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EI-,ITRE LA VIE ET LA MORT lui faire une surprise... il sera fou de joie..., fl bondit, il se penche par-dessus lfépaule de père, il enserre ses épaules de son bras... . Tu sais... J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer. f'ai écrit un livre et il a été pris. Il va paraître bie* tôt. " I a main tenant le stylo continue à glisser sur la feuille de papier à lettres à en-tête gravé... Ia main s'arrête, se redresse, la plume du stylo levée, le regard ,entre les paupières rapprochées fixe intensément quelque . chose droit devant soi..- o Com-bien t'a-t-on pris pour publier ça ? " Le fils prodigue est venu s'agenouiller devant son père, demandant son pardon, attendant sa bénédiction, le remerciant pour ce qu'en fin de compte, après tant de tribulations, ont réussi à faire de lui ses conseils, ses remontrances, ses malédictions et aussi, par-dessus tout, son exem- ple... Tu vois, je n'ai pas perdu mon temps. Et toi non plus, tu n'as pas gaspillé tes efforts, ton afgent. J'ai appris à travailler, moi aussi. Je suis digne de toi, tu n'auras plus à rougir de moi... << Figure-toi... j'ai écrit un livre. Et il a plu, il a été pris. " Pas un frémissement dans le torse épais qui reste penché au-dessus de la ta'ble. La main conti- nue à se déplacer sans hâte sur le papier, puis s'immobilis,e, la pointe du stylo dressée... Des yeux entre les paupières qui se rapprochent cornme pour donner au regard plus d'acuité se dégage une satis,faction féroce. Alors voilà donc à quoi cela a abouti, toute cette ENTRE LA VIE ET LA MORT t21 M'msigeanÇe, une telle superbe... à . jouer le ffiuu r, notre jeu si 'méprisé. On était si 'fier d'être .*'&r marge >, on prenait tant de plaisir à se gaus- ser de nous, pauvres bêtes dociles, pitoyables pfihtres... et on vient à présënt nous montrer iqEon est en règle avec les autorités, un citoyen ùi part entière comme chacun de nous, muni de re papiers d'identité, de sa carte de travail, tout ffier de répondr,e aux exigences de I'offre et de la demande, rémunéré, accEptant des commandes... Que les faibles femmes crédules pleurent de loie en s'étreignant derrière la porte. I'ci, entre hommes, on < connaît la musique ,', on sait de quoi il retourne. Les yeux entre les paupières ptissées ont l'air de scruter quelque chose avec une attention intense, ils cherchent la superche- rie, ils examinent les timbres, les mentions appo- sées par les tampons... Ce ne peut être qu'un faux évidemment. C'en est un, fabriqué par qui ? Obtenu comment ? " Cornbien t'a-t-on pris ? " L'insoumis, le déserteur a donc été contraint enfin de sortir de son repaire, de sa place forte d'oir il les narguait, ne faisant rien d'autre toute la journée que les épier haineusement, ne répon- dant'que par des éclats de rire déments à leurs objurgations, à leurs sommations, décidé à résis- ter jusqu'à l'épuisement de ses forces, prêt à se suicider plutôt que se laisser prendre. Et le voilà qui sort les mains en llair, il n'a pas pu y tenir, il demande gràce, il veut combattre avec nous' dans nos rangs... Il vient à nous, certain qu'il sera traité avec égards, s'imaginant peut-être qu'il sera r# : m & 1$] * 'n # {i, 1, rr il ffi 'I ; ill { U I il ,rù f;

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EI-,ITRE LA VIE ET LA MORT

lui faire une surprise... il sera fou de joie..., flbondit, il se penche par-dessus lfépaule de sæpère, il enserre ses épaules de son bras... . Tusais... J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer. f'aiécrit un livre et il a été pris. Il va paraître bie*tôt. "I a main tenant le stylo continue à glisser surla feuille de papier à lettres à en-tête gravé... Iamain s'arrête, se redresse, la plume du stylo levée,le regard ,entre les paupières rapprochées fixeintensément quelque . chose droit devant soi..-o Com-bien t'a-t-on pris pour publier ça ? "

