Socialisme et mouvement ouvrier

Socialisme communisme et syndicalisme en Allemagne

depuis 1875

Introduction: Pendant la « révolution » industrielle, l’industrialisation, l’essor du capitalisme et du libéralisme engagent les classes ouvrières à s’organiser. Des revendications naissent aboutissant à des luttes ouvrières. Celles-ci s’appuient sur des idéologies diverses issues du socialisme. Toutefois, les courants socialistes sont très diversifiés, des ruptures apparaissent.

Plusieurs problématiques Quel est le rôle des différents socialismes dans la formation d’une classe ouvrière? Quelles actions politiques? Syndicales? Faut-il engager des actions révolutionnaires ou accepter des réformes et participer au gouvernement? Comment les différents contextes historiques de l’Allemagne ont-ils transformé les socialismes et les mouvements ouvriers? Mais pourquoi l’Allemagne?

« Le mouvement ouvrier rassemble les acteurs sociaux: organisations politiques, syndicats, coopératives, individus, journaux qui placent leurs espoirs de transformation sociale dans l’action collective des ouvriers, des travailleurs, des dominés. Ce sont tous ceux qui créent les actions intellectuelles, culturelles, matérielles de l’action et de la structuration du mouvement. »

Otto GRIEBEL (1875-1972), L’Internationale (1928-30), 123x183 cm,

Deutsches Historisches Museum, Berlin

• L’Internationale est une huile sur toile de 129 x 189 cm qui représente des

hommes et des femmes de différentes nationalités en train de chanter le chant

révolutionnaire du même nom. Son auteur, l’artiste allemand Otto Griebel

(1895-1972), est membre actif du parti communiste allemand (KPD) depuis

1919 et appartient au groupe des « réalistes prolétariens », une des expressions

de la peinture allemande de la « nouvelle objectivité » (qui désigne aussi la

nouvelle architecture ou la littérature en vogue) dont le but est le règne des

faits. C’est donc un des principaux représentants du néoréalisme qui dénonce

les inégalités sociales dans l’Allemagne de la République de Weimar où se

développement intensément les arts et l’engagement des artistes et où

s’affrontent socialistes et communistes.

• Le contexte de la fin des années vingt et le début des années trente est marqué

par l’essor de l’URSS, modèle des communistes européens, et le début d’une

crise économique et financière sans précédent, partie des Etats-Unis, et qui

touche avec une grande violence l’Europe et en particulier l’Allemagne. Dans

ce pays, sous le régime républicain, le sort des ouvriers s’améliore avec un

SPD qui participe aux gouvernements de coalition ou apporte son soutien et

contrôle les syndicats socialistes. Au contraire, le parti communiste allemand

(KPD) est un farouche opposant : il contribue à affaiblir le régime.

Parallèlement, les nationaux-socialistes (parti nazi) ne cessent de progresser

Approfondissement

Pourquoi l’exemple de l’Allemagne?

-Berceau du marxisme

-Une grande puissance industrielle avec un grand

nombre d’actifs ouvriers.

-L’opposition voire l'affrontement entre les

réformistes du marxisme et les révolutionnaires

pro-marxistes y est particulièrement marqué.

Suite

- Des régimes politiques très diversifiés

- Idées socialistes qui vont permettre de mettre en

place une législation sociale précoce.

- Des syndicats puissants.

Il faut souligner les spécificités de l'Allemagne

mais il est possible de mettre en évidence les

caractéristiques majeures du mouvement ouvrier

en Europe à partir de l’exemple allemand.

Des dates clés: fiche

-1875: congrès de Gotha = unification des mouvements

socialistes en Allemagne.

- 1891: congrès d’Erfurt = naissance du SPD

- 1918-1919: naissance du KPD / révolution allemande /

assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.

- 1933: KPD et SDP interdits. Un syndicat unique.

- 1949: naissance de la RFA puis RDA rappels

-1959: congrès de Bad Godesberg / le SPD abandonne la

référence au marxisme et reconnaît l’économie de

marché.

