Post on 12-Sep-2018
DOSSIER HISTOIRE DES ARTS CLASSE DE 3° / SEQUENCE N°2 M. ARRIZABALAGA
Thématique d’enseignement : Arts, Techniques et expressions / L’homme et la machine
Problématique : Les représentations artistiques du productivisme des années 30
Objet d’étude : « Les Temps Modernes » (1936) de Charlie Chaplin
Partie 1 - L’auteur : Charlie Chaplin
Charles Spencer Chaplin, Jr., dit Charlie Chaplin, est un acteur, réalisateur,
producteur, scénariste, écrivain et compositeur britanique né
à Londres le 16 avril 1889 et mort le 25 décembre 1977 à Corsier-sur-Vevey,
en Suisse. Par son jeu de mime et de clownerie, il a su se faire remarquer, devenir l'un
des plus populaires acteurs d'Hollywood et réaliser des courts puis des longs
métrages qui l'ont rendu célèbre.
Charlie Chaplin fut l'un des personnages les plus créatifs de l'ère du cinéma
muet. Réalisateur, scénariste, producteur, monteur, et même compositeur de la musique
de ses films. Sa carrière a duré plus de soixante-cinq ans, du music-hall en Angleterre,
jusqu’à sa mort, en Suisse.
Inspiré par l'acteur burlesque français Max Linder, son
personnage Charlot, pour les francophones, The Tramp (le vagabond)
dans les pays anglo-saxons, apparaît pour la première en 1914. C'est
un sans domicile fixe qui a des manières raffinées dignes
d'un gentleman, muni d'une canne de bambou, coiffé d'un chapeau
melon, vêtu d'une veste étriquée et d'un pantalon qui tombe sur des
chaussures trop grandes. Cette allure lui vaut la réputation de
« vagabond » misérable et roué, asocial et obstiné, révolté et sentimental.
Après la crise économique des années 1930 et l'arrivée du parlant, Chaplin modifie son
personnage, puis l'abandonne dans ses longs métrages des années 1940 et 50, dans lesquels
il continue (sauf pour son dernier film) à tenir les rôles principaux, ceux de personnages à la
fois comiques, révoltés et sentimentaux, dénonçant l'injustice. Cet engagement social lui
vaut des accusations de sympathies communistes lors de la période du maccarthysme
expliquant son exil vers la Suisse jusqu’à la fin de sa vie.
Films notables :
Le Kid, La Ruée vers l’or, Le Crique, Les lumières de la ville, Le Dictateur, Monsieur VERDOUX
Site officiel : www.charliechaplin.com (Biographie et Filmographie détaillées)
Partie 2 – L’œuvre dans son contexte historique
Chaplin parcourt le monde pendant seize mois. De retour à New-York en 1932, il
observe les conséquences sociales et économiques de la Grande Dépression de 1929,
qui a laissé sept millions de personnes sans emploi en deux ans.
« Les temps modernes » se situe donc dans le contexte de la crise des années
trente. Suite au Krach Boursier de 1929, les États-Unis, le pays le plus industrialisé et
urbanisé de l'époque, sombrent dans une crise économique et sociale, rendant les
conditions de vie des classes ouvrières quasi-insoutenables.
Pour se protéger de la faillite, les grands entrepreneurs, mettent en place
l'organisation scientifique du travail : Le Taylorisme, instauré par Taylor, a pour
objectif de rendre le travail de l'ouvrier le plus performant possible, par exemple en
rationalisant le travail par la division des taches, ou par la mise en place de travaux
répétitifs afin d'éviter tous gestes inutiles.
En 1913, l’industriel Ford applique ce mode de production dans son usine
automobile de Détroit où il fabriquera le célèbre Modèle T. L’originalité du procédé
réside dans l’installation à mi-hauteur de corps d’homme d’un convoyeur qui déplace
d’un poste de travail à un autre le véhicule en cours de montage. Le travail étant
apporté à l’ouvrier, celui-ci n’a plus qu’à exécuter les opérations limitées et strictement
définies qui lui ont été allouées. Ce précédé est efficace : le temps de montage est divisé
par douze en 1920 !