Le fils prodigue est venu s'agenouiller devantson père, demandant son pardon, attendant sabénédiction, le remerciant pour ce qu'en fin decompte, après tant de tribulations, ont réussi àfaire de lui ses conseils, ses remontrances, sesmalédictions et aussi, par-dessus tout, son exem-ple... Tu vois, je n'ai pas perdu mon temps. Et toinon plus, tu n'as pas gaspillé tes efforts, tonafgent. J'ai appris à travailler, moi aussi. Je suisdigne de toi, tu n'auras plus à rougir de moi...<< Figure-toi... j'ai écrit un livre. Et il a plu, il aété pris. "

Pas un frémissement dans le torse épais quireste penché au-dessus de la ta'ble. La main conti-nue à se déplacer sans hâte sur le papier, puiss'immobilis,e, la pointe du stylo dressée... Desyeux entre les paupières qui se rapprochentcornme pour donner au regard plus d'acuité sedégage une satis,faction féroce.

Alors voilà donc à quoi cela a abouti, toute cette

ENTRE LA VIE ET LA MORT t21

M'msigeanÇe, une telle superbe... à . jouer leffiuu r, notre jeu si 'méprisé. On était si 'fier d'être.*'&r marge >, on prenait tant de plaisir à se gaus-

ser de nous, pauvres bêtes dociles, pitoyablespfihtres... et on vient à présënt nous montreriqEon est en règle avec les autorités, un citoyenùi part entière comme chacun de nous, muni dere papiers d'identité, de sa carte de travail, toutffier de répondr,e aux exigences de I'offre et de lademande, rémunéré, accEptant des commandes...

Que les faibles femmes crédules pleurent de

loie en s'étreignant derrière la porte. I'ci, entrehommes, on < connaît la musique ,', on sait dequoi il retourne. Les yeux entre les paupièresptissées ont l'air de scruter quelque chose avecune attention intense, ils cherchent la superche-rie, ils examinent les timbres, les mentions appo-sées par les tampons... Ce ne peut être qu'un fauxévidemment. C'en est un, fabriqué par qui ?

Obtenu comment ? " Cornbien t'a-t-on pris ? "

L'insoumis, le déserteur a donc été contraintenfin de sortir de son repaire, de sa place forted'oir il les narguait, ne faisant rien d'autre toutela journée que les épier haineusement, ne répon-dant'que par des éclats de rire déments à leursobjurgations, à leurs sommations, décidé à résis-ter jusqu'à l'épuisement de ses forces, prêt à se

suicider plutôt que se laisser prendre. Et le voilàqui sort les mains en llair, il n'a pas pu y tenir,il demande gràce, il veut combattre avec nous'dans nos rangs... Il vient à nous, certain qu'il seratraité avec égards, s'imaginant peut-être qu'il sera

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ENTRE LAVIE.ET LA.MORT

félicité, qu'ori va s'attendrir, le serre-r dân-s amrbras, qu'il peut ainsi en un tour de main effarrerle passé, toutes nos humiliations, nos souffranro.Son air exaspérant de satisfaction, presque dctriomphe, donne irrésistiblement envie de lui r4lr"peler d'oir il revient, de lui envoyer un bon cryrde pied, un bon coup de crosse dans les reins ryôle fera vaciller, se tordre plié en deux... " Combhut'a-t-on pris ? "

Il n'a pas besoin de bouger de sa place, il sait,il voit tout. Ses services de renseignemeùts soatles mieux organisés du monde, ses in{ormateurstoujours aux aguets, ses postes d'écoute placéspartout. Il connaît depuis'longtemps les plans del'ennemi,. ses projets à longue échéance, sesruses. Il sait prévoir quels détours prendra pours'introduire ici, bien camouflé, tous feux éteints,son énorme besoin de conquêtes, de domination.Il le guette depuis longtemps, il sait qu'un jour ouI'autre il ne manquera pas de venir de lui-même,il suff,t d'attendre... Et en effet le voici qui déjàtout tremblant d'impatience fièrement s'avance...

