! Si le héros de « Douleur et Gloire » s'ap-pelle Salvador Mallo, c'est bien le papa de « Toutsur ma mère » qui s'exprime à travers lui, utilisantl'autofiction pour évoquer des choses très person-nelles.

« À l'époque, je ne savais pas vraiment ce que j'avaisen face de moi, explique Antonio Banderas. Je pen-sais que nous faisons ce genre de comédie sophisti-quée avec une histoire de passage à l'âge adulte. Unpeu dingue, à l'américaine. Mais quand je l'ai vu, auFestival de San Sebastian, le film n'était pas vraimentdifférent de ce que je pensais qu'il allait être, mais j'aicompris qu'il allait révolutionner le cinéma espagnol.Car la réaction du public était incroyable : certainsspectateurs se sont mis à nous insulter, alors que les

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autres nous applaudissaient. La salle était partagée entreceux qui nous huaient et ceux qui étaient enthousiastes.J'ai compris qu'il provoquait les gens comme je n'avaisjamais vu personne le faire auparavant. Nous étionscomme les Rolling Stones. ».

Mais beaucoup à Cannes ont analysé le jeu d’AntonioBanderas comme une « prestation à tiroirs nostalgi-ques ». Il s’abandonne, dans une attitude magnifique,exemplaire, ultime pour un comédien, participant àune mise en abyme peu commune dans ce film extra-ordinaire où Pedro Almodóvar revient sur son enfanceet sa jeunesse. « Pedro parvient à toucher beaucoup de gens, en biencomme en mal, de différentes façons. Son cinéma relèvedavantage de la sociologie, et des changements que tra-versait l'Espagne à l'époque : nous étions en 1981, 6 ansaprès la mort de Franco. Le pays était encore sensible.Mais j'ai compris qu'Almodóvar, c'était autre chose. Iln'était pas un réalisateur comme les autres, mais un révo-lutionnaire avec une personnalité incroyable qui allaitemmener le cinéma à un autre niveau que celui qui était lenôtre jusque-là. Et il a toujours été ainsi. C'est probablement l'un des artistes les plus fidèles quej'ai vu dans ma vie, et j'ai été au premier rang pour m’en

rendre compte. Pedro ne s'est jamais trahi. Jamais. Vouspouvez l'aimer ou pas. Mais sa personnalité est toujourslà. Il ne s'est jamais compromis pour de l'argent, alors qu'ila reçu de nombreuses offres des États-Unis, d'Allemagne,d'Italie... De nombreux producteurs venus du mondeentier, auxquels il a répondu qu'il devait faire les choses àsa façon. Cette fidélité est remarquable, à une époque oùtout est noyé dans une masse grise. Il y a bien sûr desgens qui savent très bien comment faire leur travail. Maisavoir une telle personnalité, c'est autre chose. Et peu depersonnes possèdent cela: Tavernier, Truffaut, Fellini...Des gens comme ça, qui ont ce pouvoir. ».

Ce film évoque la Movida, période créative intense àMadrid, où Pedro Almodóvar cumule les pépitescomme dans ses premiers films. A l’époque, le jeuneAntonio s’éclate chez Pedro, une atmosphère de folierègne sur ses rôles et sur ses films.Mais dans « Douleur et gloire », Almodóvar renverse lasituation : Banderas y est le réalisateur, qui renoueavec un acteur ayant explosé dans ses films à l’épo-que. Une fascinante manière de troubler le jeu, extra-ordinaire, du comédien, qui a donc marqué le juryavec cette prestation à tiroirs nostalgiques :un immense acteur dans un film extraordinaire !