Ce film se veut ainsi une satire sociale où Chaplin exprime sa rancœur contre la
vie mécanisée et standardisée, mettant en scène le personnage de charlot luttant
pour survivre dans le monde industrialisé. De plus, il s'agit du premier film,
ouvertement politique de Chaplin, dans lequel il apparaît comme une victime de la
société, mais osant se moquer à l'occasion de ceux qui l'opprime.
Il s’agit du dernier film de Chaplin avant le début de la seconde guerre
mondiale, il dépassait le drame individuel et annonçait la tragédie sociale. Ce n'était
plus la destinée d'un homme qui était en cause, mais le système social tout entier.
Chaplin y aborde ainsi des sujets comme le chômage et d'autres conséquences du
capitaliste. Il y démontre un mécanisme inhumain de la production ; cet
engagement lui a valu d’être taxé de communiste aux USA, et la diffusion de son film interdite en Allemagne.
<< Les temps modernes est bien est bien plus qu'une satire de la machine : c'est une vision
plus subtile de ce monde moderne où l'homme, jouet de la machine dont il ne connaît qu'un rouage,
de lois mystérieuses, de mouvements politiques dont il ignore la portée, sent le réel lui échapper et
poursuit comme une chimère un rêve qui devrait être à sa portée. Ce sévère réquisitoire est
exprimé par le chemin de l'art le plus accessible aux foules. Une comédie dont nous avions perdu la
qualité qui s'appelle la pantomime, art véritable qui se passe de faux artifices et n'appartient
qu'aux grands artistes>>.
Critique du Figaro, le 12 Février 1936
Partie 3 – L’œuvre dans son contexte culturel
« Les Temps Modernes » sortit en 1936, est le dernier film « muet » de Chaplin. Ce film est souvent perçu
comme l'une de ses plus grandes réussites cinématographique du célèbre cinéaste. Il n'intègre que quelques
scènes dialoguées, l'essentiel du film restant muet; on le classe ainsi dans la catégorie du film sonore.
Le cinéma sonore allie images en mouvement et son. Il convient de distinguer cette
expression de celle de cinéma parlant. En effet, la sonorisation n'est pas toujours passée par la
parole, notamment à ses débuts. En effet, dès les premiers temps du cinéma, même si les films
étaient essentiellement muets, leur projection était souvent accompagnée de sons : bruitages
réalisés en direct, bonimenteurs, systèmes expérimentaux de synchronisation sur disque,
musiciens d'accompagnement (illustration ci-dessous).
Charlie Chaplin commence la préparation de ce film en 1934, en l'imaginant comme son premier film
parlant. Mais, finalement déçu du résultat, il décide de seulement y intégrer des effets sonores, afin de
suivre les importantes progressions du cinéma à cette époque.
Il déclara à propos des progrès techniques dans le cinéma « Je donne six mois au
parlant. Au maximum une année. Après ce sera terminé. » et ajouta même « Ajouter des
paroles à l'un de mes films reviendrait à ajouter de la peinture à une statue ».
Dans ce film, il revêtit pour la dernière fois, le rôle de Charlot. Cette dernière apparition du fameux
personnage au cinéma, est du au fait que selon Chaplin, '' Charlot ne peut être que muet ''.
Partie 4 – Présentation de l’œuvre
Les Temps modernes est une comédie dramatique américaine de Charlie Chaplin, sortie
en 1936. Il s'agit du dernier film muet de son auteur et le dernier qui présente le personnage
de Charlot, lequel lutte pour survivre dans le monde industrialisé. Le film est une satire du
travail à la chaîne et un plaidoyer contre le chômage et des conditions de vie d'une grande
partie de la population occidentale lors de la Grande dépression. Conditions imposées, selon Chaplin,
par les gains d'efficacité exigés par l'industrialisation des temps modernes.
