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énergiesmarinesrenouvelables
Potentiels en énergies marines de la façade Aquitaine
RAPPORT de CONSULTATION
M
ARS /
201
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Synthèse de la consultation menée d’octobre 2012 à janvier 2013 par le
GIP littoral aquitain
Financement du Conseil Régional d’Aquitaine.
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Sommaire
Introduction ........................................................................................................................... 5
1 | Consultation des élus et techniciens du littoral aquitain .................................................... 6
1.1 | Liste des acteurs consultés ........................................................................................ 6
1.2 | Mode de consultation ................................................................................................. 7
1.3 | Contenu des échanges .............................................................................................. 7
1.4 | Questionnements ......................................................................................................30
1.5 | Préconisations du groupe d’acteurs ..........................................................................32
2 | Consultation des associations environnementales ...........................................................33
2.1 | Liste des acteurs consultés .......................................................................................33
2.2 | Mode de consultation ................................................................................................33
2.3 | Contenu des échanges .............................................................................................33
2.4 | Questionnements ......................................................................................................33
2.5 | Préconisations du groupe d’acteurs ..........................................................................34
3 | Consultation des acteurs économiques ...........................................................................35
3.1 | Liste des acteurs consultés .......................................................................................35
3.2 Mode de consultation ..................................................................................................35
3.3 Contenu des échanges ...............................................................................................35
3.4 | Questionnements ......................................................................................................38
3.5 | Préconisations du groupe d’acteurs ..........................................................................42
4 | Consultation des acteurs de la recherche ........................................................................43
4.1 | Liste des acteurs consultés .......................................................................................43
4.2 | Mode de consultation ................................................................................................43
4.3 | Contenu des échanges .............................................................................................43
4.4 | Questionnements ......................................................................................................43
4.5 | Préconisations du groupe d’acteurs ..........................................................................43
5 | Consultation des usagers ................................................................................................44
5.1 | Liste des acteurs consultés .......................................................................................44
4
5.2 | Mode de consultation ................................................................................................45
5.3 | Contenu des échanges .............................................................................................45
5.4 | Questionnements ......................................................................................................45
5.5 | Préconisations du groupe d’acteurs ..........................................................................45
6 | Consultation des professionnels de la mer ......................................................................46
6.1 | Liste des acteurs consultés .......................................................................................46
6.2 | Mode de consultation ................................................................................................46
6.3 | Contenu des échanges .............................................................................................46
6.4 | Questionnements ......................................................................................................46
6.5 | Préconisations du groupe d’acteurs ..........................................................................46
Conclusion ...........................................................................................................................47
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Introduction Le présent document rapporte le contenu des échanges, les principaux questionnements
des différents groupes d’acteurs qui ont été consultés depuis octobre 2012 dans le cadre de
la consultation sur les résultats de l’étude des potentiels en énergies marines de la façade
aquitaine. Il vient donc conclure la phase de consultation prévue par le conseil
d’administration du Groupement d’Intérêt Public Littoral Aquitain le 8 octobre 2012 dans le
cadre de l’étude Energies Marines Renouvelables menée sur la période 2011 - 2012. Cette
étude, financée par le Conseil régional d’Aquitaine, réalisée par le bureau d’études Artélia et
pilotée par le GIP littoral aquitain, avait pour but d’identifier les gisements naturels en
énergies marines sur le littoral aquitain, et de constituer une base de connaissances pour le
partenariat littoral, préfigurant ainsi les phases ultérieures de déploiement.
Conscient de la nécessité de produire un document intelligible pour chacun et facilement
mobilisable, le GIP littoral aquitain a entrepris de réaliser une note de synthèse de l’étude
Artelia1, document autour duquel l’ensemble de la consultation s’est ensuite articulée.
Conformément à ce qui avait été acté en conseil d’administration, le GIP littoral aquitain a
donc animé une période de consultation entre octobre 2012 et janvier 2013 à destination de
l’ensemble des acteurs, usagers et gestionnaires du littoral aquitain, selon les modalités
prévues dans la délibération du 8 octobre 2012. La journée énergies marines du 9 novembre
2012 constitue le point de départ de cette phase de consultation. Elle a réuni plus de 80
personnes autour de cette thématique (élus et techniciens des collectivités littorales
principalement), et ce pour la première fois en Aquitaine.
Le GIP littoral aquitain a par ailleurs animé plusieurs réunions de présentation et d’échanges
autour des résultats de l’étude, garantissant ainsi à l’ensemble des membres et partenaires
un niveau d’information similaire. Ces réunions ont mobilisé les acteurs économiques
(agences de développement économique du territoire, services développement économique
des collectivités membres et entreprises susceptibles d’intégrer la chaîne de valeurs EMR en
Aquitaine), ainsi que les principales associations environnementales d’Aquitaine susceptibles
de relayer l’information localement. Les usagers du littoral (associations locales,
professionnels de la mer, professionnels du tourisme) ont également été consultés ainsi que
les acteurs du monde de la recherche, par le biais d’une consultation écrite sur la base de la
note de synthèse. Le GIP littoral aquitain a également consulté le Comité Régional de la
Pêche et des Elevages Marins (CRPMEM), au travers d’une première présentation lors d’un
conseil d’administration du CRPMEM à Arcachon le 19 octobre 2012.
Le présent rapport centralise donc toutes les informations relatives à cette phase de
consultation. Pour chacun des groupes d’acteurs consultés sont ainsi présentés :
la liste des acteurs consultés ;
le mode de consultation ;
le contenu des échanges ;
les principaux questionnements du groupe d’acteurs ;
les préconisations du groupe d’acteurs.
1 Note de synthèse téléchargeable sur le site internet du GIP littoral aquitain
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1 | Consultation des élus et techniciens du littoral aquitain L’organisation de la consultation en direction des élus et techniciens du littoral aquitain s’est
appuyée sur une journée thématique sur les énergies marines. Cette journée de présentation
et d’échanges a permis de profiter de retours d’expérience hors Aquitaine, et de compléter
les connaissances sur les opportunités de développement de la filière EMR dans la région.
Réservée aux élus et techniciens des collectivités, aux services de l’Etat du littoral aquitain,
et aux membres du conseil d’orientation du GIP, la rencontre a mobilisé 80 participants.
1.1 | Liste des acteurs consultés
Les élus et techniciens du littoral aquitain et les membres du comité de pilotage de
l’étude :
Conseil régional d’Aquitaine ;
Services de l’Etat : SGAR, Direccte, DREAL, DIRM SA, DDTM de la Gironde, des
Landes et des Pyrénées Atlantiques ;
Conseil Général de la Gironde, des Landes et des Pyrénées Atlantiques ;
Communautés de communes et Communautés d’agglomération du littoral aquitain ;
Communes du littoral aquitain ;
Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon ;
Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde ;
Agence des aires marines protégées ;
Comité scientifique de l’étude : CESER Aquitaine, CETMEF, CETE sud ouest, OCA,
RRLA, ADEME, IFREMER, GIP Atgeri.
Les membres du conseil d’orientation du GIP littoral aquitain :
Institutions : Conservatoire du littoral, Agence de l’eau Adour Garonne, BRGM, ONF,
Conseil économique, social et environnemental régional, Port de Bordeaux, Port de
Bayonne, Union régionale HLM, Agence d’urbanisme de Bordeaux, Agence
d’urbanisme Atlantique Pyrénées ;
Associations : SEPANSO, SURFRIDER, LPO, Aquitaine Alternative, Fédération
régionale des chasseurs, CROSS, Le Festin, Comité régional du tourisme aquitain,
Association des ports de plaisance de l’Atlantique, Union nationale associations
tourisme et plein air ;
Représentations professionnelle et économique : Chambre régionale commerce et
industrie, Chambre régionale d’agriculture, Chambre régionale des métiers,
Fédération régionale hôtellerie plein air, Union des métiers de l’industrie hôtelière,
Fédération des industries nautiques, Fédération des industries du bois d’Aquitaine,
Centre régional de la propriété forestière, Section régionale conchylicole, Comité
régional des pêches maritimes et des élevages marins ;
Experts : Observatoire de la côte aquitaine, Réseau de recherche littorale aquitain,
Institut des milieux aquatiques, Conseil scientifique régional de protection de la
nature, Conservatoire botanique, IFREMER , Atout France, GIP Pays et Quartiers
d’aquitaine, GIP Aménagement du territoire et gestion des risques ;
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Formation : Lycée de la Mer Ciboure, Lycée de la Mer Gujan Mestras, Ecole hôtelière
Biarritz.
1.2 | Mode de consultation
Organisation d’une journée d’information le 9 novembre 2012 à Bayonne.
Programme de la journée :
Ouverture par Monique De Marco, Vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine
Présentation des résultats de l’étude sur les potentiels en énergies marines par
Sébastien Ledoux et David Chotard, bureau d’études Artelia
Table ronde sur les compétences et implications sur les EMR en présence de :
Renaud Lagrave, GIP littoral aquitain - Peggy Kancal, Conseil régional d’Aquitaine -
Marie-Christine Aragon, Conseil général des Pyrénées-Atlantiques - Jean Marie
Coupu, DIRM SA – Christophe Commenge, DREAL Aquitaine
Clôture de la Matinée par Renaud Lagrave, Président du GIP littoral aquitain
Présentation du parc hydrolien de Paimpol-Bréhat, par Danielle Brezellec - Maire de
Ploubazlanec, Yannick Hemeury - Vice-président du comité départemental des
pêches des Côtes d’Armor
Présentation des projets menés au Pays Basque espagnol, par Julien Mader – AZTI
Projet du port de Brest, par Jean-Jacques Le Norment - Conseil régional de Bretagne
Conclusion sur les enjeux liés à l’acceptabilité des projets par Jean Louis Martres,
CESER Aquitaine
La journée a été animée par Marc Lafosse, membre administrateur de France Energies
Marines (FEM).
1.3 | Contenu des échanges
Les présentations faites durant cette journée EMR du 9 novembre sont disponibles sur le site
internet du GIP littoral aquitain.
1.3.1 Ouverture par Monique De Marco, Vice-présidente Conseil régional
d’Aquitaine
Je vous remercie d’avoir répondu présent pour cette journée thématique sur les énergies
marines organisée par le GIP littoral aquitain. J’ai l’honneur d’ouvrir cette conférence qui
s’inscrit dans un cadre précis, celui du programme de consultation sur les résultats de l’étude
visant à identifier les potentiels en énergies marines.
Dans un contexte mondial visant à réduire l’utilisation des énergies fossiles au profit des
énergies renouvelables, la France possède au sein de ses territoires un nombre important
de gisements potentiels d’énergie renouvelable, à terre, mais aussi en mer. Bénéficiant d’un
linéaire côtier de près de 4 731 km (3 427 km pour la seule France métropolitaine), la France
présente le second espace maritime mondial, avec 11 millions de km², juste derrière les
Etats Unis. Dans le cadre des démarches nationales visant à atteindre la part de 23%
d’énergies renouvelables dans la consommation globale à l’horizon 2020, la Région
Aquitaine semble présenter un intérêt majeur, puisqu’elle présente un littoral de près de 456
km (estuaires compris), ouvert sur le second océan mondial en terme de superficie, derrière
l’océan Pacifique. Ce constat a conduit les pouvoirs publics, au premier rang desquels le
conseil régional d’Aquitaine, à initier une vaste étude sur les potentialités d’usage des
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énergies marines renouvelables en Aquitaine, afin de pouvoir dégager quelques éléments
prospectifs en la matière.
Le 7 mars 2011, le Conseil régional d’Aquitaine à donc sollicité le GIP littoral aquitain afin de
porter et d’animer une étude sur les potentialités en énergie marine en Aquitaine. Le GIP,
par sa composition partenariale (services de l’Etat et collectivités) semblait effectivement être
la structure la mieux à même de porter une telle démarche. Le 4 mai 2011, le conseil
d’administration du GIP a validé cette démarche, et a constitué un comité technique et
scientifique regroupant l’ensemble des membres et partenaires. La première mission de ce
groupe a été de rédiger collectivement un cahier des charges. Le bureau d’études Artelia a
été retenu pour réaliser cette étude, et nous a présenté le 10 septembre dernier les résultats
finaux, résultats que nous allons vous communiquer à l’occasion de cette journée.
Réalisée sur 10 mois, cette étude avait pour but de déterminer de façon exhaustive
l’ensemble des potentialités du littoral aquitain en énergies marines, sans présumer dès le
départ de l’intérêt supposé d’une technologie par rapport à une autre. S’appuyant sur une
solide analyse de tous les facteurs climatologiques concernés (le vent, les marrées, la houle,
la bathymétrie…), le bureau d’études a analysé finement les potentialités du territoire au
regard de chacune des technologies existantes, quelles que soient leur degré de maturité ou
encore leur possibilité technique d’implantation. Il s’agissait là d’analyser très en amont les
potentialités, mais aucunement de réaliser une étude préimplantatoire. Il est nécessaire de
rappeler aujourd’hui, et ce avant même la présentation des résultats de l’étude, que cette
étude s’est inscrite dans une dynamique de développement des énergies marines en
constante évolution sur le plan national, comme en témoignent les projets présents sur la
façade atlantique et sur le littoral de la Manche. Certains de ces projets vous seront d’ailleurs
présentés au cours de la journée, et constitueront un retour d’expérience précieux, tant sur le
plan technique que sur le plan institutionnel. Aujourd’hui donc, cette étude est finalisée, les
élus membres du GIP littoral aquitain, dont le conseil régional d’Aquitaine fait bien
évidemment parti, ont souhaité réserver un temps de présentation et de consultation auprès
des acteurs concernés sur le littoral, cette journée s’inscrit pleinement dans cette démarche.
La période de consultation s’étend donc du mois d’octobre 2012 au mois de janvier 2013,
temps nécessaire pour rencontrer l’ensemble des acteurs concernés par le développement
des énergies marines dans notre région. Dès lors, cette journée constitue un élément
fondamental de ce processus de consultation, et démontre s’il en était besoin la volonté du
Conseil régional d’Aquitaine et du GIP littoral aquitain d’associer l’ensemble des acteurs à la
démarche. Elle est l’occasion de générer un maximum d’échanges au travers d’une journée
technique entre élus et techniciens des collectivités et les services de l’Etat. L’objectif est
bien d’échanger sans tabous sur la question des énergies marines, il y a donc eu une
communication ciblée sur l’organisation de la journée.
Je tiens enfin à remercier le GIP littoral aquitain qui tout au long de cette année écoulée, a
continuellement assuré le lien entre les collectivités, les services de l’Etat et les différents
partenaires, remplissant ainsi parfaitement son rôle d’interface entre les différentes parties
prenantes dans le cadre de cette étude. Je voudrais enfin vous présenter celui qui sera notre
animateur tout au long de la journée : Marc Lafosse. Il est connu dans notre région pour son
implication dans le domaine des EMR. Il est aujourd’hui présent en tant que membre
administrateur de l’institut d’excellence dans le domaine des énergies décarbonnées de
France Energies marines. Il y siège en tant que représentant de la société Energie de la
Lune qui pilote le site d’essai hydrolien Seeneoh.
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1.3.2 Table ronde : Compétences et implications sur les EMR en Aquitaine
Renaud Lagrave, Président du GIP littoral aquitain, Vice-président du Conseil régional d’Aquitaine Je souhaiterais tout d’abord expliquer le positionnement du GIP littoral aquitain sur la
thématique des énergies marines. En 2009, les membres du GIP ont adopté le Plan de
Développement Durable du Littoral Aquitain (PDDLA) qui comporte un certain nombre
d’axes, dont deux d’entre eux (économie et environnement) intègrent la thématique des
énergies renouvelables, au travers d’une volonté affichée de « favoriser le développement
des énergies renouvelables, notamment en mer ». En mars 2011, une rencontre avec
Monique De Marco, Vice-présidente développement durable du conseil régional d’Aquitaine
et Peggy Kançal, conseillère régionale a permis de mettre en avant la nécessité d’avancer
sur ce chantier au regard des enjeux énergétiques, socio-économiques et
environnementaux.
Les élus du GIP, réunis en Conseil d’Administration nous ont également sollicités sur la
question des énergies marines. La décision a été prise assez rapidement, puisqu’en octobre
2011, nous avons validé le lancement d’une étude sur les potentiels en énergies marines
renouvelables de la façade aquitaine. Je tiens à rappeler qu’à mon sens, le GIP littoral
aquitain est la structure adéquate pour mener à bien cette mission, de par sa composition
même, puisque qu’il rassemble toutes les collectivités littorales, ainsi que la Région et l’Etat,
ce qui lui a permis notamment de mobiliser l’ensemble du partenariat sur cette thématique,
ainsi que la nécessaire expertise scientifique en la matière.
Avant l’étude, de nombreuses personnes pensaient qu’il y avait un potentiel sur la façade
aquitaine, que des systèmes pourraient convenir à notre territoire mais personne n’avait
réellement d’éléments concrets à présenter. Hors, un élu a besoin de s’appuyer sur des
éléments tangibles, sur une expertise scientifique. L’étude était donc le préalable
indispensable à la mise en œuvre d’une stratégie de développement des énergies marines.
En septembre 2012, le bureau d’étude Artélia a rendu ses résultats devant un comité de
pilotage composé de l’ensemble des membres du GIP, mais également de partenaires et
d’experts qui nous ont apporté leur soutien tout au long du déroulement de l’étude. A l’issue
de cette présentation, il nous a semblé indispensable de partager ces résultats avec
l’ensemble des acteurs et usagers du littoral aquitain. Ces résultats ont déjà été
communiqués auprès des membres du GIP, à savoir l’Etat, le conseil régional, les 3 Conseils
Généraux, les communautés d’agglomération et communautés de communes. Nous avons
également associé les membres de notre conseil d’orientation composé notamment de
l’observatoire de la côte aquitaine, du réseau de recherche etc. Un comité scientifique a
également été mis en place pour assurer le suivi de l’étude, je pense que l’association de ce
partenariat élargi nous donne aujourd’hui une légitimité pour animer le débat autour des
énergies marines. Preuve en est votre présence et je vous remercie pour votre participation.
Ayant constaté une attente et une nécessité de dialoguer avec l’ensemble des territoires et
des acteurs, le conseil d’administration du GIP a souhaité continuer un travail d’animation
sur les résultats de l’étude auprès des élus et des techniciens, mais aussi des associations,
des professionnels, des acteurs économiques et de l’ensemble des usagers de la mer et du
littoral. Tous ces acteurs sont susceptibles d’être intéressés et concernés par cette étude.