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EEntre les deux semaines de compétition au Festival de Cannes, Alain Delon a fait une montée des marches rou-ges, seulement accompagné de sa fille Anouchka, pour enfin recevoir la première récompense de sa carrière.Alain Delon s'est montré très ému au moment de soulever cette Palme d’Or d'honneur. Malgré une pétition enligne lancée par l’association féministe américaine « Women and Hollywood » réclamant l’annulation de l’hom-mage de Cannes, en raison de propos jugés homophobes et misogynes de l’acteur, sa présence souhaitée parl’organisation du Festival a été maintenue. Lors de sa masterclass, Alain Delon est longuement revenu sur laplace qu’ont occupé les femmes dans son parcours d’acteur.« En dehors du public, je dois ma carrière aux femmes , se souvient-il. Je suis ce que je suis au cinéma à cause desfemmes qui étaient amoureuses de moi. Des femmes qui avaient envie que je fasse ce métier. Elles s’appellent MichèleCordou et Brigitte Auber. Elle se sont battues pour que je fasse ce métier. Sinon, je serais mort depuis longtemps. ». L'acteur est pourtant un habitué de La Croisette puisque sa première venue au festival remonte à 1956. Il sor-tait tout juste de l'armée et était accompagné de l'actrice Brigitte Auber qu’il fréquantait alors. ( Suite Page 22 )

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Alain Delon n'avait pas mis les pieds à Cannesdepuis 2013. Il a même hésité avant d'acceptercette Palme d'Or d'Honneur. « Je pensais que l'inté-rêt d'aller à Cannes, c'était surtout pour les génies quim'avaient fabriqué : les Visconti, Clément, Losey... plusque pour moi. Parce que moi je suis l'expression de cequ'ils ont fait de moi. Ce sont eux, les maîtres. J’étaisentre leurs mains comme un premier violon ou un pre-mier pianiste. Mais j’avais besoin d’un Karajan avecmoi. Mais ils ne sont plus là, alors voilà ... Mais c’est àeux que j’aurais aimé qu’on remette une Palme d’or. ».

Sur la scène de la salle Lumière, se trouve à sescôtés sa fille Anouchka Delon, tout aussi émue queson père. La jeune actrice de 28 ans vêtue d’unelongue robe noire lui a remis le prix d’une maintremblante ...« Il y a longtemps que je n'avais pas autant chialé dema vie. Confie sur scène l’acteur, aujourd’hui âgéde 83 ans. Cette palme d'or, on me l'a offert pour macarrière et rien d'autre et c'est pour ça que je suis heu-reux, content et satisfait. Ce soir, pour moi plus qu'unefin de carrière, je pense que c'est une fin de vie. Cesoir c'est un peu un hommage posthume mais de monvivant. Je vais partir ... ».

« C’est quelqu’un dont on al’impression qu’il se bagarrecontre la terre entière alorsqu’Alain Delon se bagarresurtout contre lui-même. »

Patrice Leconte

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Lors de la masterclass qui lui a été consacrée quel-ques heures avant sa montée des marches, AlainDelon est revenu sur son histoire, sa vie, sa carrière.

Pour en revenir à sa vie, Alain Delon, c’est un person-nage d’un roman que l’on a jamais écrit, tant sa vie estimprobable : ce fils d’un propriétaire de cinéma dequartier, élevé en famille d’accueil. Avec un CAP decharcutier en poche, il s’engage dans l’armée et partpour l’Indochine ...« La Légion d’honneur ne m’aurait intéressée qu’à titremilitaire remise par le Général de Gaulle » se souvient-ilavoir déclaré en 1975. Celui qui avait la réputation depetite frappe des faubourgs parisiens, puis au sortirde l’armée et de fil en aiguille et de femmes en femmessurtout, plus que jamais séducteur en puissance, pourAlain Delon c’est l’explosion, la découverte d’unacteur au don inné, à la présence fauve, magnétique.Dès le début de sa carrière dans les années 60,l’homme va imposer au monde, non une posture, maisl’image bien ciselée d’une trempe redoutable doubléed’un professionnel aguerri. « C’est vrai que je suis peu commode (…) J’ai un trèsmauvais caractère. Ce qui est une preuve de caractère ! » Au cours de sa longue carrière, l’acteur hexagonal a

