Post on 18-Jan-2016
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Rompre avec le syndicalisme délégataire et construire les mobilisations
étudiantes pour s’opposer à la politique du gouvernement !
Notre 84e congrès s’ouvre dans un contexte d’austérité généralisée partout en Europe. La Grèce a été
ruinée par les mémorandums successifs qui ont été imposés à la population par les différentes institutions
et gouvernements en particulier par la Banque Centrale Européenne. De nombreux pays sont touchés et
la France n’échappe évidemment pas aux attaques que les capitalistes mènent pour profiter de la crise
afin de rétablir leur taux de profit. Le gouvernement en réduisant drastiquement les dépenses publiques
organise le démantèlement des services publics de la santé et de l’éducation, et casse le droit du travail
via l’Accord National Interprofessionnel ou la Loi Macron.
Ces politiques ont des conséquences très concrètes sur nos conditions de vie et d’étude. Aujourd’hui, les
universités se trouvent dans un état dramatique, en déficit les unes après les autres. Les réformes libérales
menées dans l’enseignement supérieur depuis des dizaines d’années viennent aggraver ces mesures
d’austérité. Alors que le nombre d’étudiants est en constante augmentation depuis des années, les
inégalités d’accès sont de plus en plus visibles, en particulier pour les jeunes issus de milieux populaires.
Le gouvernement mène des attaques dans tous les secteurs : éducation, santé, enseignement supérieur,
monde du travail… Pour notre génération, l’idée que nous n’avons pas d'avenir est maintenant
dominante, et les idées de l’extrême-droite progressent aussi en son sein. Des résistances existent, y
compris dans les universités, mais elles n’ont pas réussi à mettre un coup d’arrêt aux politiques du
gouvernement, notamment du fait de leur isolement.
Nous avons constitué la tendance Action Collective et Luttes Etudiantes avec comme objectif de proposer
une perspective à l’UNEF, pour qu’elle se donne les moyens d’inverser la situation pour les étudiants en
rompant avec le syndicalisme délégataire et en s’opposant à la politique du gouvernement.
Notre syndicat doit se doter d’une stratégie permettant au milieu étudiant de gagner, en articulant action
collective au quotidien et luttes étudiantes. Nous devons chercher à faire émerger une mobilisation
nationale dans l’enseignement supérieur pour y inverser les rapports de force actuels, défavorables aux
étudiants.
I. Développer notre activité syndicale au quotidien pour lutter contre la précarité
Les étudiants doivent aujourd’hui faire face à des conditions de vie et d’études dramatiques. Le système
d’aides sociales est illisible, le serveur des bourses ferme de plus en plus tôt, et aucun travail d’information
n’est fait; c’est le parcours du combattant pour les étudiants. Nous ne voulons pas d’un syndicat
délégataire qui se met à gérer les dossiers d’aides sociales étudiantes en remplaçant le service social du
CROUS. Pour nous, il s’agit d’informer, d’organiser la défense collective et d’organiser la solidarité, des
bourses aux livres aux coopératives.
A. Pré-salaire d’autonomie et service public du CROUS
En tant que syndicat étudiant, l'UNEF a pour mission de permettre la réussite de tous. L'une des conditions
de cette réussite est la possibilité, pour tous les étudiants, de se consacrer pleinement à leurs études. Le
recours au salariat étudiant est de plus en plus utilisé pour financer nos études, et l’UNEF ne peut se
satisfaire d’une situation où, pour 45% des étudiants, la poursuite d’études ne se conçoit pas sans une
activité rémunérée pendant l’année universitaire. Puisque la situation des étudiants s'aggrave, et que le
nombre d’étudiants issus des classes populaires à l’université recule, il s'agit dès lors de mettre en place
les conditions pour l'accès et la réussite de tous à l'enseignement supérieur. C’est pourquoi il nous faut
obtenir un statut social étudiant.
L'étudiant, défini par la Charte de Grenoble comme jeune travailleur intellectuel en formation, devrait
avoir droit à un revenu lors de sa formation. Les étudiants étant en cours de formation et donc n'ayant
pas acquis un niveau définitif de qualification, leur rémunération ne peut être un salaire en tant que tel,
mais doit être vu comme un salaire anticipé, qui serait financé par une branche de la sécurité sociale. Les
cotisations sociales alimentent aujourd’hui un “pot commun”, dont les individus bénéficient sous forme
d’allocations familiales, d’indemnités chômages ou encore de pensions de retraite. Ce “salaire socialisé”
existe à quasiment tous les âges de la vie, mis à part pour les jeunes en formation.
L'objectif premier du dispositif que nous proposons est la mise en sécurité sociale du jeune et son accès à
l'autonomie. De là, découle la nécessité d'une rémunération forfaitaire, donc universelle dans l’accès
comme dans le montant, incompressible à hauteur du SMIC pour permettre à chaque étudiant de faire
ses propres choix. L'attribution du pré-salaire d'autonomie implique en effet une déclaration fiscale
indépendante.
Cette allocation serait financée par la création d'une nouvelle cotisation sociale, qui alimenterait un fond
national d'aide aux étudiants, qu'abonderait également l'Etat. Son alimentation suppose une nette hausse
des salaires puisque la cotisation est un élément de salaire. Ce financement par cotisation suppose la mise
en place d'un organisme spécifique pour gérer sa distribution sous forme d'une branche jeunesse de la
sécurité sociale, s’étendant à l'ensemble de la jeunesse, et dont la gestion serait réalisée par des élus des
organisations représentatives des salariés et des étudiants. Ce système permettrait un accès démocratisé
à l’université, et forcerait les entreprises à reconsidérer les conditions d’embauche et de travail.
En plus de défendre une refonte du système d’aides sociales du CROUS, il est bien évidemment nécessaire
d’informer les étudiants sur les réalités et la complexité du système d’aides sociales, notamment en
menant des campagnes d’information avant la clôture du service de DSE, et réclamant que cette clôture
s’étende jusqu’à la rentrée. Il s’agit également d’organiser les étudiants en retard sur leurs dossiers de
DSE, en organisant des rassemblements devant les CROUS pour permettre d’obtenir le recul de cette
clôture arbitraire, mais aussi de mener des batailles pour que les universités versent la totalité du FSDIE
social aux étudiants.
Lutter pour permettre à tous d'étudier dans des conditions décentes, c'est également porter des
revendications exigeantes en ce qui concerne le logement et la restauration étudiante. Aujourd'hui, de
très nombreux étudiants ne trouvent pas de place en cité U. Le pire est évidemment à Paris avec un parc
de 4000 chambres intra-muros pour 325 000 étudiants, soit 1 % de bénéficiaires à peine. A l’échelle
nationale, 7 % des étudiants sont logés dans les 165 000 places de résidence universitaire. Le nombre
d’étudiants de milieu modeste a augmenté dans les années 80, sans que la construction de logements
étudiants ne suive. De plus, ces logements souffrent de défauts récurrents, qui mettent en péril la réussite
des résidents : insalubrité, montant des loyers inaccessibles aux étudiants les plus précaires, connexions
internet trop instables pour être utilisées dans le cadre du travail universitaire etc. Il appartient aux
militants de l'UNEF de travailler localement au recensement des problèmes pour y apporter des solutions
concrètes, à s’opposer systématiquement aux fermetures de cités universitaires, comme pour celle
d’Anthony, et chercher constamment à organiser les étudiants présents dans les cités U, et les organisant
contre l’augmentation des loyers.
