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Colonel Pierre Louis Auguste BOURGOIN 1907-1970 Je tiens à remercier tout particulièrement le petit-neveu du colonel Bourgoin, Eric Derrien, qui m’a fourni de nombreuses informations et documents pour cet article. Le 21 octobre 1904, naissance de sa sœur aînée Germaine. Né le 4 décembre 1907 à Cherchell, fils de Joseph, né le 1 er septembre 1870 à Douaouda commune de Koléa, directeur d’école publique et lieutenant de réserve du 1 er Régiment de Zouaves, et de PEYRON Alice Louise, née le 4 janvier 1870 à Blida, mariés le 29 juin 1903 à Cherchell. Le 21 mars 1909, naissance de son frère Henry. Le 9 mars 1926, obsèques de sa mère. Dans le journal du 3 juillet 1926 : succès scolaires Baccalauréat 1 ère partie : Bourgoin Pierre. Le 8 novembre 1927, à Cherchell, décès de son frère Henry. Le 10 novembre 1928, entré en service Le 23 avril 1929, il est caporal-chef Le 19 juin 1929, soldat au 3 ème Régiment de Tirailleurs Algériens à Bône, il est admis à suivre les cours des élèves officiers à Saint-Maixent, reçu avec le n°6.

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Colonel Pierre Louis Auguste BOURGOIN 1907-1970

Je tiens à remercier tout particulièrement le petit-neveu du colonel Bourgoin, Eric Derrien, qui m’a

fourni de nombreuses informations et documents pour cet article.

Le 21 octobre 1904, naissance de sa sœur aînée Germaine.

Né le 4 décembre 1907 à Cherchell, fils de Joseph, né le 1er septembre 1870 à Douaouda commune

de Koléa, directeur d’école publique et lieutenant de réserve du 1er Régiment de Zouaves, et de

PEYRON Alice Louise, née le 4 janvier 1870 à Blida, mariés le 29 juin 1903 à Cherchell.

Le 21 mars 1909, naissance de son frère Henry.

Le 9 mars 1926, obsèques de sa mère.

Dans le journal du 3 juillet 1926 : succès scolaires Baccalauréat 1ère partie : Bourgoin Pierre.

Le 8 novembre 1927, à Cherchell, décès de son frère Henry.

Le 10 novembre 1928, entré en service

Le 23 avril 1929, il est caporal-chef

Le 19 juin 1929, soldat au 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens à Bône, il est admis à suivre les

cours des élèves officiers à Saint-Maixent, reçu avec le n°6.

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Le 13 novembre 1929, il est sous-lieutenant

Le 15 avril 1930, il passe dans la réserve

Le mercredi 16 juillet 1930, il participe au sauvetage d’un jeune garçon

Le 14 janvier 1931, il est affecté au RTS du Tchad.

Le 1er juillet 1932, il est affecté au Bat. de Rés. Du Moyen Congo.

Le 8 août 1936, il est affecté au RTS du Tchad.

Du 10 au 19 octobre 1938, il est au 13ème RTS à Alger.

Le 22 octobre 1938, il est lieutenant de réserve.

Le 4 mars 1939, il est affecté au Bataillon de Tirailleurs de l’Oubangui.

Le 3 septembre 1939, engagé volontaire en Afrique équatoriale (Oubangui-Chari), où il est instituteur

… et chasseur de fauves.

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Le 7 septembre 1939, il entre à l’hôpital de Bangui.

Le 22 octobre 1939, il sort de l’hôpital de Bangui.

En juin 1940, il rallie les Forces Françaises Libres en Oubangui-Chari.

Son aventure commence le 28 décembre 1940 lorsqu'il rejoint Brazzaville à bord du sous-marin le

Surcouf, puis l'Egypte en faisant le tour de l'Afrique par la mer.

Dans la nuit du 18 au 19 février 1942, le Surcouf, après avoir rempli de nombreuses missions, est coulé dans

la mer des Antilles.

Campagne de Syrie en juin 1941 : blessé par un éclat d’obus.

Le 1er juillet 1941, plaie pénétrante par éclats d'obus au pied droit.

Le 23 octobre 1941, un détachement précurseur commandé par le Capitaine de Maismont, avec

une section nord-africaine commandée par le Lieutenant Bourgoin, franchit le canal de Suez au

kilomètre 4 et s'installe près de l'aérodrome d'Abu Suer, en bordure est du delta du Nil.

Passé au Groupe de Bombardement Lorraine, il fait toute la campagne de Lybie avec cette unité,

en qualité de commandant de l'échelon à terre (DCA).

S'ennuyant à son poste, il rejoindra les commandos des services spéciaux britanniques et luttera

activement contre l'Afrika Korps de Rommel qui avait d'ailleurs mis sa tête à prix.

En décembre 1941, il est promu capitaine.

Le 2 mars 1942, il est blessé : plaie pénétrante par balle de la face postérieure du genou.

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Le 3 juin 1942 : Fractures multiples des côtes (en mission accident d'avion).

Le 22 juillet 1942, il est condamné à mort pour fait de résistance par le tribunal militaire de Clermont-

Ferrand.

