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N°1 - 14 NOVEMBRE 2008 - JOURNAL DU THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE PARAÎSSANT CHAQUE TRIMESTRE
EDITOL’Acteur public est le nou-
veau journal du Théâ-
tre Dijon Bourgogne.
Il paraîtra chaque tri-
mestre, glissé entre
les pages du Bien
Public.
Agir, jouer. Ce sont
les deux premières idées qui viennent à l’esprit
quand on parle d’acteur. Acteur, celui qui prend
en main son destin, celui qui s’inscrit dans une
communauté, un territoire, un réseau de liens,
de relations, de pratiques. Un théâtre est parmi
d’autres un acteur dans la cité, nous voulons que
le TDB l’affirme haut et fort. Acteur aussi, celui
qui joue, raconte des histoires, se maquille, se
costume, cabotine ou sert dans l’ombre un texte
ou un projet. Celui qui chaque soir fait en per-
sonne le spectacle, pour le public. Dans une mai-
son de théâtre, les deux sens du mot acteur
convergent là, dans et par la rencontre avec le
public, les publics : ceux qui se sentent chez eux,
nous accompagnent et nous éperonnent, mais
aussi ceux qui n’osent pas, ceux qui ne savent
pas, ceux qui n’aiment pas. Ceux pour lesquels
nous travaillons, à qui nous offrons des specta-
cles et du jeu, ceux par lesquels nous vivons,
ceux vers lesquels nous voulons tendre. Voilà
pourquoi ce journal se nomme L’Acteur public.
L’Acteur public parle de théâtre, et comme le
théâtre raconte le monde, il sera ici question du
monde, ses désordres et ses beautés, ses
guerres et ses amours ; il sera question de mots
et d’illusions, de rire et de larmes, de ce qui nous
sépare comme de ce qui nous rassemble.
François Chattotacteur, directeur du Théâtre Dijon Bourgogne
La machine
Hamlet
p.6
Au Four et auParvis, la recette de
Mathieu Munier
Le cuisinier MathieuMunier s’installe au
piano du Parvis. PourL’Acteur public il
accommode à la modeélisabéthaine unpoisson de lignéeroyale. Recette en
Collectif 7’,le théâtre au pluriel
Implanté en Bourgogne,le Collectif 7’ vientde créer au TDB
le spectacle Pandora.Il revendique une
forme de travail encommun, d’artisanat« collectif ». Pourquoi
faire, et surtout,comment faire ?
Réponses en
Le TDB,la formation
en actes
Parce que le théâtreest un artisanat,
transmettre, former,partager, sont pour luiet ceux qui le font vivredes enjeux essentiels.Centre de formation
agréé, le TDB proposeau long de l’année
des formationsnaturellement liées
à ses autres activités.Revue en
Les scènes de Stehlé
Qui est acteurau cinéma pourSofia Coppola,
Jean-Paul Rappeneauou Jean-Michel Ribes,
récompensé deMolières, et égalementspectre et scénographe
au TDB ? Portrait en
Le Parvis Saint-Jean, église désaffectéeet vrai théâtre, est en chantier : le TDBaccueille Matthias Langhoff et son équipe,
une quarantaine de comédiens, musiciens, traducteur,artisans, maître d’armes, affairés à monter et démonterle Hamlet de Shakespeare. Avec tournettes, costumes,cheval, crânes, kalachnikov, canapé de Freud et Tobetobe-Orchestra. La pièce est retraduite, réinvestie, et carrémentrebaptisée ! Première le 20 novembre et visite de chantieravec L’Acteur public.
p.8 p.7p.2
EN CHANTIER
p.4-5
CE N’EST PAS PARCE QUE LES CHOSES SONT DIFFICILES QUE NOUS N’OSONS PAS, C’EST PARCE QUE NOUS N’OSONS PAS QU’ELLES SONT DIFFICILES - SÉNÈQUE
Ce journ
al ne p
eut
êtr
e v
endu s
éparé
ment
© V. Arbelet
LE PORTRAITLes scènes de StehléJean-Marc Stehlé est scénographe, un drôle de nom pour un métier indispensableau théâtre. Depuis plus de quarante ans il collabore avec de grands metteurs enscène comme Matthias Langhoff ou Michel Deutsch. C’est d’ailleurs avec eux queStehlé est doublement à l’affiche du TDB, scénographe chez ce dernier et…comédien pour le premier !
Stehlé le scénographe, d’a-
bord. Issu des Arts décora-
tifs de Genève, il signe
depuis 1963 de multiples
décors de théâtre et d’opéra.
Son travail, régulièrement
récompensé, lui a déjà valu
six molières en tant que
décorateur scénographe ou
créateur de costumes. Ce que
Jean-Marc Stehlé apprécie
dans le travail théâtral, c’est
« la collégialité. Je trouve ça
génial lorsque les idées s’é-
changent avec le metteur en
scène, et qu’on ne sait même
plus qui a proposé quoi. Je
fais ce métier pour ça, sans
cela je ferais de la peinture.
» L’une de ses dernières créa-
tions, la Décennie rouge, est
accueillie au TDB du 10 au
13 décembre. La pièce écrite
et mise en scène par Michel
Deutsch retrace le parcours
de la« Bande à Baader ».
Le propos historique a-t-il
influé sur la scénographie
imaginée ? Stehlé commence
par s’excuser : « Je ne sais
pas parler de mon travail... »,
avant de décrire avec une
impeccable précision le che-
minement de toute réflexion
scénographique : « Le départ,
ce sont les obligations, les
contraintes. D’un côté il y a
un budget, les dimensions de
salle, le temps pour le faire.
De l’autre, il y a l’auteur,
ses envies et des situations
différentes... Il faut tenir
compte de tout ça. » La
contrainte devient pour
Stehlé un stimulant de la
création, une machine à pen-
ser. Qui se nourrit également
de son expérience de comé-
dien, par laquelle il réalise «
les problèmes que les acteurs
peuvent rencontrer avec les
décors ».