De la même façon, le syndicat se doit de dénoncer un système opaque d’attribution des logements en
résidence universitaire, comme il est important qu’il souligne les renoncements du gouvernement en
matière de logement, comme les récentes lois ALUR et Pinel.
Avec le même souci de permettre à toutes et à tous d’accéder aux sites de l’enseignement supérieur, et
dans un contexte où les universités de proximité disparaissent peu à peu, l’UNEF doit poser aussi la
question du prix des transports en commun, indispensables pour la grande majorité des étudiants. La
possibilité de se rendre sur le lieu d'étude gratuitement apparaît comme nécessaire. L’UNEF doit être en
capacité de lancer dès maintenant une campagne sur la gratuité des transports publics, en faisant le lien
avec des collectifs militants qui interviennent également sur cette question.
B. Organiser la solidarité en développant des coopératives étudiantes
Alors que le quotidien des étudiants devient aujourd’hui plus que jamais synonyme de galère au
quotidien, une des tâches de notre syndicat est bien d’organiser la solidarité concrètement. De fait, la
question du coopératisme devient une nécessité, surtout quand on voit l’augmentation des tarifs du
CROUS. De plus, nous faisons face à une croissante dépolitisation du milieu étudiant. Il est nécessaire de
faire la démonstration que l’organisation collective paye, tout en mettant en place des lieux de vie sur nos
universités. La massification du syndicat passe aussi par une nécessaire diversification de ses pratiques
militantes. Le développement d'un militantisme coopératif s'impose à nous, pas seulement pour
concurrencer la FAGE qui, par le biais des AGORAE a effectivement pris un temps d'avance sur nous, mais
bel et bien pour palier des carences toujours plus grandes du service public, qui peine toujours plus à offrir
à tous les étudiants souhaitant accéder à l’enseignement supérieur le cadre nécessaire pour contrer la
précarité étudiant, du fait des politiques austéritaires. Nous devons être en mesure d'articuler la bataille
pour un service public du CROUS de qualité et de proximité avec la mise en place d'un réel coopératisme
militant géré par les étudiants eux-mêmes.
Il est évident que sur des sites où il n’y a plus de restaurant universitaire, le fait d’ouvrir des coopératives
est une nécessité dont l’UNEF doit se saisir.
II. Résister à la destruction de l’ESR pour le réformer au service de l’émancipation
Depuis plusieurs années, les attaques pleuvent sur les universités. L’objectif pour les gouvernements
successifs a été de faire des économies dans les services publics à travers les plans d’austérité, tout en
restructurant pour s’adapter de plus en plus aux besoins des entreprises.
A. Une décomposition avancée de l’ESR qui justifie les attaques à venir
1. Austérité à l’université, nos diplômes et notre avenir attaqués !
La majorité des universités sont en déficit budgétaire avec des conséquences variables en fonction des
universités : suppressions de filières et de TD, réduction du volume horaire, mise en place de cours en
ligne remplaçant les cours en présentiel, dégradation des conditions d’examens etc. On assiste également
au renforcement des capacités d’accueil qui remettent en cause l’accès à tous les étudiants à la filière et
à l’université de leur choix.
Pour passer outre les problèmes de budget tous les moyens sont bons pour les présidences d’universté.
Certaines d’entre elles ont notamment recours à des pratiques illégales comme la sélection sur dossier à
l’entrée de certaines filières de premier cycle ou la mise en place de frais d’inscription supplémentaires.
Le gouvernement a d’ailleurs décidé de réouvrir ce dossier pour mieux faire payer l’austérité aux
étudiants. Après avoir augmenté les frais d’inscription des grandes écoles, il évoque maintenant une
éventuelle augmentation pour les étudiants étrangers, dans la perspective de les augmenter pour tous.
Le budget de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) est en stagnation constante, dépassant
à peine le taux d’inflation. Le recul du gouvernement sur la baisse des 70 millions d’euros est en réalité
très symbolique. Nous assistons en fait à une baisse du budget de l’enseignement supérieur de 456
millions d’euros, dont un manque de 200 millions d’euros pour les universités. Les problèmes vont donc
se renforcer.
2. Réformes de l’enseignement supérieur : danger pour les étudiants !
La situation dramatique des universités s’explique bien entendu par le désengagement financier de l’Etat
mais aussi par l’autonomie financière des universités. Les seuls financements que l’Etat accorde
aujourd’hui aux universités se font sous la forme de projets d’excellence, comme par exemple les IDEX.
Les universités financent donc des filières d’élites dans des domaines précis, avec pour objectif l’obtention
de crédits supplémentaires. En parallèle, elles diminuent les budgets des autres formations notamment
des premiers cycles. L’université de Paris 11 en est un bon exemple : malgré un budget très important,
l’essentiel des fonds sont orientés vers les filières d’excellence au détriment des autres.
Les problèmes viennent des choix du gouvernement et non des “mandarins” comme veut le faire croire
la direction du syndicat. Même si certains dirigeants d’université sont convaincus de mettre en place la
sélection et l’excellence, la majorité le font pour faire face aux déficits budgétaires. Aujourd’hui, il faut
rechercher l’unité avec les personnels et les enseignants pour s’opposer aux politiques menées sur les
universités.
Avec la loi Fioraso, le gouvernement a prévu de faire passer la carte universitaire de 83 universités à une
trentaine de pôles universitaires. Ces regroupements, sous forme de communautés d’universités ou de
fusions, visent à rationaliser les dépenses des universités. Les conséquences des regroupements sont déjà
visibles. Dans le regroupement Paris Lumière, cinq filières de langues ont été supprimées à Paris 8 car
elles existaient à Paris 10. A Paris 1, la COMUE Hesam, regroupant une université et 11 grandes Ecoles,
risque de remettre en cause l’offre de formation. Le risque est de voir les masters de Paris 1 être
supprimés au profit de ses grandes écoles sélectives.
Ces regroupements sont également anti-démocratiques. Les conseils comptent parfois une minorité de
membres élus. Les élus progressistes y sont systématiquement minoritaires. Ainsi tout est possible dans
ces cadres là : changement des statuts de l’université, suppressions des filières et aucune opposition aux
politiques libérales ne pourra s’y concrétiser. Nous nous opposons à ces regroupements universitaires et
à toutes leurs conséquences qui cassent les droits et les conditions d’études des étudiants.
De plus, la loi Fioraso constitue une attaque sans précédent à l’égard de nos diplômes. Sous couvert de
vagues mentions nationales, les universités pourront désormais décider elles-mêmes du contenu des
maquettes de nos formations. C’est donc la fin des diplômes nationaux. A cela s’ajoute la régionnalisation
dont l’objectif est l’adaptation des diplômes au bassin d’emploi local. Ils seront ainsi modifiables pour
répondre aux besoins des entreprises.
Le gouvernement nous avait promis un cadre national des formations mais en réalité sa politique vise à
donner encore plus de libertés aux universités.