Il est affecté aux services spéciaux britanniques jusqu’au 1er décembre 1942.

En décembre 1942, au moment de l’avance de la 8ème Armée vers la Tunisie, il reçoit la mission de

désorganiser les arrières lointains de l’ennemi. Il atteint la frontière tunisienne avant que la 8ème

Armée ne soit arrivée à Tripoli.

Le 19 février 1943, parti des mines de Sedjenane (Tunisie), il rejoint avec son groupe les territoires

occupés par deux divisions ennemies, situe l’emplacement exact d’un grand nombre de pièces

d’artillerie adverses, détruit un pont d’une importance primordiale pour l’ennemi, et ramène son

groupe au grand complet, déjouant les recherches des patrouilles alertées par l’explosion.

(Citation à l'ordre de l'armée, croix de guerre avec palme de bronze, signée par le général de Corps

aérien Martial Valin)

Le 23 février 1943, au retour d'une mission de sabotage très pénible, part seul en reconnaissance

pour la préparation d'une autre mission qui devait être exécutée le lendemain : est pris à partie par

des avions de chasse entre les lignes. Est blessé plusieurs fois très gravement, et a le bras droit

arraché par balles explosives. Réussit à se cacher pendant 6 heures pour ne pas être capturé,

parvint à se signaler à une patrouille anglaise.

(Citation à l'ordre des FAFL comportant l'attribution de la croix de guerre avec palme de vermeil.)

On le surnommera dès lors « le manchot »

On relèvera 37 traces de blessures par éclats d’obus, bras droit amputé, fracture du radius, cubitus

et fracture complète du poignet gauche, blessures multiples par éclats d’obus à la cuisse gauche.

Il sera soigné à Alger où Yann DERRIEN rend régulièrement visite à son oncle en compagnie du SS

basque Victor Iturria.

« Emile Szabo, Maurice Pastor, René Hulin, Louis Borelli, Abdel Hamid Soussi, Jean Ledan étaient

donc membres d'un « commando » dirigé initialement par Pierre-Louis Bourgoin (le chef de mission

grièvement blessé). Commando indépendant de la 1ère CIA FAFL. Cette mission était commanditée

par l'Inter-Service Liaison Department (British SAS/MI6). Parachuté derrière les lignes allemandes

le 26 mars 1943, le groupe avait pour objectif une jonction route-voie ferrée située à 5 km d'El Djem

(Tunisie), La cible fut détruite mais le groupe fut capturé ensuite. »

En mai 1943, il est chef de bataillon.

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Le 30 juin 1943, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur

Le 8 juillet 1943, croix de la Libération

En novembre 1943, il est promu commandant et prend le commandement du 4ème BIA qui deviendra

le 2ème RCP.

Le 6 juin 1944, il se retrouve à nouveau face à Rommel devenu responsable du mur de l'Atlantique

lorsqu'il sera parachuté à Saint Marcel (56) avec un seul bras, fait sans précédent, après environ 6

mois d'hôpital à Alger suivis de 6 mois de préparatifs en Angleterre.

Albert Oriol-Maloire, dans « Hommes et combats en Bretagne : le Morbihan 1939-1945 » (1991),

nous apprend que « Bourgoin saute doté d’un (triple) parachute tricolore » car il ne peut agir sur les

sustentes de son bras unique !

Bernard Michal, dans « Koenig » (1974), nous apprend que « La Gestapo fait arrêter tous les

manchots du département » !

Le lieutenant Deplante se souvient encore de sa surprise quand il déchiffra ce message de Londres :

« Vous parachutons un faux bras pour le colonel en … (coordonnées) »

Les 450 parachutistes du 4ème SAS (le 4ème Spécial Air Service est surnommé le "French squadron")

se regrouperont du 6 au 20 juin 1944, puis ils se disperseront (défaits par les allemands le 20 juin

lors de la bataille de Saint Marcel) et se cacheront jusqu'à l'arrivée des américains, du 20 juin au 6

août 1944, puis ils se reformeront et se verront confier des missions d'appui sur les rives de la Loire

qu'ils rempliront avec succès. Certains poursuivront et seront à nouveau parachutés en Hollande

pour l'opération Market Garden.

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Le 3 août 1944, il est nommé lieutenant-colonel à titre temporaire

En août 1944, il obtient la Bronze Star Medal

Le 8 août 1944, il entre à Vannes dans la jeep La Vengeuse conduite par le caporal Achille Muller.

De septembre à novembre 1944, il commande le 2ème RCP en opérations dans la vallée de la Loire

et dans le Nivernais

En septembre 1944, il obtient la Distinguished Service Order (DSO)

En novembre 1944 le lieutenant-colonel Bourgoin est nommé inspecteur des parachutistes.

Le 4 novembre 1944, le lieutenant-colonel R. Durand, commandant l’infanterie de l’air en Grande

Bretagne, indique : « Le lieutenant-colonel Bourgoin mérite depuis longtemps la croix de la Légion

d’honneur. »

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De 1944 à 1968, il réside 78 avenue Mozart Paris 16ème

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Le 16 juin 1945, il est fait officier de la Légion d’Honneur, avec rang au 30 décembre 1944.