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Lors de la présentation des résultats de l’étude en conseil d’administration du GIP, beaucoup
ont été étonnés car s’il nous semblait bien qu’il y avait des choses à faire, mais personne ne
se doutait qu’il existait un tel potentiel en Aquitaine. L’étude Artelia a permis une prise de
conscience des enjeux à relever sur cette question.
Néanmoins, nous devons encore convaincre, informer, et c’est le travail que nous menons
en tant qu’élus avec Monique de Marco et Peggy Kançal. L’étude vient conforter notre
démarche, pour lever les doutes et apporter des éléments concrets sur les possibilités de
développement d’une filière. Nous devons nous donner les moyens de développer cette
filière en Aquitaine. Car au-delà de la dimension énergétique et environnementale, il y a
l’enjeu industriel, et plus particulièrement celui de la ré-industrialisation au travers d’un
développement soutenu de l’économie verte. Le développement d’une telle filière est donc
un enjeu économique majeur pour notre région.
Pour ce faire nous avons échangé avec d’autres territoires, et je tiens à remercier
notamment la région Bretagne pour avoir fait aujourd’hui le déplacement. C’est un sujet sur
lequel nous avions déjà eu des échanges avec Isabelle Thomas lors de la 3ème conférence
annuelle du GIP sur le thème de l’océan à Biganos en 2011. A l’époque, elle était la Vice-
présidente de la région Bretagne. Aujourd’hui députée européenne, j’espère qu’elle pourra
défendre ces intérêts, et cette démarche auprès du parlement européen.
Peggy Kancal, Conseillère régionale d’Aquitaine déléguée au Plan Climat L’étude sur les potentiels en énergies marines vient appuyer et enrichir la réflexion initiée par
la Région aquitaine, et je tiens à remercier le Président du GIP littoral aquitain pour la
production de cette étude précieuse.
Aujourd’hui, le rôle de la Région dans le domaine de l’énergie et du climat est de porter une
planification territoriale, menée conjointement avec l’Etat. Pendant plus d’un an, nous avons
donc travaillé ensemble à l’élaboration du schéma régional climat air énergie (SRCAE),
adopté en novembre 2012. Les énergies marines renouvelables s’inscrivent dans les
objectifs de la région dans le domaine des énergies renouvelables, les objectifs du conseil
régional étant de doubler la part des énergies renouvelables d’ici 2020 en Aquitaine.
Il s’agit d’un objectif ambitieux, car la région Aquitaine part d’un peu plus loin que les autres
en ce qui concerne son mix énergétique. En Aquitaine, la part d’énergies renouvelables
dans les consommations finales d’énergie est de 16 %. Notre mix énergétique est
essentiellement basé sur l’hydraulique et la biomasse. Dans le cadre du SRCAE, nous avons
identifié nos potentiels, et il apparait possible de doubler cette part.
Cela suppose tout d’abord de maîtriser la consommation énergétique de et raccourcir les
délais d’instruction. La priorité numéro 1 reste la maîtrise de la consommation. Les
gestionnaires de réseau nous alertent, notamment le Réseau de Transport d’Electricité
(RTE) sur le pic de consommation hivernal. Il y a un enjeu pour la sécurité même du réseau,
mais aussi pour la performance énergétique des bâtiments afin de réduire les émissions de
GES. Il est également important de réduire les délais d’instruction pour favoriser le
doublement de la production d’énergies renouvelables, car actuellement, les temps
d’instruction et de réalisation des projets sont longs, 7 à 8 ans. Nous sommes en 2012, c’est
donc maintenant qu’il faut afficher des objectifs pour pouvoir les atteindre à l’horizon 2020.
11
Concernant les différents types d’énergies renouvelables en Aquitaine : notre région est
favorisée sur le plan de l’énergie solaire, néanmoins la part de photovoltaïque reste faible, et
se situe à 1%. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de redressement après moratoire
(moratoire de l’ancien gouvernement quant à la poursuite du développement du
photovoltaïque). Après discussion avec RTE, nos objectifs sont réalistes au regard des
demandes actuelles de raccordement - au niveau de 900 MW. Ces objectifs vont être
traduits dans les schémas de raccordement. Environ 1/3 du solaire va se développer en
centrale de production au sol, et nous aurons un important travail à initier sur l’acceptabilité
des parcs, y compris sur le contenu social et environnemental des panneaux. Nos objectifs
sont réalistes, mais nous devons réguler les projets, car la plupart des projets actuels, et
notamment dans les Landes, visent à implanter des fermes solaires en zones rurales pour
alimenter des zones urbaines, ce qui pose un certain nombre de problématiques propres au
réseau, ainsi que des enjeux liés à l’acceptabilité des projets.
Concernant la biomasse, l’Aquitaine a déjà un bon niveau de production. Nous pouvons aller
plus loin sur le bois énergie, et surtout sur la méthanisation. Notre région est la deuxième
région française en termes d’objectifs et compte une quarantaine de projets. En ce qui
concerne la chaleur, il y a plusieurs projets de géothermie en cours, notamment sur la CUB,
ou encore à Mont de Marsan.
Je terminerai par l’éolien terrestre qui reste une priorité en Aquitaine. Nous sommes la
dernière région à ne pas avoir de parc, et pourtant le rapport du Conseil général de
l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies, et du Conseil général de
l'environnement et du développement durable de Septembre 2012, passé cet été au Sénat,
démontre que cette filière est mature et compétitive. Beaucoup de pays misent sur l’éolien,
France Energie Eolienne a quantifié la part d’éolien terrestre dans le mix français, environ ¼
du mix à l’horizon 2020 (objectif de 23% fixé par le paquet énergie climat). Aujourd’hui, à titre
d’exemple, la production électrique du parc éolien national représentait à la fin 2011 environ
12 TWh/an, soit environ 2,2 % de la production totale d’électricité du pays.
Je fais ce parallèle avec l’éolien terrestre, parce que nous nous sommes retrouvés en
Aquitaine dans la situation inverse de celle des énergies marines. Avant 2005, de
nombreuses rumeurs circulaient, notamment sur le fait qu’il n’y avait pas assez de vent en
Aquitaine, ne permettant pas l’implantation d’éoliennes terrestres et, que cela susciterait trop
de conflits d’usage. A cette époque, nous n’avions aucune notion réelle du potentiel Aquitain.
Un atlas de l’éolien a donc été réalisé, outil précieux dans le cadre des travaux du Schéma
régional éolien. Cet atlas démontre que les 2/3 du territoire aquitain sont situés dans une
zone favorable à l’implantation d’éolienne terrestre. Nous connaissons donc aujourd’hui nos
potentiels. Ce sera ensuite aux élus locaux de porter leur projets et de les monter avec les
différentes démarches (instruction, études paysagères, montages juridiques et études
environnementales), générant des délais de 7 à 8 ans pour la réalisation de tels projets.
Je souhaitais ainsi montrer que l’étude présentée aujourd’hui permet d’avoir une vision plus
claire et quantifiable. Elle permet d’engager un travail plus fin par exemple avec RTE et
ERDF pour travailler sur les questions de raccordement notamment. Dans le cadre du Plan
Climat énergie territorial, nous mettons en place des groupes techniques dont un sur la
question des réseaux, concernant toutes les énergies renouvelables, y compris les EMR.
12
Les conférences régionales décentralisées sur l’énergie qui vont se tenir début 20132 seront
une occasion de capitaliser sur ces travaux de planification énergétique réalisés en région
(notamment le SRCAE), pour compléter des points qui n’avaient pas encore été développés
(notamment le schéma de raccordement qui sera adopté dans les six mois). Les énergies
marines qui n’avaient pas encore été quantifiés en aquitaine seront à intégrer. De manière
plus globale, la région Aquitaine soutient les travaux relatifs aux énergies marines. En
matière de recherche, développement et innovation, nous avons apporté notre soutien au
site démonstrateur Seeneoh à Bordeaux. Nous sommes plusieurs collectivités à avoir investi
financièrement dans ce projet (Cub, ville de Bordeaux et Conseil Régional). En matière
d’énergies marines, il est nécessaire d’avoir des éléments concrets à présenter pour
démontrer la faisabilité des projets. Il reste aujourd‘hui à travailler sur la question des
impacts environnementaux, et le site Seeneoh viendra justement nous renseigner sur ces
éléments. Ce site donne ainsi la possibilité aux industriels de tester leurs technologies, et
les données environnementales produites viendront enrichir les connaissances, notamment
en matière d’impacts.
Concernant le développement industriel, il est très important de connecter notre politique
énergétique avec notre vision de la ré-industrialisation de l’Aquitaine, et de l’impulsion que
cela peut donner pour le développement de l’économie verte.
Je voudrais à ce titre aborder le cluster éolien. A défaut d’avoir des éoliennes en Aquitaine,
nous avons un regroupement actif et dynamique d’une trentaine d’entreprises, qui ont pu
faire des réponses coordonnées notamment à l’Appel à Manifestation d’Intérêt Grand Eolien
et qui ont eu des résultats très significatifs. La filière composite est également bien
développée en Aquitaine et pourra se mobiliser si les énergies marines se développent. Il en
est de même pour les technologies de stockage et les activités hydrauliques. Aujourd‘hui il y
a un lien vraiment étroit entre les agences de développement industrielles d’Aquitaine et de
Bretagne qui peuvent travailler sur les chaînes de valeurs et être mobilisées sur le
développement des énergies marines.
Concernant la politique énergétique régionale, nous essayons de la territorialiser davantage
pour mettre en relation les besoins des aquitains avec les modes de production et avec le
lancement de la démarche des territoires à énergies positives. Huit territoires aquitains vont
travailler avec nous (essentiellement des communautés de communes rurales, dont 4 sont
dans les Landes) pour s’orienter vers une démarche d’autosuffisance énergétique et
d’approvisionnement tendant vers le 100 % renouvelables. 3 ou 4 de ces territoires pionniers
possèdent déjà des études spécifiques et peuvent être concernés par les énergies marines.
Ces territoires sont les Communauté de Communes de l’Estuaire (33), de Bourg-sur-
Gironde (33), de Mimizan (40), de Côte Landes Nature (40), du Gabardan (40), et enfin, de
Garazi Baigorri (64).
En conclusion, la Région Aquitaine porte ses efforts dans une logique de coopération et de
collaboration avec d’autres régions plutôt que dans une logique de concurrence, de
s’inscrivant ainsi dans la logique France Energies Marines. Le Président de la région
Aquitaine, Alain Rousset, a signé, en 2011, un accord de coopération avec le Président de la
2 Ces conférences à l’initiative du gouvernement auront pour vocation de contribuer en région à la politique globale de transition énergétique, et de contribuer à définir les contours d’une loi de programmation pour la transition énergétique, courant 2013.
13
région Bretagne, dont un des axes concerne les énergies marines. A ce titre, dans le cadre
de leur schéma régional, nos collègues bretons ont des objectifs avérés en énergies marines
d’environ 1300 MW, ce qui représente à peu de choses près la puissance d’un réacteur
nucléaire, et qui est donc tout à fait considérable.
Nous avons fait le point récemment avec eux, et deux volets nous paraissent
particulièrement intéressants à savoir le développement industriel, et les outils de
financement pour développer ce type d’énergies. Dans ce contexte, on doit se situer
nécessairement dans un cadre européen et même international. Le marché des EMR est
mondial, et de ce fait, il y aurait une grande efficacité à travailler à plusieurs régions
européennes (je pense notamment aux régions du royaume uni qui sont très investies sur
les questions des énergies marines et qui ont des pratiques très intéressantes pour aller
chercher des financements sur des programmes). C’est en avançant ensemble que nous
serons plus forts.
Marie Christine Aragon, Conseillère Générale des Pyrénées Atlantiques
Le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques a un point commun avec la politique menée
par la Région Aquitaine. Nous cherchons à réduire notre consommation énergétique tout en
essayant de développer les énergies marines renouvelables. Notre territoire présente une
façade maritime bien moins étendue que celles de nos partenaires aquitains, puisque notre
littoral s’étend simplement sur 35 kilomètres, de Bayonne à Hendaye. Néanmoins, nous
sommes impliqués depuis plusieurs années dans le développement des EMR. Le conseil
général avait notamment réalisé une étude en 2008-2009 pour connaître les potentialités des
Pyrénées Atlantiques. L’étude menée par Artélia et présentée ce matin vient ainsi conforter
les résultats présentés à l’époque, à savoir que le littoral des Pyrénées Atlantique présente
un potentiel houlomoteur significatif, notamment entre Guéthary et Saint Jean de Luz.
Ajoutons à cela le potentiel hydrolien au niveau de l’estuaire de l’Adour.
Le conseil général des Pyrénées Atlantiques accorde également une importance particulière
à la dimension transfrontalière. Nous avons déjà développé de nombreux partenariats en la
matière, que ce soit avec AZTI3 (dont nous parlerons cet après-midi) sur la dimension
océanographique et énergies marines, ou dans le cadre de l’étude LOREA 4 sur la qualité
des eaux de baignade.
Pour nous, la participation aux travaux du GIP littoral aquitain nous permet de faire partie de
la collectivité «motrice », et de bénéficier d’une structure partenariale qui regroupe
l’ensemble des parties prenantes institutionnelles sur le territoire. Au travers de son conseil
d’orientation (qui regroupe des associations, des chercheurs, des universitaires entre
autres), le GIP littoral aquitain constitue la passerelle entre les acteurs publics et les
scientifiques, et apporte une vraie plus-value aux territoires. Je souhaitais également dire
que selon notre point du vue, la poursuite des travaux transfrontaliers est une nécessité,
notamment dans le cadre du développement de l’Euro-région, mais aussi et surtout car nous
avons à traiter un certain nombre de problématiques communes, notamment au niveau de
l’érosion, de la submersion, de la qualité des eaux…
3 AZTI : Institut basque espagnol spécialisé dans l’ingénierie marine, équivalent de l’IFREMER français.
4 LOREA : Littoral, Océan, Rivières, Euskadi, Aquitaine, programme pour la qualité des eaux de baignade.
14
Pour conclure, je dirais qu’en matière d’énergies marines, il conviendra de poursuivre la
consultation, et d’associer le plus possible l’ensemble des usagers aux réflexions
préliminaires et aux comités de travail. Je pense notamment aux pécheurs qu’il conviendra
de sensibiliser et d’informer tout au long des démarches.
Jean Marie Coupu, Direction Interrégionale de la Mer Sud Atlantique La question posée est de savoir quelle est l’importance de la thématique des EMR dans la
politique de l’Etat. Il s’agit d’un sujet important dans la politique du gouvernement dans le
cadre de la transition énergétique. C’est un enjeu fort en matière de développement
économique et de ré industrialisation des territoires, à la fois pour l’Etat et les collectivités
locales.
Ce sujet met en jeu des intérêts publics et généraux qui en mer sont de la responsabilité de
l’Etat. Sur le plan industriel, le développement des EMR est soumis à des conditions de
risques maritimes extrêmement variés, et des problématiques lourdes sur le plan de la
faisabilité industrielle. Il est également nécessaire que nous ayons un programme clair,
offrant une visibilité financière et assurant aux investisseurs leur possibilité à conduire le
processus jusqu’au bout. Il y a enfin un impératif de gestion de la compatibilité des usages
en mer, là où la balance entre les coûts financiers et sociaux et les avantages financiers et
sociaux devient plus que jamais une nécessité.
A partir de ces idées fortes, je voudrais rassembler ce que l’Etat a déjà fait dans le cadre de
cette démarche. Il a déjà acté la nécessité de développer les énergies marines, notamment
dans le cadre du grenelle de l’environnement de 2008, du grenelle de la mer, et de la loi de
programmation du 3 aout 2009 relative à la mise en service du grenelle avec la
programmation de 6000 MW de production d’énergie éolienne en mer d’ici 2020. Certaines
actions complémentaires permettant la mise en œuvre de ce programme, avec la définition à
court terme de sites propices à la mise en œuvre d’éolien offshore ont été faites pendant la
période 2009-2011. L’étude conduite par le GIP littoral aquitain s’en est inspirée.
Enfin, je rappellerai l’objectif d’une planification stratégique en mer, pour permettre la mise
en compatibilité de l’activité EMR avec les activités existantes par ailleurs ou en devenir. A
ce titre, nous savons que les professionnels de la pêche ont fait des efforts considérables
d’adaptation au concept de développement durable, et il est nécessaire que l’activité de
pêche qui a atteint un niveau de rentabilité marginal ne soit pas déséquilibrée à nouveau par
de nouveaux conflits d’usages. Rentre également en ligne de compte la problématique des
incidences potentielles sur l’environnement de ces nouveaux outils, dont on peut dire que
l’on ne connait pas encore l’ensemble des effets, notamment en ce qui concerne les
problématiques liées au raccordement.
Le processus du gouvernement s’est concrétisé au travers des appels d’offres, et le premier
ministre Monsieur Jean Marc Ayrault a annoncé dans le cadre de la clôture de la conférence
environnementale le 15 septembre 2012 la publication d’un nouvel appel d’offre d’ici fin 2012
concernant deux nouveaux sites (Noirmoutier et le Tréport). Il est également demandé à
l’ADEME de lancer début 2013 une initiative pour la construction de démonstrateurs
hydroliens à l’échelle préindustrielle, qui concerneront probablement plus la région Bretagne
et la presqu’ile du Cotentin que l’Aquitaine, mais qui traduisent le prolongement du
processus. Le premier ministre a également annoncé qu’une étude globale sur le potentiel
15
EMR national serait lancée d’ici la fin de l’année 2012. Tout cela pour vous dire que
l’initiative de la région aquitaine portée par le GIP littoral aquitain est en pleine convergence
avec la politique du gouvernement.
Les premiers retours d’expérience des processus qui découlent de l’appel d’offre émis
depuis maintenant 10 mois nous indiquent que l’on est en face d’une problématique où les
doctrines sur des sujets très nouveaux permettant de résoudre les problèmes d’intérêt
général (celui de l’approvisionnement énergétique) ne sont pas encore totalement
acceptées. Cela nécessite un vrai effort d’appréciation des avantages et des inconvénients,
pour rendre compatibles les intérêts généraux entre eux, et cela passera par un nécessaire
travail de pédagogie.
