É D I T O - Diocèse de Dijon

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É D I T O C ette année, le CCFD-Terre Solidaire fête son cinquantième anniversaire. En 1961, la FAO avait lancé un vibrant appel pour combattre la faim dans le monde. C’était l’année de l’encyclique de Jean XXIII, Mater et Magistra , époque de croissance économique et démographique sans précédent, alors que se posait l’immense problème du développement du tiers monde. Cinquante ans après, Benoît XVI relève dans Caritas in veritate, (N° 27) que le défi de la faim n’est toujours pas relevé. Pourtant le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, répondant à l’appel de 1961, travaille depuis lors sans relâche, par ses nombreuses réalisations, à créer des pôles de développement pour aider les populations les plus démunies à se prendre elles-mêmes en charge. Le CCFD est composé de 25 mouvements ou services d’Église. Dans chaque diocèse est implantée une antenne du CCFD, qui récolte les dons et sensibilise aux projets de développement lancés chaque année. Le CCFD est devenu la première ONG française de développement. Il est aussi l’une des expressions les plus visibles de la mission caritative de l’Église. Grâce au CCFD, des milliers de catholiques sont parties prenantes dans la solidarité avec les plus pauvres, à l’autre bout du monde. L’action du CCFD s’inscrit dans le mot d’ordre de saint Augustin : « Dilatentur spatia caritatis – il faut élargir l’espace de l’amour du prochain (Sermon 69, 1) », car la charité selon l’Évangile ne connaît pas de frontière. Pour le donateur, cela suppose une double disponibilité : participer au soulagement de la misère sur d’autres continents, et faire confiance à l’organisation pour le meilleur usage de ses dons. Comme il ne s’agit pas de réalisations de proximité, la motivation du donateur est bien celle de l’extension sans limite de la notion de « prochain ». « Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Les publicains n’en font-ils pas autant ? » (Mt 5, 46) La charité n’est pas soluble dans l’humanitaire. Elle en est l’inspiration. C’est l’intention qui donne sens au geste de solidarité. Si l’intention est évangélique, nous sommes dans notre mission et nous n’avons pas à le cacher. L’Église catholique est cohérente avec son nom lorsqu’elle porte le souci de l’humanité entière, comme elle l’a toujours fait par ses missions et sa présence solidaire sur tous les continents. Si les bénéficiaires des dons provenant de la charité chrétienne pouvaient remonter à l’intention qui les a suscités, ils rencontreraient l’Évangile du Christ qui est à leur source. Page 2 Editorial La charité est sans frontière (Mgr Minnerath) Page 3 Eglise Vivante Semaine de l’Unité : Dans le respect des différences (Jean et Maguy Minonzio, Véronique Schweisguth) Pages 4, 5 Paroisses La vie des mouvements et des paroisses Action Catholique des Enfants (Stéphanie Foucherot) Aumônerie maison d’arrêt (Père Raoul Mutin) Université des familles (Michel Huvet) Pages 6 et 7 Eglise Vivante Vie consacrée : Une journée sous le signe de sainte Chantal (Michel Huvet) JMJ : 12 mars, un temps fort dans la préparation (J.B. Amblard) EAP : Une journée de réflexion sur les funérailles (Père Eric Millot) Semaine de rencontres culturelles : Du 9 au 19 mars 2011 (Jean-Michel Pelotte) Pages 8, 9, 10, 11, 12 Dossier Diaconat permanent : un signe pour notre temps (Père Didier Gonneaud, Conférence des Evêques de France, Patrice Poussin, Père Bernard Card, Claude Lance, Maguy Minonzio). Page 13 Visages de prêtres Père Raymond-Marie Lamartinèche Page 16 Evénement Le CCFD a 50 ans (L’équipe CCFD 21) S OMM A IR E Photo de couverture : Gaby Roy, diacre, lors d’une cérémonie de baptême à l’église Notre-Dame de Dijon. Crédits photographiques : ECO, Père Jean Lamblot, Père Eric Millot, ACE, Elisabeth Le Dugne, Patrice Poussin, Claude Lance, Paroisse de Mirebeau, CCFD. Avec ce numéro : La Lettre d’Info de mars 2011 Campagne du Denier de l’Eglise 2011. Votre archevêque Roland MINNERATH

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É D I T O

Cette année, le CCFD-Terre Solidairefête son cinquantième anniversaire.En 1961, la FAO avait lancé un

vibrant appel pour combattre la faim dans lemonde. C’était l’année de l’encyclique deJean XXIII, Mater et Magistra , époque decroissance économique et démographiquesans précédent, alors que se posaitl’immense problème du développement dutiers monde. Cinquante ans après,Benoît XVI relève dans Caritas in veritate,

(N° 27) que le défi de la faim n’est toujours pasrelevé.