Le 18 juin 1945, citation signée par le général Allard : « Officier magnifique. Héros passé vivant dans

la légende. »

Le 20 août 1945, il est fait commandeur de la Légion d’Honneur.

Le 1er octobre 1945, il est affecté à la 2ème division aéroportée.

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Le 31 octobre 1945, il est démobilisé et renvoyé dans ses foyers.

Dès 1946, Jean Nocher, dans son livre « les clandestins : la vie ardente et secrète de la

Résistance », évoque « le fameux colonel Bourgoin, le manchot ».

En 1947, Joseph Kessel publie Bataillon du ciel, inspiré de l’histoire du colonel Bourgoin et du

capitaine Marienne.

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La même année, sort le film du même nom.

Deux scènes du film

Le 27 mars 1947, croix de la Libération avec rosette.

En novembre 1947, il est décoré de l’ordre de Léopold.

En 1949 il est Inspecteur général des chasses pour la France et l'Outre-mer : dans une revue

spécialisée, il fait mention des observations de M. Paul Foury concernant la conservation en Côte-

d'Ivoire du « cheptel éléphant », et écrira même un recueil « chasseur de fauves ».

En 1950, il est promu colonel de réserve.

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Sa fille nous raconte une anecdote qui a dû se dérouler fin août début septembre 1951 et intitulé

« le dernier buffle » :

« Notre père avait subi de nombreuses blessures, tant durant la guerre qu'à la chasse, mais elles

ne se voyaient pas ; il y avait bien ces petits bouts de métal que sa peau expulsait quand il prenait

un bain et qu'il récoltait soigneusement sur le bord de la baignoire (des éclats d'obus, nous disait-

on). Mais pour le reste, il avait été bien réparé. Sa manche vide, son moignon estival était bien un

peu pénible à voir, mais c'était sa marque. Il était même étrange de voir les papas des copines avec

deux mains ...

Il avait cependant une grande cicatrice sur la cuisse, comme une boutonnière mal fermée et qui

palpitait quand il marchait. C'était le témoin de sa dernière chasse.

Il était parti au Gabon, peut-être pour visiter les réserves qu'il avait mises en place. Sans doute n'a-

t-il pas résisté, après tant d'années, au plaisir d'un affût. Peut-être a-t-il voulu vérifier qu'il lui était

possible d'épauler à gauche, avec un seul bras et de tirer de sa main gauche, après avoir visé du

seul œil qui y voyait encore ... Une chance : c'était l'œil droit ; pas de correction de trajectoire à faire.

Il est donc parti, un léger fusil à gazelles sur l'épaule, avec un accompagnateur africain. Que s'est-

il exactement passé ? Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il qu'un buffle solitaire l'a chargé. Il

s'est accroché à une branche de la main qui lui restait, pour laquelle les chirurgiens parisiens avaient

fait des miracles, en espérant qu'elle ne le lâcherait pas. Son boy est arrivé à temps. C'était un

excellent tireur : il a abattu la bête qui avait eu le temps d'encorner "le colon", comme l'appelaient

désormais ses amis d'Afrique.

Nous étions en vacances à Lion-sur-mer, une des plages du débarquement où nous passions l'été.

Un télégramme en provenance de Monila, Gabon, daté de septembre 1951, est arrivé. Il était ainsi

libellé : "Blessé buffle aucune gravité. Baisers. Pierre".

Je crois qu'il est resté hospitalisé assez longtemps après cette "bousculade" qu'évoque Kessel dans

la Piste Fauve. »

De 1958 à 1970, il est élu député UNR de la 12ème circonscription de la Seine.

Le 1er décembre 1958

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1962

Il est également vice-Président de l'Association de soutien au général de Gaulle, poste auquel il est

réélu en novembre 1962, mars 1967 et juin 1968.

Lors de la séance du 28 octobre 1966 de l’Assemblée Nationale, il insiste sur le rôle primordial qui

revient à la recherche dans « la compétition qui se livre pour l’économie et souvent pour la politique,

grâce aux moyens de pression qu’elle dispense entre les nations évoluées du monde. »

Le 6 mai 1970, il donne sa démission de député de Paris pour des raisons de santé.

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Le 11 mai 1970, il décède à Paris.

Il est enterré selon ses souhaits avec ses hommes tués en Bretagne, à Plumelec (Morbihan), où

repose notamment le capitaine Marienne, un autre PN venu d'Afrique pour libérer la patrie !

En 1970, le célèbre colonel Rémy, dans son ouvrage « la ligne de démarcation 2 histoire du pays

d’Armor » évoque « notre ami, le célèbre Manchot ».

Le 27 octobre 1973, un timbre et une enveloppe premier jour lui sont dédiés.

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Bulletin SAS de mars 1984

En 2007, une stèle en son honneur a été érigée au camp militaire de Meucon (Morbihan).

Le musée de Saint Marcel lui rend un hommage particulier.

La promotion 2014 de l'Ecole militaire de l'air (EMA) porte désormais le nom de "Colonel Pierre

Bourgoin".