Zoom sur les stages :
Les stages se multiplient dans de nombreuses filières. Certains sont justifiés, d’autres le sont beaucoup
moins et visent à remplacer des cours faute de moyens pour les assurer. Le gouvernement a mis en place
une loi rendant la gratification obligatoire pour les stagiaires de plus de deux mois. Mais les coupes
budgétaires empêchent les structures publiques de pouvoir prendre des stagiaires. Ce sont alors des
milliers d’étudiants qui se retrouvent dans la galère, sans stage et donc incapables de valider leur année.
Dans les cas où ils sont justifiés nous nous battons pour un encadrement. C’est aux universités de chercher
les structures dans lesquelles ont lieu les stages et donc d’offrir des garanties quand à leur mise en oeuvre.
C’est dans le cadre de l’université seulement que le stage doit être évalué. Les stages doivent être
rémunérés à hauteur du salaire d’embauche dans la branche. Un stagiaire ne peut être laissé en
responsabilité, c’est la garantie pour qu’il soit encadré et ne supprime pas d'emploi.
3. Garantir l’indépendance de la recherche avec des financements 100% publics
Le mouvement “Sciences en Marche” a été le révélateur des difficultés budgétaires qui s’abattent sur le
monde de la recherche, en particulier sur la recherche scientifique qui était jusqu’alors plutôt considérée
comme privilégiée.
Les budgets annuels de base ont drastiquement diminué. Ils représentent aujourd’hui en moyenne 5 à 10
000 euros par an dans de nombreux laboratoires scientifiques. Ceux-ci ne permettent plus le financement
d’aucun projet de recherche fondamentale. Il faut donc désormais se tourner vers l’Agence Nationale
pour la Recherche (ANR), qui accepte moins de 10% des projets déposés, vers des associations ou vers
des entreprises.
Il est urgent d’augmenter les crédits de base pour que l’ensemble des laboratoires puissent fonctionner
grâce à l’argent public. Il ne s’agit pas de dire qu’il faut mettre fin aux financements sur projets, mais ceux-
ci doivent être limités à des projets d’ampleur et ne doivent pas servir à financer la recherche au quotidien.
Que ce soit des postes statutaires ou de doctorants, ils diminuent de plus en plus.
En parallèle, le gouvernement dépense environ 6 milliards d’euros dans le Crédit Impôt Recherche (CIR)
qui permet de financer des grandes entreprises qui feraient de la recherche. Tout le monde s’accorde à
dire que celui-ci est inefficace, et que les entreprises l’utilisent en majorité à des fins qui n’ont rien à voir
avec la recherche. Pourtant, la moitié de cette somme suffirait à faire tourner l’ensemble des laboratoires
publics qui existent sur le territoire. Le gouvernement fait donc le choix conscient de transférer l’argent
public directement aux entreprises privées.
L’existence d’une recherche publique, indépendante et diversifiée est aujourd’hui menacée. Comment
justifier le fait que les recherches sur les énergies renouvelables soient financées par les grands groupes
pétroliers, plutôt que par l’Etat ? L’insertion de financements privés dans la recherche scientifique
publique pose un problème fondamental du point de vue des orientations qui sont données à ses travaux.
C’est l’intérêt général de la population et non les intérêts privés de ces grands groupes qui doit guider la
recherche. Le fait de faire appel à leurs financements leur donne obligatoirement un droit de regard sur
le contenu des travaux. La recherche doit donc rester 100% publique.
B. Notre projet pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche
Plus de 120 000 jeunes quittent chaque année leur formation initiale avec tout au plus le brevet des
collèges, soit 17% sur un total de plus de 700 000 jeunes. 41% se contentent d’un diplôme du secondaire,
alors que 42% terminent leur formation initiale diplômés du supérieur. Ces chiffres sont par ailleurs
marqués d’immenses disparités en fonction de l’origine sociale : un enfant d’ouvrier a presque autant de
chances de sortir non diplômé (24 % des cas) que d’être diplômé du supérieur (27%, contre 69% pour les
enfants de cadre). En outre, accéder à l’université n’est pas un gage de réussite, puisque de nombreux
bacheliers y échouent ; et même quand on y réussit, notre diplôme ne va pas forcément de pair avec un
statut stable et reconnu par la société.
Alors que l’inégalité d’accès et la mise en concurrence sont les maîtres mots des réformes universitaires
à l’œuvre aujourd’hui, et que l’enseignement supérieur et la recherche sont de plus en plus la proie du
marché, notre projet se fonde sur la défense du service public. L’UNEF doit poser les bases d’une véritable
alternative, celle d’une université 100% publique, gratuite et démocratique, ouverte aux enfants
d’ouvrier. Projet contre projet, c’est la seule manière de convaincre efficacement et de donner des
perspectives à l’ensemble de la jeunesse.
1. Défendre le service public : pour une université ouverte à toutes et à tous !
Le rôle que nous donnons à l’université est double. D’un côté, elle doit permettre l’acquisition de
connaissances générales et de qualifications pour analyser le monde qui nous entoure et de développer
un esprit critique. De l’autre, elle doit préparer à nous former pour occuper un emploi durable, en nous
donnant de vraies qualifications reconnues dans les conventions collectives et des outils pour nous
défendre et nous permettre de nous adapter sur le marché du travail.
Défendre le service public, c’est se battre pour un financement 100% public et à la hauteur des besoins.
Alors que les universités sont au bord du gouffre budgétaire et que la loi de finance 2015 entérine une
baisse historique des crédits alloués à l’enseignement supérieur, nous exigeons un réengagement
financier de l’Etat. Il doit s’opérer à partir des besoins réels définis de manière pluriannuelle par la
communauté universitaire tant au plan local que national. Cela nécessite de rompre avec l’autonomie
financière des universités, l’Etat doit cadrer nationalement et avec précision les moyens attribués aux
universités, en fonction du nombre d’étudiants, des besoins en personnels BIATOSS et enseignants, etc.
Nous défendons un service public pour lutter contre la reproduction sociale et démocratiser les écoles
réservées aux couches les plus favorisées de la population. L'enseignement supérieur est divisé entre
l'enseignement professionnel, les prépas et grandes écoles, et les universités qui accueillent la majorité
des étudiants. Nous nous battons pour l’intégration de l’ensemble des formations à l’université et leur
adossement systématique à la recherche. L’Etat dépense des millions d’euros chaque année pour financer
des établissements privés, qui délivrent des diplômes nationaux. Cela déstabilise le service public et ne
donne aucune garantie sur les contenus. Nous défendons leur suppression et leur intégration dans le
système public.
2. Pour des diplômes nationaux reconnus sur le marché du travail
Défendre des diplômes nationaux, à l’heure de la régionalisation de l’ESR et de l’adaptation des contenus
de nos formations aux « besoins du marché », est plus que nécessaire !
Nous nous opposons aux mythes de l’université comme « usine à chômeurs » qu’il faudrait réformer pour
qu’elle colle mieux aux impératifs du marché. Malgré la déqualification en cours de nos formations, le
diplôme est encore une protection sur le marché du travail. Les conditions de travail des diplômés du
supérieur restent plus avantageuses par rapport aux jeunes non diplômés.