Il est question à présent pour les industriels de développer des systèmes et des installations
exploitables et surtout rentables. Les industriels doivent donc avoir un maximum de sécurité
et de lisibilité, y compris au niveau de l’aléa juridique lié aux procédures d’autorisation. Il faut
savoir que sur 2 des 5 sites identifiés dans le cadre de l’appel d’offre, les lauréats sont déjà
attaqués en justice, soit par des personnes défendant des intérêts particuliers, soit par des
concurrents qui n’ont pas été retenus. En effet, pour le lancement d’un gros chantier, deux
dossiers sont ouverts : un pour la conduite du chantier, et l’autre pour le volet juridique. Le
monde industriel est ainsi fait, et c’est également un paramètre que nous autres aménageurs
devront prendre en compte dans le cadre des planifications, à savoir assurer la meilleure
sécurisation juridique possible. L’Etat identifie donc des zones dans lesquelles le risque
juridique pour l’opérateur (et donc le risque financier) est le plus limité possible. L’état ne
garantit pas la bonne fin de l’opération, mais c’est en offrant le périmètre le plus sûr possible
dans le cadre de l’appel d’offre que l’opérateur a les meilleures chances de pouvoir
implanter, et surtout exploiter ses installations en minimisant autant que faire se peut
l’incertitude juridique. C’est pour nous un élément très fort du dimensionnement des
partenariats, pour raisonner sur des problématiques posées avec le plus de précision
possible, pour déminer les sujets lourds avant que les processus industriels ne soient lancés.
En conclusion, l’important pour nous dans le cadre du partenariat avec le GIP littoral
aquitain, c’est de faire en sorte que le programme soit le plus finement préparé pour que
l’Etat, puisse caler les sujets, et les sources d’inquiétude au plus fin afin de ne pas générer
d’effets d’amalgames, eux même issus de l’imprécision des connaissances. La
méconnaissance génère souvent de l’incertitude, donc de la crainte et donc de l’opposition. Il
est donc important pour nous d’aboutir dans le cadre de ce partenariat à un projet qui soit
dimensionné au plus précis, et qui soit capable d’asseoir une concertation aussi stabilisée
que possible.
16
Christophe Commenge, DREAL Aquitaine, Service climat énergie Responsable avec le Conseil Régional de la rédaction du SRCAE, je m’occupe aussi de
transport d’énergie en lien direct avec RTE. La production de cette étude complète le
SRCAE, notamment sur la dimension maritime qui n’était pas demandée dans la cadre de la
rédaction de ce schéma. Aujourd’hui, l’Etat a des ambitions comme l’ont démontré les
différents appels d’offre dont nous avons parlé précédemment, et ce même si aucun d’entre
eux ne concerne l’Aquitaine. Les premières éoliennes en mer en France devraient être
exploitées à l’horizon 2017. Les temps d’instruction sont relativement longs, les études
durent 3 à 4 ans. Les délais de raccordement sont incompressibles, avant de pouvoir
envisager de produire les premiers MW/h. Nous pouvons donc envisager d’avoir des parcs
en capacité de production normale à l’horizon 2020.
Concernant le houlomoteur, les technologies sont beaucoup moins matures, avec des
perspectives encore plus lointaines pour disposer d’importantes productions industrielles. A
l’heure actuelle, les coûts de raccordements se situent à 2 M d’€ du kilomètre, ce qui est
beaucoup plus élevé que pour l’éolien terrestre. A titre d’exemple, pour raccorder les 4
appels d’offre, il faut compter entre 130 et 300 M€ pour le raccordement total. Par
comparaison sur l’éolien terrestre, la machine représente environ 90% du coût total, et le
raccordement représente à peine 1% du coût total.
Pour l’éolien offshore, la machine représente environ 45 à 50 % du coût total, pour un coût
de raccordement estimé allant de 10 à 25 % du coût total de l’installation. Les coûts ne sont
donc évidemment pas les mêmes, et les industriels attendent une sécurisation juridique
maximale pour lancer les investissements, ce qui constitue la principale source de retard
pour l’enclenchement industriel du développement EMR en France. Sur les zones de
développement Eolien ou ZDE en Aquitaine, nous n’avons pas de porteurs de projets parce
que les risques de contentieux sont trop importants sur les zones de développement, et que
les industriels à ce titre ne prennent pas de risques. La France a des projets en terme
d’investissements (7 milliards d’euros, 10000 emplois au niveau national sur la façade
atlantique), et nous pouvons penser qu’à l’avenir, en cas de lauréats aquitains de prochains
appels d’offre, l’on puisse développer une filière et des emplois verts, emplois que l’on attend
tous.
17
1.3.3 Conclusion de la matinée - Renaud Lagrave, Président du GIP littoral
aquitain
Je tiens tout d’abord à remercier Marc Lafosse pour l’animation de cette journée. Je tenais à
remercier également toutes celles et ceux qui vont apporter cet après midi leur témoignages
et nous faire partager leur retours d’expérience, je pense notamment à nos amis Bretons et
Espagnols. Encore une fois, en matière d’énergies marines nous en sommes au
commencement, et nous venons d’entendre à l’instant qu’il faudra du temps. Concernant
l’étude sur les potentiels qui vous a été présentée ce matin, une note synthétique est en
cours de rédaction, elle vous sera adresser dans les semaines à venir.
Le débat continuera au delà de cette journée de présentation, et nous espérons que cela
puisse déboucher sur des outils qui peuvent être ou non utilisés ensuite par les collectivités
locales. En effet, le GIP est une boite à outils à destination des collectivités, y compris en ce
qui concerne les EMR, permettant aux territoires de pouvoir s’emparer de ces sujets. Cela
suppose l’affichage d’une réelle volonté au niveau des territoires dans le cadre du
développement des énergies marines. Il sera nécessaire de prendre des risques, car il n’est
pas concevable de ne porter des projets sur les seuls sites réputés inattaquables, car ils
n’existent quasiment pas. C’est la raison pour laquelle je pense qu’aujourd‘hui nous sommes
dans une situation où il faut confronter les points de vue, pour ensuite prendre les bonnes
décisions.
Sur la question des énergies renouvelables, si l’on souhaite structurer la filière, si l’on veut
aider la recherche et l’innovation, il faudra alors essayer de raccourcir les délais car 7 ans
c’est trop long.
Concernant le GIP littoral aquitain, je considère qu’il est fondamental d’assurer une bonne
gouvernance sur ce sujet, car nous l’avons vu lors de la table ronde, il relève de plusieurs
compétences complémentaires (la planification pour l’Etat, le développement économique
pour la Région), et je pense que nous avons aujourd’hui le modèle qui nous permet d’avoir
l’ensemble des acteurs autour de la table … C’est comme cela que l’on peut impulser
collectivement des sujets.
Tout cela sera possible à condition de mettre en œuvre quelques moyens. La région fera
face à ses responsabilités, mais il faudra également qu’il y ait une mobilisation générale
autour de ces sujets, et notamment au niveau des fonds européens. Si l’on veut
effectivement travailler sur cette thématique en Aquitaine, il faudra pouvoir compter sur des
financements européens pour nous aider à porter cette démarche.
Je remercie à nouveau tous les intervenants au nom du GIP littoral aquitain, merci à la
chambre des métiers de nous accueillir ici à Bayonne, et bien sûr merci à l’équipe du GIP
d’avoir organisé cette journée.
18
1.3.4 Présentation des retours d’expérience en Bretagne et au Pays Basque
Espagnol
Danielle Brezellec, Maire de Ploubazlanec
Je tiens à dire en préambule que j’ai immédiatement été conquise par le projet d’hydrolienne
test en baie de Paimpol, car si les éoliennes étaient déjà dans l’air du temps, pour ma part je
ne connaissais pas ce système. Néanmoins, de mon point de vue, la production d’électricité
grâce aux courants marins relève du pur bon sens.
Si le projet de parc hydrolien par EDF remonte à 2004, ce n’est qu’en mai 2008 que j’ai été
contactée. Je venais alors de prendre mes fonctions de Maire de Ploubazlanec, commune
littorale de 3.400 habitants où les forces vives sont tournées autour de la pêche et de
l’agriculture, située dans les Côtes d’Armor, entre la ville de Paimpol, chef-lieu de canton, et
l’Ile de Bréhat. Pour Ploubazlanec, l’aventure a donc commencé en 2008, lorsque le site de
Paimpol-Bréhat a été choisi pour l’implantation du parc hydrolien.
Ce site « de la Horaine » est situé à 15 km au Nord-Est de Ploubazlanec près de l’Ile de
Bréhat. Le site de Launay sur Ploubazlanec a été choisi comme lieu d’atterrage du câble
électrique. Il est constitué à terre, d’une grève (mi-sable, mi-galets) très fréquentée l’été,
autant par les Ploubazlanécains que par les touristes. C’est sur le parking de cette grève que
sera construit le bâtiment du poste de livraison et de conversion du courant électrique, point
d’arrivée du câble sous-marin, qui relie le site hydrolien à la terre.
Depuis le début, j’ai été étroitement associée à ce projet par les représentants d’EDF dont je
tiens à saluer le professionnalisme et la compétence. J’ai eu la chance d’entretenir avec eux
une véritable relation de confiance. Un groupe de liaison a été constitué dès le départ avec
des représentants des élus : le président de la communauté de communes Paimpol-Goëlo -
dont fait partie Ploubazlanec - le président de la communauté de communes de la Presqu’île
de Lézardrieux, les maires des communes concernées par le projet (Ploubazlanec,
Lézardrieux, Paimpol et Bréhat) un représentant du conseil régional de Bretagne, du conseil
général des Côtes d’Armor, des représentants des services de l’Etat : Préfecture et ADEME
Bretagne, la chambre de commerce et d’industrie, plusieurs représentants des pêcheurs
professionnels, des ostréiculteurs, des plaisanciers, des associations environnementales et
bien entendu, les représentants d’EDF cités ci-dessus. Tous ont été associés et tenus
informés au fur et à mesure de l’avancée du projet, tant du point de vue technique
qu’environnemental ou administratif. De très nombreuses questions ont ainsi été soulevées
en fonction des différentes sensibilités ou intérêts professionnels. Elles ont permis des
évolutions et clarifiés de nombreux domaines. A ce jour, le groupe de liaison s’est réuni à 11
reprises.
Ce projet a fait l’objet d’une concertation très importante. EDF a énormément communiqué
sur le dossier et la commune s’est efforcée de mettre à sa disposition tous les supports
locaux de communication possibles pour faciliter l’information des administrés, et notamment
des riverains et professionnels inquiets des éventuelles nuisances. Les élus ont étroitement
travaillé avec E.D.F, et ont organisé ensemble deux réunions pour les riverains proches du
poste à terre en 2008 et 2010, ainsi qu’une réunion publique en 2009 et de nombreux points
presse. Au cours de ces réunions, toutes les questions ont pu être abordées et des réponses
apportées.
19
Du point de vue administratif, ce projet a fait l’objet d’une enquête publique réglementaire qui
s’est déroulée du 26 mai au 28 Juin 2010 et qui a porté sur la demande de concession
d’occupation du domaine public maritime. Le dossier présenté avait pour objet l’obtention de
l’autorisation d’occuper le domaine public maritime pendant toute la durée d’exploitation du
parc hydrolien. Il contenait les éléments permettant de fixer les conditions de cette
occupation :
- l’autorisation au titre de la Loi sur l’eau : cette autorisation couvrait les travaux
réalisés sur le milieu marin, de la pleine mer jusqu’au rivage. Elle permettait à EDF de
poser les machines et de procéder à l’installation du câble sur le sol et sous-sol de la
mer ;
- l’autorisation au titre du Code de l’urbanisme : le permis de construire (établissement
et construction des ouvrages en milieu marin et à terre) ;
- les opérations susceptibles d’affecter l’environnement (loi Bouchardeau).
Sur les 14 observations portées au registre d’enquête : 8 avis étaient favorables au projet, 2
étaient défavorables et 8 autres ne donnaient aucun avis formel sur le projet. Le
Commissaire-enquêteur a rendu un avis favorable au projet de parc démonstrateur
d’hydroliennes sur le site de Paimpol-Bréhat. Il est ressorti de cette enquête que le projet n’a
fait l’objet d’aucune opposition particulière de la part des administrés, si ce n’est l’inquiétude
de quelques riverains proches du transformateur de Launay, notamment en matière de
nuisances sonores éventuelles. Les Services de l’Etat, les Collectivités et les associations de
protection de l’environnement, tous ont exprimé leur satisfaction sur ce projet innovant
consistant à exploiter l’énergie des courants de marée.
Je ne peux que me réjouir de cette collaboration avec EDF. La campagne de communication
sur ce projet a aussi fait connaître Ploubazlanec : télévision, journaux à diffusion nationale,
rien n’a été laissé au hasard. Pour conclure, je suis la marraine de l’hydrolienne baptisée
« L’Arcouest » du nom d’un quartier de ma commune et j’en suis très fière !
Source : Mairie de Ploubazlanec – atterrage du câble (figure 1), barge et hydrolienne « Arcouest » (figure 2)
20
Yannick Hemeury, Vice-président du comité départemental des pêches des Côtes d’Armor Tout d’abord je vous remercie de m’avoir convié à m’exprimer devant cette assemblée. Je
tiens également à rappeler qu’il y a eu récemment une réforme des comités de pêches.
Depuis, les comités locaux des pêches se sont regroupés en comités départementaux.
Personnellement, j’ai été pendant plus de vingt ans président du comité local des pêches de
Paimpol, avec 6 mandats consécutifs, et c’est à ce titre que j’ai accompagné le projet
hydrolien de Paimpol Bréhat.
EDF a pris contact avec nous le 27 mars 2005, et nous a présenté le projet lors d’un conseil
d’administration. Les marins pêcheurs étaient un peu dubitatifs, compte tenu du fait que
personne ne connaissait bien la thématique. Nous avons fait beaucoup de pédagogie,
impliqué au maximum les pêcheurs pour faire remonter les idées. A titre personnel, j’avais
déjà une idée dernière la tête, à savoir obtenir des contreparties financières pour mener des
actions collectives pour la pêche artisanale dans le cadre du développement du projet.
La première action a consisté à installer des houlographes et des courantomètres, puis nous
avons mis en place un ordinateur pour informer en temps réel les pécheurs. Il a été mis en
place à la Criée de Loctudy, pour que les pécheurs puissent suivre en temps réel les
données du houlographe à chaque retrait de leur bon de criée. Les pécheurs se sont ainsi
appropriés la démarche, ils en parlaient entre eux sur la radio VHF. Ainsi, nous avons
toujours été acteurs et décideurs auprès d’EDF à chaque étape du projet...
Quand EDF est venu nous soumettre deux propositions d’implantation pour le site pilote,
c’est le comité local qui a décidé du site, et je trouve cela remarquable. EDF était dans une
réelle démarche de concertation avec des données très similaires aux nôtres, et avait
visiblement le souci de limiter au maximum les impacts sur l’activité de pêche.
C’est dans ce contexte que le comité local a proposé le cantonnement de La Horaine, plus
vieux cantonnement de crustacés d’Europe avec 7000 hectares de réserve de pêche
instauré en 1964 par nos pères. Il n’y a pas d’activité de pêche à proprement parler à
l’intérieur de la réserve (à l’exception de la palangre et de la pêche à la ligne qui est
autorisée), mais elle reste une zone emblématique. Il a fallu filmer dans la réserve, afin de
déterminer si l’implantation de l’hydrolienne était susceptible d’avoir un impact sur la
biomasse de crustacés. Au final, il a été prouvé qu’il y avait de plus grandes concentrations
de crustacés à certains endroits qu’à d’autres, et comme au niveau de la horaine il y avait
moins de concentration, nous avons souhaité que le prototype soit installé ici.
Par la suite, nous avons fait un voyage d’études en Irlande sur le lieu d’implantation d’une
hydrolienne et 15 pêcheurs ont visité le site de construction de l’hydrolienne, ainsi qu’un site
d’éoliennes offshore posées afin de se faire une idée plus précise. A cette époque nous
avons recruté une chargée de mission. Enfin, nous avons commencé à envisager de
marquer les homards pour avoir un suivi de notre ressource, suivi qui n’existait pas à
l’époque.
Le homard est une espèce emblématique, 3ème ressource sur le quartier maritime de
Paimpol, 3ème volume déchargé, pour 55 tonnes environ et 1 million d’euros de chiffres
d’affaire, avec 90 bateaux susceptibles de pêcher cette espèce, dont environ 40 caséyeurs
susceptibles de les pêcher régulièrement. Le homard constitue donc une ressource
21
fondamentale pour le quartier maritime de Paimpol. Il y avait donc un impact fort, collectif,
puisque le quartier représente environ 125 navires côtiers pour 18 chalutiers hauturiers. Le
quartier maritime de Paimpol est le seul à avoir augmenté en 2011 son nombre de marins et
de navires. La pêche représente une communauté très forte chez nous. Il y a 500 marins
pécheurs, 700 qui travaillent dans la marine marchande et plus de 3500 retraités de la
Marine de pêche et de commerce. Nous avons un lycée maritime avec 280 élèves (le
second de France). Ce lycée ne comptait plus que 46 élèves en 1994. A l’époque la question
de son maintien avait été clairement posée. Nous nous sommes battus pour le conserver,
car en Bretagne il n’y a pas d’industrie, mais il y a une vraie culture maritime. Ce lycée
représente les emplois de demain. Certains collègues me disent qu’il n’est pas normal de ne
sortir que 20 marins pécheurs par an alors que le lycée compte 280 élèves. Mais sans le
lycée nous n’en sortirions aucun, et ce lycée forme des marins pécheurs, des marins
marchands, des mécaniciens de bord… Il forme la jeunesse aux emplois de la mer, et c’est
cela qui assure la relève des toutes les professions liées à l’exploitation de la mer. Nous
allons faire en sorte de diversifier les formations, afin d’accompagner le développement des
EMR en fonction des besoins (capitaines de workboats, mécaniciens spécialisés…). Notre
région dispose d’une réelle culture de la pêche, qui s’appuie beaucoup sur le passé, et
notamment sur le passé marchand.