Pourtant le Comité Catholique contre la Faimet pour le Développement, répondant àl’appel de 1961, travaille depuis lors sansrelâche, par ses nombreuses réalisations, àcréer des pôles de développement pouraider les populations les plus démunies à seprendre elles-mêmes en charge.

Le CCFD est composé de 25 mouvementsou services d’Église. Dans chaque diocèseest implantée une antenne du CCFD, quirécolte les dons et sensibilise aux projets dedéveloppement lancés chaque année. Le

CCFD est devenu la première ONGfrançaise de développement. Il est aussil’une des expressions les plus visibles de lamission caritative de l’Église. Grâce auCCFD, des milliers de catholiques sontparties prenantes dans la solidarité avec lesplus pauvres, à l’autre bout du monde.

L’action du CCFD s’inscrit dans le motd’ordre de saint Augustin : « Dilatentur spatia

caritatis – il faut élargir l’espace de l’amourdu prochain (Sermon 69, 1) », car la charitéselon l’Évangile ne connaît pas de frontière.

Pour le donateur, cela suppose une doubledisponibilité : participer au soulagement dela misère sur d’autres continents, et faireconfiance à l’organisation pour le meilleurusage de ses dons. Comme il ne s’agit pasde réalisations de proximité, la motivation dudonateur est bien celle de l’extension sanslimite de la notion de « prochain ». « Si vousn’aimez que ceux qui vous aiment, quellerécompense en aurez-vous ? Les publicainsn’en font-ils pas autant ? » (Mt 5, 46)

La charité n’est pas soluble dansl’humanitaire. Elle en est l’inspiration. C’est

l’intention qui donne sens au geste desolidarité. Si l’intention est évangélique, noussommes dans notre mission et nous n’avonspas à le cacher.

L’Église catholique est cohérente avec sonnom lorsqu’elle porte le souci de l’humanitéentière, comme elle l’a toujours fait par sesmissions et sa présence solidaire sur tousles continents. Si les bénéficiaires des donsprovenant de la charité chrétienne pouvaientremonter à l’intention qui les a suscités, ilsrencontreraient l’Évangile du Christ qui est àleur source.

Page 2

EditorialLa charité est sans frontière

(Mgr Minnerath)

Page 3

Eglise VivanteSemaine de l’Unité : Dans le

respect des différences

(Jean et Maguy Minonzio, Véronique Schweisguth)

Pages 4, 5

ParoissesLa vie des mouvements

et des paroisses

Action Catholique des Enfants(Stéphanie Foucherot)

Aumônerie maison d’arrêt (Père Raoul Mutin)

Université des familles (Michel Huvet)

Pages 6 et 7

Eglise Vivante

Vie consacrée : Une journée sous le signede sainte Chantal (Michel Huvet)

JMJ : 12 mars, un temps fort dans lapréparation (J.B. Amblard)

EAP : Une journée de réflexion sur lesfunérailles (Père Eric Millot)

Semaine de rencontres culturelles : Du 9au 19 mars 2011 (Jean-Michel Pelotte)

Pages 8, 9, 10, 11, 12

Dossier

Diaconat permanent : un signe pour notretemps(Père Didier Gonneaud, Conférence des Evêques de

France, Patrice Poussin, Père Bernard Card, ClaudeLance, Maguy Minonzio).

Page 13

Visages de prêtresPère Raymond-Marie Lamartinèche

Page 16

Evénement

Le CCFD a 50 ans (L’équipe CCFD 21)

SOMMAIRE

Photo de couverture :Gaby Roy, diacre, lors d’une cérémonie de baptêmeà l’église Notre-Dame de Dijon.

Crédits photographiques :ECO, Père Jean Lamblot, Père Eric Millot, ACE,Elisabeth Le Dugne, Patrice Poussin, Claude Lance,Paroisse de Mirebeau, CCFD.