Synopsis
Le Film « Les Temps modernes » montre la vie d'un ouvrier d'usine, employé sur une chaîne de production. Après
avoir été soumis à divers mauvais traitements (gavé par une machine ou contraint à visser des écrous à un rythme effréné
sur une chaîne de montage accélérée) Charlot est atteint d'une dépression nerveuse. Il est alors envoyé à l'hôpital.
Après son rétablissement, devenu chômeur, Charlot est arrêté, par erreur, pour avoir fomenté une
manifestation communiste, alors qu'il tentait en fait simplement de restituer un drapeau tombé d'un véhicule de livraison.
En prison, il ingère accidentellement de la cocaïne, la prenant pour du sel. Dans l'état délirant qui s'ensuit, il est
mêlé à une évasion à laquelle il met fin en mettant KO les autres condamnés. Il est alors acclamé en héros par les geôliers et
libéré. Pourtant il se sent heureux en prison et voudrait y demeurer. Libéré contre sa volonté, il découvre combien la vie est
rude, et rêve de retrouver sa confortable geôle après avoir provoqué une catastrophe sur un chantier naval.
Il rencontre alors dans la rue une orpheline (la «gamine»), qui fuit la police après avoir volé un pain pour se nourrir.
Pour sauver la jeune femme et retourner en prison, Charlot ment à la police et prétend être le voleur. Cependant, un témoin
révèle la supercherie et Charlot est libéré.
Rêvant d'une vie meilleure, Charlot obtient un emploi de gardien de nuit dans un grand magasin, introduit la gamine
dans celui-ci et tombe sur des cambrioleurs. Il se rend compte qu'il s'agit de ses anciens compagnons d'usine et sympathise
avec eux. Se réveillant le lendemain matin dans un tas de tissus, il est arrêté une fois de plus.
Dix jours plus tard, la gamine l'emmène dans une nouvelle maison au bord d'un étang, une cabane délabrée qu'elle
admet « ne pas être Buckingham Palace », mais qui fera l'affaire. Le matin suivant, Charlot apprend l'ouverture d'une
nouvelle usine et se rend immédiatement sur les lieux. Par sa faute, son patron est accidentellement piégé dans une machine,
mais parvient finalement à s'en extirper. Les autres travailleurs décident de mener une grève. Lançant accidentellement une
brique sur un policier, il est encore arrêté.
Deux semaines plus tard, il est relâché et apprend que la gamine a trouvé un emploi de danseuse dans un bar. La
jeune femme essaie de lui fournir un travail de chanteur dans ce même restaurant. Le soir, il devient un serveur efficace, et
bien que se trompant entre la porte «in» et «out» de la cuisine, il réussit laborieusement à servir un canard rôti. Pendant son
spectacle, il perd ses manchettes sur lesquelles la gamine avait écrit les paroles d'une chanson que le patron lui avait
demandé de chanter, mais se rattrape en improvisant un charabia et un numéro de pantomime. Sa représentation se révèle
un vrai succès. Quand la police arrive pour arrêter la gamine, recherchée par la police des mineurs, ils s'échappent à nouveau.
Finalement, arpentant une route à l'aube, on les voit se diriger vers un futur incertain, mais plein d'espérance.