Quand les premières maquettes nous ont été présenté avec un projet d’hydrolienne de 16 m
de diamètre posée sur un tripode de 300 tonnes, nous avons vu qu’il s’agissait de gros
ouvrages de génie civil, et cela peut impressionner. Beaucoup de marins pêcheurs viennent
de la marine marchande, avoir navigué sur un minéralier de 300 000 tonnes, de 48 m de
large, 18 m de tirant d’eau et une hélice de 18 m de diamètre, permet de ne pas être
impressionné par une hydrolienne si grande soit elle. Le fait d’avoir parmi nos marins
d’anciens marins de commerce fait qu’ils ont pour la plupart une échelle de grandeur
différente.
J’ai eu aussi des discussions avec des associations environnementales, sur le fait que la
rotation de la turbine risquait d’engendrer un dérèglement sédimentaire majeur.
L’hydrolienne tourne entre 6 et 8 tours minutes, alors que lorsque vous allez sur la rade
d’Antifer et que vous avez des gros chimiquiers dont les hélices tournent à 40 ou 50 tours
minutes avec seulement 2 m d’eau sous la quille, l’impact sur la sédimentologie y est
autrement plus important. Par ce biais-là, nous avons pu lever les inquiétudes et les
oppositions de principe.
Ensuite, nous avons négocié une enveloppe financière, et je tiens à dire qu’aucun pécheur
n’a reçu un seul centime en son nom propre, l’ensemble des enveloppes ayant été attribué
aux comités locaux, pour mener des actions collectives à destination de tous. Ainsi, les
bateaux se sont relayés pour aller relever ou immerger les houlographes par exemple. Il a
également fallu s’équiper d’une coque rapide, et nous avons été soutenus par les
collectivités locales. En marge de cela, nous avons associé les plaisanciers au groupe de
liaison, notamment pour nous aider à faire le suivi des homards.
En effet, lorsqu’un plaisancier sort de l’eau un homard déjà marqué, cela permet de dresser
un état des lieux des mouvements des homards sur les fonds... Nous avons pu ainsi établir
un suivi de la biomasse des homards, et constaté que certains homards marqués sur le site
de la Horaine se retrouvaient 2 mois plus tard à 80 kilomètres à l’ouest, prouvant ainsi leur
processus migratoire, à contre-courant qui plus est.
22
Ce projet a donc été fédérateur du monde maritime. Il faut savoir que la Bretagne est une
région rurale, ne possédant pas d’industrie ; la pêche, l’agriculture, la marine marchande et
bien sur les services sont des secteurs économiques importants. Si demain un de ces piliers
primaires de notre économie s’effondrait, ce sont les services, l’hôpital ou le lycée maritime
qui en seraient affectés. Nous avons soumis au vote à bulletin secret le projet le 6 juin 2008 :
87 % des votants se sont exprimés pour le projet, avec une abstention et un seul vote
contre. Il y a quelques années, nous n’aurions jamais pu arriver à un tel résultat. Ce résultat
a donc engendré plusieurs réunions complémentaires, impliquant l’ensemble des
collectivités, et notamment la Région Bretagne qui a soutenu EDF dans le choix du site.
Ensuite il y a eu les négociations pour le Parc Eolien de Saint Brieuc, et avant que la
première éolienne ne soit en fonctionnement, nous disposons déjà d’une enveloppe de près
de 6.5 millions d’euros allouée au pêcheurs, et elle sera utilisée pour éradiquer la crépidule
(espèce invasive qui empêche les reproductions de coquilles Saint Jacques), semer de
nouvelles zones de coquilles Saint Jacques, conforter la biomasse et donc l’activité de pêche
de plus de 200 navires en baie de Saint Brieuc, et enfin recruter un chargé de mission pour
s’assurer du bon fonctionnement de l’ensemble et de l’impact positif du projet sur la flottille.
L’ensemble de ces actions collectives permettent de maintenir le chiffre d’affaire,
d’augmenter la biomasse et de donner de la lisibilité à nos entreprises, facilitant notamment
la reprise des activités vis-à-vis des banquiers.
Et comme je dis toujours, cela contribue à faire en sorte que le pêcheur gagne sa vie, et pour
un pêcheur, gagner sa vie ne suffit pas, il faut qu’il gagne très bien sa vie, car ce métier est
très dur.
Julien Mader, Chargé d’études chez AZTI Tecnalia La présentation est disponible sur le site internet du GIP littoral aquitain.
23
1.3.5 Les opportunités de développement
Jean Jacques Le Norment, Chef de projet aménagement du port de Brest Représentant du Conseil Régional de Bretagne, j’étais auparavant dans le domaine
industriel, en charge notamment du développement de systèmes en énergies marines. C’est
cette expérience que je viens partager avec vous aujourd’hui. Avant toute chose, je
souhaitais rappeler que les EMR sont vraiment un secteur d’avenir. J’en veux pour preuve
les grands groupes industriels qui viennent tous d’une manière ou d’une autre sur le marché
des EMR. Ils ne sont pas des philanthropes, mais bien des industriels qui viennent voir
comment va se produire l’énergie de demain au sein de marchés en phase de structuration.
Les EMR représentent l’avenir de la production d’énergie, comme on a produit à une époque
de l’énergie avec le pétrole. C’est le commencement d’une autre aventure industrielle, une
autre aventure énergétique, dans laquelle il faut que chacun se prépare au regard de ses
possibilités. C’est l’essence même du développement industriel qu’il faut associer à ce type
d’énergie. Pour autant, les temps de maturation sont assez longs, notamment au niveau de
la validation des techniques car en mer tout devient difficile et coûteux, et cela prend du
temps pour valider toutes les phases industrielles du développement. Dès lors, la rentabilité
n’est pas aujourd’hui assurée, et il n’est possible de convaincre que si l’ensemble des
conditions autour du porteur de projet sont réunies. Cela intègre la participation des
collectivités qui ont un rôle à jouer, et notamment celui de rassurer les acteurs industriels,
ainsi que les services de l’état qui sécurisent le projet au niveau juridique. Le porteur de
projets a besoin de s’appuyer sur les pouvoirs publics locaux.
A titre d’exemple, un industriel souhaitant installer un parc de 500MW au large du Raz
Blanchard aura besoin des services de l’Etat pour s’assurer de la validité juridique de son
projet. Le financement est crucial dans un tel projet, et la sécurisation juridique est un
préalable indispensable pour être financé. S’il demeure une incertitude juridique, et si les
contentieux ne sont pas anticipés, alors le projet n’aboutira vraisemblablement pas. Au
moment où nous avons commencé à envisager le développement des EMR, avec
notamment l’Ifremer, personne ne nous prenait au sérieux. A l’époque nos projets ne
pesaient pas bien lourd face à l’hégémonie du nucléaire. Les choses sont différentes à
présent.
La problématique de développement doit être abordée de manière structurée. Il est possible,
au sein d’une région, de mobiliser un ensemble de sites industriels, car nous ne sommes
plus dans une hypothèse de développement des EMR au niveau mondial, leur existence
étant une réalité dans de nombreux pays.
Il s’agit donc d’existant, de concret, il y a déjà des secteurs industriels, des marchés. Cela va
de l’amont à l’aval, à savoir du bureau d’études jusqu’à la réalisation des installations. Le
travail qui a été fait sur l’Aquitaine, met en lumière la ressource et le gisement, préalable
nécessaire à tout développement. C’est à partir de la connaissance de la ressource et de
son inventaire que l’on développe la filière.
Il faut également intégrer les concepts technologiques. En matière d’EMR, tout est
dimensionné, l’ensemble des machines sont imposantes. En effet, à part peut-être pour
l’hydrolien fluvial où les machines présentent des diamètres de taille plus modestes, toutes
les machines EMR en mer sont de grandes machines, adaptées aux contraintes fortes du
24
milieu dans lequel elles sont implantées. Les fondations sont importantes, les structures sont
lourdes et volumineuses. Par exemple, la fondation pour le prototype de l’Arcouest (à
Paimpol), une fois entièrement assemblé pèse 1200 tonnes. Aujourd’hui, aucun port français
ne possède de grue capable de soulever à quai 1200 tonnes ; cela impose donc de mener
en amont toute une réflexion sur les outils et les moyens logistiques à mobiliser, voire même
à concevoir pour simplement mettre en place les unités de production en mer. Là encore, il
s’agit d’une réflexion à mener à l’échelle d’une région entière.
Il y a ensuite la question de la maintenance, car un industriel qui met en place une
technologie doit s’engager sur une machine capable de fournir à 90 ou 95 % du temps
repéré, c'est-à-dire celui qui a été identifié dans la ressource. Il est donc obligé d’avoir en
permanence, et ce pendant au moins 5 ans au plus proche de son installation une équipe en
alerte rouge, capable d’intervenir sur l’installation 24h/24. Cela veut dire qu’il faut
nécessairement être à proximité d’un port, pour assurer la maintenance, car en cas de
problème, c’est l’industriel qui est pénalisé financièrement. Pour donner un ordre d’idée,
l’investissement pour un parc éolien de 500 MW en baie de Saint Brieuc est d’environ 2
milliards d’euros.
Il s’agit là d’une production d’énergie, on se situe donc dans des montants d’investissement
colossaux, à l’image par exemple de ce qu’il a fallu mettre en place avec le pétrole il y a
plusieurs décennies. Les enjeux sont donc très lourds et l’on ne peut rien laisser au hasard.
Aujourd‘hui, un jour d’affrètement d’un navire d’installation d’éolienne en mer coûte plus de
375 000€, donc quand le navire arrive à quai, si le chargement n’est pas prêt, le manque à
gagner est assez conséquent.
L’obsession première des industriels est donc de connaître le seuil de rentabilité du
développement de la filière. Si vous n’avez pas accès au minimum au marché européen,
voire mondial, alors vous n’atteignez jamais ce fameux seuil critique de rentabilité tant
recherché. Parmi les conditions du succès, la donnée essentielle est la logistique, et les
ports, qui ont un rôle majeur à jouer. En effet, les installations EMR sont lourdes et
volumineuses : une nacelle d’éolienne offshore pèse 450 tonnes, une fondation
d’hydrolienne 120 tonnes, et ces tonnages-là ne passent ni par le rail, ni par la route. Cela
passe donc nécessairement par les ports.
Avoir un port à proximité est fondamental. Si vous avez un port industrialo portuaire, vous
construisez en bord à quai et vous évacuez directement votre production, sinon vous avez
une production en hinterland, connectée au port qui garde son activité de commerce mais
qui évacue la production. L’enjeu est ici. Tous les marchés qui se sont développés, et
notamment en Europe du Nord, fonctionnent selon ce modèle.
Concernant le développement du Port de Brest, ce projet d’aménagement correspond à une
réelle demande, et constitue le maillon logistique qui va venir compléter la chaîne de valeur.
Aujourd’hui les élus portent un projet de 160 M€, entièrement financé par les régions et les
collectivités partenaires. C’est un véritable pari. Un projet de port se prépare au moins 6 ans
à l’avance, et nous travaillons actuellement pour livrer les premiers parcs d’ici 4 à 5 ans,
avant de travailler sur un autre cycle industriel qui sera dédié à l’éolien flottant. Là aussi il
faut travailler en amont avec les services de l’état, et notamment l’autorité environnementale.
Finalement, tous les projets actuels vont atterrir d’une manière ou d’une autre à Brest, y
compris celui de Saint Nazaire en raison des soucis de disponibilité de quais.
25
Le projet se situe en rade de Brest, sur une surface de 38 hectares sur un polder, construits
dans les années 78. C’est un projet qui doit aboutir à l’horizon est 2016, sachant que les
premiers contrats ont été pris avec des opérateurs pour cette échéance, et que ce projet a
été initié il y a maintenant plus de 2 ans. Ce projet s’étend donc sur 5 ans minimum. Les
navires d’installation viennent chercher l’équipement en bord à quai avec leurs propres grues
à 1200 tonnes selon les modèles. Le principal problème dans ce cas-là vient de la pression
au sol. En effet, la plupart des ports de commerce sont dimensionnés à 4 tonnes/m², alors
que le besoin dans le cadre de la manutention d’installations EMR est de à 90 tonnes/m².
C’est surtout l’assureur qui va donner ou non son aval, car il procède avec des normes et ne
donnera son autorisation que si le projet y répond. Toujours en ce qui concerne le quai, il est
nécessaire de l’appuyer sur un toit rocheux, pour qu’il puisse s’asseoir sur de la roche solide
et ainsi être stable. Cela est primordial en ce qui concerne les hydroliennes en mer de
grosse taille, ou les éoliennes flottantes, car ces colis pèsent en moyenne 2 000 tonnes pour
les éoliennes flottantes, avec des fondations à 800 tonnes et des nacelles de 400 tonnes.
Dans ces conditions, la solidité de l’ancrage de quai est primordiale.
Concernant des moyens de productions plus petits, avec des assemblages moins lourds, on
peut très bien charger/décharger sur des quais à 4 tonnes/m² en utilisant notamment des
remorques multi-essieux. Il est possible dans ces cas là d’utiliser des ports existants. Il faut
donc construire une offre logistique en fonction de ses objectifs, car à partir du moment où
votre quai est dimensionné pour accueillir des chargements de 4 tonnes/m², il est très difficile
de changer les choses pour passer à 15 tonnes/m². Il faut donc anticiper sur le futur et
trouver le bon ratio cout/avantages.
Il ne faut pas perdre de vue que les EMR pèsent dans le paysage, c'est-à-dire que même au
niveau des structures portuaires et y compris au niveau des hangars, ce sont des éléments
très volumineux. C’est aussi un élément important, parce que le développement des EMR
passera inévitablement par une phase de sensibilisation. Comment demain nos enfants
seront associés à ce mode de production ? Comment les sensibiliser ? Quand nous avons
construit l’hydrolienne de Paimpol, tous les jeunes techniciens et ingénieurs autour du
prototype, trouvaient cela « génial » et considéraient que c’était un projet d’avenir. Le
développement des EMR se prépare avec les jeunes aussi, scolaires et universitaires.
Quelques chiffres afin de bien identifier les ordres de grandeur d’un projet portuaire : sur la
période 2011 - 2017, le projet va générer 1,4 millions de m3 dragués, la création d’un polder
de 20 hectares, 1 450 mètres de digue à 1 200 tonnes du mètre linéaire. Pour la construction
de la digue, un balai de 300 camions par jour venant déposer des granulats est nécessaire
pendant un an.
Les énergies marines sont donc une réalité, les marchés existent et sont en train de se
structurer, les gros acteurs industriels y sont, mais cela nécessite une préparation, et tout le
monde a sa part à jouer dans cette phase de préparation. Et si y a un seul message à retenir
aujourd’hui ce sera celui-là.
Pour conclure, je souhaitais revenir sur un concept abordé ce matin, à savoir celui de la
gouvernance qui est fondamental de mon point de vue. En Bretagne, de façon exemplaire, il
y a toujours le binôme Préfet de région / Président du conseil régional qui ont le même
positionnement quant aux projets proposés. Cela permet d’avoir un suivi rapide de la part
des institutions. Car il est bien évident que lorsque le préfet de région s’intéresse à un projet,
26
l’attention qui lui est portée est sensiblement augmentée. Cela veut dire qu’il est donc
essentiel de mon point de vue d’associer l’ensemble des parties prenantes, de la base aux
décideurs, et faire en sorte que l’information circule en toute transparence entre ces
différents acteurs. Il s’agit là d’un point de vue personnel relevant de mes expériences
passées.
1.3.6 Conclusion sur les enjeux liés à l’acceptabilité des projets
Jean Louis Martres, CESER Aquitaine. Madame la Vice-Présidente du Conseil Régional, Monsieur le Président du GIP, permettez-
moi tout d’abord de vous remercier, au nom du Conseil Economique Social et
Environnemental Régional (CESER), de m’avoir permis de suivre vos travaux. Nous parlons
ici d’un domaine dont il faut préciser, et c’est apparu tout au long de la journée, qu’il est
extrêmement mouvant, et d’une certaine manière encore expérimental. Dans certains cas,
on en est au domaine du prototype, il y en a de très nombreux, et finalement, à court ou
moyen terme, on ne sait pas quel type d’énergie sera arbitré et surpassera les autres. Dans
un terrain mouvant, la recherche de normes et plus particulièrement de normes juridiques est
très difficile à faire. Ces normes passent pour des garants de la sécurité, ce qui n’est pas
toujours vrai, mais j’y reviendrai.
Ce qui est très intéressant dans les travaux du GIP, mais qui laisse quand même un certain
nombre d’ambigüités à lever avant d’aborder le cœur du sujet, la concertation, c’est que l’on
parle beaucoup de gaz à effet de serre. Dès lors, il faut bien comprendre que le
développement et la recherche liés aux énergies renouvelables s’appuie sur l’idée d’une
nécessaire réduction des GES. C’est certainement vrai, mais il faut apporter une nuance, car
les GES et la pollution sont un problème mondial. Or si l’on considère l’Europe par rapport
aux engagements de lutte contre les GES, et la France plus particulièrement, on constate
alors que nous sommes plutôt en pointe sur le sujet. Voici quelques chiffres : les émissions
de CO², en millions par an. On observe que la France est à 266 MT/an, le Royaume Uni à
397 MT/an et l’Allemagne à 426 MT/an. C’est peut être beaucoup, mais la Russie émet
3780 MT/an et la Chine 3810MT/an. Il faut donc relativiser et reconnaître qu’en la matière,
l’Europe et en particulier la France possède une certaine avance. Nous avons proposé au
sein de la commission Européenne de réduire de 20% d’ici à 2020 nos émissions dans ce
domaine, nous allons donc effectivement aller de l’avant sur ce sujet, mais nous ne pourrons
pas aller plus loin si les autres ne le font pas également. C’est un problème mondial.
Ce qui parait important, finalement, au travers des EMR et en particulier au travers des
procédés matures, c’est la recherche d’une filière industrielle dans un marché déjà
mondialisé, c'est-à-dire qui touche directement la recherche, l’industrie, l’emploi, et
l’aménagement du territoire. C’est pour cela que derrière ce rideau de la recherche
industrielle, de la conquête d’un marché mondial, et donc de la concurrence finalement sur
un marché déjà formé et formaté, il y a quelque chose qui intéresse tout particulièrement la
façade Atlantique. Ce n’est pas du tout un hasard si la Commission Européenne souhaite
que l’on effectue un plan de stratégie marine pour la façade atlantique, qui fait suite à celui
qui a été effectué en Mer Baltique et sur le Danube et qui ont fonctionné.
