Église - Diocèse d'Ajaccio

16
de Corse É glise OCTOBRE 2018 N ° 9

Transcript of Église - Diocèse d'Ajaccio

Page 1: Église - Diocèse d'Ajaccio

de CorseÉ glise

O C TO B R E 2 0 1 8N °9

Page 2: Église - Diocèse d'Ajaccio

2 Église de Corse • Février 2017

ÉGLISE DE CORSE Spartimu a gioia

Ajaccio / 94.5 - Bonifacio / 89.2 - Porto-Vecchio / 97.8

www.rcf.fr Tel : 09 60 50 02 23

Mail : [email protected]

8, boulevard Sylvestre Marcaggi – BP 306

20181 AJACCIO Cedex 1

• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Abonnement numérique : 15 €

Abonnement papier : 30 €

Abonnement de soutien : 50 €

À : Le : Signature :

Bulletin d’abonnement (11 numéros/an)

Bulletin d’abonnement à découper et à renvoyer avec votre règlement par chèque bancaire à l’ordre «Église de Corse»

à :Église de Corse, évêché

CS3030620 181 Ajaccio CEDEX 1

M., Mme, Mlle, :

Paroisse :

Adresse :

Code postal : Ville : Tel. :Courriel : (Obligatoire pour l’abonnement numérique)

Retrouvez votre site diocésain :www.corse.catholique.fr

Vous souhaitez avoir des renseignements :

Évêché d’Ajaccio - CS30306 20181 AJACCIO CEDEX [email protected]

Léguer à l’Église catholique, pour que jamais nos valeurs

ne s’éteignent.

Page 3: Église - Diocèse d'Ajaccio

Octobre 2018 • Église de Corse 3

S O M M A I R E

Église de Corse fait connaître les grandes orientations du diocèse et les décisions officielles de l’Évêque. D’un mois à l’autre notre revue fait aussi écho à la vie de l’Église en Corse, en France et dans le monde.

Directeur de la publication Monseigneur l’évêque Responsable de la rédaction François Grimaldi d’EsdraÉquipe éditoriale Pères J.Y Coeroli et Joseph FiniSecrétaire de la rédaction Claudine Hernicot

Adresse: Église de Corse - Évêché d’Ajaccio - CS3030620181 AJACCIO CEDEX 1Tel. 04 95 51 75 50 . Fax 04 95 51 75 60Email: [email protected] (Imprimerie Olivesi Ajaccio)

VIE DIOCÉSAINE

> Agenda de l’évêque et partie officielle 4> Mot de l’évêque 5

VIE DU DIOCÈSE ET DES PAROISSES

> Bol d’air spirituel à Tattone 6 > De nouveaux locaux pour A Fratellanza 7> La dynamique de la catéchèse 8 À LA RENCONTRE DE ...

> Gilles Allemand 9 DOSSIER > Des rites pour les grandes étapes de la vie 10

SPIRITUALITÉ > La Corse terre mariale 12

ÉGLISE UNIVERSELLE

> Lettre du pape François au peuple de Dieu 13

Photo de couverture : Fresque, basilique supérieure Saint-François, Assise, Giotto

ÉGLISE DE CORSE

M., Mme, Mlle, :

Paroisse :

Adresse :

Code postal : Ville : Tel. :Courriel : (Obligatoire pour l’abonnement numérique)

Grâce à vous, le Denier de l’Église de Corse est en train de rattraper son retard. Ensemble, poursuivons l’effort afin d’équilibrer nos comptes. Donnons à L’Église les moyens de poursuivre sa mission afin que la Corse soit fidèle à la foi de ses ancêtres.

Page 4: Église - Diocèse d'Ajaccio

Pour l’annonce de l’Évangile et le service de l’Église, Monseigneur Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio, a pris la décision suivante :

• Nouveau Conseil Presbytéral

Conformément aux statuts, un nouveau Conseil presbytéral est constitué pour une durée de trois ans. Les membres élus par le presbyterium sont MM. les abbés Christophe Boccheciampe, Frédéric Constant, Olivier Culioli, Louis El Rahi, Georges Nicoli, Antoine Peretti, Alain Tomei et Ange-Michel Valery. Monseigneur l’évêque a nommé l’abbé Jean-Baptiste Rabazzani, le Père François-Dominique David et le Père Paul-André Senghor. Ainsi composé, avec le Vicaire général, membre de droit, le nouveau Conseil se réunira le 9 novembre 2018.

• Aumônerie des hôpitaux

Monseigneur l’évêque a nommé Madame Margot Passat responsable de l’équipe d’aumônerie du centre hospitalier général d’Ajaccio.

• Dimanche 14 octobre, 10h30, Confirmation à Porto-Vecchio, 15h, confirmation à Ghisonaccia • Mercredi 17 octobre, 10h, CODIEC à l’école Jeanne-d’Arc

• Jeudi 18 octobre, 9h30, CMAF à Paris

• Vendredi 19 octobre, 17h, Conseil diocésain des affaires économiques

• Samedi 20 octobre, 10h, Journée des confréries à Bastia, 18h45, Rencontre des jeunes confir-mands à Ghisonaccia

• Dimanche 21 octobre, 11h, Confirmation à Sartene

• Mardi 23 octobre, 18h, Conseil d’administra-tion de RCF

• Du jeudi 25 à 15h au vendredi 26 octobre à 14h, Conseil épiscopal

• Samedi 27 octobre, 9h30, Conseil diocésain de la Pastorale et de la charité

• Jeudi 1er novembre, 10h, Toussaint à la cathé-drale

• Du samedi 3 novembre au jeudi 8 novembre, Assemblée plénière des évêques à Lourdes

• Vendredi 9 novembre Conseil presbytéral

• Samedi 10 novembre, 9h30, “Halte spirituelle” à Béthanie d’Ajaccio

• Dimanche 11 novembre, 9h, Centenaire de l’armistice de 1918 au Sacré-Cœur d’Ajaccio

AGENDA DE L’ÉVÊQUE VIE DIOCESAINE

PARTIE OFFICIELLE

Retrouvez l’agenda de la communauté sur notre site internet : www.corse.catholique.fr, rubrique actualité.