acquis une position presque unique dans l’histoire ducinéma français. Si, par le passé, des talents commeMaurice Chevalier, ou, plus proche de lui dans letemps, Yves Montand et Simone Signoret, s’en étaientallés planter, humblement, la bannière tricolore ducôté de Hollywood, Alain Delon sera parvenu, auzénith de sa gloire jusqu’en 1980, à étendre sa célé-brité jusqu’au fin fond de la Chine communiste.Mais chez nous, tout le monde se souviendra de cebras de fer avec Jean-Paul Belmondo pour une trivialehistoire de positionnement des noms des acteurs surl’affiche au moment de la sortie de « Borsalino » en1970. L’histoire se terminera même devant les tribu-naux pour l’attester. « Peut-être, concéde-t-il, ne suis-jepas d’un accès aussi facile que Jean-Paul Belmondo ouJean-Claude Brialy. C’est une question de nature. Et c’estprofondément ma nature. (...) Le cinéma est un milieu derequins. Et cela tombe bien : c’est le poisson que je pré-fère. ».Bien sûr, Alain Delon n’est pas infaillible et hors detoute critique. « J’aime Céline l’écrivain mais pasl’homme ! » Clame Fabrice Luchini au sujet de sonauteur fétiche, celui du « Voyage au bout de la nuit ».Le public a finalement le droit de se faire la même idéesur le héros du Samouraï ou du Cercle rouge.

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LLa venue d’une grande star américaine à Cannesest toujours un événement qui marque une édi-

tion de Festival, et l’arrivée de la légendeSylvester Stallone n’a pas dérogé à la règle.

Invité pour le final du 72ème Festival deCannes, l’acteur américain est venu sur lacroisette le 24 mai dernier pour présenterles premières images du cinquième opusde Rambo qui sortira à l’automne pro-chain. Le vétéran d’Hollywood en a profité

pour faire la promotion de la sortie du pre-mier film retraçant les aventures de JohnRambo intitulée « First Blood ».Il s’agit d’ une version restaurée 4K du filmréalisé en 1982 par Ted Kotcheff et qui seraégalement projetée sur le grand écran de la

salle Lumière afin de lui rendre hommage.

Très honoré par cette invitation, SylvesterStallone a accepté de faire une mas-

terclass sur sa carrière pendantprès de deux heures.

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De quoi ravir les nombreux fans hystériques, pré-sent ce jour là. les 1068 places de la salle Debussyont été prises d’assaut et une atmosphère électri-que règne. Le délégué général Thierry Frémaux quidirige de main de maître le Festival de Cannes sefélicite d’accueillir celui qu’il adore :« il ne faut pas attendre que les gens ne soient plus làpour leur dire notre admiration ! ». C’est alors que la star des films d’action entre enscène comme sur un ring, l’image est attenduemais bien réelle. Oui Sylvester Stallone est bien àl’image des héros qu’il incarne dans ses films.Tout y est : la démarche animale, le regard affuté,la voix rauque ... et le torse saillant. Des hurle-ments surgissent alors dans la salle, un « We loveyou !!! » à déchirer les tympans, résonne en écho,suivit d’un « Merci d’exister ! ». Au milieu des cris,un énorme râle fait taire tout le monde… En fait,c’est le cri de guerre de Rocky lancé par Stalloneen personne !

Le journaliste Didier Allouch mêne le débat, en fanabsolu. Il déroule la bio de l’acteur. On apprendainsi que Stallone a eu longtemps du mal à parlerà cause d’un accident de naissance.

Du haut des marches rouges, Sylvester Stalloneremercie ses nombreux fans venus l’applaudir ...