Le plaisir
de l’amateurMais attention : si Stehlé a
joué – entre autres – au
cinéma pour Sofia Coppola,
Jean-Paul Rappeneau, au
théâtre pour Benno Besson,
Philippe Mentha ou Lan-
ghoff, il ne se considère pas
comme « un vrai acteur pro-
fessionnel ». Il affirme, au
contraire, rester très jaloux
des vertus de son amateu-
risme : « En tant qu’amateur,
je ne suis pas obligé de jouer.
Et cela change tout. Lorsque
je joue, je n’aimerais pas
qu’on me demande quelque
chose que je ne sais pas
faire... Je suis donc extrême-
ment regardant sur les per-
sonnes avec qui je travaille. »
Une revendication simple et
plutôt lucide, fondée sur la
préservation de ce qui doit
demeurer pour lui un pur
plaisir. Cette position
explique que Stehlé ne joue
que pour peu de metteurs en
scène, dont Langhoff : « Avec
Matthias je n’ai pas l’im-
pression de travailler. On
mange, on discute, on s’a-
muse... » Une amitié et une
complicité unissent les deux
hommes, qui se sont rencon-
trés voilà vingt ans : « J’ai tra-
vaillé avec Matthias pour la
première fois lorsqu’il a pris
la direction du théâtre de
Vidy-Lausanne (1988). Il
m’avait proposé de lui arran-
ger sa salle, qu’il appelait
son “théâtre au bord de
l’eau”. » Ont suivi d’autres
collaborations, en tant que
scénographe ou comédien.
Aujourd’hui c’est pour le
chantier Hamlet (voir pages
4 et 5) qu’ils se retrouvent.
Là, Jean-Marc Stehlé inter-
prète quatre personnages :
« le spectre, le clown, le fos-
soyeur et le jeune Fortin-
bras ». Ce qui ne l’empêche
pas d’observer le travail sur
la scénographie, bien au
contraire. Mais sans que cela
ne lui procure de frustration,
le jeu étant définitivement
« des vacances » pour cet
éternel amateur de théâtre.
Caroline Châtelet
Jean-Marc Stehlé est comédien
dans En manteau rouge, le matin
traverse
La rosée qui sur son passage
paraît du sang.
Ou Ham. and Ex. by William
Shakespeare.
un cabaret de Matthias Lan-
ghoff
Parvis Saint-Jean,
du jeu 20/11 au sam 6/12
Jean-Marc Stehlé est scénogra-
phe de la Décennie rouge
texte et mise en scène Michel
Deutsch
Parvis Saint-Jean,
du mer 10 au sam 13/12
Les Disputes du Parvis
autour de la Décennie rouge,
Terrorisme et Radicalité
avec Michel Deutsch, auteur
et metteur en scène
Parvis Saint-Jean,
lun 8/12 à 18h30
en partenariat avec les Amis
du Monde diplomatique
Renseignements, réservations :
TDB, 03 80 30 12 12
www.tdb-cdn.com
comprendreavant d’agir yes
we can !
agence de communication fabrice roy & florence menu 03 80 44 11 75 www.tempsreel.fr
tempsRéel
2
© V. Arbelet
SolidaritéLe TDB s’engage
pour faciliter l’accès du
théâtre à tous les publics
• Cultures du cœur luttecontre les exclusions en favo-risant l’accès à la culture etaux loisirs. Le 23 octobre2008, le TDB a signé la char-te qui fait d’elle une structu-re relais pour les acteurssociaux. Des places serontrégulièrement mises à leurdisposition. + d’infos :Cultures du cœur, 01 46 73 92 20.• Une audio-description estproposée aux mal-voyants etaveugles pour Hamlet (2/12)et La Charrue et les étoiles(17/02). Avec le soutien de lafondation Orange. + d’infos :A.-M. Lebeslé, 03 80 68 47 47.• Hamlet au programme du1
er
Mois de l’économie
sociale et solidaire qui viseà sensibiliser publics et insti-tutions à cette « autre » éco-nomie. Du 3 au 30 novembre.+ d’infos : CRESS, 03 80 59 96 75.
La bandeà Bonnaud
Le Prince travesti deMarivaux, mis en scène parIrène Bonnaud, est à nou-veau en tournée. Artisteassociée au TDB, Irènevient de monter Fanny dePagnol à la Comédie-Française et prépareun nouveau spectacle, laCharrue et les Étoiles, quisera créé au Parvis enfévrier 2009.
Le TDB ?Why Note...
Caisses, ou la rencontreinsolite entre poésie, uni-vers sonore et installationplastique. Le TDB s’associeau festival Why Note pouraccueillir le spectacle créépar Thierry Bordereau surun texte de ChristopheTarkos. Du 14 au 16 novem-bre. + d’infos : Why Note, 03 80 73 31 59.
Ciné-théâtreLe Zoographe, film
de Jean-Claude Monod avecÉric Berger, FrançoisChattot et Michèle Moretti,s’inspire de la pièce LeNeveu de Wittgenstein. Il seradiffusé en continu du 16 au19 décembre au bar duParvis (entrée libre).
DVD royalAprès avoir accueilli
le spectacle mis en scènepar Sylvie Reteuna avec lescompagnies la Sybille et
l’Oiseau-Mouche, le TDB aproduit – dans le cadre duPôle ressources éducationartistique et culturelle(PREAC) – un DVD, Faireavec le réel, autour du RoiLear, réalisé par StephanCastang. Une plongée dansune formidable aventureartistique et humaine.Présentation publique lemercredi 3 décembre à 14 h30, cinéma Eldorado. AvecS. Reteuna, S. Castang et F.Chattot (entrée libre). + d’in-fos : TDB, 03 80 30 12 12.
Ça disputeau Parvis
En contrepoint ou dans leprolongement des specta-cles de la saison, lesDisputes du Parvis propo-
sent au public des rencont-res-débats avec des invitésvenant partager leur travaild’analyse, de réflexion, leurregard sur le monde. Lapremière Dispute, en pré-sence de l’auteur et metteuren scène Michel Deutsch,porte sur « Terrorisme etradicalité », en lien avec lapièce la Décennie rouge. Enpartenariat avec les Amisdu Monde diplomatique.Lundi 8 décembre à 18h30,Parvis Saint-Jean (entréelibre). + d’infos : TDB, 0380 30 12 12.