Cela signifie une inversion totale de leur image géopolitique. Selon les prospectivistes d’il y a
7 ou 8 ans, la façade Atlantique était une façade noire, fermée et qui n’était bonne qu’a
27
accueillir des touristes du 3ème âge des pays du nord qui venaient en vacances s’y
réchauffer. Or cette découverte que de nouveau la mer peut s’ouvrir et fournir quelque chose
qu’elle n’avait pas encore fourni, est quelque chose d’extraordinaire. Si l’on regarde le
déplacement des axes de centralité de l’Union Européenne vers l’Est à la suite de
l’Allemagne, il est capital de recréer la Façade et de l’animer par une vie nouvelle, car avec
la création d’une filière, on crée de nouveaux métiers inconnus jusqu’alors, on construit des
usines, on anime l’hinterland, on fait vivre les ports.
Il ne faut pas rater cette opportunité, nous sommes en train, si nous réussissons, de « ré
ouvrir la mer », et cette façade atlantique, qui ne l’oublions pas, a fait la fortune de la France
dans les siècles précédant en lui permettant de commercer avec le monde, et de s’ouvrir sur
l’Afrique, sur l’Amérique. J’ai beaucoup aimé toute l’ingénierie que vous avez développée
pour nous expliquer que tout doit parfaitement s’imbriquer, s’articuler dans un projet
cohérent, documenté et parfaitement monté. C’est très important de le rappeler, il faut que
ce soit une véritable horlogerie pour que ca fonctionne. Horlogerie avec une dimension
prospective car sur des techniques qui ne sont pas matures, on travaille avec une vision de
l’avenir que l’on ne maîtrise pas parce qu’il ne sera pas linéaire. On ne sait pas quel sera
l’arbitrage.
Aujourd‘hui, on s’aperçoit que l’Europe s’y intéresse, que l’Etat Français s’en empare et que
les collectivités publiques suivent cela aussi. Mais tous ont des intérêts différents. La France
a été assez réticente pendant longtemps, pour des raisons évidentes à savoir qu’elle avait
79 % de son électricité provenant du nucléaire, qu’elle avait fait des investissements
conséquents en la matière. C’est finalement assez récemment qu’il y a eu un retournement
de situation et qu’elle a jeté l’ancre sur ce sujet… Ce changement de cap s’explique par la
perspective de développement d’une filière industrielle, donc des techniques à mettre au
point et à vendre pour conquérir à l’étranger des parts de marché et rentrer dans la
concurrence mondiale..
Néanmoins, les mix énergétiques sont très différents d’un pays à l’autre, l’idée même d’une
politique énergétique à l’échelle européenne devient extrêmement difficile à mettre en place,
elle est même quasiment embryonnaire. Si l’on regarde l’évolution politique française, elle
reste assez prudente dans la mesure où précisément son axe central repose sur le
nucléaire. On le voit bien pour les problèmes de raccordement, ainsi que pour le rôle que
joue EDF dans le développement de ce marché.
Au final, qui est réellement concerné par le développement des EMR ? C’est en premier lieu
l’investisseur, qui porte le projet, qui l’a documenté, qui a tout planifié et qui aura pris soin
d’anticiper les possibles contentieux. Il lui faudra échanger avec les administrations, mais
surtout avec les usagers. En effet, développer les EMR revient à instaurer un nouvel usage
dans un espace qui en compte déjà beaucoup. La pêche naturellement, car c’est l’activité la
plus ancienne et la plus noble, mais il y a aussi toute une série d’usages à prendre en
compte, comme la plaisance, les sports de glisse, et bien sur la navigation marchande, ainsi
que la sécurité, les militaires.
L’étude menée par Artelia, donne pour la première fois, une vision très claire des potentiels
de ces énergies en Aquitaine. Et ca, nous ne l’avions pas, et cela constitue un outil essentiel.
Mais attention, le potentiel ne veut pas dire le possible, il n’y a pas forcément d’équivalence
entre le potentiel et le possible. Car lorsque qu’un projet se monte, on se retrouve en face
28
d’une multitude de contraintes elles mêmes issues du grand nombre d’acteurs impliqués, et
c’est à partir de la que la notion de concertation entre en compte. Cette notion est très mal
gérée en France, parce que la procédure juridique française reste extraordinairement
complexe, et trop longue comme cela a été rappelé ce matin.
Aujourd’hui la concertation se pose à deux niveaux : le niveau diplomatique et le niveau
administratif.
Le niveau diplomatique, puisqu’il est hors droit, repose sur une logique de l’arrangement, du
compromis dans lequel il est nécessaire de réunir des usagers aux intérêts divers pour les
faire cohabiter, méthode pour laquelle je tiens à dire que le GIP littoral aquitain est l’outil tout
indiqué. Parce que ce que recherchait le représentant de l’Etat ce matin, c’était la sécurité.
Or la sécurité, et c’est pour cela que je faisais une parenthèse sur le droit en introduction, ne
repose pas nécessairement sur le droit. Elle peut être trouvée au travers d’un accord
contractuel à la base et sur les usages signé entre les parties prenantes, comme Madame le
Maire l’a parfaitement démontré dans son intervention. Si vous partez avec ce capital, pour
aller à l’assaut des procédures juridiques qui sont très complexes, (avec enquête publique et
étude d’impact comme vous le savez), c’est infiniment plus facile si vous avez déjà au
préalable par la concertation géré la question des obstacles qui peuvent générer des
contentieux. Par conséquent, le porteur de projets peut parfaitement poursuivre sa voie
juridique en sachant que les éléments de contentieux potentiels sont déjà abordés.
La concertation doit aussi intervenir au second niveau, le niveau administratif, avec une
meilleure interaction des services concernés, pour notamment faciliter et surtout accélérer
les procédures. Aujourd’hui, sur cette thématique, il est question de concertation
internationale, transfrontalière, ce n’est plus un problème strictement national, et c’est une
thématique qui implique des accords entre états. C’est d’ailleurs l’intérêt de Tecnalia5 qui est
un centre que j’ai eu l’occasion de voir fonctionner. L’exemple de ce qui a été fait sur la
gestion forestière est intéressant, chaque laboratoire mobilisé de la côte aquitaine jusqu’au
Portugal travaille à présent de concert, ce qui évite les redondances et permet une plus
grande cohérence.
Il faut donc nouer des partenariats de ce type, en ne perdant pas de vue bien entendu qu’en
matière d’EMR la concurrence est féroce et les enjeux financiers importants. Néanmoins, il
est nécessaire de prévoir, pour un marché mondialisé, des accords qui mettent ensemble la
puissance des états de la façade atlantique, pour créer des laboratoires, des protocoles de
recherche, ou encore ces nouveaux métiers qui seront nécessaires au développement de
ces nouvelles industries. Le GIP littoral aquitain a toute légitimité et est tout à fait à même,
s’il lui est permis, de poursuivre son travail foncièrement nécessaire, à préparer cette
concertation entre usagers de manière à établir des règles de protocole et d’accords avant
même que les projets ne soient débattus. Et cela devient facile à faire sur la base de l’étude
sur les potentiels. Cela permet ainsi d’expliquer aux collectivités publiques le possible, le
souhaitable, et la raison pour laquelle elles doivent s’y engager. Je souhaite évidemment le
succès de toutes vos entreprises et de tous les projets initiés, j’ai beaucoup appris
aujourd’hui, et je vous en remercie.
5 Tecnalia : Institut basque espagnol spécialisé dans l’ingénierie marine, équivalent de l’IFREMER français.
29
1.3.7 Intervention de Marc Lafosse
Ré-ouvrir la mer, ré-ouvrir la façade atlantique, c’est évidement la thématique d’aujourd’hui.
On a donc aujourd’hui une cartographie assez précise des « possibles » en Aquitaine, avec
des perspectives de développement très clairement présentées aujourd’hui. Chacun aura
compris, au travers de cette journée, qu’au nord du territoire aquitain le potentiel porte sur de
hydrolien fluvial et de l’éolien posé, alors que plus au sud, le potentiel porte sur l’énergie
houlomotrice. Cette cartographie est très claire, la suite sera peut être analysée de façon
plus stratégique, en intégrant à ces travaux les usagers de la mer dans la concertation
évoquée tout à l’heure.
Pour ce qui est des projets, je ne peux que conclure en vous parlant de FEM, qui est
labélisée pour les investissements d’avenir depuis mars 2012, et qui va dans le sens de
positionner et de structurer cette filière EMR. Evidemment, les positions que pourrait prendre
la France par ses savoirs faire industriels, d’entreprise, de recherche-développement
permettraient de positionner un leadership européen. Et c’est donc dans ce sens là que
FEM, qui va d’ailleurs prochainement devenir un pour intégrer à la fois le publique et le privé
au sein d’une même structure pour aller de l’avant sur cette thématique, de façon à ce que
toutes ces entreprises puissent s’entendre tout au long de la chaîne de valeurs, ambitionne
de pouvoir afficher à terme un leader européen, et même mondial.
Je voudrais évidemment remercier le GIP littoral aquitain de m’avoir proposé d’animer cette
journée et les féliciter pour l’organisation de cette démarche collective et d’échanges.
J’espère que vous avez tous apprécié cette journée. Je voudrais terminer sur cette phrase
issue du document de référence publié il y a quelques années par le Ceser Bretagne sur le
thème des énergies marines et qui titrait : « Les énergies marines, à nous de jouer ». A nous
de jouer en Aquitaine, à nous de jouer au niveau européen !
30
1.4 | Questionnements
Pourquoi ne pas avoir pris en compte les aspects environnementaux au même titre
que les autres aspects techniques et économiques dans le cadre de l’étude ?
Réponse Artelia : Les aspects environnementaux ont été pris en compte dans la
cartographie et l’établissement de la base de données. En revanche, pour le calcul du
potentiel technico économique, il s’agit d’un choix méthodologique très clair. En guise
d’exemple, au niveau de l’estuaire de la Gironde, si l’on se base exclusivement sur la faune
piscicole, on annihile tout potentiel hydrolien sur l’estuaire. En revanche, dans les phases
ultérieures, il faudra faire des focus plus précis sur les secteurs de développement
potentiels, mais là encore, on ne parle ici que des questions de potentiel et de gisement, en
rapport avec les besoins des technologies. Il n’est pas question d’oubli, mais bien de choix
méthodologique.
Qu’en est-il du raccordement ? Une énergie produite en mer par un système
houlomoteur ou une éolienne par exemple est elle aussi facilement transportée qu’une
énergie produite à terre, par un barrage ou une centrale nucléaire par exemple ? Est-il
vraiment intéressant d’avoir des installations au large ?
Réponse Artelia : Pour calculer le potentiel technico-économique, un maillage en petit
zonage de l’ensemble du littoral aquitain, et chacune des mailles a été associée à un point
de raccordement, un point source, en termes de puissance, mais aussi de distance. Pour
chaque maille, on intègre l’effet longueur de raccordement, y compris au niveau des pertes.
Il ne s’agit pas ici d’étude préimplantatoire pour un parc ou une ferme test, et c’est la raison
pour laquelle ce sont des fourchettes de chiffres qui sont annoncées.
Sur l’éolien posé, il y a eu une prise de risque dans le choix de diminuer le niveau de
puissance du vent référencé par le CETMEF à 7 m/s, pour choisir un critère à 6,5 m/s.
N’est-ce pas une entorse au principe de réalité que de fonder des hypothèses
industrielles sur des paramètres dont on sait qu’ils ne sont pas encore matures ?
Réponse Artelia : Concernant l’éolien, il y a eu effectivement une modification des critères du
CETMEF, ainsi qu’une adaptation de la puissance des machines pour les calculs (20 MW).
Dans l’étude réalisée, on parle de potentiel et non de dimensionnement d’un parc à installer,
les limites des critères utilisés ont donc pu être repoussées. C’est la raison pour laquelle les
vitesses de vents ont été corrigées pour les adapter au niveau des dimensions des machines
utilisées pour l’étude (beaucoup plus grandes que les machines existantes aujourd’hui,
sachant que si l’on devait construire un parc aujourd’hui, il intégrerait beaucoup plus de
machines, plus petites et moins puissantes). Les critères du CETMEF ont donc été adaptés
pour l’éolien, mais également pour l’hydrolien fluvial, afin de s’adapter aux contextes locaux.
Concernant le gisement hydrolien fluvial, il a été déterminé sur la base de 2
paramètres fondamentaux : la bathymétrie (minimum 5 mètres) et la vitesse des
courants lors d’une marée de vives eaux (min 1,6m/s). Lorsque l’on croise les deux
paramètres on arrive à des niveaux de profondeurs dans les fleuves de 10 mètres, ce
qui pose problème pour trouver de tels secteurs surtout avec les limites imposées par
les chenaux de navigation.
31
Réponse Artelia : En ce qui concerne la proximité avec les chenaux de navigation, nous
avons pris un certain nombre de zones tampons, ce qui fait que l’on a quasiment une
absence de potentiel dès lors que l’on s’éloigne de l’estuaire, les chenaux de navigation
étant de plus en plus contraignant à mesure de la remontée vers l’amont. A l’instar des
enjeux relatifs à la pêche, il sera nécessaire dans les études ultérieures et préimplantatoires,
de prendre en compte tous les usages fluviaux. La navigation en est évidemment l’un des
principaux. Il existe également des technologies hydroliennes flottantes, dont une partie
émergée peut être visible et donc limiter les risques de collision.
Sur le houlomoteur offshore, il est présenté une bathymétrie nécessaire de plus de 50
mètres, y a-t-il des raisons techniques ?
Réponse Artelia : Sur le houlomoteur offshore, l’étude s’est basée sur les critères du
CETMEF. En effet, on pourrait certainement se rapprocher de la côte, mais plusieurs raisons
expliquent ce choix. On considère notamment que plus l’on se rapproche de la côte, plus l’on
observe une modification des caractéristiques de la houle, par effet de frottement sur le fond.
Donc pour avoir de la houle non atténuée par les fonds, il est préférable d’avoir des
bathymétries supérieures à 50 mètres. Nous avons également intégré la notion de distance à
la côte prévue par le CETMEF. Mais sur un plan purement technique, il est en effet possible
de réduire à 45 ou 40 mètres.
Pourquoi les zones militaires sont-elles affichées comme étant des zones
rédhibitoires (car il y a différents niveaux de conventionnement avec les militaires) ?
Les contraintes environnementales et les zones militaires sont-elles mises sur le
même plan ?
Réponse Artelia : Les contraintes militaires sont identifiées comme des contraintes
rédhibitoires uniquement dans le cas de l’éolien. En effet, les contraintes aéronautiques
n’influent en rien par exemple sur l’implantation de systèmes houlomoteurs. Nous avons
donc intégré les contraintes rédhibitoires en fonction de leur réel impact, et surtout selon la
technologie.
Est-ce qu’il y a également une zone de test d’éolienne dans le projet de Brest. Le
projet maritime intègre-t-il une zone de test ?
Réponse du Conseil régional de Bretagne : Dans le cadre du projet sur le port de Brest,
l’intégration d’une éolienne grandeur nature, multi mégawatt installée à terre comme si elle
était en mer, a fait l’objet d’une sollicitation. Le port de Brest n’y a pas répondu
favorablement. Les servitudes relatives à une éolienne en mer sont très importantes en
termes d’emprise spatiale : il y a la partie immergée, et en surface il y a toutes les
contraintes, militaires, hertziennes et radio. Au niveau du port de Brest, ces servitudes ne
permettent pas de le faire, d’autant qu’il y a un autre souci technique, à savoir les descentes
et les reprises de charge, contraignantes au niveau des fondations (poids trop important).
Il y a également eu des demandes d’implantation d’un banc test pour les turbines, et
notamment pour les fatiguer artificiellement, afin de pouvoir sortir des turbines les plus
fiables possibles. Aujourd’hui, compte tenu notamment des enjeux financiers liés au
développement et à la maintenance des technologies, les industriels veulent être en capacité
de recréer artificiellement 3 ans de fatigue liés au fonctionnement en mer.
32
1.5 | Préconisations du groupe d’acteurs
Un certain nombre d’orientations sont ressorties des débats et échanges qui ont eu lieu toute
la journée. Des éléments concrets ont été proposés ou sont déjà mis en œuvre pour y
répondre.
Intégrer la question EMR dans le mix énergétique
Intégrer les EMR dans le cadre du prochain SRCAE
Un enjeu industriel
Se donner les moyens de structurer une filière en s’appuyant sur les filières
présentes en Aquitaine : cluster éolien, matériaux composites, électronique… en lien
avec la volonté de ré-industrialisation de l’Etat
Travailler sur la chaîne de valeur
Porter une réflexion sur les capacités industrialo-portuaires
Une logique de coopération et de collaboration avec les autres régions
En cours : Participation aux travaux de France Energies Marines
En cours : Intégration des EMR dans l’accord de coopération signé entre le conseil
régional d’Aquitaine et le conseil régional de Bretagne
Intégrer la dimension transfrontalière notamment avec le Pays Basque espagnol
Intégrer les EMR dans la réflexion sur les capacités de raccordement
S’appuyer sur les « groupes techniques réseaux » mis en place dans le cadre du
Plan Climat énergie territorial régional
Porter un effort particulier sur les questions de concertation
En cours : informer l’ensemble des acteurs et usagers concernés du potentiel
développement des EMR en région Aquitaine
Mobiliser les outils de gouvernance existants pour aller plus loin sur la définition d’une
méthode de concertation
Apporter un cadre juridique aux porteurs de projets et travailler étroitement entre les
collectivités et les services de l’Etat
En cours : Se donner les moyens de mieux connaître les impacts environnementaux
33
2 | Consultation des associations environnementales
2.1 | Liste des acteurs consultés
Les représentants des principales associations environnementales d’Aquitaine : LPO,
SEPANSO, SURFRIDER FOUNDATION, GRAINE Aquitaine, Aquitaine Landes Récifs,
l’ADREMCA, les Amis de la Terre, Aquitaine Alternatives, l’URCPIE Aquitaine.