4 Église de Corse • Octobre 2018

Page 5: Église - Diocèse d'Ajaccio

Du XIXe siècle à nos jours, la révolution industrielle a fasciné. Il faut dire qu’elle a permis des progrès technologiques impressionnants, dont nous continuons à bénéficier aujourd’hui. Malheureusement, les hommes n’ont pas su, ou pas voulu, voir les dégâts collatéraux de ces avancées technologiques, et cela a conduit à une crise écologique majeure. Certains pourtant, en avance sur leur temps, avaient, dès la première moitié du XXe siècle, alerté sur le risque d’une altération de la couche d’ozone. Mais dans l’enthousiasme lié à la fascination de la technique et de ses enjeux é c o n o m i q u e s , leurs voix étaient inaudibles. C’est ainsi que, peu à peu, les équilibres naturels ont été rompus, conduisant, entre autres, au dérèglement climatique actuel dont certains effets sont, semble-t-il, irréversibles.

Aujourd’hui, la révolution biotechnologique fascine. Elle permet de réels progrès, tout particulièrement dans le domaine médical. Grâce à elle, l’homme se découvre un pouvoir augmenté sur certaines maladies, sur la procréation, sur le génome, et finalement sur le devenir de l’espèce humaine. Mais si le projet d’ouvrir la PMA aux couples de femmes ou aux femmes seules aboutit, nous passerons d’une société venant en aide aux orphelins à une société fabriquant des orphelins de père.

Les voix ne manquent pas, à commencer par la majorité de ceux qui se sont exprimés lors des états généraux de la bioéthique, pour mettre en garde contre les dégâts collatéraux d’une telle dérive anthropologique. Comment affirmer en effet qu’instituer l’absence de père n’aura pas de conséquences psychiques et sociales ?

Malheureusement, comme à l’époque de la révolution industrielle, la fascination fait son œuvre. Même si les deux situations sont différentes, nous ferions bien de tirer les leçons du passé. Car si l’homme a une réelle capacité et légitimité à perfectionner la nature, lorsqu’il en modifie la cohérence interne, cela se retourne toujours contre lui. L’être humain fait partie de la nature. Il possède lui aussi une logique interne — j’allais dire un mode d’emploi — que nous ne saurions modifier sans prendre le risque d’en rompre les équilibres. Décider d’ignorer la

double filiation qui est au fondement de l’existence de tout être humain ne pourra qu’avoir

de funestes conséquences pour lui-même et pour la société tout entière.

Dépassons donc les crispations idéologiques stériles comme celles consistant à opposer progressistes et conservateurs ou encore croyants et non-croyants. Tout le monde est pour le progrès lorsqu’il s’agit d’un réel progrès pour l’homme. Ceux qui mettent en garde contre les dérèglements anthropologiques à venir ne sont pas d’obscurs conservateurs, ils s’efforcent d’avoir un temps d’avance sur les évolutions qui se

profilent.

Il reviendra bientôt au l é g i s l ate u r

de décider. C’est pourquoi, je termine par ces mots : Mesdames et Messieurs les parlementaires, soyez responsables, soyez courageux, soyez en avance sur votre temps !

Octobre 2018 • Église de Corse 5

LE MOT DE L’ÉVÊQUE

Pour une écologie de la procréation

+ Olivier de GermayÉvêque d’Ajaccio

Lorsque l’homme modifie la cohérence interne de la nature, cela se retourne toujours contre lui.

Tout le monde est pour le progrès lorsqu’il s’agit d’un réel progrès pour l’homme.

Page 6: Église - Diocèse d'Ajaccio

Un paradis pour les enfantsEn effet, une cinquantaine d’enfants de tous âges se sont dépensés sous un ciel magnifique tandis que leurs parents suivaient l’enseignement de notre évêque. Des âmes généreuses les ont accueillis avec force gâteaux et encadrés dans leurs jeux et la préparation du reposoir destiné à recevoir le Saint-Sacrement et l’image de la Vierge à la Cerise.

Nourriture spirituelle pour les adultesMgr de Germay a présenté l’enseignement de saint Jean-Paul II sur la théologie du corps, vision intégrale de la personne humaine — corps, âme et esprit — développée par le saint pape de 1979 à 1984 au cours de ses catéchèses du mercredi. Comme il l’explique, le corps humain a une signification précise : il apporte des réponses aux questions les plus essentielles de notre existence.En fin de matinée, la messe concélébrée avec un prêtre du diocèse et le Père hôtelier de Corbara, animée par le groupe Corsica Abba, réunissait petits et grands dans la belle chapelle du camp ; moment très fort de prières en famille !

Partage et temps convivialSuivit un pique-nique convivial où chacun rivalisait de spécialités, puis cinq ateliers furent proposés : le Pardon sous forme de saynète, la Transmission de la Foi, les Saints et les hauts lieux de prière en Corse, l’éducation des enfants et les couples choisis par Dieu dans la Bible… tout cela sous forme de jeu pour enrichir ses connaissances et partager sa foi. Pendant ce temps, Monseigneur et les autres prêtres venus nous rejoindre accueillaient les confidences ou proposaient le sacrement de réconciliation.Enfin, un dernier échange permettait à tous les participants de poser des questions à notre évêque, notamment sur la mise en place d’une formation à la théologie du corps à Ajaccio pour cette année scolaire. Les AFC ont eu l’occasion de présenter leur association et leurs activités. L’équipe de la Pastorale familiale projette d’organiser un nouveau week-end des familles à Corbara en mai-juin et une autre Journée des familles en 2019.Nous avons conclu par un temps d’adoration eucharistique et par la louange accompagnée par Corsica Abba.