Théâtreaux enfants
Les mômes ont rendez-vousavec le Voyage de Pinocchio.Mis en scène par SandrineAnglade, le spectacle mêleadultes et enfants comé-diens, chanteurs et musi-ciens. Du plaisir à partageren famille à partir de 9 ans,du mardi 16 au jeudi 18décembre, au GrandThéâtre. Spectacle accueillien partenariat avec l’OpéraDijon. + d’infos : OpéraDijon, 03 80 48 82 82.
Zéphira,à Fornier
Trois voix féminines portentl’histoire de Zéphira. Lespieds dans la poussière.Après une escale au TDBen octobre, la pièce mise enscène par Leyla-ClaireRabih prolonge sa tournée,le lundi 8 décembre, 20h30au théâtre d’Auxerre et lesamedi 24 janvier, 20h30,à Toucy.+ d’infos : Grenier Neuf, 03 80 63 92 18.
Le Théâtre Dijon Bourgogne est subventionné par Le Théâtre Dijon Bourgogne remercie ses partenaires
Le Théâtre Dijon Bourgogne collabore avecL’Opéra Dijon, ABC Association bourguignonne culturelle, Art Danse Bourgogne, le festival Why Note, l’École nationalesupérieure d’art de Dijon, le festival Itinéraires singuliers, le cinéma Eldorado, le CRDP Bourgogne
Édité par le Théâtre Dijon BourgogneDirecteur de la publication François Chattot Rédaction Caroline Châtelet, François Chattot,Ivan Grinberg, Florent Guyot, Carole Vidal-RossetCrédits photographiques Vincent Arbelet,Romain Nieddu, partition Olivier Dejours,croquis François ChattotRéalisation tempsRéel, DijonImpression le Bien public, Dijon (21)
3LES BRÈVES DU PARVISUNE SAISON EN SF
La compagnie SF – Julien Colombet, Sébastien Foutoyet, Romain Nieddu, IngridReveniault – est en résidence de création au TDB pour la saison. Au programme, unpartage de l’outil de travail, des actions et des idées communes, une implication dansla vie artistique du TDB et la création de deux spectacles. Rencontre avec SébastienFoutoyet, metteur en scène de cette compagnie tout-terrain.
Saisons animéesNous avons commencé par participer à une vingtaine de « Saisons animées » pour desgroupes de spectateurs réunis entre amis ou des collectivités. Une façon ludique etconviviale de présenter les spectacles de la saison en forme d’impromptu avec textes,musiques, échanges et apéro.
L’École des génies, une pièce de Miklós HubayNous sommes entrés en travail de recherche, d’échange, d’implication. Noussouhaitons susciter l’intérêt, le débat, donner envie. Romain construit le décor, d’abordau lieu-dit Panthier Bourg, dans le lavoir, puis dans la grange du Maurice (mon voisin); pendant ce temps, avec Julien nous “artisannons’’ le texte et le thème. Bientôt, nouspartirons travailler à Longvic, à la Fonderie du Théâtre du Radeau au Mans et nousnous poserons enfin salle Jacques Fornier. Advienne. Avec plaisir. répétition publique jeudi 8 janvier, à 18h30, salle Jacques Fornier (entrée libre).+ d’infos : Anne-Marie Lebeslé au 03 80 68 47 39
Et au printemps, nous partirons sur les routes de Bourgogne, en mobylette, avecLe Petit cirque des Tribuns et François Chattot ! (à suivre…)
e n B O U R G O G N E
La librairie
Grangier
© R. Nieddu
La machineHAMLETDeux mois que le Parvis Saint-Jean, églisedésaffectée et vrai théâtre, est en émoi : le TDBaccueille Matthias Langhoff et son équipe, unequarantaine de comédiens, musiciens,traducteur, artisans, maître d’armes, affairésà monter et démonter le Hamlet deShakespeare. À l’heure des derniers préparatifset avant la première le jeudi 20 novembre,L’Acteur public ouvre grand les portes du Parvis.
ShakespeareHamlet, Othello, le Roi Lear, Roméo et Juliette, Beaucoup de bruitpour rien... William Shakespeare (1564-1616) a écrit 37 piè-ces de théâtre, des tragédies historiques aux comédies fée-riques, mais aussi des sonnets : diversité des genres, des his-toires, pour toucher tous les publics, le savant comme le popu-laire. Ses pièces allient profondeur de la pensée, invention for-melle, hybridation des genres, liberté de ton. Hamlet, les faitsUn spectre a été aperçu par des gardes du château royaldu Danemark. Ils ont déclaré avoir reconnu l’ancien roi récem-ment décédé. D’après une source proche du pouvoir qui sou-haite conserver l’anonymat, le spectre aurait enjoint son pro-pre fils, le prince Hamlet, de le venger du nouveau roi, sonfrère, lequel l’aurait assassiné avant d’épouser la reine.Depuis, le prince Hamlet donnerait des signes inquiétantsde folie…
BrèvesLa plus grosse coquille Saint-Jacques de toute la Bourgogne s’installe sur le plateau
du Parvis Saint-Jean. De son écrin sortiront comédiens, musiciens ou chevaux.
Des voisins du Parvis affirment avoir vu entrer un cheval dans l’église. Qu’ils se rassurent,
ce n’est que le pur-sang Biolet, cheval permanent et comédien à ses heures dans ce si
particulier Hamlet. Une star est née au Parvis : le Tobetobe-Orchestra et ses musiciens jouent du 20
novembre au 6 décembre à Dijon les plus grands tubes d’Hamlet. Infoline :
TDB, 03 80 30 12 12.Le TDB avec le soutien de la fondation Orange met à la disposition des mal-voyants
et aveugles un service d’audio-description pour la représentation du mardi 2 décembre.
Histoire de titre : Langhoff extrait deux
vers de la pièce pour nommer le spectacle.
Explication.
En manteau rouge, le matin traverse
La rosée qui sur son passage paraît du sang.
Une image surgit de ces deux vers, celle du matin
rougi par le lever du Soleil. Le matin symbolise le
commencement, le rouge originel est la couleur
de l’espoir, des révolutions. Transparente jus-
qu’à ce que le Soleil la traverse, la rosée prend
alors l’apparence du sang. Ce basculement qui
touche la perception n’affecte pas le réel : la
rosée reste la rosée, seule l’image que nous
en avons change.