- 1989 1990 rappels

I Socialisme et syndicalisme allemands jusqu’en 1914

1) L’essor des mouvements ouvriers et des socialismes

pendant la révolution industrielle

-De mauvaises conditions de travail, aspirations à

une société plus juste.

- Socialisme européen avec Karl Marx et

Friedrich Engels qui prônent la lutte des classes.

En Allemagne August Bebel et Wilhelm

Liebknecht se rapprochent des idées marxistes et

révolutionnaires.

-Un autre socialisme existe plus réformiste avec

Ferdinand Lassalle qui s’appuie sur le suffrage

universel.

Les mêmes débats agitent la France, rappels

1ère.

Epoque de la commune: Adolphe Blanqui,

Jules Guesde, Gambetta….

Etude de documents + livre page 88: le congrès de

Gotha en Thuringe en 1875 et textes

complémentaires.

Le contexte historique à la fin du XIXème siècle

Guillaume1er et Bismarck

Manuel Magnard

1870 1888

Manuel Magnard

Friedrich Engels

1820/1895

Contrer le libéralisme

bourgeois

Karl Marx (1875). Philosophe et économiste socialiste allemand. Co-auteur du Manifeste du Parti communiste (1848), fondateur de la Première Internationale (1864) et de la doctrine marxiste.

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Idéologie socialiste (marxiste) : principes de la lutte des classes

(moteur de l’histoire selon Karl Marx), de la révolution comme

moyen de conquérir le pouvoir, de solidarité entre les ouvriers

(internationalisme). Le but est de mettre en place une société sans

Etat et sans classes (le communisme) en passant par une phase

révolutionnaire (phase dite socialiste et dictature du prolétariat).

Ce mouvement socialiste se divise, dès son origine, entre socialistes

réformistes et communistes révolutionnaires.

Rappel synthèse simplifiée et rapide du marxisme,

fiche distribuée en cours

Phase 3 jamais atteinte

Vous aviez raison, j’ai changé les numéros des

phases, c’est plus clair pour vous

Parti communiste

Futur SPD en 1891

Les partis sociaux démocrates en Allemagne

Lassalle

Bebel et Liebknecht

1891

Le SPD

Etude des deux textes dans le manuel pages

88/89 sur le programme de Gotha en 1875 et

le programme d’Erfurt en 1891, textes qui

peuvent tomber au baccalauréat.

Gotha et Erfurt dans l’Empire allemand (1871-1918)

EMPIRE DE RUSSIE

EMPIRE AUSTRO-HONGROIS

SUISSE

ROYAUME D’ITALIE

FRANCE

ROYAUME DE

BELGIQUE

ROYAUME DES PAYS-BAS

ROYAUME DE DANEMARK ROYAUME DE SUÈDE

L.

LUX.

Mer du Nord Mer Baltique

Berlin

Munich

Dantzig

L.: LIECHENSTEIN LUX.: LUXEMBOURG

L’Empire allemand (1871-1918)

Gotha Erfurt

L’Allemagne aujourd’hui

100 km

N

Mayence

Sarrebruck

Stuttgart

Munich

Kiel

Schwerin

Brême

Potsdam

Magdebourg

Hanovre

Düsseldorf

Berlin

Dresde Erfurt

Wiesbaden

FRANCE

AUTRICHE

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

POL.

LUX.

BELGIQUE

PAYS - BAS

DANEMARK

LUX. : LUXEMBOURG POL. : POLOGNE

SCHLESWIG - HOLSTEIN

MECKLEMBOURG

BASSE - SAXE

RHÉNANIE– DU–NORD-

WESTPHALIE

HESSE

RHÉNANIE- PALATINAT

SARRE

BADE-WURTEMBERG

BAVIÈRE

THURINGE SAXE

BRANDEBOURG SAXE-

ANHALT

Mer du Nord

Mer Baltique

SUISSE

Hambourg

- En 1875, lors du congrès de Gotha, les deux partis socialistes

allemands (celui de Lasalle et celui de Liebknecht et Bebel) s'unissent

pour donner naissance à une formation qui prend le nom de SPD en

1891.

SPD = Sozialdemokratische Partei Deutschlands, soit le parti

social-démocrate allemand.