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Ce qui a fait dire à Arnold Schwarzenegger qu’il avaitun drôle d’accent, un comble de la part d’un autrichienqui a appris à parler sur le tard l’américain. Non sanshumour, Sylvester Stallone commente : « Arnold et moinous devrions ouvrir une école de diction ! ». Déluge de rires en cascade dans la salle. Le public estconquis. Le créateur de Rocky enchaine les anecdo-tes comme des crochets et des uppercuts en donnantnotamment des nouvelles de « Bouton et Pression »,les deux tortues du premier film de la saga Rockytournée en 1976.« Elles sont toujours en vie, annonce t-il avec une joiequi se lie sur son visage. Elles ont 55 ans. Il faudrait queje fasse un autre Rocky pour les refaire jouer. Il y auraitalors trois tortues dans le film ! ». Le public entre alorsen transe ! Mais le héros américain parle aussi duthème de la résilience que l’on retrouve dans presquetous ses films. « La résilience est propre à la naturehumaine. Etre humain, c’est trouver le juste équilibre entretoutes ses faiblesses. Rambo traite de la face sombre dela nature humaine. Rocky est plus optimiste, il essaye d’al-ler de l’avant ... ».Entre deux moments d’humour et d’auto-dérision,Sylvester Stallone fait montre d’une sagesse de grandmaître zen.

L’acteur revient sur le premier Rocky :« les producteurs voulaient Burt Reynolds ou RobertRedford ... ou même un kangourou, n’importe qui sauf moiaurait pu faire l’affaire selon eux ! Ils m’ont finalement prispar accident… ». Quand Sylvester mime la scèneemblématique où son personnage monte les marchesdu musée de Philadelphie, une vague d’émotion enva-hit la salle ... « J’aime tous les Rocky et les Rockettes ( féminisationdu terme) du monde. Car les échecs vous rendent plusintelligents, contrairement au succès ! ». Il continue alorsà analyser sa carrière et fait preuve d’une belle honnê-teté et d’une sincérité tout à son honneur : « J’ai toutde suite su que j’étais limité comme acteur a cause demon physique. Si je jouais dans Toostie et Dustin Hoffmandans mes films, je ne suis pas sûr que ça marcherait ! Achaque fois que je me suis éloigné de mon style, je n’étaispas bon ... ».On apprend ensuite qu’il est passé à la réalisation deRocky 2 pour contrer les producteurs qui voulaientque le personnage soit corrompu. En tant que géni-teur de ce personnage emblématique, il voulait en gar-der le contrôle jusqu’au bout, et c’est ce qui fera sonsuccès pendant plus de quarante ans ...

[ LA SUITE DANS LE PROCHAIN NUMÉRO ... ]

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CCinquante-trois ans après la sortie du film mythique « Un homme et une femme », Grand prix du Festival deCannes en 1966, Claude Lelouch retrouve son couple mythique, Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée et leréunit à nouveau sur grand écran, dans « Les plus belles années d'une vie », présenté cette fois dans la caté-gorie Hors compétition de cette 72ème édition du Festival de Cannes.Accompagnés par la magnifique distribution qui joue dans cette suite, ces retrouvailles ont donné lieu à unedes montées des marches les plus attendues et émouvantes, tant le film originel a marqué son époque et lesmémoires. Il s’agit donc d’une suite directe d’« Un homme et une femme », mais ce nouveau film de ClaudeLelouch avait pourtant été précédé en 1986 de « Vingt ans déjà », qui, comme son titre l’indique, reformait lecouple formé par Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, des années après leur première rencontre sur pelli-cule. Ce film est entre-temps passé à la trappe pour de multiples raisons, dont le mauvais accueil du public.Mais avec « Les plus belles années d’une vie », Claude Lelouch souhaite cette fois boucler la boucle dignement,d’une façon plus douce et moins passionnée, avec une histoire tout en finesse et émotion ...