Fiche technique du film
Titre original: Modern Times
Réalisation : Charlie Chaplin
Scénario : Charlie Chaplin
Sociétés de production : Chaplin - United Artists
Producteurs : Charlie Chaplin
Musique : Charlie Chaplin (emprunts musicaux : Hallelujah, I'm a Bum, Prisoners'Song (Massey), How dry am I, In
the evening by the Moonlight (Bland) et Je cherche après Titine (Duncan - Daniderff))
Photographie : Roland Totheroh, Ira Morgan
Montage : Charlie Chaplin
Pays : États-Unis
Format : 35 mm, 1,33:1
Genre : Comédie
Durée : 87 minutes
Dates de sortie : États-Unis : 5 février 1936 // France : 24 septembre 1936
Distribution
Charlie Chaplin : un ouvrier
Paulette Goddard : l'enfant
Henry Bergman : le patron du restaurant
Tiny Sandford : Big Bill/un ouvrier
Chester Conklin : le mécanicien
Hank Mann : le propriétaire du cabaret
Stanley Blystone : le père de la gamine
Al Ernest Garcia : le Président de l'Electro Steel Corp
Richard Alexander : un prisonnier
Cecil Reynolds : l'aumônier
Mira McKinney : la femme de l'aumônier
Murdock MacQuarrie : un prisonnier
John Rand : un prisonnier
Wilfred Lucas : le jeune officier
Edward LeSaint : le shérif
Sammy Stein : le contremaître
Juana Sutton : la femme qui a des boutons sur sa robe
Ted Oliver : l'assistant de Billows
Gloria DeHaven : une gamine (non créditée)
Partie 5 – Lecture de l’œuvre (Scène des Machines)
Problématique d’étude
Les représentations artistiques du productivisme des années 30
Comme exposé précédemment, le film « les temps modernes » de Charlie Chaplin s’intègre parfaitement
dans cette problématique d’étude. Charlie Chaplin y critique la société des années 30, notamment les rouages
du capitalisme et l’illustration de ce productivisme poussé à l’extrême : le travail à la chaîne.
Ce thème apparaît essentiellement dans la première partie du film.
Chaplin y montre un ouvrier, Charlot, soumis avec ses collègues à des
cadences de travail toujours plus contraignantes.
Le patron donne des ordres à son contremaître depuis son bureau pour
qu’il accélère le rythme : « Max, plus vite ! ». Un ingénieur invente même une
machine qui permettrait à l’ouvrier d’être nourri sans quitter son poste de
travail dont Charlot en sera le cobaye pour l’expérimenter.
L’ouvrier est déshumanisé comme le souligne également
la scène d’ouverture qui met en parallèle un troupeau de
moutons et des ouvriers sortant du métro pour rejoindre
leur usine, pressés car extrêmement encadrés par leur
direction.
Véritable critique de la société moderne, nous pouvons
constater à travers l'une des séquences les plus connues, « la
scène des machines » comment Chaplin s'emploie à mettre en
œuvre son sens critique à travers un comique populaire.
Des gestes répétitifs et pénibles sont parodiés : Charlot serre des boulons
à longueur de journée, à une cadence si infernale qu'il en devient fou.
Cette scène d'anthologie, véritable métaphore de l'exploitation des ouvriers,
montre Charlot littéralement dévoré par les énormes engrenages de la machine.
Chaplin fait une fois de plus appel à ses grands talents de scénariste mais aussi d'acteurs. Il va
largement user le registre satirique en tournant en ridicule les excès du travail à la chaîne, allant jusqu'à
mettre en scène les accidents de travail, et la folie liée aux conditions de travail.
Ainsi, Chaplin utilise le procédé de l'hyperbole pour dénoncer la cadence du travail à la chaîne, le
rendant tout de même incroyablement crédible. En effet, le film utilise de nombreuses exagérations, souvent
associées comme dans cette scène aux talents d’acteur de Chaplin : expressions, mimes, grimaces, gestuelle...
Fin musicien, Chaplin s’est employé avec l’assistance d’Alfred Newman, à souligner cette scène par
une bande sonore adaptée et illustrative.
On pourrait nommer cette musique descriptive ou narrative (à l’image des poèmes symphoniques ou des
musiques de ballet) tant de nombreux phénomènes sonores accompagnent les actions de la scène :
o La Cadence rapide du travail est illustrée par un Tempo Rapide (Allegro/Presto)
o Le bruit des outils est figuré par l’utilisation d’un Métallophone
o La tension croissante de la tâche à accomplir est illustrée par un motif dissonant (désagréable à
l’oreille, sonnant faux) et une densité sonore crescendo (de plus en plus forte)
o La Chute de Charlot dans les rouages est accompagnée par un coup de Cymbale
o La Scène des rouages se distingue et se caractérise par une musique très enfantine, proche d’une
berceuse ou d’une musique féérique, interprétée au carillon (glockenspiel)
o A l’issue de cette scène, quand Charlot perpétue l’action consistant à visser les boulons, un court motif
dans un registre aigu apparaît à la flûte traversière, renforçant le caractère burlesque.