Cette journée de rencontre a permis de créer des liens et de rendre grâce pour notre évêque, vrai pasteur dont nous avons besoin. Le groupe Corsica Abba s’était déplacé de Bastia pour embellir nos chants et notre louange tout au long de cette journée : une vraie journée de joies familiales placée sous la protection de la Reine de la Corse, qui n’aurait pas pu avoir lieu sans la fidélité des anciens du camp des curés qui entretiennent le site depuis de très nombreuses années. Qu’ils en soient remerciés ainsi que tous ceux qui ont participé à l’organisation de cet événement.

6 Église de Corse • Octobre 2018

LA VIE DU DIOCÈSE Bol d’air spirituel à Tattone

Samedi 22 septembre 2018, des familles de Vivario, Ajaccio, Bastia, Corte, Moltifao, soit une centaine de personnes répondaient à l’appel de Monseigneur de Germay. En plein cœur de la Corse, le camp de Sologna, plus connu sous le nom de « camps des curés » de Tattone, retrouvait le temps d’une journée sa vocation initiale de centre de vacances pour enfants.

Hélène et Loïc de Guillebon Pastorale Familiale de la Corse

Page 7: Église - Diocèse d'Ajaccio

LA VIE DU DIOCÈSE

Octobre 2018 • Église de Corse 7

Des locaux neufs pour A Fratellanza

Nous avions traversé un passage difficile, en raison de l’extrême vétusté du bâtiment. Nous

avions même envisagé, un moment, la mort dans l’âme, de fermer notre association. Puis, un jour, les propriétaires, Valérie Lorenzi et son frère Victor nous ont fait donation du bâtiment, ce qui a ouvert la voie au financement des travaux de rénovation. Les financements nous ont été octroyés par la Préfecture, la Collectivité Territoriale, le Département de la Haute-Corse, et par la Mairie de Bastia. Je tiens à remercier Messieurs Gilles Simeoni, Président de l’exécutif, François Orlandi, Président de l’ancien Conseil Départemental de la Haute-Corse, Pierre Savelli, Maire de Bastia, ainsi que les personnels de la Cohésion Sociale, qui se sont personnellement et fortement impliqués pour nous aider.

A Fratellanza se donne pour mission de se mettre au service des plus pauvres, ceux qui sont au plus bas de la misère, qui n’existent plus aux yeux des autres, et souvent, qui n’existent plus à leurs propres yeux, qui font partie de ce que l’on appelle le «  quart-monde ».

Pour ce faire, nous offrons à nos accueillis toutes sortes d’aides matérielles : des toilettes, des douches, des machines pour laver leur linge, la possibilité de recevoir son courrier, de s’inscrire à la Sécurité Sociale, etc.

Mais ce qui, pour nous, constitue le cœur de notre activité, c’est d’abord la qualité de l’accueil, la qualité de la relation avec nos accueillis. Il est important de regarder les personnes accueillies comme des frères, et le mot « frère » a une consonnance particulière pour nous, association chrétienne.

Mais plus important encore, il nous faut faire comprendre à l’accueilli, qu’il est une vraie personne. En effet, comme je l’ai indiqué plus haut, nos accueillis, souvent, ne se considèrent plus comme des personnes. C’est pourquoi nous mettons la personne humaine au centre. Je crois, malgré les urgences matérielles, certes essentielles, que l’humanité de chacun doit être mise au centre.

C’est ici que les associations caritatives sont le complément indispensable des services administratifs, grâce à cette relation privilégiée qu’elles seules peuvent créer avec les accueillis. Pour les associations, nos hôtes ne sont pas des usagers, mais précisément des personnes.On pense à cette déclaration du pape François : « Notre engagement ne consiste pas uniquement en des actions de promotion et d’assistance. Nous ne nous laissons pas déborder par l’activisme, mais nous tenons à porter une attention à l’autre. Attention à l’autre, attention à la personne ... »

Un nouveau défi nous attend désormais : la modernisation de nos locaux nous conduit à nous professionnaliser, à la demande de l’administration. Malgré cette professionnalisation, nous ne devons pas nous transformer en une machine à accueillir, mais, au contraire, il nous faut garder notre âme, la fraîcheur de nos débuts, cette capacité d’attention à l’autre. C’est bien un nouveau défi, et nous sommes prêts à le relever.

L’association A Fratellanza a inauguré ses nouveaux locaux, le 14 septembre dernier : des locaux totalement rénovés, qui nous permettent, enfin, de recevoir nos accueillis dans des conditions conformes à la dignité des personnes.

Par Jean-Claude Vignoli.

Page 8: Église - Diocèse d'Ajaccio

8 Église de Corse • Octobre 2018

LA VIE DU DIOCÈSE ... La dynamique de la catéchèse

un enfant qui, pour la première fois de sa vie,

vient au catéchisme, la plupart du temps ne sait rien de la foi chrétienne. Il va s’agir, avant tout, de l’inviter à faire une rencontre.La catéchèse, tout en étant, d’une certaine façon, un contenu de “données”, est d’abord et en même temps, l’expérience d’une rencontre.En effet, la foi chrétienne, c’est avoir fait une rencontre qui transforme mon quotidien, ma vie.Notre Dieu est vivant. C’est Jésus qu’il s’agit de rencontrer. Et c’est même lui qui se donne à rencontrer. C’est l’acte de foi primordial d’un catéchiste !La première année de catéchèse doit aider l’enfant à entrer dans un compagnonnage avec le Christ, à faire une “première communion” d’amitié, de vie, avec Jésus. Et ce, bien sûr, à travers un parcours que l’on va adapter à cet horizon. Il s’agit de ne pas perdre de vue ce but essentiel pour la suite.