Avec ce numéro :La Lettre d’Info de mars 2011Campagne du Denier de l’Eglise 2011.

Votre archevêque

Roland MINNERATH

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D O S S I E R

Le Concile Vatican II afortement mis en reliefla charge pastorale

confiée au collège desévêques, et, dans chaquediocèse, au presbyterium.Trois axes définissent cettecharge : proclamer la Parolede Dieu, sanctifier par laprière et les sacrements,rassembler l'Église. Cestrois perspectives se renfor-cent les unes les autres.

On pourrait penser qu'il se-rait plus efficace de les ré-partir sur des ministèresdifférents, mais la traditioncatholique a toujours fait cepari d'un ministère pastoralqui met ensemble l'ensei-gnement, la sanctification etla conduite de la commu-nauté. En communion avecle pape, prêtres et évêquesn'exercent pas cette tripleresponsabilité pour leurcompte individuel, mais autitre de leur appartenance àun corps sacramentel, le col-lège des évêques d'unepart, le presbyterium d'autrepart.

Un lien avec legroupe des « Sept »

A côté de cette structurepastorale très forte, dont leConcile a réaffirmé le carac-tère fondamental pourl'Église, il y a donc placepour des ministères plusfluides, davantage définis

selon les circonstances etles besoins de la mission. Leministère des diacres estainsi caractérisé par cettesouplesse qui fait à la fois saforce et sa fragilité. Force del'adaptation permanente auximprévus de la vie du mondeet de l'Église.

Il y a un lien souterrain entreles diacres et le groupe des« Sept » dont parle le chapi-tre 6 des Actes des apôtres :on voit ce groupe, lié à l'ur-

gence de répondre à unecrise grave, évoluer au fur età mesure de la croissancede la communauté chré-tienne. Cette évolution n'estpas seulement une adapta-tion extérieure, elle se fait auprix d'un engagement sansretour : Étienne est le pre-mier martyr.

Souvent tiraillés

De même, les missionsconfiées aux diacres se sont

Voici comment il définit sonrôle : « La tâche est grande ;elle consiste à enrichir l’Égliseen lui donnant des ministresordonnés car l’Église est vi-vante quand tous les minis-tères se déploient pour qu’ellerayonne. Appeler, aider de fu-turs diacres à répondre à cettevocation de service, les ac-compagner, quelle riche etbelle mission !

Une missionqui se déclineen 3 priorités

- Développer le diaconat per-manent dans le diocèse enveillant à ce que ce minis-tère soit présent dans tousles doyennés (objectif qua-siment atteint aujourd’hui)et en pensant au renouvel-lement afin de maintenirl’équilibre des âges au seinde l’équipe diaconale.

- Accompagner les diacres, àtravers la formation conti-nue et le suivi de leurs mis-sions diaconales, car lessituations personnelles, fa-miliales et professionnellespeuvent changer. Les be-soins de l’Église aussi. Lalettre d’ordination qui définitla mission peut alors évo-

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Depuis Vatican II, le diaconat permanent a repris une très ancienne tradition ministérielle dans l’Église.Théologien, le Père Didier Gonneaud, nous en explique ici les forces et les faiblesses.

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luer. Il est important d’être àleur écoute et de les accom-pagner dans le discerne-ment.

- Aider à la relation entre lediacre et les différents ac-teurs de la paroisse et sondoyenné. Favoriser le dia-logue, la compréhensionmutuelle des droits et desdevoirs de chacun. Vivre enharmonie nécessite des ren-contres, des échanges.

FormationprovincialeLe délégué diocésain est aidédans sa tâche par deux diacreset leurs épouses. Il existe unconseil diocésain du diaconatet des commissions (formation,discernement…) qui se réunis -sent régulièrement. La forma-tion pour accéder au diaconatest maintenant provinciale etn’incombe plus aux seuls res -ponsables diocésains.

Le diocèse compte à ce jour 33diacres. Les premiers furent or -donnés en 1987, les quatrederniers en 2010. Quatre can-didats sont en formation et unen année de discernementpour entrer en formation.

Père Bernard CARD

délégué diocésain au diaconat

D O S S I E R

modifiées au fil des siècles,et elles continuent encored'évoluer, ce qui exige desdiacres (et deleurs fa-milles) desc a p a c i t é spresque infi-nies d'ajuste-ment : on nepeut qu'admi-rer la manièredont les diacres savent seplier à un ministère qui n'estpas défini d'avance, et qui

réserve souvent de grossessurprises.