Face à l’individualisation de nos formations qui favorise la mise en concurrence des futurs salariés sur le
marché du travail pour tirer salaires et conditions de travail vers le bas, nous opposons le cadrage national
des formations. Les mentions doivent être définies nationalement, mais non pour laisser les universités
encore plus autonomes de leurs spécialités et leur parcours, comme le permet le nouveau « cadre national
des formations » publié après la loi Fioraso.
Nous nous battons pour que le contenu précis de chaque diplôme et les modalités de contrôle de
connaissance soient définis nationalement par l’Etat, de concert avec tous les acteurs de l’université. C’est
la condition pour qu’un diplôme de Droit ou d’Histoire soit reconnu de la même manière quelle que soit
l’université. C’est aussi la condition pour que nous puissions nous défendre collectivement sur le marché
du travail. Cela nécessite donc de revenir sur l’autonomie pédagogique.
3. Pour une véritable insertion professionnelle : opposons les qualifications à la logique des
compétences
Les contre-réformes en cours visent à casser les qualifications de nos diplômes, c’est-à-dire l’ensemble
des savoirs et outils qu’offre une formation suffisamment généraliste pour nous permettre de nous
adapter sur le long terme aux évolutions de l’emploi. Se développe a contrario la logique d’accumulation
de compétences, des savoir-faire parcellaires directement utilisables sur le marché du travail. La loi
Fioraso et son décret d’application sur le cadre national des formations ont introduit un « tronc commun
» en Licence comprenant notamment des modules « préprofessionnels » (écriture de CV, projet personnel
individualisé, etc.) et « transversaux » (Langues, informatique). Le problème est que ces derniers viennent
remplacer du contenu qualifiant.
Ce processus vise à transférer le coût de la formation professionnelle de la main d’œuvre des entreprises
vers l’université. Les « acteurs économiques » ont d’ailleurs une place de plus en plus importante dans les
conseils des universités et les nouvelles ComUEs. Ils pourront faire évoluer le « portefeuille de
compétences » dont ils ont besoin comme bon leur semble, sans devoir débourser un centime.
4. L’interdisciplinarité au secours de la pluridisciplinarité
Le « cadre national de formation » va également chambouler le contenu même de nos formations, en
mettant en place la pluridisciplinarité en L1 et une spécialisation progressive au sein de parcours (dont
une voie professionnelle obligatoire). Loin de permettre une orientation progressive, la pluridisciplinarité
est en fait un moyen de plus de faire des économies, en mutualisant les amphis et les cours dans les filières
d’un même domaine. C’est un contenu au rabais qui nous attend, comme dans les filières de SHS à
Nanterre par exemple qui fonctionnent déjà sur ce modèle.
La pluridisciplinarité voulue par Pécresse puis par Fioraso se traduit par un appauvrissement du contenu
des diplômes et l’empilage de cours qui n’ont rien à voir les uns les autres. A cette pluridisciplinarité
pédagogiquement absurde, nous opposons l’interdisciplinarité : il s’agit de l’étude d’un même objet par
le biais des méthodologies propres à plusieurs disciplines. En combinant les approches et les points de
vue, on parvient à une meilleure maîtrise du sujet, que ce soit au niveau de la recherche ou de
l’enseignement.
5. Une pédagogie alternative
Pour favoriser la réussite de toutes et tous, une révolution pédagogique est nécessaire. La structure de
l’université tend à nous infantiliser et nous atomiser plutôt que de nous rendre autonomes dans notre
travail et développer notre esprit critique. Pour favoriser l’échange entre étudiants et enseignants plutôt
qu’un rapport de domination direct sanctionné par la note, les TDs doivent comprendre moins de 25
étudiants et les travaux en petits groupes encouragés. Les modalités de contrôle de connaissances en TDs
doivent permettre de rendre compte d’un travail régulier, et ne peuvent constituer seulement en la note
obtenue lors du dernier cours.
En outre, l'organisation d'examens terminaux, de plus en plus menacés à l'heure du contrôle continu
intégral, doit être garanti, notamment pour donner leur chance aux étudiants salariés. Cela nécessite un
plan de recrutement d’enseignants à la hauteur des besoins, à commencer par la republication des milliers
de postes supprimés depuis 2007, et la titularisation de l’ensemble des précaires (enseignants non-
permanents) qui représente plus du quart du personnel enseignant. Enfin, pour que les étudiants soient
réellement acteurs de leur propre formation, ils doivent pouvoir participer à la définition de tous ses
aspects.
III. Une stratégie syndicale à la hauteur des enjeux de la situation
Ces derniers mois ont été marqués à la fois par des difficultés et par une certaine perte de repères du
milieu étudiant, mais aussi par une augmentation des mobilisations étudiantes. L’enjeu du congrès est de
se doter d’une orientation qui permette de s’appuyer sur ces mobilisations pour dépasser les difficultés.
A. Malgré des contradictions, les étudiants résistent et se mobilisent
1. Une relative perte de repères
Les mobilisations massives qu'ont connues les universités au début des années 2000 (luttes étudiantes
contre le CPE, contre la loi LRU et à une moindre échelle contre la masterisation) ont contribué à forger
une génération militante porteuse d'un certain nombre de reflexes dans les mobilisations -organisation
d’assemblées générales, de comités de mobilisation etc. Mais cette génération a aujourd’hui
majoritairement quitté les bancs de l’université et les contre-réformes néolibérales ont eu des
conséquences importantes sur le milieu étudiant et ses capacités de résistance.
En effet, des pressions importantes s’exercent sur notre milieu pour qui l’obtention d’un diplôme est
devenu un véritable parcours du combattant : renforcement du contrôle des présences en TD,
durcissement des modalités de redoublement, salariat étudiant et difficultés quotidiennes qui ne cessent
de se renforcer avec l’augmentation du coût de la vie et de la précarité étudiante. Depuis 2010, il n’y a
pas eu de mobilisation de masse dans la jeunesse, et les étudiants ayant participé à des assemblées
générales, à des manifestations, voire à des blocages, sont minoritaires, y compris au sein des
organisations syndicales.
En outre, la désillusion qui a suivi l’arrivée au pouvoir du gouvernement de François Hollande, s’expliquant
par une “priorité jeunesse” dans les discours, qui avait suscité un espoir de changement dans des franges
importantes de la jeunesse, mais qui s’est traduite dans les faits par l’application d’une politique similaire
à celle de la droite, a renforcé ce phénomène de perte de repères et augmenté la défiance vis-à-vis des
organisations du mouvement social. Le fait que ces organisations, syndicales entre autres, n’aient pas
organisé une bataille efficace contre cette politique, et l’aient même parfois défendue, a accentué cette
défiance et limité notre capacité d’influence sur notre camp social. L’adhésion des étudiants à des
organisations réactionnaires comme le FN, ou les corporations étudiantes, lors des élections, est une
conséquence directe de cette perte de repères.