Parce qu’un enfant qui découvre sa vie intérieure, qui découvre cette intimité avec Dieu, va désirer le connaître toujours davantage (on veut connaître toujours plus un ami véritable…), cette découverte de l’amour incroyable de Dieu pour lui va susciter le désir de changements dans sa vie. Au cours d’une deuxième année de catéchisme, l’enfant va découvrir la Miséricorde de Dieu et pourra être initié ave joie au sacrement du pardon. Une première célébration de la réconciliation sera déployée, festive, marquante pour l’enfant dans sa découverte de l’Amour de Dieu.

Cette vie intérieure grandissante et s’éclairant au fur et à mesure de la marche, va faire toujours plus grandir ce désir de “communion” avec Jésus et cette prise de conscience que je ne peux pas aimer les autres sans être uni à la Source de l’amour. Ce sera alors la découverte, l’approfondissement, de ce don inouï que Jésus nous offre de Lui-même dans l’Eucharistie afin que toute notre existence soit irriguée par sa vie et ne fasse qu’un avec lui. C’est le temps de cette troisième année où peut être proposée la première communion eucharistique.Mais l’on voit bien que cette dernière ne peut prendre sens que s’il existe déjà, depuis un temps assez long,

une “communion” de vie, d’intimité, d’amour avec Jésus, qui aura fait percevoir que « sans lui, vraiment, je ne peux rien » et surtout pas aimer, et que donc je désire venir à cette source qu’il m’offre dimanche après dimanche.

Conjointement, au fur et à mesure, grandit le désir de partager ce bonheur. La quatrième année abordera plus

spécifiquement la mission et le don de l’Esprit-Saint qui fait de nous des disciples missionnaires : Jésus veut agir à travers les baptisés. Chacun de nous est un membre de ce Corps qu’est l’Église, elle-même Corps du Christ pour les hommes d’aujourd’hui. Ce sera une étape vers le sacrement de la confirmation, cette “Pentecôte” du baptisé.

Ainsi, chaque année est marquée par une étape qui lui est propre, pour une dynamique et une cohérence de l’ensemble. L’accompagnement d’un enfant est un itinéraire. Dans l’évangile, Jésus nous montre la façon d’accompagner : Il ne commence pas par donner un contenu mais par faire advenir le désir profond de chacun. Que cherchez-vous ?... Et sa réponse n’est pas « je vais vous expliquer » mais « Venez, suivez-moi ». Il appelle ses disciples « pour qu’ils demeurent avec lui » avant de les envoyer en mission. Mais là, il leur donnera son Esprit-Saint parce que c’est Dieu qui rend capable de faire ce qu’il demande. La clé c’est l’union à Lui.

Par le Service Diocésain de la Catéchèse.

Le 15 septembre dernier, le Service Diocésain de la Catéchèse a réfléchi sur la façon d’inscrire la catéchèse dans une dynamique d’ensemble. Il est heureux de vous partager sa réflexion.

Le SDC a retenu trois parcours adaptés à cette dynamique :

• Je veux te connaître (voir le site très bien fait : jeveuxteconnaitre.com)

• Viens suis-moi (voir la vidéo : ecdq.tv/catechese-notre-dame-de-vie)

• Pour grandir dans la foi

Page 9: Église - Diocèse d'Ajaccio

Octobre 2018 • Église de Corse 9

À LA RENCONTRE DE ...Gilles Allemand...

Parlez-nous de vous, de votre jeunesse, votre formation ?

Je suis né à Marseille en 1973 dans le quartier d’Endoume au sein d’une famille de salariés, maman était secrétaire et papa chauffeur livreur. À l’âge de 7 ans, j’ai commencé à fréquenter l’œuvre Timon-David de mon quartier, l’œuvre Saint-Louis de Gonzague. J’ai fréquenté cette maison jusqu’à 25 ans tout en étant jeune professionnel.

En septembre 1999, je suis entré au noviciat des Pères de Timon-David, j’ai fait ma première profession religieuse le 5 octobre 2000, et ma profession perpétuelle le 5 octobre 2003.

J’ai ensuite fait mes études ecclésiastiques au séminaire diocésain d’Aix-en-Provence avec mon co-novice le Père Sid-Michel Sahnoune. Nous avons été ordonnés diacres en 2005, année où je suis parti pour Montpellier, afin d’œuvrer auprès des jeunes de La Maisonnée St-Joseph tout en assurant chaque semaine deux jours de catéchèse dans notre École Timon-David St-Joseph d’Aix-en-Provence.

Ordonné prêtre en juin 2006, j’ai continué mon apostolat à Montpellier jusqu’en juillet 2008.Dès l’automne 2007, un appel de la Providence a ouvert une voie pour une fondation en Corse. Le Supérieur Général m’a envoyé avec le Père André Deffontis pour cette fondation en août 2008.

Le 5 octobre 2008, il y a 10 ans presque jour pour jour, l’Œuvre de Jeunesse Saint-Antoine d’Ajaccio était officiellement fondée au cours d’une célébration de vêpres solennelles en présence de Mgr Brunin, évêque d’Ajaccio.

Quels sont les points forts de votre mission en Corse ?

Aujourd’hui, l’Œuvre Saint-Antoine, c’est une centaine d’enfants, d’adolescents et jeunes adultes de 6 à 25 ans qui se retrouvent les mercredis, samedis, dimanches et vacances ainsi que les soirs en semaine pour jouer, prier et vivre en frères et sœurs dans une communauté d’Église.