Force de lasoupl esse,mais aussifragilité : lesdiacres sontà l'intersec-tion de nom-b r e u s e s

tensions. Craintede les voir remplacer les prê-tres, peur qu'ils prennent laplace des laïcs engagés.

L'articulation entre le serviceliturgique et les tâchesconfiées n'est donc pas tou-jours facile à comprendre, etles diacres sont souvent ti-raillés : aller à l'autel exercervisiblement leur ministère ?Rester dans l'assemblée au-près de leurs proches ou deceux qu'ils accompagnentdans la vie ? Dans l'agenda,donner priorité aux de-mandes liées à la vie del'Église (en particulier les sa-crements), ou privilégier lesrencontres issues des diffé-rents engagements dans lacité ?

Un site documenté

Magnifiquement construit etdocumenté, le site internetdu diaconat en France(http://www.diaconat.cef.fr/)permet de réfléchir en pro-fondeur sur cette force etcette fragilité. En 2003, laCommission théologique in-ternationale a pris le tempsde recenser toutes les ques-tions posées par le diaconat,à la fois dans sa pratique etdans sa doctrine. De façontrès accessible, ce site inter-net répercute l'ensemble deces questions, et les met enlumière en réfléchissant surla manière originale dont lesdiacres vivent en France.

Père Didier GONNEAUDVicaire épiscopal

II, le diaconat permanent a repris une très ancienne tradition ministérielle dans l’Église.Théologien, le Père Didier Gonneaud, nousen explique ici les forces et les faiblesses.

Force de l'adaptationpermanenteaux imprévus

de la vie du mondeet de l'Église.

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D’abord l’appel« L’histoire commence en 1983 !Alors engagé dans de multiplesservices d’Église et à la veille departir en vacances, mon épouseet moi recevons un courrier.Cette lettre envoyée par le PèreGérard Dampt, alors curé deBeaune, adressée également àneuf autres couples de Beaune,fait suite à la conférence desévêques de France pour relancerle diaconat.

Surgissent alors mille questions :Pourquoi nous ? Pour quoifaire ? Sommes-nous dignes, ca-pables ? Et nos enfants, le tra-vail ? Tous les couples« appelés » se retrouvent enseptembre et ces questions vontêtre évoquées avec prêtres etévêque concernés. Au début,l’accueil de certains prêtres estréticent, difficile. En réalité, toutétait quasiment nouveau, sanscadre défini, il fallait innover ettravailler ensemble.

Puis la formationS’ensuivent quatre années deformation assurée par des prê-tres, des dominicains, en soirée,le dimanche et parfois le week-end. La première année est untemps de discernement auquels’ajoute l’étude de l’écrituresainte, la liturgie, la morale. C’estainsi que durant cette formation,l’appel se fait sentir et la réponsesurgit : c’est le OUI au diaconat

pour quatre des couples pres-sentis. Chacun choisit alors ungroupe d’accompagnement pourl’aider à cheminer. La lettre demission reçue à mon ordinationest précise et se décline en troisaxes : « Serviteur de l’Évangileauprès de ceux qui vivent des si-tuations personnelles et fami-liales difficiles et de ceux dontl’amour est blessé… » « Avecvotre épouse, faire équipe pourla préparation au baptême… »« Collaborer et prier avec les prê-tres… ».

Tout devientpossibleLa famille, le travail, les engage-ments divers et la mission, toutse fait et se fond dans le désir deservice. Pour le service que turends et celui que tu permets àl’autre de rendre, il n’y a pas degrande théorie, le service estsimple : si tu peux, fais-le, si onte demande, c’est que tu es ca-

pable, cela est valable pour tous !

Au niveau professionnel, entemps que directeur du foyer dela protection de l’enfance, monstatut de diacreest bien ac-cueilli et per-met desquestionne-ments avecles collèguesau sujet del’Évangile, lareligion, de même avec les fa-milles, les enfants en difficulté.

Aujourd’huiAvec le départ en retraite, la let-tre de mission évolue en 2005.C'est l'ouverture vers des ser-vices divers et variés, souventponctuels. Tout en restant prochedes familles et des jeunes, monservice est plus cultuel notam-ment pour les célébrations d’ob-sèques. La rencontre avec lesfamilles est forte et permet d’ex-

primer ce qui est personnel, deprier bien sûr.