- C’est le 1er parti de masse européen, avec 1 million d’adhérents.

Son organisation, très structurée, sera un modèle pour les autres partis

socialistes européens.

- En 1891, pendant le Congrès de Erfurt l’adhésion officielle du

SPD au marxisme est proclamée.

Pourtant la principale caractéristique du SPD depuis ses origines est

la contradiction entre un programme officiel marxiste et une

politique pratique beaucoup moins radicale (« révisionnisme »).

Synthèse SPD étude pages 88 89

Gotha 1875 : Des propos révolutionnaires mais des propositions

réformistes.

Erfurt 1891 : conjuguer marxisme, parlementarisme et amélioration

de la condition ouvrière.

Un modèle d’affirmation pour les socialistes européens (Jaurès)

Les années 1890 sont marquées par un long débat

sur la question de savoir si une réelle amélioration

de la situation des travailleurs peut être atteinte

uniquement par une révolution socialiste ou

également par des réformes dans le cadre d'un

Etat démocratique…

Combattre le socialisme

Caricature du journal satirique

britannique Punch, 1878.

Bismarck

s'efforçant de mettre "le diable

socialiste en boîte". Source: Wikimedia Commons Unbekannter Karikaturist des Punch

- Répression contre les socialistes et les syndicats,

censure instaurée en 1878.

- Lois sociales accordées pour anticiper des conflits

sociaux, mise en place d'une législation sociale dans les

années 1880 et 1890. Lois sociales de Bismarck

1869 limitant à 6h durée travail enfants.

1883 caisses assurance maladies car faiblesses des caisses de

secours des ouvriers.

1884 indemnisation accidents du travail.

1889 retraite à 70 ans.

1890 durée travail des femmes limitée à 10h/jour, 1891 repos

hebdomadaire.

Mais les idées des sociaux démocrates en Allemagne se renforcent

ainsi qu’en Europe.

Guillaume II

R

Source: J-P Gougeon, La social-démocratie allemande, 1830-1996, De la révolution au réformisme, Aubier Histoires, 1996.

Le SPD devient un parti de masse

Nombre d’adhérents du SPD et de la SFIO (1906-1914)

Rappel: la SFIO

Devenir un parti de masse

Résultats électoraux du SPD aux élections législatives du Reichstag (1871-1912)

Source: J-P Gougeon, La social-démocratie allemande, 1830-1996, De la révolution au réformisme, Aubier Histoires, 1996.

2) Un syndicalisme qui soutient le SPD et

vis versa, étude pages 90/91

Le SPD est proche des syndicats et gagne ainsi de

l'influence parmi les ouvriers.

Les syndicats, de branche en Allemagne (ex/

métallurgie, chimie…) autorisés dès 1869,

coopèrent étroitement avec le SPD, qui les soutient

parfois financièrement.

Ils comptent 2,4 millions d’adhérents en 1911.

Un syndicalisme de négociation et de cogestion.

Manuel Magnard

L’action syndicale : les

syndicats agissent dans le

cadre de l’entreprise pour

obtenir l’amélioration des

conditions de travail des

ouvriers.

La grève, l’arme syndicale majeure

Ouvrières du textile en grève, aux revendications sociales annoncées sur le bandeau "Combat pour la

journée de dix heures, vive la solidarité", Crimmitschau (Saxe, 1904).

Source: Wikimedia Commons Machahn

Robert Koehler, La Grève, 1886. Cette oeuvre illustre la difficile lutte ouvrière en

Allemagne à la fin du XIXè siècle.

Source: Wikimedia Commons www.dhm.de

La cogestion

Bilan partiel synthèse

- Essor du socialisme et du mouvement ouvrier liés à

l'industrialisation

- L'idéologie socialiste a pour objectif l' amélioration

de la condition ouvrière en luttant contre le capitalisme

et le libéralisme économique.

- Mais divergences sur les moyens, négociations ou

révoltes voire révolutions?

Les questions qui traversent le SPD et le syndicalisme

en Allemagne se retrouvent dans tous les pays

européens.