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Cette suite raconte la trajectoire de Jean-LouisDuroc, qui est aujourd’hui pensionnaire dans unemaison de retraite et perd la mémoire. Son filsAntoine le visite régulièrement et contacte AnneGauthier, qui avait tellement marqué son père. Lesthérapeutes pensent que le choc émotionnel pro-voqué par cette rencontre pourrait lui faire recou-vrer ses esprits. L’ancien coureur automobile,végète, affaibli, perdant la boule, dans cette mai-son de retraite cossue. Aujourd’hui, Anne tient uneboutique d’antiquités en Normandie. Poussée parsa fille et sa petite-fille, elle accepte d’aller voir cevieil homme, car il est toujours présent dans soncœur. Depuis leur rencontre dans le pensionnat oùils rendaient visite à leurs enfants, un dimanched’escapade sur la plage, et une nuit inoubliable àDeauville. Lors de cette nouvelle rencontre, Jean-Louis la prend pour une nouvelle pensionnaire. Ilest troublé de retrouver chez cette inconnue lemême geste que celui de cette femme, Anne, safaçon de relever ses cheveux, son sourire, sonregard qu’il n’a pas oublié. Il se souvient, par ins-tants, de son numéro de téléphone, Montmartre1540, par lequel lui était parvenu, un soir le fameuxtélégramme où il était écrit : « Je vous aime ... »

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De ces retrouvailles avortées, Claude Lelouch tiredonc un beau film émouvant qui repose pour beau-coup sur la reformation du couple Anouk Aimée etJean-Louis Trintignant. Elle, toujours aussi pleine decharme et troublante, lui, composant un merveilleuxpersonnage hors du temps, seulement attaché à sessouvenirs, dont cette femme mystérieuse, follementaimée en 1966 qui a changé sa vie à jamais. Claude Lelouch a construit Les plus belles annéesd'une vie à partir de ce jeu sur le temps, de ce qu’ilnous reste en mémoire de ces rencontres qui boule-versent notre coeur et nos sens, et les fantasmesqu’ils engendrent. Le réalisateur nous entraîne dansdes séquences successives dont on ne sait pas clai-rement si elles relèvent du rêve ou de la réalité. C’esttout le jeu de cette suite, narrée dans le style queClaude Lelouch affectionne tant, ce cinéma qu’il aimemettre en scène et qu’il vient de présenter à Cannes.

« J’ai le sentiment d’avoir fait le tour du monde, des émo-tions, et d’être revenu à la maison. Je suis né ici. Grâce àCannes, j’ai pu être un metteur en scène libre. Réaliserprès de cinquante films envers et contre tous. Les mira-cles m’ont sauvé des désastres. Je suis un miraculé, jen’ai pas à me plaindre. »

Le tournage du film a débuté au mois de septembredernier à Deauville, là où tout a débuté ...Plus de cinquante ans après s'être follement aimé aurythme d'un Dabadabada désormais culte, Jean-LouisTrintignant et Anouk Aimée vont se retrouver pour unedernière danse virevoltante. La bande-annonce dufilm de Claude Lelouch mettait d’ailleurs en parallèleles images du film de 1966 et de sa suite. MarianneDenicourt, Souad Amidou, Antoine Sire, qui reprend lerôle du fils de Jean-Louis Trintignant, et MonicaBellucci, font également partie de la distribution. Lamusique originale est signée Francis Lai et Calogero interprète, aux côtés de Nicole Croisille, la chansonthème de cette suite, dans un style plus actuel, tout engardant la trame de la partition originale.Écrit sur le fil du désir de faire, jusqu’à l’ultime instant,confiance en la vie, ce film est de l’émotion pure, avecl’humour, la tendresse et l’imprévisible qui lui donnenttoutes leurs nuances de saveur. Les dernières imagessont un recommencement. Il y a des suites qui n’au-ront jamais de fin. C’est ainsi que le cinéma de Claude Lelouch se définitle mieux finalement, chaque histoire est une histoiresans fin, qui se raconte indéfiniment, comme unhymne à l’Amour ...