L’évolutiondu diaconat

Le diacre est tou-jours au servicede l’Église et dumonde. Le diacreest servant au-près des gensmais il n'a pas lemonopole du ser-

vice : il doit inciter les autres àfaire de même.

La différence avec les nouveauxdiacres tient dans la formationqui est définie, claire, mieux ca-drée. Ces derniers bénéficientégalement de l’expérience deleurs aînés.

Le diacre doit toujours susciterl’envie de service, il lui faut oser,et pour moi, c’est 23 années debonheur !

Propos recueillis

par Marie-France ROUX

Ordonné en 1987

Patrice Poussin :« Il suffit d’oser ! »Patrice Poussin, diacre ordonné le 29 novembre 1987 à la basiliqueNotre-Dame de Beaune, témoigne et confie ici l’heureuse aventure deson diaconat.

En réalité,tout était nouveau,sans cadre défini,il fallait innover ettravailler ensemble

Les diacres en tête de la procession lors de la célébration d’Ecclesia 21

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Cet ancien technico-com-mercial « sédentaire »,en retraite depuis peu,

père de quatre enfants et grand-père cinq fois, a été ordonnédiacre par Mgr Minnerath auSacré-Coeur de Dijon le 27 juin

2010 : « On est pareil le lende-main que la veille, rassurez-vous, sauf que tout est changé.D’abord, il y a eu ce moment dela prostration pendant la litaniedes saints, moment très impor-tant tant pour l’ordonné quepour l’épouse, une sorte de pas-sage, de passage accompagnépar la communion des saints ».

Pas si évident !

Depuis ce jour, Claude Lancevit sa situation « avec beau-coup de joie ». Mais très vite, ilnuance : « Avant l’ordination,on se dit que tout va bien s’im-

briquer, entre les engage-ments, la vie de famille et laparoisse. Dans la réalité, cen’est pas si évident, et beau-coup croient qu’on a du tempsparce qu’on est en retraitealors que c’est l’inverse ! Etpuis des obsèques sont à cé-lébrer au moment où on ne s’yattend pas ! Bref, il convient de

faire attention à ce que chacunait sa place ».

Une attentiondifférenteClaude Lance est devenu dia-cre « après un long chemine-

ment de vie avec desmoments d’interrogation poursoi-même et pour les autres.Et puis un jour, on sait qu’onest prêt. Alors, oui, être dia -cre, c’est répondre à des at -tentes, c’est être présent oùle prêtre n’est pas, c’est s’ar -rêter vers celui ou celle quidemande à vous parler. »

Claude Lance est tout surprisde voir s’imbriquer le ministèreordonné et la vie de famille« comme avant ». Ses en-fants ? Quand, avec sonépouse, il leur a parlé de l’ordi-nation diaconale, ils ont sim-plement dit : « Ça ne nousétonne pas ! » La vie s’est ainsiorganisée au mieux, la familles’est agrandie aux dimensionsde la paroisse de Saint-Julien.En apparence, rien n’achangé…

« Depuis mon ordination, pour-tant, c’est vrai, je sens qu’il y aune attention différente despersonnes à moi comme demoi à ces personnes. Il s’estopéré comme une transforma-tion des rapports, pas seule-ment dans la paroisse, maisdans les lieux de mes diversengagements. Vis-à-vis de moi,les gens semblent soudain dif-férents. J’aimerais bien pouvoirvous parler, me disent certains.Ils m’ont vu célébrer des ob-sèques, ou un mariage, et leurregard n’est plus le même. Etmoi aussi, je me sens plus dif-férent, plus à l’écoute… »

Propos recueillis par

Michel HUVET

Ordonné en 2010

Claude Lance :« Répondre à desattentes »Ordonné diacre avec Philippe Chorier-Pichon le27 juin dernier, Claude Lance (paroisse de Saint-Julien) témoigne de la « joie » d’être diacre au-tant que des « difficultés » qu’il rencontre.