Ces deux vers reflètent une insupportable
contradiction à laquelle nous sommes quoti-
diennement confrontés : celle d’un monde
où se produisent simultanément l’image de
l’avenir radieux rêvé par la nature humai-
ne (l’aurore) et la chute dans le sang,
qu’elle soit réelle ou métaphorique.
Hamlet contient tout cela.
4
La genèseMatthias Langhoff et François
Chattot travaillent régulière-
ment ensemble depuis 1986.
Fraîchement nommé à la direc-
tion du Théâtre Dijon Bourgo-
gne, fin 2006, Chattot propose à
Langhoff de faire ce « cabaret
Shakespeare » qu’il évoque sou-
vent. Pari accepté, ce sera donc
Hamlet. Langhoff décide de partir
de la traduction allemande qu’il
réalisa avec Heiner Müller en
1977. Jörn Cambreleng en assure
la traduction française : « La ver-
sion Müller/Langhoff est magni-
fique : à la différence du français,
l’allemand permet une traduction mi-
roir. C’est le cas de la leur, très pro-
che de Shakespeare. »
Les son(g)s
d’HamletPour Langhoff, la musique est une
dimension intégrante du chantier. Il
a fait appel à un autre de ses compli-
ces, le compositeur Olivier Dejours,
qui écrit au rythme des répétitions :
« Shakespeare ne se
laisse pas si facilement faire. Il y a
une vraie confrontation entre la pente
cabaret – le projet de départ – et le fait
que Hamlet est une tragédie. On cherche
des musiques qui soient en même temps
terribles et infiniment gaies, en conser-
vant comme référence le music-hall. Les
chansons sont de deux types : certaines
“surgissent“ de la pièce, comme celle
du fossoyeur qui chante en creusant ;
d’autres, qui proviennent d’ailleurs,
poèmes de Shakespeare ou d’autres,
rompent, “commentent“, éclairent un
personnage, une situation. »
EN CHANTIER
© V. Arbelet
© O. Dejours
Ce chantier Hamlet, c’estd’abord l’histoire d’uneamitié. Matthias Lang-hoff et François Chattotsont animés par des con-victions communes, ilsfaçonnent en artisans unthéâtre populaire etsavant. Sur ce Hamlet,dont Chattot endosse lerôle principal, les proposdes deux hommes serépondent avec une éton-nante énergie*.
Hamlet, pièce ratée ?Matthias Langhoff : Au
XIXe siècle, les grands ama-
teurs de Shakespeare tels
que Goethe ne plaçaient pas
Hamlet parmi ses pièces
majeures. Ils étaient fascinés
par le texte, mais le trou-
vaient raté du point de vue
de la construction drama-
tique. Ce qui est vrai, et cela
participe de ma fascination
pour le texte. Hamlet ne fonc-
tionne pas sur de l’action. Il
s’agit peut-être de la pièce
de Shakespeare la plus
matérial-
iste, la moins idéologique,
elle travaille seulement avec
la « marge » de l’histoire. Que
veut dire ce Hamlet ? Où est
son début, où est sa fin ? Ce
qui est bien c’est qu’il n’ex-
iste pas un Hamlet, ni une
histoire. Le problème du met-
teur en scène c’est ce « Ham-
let matériau », cette quête de
la vérité avec une troupe.
C’est la peur, les nuits, l’om-
bre de Shakespeare qui reste
toujours là, observant.
François Chattot : Plus on
avance, plus on comprend
que la pièce soit devenue
mythique. Elle s’étire sur ce
truc qui ne marche jamais.
Tout commence à la fin
et, avant, on suit les ater-
moiements d’Hamlet, le
cheminement d’une pensée
qui aimerait passer à l’action
mais qui se demande
pourquoi ça lui est tombé sur
les épaules. Pourquoi elle
devrait redresser un monde
qui va mal. Ce qui est génial,
abyssal, c’est comment
cette pièce renvoie à des
choses intimes, des interro-
gations personnelles.
Shakespeare cabaret ?
M.L. : La construction du
théâtre de Shakespeare a
partie liée avec le cabaret. Le
cabaret crée des chocs, l’al-
ternance entre textes, tubes
musicaux, tout cela ménage
de l’attention. Ce principe
simple permet d’intéresser à
des instants précis de jeu.
Peut-être est-ce la seule
chance de « résoudre » cette
pièce, en regardant comment
le cabaret et le texte se
répondent ou sont en con-
tradiction. Qui est assis sur
le dos de qui, est-ce le
cabaret qui est sur le dos de
Shakespeare ou Shake-
speare qui avance sur le dos
du cabaret ? Je ne le saurai
qu’à la fin de l’expérience.
F.C. : L’association de
Shakespeare, de Hamlet et
du cabaret
n’est pas faite pour « re-
looker » un texte ancien.
C’est une manière contem-
poraine de jouer avec toutes
les possibilités de raconter
une histoire. L’une des ver-
tus du cabaret est sa brutal-
ité mêlée de rire : il n’enrobe
pas la vie sous un système
d’illusions, il s’adresse aux
gens avec la pleine con-
science des difficultés de la
vie. Le système de Matthias
consiste à retourner à une
espèce de primitivité de
Shakespeare. Pour redonner
à la poésie sa vraie place.
Chair, sang, spectreF.C. : Toute l’équipe travaille
en répétition, pour que ce
soit toujours la machine en
entier qui fonctionne, comme
une grande horloge
astronomique. On a l’im-
pression que Matthias fab-
rique une grande machine de
chair et de sang. Et c’est cela
que le spectateur va décou-
vrir.
M.L. : Le spectre dénonce
un crime, mais il fait beau-
coup plus que cela : il vient
arrêter une situation poli-
tique, historique. Il ne veut
rien d’autre que la révélation
de la vérité et le
retour – impossible – à son
époque. La pièce s’enroule
autour de ça. Ce qui est fan-
tastique chez Shakespeare,
c’est ce mouvement d’el-
lipses. Et je crois que ce
problème du spectre nous est
commun à tous. Ma famille
et ma vie sont liées aux com-
bats du XXe
siècle, à cette
idée qu’on peut changer le
monde, avancer. Mais mon
problème est que tous mes
maîtres sont morts, et qu’ils
me parlent de quelques
années en arrière, sans la
connaissance de cette mon-
tée de la misère.