2. Des mobilisations existent
Cependant, et malgré un rapport de force global toujours dégradé, nous avons assisté dans les derniers
mois à une succession de mobilisations locales, isolées, mais tout de même relativement nombreuses. La
grève a été majoritaire à plusieurs reprises à Montpellier en 2013, à Clermont Ferrand et à Toulouse en
2014, avec des assemblées générales rassemblant plusieurs centaines d'étudiants et des manifestations
de rue. Des mobilisations plus minoritaires et centrées sur des filières particulières ou au niveau des
personnels ont également eu lieu à Rennes, à Strasbourg, à Rouen, à Lyon. Ces explosions sont révélatrices
de la colère qui se propage à l'heure actuelle dans notre milieu et ont permis à nombres d’étudiants de
faire l’expérience de la lutte collective.
Ces mobilisations, dans leur majorité, ne sont toutefois pas parvenues à obtenir des victoires
significatives, elles ont au mieux obtenu des rallonges budgétaires toujours insuffisantes. Le problème
majeur a été l'absence de simultanéité entre ces luttes et l'isolement auquel elles ont de fait dû faire face.
Il n'y a rien eu d'automatique à ce qu'une université en grève entraîne les autres derrière elle et les appels
nationaux votés à Toulouse et à Clermont Ferrand sont souvent restés sans écho.
Zoom sur l’intervention de l’UNEF dans les écoles du travail social :
Depuis le dernier congrès, les étudiants en travail social se sont mobilisés sur les problèmes de stages et
contre la refonte de leur formation. A l’impulsion de l’équipe militante de Montrouge, qui vient de faire
son entrée dans l’UNEF, ils ont été en capacité de lancer une mobilisation nationale en s’appuyant sur des
actions, des assemblées générales et des journées de grèves, alliant manifestations et blocages des
centres de décisions. Le travail social a été le secteur étudiant le plus mobilisé ces dernières années, et a
été en capacité d’impulser une grève nationale de l’ensemble du secteur. Il est pour nous nécessaire de
construire l’UNEF non seulement dans les universités, mais dans l’ensemble du milieu étudiant, quelle
que soit sa diversité, dans les écoles en travail social y compris. Les batailles à venir vont être d’une
importance certaine, autour des problèmes de stages qui vont perdurer et du projet de refonte du
diplôme. Nous exigeons aujourd’hui la mise en place d’un budget fléché par stagiaire pour éviter les refus
de stage à cause des problèmes budgétaires. Nous exigeons la reconnaissance des diplômes à leur juste
valeur: 3 années d’études = reconnaissance à BAC+3. Nous exigeons le retrait du projet de loi de refonte
des diplômes du travail social.
3. Mais dans lesquelles l’UNEF n’a pas su jouer son rôle
La politique menée par l’UNEF depuis deux ans n’a pas permis de répondre aux enjeux de cette situation
et le syndicat peine de plus en plus à influencer son milieu et à jouer un rôle dans les mobilisations. La
généralisation du syndicalisme délégataire dans les AGE empêche de lutter contre la perte de repères et
conduit la plupart des étudiants à considérer l'UNEF comme un service et non comme un outil pour agir
et défendre leurs intérêts.
L’isolement des mobilisations du premier semestre aurait pu ne pas être une fatalité si l'UNEF s'était
donné les moyens de relayer ces expériences et de les généraliser dans les autres universités. Des
initiatives auraient dû être prises en termes d'assemblées générales, de rassemblements, pour
populariser les mobilisations existantes et tenter de donner confiance aux étudiants des universités non
mobilisées qui subissaient pourtant les mêmes mesures d'austérité.
L'UNEF ne s'est pas appuyée sur les problèmes locaux rencontrés par les étudiants pour expliquer le lien
entre ceux-ci et ceux rencontrés par les étudiants des universités mobilisées, et donc la nécessité d'une
mobilisation nationale dans l’enseignement supérieur. Au contraire, la direction du syndicat s'est trop
souvent contentée de la stratégie du « fac par fac » et n'a fait qu'intervenir dans les mobilisations locales
sans chercher ni à les étendre, ni à leur donner une dimension nationale. Ainsi, alors qu'à Toulouse au
mois de novembre 2014, près de 1500 étudiants se mobilisaient et votaient en assemblée générale une
motion appelant les autres universités de France à se joindre à la mobilisation et à se mettre en grève,
l'UNEF n'a pas pris la peine de relayer cet appel et a laissé la mobilisation toulousaine s'éteindre peu à
peu sans obtenir aucune revendication.
Les initiatives prises en lien avec l'intersyndicale de l'enseignement supérieur et Sciences en Marche en
octobre et décembre dernier étaient positives, mais n'ont rencontrées qu'un écho très faible dans notre
milieu car arrivant trop tard. Cette incapacité à faire la démonstration de son utilité dans les luttes des
derniers mois et dans la résolution des problèmes rencontrés par les étudiants quotidiennement entraine
une perte d'influence de l'UNEF dans son milieu.
B. Notre stratégie syndicale
1. Intégrer les étudiants dans les campagnes syndicales quotidiennes pour reconstruire la confiance
dans l'action collective
Seules des mobilisations d'ampleur victorieuses de notre milieu pourront permettre dans les années qui
viennent de reconstruire à une large échelle, la conscience que seule l'action collective paye. L'une des
principales tâches de l'UNEF dans la situation actuelle est donc de reconstruire la confiance dans l'action
collective comme stratégie pour gagner de nouveaux droits et résister à l'offensive du gouvernement.
Nous menons des campagnes pour informer les étudiants de leurs droits ou des attaques qu’ils subissent
et nous tenons des permanences syndicales afin de recenser des problèmes. Nous devrons nous appuyer
sur les problèmes quotidiens rencontrés par notre milieu (problèmes d'inscription, TD surchargés,
problèmes de bourse…) pour mettre les étudiants en action. Notre objectif est que les étudiants fassent
l'expérience de leur force, de leur capacité à gagner sur leurs revendications, lorsqu'ils agissent par eux-
mêmes.
Nous ne devons en aucun cas nous limiter à des négociations de couloir avec les présidences d'université
dans le seul cadre du syndicat, ou à aller nous-même nous confronter aux administrations pour résoudre
les problèmes des étudiants. Au contraire, nous cherchons systématiquement à faire militer ceux qui
rencontrent un problème en leur proposant de l'activité (pétitions, écriture de tract, réunions
d’organisations etc.) et en leur proposant de s'adresser à d'autres.
Pour des raisons tant démocratiques que d’efficacité, nous cherchons à mettre en action les premiers
concernés pour la résolution de leurs problèmes et à les impliquer dans la construction du rapport de
force. Pour cela, nous développons les cadres d'auto-organisation nécessaires, qui sont les seuls à même
de coordonner tous ceux qui veulent se battre quelle que soit leur appartenance syndicale, politique,
associative ou non. Ces cadres doivent regrouper plus largement que ceux du syndicat et être décisionnels
: assemblées générales, comités de mobilisation, comités de grève. Nous poussons dans ces cadres à des
initiatives de confrontation avec les administrations ou avec le gouvernement : rassemblements,
manifestations de rue afin que les étudiants fassent l'expérience concrète de la construction du rapport
de force. Il ne s’agit pas de dissoudre ou faire disparaitre le syndicat, bien au contraire. Nous devons
apparaître comme les meilleurs constructeurs des luttes et de l’auto-organisation. C’est seulement ainsi
que nous parviendrons à y être majoritaires et donc à jouer un rôle de direction dans les mobilisations.