Les points typiques de cette Œuvre Saint-Antoine sont : 1. D’être franchement une maison chrétienne où l’on transmet non seulement les valeurs de l’Évangile mais aussi la foi en Jésus ressuscité en particulier par la spiritualité puisée à son Cœur transpercé.

2. De s’appuyer sur la « Méthode de Direction des Œuvres de Jeunesse » transmise par le Père Joseph-Marie Timon-David (1823-1891) qui se résume dans la devise : « Ici on joue, ici on prie ».Jouer manifeste l’éducation humaine intégrale à travers ce qu’il y a de plus naturel chez les enfants et les jeunes gens : le jeu.Prier, c’est l’éducation chrétienne globale à travers la catéchèse, la vie liturgique et la vie mystique. Le but de l’œuvre demeure depuis l’origine : « Graver Jésus Christ dans les cœurs ».

3. Le mélange des âges est un des points forts de la vie de l’œuvre qui favorise l’esprit familial.

4. La durée : les enfants de l’Œuvre la découvrent dès l’âge de 6 ans et peuvent y vivre et s’y épanouir pendant de nombreuses années au-delà de 20 ans pour beaucoup.

Un message plus général à faire passer ?

Dans notre société occidentale, on s’amuse beaucoup, on se divertit, on multiplie les activités…Pour quel profit ? Quelle image donnent les adultes à la jeunesse actuelle ? Quelle responsabilité !Pourtant, la jeunesse ne se réduit pas à la vie numérique des smartphones et des réseaux sociaux.

Les nouvelles générations ont encore de l’élan et de hauts désirs. Nous sommes encore trop peu à offrir à la jeunesse d’aujourd’hui des lieux et des temps où cette jeunesse puisse grandir en humanité au sein de communautés ecclésiales qui les ouvrent au monde.

Arrivé en Corse en août 2008, le père Gilles œuvre sans relâche à l’éveil des enfants avec le père André à Saint-Antoine d’Ajaccio... Il nous ouvre les portes de sa personne et de l’Œuvre Timon David qui a pour devise : « Ici on joue, ici on prie. »

Propos recueillis par François Grimaldi d’Esdra.

Page 10: Église - Diocèse d'Ajaccio

10 Église de Corse • Octobre 2018

DOSSIER

Dans les bouleversements actuels du paysage social il y a à la fois similitude et différence entre les changements de la société et leur impact sur la vie religieuse. Une donnée commune est observée : c’est la rupture de la transmission. Il y a place pour des évolutions. Certaines sont acquises. D’autres se cherchent. Mais il est des repères qu’on ne peut contourner.

Les rangs clairsemés des assemblées du dimanche ont de quoi accréditer chez certains le titre de Jean Delumeau dans un livre de 1977 : « Le christianisme va-t-il mou-rir ? » Il y a la question des rites traditionnels liés aux différentes étapes de l’existence : naissance et baptême, enfance et première communion ainsi que l’ancienne « communion solennelle » devenue « profession de foi », mariages religieux et funérailles chrétiennes. Où en est la transmission ?

Pour les rites traditionnels, parlant de « conformisme saisonnier », les sociologues confirmaient leur main-tien qui, selon les régions, pouvait être encore de l’ordre de 90%. Une ville comme Ajaccio au début des années 1960 comptait, pour la communion solennelle, quelque 86 % des enfants scolarisés au même âge aussi bien en école publique qu’en école catholique. On ne ressentait aucun besoin d’appeler la population à y être fidèle, tant ces rites étaient dans l’ordre normal des choses. Mais on s’interrogeait : quelle authenticité chrétienne ?

Les enjeux des rites traditionnels

Des rites pour les grandes étapes de la viePar Gaston Pietri.

Le constat des pousses nouvellesLe déclin de ces rites a nettement commencé dès les années 1980. L’espérance s’appuie principalement sur le constat des pousses nouvelles : baptême d’adultes en progression constante même si elle n’est pas spectacu-laire ; enfants non baptisés en demande de baptême au contact des camarades d’école catéchisés, demandes de

confirmation de la part d’adolescents et d’adultes témoi-gnant parfois d’une heureuse découverte. Et l’on pourrait citer bien d’autres situations. Y a-t-il transmission ? Oui, certes. Mais nous allons vers une situation où n’existera plus une symbiose assurée des marqueurs religieux et des marqueurs culturels.

Page 11: Église - Diocèse d'Ajaccio

DOSSIER

Il s’agit de considérer l’interaction entre des facteurs sociétaux et des facteurs internes à l’Église. Le tout pre-mier temps de la vie d’un nouveau-né, dans une société autrefois massivement gagnée au christianisme, a connu comme allant de soi le baptême dès la petite enfance, au point que ce rite chrétien s’est trouvé très naturelle-ment reconnu comme le rite de la naissance : rite reli-gieux et en même temps social comme si l’inscription à l’état civil et l’acte de baptême dans l’opinion ne faisaient qu’un. L’Église, de plus, enjoignait aux parents catho-liques l’obligation de présenter l’enfant pour le baptême le plus tôt possible. La règle paraissait intouchable. Les évêques de France ont jugé nécessaire dans les années 1950, d’instaurer un temps de préparation : heureuse in-novation que cette rencontre des parents, généralement aussi des parrains et marraines, pour aider à une prise de conscience et à un certain degré d’engagement per-

sonnel en vue de l’éducation de la foi de l’enfant. Il fallait bien, sans occulter l’histoire de péché dans laquelle naît chaque humain, voir reculer l’idée du péril spirituel ex-trême que représenterait la mort d’un enfant non encore baptisé.