F.C. : Ce qui m’intéresse,
c’est le système de l’illusion
et de la représentation. C’est
une chose que j’aime
entretenir pour le métier
d’acteur, que ce soit dans les
spectacles que j’invite ou que
je produis : le plaisir de don-
ner une machine à rêver et
que cette rêverie soit un outil
de la vie. Il y a une vraie
envie d’aiguiser cet art-là.
Pouvoir dire Shakespeare,
qui est une langue, une
structure, un matériau, mais
en le transmettant comme
poétiquement évident. Que
les choses complexes puis-
sent être claires, limpides,
légères... Le pari est de ne
rien oublier de cet éventail.
Atteindre ça, c’est se rap-
procher du génie de Shake-
speare qui consiste à toucher
un public populaire et un
public très lettré.
(*entretiens du 17/10 avec M. Lang-
hoff et du 30/10 avec F. Chattot)
Matériaux réunis par C. C. et I. G.
Langhoff/Chattot, visions croisées
5
EN MANTEAU ROUGE, LE MATIN TRAVERSELA ROSÉE QUI SUR SON PASSAGE PARAÎT DU SANG.OU HAM. AND EX. BY WILLIAM SHAKESPEAREun cabaret de Matthias Langhoff, avec des toiles de CatherineRankl, un dessin de Alfred Kubin et la musique d’Olivier Dejours,traduction Jörn Cambreleng, avec Marc Barnaud, François Chattot,Agnès Dewitte, Gilles Geenen, Jean-Claude Jay, Anatole Koama,Philippe Marteau, Patricia Pottier, Jean-Marc Stehlé, EmmanuelleWion, Delphine Zingg et Osvaldo Caló, avec le Tobetobe-Orchestra,Antoine Berjaut, Antoine Delavaux, Jean-Christophe Marq,Christophe Tessierassistanat à la mise en scène Hélène Bensoussan/machiniste Jean-Michel Brunetti/régie plateau Patrick Buoncristiani/costumes etaccessoires Arielle Chanty/régie générale Jean-Pierre Dos/lumièreFrédéric Duplessier/accessoires Hervé Faisandaz/répétitrice Marie-Aude Hemmerlé/habilleuse Florence Jeunet/régie lumière FélixJobard/assistanat costumes Bruno Jouvet/équipe déco-constructionFrançois Douriaux, Marie-Cécile Kolli, Pierre Meine, Prélud,Stéphanie Miroy, Alexis Thiemard, Louis Yerli/régie cavalière FreddyKunz avec la complicité de Jean-Albert Minster/couturière ViolaineLambert/chorégraphie Gladys Massenot/mise en scène et décor MatthiasLanghoff/assistant Alexandre Plank/peintures réalisées par EricGazille, Mathieu Lemarié et Frédéric Heurlier/son Antoine Richard PARVIS SAINT-JEANdu jeu 20 novembre au sam 6 décembrerenseignements/réservations :www.tdb-cdn.com / 03 80 30 12 12
COMME UNE PETITE
FORGE DE VULCAIN
par François Chattot
« … Et mes visions sont aussi noires
Que la forge de Vulcain… »
Hamlet, III, 2
Alors que le bar du Parvis est
réquisitionné comme atelier de
couture, la chapelle du Sacré-
Cœur s’est transformée en
atelier de construction,
restauration et stockage d’ac-
cessoires. Hervé à son poste
de soudure fabrique une
épée, restaure une vieille
lame ; il ajuste sur l’établi
des morceaux d’armures
pour harnacher le spectre.
Dans l’atelier s’accumulent
un service pour le « tea
time » de la reine – de la
terre, des bêches, des crânes et
autres fémurs pour les fossoyeurs – des cartes d’état-major pour les sol-
dats, des sabres, une kalachnikov, des pistolets. Le téléphone, grâce auquel
le roi dialogue avec les autorités anglaises, côtoie le vieux poste de radio à
lampe qui chantonne des airs à la mode dans la cuisine des Polonius. Quoi
encore ? Un conteneur à ordures penchant dangereusement sur les rochers
vertigineux d’Elseneur, le canapé et la chaise de Freud…
Et non loin de là, le chien de la reine réclame ses croquettes et Biolet, le cheval
volé par le spectre, attend son heure…
SPECTACLES/RENCONTRESCAISSES – créationde Christophe Tarkosmise en scène Thierry Bordereausalle Jacques Fornier ven 14/11 à 20h30, sam 15/11 et dim 16/11 à 17hen partenariat avec Why Note
EN MANTEAU ROUGE, LE MATINTRAVERSE LA ROSÉE QUI SUR SONPASSAGE PARAÎT DU SANG. OU HAM.AND EX. BY WILLIAM SHAKESPEAREcréationun cabaret de Matthias LanghoffParvis Saint-Jeandu jeu 20/11 au sam 6/12 les mer et jeu à 19h30, mar et venà 20h30, sam à 17h (relâche les 23, 24,30/11 et le 1/12)
L’ENTREPRISE EST-ELLE UN THEATRE ?intervention de Gérald Garutti,enseignant chercheur et dramaturgeà l’occasion d’Entreprissimoparc des Expositions, Dijonmer 26/11 à 18h*en collaboration avec le Bien public
FAIRE AVEC LE RÉEL, AUTOUR DU ROILEAR un DVD produit par le TDBprésentation publique avec Sylvie Reteuna, metteur en scène,Stephan Castang, réalisateur et FrançoisChattotcinéma Eldoradomer 3/12 à 14h30*
LES DISPUTES DU PARVIS :TERRORISME ET RADICALITÉ avec Michel Deutsch, auteur et metteuren scène de la Décennie rougeParvis Saint-Jeanlun 8/12 à 18h30*en partenariat avec les Amis du Mondediplomatique