o A la « remontée » de Charlot, le mécanisme arrière de la machine est soutenu par un changement de
rythmique (on passe du binaire au ternaire, formule accélérant peu à peu)
o A la sortie des rouages, illustrant un Charlot quelque peu « sonné », la musique devient plus légère,
plus enlevée avec quelques accentuations dynamiques visant à soutenir son action…
A travers son film « Les Temps Modernes », Chaplin utilise ses
nombreux talents cinématographique (réalisateur, compositeur et acteur)
pour exprimer ses idées politiques : dénoncer ce qui pour lui, est un tort
dans le monde de son époque : le productivisme, le travail à la chaîne et
les conditions de vie des ouvriers.
Il va par l'utilisation de différents registres : le satirique, le
comique bien évidemment, mais aussi le pathétique, notamment lors d'une
scène où l'on peut voir une famille se séparer à cause des problèmes de
chômage. Chaplin a toujours considéré que le rire était une arme de
dénonciation très redoutable.
« Les Temps modernes » est un film de transition vers le cinéma parlant que va rejoindre Charlie
Chaplin avec son film suivant « Le Dicateur ».
Pour garder sa place de leader dans le monde du cinéma de cette époque, il y intégra
tout de même quelques éléments sonores grâce à l’évolution des technologies de l’époque
(machines tels le Chronophone, le Vitaphone) : bruitages, bande sonore plus aboutie, scènes
légèrement dialoguées et interprétation d’une chanson (The Nonsense Song) ce qui
d’ailleurs aurait pu être une autre problématique de ce dossier ou approche de cette œuvre
:
L’homme et la machine (Projet histoire des Arts Etablissement scolaire Saint-Genès, DNB 2014)
L’évolution des machines et des technologies : Du Cinéma Muet au Cinéma Parlant.
Partie 6 – Œuvre d’ouverture : « Detroit Industry »
o Auteur : Diego Rivera
o Date : 1932-1933
o Dimension : 5,39 m X 13,71 m
Il s’agit d’une partie d’une fresque monumentale de 27 panneaux couvrant 433 m²
o Lieu de conservation: Institut des Arts de Détroit
o Thème : industriel et politique
Type/école :
« Muralisme » : mouvement artistique né au Mexique dans les années 1920, caractérisé par la
réalisation de grandes peintures murales portant souvent un message politique
Le travail à la chaîne a suscité de nombreuses œuvres d’art, qu’elles soient satiriques (Les Temps modernes
de Ch. Chaplin), ou lyriques voire épiques, comme ces fresques murales de Diego Rivera, réalisées en 1932-1933.
L’importance historique de cette œuvre tient d’abord au fait que c’est Edsel Ford, président de l’entreprise
depuis 1919, qui a permis sa réalisation. En tant que président de la Commission municipale de Detroit, le fils
d’Henry Ford a accordé 10 000 dollars à Diego Rivera pour mener à bien ce projet. Il interviendra
régulièrement, au sein de la commission, pour donner son avis sur les esquisses que lui présentera l’artiste.
Diego Rivera a en effet préparé minutieusement son travail, en multipliant les visites des usines de la
Rouge River, pour étudier les installations industrielles, notamment les chaînes de montage. Comme dans
l’usine, il a représenté les ouvriers, disposés en poste de travail le long de la chaîne de montage. Ils vissent
et assemblent les pièces qui leur arrivent sur le convoyeur. Cette œuvre est donc une description relativement
fidèle du système de production fordiste.
Rivera a parfaitement rendu l’impression du mouvement des machines qui imposent leur cadence aux
hommes. Les ouvriers se penchent, tirent ou poussent les pièces en train d’être assemblées. Leurs postures et
les gestes semblent tous coordonnés, comme s’ils étaient les pièces d’une grande machine. Rivera voulait
montrer que les machines et les hommes ne faisaient qu’un dans le système fordiste, et qu’ils formaient un «
grand héros collectif ». C’est une vision héroïque du travail ouvrier.