Est apparue la tentation de différer à l’excès, de se laisser gagner par la négligence ou le désintérêt. C’est en par-tie ce que nous constatons en rencontrant des enfants et des adolescents non baptisés, y compris ceux qui ont la chance un jour d’être attirés par un groupe de caté-chèse. Car les préparations au baptême, à cet âge-là, sont des occasions très positives unanimement appréciées de rencontre avec l’Évangile. Nul ne peut imaginer qu’un retour en arrière sur ce point serait bénéfique.

Temps de préparation pour le baptême

Octobre 2018 • Église de Corse 11

Des cheminements pédagogiques indispensablesCe qui était en cause pour l’Église, on le voit bien, se résumait dans le hiatus à combler entre des coutumes encore bien enracinées et les sacrements qui ne peuvent se comprendre et se vivre que grâce à une foi éclairée. Il fallait ménager les cheminements pédagogiques appro-priés. Le cas du baptême est significatif. Celui de l’Eu-charistie l’est plus encore, à cause des débats qu’a suscités le premier accès à la communion. Il n’y a pas longtemps encore, société et Église s’accordaient à appeler ce rite tout simplement « la communion ». D’un enfant l’on di-sait : « A-t-il fait sa communion ? »

Plus tard on parlera de « communion solennelle ». L’épi-thète jusque-là n’était pas nécessaire, car cette commu-nion était aux yeux de tous la première. C’est en 1910 que par son décret Quam singulari, le pape Pie X a re-commandé la communion des enfants à partir de l’âge de 7 ans. Que faire alors concernant le rite socialement si marqué de la première communion ? Dans de nom-breuses paroisses, cette communion voulue comme pré-coce a tardé à trouver place. D’autant que, si l’on voulait maintenir la forme de passage de l’enfance à une certaine adolescence, ce rite social ne devait plus s’appeler simple-ment « la communion ». C’est là que se sont distinguées « communion privée » et « communion solennelle ».

L’accès à l’EucharistieIl apparaît que la transformation de cette « communion solennelle » en « profession de foi » a été problématique. Deux auteurs, Robert Pannet et Augustin Cottin, dans un article de mai 1963, soulignaient avec vigueur com-bien « La communion solennelle avait été, à bien des égards, la clef du catholicisme populaire “saisonnier” » (Témoignage chrétien, 10 mai 1963). C’est sous cet angle, celui du paysage social, tel qu’il fut hérité du temps où l’Église coïncidait avec la société, que l’on est obligé de reconnaître un certain déficit. Les mutations ecclésiales en ce domaine comme en d’autres sont corrélatives des mutations culturelles qui ont connu un pic dans les an-nées 1960. Sans compter que déjà, dans les années 1950, on déplorait le décrochage considérable des jeunes dès le lendemain de la communion solennelle.

Pour en rester au baptême et à la « communion » (comme l’appellent encore bien des familles), deux volets sont à considérer : d’une part le rite avec sa portée d’intégration sociale, d’autre part la foi et les signes spécifiquement chrétiens. Ces rites ont résisté et partiellement résistent encore à la sécularisation globale de la société. Leur audience populaire nous interroge. Leur persistance témoigne à sa façon de la permanence de « l’homo reli-giosus » que décrit Mircea Eliade comme historien des religions. Certes la religion, au sens d’un certain instinct religieux, n’est pas la foi. Car la foi est d’abord l’accueil de Dieu venant vers l’homme, et non seulement le fait de se référer à un au-delà de l’humain, parfois bien confusé-ment. Mais le christianisme a fait la preuve, dès ses dé-buts, de sa capacité à ressaisir l’attente religieuse païenne pour y déposer les germes de la nouveauté chrétienne.

Page 12: Église - Diocèse d'Ajaccio

Comme appui et comme recours de cette foi chrétienne, une icône s’impose d’emblée à nous, Marie, souvent évoquée chez nous sous son titre de « Madre universale ». Mais on ne saurait évoquer Marie sans son rapport à l’Eglise. La Corse a toujours été une terre mariale et une terre d’Église. La Corse est une terre mariale. Elle est le domaine et le Royaume de Marie, la Corse silhouette de la Vierge souvent représentée dans nos images enveloppée d’un manteau, symbole et signe de la présence de Marie à notre île et de sa protection. Rappelons qu’il est tout à l’honneur de nos anciens d’avoir choisi Marie comme Reine de la Corse en son Immaculée Conception bien avant la proclamation officielle du dogme de ce Mystère par l’Eglise. La Corse, terre mariale, mais aussi la Corse terre d’Église : l’Église, dans son enseignement, a toujours considéré comme de sa responsabilité et de son honneur, de présenter et de sauvegarder la dévotion mariale dans toute sa vérité et dans toute sa pureté. Elle le fait aujourd’hui comme elle l’a fait hier et notamment à l’occasion des grandes célébrations de l’Assomption, du 8 septembre et de l’Immaculée Conception, fête religieuse nationale de l’île. La double relation, la double appartenance à l’Église et à Marie conditionne, aujourd’hui comme dans le passé, nos progrès spirituels, voire nos retours à Dieu en conformité avec l’enseignement de l’Église, en particulier dans le Concile Vatican II pour qui Marie est Mère de l’Église, et dans le droit fil de la Tradition qui nous est propre. En déclarant Marie Mère de l’Église le pape déclarait au Concile : « La connaissance de la véritable doctrine catholique sur Marie constituera toujours une clé pour la compréhension exacte du Mystère du Christ et de l’Église. La Vierge et l’Église coopèrent pour engendrer le Corps mystique du Christ. L’amour pour l’Église se traduira en amour pour Marie et réciproquement, car l’une ne peut subsister sans l’autre. » Nous saisissons peut-être mieux toute la richesse de la foi de nos anciens qui vivaient si intensément cette double relation et appartenance à l’Église et à Marie. Oui que l’on pense à la présence de Marie à notre histoire, à