LA DÉCENNIE ROUGEtexte et mise en scène Michel DeutschParvis Saint-Jeanmer 10/12 et jeu 11/12 à 19h30, ven 12/12 à 20h30, sam 13/12 à 17h
LE VOYAGE DE PINOCCHIO (à voir en famille à partir de 9 ans)d’après Carlo Collodi mise en scène Sandrine Anglade,direction musicale Patrick MarcoGrand Théâtremar 16/12 à 20h, mer 17/12 à 18h,jeu 18/12 à 14h30 et 20hen partenariat avec l’Opéra Dijon
LE NEVEU DE WITTGENSTEINtexte Thomas Bernhard mise en scène Bernard LevyParvis Saint-Jeanmar 16/12 à 20h30, mer 17/12 et jeu18/12 à 19h30, ven 19/12 à 20h30
L’ÉCOLE DES GENIES – créationtexte Miklós Hubay mise en scène Sébastien Foutoyetsalle Jacques Forniermar 13/01 à 20h30, mer 14/01 et jeu 15/01 à 19h30, ven 16/01à 20h30, sam 17/01 à 17h
répétition publiquejeu 8/01 de 18h30 à 19h30*
CABARET DE L’ÂNE : COMMENT CA VA LA VIE, POUR VOUS ?par Evelyne Guimmara, Emmanuelle Stochl et Danièle Kleinle Sé Bar (32 rue Monge, Dijon)mer 21/01 à 21h*
Le TDB partenaire du festival ART DANSEpour 3 spectacles salle Jacques Fornier+ d’infos : Art Danse, 03 80 58 94 18
LA PLACE DE L’AUTRE inspiré de la pièce de Peter Handkeconception Odile Duboc, FrançoiseMichel mar 27/01 à 22h
BASSO OSTINATOchorégraphie Caterina Sagna jeu 29/01 à 22h
P.O.M.P.E.I. – création chorégraphie Caterina Sagna sam 31/01 à 22h
FORMATIONSLES HUIT FACES DU THEÂTRE,UN PARCOURS DÉCOUVERTEFACE 3 – Autour d’Hamletavec Olivier Dejours, compositeursalle Jacques Fornierlun 24/11 à 18h
FACE 4 – Quelle critique pour le théâtre ?en lien avec Hamletavec Didier Méreuze, journalisteParvis Saint-Jeansam 29/11 à 10h
FACE 5 – Autour de la Charrue etles étoilesavec Sophie-Aude Picon, comédienne Parvis Saint-Jeanmer 14/01 à 19h
(*) entrée libre
EN PRATIQUEThéâtre Dijon Bourgogne, Centredramatique national, www.tdb-cdn.com
ACCUEIL ET BILLETTERIEParvis Saint-Jean, rue Dantontél : 03 80 30 12 12ouvert du lun au ven de 13 à 19h, le samde 11 à 16h et une heure avant chaque représentation
SALLESParvis Saint-Jean, rue Dantontél : 03 80 30 12 12salle Jacques Fornier30 rue d’Ahuy, Dijon
ADMINISTRATION 23 rue Courtepée BP 7293621029 Dijon cedextél : 03 80 68 47 47
ACCESSIBILITÉ AUX PERSONNESHANDICAPÉESnous prévenir afin de vous faciliter l’accèsau hall. Salle de plain-pied, toiletteséquipées
HORAIRES DES SPECTACLES(sauf mention contraire) lun, mer, jeu à 19h30, mar, ven à 20h30,sam et dim à 17h
LES TARIFS
DES ABONNEMENTSSUR MESURE
3 formules adaptées à vos envies• abo 3-5 spectacles13 € /place (plein), 9 €/place (réduit)• abo 6-911 €/place (plein), 7,5 €/place (réduit)• abo 10+9 €/place (plein), 6 €/place (réduit)
LA CARTE TRIBU une carte de 10 entrées à utiliserlibrement en famille ou entre amis :choisissez votre spectacle et votre tribuet réservez à chaque fois le nombre deplaces que vous souhaitez ! 100 €/cartesoit 10 €/place.
LA FORMULE MÔME-12 ans 7 €/placeaccompagnateur(s) 9 €/place
HORS ABONNEMENTSplein 18 €réduit** 13 €groupes scolaires 8 €-12 ans 7 €carteculture 5,5 €séance scolaire 4 €** réduit (sur justificatif) : demandeursd’emploi, étudiants, -26 ans, groupes,familles nombreuses, carte Cezam,passeport loisirs Quetigny.
TARIFS SPECIAUX- Le Bal de la contemporaine : plein 12 €,abonné TDB 9 €, réduit 7 €, carteculture5,5 €, -12 ans 5 €- Caisses : tarif unique 5 €- O Eaux : adulte 9 €, -12 ans 7 €- Festival Art Danse : plein 14 €,réduit 8 €, abonnés TDB et carte tribu 8€, carteculture 5,5 €
Avez-vous la plaquette de saison ?Demandez-la au Parvis ou téléchargez-lasur le site du TDB, www.tdb-cdn.com
AGENDA NOV 08/JANV 09 AGENDA NOV 08/JANV 09 AGENDA NOV 08/JANV 09 AGENDA NOV 08/JANV 09
Le TDB, la FORMATION en actes
Le Théâtre Dijon Bourgognen’est pas seulement unemachine à spectacles. C’estaussi un lieu d’apprentissageet de transmission ac-cueillant des publics divers
pour des formations aux mul-tiples visages. Si certainesde ses actions relèvent deson initiative propre tandisque d’autres répondent à desmissions d’éducation, toutes
mêlent savamment convic-tions politiques et enjeuxartistiques. Qu’elles soient destinéesà un public amateur, aux pro-fessionnels du spectacle,à des enseignants ou encoreà des adolescents, ces for-mations reflètent une convic-tion : le théâtre est un arti-sanat, il réunit des artisansporteurs de traditions, desavoir-faire, de “secrets” queseule la rencontre est enmesure de donner en par-tage. Jeanne-Marie Pietropaoli est
responsable des formations
et des projets pédagogiques.
« En tant que Centre drama-
tique national, le TDB rem-
plit un rôle très important
de formation professionnelle,
de référent pour des comé-
diens et des professionnels
du spectacle. Il a également
un budget spécifique attribué
à des actions de formation
pour des publics amateurs.