3) Des querelles entre révisionnistes et révolutionnaires

marxistes textes page 89

Les révisionnistes Les révolutionnaires

marxistes influencés par la

révolution russe de 1917

Eduard Bernstein

Il faut réviser la doctrine

marxiste, il ne croit pas dans

l’effondrement du capitalisme.

Pour des réformes progressives

favorisant l’apparition d’une

classe moyenne.

Rosa Luxemburg et Karl

Liebknecht exclus SPD créent Ligue

spartakiste en 1905 KPD parti

communiste 1919 qui adopte

l’approche « classe contre classe »

rejetant socialistes comme « avant-

garde fasciste ».

1904 : congrès d’Amsterdam, les

Européens sont partagés entre

stratégie socialiste de coalition et

révolution communiste.

Approfondissement

Manuel Magnard

Par ailleurs : un très beau film de Margarethe Von

Trotta : Rosa Luxemburg

II 1914 1945 Socialisme et communisme entre les deux

guerres, que devient le monde ouvrier?

1) L’union sacrée pendant la guerre

Le SPD se rallie à la guerre

2) Le SPD au pouvoir en 1919 la République de

Weimar

Une démocratie parlementaire se met en place avec

trois partis politiques principaux, le Zentrum, les

libéraux et les sociaux-démocrates (SPD). Le KPD

est dans l’opposition avec ses 300 000 adhérents.

La République de Weimar prend des mesures

importantes comme la journée de 8 heures et les

conventions collectives.

Mais l’opposition s’organise dès janvier 1919

contre la République de Weimar.

Étude pages 94/95

L'insurrection « spartakiste » se déclenche le 5

janvier 1919, le mouvement échoue, et la

répression est sanglante organisée par la nouvelle

République de Weimar.

Rosa Luxemburg est arrêtée avec Karl Liebknecht le soir du 15

janvier 1919, puis assassinée dans la nuit par une unité de Corps

Francs, sur ordre de Gustav Noske « commissaire du peuple »

social-démocrate chargé de la répression de l'insurrection.

Manuel Magnard

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=INTjCj3Ogas

Manuel Magnard

Le SPD garde encore quelques références au

marxisme et devient un parti des gouvernements de

coalition.

-Dans le pays, le SPD compte environ 1 million de

membres, contrôle les syndicats et les coopératives.

-Il est bien évident que tout volonté révolutionnaire

marxiste l’a abandonné.

Karl Kautsky grande figure du SPD dans les années 20

Il reproche au pouvoir

bolchevique d'être une

dictature dont il

estime la politique

arbitraire et anti-

démocratique.

Le KPD, commence à décliner à partir de 1925.

Les communistes allemands restent intransigeants

sur la doctrine marxiste.

En 1928, ils adoptent sous l’influence du Kominterm,

la tactique « classe contre classe » et pratiquent une

politique d’attaques très dures contre les socialistes,

aucune union n’est possible face à la montée du

nazisme.

3) Les échecs face au nazisme, des ouvriers attirés par

le NSDAP étude pages 96/97

Le SPD et le KPD dirigé par Ernst Thälmann sont

incapables de se réconcilier face au nazisme.

Sous le nazisme tous les partis et les syndicats sont

interdits (incendie du Reichstag, communistes

accusés…)

Répression contre les leaders communistes et

syndicalistes envoyés dans les camps de concentration.

Le front du travail encadre les ouvriers dans l’Allemagne nazie

Manuel Magnard

Manuel Magnard

Gustav Bauer, Hermann Müller,…

54

Interner les opposants politiques du SPD et du KPD

Les socialistes sous le nazisme.

Internement des

membres du SPD dans le

camp d'Oranienburg

en 1933.

Source: Wikimedia Commons Bundesarchiv

Ernst Thälmann

Approfondissement

Durant « l'année terrible », en réalité les cinq mois

de février à juin 1933, 100 000 opposants politiques

(des socialistes et surtout des communistes) sont

arrêtés.

27 000 d'entre eux sont enfermés, après ou sans

jugement, dans des camps de concentration à des fins

de « rééducation ».