Pour nous il n’y a pas d’opposition entre les élections et les mobilisations étudiantes, nous devons toujours
avoir pour principale préoccupation la construction du rapport de force. Pour cela, le centre de gravité de
l’UNEF doit systématiquement être de mettre en action les étudiants pour la résolution de leurs
problèmes.
Les élections doivent nous permettre de populariser nos analyses des problèmes universitaires et nos
revendications afin de relayer et d’amplifier nos mobilisations syndicales. Lors des élections nous tentons
de faire la démonstration que nous sommes des syndicalistes conséquents, ce qui implique que nous
siégeons dans les conseils, préparons nos dossiers, cherchons à peser dans les conseils. Mais nous pensons
surtout que ce qui sera déterminant c’est la mise en action des premiers concernés, les étudiants, et la
construction d’un rapport de force réel. Pour cela nous cherchons à utiliser les élections pour appeler à
des réunions syndicales qui nous servent à populariser notre programme et à mettre en action les
étudiants pour le mettre en œuvre.
2. Faire converger les bagarres contre le gouvernement
Notre objectif est de reconstruire pas à pas un rapport de force suffisant pour aboutir à des victoires
significatives. Mais une mobilisation limitée à une filière ou à une université ne sera jamais suffisante pour
cela. Nous œuvrons donc systématiquement à la convergence des luttes, et cherchons à les unifier autour
de revendications et de rythmes communs.
C’est un principe de base du syndicalisme : à cent, on est plus fort que seul. Que ce soit entre des étudiants
de différentes universités ou entre les étudiants et les personnels, ou même avec d’autres secteurs qui se
battent contre l’austérité, notre objectif doit systématiquement être de regrouper les résistances contre
le gouvernement.
Pour massifier et unifier ces mobilisations nous partons des problèmes concrets des étudiants, tout en les
mettant en perspective avec la politique du gouvernement. Nous nous appuyons sur les bagarres
existantes et cherchons à appeler à des assemblées générales dans toutes les facs pour faire émerger des
dates de mobilisations nationales qui permettent aux universités mobilisées de briser l’isolement et de
donner confiance aux autres pour se joindre à la mobilisation.
Sur le plan des revendications, nous formulons des revendications immédiates pour les universités
mobilisées en chiffrant des rallonges budgétaires et des plans d’embauche de professeurs et de
personnels. Mais nous cherchons également à unifier les différentes universités mobilisées, en avançant
des revendications nationales comme le réinvestissement financier de l’Etat. Nous expliquons également
que les problèmes viennent des logiques des réformes universitaires antérieures, et défendons la mise en
place de mesures allant dans le sens inverse: un cadrage national des diplômes (du contenu des
formations et des droits étudiants), la fin de l’autonomie financière des universités et un fléchage des
budgets.
L’offensive globale que mène le gouvernement vis-à-vis de notre camp social entraine une simultanéité
des attaques à l’encontre des différents secteurs du monde du travail et de la jeunesse : validation des
plans de licenciements dans les entreprises, remise en cause des acquis sociaux et du code du travail,
réductions budgétaires dans l’éducation et la santé qui conduisent à une dégradation des conditions de
travail et des services publics. Les étudiants sont de jeunes travailleurs intellectuels en formation. Pour
cette raison, les attaques qui concernent les salariés aujourd’hui concerneront les étudiants demain,
lorsqu’ils entreront sur le marché du travail. Nous cherchons donc à expliquer que nos intérêts sont
communs avec ceux des travailleurs et qu’il est donc nécessaire de se battre tous ensemble, contre la
politique pro-patronale et austéritaire menée par le gouvernement.
Il faut donc nous appuyer sur toutes les initiatives qui existent (journées d’action posées par les syndicats
ou collectifs, date de grève dans un secteur, assemblées générales, etc.), pour tenter d’unir les étudiants
avec les autres secteurs mobilisés. Par exemple, la date interprofessionnelle du 9 avril contre la politique
du gouvernement doit être une priorité pour l’UNEF; notre objectif doit être de faire descendre
massivement les étudiants dans la rue et de convaincre le plus largement possible les étudiants de se
mettre en grève. Si ces dates sont des points d’appui déterminants, les mobilisations étudiantes, sans
attendre ces dates, peuvent donner confiance aux autres secteurs de la société pour lutter tous ensemble
contre les attaques gouvernementales. Nous pensons que seul un mouvement d’ensemble, une grève
majoritaire des jeunes et des salariés, à même de bloquer l’économie, permettra d’inverser le rapport de
force global dans la société.
IV. Un syndicat de masse utile au quotidien cherchant à transformer la société
Pour que l’UNEF progresse dans ses liens avec le milieu étudiant, les questions de structuration et de
fonctionnement ne doivent pas être considérées comme secondaires. Si avoir une politique adaptée à la
situation est fondamental, avoir un outil efficace qui permet de se donner les moyens de sa politique est
une nécessité. A l’heure où la direction du syndicat s’apprête à réformer le fonctionnement interne de
l’UNEF, il est nécessaire de revenir sur certains principes afin de voir quelles transformations sont
nécessaires.
A. Pour un syndicat qui œuvre à la transformation sociale de la société
1. Lutter contre les oppressions et lutter contre la division de notre camp social pour construire une
lutte d’ensemble
La crise économique et le contexte social actuels accélèrent la montée des idées réactionnaires. Les
classes dirigeantes s’appuient largement sur le racisme, le sexisme et l’homophobie pour diviser notre
camp social et limiter ses capacités de résistance aux politiques antisociales. La désignation de certains
groupes sociaux comme boucs émissaires, qui s’applique à l’heure actuelle très violemment aux
populations Roms et musulmanes en est la conséquence la plus visible. L’extrême droite s’appuie
d’ailleurs sur ces processus pour populariser son idéologie nauséabonde.
a) Combattre le racisme jusqu’au sommet de l’Etat
Dans la dernière période, en France et dans le reste de l’Europe, nous avons assisté à un développement
sans précédent de ces entreprises de division et de dénonciation, par le renforcement des politiques
racistes. La traque des sans-papiers et les reconduites à la frontière n’ont jamais été aussi nombreuses, et
le gouvernement de François Hollande a déjà réalisé plus d’expulsions que ne l’avait fait le gouvernement
Sarkozy.
Le gouvernement s’est également largement appuyé sur la théorie du choc des civilisations pour
stigmatiser les populations musulmanes et en faire des citoyens de seconde zone, notamment en
interdisant le voile à l’école - y compris pour les mères accompagnant les sorties scolaires- ou en
soutenant le licenciement de salariées voilées. Cette islamophobie d’Etat a ouvert la porte à la
multiplication des agressions à caractère raciste à l’égard des musulmans, notamment après les attentats
dramatiques des 7 et 8 janvier derniers. Cette traque d’un « ennemi intérieur et extérieur », auquel sont
amalgamées les populations musulmanes et issues de l’immigration, a pour objectif clair de justifier le fait
que ces populations subissent au quotidien la répression et la stigmatisation, mais aussi de justifier les
interventions impérialistes à travers le monde.