nos institutions, à son rôle de Protectrice de tant de nos églises, chapelles, oratoires et lieux de pèlerinage, à son image vénérée dans les plus humbles demeures des plus petits de nos villages, à tant d’Ave Maria offerts. Eh bien aujourd’hui comme hier, une authentique piété mariale en Église ne pourra que porter ses fruits. Elle conditionne le renouveau spirituel dont notre Corse a besoin. Elle nous permettra d’approfondir notre foi ; alors aujourd’hui, prenons bien conscience que Marie ne va pas sans l’Église et que l’Église ne va pas sans Marie. Notons enfin que de tout temps on a prié Marie comme Reine de la Paix, comme en témoignent deux textes sauvés de l’oubli. C’est

tout d’abord la supplication d’un grand évêque de Corse, Mgr Rodié, et nous serons sensibles à l’actualité de cette prière : « Nous aussi, prosternés en esprit, supplions la Sainte Vierge de nous obtenir la Paix, non la paix trompeuse du monde, qui consiste dans la satisfaction de nos passions, mais la Paix de Jésus Christ, c’est-à-dire d’abord la pureté du cœur qui nous donne la paix de la conscience, la charité et le pardon des injures, qui nous donnent la paix avec le prochain, et enfin la ferveur et la dévotion, qui nous donnent la Paix avec Dieu et nous préparent aux joies du paradis où la Madone nous convie. »

Le deuxième texte est une autre supplique adressée à Notre Dame de la Paix, prière traditionnellement récitée, jadis, au pèlerinage marial de Loreto-di-Casinca. Cette prière résume et sublime tout ce qui remplit nos cœurs face à celle que saint François d’Assise invoquait sous le vocable de « Marie-du-Monde », chez nous la Madre Universale : « O Vierge Marie, que votre puissante intercession éloigne enfin de notre peuple la discorde et la haine ; changez nos cœurs et dirigez nos pas dans ces sentiers de paix et de concorde que votre divin Fils, notre Seigneur Jésus Christ est venu montrer aux hommes, et que la sainte Église notre Mère ne cesse de nous recommander. »

12 Église de Corse • Octobre 2018

SPIRITUALITÉCorse terre mariale

Par Francis Ghisoni.

La Corse terre mariale, la Corse terre d’Église. Lorsque certains reprochent aux Corses une certaine « religiosité » teintée de folklore, il convient de retrouver et de reconnaître les vraies valeurs culturelles qui ont façonné l’âme corse dans le passé et qui la façonnent encore aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non, notre patrimoine intellectuel et spirituel ne saurait ignorer la foi chrétienne de nos anciens, une foi chrétienne qu’ils nous ont léguée.

Page 13: Église - Diocèse d'Ajaccio

Octobre 2018 • Église de Corse 13

EGLISE UNIVERSELLE...Lettre du pape François au

Peuple de Dieu

Si un membre souffreCes derniers jours est paru un rapport détaillant le vécu d’au moins mille personnes qui ont été victimes d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de conscience, perpétrés par des prêtres pendant à peu près soixante-dix ans. Bien qu’on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé, la douleur de nombre de ces victimes nous est parvenue au cours du temps et nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités et à redoubler d’efforts pour éradiquer cette culture de mort, les blessures ne connaissant jamais de « prescription ».

La douleur de ces victimes est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passée sous silence. Mais leur cri a été plus fort que toutes les mesures qui ont entendu le réprimer ou bien qui, en même temps, prétendaient le faire cesser en prenant des décisions qui en augmentaient la gravité jusqu’à tomber dans la complicité. Un cri qui fut entendu par le Seigneur en nous montrant une fois encore de quel côté il veut se tenir. Le Cantique de Marie ne dit pas autre chose et comme un arrière-fond, continue à parcourir l’histoire parce que le Seigneur se souvient de la promesse faite à nos pères  : « Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il

comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Lc 1, 51-53) ; et nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame.

Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies.

Nous avons négligé et abandonné les petits. Je fais miennes les paroles du cardinal Ratzinger lorsque, durant le Chemin de Croix écrit pour le Vendredi Saint de 2005, il s’unit au cri de douleur de tant de victimes en disant avec force : « Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! […] La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison - Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25). » (Neuvième Station)

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor 12,26)

Ces paroles de saint Paul résonnent avec force en mon cœur alors que je constate, une fois encore, la souffrance vécue par de nombreux mineurs à cause d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de conscience, commis par un nombre important de clercs et de personnes consacrées. Un crime qui génère de profondes blessures faites de douleur et d’impuissance, en premier lieu chez les victimes, mais aussi chez leurs proches et dans toute la communauté, qu’elle soit composée de croyants ou d’incroyants. Considérant le passé, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparation du dommage causé ne sera jamais suffisant. Considérant l’avenir, rien ne doit être négligé pour promouvoir une culture capable non seulement de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent pas mais encore que celles-ci ne puissent trouver de terrains propices pour être dissimulées et perpétuées. La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur ; pour cette raison, il est urgent de réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables.