Par ailleurs, il est un acteur
central de l’éducation artis-
tique et culturelle à travers
le PREAC. »
COULISSES 7
COULISSES, n.f. pl. - parties du théâtre touchant à tous les alentours de la scène, souvent peu connues du public.
Le cru 2008/2009
Commencer par l’école…Principes en art : les apprendre d’un maîtreOuvrir l’esprit.Travailler devant le disciple. Bon signe si ledisciple se révolte, ou quand il commenceà enseigner le maître.Oublier ce qu’on a appris.Jacques COPEAU
PREAC ? PREAC !Jacques Fornier est un artisan théâtral de la première heureà Dijon. Débarqué quasiment par hasard en 1955 avec desamis comédiens, l’homme s’installe en Bourgogne. De lieuxen lieux, de tournées tréteaux en spectacles tout-terrain,Fornier et sa bande vont poser les bases de ce qui devien-dra le Centre dramatique national. Mémoire vivante, infati-gable homme de plateau, Fornier est régulièrement associéau TDB. En 2007, il joue avec la troupe de la Comédie-Fran-çaise les farces du Moyen Âge mises en scène par Chattotet Hourdin. Cette année, il propose une nouvelle session deformation consacrée à la « prise de conscience par le mou-vement – Méthode Feldenkrais » (pour amateurs et profes-sionnels). L’histoire continue entre le théâtre et ses inven-teurs.
Infatigable Fornier
C’est en 2007 que le TDBa initié Les 8 faces duthéâtre. La formule origi-nale propose une baladedécouverte au fil des spec-tacles de la saison. L’idéedu parcours, Jeanne-MariePietropaoli l’a eue en réal-isant « que nombred’artistes passent au
théâtre. Mais cet accueilest toujours volatile, lesrencontres sont courtes. Ils’agissait de proposer unesorte de cours de culturegénérale, où pour chaquespectacle on profite dusavoir d’une personne. »Ainsi, un groupe constituédès le début de la saison
« rencontre un patrimoinethéâtral-musique, jeu, tra-duction, mise en scène –avec un guide différentpour chacun des huit spec-tacles. » Une occasion pourles participants d’ap-procher plus intimementles univers artistiques et dedécouvrir les métiers qui
font le théâtre : « Il s’agit de donner desclés pour mieux lire unspectacle. Susciter desenvies. Les 8 facess’adressent à tous. » La formule est propice àl’échange, elle éveillemême la curiosité au-delàdu TDB : « C’est très riche,
il y a une vraie rencontreavec les artistes et au seindu groupe. L’éclairage par-ticulier suscite des enviesde tous côtés. Un théâtre amême contacté le TDBpour en savoir plus. »
Pratique Je vais l’dire à la mer atelier de découverte théâtrale pour adolescents animé par Christian Jehanin
du 20 au 24 avril, de 14h à 18h, Parvis Saint-Jeanouvert aux adolescents de 11 à 15 ans, tarif 30 €Prise de conscience par le mouvement – Méthode Feldenkrais animé par Jacques Fornier
du 6 au 10 et du 20 au 24 avril de 18h30 à 20h (cours 1) et de 20h à 22h30 (cours 2), salle Jacques Fornier
tarifs : 25 € (cours 1), 50 € (cours 1 et 2)Le texte inapparent, le geste inapparent animé par Daniel Dobbels, assisté de Carole Fèvre
du 8 au 19 juin, en partenariat avec Art Danse. Destiné aux professionnels du spectacleLes 8 faces du théâtre, un parcours découverte jusqu’au 8 juin 2009renseignements : rendez-vous sur www.tdb-cdn.com, ou contactez Jeanne-Marie Pietropaoli au 03 80 68 47 47
Cette saison, le TDB proposeun stage avec un artisandont l’histoire se confondavec celle du Parvis, JacquesFornier (voir ci-contre), et(pour les professionnels) uneexploration des liens entrethéâtre et danse avec DanielDobbels. Il poursuit égale-ment sa démarche d’ouver-ture et d’éducation du publicà travers le parcours des 8faces du théâtre (voir ci-des-sous) et offre aux adoles-cents un stage, Je vais l’dire
à la mer, animé par ChristianJehanin qui dirige l’Écoledépartementale de théâtre del’Essonne. « La mer estquelque chose de symboli-quement fort, un moteurpour mettre en action l’ima-ginaire. »
Le théâtre sous toutes ses faces
Les Pôles Ressources Education Artistique et Culturelle
(PREAC) sont un dispositif original conçu pour conduiredes projets associant les acteurs du monde éducatifet de la culture. Avec le Rectorat, l’Académie de Dijon,le CRDP, la DRAC, le TDB anime l’un des deux PREAC exis-tant en France consacrés au théâtre. Ses missions : faire vivre un réseau d’acteurs – enseignants et artistes interve-nants –, organiser des formations à leur attention, mettreà leur disposition des ressources – édition papier et multi-média, internet, etc. Construction fragile, le PREAC estun précieux espace d’échanges, de décloisonnement et deréalisations concrètes communes dans le domaine de l’édu-cation artistique et culturelle : stages, spectacles, livres,etc. En octobre 2008, François Berreur a animé un stageconsacré à Jean-Luc Lagarce, auteur contemporain au pro-gramme du bac option théâtre.
© V. Arbelet
Pourquoi ? Parce que cesartistes de plusieurs discipli-nes, installés sur le territoirebourguignon, développent desprojets artistiques et tissentdes liens. C’est d’ailleurscette présence au quotidienqui, de fil en aiguille, a pro-voqué leur rencontre. Aujour-d’hui, l’équipe enrichie dequelques électrons libres seretrouve au sein du Collectif7’. Leur dernier projet ? Pan-
dora, un texte de Jean-PierreVernant explorant le mythede la première femme, mis enchantier et joué cet automneau TDB. Leur force ? Le col-lectif comme règle du jeu par-tagée. Rencontre avec Élisa-beth Barbazin, Marion Gol-
mard et Vincent Shrink, pouren savoir plus sur leur modede travail.Pourquoi « Collectif 7’ » ?