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Ce sont des famillescomme les autres, avecla vie quotidienne et les

jours de fête, les réussites et lessoucis, les enfants qui grandis-sent et qui s’en vont, la soliditéde l’affection mutuelle, et parfois,aussi, la difficulté du dialogueentre les générations…

Pourtant, un jour, un événementleur a donné une place différentedans la communauté ecclésiale,l’ordination diaconale de l’époux,du père. Comment se vit, aulong des jours, un engagementaussi radical, sans doute trèséloigné des projets initiaux desjeunes mariés ? Merci, donc, àMarie-Hélène, dont le mari estdiacre depuis 1998, ainsi qu’àBrigitte et Francine, dont lesépoux ont été ordonnés le 30 oc-tobre 2010, de nous aider à lepercevoir, à travers leurs témoi-gnages.

Un appel reçuet acceptéA l’origine de cette vocation sin-gulière, il y a toujours un appel :« Je vous demande de réfléchirau diaconat », a demandé unjour le curé de la paroisse àDenis et Francine. Appel institu-tionnel confirmé par le soutiendes paroissiens, qui les encou-ragent tout au long de leur pré-paration, et leur font une fêtemagnifique le jour de l’ordination.Appel éclairé, pendant cinq an-nées de maturation, avecl’équipe diocésaine du DiaconatPermanent. Francine et Brigitte

ont pu ainsi se sentir entouréesd’une communauté fraternelle,et peu à peu « nous avons faitconfiance, et c’est devenu uneévidence ».

Une interpellationqui bousculeQuel écho l’annonce de cettedémarche a-t-elle rencontré au-tour d’eux ? Peu d’étonnement,finalement, tant elle a paru encontinuité avec ce qui était déjàvécu. Les enfants, dont l’avis a

été demandé, étaient déjà dejeunes adultes. De même, lesvoisins, les amis, les collègues,même s’ils ont du mal à imagi-ner un tel choix de vie, y recon-naissent le couple chrétien aveclequel ils sympathisaient.

Surtout, cela entraîne autourd’eux des prises de parole inat-tendues : au travail, on ose par-ler religion, évoquer despositions et des questions per-sonnelles ; les jeunes, qui disentautour d’eux que leur père va

devenir diacre, amènent leursamis, souvent éloignés del’Église, à la maison… PourGaby et Marie-Hélène, c’est unde leur fils qui a imprimé lesfaire-part d’invitation et les en-fants de Francine et Brigitte ontdansé avec tous les invités lajoie de l’ordination.

Une vieplus que remplieA découvrir les lettres de missionconfiées aux nouveaux diacres,

on peut être inquiet pour l’équili-bre familial : présence chrétiennedans le monde professionnel,services d’Église, engagementsassociatifs, soutien paroissial enliturgie... Comment cela peut-il sevivre au quotidien ? Certes, lesdiacres et leurs épouses ont unelongue habitude de la générositéde l’emploi du temps : l’un étaitadjoint au maire de son village,un autre a eu des responsabilitéssyndicales, l’une est engagée encatéchèse, d’autres travaillent...

Marie-Hélène, au cours des an-nées, a même confirmé son en-gagement au sein d’associationslaïques : « Cela permet d’équili-brer dans notre vie le serviced’Église et l’ouverture nécessaireau monde. Un diacre n’est pasque dans l’institution. Nousavons un pied dedans, un pieddehors ! ».

Cependant elle avertit les petitesnouvelles : « Il faut aussi savoirdire non ! » Poser des limites estimpératif.

Et les femmes,dans tout ça ?Invitées, dès le début, à suivre lamême formation que leursépoux, Brigitte et Francine ontvécu sereinement avec eux lecheminement vers le diaconat :elles ont accepté avec simplicitéla visibilité plus grande donnée àleur couple chrétien, elles sontheureuses de l’épanouissementde leurs maris, elles sont prêtesà les soutenir. Mais ce n’est pro-bablement pas aussi simple aufil des jours !

Elles sont aussi bienconscientes de l’embarras queleur présence peut causer par-fois à un clergé traditionnelle-ment masculin : on leur a trouvéune place, lors de l’ordination, etelles ont pris la parole, mais on aremis à leurs maris le cadeau quileur était destiné ! Elles en rient,mais remarquent que les jeunesfemmes de l’assistance, elles,ont été choquées !

Diaconat et vie familiale

Les familles ont aussi la paroleLes diacres permanents ont un travail, une famille, des enfants, et donc une épouse !Leur engagement et leur ordination se sont réalisés avec elles. Il était intéressant d’ensavoir plus sur ce qu’elles en pensent…

Maguy MINONZIO