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LL’un des films le plus attendu ce printemps était Rocketman, le biopic dédié à Elton John, qui est sorti danspeu après son avant-première présenté à Cannes en présence de la légendaire popstar britannique. Mis enscène par Dexter Fletcher, le film a été présenté hors-compétition. Pour incarner Elton John, Taron Egerton, unjeune acteur de 32 ans, révélé dans la saga d’espionnage « Kingsman », a été choisi.« Rocketman » sort donc quelques mois après le triomphe planétaire de « Bohemian Rhapsody », consacré àFreddy Mercury, avec, qui plus est, le même réalisateur aux commandes, puisqu’il avait remplacé au pied levéBryan Singer sur le tournage du film dédié au leader du groupe Queen. Les deux productions, qui ont focaliséleur mise en scène sur l’extravagance de leur protagoniste, ont donc de prime abord un air de famille, à ceciprès, que l’on ne peut pas reprocher à « Rocketman » de minorer l’homosexualité d’Elton John, comme c’étaitle cas pour le biopic de Freddy Mercury. Le sujet est abordé tôt et frontalement, à travers l’histoire de la staravec son manager américain John Reid. L’originalité du film consiste également à distiller les chansons célè-bres, non pas selon la progression chronologique du récit, mais en fonction de la dramaturgie de la narration.

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Certaines compositions se retrouvent donc chan-tées dans la bouche d’autres personnagesqu’Elton John, dans l’esprit de ce qui avait été faitdans le film « Mamma Mia », rendant hommage aurépertoire d’Abba.Dexter Fletcher filme la vie d’Elton John à lafaçon d’une comédie musicale sublimant ainsison histoire. D’une manière générale, les livresbiographiques de stars, qu’elles chantent ou nondu rock, se divisent en deux grandes catégories :les « autorisées » et les « non autorisées ».« Rocketman », a été produit par Elton John, et defait, se range d’emblée dans la première catégo-rie « officielle », validée par leur sujet lui-même. Ila ainsi accepté sa grave dépression, son proprenarcissisme et que ses addictions diversessoient mises en scène.Le film est raconté au cours d’une séance entrealcooliques dans une clinique où le chanteur, tra-vesti comme un démon, se met peu à peu à nu etraconte sa carrière fulgurante. L’enfance, le pèrequi s’en va et la mère indifférente, la rencontreavec le piano et avec son parolier Bernie Taupin,puis la gloire planétaire, la drogue, l’homosexua-lité, tout y passe, jusqu’à l’épiphanie et la pro-

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messe de se pardonner à soi-même pour avancer. Iln’y a pas d’autres alternatives selon Elton John, c’estsoit ça, soit le suicide et l’autodestruction. Il s’agitdonc du schéma de vie « classique » d’une star durock d’après-guerre, d’Elvis Presley à Kurt Cobain, leleader du groupe Nirvana ...Mais ce qui fait avant tout la qualité de « Rocketman »,c’est que le film assume pleinement son statut de bio-pic pop au sens noble du terme, et devient une comé-die musicale authentique, où les acteurs chantenteux-mêmes des versions réorchestrées des tubesd’Elton John lors d’électrisantes séquences dansées,justement kitsch et véritablement divertissantes.« Rocketman » possède certainement toute cette folie,cette flamboyance qui manquaient à « BohemianRhapsody », la comparaison avec ce dernier est inévi-table puisque le réalisateur Dexter Fletcher a terminéle biopic de Freddie Mercury à la place de BryanSinger, très occupé par ses affaires judiciaires suite àdes scandales sexuels dont il faisait l’objet.