2.2 | Mode de consultation
Dans le cadre du programme de consultation validé par le conseil d’Administration du GIP
littoral aquitain, une réunion d’information s’est tenue le 22 janvier 2013, avec présentation
des résultats de l’étude, en présence des services de l’Etat (présence du DIRM SA) et du
Conseil régional d’Aquitaine.
2.3 | Contenu des échanges
L’ensemble des participants a tenu à saluer la production de l’étude sur les potentiels en
énergies marines du territoire. La présentation exhaustive a permis d’ouvrir le débat sur la
réalité des différents gisements naturels, mais aussi d’échanger sur les possibles impacts
environnementaux liés au développement d’installations EMR sur le littoral aquitain, et
notamment en ce qui concerne le développement houlomoteur, principal potentiel avéré en
Aquitaine. Les participants à la réunion ont également salué le mode de consultation initié
par le GIP littoral aquitain. Tous ont en effet apprécié d’être consultés, et certains se félicitent
de voir que des données produites par leurs organismes ont été utilisées (données LPO,
SEPANSO notamment).
Il a été rappelé l’importance de tenir compte, et ce notamment dans le cadre du
développement des éoliennes offshore, de la biodiversité marine. La création des ZNIEFF
(zones d’intérêt écologique, faunistique et floristique) marines qui sont en cours d’élaboration
va dans ce sens. Il est fondamental de tenir compte de tous les habitats sensibles, et de
mesurer l’impact sur les oiseaux du développement d’éoliennes sur des zones de migration
importantes. D’ailleurs certains projets d’éolien terrestre sous les mêmes latitudes que la
zone identifiée par l’étude seront confrontés à la même problématique vis-à-vis des oiseaux
migrateurs. Enfin, le groupe d’acteurs a préconisé le lancement d’études complémentaires
pour mieux caractériser la biodiversité en mer.
2.4 | Questionnements
Pourquoi l’étude a-t-elle été menée exclusivement dans la bande des 12 milles ?
Réponse DIRM SA : La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) a fixé la limite des 12
milles pour tous les appels d’offre ou tous les appels à projet, c’est pourquoi l’étude à été
réalisée dans cette zone là, mais les futurs appels à projet pourront vraisemblablement aller
au-delà. Par ailleurs, la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) du MEDDE
travaille actuellement sur la question de l’exploitation au-delà de la zone territoriale des 12
34
milles. Un décret ministériel est en cours de rédaction pour offrir une assise juridique précise
pour le développement industriel énergétique et autoriser l’occupation du domaine maritime
au-delà de la zone des 12 milles, au sein de la zone économique exclusive.
Quels peuvent être les impacts réels d’une ferme houlomotrice sur la dynamique de la
houle et des courants, et donc sur les activités socio-économiques associées (pêche,
surf, nautisme) ?
Réponse GIP littoral aquitain : Concernant l’impact des systèmes houlomoteurs sur les
dynamiques socio-économiques du littoral, il est important de rappeler que l’étude présentée
ici a pour vocation première de déterminer des gisements naturels, et des potentiels
techniques, mais pas de définir précisément des zones d’implantation pour des fermes test
par exemple. Cela viendra plus tard, et dès lors qu’un secteur sera privilégié, tout un
ensemble d’études complémentaires viendront s’assurer que ces systèmes ne sont pas de
nature à générer un impact négatif sur l’activité de pêche, et plus généralement sur les
usages nautiques du littoral. Concernant l’impact d’une ferme houlomotrice sur le
déferlement de la houle à la côte, des études sont en cours pour déterminer avec précision
la perte d’énergie générée (et par incidence la modification des caractéristiques de la houle
pour le surf). Une étude menée par l’océanographe néo-zélandais Kerry Black dans le cadre
de l’implantation d’une ferme houlomotrice en Cornouailles (Angleterre) fait état d’une perte
d’énergie et d’une diminution de la hauteur des vagues de l’ordre de 5 %. Il s’agit ici d’un
exemple, et rien de permet d’affirmer que ces chiffres sont applicables au Littoral Aquitain,
mais cela démontre néanmoins que ces préoccupations doivent être prises en compte.
Pourquoi les pays du nord de l’Europe sont-ils beaucoup plus avancés que nous dans
le développement des EMR ? N’y a-t-il finalement pas trop de contraintes à leur
développement en France ?
Réponse conseil régional d’Aquitaine : L’étude menée en Aquitaine est unique en France, et
a été reconnue comme telle par la DGEC notamment, ainsi que par les services de l’Etat. La
différence fondamentale avec les pays du nord, réside dans le fait qu’ils sont partis du
postulat qu’ils avaient de la ressource et que par conséquent ils devaient se lancer dans les
EMR (en l’occurrence principalement l’éolien offshore), sans pour autant réaliser des études
en amont, quitte à mesurer les impacts par la suite. En France, c’est l’inverse qui s’est
produit, et nous avons attendu d’avoir des données suffisantes pour envisager un
développement conséquent des EMR. Chaque pays possède une politique énergétique qui
lui est propre, et dans les pays qui ne sont pas auto suffisants en termes
d’approvisionnement électrique, ou qui ne produisent pas de l’électricité « bon marché » à
partir du nucléaire à l’inverse de la France, la diversification du bouquet énergétique s’est
initiée plus rapidement et plus naturellement. L’enjeu majeur est entre les mains des
industriels, qui sont les porteurs et les financeurs des projets EMR, et qui ont besoin d’un
maximum de garanties, y compris juridiques pour lancer leurs opérations.
2.5 | Préconisations du groupe d’acteurs
Intégrer les enjeux environnementaux
Poursuivre la récupération de données au fur et à mesure afin de tenir une base de
données actualisée lorsque les projets se présenteront, mener des études
complémentaires
35
3 | Consultation des acteurs économiques
3.1 | Liste des acteurs consultés
Les représentants des services économie des membres du GIP littoral aquitain : le Conseil
régional d’Aquitaine, les conseils généraux de la Gironde, des Landes et des Pyrénées
Atlantiques, ainsi que l’ensemble des communautés d’agglomération et communautés de
communes du littoral aquitain, Direccte Aquitaine, DIRM SA, SGAR, DREAL Aquitaine.
Les représentants des agences de développement économique régional et départemental :
ADI, BGI, Bask Invest, chambres consulaires.
Les entreprises aquitaines identifiées dans un premier temps par le réseau comme
susceptibles d’être intéressées par les EMR : ALTEP Groupe Ingeliance, Astrium, Bertin
technologies, Cap Ingelec, Casagec Ingenierie, Cerenis, Creaconcept, ERDF Gironde,
Energie de la Lune, Grand Port de Bordeaux, Groupe Snef, Hydrotube, Per HB, Plastinov,
Valorem
3.2 Mode de consultation
Conformément au programme de consultation validé par le Conseil d’Administration du GIP
littoral aquitain, une première réunion d’information a été organisée le 13 décembre 2012 à
destination des acteurs économiques institutionnels.
A l’issue de cette réunion, il a été convenu d’organiser un second temps d’échanges avec les
entreprises aquitaines susceptibles d’être intéressées par le développement des EMR. Le
choix de ces entreprises a été fait à partir des fichiers transmis par le réseau et n’est en
aucun cas une liste exhaustive. Cette réunion a eu lieu le 24 janvier 2013.
3.3 Contenu des échanges
3.3.1 | Réunion à destination des acteurs économiques institutionnels La réunion s’est tenue sur la base de la présentation des résultats de l’étude sur les
potentiels, ainsi que sur une présentation de la société Energie de la Lune portant sur les
enjeux industriels liés à la structuration d’une filière énergies marines renouvelables en
Aquitaine6.
6 Annexe : Les enjeux industriels liés à la structuration d’une filière énergies marines renouvelables en Aquitaine – Energie de la
Lune
36
D’autres éléments ont fait l’objet de précisions sur la question centrale des équipements
portuaires dans le développement des énergies marines.
Il est nécessaire de disposer de terrains portuaires pour attirer les industriels, et cela pose la
question de savoir où il reste de la place en Aquitaine pour des infrastructures
portuaires. Par ailleurs, afin de sécuriser un projet d’implantation, il faut présenter un
potentiel d’emplois importants pour porter un projet d’aménagement portuaire (ratio nombre
d’emplois/ hectares consommés).
L’intervention d’un port se situe à 3 niveaux : l’ingénierie, la construction et la logistique, le
démantèlement. Concernant la disponibilité de terrains portuaires : sur Bordeaux il reste du
foncier disponible pour accueillir de l’industrie, mais ces terrains sont confrontés à des
contraintes environnementales importantes (inondabilité, richesse écologique – zones
humides). Il y aura donc nécessairement des arbitrages à prendre entre ces 2 enjeux. Les
ports sont des outils à mobiliser et il y aura des décisions à prendre sur l’accueil des
industries (exemple de la réhabilitation du quai Grattequina qui sert de point de départ pour
les exportations de pâles d’éoliennes construites par EADS).
Enfin, Bordeaux Gironde Investissement rappelle que tous les grands turbiniers sont passés
par le Verdon. Ils ont apprécié les potentialités du site, mais tous ont mis en avant qu’il se
situait trop loin du potentiel de champs, des éventuels sous-traitants locaux et des voies de
communication.
3.3.2 | Réunion à destination des entreprises du territoire
√ Présentation du projet européen Atlantic Power Cluster
Le projet vise à créer une stratégie transnationale sur les énergies marines, fondée sur les
complémentarités entre régions, afin de relever conjointement le défi du développement des
énergies marines dans l'Espace Atlantique. Il a pour ambition de favoriser une énergie plus
verte et un modèle d’énergie durable, à travers la recherche et le développement de
sources alternatives d'énergie. En améliorant la compétitivité et la capacité d'innovation des
régions de l'Atlantique, Atlantic Power Cluster pourra conforter le leadership détenu par
l’Europe dans le domaine des énergies renouvelables.
5 groupes de travail ont ainsi été mis en place : benchmarking régional, acceptabilité
sociale, structuration de la filière et développement industriel, adaptation de la main d’œuvre
aux besoins du secteur des énergies marines renouvelables, mise en place d’un cluster
énergies marines sur l’Arc Atlantique.
37
Les 2 porteurs de projets présents dans le domaine des EMR présents à cette réunion ont
présenté rapidement leurs projets : retour d’expérience, difficultés rencontrées, perspectives
de développement.
Présentation Per HB par Olivier Bourbon et Nicolas Hoppenkamps Le système développé par Per HB a été mis à l’eau en juin 2012. L’objectif est de
développer puis de commercialiser une bouée houlomotrice fonctionnant à l’aide d’un
système oscillant récupérant le mouvement de la houle qui sera transformée en électricité.
Un démonstrateur a été installé en mer à 2km au large du Wharf de la Salie. Le système est
équipé d’un boitier permettant de mesurer les performances de l’appareil. Les premières
données en cours de récupération illustrent le fort potentiel houlomoteur du littoral, en tous
cas sur le site du démonstrateur.
D’un point de vue logistique, la principale difficulté rencontrée vient du fait que Per HB ne
dispose pas d’un bateau conçu et dédié pour transporter la machine. La société souhaiterait
bénéficier d’un bateau adapté, avec un pont suffisamment près de l’eau pour faciliter les
manipulations de la machine (immersion/ sortie de l’eau), mais ayant suffisamment de
hauteur pour tenir la mer quand les conditions se durcissent. Il est donc nécessaire
d’envisager le développement d’un bateau dédié.
Sur la partie administrative, un passage devant la commission nautique locale a été effectué
pour obtenir l’autorisation d’occupation temporaire (AOT). Les interlocuteurs sont aujourd’hui
identifiés, mais cela n’a pas été facile, étant les premiers dans le domaine en Aquitaine. Per
HB est également en contact avec le SIBA pour envisager les possibilités de raccordement
depuis le wharf, puisque ce dernier possède déjà des possibilités de raccordement sur sa
structure.
Concernant le volet financier, Per HB est actuellement en phase de recherche et
développement, avec un investissement financier de l’ordre de 30 000 € à 40 000 €.
L’objectif actuel est de pouvoir exploiter des petites unités pour alimenter des installations
isolées (phares, îles, pontons, ou encore alimentation électrique pour le développement de
récifs artificiels…), et de poursuivre la R&D sur de plus grosses unités.
Concernant l’étude présentée, Per HB constate que les 2 cartes de gisement houlomoteur
(offshore et nearshore) se superposent, et que le littoral présente dans son intégralité un
potentiel fort sur cette technologie. C’est une donnée qui conforte donc le choix de
poursuivre le travail entamé.
Concernant les difficultés rencontrées, Per HB indique qu’elle a manqué d’un cadre sur les
processus administratifs, mais n’a pas rencontré trop de problèmes pour obtenir les
autorisations nécessaires.
Présentation d’Energie de la lune par Jérôme Cougoul Energie de la Lune ne développe pas sa propre technologie, mais réalise les études de
faisabilité de projets jusqu’au montage de dossiers administratifs. C’est d’ailleurs dans ce
domaine que la société rencontre les principales difficultés, car dans le cadre des notices
d’impact « loi sur l’eau », il est demandé de démontrer que les installations (SEENEOH
accueille des développeurs pour leur permettre de tester leur technologie IN SITU,
38
immédiatement en aval des piles du Pont de Pierre à Bordeaux) n’ont pas d’impact sur
l’environnement. Or, ce site d’essai a pour vocation, entre autres choses, de mesurer les
éventuels impacts environnementaux des technologies, afin de bénéficier d’un retour
d’expérience en la matière. Il faut donc travailler en amont sur le volet acceptabilité, et la
concertation prend dès lors tout son sens.
Pour ce qui est du potentiel hydrolien sur l’estuaire, les mesures effectuées par Energie de la
Lune confirment les résultats de l’étude à l’échelle macroscopique. Si l’on se penche sur des
secteurs géographiquement plus restreints, il est possible d’identifier d’autres zones de
potentiel, des « spots » potentiels. En effet, Energie de la Lune a posé des séries de
capteurs et identifié d’autres spots, mais avec des critères différents, notamment en ce qui
concerne la courantologie.
Enfin, concernant les problématiques techniques, Energie de la Lune va travailler
prochainement sur les questions liées aux embâcles, très présents selon la saison dans la
Garonne.
3.4 | Questionnements
3.4.1 | Réunion à destination des acteurs économiques institutionnels Cette étude est très intéressante pour les développeurs car elle permet d’avoir un état
des lieux des contraintes au niveau de l’Aquitaine. Est-il possible d’élargir la limite des
12 milles qui correspondent aux eaux territoriales, à la zone économique exclusive qui
s’étend sur 200 milles nautiques ?
Réponse GIP littoral aquitain : La phase 3 de l’étude sur les compléments en attente devra
intégrer la question de l’élargissement de la zone d’étude. Par ailleurs, la DGEC travaille
actuellement sur la question de l’exploitation au-delà de la zone territoriale des 12 milles
(zone économique exclusive). Un décret est en cours pour offrir une assise juridique précise
pour le développement industriel énergétique. Il reste des difficultés liées à la Défense
Nationale qui doivent être résolues.
Quelle est la position de l’Etat sur les zones Natura 2000 et ces périmètres sont-ils
exclusifs ou non.
Réponse DIRM SA : Cela dépend des sites. Par exemple, sur l’identification des sites
conduite par l’Etat en 2010 et 2011, nous avions conclu à une zone favorable sur une partie
du périmètre Natura 2000. Le gouvernement avait demandé de ne pas considérer les zones
Natura 2000 comme exclusives. Dans une approche au cas par cas, il peut être démontré
que l’implantation d’EMR n’est pas de nature à générer une incidence négative sur la zone
Natura 2000, auquel cas la zone Natura 2000 n’impose pas d’interdiction.
Concernant les appels d’offres éoliens offshore, Jean Marie COUPU rappelle que le
gouvernement n’avait pas sélectionné ces sites car il y avait un effet d’économie d’échelle
qui était favorable. Sur le second appel d’offre, il a été demandé de retravailler la zone et les
contraintes de pêche professionnelle notamment : un travail d’analyse des contraintes des
pêcheurs a été réalisé dans le nord Médoc afin de voir dans quelle mesure on pouvait
repousser au large la zone de développement identifiée. Or, il y a des contreparties qui ont
39
été accordées aux pêcheurs lors de la mise en place du centre d’essai des Landes qu’il ne
faut pas remettre en cause par un autre usage.
3.4.2 | Réunion à destination des entreprises du territoire A quoi va servir ce document pour le conseil régional d’Aquitaine ?
Réponse conseil régional d’Aquitaine : Il servira à identifier le potentiel en énergies marines
par rapport à d’autres régions. Il pourra éventuellement servir, dans le cadre d’un futur appel
à projet éolien, à identifier avec précision les « spots » éoliens potentiels, sachant qu’à
l’heure actuelle il s’agit de la technologie la plus mature et donc potentiellement la plus
rapidement mobilisable.
Concernant l’éolien posé, à quelle échéance estimez-vous possible d’installer des
turbines de 20 MW?
Réponse conseil régional d’Aquitaine : D’ici environ 20 ans, peut-être 30. Il faut bien rappeler
ici que l’on est sur une étude prospective, c’est-à-dire que l’objet principal était de mettre en
lumière les gisements EMR existants, sans présumer pour autant du développement des
technologies à venir, ou de l’amélioration des technologies existantes. Cette étude n’a donc
pas pour objet de définir un calendrier ou une stratégie de développement, mais bien de voir
si ce développement est ou non envisageable.
Y a-t-il eu un benchmark par rapport aux travaux menés par les espagnols sur les
potentiels EMR du Golfe de Gascogne ?
Réponse GIP littoral aquitain : Ces travaux ont été faits et présentés dans le cadre de l’étude
complète Artelia, mais ne figurent pas dans la note de synthèse.
Cette étude ne met-elle pas en évidence une absence de potentiel EMR (éolien) en
Aquitaine ?
Réponse GIP littoral aquitain : L’étude a été présentée aux territoires et pour l’instant, les
retours sont positifs, en particulier sur le potentiel houlomoteur. En tout état de cause, l’étude
sur les potentiels ne constitue pas une feuille de route stratégique, mais bien une
identification de ce qu’il est possible de faire.