" J'ai écrit un livre et il a été pris. Il va paraîtrebientôt... > il est sûr de passer, profitant de notresurprise, contournant nos défenses, et de s'établirici, chez nous, en conquérant, de renverser I'ordreétabli, d'dbroger nos lois, de tout mettre sensdessus dessous, nous forcer à abjurer lâchementnos croyances, nous obliger à constater que la

- pares'se, I'ennui, la dépression, la mélancolie, l'égo-centrisme et le délire de persécution, les rumina-tions stériles, les obsessions, idées fixes et manies,

ENTRE LA VIE ET LA I'/IORT r23

M rcrtige de 'lréchec, la mégalomanie, le goût dusuddde lent, le mépris des réalités peuvent seprthm€er en or pur, devenir I'apanage, faire Iaffiinmce des conquérants...

ûrtais la route est barrée, en une secon'de l'en-mrrrsni est encerclé. De tous côtés des fusils sontffinn'aqués sur lui : " Combien t'a-t-on pris ? >

Il s'arrête interdit, il paraît un instant vaciller,qge va-t-il faire ? On dirait qu'il hésite... Peut-êtreua-t-il dans un dernier sursaut de fierté redevenirce qu'il a toujours été, l'insoumis, I'incompris,refuser de se rendre, C'abjurer, il va sans bron-'cher rétorquer : < C'est vrai. J'ai dû, comme d'au-{res avant moi, contrirbuer aux frais. Qu'est-ce Queça prouve ? > et tomber héroiquement en nousnarguant une dernière fois, en' nous montrantqu'il est resté fidèle à ceux qui se placent au-dessirsde nos lois, qui méprisent nos jugements... Maisses joues rosissent, il baisse les yeux, il proteste :

" Mais rien. Je n'ai rien payé du tout. Au contraire,j'ai reçu une avance. Mon livre a plu et il a étépris... jetant ses armes, levant les ljras. Pris. Prispour de bon. J'ai signé un contrat. " Voyez. Il se

rend, il accepte de se plier à tous nos règlements,allons, qu'on le prenne donc, qu'on l'emmène, unparmi d'autres, il y en a tant, qu'on lui mette unnuméro, il a été pris... Les yeux entre les paupiè-res plissées ne se tournent même pas vers lui.Les mots claquants, sifflants, le lacèrent : " Alors,c'est magnifique. Mes félicitations. "

Maintenant, comme il se doit, sa capture est

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124 ENTRE LA VIE ET LA MOIA

l'occasion de rfestivités, triomphes, distractiæ djeux de toutes sortes.

I1 est traîné entre les rangs des curieux. Rqædez-le, n'est-il pas superbe ? .. Vous savez qui ilest ? > Il est comme une bête hagarde, affolee, ryËtire sur sa longe, s'arc-boute, pousse de faibhsmugissernents... Oh, non, pas ça... non, pourqudl*Mais il est tiré brutalement... < Vous savez quinous avons parmi nous ? Vous ne vous en doutiezpas. Un futur Flaubert. Un Balzac... Vous savezqu'il a écrit un livre, il va être publié... Oh, prenezgarde... Nous y serons tous décrits... Vous et mol-moi surtout... mimant comiquement la terreur,tête rentrée dans les épaules, regand traqué... pa*vre de moi, qu'est-ce que je vais apprendre... dansI'assistance courent des petits rires... qu'est-ce.queje vais prendre... levatt les'bras... j'ai si peûr, çame fait trembler...