« Quand j'ai reçu le scénario, explique Dexter Fletcher,Elton John avait déjà beaucoup travaillé avec le scénaristeet il y avait énormément de sincérité dans ce que j'ai lu. Ce que je recherche en tant que metteur en scène c'est

l'émotion et la sincérité. C'est un film sur un survivant. Çaraconte ce par quoi Elton John est passé pour devenir lapersonne qu'il est aujourd'hui. Pour le comprendre il fallaitmontrer ce qu'il a traversé, il fallait creuser et aller en pro-fondeur. Ce film évoque ce qu'il a vécu à une période desa vie et la manière dont il a surmonté ces moments diffi-ciles. Dès le départ je savais qu'on allait montrer cela dansle film. Ces faits datent de 30 ans, ce ne sont plus que dessouvenirs aujourd'hui, une histoire dont le dénouement estjoyeux.». Le succès du film tient grandement aussi par le talentde Taron Egerton qui incarne avec un charme et uneénergie folles un Elton John arlequin, sorte de tourbil-lon psychédélique attirant tout ce qui bouge dans sarotation, comme son parolier Bernie Taupin et sonmanager John Reid, devenu par la suite son amant. « J’ai passé beaucoup de temps avec Elton pour lesbesoins du film et je peux dire que nous sommes devenusamis, raconte Taron Egerton. J'ai appris à le connaître etça a été d'une très grande aide pour mon rôle. Avant de lerencontrer j'avais la même image qu'ont les gens de cetteicône de la musique.Désormais je connais l'homme qui se cache derrière leslunettes et les costumes fous. C'est un homme bon etattentionné et je suis honoré de le connaître. »

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AA l’annonce de la venue à Cannes de Quentin Tarantino et de son film enfin officiellement en compétition, lajoie a envahit toute la croisette et les festivaliers prêt à vibrer durant cette 72ème édition du Festival de Cannes.Cinq ans après avoir foulé pour la dernière fois le tapis rouge du palais des festivals, le réalisateur américainest finalement venu pour présenter son neuvième film intitulé « Once Upon a Time in Hollywood ». De son aveumême, il s’agit d’une copie de son film dont le montage venait à peine de se terminer. La version qui sortira ensalles cet été, sera en effet finalisée après son passage à Cannes. Mais Quentin Tarantino a accepté en son «âme et conscience » de risquer de déplaire au jury, à la critique, mais surtout au public qui le soutient depuisses débuts. La dernière fois qu'on l'avait vu sur le tapis rouge de la Croisette, c'était en mai 2014, à l'occasiondes 20 ans de la Palme d'Or de Pulp Fiction. Une nouvelle génération de comédiens est venue cette fois aveclui sur la croisette : Brad Pitt, Margot Robbie et Leonardo DiCaprio. ( Suite Page 44 )

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Nous retrouverons également au casting les comé-diens Al Pacino, Kurt Russel, James Marsden, DamianLewis, Dakota Fanning ou encore Michael Madsen. Lelong-métrage est aussi le dernier dans lequel a jouéLuke Perry, décédé en mars 2019 à l'âge de 52 ans.Une distribution à la hauteur du projet du cinéaste quifait déjà augurer un futur succès au film dont on saitque peu de choses finalement au moment de son arri-vée à Cannes ...

L’histoire nous emmène dans un Los Angeles, à la findes années 60. Rick Dalton, incarné par LeonardoDiCaprio, est la star d’une série télévisée de western,qui retrouve sa doublure, le cascadeur Cliff Booth,jouée par Brad Pitt. Les deux hommes souhaitentrelancer leur carrière au cinéma. L’accueil est mitigé,la télévision prenant de plus en plus de place àHollywood. Ils prennent toutefois leurs quartiers àBeverly Hills, comme voisins du réalisateur RomanPolanski et de son épouse Sharon Tate. Rick et Cliff sevoient contraints de partir pour l’Europe où le westernspaghetti est fleurissant, et où ils enchaînent plu-sieurs films. Revenus à Hollywood, ils vont être mêlésà l’affaire Charles Manson, commanditaire d’assassi-nats de stars hollywoodiennes.