Il est intéressant de rappeler que lors de la journée Energies Marines du 9 novembre à
Bayonne, nous avons eu une présentation exhaustive des travaux d’AZTI tecnalia, qui, au
travers d’une étude réalisée quelques années plus tôt, a identifié pour le Golfe de Gascogne
les mêmes potentialités. Il est donc nécessaire de nuancer, car s’il est vrai que le potentiel
éolien est fortement conditionné (voire diminué) par les contraintes d’usage et les enjeux
environnementaux, force est de constater qu’en ce qui concerne l’énergie houlomotrice, le
littoral Aquitain présente un potentiel tout à fait unique en France. Il y a donc potentiellement
une place à prendre pour les industriels et développeurs du secteur, à l’instar de PER HB
par exemple.
40
Les résultats de l’étude ont-ils été présenté aux pêcheurs, et si oui, que pensent-ils
des résultats ?
Réponse GIP littoral aquitain : Les représentants régionaux de la pêche professionnelle ont
été rencontrés lors d’un conseil d’administration du CRPMEM, en octobre dernier. Ils se sont
saisis de la question et ont décidé par ailleurs de produire des cartes plus fines et plus
localisées de l’effort de pêche (à une échelle plus fine que celle des rectangles halieutiques
de l’IFREMER), avant de rencontrer à nouveau le GIP pour échanger plus avant sur cette
thématique. Une réunion est prévue à cet effet, mais sa date n’est pas arrêtée actuellement.
Réponse Energie de la Lune : Dans le cadre de l’implantation du site d’essai hydrolien en
milieu estuarien (Seeneoh NDLR), la partie relative à la concertation avec les usagers du
fleuve, et notamment les pêcheurs correspond environ à 70% du temps consacré pour
l’ensemble du projet. Il est nécessaire d’informer à tous les niveaux, en ce qui concerne la
technique, la sécurité, les enjeux environnementaux. C’est là un des facteurs clés de la
concertation7, et cela fait clairement partie des sujets qu’il faut continuer à soutenir.
Réponse GIP littoral aquitain : A l’occasion de la journée EMR de 9 novembre à Bayonne, le
président du CRPMEM a posé des questions en ce sens à Yannick Hemeury, Vice-président
du comité régional des pêches des Côtes d’Armor, qui a accompagné, en qualité de
président du comité local des pêches de Paimpol à l’époque, l’implantation de l’hydrolienne
test Arcouest d’EDF sur le parc de Paimpol-Bréhat. M. Hemeury a confirmé que les
pécheurs avaient été fortement impliqués à toutes les étapes du projet, et que le comité local
des pêches avait bénéficié de contreparties financières pour la mise en place d’actions
collectives dans le cadre de cette implantation. Globalement, les pêcheurs avec lesquels
nous avons eu l’occasion d’échanger n’ont pas d’opposition dogmatique par rapport aux
EMR, mais souhaitent vivement être associés à toutes les phases des projets à venir, et
notamment en ce qui concerne la production de données complémentaires.
Pour ce qui est de la concertation relative au projet PER HB, nous nous sommes
heurtés à l’absence de processus institutionnel établi, au fait qu’il n’y ait pas
d’organisation de la concertation. Nous avons fait ce travail nous-mêmes, en amont.
Ce travail ne pourrait-il pas être porté par un organisme public tel que le GIP afin de
porter une réflexion globale ?
Réponse GIP littoral aquitain : Le GIP littoral aquitain travaille dans le cadre d’un plan de
travail annuel établi par l’ensemble de ses membres. Il a piloté l’étude énergies marines,
mais cette dernière, réalisée par Artelia, a été intégralement financée par le Conseil régional
d’Aquitaine. La mission du GIP sur les EMR s’arrête là pour le moment, à la fin de la période
de consultation qui s’achève fin janvier 2013.
7 Définitions concertation et consultation :
La consultation est un processus par lequel les décideurs demandent l’avis de la population afin de connaître leur opinion, leurs attentes et leurs besoins, à n’importe quel stade de l’avancement d’un projet. Celle-ci n’a cependant aucune certitude que ses remarques ou contributions soient prises en compte dans la décision finale. Une concertation est une attitude globale de demande d’avis sur un projet, par la consultation de personnes intéressées par une décision avant qu’elle ne soit prise. L’autorité, qui veut prendre une décision, la présente aux personnes concernées et engage un dialogue avec eux. L’autorité reste libre de sa décision. La concertation peut être engagée très en amont de la décision, dès les études préalables. Sources : Commission nationale du Débat public
41
Les gisements ont-ils été identifiés au regard des capacités de
raccordement actuelles?
Réponse conseil régional d’Aquitaine : Les calculs ont été faits en considérant que les
postes de raccordement étaient actuellement en capacité d’accueillir les installations, ce qui
n’est pas le cas en réalité, notamment pour les postes de forte puissance (HTB3). Sur les
capacités de raccordement, RTE et ERDF ont été consultés par le Conseil régional
d’Aquitaine : les SR3EnR (schémas de raccordement électriques produit dans le cadre des
Schémas Régionaux Eoliens) prennent en compte les données projetées à l’horizon 2020
pour pouvoir répondre au potentiel.
Il est nécessaire de rappeler que dans le Schéma Régional Climat Air Energie, les EMR
n’étaient pas prévues, donc aujourd’hui les postes sources ne sont pas en capacité de
raccorder des installations de production (en revanche, cela est possible pour des
installations pilotes). Ces schémas sont valables 5 ans, et ils seront mis à niveau avec les
nouvelles données. Les EMR vont être intégrées lors des conférences environnementales
organisées pour tendre vers la transition énergétique. La question est de savoir si nous
aurons des projets d’envergure dans ces 5 années.
L’étude montre bien que le principal frein au développement de l’éolien en mer est la
contrainte militaire avec les zones d’exclusion situées dans des secteurs où le
potentiel éolien est avéré. Serait-il possible d’envisager une action politique en ce
sens, dans la mesure où l’on sait que la dimension politique est fondamentale sur les
projets éoliens terrestres ? Ne serait-il pas également pertinent de croiser le potentiel
éolien maritime avec le potentiel terrestre pour comparer les données ?
Réponse conseil régional d’Aquitaine : Pour conforter le potentiel éolien en aquitaine, des
études complémentaires pourraient être menées au-delà des 12 milles. Rappelons ici que si
l’étude a été exclusivement menée dans la bande des 12 milles, c’est simplement parce que
les appels à projets ont été lancés dans ce périmètre jusqu’à aujourd’hui. C’est aujourd’hui
un souhait du conseil régional de pouvoir étudier les potentiels au-delà des 12 milles.
42
3.5 | Préconisations du groupe d’acteurs
3.5.1 | Relevé de décisions de la réunion des acteurs économiques
institutionnels
Développer le lobbying auprès des acteurs industriels mais aussi de l’Etat
Constituer un groupe technique sur la base des participants à la réunion pour
continuer à avancer, mener une veille stratégique sur les opérations et les décisions
du Ministère (feuille de route EMR en cours de rédaction…).
Conduire des études complémentaires
Identifier les études à mener notamment sur l’élargissement du périmètre
géographique au-delà des 12 milles, l’identification de sites tests, de sites pilotes,
notamment pour la technologie houlomotrice.
Travailler sur la chaîne de valeur EMR
Confier ce travail au conseil régional d’Aquitaine
3.5.2 | Relevé de décisions de la réunion des acteurs économiques privés
Conduire des études complémentaires
Identifier les études à mener notamment sur l’élargissement du périmètre
géographique au-delà des 12 milles, l’identification de sites tests, de sites pilotes,
notamment pour la technologie houlomotrice.
Structurer la sous-traitance en local, pour réellement favoriser le développement
économique d’une filière en Aquitaine
Travailler sur la chaîne de valeur
Porter un effort particulier sur les questions de concertation
Mobiliser les outils de gouvernance existants pour aller plus loin sur la définition d’une
méthode de concertation
43
4 | Consultation des acteurs de la recherche
4.1 | Liste des acteurs consultés
Les laboratoires de recherche ayant un intérêt pour la thématique et bénéficiant d’une
expertise scientifique sur le territoire :
L’IRSTEA Bordeaux, l’UFR de Géographie de l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3,
le groupe de recherche GRETHA de l’université Montesquieu Bordeaux 4, le Centre de la
mer de la Côte Basque, le laboratoire de recherche EPOC de l’université de Bordeaux 1,
l’antenne IFREMER d’Arcachon, l’Institut des Milieux Aquatiques, l’antenne IFREMER LRHA
UFR Côte Basque, le Musée de la Mer de Biarritz et l’Université Pau Pays de l’Adour.
4.2 | Mode de consultation
Conformément au programme de consultation validé par le Conseil d’Administration du GIP
littoral aquitain, les acteurs du monde de la recherche concernés par cette thématique ont
été destinataires d’un envoi courrier de la note de synthèse, accompagnée d’un courrier les
encourageant à transmettre leurs contributions au GIP littoral aquitain.
4.3 | Contenu des échanges
Pas de retour de ce groupe d’acteurs
Il est néanmoins à noter que les scientifiques ont été associés tout au long de l’étude et ont
donc apporté leurs contributions au fur et à mesure de la production de l’étude sur les
potentiels en énergies marines.
4.4 | Questionnements
Pas de retour de la consultation
4.5 | Préconisations du groupe d’acteurs
Pas de retour de la consultation
44
5 | Consultation des usagers
5.1 | Liste des acteurs consultés
Aquitaine Landes Récifs Association « Cistude Nature » Association Amis du Littoral Nord-Bassin Association APC KITE Association CAP SCIENCES Association CURUMA Association de défense des droits d'usage et de la forêt usagère de La Teste Association de Défense et de Promotion de la Dune du Pilat Association de pêche côtière Carcannaise Association des pêcheurs côtiers girondins Association des pêcheurs plaisanciers du bassin d'Arcachon (APPBA) Association des pêcheurs plaisanciers du bassin de l'Adour (APPA) Association des Plaisanciers du Bassin d'Arcachon (APBA) Association des plaisanciers Capbreton (Association des usagers du Port de plaisance) Association des usagers du port de Bayonne Association des usagers du port ostréicole de La Teste Association du bassin versant d'Arcachon pour la défense de la nature et de l'environnement Association Groupe d'Étude de la Faune Marine Atlantique (AGEFMA) Association Océan Association pour la Défense la Recherche et les Études Marines de la Côte Atlantique (ADREMCA) Association pour la protection et l'aménagement du Cap Ferret Association pour la recherche ornithologique par le baguage en Aquitaine Association pour la sauvegarde du site d'Arcachon Association pour l'environnement et la défense de Carcans Maubuisson Association syndicale des propriétaires des cabanes du Bassin d'Arcachon Association Vive la forêt Bassin d'Arcachon Écologie Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage du sud-ouest Comité de défense et de protection de la Presqu'île du Cap Ferret Comité régional de Canoë Kayak d'Aquitaine Comité régional Aquitaine Limousin Poitou Charentes de la Fédération Française d'études et de sports sous-marins (FFESSM) Conservatoire régional d'espaces naturels d'Aquitaine Coordination Environnement Bassin d'Arcachon EUCC-FRANCE Fédération départementale des associations agréées pour la pêche et la protection du milieu aquatique Fédération départementale des chasseurs de la Gironde Fédération départementale des chasseurs des Landes Fédération départementale des chasseurs des Pyrénées Atlantiques Fédération des Landes pour la Pêche Fédération Environnement Durable Fédération Française du Surf Institut des Milieux Aquatique Les amis de la terre des Landes
45
Ligue pour la Protection des Oiseaux Délégation Aquitaine Maison de la Nature du Bassin d'Arcachon et Parc Ornithologique du Teich (PNRLG) Maison de la nature et de l'environnement Bordeaux Aquitaine SEPANLANDES SEPANSO Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) Gironde Surf Rider Fondation Europe Union des Associations de navigateurs de la Gironde Union nautique du port de Capbreton section pêche sportive Union nautique du port de Capbreton Section voile Yacht Club Basque Yacht Club Landais Comité Départemental Tourisme de la Gironde Comité Départemental Tourisme des Landes Comité Départemental Tourisme Béarn Pays Basque Port D'Arcachon PORT Médoc PORT de Bayonne PORT de Capbreton - SIVOM Syndicat arcachonnais des Marins, Armateurs et Patrons (SAMAP) Syndicat mixte KOSTA GARBIA Union des Bateliers Arcachonnais (UBA) Union Maritime et Portuaire de Bordeaux LPO Aquitaine URCPIE Aquitaine Aquitaine alternatives GRAINE Aquitaine
5.2 | Mode de consultation
Conformément au programme de consultation validé par le Conseil d’Administration du GIP
littoral aquitain, l’ensemble des usagers du littoral a été consulté au travers d’un envoi
courrier de la note de synthèse de l’étude, accompagnée d’un courrier stipulant que le GIP
était à l’écoute des contributions de chacun. L’ensemble des courriers a été envoyé le 14
décembre 2012.
5.3 | Contenu des échanges
Pas de retour de ce groupe d’acteurs
Il est à noter qu’une partie de ces usagers ont été consultés par ailleurs : d’abord parce que
certains sont membres du conseil d’orientation du GIP littoral aquitain et ont donc participé à
la journée du 9 novembre, ensuite parce qu’ils ont été consultés dans le cadre de la réunion
à destination des associations environnementales.
5.4 | Questionnements
Pas de retour de ce groupe d’acteurs
5.5 | Préconisations du groupe d’acteurs
Pas de retour de ce groupe d’acteurs
46
6 | Consultation des professionnels de la mer
6.1 | Liste des acteurs consultés
Membres du CA du Comité Régional de la Pêche et des Elevages Marins :
- Représentants de la pêche
- Représentants de la DIRM Sud Atlantique
- Chargés de missions du CRPMEM et du CDPMEM 33
6.2 | Mode de consultation
Présentation synthétique de la démarche de consultation en cours le 19 octobre 2012 au
cours d’un CA du CRPMEM Aquitaine.
Une seconde rencontre reste à programmer dans le cadre d’une commission spécialisée :
«bande côtière », « estuaire –environnement » ou « pêche et stratégie».
6.3 | Contenu des échanges
Les représentants des pêcheurs ont unanimement demandé à bénéficier d’informations
complémentaires, notamment en ce qui concerne les zones d’exclusion pour leur activité que
génèrerait l’implantation de divers systèmes EMR (atterrage des câbles au fond de l’eau et
servitudes associées, zones d’exclusion en surface notamment). Il a été mentionné par
ailleurs que le CRPMEM avait commandé l’élaboration de cartes plus précises sur l’activité
de pêche en aquitaine, à une échelle plus fine que celle du rectangle statistique produite par
les services de l’IFREMER, afin d’avoir une vision plus « locale » des zones de pêche les
plus sensibles, de les identifier clairement, et de pouvoir ainsi faire remonter l’information à la
collectivité dans le cadre d’une planification future. Les professionnels ont également
mentionné que leur activité évolue chaque année (météo, déplacements du poisson…) et
que la cartographie d’une année de référence ne représente pas la réalité de leur activité sur
plusieurs années.
6.4 | Questionnements
A la différence notoire des autres acteurs consultés, le GIP n’a pas eu la possibilité de faire
une présentation exhaustive de l’étude, ce qui limite de fait la portée actuelle de la
consultation à destination de ce groupe d’acteurs. Cela tient au fait que le CRPMEM
souhaitait bénéficier de sa propre cartographie avant une présentation complète de l’étude.
6.5 | Préconisations du groupe d’acteurs
Conduire des études complémentaires
Intégrer les données complémentaires qui seront produites dans le cadre de l’étude
menée actuellement par l’Ifremer et l’IMA pour le compte du CRPMEM (en
remplacement des carrés statistiques, afin de faire apparaitre de manière plus réelle
les usages).
47
Conclusion La phase de consultation relative à la production de l’étude sur les potentialités en énergies
marines a constitué un temps important de la mission du GIP littoral aquitain sur les EMR.
Elle est venue clôturer près de deux ans de travaux sur cette thématique, depuis la définition
de la commande jusqu’à la restitution des résultats. La consultation est une phase
primordiale, car si elle intervient en amont de la constitution de projets concrets, elle
contribue à l’acceptation de la thématique et permet de diffuser un premier niveau
d’information, et de recueillir les avis et les contributions des acteurs concernés, qu’ils soient
parties prenantes du projet (élus, techniciens, industriels) ou encore usagers du territoire en
question (associations, riverains, professionnels et usagers récréatifs). La consultation est
une étape fondamentale du processus d’acceptation des projets ou des idées, et il est
apparu clairement tout au long de la période dédiée que l’acceptabilité d’un projet est
probablement l’un des facteurs majeurs de sa réussite.
Dans ce contexte, le travail du GIP littoral aquitain revêt un intérêt particulier, tant son rôle
d’interface entre les différents acteurs du territoire lui permet de recueillir l’ensemble des
sensibilités et des interrogations de chacun. Ainsi, la consultation menée par le GIP littoral
aquitain aura permis d’échanger entre les potentiels porteurs de projet institutionnels
(services de l’Etat, collectivités membres du GIP littoral aquitain), les industriels et bureaux
d’études développeurs de technologie, et les usagers du territoire.
L’étude a mis en évidence le potentiel avéré du littoral aquitain (estuaires et Bassin
d’Arcachon compris) en matière d’énergies marines, en identifiant clairement les différentes
technologies mobilisables, ainsi que les secteurs potentiels pouvant accueillir leur
développement. En ce sens, elle constitue un outil de choix pour les planificateurs, et dresse
un état des lieux exhaustif du potentiel EMR aquitain, élément qui n’était pas encore
finement identifié.
Le développement des EMR, en Aquitaine comme ailleurs, relèvera avant tout des choix de
la puissance publique, et des positionnements politiques. La politique de transition
énergétique initiée en France à l’heure actuelle et le développement de l’Atlantic Power
Cluster (développement d’une stratégie EMR transnationale) sont des marqueurs de l’intérêt
porté aux Energies marines, tant sur le plan du développement du bouquet énergétique et de
la réduction de l’utilisation des énergies fossiles qu’en ce qui concerne le développement
économique et industriel de cette filière d’avenir.
Aujourd’hui, les énergies marines sont un atout pour le littoral aquitain, mais leur
développement nécessitera de se donner les moyens de structurer une filière s’appuyant sur
les compétences industrielles déjà présentes sur le territoire (cluster éolien, matériaux
composites, électronique…), de travailler sur une chaîne de valeurs exhaustive, ou encore
de mener une réflexion sur les capacités industrialo portuaires (capacité de
chargement/déchargement des quais, constructions, stockage et acheminement,
maintenance).