,, Chez nous, vous savez, dans ma famille, demon côté, on a toujours été des travailleurs. Du'côté paternel une lignée de paysans. Je me rappelle, mon grand-père disait : La terre est basse,il faut se.courber pour la toucher... et du côté dema mère des paysans aussi et des artisans... desfabricants... Notre seule ambition : le travail bienfait. Et moi-même, voyez, après tant d'efforts,touS ces concours, les meilleures années passéesà bûcher, je me sens récompensé en pensant auxservices que je peux ren'dre dans la mesure demes moyens à la place obscure que j'occupe...Oui, chez noUs, on a toujours été des modestes...:des gens sans prétention... on se contentait de tri''

ENTRE LA VIE ET LA MORT ' T25

m n'a jamais ccturu après la "gloire",rrqm*ærté Ia "gloriole"... ".I ùserve avec eux tous cette délicate opéra-

'ffi'n' ffit€ pareille à celle du photographe qui tire6 regatif inscrit sur la pellicule sombre uneifrllûEe claire au dessin parfaitement net - unpndtif sur lequel il apparaît partant les signesitimtrIébiles, les stigmates honteux dont il a été@'qrré, sur lequel chacun aussitôt ,le reconnaît :

16 fainéant, un tire-au-flanc, un petit arnbitieux,witeux, frivole, courant après la " gloire ", é[email protected] de " gloriole r... Sur les visages de ceux

, ,qd regardent se voit l'admiration pour ce travail,,d habilement fait, un'air de ruse, de complicitémnsée, de jouissance 'sournois€, et comme unegÉne, un malaise léger...

Il doit à.présent à tout moment voir entrer etdéÊler ses compagnons, misérable cohorte revê-tue du même uniforme, tandis que sifflent lesfuuets, que jappent les chiens, que les brutes seles montrent du doigt, rient à pleine gorge... Ahils sont beaux, ces < créateurs >, ces << artistes >>,

ces " poètes '... les guillemets rigides et lourdssonnent comme les fers des condamnés... Voussavez que ces " génies >> n'ont même plgs besoinde savoir rimer... n'importe qui pourrait du jourau lende.main, vous, Eroi, ,si on voulait s'amuserà mettre bout à bout des mots sans suite... n'irn-porte lesquels, pris au hasard... plus c'est absurde,absçons, plus c'est apprécié... Et la grammaire ?

Fi donc ! le mérite précisément consiste à n'en

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r'

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126 ENTR.E LA VIE ET LA MORT

tenir aucun compte... c'est une gêne inutile-mieux vaut I'ignorer... Et tout cela porte le titre,prétentieux de " recherche r... on fait progræsclr< I'Art ,r... Non, il y a vraiment des coups de pied*La troupe silencieuse de fantôrnes défile... Il aenvie de se jeter en avant, de protester, de httrler... il voudrait protéger de son corps n'importelequel d'entre eux, eux ses camarades, ses frèresd'armes... Comment a-t-il pu là-bas où il était serdavec eux, en avoir honte parfoi's, chercher à sedésolidariser, à s'écarter d'eux... il est maintenantpour toujours avec eux, de leur côté... les sévices,les humiliations infligés par leur ennemi communles ont liés indissolublement, soudés pour tou-jours... Mais il se tient immobile, il se tait... unepeur insurmontable 1e tient cloué, plus même quela peur, un insurmontable dégoût devant ce quise produirait, ce cor-ps à corps âtroce, ignoble..-

. Ah il a du talent au moins, celui-là... > et il se

sent tout à coup saisi férooement, l.a main épaisses'abat sur lui, appuie, le force à se courber, à's'agenouiller, là,, devant n'importe qui, devantcette brute obtuse, ce rebut que chez eux là-basméprisent les plus démunis, les plus chétifs,devant ce misérable escroc promu ici au rang de

chef, décoré, chamarré, amené pour le ravaler,pour le dresser, pour lui apprendre comment onmarche droit.