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Le thème de la fin de l’âge d’Or d’Hollywood à la findes années 60 et « LE » sujet de prédilection deQuentin Tarantino. Il était donc une évidence qu’iltransposerait une histoire dans le milieu du cinéma, àcette époque là ...L’angle de vue qu’il donne à « Once Upon a Time inHollywood » est ce constat d’une télévision prenant lepas sur le cinéma, est selon lui, un air connu depuisles années 1950, alors qu’est apparu au milieu desannées 1960 le « nouvel Hollywood ».Quentin Tarantino fait donc évoluer Rick Dalton dansl’univers du western spaghetti, d’abord moribonde auseuil des années 70, avant de devenir culteaujourd’hui. La référence à l’affaire Manson qui adéfrayé la chronique dans le monde entier, suite à lamort atroce de Sharon Tate, occupe la seconde partiedu film, stigmatisant également la fin d’une ère, tantcinématographique que sociologique avec la dérivehippie que connaîtra ensuite Hollywood et la planèteentière ...Ainsi, l’affaire Manson tient lieu de fil rouge dans lepropos du film. Après la projection du film, QuentinTarantino a même demandé de ne rien dévoiler du trai-tement si particulier qu’il en donne. Il est en effetessentiel d’en garder la surprise afin de savourer le

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traitement cinématographique qu’il en fait dans sonfilm, dans le plus pur style qui a fait son succès !Voici le message qu’il a laissé aux festivaliers : « J'aime le cinéma. Vous aimez le cinéma. C'est le voyageque l'on fait en découvrant une histoire pour la premièrefois. Je suis ravi d'être à Cannes pour partager Once Upona Time In Hollywood avec le public du festival. Les acteurset l’équipe ont travaillé très dur pour créer quelque chosed’original, et je demande simplement que tout le mondeévite de révéler quoi que ce soit qui priverait les futursspectateurs de vivre la même expérience en découvrant lefilm. Merci. ».

Pour « Once Upon a Time in Hollywood », QuentinTarantino a décidé d’aller fouiller dans son enfance, etde reproduire sa vision du Hollywood de 1969 et del’industrie du cinéma de l’époque. Il avait d’ailleursévoqué cette époque et les prémisses de ce qui allaitêtre le film, lors de la masterclass auquel il avait parti-cipé en octobre 2016 à Lyon, dans le cadre du FestivalLumière.

Pour incarner ce duo de tête, son choix s’est porté surBrad Pitt et Leonardo DiCaprio, une idée certainementjudicieuse vu le pédigree des deux comédiens.

Mais le personnage de Sharon Tate, également trèsprésent dans le film est plutôt une surprise, dans lamesure où il a été confié à la jeune actrice austra-lienne Margot Robbie. Elle s’est confiée à Cannes, surla façon dont elle a appréhendé le rôle : « Sharon incarne les meilleurs moments des années 60.C’est une célébration de sa vie. Et vous la verrez beau-coup dans ce film. ».L’actrice a également révélé qu’elle portait une pairede boucles d’oreilles et une bague qui appartenait àSharon Tate pendant le tournage et qui lui avait étéprêtée par Debra Tate, la plus jeune sœur de Sharon.« Je suppose que cela ressemble à un truc très spirituel,mais ça m’a vraiment aidé à ancrer le personnage dansquelque chose de réel.(...) Je voulais honorer sa mémoireet présenter les meilleurs éléments de Sharon. Et j’aitrouvé très émouvant d’avoir une part d’elle avec moi. ».

Même si le film a reçu un accueil mitigé à Cannes etn’a pas reçu la Palme d’Or, du fait de ses imperfec-tions reconnues par son réalisateur, son remontagefinal est très attendu, pour sa sortie en salle le 14 Aoûtprochain. C’est la première fois qu’un cinéaste réunitBrad Pitt et Leonordo DiCaprio à l’écran ... Et rien quepour ça, je dis :« Vive le Cinéma ! »

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