48
L’Aquitaine, au sein de l’Arc Atlantique, devra travailler de concert avec les autres régions
engagées sur cette thématique (la région Bretagne avec laquelle elle possède déjà des
accords de coopération), mais aussi le Pays Basque Espagnol dans le cadre d’une
coopération transfrontalière (euro région).
Sur le plan technique enfin, la période de consultation a clairement identifié les besoins en
matière de capacités de raccordement, et l’augmentation des capacités des postes HBT2 et
HTB3 sera une condition sine qua none du développement des EMR en Aquitaine.
Enfin, l’ensemble des acteurs rencontrés a insisté sur la nécessaire concertation concernant
les EMR. En effet, au-delà d’une simple consultation, c’est par le biais de la concertation, en
permettant à tous les acteurs concernés d’accéder à une information claire et précise, en
recueillant leurs interrogations et en tenant compte de leurs observations que le
développement des EMR sera possible. Le GIP littoral aquitain et l’ensemble de ses
membres au 1er rang duquel figure l’Etat et le conseil régional d’Aquitaine espère avoir
contribué à la diffusion de la connaissance.
49
Tableau récapitulatif des préconisations des acteurs consultés
Elus et techniciens Associations
environnementales
Acteurs économiques institutionnels
Acteurs économiques
privés
Professionnels de la Mer
ENJEU ENERGETIQUE : Traiter la question EMR dans le mix énergétique
Intégrer les EMR dans le cadre du prochain SRCAE
ENJEU ECONOMIQUE : Structurer une filière autour des EMR
S’appuyer sur les filières présentes en aquitaine : cluster éolien, matériaux composites, électronique… Travailler sur la chaîne de valeur pour identifier les manques Porter une réflexion sur les capacités industrialo-portuaires Intégrer les EMR dans la réflexion régionale sur les capacités de raccordement
Mener une veille stratégique sur les actions publiques (AMI, Appels à projets…) et privés Constituer un groupe technique EMR
Structurer la sous-traitance en local
ENJEU ENVIRONNEMENTAL : Maîtriser les impacts environnementaux
Se donner les moyens de mieux connaître les impacts environnementaux
Poursuivre la récupération de données au fur et à mesure afin de tenir une base de données actualisée
50
ENJEU SOCIAL : Porter un effort particulier sur les questions de concertation
Informer l’ensemble des acteurs et usagers concernés par le potentiel développement des EMR en région Mobiliser les outils de gouvernance existants pour aller plus loin sur la définition d’une méthode de concertation Apporter un cadre juridique aux porteurs de projets et travailler étroitement entre les collectivités et les services de l’Etat
Mobiliser les outils de gouvernance existants pour aller plus loin sur la définition d’une méthode de concertation
ENJEU DE CONNAISSANCE : Conduire des études complémentaires
Elargir le périmètre géographique au-delà des 12 milles Identifier des sites tests, des sites pilotes, notamment pour la technologie houlomotrice
Intégrer les données complémentaires produites dans le cadre de l’étude menée actuellement par le CRPMEM
ENJEU DE COOPERATION : Une logique de coopération et de collaboration avec les autres régions
Participer aux travaux de France Energies Marines Intégrer les EMR dans l’accord de coopération signé entre la région aquitaine et la région Bretagne Intégrer la dimension transfrontalière notamment avec le pays basque espagnol
51
Annexe - Les enjeux industriels liés à la structuration d’une filière
énergies marines renouvelables en Aquitaine – Energie de la Lune
Cette note a été préparée dans le cadre de la mission d’animation confiée à Energie de la
Lune, pour la réunion à destination des acteurs économiques institutionnels qui s’est
déroulée le 13 décembre 2012.
1 | Le contexte mondial
Le potentiel mondial techniquement exploitable (PTE) des EMR à l’horizon 2030 est
actuellement estimé à plus de 2 500 TWh/an, hors énergie thermique des mers (selon
l’étude prospective de l’IFREMER de 2008). Ce chiffre est confirmé par le National
Renewable Energy Action Plan (Royaume-Uni) et l’EU-OEA (Association européenne des
énergies marines). A l’horizon 2050, si l’ensemble des potentiels de ressources étaient
mobilisés, le marché mondial pourrait atteindre les 5 000 M€ cumulés en termes d’unités de
production à installer. Pour l’Europe, le marché des investissements est actuellement estimé
à 1 300 M€ à l’horizon 2050.
De façon volontaire, l’EU-OEA a présenté les énergies marines renouvelables comme une
filière énergétique majeure pour le Vieux Continent, permettant de compléter l’éolien
terrestre et l’éolien offshore dans le mix énergétique de l’Europe en 2050, avec 188 GW de
puissance installée. Cette perspective de développement est appelée « troisième vague
bleue » (figure 2). Il s’agira alors de couvrir environ 15 % de la consommation électrique, de
créer 314 000 emplois directs et d’économiser 136 millions de tonnes de CO2. Un soutien
politique et financier significatif permettant de construire les infrastructures de réseau et de
réaliser la planification spatiale permettant d’appréhender les ressources doit également être
au rendez-vous. D’autre part, des initiatives européennes et les soutiens publics des Etats
seront déterminants pour l’atteinte de ces objectifs. De nombreux sites d’essais/site pilotes
sont déjà en service, notamment en Ecosse, en Irlande et au Portugal.
52
√ Définitions
Site d’essais
Un site d’essais est une infrastructure mutualisée, raccordée au réseau d’électricité,
permettant aux développeurs de valider les démonstrateurs, dans un cadre réglementaire
simplifié. Dans ce but, un site d’essais devra offrir une architecture de raccordement la plus
ouverte possible, afin d’assurer un maximum de compatibilité avec les technologies à tester.
Un site d’essais devra posséder, ou être en mesure d’acquérir, les connaissances relatives à
l’environnement biologique et physique de la zone : ces données sont indispensables aux
analyses de performance et d’impact, ainsi que de dimensionnement et d’implantation des
démonstrateurs. Les sites d’essais ont par ailleurs vocation à alimenter la R&D sur les EMR
par le biais des données collectées et à susciter un certain nombre de projets de R&D,
notamment sur les questions d’impacts environnementaux et d’instrumentation.
Un site d’essais est opéré par un gestionnaire dont la neutralité vis à vis des porteurs de
technologies et la capacité à assurer la confidentialité des données liées aux essais des
technologies doivent être garanties. L’offre de service mise en place est destinée à une
clientèle sans distinction d’origine, en prenant en considération l’existence d’un marché des
sites d’essais à l’échelle mondiale.
Site pilote
Un site pilote est un site dont l’accès n’est pas ouvert à l’ensemble des technologies mais
restreint à la seule (aux seules) technologie(s) sélectionnée(s) par le porteur du projet. Les
sites pilotes sont dédiés aux essais et à la validation de démonstrateurs, ou à l’exploitation
de plusieurs machines à une échelle préindustrielle. Dans ce cas, l’exploitation de la ferme
pilote s’inscrira sur une durée équivalente à celle d’un parc industriel et le modèle
économique du site reposera largement sur le produit de la vente de l’énergie générée.
Figure 1 : Perspectives de croissance des énergies éoliennes onshore et offshore et des énergies
marines (capacité installée cumulée)
éolien onshore éolien offshore énergies marines
53
2 | Le contexte national
L’étude filière verte commandée par le ministère de l’écologie en octobre 2009, constitue
l’origine de l’opportunité de construire une filière industrielle EMR française. Cette étude a
permis d’identifier un fort potentiel naturel et industriel pour la France en fonction de très
fortes opportunités de développement du marché (figure 1). Remarquons dans cette étude la
dissociation de l’éolien offshore : énergie disponible en mer, des énergies marines : énergie
de la mer.
Figure 2 : Etude filières vertes - Octobre 2009
En 2010, cette étude a été consolidée par le rapport du groupe de travail IPANEMA8, les
travaux du Grenelle de la mer, l’Appel à Manifestation d’Intérêts (AMI) pour la mise en place
de démonstrateurs, au titre du Programme des Investissements d’avenir (IA), et le choix en
mars 2012 de France Energies Marines en tant qu’institut d’excellence dans le domaine des
énergies décarbonées (IEED). L’année 2013 sera également accompagnée par un contexte
incitatif avec un deuxième AMI de l’ADEME et des IA pour soutenir les briques
technologiques et les fermes pilotes.
Dans le bouquet énergétique française, les énergies marines pourraient atteindre 1,5 millions
de tonnes équivalent pétrole (TEP) par an à l’horizon 2020. Elles contribueront alors à
hauteur de 8 % aux objectifs du Grenelle de l’environnement, soit 23 % d’énergies
renouvelables dans notre consommation énergétique en 2020. Cet objectif correspond à
40 000 emplois (directs et indirects) à l’horizon 2020.
8 IPANEMA : Initiative Partenariale Nationale pour l’Emergence des Energies Marines
54
3 | Maturité et secteurs d’activités
Ces filières n’en sont pas au même point de leur développement technologique : l’éolien
offshore posé est disponible dès à présent, l’offshore flottant et l’hydrolien suivront à court ou
moyen terme, enfin le houlomoteur et le thermique seront opérationnels à moyen ou long
terme. Peu importe la source d’énergie, toutes doivent gérer des problèmes de logistique,
d’exploitation et maintenance, de sécurité des personnels et installations, de conflit d’usages,
de production, d’acheminement optimum de l’énergie et des problèmes administratifs
complexes. Enfin, toutes, sans exception, doivent satisfaire des critères techniques et
économiques précis pour être accueillies par le système électrique et trouver sa place dans
la concurrence renouvelable.
Pourtant les différents acteurs des EMR9, s’accordent tous à dire que cette différence de
maturité technologique et l’origine différente des savoir-faire10 de cette nouvelle filière est une
force. En effet, en déployant des actions transversales et des programmes de recherche et
développement génériques ces acteurs réussiront à lever des verrous technologiques et non
technologiques.
Figure 3: maturité et perspectives de développement des EMR
9 Bureau d’étude, entreprises de travaux maritimes, équipementier, exploitant énergétiques, producteur d’énergie électriques,
TPE, PME grands groupes… 10
Océanographie opérationnelle et environnementale, Naval, Energie, Travaux maritimes, Matériaux, TIC télétransmission – télédiagnostic – système préventifs, Balisage, Travaux terrestres , Sécurité, Certification, Assurance, Logistique, Stockage énergie, Négoce et nouveaux métiers
55
4 | Les enjeux industriels : approche par technologies
4.1 | L’hydrolien
Marché de l’offre
Le marché de l’offre de l’hydrolien estuarien aquitain est très bien identifié grâce aux travaux
liés au site d’essais hydrolien SEENEOH BORDEAUX. En effet, l’état de l’art mondial a été
réalisé (maitrise d’ouvrage France Energies Marine assisté d’Energie de la Lune) et sert de
base pour la commercialisation et l’utilisation du site d’essais. L’intérêt de cette
connaissance ne s’arrête pas seulement à une pleine utilisation du site d’essais. Il s’agit bien
de profiter de ce dernier pour développer une filière industrielle en Aquitaine. C’est dans ce
but que la chaîne de valeur de la filière hydrolienne fluviale a été réalisée. Elle a permis
d’identifier les acteurs aquitains pouvant se positionner ou déjà positionnés sur ce marché. Il
en résulte une très bonne structuration de la sous-traitance et des infrastructures portuaires
et un manque indéniable de développeurs d’hydroliennes et les grands donneurs d’ordre :
les énergéticiens.
Eléments d’accès au marché et atouts industriels de l’Aquitaine
Site d’essais hydrolien fluvial SEENEOH opérationnel mi-2013 ;
Marché mondial de la démonstration pour l’hydrolien fluvial (pleine échelle) ;
Pas de concurrent direct au niveau mondial ;
Marché mondial de la démonstration pour l’hydrolien océanique (échelle
intermédiaire) ;
2 à 3 concurrents à pleine échelle pour l’hydrolien océanique ;
Quelques études de faisabilité (bathymétrie, courantologie, raccordement,
environnement…) dans l’estuaire ;
AMI IA 2013 à venir intégrant l’hydrolien fluvial/estuarien.
Conclusion
La filière industrielle hydrolienne fluviale a un très fort potentiel de développement en
Aquitaine. Le site d’essais Seeneoh Bordeaux, unique au monde, en est un atout indéniable
au stade de développement de la filière : la démonstration. Il permettra, dès sa mise en
service à l’été 2013, de pouvoir accélérer l’implantation d’industriels et développeurs
d’hydroliennes, qui, appuyés sur des programmes de R&D aquitains en amont et/ou en aval
du test, pourront trouver un environnement industriel favorable à une forte croissance
économique. Une sensibilisation des donneurs d’ordre, les énergéticiens, est à mener. Une
structuration de la filière par une action collaborative et fédératrice des acteurs est
nécessaire.
La ressource hydrolienne océanique identifiée dans le bassin d’Arcachon pourrait trouver un
intérêt industriel avec équipementier et un énergéticien. Cette hypothèse semble plus
lointaine et liée à des critères d’acceptabilité.
56
4.2 | L’éolien en mer
Marché de l’offre
Le marché de l’offre de l’éolien fixe est encore timide en Aquitaine malgré des acteurs
parfaitement structurés au sein du cluster Aquitain de l’éolien terrestre et de la maturité de la
filière. Le saut vers l’éolien en mer de ces acteurs aquitains positionnés sur le secteur du
terrestre pourrait passer par les résultats de l’AMI grand Eolien qui tarde à donner ses
lauréats, mais aussi à la présence d’un équipementier, d’un ensemblier et/ou
d’énergéticiens sur le territoire aquitain. Notons que les budgets pour l’éolien en mers sont
colossaux et qu’aucune zone en mer n’est sortie des deux derniers appels d’offre
gouvernementaux, handicap important vis-à-vis d’autres régions qui se structurent
actuellement autour des zones retenues pour le développement de l’éolien offshore. Le
marché de l’éolien flottant pourrait s’avérer prospère en Aquitaine avec quelques acteurs
aquitains positionnés.
Eléments d’accès au marché et atouts industriels de l’Aquitaine
Acteurs engagés, identifiés et structurés en cluster ;
Chaîne de valeur réalisée pour l’éolien terrestre, à réaliser pour l’offshore (où la
maintenance est importante) ;
Dossiers AMI en cours pour le grand éolien terrestre ;
Infrastructures portuaires et territoires positionnés.
Conclusion
La filière industrielle éolienne en mer doit s’appuyer sur les savoir-faire réunis au sein du
cluster de l’éolien Aquitain (terrestre) et amorcer sa transition vers la mer. Les dossiers
aquitains déposés à l’AMI grand éolien sont prépondérants pour ce saut ainsi qu’une
indispensable zone en mer. Un grand équipementier, un ensemblier et/ou un énergéticien
serait très structurant pour la filière aquitaine.
4.3 | Le houlomoteur
Marché de l’offre
Pour bien comprendre les enjeux industriels aquitains de la filière houlomotrice, un état de
l’art reste à réaliser. La géologie et les transports sédimentaires de la côte sableuse
aquitaine ont un impact fort sur le type de convertisseurs de houle adaptés à l’Aquitaine :
seules des technologies flottantes peuvent être envisagées, ce qui restreint les familles
technologiques. La problématique de raccordement devra également être abordée sur les
aspects d’atterrage (ensouillage dans l’estran sableux) et en termes d’export de l’énergie
produite.
Eléments d’accès au marché et atouts industriels de l’Aquitaine
Quelques rares acteurs identifiés ;
Chaîne de valeur à réaliser ;
Infrastructures portuaires et territoires positionnables sur le modèle de l’éolien ;
57
Pas de site d’essais permettant d’entrer dans le marché plus rapidement avec de la
démonstration ;
1 démonstration pilote au large du Wharf de la Salie (AOT de 6 mois sur DPM) ;
Etude EMACOP de la digue de SOCOA (2013).
Conclusion
Le houlomoteur a un très fort potentiel de développement sur la côte Aquitaine. Cette filière
ne devra pas négliger les aspects de raccordement et surtout d’infrastructures portuaires
telles que celles du port de Bayonne et du Grand Port Maritime de Bordeaux.
Un site d’essais houlomoteur offshore (profondeur > à 40 m de fond) pourrait être un outil
d’accès au marché et non concurrent avec SEM REV du Croisic (profondeur < 35m). Une
ferme pilote serait tout aussi bénéfique et à étudier.
5 | Pistes de travail en aquitaine
Identifier les savoir-faire aquitains (renforcement, complémentarité) ;
Recensement de l’offre territoriale : taille de marché ; ressources financière
logistique, industrielle, sous-traitance, R&D, humaine ;
Rencontrer les donneurs d’ordre ;
Confronter les éléments de l’offre territoriale avec les attentes des clients potentiels ;
Adapter l’offre territoriale en fonction des retours des clients ;
Adapter les moyens industriels (ports notamment) ;
Impulser le marché par la tenue d’événements fédérateurs ;
Attirer les industriels susceptibles de compléter la chaîne de valeur régionale :
positionnement, identification et ciblage, recrutement ;
Pratiquer une veille sur les marchés en cours de constitution ou déjà mature ;
Diversifier les filières de formation par une nouvelle formation spécifique ;
Diffuser les résultats des études existantes et à venir (étude halieutique IFREMER) ;
Travailler à la proposition d’un modèle économique « Site d’essais>site pilote> site
commercial » qui servirait de base à une chaîne de valeur constituée dans sa totalité
et exportable ;
Solliciter la Banque Européenne d’Investissement.
58
GIP Littoral Aquitain11, avenue Pierre Mendès France 33700 MeRIGnACt. +33 (0)5 56 13 26 28 / F. +33 (0)5 56 13 14 84www.littoral-aquitain.frcontact@littoral-aquitain.fr
Services de l’Etat en Région, Conseil Régional d’Aquitaine, Conseil Général de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, Communauté d’Agglomérations du Bassin d’Arcachon Sud, et Côte Basque Adour, Communautés de communes de la Pointe du Médoc, des Lacs Médocains, de la Médullienne, du Bassin Arcachon Nord, des Grands Lacs, de Mimizan, de Côte Landes Nature, de Maremne Adour Côte Sud, du Seignanx et Sud Pays Basque.
membres Du giP