Le 7 renvoie simplement à ladate de création de la com-pagnie, en 2007. Le prime (‘)c’est la petite virgule en l’air,la chose a priori insignifiantemais qui ouvre sur d’autresmondes. Quant au « collectif »il est très importantpour nous. Nous ne voulions
pas une compagnie mais uncollectif, avec une équiped’artistes d’origines et de dis-ciplines diverses. Qu’il y aitla notion de travail en commun.En quoi cela consiste-t-il ?
Si au départ nous n’avons pasles mêmes univers, on se res-semble sur nos modes decréation, on engage le travailde la même façon. Parler decollectif c’est vouloir unefaçon de construire ensemble,en partant de zéro. Chacunparvient avec son domaine decompétence à compléter lasculpture afin de créer unobjet qui vole de ses propresailes. Cela pourrait ressem-bler à une partition musicale,dans laquelle les différentes
voix forment une polyphonie. Et pour la création de Pan-
dora ?
Pour que le travail collectifpuisse avoir lieu il faut unsquelette préalable. Élisabethet Marion commencent parréfléchir en binôme autour dutexte et de l’espace. Ellesapportent cette matière qu’a-près nous travaillons ensem-ble. Une fois sur le plateau,le duo s’efface au profit ducollectif. Nous avançonscomme des artisans, ensem-ble, chaque jour, c’est le fon-dement de la démarche. SurPandora la création a été par-ticulièrement simple, c’étaittrès organique.
C. C.
Pandora, spectacle créé le1er octobre au Théâtre DijonBourgogne, salle Jacques For-nier.Texte Jean-Pierre Vernant,avec Elisabeth Barbazin(mise en scène), Julien Barba-zin (paysages lumineux), YvesBouche et Gérard Ravé (cons-truction décor), Anthony Das-cola (régie générale), JoëlleDouhaire Bataille (assistanatmise en scène), Marion Gol-mard (scénographie), PhilippeJourno (jeu), Hélène Polette(dramaturgie), Vincent Shrink(création sonore).Après le TDB, Pandora est par-tie en tournée en Bourgognepour une dizaine de représenta-tions scolaires et tout public.
Collectif 7’, le théâtre au pluriel Élisabeth Barbazin, Philippe Journo, Marion Golmard, Vincent Shrink... Des noms connuspour nombre de Bourguignons, qu’ils soient ou pas des habitués des salles de spectacles.
« Ma rare faculté d’assimilation
Contraria le cours de ma vocation(…)
Ah ! me la couler douce, et large
Comme ces flots…(…)
Pauvre Ophélie
Pauv’Lee-Lee
C’était ma p’tite amie d’enfance
Je l’aimais, c’est évident
Ça tombait sous les sens (…)
Et ta sœur ! (réplique Hamletà Laërte)(1)
Comment monter Hamlet ? s’interro-geait Jean-Louis Barrault. « Laforgue
m’indiquait un chemin qui me semblait
primordial pour s’approcher du grand
Hamlet de Shakespeare : le chemin de
l’humour ».Cinquante ans plus tard, quel cheminprendre pour appréhender cetteœuvre Sphinx ?
Bernardo : « Qui va là ? »Francisco : « Non, c’est à vous de me
répondre » (I, 1)
Une question, et une non-réponse quirenvoie le questionneur à lui-même.Tout Hamlet est dans ces deux pre-mières répliques.Au Danemark comme ailleurs, quand« quelque chose est pourri dans le
royaume », comment agir de manièrejuste et efficace ?Hamlet renvoie chacun de nous à lui-même. La pièce interroge :L’acteur : quelle figure d’Hamlet vais-je donc donner à voir ? Le traducteur : comment vais-je m’a-dresser à un public savant et à unpublic populaire à la fois ? Le spectateur : qu’est-ce qui peutbien pousser le metteur en scèneà monter une pièce déjà mille foiscommentée et mille fois représentée ? Et le personnage : to be or not to be ?
To be or not to be, phrase énigmatique,à l’image de toutes les questions quepose la pièce : folie réelle ou foliefeinte chez le prince danois ? Fan-tôme du roi Hamlet ou fantasme dufils ? Tragédie de la vengeance outragédie œdipienne ? Tempéramentmélancolique d’Hamlet ou conscienceexacerbée d’un « globe détraqué » et d’un« temps disloqué »...À nous « de recoudre ses mots avec le
fil de » nos « propres pensées » (IV, 5). La force d’Hamlet est de ne pas liv-rer de réponse…Le Sphinx est un Phénix.(1) Jules Laforgue, Hamlet ou les suites de la piété
filiale, 1887
Vous avez dit Hamlet ?par Carole Vidal-Rosset
8 POINTS DE VUE
Mathieu Munier a été ‘’salarié toqué’’ de multiples structureset festivals dijonnais. En mai dernier il crée Simone Traiteur –en référence à l’une de ses grands-mères – qui gèredésormais le bar du Parvis. La recette : Mathieu auxfourneaux, Stéphanie derrière le bar, une carte pour toutesles bourses et tous les appétits. Une bonne raison de flânerau TDB à l’heure du dîner...
HAMLET : Un homme peut pêcher avec un ver qui a mangé duroi, et manger du poisson qui s’est nourri de ce ver. (IV, 3)
BAR DE LIGNE AU BEURRE D’ESCARGOTpour 4 personnescuisson 30 à 35 mnvin conseillé : mâcon blanc Chânes
Ingrédients : 1 bar de ligne de 600 à 700g
pour le beurre d’escargot100 g de beurre pommade 2 c. à soupe de persil haché 2 c. à soupe d’échalote hachée1 gousse d’ail écrasée
sel et poivre
1 verre de vin blanc sec
- Écailler et nettoyer l’intérieur du poisson- Inciser le bar de chaque côté de 0,5 cm- Mélanger tous les ingrédients du beurre d’escargot- Farcir le bar avec cette préparation- Cuire à four chaud (240°C, thermostat 8) 30 à 35 mn- Arroser régulièrement le bar avec le vin blanc et le jus decuisson
Le bar du Parvis est ouvert avant et après chaque
représentation.
AU FOUR ET AU PARVIS par Mathieu Munier