Le développement de thèses complotistes atteste également d’une montée d’un antisémitisme rampant,
comme en a attesté la tuerie de l’Hypercasher. La multiplication des agressions antisémites et des
attaques de cimetières juifs dans les derniers mois est également particulièrement inquiétante.
Le racisme anti-rom se manifeste également quotidiennement, avec les expulsions de camps par les
mairies, de droite comme de gauche, la multiplication des déclarations nauséabondes de la part de
certains élus, et des attaques de camps de Roms de la part des voisinages directs.
Le racisme est loin d’être absent des universités; les étudiants étrangers y subissent des discriminations
particulièrement fortes, notamment une sélection croissante à l’entrée du système universitaire français
par le biais de Campus France. Ils doivent également pouvoir justifier d’une certaine somme d’argent pour
bénéficier d’une inscription. En outre, le racisme des administrations conduit souvent à des refus
d’équivalence de diplômes étrangers particulièrement injustifiés. Le mot d’ordre 1 carte étudiant = 1 titre
de séjour, est loin d’être à l’ordre du jour pour le gouvernement de François Hollande, qui poursuit les
politiques racistes du gouvernement Sarkozy dans les universités notamment par sa réforme du CESEDA,
qui fait passer le délai d’appel suite à une OQTF d’un mois à une semaine. Nous devons exiger la
régularisation de tous les sans-papiers et tenter d’obtenir des titres de séjour pour tous les étudiants
étrangers, non pas en menant des campagnes au cas par cas, mais en nous appuyant sur l’action collective
des premiers concernés et la construction d’un rapport de force face aux présidences d’université et aux
préfectures.
b) La lutte pour les droits des femmes : une nécessité face à aggravation de la crise et la montée de l’ordre
moral
La crise économique a des conséquences violentes pour les femmes. Elles sont en effet davantage
touchées par le travail à temps partiel, par les licenciements et les contrats précaires. Elles sont également
contraintes de compenser la casse du service public en effectuant de manière gratuite les tâches de garde
d'enfants, de ménage, ce qui leur impose une double journée de travail. Dans les universités, les inégalités
entre femmes et hommes se manifestent également par une représentation inégale selon les fillières. Les
femmes sont notamment majoritairement représentées dans les UFR de lettres et de sciences humaines,
qui sont les plus touchés par les coupes budgétaires et par les fermetures d’options et de filières. Elles
doivent parfois composer entre vie de famille, professionnelle et étudiante, au détriment de leur
poursuite d'études. Les violences sexistes sont également présentes à l'université : harcèlement sexuel de
la part d’enseignants, discriminations dans les évaluations, campagnes sexistes des corporations
étudiantes... L'UNEF doit donner toute sa place à un combat féministe toujours d'actualité, en appelant à
des dates déjà existantes comme le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, mais aussi en
organisant des événements dans les facs (réunions d'information, conférences, rassemblements). Le
syndicat doit de plus se battre pour l'accès gratuit à la contraception dans les centres médicaux et
notamment universitaires, l'ouverture de crèches, de centres d'accueil pour les victimes de violences, et
contre la fermeture des centres IVG, provoquée par l’austérité.
Zoom sur la prise en compte des oppressions dans le syndicat :
L’UNEF, même si acteur du mouvement social, reste traversée par les mêmes phénomènes que le reste
de la société, et les oppressions ne s’arrêtent pas à sa porte. Nous devons combattre ces mécanismes
pour permettre l’inclusion de toutes et de tous; cela passe bien sûr par des cadres de formation, mais
ceux-ci ne peuvent être suffisants pour convaincre et transformer les comportements en son sein.
Aujourd’hui, l’organisation n’est pas dotée d’outils permettant de faire face aux oppressions racistes,
sexistes, homophobes etc., et qui permettraient de protéger les camarades victimes d’agressions. C’est
pourquoi nous devons mettre en place une commission paritaire, femme/homme mais aussi en terme de
tendances, réel outil au service des militant-e-s, qui soit chargée de statuer sur les cas d’agressions et qui
puisse proposer des sanctions, allant jusqu’à l’exclusion des agresseurs. La mise en place de “personnes
de confiance” par la direction du syndicat est loin d’être une réponse suffisante à ces questions
essentielles, parce qu’elle repose uniquement sur des individus, et ne permet donc ni une prise en charge
collective de problèmes qui concernent l’ensemble de l’organisation, ni un jugement objectif des cas
d’oppression, en dehors de l’idéologie dominante, et des rapports personnels entretenus entre les
camarades. De plus, la direction du syndicat ne propose pas que ces personnes dites “de confiance” soient
choisies par les militants ; celles-ci sont imposées, et non représentatives de l’ensemble du syndicat. Nous
devons pouvoir nous reposer sur un collectif, qui nous permette d’agir en lien avec le projet de
transformation sociale que nous défendons. Seules des discussions et un rapport clair, effectué par une
commission spécifique, nous permettront de mettre en pratique les valeurs féministes, anti-racistes, en
faveur des droits pour des LGBTI, que défendent l’UNEF.
c) Luttons contre la LGBTI phobie et exigeons l’égalité réelle !
L'ouverture du mariage aux couples homosexuels en 2013 a constitué une avancée. Cependant, la lutte
pour l'égalité des droits a entraîné une montée de la violence homophobe en retour. Le rapport de SOS
Homophobie, publié en mai 2014, pointait une très forte augmentation des actes homophobes. Le
gouvernement porte une responsabilité importante dans ce phénomène avec le recul sur la PMA, cédant
ainsi à la pression des réactionnaires, et accompagnant la multiplication des discours homophobes. Les
droits des personnes transgenres et transsexuelles ont en outre été totalement délaissés. Lutter contre
l'homophobie et la transphobie, qu'elle soit manifeste ou sous-jacente, est plus que jamais une nécessité
pour le syndicat, alors que la LGBTIphobie est une des premières causes de suicide chez les jeunes. L'UNEF
doit soutenir et relayer les revendications LGBTI, en organisant la sensibilisation sur les facs, mais aussi en
participant à des manifestations comme la Marche des Fiertés, et à des événements comme la Journée
contre la transphobie, le 17 mai.
2. Un syndicat internationaliste
L’UNEF doit assumer d’être un syndicat internationaliste, comme elle a pu l’être par le passé, faisant le
lien dès que nécessaire entre son combat et celui des étudiants ailleurs dans le monde. C'est en effet lors
de son engagement pour la défense des peuples opprimés au moment de la guerre d'Algérie (appel à la
désobéissance civile pour les jeunes français), que notre organisation est devenue ce qu'elle est
aujourd'hui. Alors que les guerres impérialistes font rage, un syndicat internationaliste et anti-impérialiste
est d’une nécessaire actualité.
L’impérialisme se caractérise par l’intervention d’une puissance étrangère hors de ses frontières pour
trouver de nouveaux débouchés, pour bénéficier de faibles prix sur les matières premières ou pour
contrôler des lieux stratégiques économiquement. De telles exactions ont des conséquences désastreuses
pour les sociétés et donc bien évidemment sur les conditions de vie et d’étude des étudiants de ces pays.