Page 14: Église - Diocèse d'Ajaccio

14 Église de Corse • Octobre 2018

ÉGLISE UNIVERSELLE Tous les membres souffrent

avec luiL’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. S’il est important et nécessaire pour tout chemin de conversion de prendre connaissance de ce qui s’est passé, cela n’est pourtant pas suffisant. Aujourd’hui nous avons à relever le défi, en tant que peuple de Dieu, d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit. Si par le passé l’omission a pu être tenue pour une forme de réponse, nous voulons aujourd’hui que la solidarité, entendue dans son acception la plus profonde et exigeante, caractérise notre façon de bâtir le présent et l’avenir, en un espace où dans les conflits et les tensions, les victimes de tout type d’abus puissent trouver une main tendue qui les protège et les sauve de leur douleur (Cf. Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.228). Cette solidarité à son tour exige de nous que nous dénoncions tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne  : solidarité qui demande de lutter contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle, «  car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite  : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque “Satan lui-même se déguise en ange de lumière”  (2Co11,14) (Exhort.ap. Gaudete etExsultate, n.165) ». L’appel de saint Paul à souffrir avec celui qui souffre est le meilleur remède contre toute volonté de continuer à reproduire entre nous les paroles de Caïn : « Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? » (Gn 4,9).

Je suis conscient de l’effort et du travail réalisés en différentes parties du monde afin de garantir et créer les médiations nécessaires pour apporter sécurité et protection de l’intégrité des mineurs et des adultes vulnérables, ainsi que la mise en œuvre de la tolérance zéro et des façons de rendre compte de

la part de tous ceux qui commettent ou dissimulent ces délits. Nous avons tardé dans l’application de ces mesures et sanctions si nécessaires, mais j’ai la conviction qu’elles aideront à garantir une plus grande culture de la protection pour le présent et l’avenir.

Conjointement à ces efforts, il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin. Une telle transformation nécessite la conversion personnelle et communautaire, et nous pousse à regarder dans la même direction que celle indiquée par le Seigneur. Ainsi saint Jean-Paul II se plaisait à dire : « Si nous sommes vraiment repartis de la contemplation du Christ, nous devrons savoir

le découvrir surtout dans le visage de ceux auxquels il a voulu lui-même s’identifier.  » (Lett. ap. Novo Millenio Ineunte, n.49) Apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur, à être là où le Seigneur désire que nous soyons, à convertir notre cœur en sa présence. Pour cela, la prière et la pénitence nous aideront. J’invite tout le saint peuple fidèle de Dieu à l’exercice pénitentiel de la

prière et du jeûne, conformément au commandement du Seigneur, pour réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d’une culture de la protection et du « jamais plus » à tout type et forme d’abus.

Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Église — si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir

Page 15: Église - Diocèse d'Ajaccio

ÉGLISE UNIVERSELLE

Octobre 2018 • Église de Corse 15

et de conscience — comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui « annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple ». Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme.

Il est toujours bon de rappeler que le Seigneur, «  dans l’histoire du salut, a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine : Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple » (Exhort. ap. Gaudete et Exsultate, n.6). Ainsi, le seul chemin que nous ayons pour répondre à ce mal qui a gâché tant de vies est celui d’un devoir qui mobilise chacun et appartient à tous comme peuple de Dieu. Cette conscience de nous sentir membre d’un peuple et d’une histoire commune nous permettra de reconnaître nos péchés et nos erreurs du passé avec une ouverture pénitentielle susceptible de nous laisser renouveler de l’intérieur.

Tout ce qui se fait pour éradiquer la culture de l’abus dans nos communautés sans la participation active de tous les membres de l’Église ne réussira pas à créer les dynamiques nécessaires pour obtenir une saine et effective transformation. La dimension pénitentielle du jeûne et de la prière nous aidera en tant que peuple de Dieu à nous mettre face au Seigneur et face à nos frères blessés, comme des pécheurs implorant le pardon et la grâce de la honte et de la conversion, et ainsi à élaborer des actions qui produisent des dynamismes en accord avec l’Évangile. Car « chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui » (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n.11).

Il est essentiel que, comme Église, nous puissions reconnaître et condamner avec douleur et honte les atrocités commises par des personnes consacrées, par des membres du clergé, mais aussi par tous ceux qui ont la mission de veiller sur les plus vulnérables et de les protéger. Demandons pardon pour nos propres péchés et pour ceux des autres.

La conscience du péché nous aide à reconnaître les erreurs, les méfaits et les blessures générés dans le passé et nous donne de nous ouvrir et de nous engager davantage pour le présent sur le chemin d’une conversion renouvelée.

En même temps, la pénitence et la prière nous aideront à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la souffrance de l’autre et à vaincre l’appétit de domination et de possession, très souvent à l’origine de ces maux. Que le jeûne et la prière ouvrent nos oreilles à la douleur silencieuse des enfants, des jeunes et des personnes handicapées. Que le jeûne nous donne faim et soif de justice et nous pousse à marcher dans la vérité en soutenant toutes les médiations judiciaires qui sont nécessaires. Un jeûne qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience.De cette façon, nous pourrons rendre transparente la vocation à laquelle nous avons été appelés d’être « le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Conc. Œcum. Vat.II, Lumen Gentium, n.1).

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », nous disait saint Paul. Au moyen de la prière et de la pénitence, nous pourrons entrer en accord personnel et communautaire avec cette exhortation afin que grandisse parmi nous le don de la compassion, de la justice, de la prévention et de la réparation. Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils. Elle ne l’a pas fait de n’importe quelle manière mais bien en se tenant fermement debout et à son côté. Par cette attitude, elle exprime sa façon de se tenir dans la vie. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, avec Marie il nous est bon « de donner plus de temps à la prière » (S. Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, 319), cherchant à grandir davantage dans l’amour et la fidélité à l’Église. Elle, la première disciple, montre à nous tous qui sommes disciples comment nous devons nous comporter face à la souffrance de l’innocent, sans fuir et sans pusillanimité. Contempler Marie c’est apprendre à découvrir où et comment le disciple du Christ doit se tenir.

Que l’Esprit Saint nous donne la grâce de la conversion et l’onction intérieure pour pouvoir exprimer, devant ces crimes d’abus, notre compassion et notre décision de lutter avec courage.

Page 16: Église - Diocèse d'Ajaccio