" Ah il a du talent au moins, celui-là... > sur leton sans réplique du commandement. Et il doitaussitôt se figer dans l'attitude du plus completrespect. Impossible de broncher. Le plus faiblesigne, une ébauche de sourire, un vacillement

ENTRE LA VIE ET LA MORT 127

b regard, qui pourraient permettre de déce-Iui la plus tiÉide velléité d'insoumission,

&æ téger soupçon de dérision, et il serait aus-ffie ligoté, traîné ignominieusement, mis à nu,,qnsé : un misérable jaloux, un raté envieux.

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t26 ENTRE LA VIE ET LA I,/IORT

tenir aucun compte... c'est une gêne inutile*mieux vaut l'ignorer... Et tout cela porte le titrcprétentieux de " recherche r... on fait progress€t< I'Art '... Non, il y a vraiment des coups de pied-La troupe silencieuse de fantôm'es défiIe... Il aenvie de se jeter en avant, de protester, de burler... il voudrait protéger de son corps n'importelequel d'entre eux, eux ses camarades, ses frèresd'armes... Comment a-t-il pu là-bas otr il était seulavec eux, en avoir honte parfoi,s, chercher à se

désolidariser, à s'écarter d'eux... il est maintenautpour toujours avec eux, de leur côté... les sévices,les humiliations infligés par leur ennemi commutrles ont liés indissolublement, soudés pour tou-jours... Mais il se tient immobile, il se tait..' unepeur insurmontable le tient cloué, plus même quela peur, un insurmonta,b,le dégoût devant ce quise produirait, ce corps à corps atroce, ignoble'--

" Ah il a du talent au moins, celui-|à... " et il se

sent tout à coup saisi férooement, l.a main épaisses'abat sur lui, appuie, le force à se courber, à

s'agenouiller, là,, àevant n'importe qui, devantcette brute obtuse, ce rebut que chez eux là-basméprisent les plus démunis, les plus chétifs,devant ce misérable escroc promu ici au rang dechef; décoré, chamarré, amené pour le ravaler,pour le dresser, pour lui apprendre comment on

marche droit.

" Ah il a du talent au moins, celuilà"' " sur leton sans réplique du commandement. Et il doitaussitôt se figer dans I'attitude du plus completrespect. Impossible de broncher. Le plus faiblesigne, une ébauche de sourire, un vacillement

ENTKE LA VIE ET LA MORT t27

h regard, qui pourraient permettre de déce-Iui la plus timide velléité d'insoumission,

mfu léger soupçon de dérision, et il serait aus-

Egte, ftaîné ignominieusement, mis à nu,qtd : un misérable jaloux, un raté envieux.

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* Combien t'a-t-on pris pour publier ça ? " Il a

envie d'applaudir, c'est vraiment superbe' S'il a

du génie, ll a ae qui tenir. Que tous les pères

célèÉr.es s'inclinent, que les pères Brontë, Kafkaet autres prennent ici une leçon. Que les généraux

Aupick tè mettent au gardeàvous..' Combien

t'u-i-ott pris ?... Lequel d'entre eux a-t-il jamais

montré àe pareils dons ? Un tel coup d'æil ? Tantde flair ? Une si surprenante sûreté de main ?

Lequel a-t-il jamais su mieux que celui-ci déjouertous les subterfuges, dévoiler aussitôt, ce que

cachent tous les déguisements ?

Celui du garçonnet en culotte courte, du cancreinvétéré qui a désespéré tous les pédagogues etpsychologues d'en'fants et qui un. beau jouràcôourt, brandissant son livret scolaire ouvert àla page où s'alignent les bonnes notes, bousculeafféctueusement la vieille servante qui lui barrele chemin, un doigt sur les lèvres... " Oir vas-tu ?

Tu sais bien que ton père travaille... tu perds latête... u mais il la fait pivoter, iL l'embrasse sur ses

joues ridées... . Ne crains rien, tu vas voir, je vais