Nous devons revendiquer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et combattre toute invasion
impérialiste surtout lorsqu’il s'agit des troupes françaises. Les étudiants dans les pays en guerre sont
souvent à la pointe des combats politiques. L'UNEF doit participer à la construction d’un mouvement
contre les guerres impérialistes aux côtés des organisations existantes afin de fédérer l'ensemble de la
jeunesse autour de ce combat.
Être internationaliste, c’est être convaincu que les luttes démocratiques, féministes et écologistes ne
peuvent être menées que par les peuples eux même et refuser toute intervention armée.
Depuis le dernier congrès la France a continué de multiplier les interventions militaires toujours au nom
de la lutte contre le terrorisme, aidée par le développement de l’islamophobie dans nos frontières et en
dehors. En Irak notamment, les grandes puissances déstabilisent la région depuis la 1ère guerre du Golf en
1991. C’est de leurs responsabilités si l’état islamique a pris le contrôle d’une partie du pays. L’ingérence
de l’OTAN a entraîné une division de la population irakienne. L’objectif de l’OTAN est donc de mettre en
place un gouvernement qui servira leurs intérêts et non pas ceux de la population locale. Nous pensons
que l’UNEF doit entretenir des liens de solidarité avec les mouvements progressistes qui s’opposent à
l'ingérence occidentale, en participant aux mouvements contre la guerre. Nous pensons que le
gouvernement ferait mieux d’investir dans les universités, les lycées qui courent vers la ruine, plutôt que
de dépenser des millions pour protéger les intérêts financiers d’une minorité.
3. Pour un syndicat écologiste
L’UNEF, en tant que syndicat de transformation sociale, ne peut laisser les questions écologistes de côté;
elles sont partie prenante des mouvements sociaux partout dans le monde aujourd’hui, et ont un lien
direct avec la question de la transformation de la société. Le syndicat doit pouvoir s’engager au côté des
mobilisations contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, ou de manifestations sur le climat comme le
21 septembre dernier, manifestation qui s’est déroulée dans le même temps à Paris et dans de
nombreuses villes dans le monde.
La question de la transition écologique, parce qu’elle met en jeu la question des rapports entre pays en
voie de développement et pays dits « développés », mais aussi entre intérêts des populations et intérêts
des multinationales, est en effet objet de luttes sociales larges dans de nombreux pays. C’est notamment
pour cette raison qu’il paraît nécessaire que l’UNEF rejoigne le Réseau COP21, coalition d’organisations
syndicales et associations visant à préparer la mobilisation autour du sommet mondial sur le climat en
décembre 2015 à Paris, et prenne toute sa place dans les mobilisations écologistes, quelle que soit leur
échelle.
B. Pour un syndicat indépendant, démocratique et unitaire
Une forme de rejet des organisations traditionnelles et notamment des syndicats est à l’oeuvre
aujourd’hui dans le milieu étudiant comme dans le reste de la société, avec moins de 1% des étudiants
syndiqués à l’UNEF. Les problèmes de la démocratie interne et de la réunification syndicale doivent donc
se poser plus que jamais.
1. Un syndicat ouvert, démocratique et de masse
Regrouper les différents courants du mouvement étudiant est un enjeu majeur du renforcement du
syndicalisme étudiant et de la reconstruction des capacités de résistance de notre milieu. Pour cela,
l’UNEF ne pourra faire l’économie d’une profonde rupture démocratique. Si le droit de tendance est
aujourd’hui une garantie élémentaire de démocratie, il ne suffit pas à régler l’ensemble des problèmes de
démocratie interne.
Tout militant de l’UNEF doit pouvoir s’exprimer et peser sur l’orientation du syndicat. Les tendances
minoritaires du syndicat doivent avoir accès au fichier national des adhérents, et être en capacité de
s’adresser à l’ensemble du syndicat. C’est à tous les militants de mener l’activité du syndicat, et pas
seulement à ceux appartenant à la tendance majoritaire sur une AGE. Pour cela, l’accès au local,
l’organisation de collectifs d’AGE hebdomadaires sont indispensables. Les collectifs d’AGE hebdomadaires
doivent pouvoir décider de l’activité de la semaine, discuter des tracts et de leur contenu. Des AG des
adhérents devraient être mises en place une fois par semestre minimum, permettant à l’ensemble des
adhérents localement de décider collectivement des campagnes du syndicat mises en place localement.
Au niveau national, toutes les tendances doivent pouvoir soumettre au vote leur texte d’orientation. De
même, le mode de calcul des mandats pour le congrès doit être modifié pour garantir à l’ensemble des
adhérents l’égalité dans leur vote; comment justifier que dans une AGE de 600 cartes le vote d’un
adhérent pèse plus que dans une AGE de 200 cartes ? Chaque adhérent doit compter pour une voix et un
mandat.
2. Un syndicat indépendant
L’indépendance syndicale ne signifie pas l’absence de réflexion ou d’engagement politique. Simplement,
elle implique que les choix d’orientation syndicaux soient décidés démocratiquement dans les cadres de
l’organisation et uniquement dans ceux-ci.
Mais c’est aussi de l’indépendance vis à vis des institutions, des partis et des universités dont il est
question. Aujourd’hui, dans le cadre de la réforme du syndicat, la direction du syndicat nous propose de
trouver des financements auprès des régions, de certaines institutions, et des universités. Nous pensons
au contraire qu’il est primordial d’être indépendant de toutes les institutions, de manière à représenter
au mieux les intérêts des étudiants. Pour cela, nous avançons la nécessité de syndiquer largement, avec
une cotisation réellement versée de 20€, pour permettre de financer les activités du syndicat. Nous ne
rejetons pas les FSDIE qui peuvent permettre de financer de manière occasionnelle certaines campagnes.
Le reste de notre activité doit pouvoir dépendre exclusivement des cotisations syndicales.
De la même façon, nous nous opposons à ce que le syndicat trouve des financements par le biais de
collaboration avec des organismes à but lucratifs, tels que des préparations privées au concours ou encore
des entreprises proposant des réductions aux étudiants; notre financement doit pouvoir s’affranchir des
intérêts privés et sectoriels de façon à défendre au mieux et en toute indépendance les intérêts matériels
et moraux des étudiants.
Voter pour la tendance Action collective et luttes étudiantes, c’est voter pour :
● Une UNEF qui place au cœur de sa stratégie syndicale l’action collective des étudiants, leur auto-
organisation pour résoudre les problèmes du quotidien
● Une UNEF qui combat les réformes libérales de l’ESR et revendique : l’abrogation de la loi Fioraso,
l’arrêt des regroupements, la fin de l’autonomie budgétaire des universités et un financement
100% public des universités à hauteur des besoins.
● Une UNEF qui s’appuie sur des revendications d’urgence pour les étudiants et les jeunes, qui les
porte lors des élections universitaires et aux CROUS et dans les mobilisations, et les articule avec
un projet global pour l’enseignement supérieur et la société
● Une UNEF qui bataille contre la dégradation des conditions de vie des étudiants et qui réclame la
mise en place d’un réel pré-salaire d’autonomie